Ardennes Alpes
#205 / 3ème trimestre 2020
Dans une pente de neige, vous atteignez un rocher qui en émerge, belle occasion de placer un point de sécurité ou d’y installer un relais. TEXTE DE JEAN BOURGEOIS MIS EN IMAGE PAR AUDREY CAUCHIE
Ne l’abordez pas par le bas mais plutôt par le côté, car le rayonnement du rocher, chauffé par le soleil, a déstabilisé la neige sous lui.
Marty
édito Début aout 2017, nous avions atteint les 4 000 membres. Trois ans plus tard, quasi jour pour jour, nous sommes 5 000 ! Après avoir constaté une diminution des inscriptions au début du confinement lié à la Covid 19, le nombre d’adhérents n’a cessé d’augmenter. Ce que le Club Alpin représente, ou ce qu’offrent la Fédération et ses Cercles semblent séduire de plus en plus ! Et c’est une bonne chose ! Pour marquer l’événement – le hasard faisant parfois bien les choses – Ardennes & Alpes fait peau neuve ! Ce changement marque l’arrivée d’un nouveau graphiste, Vincent Hanrion. Il prend la suite d’Audrey Vanderkelen qui vogue vers de nouvelles aventures. Toute l’équipe se joint à moi pour la remercier et souhaiter bonne chance à son successeur ! Parmi le riche sommaire de cette édition, je voudrais pointer « Bivouac chez moi », la plateforme collaborative d’accueil en bivouac du Club Alpin Belge.
Garcia
©
Une façon originale de se loger pour découvrir notre belle région, surtout en ces temps d’incertitude sur les voyages à l’étranger. Si ce n’est déjà fait, une visite sur le site s’impose, et pourquoi ne pas proposer un bout de votre jardin pour compléter les bivouacs proposés par les membres de notre Fédération ? Pour rappel, un bivouac N’EST PAS un camping gratuit, ni une nuit festive, ni un parking pour véhicules ! Ceci est bien entendu valable pour TOUS les sites de bivouac, qu’ils soient référencés par la Fédération ou non. Je vous laisse découvrir par vous mêmes les autres articles de ce numéro. Bonne lecture ! Et surtout, prenez bien soin des autres et de vous. DIDIER MARCHAL Président du CAB
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DOSSIER
Une voie pour tous En quête de valeurs et de partage dans nos espaces sauvages, un retour aux sources. PAGE 20 33
Sommaire
LE BRAME DU CERF PAGE 5
La période du 15 septembre au 15 octobre environ voit se dérouler un des plus intenses spectacles de la vie dans la forêt ardennaise.
CIRCULATION EN FORÊT PAGE 9
Les règles de circulation en forêt reprises au Code forestier visent à « préserver et rendre la forêt à ceux qui la respectent ».
3
Édito
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Le brame du cerf
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Circulation en forêt
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Nanok expédition
16. Histoire au sommet 18. Bivouac chez moi DOSSIER : Une voie pour tous 20. La montagne en mémoire 24. Ceux qui vont en montagne 26. Parc national du Grand Paradis sauvage et préservé 32. Ma voie d’escalade libérée 34. Les jardiniers, héros des falaises 36. Compétitions nationales 39. Contrats de Rivière 40. Formations
NANOK EXPÉDITION PAGE 13
L’idée d’une expédition ne surgit pas toute seule. Elle arrive et se définit au travers de voyages, de rencontres, de récits.
41. Richard Gobin 42. Comment choisir son filtre à eau 45. Bricolage en confinement 47. Petite chronique du piton ardennais 50. Lire
Le brame du cerf
ickillon Dimitri Cr
© 2019
Magie forestière au cœur de l’Ardenne sauvage DIMITRI CRICKILLON
« 6 h 30 du matin, fin septembre. La route est longue pour rejoindre la place d’affût. À pas de Sioux, entre chien et loup, le voyageur en quête d’images évolue avec précaution.
