MAG AZINE G RAT UIT RÉUNIONNAIS - #36 - AVRIL / MAI / J UI N 2017
LINO LE DIABLE MALGACHE LE SPORT MIEUX VAUT EN RIRE MOI, PRÉSIDENT... DE CLUB
COMORES DEDANS!
G))))))))))g +
du continent réunionnais
la vérité sur La Réunion avant 1946 exposition
archives departementales Champ Fleuri - Sainte-Clotilde 2 4 AV R I L - 2 9 D ÉC E M B R E 2 0 1 7
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ÉDITO
SAINT-DENIS – ÉTANG-SALÉ PAR LE VOLCAN Laurent Lafitte et Marina Foïs, on aime bien. Et puis Papa ou maman, on avait bien aimé aussi. Alors, on a regardé la suite, et nous nous sommes, tout à coup souvenu… qu’une partie avait été tournée à La Réunion. Alors, le film, bon, un peu rigolo, mais nous ne sommes pas critiques de ciné. En revanche, il est toujours étonnant, lorsqu’on voit ainsi des images de La Réunion dans le cadre hors réunionnais, de ressentir cette petite fierté. Et de sourire en coin, aussi. Notamment sur un moment du film, où la famille des deux acteurs principaux arrive à Gillot, prend sa voiture, passe par la route des laves, et arrive à Saint-Gilles. Cela fait de beaux plans. Mais sans déconner ? D’abord, la famille de Marine Foïs ne vient pas la chercher à l’aéroport. Ce qui est plutôt mauvais joueur, puisque c’est un peu la tradition ; après dix heures de voyage, on est bien content de voir des visages connus à l’arrivée, surtout quand on ne les a pas vus depuis des plombes. Puis, ils récupèrent apparemment une voiture sans souci : à peine pris leurs bagages, on les voit rouler. Encore une fois, quand on loue une voiture à l’aéroport, on a quand même bien un petit temps d’attente. Le film durant environ une heure et demie, la scène était sans doute de trop. Mais alors, qu’est-ce qu’ils font sur la route des laves ? Et dans le sens sud – est, en plus ? Voilà ce que c’est, que d’avoir une famille qui ne vient pas vous chercher à l’aéroport : on se paume. On a fait le parcours sur Google Maps : plus de 250 kilomètres, quatre heures annoncées, en faisant demi-tour à Sainte-Rose ; quand même une grosse erreur d’aiguillage. Quatre heures de bagnole, dont la partie Saint-Pierre – Sainte-Rose (aller-retour !) pleine de virages, après l’avion, faut quand même être un peu dérangé. Ou ne pas savoir lire une carte. LA RÉ D ACT I ON
RÉDACTION EN CHEF Loïc Chaux
RÉDACTION Lucile Reboul, Marie Renneteau, Marianne Renoir, Livy, Loïc Chaux, Laurent Perrin
DIRECTION ARTISTIQUE GRAPHISME
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Pascal Peloux
ISSN 2114-4923 Dépôt Légal : 6300 Toute reproduction même partielle est interdite.
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PHOTOGRAPHIE
Modèle : Gnagna Photo : Romain Philippon Stylisme : Catherine Grégoire
Gwael Desbont, Stéphane Repentin, David Lemor Romain Philippon
IMPRESSION BUZBUZ MAGAZINE
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Bimestriel N°36 Avril-mai-juin 2017
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DIRECTION DE LA PUBLICATION Pascal Peloux
SARL au capital de 4 350 euros 62 boulevard du Chaudron Bât. A - Bureau 905 97490 Sainte-Clotilde 0692 55 99 98 contact@buzbuz.re
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LE NEZ D E H O RS TEXTES MARIANNE RENOIR, LIVY, MARIE RENNETEAU PHOTOS GWAEL DESBONT
DU CAFÉ, MAIS PAS QUE... Face au manque de choix pour les végétariens à Saint-Gilles, Marie et Maëva, toutes deux adeptes de ce régime alimentaire, ont ouvert il y a quatre mois le Blend Café. Elles y proposent des salades, des tartes, des cookies, des jus à la spiruline ou au guarana. Presque tout est fait maison, y compris les huiles, et les aliments sont cuits à moins de 100°C pour conserver vitamines et minéraux. Les carnivores ne sont pas exclus pour autant et pourront s’offrir une planche de charcuteries-fromages, entre autres. Et bien sûr, comme son nom l’indique, vous pouvez y prendre un café ! LE BLEND CAFÉ, 106 RUE DU GÉNÉRAL-DE-GAULLE, SAINT-GILLES-LES-BAINS. OUVERTURE : DU LUNDI AU JEUDI, 10H-18H ; LES VENDREDI ET SAMEDI, 10H-23H. TÉL. : 0262 18 38 41.
SANS PRISE DE TÊTE
COMME À LA CASE Ne cherchez pas d’appartement, c’est en réalité dans une jolie case créole que Caro et Gui vous recevront chaleureusement. Le duo de designers est rentré du Canada avec plus d’idées que le poids maximal en soute ne l’autorise. Pour leur donner vie, Caro et Gui ont sélectionné une petite équipe d’artisans réunionnais. Des tables aux bougeoirs, on comprend vite que les deux artistes vouent un amour inconditionnel au bois et au lin. De ce côté-là, ils font appel à la marque française Baralinge et nous, on pioche entre les taies, les draps, les foutas douces et colorées. Caro et Gui ont aussi un studio créatif, si l’on a besoin d’un logo, de refaire son site web ou son intérieur. APPARTEMENT 2, 30 RUE JULES-AUBER, SAINT-DENIS. OUVERTURE : LE LUNDI, SUR RENDEZ-VOUS ; DU MARDI AU VENDREDI, 10H30-13H // 14H30-19H ; LE SAMEDI, 10H30-14H. TÉL. : 0692 48 57 23.
C’est chez elle, à Tan-Rouge, que Céline a installé son petit atelier. Chez elle, également, qu’elle accueille ses clients pour choisir ensemble les tissus, les motifs, les formes. Après les marchés forains, la modiste-chapelière s’est tournée progressivement vers les expos, les salons et, ce qu’elle préfère, le “sur-mesure”. Concrètement, on passe un coup de fil à Céline pour prendre rendez-vous, on la rencontre, elle nous présente les tissus et motifs disponibles et l’on conçoit ensemble la casquette, le panama ou encore le bandeau de nos rêves. Accompagnée par une couveuse d’entreprises, elle souhaite maintenant former chacun à créer soi-même ses couvre-chefs. À L’OMBRE D’UN CHAPEAU, WWW.ALOMBREDUNCHAPEAU.COM, SAINT-GILLES-LES-HAUTS. SUR RENDEZ-VOUS. TÉL. : 0693 70 00 82.
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LE NEZ DE H O RS
INSOLITE, DANS LE SUD À Saint-Joseph et à Petite-Île voici des hébergements bien différents des locations classiques : le Bubble Dôme Village et son “glamping”, une sorte de camping où l’on dort dans des dômes. C’est insolite, original mais ça n’enlève rien au confort douillet des chambres. Ici, on trouve même un restaurant avec une cuisine du monde dans un cadre agréable et chaleureux, au calme avec une vue sur Grande-Anse… Un vrai havre de paix. BUBBLE DÔME VILLAGE, 18 CHEMIN LIGNE-DES-QUATRE-CENT-VINGT, SAINT-JOSEPH. TÉL. : 0692 69 95 09.
EFFET BŒUF L’équipe de Butcher Square nous a rappelé que le boucher était avant tout un artisan, capable d’être créatif et de travailler la viande avec passion. Rien à voir avec l’image qu’on se faisait de l’homme rustre au couperet ! Ici, on trouve du bœuf de qualité (Black Angus, Limousin, Charolais, bœuf pays), du veau, de la dinde, du canard. Bref, on a le choix. Et l’on peut même opter pour les barquettes de viande préparées qu’il ne reste plus qu’à glisser au four ou acheter les fruits et légumes bio qui accompagneront notre viande. Depuis peu, il est même possible de déguster une entrecôte sur place, au bar à viandes ou dans le salon privé, se désaltérer au bar à jus ou tout simplement profiter de l’épicerie fine.
MOBILIER À LA CARTE Pour ceux qui n’auraient pas encore remarqué leur beau showroom sur la Ligne des 400, Magasin Vert vient d’ouvrir L’Annexe. Un bel espace, en parallèle du magasin, pour mettre en valeur le mobilier de jardin extérieur, haut et moyen de gamme. La particularité, c’est qu’en plus des produits exposés, un large choix est disponible à la commande : Fermob, Proloisirs, Fast notamment. L’occasion de remettre un peu de couleurs sous la varangue, ou de remplacer la vieille table basse, non ? L’ANNEXE, 27 RUE DES CARDAMOMES, SAINT-PIERRE. OUVERTURE : DU LUNDI AU VENDREDI, 8H30 - 12H30 // 13H30 - 18H30, LE SAMEDI, 8H30 - 18H30 ; LE DIMANCHE, 8H30 - 12H. TÉL : 0262 32 23 02.
BUTCHER SQUARE, 41 RUE SAINTE-MARIE, SAINT-DENIS. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, 8H-13H // 15H-18H30. TÉL. : 0262 93 67 55.
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LA GRANDE BOUFFE
Il y avait déjà le restaurant, bien implanté dans le centre-ville de Saint-Gilles depuis six ans. Désormais, il y a l’épicerie fine Désormais fine et le service traiteur. traiteur William Doki-Thonon a éélargi son activité en décembre pour proposer, à coté de son resto, de la charcuterie, du fromage, des spiritueux, etc. Tout ce qu’il faut pour régaler vos invités avec des produits de qualité. Souvent importés, autant que possible locaux : truffes, caviar, riz noir, fois gras maison, pata negra… En attendant les soirées dégustation, nous n’avons pas résisté à une bonne bouteille de vin blanc, de l’excellente soubressade venue d’Espagne et quelques fouets de canard. Ô TI’MARCHÉ, 23 RUE DU SAINT-LAURENT, SAINT-GILLES-LES-BAINS. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 10H30-13H // 16H-20H30. TÉL. : 0262 77 93 03.
SUR LE CHEMIN OUEST-NORD…
INTRINSEC INT SAINT-DENIS 18 rue de la Compagnie, 97400 Saint-Denis. 0262 51 97 56 | Int Saint Denis mar/sam : 10h - 19h non-stop
Nouvelles Collections
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Au moment de sortir, l’équation est connue : c’est Saint-Denis, Saint-Gilles o ou Saint-Pierre. Eh bien, bien nous vous avons trouvé une étape intermédiaire, intermédiaire située à Saint-Paul, Saint-Pau mais presque au Port, le Sangha. C’est un bar-restaurant qui se niche dans une jolie case à Cambaie, où l’on a pu essayer d’excellents cocktails, dans un cadre assez confortable avec piscine, banquettes et lits à baldaquins parsemés sur un peu tout le domaine. La vue est splendide, l’accueil du même tonneau. Ne ratez pas la sortie de Cambaie côté montagne, après, c’est indiqué (juste à côté du Gamm Vert…). LE SANGHA, 68 CHEMIN PITON-DEFAUD, SAINT-PAUL. OUVERTURE : DU JEUDI AU LUNDI, 11-00H. TÉL. : 0262 25 41 26.
casa saba 91 et 60B rue François de Mahy 0262 27 66 96 à table! 0262 32 72 64 casasabalaboutique
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Parking dans l'allée de la boutique
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GASTRONOMIE LIBANAISE Ô’Libané, on peut clairement parler d’expérience et de renommée, puisque durant de nombreuses années, Chef Roula et son mari David ont tenu le célèbre restaurant libanais du Tampon, Éclats d’arômes. Aujourd’hui, c’est à L’Entre-Deux qu’il est possible de savourer une cuisine libanaise raffinée et gourmande. Pour vous simplifier la tâche, des menus uniques sont proposés avec trois suggestions pour chaque plat ; la carte change tous les mois. On a voyagé avec des traditionnels mezzés, opté pour le samké, les filets de sardine grillés servis sur un pain tannour, le houmous et leurs légumes, et n’avons pu résister au baklawa. Un délice ! Et en plus, l’endroit est charmant. Ô’LIBANÉ, 16 RUE CÉSAIRE, ENTRE-DEUX. OUVERTURE : LES MERCREDI ET VENDREDI, 19H30-23H ; LES JEUDI ET SAMEDI, 12H-14H // DU MERCREDI AU SAMEDI, 19H30-23H // LES JEUDI ET SAMEDI, 12H-14H. TÉL. : 0692 24 82 10.
