Mag buzbuz #18

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# 18 GRATUIT

NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013

EXTRAMUROS

HIPPOLYTE

REFLET D'UNE ÉPOQUE

DESSINATEUR ÉCLECTIQUE PORTRAIT

SPORT

DERRIÈRE LA PORTE

LE KOP

FUNÈBRE TOILETTE

KILTIREZVOUS !

ET L'AMOUR?

BORDEL!


Orange CinĂŠday, le mardi

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ÉDITO

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JE DIS ÇA, JE DIS RIEN Au jour d’aujourd’hui, j’ai envie de dire que l’époque est au clash. Sur Internet, les vidéos les plus vues sont en mode “je m’engueule avec mon voisin.” C’est juste insupportable. Allo, quoi, ne pourrait-on pas se passer des disputes sans intérêt entre Patrice Evra et Pierre Ménès ? Entre NKM et Jean-Jacques Bourdin ? Entre Lilian Thuram et Karine Lemarchand ? Entre Booba et La Fouine ? Entre Eric Zemmour et le reste de la terre ? Non, mais voilà, quoi, c’est grave clivant, ces histoires de personnes qui n’ont pas grand chose à dire, qui se balancent des trucs à la tête sur youtube pendant trois jours, avant d’expliciter les raisons de leur courroux puis de se réconcilier asap. Voilà, quoi, je rêve d’un monde plein de lol, où on se fête les anniv’ dans la joie et la bonne humeur, où les personnes ne cessent de répéter que la vie, c’est que du bonheur. C’est ce que me disait un ami, sur Saint-Denis : “Moi, j’ai fait l’Inde y a pas longtemps, y a moins d’hypocrisie là-bas.” J’ai répondu : “Ou pas.” Enfin, je dis ça, je dis rien. LA RÉDACTION DE BUZBUZ

PS : Cet édito qui n’a aucun intérêt a été écrit à la truelle à l’aide de vingt expressions insupportables mais qui remplissent désormais la moindre des conversations. Tu dis ça, tu dis rien ? Alors ferme-là.

RÉDACTION Anne Rochoux, Muriel Weiss, Gabrielle Charritat, Leila Patel Raïssa Sornom-Aï, Victoria Banes, Virginie Tressens Loïc Chaux, Livy, Juldread, Fabien Lefranc

DIRECTION ARTISTIQUE Pascal Peloux

GRAPHISME Pascal Peloux

STYLISME SHOPPING Catherine Grégoire, Leila Patel

SARL au capital de 3250 euros 1, rue Claude Monet - Apt n°5 97490 Sainte-Clotilde 0692 55 99 98 (rédaction) contact@buzbuz.re

MODE Maquillage : Florence Delaunay Stylisme : Catherine Grégoire

COUVERTURE

PHOTOGRAPHES

Mannequin : Soulé Photo : Romain Philippon

Romain Philippon, Gwael Desbont Stéphane Repentin

www.buzbuz.re ISSN 2114-4923 Dépôt Légal : 5726 Toute reproduction même partielle interdite.

BUZBUZ MAGAZINE Bimestriel N° 18 Novembre-décembre 2013

IMPRESSION

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

PUBLICITÉ

Pascal Peloux

RÉDACTEUR EN CHEF Loïc Chaux

Graphica

BuzBuz Magazine - Barbara Tél. 0692 55 99 98 contact@buzbuz.re

VOUS SOUHAITEZ FAIRE CONNAÎTRE UNE BONNE ADRESSE, UN BON PLAN, UNE NOUVEAUTÉ. N’HÉSITEZ PAS À NOUS ENVOYER UN COURRIEL À L’ADRESSE SUIVANTE : CONTACT@BUZBUZ.RE


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LE NEZ DEHORS TEXTES RAÏSSA SORNOM-AÏ — PHOTOS GWAEL DESBONT

LITTLE ITALY Notre dernier caprice : une pizza préparée dans la véritable tradition de la “Pizzaioli napoletani”. Ceux qui ont déjà foulé le sol de l’Italie frémissent déjà à l’idée de connaître cette adresse. Pour les autres, après notre topo, vous allez à coup sûr dévaler chez Gerardo et Damiano. Là bas, ils viennent tous d’Italie. Angelo, le pizzaiolo, sélectionne la meilleure farine, l’agrémente de levure de bière fraîche et sa tomate pelée arrive directement de Campanie. Il ajoute la précieuse huile d’olive extra vierge. Ensuite, il enfourne ses pizzas dans un four traditionnel italien. Résultat, notre “Quattro formaggi” est sortie de là moelleuse, souple et divinement bonne ! En partant, on lance haut et fort : “A presto !” Parce qu’à coups d’antispasti revisités, de spécialités et de pasta alléchantes, on reviendra tout essayer ! MEDITERRANEO, 52 RUE MAC AULIFFE, SAINT-DENIS. TÉL : 0262 13 47 02. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, 12H - 14H30 // 19H - 23H

EN VERT ET POUR TOUS

PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS Un peu, beaucoup, passionnément ! Depuis quelques années, Audrey file le parfait amour avec son métier. Elle est fleuriste, décoratrice et styliste florale. Elle aime les tulipes, les pivoines, les hortensias et son petit plus, c’est d’aller cueillir de la verdure et des plantes directement dans la nature. Chez elle, pas de sophistication. C’est léger, champêtre et bucolique. Son dernier projet collaboratif, L’aimée tatouée, imaginé et dirigé par Sarah Téterel, joue sur un univers poétique et déstructuré. Elle s’est amusée à réaliser des couronnes de fleurs avec du bois, des orchidées blanches et du lierre fraîchement récoltés dans la forêt. Avec elle, le romantisme se dévoile même hors des sentiers battus… IL ÉTAIT UNE FLEUR, VILLAGE ARTISANAL DE L’EPERON. TÉL : 0692 26 59 63. SUR RENDEZ-VOUS UNIQUEMENT. WWW.ILETAITUNEFLEUR.BOOK.FR

Votre dernier gardénia ? Complètement fané. Le potager fraîchement installé ? Rien ne pousse. Pourtant, vous êtes plutôt du genre à avoir la main verte. Pour redonner le moral à votre jardin, offrez-vous les conseils d’un expert. Guillaume et Gautier sont paysagistes et connaissent parfaitement le monde végétal. En tant que coaches en jardin, ils sont là spécialement pour l’entretien, la refonte ou la création de votre espace vert. Ils peuvent vous accompagner ou prendre entièrement en charge votre projet. Quoi qu’il en soit, ils vous distilleront les bons tuyaux pour faire de votre extérieur le coin phare de l’été ! VOTRE JARDIN, CHEMIN VANILLE, SAINT-GILLES-LES BAINS. TÉL : 0262 24 57 48 OU 0692 95 95 15. QUATRE FORMULES PROPOSÉES : LE FAIRE SOI-MÊME ; LE FAIRE SOI-MÊME AVEC UN PLAN DE CONCEPTION ; LE FAIRE RÉALISER PAR DES SPÉCIALISTES ; SPÉCIAL PROFESSIONNEL. WWW.VOTREJARDIN.RE



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LE NEZ DEHORS

FEEL GOOD CUISINE On a craqué pour une nouvelle adresse fraîche, locavore et bio. Au Comptoir du Potager s’est discrètement posé dans le quartier du Bas de la Rivière. La cuisine est saine et on est prêts à parier que vous allez renouer avec les légumes frais. On y va entre midi et quatorze heures pour se réjouir d’une brousse d’herbes fleurie de camarons, de chèvre frais et de parmesan et d’une assiette de tartare de thon avec de succulentes frites maison. Enfin, ça, c’est notre choix du jour… La déco est toute aussi colorée que les plats. Maya, à qui l’on doit ce temple de fraîcheur, a tout ramené d’Inde. Et par chance, si vous travaillez dans le coin, une bicyclette électrique vous livre une lunch box personnalisée. Tout un concept durable et responsable. Attention, ce comptoir de la feel good cuisine peut vite devenir addictif ! AU COMPTOIR DU POTAGER, 10 RUE DU PONT, SAINT-DENIS. TÉL : 0692 85 59 31. OUVERTURE : DU LUNDI AU VENDREDI, 8H - 16H

LE BAR DES HIPSTERS ?

JARDIN HIPPIE Vous connaissez le quartier des pêcheurs à Terre-Sainte ? Tant convoité pour sa tranquillité, il abrite une maison d’hôtes d’un style tout particulier. C’est un pêle-mêle de couleurs, de mobiliers atypiques et il y plane comme un air des années soixante-dix. Dans le jardin, du moins, c’est la première impression. Fatch, celui qui tient le lieu, et Sergio, celui qui l’accompagne, sont aux petits soins avec nous. Tous les deux gardent au mieux la discrétion des invités. Le soir, avec les lumières diffuses, le charme opère deux fois plus. On passe un moment dans le jacuzzi, puis dans le hamac. On cuisine sur place ou on mange dehors. Dans les deux cas, la bonne ambiance du quartier est contagieuse. VANILLA GUEST HOUSE, 24 RUE SAINT EXPÉDIT, TERRE-SAINTE. TÉL : 0262 59 54 01. MAISON INDIVIDUELLE ÉQUIPÉE POUR SIX PERSONNES, COMPOSÉE DE DEUX CHAMBRES DOUBLES, D’UN SÉJOUR AVEC DEUX CANAPÉS CONVERTIBLES ET D’UNE CUISINE

