BuzBuz #37

Page 1

MAG AZINE G RAT UIT RÉUNIONNAIS  -  #37  -  JUI L L E T  /  A O ÛT 2017

DIEU EST DANS LES DÉTAILS COUPE D’EUROPE DE LA RÉUNION VINA COMME VOUS ÊTES

UN PRÉNOM CELA VEUT DIRE BEAUCOUP…


nouveau KOIFÉ

2 0 Go

d’Internet en 4G au lieu de 5 Go (1)

toujours à 19,99€*/mois Appels illimités

depuis et vers Réunion, Mayotte, Métropole et DOM(2)

SMS/MMS illimités depuis et vers Réunion, Mayotte, Métropole et DOM(3)

Avec la qualité du réseau Orange. Disponible sur koife.re** *Sans Engagement. Offre soumise à conditions et valable à la Réunion sur réseaux et mobiles compatibles. Détails et tarifs disponibles dans la fiche tarifaire en vigueur sur www.koife.re. La zone DOM comprend la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, la Guyane, Saint-Pierre et Miquelon. (1) Débit théorique maximal de 300 Mb/s en réception de données, sous réserve d’être en zone de couverture 4G et de disposer d’un terminal, d’une offre et d’une carte SIM compatibles 4G. Les zones de couverture sont disponibles sur http://4G.orange.re. (2) Appels illimités, depuis et vers Réunion, Mayotte, Métropole et DOM, dans la limite de 150 correspondants différents par mois, hors n° spéciaux, n° de services, renvois d’appels et rappels du correspondant via la messagerie et dans la limite de 1h50 par appel. (3) SMS/MMS illimités entre personnes physiques et pour un usage personnel non lucratif direct (hors SMS/MMS surtaxés et n° courts) et dans la limite de 100 correspondants différents par mois. **Coût d’une connexion Internet. Orange SA au capital de 10 640 226 396 € 78 rue Olivier de Serres - 75015 Paris - 380 129 866 RCS Paris. Juin 2017.


PAGE 03

ÉDI T O

SOURIEZ, ÇA VA VOUS AIDER C’est un des propres de l’homme, ce qui nous différencie du pied de vacoa ou du thon banane, le fait d’exprimer notre contentement en étirant nos lèvres, le tout sous le contrôle d’une partie de notre cortex et mis en application par nos muscles zygomatiques. Le sourire, oui. Un article très récent du Monde – oui, nous lisons très régulièrement le Monde – mettait le doigt sur le sujet, remarquant que sur la majorité des affiches électorales, sur tous nos document officiels, sur les podiums des défilés, le sourire était proscrit. Et à jeter un coup d’œil dans nos archives, à nous, c’est vrai que nos modèles, chez BuzBuz, n’ont pas toujours le rictus joyeux. C’est une mode, qui ne date pas d’hier : regardez donc les tableaux, du Moyen Âge au XXe siècle : tout le monde fait la gueule. Même la Joconde, on ne sait toujours pas trop si elle se marrait ou tirait la tronche. Or, comme le relève le Monde, le sourire semblerait revenir à la mode, et ce sont les utilisateurs de réseaux sociaux qui le montrent, les vendeurs de dentifrice qui le confirment. D’accord. Mais on aimerait aller plus loin : le sourire a des vertus. D’abord, et c’est primordial, le sourire est gratuit. C’est bête, mais cela est utile de le préciser : souriez, cela ne vous coûtera rien. Surtout, cela vous rapportera. Faites donc un sourire à votre pompiste, à la dame de l’accueil au travail, même au policier qui contrôle vos papiers. Et voyez donc ce que cela amène en retour : le sourire détend les autres. Le sourire fait plaisir. Entendons-nous bien, on n’a pas tous les jours des raisons de sourire, et puis il ne faudrait pas avoir l’air du bienheureux un peu benêt, qui trouve tout super. Mais allez, de temps en temps, le plus souvent possible, même, souriez. Sur le court, moyen et long terme, vous allez remarquer un truc : les gens vous souriront plus souvent, à leur tour. NB : Et n’allez pas à Paris. LA R ÉDACT I ON

RÉDACTION EN CHEF

Loïc Chaux

RÉDACTION

Marie Renneteau, Marianne Renoir, Livy, Loïc Chaux, Laurent Perrin

DIRECTION ARTISTIQUE GRAPHISME

Pascal Peloux, Jérôme Dupire

COUVERTURE

Modèle : Nicholas Photo : Romain Philippon

BUZBUZ MAGAZINE Bimestriel N°37 Juillet-août 2017

DIRECTION DE LA PUBLICATION Pascal Peloux

PHOTOGRAPHIE

Gwael Desbont, Stéphane Repentin, Romain Philippon

IMPRESSION Graphica

PUBLICITÉ

BuzBuz Magazine Emilie Arolès Tél. 0692 13 60 08 commercial@buzbuz.re

SARL au capital de 4 350  euros 62 boulevard du Chaudron Bât. A - Bureau 905 97490 Sainte-Clotilde 0692 55 99 98 contact@buzbuz.re

www.buzbuz.re ISSN 2114-4923 Dépôt Légal : 6330 Toute reproduction même partielle est interdite.

VOUS SOUHAITEZ FAIRE CONNAÎTRE UNE BONNE ADRESSE, UN BON PLAN, UNE NOUVEAUTÉ. N’HÉSITEZ PAS À NOUS ENVOYER UN COURRIEL À L’ADRESSE SUIVANTE : CONTACT@BUZBUZ.RE


PAGE 04

LE N E Z DE H O RS TEXTES MARIANNE RENOIR, LIVY, MARIE RENNETEAU PHOTOS GWAEL DESBONT

BELLE PRISE Quand on est contents, à BuzBuz, on peut devenir triviaux. Alors forcément, quand on a goûté aux fish & chips à la daurade en tempura à la bière de Benjamin et Karen, on est restés sur le cul. Voilà, c’est dit. Pas étonnant, donc, d’apprendre que le couple cumule pas mal d’années d’expérience dans la restauration. Le très parisien chef cuistot Benjamin souhaitait au départ concocter des Banh Mi, des sandwichs vietnamiens. Mais avec le poisson, il s’éclate. Les plats sont faits maison et minute et la carte change chaque semaine, selon l’arrivée de poissons. Le prix de la formule est, lui, immuable – 12 euros pour un plat et une boisson, qu’importe le poisson. L’idée, c’est de choisir ce qui nous fait plaisir. À la recherche actuellement d’un emplacement, vous les croiserez ici et là dans l’Ouest en attendant. FISH TRUCK, ITINÉRANT. CONSULTER LA PAGE FACEBOOK OU APPELER POUR CONNAÎTRE L’EMPLACEMENT DU JOUR. TÉL. : 0693 20 86 34.

C’EST ÇA, UN CONCEPT STORE

CHASSEZ LE NATUREL… Effet de mode ou vraie prise de conscience, le consommateur lambda se surprend aujourd’hui à décrypter l’étiquette d’un paquet de biscuits ou à se mettre aux fourneaux. Il dit qu’il en a marre de la bouffe industrielle, des additifs, des lobbies. Il veut du bio, du naturel, retrouver le goût des patates que cuisinaient ses grands-parents, il veut avoir le choix mais ne pas dépenser trop. Bref, il est devenu... exigeant. Avec ses 400m2 et ses neuf mille références, l’enseigne Naturalia tombe à pic. Il pourra quand même continuer à se plaindre du rayon frais encore trop peu alimenté par les producteurs locaux. NATURALIA, ANGLE DE LA RUE DU GYMNASE ET DU BOULEVARD LEOPOLD-RAMBAUD, SAINTE-CLOTILDE. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, 8H30-19H30 ; LE DIMANCHE, 8H30-13H. TÉL. : 0262 47 90 94.

Si vous avez toujours eu du mal avec le terme “concept store”, allez donc faire un tour dans le petit dernier du Forum, à Saint-Gilles, et vous comprendrez enfin. Frédérique et Sophie n’ont pas réussi à choisir entre les fringues de la marque Amuse Society, les baskets estampillées Vissla, les parfums, les lampes à trépied, les bijoux, les bougies, les cabas, les tapis, les carnets, les assiettes, etc. Elles ont donc choisi de ne pas choisir et de partager avec vous tous leurs coups de cœur. Et de vous proposer de rester déjeûner sur le toit. Pascal, le chef, a toujours plein de nouvelles idées. LITTLE FACTORY, 85 RUE DU GENERAL-DE-GAULLE, LE FORUM, SAINT-GILLES-LES-BAINS. OUVERTURE : LE LUNDI, 12H-19H ; DU MARDI AU SAMEDI, 10H-19H. TÉL. : 0262 34 50 71.


Serti au coeur d'un environnement authentique et préservé, dans le Sud Sauvage de La Réunion, le PALM Hotel & Spa réinvente l’hôtellerie de luxe en pleine nature… Un écrin de verdure suspendu entre ciel et mer pour un séjour des plus relaxant alliant repos et contemplation.

PALM HOTEL & SPA 5* - Grand’Anse - île de La Réunion - Tél. +262(0)262 56 30 30 - Email : hotel@palm.re


PAGE 06

LE N E Z DE H O RS

JOYEUX BAZAR ! Le renouveau, le changement, ça on aime. Quatorze ans après avoir ouvert sa boutique de vêtements Chez Elles, Stéphanie a décidé de faire peau neuve en transformant le lieu en “Bazartherhappy”. Nouveau concept, nouveaux produits, on y vient avec une petite idée derrière la tête : se faire plaisir. Des objets de déco, des bijoux, des cosmétiques, des produits alimentaires bio viennent compléter un choix de vêtements, d’accessoires, de chaussures. Un bazar savamment organisé qui a tout pour plaire. BAZARTHERHAPPY BY CHEZ ELLES, 35 A GALERIE AMANDINE, SAINT-GILLES-LES-BAINS. OUVERTURE : LE LUNDI, 15H-19H ; DU MARDI AU SAMEDI, 9H30-12H30 // 14H30-19H. TÉL. : 0262 24 47 46.

LA NOUVELLE ROUTE DE LA SOIE Arte diffusait récemment le documentaire Japon, la voie du thé sur la première cueillette du sencha. On a trouvé un raccourci, une voie express qui nous a transportés vers les thés nippons de la maison Théodor. Derrière la discrète porte de l’Herbier Déco, tout est une invitation au voyage. Les services à thé, les délicats kimonos en soie, les poupées kokeshi, les colliers massaï et les lampes en verre soufflé de Syrie. Au milieu de cette ode au raffinement, n’hésitez pas à vous arrêter déguster le thé du jour avec Patricia.

DANS LE SUD, UN PEU D’AUTHENTICITÉ Vous l’avez peut-être remarqué, depuis quelque temps, le Nez Dehors tente au moins une fois par numéro de vous parler d’une adresse mythique de La Réunion, un endroit où on peut inviter les touristes manger sans aucun risque de se tromper. Nous vous emmenons donc cette fois à la ferme-auberge Desprairies, tenue par la famille du même nom dans les Hauts de Saint-Joseph, route de Matouta (cela vous donnera en plus l’occasion de visiter ce joli coin). Lors de notre passage, nous avons aperçu de belles confitures faites maison, nous avons bu un excellent jus de fruits du jardin… De quoi parfaitement accompagner les spécialités au palmiste, au canard, bref, tout ce qui pousse dans la ferme d’à-côté. Oui, les canards, ça pousse dans les fermes. FERME-AUBERGE DESPRAIRIES, 44 ROUTE DE MATOUTA, SAINT-JOSEPH. TÉL. : 0262 37 20 27.

L’HERBIER DÉCO, 18 AVENUE DE LA VICTOIRE, SAINT-DENIS. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 10H-18H30. TÉL. : 0692 68 22 10.


PAGE 07

LE NE Z DE H O RS

PEEKA, PEEKA !

Ce n’est pas le nom d’un Pokémon, mais celui qu’a trouvé le petit Grégory pour le café-poussette de sa maman. C’est aussi lui qui lui a inspiré l’idée de créer cet espace de rencontres entre parents et enfants. “Ce n’est pas une garderie”, prévient Pascale Gakdody. D’ailleurs, le terme de “café-poussette” ne dit pas deux choses. La première, c’est qu’il accueille aussi bien les tous petits que les ados. La seconde, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’être parent. On peut aussi passer un moment avec des collègues dans l’espace de coworking, participer aux débats, venir faire des photocopies ou juste manger une bonne salade. Parfois, il y a même des soirées de jeux, des concerts, des fonnkèr. PEEKABOO, RUE BOYER-DE-LA-GIRODAY, SAINTE-CLOTILDE. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 9H30-19H30. TÉL. : 0692 58 51 42.

