MA GAZINE G RAT UIT RÉUNIONNAIS - #32 - SEPT EMBRE / OCTO B R E 2016
FABRICE HOAREAU PAS FOU POP CULTURE ET SCIENCE-FICTION
LES CHATS ATTRAPEZ-LES TOUS!
PAS SI DROGUÉS QUE ÇA C’EST QUI LE PLUS FORT?
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ÉDITO
IL CHANGE VITE, LE MONDE Un retour de vacances en Métropole provoque toujours cette même sensation : la vie, là-bas, n’est pas la même qu’ici. Et allons-y pour les poncifs : l’ambiance est plus tendue.
Vous présente sa nouvelle
boutique
à table!
Les gens font la gueule. Il fait pas beau. La bière est chère. Le Mac Do l’est moins. Ils ont Ikéa, mais on ne trouve pas de bouchons gratinés. C’est vrai, remarquez. Mais il s’y passe quelque chose de très profond dans les habitudes des Métropolitains dont il convient de se soucier – et ce n’est pas un jugement de valeur – car cela augure de nos prochaines années à nous, Réunionnais : la consommation qu’ont les Hexagonaux d’Internet. Pour les déplacements, les restos, le logement… pour tout. Lors d’un récent voyage en Métropole, nous avions prévu de parcourir quelque peu le pays, histoire d’y revoir d’anciens camarades et, accessoirement, la famille. Il y a quelques années, les copains restés dans l’hémisphère nord nous demandaient si nous avions réservé trains, hôtels, taxis… Époque révolue : cette fois, il s’agissait de “prendre un Blablacar”, “trouver un AirBnB”, “choper un Uber”… La vie des Métropolitains s’organise beaucoup autour des applications. Surtout pour les urbains, mais pas que. Nous voyons à cela deux raisons. La première, ce sont les prix, devenus prohibitifs, des moyens de transport, des hôtels et autres. La communauté a fait le choix de faire sans les fournisseurs traditionnels, de travailler sur le mode “participatif” (n’y voyez cependant rien de gratuit). La deuxième est la possibilité de pouvoir se connecter à l’Internet quasiment partout, et même, dans les villes, par wifi sans rien débourser. Et ça marche. En quelques minutes, nous avons pu réserver un trajet Brest – Lyon en auto, pour la moitié du prix d’un voyage en train. Dans la voiture, un autre voyageur avait trouvé le matin-même de quoi se loger le soir du match France-Irlande, alors que tous les hôtels avaient fait exploser leurs prix à la nuitée pour l’Euro. Un tour sur Trip Advisor nous a permis de dégotter un des meilleurs restos de la ville, et ce alors que nous ne savions pas où manger deux minutes plus tôt, et que ledit resto ne payait pas de mine. Un Uber nous a ramenés chez nous quand les taxis refusaient de voir nos appels du bras. Avant de mettre les pieds en Métropole, nous étions très rétifs, et c’est peu de le dire, à cette omniprésence des portables et des applis. Et puis on a essayé. Et puis, aux copains que notre émerveillement devant tant de progrès faisait marrer , on a concédé : d’accord, c’est quand même pas mal. Et c’est bien ce que nous avons ressenti, pendant nos vacances : là-bas, le monde, il change vite. LA RÉ D ACT I ON
vaisselle linge de table ustensiles de cuisine thés et gourmandises idées cadeaux...
RÉDACTION EN CHEF Loïc Chaux
Anne Chans, Marianne Lenoir, Livy, Virginie Tressens, Laurent Perrein, Loïc Chaux
SARL au capital de 4 350 euros 62 boulevard du Chaudron Bât. A - Bureau 905 97490 Sainte-Clotilde 0692 55 99 98 contact@buzbuz.re
DIRECTION ARTISTIQUE GRAPHISME
www.buzbuz.re
RÉDACTION
Pascal Peloux
PHOTOGRAPHIE COUVERTURE Modèle : Lydie Photo : Romain Philippon
BUZBUZ MAGAZINE Bimestriel N°32 Septembre - octobre 2016
DIRECTION DE LA PUBLICATION Pascal Peloux
Gwael Desbont, Thomas Lebon, Johanna Clemencet, Romain Philippon
IMPRESSION Graphica
PUBLICITÉ BuzBuz Magazine Ludovic Benard Tél. 0692 13 60 08 contact@buzbuz.re
ISSN 2114-4923 Dépôt Légal : 6241 Toute reproduction même partielle est interdite.
VOUS SOUHAITEZ FAIRE CONNAÎTRE UNE BONNE ADRESSE, UN BON PLAN, UNE NOUVEAUTÉ. N’HÉSITEZ PAS À NOUS ENVOYER UN COURRIEL À L’ADRESSE SUIVANTE : CONTACT@BUZBUZ.RE
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91 rue François de Mahy st Pierre tél 02 62 27 66 96
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60 rue F. de Mahy (juste en face) tél 02 62 32 72 64 Fb: casa saba / casa saba à table
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LE NEZ D E H O RS TEXTES MARIANNE RENOIR, LIVY PHOTOS GWAEL DESBONT
BOIRE, MANGER, JOUER, SE DÉTENDRE… Depuis juin sous les arcades de Saint-Pierre, non loin du Front de mer, se trouve le café culturel l’Unikaz. On y vient pour déjeuner (tartines, bagels, croques...) boire un café, se rafraîchir, et bien plus encore. La déco ethnique et atypique invite à se détendre, seul, entre amis ou avec les enfants. Sur place, des jeux, des coloriages, des ateliers lecture et créations artistiques, des concerts, des expos… À l’Unikaz on vient pour recréer du lien social. L’UNIKAZ, CAFÉ CULTUREL, 2A RUE VICTOR-LE-VIGOUREUX, SAINT-PIERRE. OUVERTURE : DU MARDI AU JEUDI, 10H - 18H30 ; LES VENDREDI ET SAMEDI, 10H - 22H. TÉL. : 0262 02 30 24.
ON EST BIEN, CHEZ GEORGETTE
L’ENDROIT OÙ IL FAUT ÊTRE Si vous avez des dames dans votre entourage, elles vous ont sûrement, un jeudi soir, dit ce genre de chose : “Je vais au Choka avec les copines, c’est trop génial, on danse et on boit des cocktails”. Oui, le Choka Bleu, en même pas deux ans, est devenu “The place to be” à La Saline, pour celles et ceux qui aiment les “place to be”. Eh bien, le resto-bar branché a fait un petit récemment, le Ti Choka. Il décline sa carte sur un mode plutôt snack, quasiment les pieds dans l’eau, avec même la diffusion de films cultes certains dimanches. E c’est beau. Avec les cocktails, la plage, la musique, l’excellente nourriture, on reste tout à fait dans le cadre du Choka attenant et s’il fallait désigner le tout par un adjectif, nous vous proposons… “Saint-Gillois”. TI CHOKA, 2 ROUTE DE SAINT-PIERRE, LA SALINE-LES-BAINS. OUVERTURE : DU LUNDI AU DIMANCHE, 11H – 00H. TÉL. : 0262 35 16 14.
Elle est chouette, Georgette. Quand elle voyage en Afrique du Sud, elle pense à nous. Quand elle se promène dans les rues de Cape Town et qu’elle tombe sur une petite table ou un canapé de Saks Corner, elle se dit : “Tiens, je suis sûre que ça pourrait leur plaire !” Quand elle déniche des suspensions en papier recyclé en Corée, là encore, elle en glisse aussi quelques-unes dans ses valises. Des bagages dans lesquels on trouve aussi les beaux miroirs Sunrise de la marque française Reine Mère, une carte des étoiles de Papier Tigre, des suspensions stellaires, locales et sur-mesure. Elle nous a promis aussi quelques sets de table et plateaux réalisés avec la photographe Corinne Granger. Oui, Georgette, elle est vraiment chouette et grâce à elle, on se la pète. GEORGETTE SE LA PÈTE, RÉSIDENCE DU THÉÂTRE, 12 RUE DE LA CHEMINÉE, SAINT-GILLES-LES-BAINS. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 9H30 - 12H30 // 15H – 18H ; LE DIMANCHE, 9H – 12H30. TEL. : 0692 06 03 95.
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LE NEZ D E H O RS
STELLA, TACTILE Le musée Stella Matutina a refait peau neuve après quatre ans de travaux et a pris le virage du numérique. La visite de l’expo se fait à l’aide d’un audio-guide, à activer soi-même et, parfois, en lecture automatique. C’est ce qu’on a le moins apprécié, à BuzBuz, et l’on ne vous cache pas que l’on a préféré le laisser sur pause. On a ainsi choisi de flâner librement au milieu des vestiges du passé, et de tapoter sur les écrans tactiles qui trônent désormais à tous les coins. Le musée s’est même doté d’une petite animation en 3D, façon Charlie et la chocolaterie, dans l’espace dédié aux sucreries. Et d’un cinéma 4D, où les sièges vibrant au rythme du film d’animation procureront quelques sensations fortes aux petits. STELLA MATUTINA, 6 ALLÉE DES FLAMBOYANTS, PITON SAINT-LEU. OUVERTURE : LE LUNDI, 13H-17H30 ; DU MARDI AU DIMANCHE, 9H30-17H30. TÉL. : 0262 34 59 60.