La période du 15 septembre au 15 octobre environ voit se dérouler un des plus intenses spectacles de la vie dans la forêt ardennaise. Le brame est le puissant cri du cerf en rut durant sa période de reproduction. Le refroidissement des températures, l’augmentation de l’humidité marquent souvent le démarrage du brame. Les cerfs
L’âme est enivrée par un retour aux sources ;
sont au meilleur de leur forme avec des
la nuit des temps resurgit au travers de puis-
bois « refaits » et les biches sont récep-
sants fracas ! La vallée résonne du réveil des
tives pour l’accouplement. La période de
seigneurs de la forêt, les grands cerfs battent
saillie est extrêmement courte, quelques
le rappel… Rivière fluant au fil des millé-
heures à peine, voire une journée. La ges-
naires, cerfs bramant des profondeurs de la
tation est d’environ deux cent quarante
forêt, photographe en attente de l’instant
jours, la naissance de l’unique faon se
miraculeux ravivant les origines oubliées ».
déroulera en juin. page 5
Ce sont les cerfs les plus vigoureux (à partir de six ans) qui vont déployer une énergie considérable pour maintenir auprès d’eux un groupe de biches : « la harde ». Durant toute la période, jour et nuit, le cerf aura comme unique préoccupation de veiller à maintenir sa harde de biches. Des cerfs concurrents rôdent et convoitent jalousement le précieux cheptel. Le cerf étant polygame, les biches attirent la convoitise de plusieurs mâles. Les cerfs se jaugent en donnant de la voix, il est fréquent que le dominé s’en aille sans oser le moindre affrontement. S’ils s’estiment de force égale, ils se battent en entrechoquant leurs ramures avec un bruit caractéristique de claquement qui résonnent au cœur de la forêt.
Page précédente : Au cœur du massif forestier ardenais un magnifique 14 cors brame éclairé par une douce lumière automnale / septembre 2019 Ci-contre : À quelques mètres de nous s’affrontent deux grands cerfs. L’issue du combat est fatale pour le vaincu, un andouiller lui perfore le thorax ! Il prend la fuite, poursuivi du vainqueur poussant un brame d’une puissance inouïe… Ardenne / septembre 2014 page 6
• Andouiller : pointe, cor des bois du cerf. • Bramer : crier, meugler chez le cerf mâle en rut. • Cervaison : le cerf est en pleine cervaison lorsqu’il est gras d’avoir viandé tout l’été. Saison située juste avant le rut. • Gagnage : surface naturelle ou aménagée offrant les espèces fourragères dont le gibier a besoin. • Harde : groupe de cerfs et de biches. • Harder : se dit du cerf qui groupe ses biches en harde pour mieux les surveiller. • Mue : bois que le cerf perd à la fin de l’hiver. • Rot : cri, « toussotement », en parlant du cerf et de la biche. • Souille : cuvette fangeuse où le gibier prend un bain de boue. Source : Xavier Lenel & Jean-Luc Duvivier de Fortemps, Au cœur du brame. Luttes et clameurs dans la forêt ardennaise, éd. Weyrich.