DE L’ART DANS LA CASE, ET DANS LE SUD ! LA MÉCANIQUE DU SON Après un an de travaux, La Souris Mécanik a ouvert ses portes à la fin du mois de janvier. Le lieu, il y a de fortes chances que vous l’ayez déjà vu : la belle devanture Dodo, sur la route de Trois-Bassins. Voici donc un nouveau bar d’afters électro pour ceux qui n’en auraient pas assez et qui voudraient poursuivre leur soirée (qui finit toujours trop tôt, on sait bien). Guillaume et Celim ne veulent pas se cantonner aux afters et proposent aussi des sets funk/soul, “jazz-brunch”, “vinyles sundays”, des kabars, sans oublier le “Karl Hungus Barbecue”. Et Lino aura aussi ses entrées… Le tout arrosé d’une sangria tropicale de leur création. LA SOURIS MÉCANIK, CHEMIN DES BOUDOUS, TROIS-BASSINS. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 11H-00H (LE SAMEDI, FERMETURE À 18H30 LES VEILLES D’AFTERS ÉLECTRO) ; LE DIMANCHE, 6H30-18H30 (LORS D’AFTERS ÉLECTRO) OU 11H-18H30 (LES AUTRES DIMANCHES). TÉL. : 0693 90 99 74.
En plein cœur de Saint-Pierre, depuis peu se trouve la galerie d’arts Lakazblanche, un espace de 380m2 avec quatre salles, un patio, un kiosque et même un espace détente avec hammam et jacuzzi ! Dans ce cadre original et agréable, des expositions sont ouvertes au public en semaine et quatre artistes par mois sont accueillis, des plus célèbres aux jeunes talents locaux. Pour la petite histoire, le nom est tiré d’un des titres de l’artiste Kabyle Cheikh El Hasnaoui, dont c’était aussi la maison. LAKAZBLANCHE, 69 RUE VICTOR-LE-VIGOUREUX, SAINT-PIERRE. OUVERTURE : DU MARDI AU JEUDI, 11H-21H. TÉL. : 0692 21 20 50.
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2 MOIS DE FAI T S DI V ’ TEXTES LOÏC CHAUX
MAÎTRESSE, ORTEILS ET CACHALOT Lire les pages “Faits divers” du Journal de l’Île et du Quotidien, c’est aussi prendre des nouvelles de La Réunion. Nous vous avons préparé le résumé de ces deux derniers mois. Du 20 au 26 février
Du 6 au 12 mars
Folle soirée, rapportée lors d’une audience : à Saint-Gilles, des jeunes gens ont commencé par voler des objets dans une maison. Ils s’enfuient, partent en boîte, reviennent. Là, ils tentent de partir avec la voiture, mais s’encastrent dans un cocotier, puis dans un muret. Ils continuent donc vers une autre maison, où ils arrivent à s’échapper du proprio réveillé et lancé à leur poursuite. Dans leur fuite, ils en oublient le butin du premier cambriolage. Lors de leur arrestation, retrouvés par le biais de photos postées sur les réseaux, l’un d’eux portait sur lui un des bijoux volés. Le lendemain, le pompier qui avait mis le feu au Maïdo a dit pardon “à la forêt”. Dans le Sud, une dame est condamnée pour avoir encaissé des chèques volés. Classique ? Sauf qu’ils ont été dérobés sur un bureau alors qu’elle passait un entretien d’embauche, et que son recruteur s’était absenté quelques minutes. Elle n’a pas eu le boulot.
Panache : un monsieur, parti faire la bringue depuis le samedi et sans avoir donné de nouvelles à sa femme, la retrouve le dimanche soir dans un bistrot et, au lieu de s’excuser de ne pas avoir donné de nouvelles, la tape, tape sa belle-sœur, tape des clients. Trois marmailles de onze ans appellent, pour rigoler, des numéros au hasard pour annoncer un attentat djihadiste à Saint-Denis. Pas de bol : dans le lot, un policier en repos, qui prévient les collègues. En période d’état d’urgence, c’est malin. Humour toujours, à Saint-Leu, une vingtaine d’élèves déclare une gastro au même moment. Et aucun n’avait mangé à la cantine. Chez les grands, après avoir été condamnés par le tribunal correctionnel, les trois élus soupçonnés de discrimination politique à l’embauche sont finalement relaxés. Mais le feuilleton continue, le parquet décidant de se pourvoir en cassation.
Du 27 février au 5 mars
Du 13 au 19 mars
À Saint-Denis, la police est appelée par des riverains ayant entendu un coup de feu. Ils arrêtent l’auteur, armé d’une batte de baseball. Un sportif, sans doute. Dans les Hauts, pour une fois, le PGHM n’est pas intervenu sur des randonneurs : ils ont dû récupérer deux chasseurs de tangues perdus dans la forêt. Sinon, le tribunal administratif se retrouve face à un agent de la CAF qui a, pendant six ans, offert 75 000 euros de prestations sociales à sa maîtresse. Et puis, à Saint-André, drame de la route : un monsieur en scooter se fait piquer par une guêpe et fait un “tout droit”.
Au tribunal, un monsieur sur qui on avait retrouvé les lunettes, argent et montres de deux jeunes gens, assure qu’il leur avait demandé “gentiment”, mais qu’il a une “grosse voix”. Very Bad Trip : un monsieur se réveille avec un pied brûlé, sans savoir pourquoi. Pendant qu’il est soigné à l’hôpital, on vient lui expliquer que, la veille, lors d’une soirée arrosée, des copains se sont amusés à lui enflammer les orteils.
Du 20 au 26 mars Dans l’Ouest, deux marins qui avaient ramené des milliers de cachets d’Artane sont mis en prison. Pour rappel, à la base, l’Artane, ça soigne les effets de la maladie de Parkinson.
Une autre histoire maritime, un cachalot est retrouvé mort : il souffrait d’occlusion intestinale, et avait oublié de prendre ses bonbons aux pruneaux. Plus haut, un agriculteur de La Plaine-desPalmistes n’en peut plus : des chasseurs de tangues passent leur temps à découper ses clôtures pour aller attraper les petites bêtes.
Du 27 mars au 2 avril Un monsieur est mis en garde à vue, soupçonné de fraude fiscale à hauteur de plus de deux millions d’euros. Selon lui, il n’a pas fait exprès. Un jeune garçon pensait pouvoir se faire envoyer du zamal par la Poste. Raté, c’est la police qui lui amené son colis. Un exemple de parité : une dame met le feu à la maison de son ancien compagnon, sans avoir oublié, cependant, d’embarquer l’ordinateur.
Du 3 au 9 avril Ça inquiétait pas mal de monde dans le Sud, mais c’est peut-être réglé : la police a découvert la planque où étaient cachés du zamal et des dizaines de cabris volés. Dans l’Est, des oratoires de Saint-Expedit sont vandalisés. Et dans le Nord, un agriculteur témoigne de l’assassinat de trois de ses cochons.
Du 10 au 16 avril Au Tampon, un automobiliste qui a un peu picolé se fait arrêter par les gendarmes. Ils décident de le ramener chez lui gentiment, à pied, ce qui ne lui va pas : il se couche au milieu de la rue et insulte tout le monde. Paf, garde à vue. Au tribunal, un monsieur est condamné pour s’être masturbé devant des gens à la gare routière du Tampon. Il avait dit au gendarmes vouloir les “impressionner”. Son avocate relèvera sobrement qu’il avait du “mal à rentrer en contact avec la gent féminine”.
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Le Danemark, les Pays-Bas et l’Allemagne ont signé un protocole d’accord pour la construction d’îles artificielles sur lesquelles transitera la production énergétique des éoliennes en haute mer. // L’argent du pont à péage reliant l’Île de Ré au continent sert à la protection des anguilles. // Deux espèces d’oiseau inconnues viennent d’être découvertes à Bornéo. // Paris vient d’inaugurer un parc en bord de Seine comportant notamment des arbres fruitiers où les promeneurs peuvent se servir. // À Douarnenez, la dernière cabine téléphonique a été convertie en mini-bibliothèque.
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ÉVÉNEME N T TEXTES LOÏC CHAUX
LES LUMIÈRES DANS LE CIEL DE L’OUEST Début mars, plusieurs témoins ont observé - et pris en photo des sortes de lumières au large, depuis l’Ouest.
Le dimanche 5 mars, plusieurs témoins racontent à la presse avoir vu des “lumières” dans le ciel de l’Ouest, au crépuscule. Sur les clichés pris par certains d’entre eux, et grossis, on semble voir deux traînées orange s’échapper de chaque côté d’une tache noire.
Parmi les témoins, deux d’entre eux sont des amateurs d’astronomie ou de météorologie. Ils ont donc l’habitude de regarder le ciel.
Ils affirment que ce ne sont pas des planètes, ce que le logiciel Stellarium confirme : aux heures et aux coordonnées données, Mercure, Vénus et Mars ne pouvaient pas être observées.
Aucun d’entre eux n’évoque le terme d’ “ovni”, ni n’envisage une éventuelle origine exotique.
Les témoins s’accordent pour parler d’une trajectoire ascendante, excluant de fait l’hypothèse d’un avion. Les détails ne sont apparus qu’une fois les clichés grossis. Un problème technique sur les photos n’est donc pas non plus à exclure. Mais au large, dans le ciel, il est impossible d’évaluer une distance et, donc, la taille, la vitesse et le sens de déplacement de l’objet. Dans le doute, il faut toujours imaginer l’hypothèse la plus plausible ou, en tous cas, écarter la plus invraisemblable, à savoir, l’hypothèse extra-terrestre. Depuis quelques semaines, la Russie, la Chine et l’Iran multiplient les exercices dans l’océan Indien. Un destroyer russe lanceur de missiles était notamment aux Seychelles fin février, avant de rallier l’Afrique du Sud début mars. Ce qui est étonnant, c’est qu’un dimanche soir, en fin d’après-midi dans l’Ouest, il n’y ait qu’une poignée de témoins.
Il est impossible de tirer une conclusion à partir de photos floues et d’une poignée de témoignages.