DE L’ART AU CŒUR DU VILLAGE

Depuis le début d’année au coeur de l’Entre-Deux, vous pouvez rendre visite à un photographe que nous aimons beaucoup : Edgar Marsy. Dans son atelier-boutique, il présente toutes les éditions de son travail. Cet espace lui permet de partager les projets réalisés en studio et les portraits, notamment ceux réalisés avec la population du village. Il se “comporte” également comme un photographe de proximité, souhaite donner de la visibilité aux Entre-Deusiens et mieux faire comprendre sa démarche. EDGAR PHOTOGRAPHIE, 16 RUE VITRY, ENDRE-DEUX. OUVERTURE : LES MARDI ET JEUDI, 9H-12H // 14H-18H. TÉL. : 0692 60 30 38.

Voiture Hébergement Bricolage etc... TOUT SE LOUE SUR : www.nouloutou.re


PAGE 08

LE N E Z DE H O RS

AUTHENTIQUE & GOURMAND La cuisine libanaise serait-elle en vogue dans le sud de l’Île ? Un nouveau restaurant libanais, Le Mezzé, vient en effet d’ouvrir rue du Four-à-Chaux. L’épicerie qui s’y trouvait a laissé place à une vaste salle de restaurant, dans laquelle nous parviennent les très bonnes odeurs de la cuisine. Monsieur est aux fourneaux, madame au service. Pour se faire notre avis, on a retenu la formule “Mezzés” à 25 euros par personne : succession d’entrées froides, chaudes (avec bien évidemment les stars, les fondamentaux, les incontournables, qu’on ne présente plus : taboulé, houmous, baba gahnnouj) quelques grillades, le tout accompagné du fameux pain libanais servi encore chaud… Plaisir des yeux, du palais, le tout partagé, de quoi se délecter ! LE MEZZÉ, 103 RUE DU FOUR-À-CHAUX, SAINT-PIERRE. OUVERTURE : LE LUNDI, 12H-14H30 ; DU MARDI AU VENDREDI, 12H-14H30 // 18H45-22H30 ; LE SAMEDI, 18H45-22H30. TÉL. : 0692 68 10 11.

COMME AUX USA...

UN PEU DE MOYENORIENT DANS L’EST L’adresse n’est pas nouvelle, mais nous nous devions de parler de La Gazelle. À moins de cinq minutes en voiture du Bassin Bleu se trouve votre futur coup de cœur. Nous avons profité d’une journée ensoleillée pour nous échapper dans l’Est et nous y arrêter déguster une croustillante pastilla préparée par Fatima. Qui dit spécialités marocaines dit bien sûr couscous, tajines, cornes de gazelles et thés à la menthe au menu. Des plats qu’il est possible d’emporter, mais il serait bien dommage de ne pas profiter du cadre. Et du chaleureux accueil comme on n’en fait plus beaucoup ! Pour ceux qui souhaitent prolonger l’instant dépaysement, trois apparts meublés vous attendent. LA GAZELLE DE L’ATLAS, 89, ROUTE DE LA NATIONALE 2, SAINTE-ANNE. OUVERTURE : DU MARDI AU JEUDI ET LE DIMANCHE, 11H30-14H ; LE VENDREDI : 11H30-14H // 19H15-23H ; LE SAMEDI, 19H15-23H. TÉL. : 0692 400 772.

Depuis peu, à Saint-Pierre, un nouveau resto-bar fait parler de lui : le Downtown. Avec son atmosphère lounge et cosy, Jean-Louis et son équipe vous accueilleront le midi pour déjeuner avec, au menu, des burgers, des plats du jour, des salades… Le tout à base de produits frais et cuisinés maison : simple, bon et efficace. Le soir, dès 18h, vous pouvez siroter un verre et déguster les cocktails “signature”, tous excellents, accompagnés de quelques tapas et/ou dîner tout en écoutant un pur son. Chaque week-end, des DJs se succèdent aux platines. L’ambiance y est vraiment cool et on en redemande. Ce nouveau lieu des nuits Saint-Pierroises compte déjà quelques aficionados. DOWNTON, 4 RUE DES BONS-ENFANTS, SAINT-PIERRE. OUVERTURE : LES LUNDI ET DIMANCHE, 18H-00H ; DU MARDI AU SAMEDI, 11H30-14H // 18H-00H30. TÉL. : 0693 77 05 74.



PAGE 10

2 M O I S DE FA I T S DI V ’ TEXTES LOÏC CHAUX

TROTTINETTE, MESSE ET GEL INTIME Lire les pages “Faits divers” du Jir et du Quotidien, c’est aussi prendre des nouvelles de La Réunion. Nous vous avons préparé le résumé de ces deux derniers mois. Du 17 au 23 avril Finis les problèmes de peau ! À Saint-André, des policiers venus sécuriser un incendie se retrouvent aspergés de Roundup par un quidam. Toujours dans l’Est, des gendarmes, qui remarquent des pieds de zamal dépassant d’une clôture, se retrouvent à sermonner tous les voisins, qui avaient la même passion. Heureusement, il n’y a pas que les petites gens qui trinquent : un radiologue est condamné à dix mille euros d’amende pour avoir peloté sa secrétaire. Sa défense ? Il a avoué être un peu “tactile”, mais c’est pour “la bonne humeur dans l’équipe”. Classe.

Du 24 au 30 avril À Saint-Leu, un conducteur de taxi conventionné est soupçonné d’avoir grugé la sécu de quatre cent mille euros. En revanche, avec ce coup-ci, elle va faire des économies, la sécu : le pistolet avec lequel un monsieur a braqué son collègue ne lançait que des billes. Chez les voisins mauriciens, les douaniers interceptent un couple de Réunionnais qui avaient planqué trois cent cinquante oiseaux dans leurs valises. On imagine la scène : “Pouvez-vous m’expliquer pourquoi vos valises font "cuicui" ?” À La Rivière, un monsieur est condamné pour avoir volé du gel intime dans une pharmacie, espérant se doucher avec. Voilà encore deux hommes qui devaient aussi sentir la crevette : à l’Étang-Salé, ils ont pêché des dizaines de langoustes sans en avoir le droit. Les déménagements, c’est toujours le bazar : cette fois, à Sainte-Suzanne, un copain venu en renfort est reparti avec la voiture.

Du 1er au 7 mai Deux marmailles ont été attrapés par la police après avoir visité un magasin saint-pierrois. Ils y ont volé une trottinette. Des canards, des coqs, et maintenant, des

cabris : les royal-bourbons de Saint-Louis ne mangent pas n’importe quoi, au grand dam de l’éleveur qui voit son cheptel se réduire comme peau de chagrin. Pas loin, un jeune homme met un coup de hachoir dans une voiture de gendarmerie, il gagne un coup de taser en échange. Décidément… Toujours avec un hachoir (peut-être pas le même), un autre monsieur menace une dame de la Caf. Quand on a fait la queue trois heures, et qu’on doit repartir parce qu’on n’a pas rempli le formulaire B2, c’est énervant, mais quand même… Un comptable est jugé pour avoir détourné cent mille euros, qu’il a utilisés pour bringuer à Mada. À deux euros le whiskycoca à Diego, on vous laisse faire le calcul.

Du 8 au 14 mai Un voleur s’introduit chez une dame mais, se rendant compte qu’elle est handicapée, s’agenouille devant elle et lui demande pardon. Classe (bis). Les casses du siècle, c’est plus ce que c’était : à Saint-André, un passant à vélo décide d’entrer dans une banque pour en fouiller son contenu. Mais c’est bien connu : l’argent, il est plus dans les banques… Toujours dans le même coin, le panache n’a pas encore été récompensé : le conducteur qui s’est fait attraper avec du zamal, de la cocaïne, mais sans permis de conduire, a vu sa proposition de payer la police déboutée.

Du 15 au 21 mai Au Port, les facteurs se sont fait voler quatre scooters. Les jaunes, les plus discrets. Guerre des polices : à Petite-Île, un policier un peu bourré tire en l’air devant des gendarmes, en les insultant. Dans l’Est, un jeune homme est condamné à de la prison, pour avoir menacé sa famille avec un revolver qu’il aurait, selon lui, trouvé au parc du Colosse.

Du 22 au 28 mai Quatorze barrettes de shit, et hop, embarqué. Banal ? Non : le shit a l’air produit ici. Let’s cook ! Sinon, c’est un peu ballot, l’hélice de la vedette de maintenance qui se prend dans le filet anti-requins à Boucan…

Du 29 mai au 4 juin Pour une fois… Une dame, au Port, a été jugée pour avoir porté un coup de couteau à son amant. À Saint-Denis, les planteurs bloquent le Barachois. Les raisons ? Comme on dit sur Facebook, c’est compliqué. À Saint-Pierre, des habitants s’opposent à l’installation d’une antenne relais. Ils auraient pu arguer que ce n’est pas bien beau, mais ils s’attaquent plutôt aux “ondes”. Des ondes dont la dangerosité n’a encore jamais été prouvée, au passage. À Champ-Fleuri, un jeune homme est jugé pour avoir frappé sa compagne car elle n’avait pas, comme tous les matins, fait couler son café.

Du 5 au 11 juin À Aurère, quatre cents plants de zamal sont saisis. Ça devait sentir meilleur qu’à Duparc, où une école a dû fermer tant la station d’épuration d’à-côté refoulait. Dans l’Ouest, le patron d’un hôtel est accusé d’avoir frappé un ancien employé, et accompagné de deux copains travaillant à la gendarmerie.

Du 12 au 18 juin Un monsieur ayant un peu picolé au baptême de la veille, se réveille de sa grasse mat’ en se demandant où est passée sa femme. Elle était allée à la messe, il l’a tapée. Pour une fois, on peut en parler, il n’y a pas eu de mort : le requin qui attaqué le bodyboarder à Saint-Gilles s’est contenté d’un bout de sa planche.

ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS

Au Brésil, Volvo Trucks a développé un véhicule aidant le conducteur à éviter de piétiner les plants de canne à sucre lors de la récolte. // Dans certains magasins sud-coréens, les commerçants ne rendent plus de monnaie en pièces, mais sous forme électronique. // En juin a été lancé en ligne le dictionnaire VÉgA, permettant de traduire les hiéroglyphes. // Le Mémorial ACTe (Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la Traite et de l’Esclavage), en Martinique, a obtenu le Prix du Musée 2017 du Conseil de l’Europe. // Sur Airbnb, on peut louer une maison, à Hawaï, à quelques kilomètres du cratère du Kilauea.



PAGE 12

ÉV É N E M E N T TEXTES LOÏC CHAUX

DES RÉUNIONNAIS ONT ÉTÉ ATTEINTS DE ROUGEOLE Entre fin avril et début mai, cinq Réunionnais ont attrapé la rougeole, selon l’ARS. La maladie aurait été importée par l’une d’elles, suite à un voyage en Thaïlande, et qui aurait contaminé les autres.

Après enquête, l’Agence régionale de santé (ARS) pense qu’un “patient zéro” dans l’Île a pu ramener la rougeole de Thaïlande, et infecter des collègues et inconnus pendant sa période d’incubation.

La rougeole est très contagieuse, et la plupart du temps bénigne. Cependant, chez les bébés, elle peut provoquer de graves complications.

Le vaccin ROR est le seul moyen de prévenir la maladie. Entre 2000 et 2015, l’OMS estime que la vaccination a permis d’éviter environ vingt millions de décès. Le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) n’est pas obligatoire en France. Lorsque des cas d’épidémie de rougeole sont déclarés, l’OMS a remarqué que l’immense majorité des malades (entre 80 et 95%, selon les pays) n’avait pas été vaccinée.

Depuis le début d’année, l’Est de la France doit faire face à une épidémie de rougeole, alors que la maladie était en fort retrait depuis 2012. Plusieurs pays dits “développés” ont déclaré d’autres foyers, notamment l’Angleterre et les États-Unis.

Pour beaucoup de spécialistes de la santé, la recrudescence des cas de rougeole dans les pays développés est due, en partie, à la médiatisation récente de groupes activistes anti-vaccins.

Dans la plupart des foyers d’infection de la rougeole dans les pays développés, les parents avaient décidé de ne pas vacciner leurs enfants.

Début mai, influencée par des militants anti-vaccins, la communauté d’origine somalienne d’une ville du Minnesota a vu environ soixante-dix cas de rougeole se déclarer en quelques semaines, provoquant la pire éclosion de cette maladie dans cet état depuis trente ans.

ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS ÇA SE PASSE AILLEURS

Anse-Bertrand a construit la première “givebox” de Guadeloupe, où n’importe qui peut venir déposer et prendre des objets, dont des livres. // Deux hommes ont été interpellés, à Chartres, pour vol de palettes sur des chantiers ; ils en avaient subtilisé plusieurs centaines. // Le 1er juillet 2018, le Canada légalisera la consommation de cannabis. // En Thaïlande, un monsieur a ouvert un restaurant où il fait griller ses poulets uniquement par le biais de miroirs tournés vers le soleil.



PAGE 14

ART, C ULT URE URBA I N E E T M U LT I M ED I A TEXTES LAURENT PERRIN, LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT, CJP

RECONVERSION? ÉVOLUTION! On connaissait Fioso Mayne rappeur. Il va falloir s’habituer à voir en lui aussi un acteur. Ça tourne, clap !

C

omplètement à part dans le paysage hip hop réunionnais, Fioso Mayne n’en demeure pas moins un fervent activiste. À coups de clips léchés et de photos sophistiquées, allègrement diffusés sur les réseaux sociaux, il s’est construit une image digne de la west coast américaine. Pas facile d’imposer ses codes dans une île encore un peu à la traîne niveau son. Mais le Mayne persévère et s’attache à mettre du professionnalisme dans tous ses projets. “J’ai arrêté la scolarité pour me consacrer à la musique”, nous confie-t-il, avant d’ajouter : “Je réfléchis à reprendre les études, un BTS en alternance sur les métiers de la com’ et du management.” Tout est réfléchi, chez lui, au cas où on en doutait. C’est que Bryan ne compte pas s’arrêter à la musique. Il a d’autres projets. Cette année, on le verra acteur principal d’un court métrage, Face to Face, signé d’un jeune réalisateur local, Julien Técher. “C’est sur l’univers de la pousse. Mon personnage principal vit pour sa passion. Mais un jour, il tombe dans un piège, et fait de la prison. On le suit à sa sortie, quand il renoue avec sa famille, la nouvelle scène des compétitions…” Un film où l’on retrouvera des têtes connues de l’humour péi, et qu’ils iront défendre en festival. Ce n’est pas la première fois que Fioso se plait à jouer l’égérie. Avant ça, il avait participé à une campagne pour Axe et pour une marque de casques audio adaptables aux casquettes et chapeaux !

“J’ai encore beaucoup de compétences à acquérir, sur l’acting notamment. Mais le cinéma m’intéresse beaucoup comme perspective d’évolution. J’y trouve plus de liberté de création.” Aussi, avec cette reconversion, il pense pouvoir toucher plus facilement le public. Un public qui a parfois tendance à confondre le personnage, Fioso Mayne, et le bonhomme, Bryan. “Ceux qui me voient dans l’intimité savent que je suis plutôt sympa, loin de l’image du mec arrogant et sûr de lui que je peux donner dans mes clips.” À venir, d’ailleurs, le clip Rolling Stones en juillet et un concert à la Nordev le 21. Et pour le long terme, “j’aspire à bouger, rejoindre mon équipe là-bas, à Paris, et j’espère signer un contrat avec Polydor, chez qui j’ai un contact.” Y’a pas d’raison.


PAGE 15

GRAND STUDIO À PARTAGER Difficile de ne pas remarquer que le paysage portois a changé depuis l’année dernière. Ç’a commencé par les façades de quelques immeubles du quartier de la Rose-des-Vents. Il y a eu les marmailles de Seth et de Méo, la volaille de Ceet, la faune acrylique de Gorg One. Des baleines et des cerfs miniaturisés plus récemment sur les compteurs EDF. “L’art est au Port”, graffait un jour l’Activist sur les murs de l’école des Beaux-Arts. Il est aussi depuis avril à La Friche, à quelques mètres du D2. L’ancien centre de tri de La Poste s’est transformé en immense terrain de jeu et d’expérimentation pour trois artistes : Fred Boulon aka Gorg One, Fred Dussoulier et Tony. Une colocation d’un an et demi dans un spacieux 1 000 m2 prêté par la mairie. Le “contrat” prévoit de produire une pièce par an en échange et d’accueillir tous les public curieux de visiter les lieux. Parfois, on peut inviter les potes à squatter comme la Japonaise Masami ou ceux du Lavabo.

UN ŒIL DA NS LA RUE

LES MURS ONT DE BEAUX YEUX

ET À PA RT Ç A … JUSQU’AU 29 DÉCEMBRE: Les Archives départementales accueillent Incyclopédie, une réécriture loufoque de l’histoire réunionnaise. On appelle cela de l’uchronie et c’est bien fichu. LE 9 JUILLET: Dans cette rondavelle dont on parle de plus en plus, à Saint-Leu, les Filaos, le Pain des Fous ambiancera méchamment le fin de week-end. DU 27 JUILLET AU 6 AOÛT: Opus Pocus fait partie de nos chouchous, en ce qui concerne les festivals. Parce qu’il arrive à un moment où il ne se passe plus rien, certes, mais aussi parce que c’est toujours de la vraie, bonne musique. Cette année, on écoutera des saxos, avec Femi Kutti, entre autres. LES 4 ET 5 AOÛT: C’est bien connu, à La Réunion, parler culture, c’est forcément parler de la Cité des Arts. Alors, cette fois, elle accueille Kwa La !, festival à la programmation, disons, éclectique. Basée sur les “musiques du monde”, disons.

Le collage de photos sur les murs, La Réunion commence à connaître. Un des derniers épisodes en date est le Inside out project, projet participatif mondial où chaque participant est chargé d’effectuer des portraits en noir et blanc, de les imprimer, et de les coller. À La Réunion, ce sont les bâtiments de la SIDR dans le Bas-de-laRivière qui ont eu l’honneur de voir leurs façades décorées, sous l’impulsion de l’association P’tit Colibri, du photographe Tortuga, le tout sur le thème des “Femmes de l’océan Indien”.

LES 13 ET 20 MAI: Ça nous fait marrer, alors on vous informe : Chantal Goya se produira au petit Stade de l’Est. Au moins, on aura eu Bouba à La Réunion.


PAGE 16

CULT URE PO P’ RECUEILLI PAR MARIANNE RENOIR PHOTO GWAEL DESBONT

JE NE SUIS PAS (TOUJOURS) UN HÉROS Inspiré de films, séries, mangas, BD, jeux vidéo, le cosplay consiste à rendre hommage à une œuvre ou un univers de fiction en incarnant un de ses personnages.

Myriam Barcaville, vingt-neuf ans, est membre de la Metamorphosis team cosplay. Depuis neuf ans, on peut la croiser sous les traits de Sailor Moon, d’un elfe de sang, d’une cyberpunk ou encore du Chevalier de la Vierge. C’est quoi, l’intérêt de se glisser dans la peau de Naruto ou Wonder Woman ? “J’ai toujours aimé créer - je voulais devenir styliste (elle est directrice artistique, Ndlr), et aimé jouer. En général, je choisis un personnage qui possède une facette de moi-même ou qui présente un trait de caractère intéressant à interpréter. J’aime passer du personnage mignon au complètement barré. Sans le cosplay, je me serais enfermée dans une bulle. Ça me rapproche des gens. Sacrée responsabilité que d’incarner les héros de son enfance ! Quand on incarne une Sailor Moon ou un Chevalier du zodiaque, on réveille une certaine nostalgie chez la “génération Dorothée”. J’essaie d’être le plus fidèle possible au personnage et de m’améliorer sans cesse, mais je ne me mets pas la pression. Il y en aura toujours pour pinailler sur des détails. Il faut garder en tête qu’un cosplay ne sera jamais la réplique exacte de l’original et que ça reste un loisir créatif. On se détend. Quelle(s) différence(s) avec le GN, le jeu de rôle grandeur nature ? Le costume de cosplay est toujours tiré d’une référence à une œuvre de fiction. Dès lors qu’on peut identifier un personnage, c’est du cosplay. En GN, c’est nous qui créons notre personnage, en lui imaginant une personnalité, un passé, etc. Sans oublier qu’il y a toujours un univers imposé en GN comme l’heroïc fantasy ou le post apocalyptique. Impossible de croiser Batman au milieu de chevaliers médiévaux. La page Facebook Lowcost cosplay, ça reste du cosplay ? J’adore le mec qui l’a créée, c’est un créatif capable d’imaginer un personnage à partir de n’importe quoi. Selon moi, c’est un bon cosplayer parce qu’il le fait pour s’amuser avant tout. En revanche, il ne pourra jamais participer à des concours où un cosplay réussi doit répondre à une liste de critères comme les matériaux utilisés, la technique de fabrication, le jeu d’interprétation.”


4-5 AOÛT

À LA CITÉ DES ARTS

Jazzanova Live Feat. Paul Randolph THE EXCITEMENTS HIFANA

I LLUSTR ATI ON FEGR É

THE BARBERETTES CITY KAY SOWETO GOSPEL CHOIR CERO 39

Infos et billetterie www.monticket.re Toute la programmation sur www.kwalafestival.re


PAGE 18

VIN A


P O RTRA IT

PAGE 19

TEXTE LAURENT PERRIN PHOTO GWAEL DESBONT

VINA COMME VOUS ÊTES Itinéraire d’une enfant pas gâtée, débarquée de la Grande Île à trente-trois ans pour refaire sa vie à La Réunion et qui, dix ans plus tard, se porte bien.

D

ialogue d’enfants, celui des deux marmailles de Vina : – “Tu es journaliste, tu connais Manu ? – Non, mais y’a d’autres journalistes que Manu, tu sais.” Accueil sans méfiance, avec curiosité, demandant simplement “Qu’est-ce que tu fais-là, un reportage ?” Plutôt un portrait, sur ta maman. Il faut la mériter, Vina. Pas qu’elle s’esquive ou veuille se rendre importante ; elle est juste toujours sur la brèche. Le rendez-vous est à midi. À treize heures : “Je suis chez le dentiste, il y a beaucoup de monde, j’avais très mal aux dents. Repasse plus tard, s’il te plait.” Ça va être long. Pas grave, j’ai du temps, j’en profite pour balayer les lieux du regard. Par "les lieux", entendez le bar Chez Vina, haut lieu de réunion dans le quartier des Deux-Canons, à Saint-Denis. Dans un coin, on trie une énorme pile de vêtements. À côté, on répare ce qui ressemble à une machine à glace. Et autour, toute une tribu s’occupe, sur l’ordi, sur un vélo, en attendant le retour de maman.

“JE RESPECTE MES VOISINS DE QUATREVINGT-SEIZE ANS.” Elle me reçoit dans la cuisine, sommaire, rangée sans manière, avec son fils, Stallone. Elle, c’est Sylvie, née Danilala Czernichowski. Un père Polonais, légionnaire, qui les abandonne tôt pour retourner vivre en France. Un frère et une sœur du même père, plus trois autres avec un autre papa. Nous sommes à Diego, Vina vit avec sa mère et fait des ménages. Puis ouvre un petit restau – Chez Vina, déjà – avant de venir s’installer à La Réunion “le 3 décembre 2007”. La date est gravée dans sa mémoire, synonyme de nouveau départ. Elle a trentetrois ans et ici, une meilleure vie l’attend, du moins l’espère-t-elle. “Je n’ai jamais regretté d’être venue à La Réunion. Et puis, je retourne à Mada une fois par an”. Après un stage à la Chambre des métiers en 2012, pour se former aux règles françaises de la restauration, puis “les papiers à remplir”, son

camarade Rizilki Atoumani lui dégote un lieu pour lancer son projet de petit snack : sandwichs, boissons, plats sur place et à emporter. Du classique. Sauf que la quarantaine de clients que peut accueillir ce petit espace se donne le mot tous les week-ends pour mettre l’ambiance, sans importuner le voisinage. “On met de la musique juste sur l’ordinateur, je respecte mes voisins de quatre-vingt-seize ans.” Des clients, qui deviennent des fidèles, voire des amis, viennent goûter au romazava, aux brèdes manioc, aux brochettes et à la soupe pied-de-bœuf, des spécialités du pays. “Nous, ses enfants, on est fiers d’elle, me confie Stallone. À Madagascar elle travaillait au bord de la rue, ici elle a beaucoup progressé”. À voir sa fierté, d’entendre son fils ainsi s’exprimer, elle qui s’est battue pour se faire une place, on se dit qu’il en faut du courage. Pour se lever chaque jour et prendre soin avec la même intensité de huit marmailles, quarante clients, et de soi-même, aussi un peu.