Dimitri Crickillon © 2014
Carnet de terrain : « 22 septembre, mon compagnon d’aventure et moi-même sommes sur le chemin du retour. Cela fait trois jours que nous rentrons bredouilles de nos sorties matinales. Il est 10 h du matin, nous marchons au cœur du grand massif ardennais quand, soudain, des claquements intenses éveillent nos espoirs de la rencontre tant attendue ! À bon vent, nous hâtons le pas vers la source de toutes nos espérances. À quelques mètres de nous s’affrontent deux grands cerfs. Nous sommes cachés derrière un grand chêne, l’émotion est telle que nous en avons des frissons et les yeux brillants… Le combat est intense, puissant, les bois s’entrechoquent, le grand seize corps repousse le dominé avec la force d’un taureau. L’issue
Petit glossaire sur le cerf
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du combat est fatale pour le vaincu, un andouiller lui perfore le thorax ! Il prend la fuite, poursuivi du vainqueur poussant un brame d’une puissance inouïe… ». L’excitation est à son comble, les cerfs se roulent dans la boue (les souilles), donnent de puissants coups d’andouiller sur le sol, s’aspergent d’un puissant parfum composé d’urine et de sperme. Les cerfs sont épuisés, ils mangent peu et les journées sont rythmées par la farouche surveillance de la harde, par des combats et l’attente du court moment de la réceptivité des biches. La fin du brame voit des cerfs amaigris et épuisés, c’est alors que commence la période de la chasse ! DIMITRI CRICKILLON
Pour en savoir plus sur le cerf • Gérard Jadoul et Philippe Moës, Au nom du cerf, éd. du Perron. « Animés d’une passion commune pour la forêt et le cerf, Philippe Moës et Gérard Jadoul ont consacré à cet animal une énergie considérable depuis plusieurs dizaines d’années. Leur goût de la photographie et de l’écriture aboutit aujourd’hui à un regard croisé novateur, ancré dans la réalité de terrain. Avec Au nom du cerf, ils font découvrir l’animal sous trois angles distincts qui s’enrichissent l’un l’autre. Le premier, esthétique et contemplatif, permet d’apprécier quelques-unes de leurs images favorites. Le second, naturaliste, raconte le suivi photographique d’une douzaine de cerfs durant leur vie, jusqu’à dix années consécutives pour plusieurs d’entre eux. Le dernier volet enfin, plus philosophique, témoigne de la longue et permanente évolution du regard qu’ils portent tous deux sur le cerf et les relations qui le lient à l’homme ».
• Jean-Luc Jorion, Le cerf – Le reconnaître et le suivre tout au long de sa vie. « Le Cerf est un livre dédié aux spécialistes de cette espèce. En vous régalant des très belles photos qui l’illustrent, vous y apprendrez toutes les techniques qui vous aideront à appréhender au mieux les spécificités du cerf. Vous pourrez, grâce à ce livre, vivre pleinement vos passions de photographe, de chasseur ou de collectionneur tout en veillant à sa préservation. L’auteur y dévoile en effet les ficelles pour peaufiner vos connaissances et agir de la meilleure manière. Explications sur la morphologie
Approcher les cerfs et les biches à cette période demande une très grande expérience et une excellente connaissance de leur mode de vie. Le dérangement peut faire échouer la reproduction. Attention, dans certaines communes, l’accès aux routes et chemins forestiers est réglementé durant la période du brame. De nombreuses communes organisent des promenades « brame du cerf » guidées par des naturalistes spécialisés.
• Massif forestier d’Anlier : CRIE d’Anlier. • Massif forestier de Bouillon : Maison du tourisme. • Massif forestier d’Herbeumont : Maison du tourisme. • Encore bien d’autres possibilités via les syndicats d’initiative ou Maison du Tourisme. page 8
Au coeur de la forêt un cerf brame et tente de maintenir sa harde de biche. Ardenne / septembre 2017 Dimitri Crickillon © 2017
• Massif forestier de Libin : Maison du tourisme du Pays de la Haute-Lesse. Hôtel Les Roses à Libin.
• Jean-Pierre Verhoeven, Le clan des cerfs, éd. du Perron. « Comment vivent les cerfs entre eux, quel est le degré de sociabilité de ces grands mammifères, comment fonctionne le ‘‘clan’’ des cerfs ? Fruit d’observations quotidiennes, consignées avec soin pendant ses 22 années de garde-chasse, l’auteur nous donne la réponse dans ce volume agrémenté de nombreuses et magnifiques photographies ». • Xavier et Quentin Lenel, et Jean-Luc Duvivier de Fortemps, Au cœur du brame, éd. Weyrich. « Entendre n’est pas voir. Pour satisfaire la curiosité de tous, ce livre et son DVD vous permettront de découvrir des images exceptionnelles des amours tumultueuses de nos grands cerfs d’Ardenne ».