Ils mangent des sardines millésimées parce qu’elles se bonifient avec le temps. Ils boivent du vin au verre parce que c’est toujours mieux de s’offrir le vin qui s’accorde avec son repas. Ils écoutent du jazz parce que c’est rétro et nostalgique. Aurait-on débusqué le nouveau refuge des hipsters ? Certes, c’est branché et c’est cool. Mais à La Compagnie, nul besoin de moustache et de chemisette à carreaux. La philosophie anticonformiste se passe au comptoir, dans l’assiette et à l’heure sacrée de l’apéro. Il y a de l’audace dans les plats : un thon-maïs revisité, un cassoulet ou une noix de cochon rôtie en côte ? Vous pourrez les déguster ou mettre la main au fourneau avec le concept La Popote des Potes. Le resto vous ouvre les portes de la cuisine, vous concevez votre menu avec le chef cuistot et vous invitez vos amis à un banquet où vous serez le chef de la soirée. À La Compagnie, à la bonne franquette ! LA COMPAGNIE, 34 RUE DE LA COMPAGNIE, SAINT-DENIS. TÉL : 0262 94 27 70. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 12H - 14H // 19H - 22H ; 10H – 00H CÔTÉ BAR


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LE NEZ DEHORS

MON PETIT WEEK-END

“ “Surprise ! Prépare une valisette avec des vêtements douillets! douillets !”” Voici les seu seules consignes lancées par votre moitié. Ensuite, plus un mot. Sur la route, plus vous grimpez vers les hauteurs de Saint-Leu et moins vous avez d’indice. Vous n’allez quand même pas camper à la belle étoile ? À votre arrivée au lieu tant attendu, vous êtes accueillis par Gérard, le maître des lieux, décorateur de métier et chef cuistot. Il vous présente la pièce à vivre. Du rouge, du noir, du blanc, des touches modernes et une décoration à se pâmer ! Un moment de détente plus tard dans votre petite chambre à coucher, vous voilà au pied de la majestueuse cheminée à siroter un kir à la violette. Au petit dîner, la cuisine est savoureuse et généreuse. Vous vous jurez de rester raisonnables jusqu’au petit brunch du lendemain matin. En réalité, rien n’est trop petit, tout est parfait ! MA PETITE SALLE À MANGER, 21 RUE LECONTE DELISLE, LA CHALOUPE SAINT-LEU. TÉL : 0692 63 99 73. OUVERTURE : DU MARDI AU DIMANCHE, MIDI ET SOIR. BRUNCH LES SAMEDIS, DIMANCHES ET JOURS FÉRIÉS

VA VOIR CHEZ LES GRECS !

Charcuterie-fromage ? Trop classique. Dips de légumes à tremper ? Trop lig light. Pour un é quii dé t on a ce qu’il ’il ffautt pour é t vos amis. i D it d apéro dépote, épater Des pitas, de lla ffeta, du tatziki, de la tapenade, du houmous et tout un tas de petites choses au bon goût de la Grèce. Pour cela, il faut vous pointer chez Damien et Alexia. Le couple vient tout juste de rentrer à La Réunion après une escale en Crête, d’où est originaire Alexia. D’ailleurs, c’est elle qui mitonne toutes les recettes traditionnelles familiales secrètement gardées. Deuxième coup de bluff pour vos amis : le restaurant a été entièrement rénové avec des palettes. Un esprit recyclé plutôt chic et épuré dans lequel il fait bon se poser. LA PALETTE, 9 RUE RONTAUNAY, SAINT-DENIS. TÉL : 0693 04 69 00 OU 0262 88 55 44. OUVERTURE : LUNDI, 11H - 14H30 ; DU MARDI AU SAMEDI, 11H - 14H30 // 18H00 - 22H30


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ART, CULTURE URBAINE ET MULTIMEDIA TEXTES GABRIELLE CHARRITAT, LIVY — PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

LE SEMESTRE DE LABELLE Installé à La Réunion depuis plus d’an et demi, le créateur sonore Labelle vient de sortir son premier album, Ensemble, empreint de toute la spiritualité et la démarche qu’il aime du maloya. “C’est un genre en constante évolution et c’est une manière d’aborder la musique, c’est un mélange d’influences indiennes, mozambicaines, malgaches” raconte le musicologue. Cette approche de notre patrimoine explique la surprise qui peut naître à l’écoute de cet opus. Ici ne s’entend pas le maloya produit aujourd’hui. On y retrouve le roulèr et le kayamb, bien sûr, mais ces derniers se mélangent avec une vingtaine d’autres instruments dont le vali malgache ou encore la kora d’Afrique de l’Ouest. Les premières pistes nous emmènent dans un univers dévotionnel indien pour s’en éloigner de plus en plus, nous guidant vers la transe poétique douce. L’album est un chemin sensuel et progressif qui fait écho aux influences techno minimales de son auteur. Celles-ci sont encore plus visibles dans son travail pour Trois tambours, un lion, le ciné-concert travaillé pour l’association Constellation. Des images naissent de la musique de Labelle et sa musique leur sied. C’est en ce sens et très grossièrement qu’on pourrait l’imaginer entre de l’ambiant de musique électronique et des musiques de films. C’est “sonoriquement contemplatif”.

Avec Ensemble, Labelle fait aussi preuve d’une maîtrise de sa technique. C’est léché, peut-être trop, même. Et cela donne envie d’entendre le second album, celui où l’artiste renforcé par un premier opus, se permet plus de libertés. Nous ne sommes pas les seuls à le suivre dans sa démarche puisqu’en décembre, il se produira pour la seconde fois aux Transmusicales de Rennes.

SUR LA TOILE...

LO GOU MON PÉI Cinq fruits et légumes par jour, c’est désormais possible sans excuse du genre “je n’ai pas le temps d’aller faire les courses, de passer aux fruits et légumes de mon quartier”. Eh oui parce qu’aujourd’hui, avec www.lescaissettesdana.fr, vos paniers de fruits et légumes sont directement livrés chez vous ou au travail. Moi, je dirai : voilà une belle initiative ! En plus, les produits proposés sont issus pour la plupart de l’agriculture réunionnaise et sont des produits de saison… On dit : “Merci, Ana !”

POUR LE PLAISIR DES PETITS ET PAS QUE Voilà un site tout doux pour les petits bouts de choux. Ici, on peut commander tout ce dont ils ont besoin. De belles créations made in Réunion : des couches lavables, des vêtements trop mignons, de la petite déco (coussins, petits paniers, pochettes…) et on peut même personnaliser ses produits. Alors, on n’hésite plus et on file sur www.lutindeziles.com pour commander un coussin personnalisé pour son bébé, son neveu, son cousin…

LONDON CALLING

ETES-VOUS EN DECALAZ ?

Elle est réunionnaise et vit à Londres. Elle est amoureuse de cette ville et nous fait partager ses plaisirs so british sur son blog www.reunionnais.co.uk et sur sa page Facebook Une Réunionnaise à Londres. Des bons plans, des bonnes adresses, des événements à ne pas rater et des interviews de nos compatriotes installés au pays d’Elisabeth ! Je suis complètement fan et je vous conseille vraiment de suivre Sarah dans ses aventures !

Un coup de cœur pour ce blog qui nous offre trouvailles et idées et qui nous raconte ce qui se passe autour de nous. De l’art pour parler d’artistes, de la mode et de la déco pour s’inspirer, de la cuisine à savourer, la planète Terre à protéger et des sorties pour bouger à La Réunion, et enfin une rubrique pour ne plus rater ce qui se passe dans le petit comme dans le grand écran. Et pour tout suivre, on se connecte à dekalaz.com, on s’abonne pour recevoir les articles et on aime la page Facebook.


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DESSINATEUR ÉCLECTIQUE

Hippolyte, dessinateur installé à Petite-Île, a plus de dix ans de carrière derrière lui. Le mois dernier sortait Les Ombres, chez Phébus. Une bande-dessinée où transpire beaucoup de sa sensibilité. Au début de l’année, Les enfants de Kinshasa, reportage dessin et photo, était sélectionné pour le Prix Albert-Londres. Nous sommes allés jeter un coup d’œil dans sa base de données d’images.

E

n livrant, après un an et demi de travail, Les Ombres, le dessinateur de BD Hippolyte dit “atteindre un aboutissement”. L’album de deux cents pages réécrit une pièce de théâtre de Vincent Zabus, scénariste de l’ouvrage sorti fin octobre. Hippolyte produit ici un dessin sensible pouvant se permettre de changer de styles graphiques pour illustrer l’émotion et la personnalité des personnages. Des êtres que l’on a privés de leur corps n’ont pas de trait de contour. Ils sont représentés juste à l’aide de la couleur. Si le héros se sent fort, ses muscles sont apparents, saillants, si, au contraire, il est désemparé, il paraîtra petit et frêle. Cette sensibilité est typique des illustrateurs, branche dans laquelle il débute sa carrière. Elle se retrouve dans la composition de ses images. Au début de l’histoire, un frère et sa petite sœur errent en forêt. Les branches vont soit les entourer pour former un cœur lors d’un câlin, soit les écraser quand leur peur est trop forte. Sensible donc, car le dessin sert ainsi la narration en permettant la fluidité de l’histoire. Pas besoin de long discours ou de scènes très violentes pour transmettre l’horreur de ce récit d’exilés en quête de la terre promise. L’aventure emprunte à l’imaginaire du conte et nous conforte dans l’idée que l’on n’a pas envie de croiser d’ogres. Hippolyte multiplie ainsi les références et les clins d’œil à d’autres univers graphiques, sans pour autant parasiter la fluidité de la lecture. Cela ne l’empêche pas de pourvoir jouer sur les ruptures d’ambiances avec une belle maîtrise des couleurs. Tout son univers de dessinateur se retrouve ici : comme si Les Ombres était un mélange de son travail de carte à gratter de Dracula, du style et de composition prattien (d’Hugo Pratt) qu’il revendique chez Le maître de Ballantrae et de la légèreté vaporeuse de ses

dessins d’illustration pour Le Chevalier au grand cœur. Il y aurait sans doute beaucoup encore à dire sur Hippolyte et son plaisir apparent d’utiliser des techniques mixtes. Rien que dans Les Ombres, il y a de l’aquarelle, du pastel, de l’acrylique, de l’encre, du crayon et même du stylo bille. Cependant, il faut aussi parler d’une autre actualité du dessinateur, qui a depuis L’Afrique de papa et Les enfants de Kinshasa, d’autres cordes à son arc, celui de reporter et photographe. Le second est une enquête publiée par la revue XXI et proposé pour le Prix Albert-Londres. Cette nomination a rassuré le dessinateur sur son travail : “C’est la première fois qu’un reportage en bande-dessinée était proposé et la revue XXI a produit énormément d’enquêtes de très bonne qualité, d’où ma surprise”, nous raconte t-il. Pour mener son reportage au sein d’une Église de réveil congolaise, il s’est infiltré en tant que prêtre jésuite. Ça n’a pas manqué, il a dû faire un prêche dans une église bondée. Moins sympathique comme anecdote, pour son départ, l’aumônier en chef de Kabila lui propose un repas. Sur un toit bondé, il se retrouve le seul à manger. “Quand on connaît toutes les histoires d’empoisonnement liées à ce personnage, c’est assez stressant comme moment”, lâche t-il. Cela ne l’a pourtant pas refroidi des histoires africaines. Avec Patrick de Saint-Exupéry, grand reporter et fondateur de la revue XXI, Hippolyte s’attaque au génocide rwandais. Ils sont partis pendant dix jours sur les lieux que celui qui déclenche les commissions d’enquête sur l’action de la France au cours de ces événements connaît bien. Il est au Rwanda en 1994 quand éclate ce qui, pour les occidentaux, n’est qu’un conflit ethnique africain de plus. Le fruit de cette collaboration devrait être visible en avril prochain.


