Buzbuz #35

Page 1

MAG AZINE G RAT UIT RÉUNIONNAIS - #35 - FÉVRIER / M A R S 2017

AURELIA MENGIN PAS CELLE QUE VOUS CROYEZ

BOBOS

NOUS LE SOMMES TOUS

XR CUSTOM BEAUX BOLIDES LA TRICHE ET LE SPORT LA BOXE SANS LES PAILLETTES



PAGE 03

Nouvelles Collections

ÉDITO

maison . cadeaux . mode . kids

.

.

vaisselle cuisine gourmandises

FAIRE UN PAS DE CÔTÉ Ainsi commence – ou presque – L’An 01, fantastique film de Jacques Doillon, réalisé en 1973 : “On nous dit : “Le bonheur, c’est le progrès, faites un pas en avant.” Et c’est le progrès. Mais ce n’est jamais le bonheur. Alors, si on faisait un pas de côté ? Si on essayait autre chose ? Si on faisait un pas de côté, on verrait ce qu’on ne voit jamais. […] Si on faisait un pas de côté, au lieu de sonner chez soi, on sonnerait chez le voisin. - Bonsoir, je suis votre voisin. Je n’ai jamais osé vous parler, alors je pensais que ça pourrait commencer ce soir. C’est trop stupide de cohabiter sans se connaître. - Vous avez qu’à rentrer, ça me fera plaisir.” Le voisin. Cette “entité” qu’on aime craindre, parce que son chien aboie, sa musique est trop forte, son pied de bois dépasse de son terrain, sa voiture est mal garée. Nous sommes tous le voisin d’un autre et nous nous le sommes tous, sans aucun doute, imaginés à partir de ce qu’il laisse entendre, apercevoir, sentir : des bruits de pas, une voiture sur le parking, un “bonjour” esquissé à la va-vite, un mot glissé dans la boîte aux lettres pour prévenir d’une fête… Le voisin, c’est le pékin qui vit dans le même environnement que nous, qui a sûrement le même genre de soucis et de joies que nous. Le voisin, c’est sans doute beaucoup plus que celui qui fait du bruit un peu tard le soir. Le voisin est certainement un chic type. Un pas de côté, et voilà, nous y sommes, devant la porte de notre voisin. C’est peut-être un futur copain.

LA RÉ D ACT I ON

RÉDACTION EN CHEF Loïc Chaux

Lucile Reboul, Marie Renneteau, Marianne Renoir, Livy, Loïc Chaux, Laurent Perrin, Sarah Ibanez

SARL au capital de 4 350 euros 62 boulevard du Chaudron Bât. A - Bureau 905 97490 Sainte-Clotilde 0692 55 99 98 contact@buzbuz.re

DIRECTION ARTISTIQUE GRAPHISME

www.buzbuz.re

RÉDACTION

Pascal Peloux

PHOTOGRAPHIE Modèle : Manon Photo : Romain Philippon

Gwael Desbont, Vincent Dambreville, Romain Philippon

BUZBUZ MAGAZINE

IMPRESSION

Bimestriel N°35 Février-mars 2017

Graphica

COUVERTURE

PUBLICITÉ DIRECTION DE LA PUBLICATION Pascal Peloux

BuzBuz Magazine Emilie Arolès Tél. 0692 13 60 08 commercial@buzbuz.re

ISSN 2114-4923 Dépôt Légal : 6260 Toute reproduction même partielle est interdite.

VOUS SOUHAITEZ FAIRE CONNAÎTRE UNE BONNE ADRESSE, UN BON PLAN, UNE NOUVEAUTÉ. N’HÉSITEZ PAS À NOUS ENVOYER UN COURRIEL À L’ADRESSE SUIVANTE : CONTACT@BUZBUZ.RE

casa saba 91 et 60B rue François de Mahy 0262 27 66 96 à table! 0262 32 72 64 casasabalaboutique

casasaba_boutique

Parking dans l'allée de la boutique


PAGE 04

LE NEZ D E H O RS TEXTES MARIANNE RENOIR, LIVY, MARIE RENNETEAU, SARAH IBANEZ PHOTOS GWAEL DESBONT

UNE EXCEPTION, PAR LES TEMPS QUI COURENT “En retard, toujours en retard !” À chaque pause déjeuner, nous nous transformons invariablement en lapin blanc, cherchant à gagner notre course contre la montre en croquant dans un sandwich devant le PC ou en réservant une table à quelques mètres du boulot. Nous avons donc décidé de laisser la montre à gousset et de prendre notre temps. Au domaine Moka, nouveau resto implanté au milieu de quelques hectares de verdure, nous n’avons de toute façon pas le choix. Ici, on ne badine pas avec la préparation des plats. Ça nous a laissé le temps d’écouter les oiseaux chanter, de prendre quelques couleurs et de siroter notre citronnade avant de déguster un suprême de pintade aux figues et au porto servi bien chaud. Une soupe de pêches blanches plus tard, nous étions encore en retard. Cette fois, sans regret. DOMAINE MOKA, CHEMIN FONTAINE, SAINTE-MARIE. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, 12H -14H // 19H-22H30 ; DIMANCHE, 12H-16H. TÉL. : 0692 78 78 05.

L’ART ENRACINÉ

REPRENDRE SES MARQUES Rouge Céladon, c’est une histoire qui dure depuis quinze ans. Si BuzBuz prend la peine de vous en parler maintenant, ce n’est pas parce que nous avons une décennie et demie de retard, mais parce qu’il y a du nouveau. Ou plutôt du renouveau, puisque ses créateurs ont décidé de faire leur retour dans le chef-lieu, six ans après que l’ancienne adresse dionysienne a péri dans les flammes. Comme dans la boutique de Saint-Gilles, on y trouve les produits estampillés Rouge Céladon, imaginés par Coraline, la chercheuse d’idées, Fabrice, le chineur et Elsa, la graphiste. Des objets de déco, du linge de maison ou de la papèterie, exotiques et décalés... Vous y trouverez tout ce qu’il faut pour faire forte impression. ROUGE CÉLADON, 33 RUE ALEXIS-DE-VILLENEUVE, SAINT-DENIS. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 10H - 18H30. TÉL. : 0262 23 39 05.

Ter’la, c’est une galerie d’art au fort sens historique. Niché au Bas de la Rivière, quartier le plus ancien de Saint-Denis, ce petit entrepôt était fermé depuis quelques années, avant d’être transformé en galerie par l’association Ter’la et son président, François-Louis Athénas. Le concept ? Un lieu de partage pour des artistes en majorité locaux, ouvert à tous avec diverses expositions : photographies, sculptures, portraits, street art. Un espace boutique vous permet d’acquérir les œuvres exposées. Et lorsque François-Louis vous parle du lieu, on ne peut que ressentir la passion et le désir de partage. TER’LA, 6 RUE DU PONT, SAINT-DENIS. OUVERTURE : DU MERCREDI AU VENDREDI, 15H30 - 19H ; LE SAMEDI, 10H - 19H. TÉL. : 0692 00 31 55.


PAGE 05

LE NEZ DE H O RS

BOUTIQUE POUR HOMMES, QUE POUR HOMMES Depuis quelques semaines, dans la galerie commerciale de Carrefour à Saint-Pierre, une nouvelle boutique de vêtements pour hommes a vu le jour : Brice. Plutôt classique mais toujours mode, cette enseigne propose aussi bien des tenues habillées que décontractées. Polos, tee-shirts, pantalons, chemises, costumes... Les messieurs devraient trouver leur bonheur et à des prix tout à fait corrects. Car leurs basiques restent des valeurs sûres. BRICE, 1 AVENUE DES OCÉANITES, CENTRE COMMERCIAL DE CARREFOUR, SAINT-PIERRE. OUVERTURE : LE LUNDI, 12H30 - 20H30 ; DU MARDI AU SAMEDI, 8H30 - 20H30 ; LE DIMANCHE, 8H30 - 12H30.

RAFRAÎCHISSANT !

FRAIS, DÉLICIEUX, PAS CHER Chez Salt & Pepper, on est tout de suite bien accueillis, par une équipe dynamique et sympathique, et on peut s’installer sur une jolie terrasse en bois ombragée pour profiter de la pause déjeuner. Frédérick, le chef, est un passionné de cuisine qui le transmet au quotidien dans ses plats. Chez lui, que des produits frais 100% faits maison. Sa devise : “La qualité à prix abordable”. Que ce soit du côté du bar à salades ou de la cuisine créole, tout est un vrai délice et très bien servi. Si vous êtes dans les parages le jeudi, laissez-vous tenter par la spécialité du chef, les mines sautées. Le tout avec un service aux petits oignons. SALT & PEPPER, 84 RUE RAYMOND-MONDON, LA POSSESSION. OUVERTURE : DU LUNDI AU VENDREDI, 11H30 - 14H30 // 18H30 - 21H. TÉL. : 0692 79 80 40.

Depuis septembre, une nouvelle adresse a vu le jour à Saint-Gilles-les-Bains. Ce très joli restaurant propose à ses clients une cuisine “healthy & delicious”, selon les employés du lieu. On l’a déjà évoqué, pas facile de trouver où se restaurer, lorsqu’on est végétarien. Voici donc des plats pour eux – et pour les autres - qui ont du goût : oui, on peut manger gourmand et sain, sans viande. Ce qui est très sympa, c’est que la carte change tous les mois. L’assiette à treize euros permet d’y mettre cinq petits plats différents. Un coût (nous sommes à Saint-Gilles…), mais beaucoup de goût, la quantité étant aussi au rendez-vous. Blandine, en cuisine, met un point d’honneur à agrémenter, révéler, sublimer tous ces bons produits issus généralement de l’agriculture raisonnée. Et le top, c’est que Sigrid, notre hôte, propose la livraison de lunchs box, de Saint-Gilles à La Possession. POMME CAJOU, 190 RUE DU GÉNÉRAL-DE-GAULLE, SAINT-GILLES-LES-BAINS. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 10H - 18H ; LE DIMANCHE, 10H - 15H. TÉL. : 0262 13 11 76.


PAGE 06

LE NEZ D E H O RS

CHARME, GOÛT ET QUALITÉ ! À deux pas de l’esplanade des Roches-Noires, installé dans une belle case créole, se trouve le restaurant Les Frères Pap’s. Ici, le chef d’origine bretonne propose une cuisine française fraîche et travaillée, avec des accents et notes locales (épices, légumes et fruits locaux). Sans être trop guindé, le service est soigné, et classique : flambage et découpage en salle. On leur a demandé un plat à goûter absolument et on nous a répondu : “La truite de Langevin, séchée au sel, marinée à l’huile d’olive acidulée, crème montée aux cébettes.” Tout un programme. LES FRÈRES PAP’S, 29 BOULEVARD ROLAND-GARROS, SAINT-GILLES-LES BAINS. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 12H - 13H30 // 19H30 - 21H30 ; LE DIMANCHE, SUR RÉSERVATION. TÉL. : 0262 24 97 66.

ICI ET MAINTENANT

TEE TIME Les Tiger Woods en devenir peuvent se réjouir. Dans le quartier de Beauséjour a récemment poussé un immense club de sport où vous pourrez vous entraîner, autant que vous voudrez, à réussir un birdie. Le club, qui accueille également les golfeurs ayant pour habitude de se rendre dans l’Ouest, dispose même d’un simulateur où vous pourrez faire swinguer votre club sur le green virtuel. Le Beauséjour Sportclub, c’est aussi des terrains et des salles pour ceux plus à l’aise avec une raquette de tennis ou de squash, une salle de fitness et un restaurant proposant des buffets froids et chauds. On a oublié quelque chose ? Oui, les stages de golf et de tennis ouverts même à ceux qui n’ont pas les yeux en face des trous ! BEAUSÉJOUR SPORTCLUB, 71 RUE DES FRANGIPANIERS, SAINTE-MARIE. OUVERTURE : DU LUNDI AU JEUDI, 9H - 19H ; LES VENDREDI ET SAMEDI, 9H - 20H ; LE DIMANCHE, 9H - 18H. TÉL. : 0262 67 10 81.