Où écouter le brame ?
• Massif forestier de Saint-Hubert : CRIE du Fourneau Saint-Michel. Maison du tourisme du Pays de Saint-Hubert. Office communal du Tourisme de Nassogne.
et les modes de vie du cerf, passage en revue des méthodes et des outils pour reconnaître l’animal, mode d’emploi pour la constitution de bases de données documentaires, législation et plans de tirs de France et de Belgique, astuces pour optimiser l’observation, la collecte des mues ou l’art du photographe : rien ne manque pour devenir un véritable expert, tout en adoptant une conduite sensée, écologique et éthique ! ».
Circulation en forêt
ickillon Dimitri Cr
© 2010
Et exercice de la chasse JEAN-PIERRE SCOHY Inspecteur général, SPWARNE-Département de la nature et des forêts (DNF)
Rappel : Les règles de circulation en forêt reprises au Code forestier visent à « préserver et rendre la forêt à ceux qui la respectent », mais permettent évidemment, dans le respect des droits du propriétaire, la réalisation de certains travaux, la récolte de bois et de certains autres produits, de même que l’exercice de la chasse.
Par contre, des limitations existent malgré tout, ne fût-ce que lorsque la liberté de circuler est définie par le moyen de locomotion et le type de voirie empruntée, mais aussi dans la mesure où l’autorité publique, ministre compétent en matière
de forêt ou chef de cantonnement du département de la Nature et des Forêts (DNF) en fonction de la longueur de la période d’interdiction, peut limiter ou interdire l’accès en forêt pour des raisons particulières telles que : risques pour les espèces d’oiseaux protégées par la loi sur la conservation de la nature, garantie de quiétude pour la faune pendant la période de reproduction, sécurité des personnes en raison du risque d’incendie ou lors de travaux forestiers, ou encore risque de propagation de certaines maladies. Ces interdictions sont annoncées par des panneaux dont le modèle est déposé et spécifique à chaque type d’interdiction. Ces panneaux reprennent les dates de début et de fin de l’interdiction, un numéro de décision ministérielle ou du chef de cantonnement du DNF et les coordonnées de l’agent responsable de la surveillance, en l’occurrence le garde forestier du DNF pour page 9
la zone. Ils sont apposés au niveau des voiries donnant accès à la zone concernée, au moins 48 heures avant le début de la période d’interdiction et enlevés au plus tard 24 heures après la fin de cette période.
Préserver et rendre la forêt à ceux qui la respectent Le chef de cantonnement du DNF en informe sans délai les communes, les zones de police et les maisons du tourisme, voire les concepteurs d’itinéraires balisés (figure 1).
Limitation de la circulation pour l’exercice de la chasse L’exercice de la chasse est non seulement permis par les règles en matière de circulation en forêt, mais bénéficie en plus de la possibilité d’interdire l’accès en forêt sous couvert de sécurité des tiers. Assez bizarrement, ces règles ne sont pas encore vraiment traduites dans le nouveau Code forestier, mais relèvent toujours d’un article, non abrogé pour la cause, de l’ancien Code forestier !
Introduction de la demande par le chasseur Pour autant qu’il veuille interdire la circulation dans la mesure où actuellement, il s’agit toujours d’une possibilité et non d’une obligation, le chasseur doit en faire la demande. Cette démarche, sauf si elle couvre une période de plus de trois jours pour l’exercice d’une battue de chasse ou une période de plus de deux heures avant et de deux heures après le coucher du soleil pour l’exercice de l’affût, auquel Page précédente : Haute Lesse Redu, Pont des Barbouillons / 2010 page 10
cas elle relève d’une décision ministérielle, doit être faite auprès du chef de cantonnement du DNF.