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CULTURE POP

BANDES DE CONTREBANDE Lorsque l’industrie du disque, hypocondriaque compulsive, croit sa dernière heure arrivée, elle accuse, sans consulter, la saignée mortelle infligée par ce monstrueux parasite qu’est le pirate. Tapers et bootleggers sont de ceux-là. Qui sont-ils ? Des pirates, certes. Mais la plaignante ne dit pas tout. TEXTES JULDREAD

Quels que soient son époque et ses moyens, le pirate constitue pour l’industrie le virus mortel. Sur les ondes, sur la toile, sur bandes, K7 ou CD, il est l’indigne profiteur. Il doit payer ses crimes de lèse-majesté. Pourtant, de crime, il n’y a jamais eu. Au pire, une égratignure, la marque d’un changement d’époque. Passons vite sur la pure contrefaçon ou l’escroquerie. Ces pratiques, qui en français sont étiquetées par le terme “disques pirates”, sont la reproduction et la commercialisation illégale d’une œuvre dont on ne possède pas les droits. De la même façon, on n’évoquera pas ici la piraterie des ondes en son temps ou de la toile. Bien que, pour cette dernière, il est à noter qu’un récent rapport confirme qu’elle n’a pas d’incidence directe sur le déclin hypothétique de cette si fragile industrie. “Les preuves ne soutiennent pas l’affirmation selon laquelle il y aurait eu des baisses de revenus à cause d’une atteinte aux droits d’auteur sur Internet”, dit le résumé de l’étude de septembre 2013 de la London School of Economics. Une conclusion qui rappelle étrangement que le mastodonte a, à chaque fois, plus de mal à s’adapter à son époque et préfère agiter la bannière pirate à la manière d’un chiffon rouge.

BOOKER T Sound The Alarm Concord Music / STAX Ça fleure bon le B3 et la soul de Memphis. Booker T & The MG’s a connu l’âge d’or de Stax, pourtant c’est bien d’une cuvée 2013 dont il est question ici. The MG’s s’est estompé depuis des lustres, reste Mr T. On le sait, notre époque se plaît à barboter dans le vintage jusqu’à épuisement, pour le meilleur de temps en temps et pour le pire bien trop souvent. Le Sound The Alarm de Booker T Jones, le maître ès Hammond, n’est pas proprement dit une réussite sans être tout à fait un échec. Mêlant savoir-faire old school et ingrédients new soul, cet opus nous livre une copie mitigée. Là où les Dapkings, Sharon Jones ou Lee Fields font le taf, le Booker T et son Sound The Alarm restent un peu en rade. Dommage !

Par goût, nous évoquerons donc le plus romantique des disques pirates : le bootleg. Le terme, hérité des contrebandiers de la prohibition des années vingt, désigne des enregistrements d’artistes, à leur insu, qui n’ont jamais fait l’objet d’une exploitation commerciale. Acquis par un taper (personne pratiquant l’enregistrement pirate et amateur d’un concert) ou par une personne ayant accès aux studios ou consoles de mixage des artistes, l’enregistrement illégal est cédé, vendu ou volé et parvient jusqu’aux bootleggers qui assurent la reproduction de façon artisanale, parfois, mais quasi industrielle le plus souvent et en font l’exploitation commerciale. Il existe trois types de bootlegs : le concert, les répétitions et les out-takes (titres studios inédits). La qualité sonore de l’enregistrement fait la valeur du bootleg. Les sorties de consoles ou les bandes radio sont ainsi très prisées, par rapport aux bandes enregistrées depuis la salle. De même, les chutes de studios, morceaux inédits ou refusés par l’artiste ou la prod’ sont des objets de culte pour les fans. Il semble évident que les enregistrements pirates sont aussi vieux que l’industrie ellemême. Cependant, on estime que le premier bootleg, de par son impact sur l’establish-

ment musical, est le phénoménal Great White Wonder (1969) de Bob Dylan. Recélant des titres alors inédits enregistrés entre 1961 et 1967, cette production pirate entraînera en cascade pendant les décennies suivantes la sortie de bootlegs aujourd’hui mythiques de toutes les grandes figures pop-rock. Loin d’être un frein à la consommation de productions officielles, le bootleg remplit une fonction de complément pour les insatiables fans. Ce phénomène a forcé l’industrie à sortir de son apathie et de considérer les nouveaux besoins de ses consommateurs. On le voit, le pirate et son souffle libertaire font bouger les lignes, et forcent les pompeux pachydermes à une remise en question salutaire.

MIKE THE MIKE, LE PIRATE Mike The Mike, alias Mike Millard, a sévi au Forum de Los Angeles de 1974 a 1980 et y a collecté parmi les plus mythiques enregistrements du genre. Il se faisait passer pour un handicapé en cachant dans son fauteuil roulant son matériel. La démarche d’un taper est en règle générale désintéressée. Il s’agit d’un fan avide de pièces rares.

PANTHA DU PRINCE & THE BELL LABORATORY Elements of light

KONFAB, EL NINO, TABZ, LED PIPERZ, DPLANET, TEBZ Cape Town Effects

Rough Trade Records Les musiques électroniques peuvent tout se permettre, elles sont protéiformes. À tort ou à raison, cette impunité totale, mène parfois ses créateurs à produire des objets étranges, de temps à autres audacieux. Le projet Elements of Light de Pantha Du Prince & The Bell Laboratory est une belle création destinée à garnir le cabinet des curiosités de tout mélomane certifié conforme. Carillon de cinquante cloches, marimba, gongs, triangles, timpanis et autres objets vibrants à marteler y parsèment l’espace de traits lumineux projetés par de douces boucles technoïdes. Une jolie boîte à musique électronique de chevet.

Jarring effects, Pioneer Unit C’est à deux pas. Pas plus loin, du côté du Cap, à la pointe sud-africaine, que les défricheurs lyonnais de Jarring Effects ont établi un camp de base depuis plus de dix ans maintenant. Une décennie à tisser des liens avec la scène hip-hop et électro sud-africaine. Multiforme par essence, Cape Town rassemble deux labels, trois beatmakers, cinq musiciens, un vidéaste, parle afrikaan, anglais et xhosa. Un beau coup de projecteur sur une scène prolifique et innovante.


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CULTURE POP

UNE RADIO

Radio Caroline Comme la BBC refusait de programmer du rock sur son antenne, une radio pirate, Radio Caroline, a émis depuis des bateaux situés dans les eaux internationales en Mer du Nord dès les années soixante. Le film Good Morning England en a été en partie inspiré.

UN ANIMAL

Un chat Le chat Napster représente le pionnier des services de peer to peer à grande échelle, permettant aux internautes du monde entier de s’échanger des fichiers musicaux gratuitement. Le programme a été fermé en 2001 suite aux plaintes de l’industrie musicale… et notamment du groupe Metallica. Aïe.

DENIS DARZACQ CIE CIRQUONS FLEX

ANNE TERESA DE KEERSMAEKER

PIRATES BOUTIQUE

BATTLE DE L’OUEST FILMER LA DANSE DEFRACTO MYRIAM OMAR AWADI

ANTON LACHKY COMPANY MARINA ABRAMOVIĆ

ROBYN ORLIN JOSÉ MONTALVO CIE MORPHOSE KEVIN JEAN

UN FILM

Pirates En 1986, Roman Polanski réalise un des meilleurs films de pirates au ciné. Excellent parce que dans de superbes décors, avec de vraies aventures, et sans Johnny Depp en dreadlocks.

Voici un extrait du blog du Monde consacré aux sons perdus : “C’est rare qu’un live reste gravé dans la mémoire collective, disséqué par ceux qui y étaient et surtout par ceux qui n’y étaient pas. On a jeté assez de lauriers pas toujours mérités à Nirvana […] pour reconnaître que le concert furieux donné à Reading, en août 1992, était purement grandiose. Parce qu’ils se trouvaient, à ce moment précis, au sommet absolu de la vague qui s’éclatera deux ans plus tard avec le suicide de Cobain. Parce que vingt-cinq chansons, dont tout Nevermind, d’une traite, presque sans respirer, noyé dans les larsens et les poumons de 60 000 personnes, ça laisse des traces. Parce que c’est un des concerts le plus bootleggés de l’Histoire.”