Céline et Benjamin nous ont accueillis dans leur charmant restaurant, situé dans la rue principale de Petite-Île. Depuis deux ans, ils travaillent quotidiennement pour proposer une cuisine savoureuse et délicate. Du temps de Paris, Benjamin était chef dans un restaurant italien. Alors, forcément, nous ne sommes pas étonnés de retrouver au menu des plats qui sentent bon le soleil, la tomate et le basilic frais. Au programme, une carte qui change tous les deux mois avec des intitulés qui laissent rêveur. Dans les assiettes, le résultat est à la hauteur de nos espérances. À travers l’art et la manière d’associer parfaitement les mets, on sent l’amour du travail bien fait. L’endroit ne laisse pas indifférent : une décoration chaleureuse, un accueil et un service qui complètent parfaitement la prestation. Alors, savourons l’instant présent, comme si ça pouvait être la dernière fois que l’on venait... mais on a de sérieux doutes là-dessus. L’INSTANT PRÉSENT, 129 RUE MAHÉ-DE-LABOURDONNAIS, PETITE-ÎLE. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 19H - 21H. TÉL. : 0262 09 33 64.


PAGE 07

LE NEZ D E H O RS

FÉ PET’ LE SON DANN’ SUD

Bienvenue chez Studio W, au Tampon, géré par l’association Warfield, qui vous propose deux studios de répétition équipés : sono sono, micro micro, table de m mixage, ampli… Que vous soyez des musiciens pro ou amateurs, vous pouvez réserver votre studio depuis le site www.resa.re pour un tarif de 9 euros de l’heure. Une adhésion à l’association est aussi demandée. Et en ce moment, ils sont une vingtaine de groupes qui répètent tous types de musique. Oui, la musique, c’est là-bas que ça se passe… STUDIO W, 7 RUE MONTAIGNE, LE TAMPON. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, 16H - 22H. TÉL. : 0692 24 67 91.

ADOSSÉE À LA COLLINE

Il y a plusieurs années, Flo et Fred ont choisi de s’installer sur ce terrain, da dans Les Hauts, à Notre-Dame-de-la-Paix, un coin bucolique et un peu humide. La détente n’était n’é pas du tout au programme au début de cette aventure, car il a fallu créer et écrire l’histoire de ce qui est devenu un “petit gîte écolo traditionnel”, comme ils le décrivent eux-mêmes. Vingt minutes de marche sont nécessaires pour accéder au dit lieu : le temps de couper son téléphone, d’écouter le chant des oiseaux et de s’enfoncer dans la forêt... Alors, allez prendre le temps de lire un roman à l’ombre de l’arbre, de cuisiner au feu de bois, de vous doucher à l’eau fraîche et d’utiliser les toilettes sèches. Et appréciez, surtout. Leitmotiv de ce séjour dans un charmant gîte champêtre, où le temps semble s’arrêter, pour quelques jours. Notre coup de cœur : les toilettes avec vue sur le grand sapin et ses semblables, un pur moment de contemplation. LA BERGERIE, 33 CHEMIN DE LA CHAPELLE NOTRE-DAME-DE-LA-PAIX, LA PLAINE-DES-CAFRES. TÉL. : 0692 09 93 84.


PAGE 08

2 MOIS DE FAI T S DI V ’ TEXTES LOÏC CHAUX

AQUARIUM, CHAUSSETTES ET BROUETTE Lire les pages “Faits Divers” du Journal de l’Île et du Quotidien, c’est aussi prendre des nouvelles de La Réunion. Nous vous avons préparé le résumé de ces deux derniers mois.

Du 26 décembre au 1er janvier :

Du 16 au 22 janvier :

Dans un immeuble de Saint-Benoît, une sexagénaire décède, alors qu’elle était placée sous les soins de ses deux sœurs, sur qui pèsent des soupçons de maltraitance. Deux sœurs qui avaient conservé, entre 1981 et 2004, dans le même immeuble, le corps défunt de leur tante, en espérant qu’elle ressusciterait. Une membre de la famille avoue à la presse : “Ma belle-famille a toujours été bizarre.” Tu m’étonnes. À Saint-Gilles, deux hommes se font attraper par la police, alors qu’ils viennent de voler un aquarium dans une jardinerie.

À Saint-Pierre, un jeune homme sympa, armé d’un pistolet d’alarme bouché, fait le tour de plusieurs commerces pour les délester notamment de paires de chaussettes. Les témoins assureront qu’il a été très poli. Un peu moins polis, les protagonistes de cette bagarre dans un resto, à Saint-Gilles, autour d’un steak mal cuit. À Saint-Paul, une famille se fait voler son perroquet. Pour enquêter sur tout ça, il faudrait demander à notre Colombo péi : après s’être fait voler son vélo, il a mené son enquête, et l’a retrouvé finalement sur leboncoin.

Du 2 au 8 janvier :

Du 23 au 29 janvier :

Dans la nuit, un monsieur s’introduit dans la maison d’un couple saint-pierrois en leur absence, et, à leur retour, les accueille en se tripotant. Ce qui est illégal. Assise sur le muret en face du Pisse-en-l’air, une dame bascule et tombe, vingt mètres plus bas, dans la Rivière-du-Mât. Le tout en pleine nuit. Bien visé : elle a atterri dans un bassin, et n’a presque rien.

Au moment de décrocher les décorations de Noël, un monsieur a voulu récupérer celle qu’il avait pendue chez sa petite amie, qui lui a répondu avec un coup de couteau. Moins violent, à la mairie de SaintLouis, une secrétaire et une conseillère en viennent aux mains. Cela devait être important, elles ont appelé tous les médias pour en parler. Au large du Barachois, un bateau a des problèmes de moteur, “Ça fait plein de fumée, il dérive !”, s’inquiète-t-on sur Free Dom. Tiens, en parlant de “dérive” : à Grande-Anse, cinq types festifs se disent qu’ils peuvent aller nager. Emportés par les courants, il leur faut l’aide de deux nageurs pour revenir sains et saufs.

Du 9 au 15 janvier : À Miel Vert, une bagarre se termine avec des fusils de chasse. Heureusement, les coups ont été tirés en l’air. Paraît que ça arrive souvent, là-bas. Sinon, pour la deuxième fois en deux semaines, la station d’épuration de la Jamaïque a des ratés, et rejette directement à la mer des milliers de mètres cube d’eaux usées. Par “eaux usées”, comprenez “pleines de caca, entre autres.”

Du 30 janvier au 5 février :

une habitante avait déjà vu disparaître des lapins et des canards, cette fois les voleurs s’en sont pris à son cabri. Un peu plus au Nord, mille tonnes de pneus partent en fumée. C’est noir, ça pue.

Du 6 au 12 février : Dans le Sud, un couple qui tenait une petite boutique était bien achalandé : il vendait des pains-bouchons, mais aussi de la cocaïne, du crack, du Rivotril et du zamal. Dans les environs, un monsieur qui veut échapper à un contrôle de police s’enfuit dans sa voiture et termine dans une barrière. Il continue sa course à pied. Sans trop se préoccuper de sa femme et de ses enfants, restés dans la voiture.Il était beau, le banian du Bas-de-laRivière. Hélas, Carlos lui est passé dessus, et un de ses troncs est tombé sur une voiture.

Du 13 au 19 février : Des Saint-Gillois se font dérober un coffre-fort et une brouette. L’une ayant servi à emmener l’autre, vous aviez compris. Pour finir, l’une des meilleures : à Saint-André, un monsieur se fait attraper après avoir payé avec des chèques en bois, et à son nom. Il avait acheté une voiture, des meubles et des outils. Lors de la perquisition par la police de son domicile, les voisins croient au cambriolage, et appellent la gendarmerie. Apparemment, ils ont bien fait de venir, tant la maison ressemblait au bazar chinois.

Cinquante-trois pieds de zamal de deux mètres de haut. Cet habitant de SainteClotilde aura du mal à justifier la consommation perso… Drames de la zoologie : à Sainte-Suzanne, une école préfère fermer ses portes, après avoir remarqué la présence de puces ; à la Ravine-des-Cabris,

ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS

Hawai ne produit plus de canne à sucre de manière industrielle depuis le début de l’année. // L’eusko, monnaie locale au Pays Basque, peut désormais être utilisée de manière numérique. // Sur le site de son ancienne prison en centre-ville, la Ville de Nantes construira des logements, une crèche, un théâtre, le tout recouvert de jardins partagés. // En Allemagne, ramener ses bouteilles de plastique vides dans certains magasins donne droit à des bons d’achat. // La ville de Chivilcoy, en Argentine, a interdit les concours de beauté sur son territoire, jugeant que ceux-ci “renforcent l’idée que les femmes doivent être valorisées et primées exclusivement par rapport à leur physique.”


PAGE 09

ÉVÈNEME N T RECUEILLI PAR LAURENT PERRIN

LE RÉVEILLON SUR LES PLAGES DE L’OUEST Des milliers de personnes sont allées réveillonner dans l’Ouest, sur les plages, et cela pose plusieurs problèmes.

Problème environnemental

Problème sanitaire

Problème éthique

59 infractions ont été relevées par la Gendarmerie.

Cette année, ce sont au moins cinq tonnes de déchets qui ont été ramassées par les services municipaux. Cʼest toujours mieux que les trente tonnes de 2012.

Les chopines représentent la plus grosse part dans les déchets ramassés au petit matin, sur le sable ou dans le lagon. Au réveillon, on boit donc beaucoup dʼalcool.

Parmi les déchets retrouvés, des préservatifs. Cela veut dire quʼon pense à se protéger. Si cʼest le cas malgré lʼalcool, les drogues, cʼest bien. À condition de jeter ses capotes.

Dans les déchets retrouvés, il y a aussi des modes, récentes…

Depuis deux ou trois ans, les “nettoyeurs” ont remarqué une recrudescences de constructions en bois de palettes abandonnées. Ceux-ci sont recouverts de colles et de peintures toxiques.

Pourtant, les pouvoirs publics multiplient les actions de prévention : distribution de sacs poubelle, de cendriers, communication dans les médias, appels à la vigilance, passages dans la journée auprès des fêtards.

Apparue dans les années deux mille, la mode des lanternes chinoises est un drame écologique. Même si les armatures sont désormais en bois plutôt quʼen métal, elles finissent toujours dans le lagon, avec les risques que cela comporte pour les poissons et tortues.

Aucune garde à vue nʼa été effectuée, cʼest donc resté bon enfant, sans grosse bagarre, donc.

La pose de rubalises par les fêtards voulant délimiter leur espace pose un problème de pollution (car elles sont parfois oubliées) mais aussi éthique : peut-on privatiser un lieu public comme la plage ?

ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS

En Suède, un couple de parents qui vient d’avoir un enfant a droit à seize mois de congés payés, qu’ils peuvent se répartir entre eux comme bon leur semble. // Au Canada, un couple a construit une petite île sur laquelle ils vivent en complète autarcie, de la nourriture à l’énergie. // Aux États-Unis, quatre États autorisent l’usage récréatif du cannabis. // Tous les jeudis, l’enseigne O’Tacos, en Métropole, offre un tacos de plus de deux kilos à celui qui le termine en deux heures, sans couvert.


PAGE 10

ART, CU LT URE URBA I N E E T M ULT I M ED I A TEXTES LAURENT PERRIN PHOTOS GWAEL DESBONT

MÉTAL HURLANT XR Custom, on pourrait les décrire comme des “customiseurs de motos”. Ce serait bien court, vu leurs goûts et l’esprit qu’ils mettent dans leur art.