PAGE 20

SO C I É T É TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

DU FOND DANS LES PRÉNOMS On ne choisit pas son prénom ou alors, dans de très rares cas. Pire : ce ne sont pas non plus vraiment vos parents qui l’ont choisi pour vous. Ce prénom que vous portez n’est rien de moins que le résultat des facteurs conjugués de la mode, de votre origine sociale, de l’Histoire…


S O CIÉ TÉ

1

993. Le guerre civile en Somalie, la mort de Pierre Bérégovoy, La Liste de Schindler, le but de Boli… Mais aussi le début d’un magnifique bazar concernant l’attribution des prénoms aux petits enfants. Avant 1993, en effet, la vie était simple : l’officier d’état civil avait le droit de refuser le prénom que vous proposiez de donner à votre enfant, car il suivait une directive datant de la Révolution. Celle-ci stipulait que “les noms en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus dans l’histoire ancienne pourront seuls être reçus, comme prénoms, sur les registres destinés à constater la naissance des enfants ; et il est interdit aux officiers publics d’en admettre aucun autre dans leurs actes.” Certes, dans les années soixante, cette loi de cent cinquante ans avait été assouplie par une circulaire, autorisant notamment quelques noms issus de langues régionales, voire à consonance “étrangère”. Cette même circulaire demandait à l’officier d’état civil de rejeter “les prénoms de pure fantaisie.” En 1993, cette loi est donc abrogée ; le choix du prénom devient alors limité à une seule condition : “Lorsque ces prénoms ou l’un deux, seul ou associé aux autres prénoms ou au nom, lui paraissent contraires à l’intérêt de l’enfant ou au droit des tiers à voir protéger leur patronyme, l’officier de l’état civil en avise sans délai le procureur de la République.” En Métropole, c’est ainsi que les parents du jeune Titeuf ont dû lui trouver un autre prénom. Comme ceux de la petite Nutella. En revanche, aucun souci, à Dijon, pour Djaysie et sa sœur Rihanna. La conséquence, donc, de cette loi de 1993 – et, aussi, des centres d’intérêt des parents en question, mais nous allons en reparler. Notre enquête a débuté dans une classe de primaire, dans le quartier de Commune Primat, à Saint-Denis. Du moins, l’idée de notre enquête : lorsque les élèves nous ont donné leurs noms, il a fallu les faire épeler. Les Lucika, Béthia, Cassidy, Keisha, Amarillys, Isantys, Israïna, Faïz, Mahafour, Chayann… nous ont parfois laissés perplexes. D’autant que les Nathan et Kylian ont autant d’orthographes différentes que d’enfants. “Nous cherchions un prénom original…”, nous ont répondu, presqu’étonnés qu’on leur pose la question, la plupart des parents. La “libéralisation” des prénoms aurait donc sonné la fin des classes avec trois Julien, deux Aurélie, quatre Anthony ? Pas

AVANT 1993, L’OFFICIER D’ÉTAT CIVIL AVAIT LE DROIT DE REFUSER UN PRÉNOM AU MOTIF QU’IL NE SUIVAIT PAS UNE LOI DATANT DE LA RÉVOLUTION.

PAGE 21


PAGE 22

SO C I É T É

vraiment : l’originalité a beau être autorisée, les prénoms continuent à subir les effets de la mode. Chiffres à l’appui. Que ce soit en Métropole ou particulièrement à La Réunion, des tendances se dégagent. Une exception, cependant, de taille : Marie. À La Réunion, et ce depuis 1900, le prénom de la maman de Jésus, selon le Nouveau Testament, est celui qui est le plus donné aux petites filles à chaque décennie, jusqu’à aujourd’hui. En 2015 encore, Marie était le prénom le plus utilisé. Dans un récent dossier, l’Insee remarquait : “Marie représente sur l’ensemble du XXe siècle 40% des premiers prénoms féminins.” En effet : depuis 1900, Marie a été attribué presque deux cent mille fois ! Étonnant, lorsque l’on remarque que cette mode a existé aussi en Métropole, mais seulement jusqu’à la fin des années cinquante, lorsque Brigitte puis Sylvie sont devenus les prénoms les plus attribués. Étonnant, encore, quand on voit que le phénomène est typiquement réunionnais, les Antilles se rapprochant plus généralement des mœurs métropolitaines. Étonnant, toujours, lorsqu’on fait le tour de nos amies, et qu’on remarque qu’il n’y en a pas tant que cela, dans notre entourage, des Marie. Ce que l’Insee notait déjà : “Très peu de jeunes filles ou de femmes se font appeler Marie : leur prénom usuel est bien souvent leur deuxième prénom.” D’ailleurs, le phénomène est le même chez les hommes, avec le prénom Jean. Celui-ci est devenu, dans la deuxième partie du XXe siècle, le prénom le plus donné, jusque dans les années deux mille. Là encore, c’est le deuxième prénom, dans la vie de tous les jours, qui est utilisé. Reste que ces prénoms ont bien été donnés, et qu’ils permettent d’observer de franches différences avec la Métropole. Chez les hommes, ainsi, si la mode des Jean s’est terminée dans les années cinquante en Métropole, et qu’elle a perduré jusque dans les années deux mille, ici, ce sont surtout les Joseph qui ont été nombreux, encore à la fin des années soixante ; en revanche, il a atteint un pic en 1946 en Métropole, avant de littéralement s’écrouler au profit des Philippe, des Christophe, des Thierry, prénoms eux-mêmes certes utilisés, mais bien moins à La Réunion. Il semble que, plus longtemps à La Réunion qu’en Métropole, on ait continué à piocher les prénoms dans la liste des Saints

DEPUIS 1900, MARIE A ÉTÉ ATTRIBUÉ PRESQUE DEUX CENT MILLE FOIS ! ÉTONNANT : LORSQU’ON FAIT LE TOUR DE NOS AMIES, ON REMARQUE QU’IL N’Y EN A PAS TANT QUE CELA, DES MARIE.


S O CIÉ TÉ

catholiques : quand les Sébastien, Nicolas, Stéphane commençaient à faire leur apparition dans l’Hexagone, La Réunion gardait ses Jean et Joseph. La forte présence de la religion dans la vie courante réunionnaise, supérieure, en tous cas, à l’Hexagone, est certainement une des raisons principales pour l’attachement des locaux à ces prénoms issus de la Bible. Chez les femmes, même phénomène : des Marie, plein, tout le temps, ici, alors que la Métropole en voyait naître de moins en moins depuis 1947. Plus étrange : alors que Martine, Catherine, Brigitte tenaient le haut du pavé, ici, ces prénoms étaient quasiment rares, laissant la place aux Nathalie, Corinne, et tous les dérivés de Marie, évidemment (Marie-Thérèse, Marie-Claude, Marie Françoise…). Plus récemment, La Réunion a copié, avec un temps de retard, les modes métropolitaines. Ainsi, en 2015, alors que là-bas, les prénoms dits “anciens” étaient les plus donnés (Gabriel, Jules, Lucas, Louis, Louise…), La Réunion, elle, donnait encore des prénoms à consonance anglo-saxonne, avec ses Evan, Nolan ou Liam, intercalés entre les Raphael, Lucas et Gabriel. Voilà pourtant vingt ans que la Métropole avait laissé tomber les noms américains, avec la chute du fameux Kévin, en tête des classements de 1989 à 1994. Assez parlé chiffres, le plus important est ailleurs : que veulent-ils dire, en fait, ces prénoms-là ? Plus qu’on ne le pense ; la “sociologie des prénoms” est une branche à part entière de la socio. Que dit-elle, en résumé ? Que les classes les plus aisées ont tendance à choisir leurs prénoms dans le calendrier chrétien, dans tous les cas des prénoms à consonance “ancienne”, quand les classes populaires piochent dans leurs bagages culturels et jouent la carte de la modernité… qui, à leurs yeux, est liée à l’imaginaire idéalisé des États-Unis. Dans Le Point, Baptiste Coulmont, spécialisé dans la sociologie des prénoms, expliquait, justement : “Le prénom Kevin a surtout été donné dans les années quatre-vingt-dix à des enfants issus de classes populaires, influencées par les séries américaines. Après les Dylan, enfants des fans de la série Beverly Hills, le boys band des BackStreet Boys lance la vague des Kevin. Idem pour Jessica ou Cindy. Souvent mal perçus par les classes supérieures, ces prénoms suscitent de manière générale le mépris.” Votre prénom est donc lui-même un marqueur social ; il dit d’où vous venez. Sans en faire une étude approfondie, nous nous sommes procuré des listes d’élèves issues de deux écoles réunionnaises, une privée, en ville, et une publique, dans un quartier alentour : au-

VOTRE PRÉNOM EST LUI-MÊME UN MARQUEUR SOCIAL ; IL DIT D’OÙ VOUS VENEZ.

PAGE 23


PAGE 24

SOC I É T É

cun doute, le public accueille plus d’élèves aux patronymes à consonance anglo-saxonne ; il y a plus de Kyllian (et tous ses dérivés orthographiques) que dans le privé. Monsieur Coulmont est même allé plus loin : statistiques à l’appui, selon lui, Charlotte a plus de chances d’obtenir son baccalauréat que Kevin. Discrimination ? Non. Inégalités ? Plutôt : un enfant issu des classes populaires a moins de chances de faire des études supérieures qu’un enfant issu des classes aisées. Et comment peut-on reconnaître la classe sociale dont est issu un enfant ? Eh bien, le prénom est un des marqueurs les plus évidents. Christian Ghasarian est anthropologue, a enseigné il y a quelques années à l’université de La Réunion. Si la sociologie des prénoms n’est pas sa spécialité, il émet tout de même une hypothèse sur ces choix, à La Réunion encore, de prénoms dits “américains” : “Ici aussi, l’arrivée de la télévision et des séries américaines a créé un imaginaire de l’Amérique. Prendre un prénom à consonance américaine, c’est en quelque sorte passer au-dessus de l’influence de la Métropole, vouloir affirmer sa modernité. Alors que dans les milieux intellectuels, on dénigre l’Amérique, on tente au contraire de résister à cet engagement par le biais du prénom.” Cette remarque vaut autant pour la Métropole que La Réunion. Reste à expliquer deux choses : d’abord, pourquoi les prénoms Jean, Joseph et Marie – clairement liés à la religion chrétienne – sont, dans une société multi-cultuelle comme La Réunion, encore autant utilisés, et ce depuis toujours ? Monsieur Ghasarian a travaillé pendant longtemps sur la société Indienne à La Réunion. Il raconte : “Dans les années quatre-vingt-dix, j’ai été frappé par la prépondérance des Jean et des Marie chez les Indiens. Il faut savoir que lorsque les engagés arrivaient, on leur imposait la religion chrétienne. Ils ont voulu ensuite signifier leur degré d’intégration dans une société à majorité chrétienne. Et quel est le meilleur signe d’intégration à une culture que le prénom ?” Pourtant, dans nos classes de primaire, aujourd’hui, la profusion de prénoms aux sonorités indienne, comorienne, africaine, est désormais tout aussi frappante… “Dans les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix, nous avons eu affaire à un renouveau identitaire. On s’est mis, de nouveau, à vouloir signifier son identité. Là encore, le prénom en est un bon témoin.”

“LES PERSONNES ISSUES DE LA COMMUNAUTÉ INDIENNE ONT VOULU SIGNIFIER LEUR DEGRÉ D’INTÉGRATION DANS UNE SOCIÉTÉ À MAJORITÉ CHRÉTIENNE. ET QUEL EST LE MEILLEUR SIGNE D’INTÉGRATION À UNE CULTURE QUE LE PRÉNOM ?”