MADELEINE DE PROUST
ENTRECHATS Face au miroir, elles enchaînent les pliés, demi-pliés, les relevés. Les “petits rats” peuvent, depuis novembre 2015, devenir de vraies pointures en danse classique avec les ateliers du Kò Studio. Des cours dispensés par la maîtresse des lieux, Julie, diplômée du Conservatoire de Paris. Et pour celles chez qui Black Swan n’aura pas suscité une nouvelle vocation, Julie, diplômée également de l’école Core Pilates de New-York, a aussi prévu des cours de stretching, de pilates ou de core barre, un mix entre le pilates et la barre. Marion, l’autre prof du studio, se charge, elle, de la danse moderne pour les niveaux intermédiaires et avancés. En plus, il est possible de voir en ligne les places disponibles pour chaque cours et de s’y inscrire directement. Idéal pour y faire un petit saut – de chat – après le boulot. KÒ STUDIO, 8 RUE DU MOULIN-À -VENT, SAINT-DENIS. OUVERTURE : LES LUNDI, MARDI ET JEUDI, 16H30-21H ; LE MERCREDI, 10H-21H ; LE SAMEDI, 10H-18H. TEL. : 0693 60 52 01.
Mieux vaut avoir quelques heures devant soi pour faire le tour des huit hectares du jardin botanique, aux Colimaçons, arpenter son verger créole, sa ravine de bambous ou s’arrêter devant toutes les plantes lontan. L’occasion aussi de redécouvrir des légumes oubliés, et là, ça se passe au niveau du restaurant du site. Au menu, un bon cari qui change chaque jour, mais aussi des chips de songe, des gratins de papaye, de la calebasse, du chouchou, etc., pensés et préparés avec amour par le chef Romain, sa femme Aurore et le papa, Jo l’Indien. Bon à savoir : il est possible de venir surprendre ses papilles et profiter du cadre sans pour autant payer l’accès au jardin botanique. Pensez donc à réserver. LE VIEUX PRESSOIR, 2 RUE DU PÈRE-GEORGES, LES COLIMAÇONS, SAINT-LEU. OUVERTURE : DU MARDI AU DIMANCHE, 9H -17H. TEL : 0262 45 92 59.
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LE NEZ D E H O RS
L’ESSENTIEL
Dans le quartier Saint-Jacques, à Saint-Denis, un nouveau magasin d’alim d’alimentation a vu le jour en juillet. Un petit local où vous pourrez acheter le strict nécessaire sans être tenté par des achats superflus Du riz, des grains, des céréales, des bonbons miel et quelques produits d’hygiène à des prix égaux ou inférieurs à la plupart des commerces. Pour ça, l’équipe privilégie les circuits courts et fait appel à des producteurs locaux. Situé en plein cœur de logements sociaux, le nouveau commerce a déjà trouvé dans les habitants du quartier une clientèle fidèle. Dans les rayons, pas encore de fruits et de légumes ni de produits frais, mais c’est pour bientôt. Et vous pourrez même composer votre panier fraîcheur et le récupérer sur place. LA BOUTIK, 254 RUE DU MARÉCHAL-LECLERC, SAINT-DENIS. OUVERTURE : DU LUNDI AU VENDREDI, 9H-18H. TEL. : 0262 94 52 96.
IL SAIT RECEVOIR !
SOLDES chez
Finsbury
Arnaud Payet et sa famille ont ouvert il y a quelques mois et après deux an ans de travaux, un gîte niché dans un écrin de verdure au Tampon, vers le Bras de Pontho Pontho, et accessible uniquement à pied vers Grand-Coin... Un petit paradis sur terre. Sa devise, “Chez moi lé comme chez ou.” Tonton, comme il se fait appeler, fait les choses avec le cœur. Il vous met à l’aise et sa cuisine est juste merveilleusement bonne… Chez lui, bien entendu, c’est un repas typique au feu de bois : riz chauffé, boucané, poulet, légumes du jardin. Vous allez vous régaler. À L’Éden du randonneur, on oublie l’heure, les jours. C’est calme, on entend la rivière, les oiseaux… Du pur bonheur. L’ÉDEN DU RANDONNEUR, ACCESSIBLE DEPUIS LE SENTIER DE LA PETITE-RAVINE, LE TAMPON. TÉL. : 0692 24 01 42.
Prix métropole 37 rue de la Compagnie Saint-Denis de la Réunion 0262 97 59 19
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RONDA’VERT Sa rondavelle, Olivier la décrit comme une “plateforme d’échanges et d’union sur le développement durable”. L’Uni Vert (ancienne Petite Vague), qui a vu le jour à La Saline, mise sur une restauration responsable, avec des produits locaux, souvent bios mais accessibles. Ce qu’on a beaucoup aimé, c’est la liberté de pouvoir opter pour un simple petit déjeuner ou une généreuse entrecôte. À part ça, on peut aussi faire une petite séance de yoga le lundi matin, faire son marché juste après, ou venir prendre l’apéro en musique le mercredi soir. Et ça, ce n’est qu’un petit aperçu de tout ce qui s’y passe ! L’UNI VERT, 70 ROUTE DE TROU D’EAU, LA SALINE-LES-BAINS. OUVERTURE : LES LUNDI, MERCREDI ET JEUDI, 8H-20H ; LES VENDREDI ET SAMEDI, 8H-23H ; LE DIMANCHE, 8H-20H. TÉL. : 0262 61 54 36.
POUR VOTRE PLAISIR
MI-CAVE, MI-BAR Voilà la signature d’un magasin qui vous propose un nouveau concept à Saint-Pierre. C’est un lieu où cohabitent une cave à vins et à bières, et un espace de dégustation dans une ambiance conviviale. Aussi, dans l’espace bar, vous pouvez retrouver les produits disponibles en cave, ainsi que des bières à la pression et du vin au verre, accompagnés de quelques petites charcuteries et de fromages. Une agréable terrasse complète l’espace pour y passer un bon moment entre amis avec une équipe au bar fort sympathique. V&B, 169 RUE ALBERT-LUTHULI (LE PATIO), SAINT-PIERRE. OUVERTURE : LE LUNDI, 14H - 20H ; LES MARDI ET MERCREDI, 10H - 20H ; LES JEUDI ET VENDREDI, 10H - 21H ; LE SAMEDI, 8H30 - 21H. TÉL. : 0262 42 25 37.
Bienvenue chez Enjoy, une boutique de déco et d’accessoires pour la maison où vous trouverez des petits objets, du fait main, du recyclé, des meubles chinés… Ici, on met en avant des créateurs et des designers de l’océan Indien mais aussi d’ailleurs. Le petit plus d’Enjoy : le côté “humain” derrière les créateurs. Leur objet fétiche : le Wonderbag, un éco-mijoteur non électrique, simple et révolutionnaire pour cuisiner. Une fois la cuisson de vos plats démarrée dans un fait-tout, le Wonderbag permet de continuer le processus de cuisson sans apport d’énergie supplémentaire en utilisant le principe de rétention de chaleur. Et à chaque fois qu’un de ces objets est vendu, un autre est offert à une famille africaine… Un véritable coup de cœur. ENJOY, 7 RUE DU COLLÈGE-ARTHUR, SAINT-PIERRE. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 10H - 18H. TÉL. : 0262 35 30 68.
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ART, CU LT URE URBA I N E E T M ULT I M ED I A TEXTES LIVY, LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT
LES YEUX, LES OREILLES ET LES TRIPES 8000 MONDES EST UN PROJET DE SÉRIE À ÉCOUTER ET À LIRE, REPOSANT SUR LES MÉCANISMES DE LA SÉRIE TÉLÉ. CES GENS-LÀ PROPOSENT DE NOUS DROGUER.
l y a eu un moment, au milieu des années deux mille, où les discussions matinales autour de la machine a café ont basculé de “T’as vu le dernier Shyamalan ?” à “J’ai pas dormi, je me suis enfilé la dernière saison de Lost.” Parce que, petit à petit, l’écriture des séries télé a trouvé ses propres mécanismes, que des saisons de plusieurs épisodes ont apporté un rythme avec lequel le cinéma ne pouvait plus vraiment rivaliser. Nous avons donc appris à connaître les cliffhangers, notamment, ceux qui nous obligent à dire : “Allez, j’en regarde encore un épisode avant d’aller me coucher”… À La Réunion, 8000 mondes a ce désir : utiliser à fond ces codes pour nous scotcher et nous rendre accro à des séries – littéraires et audio – de douze ou vingt-deux épisodes chacune. On pourra les lire, mais les écouter, surtout. Nicolas Bonin est un des instigateurs du projet. Ancien rédacteur au Quotidien, donc habitué à écrire, il a voulu chambouler sa plume. “J’ai essayé d’écrire des romans, pour en faire des séries télé. Ce n’était pas la bonne manière : les séries américaines des années deux mille ont complètement révolutionné la manière d’écrire, elle est particulière. En quarante minutes d’épisode, tu as une énorme densité narrative, pas de temps mort. C’est une écriture propre à ce genre. Quarante minutes, cela fait huit mille mots, en termes de lecture. Cela demande une très grande rigueur dans la rédaction.” Le projet, qui a quelques années derrière lui dans la tête de ses instigateurs, prend forme en ce moment même. Basé sur une communauté qui, sur les réseaux sociaux, donne son avis, 8000 mondes est, dans son fonctionnement, nourri d’écrivains, d’acteurs, de techniciens… Orsan est d’ailleurs la première série à prendre une apparence concrète. Dans la bande-annonce sonore, on sent déjà que ces fourbes de 8000 mondes ont bien compris comment nous garder : musique agressive, médecins stressés, témoins paniqués, voilà qu’on a envie de savoir ce qui va se passer. Le financement participatif en cours sur Ulule aura plusieurs objectifs (outre, évidemment, de rémunérer les participants) : après
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présentation d’un pilote, en fonction des sommes récoltées, douze ou vingt-deux épisodes seront produits. Parce que le projet se veut, de plus, participatif : les auteurs ont proposé plusieurs “accroches”, la communauté a voté pour celles qu’elle désirait entendre en série : “Deux cent personnes ont répondu, selon Nicolas. Deux textes sont sortis, et pas forcément ceux auxquels on s’attendait.” Ces centaines sont ensuite devenues des milliers, à donner leur avis sur Orsan qui, désormais, ne demande qu’à vivre. Et à nous rendre accro par les oreilles.