Q

uand on passe le portail de la rue des Jamalacs, on entre dans un nouvel univers. Le garage pour les motos, le salon de coiffure de sa compagne, un atelier de tatouage, un bar… il ne manque rien ! Lui-même judicieusement tatoué et plutôt bien gaulé, Vincent, le patron des lieux, nous fait la visite. “XR, c’est pour Xtrem Riders, une équipe de bikers qu’on a créée avec mon frère Stéphane en 2011 pour proposer des shows freestyle.” Trial, BMX, trottinette et même parkour, les spectacles étaient assez complets. Étaient, car les deux frangins, esquintés par une pratique à risques, sont contraints au repos forcé. Mais ça n’exclut pas un retour prochain sur les rampes et les tremplins. Tout cela ne nous dit pas ce qui se trame chez XR Custom. “Je bossais dans une société de nettoyage, c’était pas l’éclate. Un jour j’ai tout plaqué, job, femme… pour lancer cette boîte de customisation de bécanes.” Il bricole les motos avec son père depuis qu’il a quatorze ans ; autant vous dire qu’il s’y connaît un peu, le Vincent. Courant 2015, une première moto est mise en vente et part en trois jours. “Le boulot est bien fait, le prix n’est pas élevé, c’est ce qui peut expliquer ce succès. J’essaie toujours de faire avec le budget du client.” Au fait, ça veut dire quoi, customiser une moto ? Ce n’est pas juste y faire de belles décos ? “On garde la structure : le cadre, la fourche et le moteur. Puis on change

tout le reste : roues, réservoirs, selle, guidon, repose-pieds, couleurs.” La seule limite est la légalité. Il faut que la moto puisse être homologuée. Partant de motos anciennes, des années quatre-vingt, quatre-vingtdix, XR Custom leur donne un style plus ancien encore. Du genre Mad Max ? “On est plutôt dans l’imagerie du cinéma des années soixante-dix, dans sa période rock.” Bobbers, café racers, flat trackers, des engins au caractère fort, avec cette touche personnelle (fabrique d’éléments en tôle, décorations à l’aérographe) qui les rendra uniques sur l’Île. “Je fais aussi des 125, style scramblers, inspirés par exemple de la série Sons of Anarchy.” Et si vous voulez voir ce qu’on peut faire avec un stock de pièces et d’épaves à écouler, allez voir le Burger 66 à Saint-Gilles. Vous en tomberez sur le cul.


PAGE 11

À L’ANCIENNE…

En matière de graffiti, Réo 1 fait partie de ce qu’on appelle l’ancienne école. “J’ai été un des premiers à faire du graff ’ à La Réunion. Aujourd’hui, j’ai la quarantaine”, annonce-til d’emblée. C’est un camarade de classe revenu vivre dans l’Île qui lui fait découvrir la culture hip-hop, en 1988. Un premier crew se forme. Yannis se choisit un

blaze lié à l’esclavage, reos en espagnol. À l’époque, il côtoie Loizo, Jace et d’autres, fait partie du Mad Master Crew, puis de One Possee. “Aujourd’hui, nous venons revendiquer l’héritage des anciens.” Après une longue pause (la vie de famille), Réo 1 a repris du service il y a quatre ans, et travaille depuis l’année dernière avec son compère Artnaud. Ensemble, ils comptent bien se réapproprier une part du gâteau. “On nous regardait comme des martiens quand on a commencé à peindre sur les murs, en 1988. Récemment, j’ai vendu un tableau. Si des gens achètent un bout de bois, j’ai ma chance.” Et ça marche pour lui ; depuis deux ans, Yannis a arrêté son travail administratif pour se consacrer à son art.

UN Œ IL DANS LA RUE

UNE DANSEUSE DE PLUS Et voilà. Lionel Lauret nous a mis, au bord de la route, une danseuse de plus. On vous avait parlé, il y a longtemps, de celles encadrant le cœur vert de Saint-Denis. Eh bien en voilà une autre, cette fois à l’Étang-Salé, toujours faite de métal, toujours toute en finesse… mais avec des airs d’arc-en-ciel, cette fois.


PAGE 12

CULTU RE PO P RECUEILLI PAR LAURENT PERRIN

THE X FILES

Mulder et Scully ont tenu bon, soudés face aux événements étranges qui nous ont fascinés. En attendant la potentielle onzième saison, on confronte nos affirmations à celles de Thomas, de la communauté LVEI (La vérité est ici).

AFFAIRE NON CLASSÉE ?

Les saisons 2, 3 et 4 sont les meilleures. Elles sont le cœur de la série. La mythologie se construit, les personnages gagnent en profondeur, les scénarios sont de plus en plus fins. Les autres saisons ne sont pas moins bonnes, mais ancrées dans un contexte particulier. La saison 5 était raccourcie à cause du film, la saison 6 subissait le déménagement du tournage et la saison 7 montrait que la série vieillissait… Les saisons 8 et 9 sont les plus décriées.

Avec dix saisons de vingt à vingt-cinq épisodes, la série X-Files a marqué les esprits. Théorie du complot, présence parmi nous d’entités venues d’ailleurs et phénomènes inexpliqués, on n’a plus vu le monde de la même façon.

Mulder et Scully ont des caractères bien trempés. Mulder est un loup solitaire peu respecté par ses pairs, il est dans son univers. Scully est dans la retenue. Peu à peu, alors qu’elle découvre que la conspiration ou les affaires peuvent la toucher, elle montre des signes de faiblesse… ou de force. Scully est plus dans l’émotion que Mulder. Elle est la tête et lui les jambes. Gillian Anderson a reçu un Emmy Award pour l’épisode Memento Mori. C’est l’un des épisodes les plus respectés de la série. On y concentre toute la force de X-Files avec un épisode centré sur Scully et l’impressionnante psychologie du personnage. Mulder est au second plan et la conspiration prend un nouveau tournant plus personnel. C’est vraiment un épisode culte, une période charnière. Il y a même un épisode, Triangle, où on remonte dans le temps. La série savait se parodier, se renouveler, aller dans des genres aussi différents que le policier, l’horreur, le thriller, la comédie ! Pour Triangle, Chris Carter s’est dit : “Faisons un épisode en temps réel qui se passe en 1939 … Et tiens, sur un bateau !” C’est un beau tour de force, comme l’est aussi Le Seigneur du magma en saison 3, très parodique, ou X-Cops, en saison 7 qui reprend les codes des reality shows. Les films au cinéma n’ont pas convaincu. Le premier, Fight The Future, est un film à gros moyens mais qui montre beaucoup trop, là où la série faisait dans l’économie, dans la suggestion. Le second, Régénérations, est un ratage artistique. Le film a voulu récompenser les fans des personnages mais la série n’était pas qu’un duo. C’est plus une histoire bonus sans grand intérêt qu’un véritable apport.



PAGE 14

AU RÉLIA M E N GI N


P ORT R A IT

PAGE 15

TEXTE MARIANNE RENOIR PHOTO ROMAIN PHILIPPON

SOUS LES ATTRAITS, LA SAGE Femme fatale, presque succube, c’est ainsi que l’on s’imaginait Aurélia Mengin. On s’était totalement plantés, comme beaucoup d’autres.

L

a jeune femme qui nous accueille est de prime abord fidèle à l’image que l’on se faisait d’elle. Derrière le Palais 7 portes, résidence familiale et lieu d’art contemporain du géniteur Vincent, nous rencontrons une belle brune au teint diaphane, arborant larges lunettes de soleil et rouge à lèvres vermillon : “Je l’ai mis juste avant que vous n’arriviez. Je porte toujours du rouge à lèvres rouge, violet ou noir en public, c’est une barrière rassurante.” Fantaisie de diva ? C’est mal la connaître. La réalisatrice de films fantastiques – cinq au compteur, dont Fornacis, en cours de montage – a tout de la femme fatale piétinant la ligne rouge de la bienséance. Une femme au taux de soufre élevé, qui ne couvre point ce sein que vous ne sauriez voir. “Le corps ne sert ni à séduire, ni à exister, dans mon travail. Je le vois comme un sentier. J’ai besoin d’expérimenter la chair.” Au risque que son obsession du cinéma pouvant aller jusqu’à “l’étouffement total” nourrisse les raccourcis faciles : “On m’a lancé, une fois : “Ah, mais t’es venue habillée !” Une femme nue sur une photo, ça ne pose aucun problème. Mais quand elle l’est dans une vidéo, on se dit qu’elle a un problème à régler. Sans doute, mais le problème n’est pas là.” Celle qui s’est longtemps trouvée “trop moche”, a

ainsi fait le choix, dans son travail, de “se réapproprier le corps des femmes”. Hors champ, vous la croiserez en jean ou en survêt’. “J’ai rencontré Aurélia en 2010, se souvient Nicolas Luquet, sound designer

“ON M’A LANCÉ, UNE FOIS : “AH, MAIS T’ES VENUE HABILLÉE !”” et graphiste à ses côtés depuis la deuxième édition de Même Pas Peur (1). Elle terminait à peine le tournage de Macadam Transferts et cherchait un sound designer. Je suis allé chez elle, à Paris. Elle était assez fatiguée par son montage, elle portait un pyjama, m’a offert du café et m’a montré tous ses films.” Son appart’ parisien, Aurélia peut y rester cloîtrée des mois. La nuit, elle écrit. Le jour, elle dort, après quelques épisodes de Pretty Little Liars. Aurélia Mengin, c’est une fille à bac +6 qui suit des séries rose bonbon. Qui préfère regarder un débat politique à aller

boire des bières. Qui chante : autrefois pour le groupe 10e victime, maintenant pour Nicolas Luquet lorsqu’il compose sous le nom de Luke Kay. Une flippée de tout, des piqûres, du sang, de la maladie, de la mort de ses proches, qui a fait du cinéma sa thérapie. Petite, il fallait supporter les camarades qui la taxaient de “bourgeoise”, éviter leurs cailloux, “être un soldat”, comme le lui conseillait son père. ““Bizarre” est le mot que je déteste le plus”, nous souffle-t-elle. “Bizarre”, ce mot qu’on continue de lui coller à la peau. “Avant de la rencontrer, je n’avais jamais croisé le chemin d’une femme essuyant autant de critiques de parfaits inconnus. Elle est exigeante, intelligente, sait ce qu’elle veut professionnellement et, en même temps, est hyper sensible, à fleur de peau, confirme Nicolas Luquet. C’est ce qui lui permet de faire des films intenses et forts. Elle sait communiquer sur son travail mais, en privé, reste secrète tout en étant sincèrement généreuse avec les gens. (...) Son cercle intime est réduit, elle ne se confie quasiment jamais et garde toujours une barrière de sécurité pour se protéger.” Une barrière comme ce boa de plumes qu’elle s’est un jour hâtée d’enfiler avant une interview télé parce qu’elle, Aurélia Mengin, ne ressemblait pas assez à “Madame “ Même pas peur””.

1. Aurelia Mengin organise le festival Même Pas Peur, consacré aux films fantastiques, dont la septième édition se déroule du 22 au 25 février à Saint-Philippe.


PAGE 16

EX TRAMURO S TEXTES LUCILE REBOUL PHOTOS GWAEL DESBONT

L’ÉTROITESSE N’AFFECTE PAS L’ESPRIT À Saint-Denis, L’immeuble Kandinsky a obtenu l’an dernier le prix d’architecture de La Réunion, catégorie “jeunes”, délivré par des collégiens.

L

a singularité de cet immeuble est sans doute son terrain d’assiette de 150 m² ; une gageure pour l’architecte et promoteur Bertrand Fontaine : remplacer la petite case créole d’un cousin par quelques logements de standing pour rentabiliser cet investissement personnel. Les droites, les angles droits d’inspiration Bauhaus, les peintures abstraites de Kandinsky (Étages, 1929) ont été les pistes majeures lors la composition de cet immeuble étroit, en aucun cas étriqué. Composé de trois étages, le Kandinsky valorise les huit mètres de largeur sur rue par une façade rectiligne, comme quadrillée, hormis l’arrondi des lames de verre qui ouvrent de l’ascenseur sur chaque logement. Les belles terrasses semblent suspendues, flottantes, subtilement soutenues par un mât porteur en acier marquant l’axe vertical de l’immeuble. Les garde-corps en verre simplifient également la

composition. Un mur végétal, de part et d’autre des vitres de l’ascenseur, constitue la touche verte, forcément limitée sur une surface aussi réduite. Les matériaux bruts prédominent : zinc, bois, verre, acier, dont les lames orientées à l’est sont vouées à la rouille : le temps patinera l’aspect du bâtiment. Les sols sont en marbre ou travertin, les varangues en caillebotis de teck d’Afrique. Orientés vers le sud, les trois logements sont traversants et lumineux, grâce aux baies vitrées sur toute la largeur des façades sud et nord. Cet immeuble est un cas d’école pour des projets de densification du centreville sur des petites parcelles. Toutefois, Bertrand Fontaine reconnaît avoir bénéficié d’un bon alignement des planètes pour son projet, désormais irréalisable du fait de l’AVAP, Aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine sur le centre-ville de Saint-Denis. Dommage, nous n’en verrons peut-être plus, des immeubles aussi originaux…


EXT R A M U R O S

PAGE 17


PAGE 18

MICRO-T RO T T ’ RECUEILLI PAR MARIANNE RENOIR PHOTOS CHARLES DELCOURT

QUI SERAIT VOTRE PRÉSIDENT(E) IDÉAL(E) ? Dans les hauts de Saint-Gilles, les déboires de certains candidats à la présidentielle sont bien loin d’être au cœur des discussions. Ce qui n’empêche pas les habitants d’avoir leur avis sur ces élections. Et s’ils pouvaient choisir n’importe qui, qui éliraient-ils ?