Modalités de mise en œuvre de l’interdiction de circuler pour raison de chasse L’interdiction de circuler doit être matérialisée par des affiches (fond « rouge », passage interdit, battues ou affût) dont le modèle est déposé. Ces affiches doivent être apposées au moins 48 heures1 avant le début de la période d’interdiction et retirées au plus tard 24 heures après la fin de cette période. Elles sont disposées théoriquement de part et d’autre de toutes les voiries ouvertes au sens du Code forestier, à une hauteur de 2 m 50, à l’entrée de la zone concernée (figure 2). Le panneau reprend les dates et heures (pour l’affût) de la période d’interdiction, le numéro de décision, les coordonnées du responsable de la signalisation (habituellement le garde-chasse) et celles du responsable de la surveillance (le garde forestier du DNF pour la zone). Comme pour les autres mesures d’interdiction de circulation, le chef de cantonnement du DNF informe les communes, les zones de police, les maisons du tourisme et les concepteurs d’itinéraires balisés. Comme le reste des règles en matière de circulation en forêt, la possibilité d’interdiction de circuler pour raison de chasse ne s’applique pas au réseau Ravel, ni aux routes (sauf celles de remembrement) qui permettent, sur toute leur longueur, que deux véhicules automobiles s’y croisent aisément. 1 - Afin d’éviter que des affiches ne soient apposées « trop tôt » et puissent être interprétées par les utilisateurs comme l’entrée en application de l’interdiction, l’autorisation du chef de cantonnement précise la plupart du temps qu’elles ne peuvent être apposées plus de, par exemple, 72 heures avant le début de la période d’interdiction.
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Pour autant que ces modalités de mise en œuvre soient respectées, le fait d’enfreindre ces règles est punissable dans le chef du randonneur, du vététiste ou de tout autre usager qui outrepasserait ces panneaux d’interdiction aux dates (et heures) indiquées.
Coexistence des différents utilisateurs de la forêt et exercice de la chasse Dans la partie ardennaise de la région et dans la mesure où le service forestier dispose chaque année de la plupart des dates des battues de chasse, les organismes touristiques et les communes sont informés dès la mi-septembre de ces dates et des territoires qu’elles concernent. Il n’est alors pas très compliqué, moyennant un petit appel auxdits organismes ou communes, ou en consultant leurs sites Internet, de connaître les zones de forêt où la promenade est possible sans risques liés à l’exercice de la chasse. Par ailleurs, lorsque les interdictions portent sur l’un ou l’autre tronçon d’itinéraires balisés permanents sur autorisation du Commissariat général au tourisme (CGT), une affiche d’information « fond jaune » doit être apposée au niveau du départ de l’itinéraire. Elle signifie ainsi aux potentiels usagers de l’itinéraire en question que celui-ci est impraticable, voire détourné. En effet, le ministre ou le chef de cantonnement peuvent imposer la réalisation d’un itinéraire « bis » d’évitement au moyen de balises temporaires. Ces balises temporaires sont celles utilisées pour le balisage temporaire dérogatoire en fonction du type d’utilisateurs (figures 3 & 4). Cette affiche « fond jaune » est bien une affiche d’information et ne peut en conséquence comporter de mention d’interdiction. Elle ne peut se substituer aux affiches « fond rouge » matérialisant
l’interdiction temporaire de passage. Dans ces conditions, il n’y a pas d’inconvénient à ce qu’elle soit aussi utilisée en certains points névralgiques (départs de plusieurs ballades, places communales, abords d’un chalet de chasse…) pour annoncer les actions de chasse avant et en cours de saison, et ainsi rester en place plusieurs mois.