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L’État du Kerala, en Inde, vient d’annoncer qu’il va fournir du wifi gratuit à tous ses habitants. // Depuis le début de 2017, la Norvège a commencé à détruire tous ses relais radio pour qu’à la fin de l’année seule la radio numérique soit disponible, l’entretien des antennes étant trop coûteux. // Dans quatorze villes de Métropole, Amazon vient de lancer un service de livraison de courses à domicile. // À Volckerinckhove, dans le Nord, les restes des cantines servent à produire de l’énergie.
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ART, CU LT URE URBA I N E E T M ULT I M ED I A TEXTES LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT, DR
COURT, SERRÉ Le premier court-métrage de cinéma réalisé par Pierre Erudel est un petit bijou de tension qui met un peu mal à l’aise. Et ce n’est que le début.
C
omme nous ne sommes pas des experts en cinéma, laissons le réalisateur, scénariste et acteur Pierre Erudel, raconter son courtmétrage, Culpabilis : “C’est un mec qui a un malêtre, qui explique à sa mère ce qui lui arrive, ou qu’il croit qui lui arrive.” Pour le reste, regardez-le. Pour Pierre, une occasion a fait le larron : Canal+ a organisé, en parallèle du festival Même Pas Peur, un concours de courtsmétrages fantastiques amateurs, sur la thématique “De l’autre côté du miroir” : “J’ai senti qu’on pouvait jouer sur les doubles, sur des sujets qui me touchent de manière personnelle. J’ai toujours baigné dans une atmosphère un peu mystique, ce film est une sorte de catharsis. Et puis, la peur, les gens écorchés, dans le cinéma, j’aime bien. J’aime Lynch, Wan…” Il a donc tourné, chez sa tante et avec sa maman, ces quelques minutes bien troussées. Mais ce film ne vient pas de nulle part : “Il vient d’un mois de réflexion, l’écriture s’est faite d’un jet, j’ai tourné immédiatement derrière. J’ai aussi appris à jouer, et ce qui m’a étonné, ce n’est pas que les gens sursautent, c’était fait pour, c’est qu’on m’a beaucoup parlé aussi de la qualité du jeu d’acteur.” Pierre Erudel a étudié la communication visuelle, l’animation, qu’il a mis en pratique dans des clips. Si vous avez cinq minutes, nous vous conseillons Ler Larivé, du Complex de Zik, la vidéo qui nous a
convaincus de parler de Pierre dans ces pages. Bientôt, il y aura une collaboration avec le Pain des Fous : “Le rock va bien avec mon univers.” Cette participation à ce concours de courts lui ouvre des portes. Notamment des jours et des jours de rencontres avec des professionnels du cinéma, de quoi nourrir son futur : “J’avais envie de confronter mon travail à des gens de l’extérieur. Je prépare d’autres courts-métrages, où j’ai envie de développer d’autres univers. Pas forcément des personnages écorchés, pourquoi pas aller dans du “coloré”, du “joyeux”…” Il va continuer les clips, évidemment. Et d’autres choses, donc. Mais peut-être pas avec le “jump scare” de Culpabilis : “Finalement, c’est pas si compliqué, de faire sursauter les gens. Le plus important est la tension installée avant…”
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VOUS NE VOUS EN SOUVENEZ PAS ? Après l’expo, le bouquin : le collectif Contrebande, auteur des expos Rock & BD ces deux dernières années, sort donc un livre du même nom, sur le même principe que les affiches montrées et vendues à la Cité des Arts. Il risque de faire parler de lui : des articles de la presse locale et internationale sont ainsi (re) produits, “permettant de retrouver une histoire “oubliée”, celle de concerts des plus grands groupes de rock à La Réunion, dont certains disent même se souvenir”, nous a-t-on expliqué. Voilà donc un recueil narrant le concert des Doors à Mafate, de Nirvana aux Roches Noires, entre autres, rempli d’anecdotes abracadabrantesques et improbables. La préface écrite pour l’occasion par le mythique journaliste de la BBC John Peel (décédé en 2004) lève un peu plus le voile sur cette formidable enquête sur ce mythe de l’Atlantide que fut, peut-être, La Réunion pour les plus grands groupes de rock de l’histoire. On a carrément du mal à y croire.
UN Œ IL DANS LA RUE
UN GRAND, GRAND GRAFF’
ET À PA RT Ç A …
DU 24 AVRIL AU 29 DÉCEMBRE: Les Archives départementales accueillent Incyclopédie, une réécriture loufoque de l’histoire réunionnaise. On appelle cela de l’uchronie et cela s’annonce bien fichu. JUSQU’AU 4 JUIN: Plus que quelques semaines pour filer à l’expo De Manet à Picasso, au musée Léon-Dierx, et avoir droit à un petit panorama de la peinture européenne de la fin du XIXe. DU 10 AU 13 MAI: À Saint-Leu, le traditionnel Leu Tempo accueillera encore tout un tas d’artistes, pour quelques jours de théâtre, d’arts du cirque et de… plein de choses pas toujours descriptibles. DU 15 AU 20 MAI: Pour la deuxième année de suite, les Electropicales se retrouvent à la Cité des Arts dans le chef-lieu, avec notamment Ellen Alien et The Hacker. Paraît que les connaisseurs sont sur les dents.
Pour jouer le jeu à fond, il eût fallu utiliser toutes les pages de votre magazine pour la reproduire en entier. Mais comme on est sur du papier, et qu’on manque de place, voici un petit bout de la fresque de plus de cent mètres, peinte le long de la Chaussée-Royale à Sant-Paul par des graffeurs locaux et internationaux dans le cadre du festival Art 2 Rue en février. Un train, avec des wagons, qui se visite donc en se promenant, voire carrément en le longeant en voiture. C’est beau, un grand mur de béton.
LES 13 ET 20 MAI: À Saint-Denis, le 80 accueille des ateliers floraux, animés par la fleuriste des Fleurs enchantées. On pourra créer des broches, couronnes, entre autres, à partir de fleurs de Hollande. Les inscriptions s’effectuent sur la page Facebook prévue à cet effet.
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CULTU RE PO P’ RECUEILLI PAR LAURENT PERRIN
CHE PAS QUI C’EST, MAIS J’LE PORTE ! Le t-shirt rock, c’est fashion, et on n’est pas obligé de connaître le groupe. Mais bon, si on veut s’éviter la honte, ou le quiproquo à la Huguette Bello, c’est quand même mieux de s’y intéresser un peu.
Mike gère la com’ du Théâtre du Grand-Marché. Graphiste, il file aussi des coups de mains à ses potes rockeurs. Il vient de lancer Ségadelik, une marque de t-shirts reine du glissement sémantique.
Alors Mike, comment ça se porte, un t-shirt rock ? “La plupart du temps, c’est la panoplie : jeans, Converse, Docks… En même temps, je trouve ça super classe. Philippe Vandel de Canal+ était toujours avec une veste de costard et un t-shirt rock. Et là, on voit un retour avec des t-shirts Ramones chez H&M. Je ne suis pas sûr que ceux qui les portent connaissent le groupe. C’est juste qu’ils trouvent ça cool. Ça craint, de ne pas connaître le groupe du t-shirt qu’on porte ? C’est mieux de savoir ce que tu portes. Mais ça donne des télescopages rigolos. On a eu un cas à La Réunion assez drôle, et un peu naze. Les Score avaient vendu des t-shirts Violent Femmes. Et Huguette Bello est partie en croisade. Elle a débarqué dans les Score avec des ciseaux pour découper tous les t-shirts, parce qu’elle avait lu “viole femme” !
On peut être fashion avec un t-shirt rock ? On est dans une société où le recyclage est devenu une norme. Il n’y a pas de raison que les icônes ne soient pas recyclées. Malheureusement, ça peut aussi être de mauvais goût, MacDo qui reprend des icônes de la contestation, par exemple. La fameuse photo du Che reprise par des gens complètement aux antipodes de l’idéologie défendue à la base, ça pose problème. Ça me fait sourire de voire des petites minettes porter un t-shirt Dead Kennedys, je trouve ça cocasse. Les t-shirts avec des groupes inconnus, c’est les plus cool ? Pas forcément. Quand tu portes un t-shirt Beatles, Ramones ou Nirvana, tu proclames quelque chose. Les logos de ces groupes sont des visuels ultra-connus, des références. C’est pas la créativité qui t’intéresse dans ce cas-là, mais l’icône que tu veux arborer.
Quand tu portes des t-shirts de groupes pas connus, c’est aussi une façon de revendiquer, mais c’est un soutien à un groupe. Et il y a quelque chose de nouveau, on s’attache à une recherche graphique. Porter un t-shirt de festival ça revient à garder son bracelet tout le temps ? Complètement. C’est une façon de dire “J’y suis allé”. Ceux qui ressortent leur t-shirt Sakifo juste quand ils vont en concert, mais pas le reste de l’année, ça me fait rire. Pour Rock à la Buse, c’est différent, parce que c’est travaillé dans cet esprit-là, de collector. C’est à chaque fois un dessinateur différent qui fait l’affiche et la déclinaison en t-shirt. Mon pote qui est allé au Hellfest et qui a ramené le t-shirt, il y tient. Parce qu’il y était. Et les mecs se reconnaissent entre eux. Ce genre de t-shirt, c’est toujours une façon de se faire reconnaître de la bande.”
De Manet à PiCASso trésorS de la Johannesburg Art GallerY et du Musée léoN DieRx 25 novembre 2016 * 4 juin 2017 Musée Léon Dierx
toulouse-lautrec
denis
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degas
cezanne
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manet
vallotton
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caillebotte
Musée Léon Dierx 28, rue de Paris, Saint-Denis Tél. 0262 20 24 82 - musee.dierx@cg974.fr Ouvert du mardi au dimanche de 9h30 à 17h30 Gratuit le premier dimanche de chaque mois Visites guidées sur réservation
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LINO
P ORT R A IT
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TEXTE LAURENT PERRIN PHOTO ROMAIN PHILIPPON
ON EST LÀ POUR RIRE, NON? Le ciel est sa limite. Papa d’un Comedy Club, traileur, futur directeur de théâtre, Lino, c’est le feu qu’on n’éteint pas.