1

2

3

4

1 - Sully “Dieudonné, je me retrouve dans son univers.”

3 - Patricia “Michel Onfray, parce que je trouve ses prises de position intéressantes.”

2 - Virginie “J’aurais bien dit Gainsbourg mais il est mort, alors Dany Boon.”

4 - Kévin et Ophélie “Kaf Malbar !”


M I C R O- T R OT T’

5

7

6

8

10

9

11

5 - Émeline “PNL.”

8 - Nicolas “Dimitri Payet.”

6 - Wilfred “Mon père. Je pense qu’il est capable de gérer un pays comme la France.”

9 - Luciano “Je me verrais bien, moi, comme président ! J’aiderais tous les démunis et je mettrais en place un revenu minimum de 800 euros. Pour tout le monde.”

7 - Gérald “Le pape François !”

10 - Laura “Daniel Narcisse. Je serais la première à voter pour lui.” 11 - Kindgie “Ma prof’ de sciences de gestion, madame Froment.”

PAGE 19


PAGE 20

SOCIÉTÉ

Le bourgeois-bohème, on l’imaginait habiter Paris, ou au moins une grande métropole de l’Hexagone. Mais, coup de théâtre, il serait aussi présent à La Réunion. Et c’est un “magazine de “bobos”” qui vous le dit. Mais on parle de quoi, là ?


S OC I É TÉ TEXTES LOÏC CHAUX PHOTOS ROMAIN PHILIPPON - VINCENT DAMBREVILLE

Certaines expressions sont autant décriées par les promoteurs de la culture “underground” que par ceux de l’authenticité. Ainsi, le mépris du séga affiché par ces derniers trouve un écho involontaire chez… “BuzBuz”, magazine (gratuit) des bobos péi - assez bien réalisé sur le plan graphique - selon lequel ce genre musical ne survivrait que dans les thés dansants du 3e âge créole.” Ce passage, issu de l’article, écrit en 2012, “La Réunion… lé pi a nou ?” de l’excellent site 7lameslamer, nous titille depuis un moment. Non pas sur le sujet de fond – notre vision du séga a apparemment été mal interprétée – mais bien sur cette expression : “magazine (gratuit) des bobos péi”. Expression qui sous-entend que BuzBuz est fabriqué par des “bobos”, pour des “bobos”. Eh bien, vous savez quoi ? Nous n’avons pas d’argument à opposer à ça (on ne voit d’ailleurs pas pourquoi nous nous y opposerions, être “bobo” ne nous gêne pas plus que cela). À une condition : qu’on définisse ce qu’est un “bobo”. Et mieux encore, un “bobo” réunionnais. Or, nous allons voir que cela ne veut SOMMES-NOUS UNIQUES ? plus dire grand chose, et qu’il est désormais bien facile de traiPour illustrer notre dossier, nos photographes ter son voisin de “bobo” sans prendre le risque de se tromper. se sont inspirés du travail du duo d’artistes néérlanL’arrivée de la notion de “bobo” dans l’espace médiatique dais Ari Versluis et Ellie Uyttenbroek, du collectiff hexagonal date d’une quinzaine d’années environ. Des socioExactitudes. Ils ont passé une quinzaine d’années à logues, américains puis français, se sont cassé les dents pour prendre en photo les “tribus urbaines”, en se posant y apporter une définition précise ; ils semblent cependant cette question : “Sommes-nous uniques ?”. La réponse s’accorder sur quelques idées générales : notamment le fait est claire : non. Or, chacun, dans nos catégories soqu’ils vivent en ville, qu’ils sont aisés, et politiquement situés ciales, nous nous croyons uniques. Nous voudrions au centre et à gauche. C’est vague. – surtout nous, les “bobos” ! – faire croire que la mode n’a pas de prise sur nous. Et bien le travail du photographe tend à montrer que oui, nous rentrons tous dans un moule, de Saint-Pierre à Saint-Paul, de Saint-Gilles au Port. Nous ne sommes pas très différents de nos voisins.

PAGE 21


PAGE 22

SOCIÉTÉ

Dans un dossier des Inrocks de 2010, s’interrogeant justement sur le phénomène, la sociologue Camille Peugny avait proposé une définition, qui ressemble assez à l’idée que nous pouvons nous faires des “bobos” : “Une personne qui a des revenus sans qu’ils soient faramineux, plutôt diplômée, qui profite des opportunités culturelles et vote à gauche.” Voilà : en gros, le “bourgeois-bohème” s’intéresse, en plus, à la vie culturelle. Pour faire simple : il bosse dans la com’, lit Télérama, vote Hidalgo. Mais cela ne nous renseigne pas beaucoup sur le phénomène vu du prisme local. Nous avons donc appelé Geoffroy Géraud-Legros, rédacteur en chef de 7lameslamer, et auteur de l’article cité en préambule, afin d’y comprendre quelque chose. Comment définir un “magazine de bobos” ? Il rit : “C’était plus une blague qu’autre chose ! J’ai une tante, créole, qui vous adore, fan de cuisine macrobiotique, tu vois le truc, une vraie “bobo”, c’était plus une dédicace pour elle…” Mais puisque nous n’en avons pas pris ombrage, nous avons tout de même essayé d’en savoir plus sur b les “bobos”. Geoffroy Géraud-Legros se souvient : “Quand j’ai quitté La Réunion, à la fin des années quatre-vingt-dix, il me semble me souvenir de l’émergence d’une certaine catégorie dans le trip “bio et concerts”. Il y avait une homogénéité, c’était plutôt “zoreil”, et à Saint-Leu, même s’ils allaient aussi s’encanailler Chez Marcel. Maintenant, M c’est très différent, avec l’apparition de lieux urbains un peu branchés, comme à Saint-Denis. Tu as eu les Pot’irons, les Récréateurs, R et maintenant le Carré Cathédrale. Il s’agit toujours de “classes moyennes”, mais les codes “bobos” ont été aussi adoptés par p des Créoles. Les “bobos” réunionnais sont beaucoup plus hétérogènes r qu’avant : ils sont en ville, oui, mais ils vont aussi à la Rondavelle, à Sain-Leu. Au fond, c’est devenu tellement hétéroclite à La L Réunion que je me demande si la catégorie des “bobos”, c’est une catégorie valide, même pour ce qui est des orientations politiques, d’ailleurs…”

“UNE PERSONNE QUI A DES REVENUS SANS QU’ILS SOIENT FARAMINEUX,, PLUTÔT DIPLÔMÉE, QUI PROFITE DES Q OPPORTUNITÉS CULTURELLES ET VOTE À GAUCHE.”


S OC I É TÉ

Dans l’imaginaire réunionnais actuel, lorsqu’on demande “Où trouve-t-on des “bobos” ?”, le Carré Cathédrale, à Saint-Denis, est sur toutes les lèvres. Ce n’est pas étonnant. Les phénomènes de “boboïsation” étudiés dans les villes de Métropole répondent souvent du même schéma : les géographes parlent de “gentrification”, où comment des espaces urbains dits “populaires” ont vu arriver des habitants des classes moyennes, apportant avec eux bars branchés et lieux culturels. Harlem, à New-York est un des premiers exemples en Occident. En Métropole, on pense au Marais à Paris, à la Croix-Rousse à Lyon. Et donc, un peu, au Carré Cathédrale. Il est savoureux, d’ailleurs, de relire des articles datant d’une dizaine d’années : on parle alors de ce quartier comme “délabré”, en “proie aux incendies”, “en ruine”… Au moment des projets de réhabilitation voulus par la mairie, en 2009, le Jir se posait la question : “De là, à imaginer un quartier cathédrale animé en journée, voire noctambule, et pourquoi pas piéton, il n’y a qu’un pas.” Eh bien c’est fait. Nicolas Peyrebonne est architecte, à Saint-Pierre, et s’intéresse justement à ces processus, à La Réunion. Il les définit comme le fait que “des territoires défavorisés deviennent des endroits à la mode.” C’est ce qui se passe à Saint-Denis. Mais il l’a constaté aussi à Saint-Pierre, dans le quartier de Terre-Sainte ; il en avait écrit un article, dans le pure player metropolitiques.eu : “Là bas, le bar des pêcheurs est devenu un café–librairie. C’est symbolique”, nous a-t-il expliqué. Cette “gentrification”, il l’explique en plusieurs étapes : “On a d’abord un quartier de pêcheurs, où tout le monde se connaît, des familles installées ici depuis longtemps. Puis, les nouveaux arrivants, les “pionniers”, qui arrivent dans le quartier parce qu’il est beau, proche de la mer, proche de la ville, attirés aussi par l’atmosphère. Ces “pionniers” en attirent d’autres, d’une autre classe sociale. Comment arrivent-ils, ceux-ci ? Au moment des successions, la famille de pêcheurs historique partage la maison entre les enfants ; et comme, parfois, aucun ne

“IL S’AGIT TOUJOURS DE “CLASSES MOYENNES”, MAIS LES CODES “BOBOS” ONT ÉTÉ AUSSI ADOPTÉS PAR DES CRÉOLES. LES “BOBOS” RÉUNIONNAIS SONT BEAUCOUP PLUS HÉTÉROGÈNES QU’AVANT.”

PAGE 23


PAGE 24

SOCIÉTÉ

p peut racheter la part des autres, la maison est vendue à quelqu’un qui p peut investir. Dans le même temps, pour les enfants nés dans le quartier, le quitter représente une ascension sociale.” On comprend aussi que la pression foncière devient telle que le prix des loyers, du coup, augmente. Et voilà comment des quartiers populaires historiques deviennent “branchés”… et chers. Nous pouvons même nous lancer dans une prédiction : avec ses restaurants, sa nouvelle galerie d’art, sa proximité avec le centre-ville, le Bas-de-La Rivière, à Saint-Denis, va suivre le même chemin. Pas étonnant, dans ces conditions, que le “bobo” devienne une sorte d’ennemi des classes populaires. Geoffroy Géraud-Legros – qui se défend d’avoir utilisé le terme dans son acception péjorative, ce que nous croyons bien volontiers – confirme : “Le “bobo”, c’est l’autre sur qui on veut taper. En politique, tout le monde se traite de “bobos”. La droite traite les gens de gauche de “bobos”, les socialistes traitent les gens du NPA de “bobos”, ceux du NPA en font de même avec les socialistes… Et le FN traite tout le monde “bobos”!” Ou quand qualifier quelqu’un de “bobo” revient, dans la bouche de celui qui l’utilise, à un moyen de le décrédibiliser… Si, en Métropole, l’utilisation de ce terme à but péjoratif reste globalement dans le cadre de la politique (il n’y a qu’à voir le nombre de fois où Marine Le Pen a utilisé le terme !), ce n’est pas encore le cas à La Réunion, sans doute à cause du fait que les “bobos” ne sont pas une catégorie sociale assez grande pour qu’il soit utile, électoralement parlant, de taper dessus. En revanche, il a été - et est encore - utilisé dans les débats sur les réseaux sociaux suite aux attaques de requins sur des baigneurs depuis 2011. Les associations favorables à une réduction du risque par le biais de la pêche ont appuyé sur le terme “bobo”, l’associant la plupart du temps à “écolo”, tendant à faire de leurs opposants des personnes “déconnectées des réalités de terrain”. Nous avons joint Jean-François Nativel, président de l’association Océan prévention Réunion (OPR), dont la page Facebook use du terme de “bobo”, pour qualifier ses détracteurs, pour qui

“OÙ TROUVE-T-ON DES “BOBOS”?”, LE CARRÉ CATHÉDRALE,, À SAINT-DENIS, EST SUR TOUTES LES LÈVRES.