Signalisation « parallèle » De la même façon, la mise en place de panneaux de type « Attention – zone de quiétude » doit être comprise comme de l’information, mais ils ne peuvent être utilisés comme des moyens d’interdire le passage avec l’aide ou pas d’une barrière, et à la place des panneaux « fond rouge – passage interdit ». Soit la voirie forestière est privée et elle peut être barrée ou renseignée comme fermée (et sans doute de manière permanente, avec ou non la référence à une zone de quiétude), soit elle est publique ou fait l’objet d’une servitude2, ou elle est une voirie « innomée » consacrée par l’usage, et dans ces cas est réputée ouverte, et ne peut être fermée que temporairement et uniquement par les moyens légaux repris au Code forestier. D’autre part, rien ne s’oppose à ce qu’un propriétaire signale qu’un terrain forestier lui appartenant est « propriété privée », mais cette information ne peut être apposée de manière ambiguë, par exemple, en bordure de chemin public de telle façon à laisser entendre que ce dernier ne serait pas ouvert à la circulation du public !
2 - À vérifier éventuellement à l’Atlas des voiries publiques (et servitudes) auprès de l’administration communale. page 11
Figure 1
Figure 2
Cohabitation C’est finalement bien de cohabitation qu’il s’agit, d’équilibre « sociétal » entre les différents utilisateurs du milieu forestier ! Voilà 50 ou 70 ans, le sylviculteur, propriétaire ou non, l’exploitant forestier ou encore le chasseur, n’avaient pas à se poser la question d’un partage du milieu forestier. En effet, les besoins des autres utilisateurs, pour les loisirs en général, se limitaient à quelques aires d’accueil
C’est finalement bien de cohabitation qu’il s’agit, d’équilibre « sociétal » entre les différents utilisateurs du milieu forestier ! périphériques et quelques promenades balisées presque à vue du parking où était rangée la voiture familiale. Depuis quelques décennies, tout citoyen a l’impression que la forêt est publique et donc lui appartient un peu. Et qu’en conséquence, il peut en jouir pleinement sous diverses formes et activités, promenade, VTT, observation de la nature…, et sans trop de contraintes.
page 12
Figure 3
Figure 4
Le Code forestier fixe toutefois les balises pour protéger la forêt wallonne des excès de certains de ses utilisateurs, mais non pas pour compartimenter l’espace public ou réguler le temps à y passer, mais plutôt en hiérarchiser l’utilisation. Il est ainsi parfaitement possible d’assurer la cohabitation des chasseurs et des promeneurs dans un massif forestier communal ou régional. Il faut simplement que les dates de battues de chasse pour chaque territoire soient connues dès l’entame de la saison cynégétique et portées à la connaissance des touristes et promeneurs. Cela implique que suffisamment de communication soit mise en place afin que les règles de circulation soient comprises, et les rôles, les envies, les besoins… des uns connus des autres ! Il s’agit bien ici d’admettre la logique de gestion intégrée d’un patrimoine naturel, économique, social, culturel et paysager en référence aux choix de société sur les différents niveaux de satisfaction à donner aux divers intervenants, sans que certains soient ou puissent se sentir défavorisés, voire lésés. JEAN-PIERRE SCOHY
Nanok Expédition
Gilles Denis © 2018
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Ou comment mettre son rêve en musique ? GILLES DENIS & NATHAN GOFFART
Pour avril 2021, que dis-je, 2022, Gilles Denis et Nathan Goffart se lancent un défi de taille : le projet « Nanok Expédition ».
L’objectif ? Enchaîner successivement une traversée de 600 km à ski le long du cercle polaire arctique, 1000 km en kayak de mer et 1 km vertical d’escalade pour l’ouverture d’une voie big wall, le tout pendant cinq mois au Groenland en autonomie totale. Une sorte de triathlon atypique à la sauce bien belge, teintée d’un brin de folie… Du rêve à la réalité : quelles sont les coulisses de la préparation d’une telle expédition ?