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LA VIE D’ABEL…
SUR LA TOILE...
COVOITUREZ, N’AYEZ PAS PEUR…
CINÉ ET MAUVAISE FOI
Le covoiturage, à La Réunion, en est à ses balbutiements, et parmi les sites qui proposent ce genre de service, nous en avons choisi un, www.partazlauto.re. Il s’agit d’une association, qui ne prend pas de commission sur les trajets – il faut cependant adhérer, pour 5 euros par an – et qui privilégie le “vrai” contact, l’inscription nécessitant une rencontre avec un membre, une signature du règlement et la copie des documents d’identité.
Adeptes de la mauvaise foi, des remarques potaches et des aberrations au cinéma, bonjour. www.2hdp.fr (soit l’abréviation de “Deux heures de perdues”) est un site de podcasts où une équipe de rigolos s’amuse à démonter un film pendant une heure. On rit encore de leur critique de E. T., l’extraterrestre et de cette question : comment des êtres lents et à trois doigts ont-ils pu construite une soucoupe volante ?
COMPRENDRE L’ÉCLIPSE ET AUTRES CHOSES
PALETTE, MON AMOUR
Elle est passée, tout le monde l’a vue, l’éclipse. L’attraction du début du mois de septembre nous a permis, surtout, de découvrir www.sciences-reunion.net, site qui se propose de nous rendre compte de l’actualité scientifique locale, avec tout un tas de liens vers des expos et des sites bien sympathiques. Et comme on est un peu des grands fans de science, à BuzBuz …
Les Palettes de Marguerite, c’est une association qui crée de l’emploi dans l’Ouest en récupérant des palettes, en faisant des meubles. Elle se trouve à Fleurimont, mais avant d’y monter, nous vous conseillons une visite sur leur site, www.lespalettesdemarguerite.eu. C’est bon pour l’environnement, pour le travail, pour la création.
Abel Técher a fait de son corps, ses sentiments, ses interrogations, le sujet principal de son travail. “Il y a énormément de questions sociétales à aborder, à La Réunion, explique-t-il. J’essaie d’apporter mon regard, à travers mon vécu. Mon travail parle d’identité sexuelle, d’acceptation de soi, de relations hommes-femmes, de travestissement…” Réaliste, immense (il travaille à l’échelle 1), parfois dérangeant, toujours percutant, le travail d’Abel se fait à la peinture à l’huile, “le médium qui m’a le plus touché, m’a permis de retranscrire au mieux ce que je voulais montrer.” Avant de commencer ses études aux Beaux-Arts, Abel dessinait. Puis, sa scolarité au Port lui a permis de concrétiser son “projet personnel” qui, évidemment allait se diriger vers l’autoportrait : “Il y a une idée de démonstration, amplifiée par la mise en scène. Le symbolisme est aussi un des aspects très importants de mon travail.” Le travail d’Abel est encore visible au musée Léon-Dierx, jusqu’en octobre. Puis le jeune sudiste quittera son petit atelier pour rejoindre Nîmes pendant quelque temps. Ce qui ne l’empêchera pas d’être toujours présent dans son Île, car “il y a encore beaucoup de tabous à casser…”
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CULTU RE PO P RECUEILLI PAR LAURENT PERRIN
QUAND LA TECHNOLOGIE PREND LE POUVOIR DANS LES ANNÉES CINQUANTE, UN AUTEUR DE SCIENCE-FICTION AVAIT ANTICIPÉ L’AUTOSURVEILLANCE, LA ROBOTISATION À OUTRANCE, LES MONDES VIRTUELS. SON NOM : PHILIP K. DICK. LES FILMS INSPIRÉS DE SES ŒUVRES : BLADE RUNNER, MINORITY REPORT, TOTAL RECALL...
Comment sont-elles abordées ? La question du comment n’est pas forcément importante pour Philip K. Dick. Prenons l’exemple des mondes virtuels. La manière dont lui vit et met en scène ces mondes virtuels, c’est très souvent par la drogue, mais ça peut être comme dans L’œil dans le ciel, par une sorte d’explosion nucléaire où les victimes réunies dans un centre militaire se retrouvent à vivre dans les univers les uns des autres. Les prémices de la réalité virtuelle ? Dans le roman dont est issu le film Blade Runner, intitulé Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, il y a une partie qui n’a pas été reprise dans le film, qu’il a appelé la “boîte à empathie”. Les gens ont la capacité de revivre une scène à travers un écran dans la peau d’un personnage, en l’occurrence le Christ portant sa croix. Il a ainsi anticipé sans le vouloir l’univers des jeux vidéos. Et pas seulement des jeux vidéos... On voit bien comment il a anticipé la réalité virtuelle, et surtout toutes les questions métaphysique, philosophique, spirituelle, intellectuelle, qui sont les nôtres, par rapport à un monde artificiel qui prend de plus en plus de présence en nous, sans parler des fictions que nous servent le storytelling ambiant, le monde dominant, etc. Il anticipe ainsi la vidéo-surveillance et la fabrication de réalité.
Journaliste et essayiste, Ariel Kyrou s’est spécialisé sur la question. Nous l’avons rencontré à Paris peu de temps après son passage aux Electropicales où il a donné une conférence autour de la projection de son documentaire Les mondes de Philip K. Dick (Arte/Nova Prod).
Comment a-t-il pu imaginer tout ça ? Il anticipe tout cela par sa parano, il a une hantise de Nixon. Dans A Scanner Darkly (Substance mort en français), qui a été porté à l’écran, il y a un agent des stups qui se surveille lui-même en tant que junky, il est son propre Big Brother. On y retrouve toute la logique de vidéo-surveillance policière : il exagère les premières caméras installées dans les années soixante.
Quel est le rôle de la science-fiction ? “L’auteur de science-fiction extrapole à partir de son présent ce qui peut advenir demain. Philip K. Dick est très spécifique, dans le sens où il écrit des sortes de fables dont le cœur s’articule autour de deux questions : qu’est-ce que l’humain et qu’estce que le réel. Et les technologies actuelles, et leurs usages, tels qu’on les connaît aujourd’hui, tournent justement autour de ces deux questions.
Google et consorts doivent s’en régaler... Bien évidemment, les gens de Google sont fascinés par HAL, l’intelligence artificielle de 2001, l’Odyssée de l’espace. Mais ces univers de science-fiction nourrissent aussi la critique des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). La science-fiction imagine le meilleur comme le pire. Elle n’est ni dans la technophobie ni dans la technophilie. Le robot peut être plus humain que l’humain.
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DERRIÈRE LA PUB RECUEILLI PAR MARIANNE RENOIR PHOTO ROMAIN PHILIPPON
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MINA M INA AGOSSI AGOSSI ALBUM
Red ed “R eeyes” yeFFeat seat”at
JAZZ JA AZ ZZ Fra France F Frrance ra cee BBen iinn Benin enin
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DANS LE
RETRO À L’ÈRE DE LA SURPRODUCTION D’IMAGES ET DE PHOTOS, LA SALLE DU KABARDOCK A, ELLE, DÉCIDÉ DE S’EN PASSER DEPUIS QUATRE ANS POUR COMMUNIQUER SUR SA PROGRAMMATION.
On les voit plus comme des posters à épingler sur le mur de sa chambre qu’un outil de promotion des artistes programmés. D’ailleurs, ce n’est pas l’objectif des affiches du Kabardock. Explications avec Pascal Peloux, directeur artistique de l’agence Monday et graphiste (également directeur de publication de BuzBuz), et Catherine Selles, responsable de la communication de la salle.
La communication, elle est au service de la salle, ou des artistes ? Catherine Selles : “Quand j’ai repris le poste il y a huit ans, j’ai voulu mener une réflexion sur l’identité de la salle. Le Kabardock, la première Scène de musiques actuelles de La Réunion, est dépendante de son ancrage territorial avec la mer et le port tout près. On ne voulait pas le penser comme une série d’événements ponctuels mais comme un lieu, un symbole. Pascal Peloux : Une double problématique se posait. Il fallait réussir à la fois à asseoir un territoire et définir un choix graphique pour les événements de la programmation. Catherine : C’est toujours le Kabardock qui communique.