S OC I É TÉ

la pêche aux requins n’est pas souhaitable. Il nous propose une définition : “Je pense que les «bobos» – à OPR, on les appelle souvent les “bobos-écolos” – sont des gens avec une attitude très désinvolte, utopiste, avec de grandes considérations philosophiques, notamment sur la nature, mais qui mangent du caviar et des sushis (imaginez l’empreinte carbone pour importer ça !) et roulent en 4x4. Ils sont surtout métropolitains. Il y en a bien quelques uns à La Réunion, mais ils vivent surtout en Métropole.” Monsieur Nativel met le doigt sur quelque chose d’important : le “bobo”, c’est l’autre, comme disait Geoffroy Géraud Legros. C’est le bouc-émissaire, le “bobo”, la figure qu’il est bon de caricaturer (à Paris, par exemple, les habitants des quartiers dits “bobos” se déplacent plus en vélo et en transports en commun qu’en 4x4). Le “bobo” serait “déconnecté du réel”. “Le “bobo”, il vit en ville, est très loin de nos problématiques, mais vient nous expliquer comment les autres doivent vivre”, poursuit Jean-François Nativel. En ce sens, Nicolas Peyrebonne, notre architecte, le rejoint presque : “Quand certains “bobos” arrivent dans un quartier, qu’ils ont payé – cher – une maison, ils se disent qu’ils ont le droit de demander que la poule ou le chien du voisin fasse moins de bruit, mais le voisin en question avait des poules ou un chien bien avant son arrivée.” Pour résumer, le mot “bobo” revêt le sens que celui qui l’utilise veut bien lui donner. Moqueur, souvent. Péjoratif, parfois. Il n’est en tous cas jamais utilisé de manière anodine. Il arrive que le “bobo” vote à gauche (mais pas toujours : aux élections municipales de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet était parvenue à capter une partie de cet électorat). Il arrive que le “bobo” gagne de l’argent, ait des idées progressistes. Il peut être de temps en temps en temps hautain, donneur de leçons. Il peut imaginer que son mode de vie est celui que les autres devraient suivre. Il peut aussi, souvent, se tromper. Une conclusion s’impose : finalement, nous sommes tous un peu “bobos”. Alors, oui, 7lameslamer avait sûrement raison : BuzBuz est certainement un “magazine de “bobos””.

“MAGAZINE (GRATUIT) DES BOBOS PÉI”. EXPRESSION QUI SOUS-ENTEND QUE BUZBUZ EST Q FABRIQUÉ PAR DES “BOBOS”, POUR DES “BOBOS”. D’ACCORD.

PAGE 25


INT

TROPICAL GARDEN

30 AVRIL 2017 - 16H ›› ›› LE CHOKA B

›› ENTRÉE 10€ TENUE TROPICALE EXIGÉE

Le Ch

2 route d La Saline-les

Infos ›› 0262 09 43 32 | F


EU

a Bleu

int-Pierre ns, Réunion

book ›› INT Réunion 974

DJS LINE UP

››

0H

PLANET’ ALEXE LAN-K ROB DUKE (FR) MAT


PAGE 28

MA BU LL E RECUEILLI PAR MARIANNE RENOIR PHOTOS GWAEL DESBONT

EXPO PERMANENTE Chez Clément Striano, dit CLEIII, et Emma Di Orio, c’est beau et décalé. Les deux artistes du collectif Constellation nous ont parlé de leur petite collection de Legos, d’art toys, et d’autres objets loufoques.


M A B U LL E

PAGE 29

ENTREVUE EXPRESS Vous vivez ici depuis combien de temps ? Trois ans. En tant qu’artistes, c’est difficile de fournir aux agences les justificatifs exigés. Il faut avoir un CDI, etc. On a eu un coup de bol pour cet appart’. Il y a beaucoup de plantes ici ! (Emma) Oui, j’adore les plantes, surtout les cactus. Et comme le soleil tabasse sur le balcon le matin, il en fallait des résistantes. C’est quoi, ce masque sur l’étagère ? (Clément) C’est un cadeau de Nelson Makamo, un artiste sud-africain invité à la Biennale (des arts actuels, ndlr) du Port en 2011. J’étais aux Beaux-Arts à l’époque, j’ai pu le suivre pendant ses deux mois de résidence. Vous les trouvez où, toutes ces figurines ? Pour la plupart, ce sont des cadeaux. Je vois des œuvres à vous sur les murs... Oui, il y en a quelques-unes, et aussi celles des copains comme le dessin de Freddy Fegré pour l’expo Rock et BD. De bonnes adresses déco à nous donner ? (Emma) Emmaüs, mais on trouve des choses sympas partout. Le canard gonflable, je l’ai trouvé dans le rayon des jouets d’un supermarché. On récupère des objets de notre enfance aussi, comme les Legos de Clément. Ils sont mignons, vos poissons... Ce sont des rescapés : on était intervenus dans un centre aéré avec Constellation. Le gardien avait renversé leur bassin, tous les petits guppys étaient en train de mourir. On a pu en sauver quelques-uns. Vous écoutez quoi, en ce moment, sur votre tourne-disques ? (Clément) Le son ne fonctionne plus mais on bosse toujours en musique. Je suis très hiphop, j’écoute Joey Badass, Common, Public Ennemy, etc. (Emma) Moi beaucoup d’électro, de retrowave, d’expérimental, et les artistes du label Awful Records. L’objet le plus insolite ? (Emma) Les “bougies tété” que j’ai reçues pour mon anniversaire. Elles sont énormes ! Si vous ne deviez sauver qu’une seule chose ? (Clément) Mon ordinateur. (Emma) Une paire de lunettes de soleil !


PAGE 30

STATISTIQ UE M E N T RECHERCHES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS FREDDY LECLERC

COMPTONS-NOUS ! En début d’année, l’Insee a publié ses chiffres sur les évolutions de la population réunionnaise entre 2009 et 2014. En voici quelques uns.

1/100 -

En 2014, un peu plus d’un Français sur cent habitait à La Réunion.

10 000 -

26 400 -

Chaque année, c’est le gain d’habitants du seul fait de l’accroissement naturel (différence entre les naissances et les décès).

C’est le nombre d’habitants que La Réunion a gagnés entre 2009 et 2014. Soit l’équivalent de la population de Sainte-Suzanne.

3% La commune ayant connu la plus forte croissance démographique sur la période considérée est la Plaine-des-Palmistes, avec une population gonflant de 3% par an.

-2,4% Cilaos est la commune qui a connu le plus faible taux de croissance : elle a perdu 2,4% de ses habitants par an.

1 -

Entre 2009 et 2014, Saint-Philippe a gagné… un habitant.


NOUVEAU RANGE ROVER EVOQUE CABRIOLET

ESPRIT SAUVAGE, AMBITION URBAINE

Découvrez le premier SUV Cabriolet Compact premium au monde. Le Range Rover Evoque Cabriolet est parfaitement adapté pour la ville. Le nouveau système d’infodivertissement Land Rover Incontrol Touch Pro et la toute dernière technologie Terrain Response vous permettent d’explorer de nouveaux horizons en toute sérénité.

Land Rover Réunion 23, Avenue Stanislas Gimart 97490 Sainte-Clotilde 1, Rue des Olivines ZAC Canabady 97410 Saint-Pierre www.landrover.re Réservez votre essai Conseiller zone SUD : Ismaël DINDAR - 0692 85 07 57- ismael.dindar@caille.com Conseiller zone NORD : Salim DOBA - 0692 02 97 31- salim.doba@caille.com ABOVE AND BEYOND : Franchir de nouveaux horizons Consommations mixtes norme CE 1999/94 (l/100 km) : de 5,7 à 8,6. Émissions de CO2 (g/km) : de 149 à 201. DIN AUTO RCS ST DENIS DE LA REUNION TGI 383 146 594 - N° de gestion 91 B 485.


PAGE 32

LES PAGES SPORT

LA RE N C O N T R E D ON T ON N ’ A PA S PA R L É

COUREZ, PETITS VERTS ! Gymnase de Joinville, derby entre le CO Montagne 2 et le BC dionysien 3 : fournaise, contre-attaques, match à sens unique.

P

our ne pas vous perdre en cours de route, commençons par un point “règlement”. Le basket local est divisé en plusieurs divisions, chez les hommes. La première est nommée “Pré-nationale”, la deuxième “Régionale 2” (ou “R2”). Les deux premières équipes au classement de la “R2” ont le droit de monter, lors de la saison suivante, en “Pré-nationale”. Sauf… si une équipe du même club y évolue déjà. Pour compléter les maux de tête, sachez donc que sur neuf équipes en “R2”, cinq sont dans ce cas-là : quoiqu’il arrive, elles ne pourront pas passer au niveau du dessus. Enfin, si, officiellement, le BC dionysien, leader du championnat de “R2”, a la dénomination “BCD 3”, il s’agit bien de l’équipe n°2 du BCD. Vous aurez donc compris que le match que nous sommes allés voir, BCD 3 – COM 2, n’avait aucun intérêt pour la montée, mais quand même un peu pour la descente, La Montagne 2 étant dernière au classement (après, on bascule vers les championnats départementaux, on aimerait bien vous expliquer tout cela, mais il va bien falloir parler du match un jour).

Nous voilà donc un vendredi, dans le gymnase de Joinville. Il y fait une chaleur étouffante, les panneaux ne sont pas de première jeunesse, les baskets sur le Taraflex y font des “couic-couic” résonnants, la pendule des vingt-quatre secondes ne fonctionne pas. La Montagne, qui avait pris l’habitude de se prendre des valises depuis le début de la saison, avait fini 2016 sur deux victoires ; le BCD n’avait perdu que deux rencontres depuis le début du championnat. Un club avait besoin de points, l’autre n’en avait pas grandchose à fiche. L’Histoire retiendra que La Montagne aura mené. 3-1, au bout d’une minute de jeu, sur un panier à trois points de Frédéric Sornom. Cela n’a pas duré. Non pas que la défense de zone, appliquée par La Montagne pour faire face aux gros d’en face n’ait pas été efficace, elle l’a été, en début de match. Mais surtout parce que les visiteurs ont été maladroits. Affreusement maladroits : trop de passes dans les tribunes - s’il y avait eu des tribunes, trop de shoots forcés. Et le BCD, pas forcément plus habile, avait des positions à l’extérieur. À force, il y en avait bien une ou deux qui finissaient par rentrer (1er quart-temps, 18-7).

> FICHE TECHNIQUE Championnat Régionale 2 de basket. Journée 15. BC Dionysien 3 – CO Montagne 2 : 82-46 (18-7, 21-13, 24-13, 19-13). Au gymnase de Joinville (Saint-Denis). Spectateurs : 15 (dont deux bébés). Eclairage : bon ; terrain : moyen (Taraflex). Arbitres : Hamidi, Lacaille. BCD 3 : Gachelin (4 points), Dalleau (3), Lebon (2), Payet (17), Merian (cap., 9), Mussard (6), Zena (5), Leperlier (1), Cochard (16), Saïbo (12). Entraîneur : Merian. COM 2 : Ruellan (16), Bacquet (9), Sernant (3), Avril (1), Trolong, Nugent (1), Roux (3), Schack, Sornom (12). Entraîneur : Trolong. Les décomptes de points ne donnent pas le résultat final ; nous avons dû nous planter quelque part.


S P ORT

PAGE 33

TEXTES LOÏC CHAUX PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

UN CLUB AVAIT BESOIN DE POINTS, L’AUTRE N’EN AVAIT PAS GRAND-CHOSE À FICHE.

ON A VU Voyant que La Montagne ne parvenait pas à attaquer son cercle, le BCD se mit tout à coup à défendre en “individuelle”. Bonne idée : les ballons récupérés finissaient dans l’arceau d’en-face. Le jeune Payet se remplissait la panse de deux-pas, le BCD pouvait s’envoler. Il faut dire que, dans les rangs des Verts, quelques éléments ont déjà fait partie de l’équipe première, ayant même quelques titres de champions à la boutonnière. Ce fut flagrant lorsque le costaud Willy Saïbo entrait sur le terrain avec sa panoplie de shoots à toutes les distances. La Montagne avait à opposer un bon type à la mène, Olivier Sernant, un bon shooteur extérieur, Frédéric Sornom, et surtout Damien Ruellan, dont l’agressivité dans la peinture offrira à ses copains seize points, le tiers du total de

son équipe. Mais c’est tout : il semble bien que, dans les rangs des Bleus, il y a encore quelques fondamentaux à obtenir, et plus d’heures d’entraînement à passer ensemble, afin que ces satanées passes arrivent dans les mains. La deuxième partie du match verra surtout le BCD dérouler son jeu, La Montagne tenter, tenter, tenter, et tenter encore. Mais avec un banc peu fourni, des Bécédiens physiquement encore frais en fin de partie, le mal était fait. Le regain des Bleus, à la toute fin de la rencontre, vint plus d’un relâchement des accueillants que d’une soudaine reprise en mains des Montagnards. Le score final, lourd (82-46), s’il donne le sourire au BCD, ne changera rien à l’affaire : dans tous les cas, il continuera à jouer en “R2” la saison prochaine.