PANAIBRA GABRIEL CANDA PASCAL RAMBERT

BATSHEVA ENSEMBLE www.theatreunion.re/totaldanse

www.regionreunion.com

2013 / PHOTO © DENIS DARZACQ / DESIGN GRAPHIQUE RÉMI ENGEL

UN DISQUE

Nirvana – Reading Festival ‘92


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DERRIÈRE LA PORTE

FUNÈBRE TOILETTE

Il est des moments où le monde tourne sans que l’on s’en aperçoive, où nos sentiments de tristesse nous coupent de la réalité. Confronté à la mort d’un proche, le concret nous semble lointain. Il est pourtant là, aussi bien pour les vivants que pour les défunts. Avant même d’être veillés, les corps doivent être préparés, soignés : c’est le métier des thanatopracteurs. BuzBuz a franchi le rideau de la chambre mortuaire, ou presque. TEXTE MURIEL WEISS — PHOTO ROMAIN PHILIPPON

M

étier de l’ombre, la thanatopraxie a la lourde tâche de prodiguer des soins aux défunts et de permettre ainsi une plus longue conservation des corps tout en atténuant autant que possible les marques du décès. “Rien de nouveau”, rappelle Eve Dess, thanatopractrice indépendante. “Depuis des siècles, les hommes cherchent à conserver les corps des morts. Certains les faisaient même bouillir pour rapporter au moins les ossements aux familles.” Les temps ont changé mais les problématiques restent les mêmes, surtout à La Réunion où de nombreuses familles veulent rapatrier leurs proches en Métropole. Or, en raison de la pression, le voyage en avion accélère la dégradation des corps. La loi est d’ailleurs assez confuse sur ce point : les soins sont obligatoires pour tous les rapatriements à l’étranger mais pas pour le retour en Métropole. Autre contrainte à laquelle Eve Dess doit faire face : la chaleur, qui favorise aussi la détérioration. Tout comme la corpulence : “Plus les personnes sont fortes, plus leurs corps se dégradent vite.” Il faut donc s’adapter et ajuster les doses de produits anti-bactériens. En pratique, la thanatopraxie consiste, dans un premier temps, à éliminer toutes les sécrétions corporelles, avant d’injecter un produit ralentissant la dégradation. Eve Dess privilégie, bien sûr, les soins des mains et du visage, souvent apparents plus longtemps. Mais là, rien ne sert d’imaginer comment elle manipule les membres des défunts ni quels instruments elle utilise : “Ce moment-là est intime, confidentiel. J’interdis même l’accès aux proches.” On saura juste que l’opération est moins délicate que la chirurgie esthétique, qui pouvait déjà nous sembler barbare. Et que, si un soin classique dure environ deux heures, dès lors qu’une reconstruction (avec de la cire et/ou du latex) est nécessaire (après un accident, par exemple), il faut compter quatre à cinq heures. Enfin, ne surtout pas oublier le pacemaker, s’il y en a un : son retrait est obligatoire pour toute inhumation ou crémation. Ces traitements permettent de garder une apparence décente pendant cinq à six jours. Avec des doses bien supérieures de produit anti-bactérien, on peut espérer maintenir le corps en état pendant une dizaine de jours. Ensuite, le processus de

décomposition commence, avec les odeurs

il est souvent une évidence. Certaines laissent

désagréables qui l’accompagnent.

même des consignes avant de mourir. C’était

L’étape suivante est moins violente : les dé-

notamment le cas de cette femme, particu-

funts sont habillés, “avec des vêtements rela-

lièrement sophistiquée, qui a souhaité que

tivement amples, si possible, car la manipu-

ses ongles d’orteils soient vernis…alors

lation des corps n’est pas toujours évidente”,

qu’elle portait des chaussettes et des bas-

explique Eve Dess qui apprécie ces moments

kets. L’anecdote fait encore sourire Eve, car,

de coquetterie, chers aux proches : “Ainsi, ils

pour elle, elle dénote bien l’importance de

retrouvent un peu de la personne disparue.

l’étape de la thanatopraxie : “J’ai le senti-

Elle part telle qu’elle était dans la vie.”

ment d’atténuer un tout petit peu la peine

Le maquillage constitue la dernière étape. Il

des familles.” Finalement, c’est moins pour

permet d’atténuer les marques de maladie

les morts que pour les vivants qu’Eve exerce

lorsque c’est nécessaire et, pour les femmes,

ce métier si particulier.



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SHOPPING CATHERINE GRÉGOIRE, LEÏLA PATEL - PHOTOS STÉPHANE REPENTIN

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SPORT

ATTENTION, NUIT GRAVEMENT AUX NUISIBLES Petit exercice d’agression pour débutant. Prenez Gandhi entre quatre yeux et chauffez-lui un peu les joues. Puis bousculez-le franchement : file-moi tes lunettes, le nain ! Succès garanti. Maintenant, recommencez l’opération avec une personne pratiquant le KOP. Ça risque de vous faire bizarre. TEXTES FABIEN LEFRANC — PHOTOS GWAEL DESBONT

A

près avoir tourné cinq fois sur elle-même, la lame vient se placer sous la gorge. “Vide tes poches ! Donne-moi ton blé, putain !” Il faut reprendre ses esprits et se focaliser sur la suite malgré la pression de l’agresseur. L’enchaînement doit jaillir au moment où il s’y attend le moins. Ecarter le couteau d’un bras et frapper de l’autre à la gorge. Deux, trois coups, pas plus. Puis désarmer ou prendre la fuite en restant hors de portée d’un revers de canif. Et vu que c’est de l’entraînement, remettre ça encore et encore jusqu’à ce que le geste soit rapide, précis, presque “naturel”. Le KOP est une méthode de défense adaptée à une pratique professionnelle ou à des situations de la vie courante. En gros, à des vigiles ou des civils. Le Krav opérationnel et professionnel - c’est son nom déplié n’est pas un sport. “Il n’y a pas de règle, précise Bruno Mira. Dans la rue, on est dans l’inconnu, on doit s’adapter à l’environnement.” Seul instructeur de l’Île en activité, Bruno a pratiqué le KOP pendant dix ans en Métropole. Souriant, le bougre est une sorte de balèze discret. Jambes arquées, il fait ses démonstrations tout en retenue et, pour s’être nousmêmes pris quelques petits chassés dans le genou, ça vaut mieux. Pour lui, “99 % des mecs qui t’agressent dans la rue sont hyper violents mais n’ont aucune technique.” Sur ce dernier point, répéter constamment les mêmes mouvements apporte un avantage. Ainsi qu’une bonne dose de confiance en soi. Par sa finalité, le KOP ne prétend à aucun esthétisme. “Il s’agit de sauver ta vie ou celle des autres, continue Bruno. Il faut être efficace. Si un mec pète un câble, je ferai tout pour le stopper, sans me préoccuper de sa santé.” L’un des premiers réflexes à avoir est de constamment garder les mains braquées devant soi, paumes en avant. “On garde une distance de sécurité et en cas d’attaque, on peut saisir, étrangler, frapper…” Les zones à privilégier : le visage, le cou et… le triangle génital.

Très bien, mais tout ça soulève quelques points de perplexité. Si le KOP n’est pas un sport, que fait-il dans cette page ? C’est juste que frapper dans un pare-haut pendant une minute puis enchaîner avec cinq séries de dix pompes, on trouve ça plutôt “sportif”. Ok, mais est-on obligés de se bastonner ? En fait, l’affrontement physique ne vient qu’en dernier recours. La fuite et la négociation font également partie de l’enseignement du KOP. Tenez, le meilleur moyen d’éviter un face-à-face risqué est encore de détourner l’attention de l’agresseur pour mieux prendre ses jambes à son cou. Par exemple, en lui lançant à la figure un trousseau de clés. Ou un BuzBuz. Ça lui fera un peu de lecture.

Les cours de Bruno Mira ont lieu deux fois par semaine, en soirée, le mardi à Saint-Gilles-les-Hauts et le jeudi au Port. Un stage de découverte se déroulera samedi 9 novembre, à Saint-Paul. Inscriptions et renseignements sur la page Facebook de l’EKOP Réunion ou sur le site www.ekop-reunion.com.


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délibérément inscrite dans tous les projets de la Région. La politique régionale de déplacement laisse une plus grande place aux transports en commun, avec le Trans Eco Express ou encore le développement des modes doux, avec la voie vélo. Depuis 2010, nous avons fait le choix d’ouvrir la route des Tamarins aux marcheurs, cyclistes... pendant une journée. Route Libre est une formidable occasion de réunir et de sensibiliser le plus grand nombre sur les changements de comportement, pour mieux préserver notre environnement et nos conditions de vie. Je vous invite à venir nombreux le 17 novembre. Didier Robert, Président de la Région

Dimanche 17 novembre 2013, de 8 h à 15 h À pied, à vélo, en rollers sur la route des Tamarins !


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EXTRAMUROS

REFLET D’UNE ÉPOQUE Située dans les Hauts de Saint-Denis, la villa Bossu est le reflet de l’esprit d’architecture moderne qui sévit depuis Le Corbusier et les années vingt. En 1970, l’architecte livre une maison de 180 m2 qui appartient à l’Histoire. Seule exigence du propriétaire : “Pouvoir asseoir à table une vingtaine de convives”. TEXTES GABRILLE CHARRITAT — PHOTOS STÉPHANE REPENTIN

E

n 2006, la maison conçue par Jean-Michel Bossu pour Issop Patel a été classée à l’inventaire des monuments historiques.