Q
uand j’arrive chez Perlin Pain Pain, Lino entame sa première bouchée de burger. Tu termines et on commence après ? “Non c’est bon, j’ai l’habitude de manger et de causer en même temps. Parce que j’aime bien causer.” Ça tombe bien, nous, on aime écouter. Surtout quand le “client” a une vie riche et bien remplie. “J’ai un camarade qui est précurseur du manger en pleine conscience, Rodolphe Sinimalé à SaintPierre.” Un peu mystique non ? “Pas forcément. Et puis, à La Réunion, parler de mystique c’est faire un genre de pléonasme, parce qu’il y a du mystique partout. Regarde Kid Kreol et Boogie.” Sa pleine conscience à lui, c’est son riz chauffé du matin. Ce marmaille du Chaudron peut faire des kilomètres pour manger un plat en particulier : il écoute son corps. “Aujourd’hui, je regarde la carte, et le burger végétarien me parle. Des fois je suis très carnivore, d’autres fois je mange des salades matin midi et soir... En Ayurveda je suis pitta, l’élément feu.” Comprenez :
“QU’EST-CE QUE J’AURAIS FAIT DANS UN CABINET COMPTABLE ?” son équilibre repose sur l’alimentation. Et c’est pareil sur les planches. “Dans le théâtre, il faut avoir conscience de soi. Ton outil de travail, c’est ton corps. Il faut être au diapason avec lui. Sinon, il t’amènes à jouer faux ou à ne pas être en accord avec les autres.” Une fois par mois, l’idée du Lino Comedy (1) est de faire passer sur scène des inconnus. Peu importe leur âge, pourvu qu’ils aient l’envie de faire rire. En apposant sa marque, Lino rassure : on sait qu’on aura droit à des prestations longuement peaufinées. “C’est vrai qu’il est très exigeant, confirme Nicolas Urbain, un des humoristes qu’il accompagne. Quand on est en entraînement, il ne pèse pas ses mots. Si tu fais un truc nul, il ne va pas dire “Ah mais t’es pas bon, la dernière fois t’étais mieux.” Il va te dire “Tu fais de la merde.”” C’est clair, Lino est cash ; “On l’appelle “le diable malgache”, parce qu’il est dur.” De son propre aveu, il fait subir à ses “enfants” les
1. Le Lino Comedy, tous les derniers jeudis du mois au Kabar Live, à Saint-Denis.
feux de l’enfer. “Je ne suis pas un tendre. Je repousse leurs capacités dès le départ. Je les aime tous, je suis bienveillant envers eux. J’estime que la scène est quelque chose de magique. Mais quand tu montes dessus, il faut le mériter.” Avec un parcours étudiant (BTS/licence/master) en compta et stratégie économique, il aurait pu mal finir. “Qu’est-ce que j’aurais fait dans un cabinet comptable ?” Levé tous les jours à 4 heures, il se couche à 23 heures. “Des fois, je me demande d’où il tire cette énergie”, dixit Nicolas. C’est que, on ne vous a pas tout dit. Suite à un accident de moto, on l’a amputé d’une jambe. N’écoutant que son feu intérieur, il a pu pratiquer à nouveau ses activités. Avec même un regain d’ardeur. Cette année il participera au marathon de New-York. On lui a aussi proposé d’être le responsable d’un nouveau théâtre de cent cinquante places. “Ce qui fait qu’à trentesept ans, je serai le plus jeune directeur de salle de La Réunion”, précise-t-il, avant de conclure d’un rire sonore dont lui seul a le secret.
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SOCIÉTÉ
LES INCONNUS
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TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS ROMAIN PHILIPPON - DAVID LEMOR
DE LA RUE D ’À - C Ô T É Communauté, pas communauté ? Partir, rester ? S’impliquer dans la vie réunionnaise, s’en tenir à l’écart ? Nous sommes allés rencontrer les Réunionnais d’origine comorienne, histoire de connaître un peu mieux nos voisins de palier.
“
Bienvenue aux Comores !” Au consulat honoraire, on a l’accueil souriant. Dans cette petite case des Camélias – dont l’entrée est décorée du siège en rotin d’Emmanuelle, ça ne s’invente pas - et qui fait donc office de représentation diplomatique comorienne à La Réunion depuis un an dans une indifférence quasi générale, on n’avait encore, paraît-il, jamais reçu de journaliste et ses questions idiotes. Du genre : “Sauriez-vous chiff rer le nombre de Réunionnais d’origine comorienne qui vivent ici ?” Réponse du vice-consul : “Vous donner des chiff res, ça n’a aucun sens. De quoi parlez-vous ? Des gens qui sont nés aux Comores ? De gens dont un parent est Comorien ? De gens qui ont la nationalité comorienne ? Franco-comorienne ? C’est quoi, pour vous, un Comorien, à La Réunion ? Vous me parlez de “communauté comorienne à La Réunion”, ça n’existe pas. Je ne vois que des gens qui font partie d’un ensemble, de La Réunion.” Évacuons donc rapidement la question des chiffres. Et puisqu’il est interdit, en France, d’effectuer des statistiques ethniques, cantonnons-nous donc aux données exploitables de l’Insee : en 2013, le recensement indiquait que 2801 personnes vivant dans l’Île étaient nées aux Comores. Sept fois moins qu’à Madagascar, deux fois moins qu’à Maurice. Concédons-le, ces chiffres ne nous apportent, en effet, pas grand-chose. Et pour évacuer immédiatement un sujet sensible, les autorités ne disposent pas d’un décompte précis des personnes en situation irrégulière à La Réunion, qu’ils soient Comoriens ou autres. Alors si, en plus, comme on nous dit au Consulat, “la communauté comorienne n’existe pas”… Nous sommes tout de même allés discuter de la chose avec Saïd Abalhassani, le président de l’Association des étudiants comoriens (AECR) à la fac. “Une communauté, pour moi, c’est un ensemble de gens qui interagissent entre eux en fonction d’habitudes, de cultures communes. Or, ici, tout ce qui se passe aux Comores entre les gens, dans la vie courante, se retrouve ici, au sein des familles. À l’intérieur d’une grande communauté, La Réunion, tu as des micro-communautés. Celle des Comoriens en est une.” Un regard dans le rétro n’est pas inutile. En effet, les premiers Comoriens, comme la plupart des autres habitants d’origine non-européenne, ont été amenés ici en tant qu’esclaves. Là encore, les archives datant de plusieurs siècles offrent peu de données exploitables quant aux nationalités, puisqu’à leur arrivée, les Comoriens étaient comptabilisés, souvent, avec les Malgaches ou les Africains de l’Est. Les premiers chiffres solides sur lesquels nous pouvons nous appuyer, sont ceux des travailleurs engagés : après l’Abolition, et alors que l’agriculture continuait à avoir besoin de bras, La Réunion est allée chercher des travailleurs dans la zone. Mais à partir de 1882, lorsque fut prohibée l’immigration indienne par les Anglais, elle s’est tournée vers les Comoriens, considérés comme “robustes, travailleurs” (selon la terminologie racialiste de l’époque). Ce sont donc environ un millier de Comoriens qui ont été amenés à La Réunion, souvent trompés sur les conditions qui les attendaient, parfois même engagés de force, dans
“DE Q QUOI PARLEZ-VOUS ? DES GENS QUI SONT NÉS AUX COMORES ? DE GENS DONT UN PARENT EST COMORIEN ? DE GENS QUI ONT LA NATIONALITÉ COMORIENNE ? FRANCO-COMORIENNE ?”
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tous les cas dans des conditions pénibles tant dans le voyage qu’une fois sur l’Île : ils n’avaient pas de laisser-passer, étaient dispersés entre exploitants, n’avaient quasiment pas de congés et étaient payés… avec du retard, voire pas du tout. Pire : lors des élections législatives de 1914 et des durs affrontements entre partis, les Comoriens furent soupçonnés d’avoir été recrutés en tant que nervis et d’avoir joué du coup de poing. Ce qui, aujourd’hui, est à nuancer fortement – ils ne sont, en fait, que très peu à avoir participé aux rassemblements - a donné lieu à une décision ferme des autorités de l’époque : la fin des recrutements comoriens, et une image déplorable laissée dans la population. Le rappel de ces faits suffit à mettre en valeur les paroles du vice-consul : “Nous faisons partie des artisans qui ont construit La Réunion d’aujourd’hui. Les Comoriens, ils sont venus ici comme les autres, et on a un peu tendance à l’oublier. Saviezvous seulement que des régiments comoriens ont libéré des villages français pendant la Première Guerre mondiale ? Non, personne ne f le sait, cela a été découvert il y a quelques années. Et pourtant, nous avons aussi participé à l’Histoire de la France. Oui, il y a une vraie histoire oubliée, entre la France et les Comores, que les jeunes générations ne connaissent pas.” Kassim M’Bae, impliqué dans le tissu associatif local, acquiesce : “On est très peu au courant de ce qui s’est passé, en effet. Les L Comoriens ne savent pas ce qu’ils ont apporté, par le passé à La Réunion. R On a l’impression de ne pas être chez nous, on se fait tout petit. p Moi, je leur dis, aux jeunes : “La Réunion, elle est aussi à vous ! Intéressez-vous à ce qui se passe, impliquez-vous dans les associations locales !”” Dans son mémoire de maîtrise d’histoire, en 1993, Hamedi Thany tentait une explication pour ce “retrait” de la société réunionnaise, notamment à partir de 1914 pour ceux qui étaient restés : il évoquait “la méconnaissance de l’esprit d’entreprise ou
“NOUS FAISONS PARTIE DES ARTISANS QUI ONT CONSTRUIT Q LA RÉUNION D’AUJOURD’HUI. LES COMORIENS, ILS SONT VENUS ICI COMME LES AUTRES,ET ON A UN PEU TENDANCE À L’OUBLIER.”
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de l’épargne” propre aux pays occidentaux, comme la France ; pendant l’engagisme, les patrons d’exploitations mettaient ce “retrait” sur le compte de l’Islam, qui “gênait le travail, avec ses cinq prières par jour” et le jeûne du ramadan qui “nuisait à la production”. À l’époque, le problème résidait plus sûrement du fait que les centaines de Comoriens étaient divisés dans toute l’Île, formant des petits groupes clairsemés ne venant parfois même pas de la même île, rendant le mélange d’autant plus difficile avec les autres travailleurs. Aujourd’hui, les personnes que nous avons rencontrées parlent plus sûrement du “mythe de l’éternel retour”. Kassim M’Bae : “Les Comoriens se disent qu’ils sont ici seulement pour quelque temps.” Saïd Abalhassani abonde : “Ce n’est pas un mythe ! La plupart des Comoriens à la retraite décident de retourner aux Comores. Moi, j’y pense, mes camarades aussi. Chaque jour, on pense à ce retour.” Titulaire d’un visa pour ses études, il nous explique : “La société comorienne est une société qui s’entraide : il n’y a pas d’orphelin, aux Comores, il y a toujours un tonton pour venir en aide. Puis, dans les familles, on choisit d’aider un des enfants pour qu’il puisse aller faire des études à La Réunion. De son côté, celui qui est parti a une responsabilité : il se dit “si on m’a aidé, je dois aider en retour. C’est à moi de prendre ce rôle-là. Je suis redevable.” Mais cela ne compte pas que pour la famille, nous sommes aussi dans une volonté d’aider notre pays à se développer, de ramener toutes les compétences acquises ici pour que ce soit profitable aux Comores. Il y a eu une venue des Comoriens pour des raisons économiques, certainement, dans les années quatre-vingt-dix : le but était de gagner de l’argent ici, pour en envoyer au pays, et permettre ainsi aux autres de venir aussi. Maintenant, c’est différent : nous venons apprendre, pour que cela serve au pays. Et c’est peut-être cela qui donnait l’impression que les Comoriens ne s’intégraient pas : les investissements repartaient aux Comores, tout ce que nous faisions était pour les gens restés au pays. Mais aujourd’hui, nous pensons différemment. Nous,
LE MYTHE DE L’ÉTERNEL RETOUR,, C’EST UNE RÉALITÉ : “LA PLUPART DES COMORIENS À LA RETRAITE DÉCIDENT DE RENTRER. MOI, J’Y PENSE, MES CAMARADES AUSSI.”