On ne voit presque jamais les artistes sur les affiches. Pourquoi? Pascal : Je ne travaille pas forcément avec les régies des artistes et je n’utilise pas leur pack de visuels, mais je fais appel à des illustrateurs. Depuis plusieurs saisons, on les réalise “à l’ancienne”, avec une écriture un peu sale, bricolée, des moyens pas hyper sophistiqués. Cette saison, on a choisi l’esprit “sérigraphie”. Avant, c’étaient des cassettes ou des motifs inspirés de chemises. L’idée, c’est de recycler les tendances populaires. L’identité visuelle du Kabardock est en revanche toujours la même, avec cette têtière tout en haut qui rappelle les vieux tickets d’entrée. Catherine : On a voulu prendre le risque de sortir du schéma de la photo et le public l’a compris. Il n’y a pas eu d’incidence négative. Les gens viennent demander des affiches, ils s’en servent comme posters. Mais la reconnaissance ultime, c’est quand les artistes se prennent en photo devant leur propre affiche. C’est aussi une façon de mettre tout le monde sur un pied d’égalité ? Pascal : Certains artistes bénéficient d’une com’ natio-
nale ou internationale et uniformisée. On pouvait aussi se permettre de faire ce choix graphique de par notre éloignement géographique. Catherine : Ceux qui font partie de la programmation n’ont pas tous les mêmes éléments, certains pas du tout. C’est aussi un moyen de palier aux différences qualitatives de supports. En revanche, on n’est pas dans le rejet complet de la photo. Par exemple, on a utilisé les vrais yeux des membres de Radio Elvis sur l’affiche. Sur celle de Maya Kamaty, elle est aussi représentée. Ça ne perturbe pas le public, quand même ? Catherine : Le public n’a pas besoin d’être pris par la main. Il sait qui il vient voir en concert ou il peut se renseigner sur Internet. C’est aussi pour cette raison que l’on a arrêté la programmation physique il y a trois ans et privilégié d’autres systèmes comme les cartes postales qui rappellent la thématique de la saison. Là encore, il n’y a pas eu d’impact sur la fréquentation de la salle. Et puis, ça rappelle les moyens de communication utilisés avant. On reste dans l’esprit rétro et l’envie de revenir aux fondamentaux.”
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DERRIÈRE LA PO RT E TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS ROMAIN PHILIPPON
LA MACHINE À VOYAGER DANS LE TEMPS CHE Z MÉ TÉ O F RA NCE , ON PA RLE D’AV E NIR, E T LA RÉ UNION E S T S U S P E N D U E À S E S LÈ V RE S . S E S PRÉ V IS IONS S ONT LE RÉSULTAT D’UNE MACHINERIE IMPRE S S IONNNA NTE , TA NT HUMA INE QUE TE C H N IQ U E . E T PUIS , E LLE S E TROMP E PA S TA NT QUE ÇA .
ON NE REGARDE PLUS VRAIMENT LE CIEL, PLUTÔT DES ÉCRANS. est le rendez-vous du soir pour ceux qui ont la télé. Une des pages les plus lues – avec le tiercé – dans les journaux. Les applications consacrées à la météo font partie des plus téléchargées. C’est peu de dire que la météo – ou du moins, le vœu de savoir le temps qu’il fera demain – est une passion pour nombre d’entre nous. Et même si – attention, poncif – “Ils se trompent tout le temps”, cela ne change rien : la météo est un doudou. Nous sommes allés au siège de Météo France, qui est aussi le Centre météorologique régional spécialisé dans les cyclones, et dont on peut apercevoir l’entrée en remontant le boulevard du Chaudron. “Avant que la météo arrive à la télé, sur Internet, dans le journal, vous imaginez bien qu’il y a du monde qui travaille derrière” nous a dit, en nous accueillant, Jacques Écormier, chef prévisionniste. Ce qui prouve, d’abord, qu’il a compris le but de notre rubrique, puis que les trois heures que nous allions passer ensemble allaient être instructives. Entre le siège, au Chaudron, et l’aéroport, quelque vingt-deux personnes travaillent chez Météo France. Ce sont des ingénieurs et des techniciens qui sont chargés d’analyser les données venues de satellites et des stations situées un peu partout sur l’Île et aux alentours (il y en a même sur des bouées ou les bateaux). Oui, car chez Météo France, lors de notre passage, les stores étaient fermés. On ne regarde
C’
donc plus le ciel ? Sourire de monsieur Écormier : “Eh non, c’est fini… Les données que nous analysons arrivent sur les ordinateurs…” Et des données, il en arrive… plein. Tout le temps. Si bien que, malgré la multiplication des écrans sur les postes de travail, “il en faudrait encore plus.” Mais ce n’est pas étonnant : “Nous avons des obligations de résultats en tant que service public et envers nos clients qui paient nos services. Ne croyez pas qu’il s’agit simplement de regarder tout un tas de cartes. Il s’agit surtout de savoir les interpréter. Et la connaissance de La Réunion, de ses particularités, sont essentielles. Ainsi, nous conseillons à nos techniciens de pratiquer des activités en lien avec la météo (parapentisme, randonnée…). Le climat, dans les tropiques, c’est particulier.” Le “bulletin météo”, en effet, n’a rien d’anodin. Il a des incidences sur les trafics aérien, portuaire ; il permet de faire de la vigilance de feux, d’inondations ; il décide de la fermeture de la Route du littoral et des travaux alentours ; il devient vital en période cyclonique. Le bulletin a des répercussions économiques considérables. “Oui, on peut sentir la pression, lorsqu’on nous demande si la “vigilance forte houle est maintenue”. On sait très bien ce que cela peut impliquer économiquement. Est-ce que ça change notre manière de faire notre bulletin ? Non.” Il fallait demander, avant de partir, pourquoi cette idée de “la météo qui se trompe tout le temps…” “Pour faire des cartes pour le grand public, La Réunion est divisée en dix-sept zones. Mais vous savez comme moi que le temps change particulièrement vite, ici, sur quelques mètres, parfois. Un exemple : on va annoncer du soleil à Saint-Denis. Ce sera le cas… mais en arrivant à Sainte-Clotilde, vous allez trouver de la pluie. Ce que nous donnons, ce sont des tendances générales. La qualité de notre travail est constamment vérifiée : et je peux vous dire qu’on ne se trompe pas tant que cela.” La mémoire des Hommes est ainsi faite, elle ne se souvient que des trains en retard… et des pique-niques ratés à cause de la flotte.
Comme moi, choisis la voie de la réussite. Signe ton contrat d'apprentissage avec le soutien de la Région Réunion Julie, 20 ans
Jeunes Réunionnais
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DE CONTRATS
D’APPRENTISSAGE 15 juin / 15 novembre 2016 Retrouvez les infos dans les centres de formation d’apprentis et sur les sites internet : www.cariforef-reunion.net www.formanoo.org www.regionreunion.com
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FABRICE H O ARE AU
P ORT R AIT
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TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS THOMAS LEBON
IL EST PAS FOU, FABRICE FABRICE HOAREAU EST VIGNERON À CILAOS. LÀ-HAUT, IL TENTE DE FAIRE DU BON VIN, PAS CELUI QUI REND FOU.
vant toute chose, commençons par évacuer la question : le vin de Cilaos, c’est pas un peu dégueulasse ? “Au début, quand on me disait ça, ça m’énervait vraiment. Maintenant, je fais avec, j’explique, je reste calme. Et puis, ce n’est pas complètement faux : les trucs que t’achètes au bord de la route, c’est de la piquette, avec un degré d’alcool élevé.” Lorsque nous avons rencontré Fabrice Hoareau, il se trouvait à Palmiste-Rouge, les pieds au milieu de nouveaux ceps. De l’auxerrois, du gewurztraminer. Surtout des blancs, et ce n’est pas innocent : “C’est ce que je sais faire de mieux.” Ses classes, Fabrice les a faites en Alsace, région qui produit quelques uns des meilleurs vins blancs du monde. Alors qu’il était collégien à Cilaos, il avait eu vent d’un concours lui permettant d’aller faire ses études en Métropole, pour apprendre à travailler la vigne. Pourquoi pas ? “Pour moi, un pied de vigne, c’était comme un pommier. Je n’y connaissais rien.” Il se retrouve en contrat d’apprentissage dans l’exploitation de Seppi Landmann, un des grands vignerons du coin, aujourd’hui à la retraite. Joint au téléphone, il se souvient : “Je me souviens, il était arrivé avec un autre Réunionnais, ils regardaient beaucoup de films de kung fu ! Fabrice était très enthousiaste, j’ai
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essayé de lui apprendre le plus de choses possible, de la vente à la taille, de la vinification à l’accueil. Je pouvais compter sur lui, il était honnête, je lui faisais confiance. Il faisait partie de notre famille.” “Là-bas, on bossait dur, complète Fabrice. Le milieu m’a passionné tout de suite, et j’ai su rapidement que je voudrais revenir à Cilaos, pour y faire du vin.”