Un joueur du BCD, récupérant un ballon sur une mise en jeu, s’aider volontairement du genou pour faire rebondir le ballon, et s’étonner ensuite auprès de l’arbitre qui lui sifflait un “pied” ; Environ soixante-douze passes du meneur de jeu montagnard finir en touche, parce que le destinataire n’avait pas fini son mouvement de démarquage ; Une claquette-dunk du BCD qui a failli réussir ; Un arbitre demandant au photographe : “Vous savez que vous êtes sur un match de “R2”, là ?” ; Un Bleu faisant une passe à un Vert, dont le maillot, couvert de sueur, avait une teinte assez proche de celle de ses coéquipiers.


PAGE 34

LES PAGES SPORT

PO RT RAI T TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

LE PROPHÈTE EN SON PAYS

Richard Baret est l’idole absolue du cyclisme local, à la longévité remarquable, au palmarès local long comme le bras. Vedette à La Réunion, quasi-inconnu en Métropole : Richard Baret, c’est Marcelle Puy qui pédale.

I

l se serait appelé Kévin, qu’on aurait sans doute eu plus de mal à lui trouver un surnom. Heureusement, Richard Baret, né en 1964, porte le patronyme d’un roi anglais réputé courageux et généreux, au sobriquet avantageux ; le “Roi Richard”, ou “Richard cœur de Lion”, ça envoie pas mal, pour les titres de presse. Une anecdote, pour résumer ce qu’est Richard Baret. Il y a sept ou huit ans, lors d’une course locale montant au Maïdo, l’auteur de ces lignes suit un petit groupe de coureurs, aux environs du Guillaume. Comme à l’habitude, il n’y a pas de public, le vélo se court dans une indifférence polie, les cyclistes suent seuls. Mais au détour d’un virage, une famille se tient à la fenêtre, et hurle : “Allez Richard ! Allez !” Virage suivant, même scène. Et encore deux ou trois comme ça. Or, Richard n’est pas dans ce groupe. Dans les Hauts de l’Ouest, le vélo, c’est Richard. Pas étonnant : il a grandi au Guillaume, il y est resté : “Avec les copains, on descendait à vélo à Saint-Paul par les rampes, puis on remontait.” Souvenez-vous, la petite côte, pas loin de votre case, que vous rêviez de monter ; celle de Richard fait partie du plus difficile col de France. Dans les Hauts, on le voit passer régulièrement, d’autant qu’il va toujours rejoindre son poste à la mairie de Saint-Paul en bicyclette. Et puisque son palmarès lui a permis de faires les gros titres, Richard est devenu le “Roi”. Ici, il a tout gagné, au sein d’équipes de l’Ouest, notamment le VCO. Pendant longtemps : sa première licence chez les grands date de 1981 ; plus de trente ans plus tard, il levait encore les bras. Si bien que, depuis les années deux mille, on accole son nom, dans les articles de presse, à son âge. Quarante-cinq, quarante-six, quarante-sept ans… “Ça ne me gêne pas, qu’on rappelle sans arrêt que je suis le plus vieux. De toute façon, je ne me vois toujours pas arrêter. Ou alors, c’est qu’il se sera passé quelque chose de grave.”

On a bien essayé de trouver des gens au sein du peloton pour en dire du mal, de Richard. Chou Blanc. Emmanuel Chamand résume bien l’idée générale : “Richard, c’est la légende, un exemple à suivre. Il est très simple, il ne s’énerve jamais, du moins, jamais sans raison. Un vrai modèle, toujours bienveillant avec les plus jeunes.” Dans le peloton, Richard n’a jamais été le leader grande gueule. Plutôt le vieux sage. “Tu sais, je me suis toujours dit que c’était important, de donner une bonne image auprès des jeunes. Surtout dans le vélo, où tout n’est pas rose. Moi, je veux juste être le reflet d’un sport génial, que j’aurai du mal à arrêter, quoiqu’il arrive. Il y a un cycliste que j’admire. Tu le connais pas : c’est monsieur Dijoux. Monsieur Dijoux, il a plus de quatre-vingts ans, il fait toujours du vélo, entre Saint-Leu et l’Étang-Salé. Ça, c’est un exemple.”

DANS LES HAUTS DE L’OUEST, LE VÉLO, C’EST RICHARD. Peut-être Richard veut-il aussi encore un peu profiter de la notoriété que le vélo lui a donnée ? “J’ai un peu peur de tomber dans l’oubli, c’est vrai. Je m’en suis rendu compte il y a peu de temps, que j’étais connu. C’est agréable, surtout dans un sport où il n’y a pas grand chose à gagner et qui coûte de plus en plus cher…” Et celui qui vous dit ça, c’est un monsieur qui a commencé sa carrière sur des vélos en acier, les vitesses sur le cadre, les pieds calés par des lanières en cuir.



PAGE 36

LES PAGES SPORT

E N T RE T I E N RECUEILLI PAR LOÏC CHAUX

COURS, ÇA SERVIRA TOUJOURS Il y a trois ans, à une époque où BuzBuz pensait – déjà – muscler sa rubrique consacrée au sport, nous avions rencontré Jean-Louis Prianon. Après avoir relu notre entretien, on s’est dit qu’il n’avait pas pris une ride (l’entretien, mais Jean-Louis Prianon aussi, d’ailleurs). Le voilà.

JEAN-LOUIS PRIANON Ancien gardien de la paix, Jean-Louis Prianon est surtout connu pour ses performances sportives, et notamment sa quatrième place aux Jeux olympiques de Séoul, en 1988, sur le 10 000 m. Celui qu’on peut encore régulièrement croiser à l’entraînement à Champ-Fleuri s’est mis, après sa carrière, à s’occuper de la réinsertion des jeunes réunionnais en difficulté. Tout cela fait du Saint-Joséphois une des personnalités préférées des Réunionnais.

Jean-Louis, tu as beaucoup travaillé avec les jeunes des quartiers (1). Qu’est-ce que tu leur racontais ? Je commençais par les difficultés rencontrées. Je leur disais que j’étais comme eux. Pas plus, pas moins… Au départ, je suis orphelin de bonne heure, à six ans. J’habitais aux Lianes, dans les champs de cannes, mon père était agriculteur. À l’époque, l’agriculteur, il gagnait sa vie, il avait à manger. Com i dit, i soign cochon, i soign bœuf, i soign cabri, la nourriture, c’est pas ça qui manquait. Mais quand le producteur de la famille s’en va… La maman, elle est femme de ménage, d’accord, mais c’est pas elle qui va planter la canne à sucre, hein ! Donc, oui, je suis parti avec un handicap dans la vie. Heureusement, j’ai toujours eu l’amour parental, l’amour maternel, la solidarité familiale… Je leur dis ensuite qu’ils ne sont pas tombés sur les bonnes personnes. Moi, j’ai eu la chance de ne tomber que sur des bonnes personnes. Alors, ce n’est qu’une histoire de chance ? Disons qu’on a le choix. Il faut faire le choix d’aller vers les bonnes personnes. C’est sûr, il y a des gens qui ont un destin, tu sens qu’ils ont tout contre eux, qu’ils ne vont jamais s’en sortir. Il ne faut pas être défaitiste. Quand on est optimiste, ça va aller. Mes gamins, à un moment donné, ils n’y croyaient plus, et ils sont tombés sur moi. J’étais cette personne-là, à l’écoute. Les rencontres, c’est donc ça, l’aspect positif ? Oui, c’est de dire que, quand on a vécu des choses négatives, il n’y a plus que du positif qui peut arriver. C’est être en bonne santé, ne plus avoir de problèmes avec la justice, être valorisé, faire des actions citoyennes… Et être sur un podium dans les courses et

avoir son nom dans le journal ! Passer de la rubrique des faits divers à celle des sports ! Tu ne crois pas qu’il faudrait plutôt insister sur l’éducation, au lieu du sport, pour sortir des pages “faits divers” ? Mais il n’y a pas mieux que le sport ! Peutêtre aussi la culture, l’art… Le sport, ça m’a notamment permis de réinsérer et d’aider un grand champion de boxe, Gérard Tierpied (2), avec l’aide de la mairie. Quand il a fait de la boxe, le niveau scolaire était déjà très moyen. Ce n’est pas la boxe qui l’a empêché d’avoir un bon niveau scolaire ; la boxe l’a sauvé. Lui et plein d’autres. Quand on n’a pas de bonnes bases à l’école, le sport n’y est pour rien, c’est plutôt la faute à l’environnement familial… Le sport permet de rattraper. Mais n’est-ce pas dangereux de placer l’éducation sportive au même rang que l’éducation scolaire et parentale ? À la base, le sport avait beaucoup d’importance à l’école. Ce n’est plus le cas. Par exemple, moi, j’ai découvert le sport à l’école. En sixième, je faisais des déplacements pour faire des cross avec l’ASU (ancêtre de l’UNSS, ndlr) avec mon prof d’EPS. À l’époque, le prof d’éducation physique, c’était le bon dieu ! Ma première idole sportive, ce n’était pas un champion, c’était mon prof de sport ! Maintenant, le professeur de sport, il est surtout en train d’éduquer les marmailles parce qu’ils ne le respectent pas, qu’ils sont venus en jeans, en savates… Nous, on était en savates parce qu’on n’avait pas les moyens, on courait nus pieds. Souvent, les profs principaux étaient les profs de gym. Ils étaient très respectés. Quand un élève ne travaillait pas, qui pouvait discuter avec l’élève ? Le prof de gym ! Quand les autres profs avaient des difficultés avec moi


S P ORT

- parce que j’étais pas un super élève, pas très consciencieux, le prof d’EPS me disait : “En maths, ta moyenne n’est pas bonne ! Attention, mercredi, il y a un bus qui va t’emmener courir à Roches-Maigres, et tu risques de ne pas rentrer dedans !” Ça me tracassait. Le bus, quoi ! J’avais envie de bat un carré, moi, té ! J’avais envie de courir, de rentrer à la maison avec ma petite coupe ! Eh bien, je le révisais, mon cours de maths ! Maintenant, canaliser les gamins, le prof de gym, il ne peut plus… À ton avis, pourquoi c’est différent maintenant ? L’Éducation nationale lui a laissé moins de place. Il y a aussi eu un laisser-aller des parents. Maintenant, si un prof d’éducation physique dit à un gamin : “T’es venu en jean, tu vas pas faire de sport”, la maman pourrait venir le totocher ! Moi, si le prof appelait ma mère pour dire : “Jean-Louis n’a pas fait de sport parce qu’il n’avait pas son short”, je prenais une bonne réprimande ! On en revient à l’éducation. Avant, on avait l’éducation sportive qui accompagnait l’éducation des parents. Là, il n’y a plus d’éducation parentale, et pratiquement plus d’éducation sportive. Mais finalement, est-ce si important, que le sport soit moins une priorité ? Un exemple. Dernièrement, au Port, parmi les quatre cents coureurs, il y avait M. le Préfet. Tout le monde voulait le saluer. Il était un peu gêné, il dégoulinait un peu, il n’était pas là pour le protocole. Le préfet, quoi ! Le premier représentant de l’État, en train de faire de la course à pied, au Port, là où on brûle habituellement les voitures ! Il est vraiment dans le peuple, là. Il a sûrement vu un Réunionnais la kour lui tendre une éponge, un autre lui dire “Pousse a ou !”…

Tu me parles beaucoup de sport individuel… Quelles sont les différences que tu fais avec les sports collectifs ? En fait, quand j’étais petit, je jouais au football à la Saint-Pierroise. Je me suis rendu compte qu’on était tout le temps en train de se chamailler entre copains. J’ai vu ensuite, quand j’ai fait de l’athlétisme, qu’il y avait plus de solidarité, de complicité et d’amitié… Pourquoi ? Parce que celui qui a le ballon, il va peut-être pas centrer pour celui qui marquera le but ; celui qui est titulaire, il prend la place d’un remplaçant. Donc, à l’entraînement, c’est toujours de la concurrence. La course à pied, en revanche, permet à tout le monde de participer à la compétition, et il n’y a qu’un juge, le chronomètre. Il n’y a pas l’entraîneur qui a ses petites préférences, parce qu’il y en a un dont la maman est plus gentille. Dans l’athlé, on devient plus solidaires parce que la concurrence est plus saine, plus juste. Un exemple : tu as vingt gamins, tu dois en emmener trois à une compétition à Maurice. Tu fais un parcours de 800 m, tu

PAGE 37

rétablir. Tu es en manque de fer, prends un peu de Fero-Grad (5); ce n’est pas du dopage. Ce sont souvent les carences qui emmènent à la blessure. À La Réunion, le dopage lourd semble marginal. En revanche, il y a une mode des barres et des boissons énergétiques. Qu’en penses-tu ? Tu penses que c’est utile ? Oui, il y a des jeunes qui achètent toujours tout un tas de trucs, des barres énergétiques qui coûtent cher. Je dis, les gars, ici, de quoi on a besoin ? D’être hydraté. Eh bien, on a un légume, pas le plus cher, c’est le chouchou. Chouchou-saucisses, chouchou-morue, gratin de chouchou… Le voilà, votre repas ! C’est bon, et ça vous hydrate !

leur dis de s’échauffer, puis tu fais la course. Les vingt courent, les trois premiers partent à Maurice. Point. Dans un sport collectif, on gagne ou on perd. Sur un ring, t’es KO ou tu jettes l’éponge. Dans ma discipline, on ne va pas traumatiser un gamin qui fait de la compétition, parce que même s’il n’a pas une victoire, il sera toujours récompensé.