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les étudiants, nous montrons que nous sommes là, nous essayons d’inviter les autres quand nous organisons des choses, nous cherchons le contact avec les autres étudiants, nous avons des amis réunionnais. r Le temps que nous sommes là, nous nous sentons chez nous, comme toi, comme tout le monde.” Au consulat, ce sentiment d’être “chez soi” n’importe où, dans l’océan Indien, est un fait : “Bien sûr, que les personnes d’origine comorienne sont ici chez elles ! Elles font partie d’un tout, de l’océan Indien, comme les Malgaches ou les autres. Nous avons tous des liens entre nous, nous faisons partie d’un ensemble. Un Comorien qui vit ici, il devient une partie de l’ensemble de La Réunion. Pour cette même raison, nous appelons les Français à venir aux Comores ! Nous sommes tous liés, dans la zone.” Cette manière de penser, d’envisager le territoire indiaocéanique comme un tout dans lequel les populations sont réunies dans un projet commun (ce qui, du point de vue de l’histoire passée et actuelle, est vrai), trouve parfois un écho négatif au sein de la société réunionnaise. Youssouf Souadri est bénévole à l’antenne locale de l’Association nationale FranceComores, dont le travail est justement d’aider les nouveaux arrivants dans les démarches administratives et autres. Il se souvient : “Je l’ai entendu, le “Rentrez chez vous, bann Comores !” Oui, il y a du racisme, mais j’ai beau y réfléchir je ne comprends pas. Regarde, je suis noir, mais des Noirs, il y en a partout, ici ! Les Comoriens font des enfants ? Les Réunionnais aussi. Les Comoriens touchent des aides ? Les Réunionnais aussi. Vraiment, il n’y a pas d’éléments fondés. Ce qu’ils disent avec la bouche, ils ne le pensent pas forcément… Quand il y a un problème, on trouve toujours un bouc émissaire.” Un bouc émissaire qui, de plus, ne se retrouve pas toujours dans des positions enviables ; l’image du “Comorien qui vient toucher les allocs” en prend un sérieux coup. Pour beaucoup de personnes d’origine comorienne, le quotidien est dur. Parfois très dur. Youssouf, encore : “On se retrouve dans des problèmes administratifs, tu n’imagines même pas : lors de mariages, de renouvellements de visas… Et des gens
“LES PERSONNES D’ORIGINE COMORIENNE SONT ICI CHEZ ELLES ! ELLES FONT PARTIE D’UN TOUT, DE L’OCÉAN INDIEN, COMME LES MALGACHES OU LES AUTRES.”
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qui viennent ici se retrouvent dans des situations de grande précarité, sans aucune ressource, sans toit, sans rien, alors que, légalement, ils ont des droits. Ils sont très mal informés, on les fait aller d’administration en administration, et je peux te dire que moi-même, il m’est arrivé de donner un peu d’argent à des Comoriens qui n’avaient rien pour se nourrir ici. Beaucoup de Comoriens sont dans une grande précarité, d’autant que le peu qu’ils gagnent est envoyé au pays, où une cinquantaine d’euros devient une fortune.” Changer l’image des hommes et des femmes d’origine comorienne auprès du reste de la population, est-ce impossible ? “Il faudrait une figure, propose Kassim M’Bae. Moi, je suis de la génération de la victoire de Yannick Noah, je peux te dire que cet homme m’avait boosté, en tant qu’Africain. On a toujours tendance à penser qu’on ne peut pas, et une grande figure réunionnaise d’origine comorienne pourrait peut-être faire avancer les choses. Alors, oui, on a des avocats, quelques élus… Mais ils ne s’imposent pas assez. Ils restent discrets. Tu savais que la famille M’Doihoma (Vanille M’Doihoma a été élue Miss Réunion en 2013, ndlr) était une famille comorienne ? Non, parce qu’on n’en a presque pas parlé. C’est une vieille famille, ici, à La Réunion.” Les étudiants ne perdent pas espoir non plus : “Nous savons, parfois, l’image que le reste des Réunionnais peut avoir de nous, nous sentons que notre communauté est parfois stigmatisée. On se tiendrait à l’écart, on ne se mélangerait pas aux autres… C’est à nous de lutter contre cela, de nous ouvrir, de sortir, justement, de cet aspect “communautaire.” La bonne surprise ? C’est que, lorsque nous invitons les autres, ils viennent.” “Il y a encore du travail, mais petit à petit ça vient, sent Kassim M’Bae. Il faut qu’on arrive à s’entendre entre nous, à nous réunir. Et je vais t’avouer quelque chose : pour moi, dans dix ans, on peut très bien avoir un maire réunionnais d’origine comorienne, j’en suis persuadé.” Alors, peut-être qu’il ne sera plus l’heure d’écrire des reportages sur “la communauté comorienne de La Réunion” comme nous venons de le faire.
“À L’INTÉRIEUR D’UNE GRANDE COMMUNAUTÉ,, LA RÉUNION,, TU AS DES MICRO-COMMUNAUTÉS. CELLE DES COMORIENS EN EST UNE.”
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EX TRAMURO S TEXTES LUCILE REBOUL PHOTOS GWAEL DESBONT
PLUS À VIVRE QU’À VOIR L’automobiliste montant au Tévelave l’aura remarquée : une maison cubique blanche aux fenêtres jaunes, entourée d’un gros ruban rouge. Intrigante, voire kitsch… Mais lorsqu’on la visite, elle s’avère ingénieuse et fort confortable.
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in des années quatre-vingt, René Lemayen entame sa carrière d’architecte, à son compte. Il a peu de commandes, beaucoup de temps et des besoins matériels, comme tout le monde. Explorant le thème du cadeau, il se crée quelques meubles avant de s’offrir cette maison, familiale encore aujourd’hui. C’est un cadeau pour lui, pour son épouse et ses enfants. C’est aussi, à l’entendre, un cadeau pour le quartier, créant une identité, un point de repère, une fierté. S’élevant contre le formalisme architecture démonstrative, futile, qui dessine l’extérieur plutôt que l’espace intérieur – la “Maison cadeau” privilégie la fonction : les rubans extérieurs dissimulent gaines électriques et descentes d’eau et la boucle sur le toit abrite deux citernes à eau. Elle offre surtout un magnifique volume intérieur, à vivre, pour le bienêtre de toute la famille. On le ressent dès qu’on y entre : une hauteur de
plafond considérable et une lumière accueillante. Une rampe puis un escalier desservent chaque pièce située en demi-étage, accolée aux faces du cube. Les barrières sont des bouliers : jeu pour ses enfants et clin d’oeil à la boutik sinoi parentale. Le toit-terrasse sert les besoins de promenade et de perspective. Dans son bureau en forme d’œuf à Basse-Terre, René Lemayen ne cesse de créer : “Je ne travaille pas, je joue !” Quadrature du cercle solutionnée en trois puis quatre dimensions ; horloge à onze chiffres servant la paix dans le monde ; piles de viaduc penchées pour mieux résister aux houles ; sculpture monumentale des lèvres de Marylin Monroe sur les falaises de la route en corniche… Ses projets peuvent paraître loufoques et utopistes, mais René Lemayen insuffle certainement à la société réunionnaise un goût toujours nouveau, bousculant les conventions et repoussant les domaines du possible.
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STATISTIQ UE M E N T RECHERCHES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS FREDDY LECLERC
L’ACCÈS AUX SOINS À LA RÉUNION Beaucoup de kinés, peu d’ophtalmos… La Réunion semble bien différente de la Métropole en ce qui concerne l’accès aux soins. C’est une publication de l’Insee évoquant une enquête de 2013 qui nous le dit.
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Pour 100 000 habitants, on retrouve deux fois plus de kinés dans l’Ouest que dans l’Est.
Quatre consultations sur dix, à La Réunion, sont effectuées sous le régime de la CMU. C’est cinq fois plus qu’en Métropole.
Neuf Réunionnais sur dix habitent à moins de trente minutes à pied d’un médecin généraliste.
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C’est, en minutes, la capacité d’intervention moyenne du Smur dans toute l’Île.
Pour 100 000 habitants, La Réunion compte 25% de plus de kinés qu’en Métropole.
Les Réunionnais ont deux fois plus recours à des infirmiers que les Métropolitains.
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MODE MODÈLE ANNE JULIE STYLISME CATHERINE GRÉGOIRE PHOTOS STÉPHANE REPENTIN MAQUILLAGE/COIFFURE ERICK MAKE UP ARTIST
Brassière Kim Pullin, bonnet Lakai, longboard Prims, INT, 18 rue de la Compagnie, Saint-Denis ; Jupe princesse, Sinequanone, 15 rue Pasteur, Saint-Denis ; Baskets Super Star, Moderny’s sport, dans toute l’Île ; Chaussettes hautes, Intersport, dans toute l’Île.
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MODE
Robe glitter plissée, Jegger’s, 7 rue du Maréchal-Leclerc, Saint-Denis ; Rangers en cuir souple Creek’s, Jennyfer chaussures, 21 rue de la Compagnie, Saint-Denis ; Sac Speedy en cuir Louis Vuitton ; Accessoires, OZ, 37 rue Juliette-Dodu, Saint-Denis.
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CULTU RE G RECHERCHES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN
En 2015, et pour la première fois depuis 1969, l’espérance de vie en France a baissé.
Lors de la première trilogie Star Wars (par ordre de sortie au cinéma), George Lucas n’a réalisé qu’un seul épisode, le premier, Un Nouvel Espoir.
En anatomie, la “loge de Guyon”, qui contient le nerf ulnaire (au poignet), tire son nom de Félix Guyon, qui a été un des premiers à l’étudier et à le décrire.
Sur sa tombe, le médecin Jean-Marie MacAuliffe a fait inscrire : “Cilaos for ever”.
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Le prénom du Capitaine Haddock est Archibald.
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Pour faire les malins devant les amis, voici quelques infos qui vous donneront la classe dans les discussions.
Les cocottes en fonte de la marque Le Creuset sont garanties à vie.
Il est possible de dater tous les vins mis en bouteille entre 1950 et 1990 à partir des traces de radioactivité qu’ils contiennent. Les essais nucléaires en atmosphère et la catastrophe de Tchernobyl ayant en effet permis au césium-137 de se déposer sur les végétaux du monde entier.
En France, huit médecins sur dix n’ont pas de médecin. En 2016, la plus grosse fortune réunionnaise était Armand Apavou. Selon le magazine Challenges, il n’occupait que le cent trente-quatrième rang national.
La moutarde de Dijon est cuisinée à partir de graines de moutarde poussant au Canada et dans des pays de l’Est.
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LES PAGES SPORT
LA RE N C O N T R E D ON T ON N ’ A PA S PA R L É
QUAND LES BLEUES BATTENT LES BLEUES… Dans le handball réunionnais, il y a les équipes de première division qui font la une… et, avant chacun de leurs matchs, leurs équipes “réserve” s’affrontent dans une indifférence polie. Nous sommes donc allés observer HBF Saint-Denis (en bleu) contre la Tamponnaise HBF (en bleu).