SON BLANC MOELLEUX NOUS A LAISSÉS PANTOIS. Le vin de Cilaos, parlons-en, puisque c’est la raison de vivre de Fabrice. “Moi, je veux démontrer que Cilaos a un terroir exceptionnel. J’avais envoyé un échantillon du sol en Métropole, les ingénieurs qui l’avaient analysé avaient été très surpris. “Avec un sol pareil”, m’avaient-ils dit, “vous pouvez défrayer la chronique.” Et je pense qu’on pourrait en effet faire parler de nous dans les années à venir…” Pour cela, il a fallu se défaire de certaines habitudes cilaosiennes… le treillage, par
exemple, cette manière de faire pousser la vigne comme les chouchous. “On faisait ça il y a deux, trois cents ans, mais c’est trop compliqué pour l’entretien, pour tout. Il faut faire des rangs, bien propres, trouver des moyens pour retenir les sols. Moi, je mets des pistaches : en plus, ça aère.” À côté de chez lui, il a conservé quelques vieux pieds de vigne qui poussent en l’air : c’est foufou, on ramasse les grappes couché sur le dos, les ceps ne sont quasiment pas taillés. Dans son cuvier, quelques résultats de ses expérimentations : “J’essaie des terrains, des méthodes de vinification. On m’envoie des pieds de Métropole, j’essaie en fonction de la place que je peux trouver. Goutez donc ça.” De l’effervescent, du sec, du moelleux. Malgré sa jeunesse, ce dernier nous a laissés pantois. On a bu des Sauternes moins bons. On peut trouver du bon vin à Cilaos, alors ? “On a besoin de nous faire connaître. Le bon vin, ici, tu le trouves chez les petits exploitants.” Il s’est séparé des Chais, avec quelques autres viticulteurs – ce qui a créé beaucoup de tensions dans le milieu – et tente désormais de mettre en avant le savoirfaire de lui et ses collègues. “Je fais mon truc à moi. Faire du bon vin, ça prend du temps, des années. Moi, je veux défendre l’image du vin de Cilaos, qui est trop mauvaise. Et ça suffit.”
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MICRO-T RO T T ’ RECUEILLI PAR MARIANNE RENOIR PHOTOS ROMAIN PHILIPPON
ET TOI, À QUOI TU JOUES ? BUZBUZ EST ALLÉ À LA CHASSE AUX DRESSEURS DE POKÉMON GO DANS UN DE LEURS QG POUR SAVOIR SI, AVANT QU’ILS NE SUCCOMBENT À CE NOUVEAU “PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ”, ILS JOUAIENT AUTREMENT... À DES JEUX DE SOCIÉTÉ, JUSTEMENT.
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1 - Samuel “Je ne joue pas souvent aux jeux de société mais je dirais La Bonne Paye.”
3 - Xavier “Pour moi, ça serait le Monopoly. J’y joue surtout en famille.”
2 - Samuel “Le Uno parce que j’aime mettre des “+4” et attaquer !”
4 - Noémie “Je n’ai jamais essayé Pokémon GO, mon copain y joue mais moi, je trouve ça nul !”
5 - Ken “Moi, c’est les échecs. J’adore les jeux de stratégie... et jouer contre quelqu’un, c’est beaucoup plus intéressant que contre le PC.”
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6 - Jordan “La Bonne Paye. Avant, j’y jouais beaucoup avec la famille.” 7 - Rajes “Le Monopoly et La Bonne Paye... les jeux d’argent en fait, oui ! (rires) Pokémon GO, c’est différent, ça me fait sortir et rencontrer des gens.”
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8 - Séverine “C’est pas mon truc, les jeux de société. Je suis plutôt jeu vidéo sur console et portable. Je préfère les jeux d’action, d’aventure et de course.” 9 - Sébastien “Le Monopoly, pour le côté stratégique du jeu. Il faut être malin pour avoir les rues qu’on veut. Je préfère ça à Pokémon GO, c’est plus convivial.”
10 - Thibault “Mastermind, parce que c’est un jeu de réflexion et de stratégie. Il ne faut pas gaspiller tous ses atouts trop vite et bien évaluer chaque coup.” 11 - Frédéric “J’adore le Scrabble mais le plus dur, c’est de convaincre les amis d’y jouer. Et puis, on peut inventer des mots et les autres ne s’en rendent même pas compte !”
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MODE STYLISME CATHERINE GREGOIRE PHOTOS ROMAIN PHILIPPON
NINA Robe gris chiné Monoprix Kids, Petit sac en cuir rouge Furla, Dépôt vente AATH. Tennis Kevin Desigual, La Boutique des Enfants.
MOE T-shirt Pardon !, Pardon !. Bermuda chino Levis, La Boutique des Enfants.
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LE BON LA BRUTE & LE TRUAND IL FAIT DES GRIMACES, IL JOUE AVEC UNE BABALLE, IL EST RIGOLO QUAND IL RONRONNE. NOUS ALLONS ICI VOUS PARLER DU CHAT. MAIS PAS DE CELUI DONT ON SE PARTAGE LES VIDÉOS SUR INTERNET : L’AUTRE. LE CHAT N’EST PAS QUE “MIGNON”.
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TEXTE LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS LN
ne petite toxoplasmose et hop !
maintenant, tu kiffes les chats !
l y aura eu, en “une”, Jacques Attali, la famille Trump, Rocco Siffredi et un chaton. Si M, le magazine du Monde, comme on s’en doute, ne se trompe pas, alors le chat est en train de poser sa patte sur la marche du monde. “Pourquoi les chats ont pris le pouvoir sur le Web ?”, interroge le magazine. “Les photos de chiens parlent de leurs maîtres. Elles théâtralisent leur relation, mais elles n’ont pas assez d’autonomie pour rompre la laisse et bénéficier de la propulsion virale propre à Internet. Enfermés dans le compagnonnage affectueux des petits réseaux familiaux, les chiens ne traversent pas le Web avec ces pitreries joviales qui font le succès planétaire des “lolcats”. […] Le chat, animal domestiqué depuis cinq mille ans – mais qui sait très bien vivre sans nous –, est en revanche un parfait vecteur pour la malice, la tendresse, la drôlerie, la cocasserie ou l’agilité. […] Chacune de ses performances appelle sans détour l’identification et la projection antropomorphe”, répondait alors Dominique Cardon, sociologue et universitaire.
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Lolcat974 @delagamelleaucanapé
j’ai plus de likes que @kimkardashian Meow. #lovemylifedechat
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JACQUES ATTALI, LA FAMILLE TRUMP, ROCCO SIFFREDI ET… UN CHATON
L’omniprésence du chat sur Internet ne peut être niée. Les vidéos de chats font des millions de vues sur les réseaux sociaux, les photos de Grumpy Cat sont des sources de mèmes – et de bénéfices monstrueux, l’utilisateur lambda ne manque jamais l’occasion de partager le cliché de son animal trop mignon. Lambda ou non : Marine Le Pen met depuis peu en avant son amour des chats pour lisser son image, Usain Bolt fait des blagues avec Vinicius, la mascotte des Jeux de Rio aux faux airs de félin. Outre des réflexions plus philosophiques, telles que celle proposée par Dominique Cardon, des études scientifiques se sont même posé la question du “pourquoi ?”. Des chercheurs ont en effet prouvé que des rats atteints de toxoplasmose ne craignent plus les chats, et sont même attirés par eux, le parasite responsable de la maladie se logeant dans l’amygdale cérébrale, là où sont gérés les sentiments de peur et de plaisir.
Du coup, ils se demandent sérieusement si le mécanisme n’est pas le même chez les humains, sachant qu’un tiers de la population mondiale est porteuse dudit parasite – ce qui est parfaitement bénin, dans l’immense majorité des cas. Il n’est donc pas impossible que ce soit un parasite qui nous commande le fait d’aimer les chats, leur contact, leur vue. Perspective passionnante tout en étant franchement inquiétante. Nous allons essayer de faire taire le toxoplasma gondii (le parasite agent de la toxoplasmose) qui sommeille en nous, et voir un peu ce qu’est le chat, à La Réunion. Aller plus loin que le ronron rassurant, que cette petite langue râpeuse sur les doigts et ces coups de pattes sur ce bout de ficelle qui traîne par terre. Le chat est une “espèce invasive”, tout simplement, pour le Groupe espèces invasives de La Réunion (GEIR). Dans sa liste, le chat – felis catus, de son nom scientifique – a même
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je ne peux plus descendre !! ahhh ! je vais crever là ! appelle les secours !
“LE CHAT EST UN PARFAIT VECTEUR POUR LA MALICE, LA TENDRESSE, LA DRÔLERIE, LA COCASSERIE OU L’AGILITÉ.”
le statut d’“espèce naturalisée ayant un impact avéré sur la faune ou la flore indigène (compétition, prédation, semences, dissémination d’espèces de flore invasive…).” C’est avec le grade d’animal “utile” qu’il est arrivé au moment de la colonisation humaine de La Réunion. Les marins chargeaient leurs cales de chats, afin qu’ils chassent les rats grignotant vivres et denrées de toutes sortes importées. Hélas, comme à chaque fois qu’il arrive sur une île, il a mis le boxon : la disparition du dodo à Maurice, c’est aussi lui. Le GEIR évalue à seize le nombre d’espèces présentes sur l’Île qui ont été exterminées par felis catus ; un carnage, d’autant qu’il en menace dix fois plus actuellement. On comprend qu’au Parc national, cela ne les fasse pas franchement rigoler. Djamila Sidat, à la com’, n’en rit d’ailleurs pas : “C’est un sujet très sérieux, mais aussi très sensible. On voit le chat comme un animal tout mignon, mais il faut faire
une grande différence entre le chat domestique et le chat que nous voyons, nous, qui est revenu à l’état sauvage.” C’est d’ailleurs une petite guerre qui été déclarée au chat, tueur d’animaux en voie de disparition, tels les tuit-tuits et les pétrels. Le projet Life+ pétrels, notamment, a clairement nommé le chat comme un des coupables de la raréfaction de ces oiseaux menacés, avec les rats (qui mangent les œufs) et les lumières des Hommes (qui les désorientent). Et sa culpabilité ne fait aucun doute : “Dans les Hauts, dans des endroits très difficilement accessibles, des agents du Parc font des tournées très régulières. Ils découvrent des cadavres de pétrels, des terriers visités (seuls les terriers de pétrels de Barau peuvent être observés, ceux des pétrels noirs de Bourbon sont toujours à des lieux inconnus des humains, ndlr). Cette prospection permet aussi de compter les chats présents et revenus à l’état sauvage. Ils sont actuellement une vingtaine dans les Hauts les plus reculés. Un calcul tiré de nos observations nous a permis de conclure qu’un seul chat pouvait tuer quatre-vingt dix pétrels.” La riposte doit donc s’organiser. Elle comporte des caméras, des pièges, et des moyens humains. On a failli sourire en imaginant la scène digne d’un Tex Avery, des agents du Parc courant après des chats sur les sentiers pour les attraper… Mais madame Sidat calme un peu les ardeurs : “Il suffit de voir les caméras pour voir qu’ils sont très sauvages. Ils mangent des pétrels devant nous, et c’est un carnage. De plus, les agents doivent parfois s’encorder, prendre des risques pour effectuer leur travail. Ce sont des animaux très violents envers les humains, qui vivent dans des endroits très reculés, qu’il faut ensuite redescendre à dos d’homme dans leur cage. Cela a un coût : on évalue le prix d’un chat capturé à deux à quatre mille euros.” À la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal), Laurence Provot, chef d’unité “biodiversité”, explique : “Une espèce invasive est déterminée en fonction de sa capacité à se multiplier. C’est exactement le cas du chat, qui, de plus, se déplace beaucoup. Je sais que le Parc avait mis un collier à un chat attrapé avant de le relâcher, afin de vérifier ses déplacements dans les Hauts. Il avait fait beaucoup de chemin sur les remparts, les descendant, même.”