“La première villa moderne de La Réunion” a été construite en 1970 et porte tout l’héritage de l’architecte Le Corbusier. Lors de la conférence donnée à l’École d’architecture du Port le 20 septembre, l’architecte reconnaît cette marque de fabrique : “En libérant le plan et en sortant des formes rectangulaires, Le Corbusier a permis de créer des courbes.” Sur les façades de la maison, cela s’illustre par une alternance de vides et de pleins ainsi que de courbes et de lignes droites. L’architecte décrit ainsi “une forme complexe inspirée d’un double entonnoir.” À l’Est, trois chambres montées sur pilotis, autre marque architecturale de Le Corbusier, permettent ici de rattraper un terrain pentu. Elles s’ouvrent sur le paysage par de larges baies vitrées rappelant la fenêtre en longueur, quatrième point de l’architecture moderne établie par “Corbu” et Pierre Jeanneret en 1927. Deux des chambres sont séparées de la troisième par un boudoir accessible par un escalier donnant sur l’extérieur. La chambre principale bénéficie d’une vue sur l’Est mais aussi sur le Nord. Une grande partie

du travail de l’architecte a consisté à créer des perspectives sur l’horizon à partir d’un maximum de pièces de la maison. Ainsi, en sortant de cette chambre, on peut embrasser l’ensemble de l’habitation dans l’axe est-ouest (salle à manger – grand et petit salon – terrasse extérieure). Autre exemple : en arrivant dans le hall d’entrée par le sud, on aperçoit à travers le bâtiment la vue nord donnant sur tout Saint-Denis. Aussi bien sur les façades est et ouest, des ouvertures au sommet des baies vitrées permettent une ventilation naturelle. Jean-Michel Bossu apprécie le fait d’offrir par l’ensemble des grandes ouvertures plusieurs orientations de la maison. Ainsi, si un point de vue perd de son intérêt, le regard peut se porter ailleurs. Un des héritages corbusiens se retrouve bien sûr dans le béton armé qui constitue la maison, élément indispensable du “plan libre” puisque, grâce à la répartition des forces, l’architecte peut se débarrasser des murs porteurs. Bossu voulait laisser apparentes les planches de coffrage de 10 cm de large, brut de décoffrage en son sens propre, pour développer un effet de dégradé. Choix respecté par les premiers propriétaires mais aujourd’hui, la villa PK8 du Brûlé est recouverte de peinture blanche.


EXTRAMUROS

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PORTRAIT

KiLtirez-

VOUS ! Digne représentant du maloya, le groupe Kiltir reste avant tout une histoire de famille, emmenée par Jeannick Arhimann, alias Nono. Ce passionné n’est pas un simple musicien, c’est un puits de connaissance. Pas de doute, la relève est bien là ! TEXTE VICTORIA BANES — PHOTO ROMAIN PHILIPPON

Nono est animé par une âme, celle du maloya, dans laquelle il berce depuis son enfance. Des réunions de famille aux cérémonies de quartier à la ravine Sainte-Suzanne, cette musique accompagne le jeune garçon qui ne tarde pas à s’y essayer. C’est sur les conseils de son oncle qu’à l’adolescence, il décide de monter un groupe avec ses frères et cousins. Il apprend à panser ses maux avec sa plume, transmettant ses valeurs traditionnelles. “C’est un psy gratuit, pas chiant et toujours présent”, plaisante-il. Naissent ensuite leurs premières compositions. “On a vu une annonce pour un concours de jeunes talents aux Bambous, à Saint-Benoît. Il fallait trois chansons, ça tombait bien, on n’en avait pas plus ! On s’est inscrits et on a gagné la finale en 1996. C’est comme ça que l’on est passés de la kour à la scène en une soirée” se rappelle l’artiste de trente-six ans, technicien en électroménager au quotidien. Un single, un album et un clip ont découlé de cette victoire. Au fil des années, la formation a évolué au gré de la vie de chacun. Quand on lui demande de définir sa musique, Nono se lance dans de grandes explications aux multiples rebondissements et anecdotes. Avant tout, il défend l’identité réunionnaise et son éclectisme. “Il y a plein de façons de chanter et de pratiquer le maloya. Nous avons juste mélangé les styles. On l’a reçu de nos ancêtres et on le fait évoluer, on le remet au goût du jour, on le modernise”. Ne lui parlez pas de speed maloya, étiquette qu’on leur a attribuée, le terme britannique n’étant

pas légitime, ni en adéquation avec leur art de vivre. Car oui, Nono voit ses rythmes comme un art de vivre, nourri par les paroles et le respect de nos gramounes. “Si je vois un jeune voler le sac d’une personne âgée dans la rue et que, le lendemain, je le vois en train de jouer du roulèr avec ses dalons, ça ne colle pas. Le mec peut défendre un rythme ou une chanson mais pas le maloya

Une philosophie au quotidien qui est rassembleur au delà de nos différences. On peut raconter l’Histoire sans rancœur”. Cette philosophie, le groupe tente de l’appliquer au quotidien. Lors d’un festival en Zambie, les compères ont tenu à se rendre dans un centre de soins pour défavorisés géré par une sœur française. Ils ont passé une journée avec les malades et leur ont offert un petit concert. “On n’a jamais vécu de moments aussi forts, on était dans un esprit lontan.” Nono ne se contente pas de jouer et de chanter. Observateur et curieux, il étudie l’Histoire, et plus minutieusement celle de

son île et de la musique en général. Il aime passer du temps aux archives et dans les bibliothèques pour éplucher les écrits, les vérifier et les comparer aux paroles des anciens. Pendant ses tournées, l’ensemble du groupe rencontre des musicologues locaux pour découvrir leurs instruments et leurs influences. Pas étonnant que leur musique soit aussi riche et ouverte !

LEUR PLAYLIST

LORIZON KASÉ Baster

JE VEUX DU BONHEUR Christophe Maé

MASADA

Alpha Blondy

UPRISING Bob Marley

SOMIN GALISÉ Lo Rwa Kaf


KILTIR

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MICRO-TROTT'

QUELLE EST VOTRE MEILLEURE PUNCHLINE ? L’une des têtes d’affiches du Kaloo Bang cette année était Kery James. Le rappeur français fait cette année son retour dans les bacs. Et ce qui fait un bon concert de rap, c’est un public qui connaît les paroles. Alors BuzBuz est allé tester sa connaissance en termes de phrases de rap qui claquent. Des citations, bien sûr, mais aussi des textes originaux et même une impro. Attention, il vous manque le flow. TEXTES GABRIELLE CHARRITAT— PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

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1 - Jérôme, Yohan et Naïke Le savoir est une arme alors soyons armés. On n’est pas condamnés à l’échec. (Kery James, Banlieusard) 2 - Eladine My nigger, My rebeu / Vrai de vrai, dans le rap game y’en a trop peu / 9-4, je suis plus proche de Ferrara que de T-Pain. (Rohff, Wesh Zoulette)

3 - Victor O (artiste Kaloo Bang) Pas mizik mwin ni nam. Man paka fé soul, music till da vitory. (Lui-même) 4 - Eddy et Lorenzo Plus rien ne m’étonne, jusqu’ici tout va bien. (Booba, Jusqu’ici tout va bien) L’art de la cellule, j’pratique / Quelques techniques de Sellasié Haïlé, défouraille est la tac-tic / Beaucoup d’estime pour le bling-bling. (Booba, Strass et paillettes) Laisse pas traîner ton fils. (NTM, Laisse pas traîner ton fils. Quand même…, ndlr)

5 - Christophe (Double Shut Killer) Parce qu’on ne peut compter sur personne, je repose tout sur moi-même / Il y a des traîtres parmi nous. Certainement avec qui tu traînes. (Lui-même) 6 - Sarah, Juliana, Laura et Maren Deine Augen machen / Bling-Bling und / Alles ist vergessen. (Peter Fox, Deine Augen Machen Bling-Bling)


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7 - Tony Tso (Kolektif Sud) 974 Baya / 974 Ter là / 974 Mouflage / 974 Qualité / 974 Balade. (Adaptation de Kery James, 9-4) 8 - Lehr Je fais du propre / J’envoie du lourd / Wash In Tone. (Lui-même)

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9 - Stéphane Ici on s’casse les dents pour pas grand-chose / J’vois la vie en rouge parce que les flaques de sang sont rarement roses. / C’est la vie d’la ue-r / J’pense à l’époque où nos mères fuyaient les dictatures / Merde on est immatures. (Jazzy Bazz, 64 mesures de spleen) 10 - Sofia J’rappe tellement bien qu’on dit que j’rappe mal. (Kery James, Le retour du rap français)

11 - Natïne Aussi loin que je me rappelle quand je remonte en arrière (…) / Et les amis fidèles se font aussi rares que les “Je t’aime”. (La Fouine feat Zaho, Ma meilleure)




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MALADIE D’AMOUR

Même lorsqu’on est amoureux, que tout va bien, se prendre la tête est une manie. Célibataire, on se plaint encore. On n’est donc jamais content, et tout est sujet à remises en question, à interrogations existentielles, bref, aux nœuds à la cervelle. À la base, c’est pourtant bien, d’aimer. Serions-nous devenus fous ? TEXTE ANNE ROCHOUX, VIRGINIE TRESSENS, LOÏC CHAUX — PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

ALICE & GAUTIER


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COCHER

“C’EST COMPLIQUÉ” POUR DÉSIGNER SA SITUATION AMOUREUSE SUR FACEBOOK, LA GARANTIE D’UNE BONNE ENGUEULADE. MÊME SI ÇA L’EST.