S O CIÉ TÉ

Il faut malgré tout remarquer que, hormis les Marie, Jean et Joseph, les prénoms à la mode en Métropole, depuis cinquante ans, finissent toujours par se retrouver, ici aussi, utilisés. Pourquoi ? “L’arrivée massive des “Métros” s’effectue dans les années soixante-dix. Le “Métro”, vu comme le colonisateur jusque là, devient un voisin, un ami, un époux et cela va casser toute une coercition coloniale. Ces prénoms venus de Métropole, ils sont désormais à domicile, on les côtoie, et en plus, on peut les apprécier. Cela se retrouve donc dans le choix des prénoms.” Une particularité, la dernière, est unique à La Réunion : certains prénoms, portés par des personnes désormais âgées, ont complètement disparu du reste de la France. Il y a quelques années, l’auteur de ces lignes avait, dans les Hauts de l’Ouest, rencontré un certain… Clovis, né et élevé dans une famille d’agriculteurs. Il nous assurait alors qu’il avait connu des Charlemagne et même, lui semblait-il se souvenir, un Napoléon. C’étaient peut-être des noms d’usage, voire des surnoms – bien qu’on ait retrouvé un Charlemagne dans des résultats de trail locaux… - mais légalement, cela ne pouvait alors pas apparaître comme une pratique interdite. Car la loi originelle de 1803 (voir plus haut) comme nous le disions, stipulait : “les noms […] des personnages connus dans l’histoire ancienne pourront […] être reçus”. Mais l’utilisation de ce genre de prénoms historiques ne semble pas apparaître comme une aberration aux yeux de Christian Ghasarian : “Je ne connais pas très bien l’origine de ces gens, mais je peux émettre une hypothèses. Vous me dites que ceux que vous avez rencontrés viennent de milieux modestes ? On peut imaginer une appropriation partielle de la culture métropolitaine, par le biais de grandes figures de la France, une sorte de revalorisation symbolique par le prénom, sans se rendre compte un seul instant des quolibets que cela peut susciter…” Las. Comme la tendance va évidemment se confirmer, les particularités réunionnaises risquent de s’estomper ; la mondialisation touche aussi les prénoms. Mais… si la recherche d’originalité nous pousse à trouver des prénoms venus d’ailleurs, pourquoi ne pas nous-mêmes inspirer les autres ? C’est déjà le cas : la petite Marla, née à Brest il y a deux ans, nous racontera sûrement un jour comment ses parents ont eu l’idée de l’appeler ainsi.

CLOVIS NOUS ASSURAIT QU’IL AVAIT CONNU DES CHARLEMAGNE ET MÊME, LUI SEMBLAIT-IL SE SOUVENIR, UN NAPOLÉON.

PAGE 25


PAGE 26

EX T RAM URO S TEXTE LAURENT PERRIN PHOTOS GWAEL DESBONT

DIEU EST DANS LES DÉTAILS Si la vitre teintée a remplacé le moucharabieh, et le béton armé le stuc et le plâtre, nos mosquées modernes n’en demeurent pas moins de belles aventures architecturales. Vérification au cœur de la mosquée de Saint-Louis.

O

ctobre 1994, l’ancienne mosquée de Saint-Louis est démolie. Construite au début des années cinquante, elle était prévue pour une capacité de trois cents personnes et une durée de vie de vingtcinq ans. Elle en aura tenu quarante! Trop petite et vétuste, il fallait la remplacer. Yves Espinasse, architecte à Saint-Pierre, également auteur d’une mosquée chiite et de temples tamouls et maçonniques, est choisi pour le projet de la nouvelle mosquée Masdjid Mubarack, l’une des plus belles encore aujourd’hui. Et aussi la première à La Réunion à avoir prévu un espace dédié aux femmes, la mezzanine, d’où l’on peut voir sans être vu, au-dessus de la salle de prière. Une prouesse rendue possible par l’utilisation du pendant moderne du moucharabieh : le verre teinté. La construction de la mosquée a été achevée en 2001, en grande partie financée par la communauté musul-

mane locale. Elle arbore un minaret qui fait signal, visible depuis l’entrée de la ville, et une blancheur immaculée, entretenue au fil des ans. Surtout, elle relève brillamment un défi de taille: faire tenir le programme (une grande mosquée d’une capacité de deux mille personnes en plein centre-ville) sur un site exigu, entouré de constructions, et obtenir “une perception représentative et aussi dégagée que possible de l’ensemble de l’édifice cultuel”, écrit l’architecte dans sa note d’intention. À l’intérieur, une impression de clarté, renforcée par des ouvrants pratiqués de chaque côté, “car la mosquée doit être ouverte sur la rue, avec une volonté de transparence”, nous explique Yacine, l’un des fidèles. Sa base est un parallélépipède, surmonté d’un volume octogonal puis d’un dôme circulaire. Son style mêle savamment la tradition indo-pakistanaise avec la modernité, autant dans le plan général que dans le détail où, comme on le sait, Dieu se trouve.


G))))))))))g +

du continent réunionnais

la vérité sur La Réunion avant 1946 exposition

archives departementales Champ Fleuri - Sainte-Clotilde

2 4 AV R I L - 2 9 D ÉC E M B R E 2 0 1 7

www.incyclopedie.re

BUZBUZ


PAGE 28

STAT I S T I Q UE M E N T RECHERCHES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS FREDDY LECLERC

L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE À LA RÉUNION Quelques chiffres rigolos (ou pas…) sur l’élection présidentielle à La Réunion.

0,57

Jacques Cheminade a réalisé son meilleur score à TroisBassins, récoltant 0,57% des votes exprimés en sa faveur.

2

Au second tour, Marine Le Pen est arrivée en tête dans deux communes : La-Plaine-des-Palmistes et Le Tampon.

=

À Bras-Panon, Nathalie Arthaud et François Asselineau ont récolté exactement le même nombre

3

À Cilaos, Jacques Cheminade a eu trois voix.

de voix : soixante-treize.

-10

Entre les deuxièmes tours de 2012 et 2017, La Réunion a perdu dix points de participation.

x4

Au premier tour, Jean-Luc Mélenchon a multiplié par quatre son score de 2012.



PAGE 30

MO DE MODÈLES MÉLISSA, BRANDON STYLISME CATHERINE GRÉGOIRE PHOTOS STÉPHANE REPENTIN MAQUILLAGE/COIFFURE ERICK MAKE UP ARTIST

Robe Mos Mosh, The Next Door, 23 rue Victor-le-Vigoureux, Saint-Pierre ; escarpins noir métal, Jordane Lou, 16 rue du Commerce, Saint-Paul et Messieurs-Dames, 93 A rue François-de-Mahy, Saint-Pierre ; coiffe camerounaise Juju hat Aka, Les Jolies Choses, 62 rue François-de-Mahy, Saint-Pierre ; bague pierre semi-précieuse montée sur plaqué or Bronzallure, GEM, 73-93 avenue de Bourbon, L’Ermitage et Centre commercial Carrefour Canabady, Saint-Pierre ; pochettes Happy Pompom et Happy Fluo, Bazartherappy by Chez Elles, 35 A Galerie Amandine, Saint-Gilles-les-Bains ; manchette Copacabana dorée à l’or fin Aurélie Bidermann, GEM ; paniers au crochet résiné faits main, Georgette se la Pète, 12 Mail de Rodrigues, L’Ermitage.


LIVRAISON_DIAGEO_JW_BLENDERS_BATCH_PP_205X310MM_081116_VECTO.indd 1

08/11/2016 10:56


PAGE 32

MO DE

Pantalon vert sapin et T-shirt déstructuré Gabba, The Next Door ; veste imprimée My Sunday Morning, Les Jolies Choses ; baskets en coton imprimé Faguo, Messieurs-Dames ; cabas filet Made in France, Georgette se la Pète ; manchette bracelet perle de Tahiti montée sur lien perlé, GEM ; pochettes Happy Pompom et Happy Fluo, Bazartherappy by Chez Elles ; manchette cuir homme Flowersforzoé, GEM.


MINI HATCH PACK JOHN COOPER WORKS. TENUE DE SPORT EXIGÉE. À 28.900 €. Mettez de la sportivité dans votre quotidien avec la MINI Cooper Hatch Pack John Cooper Works : Kit aérodynamique John Cooper Works, Jantes noires 17’’ Track Spoke, Spoiler arrière, Volant cuir touches multifonctions, Projecteurs à LED, Système mains libres Bluetooth.

LEAL RÉUNION SAINT-DENIS ET SAINT-PIERRE - TÉL : 0262 96 00 00. Photo non contractuelle.


PAGE 34

MA BULLE RECUEILLI PAR MARIANNE RENOIR PHOTOS GWAEL DESBONT

MOUVEMENT PERPÉTUEL Dans la maison, d’Alain Gernigon, à Saint-Pierre, vous verrez rarement ses kokedama et ses meubles à la même place. L’artiste n’aime pas les habitudes. Ni tout ce qui est figé.


MA BU L L E

PAGE 35

ENTREVUE EXPRESS Vous vivez ici depuis longtemps ? Depuis trois ans dans cette maison, et dix ans dans le quartier. Avant, c’était un squat, une ruine. J’ai recherché le contact de la propriétaire et je l’ai harcelée pendant un an. Vous avez tout refait seul ? Il n’y avait que la maison en dur, j’ai fait tout le reste. Les parties soudées, je les ai faites faire par des potes. Vous préférez rester chez vous ou sortir ? Les deux, ça dépend des périodes. Quand je travaille, je ne bouge pas d’ici ou je vais simplement me balader sur le Front de mer. Mais je n’aime pas trop ça, les habitudes, c’est bien de ne pas en avoir trop. Dans la maison, tout bouge tout le temps. Même pas de petites habitudes dans le quartier ? Je connais quelques bonnes boulangeries parce que j’aime le bon pain, mais c’est tout. Qu’estce que vous aimez vous faire à manger ? Je ne sais pas du tout cuisiner. Votre plat préféré, tout de même ? Un bon tartare de poisson. Ou un steak haché et des frites, comme les enfants ! Parlez-nous de cette robe... C’est une idée que j’ai eue, comme ça, en fermant des petits colliers de serrage. Ce qui est marrant, avec cette robe, c’est qu’elle est assez transparente mais qu’on ne peut pas trop s’en approcher. On entrevoit mais on ne peut pas toucher. La première chose que vous faites au réveil ? Je respire. Vous n’avez pas vraiment le choix... C’est vrai, mais je veux dire que je respire en conscience. Je prends le temps de me réveiller. J’aime prendre mon temps tout le temps. Et la dernière chose, le soir ? La même chose : je respire et je me remémore ma journée. La destination de vos rêves ? Le Japon. Je n’y suis jamais allé mais je crois que c’est le pays le plus dépaysant du monde. On est complètement ailleurs, on ne comprend rien. J’aimerais bien exposer à Berlin aussi. Dans ma tête, la diversité culturelle de Berlin est un peu comme celle de La Réunion, si ce n’est encore plus forte, avec cette avalanche de gens venus de tous les pays après la chute du mur.


PAGE 36

C ULT URE G RECHERCHES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN

Dans l’épisode 83 de Dragon Ball Super, on peut apercevoir des dodos.

Les premiers plants de riz ont été cultivés en Chine il y a environ dix mille ans. Saint-Expedit est considéré par l’Eglise notamment comme le Saint-Patron des postulants au permis de conduire.

Le Pokka melon est produit à Singapour

CU

L

La Réunion est environ aussi grande, en superficie, que le département du Rhône.

UR

E

G T

Pour faire les malins devant les amis, voici quelques infos qui vous donneront la classe dans les discussions.

En 1970, le nouvel Hôtel de Ville de Saint-Denis a été inauguré par Jacques Chirac.

La maladie cœliaque (dite “intolérance au gluten”) touche entre 0,2 et 0,3 % de la population européenne. Pour les personnes non-malades, aucune étude scientifique n’a démontré les bienfaits d’un régime sans gluten.

Michael Jordan chausse du 48. En devenant de la glace, l’eau liquide voit son volume augmenter d’environ 10%.

En 2012, la Nasa a découvert une planète gravitant autour de deux soleils.


ARRANGÉ CAHOUÈTE

www.isautier.com - rhums.isautier

L’A BU S D’A LCOOL E S T DA NGE R E UX P OUR L A S A N T É , À CONS OM ME R AV E C MODÉ R AT ION.


PAGE 38

LES PAGES SPORT

LA RE NC ON T R E D ON T ON N ’ A PA S PA R L É

TOURNEZ, MANÈGE ! Des petits et des grands, qui tournent, tournent sur la petite piste de la Jamaïque à l’occasion de la deuxième manche du championnat de La Réunion de karting : allons voir ce qui se passe dans les sports mécaniques.