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je la sens pas la vieille… en plus, elle nous fout la honte dans tout le quartier !
Ces grandes surfaces occupées par les chats – ils seraient présents jusqu’aux endroits les plus hauts de l’Île – leur permet d’être… en bonne santé. “Ceux qu’on capture sont bien nourris, il ne sont pas maigres du tout”, explique Djamila Sidat. Laurence Provot complète : “Des analyses de sang et de leur bol alimentaire (les restes présents dans leurs estomac, ndlr) montrent qu’ils mangent à leur faim, et surtout qu’ils sont nourris. C’est-à-dire que leur alimentation repose, aussi, sur les restes de pique-nique.” L’Homme aurait donc une double action sur la prolifération des chats. D’une en le laissant s’échapper des domiciles, de deux en lui permettant d’être nourri à l’état sauvage. Et c’est encore plus compliqué que cela, pour le Parc : “Après un pique-nique, on peut laisser traîner un trognon de pomme, un noyau de letchi. Le chat n’en mange pas, de ça. Mais les rats, oui. Cela permet donc la prolifération des rats, et, par
conséquence, celle des chats. En créant un début de chaîne alimentaire, cela a des répercussions sur les autres maillons. La gestion des déchets par Les Réunionnais est une autre facette importante dans cette lutte.” Porteur de la toxoplasmose (qui, comme nous l’avons dit, est la plupart du temps bénin pour les humains, elle peut en revanche provoquer des complications dans les populations à risques) et de la leptospirose, les chats revenus à l’état sauvage sont, de plus, vecteurs de maladies. N’en jetez plus… Si le chat a un coût – économique, écologique, sanitaire – dans les Hauts, il a aussi un clair impact dans les zones urbaines. Il pèse sur le budget des collectivités, notamment : il éventre les poubelles, il faut ramasser son cadavre sur la route, il peut provoquer des accidents, attaquer des passants… Si ces genres de méfaits sont, dans l’immense majorité, dûs aux chiens, le chat contribue aussi à provoquer des dépenses publiques.
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“LE TRAVAIL DES ACTEURS SUR LE TERRAIN EST IMPORTANT, UTILE, MAIS IL NE RÉPOND PAS SUFFISAMMENT AU PROBLÈME. IL FAUT STÉRILISER.”
tu veux de la pizza ? je l’ai trouvée dans la poubelle… non, c’est dégueulasse, c’est bourré de gluten !
Là encore, le chat joue simplement son rôle d’animal. Il faut donc se tourner vers les humains pour remédier au problème. C’est ce qui nous a été expliqué par Annick Letaconnoux, au refuge du Grand-Prado, à Sainte-Marie : “Oui, il y a trop de chats à La Réunion !” Et pourquoi donc ? “Il faut avant tout comprendre pourquoi les gens prennent des chats. D’abord, il a un côté “utile”, il chasse les souris. Comme pour le chien, qui fait office de gardien, une des principales raisons de l’adoption réside dans le côté “utile” de l’animal. Puis, on prend un chat pour avoir un petit compagnon, pour soi ou ses enfants. Le chat est un animal doux, qui apaise. À la SPA, quand on rentre dans le coin réservé aux chats, on a un sentiment de quiétude, de calme, qu’on ne ressent pas du tout lorsqu’on va du côté des chiens.” Sauf qu’un chat, ce n’est pas seulement le petit truc poilu qui joue avec des bouts de ficelle : “Un chat, cela coûte de l’argent. On a tendance à
croire que de toutes façons, c’est costaud, ça se débrouille tout seul… Non : pour qu’il soit en bonne santé, il lui faut une bonne alimentation. C’est très fragile, un chat. Prendre un chat, c’est voir sur le long terme, c’est le faire garder pendant les vacances, s’en occuper.” Les raisons des abandons sont multiples : un enfant allergique, une femme qui tombe enceinte, un déménagement… “Entre ceux qu’on nous apporte, ceux qui sont ramenés par la fourrière, nous en recevons trente, quarante par mois. Les trois quarts sont ensuite adoptés.” Les autres sont souvent euthanasiés. Là encore, ce processus a un coût. Une solution ? Les intervenants que nous avons rencontrés en ont une : la stérilisation. Laurence Provot : “Le travail des acteurs (pouvoirs publics, associations) sur le terrain est important, utile, mais il ne répond pas suffisamment au problème. Il faut éduquer les gens, dans leur gestion des déchets, mais
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tu sais, leurs histoires de dodo là…
COMME À CHAQUE FOIS QU’IL ARRIVE SUR UNE ÎLE, LE CHAT A MIS LE BOXON : LA DISPARITION DU DODO À MAURICE, C’EST AUSSI LUI.
bin, le dernier, c’est moi qui l’ai bouffé !
tss... n’importe quoi ! Grat Grat
si, c’est possible, et ouais... neuf vies, le chat !
surtout dans la stérilisation des chats.” Annick Letaconnaux abonde : “Faire des portées, cela ne sert à rien. Il faut stériliser et castrer : on voit trop de chatons lâchés dans la nature, et c’est une erreur. Ils ne sauront pas se débrouiller, ils seront perdus, ne survivront pas. C’est plus facile de les “endormir” (sic) quand ils sont bébés… Je sais que c’est un discours qui peut sembler dur, mais il y en a trop !” Alors, le chat, une plaie pour l’Île ? Dans bien des domaines, sûrement. Mais nous avions été prévenus lorsque, marmailles, on nous chantait des comptines. Comme dans nombre de cultures, celle de La Réunion a souvent fait du chat un être dont il fallait se méfier. Nous avons joint Daniel Honoré, notre spécialiste des contes (voir BuzBuz #23) : “À ma connaissance, il n’y a pas de contes où le héros est un chat. En revanche, oui, il apparaît parfois, notamment dans des comptines, ou des chansons.” Nous avons d’ailleurs re-
trouvé la Chanson de la minette, qui raconte ceci : “Dodo la minette / L’enfant de Jeannette / Si la minette, y dodo pas / Chat’ marron va souke à elle.” Chat’ marron est le chat qui accompagne Grand-mère Kalle dans certaines versions du plus fameux conte réunionnais. Daniel Honoré confirme : “Dans le peu de contes où il apparaît, le chat n’est jamais gentil ! C’est un animal qui attaque, qui est agressif. Il est utilisé pour que les enfants aient un peu peur. Le chat punit.” L’Internet a redoré le blason du chat, loin des craintes qu’il inspirait dans certaines cultures, créole ou métropolitaine : dans les contes de Perrault, le Chat Botté était une animal vicieux, cruel, menteur et manipulateur pour arriver à ses fins. Aujourd’hui, il fait rire quand il saute par la fenêtre, il attendrit lorsqu’il regarde la télé. Le vrai felis catus est quelque part entre ces deux représentations, c’est-à-dire… un animal. Rien de plus, rien de moins, qu’un animal.
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STATISTIQ UE M E N T RECHERCHES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS FREDDY LECLERC
LA DROGUE À LA RÉUNION DANS UNE SYNTHÈSE DE PLUSIEURS ENQUÊTES RÉALISÉES DEPUIS 2001, L’OBSERVATOIRE FRANÇAIS DES DROGUES ET DES TOXICOMANIES S’EST PENCHÉ SUR LA CONSOMMATION DE DROGUES DANS LES DÉPARTEMENTS D’OUTRE-MER, PAR RAPPORT À CELLE DE LA MÉTROPOLE. POUR LA RÉUNION, LES CHIFFRES VONT PARFOIS À L’ENCONTRE DES IDÉES REÇUES.
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Les niveaux d’usage régulier de l’alcool à La Réunion sont plus faibles qu’en Guyane, Guadeloupe ou Martinique. Ils sont même deux fois moins importants qu’en Métropole chez les adultes.