JOHNATAN & MAEVA

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’est compliqué”. Dans le formulaire d’inscription à Facebook existe cette proposition, quand il s’agit de décrire sa situation amoureuse : “C’est compliqué”. “En couple”, “Divorcé”, “Célibataire”, “Veuf” ou… “C’est compliqué”. Marc Zuckerberg, jamais le dernier pour prévoir les évolutions sociales, a senti la chose : la vie amoureuse de ses contemporains ne se divise plus en célibataires/en couples ; il y a cette zone grise, compliquée, donc. On a alors demandé, au hasard, à un ami Facebook, pourquoi il avait coché le fameux et obscur “C’est compliqué”. “Parce que c’est compliqué”, nous a-t-il répondu, le fourbe. Allons un peu plus loin ? “Je suis avec quelqu’un, mais on se prend souvent la tête, on se sépare, on se remet ensemble, ça fait des mois que ça dure.” Ouais, ok, c’est compliqué, donc. Racontez-ça à mamie, elle vous rira au nez. Nous, ça ne nous fait pas rigoler, on est en plein dedans. Alors, question : mais pourquoi, nom de nom ? D’abord, revenons à cette histoire de Facebook. Comme si on n’avait déjà pas assez de raisons de s’engueuler, Zuckerberg, ce gros malin, en a rajouté. Notre copain Facebook – celui des lignes précédentes –

le confirme : “Ouais, je te cache pas que, quand j’ai coché “C’est compliqué” sur mon profil, je me suis fait engueuler. On n’avait pas besoin de ça…” L’apparition des réseaux sociaux a compliqué la donne. S’ils sont un bon moyen pour choper, ils sont aussi une sacrée cause d’énervements. Une étude réalisée en Angleterre, en 2012, révélait que Facebook était responsable d’un divorce sur trois. Sans déconner. Paraît même qu’il serait la cause d’états dépressifs chez les célibataires, chafouins de se voir imposer les images dégoulinantes de bonheur de leurs amis. Si ces affirmations sont à relativiser sans doute, on tient là, peut-être, une première réponse à notre questionnement : Facebook a accentué le bordel. Solution ? Quand on est en couple, planquer les identifiants de sa vie électronique. Géraldine*, ça ne lui va pas : “Un petit regard de temps en temps vite fait, ça n’a jamais tué personne… Et puis je n’aime pas être au courant en dernier, si tu vois ce que je veux dire…” Arnaud, lui aussi en couple, pense l’inverse : “Oui, sinon, on fouillerait toutes les trois minutes !“ Son amie, Lisa, nuance : “Si on a des doutes, qu’on demande en face le portable de l’autre et qu’il commence à se bloquer en refusant, ce n’est pas rassurant. Si on a rien à


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cacher, où est le problème ?“ Julien* complète : “Ton conjoint, il a pas à tout savoir. Même si je n’ai rien à cacher, non, je ne montrerai pas mes mails ou mon portable. Et ça ne me viendrait jamais à l’idée d’aller fouiller. Sans un minimum de confiance, tu ne vas pas bien loin.” Notons quand même que Julien est célibataire. Marie sera la plus sensée (elle est en couple depuis huit ans, ceci explique sûrement cela) : “C’est bien de garder une part de mystère. L’intimité, oui, mais la proximité excessive, la transparence, peuvent amoindrir le désir et banaliser la relation.” Ce que ces histoires d’Internet cachent, c’est surtout que le principal problème est la confiance, donc, la crainte de l’adultère. Il est là, LE souci. Sabine est mariée depuis quatorze ans : “La tromperie est difficile à pardonner. Quand on apprend que son mari a une vraie relation amoureuse avec une autre femme, c’est un scud qu’on se prend dans la tête. Même après des années, c’est encore très douloureux d’y repenser.” Lisa, plus jeune et en couple depuis moins longtemps, semble moins inquiète : “C’est grave, mais c’est pardonnable. La vie a fait que j’ai vécu cette situation. Avant, je n’aurais

jamais dit que j’aurais pu pardonner. Mais on ne sait jamais tant que l’on n’a pas vécu la situation. C’est pardonnable s’il y a un vrai changement après.” Il semble aussi que cela n’a pas toujours été grave. Margueritte*, veuve de quatre-vingt-deux ans, en sourit. Elle dit “n’avoir connu qu’un homme”, n’avoir jamais fait “de bêtises.” Et son mari ? Elle rit, encore : “Sûrement, mais je ne l’ai jamais su ! Il a toujours travaillé, été gentil avec moi et les enfants, c’est le plus important. Les jeunes, ils font des histoires avec ça… Beaucoup de maris le font, c’est comme ça.” [ENTRACTE ANIMALIER] Lors de l’accouplement chez les porcsépics, le mâle tente une approche auprès de la femelle en frottant son museau contre elle. S’il n’est pas rejeté, il se dresse sur ses pattes arrière, propulsant sur elle un long jet d’urine, l’inondant totalement. Elle peut alors décider de s’en aller et trouver un autre partenaire ou présenter son arrière-train, dénué de pointes, à son prétendant. Celui-ci pourra même, pour plus de confort, la mettre sur le dos. La femelle porc-épic n’ayant envie de se reproduire que

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douze heures par an, elle profitera de ce moment au maximum, forçant le mâle à copuler jusqu’à épuisement, avant de le repousser énergiquement. Elle donnera naissance, trente semaines plus tard, à un seul bébé porc-épic. [FIN DE L’ENTRACTE ANIMALIER] Margueritte nous dit en fait que le curseur de “gravité” s’est déplacé dans le temps. Ce qui était grave à une époque l’est moins. Du moins, on mettait un petit mouchoir sur ce qui tracassait. Margueritte précise : “Divorcer nous paraissait impossible. Nous nous mariions jeunes, et pour toute la vie. Mes parents n’auraient jamais accepté que je divorce, et cela aurait été très mal vu par ma famille, mes amis. C’était impossible à imaginer.” O tempora, o mores, disait Cicéron. Jérome Banswyck, sexologue à Saint-Pierre, est d’accord avec ce bon vieux Romain : “Les structures familiales et sociales on changé depuis les années soixante, soixante-dix. La tradition faisait que dans l’esprit des gens, ce n’était que les hommes qui avaient envie de faire l’amour, les femmes avaient un statut d’épouse qui leur suffisait. Ce n’est plus le cas.” Aujourd’hui, les séparations, les amours multiples dans une vie, les

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divorces, plus personne ne s’en émeut. Et finalement, ça forge. Stéphane a été marié deux fois : “Après deux unions, trois enfants et deux séparations, je suis à nouveau en couple depuis plusieurs années, mais je n’ai plus la même vision qu’il y a trente ans. Avant, je pensais que l’on pouvait vivre avec quelqu’un de très différent de soi, et que l’attirance physique suffisait pour rester ensemble. Aujourd’hui, au risque de paraître réac’, je suis persuadé que c’est avec quelqu’un d’âge, d’éducation, de milieu socioculturel et de centres d’intérêt similaires qu’on a le plus de chances de rester longtemps en couple. On peut être attiré par l’exotisme de la différence au début d’une relation, mais ce sont ces mêmes différences qui seront plus tard les causes de la séparation. Passé le charme des premiers mois, il faut avoir de bonnes raisons de rester avec l’autre.” La solution à nos soucis serait-elle dans la multiplication des expériences dans une vie ? Demandons donc à une experte. Leïla, la patronne de la boîte échangiste Baisers sucrés, à Saint-Pierre. Les expériences, elle connaît, elle voit. Et elle est catégorique : “Un couple qui pratique

ON PENSAIT QUE SEULS LES HOMMES AVAIENT ENVIE DE FAIRE L’AMOUR, LES FEMMES N’ÉTAIENT QUE DE BONNES ÉPOUSES. C’ÉTAIT AVANT, HEUREUSEMENT.

ELSA & UGO


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LUCAS & LYDIE

l’échangisme ne divorce pas.” Ah, voilà autre chose. On ne pensait pas forcément à plusieurs expériences en même temps, mais soit. On tient la recette miracle, alors ? “Il y a des couples qui, pendant vingt ans, ne voient rien d’autre que leur partenaire. À force, le fil, il casse. Parce que tout le monde a envie, à un moment ou à un autre, d’aller voir ailleurs. Alors, ils peuvent tromper, faire ça en cachette, ou bien en discuter, et passer au libertinage. Moi, je ne vois que des couples qui sont très amoureux, qui se font confiance, qui vont au bout de ce qu’ils ressentent. Je ne dis pas que l’échangisme règle tous les problèmes ; mais je vois, en tous cas, que ça marche.” Allez, détendons-nous un peu. L’infidélité est certes une des principales raisons de se prendre la tête, mais pas la seule. Il y a plus léger. Stéphanie* est célibataire, elle dit pourquoi : “Je suis libre ! Être célibataire, je ne dis pas que c’est toujours simple, surtout lorsque en soirée, les potes se pointent tous en couple, ou que lors des réunions de famille, on te demande quand est-ce que tu vas te caser. J’ai l’impression que, passé un certain âge, il faut être accompagné. Franchement, quand je vois les couples qui s’engueulent, quand je

vois mes amies qui reçoivent quinze textos en soirée parce que leurs mecs leur demandent ce qu’elles font, ça me rend dingue. Je sais bien que je ne passerai pas ma vie seule, mais pour l’instant, j’ai l’impression d’avoir beaucoup moins d’embrouilles dans ma situation…” Julien ajoute : “C’est quand même bien mieux vu à notre époque qu’à celle d’avant, d’être célibataire à trente ans. Les potes te chambrent, mais quand leurs moitiés ne sont plus là, ils sont les premiers à te dire que parfois ils t’envient. Mon père, il est parti de chez lui, il s’est marié. Moi, je vis seul depuis des années, ce n’est pas subi, c’est un choix, et j’aurai le temps de me caser. Je préfère d’abord trouver une situation professionnelle stable, la priorité est dans mon boulot. J’ai assez de soucis comme ça pour me mettre dans la tête des emmerdes de vie en couple…” Par emmerdes, entendons “broutilles débiles sur lesquelles on se prend la tête alors que c’est parfaitement ridicule.” “Vivre en couple, c’est essayer de résoudre à deux des problèmes que l’on n’aurait jamais eus tout seul”, disait Guitry. Ainsi, doit-on souvent se dire “Je t’aime” ? Arnaud : “Il faut le dire, mais pas mille fois par jour. Pas en


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APRÈS TROIS ANS DE DÉLIRE AMOUREUX, IL FAUT PASSER À L’AMOUR, LE VRAI, ET C’EST UN DÉFI.