Une autre grande dérive dans le sport, c’est l’argent. Cela conduit à des comportements étonnants de la parts de certains sportifs réunionnais… Il y a une vraie différence entre amateurs et professionnels, oui. Ça me sort par la tête quand j’apprends que les footballeurs demandent qu’on paie leur billet pour venir jouer ici. Un footballeur pro, qui a fait sport-études ici, qui a été logé au Creps, qui a été formé par des éducateurs de La Réunion, le tout payé par La Région, le Conseil général, les municipalités… Il pourrait payer un billet d’avion. De toute façon, cette différence entre amateurs et professionnels, tu la retrouves à tous les niveaux. Regarde aux Jeux olympiques. Le mec qui tire à l’arc, il bosse toute la semaine, et dès qu’il a un petit temps, il s’entraîne au tir à l’arc. S’il est bon en compétition, tant mieux, sinon, tant pis… Par contre, un professionnel, heureusement, qu’il est bon en compétition ! C’est son métier ! Si un artisan, il n’était pas bon dans son boulot, on dirait quoi ? Un handballeur, même quand il est aux JO, il est payé, il est juste détaché par son club, il n’est même pas en vacances ! Qu’il soit bon, c’est la moindre des choses.

Tu me parles de compétition. On en connaît les dérives, notamment le dopage. Dans ta carrière, y as-tu été confronté ? Moi, j’étais de la génération “transfusion sanguine”, il n’y avait pas encore d’EPO. Je suis arrivé à l’époque de Lasse Virén (3). Les transfusions sanguines se pratiquaient en Finlande. Puis, il y a eu les Italiens (4). Nous, en France, on n’était pas encore là-dedans, du moins en athlétisme. On entendait bien parler du cyclisme…. Nous, on était plutôt dans une bonne préparation, dans la prévention. On avait d’ailleurs souvent des prises de sang, dans un cadre préventif. C’est ce que je dis à mes athlètes, à tous les niveaux. Il suffit de faire un bilan dans l’année, pour savoir si on est en manque de calcium, de magnésium. Si, malgré une alimentation équilibrée, il y a des carences, cela permet de

1. Gardien de la paix jusqu’à sa retraite, Jean-Louis Prianon a travaillé pendant des années, après la fin de sa carrière sportive, en tant qu’animateur social à Saint-Denis auprès des jeunes, les dirigeant notamment vers la pratique de la course à pied. 2. Gérard Terpied a été multiple champion de France amateur de boxe, avant de se faire virer de l’équipe de France et de rentrer à La Réunion, pour basculer dans les combats de rue et l’alcoolisme. 3. Lasse Virén a réalisé le doublé victorieux 5000 m – 10 000 m aux Jeux olympiques de Munich (1972) et de Montréal (1976). Il a été suspecté de pratiquer l’auto-transfusion sanguine, autorisée à l’époque (plus maintenant) et surtout indétectable (toujours aujourd’hui). Lui a toujours répondu que le seul produit dopant qu’il prenait était du lait de renne. 4. Alberto Cova, champion olympique du 10 000 m en 1984, a lui aussi été suspecté de pratiquer les auto-transfusions sanguines. 5. Le Fero-Grad traite les anémies dues à un manque de fer. Il se délivre sans ordonnance et n’est pas considéré comme un produit dopant.

“QUAND ON N’A PAS DE BONNES BASES À L’ÉCOLE, LE SPORT N’Y EST POUR RIEN, C’EST PLUTÔT LA FAUTE À L’ENVIRONNEMENT FAMILIAL… LE SPORT PERMET DE RATTRAPER.”

Il n’y a que le sport qui peut prétendre un tel brassage ? La course à pied, surtout. Je les vois pas aller jouer au hand… Mais oui, le sport casse les barrières. Jean-Pierre Niel (juge d’instruction au Tribunal de Sant-Denis, ndlr) est venu courir à Domenjod, pas loin de la prison. Il est là, il attend sa petite coupe… Dans une même course, on pourrait retrouver mes jeunes qui ont fait de la prison et qui sont réinsérés, d’autres qui sont un peu bancals et qui pourraient y aller, le préfet, le juge, je trouve ça beau ! Je suis fier, car il n’y a que ma discipline qui pourrait offrir ça. Et les femmes ! La course, la marche et la randonnée, ont permis aux femmes réunionnaises de s’épanouir, et de se libérer. C’est incroyable. Je me souviens, en 1995, je ne voyais pas énormément de dames courir, marcher, et là, c’est magnifique… Quel que soit le gabarit, le niveau, elles sortent de chez elles, elles cessent de s’occuper du mari, des enfants, de la maison. Elles pensent à elles. Ça, c’est le sport. Qu’on ne me dise pas que ce n’est pas bénéfique !


PAGE 38

LES PAGES SPORT

DO S S I E R TEXTE LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS FREDDY LECLERC

COUPS TORDUS Orwell a écrit : “Le sport […] c’est la guerre, les fusils en moins.” Alors, parfois, tous les coups sont permis. À La Réunion aussi.

C

e jour d’avril 2008, c’est un coup de tonnerre. Dans une compétition de golf, un participant arrête la balle avec sa main, espérant qu’un des témoins ne dira rien. Raté : l’“affaire” sort dans les journaux, amplifiée par le fait que l’auteur de la filouterie est un des dirigeants de la Ligue. Pourquoi un coup de tonnerre ? Car, dans l’esprit de ses pratiquants, voire du grand public, le golf jouit d’une aura particulière : on s’y mesurerait entre gentlemen, dans une ambiance polie teintée de respect et de fair-play. Le golf aime, comme beaucoup d’autres sports d’ailleurs, mettre en avant ses “valeurs”. C’est oublier simplement qu’il est pratiqué par des humains. Et qu’un humain, quand il déclare ses impôts, joue à la pétanque, roule sur l’autoroute ou participe à une compétition de golf, il peut lui arriver d’avoir envie de tricher. Et de le faire. Aucune activité humaine ne peut se prévaloir de cela. Alors, surtout pas le sport.

Le trucage des résultats sportifs est certainement aussi vieux que le sport lui-même ; les Jeux antiques ont dû gérer leur lot de corruptions de juges. Alors, La Réunion a aussi eu droit à ses histoires de fraude ; et c’est (presque) toujours très drôle. Qu’est-ce que la triche ? C’est “enfreindre les règles d’un jeu, d’un sport”, nous dit notre Larousse. Ainsi, au football, un joueur ayant subi une faute et qui met beaucoup de temps à se relever pour faire gagner du temps à son équipe est peut-être peu fair-play, il ne triche pas pour autant, car il n’enfreint pas une règle. Les sports doivent donc en permanence s’adapter afin de préciser leur cadre réglementaire, et boucher les éventuelles brèches. Et comme les tricheurs sont inventifs, il doit se donner les moyens d’empêcher la fraude et, dans le cas échéant, de la sanctionner. Nous sommes allés discuter avec Jean-François Beaulieu qui, en tant qu’ancien président du Comité régional olympique et sportif (Cros), du Conseil international des Jeux des Îles (CIJ)


S P ORT

et de la Ligue de basket, a quelques souvenirs dans la tête. L’importance d’un règlement, il sait ce que c’est. “La triche, les arrangements, je pense qu’il y en avait plus dans le passé. Mais à partir du moment où le sport, ici, s’est doté de règlements, de structures, il me semble que cela s’est atténué. Je me souviens, quand on jouait des matchs de basket dans certaines salles, les panneaux étaient en bois, le public les secouait quand on shootait. Ou alors, les spectateurs étaient proches du terrain, ils nous jetaient des petits cailloux quand on jouait sur les côtés… À partir du moment où il y a eu de vrais gymnases, avec du matériel de qualité, la triche a diminué. Plus le sport réunionnais s’est structuré, moins il y a eu de problèmes, en fait.” Un exemple concret ? Le Grand Raid. Par son essence même – une course longue, en pleine nature – la triche est possible, puisqu’il est difficile de tout contrôler. Depuis ses premières éditions, c’est un secret de polichinelle, certains coureurs ont coupé dans les sentiers, se sont fait aider, on peut-être fait un bout de chemin en voiture. Mais ce sont des rumeurs, que le sérail se raconte. Or, en 1994, une sombre histoire apparaît au grand jour : le vainqueur n’a pas validé son passage à un des derniers points de contrôle obligatoires. Il est disqualifié en quelques heures, l’organisation considérant qu’il a triché. Le coureur en question arguera qu’il était arrivé trop tôt au ravitaillement, que les pointeurs n’étaient pas à leur poste, et qu’il a préféré continuer. Officiellement, cependant, le mal est fait : un vainqueur du Grand Raid a été disqualifié pour triche. Plus tard, en 2008, et alors que se jouent les places d’honneur dans la descente du Colorado, un coureur choisit de couper le sentier, sous les yeux de ses poursuivants, obtenant un gain de temps considérable – mais interdit. La réponse du Grand Raid ? Une adaptation des règlements. Notamment, des contrôles impromptus – les fameuses gommettes apparaissant sur les dossards à l’arrivée – ou un parcours modifié – le sentier marron emprunté par notre coureur dans la descente du Colorado avait par exemple été autorisé les années suivantes.

PAGE 39

QUAND UN HUMAIN DÉCLARE SES IMPÔTS, JOUE À LA PÉTANQUE, ROULE SUR L’AUTOROUTE OU PARTICIPE À UNE COMPÉTITION DE GOLF, IL PEUT LUI ARRIVER D’AVOIR ENVIE DE TRICHER. ET DE LE FAIRE. Ce qui n’empêche pas les tricheurs de faire preuve d’une inventivité sans faille encore récemment. On vous la raconte, c’est notre préférée. Il y a deux ans, lors de la première édition de la TransRun (une traversée de cent trente kilomètres du nord au sud), la présence d’un homme dans les meilleurs, au classement final, étonne les autres participants qui, à force, se connaissent tous. Ce classement est étonnant car le concurrent en question ne fait pas partie du gratin ; pourtant, sa deuxième partie de course est dans les mêmes eaux que celle du vainqueur final, à plus de cinquante ans. Devant l’insistance des autres concurrents, les organisateurs examinent les temps de passage : ils sont curieux, ne suivent pas les mêmes courbes que les autres. Or, dans le trail péi, tout le monde le sait : ce coureur-là a un frère jumeau, coureur de montagne aussi. La suite, vous la devinez : l’organisation a été convaincue qu’ils ont fait la course à deux, en se passant le dossard. C’est drôle, ces histoires ? Pas tant que cela. Des participants


PAGE 40

LES PAGES SPORT

DO S S I E R

extérieurs viennent à La Réunion, et sont témoins de ce genre de choses. Nous avons contacté un coureur métropolitain, qui a couru plusieurs Grands Raids : “Ça fait partie un peu du folklore, non ? Quand tu grimpes la nuit à Dos d’Âne, et que tu vois un type qui attend dans le noir, dans le sentier, tu comprends qu’il est là pour aider un coureur. Ou alors, qu’est-ce qu’il fait là ? En Métropole, cela nous fait sourire, on sait de toutes façons que ce n’est pas ça qui fera gagner. Mais on sait que ça peut arriver.” La Réunion n’est donc pas vue comme une terre de triche ? “Non, pas plus qu’ailleurs. Quand tu vas courir aux ÉtatsUnis, il y a aussi des accompagnants. En Italie, je me souviens d’un gars qui avait pris la voiture. Au Cameroun, des usurpations d’identité. Ça fait partie de l’identité de ces courses…” Sauf que cela n’arrange en rien l’image de La Réunion. JeanFrançois Beaulieu, ça ne le fait pas rire : “Je me souviens de réunions métropolitaines entre les ligues régionales, au basket. J’entendais, en parlant des départements d’Outremer : “Oh, ça s’arrange

“QUAND TU GRIMPES LA NUIT À DOS D’ÂNE, ET QUE TU VOIS UN TYPE QUI ATTEND DANS LE NOIR, DANS LE SENTIER, TU COMPRENDS QU’IL EST LÀ POUR AIDER UN COUREUR. OU ALORS, QU’EST-CE QU’IL FAIT LÀ ?”