Si les adultes métropolitains sont 61,8% à déjà avoir été ivres, ils ne sont que 56% à La Réunion, un chiffre qui, malgré tout, place notre île devant la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane.
1/3
=
Environ un Réunionnais adulte sur trois a déjà fumé un joint. C’est plus qu’aux Antilles mais bien moins qu’en Métropole, où 41,6% des adultes l’ont déjà fait.
À La Réunion, on compte autant de décès pour alcoolisme et cirrhose qu’en Métropole, pour 10 000 habitants.
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À dix-sept ans, 22% des Réunionnais fument au moins une cigarette par jour. En Métropole, ils sont 32%.
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1% des Réunionnais adultes affirment avoir déjà goûté à la cocaïne. Les Métropolitains sont 5,6%.
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MA BU LL E RECUEILLI PAR LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT
AU MILIEU DU VERT… ENCORE DU VERT RAVINE DES FIGUES, SAINTE-MARIE : PATRICK ET BÉA OCCUPENT UNE CASE DANS UN QUARTIER AU MILIEU DES CANNES, ET ÇA NE MANQUE PAS DE PLANTES.
MA BULLE
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ENTREVUE EXPRESS Ça ne manque pas de plantes, ici… Les fleurs, les plantes c’est joli ; et les fruits, c’est bien pour le sport, à manger ou en jus. Il y a des letchis, des zévis, un palmiste, des hibiscus, des bringelles, des fruits de la passion, des barbadines, des bananes, beaucoup de bananes ! Et vous arrivez à manger tout ça ? On en mange quand même pas mal, mais on en donne aussi beaucoup… Patrick, c’est calme, ici, non ? Avant, j’ai vécu à Saint-Denis, tu sortais du travail, et il y avait quand même du bruit. Ici, les premiers temps, j’étais presque gêné par le silence ! Tu entends juste un peu le coq du voisin… Oui, on entend à peine vos poules ! Ah, ça, les poules… On en a cinq, qui mangent tous nos déchets, qui nous font parfois toutes un œuf le même jour ! C’est bien d’avoir de bons œufs, et le chien les laisse assez tranquilles. Béa, tu peignais quand on est arrivés… Ça me détend. Patrick m’avait dit : “Tiens, les portes de placard sont vieilles, tu veux pas un peu dessiner dessus ?” Je m’y suis mise il y a deux ans. Si tu avais un objet à garder, ce serait un pinceau, alors ? Non, c’est plutôt mon piano numérique. C’est un souvenir d’enfance, je jouais du piano étant petite. Et celui-ci, c’est une grande amie qui me l’a amené, c’est un peu sentimental. Et toi, Patrick, ton objet ? L’album de famille, j’y tiens beaucoup. J’aime bien regarder les souvenirs. Vous ne partiriez pas de cet endroit ? - En tous cas, ce serait pour un endroit calme, pas trop civilisé, avec du soleil et de l’eau pour faire pousser les plantes. J’aime beaucoup les Seychelles, dans les terres, où c’est un peu plus sauvage. T’en penses quoi, Béa ? – Moi, je te suis !
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EX TRAMURO S TEXTE ANNE CHANS PHOTOS GWAEL DESBONT
DES LÉGO POUR LES GRANDS DANS LES HAUTS DE SAINT-PIERRE, UN QUARTIER A VU DES CONTAINERS S’EMPILER… POUR EN FAIRE UNE MAISON.
llez, on va vous l’avouer : cette maison, elle est dans nos cartons depuis un moment. Fallait-il vous ramener des clichés de sa construction ? Nous avons préféré vous la montrer une fois terminée, et bien décorée. Nous voici donc à Montvert, et puisque nous en avons vu les premières heures, nous pouvons vous dire qu’il s’agit d’une sorte de Légo géant, un assemblage de cinq containers, dont seul un pan nous rappelle désormais qu’avant d’être une maison, il s’agissait de boîtes de tôle ayant, un jour, transporté des produits d’importation sur des bateaux géants. Des produits venus de Chine, sûrement, au vu des inscriptions initiales aujourd’hui cachées. Aujourd’hui, le bardage en bois, les fenêtres façon “hublot”, donnent à cette maison un aspect atypique. Jolie maison, certes. Mais sa structure nous a fait poser quelques questions. D’abord, est-ce qu’un container, c’est costaud ? La réponse est oui : ceux utilisés – des containers dont la carrière dans les transports est terminée – peuvent supporter quasiment une tonne au mètre carré. De plus, les boîtes, avant leur installation et même lors de leur carrière antérieure, sont
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constamment contrôlées. Et le fait d’empiler des Légo permet, de plus, l’adaptabilité à beaucoup de terrains. Costaud, oui, mais c’est du métal, quand même… et c’est chaud l’été. Voilà pourquoi, entre le container et le bardage, une isolation est installée. On ressent même une impression de frais, une fois dans les murs… La maison de Montvert, et l’évolution des travaux, est un bel exemple de ce qui peut être fait : le container, on l’empile, on le perce, puis on le recouvre (pas tout le temps, ce qui donne un aspect “brut”, parfois, dans la maison) et on l’oriente afin de profiter des courants d’air. Car l’originalité du concept ne suffit pas : il y a, derrière, une philosophie de “récup’” (eh, oui, avant, les vieux containers, ils finissaient à la ferraille), de diminution du nombre de matières premières (le béton est énergivore…). Devenue l’attraction du quartier lors de son “empilage” (peut-on parler de construction ?), la case de Montvert aurait, selon Case Container, la société qui l’a construite, une durée de vie d’une soixantaine d’années devant elle. Sauf que dans soixante ans, on prend le pari qu’elle sera loin d’être la seule à La Réunion…
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ÇA SE PA S S E LÀ- BA S TEXTES VIRGINIE TRESSENS PHOTOS DR
ZZZ... VOICI UN BAR SANS MOJITO, OÙ L’ON PEUT RONFLER JOYEUSEMENT.
QU’EST-CE QUE C’EST, UN BAR À SIESTE ? Comme son nom l’indique, l’établissement propose à ses clients de faire un petit somme vite fait bien fait quand la fatigue se fait sentir…
D’OÙ ÇA VIENT ? Ce sont les Japonais qui ont démocratisé ce concept. Avec des journées de travail trop longues, les cadres ont trouvé la parade. Pour tenir, il faut en moyenne vingt minutes de sieste pour démarrer sur les chapeaux de roue sa deuxième partie de journée. Du coup, les États-Unis et l’Europe s’y sont mis aussi. À Paris, c’est Christophe Chanhsavang, né au Laos et ancien requin de la finance, qui a ouvert le premier bar à sieste, le Zzz Zen.
COMMENT ÇA MARCHE ? Tu choisis ton nid : hamac, fauteuil “apesanteur” (qui a l’air de sortir tout droit d’un film de science-fiction), ou encore lit massant “shiatsu”. Tu enlèves tes chaussures, ta veste, et tu t’installes dans une cabine. Tu fermes les yeux et le tour est joué.
POURQUOI C’EST BIEN? Parce que tout le monde connaît ce fameux coup de barre après le déjeuner qui empêche de travailler correctement ! En plus, les siestes garantissent un abaissement de la tension nerveuse, un soulagement des douleurs musculaires, et une amélioration de la concentration, de la créativité et du rendement!
ET À LA RÉUNION ? Avec notre climat tropical, il serait grand temps de songer à ouvrir un bar à sieste. En attendant, on en connaît, dans les bureaux, qui sont de sacrés adeptes…
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LE JOUR O Ù… TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS LOS ANGELES TIMES
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EST ÉVOQUÉ POUR LA PREMIÈRE FOIS À LA RÉUNION DANS LE QUOTIDIEN LE PEUPLE, UN ARTICLE RAPPORTANT LES PROPOS D’UN JOURNALISTE EN VOYAGE À HAWAÏ, ÉVOQUE UNE PRATIQUE OÙ LES NAGEURS GLISSENT SUR LES VAGUES À L’AIDE DE PLANCHES EN BOIS.
a lecture des journaux du début du siècle dernier est toujours un peu déroutante, pour nous, jeunes gens du XXIe siècle habitués aux photos, maquettes aérées et rubriques déterminées. Ainsi, entre les faits divers du Camp Ozoux et les nouvelles de Métropole, apparaît dans le journal Le Peuple du 1er septembre 1924 un article relatant le reportage d’un journal métropolitain, intitulé “Le sport aquatique aux îles Hawaï”. Un petit article dont on ne connaît pas la résonnance sur le moment à La Réunion, mais qui évoque pour la première fois ici la pratique des locaux consistant à glisser sur l’eau à l’aide de planches en bois. Le légendaire Duke Kahanamoku, américain originaire d’Hawaï avait déjà commencé à essaimer la pratique du surf en Californie et en Australie, mais La Réunion n’en avait, apparemment, jamais entendu parler. L’article commence par une brève description typographique : “Les îles Hawaï, par leur constitution volcanique, par la composition de leurs terres, par le climat maritime, par leur situation de latitude, présentent une analogie frappante avec La Réunion.” Suivent une description de la façade maritime, des “récifs de corail” formant un “brise-lames naturel à une certaine distance des côtes” puis des pratiques des locaux : “Dès l’enfance, nus et hâlés, ils passent leur vie dans l’eau. La nage devient pour eux une seconde nature. Du temps où ils étaient sauvages (sic), les Canaques (re-sic) ont conservé en particulier un goût très vif pour la nage avec les “alaias” ou les “olos”. Les “alaias” sont des planches polies, taillées en forme de poisson, d’une longueur dépassant d’une soixantaine de centimètres la taille du nageur ou de la nageuse qui s’en sert, et d’une largeur correspondante. Les “olos” sont des “alaias” plus vastes. Jetant l’“alaias” sur les vagues, le nageur s’étend à plat ventre et flotte poussé par la houle. Lorsque souffle le vent du sud, le “kona”, la vague venue de l’océan, vient se briser contre le récif de corail. Dès lors, rythmique et régulière, elle fait avancer en mesure les “alaias” et les “olos”. Mais le nageur doit aussi y mettre du sien. Par de larges brassées, il parvient à avancer.”