> FICHE TECHNIQUE
O
n a bien compris, et ce dès l’échauffement, qu’il allait y avoir un problème : le HBF Saint-Denis portait des maillots bleus, et la Tamponnaise HBF portait des maillots bleus. Pas d’officiels à la table de marque, pas d’arbitre envoyé par la Ligue de hand. C’est le lot des équipes dites de “réserve” : les équipements, l’arbitrage, la table de marque, c’est pour les grandes, celles du dessus, celles qui jouent le titre. Alors, foire à la débrouille : les visiteuses allaient enfiler des chasubles rouges (à travers lesquels il fallait tenter de distinguer les numéros), l’arbitrage sera effectué par les joueuses de chaque équipe et, pour se tenir au courant du score, autant prendre des notes. C’est un métier. Ce genre de rencontre, à une époque, était appelé “lever de rideau”. Dans un concert, c’est une “première partie”, cela fait patienter avant le plat principal. Et nous, on aime bien les amuse-bouches. Le match, maintenant. Commençons par une remarque : le sport, c’est aussi bien pour les surprises. Septième minute, et alors que Le
Tampon mène 2-0, un shoot à moitié raté d’une Dionysienne rebondissait mollement devant le but, la gardienne s’emmêlait les pinceaux, but. Réflexion de l’ignare qui n’y connaît rien : “On va se marrer, si elle nous fait ça pendant tout le match, il suffira juste de viser les cages…” Une heure plus tard, elle avait réalisé une vingtaine d’arrêts, permettant à elle seule à son équipe de ne pas sombrer, quand sa défense avait un peu lâché les brides. La boulette, il valait donc mieux la faire au début. Ça ne suffira pas, mais c’est déjà pas mal. C’est Saint-Denis qui a gagné, donc. Ça a failli être compliqué, vu l’agressivité de la défense du Tampon en début de match. Car, pendant que Cynthia Barbin allumait avec son gros bras, de l’autre côté, Saint-Denis ne trouvait pas de solution. Au final, elles l’auront dénichée par trois fois, et cela aura suffi : en milieu de première mi-temps, en début de deuxième, en fin de match. Ce fut juste, puisqu’elles étaient dominées à la mi-temps. L’impression laissée, pourtant, était que les Tamponnaises avaient dominé. D’abord avec un jeu collectif intéressant, fait de dédoublements
Championnat Honneur régional (équipes “réserve”). Journée 18. HBF Saint-Denis (réserve) – Tamponnaise HBF (réserve) : 29-27 ( M.-T. : 9-14). Au gymnase du Moufia (Saint-Denis). Spectateurs : 30 environ au début du match, 75 environ en fin de match. Éclairage : bon (et jaune) ; terrain : excellent (parquet). Arbitres : auto-arbitrage. HBF Saint-Denis (réserve) : Régine Tiverne (gardienne, 12 arrêts), Morgane Bigot (5 buts), Volaine Biguena, Lindsay Soudjaouma (4), Raphaelle Georges-Skelly (3), Rachel Tiverne (1), Ludivine Lycurgue (2), Coralie Servantes (7), Julie Le Jean (7). Entraîneur : Fabrice Salai. Tamponnaise HBF (réserve) : Sarrite Demery (gardienne, 20 arrêts), Léa Martin, Marie Voisin (2 buts), Cynthia Lefevre (1), Coralie Porgront (7), Lorenza Gourde (2), Gwenaelle Dijoux (1), Léa Tessier (1), Marine Brabant (3), Natacha Dijoux, Cynthia Barbin (7), Aurélie Touroul (1), Marie Fontaine (2). Entraîneur : Jean-Bernard Progront.
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TEXTES LOÏC CHAUX PHOTOS ROMAIN PHILIPPON
ON A VU “ON VA SE MARRER, SI ELLE NOUS FAIT ÇA PENDANT TOUT LE MATCH, IL SUFFIRA JUSTE DE VISER LES CAGES…”
bien vus. Puis une ligne arrière franchement costaude. Oui, le hand, c’est aussi de la géométrie : quant la tireuse a une tête de plus que la ligne de défense, le ballon part de plus haut. Mais bien jouer, trop vite, trop fort, ça fatigue : Saint-Denis a alors pu profiter des baisses de régime des visiteuses, bien aidées par quelques tirs à sept mètres, et, disons–le, quelques erre-
ments – compréhensifs - dans l’arbitrage. Avec une fin de rencontre portée par les muscles de Julie Lejean qui a sonné le rappel des troupes, Saint-Denis pouvait même compter sur un réveil opportun de sa gardienne, Régine Tiverne. De toutes façons, il fallait en finir, avec ce match, et laisser la place aux autres. Qui allaient jouer sans dossard.
- Une maman attraper son marmaille au vol alors qu’il partait en courant vers le terrain en plein match. - Un spectateur faisant remarquer à une joueuse qu’elle n’avait pas les deux mêmes chaussettes. - Coralie Porgront faire pénétration, feinte de passe à droite, tir en lucarne, mettant toute la défense dionysienne sur les fesses. - Des joueuses devenant arbitres, puis joueuses, puis arbitres. - Cynthia Barbin arriver à la bourre depuis Le Tampon, quasiment sans échauffement, et finir parmi les meilleures joueuses du match.
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LES PAGES SPORT
E N T RE T I E N RECUEILLI PAR LOÏC CHAUX PHOTO THOMAS BRAUT
SONT MARRANTS, CES SPORTIFS En écoutant Rires & Chansons dans les embouteillages, nous sommes tombés sur le sketch d’un comédien riant joyeusement des participants à l’Ultra-trail du Mont-Blanc. Cela nous a bien fait rigoler, nous l’avons appelé.
YOHANN METAY
est un humoriste acclamé par la critique, en Métropole. Parmi les spectacles qu’il joue, La Tragédie du Dossard 512 est une succession de sketchs sur l’univers du trail – notamment l’UTMB - qu’il s’est mis à pratiquer sur le tard. Il a notamment participé au Trail de Bourbon en 2014, et devrait être de retour cette année à La Réunion.
Le sport en général, et le vôtre en particulier, est-il une bonne source d’humour ? Est-ce qu’il est simple, à vos yeux, de trouver des ressorts comiques dans le sport ? “Oh oui, il y a de la matière. C’est une activité où tu as des hommes et des femmes qui se projettent, qui se racontent des histoires… Parce que dans l’essence du sport, dans sa pratique, il est parfois essentiel de se tourner soi-même en dérision. C’est vraiment là qu’on peut sérieusement se marrer. Il y a tellement de données qui entrent en jeu, dans le sport, dans ses pratiques, que ça en devient intéressant d’un point de vue comique : les règles, le rapport à l’effort… Et puis, si on regarde tout ce qui gravite autour… Bien sûr qu’il y a de la matière pour déconner, carrément.
voire pas du tout sportifs. Mon travail, en tant que comédien, c’est de montrer l’humain confronté à quelque chose : la façon dont il réagit, avec ses défauts, ses maladresses, ses petitesses. Cela pourrait être tout aussi pertinent avec quelque chose d’autre que le sport. Mon prochain spectacle, parle de “création”, c’est un peu le même principe : raconter des personnages qui sont pathétiques.
Comment expliquer qu’il y ait si peu de sketchs sur le sport, au contraire de ceux sur la vie de tous les jours, des problèmes de couple, de la politique ? Pourquoi est-ce un domaine délaissé ? Je n’en ai aucune idée ! Je pense surtout que les comiques préfèrent taper sur ce qu’ils pensent être le plus consensuel, pour être sûr de rameuter le plus de monde. Le couple, la vie de tous les jours, c’est consensuel, non ?
Du coup, ce que vous me dites, c’est qu’on peut rigoler du trail sans forcément être traileur ? Moi je pense qu’on peut rire de tout, sans être impliqué. Alors après, évidemment, lorsque j’avais fait des vignettes (petits sketchs courts, ndlr) pour le Canal Grand Raid, c’était vraiment à destination des traileurs. C’était une commande, je faisais des références, des private jokes pour traileurs. Mais cela faisait quand même marrer les non-traileurs, ils comprenaient le cadre dans lequel je me tenais. Abandonner une course, en larmes, ça fait marrer tout le monde, même si on n’a jamais couru. Et puis, dans le cas du Grand Raid, si ce n’étaient pas des coureurs, c’étaient quand même des proches à eux qui regardaient, qui connaissaient donc ces situations-là.
“LE FAIT QUE D’UN SEUL COUP, ON SOIT EN DÉTRESSE POUR UN PLAT DE NOUILLES, ÇA, ÇA FAIT BEAUCOUP RIRE.”
Peut-être aussi que peu de comédiens sont sportifs… Je n’en suis pas sûr. Du moins, je ne suis pas sûr que ce soit la raison. En fait, il n’y a pas besoin d’être impliqué dans un événement pour faire rire de cet événement. Par exemple, là, mon spectacle sur le trail, cela fait rire les gens qui ne sont pas coureurs,
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Pendant la course, on arrive à avoir de l’humour ? Oui ! Moi, et c’est cela qui peut être étonnant, cela ne m’arrive pas dans les moments où je me sens le mieux, contrairement à d’autres. Pour moi, le top, c’est d’arriver à rire dans les moments où on est dans le dur, et j’y arrive. Moi, oui, dans ces cas-là, j’arrive à me faire marrer. D’un seul coup, je prends de la distance, je me vois, je me dis que je suis ridicule. C’est ça, qui est drôle : l’autodérision. Mais même quand je suis au taquet, que je me prends pour un super héros parce que j’ai du jus et que j’accélère comme un malade, ça me fait rigoler aussi, parce que j’arrive à mettre de la distance sur tout cela. Du coup, j’arrive à m’y mettre à fond, je suis ainsi dans le plaisir total de la compétition, tout en gardant ce recul. Ça, tout le monde ne le fait pas. Les “élite”, rarement, je crois… Cette “distance” par rapport à ce que tu fais, tu la retrouves plus dans le milieu du peloton. Les mecs comme moi… Il y a de l’humour, au sein du trail ? Ça rigole, un peu ? Ce n’est pas l’impression qu’on en a de l’extérieur… Oui, ça rigole beaucoup. Ce sont des bons vivants : en général, les traileurs, il viennent au trail parce qu’ils n’arrivent plus à courir vite… Le trail, cela permet d’avoir moins de casse que sur du sprint… Ou, du moins, c’est de la casse différente. Moi, de l’intérieur, je le sens, ce côté comique. Ça déconne, ça ne se prend pas trop au sérieux quand même. Si tu ne le vois pas, c’est peut-être que c’est bien caché au sein des pratiquants. Oui, il y a de l’humour dans le trail, sans aucun doute.
commente une situation réelle. C’est cela qui provoque le rire. Parfois, aussi, je pousse le bouchon jusque dans l’absurde totale. Tiens, par exemple, à un moment, j’organise une battue pour choper un mec qui ne veut pas rendre son dossard alors qu’il est en dehors de la barrière horaire… Des fois, c’est n’importe quoi ! J’utilise plusieurs ressorts : l’absurde, donc, la caricature, avec tous les archétypes de coureurs… Je joue sur tous les modes comiques, dans le spectacle. Vous parlez d’absurdités dans le cadre de la course. Mais la pratique du trail long n’est-elle déjà pas absurde, à la base ? Courir longtemps comme ça, souffrir, passer la nuit dehors, avoir faim… Pourquoi s’infliger ça ? La pratique, je ne sais pas, mais la motivation, je ne la trouve pas absurde, non. C’est quand même inhérent à ce qui a fait l’homme, à savoir être capable d’être endurant pour la chasse, pour les grandes transhumances. Je ne trouve pas cela absurde, c’est une sorte de défi humain classique, de se dire : “Tiens, qui peut aller là bas le plus vite possible ?” Je trouve
Ta question, finalement, c’est : “Est-ce que ça peut faire rire ?” Eh bien, ça dépend du comédien qui met le nez dedans. Le cancer, à la base, ça ne fait pas rigoler ; mais vous le donnez à Dieudonné, ça fait un sketch magnifique. Avez-vous le souvenir d’une situation que vous avez vécue en tant que traileur, lors de laquelle vous vous êtes dit que cela pourrait donner un bon sketch ? En gros, est-ce que vous travaillez pendant que vous courez ? Oui, ça m’est arrivé, de prendre des notes. Maintenant, quand je fais des trails, le but, c’est de me vider la tête. Donc, de moins en moins. Mais oui, j’ai déjà noté des petits trucs par-ci, par-là. Je me souviens d’un coureur, dans les Pyrénées, dans une détresse… Il était en hypothermie totale ; lui, j’étais sûr que j’allais le mettre dans mon spectacle. Vous aviez participé au Trail de Bourbon en 2014, et vous aviez abandonné. Vous avez laissé tomber La Réunion ? Ah, mais je serai de retour en octobre, pour le Grand Raid, justement, je viendrai jouer mon spectacle, au Teat Plein Air, à Saint-Gilles. Et normalement, je vais courir la Mascareignes, avec une caméra embarquée. C’est possible qu’on rigole bien, encore.”