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EMMANUEL & CÉLINE


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SOCIÉTÉ

IL NOUS FAUT UNE SOLUTION MIRACLE. LES BISOUS, LES DESSINS, ET UN BON GOÛTER.

mode “syndrome Gilles de La Tourette.”” Géraldine est moins romantique : “L’autre doit te le dire tout le temps, c’est vachement rassurant, jusqu’au jour où ça t’ennuie” Doit-on discuter quand l’un des deux est aux toilettes ? “Ah non, tu mets la musique à fond et tu ne fais pas une conférence de presse surtout dans un studio !” s’écrie Arnaud. “Juste trois mots vite fait s’il y a urgence…”, complète sa moitié. Doiton se tenir par la main ? “Grave, et se rouler des patins en public histoire de marquer son territoire”, pour Géraldine. Mais au fait, ces questions-là ont-elles un réel intérêt ? Jérôme Branswyck en rit : “La plupart du temps, ce sont des broutilles. Pendant les trois premières années, on est en état amoureux. C’est une sorte de délire, on voit l’autre parfait, et on tolère. Mais ensuite, le niveau de tolérance diminue, et on peut s’énerver pour des choses sans aucune importance. Ce qui m’étonne toujours, ce sont ces couples qui viennent me voir, qui se disputent sur des choses futiles, mais qui laissent passer les choses importantes. Ils peuvent se parler n’importe comment sans que cela ne gêne personne.” Alors, sommes-nous devenus fous ? Le Dr Branswyck n’en est pas à l’affirmer. Mais... “On est aujourd’hui moins asservi à une image sociale

(l’idée qu’il faille fonder une famille, ndlr). Chaque personne veut son épanouissement personnel, nous sommes devenus plus individualistes, plus exigeants, on a plus de mal à trouver ce qui nous convient. On est en fait devenus moins tolérants aux frustrations, la durée de vie d’un couple a du coup diminué.” Et finalement, sommes nous moins heureux aujourd’hui ? “Disons qu’on a la sensation d’être heureux. Cette idée de l’état amoureux qui dure trois ans, cela inclut qu’ensuite, il faut passer à autre chose, l’amour, le vrai. Or, les gens préfèrent ressentir cette sensation, ces fameuses premières années. Le problème, c’est qu’au fur et à mesure, il dure ensuite de moins en moins longtemps. On est sans cesse à la poursuite d’un bonheur immédiat, et je ne peux pas vous assurer que cela nous rend plus heureux.” La solution ? “Communiquer, et sur tous les sujets. Il faut que les gens se parlent. Les problèmes, sinon, vont prendre beaucoup d’importance, et ça va exploser au bout d’un moment.” Ne nous prenons donc pas la tête. Et concluons avec un expert, Anthony. Il a sept ans. Quel est donc son secret pour une vie amoureuse épanouie ? “Je fais des bisous et des dessins. En échange, j’ai des bisous, et des Oréo.” C’est pourtant simple.

* Prénom d’emprunt

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CARNET DE VOYAGE

DANGER ZÉBU

Quelques jours avant les événements dramatiques de Nosy Be, BuzBuz était à côté, pour toute autre chose : le marathon de Diego. On ne vous cache pas que l’ambiance était plus détendue. On en a fait un abécédaire. TEXTE LOÏC CHAUX — PHOTOS ONTM*

A

G

N

R

V

comme… A La lettre la plus utilisée à Madagascar. Un des concurrents s’appelait d’ailleurs Alfred Andriamanantsoa.

comme… Gourde Votre serviteur, qui a suivi la course à vélo, n’en avait pas. Compliqué tout court.

comme… Nouvel Hôtel Une des deux boîtes de Diego, qu’il ne faut évidemment pas fréquenter la veille d’un marathon. Sauf quand on le fait à vélo. Et encore, c’est pas simple.

comme… Ramena Le parcours du marathon était un aller-retour entre Diego et la plage de Ramena, limite paradisiaque.

B

comme… Hélicoptère Y en avait pas. Le marathon de Diego, c’est pas le Tour de France.

comme… Vélo Notre monture pour suivre la course, prêtée gracieusement par un ami malgache. Les freins ne marchaient plus, les vitesses passaient mal, la selle était tape-cul et le pneu arrière était à plat.

comme… Brûlant 35°C à l’ombre, mais pas d’ombre. Sur le marathon de Diego, il a fait chaud.

H

W comme… Wawa Le Johnny Hallyday local, paraît-il, le roi du salegy. Il a donné un concert à Diego la veille de la course, il a passé la nuit à sauter et à chanter avant de recommencer le soir suivant. Une sacré santé, ce Wawa.

X comme… Xylophone C’est pas facile, les noms en “x”.

C

I

comme… Chaussette La plupart des Malgaches ont couru en chaussettes. On a demandé à l’un d’eux pourquoi : “Pieds nus, la route nous aurait brûlé les pieds.” Evidemment.

comme… Île On n’a pas trouvé mieux. Rappelons donc que Madagascar est une île.

D comme… Dénivelé Certains coureurs ont vérifié, le marathon de Diego offrait un dénivelé de 1000 m. Pour un marathon, c’est beaucoup.

E comme… Eau Les ravitailleurs prévus pour le chemin du retour on donné de l’eau sur le chemin de l’aller. En fin de course, les coureurs ont eu un peu soif.

F comme… Frein Votre serviteur, qui a suivi la course à vélo, n’en avait pas. Compliqué dans les descentes.

J comme… Jogging Le dernier du marathon a terminé en 5h38’. Une allure de joggueur.

K comme… aucune idée

L comme… Local Le local de l’étape a fait ce qu’il a pu, il n’a pas pu revenir sur le vainqueur final, originaire de Tana.

M comme… Malgache Malgré la présence de quelques étrangers, dont des Réunionnais, les Malgaches ont été les plus forts.

O

S

Y

comme… Odeur À la sortie de Diego, une usine qui met du crabe en boîte dégage une odeur insupportable. On a vu des coureurs passer en apnée.

comme… Sel L’atmosphère en était saturée, les lèvres des coureurs ont fini blanches.

P

comme… Temps Le vainqueur a terminé en 2h49’. Vu le parcours, une sacrée performance.

comme… Yraira Ariary, à l’envers, la monnaie malgache. Ça fait plein de billets, sachant qu’un euro vaut 2 700 ariarys, et que le plus gros billet est celui de 10 000 ariarys.

comme… Pain de sucre Un rocher au milieu de la mer que les coureurs on longée. Interdiction formelle d’y aller, il paraît que c’est sacré.

Q comme… Question C’est quand qu’on y retourne ?

T U comme… Urine Sur le parcours, un monsieur en train de faire pipi nous fait coucou pour nous encourager. Il s’en est mis plein les pieds.

Z comme… Zébu Il y en avait tout le long du parcours, et de temps en temps, ils décidaient de traverser la route. Sans frein, dans les descentes, il a fallu leur chanter des chansons pour leur faire peur.

* NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL N’AYANT PAS ÉTÉ FICHU DE RAMENER UNE PHOTO POTABLE.



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MODE MAQUILLAGE FLORENCE DELAUNAY // STYLISME CATHERINE GRÉGOIRE // PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

THOMAS Sarouel jean Santiago Humör - Et Alors T Shirt Denim Tom Tailor - Avant Première Montre chrono All Gold Nixon, basket montante Pilot Supra - Streets Wear


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ÇA SE PASSE LÀ-BAS

LAISSEZ PARLER LES PETITS PAPIERS Délicat, léger, et pourtant si résistant, le papier se plie à des fantaisies architecturales étonnantes. C’est le coup de cœur de BuzBuz au Salon Maison et Objet de Paris. TEXTE ANNE ROCHOUX

MAIS QU’EST-CE QUE C’EST ? Il s’agit de drop paper, du papier plié et collé, offrant une étonnante stabilité. L’exemple le plus étonnant de la collection est la table Honeycomb créée par la société Procédés Chénel international. Il s’agit d’une structure en nids d’abeilles ajourée hyper stable, conçue avec du papier plié et collé, qui laisse filtrer la lumière et accueille un plateau de plexiglas au dessus. Cette réalisation, déclinable en trois diamètres et trois hauteurs, a obtenu le Trophée Découverte décerné par L’Archi Design Club, au Salon Maison et Objet, en septembre.

À QUOI ÇA SERT ? Ce principe permet de réaliser des meubles, des murs, des séparations, des rideaux, des luminaires, des paravents géants, des faux plafonds... C’est léger, solide, et déclinable en couleurs. D’OÙ ÇA VIENT ? C’est la société française Procédés Chénel international, installée à Vanves, et créée en 1896, qui a mis au point la technique. Depuis sa création, cette entreprise, demeurée familiale, développe, produit et distribue dans le monde entier des techniques et matériels de décoration.

POURQUOI ÇA PLAÎT ? Parce que c’est épuré et aérien, le papier jouant en permanence avec la lumière. En prime, les créateurs s’orientent désormais vers des solutions respectueuses de l’environnement, dont certaines, comme le drop seat, un fauteuil éco-design réalisé avec des déchets de papier, permettent de donner une deuxième vie au papier. ET À LA RÉUNION ? Architectes d’intérieur, créateurs d’événements ou lecteurs amoureux du design peuvent se procurer ces produits (www.chenel.fr), qui voyagent pliés, et, ne pèsent pas lourd : 50 m2 déployés = 5 kg de papier.



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MA BULLE

KABARDOCK : NOUVELLE DONNE Relookée, rénovée, agrandie, la scène musicale portoise rouvre ses portes avec des conditions d’accueil optimisées. BuzBuz est allé prendre la température de ce Kabardock nouvelle génération auprès de son directeur, Stéphane Rochecouste. TEXTE ANNE ROCHOUX – PHOTOS GWAËL DESBONT

MON OBJET FÉTICHE


MA BULLE

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L’INTERVIEW EXPRESS

MON MEILLEUR SOUVENIR “Le concert de Mouss et Hakim, de Zebda.”