V

ous l’avez désormais compris, cette rubrique cherche des événements sportifs dont personne ne parle. À La Réunion, les sports mécaniques ont une hiérarchie assez clairement établie : on parle d’abord et avant tout du rallye, un peu de moto… le karting restant au bord du chemin, avec ses quelque deux cents licenciés et ses courses comportant bien peu de participants. Dommage ! On se prend, finalement, vite au jeu des dépassements et des casses. Bien que ce jour là, il y en eut peu, de dépassements et de casse. Seule piste homologuée de La Réunion à même d’accueillir des compétitions officielles de karting, la Jamaïque est un petit circuit : un kilomètre, une douzaine de virages et “peu de place pour doubler”, selon notre voisin de tribune. Sur celle-ci, trois clubs s’affrontent quatre fois dans l’année dans plusieurs catégories – selon l’âge et les motorisations – afin de déterminer les champions de La Réunion, sur dix-sept tours dans tous les cas. Fourbes que nous sommes, nous avons surtout apprécié les petits coups bas et problèmes mécaniques. Eh oui : ayant bien peu de dépassements à nous mettre sous la dent, nous avons dû nous passionner des petites batailles annexes, de celles qui

donnent un peu de sel à l’affaire. Une affaire de famille, comme vous allez le lire… Chez les minimes, donc, les petits jeunes, la course finale mettait aux prises trois pilotes, qui ont bien eu du mal à se lâcher. Amin Hoarau a mené la première partie de la course, mais on sentait bien que les deux de derrière jugeaient le tempo pas assez soutenu. Et si Mathis Soubadou est bien resté dans les roues des autres, attaquant à tous les coups pour sortir de sa troisième place, c’est bien Melvin Kichama qui, au sortir de la ligne droite, prenait l’intérieur pour s’envoler, seul. Laissant ses deux collègues s’écharper entre eux, s’envoyant même, les coquins, dans la pelouse, finissant par se toper la main après le damier. La course la plus serrée, ce sont donc bien les p’tits qui l’ont offerte. Mais pas la plus mouvementée : ce fut aux grands que revint l’insigne honneur de conclure la journée et de donner sa dose de rebondissements au public du circuit dionysien. Au moment de quitter la grille, de suspense, il n’y aurait pas dû en avoir : Mickaël Kichenama a remporté dix-sept fois le championnat de La Réunion (oui, c’est beaucoup), et semblait intouchable. Heureusement (pour nous), il lui est arrivé quelque chose qu’il “n’avai[t] jamais vu de sa carrière”. Mickaël, donc, fort de sa bonne manche

> FICHE TECHNIQUE Championnat de La Réunion KZ2 Manche 2 Au circuit de la Jamaïque (Saint-Denis). Spectateurs : 50 environ. Temps : sec, ensoleillé et venteux. Piste : Sèche. Meilleur temps au tour : Mickaël Kichenama, en 41’’183. Classement : 1. Férédéric Kichenama (les 17 tours en 11’53’’630. Moy. : 84,3 km/h), 2. Dorian Fron (à 2’388), 3. Guillaume Nice (à 18’812). Abandons : Rémi Fontaine (3e tour), Mickaël Kichenama (11e tour).


S P O RT

PAGE 39

TEXTES LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT

REMI FONTAINE JOUAIT AUX AMBIANCEURS, AVEC UN KART FUMANT COMME UN POMPIER. matinale, démarrait en tête, partait seul, et le public commençait déjà à se dire qu’il valait mieux guetter les luttes pour les places d’honneur. Et justement, cela valait le coup : en deuxième position, Remi Fontaine jouait aux ambianceurs, avec un kart fumant comme un pompier, maculant ses poursuivants de substance graisseuse et, surtout, leur bouchant un peu la vue. Obligeant ainsi les commissaires de course à le faire sortir au troisième tour, ce qui fut sans doute un bien pour la planète. Mickaël, lui, continuait donc seul, enchaînant les records de tours, jusqu’au onzième. Pas après : dans la

courbe située après la ligne droite, il fila droit dans les graviers. Pas grave, il avait tellement d’avance… sauf qu’il ramena son kart directement au garage ensuite. Alors ? “Ma durite de frein a pété d’un coup, j’avais jamais vu ça. Je ne pouvais plus freiner, le liquide de frein n’arrivait plus.” Son homonyme, Frédéric Kichenama, a donc profité de ces multiples malheurs pour passer le drapeau à damier en tête. Lui, il en a pris plein la figure : situé un temps derrière le fumeur, son kart et son casque étaient maculés d’huile. Physique, le kart est donc aussi un sport salissant.

ON A VU - Un hélicoptère de la gendarmerie parvenir à couvrir le bruit des karts. - Un membre du public émettre une hypothèse audacieuse à propos du problème mécanique de Rémi Fontaine, dont le kart fumait fort : “Ça doit être une technique anti-dépassement.” - Des commentateurs analyser les virages au millimètre, parce qu’ils connaissent la piste par cœur, et savoir exactement si l’angle d’entrée dans le virage est le bon ou pas. - Un tout petit pilote – Mathis Soubadou – faire preuve d’un fort caractère d’attaquant face à ses concurrents, ne lâchant pas les roues du garçon de devant jusqu’au bout, malgré un passage dans la pelouse.


PAGE 40

LES PAGES SPORT

E N T RE T I EN RECUEILLI PAR LOÏC CHAUX

CHANGEMENT DE PÉRIPHÉRIQUES Nous avons discuté avec Joël Hauss, qui nous a confirmé une chose : si quelques choses ont changé dans l’entraînement des sportifs, ce ne sont pas les séances en elles-mêmes, mais bien tout ce qu’il y a autour.

JOËL HAUSS

est un ancien sportif de haut niveau, notamment en lutte. Arrivé à La Réunion il y a plus de trente ans, il en est devenu un des entraîneurs les plus réputés, emmenant notamment son fils David aux portes du podium des Jeux de Londres sur le triathlon. Il a aussi pris en mains les entraînements de sportifs aussi variés que des basketteurs, surfeurs, nageurs, traileurs… Mais aussi, comme il nous l’a confirmé, tout un tas de sportifs lambda qui ne comptent pas forcément faire de la compétition.

Comment on devient entraîneur ? “À la base, je suis lutteur. J’étais sparring partner pour des mecs qui allaient aux Jeux. J’ai fait du windsurf, c’est ce qui m’a fait venir à La Réunion. L’effort physique me manquait, je me suis mis au rugby et au triathlon. C’est par le rugby que je me suis mis à coacher, à faire de la prépa’ physique. Le triathlon ? J’ai vu le premier Triathlon des Cîmes, j’ai eu envie de le faire. Je me suis entraîné pour, mais il n’y a pas eu de deuxième édition. J’en ai quand même fait plusieurs, sans jamais avoir pratiqué avant !

“fractionné”, des choses comme ça… C’est juste qu’on n’appelait pas ça “hit”, “high intensity”, enfin, tous ces noms américains… Les mecs qui te disent “J’ai gagné cinq minutes sur le dix mille en un an parce que j’ai changé ma façon de m’entraîner”, c’est du pipeau. Enfin, moi, j’y crois pas. La base, c’est toujours la même : faut faire de la VMA, du socle…

“AVANT, ON FAISAIT DÉJÀ DU "FRACTIONNÉ." C’EST JUSTE QU’ON N’APPELAIT PAS ÇA "HIT", "HIGH INTENSITY".”

Mais comment vous passez d’entraîneur à entraîné ? J’avais la passion de m’entraîner. Au rugby, les gars me voyaient me préparer, ils sont venus avec moi, à me demander “Mais qu’est-ce que tu fais ? Et pourquoi tu le fais ? Et comment tu le fais ?” Du coup, moi aussi, je me suis posé des questions… J’avais pas de bases. Et comme j’étais électricien en parallèle, j’ai décidé d’arrêter, et de passer mon diplôme de maître nageur. Pendant le diplôme, il y avait un tronc commun sur l’entraînement. Le mec qui s’en occupait, Eric Thavenard, m’a amené les choses d’une façon qui m’a passionné. Je n’ai du coup plus lâché, j’ai adoré me poser des questions, du pourquoi, du comment. Les questions que vous vous posiez il y a trente ans, sur la manière d’entraîner, sont-elles toujours les mêmes aujourd’hui ? Le fond reste le même, c’est la manière de faire qui diffère. Avant, on faisait déjà du

Mais sur trente ans, les performances ont évolué ! En triathlon, c’est le matériel, qui a changé ! Regarde les vélos : t’as eu l’acier, le titane, l’alu, le carbone… Les roues, les pneus, le poids… Maintenant, t’es obligé d’alourdir les vélos pour qu’ils soient aux normes. Tu vas voir dans les parcs de départ de triathlon, les gars ont un de ces matos… Et puis les baskets, tout ! Et puis ils ont changé leur préparation, leur repos, leur manière de s’hydrater… Avant, c’était inconcevable de faire un marathon en buvant ! Maintenant, on boit, même des boissons sucrées ; ça recule les limites. Et puis tu as eu l’introduction, après les entraînements, de la relaxation, du massage, plein de choses. Ça, oui, ç’a vachement changé. Mais le fond… Quand tu nages, tu fais toujours des 10x100, t’es obligé de t’en taper.


S P O RT

L’amélioration des performances, c’est grâce à ce qu’il y a autour des entraînements ? Avant, on faisait pas de muscu ! On n’en parlait pas ! Parle de la muscu à des anciens marathoniens, des coureurs à pied ! Ou alors, il était inconcevable qu’un coureur aille nager : les entraîneur de course à pied disaient qu’il fallait pas aller dans l’eau, parce que ça ramollissait les muscles ! Maintenant, regarde un triathlète de haut niveau, il court 29’ au 10 000, il nage 15’ au 1500. C’est ça aussi, le changement, faire accepter aux sportifs que l’entraînement, c’est aussi du repos ? Mais c’est pas encore accepté, ça ! Pour beaucoup, la journée de repos, c’est une perte de temps. Même dans le haut niveau. Si on prend David, pour lui, une journée de repos, si vraiment on a enchaîné trois semaines hard, il est content. Mais si tu lui dis qu’au bout d’une semaine, il a droit à une journée de repos, pour lui, ça sert à rien. Faut lui expliquer… ou arriver à le gruger. Lui proposer un truc qui soit reposant mais qui lui donne l’impression de travailler : quatre heures d’exercices de respiration, de diaphragme. De tous les sports que vous avez fréquentés, y en a-t-il où les sportifs aiment particulièrement se faire mal ? Les traileurs, ils aiment bien se faire mal… J’en ai qui ne peuvent pas rester calmes une journée. Si je leur dis qu’ils ont une journée de repos, ils vont me répondre : “Oh, mais qu’est-ce que je peux faire, pendant un jour de repos ?” Ben tu vas à la pêche, tu fais tes papiers, j’en sais rien, moi. Donc on est obligés de travailler sur la respiration, sur des trucs qui leur donnent l’impression de s’occuper.

Dans le sport, des entraîneurs sont réputés pour être durs, d’autres pour leurs méthodes plus ludiques. Vous, comment vous définissez-vous ? Cela dépend du niveau que tu veux avoir. Les athlètes qui viennent me voir à but de haut niveau et qui sont performants, à un moment donné, il faut que cela soit dur. Enfin… Ce n’est pas “Il faut”, mais ça le sera forcément. Je suis plutôt dans le “ludique difficile”. Comment vous vous perfectionnez, vous ? Je surveille pas ce que fait le voisin. Mais je m’intéresse quand même à ce que font les autres entraîneurs, parce que, parfois, ils vont dans des secteurs que j’ai oubliés, parce que je suis dans mon truc… Les histoires d’“entraînement polarisé”, des “cycles d’intensité”, ça m’était un peu sorti de la tête, alors je me dis : “Ah ouais, c’est vrai, y avait ça, je vais essayer dans ma prochaine programmation…” Je lis des bouquins… Les entraîneurs que je connais sont parfois chercheurs, ils éditent des articles… On échange entre nous sur Internet…

PAGE 41

sans t’expliquer… Alors que si je te dis que de passer du temps sous l’eau te permettra de travailler tes muscles au niveau lactique, tu vas le faire, parce que tu vas comprendre. Ce qui vous motive, quand vous entraînez, c’est la compétition ? Non, parce que j’entraîne des gens qui ont des niveaux très bas. Certains viennent me voir pour perdre du poids, pas pour faire de la compétition. Remarque, cela arrive qu’au bout d’un moment, ils s’y mettent. J’ai des dames qui ont perdu dix kilos, qui ne pensaient pas courir un jour un dix kilomètres et qui, cette année, veulent faire l’Odysséa ! Elles veulent faire une course. Donc, la finalité, c’est bien la compétition. Non, pas forcément… Ce n’est pas une finalité. Ce serait plutôt le bien-être. Sois heureux, sois meilleur qu’hier. Fais-toi plaisir, vis ta vie. Bien que la compétition, ça permet aussi de se remettre en question, quelque part. Dans le cas de ces dames, pourquoi se remettre en question ? C’est aussi une marque de consécration, pour elles : “Avant, j’étais incapable de faire ça, maintenant, je peux le faire. Je grandis. Même si j’ai perdu que cinq kilos au lieu de sept, je suis capable de faire ça, alors qu’avant, je pouvais pas.” Être meilleur qu’hier, c’est ça.