“POUR MOI, LE MIEUX, C’EST D’ARRIVER À RIRE DANS LES MOMENTS OÙ ON EST DANS LE DUR, D’UN SEUL COUP, JE PRENDS DE LA DISTANCE, JE ME DIS QUE JE SUIS RIDICULE.”
Quand vous me dites que ça ne se prend pas trop au sérieux… Quand on voit les investissements personnels, économiques que la pratique implique, on a plutôt l’impression que les participants, au contraire, se prennent très au sérieux. D’ailleurs, vous avez un sketch, où vous vous moquez de cette “course à l’armement”, où il faut avoir la meilleure montre, les meilleures chaussures, la meilleure lampe frontale… La plupart, oui, ils font les choses sérieusement. C’est de plus en plus le cas, du moins. À carrément se payer des coachs par-ci, parlà, à faire ça bien. Mais le trail, c’est vraiment une pratique où tu as de tout. Je ne veux vraiment pas faire de généralisation là-dessus. Tout le monde ne dépense pas des fortunes. Les situations que vous décrivez, sont-elles toujours des caricatures ? On a parfois l’impression que vous racontez de vraies scènes, et que le simple fait de les reproduire sur scène est drôle… Dans le spectacle, je pars du réel. Je parle de la réalité, je rajoute parfois juste un commentaire dessus. Je crée un personnage qui
au contraire que c’est assez concret. Plus que le foot, par exemple. Le foot, c’est rejouer un combat entre deux clans qui veulent savoir qui est le plus fort, mais avec une interface, la balle. C’est le ballon qui va décider du plus fort, si on réfléchit à ça. Non, non, au contraire : la course, cela fait complètement partie de l’homme. La preuve, c’est que tout le monde le fait tout le temps, ce genre de défi. Les gamins passent leur temps à faire la course. Qu’est-ce qui fait le plus rire les gens ? Est-ce qu’il y a un ressort comique, qui fait mouche à tous les coups ? Sentez-vous que c’est l’aspect “fatigue”, “souffrance”, qui fait le plus rire ? Je ne sais pas trop. Dans le spectacle, c’est souvent mon jeu qui les fait marrer, et pas forcément le sujet en lui-même. Sur le trail, par exemple, le fait que d’un seul coup, on soit en détresse pour un plat de nouilles, ça, ça fait beaucoup rire. Que le plat de nouilles devienne le trésor le plus inestimable au monde. Là, raconté comme ça, ça peut ne pas paraître drôle, alors que lorsque je le joue, ça fait rire les gens. Alors, non, il n’y a pas vraiment un sujet en particulier qui fait rire à tous les coups.
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PO RT RAI T TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON
– TRAIT D’UNION –
Ils avaient sans doute besoin de compétition, les “crossfiteurs” : alors, ils sont allés voir leurs cousins haltérophiles. Un exemple de passerelles entre sports, qu’illustre assez bien Jérôme Cadet.
D
ans la “box” du club des Red Beard, à Saint-Leu, l’entraîneur motive ses troupes à enchaîner les exercices. Pas de miroir pour s’observer, pas de machines à poulies compliquées, mais une déco et des affiches rappelant l’importance de l’effort, du dépassement de soi physique. Sur un banc, Jérôme Cadet profite de la pause que notre entrevue lui permet pour boulotter du riz au poulet. Nous ne sommes pas venus spécialement parler de “crossfit” avec lui. Du moins, pas que. Il y a quelques mois, dans un article du Journal de l’Île relatant une compétition d’haltérophilie, était fait un curieux constat : les “crossfiteurs” avaient investi le milieu haltérophile, y faisant plutôt bonne figure lors des rencontres. Le tout sous le regard bienveillant des dirigeants du Comité, heureux de voir leur discipline millénaire - et parfois à l’image vieillotte - se renforcer de nouveaux venus. Jérôme Cadet, donc, est de ceux-ci. Quand on évoque la “transversalité”, ça lui parle. Commençant le sport par le karaté, avec quelques titres régionaux à la clé chez les jeunes, il a dû faire face à un “mal” réunionnais : passée l’adolescence, les pratiquants se dispersent dans le monde pour les études : “Avec moins de compétitions, c’est difficile de garder un niveau proche du meilleur niveau français. Je perdais un peu de motivation.” Il a des potes qui poussent de la fonte… “J’étais un peu tout seul, et des amis faisaient de la musculation, je les ai rejoints. Puis je suis passé au crossfit, ça commençait tout juste à La Réunion.” Pour faire le beau gosse ? Il se marre. “Je ne vais pas te dire que personne ne pense à ça ! C’est sûr que, quand on se muscle, il y a de l’égo qui entre en jeu, ça fait plaisir… Mais dans mon cas, et pour la majorité, ce n’est pas le but, c’est une conséquence. Le but, c’est d’avoir une pratique dans laquelle on peut se dépasser, sortir de sa zone de confort.”
Et puis, il y a donc cette arrivée dans l’haltérophilie, effectuée avec quelques uns de ses collègues : “L’haltérophilie, ce n’est qu’une partie du crossfit, en fait. Mais personne n’en avait jamais fait en compétition. Là, on se retrouve avec des mecs qui ont en plus de la technique, de la puissance, de l’explosivité. Travailler spécifiquement l’haltérophilie, cela nous est utile pour notre pratique du crossfit, qui se veut le plus complet possible.”
“LE BUT, C’EST D’AVOIR UNE PRATIQUE DANS LAQUELLE ON PEUT SE DÉPASSER, SORTIR DE SA ZONE DE CONFORT.”
Et puis il y a le retour de la “compétition”… “Je n’en avais plus fait vraiment depuis le karaté, et là, il y a de vrais matchs, de nouveaux objectifs. Dans les compétitions par équipes, nous nous donnons un but commun, on s’encourage, on rencontre des gens que nous ne connaissions pas…” Et puis, il y a cette perspective de retrouver les compétitions plus classiques : l’haltérophilie étant un sport olympique, Jérôme pense aux Jeux des Îles de 2019 : “Dans ma catégorie, je suis encore derrière, mais je peux encore progresser et gagner ma sélection, c’est en tout cas un vrai objectif. Ça aussi, c’est motivant…”
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DO S S I E R TEXTE LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS LN
MOI, PRÉSIDENT… Au moment d’élire le président de la République, penchons-nous sur tous les autres présidents, les plus proches de nous, ceux des clubs, dont les responsabilités sont immenses, et qui n’ont – croit-on – pas grand chose à gagner.
À
l’heure où vous lirez ces lignes, il y a de fortes chances pour que nous ayons un nouveau président de la République ou, du moins, que nous soyons en train de le choisir. Tous les cinq ans, le mot “président” envahit l’espace médiatique, public, partout, on parle du “président”. Saviez-vous seulement que, rien qu’à La Réunion, il y en a environ quinze mille, de présidents ? Que si on se cantonne au sport, ils sont quelque mille six cent à diriger des associations ? Voilà qui donne un autre aspect au terme de “président”. C’est simple : avec plus de cent cinquante mille licenciés, c’est un Réunionnais sur huit qui pratique un sport en club, club chapeauté – forcément - par un président. Tout un tas de petites démocraties de proximité, où les élections, luttes d’égos, bonnes volontés, consensus, recherche de budgets et gestion des plannings sont le quotidien. Cela pourrait rappeler l’actualité
politique de ces derniers mois – c’est le but de cet article – si seulement un paramètre n’entrait pas en jeu : le bénévolat. En effet : diriger un club ou quelque association que ce soit ne rapporte pas un euro. Théoriquement. Créer une association selon la loi dite de “1901” nécessite, entre autres choses, que celle-ci ait un président. Celui-ci, selon les statuts de chaque association, peut être élu directement ou indirectement, mais c’est la démocratie qui prime. La plupart des bureaux se dotent aussi d’un secrétaire et d’un trésorier, mais la plus grande responsabilité reste, le plus souvent, sur les épaules du président. Pour faire simple : c’est lui qui signe les chèques, c’est sa responsabilité qui est mise en cause en cas de problème. Bernard Feuillade a été président pendant seize ans du XV dionysien, il se souvient : “C’est au président de veiller à ce que les règles de sécurité soient respectées. En cas de souci, c’est le président qui a des problèmes. Un exemple : si un joueur joue sous fausse licence, qu’il se blesse, c’est la respon-
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pfff pfff! !c’est c’estdIduboulot... boulot...
sabilité du président qui peut être mise en cause car c’est interdit de jouer sans licence, c’est-à-dire sans assurance ; c’est au président de faire en sorte que cela n’arrive pas.” Même si, en cas de procès, le fait d’être bénévole incite les juges à être plus cléments, c’est bien le président lui-même qui peut se retrouver mis en cause pour imprudence, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité. Voilà qui met une sévère responsabilité sur le dos de dirigeants… “Ah, c’est sûr que ça en donne, des soucis, du stress. Ce sont des responsabilités, quand même !”, juge monsieur Feuillade. Des responsabilités devant la loi, certes. Mais ce ne sont pas les seules : certaines associations comportent des salariés, et le dirigeant se mue en chef d’entreprise – bénévole, toujours, rappelons-le. Avec son bureau, il doit gérer les salaires, les plannings, les augmentations, les cotisations, les charges… Des salariés, le XV en a. “On a des entraîneurs salariés, alors, c’est normal, ils demandent des choses, sur les horaires, les vacances… Ça aussi, faut le gérer, avec les autres bénévoles du club et ça aussi, ça prend du temps.” Surtout, il faut être tout à fait honnête : la vie d’une association tourne beaucoup autour de l’argent. C’est un questionnement permanent, car la plupart en manquent. Depuis quelques années, les aides des mairies fondent comme neige au soleil, les dirigeants doivent faire aussi bien avec moins. Bernard Feuillade se souvient des premiers temps du XV, quand il courait un peu partout pour “récupérer des subventions par-ci, par-là. À force, je connaissais tout le monde !” En effet, le président – et son équipe de bénévoles – passe quand même beaucoup de temps à trouver des sous. Voire plus. Alain Descorsier a été dirigeant dans le milieu de la canne de combat, un des impulseurs de l’activité à La Réunion, l’emmenant vers les sommets. D’abord, il tient à insister sur le rôle d’exemple
C’EST BIEN LE PRÉSIDENT LUI-MÊME QUI PEUT SE RETROUVER MIS EN CAUSE POUR IMPRUDENCE, NÉGLIGENCE OU MANQUEMENT À UNE OBLIGATION DE PRUDENCE OU DE SÉCURITÉ. que doit avoir le dirigeant : “En s’impliquant beaucoup, il pourra demander à ses jeunes sportifs d’en faire autant. Cela lui créera une légitimité pour demander des efforts.” Puis, quand on lui parle d’argent, il sourit : “J’ai payé toute ma vie, pour la canne. En déplacement, j’ai toujours payé mon hôtel, mes repas, car je me disais que c’était autant d’économisé pour permettre aux gamins de voyager.” Vous vous en doutez, cette notion d’argent peut impliquer des dérives. Pour certains clubs, de foot en particulier, les subventions des collectivités se chiffrent en plusieurs dizaines de milliers d’euros ; le président voit donc valser les zéros devant lui… Ainsi, il est assez commun de lire dans la presse qu’un président est soupçonné de s’être enrichi. Attention : il n’est pas question de dire ici que certaines personnes deviennent dirigeants par appât du gain illégal ; en revanche, et c’est plus souvent ce qui arrive, avoir la responsabilité des budgets peut donner envie de se servir pour éponger des dettes personnelles, ce qui était arrivé il y a quelques semaines à un club des Hauts. Encore plus récemment, le président du plus grand
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club de foot du Sud a été convoqué chez le juge en tant que “personne morale” dans une affaire de pots-devin, alors qu’au moment des faits, il n’était pas président. Mais devant la loi, le président, c’est le club. Puis il y a ce qui est encore moins quantifiable que l’argent : le temps. Bernard Feuillade : “Ça ne se mesure pas. Combien de fois, on m’a appelé pendant que je travaillais pour me parler d’un problème au club ?” La vie d’un bénévole est ainsi rythmée, en plus de sa vie de famille et de son travail, par les assemblées générales, les rendez-vous avec les sponsors potentiels, les signatures de papiers en tous genres, et autres actions pour rapporter de l’argent… Alors, vu tous ces constats, une question : pourquoi ? Pourquoi a-t-on envie de devenir président ? Pourquoi se lancer dans cette galère, faite de responsabilités, de stress, de repos passés à faire de la paperasse ? Bernard Feuillade se pose à peine la question : “Pour donner à mon sport ce qu’il m’a donné.” Alain Descorsier complète : “Beaucoup de présidents, ou au moins
AVEC PLUS DE CENT CINQUANTE MILLE LICENCIÉS, C’EST UN RÉUNIONNAIS SUR HUIT QUI PRATIQUE UN SPORT EN CLUB, CLUB CHAPEAUTÉ – FORCÉMENT - PAR UN PRÉSIDENT. TOUT UN TAS DE PETITES DÉMOCRATIES DE PROXIMITÉ.