Votre coin favori ? Notre café concert, sans hésitation aucune. Pour la proximité et l’atmosphère qu’il génère du fait de son rapport scène-salle, pour l’aménagement de l’espace, et pour le travail mural de Lionel Lauret. Parlez-nous un peu de l’histoire du lieu. Avant d’être réhabilité en scène de musiques actuelles en 2004, le Kabardock était un cinéma pour adultes. Le côté cocasse de l’histoire est que, finalement, ce lieu a toujours eu pour fonction de faire exulter nos corps... Qu’est-ce qui va changer avec la récente rénovation ? Nous avons surtout porté notre attention sur l’amélioration des conditions d’accueil des artistes et du public, ainsi que sur les conditions de travail de l’équipe. La salle est désormais dotée d’un système de climatisation adapté. Public et artistes évolueront donc dans des conditions d’accueil optimales. Les artistes profiteront d’un nouvel espace loge et lieu de vie, tandis que l’équipe réinvestit des bureaux nouvellement agencés. Ceci a été rendu possible grâce au soutien et à l’accompagnement de la Région Réunion et de la Ville du Port. Un chantier demeure : l’aménagement du bar extérieur de la grande salle. Cela ne sera envisageable qu’en 2014, sur la base d’une nouvelle recherche de financement. Que vient-on écouter/vivre ici ? Avec Nathalie et Julien - nos deux programmateurs - et l’ensemble de l’équipe, nous avons à cœur de proposer au public une programmation riche et éclectique. Qu’il s’agisse de la scène électro, de world ou de jazz, nous tenons à inviter des artistes qui ont un talent et un propos à partager, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs... Mais surtout, à nos yeux, le concert reste un moment de plaisir à vivre. Quels artistes auriez-vous envie de recevoir ? La liste de mes envies serait trop longue à dresser. Mais on ne travaille pas en tenant compte uniquement de nos goûts personnels, on s’attèle à proposer chaque saison une programmation en adéquation avec nos missions, et surtout nos moyens. Si je me laisse aller à rêver, j’inviterais Daft Punk, U2 ou encore Radiohead. Qu’aimeriez-vous que le public emporte avec lui ? Un sourire à la commissure des lèvres ! Votre CD du moment ? Je revisite le répertoire de Georges Brassens. Et de manière un peu plus festive, Major Lazer. Qu’est-ce-qu’on ne pourra jamais écouter au Kabardock ? Frédéric François en duo avec Franck Mickael.


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CULTURE G TEXTES LOÏC CHAUX – PHOTOS DR

Le plus vieux film pornographique encore visible date de 1896. Il s’appelle “Le coucher de la mariée”, et a donc été tourné… un an après l’invention du cinéma. Le record du monde de bière absorbée en cinq minutes est de cinquante litres. Il est détenu par un Allemand, depuis 2012.

En 2008, Rachida Dati a poursuivi en diffamation un avocat de Saint-Pierre qui, lors d’une plaidoirie, avait affirmé qu’elle avait bidonné son CV. Elle a été déboutée.

CU

L

On est sans nouvelles d’Alan depuis janvier 2011.

T

UR

E

G

Pour faire les malins devant les amis, voici quelques infos qui vous donneront la classe dans les discussions.

Au début du siècle dernier, on produisait des huîtres à l’Etang-Salé. Petites et sans goût, elles n’ont jamais eu de succès.

Jackson Richardson a déjà joué à la pétanque avec Charles Barkley.

Lors de sa nomination en 1976, Monseigneur Aubry était le plus jeune évêque de France, à trente-trois ans.

En Yagan (langage de la Terre de feu), Mamihlapinatapai veut dire, à peu près : “regard partagé entre deux personnes dont chacune espère que l’autre va prendre l’initiative de quelque chose que les deux désirent mais qu’aucun ne veut commencer.”

En 2007, un letchi de Sainte-Rose a été envoyé en orbite autour de la Terre par une fusée russe. Aux dernières nouvelles, il tourne toujours.



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AGENDA

OK, JE SORS On se dirige tout droit vers la fin d’année, et, évidemment, avec le retour des beaux jours, ça va envoyer du gros. Et on ne parle même pas de Noël ni du Nouvel an.

SPORT

ODYSSEA C’est tout simplement le plus grand rassemblement sportif réunionnais. Cette année encore, ils devraient être pas loin de dix mille coureurs à s’habiller de rose pour sensibiliser la population à propos du cancer du sein. LE 3 NOVEMBRE, À L’ETANG-SALÉ (FORÊT DE L’ETANG-SALÉ)

MODE

BOUTIQUE ÉPHÉMÈRE On vous avait bien dit, dans un précédent BuzBuz, que les boutiques éphémères allaient débarquer sur l’Île. Ça m’est égal !, Marabout’chou, Ckomça et Brindille Brand se lancent donc dans le concept. C’est ouvert à tous, plein de jolies créations et ça dure deux semaines. DU 4 AU 17 NOVEMBRE À SAINT-GILLES-LES-BAINS (HÔTEL BOUCAN CANOT)

MUSIQUE

MAXIME LE FORESTIER Né quelque part, San Francisco, Mon Frère… Outre ses superbes hommages à Brassens, Maxime Le Forestier a quand même chanté de sacrément belles chansons. Si vous avez 50 euros de côté, allez le voir.

SÉRIE TV

LE 7 NOVEMBRE AU TAMPON (THÉÂTRE LUC-DONAT)

DEXTER Pour les petits malins qui n’auraient pas triché sur Internet, c’est le dernier épisode de Dexter. Saison 8, épisode 12 ; après, c’est fini. Il va nous manquer, ce tueur en série.

EXPOSITION

ANNIVERSAIRE DE CASA SABA La boutique saint-pierroise a dix ans, a fait des travaux, et pour fêter tout ça, organisera deux expos coup sur coup. La première exposera le travail de l’incontournable Jace ; elle sera suivie d’une mise à l’honneur de Julie Revers dont le travail de plasticienne est vraiment à voir. DU 9 AU 30 NOVEMBRE, JACE, À SAINT-PIERRE (CASA SABA) ; DU 6 AU 28 DÉCEMBRE, JULIE REVERS, À SAINT-PIERRE (CASA SABA)

ARTS PLASTIQUES

BIENNALE DES ARTS ACTUELS Encore une fois, l’association Antigone va faire venir du monde entier des artistes à l’œil aiguisé. Comme d’hab’, ils seront autant de visions différentes en résidence avec, en point d’orgue, ce mois d’expo. On a aimé à chaque fois y aller. DU 16 NOVEMBRE AU 15 DÉCEMBRE AU PORT (MAGASIN D2)

LE 18 NOVEMBRE, SUR CANAL+ RÉUNION


DYNAMISER L’ÉCONOMIE ET PROMOUVOIR L’ÎLE

LA RÉGION SOUTIENT LES TOURNAGES DE FILMS À LA RÉUNION

“ www.reunionterredimages.re

Faire connaître La Réunion par l’image mais aussi dynamiser le secteur de l’audiovisuel en encourageant et en accompagnant la réalisation de courts et longs métrages, de spots publicitaires, de documentaires… c’est délibérément sur ces choix que s’engage l’action de la Région dans ce domaine. Didier Robert Président de la Région Réunion


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AGENDA

GASTRONOMIE

BEAUJOLAIS NOUVEAU Plusieurs bars réunionnais ont promis de fêter l’arrivée du meilleur pinard du monde, le seul en tous cas qui a un goût de banane. LE 21 NOVEMBRE DANS TOUTE L’ÎLE

ARTS PLASTIQUES

WONDER BAZART Trois jours d’ateliers où des artistes montrent comment faire intelligemment de la récup’. Ça va bricoler sévère avec une règle : chaque œuvre devra être réalisée avec au moins 60 % d’éléments de récupération. DU 22 AU 24 NOVEMBRE, À SAINT-PAUL (EXPOBAT)

MUSIQUE

WAX TAYLOR Wax Taylor et ses platines fait un petit tour à La Réunion. Wax Taylor, c’est juste un peu la classe. LE 22 NOVEMBRE À SAINT-PIERRE (LE KERVEGUEN), LE 23 NOVEMBRE À SAINT-DENIS (LE PALAXA), LE 24 NOVEMBRE AU PORT (LE KABARDOCK) MUSIQUE / DANSE

EUFORIA

HUMOUR

SAINT-DENIS DU RIRE

Après la Be There, les mecs de Crazy House Production lancent Euforia. C’est toujours au golf du Bassin Bleu, ça promet d’être toujours plus festif et bien scénographié. En plus du retour de Nicox, notons la venue de Monika Kruse, Ramon Tapia et Joachim. Entre autres : il y a toute une nuit à tenir.

Les TLK (pour Teat la Kour) organisent le premier Saint-Denis du rire, une soirée ayant pour but de révéler les nouveaux talents humoristiques réunionnais. Ça fait des semaines que ces jeunes gens sont coachés par les TLK, la soirée devrait être pas mal, puisqu’elle annonce, en plus, des surprises. Chouette, on va se marrer

LE 13 DÉCEMBRE, À SAINT-GILLES-LES-HAUTS (GOLF DU BASSIN BLEU)

LE 14 DÉCEMBRE À SAINT-DENIS (STADE DE L’EST JEAN-IVOULA) THÉÂTRE MUSIQUE

ELECTRODOCKS Agoria, Yuksek, Etienne de Crécy, le tout sur les docks du Port. Qu’y a-t-il à rajouter ? De mémoire de BuzBuz, jamais personne n’est rentré déçu des Electrodocks. Point. LE 7 DÉCEMBRE AU PORT (MAGASIN D2)

INSOMNIE On a beau se défendre d’être un magazine féminin (ce qu’on n’est pas, d’ailleurs, “magazine féminin”, ça ne veut rien dire), on vous propose malgré tout une pièce de Nathalie Meynet, qui parle de ses problèmes de filles. Avec humour, s’entend. LE 23 NOVEMBRE À SAINT-PIERRE (CENTRE LUCET LANGENIER)



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* Ouvrir une Heineken, c’est consommer une bière vendue dans le monde entier.

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.


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