“ "OH, MAIS QU’EST-CE QUE JE PEUX FAIRE, PENDANT UN JOUR DE REPOS ?" BEN TU VAS À LA PÊCHE, TU FAIS TES PAPIERS, J’EN SAIS RIEN, MOI.”

La nutrition, aussi, a beaucoup évolué ? Ouais, pas mal. Pendant les repas, après les repas, après l’entraînement… Ils commencent à cerner. Ils savent ce qu’ils doivent manger, ce qu’il ne faut pas, qu’ils doivent avoir des échéances nutritionnelles… Le milieu psychologique, aussi, a changé. Il y a de plus en plus de préparateurs psy… Aujourd’hui, on parle aussi beaucoup de “spécifique”. On mange moins de kilomètres. Moi, j’entraîne pas mal de traileurs, je suis plutôt dans ce mouvement-là. Le renforcement musculaire, le gainage, les fessiers, sur des exercices bien spécifiques, en faisant des entraînements croisés avec de la course et de la muscu… Ça évite de faire des bornes, de se fatiguer dans les sentiers… C’est clair que ça permet de s’économiser. Bon, il faut en faire, du sentier. À La Réunion, on peut faire du trail tous les jours, toute l’année. Donc si tu es tous les jours de l’année dans les sentiers, tu t’uses forcément.

Les sportifs eux-mêmes, ils ont changé ? Ils sont plus à l’écoute. Maintenant, tu as du coaching pour tout : coaching de vie, de machin, de truc… Ils écoutent plus. Si je leur dis: “Les gars, vous courez trop vite, trop souvent”, ils vont se poser des questions : “Ah ouais, peutêtre qu’il a raison.” Je leur dis : “Vous faites pas assez de sorties tranquilles, des randos sans forcément vous mettre la pile.” Ils écoutent ça et vont faire des recherches à ce propos, sur Internet, ce qui n’existait pas non plus il y a trente ans. Sur Internet, il y a de plus en plus de gens qui donnent des conseils, plus ou moins bons, d’ailleurs. Le sportif est devenu plus critique par rapport à ce que fait faire l’entraîneur ? C’est ma façon d’opérer. Les gens que j’entraîne, je veux qu’ils sachent pourquoi je leur mets un 10x200, ou un 5x200. Je veux qu’ils s’intéressent, c’est un pas vers l’autonomie, que s’ils arrêtent de s’entraîner avec moi, au moins, qu’ils aient compris. C’est pas bon pour mes vieux jours, pour gagner des clients, de dire ça ! Mais je ne peux pas dire : “Tu comprendrais pas, ça sert à rien que je t’explique.” Tu fais mieux un truc que tu comprends, non ? Au water polo, si je te fais faire des séries d’apnée

Est ce que les sportifs de haut niveau arrivent encore à s’amuser ? Prenons le cas de David, s’il ne se faisait pas plaisir, il aurait arrêté. Il se fait plaisir à courir vite, à nager, à rouler. Alors, oui, pas tous les jours. La plupart arrivent à trouver du plaisir dans une espèce de souffrance, c’est un peu paradoxal… Mais je pense que tous les athlètes, sont comme ça. On dit que c’est le chemin, qui est le plus important. Pas le résultat. Quand tu bosses bien à l’entraînement, tu as souvent des résultats, en fonction de tes capacités. Tu te fais plaisir. Il y a un respect particulier qui s’installe entre entraîneur et entraîné ? Nécessairement, mais des deux côtés. Mes athlètes, je les respecte au plus haut point. Je sais que ce que je leur propose, c’est pas facile, souvent ! Et puis les gens ne viennent pas chercher qu’un entraînement, ils viennent chercher quelqu’un. Et quand ils viennent me voir, c’est pour mes trente-cinq ans d’expérience, ma personnalité. C’est de l’humain, tout ça.”


PAGE 42

LES PAGES SPORT

PO RT R A I T TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON

DE BAS EN HAUT

Des pistes de ski à celles d’athlé, de la neige à la mer, de la compétition à la préparation, voici donc Simon Paillard.

S

imon Paillard, c’est un type que l’auteur de ces lignes a souvent croisé, il y a quelques années, sur les événements sportifs réunionnais. Croisé, c’est le mot : le garçon est discret. Amusant, d’ailleurs, de le retrouver des années plus tard : journaliste, il ne l’est plus, et le prétexte du portrait sportif dans BuzBuz nous a enfin permis de savoir qui était ce garçon qui bossait pour Aazsport en prenant des photos et récupérant les résultats des épreuves dominicales. Amusant, aussi, car des nouvelles de lui, nous en eûmes en lisant les journaux, qui parlaient de lui. Pourquoi ? Parce que le Simon est devenu entretemps un bon triathlète et coureur de trail et, encore plus récemment, préparateur mental et physique de quelques jeunes pousses réunionnaises, notamment la meilleure surfeuse réunionnaise de tous les temps, une des meilleures au monde en ce moment, Johanne Defay – devenue sa compagne, mais là n’est pas la question. Rien d’étonnant, en fait : né dans les Alpes, skieur, puis coureur de 400, stapsien, il a ensuite eu envie de venir à La Réunion en se disant “Ça a l’air chouette, je reste six mois, je cours le Grand Raid, et je rentre.” Histoire classique : il est toujours là. Il a trouvé du travail rapidement, s’est plu. Puis, commence une nouvelle vie, un diplôme de préparateur mental: “J’avais envie de valider des connaissances que j’avais acquises lors de ma pratique : j’ai toujours eu des facultés sur les courses longues, j’ai la tête dure, je suis dur au mal, mais je voulais réfléchir aux aspects cognitifs de la pratique du sport, prendre du recul. Et j’ai justement eu la chance de faire une formation avec des gens issus du domaine de la psychologie, et pas du sport, qui te donnent d’autres perspectives, et une autre manière d’appréhender le sport.” La réflexion… l’avenir du sport ? “En Amérique du Nord, cela fait des années que les athlètes font de la préparation mentale. Mais oui, je

pense que ce domaine rend les sportifs meilleurs. Les plus grands sportifs sont ceux capables de s’auto-analyser, de développer une intelligence dans leur domaine.” “Ça m’a aidé, de travailler avec Simon, nous a confirmé Mathis Crozon, un des espoirs du surf local. J’étais quelqu’un qui surfait de manière très “physique”, eh bien, j’ai senti une transformation, et je le vois sur les vidéos. Il m’a aidé à utiliser cette confiance que j’avais en moi. C’est un soulagement de pouvoir m’appuyer sur lui. S’il est sympa ? Disons qu’on peut rigoler de temps en temps, mais quand on bosse, on bosse à fond.”

“ÇA A L’AIR CHOUETTE, JE RESTE SIX MOIS, JE COURS LE GRAND RAID, ET JE RENTRE.” Désormais, le métier de Simon, c’est cela. Outre la prépa physique de quelques athlètes, il leur vient donc en aide au niveau de la caboche. “Je suis là pour les écouter, les conforter dans leurs choix, leur faire des propositions. Il y en a qui viennent me voir parce qu’ils sont persuadés d’avoir un problème, alors que non ! Ce qui est important, c’est de réfléchir : si tu ne réfléchis pas sur ton sport, sur ta pratique, tu passes à côté de quelque chose.”


NOUVEAU RANGE ROVER EVOQUE CABRIOLET

ESPRIT SAUVAGE, AMBITION URBAINE

Découvrez le premier SUV Cabriolet Compact premium au monde. Le Range Rover Evoque Cabriolet est parfaitement adapté pour la ville. Le nouveau système d’infodivertissement Land Rover Incontrol Touch Pro et la toute dernière technologie Terrain Response vous permettent d’explorer de nouveaux horizons en toute sérénité.

Land Rover Réunion 23, Avenue Stanislas Gimart 97490 Sainte-Clotilde 1, Rue des Olivines ZAC Canabady 97410 Saint-Pierre www.landrover.re Réservez votre essai Conseiller zone SUD : Ismaël DINDAR - 0692 85 07 57- ismael.dindar@caille.com Conseiller zone NORD : Salim DOBA - 0692 02 97 31- salim.doba@caille.com ABOVE AND BEYOND : Franchir de nouveaux horizons Consommations mixtes norme CE 1999/94 (l/100 km) : de 5,7 à 8,6. Émissions de CO2 (g/km) : de 149 à 201. DIN AUTO RCS ST DENIS DE LA REUNION TGI 383 146 594 - N° de gestion 91 B 485.


PAGE 44

LES PAGES SPORT

DO S S I E R TEXTE LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN, JÉRÔME DUPIRE

FIFA 974 Un peu d’Ajax, du Barça, de Monaco ou de Nantes… Le foot sur l’Île a les yeux rivés sur l’Europe, et ça se voit : dans les logos, les tenues et même, dans les rêves des entraîneurs, dans le jeu.

U

n petit Saint-Etienne – Monaco, ça vous tente ? Pas besoin d’aller bien loin : le premier nommé joue à La Rivière, le second à Saint-Benoît. Et imaginer le FC Nantes passer la Juve en 1996, et finalement rencontrer l’Ajax, vous en rêviez ? Suffit de regarder, deux fois par an, le derby dionysien entre Le Saint-Denis FC et le Saint-Denis EFA. Que ce soit par hasard, par hommage, ou par supportérisme, quelques clubs réunionnais ont des airs de grands clubs européens, et cela ne manque parfois pas de sel. Depuis 2004, l’Union sportive sainte-marienne (USSM) porte les couleurs du FC Barcelone, et l’assume complètement. Pourtant, ce rouge-bleu est d’abord le fruit du hasard, comme en rit encore Jocelyn Trulès, le président : “L’USSM est issu de la fusion entre la Sainte-Marienne, qui jouait en bleu, et la Dynamo, qui jouait en rouge. On a gardé les deux couleurs pour faire ce nouveau club, et tout à coup, on a entendu : "Mais c’est les couleurs du Barça !"” Il

faut dire qu’en 2004 et après un passage à vide, le FC Barcelone recommence à être séduisant : Messi arrive sur les feuilles de match, pendant que Xavi, Inesta, Ronaldinho et Eto’o animent l’attaque. Il n’en faut pas plus pour que la presse s’amuse à nommer les Sainte-Mariens les “Blaugranas péi”. Jocelyn Trulès raconte la suite : “C’était flatteur, comme surnom, alors on a joué le jeu à fond. On a fait en sorte d’adapter notre style de jeu à celui du Barça – bon, à notre niveau, bien entendu. Puis, depuis 2009, on veille la sortie des nouveaux maillots des Catalans, et on demande à notre équipementier de nous faire exactement les mêmes. On a donc toujours les mêmes tenues, à domicile ou à l’extérieur, que Barcelone !” Même le logo a été redessiné, pour ressembler le plus possible à celui du club dans lequel Johann Cruyff a entraîné. Et si on vous parle de Cruyff, ce n’est pas anodin ; sur le stade de La Redoute, à Saint-Denis, c’est le club formateur du Hollandais volant qui est à l’honneur : le Saint-Denis école de football association (SDEFA) joue avec le logo et les tenues de l’Ajax. Ce


S P O RT

n’est pas un hasard non plus, mieux : la parenté a été décidée dès la création. Gérard Grondin était là lors des premiers souffles du club dionysien, en 1996 : “Lorsqu’il a fallu trouver des couleurs pour ce club, Kluivert venait de marquer le but contre Milan en finale de Ligue des Champions. Nous, nous étions tous des anciens fans de l’Ajax des années soixantedix, nous adorions les Pays-Bas de la Coupe du monde de 1974, et Cruyff, par-dessus tout. S’il faut prendre des modèles, pourquoi ne pas prendre les meilleurs ? Nous voulions absolument que le mot “école” apparaisse dans notre nom, nous faisons de la formation. Comme l’Ajax ! Tout est lié : les couleurs, les valeurs…” Et les valeurs de l’Ajax, ça se transmet : “On essaie de raconter aux jeunes un peu d’histoire du sport, de ce club. On avait fait un petit quelque chose, au club house, lors de la mort de Cruyff. Et, puis, dans le jeu, on essaie d’avoir un jeu agréable à regarder…” Pour d’autres clubs, la parenté va plus loin. L’ASC Saint-Etienne a – quasiment - le même nom que l’AS Saint-Etienne, le club de la Loire qui a fait quelques bons parcours en Coupe d’Europe des clubs champions il y a longtemps. C’est du supportérisme pur, le club ayant été fondé par des supporters des Verts. Pour l’anecdote, il faut aussi souligner qu’il joue à Saint-Louis, aux abords de la rivière… Saint-Étienne. Cela facilite les rapprochements. À l’Est, l’ASC Monaco ne s’embarrasse même pas de faire figurer, dans le nom de son club, le nom de la commune où il est basé, Saint-Benoît, ni même le nom de son quartier, la Rivièredes-Roches. Une explication de la part d’un des dirigeants, Raymond Salah ? “Ça remonte à loin, à la fondation du club, dans