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DUKE KAHANAMOKU, ORIGINAIRE D’HAWAÏ, AVAIT COMMENCÉ À ESSAIMER L A P R AT I Q U E D U S U R F E N C A L I F O R N I E ET EN AUSTRALIE.
C’est après cette description, assez précise, qu’on comprend enfin pourquoi ce genre d’article est apparu dans un journal réunionnais : ses journalistes ont été visionnaires. En effet, dans une dernière note en forme de conclusion, Le Peuple fait cette remarque, assez drôle à lire cent ans plus tard : “Les baigneurs et les baigneuses de Saint-Gilles et de l’Étang-Salé vontils se livrer à ce sport ?”
CHEF-D’OEUVRE R E B O O S T E Des feux arrière rouge dans les tons de la carrosserie avec des inserts chromés. C’est juste une des nombreuses touches de mode qui font de la nouvelle Fiat 500, une voiture encore plus brillante. Brille baby, brille.
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SPORT TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS JOHANNA CLEMENCET
POUR LA PREMIÈRE FOIS, NOUS POSONS UNE QUESTION À LAQUELLE ON NE PEUT PAS RÉPONDRE. UNE QUESTION VIEILLE COMME LE MONDE… h, ça, c’est bien une question de journalistes. Mais ça n’intéresse que vous, non ?” Ce témoin de notre conversation avec Samuel Andoche a tort. Savoir “Qui c’est le plus fort ?” turlupine l’Homme depuis la nuit des temps. Les Jeux olympiques antiques avaient, pour cela, le pancrace, où quasiment tous les coups étaient permis. D’autres cultures ont souvent fait – et font encore – des bagarres des motifs de divertissement, quand les épreuves de force – soulever ou lancer des trucs vachement lourds – sont ailleurs elles aussi très populaires. Traditionnellement, et selon le Guiness, l’“Homme le plus fort du monde” est celui qui porte ou tire les objets les plus lourds. Pour nous, un homme “fort” est celui qui battrait tous les autres lors d’un affrontement. Choix arbitraire, mais c’est ainsi. Alors, à La Réunion, c’est qui le plus fort ? Qui est celui qui, dans une bagarre, pourrait vaincre tous les autres ? “On va dire qu’on ne sait pas”, attaque Fabrice Aurieng, plusieurs fois champion de France de boxe française, poids lourds en anglaise et qui touche au K1 de temps en temps. “C’est pour
“A
répondre à ce genre de question qu’existe le MMA. Moi, je suis peut-être pas le plus fort, mais j’ai peur de rien.” Puisque la piste “MMA” est évoquée, appelons Gaël Grimaud, fier combattant dans cette discipline. Il se marre… “Tu cherches le Réunionnais le plus fort ? T’as trouvé le bon… C’est moi, non ?” On y a pensé… “Pour le MMA, il te faut être hyper complet dans beaucoup de sports de combat. J’ai fait du judo, du ju-jitsu brésilien… Le MMA, c’est essayer de trouver des solutions face à tel type de combattant. Un boxeur poids lourds, je vais pas essayer de m’amuser à boxer contre lui, frapper plus fort que lui. Physiquement, c’est impossible. Pour finir le combat, je vais l’emmener vers du corps à corps.” L’esquive, l’adaptation, l’intelligence, c’est ce qui rendrait plus fort ? Samuel Andoche, champion de muay thaï, l’affirme : “Si un rugbyman me chope avec un placage, ça peut m’être fatal. Ou regarde un tennisman, t’as vu ce qu’ils envoient avec une raquette ? Imagine qu’il te met une baffe ou un coup de poing avec la même force… Notre atout, à nous qui nous entraînons dans les sports de combat, c’est que la claque, le placage,
SAVOIR “QUI C’EST LE PLUS FORT ?” TURLUPINE L’HOMME DEPUIS LA NUIT DES TEMPS.
S P O RT
“REGARDE UN TENNISMAN, T’AS VU CE QU’ILS ENVOIENT AVEC UNE RAQUETTE ? IMAGINE QU’IL TE MET UNE BAFFE.”
on va les voir arriver. On va vite analyser le lieu, la position à adopter pour anticiper le coup. Un mec qui n’a pas l’habitude de se battre, même s’il est très fort, il a peu de précision, il faut lui couper la distance. Il faut qu’il ne puisse pas utiliser sa force, justement.” Voilà qui met à mal la notion de “force pure”. Un des meilleurs combattants de l’histoire en K1, Ernesto Hoost, tapait des types parfois plus lourds que lui de trente kilos… Gaël Grimaud a lui aussi l’habitude de combattre – et de gagner – contre plus lourd que lui : “C’est de la stratégie, de la psychologie, pour 50% du combat. Chercher d’autres solutions, lui faire croire des choses, le surprendre.” Et justement, nos combattants se sentent-ils forts ? Croient-ils que, dans la vie de tous les jours, il ne peut plus rien leur arriver ? Pas Samuel Andoche, en tous cas… “Il peut toujours se passer quelque chose. Si on m’attaque avec une arme blanche, je pense que je pourrai me défendre. Avec une autre arme ? Ça deviendra compliqué. On en revient à la distance : avec une arme à feu, par exemple, il n’y a plus de notion de distance et là, ça ne te sert plus à rien de savoir te battre.” Gaël Grimaud ne dit pas autre chose : “En fait, dans des embrouilles, je me retrouve face à deux solutions. Soit le gars comprend vite que ça va très mal se passer pour lui. Soit, et là, c’est très rare, ça se passe en effet mal pour lui. Mais pour ne pas en arriver là, tu fais comprendre ta force par le regard, l’attitude, le calme. Dans tous les cas ou presque, ça ne va pas plus loin.” La peur qu’il arrive quelque chose disparaît-elle ? Gaël : “Surtout pas ! Ce n’est pas parce que tu es fort, que tu as ce sentiment, que tu n’as plus peur ! Si tu n’as plus la notion de danger, tu vas traverser la rue sans faire attention, avoir des comportements à risques, dans la vie comme sur un ring, d’ailleurs… La peur, quoiqu’il arrive, il faut l’avoir, mais faire avec.” Parce qu’être fort sur un ring, c’est bien différent qu’être fort dans la vie de tous les jours. “Dans la vie, je ne suis pas vraiment confronté aux bagarres, dit Samuel. Sur un
ring, si, mais le contexte est différent, les autres veulent me dépasser, je suis une cible. Ce n’est pas le cas dans la vie courante.” Fabrice Aurieng – qui nous a dit plus tôt n’avoir “peur de rien” – lui non plus, ne connaît pas les affres de la bagarre de rue : “Je ne suis pas confronté à ça : tout le monde m’aime bien !” “Moi, je suis un type calme, posé, on m’aime bien, on me connaît un peu, complète Gaël, connu dans pas mal de pays du fait de son niveau en MMA. Il y a des types en MMA qui jouent la provoc’, tout le temps, ce n’est pas mon cas. Moi, les démonstrations de force, c’est dans la cage, pas ailleurs. Ailleurs, ca t’avance à quoi, de montrer que t’es le plus fort ?” Il nous a pourtant dit que c’était lui, le plus fort, au début de notre coup de fil… “Oh, c’était un peu pour rire, en fait, je ne me pose pas ce genre de questions. Bon, si t’as l’occasion, tu leur diras, quand même, aux autres, que j’ai dit ça.” S’ils lisent BuzBuz, c’est fait.
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CULTU RE G RECHERCHES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN
Les dents des lapins ne cessent jamais de pousser.
Le dernier tigre du zoo du Chaudron, Django, est mort euthanasié en 2012.
La Renault Symbol n’a jamais été disponible à la vente en Métropole.
Aux championnats de France cadets de cyclisme en 2006, le Réunionnais Jérémie Souton avait notamment battu Romain Bardet et Nacer Bouhanni
CU
L
Le première Converse All-Star date de 1917.
T
UR
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G
POUR FAIRE LES MALINS DEVANT LES AMIS, VOICI QUELQUES INFOS QUI VOUS DONNERONT LA CLASSE DANS LES DISCUSSIONS.
Chaque jour, plus d’un milliard de personnes se connectent sur Facebook.
Pikachu tire son nom de deux onomatopées en japonais : de pika, soit le bruit que font les étincelles, et chu, celui que font les souris.
En marchant à l’allure de son record sur 50 kilomètres marche, Yoann Diniz aurait terminé sixième du Marathon de la Corniche.
La distribution de vin rouge dans les cantines scolaires a été interdite en 1956. Il est interdit de manger du durian dans certains lieux publics de quelques pays asiatiques, à cause de son odeur.
RCS Nanterre 414 842 062
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* Ouvrir une Heineken, c’est consommer une bière vendue dans le monde entier et exportée notamment depuis le port de Rotterdam.
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
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