S P ORT

EN PARLANT DES DÉPARTEMENTS D’OUTREMER : “OH, ÇA S’ARRANGE UN PEU ENTRE VOUS, NON ?”

un peu entre vous, non ?” Il y avait une raison : la chambre d’appel (juridiction sportive au sein de chaque fédération chargée de régler les litiges en deuxième instance, ndlr) voyait un grand nombre de cas arriver des Antilles ou de La Réunion.” Le fait que les structures sportives dans ces départements soient plus jeunes qu’en Métropole, que les arbitres et officiels aient moins la capacité de se former, sont sûrement des raisons principales, plutôt qu’une réelle culture de la triche. Comme nous le disions plus haut, la magouille aime profiter des vides réglementaires. Parler de triche, c’est aussi s’interroger sur l’inventivité du cerveau humain pour parvenir à ses fins. Et on n’est jamais au bout de ses surprises. En 2001, un match de handball opposant un club de l’Est à un autre du Nord, en est un bon exemple. Le recevant – celui de l’Est – a beaucoup de blessés

PAGE 41

dans ses effectifs. Or, juste avant le début de la rencontre, par un heureux hasard, le gymnase subit une panne de courant général (et, vraiment pas de bol, le reste du quartier a bien de la lumière). Match reporté. On a raconté cette anecdote à monsieur Beaulieu : “Oh, la panne de courant, un grand classique…” Faut quand même être tordu ! On aurait pu vous narrer, aussi, ce marcheur qui, en pleine compétition et alors qu’il croyait que personne ne le regardait, s’était mis à courir. Ou cette habitude, qui perdure encore, chez les pilotes de rallye, qui consiste à effectuer des reconnaissances des parcours avant l’épreuve, donc sur route ouverte, alors que le règlement leur interdit pour des raisons de sécurité et de tranquillité des riverains (il y a quelques années, deux d’entre eux s’étaient justement rentrés dedans, à quelques jours d’une spéciale…).


PAGE 42

LES PAGES SPORT

DO S S I E R

LE DOPAGE, L’ARBRE QUI CACHE LA FORÊT Parler de triche dans le sport, et ne pas évoquer les pratiques dopantes ? Ils ont perdu la tête, chez BuzBuz ? C’est, à nos yeux, un sujet à part entière, qui implique d’autres problématiques, notamment sanitaires et légales. À La Réunion, si les pratiques dopantes existent bel et bien, et même si elles ont droit aux premières pages des journaux, elles restent marginales, en nombre, face aux nombreux cas de tricherie rencontrés quasiment chaque week-end, et qui restent en général cantonnés au bouche à oreille de sportifs. Dans le reste du monde, depuis quelques années, le dopage lui-même doit partager la vedette au rayon “triche” avec les affaires de paris sportifs, de personnes handicapées qui ne le sont pas, de matchs truqués… Largement plus médiatisé que le reste, le dopage est un cas particulier de triche. Il n’est pas dit qu’un jour, nous n’en parlerons pas.

Il convient, pour terminer, de se demander… Mais pourquoi tout ça ? Parce qu’on triche pour gagner, quelle que soit la récompense, et que c’est ainsi. On triche autant chez les pros que chez les amateurs. Mais à La Réunion, il y a peut-être une notion qui entre en jeu, qu’a évoqué notre traileur métropolitain : “Chez vous, il y a une valorisation sociale de la performance. Les sportif péi sont surmédiatisés, ils deviennent des vedettes au sein de leurs familles, de leurs quartiers, ils font la “une” des journaux, alors qu’en Métropole, nous sommes de complets anonymes. Voir ce que font les sportifs parfois pour parvenir à gratter une ou deux places permet de comprendre aussi l’engouement, l’importance de telle ou telle course.” La triche, ou un moyen de plus d’exister socialement ? Voilà qui lui donne un peu de noblesse.


ABONNEZ-VOUS

7NUMEROS

22€

POUR UN AN

6 NUMEROS 1HORS SERIE

VOTRE MAGAZINE ENVOYÉ PAR LA POSTE

www.buzbuz.re


PAGE 44

LES PAGES SPORT

PO RT FO LI O TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT

LA BOXE, SANS ARTIFICE Loin des paillettes annoncées par les promoteurs, sans le combat qualifié de “vedette”, le gala de boxe organisé en décembre a laissé finalement la place au sport, juste le sport.


S P ORT

À ce jeu-là, les organisateurs d’événements sportifs n’ont finalement rien à envier à leurs homologues de la culture : quand certains festivals nous promettent des chanteurs à la renommée internationale, on a déjà du mal à y croire. Alors, quand Sébastien Acariès, organisateur du gala de boxe qui s’est déroulé en décembre au Petit stade de l’Est, nous a

PAGE 45


PAGE 46

LES PAGES SPORT

PO RT FO LI O

annoncé la venue de Evander Holyfield et de Lenny Kravitz, on a levé un sourcil. Puis les épaules, quand ils ne sont finalement pas venus. Le combat vedette, un championnat du monde entre Hassan N’Dam et Alfonso Blanco, a duré vingt et une secondes, le temps pour le premier de placer une droite sur la tête du second. L’autre rencontre, qui devait


S P ORT

faire rugir le public, n’a pas eu lieu. Il faut dire qu’un des deux combattants avait passé la journée de la veille avec la police, après l’avoir vue débarquer dans sa chambre d’hôtel, alors qu’il attendait la venue d’une infirmière. Infirmière commandée par son manager pour une “injection”, certes. Mais une injection de quoi ? On n’a jamais trop su, il n’y a eu ni

PAGE 47


PAGE 48

LES PAGES SPORT

PO RT FO LI O

flagrant délit, ni contrôle positif, ni même saisie de produits illégaux. L’entraîneur a parlé de poches de “glucose”, ce qui est considéré comme dopant uniquement sous certaines conditions. Bon. Pour le public dionysien, ne restait donc que quelques combats à se mettre sous la dent. Des combats âpres, comme la boxe sait en donner.


S P ORT

Et surtout, il y eut le retour du meilleur boxeur réunionnais de tous les temps jusqu’à aujourd’hui, Willy Blain. Celui-ci avait rechaussé les gants, à trente-huit ans, pour saluer son public réunionnais avec une victoire. Lui, ça lui a tellement plu que, finalement, il va peut-être continuer.

PAGE 49


PAGE 50

LES PAGES SPORT

LE J O UR O Ù… TEXTE LOÏC CHAUX RECHERCHES SARAH IBANEZ PHOTO ADOI

30 OCTOBRE 1955

REMPORTE LE PREMIER RELAIS PÉDESTRE DE SAINT-DENIS Lorsque l’équipe des “Copains d’abord” a gagné, en octobre, une des plus anciennes compétitions réunionnaises encore existantes, savait-elle qu’elle complétait une liste de vainqueurs commencée il y a soixante et un ans ?

E

n 1955, le sport, dans les journaux, c’est du foot, beaucoup. Du vélo, pas mal aussi. De l’athlétisme ? Il y a bien quelques comptes-rendus parlant du plus vieux sport organisé en compétition à La Réunion (voir BuzBuz #27), mais bien peu. La création d’une grande course dionysienne, par le Service départemental de la jeunesse et des sports, a donc tout de l’événement susceptible d’attirer les journaux. Et ce fut le cas. La formule est alors peu ou prou la même qu’aujourd’hui : six kilomètres environ à parcourir par des équipes de dix relayeurs, au cœur des rues de la Préfecture. Des équipes créées à partir des effectifs piochés au sein d’établissement publics (écoles, armée, police) à qui la course était réservée. Comme aujourd’hui, tout ce petit monde partait de l’Hôtel de Ville. Comme aujourd’hui, les membres du Conseil municipal venaient saluer les participants. Et comme aujourd’hui, il y avait du badaud aux alentours, comme semble le raconter Le Peuple, dans son édition du lendemain : “La foule se pressait sur les trottoirs et particulièrement à chacun des neuf points de relais.” Si la petite histoire de l’athlétisme réunionnais retiendra que c’est l’École Centrale et son dernier relayeur, Marius Veloupoullé, qui a remporté cette première édition, il faut noter un des aspects particuliers du règlement : l’importance donnée à l’esthétisme. En effet, outre les classiques récompenses attribuées aux vainqueurs (et on peut dire que la course fut bien dotée), ce sont aussi les tenues des coureurs et l’ornement de leurs camionnettes qui ont été primées. Des camionnettes chargées de déposer les coureurs à chaque point de relais dans une sorte de procession, et décorées par chaque équipe. La Fédération sportive réunionnaise (voir BuzBuz #30) justifiait ainsi, dans les quotidiens, l’importance de l’apparence (des coureurs et du matériel, donc) :“Le fait de récompenser

Hôtel de Ville de Saint-Denis, 1950-1959. Archives départementales de La Réunion.

L A P E T I T E H I S T O I R E D E L’ A T H L É T I S M E RÉUNIONNAIS RETIENDRA QUE C’EST L’ É C O L E C E N T R A L E E T S O N D E R N I E R R E L AY E U R , M A R I U S V E L O U P O U L L É Q U I A REMPORTÉ CETTE PREMIÈRE ÉDITION

l’aspect esthétique de cette manifestation peut étonner certains ; mais c’est faire œuvre d’éducation que d’attirer l’attention de la Jeunesse sur le fait qu’il est hautement souhaitable qu’un spectacle sportif soit une alliance de l’harmonie du geste et d’une nette et simple élégance vestimentaire.” Soixante ans après, l’OMS de Saint-Denis, qui organise désormais la doyenne des courses locales, impose aux premiers et derniers relayeurs de chaque équipe de se déguiser. Nous vous laissons juger, chers lecteurs, si les tutus et perruques fluo de 2016 ont respecté le désir de leurs lointains prédécesseurs de faire du Relais “une alliance de l’harmonie du geste et d’une nette et simple élégance vestimentaire.”


PAGE 51

CULTU RE G RECHERCHES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN

Le premier paiement sécurisé sur Internet a été effectué en août 1994 : à Philadelphie, un homme a commandé – et payé – un album de Sting.

Seulement deux variétés d’oignons sont cultivées à La Réunion. Sur huit espèces de baobabs existant sur terre, six sont endémiques à Madagascar.

CU

Dans Alexandre, de Oliver Stone, Angelina Jolie joue le rôle de la mère de Colin Farrell, alors qu’elle n’a qu’un an de plus que lui.

L

Les requins bouledogues et tigres sont considérés comme des animaux “quasi menacés” par l’Union internationale pour la conservation de la nature.

T

UR

E

G

pour faire les malins devant les amis, voici quelques infos qui vous donneront la classe dans les discussions.

Participer, en tant que touriste, à une rotation du Marion-Dufresne, coûte de cinq à huit mille cinq cents euros en cabine double, de dix à dixsept mille euros en cabine simple.

Cinq hommes ayant interprété le “Marlboro Man” sont morts des suites d’une maladie liée au tabac.

Soixante grammes de chocolat noir peuvent tuer un chien de dix kilos.

La population mondiale actuelle équivaut à environ 6% des humains ayant jamais vécu sur Terre. Le grand-père de Donald Trump a notamment bâti sa fortune sur l’exploitation de maisons closes lors de la Ruée vers l’or du Klondike.



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.