PAGE 45

“C’ÉTAIT FLATTEUR, COMME SURNOM, ALORS ON A JOUÉ LE JEU À FOND. ON A FAIT EN SORTE D’ADAPTER NOTRE STYLE DE JEU À CELUI DU BARÇA.” les années cinquante. Les dirigeants avaient alors des contacts avec Monaco, et le club lui-même avait été parrainé par le Prince Rainier en personne ! Ne me demandez pas comment cela s’était fait, je ne sais plus… Toujours est-il qu’avant, le prince était aussi le président officieux de l’AS Monaco. Nous sommes restés en contact longtemps avec la principauté, chaque année, nous leur envoyions un mot pour leur donner de nos nouvelles, et ils nous répondaient gentiment.” Du coup, là encore, sont repris les couleurs et même le fameux maillot à diagonale rouge et blanc, qui aurait été dessiné par Grace Kelly. Oui, ça en jette, une équipe de foot de Saint-Benoît qui porte une tenue dessinée par une princesse star de cinéma. Notre épopée à travers les clubs de foot affichant une parenté avec des clubs européens nous a aussi un peu perdus. Ainsi, nous sommes allés demander au Saint-Denis FC, le club phare du chef-lieu, si, par hasard, il n’y avait pas un petit lien avec le FC Nantes ? Il faut dire aussi que les pages “sports” des deux quotidiens ont pris l’habitude les surnommer “les canaris”… “Non, ça n’a rien à voir, tranche le président Daniel Lacas. Le jaune et vert, ce sont les couleurs de la Ville, c’est tout. Nous avons repris les couleurs des clubs qui nous ont précédés, notamment le


PAGE 46

LES PAGES SPORT

DO S S I E R

CSSD, qui jouaient en maillot rayé vert et jaune.” En effet, le logo de la Ville, le fameux paille-en-queue blanc et jaune, entouré de vert et de bleu, pourrait cautionner ce choix de couleurs. Mais on a jeté un œil au design des maillots dionysiens : ils ressemblent franchement, avec quelques années de retard, à celui du FC Nantes… “Nous envoyons un dessin à notre équipementier, qui nous fait ce qu’on demande”, coupe encore monsieur Lacas. C’est en effet le cas depuis peu. Mais quelque chose nous dit que le fabriquant réunionnais de maillots précédent, sponsor de nombreux clubs sur l’Île, s’est quelque peu amusé à reproduire ce qui se faisait ailleurs. Ce fabriquant, d’ailleurs, s’en était fait une spécialité, habillant les joueurs locaux de nombreux clubs de maillots aux designs de l’équipe de France ou d’autres grands clubs métropolitains. Et c’est donc, aussi, parce que les associations locales se fournissaient pour beaucoup chez le même équipementier, qui se faisait un malin plaisir de donner une touche “européenne”

“NOUS SOMMES RESTÉS EN CONTACT LONGTEMPS AVEC LA PRINCIPAUTÉ, CHAQUE ANNÉE, NOUS LEUR ENVOYIONS UN MOT POUR LEUR DONNER DE NOS NOUVELLES, ET ILS NOUS RÉPONDAIENT GENTIMENT.”


S P O RT

COLLEZ VOTRE VIGNETTE ICI

PAGE 47

COLLEZ VOTRE VIGNETTE ICI

“S’IL FAUT PRENDRE DES MODÈLES, POURQUOI NE PAS PRENDRE LES MEILLEURS ?”

aux maillots locaux, que l’on avait parfois l’impression de voir des matches de Ligue des Champions se jouer sur les terrains réunionnais. L’impression, on a dit ; les maillots sont plus souvent garnis du logo de Jumbo que de celui de Qatar Airways. Enfin, il y a un club qui est allé au bout de la chose, jouant carrément avec les vraies tenues d’un club de première division : la Saint-Pauloise. En effet, si le nom ou le logo n’avaient rien à voir avec l’Olympique lyonnais, ce sont bien dans leurs véritables tenues que les joueurs de l’Ouest ont joué, de 2005 à 2006. Et cela avait de la gueule, ces tenues Umbro rouges avec un parement blanc et bleu, le logo de l’OL… Oui, car sur les maillots de la Saint-Pauloise, on trouvait bien celui de Lyon, aussi gros que celui du club réunionnais. Mieux : le sponsor lui-même, prévu pour la campagne européenne des gones terminée en quarts face à Milan, a été visible à La Réunion. Pourquoi ? À l’époque, la Saint-Pauloise avait signé un partenariat avec l’OL. C’est assez commun, beaucoup de clubs à La Réunion le font, afin de trouver des points de chute à leurs bons jeunes. Ainsi, le club réunionnais devient un vivier pour les pros. En échange, la Saint-Pauloise avait fait de bonnes affaires. Elle avait accueilli quelques joueurs des équipes réserve de l’OL et, surtout – c’est

bon pour les photos - des équipements flambant neufs. Elle avait même carrément envisagé, un temps, de changer de nom, afin de devenir un club “satellite” de l’Olympique lyonnais. On parlait alors de “FC Saint-Paul-OL”, pour tout dire… Las, le partenariat avait tourné court. Ne restent donc que des images peu banales d’un club local jouant avec les tenues – hors de prix – et le logo du champion de France de l’époque. Cette histoire de maillots, de logos, liés à des clubs européens – surtout français – n’a finalement rien d’étonnant. Les liens avec l’Europe du foot sont depuis longtemps très forts : des équipes comme Saint-Etienne ou le PSG sont venues jouer ici par le passé. Le voyage de joueurs nés dans l’Île a renforcé le supportérisme de certains réunionnais (Payet à Saint-Etienne, Hoarau à Paris…) et donc, l’attachement des Réunionnais pour les clubs nationaux. Allant même jusqu’à en mimer les pratiques les plus rocambolesques. Si la Jeunesse saint-pierroise a longtemps été surnommée “L’Olympique de Marseille péi”, ce n’est pas pour une parenté de couleurs ou de logos, mais bien pour son appétence aux transferts rocambolesques et aux affaires de gros sous. On est d’accord, il vaut mieux se réclamer de l’Ajax de Cruyff que de l’OM de Tapie.


PAGE 48

LES PAGES SPORT

PO RT FOL I O TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT

BOUE ET BASALTE Quatrième manche de la coupe de La Réunion de VTT X-Country, à Sainte-Rose. Il avait plu…


S P O RT

L’Association cycles passion Réunion (ACPR) avait décidé de tracer un circuit à Sainte-Rose, en-dessous de la route, en direction de la mer. La petite vingtaine de participants à cette manche de coupe qui jouent le titre chez les grands ont donc eu droit à un tracé serpentant entre sousbois et ravine noire, avec cette difficulté en plus : il avait plu dans les jours précédents. Et puis, depuis le début de l’après-midi, les catégories

PAGE 49


PAGE 50

LES PAGES SPORT

PO RT FOL I O

de jeunes et de plus anciens avaient bien travaillé les sentiers, finissant eux-mêmes, déjà, tous crottés et fourbus. C’est donc au milieu des familles venues accompagner les coureurs – et celles qui n’avaient rien à voir avec la course d’ailleurs – adeptes du pique-nique en milieu rural que les cyclistes ont avalé la vingtaine de kilomètres en un peu moins d’une heure et demie.


S P O RT

Petite moyenne, certes, mais il faut dire que le tracé était très technique. Les habitués des courses cyclistes relèveront qu’encore une fois, Yannick Cornille finit placé mais non vainqueur, que Giovanni Gonthier n’a pas gagné (il a crevé), que Georget Burel roule toujours (chez les masters), que Sébastien Elma, le deuxième, est plutôt un habitué de la route et que le vainqueur, Quentin Soubadou,

PAGE 51


PAGE 52

LES PAGES SPORT

PO RT F OL I O

était le plus jeune de la course phare de la journée, puisque le seul appartenant à la catégorie “espoirs”. Tous ont terminé avec les mollets boueux. Et quand on dit tous, nous incluons les suiveurs dans le lot.



PAGE 54

LES PAGES SPORT

LE J O U R OÙ … TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ARCHIVES FP

31 AOÛT 1975

LE PREMIER FRONTON DE

EST INAUGURÉ Parler de la construction du premier fronton de pelote basque à La Réunion, aux Camélias, revient à se pencher sur l’énigme de la présence de ce sport dans l’Île.

A

près tout, la présence de pelote basque, à La Réunion, n’a rien d’incongru : sur une île où presque tout a été importé, de l’homme à la canne à sucre, de la grenouille aux automobiles, du samoussa au rock’n roll, voir des petits Réunionnais jouer à un sport originaire du Pays basque ne devrait pas tant nous étonner que cela. N’empêche : avec quelques uns des meilleurs spécialistes mondiaux dans la discipline de la paleta cuir, il n’y a rien de farfelu à tenter de remonter aux racines de son implantation locale. Nous avons tenté de retrouver la date précise où tout a commencé, ce moment zéro où plusieurs personnes se sont rencontrées afin de créer un embryon de club. Ce moment existe : hélas, la date précise a été oubliée. Il s’agit d’un après-midi de 1971, aux Camelias, aux environs de l’église. Le curé de la paroisse, le père Dattas, fait la sieste et entend des “boum boum” venant de la maison d’à-côté. Ancien joueur de pelote, puisque originaire du Sud-Ouest, il associe immédiatement ce “boum boum” au bruit qu’il a entendu des années auparavant. Il passe la tête à la fenêtre, et en face de lui, il voit des jeunes gens ayant vidé leur salon pour jouer à la pelote contre un des murs. Parmi eux, Francis Pommiès : “Il se dit : “Mais c’est de la pelote, que j’entends !” Il était au premier étage, nous aussi, il nous a vus, est venu nous voir. Il adorait ça, la pelote, il en parlait même dans ses sermons…” Francis Pommiès est alors Volontaire à l’aide technique (VAT) ; parmi d’autres VAT, il avait rencontré des compatriotes du Sud-Ouest, et s’était mis à jouer. Avec le père Dattas et son copain JeanClaude Cazaubon, un premier club sera fondé, l’amicale des 3B (pour Béarn, Bigorre, Basque), s’entraînant au gymnase des Deux-Canons. Mais le besoin d’un vrai fronton, uniquement consacré à la pelote, se fait sentir.

Or, aux Camélias, la paroisse a un terrain, qui lui avait été légué par une certaine madame Fontaine, dont le vœu était d’en faire un lieu de jeu pour les enfants du quartier. Il avait donc été aménagé en plateau sportif, notamment pour les basketteurs puis les handballeurs ; le père Dattas s’est dit qu’il valait mieux en faire un fronton. Willy Céleste, un des premiers gamins du quartier à se mettre à la pelote, se souvient : “Toutes les familles s’y sont mis, les Titus, les Ferrère, les Dalleau… Ils étaient trop contents de voir les marmailles avoir une activité sportive !” Monsieur Pommiès complète : “On a organisé des kermesses, on a un peu cherché des sous de partout, tout le monde a participé.”

“MAIS C’EST DE LA PELOTE, QUE J’ENTENDS !” Et le 31 août 1975 est donc inauguré le premier fronton à La Réunion, en plein cœur des Camelias, première étape vers l’évolution sérieuse de ce sport dans l’Île. Auguste Legros s’y était même essayé… D’autres suivront, au Chaudron, à Saint-Leu, à Cilaos. Et le niveau ne cessera de s’élever. Aujourd’hui, dépêchez-vous d’aller jeter un coup d’œil au fronton des Camélias : l’évêché a remis la main dessus, et compte en faire un parking. Nous sommes d’accord avec vous : c’est toujours triste de terminer le magazine sur une note aussi triste.


- F LY I N G B L U E J E U N E -

Décoller vers de nouveaux horizons

Gagnez des Miles simplement ! Désormais, gagnez et utilisez vos Miles à volonté pour vos voyages, y compris auprès de nos partenaires non aériens. Avec le programme Flying Blue Jeune, bénéficiez également d’un bonus de 35 000 Miles au bout de de 3 allers-retours, de votre 2ème bagage gratuit pour les étudiants et bien d’autres avantages. Dès maintenant adhérez gratuitement sur flyingblue.com



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.