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Quand soudain, c’est le drame. tout est de ma faute...
aïe !
“VOUS N’IMAGINEZ PAS LES LUTTES D’ÉGOS DANS LESQUELLES ON SE RETROUVE. ON CROIRAIT QUE C’EST RÉSERVÉ AUX GRANDES ASSOCIATIONS, AU FOOT, MAIS CE N’EST PAS LE CAS. le passé, la part que cela a pris de de bénévoles, ont pratiqué ce sport à un moment donné, et ils ont envie NOUS, AVEC NOS DEUX CENT votre vie… Plus dure est la chute, de rendre un peu ce qu’ils ont reçu. vous êtes comme quelqu’un qui n’a CINQUANTE LICENCIÉS, C’est de la passion pure, ces gens qui pas préparé sa retraite, vous vous se défoncent du matin au soir pour retrouvez devant un vide… Oui, il y QUELLE BATAILLE ! les autres.” Mais le vœu de diriger un club vient aussi parfois de sentiments moins avouables. Il y a quelques années, Alain Descorsier a quitté le milieu de la canne, des opposants sein de la Ligue ayant pris sa place. “Vous n’imaginez pas les luttes d’égos dans lesquelles on se retrouve. On croirait que c’est réservé aux grandes associations, au foot, mais ce n’est pas le cas. Nous, avec nos deux cent cinquante licenciés, quelle bataille ! Et les luttes entre parents, qui veulent privilégier leur enfant à eux… Et ceux qui parlent plus fort, qu’on écoute mieux, même si ce ne sont pas eux qui ont les meilleurs arguments… On a eu des assemblées générales faites de violence, de diffamations, de disputes. Parce que, chez certaines personnes, ça fait “bien”, d’être président, d’avoir ce petit pouvoir. Quelle que soit la taille de l’association.” Dans ces cas-là, là encore, on peine à voir ce qui motive un homme ou une femme à prendre pareilles responsabilités… “D’autant que ça vous pourrit la vie. Vous devenez rongé de l’intérieur, quand vous voyez tout ce temps consacré dans
a des regrets.” Mais avant, quand tout allait bien ? “Les galères n’en étaient pas vraiment. C’était du bon stress, quand vous avez de bons résultats. On me demande pourquoi faire cela, surtout quand il n’y a pas d’argent à gagner ? Mais parce que tout ne se monnaie pas. Voir des gamins de toutes les couleurs, tirer ensemble, être contents, ça n’a pas de prix. Du temps ? Quand on bosse huit heures par jour, ça en laisse, encore, du temps, à côté, pour faire d’autres choses.” À discuter avec ces dirigeants, on comprend une chose : qu’ils cherchaient à accomplir des projets, et prendre des responsabilités dans le sport le leur a permis. Bernard Feuillade : “Quand je me retourne, et que je vois ce qui a été fait, tous ces gamins qu’on a vus passer, pfff ! C’est beaucoup.” Et pour en revenir au président de club, a-t-il un rôle au sein de la société comparable à celui du président de la République ? “Bon, peut-être pas, sourit-on au XV. Mais quand même : le sport, c’est une soupape de sécurité, j’en suis convaincu. Pour bon nombre
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champion !
LA VIE D’UNE ASSOCIATION TOURNE BEAUCOUP AUTOUR DE L’ARGENT. DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LES AIDES DES MAIRIES FONDENT COMME NEIGE AU SOLEIL, LES DIRIGEANTS DOIVENT FAIRE AUSSI BIEN AVEC MOINS.
de gamins, le sport, c’est un exutoire. Tu as des petits en échec scolaire, c’est grâce au sport qu’ils reprennent confiance en eux. Les dirigeants, mais surtout l’ensemble des bénévoles dans les associations, c’est un maillon très important dans la chaîne. S’ils ne sont pas là, il n’y a plus de clubs. Donc, pour moi, tous ces gens ont un rôle énorme dans la paix sociale. Et je pèse mes mots.” En parlant de mots, et puisque monsieur Feuillade a le don de pas trop mal les manier, nous lui avons demandé de résumer au mieux le travail d’un président de club. Nous le soupçonnons d’avoir prévu la question, tant il nous offre une parfaite conclusion : “Le président, il envisage le pire, il espère le meilleur, il gère le quotidien.” Après tout, peut-être que c’est la même chose à l’Élysée.
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PO RT FO LI O TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT
À DADA Le Club hippique de Rivière du Mât organisait un “Concours de saut d’obstacles” à Bras-Panon… et il a plu.
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Il faut imaginer, pour les parents de sportifs, ce que sont les week-ends : une succession de samedis et/ou de dimanches, où il faut emmener la marmaille aux compétitions, que l’on apprécie le sport choisi ou non. Parfois, c’est très agréable. Parfois, moins. Comme lors de ce dimanche de “CSO” (Concours de saut d’obstacles, pour les initiés du cheval) à Bras-Panon. Il a fallu mettre son réveil, donc, un dimanche matin, et rejoindre le joli centre équestre du coin, siège du Club hippique de l’Est,
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qui accueillait l’une des nombreuses compétitions qui rythment la saison à La Réunion. Et voir ce ciel gris, menaçant, finir par craquer. De quoi s’agit-il ? D’effectuer des passage chronométrés, sur son cheval, dans un enclos où se trouvent de nombreux obstacles. Ce sport ne vous est évidemment pas inconnu : il a ramené des médailles aux derniers Jeux olympiques, est donc médiatisé une fois tous les quatre ans.
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Pas plus, ce qui est étonnant, alors qu’il fait partie des sports français comptant le plus grand nombre de licenciés. À La Réunion, encore, il est curieux de voir que ces compétitions n’ont pas plus grande résonnance, quand on observe, comme ce jour de fin mars, plus d’une centaine de concurrents. Des concurrents quasiment exclusivement jeunes et féminins, une énigme dont nous aurons du mal
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à trouver une explication. Cette compétition mise en images ici, a été tronquée : non pas à cause de cette jolie chute – le cheval a refusé l’obstacle, sans grande gravité – mais à cause du temps. Orageux dans la matinée, finalement pluvieux. Comme beaucoup de sports extérieurs, l’équitation est tributaire du temps. Plus encore que le football ou le rugby : le terrain devenant trop boueux fait courir des risques aux chevaux et à leurs cavaliers. Et on n’est pas là pour s’abîmer la santé.
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LE J O UR O Ù… TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO DR
12 OCTOBRE 2003
BAT LE RECORD DU MONDE FÉMININ DE PÊCHE AU GROS Lors d’une manche du championnat de la Réunion, Catherine Lavit a remonté un marlin bleu de 551 kilos : jamais une femme n’avait sorti pareille bête à la pêche au gros.
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epuis le DCP, sont restaurant à SaintGilles, Catherine Lavit en a encore le sourire, presque quinze ans après : son record mondial tient toujours. “J’avais une revanche à prendre, ce jourlà : quelques mois plus tôt, j’avais combattu un marlin de la même taille, il s’était échappé au moment de le gaffer, après sept heures et demie de bataille.” Sa revanche, ce fut donc ce bestiau de plus d’une demitonne, pêché au large d’Étang-Salé, après – seulement – trois heures et demie de lutte : “Plus tôt, j’avais attrapé un thon banane, puis un grand fouette. En milieu de matinée, il y a un départ, un kilomètre et demi de fil qui part. On le voyait sauter au loin, on a vite vu qu’il était gros.” À la barre, son mari se charge d’épuiser le poisson ; elle, solidement campée, s’accroche. À midi passé, enfin, le poisson abdique. Ce n’est pas fini : “Nous n’avons pas pu le remonter sur le bateau, il a fallu l’accrocher le long. Nous étions à onze milles du port : nous avons mis plus de temps à rentrer qu’à le sortir de l’eau !” Les lecteurs d’Hemingway se souviendront de cette image de Santiago rentrant au port avec son marlin accroché à la barque, et dont il ne reste plus que la tête et la queue après le fait que les requins l’aient mangé… Là, les squales ont laissé tranquille le trophée de Catherine et, de retour au port, à Saint-Gilles, la question du vainqueur de la manche de championnat devient secondaire. Combien va donc peser l’animal, sachant que l’ancien record, datant de 1994, était de 430 kilos ?
“ O N L E V OYA I T S A U T E R A U L O I N, O N A V I T E V U Q U ’ I L É T A I T G R O S .”
Le palan – dont la presse s’inquiète, à l’époque, de la solidité – permet de donner un chiffre : 551 kilos, pour 4,41 mètres de long, rostre compris ; après analyses, il s’agissait d’une femelle entre vingt-cinq et trente ans. Murmures admiratifs dans la foule des curieux. Fierté de Catherine : “C’est mon plus beau souvenir, je sais bien que jamais je ne referai une pareille pêche. La mer était calme, c’était une belle journée. Et puis, faire la pige aux mecs, c’était super…” Le trophée, ils ont été nombreux à en profiter : outre la résonnance dans le monde de la pêche mondiale que l’événement a eu, les clients du resto ont, en plus, pu croquer un bout du trophée, qui a été fumé par la suite. Paraîtrait qu’il était excellent.
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