Le rêve L’idée d’une expédition ne surgit pas toute seule. Elle arrive et se définit au travers de voyages, de rencontres, de récits. On n’est pas forcément conscient de toute l’étendue des possibles (ou de son propre potentiel) avant d’avoir été confronté aux premières expériences formatrices. Notre expérience Nanok : « Lorsqu’en 2016, Gilles – passionné par les régions polaires – débarque la toute première fois au Groenland pour y travailler, il découvre un pays méconnu, vaste, et aux possibilités infinies… Il ne sait pas encore avec qui ni comment, mais un rêve est né et une promesse faite à luimême : celle de monter un projet d’expédition ambitieux dans ce pays grandiose. »
Antoine Denis et Gilles Denis, en pleine préparation / Bruxelles / mai 2018
Trouver le (la) partenaire idéal(e) Si cela paraît trivial, ça ne l’est pourtant pas toujours… Il faut trouver le (la) partenaire avec qui l’alchimie des caractères prenne et avec qui on se voit vivre, collés l’un à l’autre, x semaines ou mois en continu, 24h/24. Car on skie, on fait du kayak ou on grimpe ensemble, puis on cuisine, on mange et on dort ensemble, et sur le portaledge en big wall, on en vient même à faire ses besoins dans un sac à 1 m de l’autre : c’est dire. Bref, c’est plus de temps en condensé que ne le passe ensemble n’importe quel couple ! page 13
Ci-dessus : Hilo Moreno pris par les glaces / Tasiusaq (sud du Groenland) / juin 2018 Ci-contre : Nathan Goffart au bivi / Monkeyfinger (Zion, USA) / novembre 2019
« Parfois, le mieux est encore de commencer à se préparer seul au projet, en se fixant déjà une date pour l’expédition, d’en parler autour de soi, et d’attirer, par l’exemple, ce partenaire idéal. »
Gilles Denis © 2019
Définir le projet et ses objectifs
COVID-19 C’est un coup dur pour Nanok ! Certains de nos sponsors ne pouvant plus nous suivre, avec une logistique et une préparation devenant de plus en plus compliquées, nous avons pris la décision de reporter le projet d’une année… Ce sera donc en avril 2022 que nous entamerons notre triathlon. On ne lâche rien surtout, la flamme brûle toujours, et nous n’en serons que plus heureux et méritants ! page 14
Le pourquoi de l’expédition doit être très clair – même si les membres d’une même expédition peuvent avoir différentes raisons pour celle-ci, ces dernières doivent être exprimées et comprises par tous. Il sera utile de pouvoir se le(s) rappeler dans les moments difficiles. Il est important aussi de bien s’accorder sur les objectifs à atteindre, car ceux-ci ne seront atteints que si les différents membres unissent leurs efforts… À partir d’ici, une bonne communication devient absolument cruciale !
Définir la stratégie Il faut se poser ici la question du « comment ? ». Quel sera notre impact environnemental, et comment le diminuer ? Comment financerons-nous notre projet : sur fonds propres ou via la recherche de sponsoring ? À qui peut-on demander de l’aide (p. ex., le CAB, le Capexpé – www.capexpe.org, une super association de Louvain-la-Neuve –, ou
Gilles Denis © 2018
Ardennes & Alpes — n°205
encore via une campagne de financement peut-être) et quelles seraient les raisons qui pousseraient à ce qu’on veuille nous aider au juste ?
La préparation En fonction du projet, des objectifs fixés, du pourquoi et du comment, les différentes étapes de la préparation pourront prendre plus ou moins de temps. Mais en substance, ce sont toujours les mêmes étapes déterminantes.
5. Entraînement Le dernier point, mais non des moindres : la préparation physique, technique et mentale. « Des “ pré-expéditions ” pour approfondir nos connaissances et nos techniques, ou pour tester notre matériel peuvent s’avérer nécessaires, ou en tout cas d’une grande utilité. Pour la condition physique générale, nous insisterons surtout sur les trois mois avant le départ. Attention par contre que, pour la condition physique spécifique (p. ex., prendre du niveau en escalade), cela demande un travail de fond, à prévoir bien en amont du projet. »
1. Identifier les « go/no-go » du projet Ce sont les éléments clés du projet, ceux qui vont déterminer si, l’heure venue, on peut partir ou non : permis et assurances, budget minimum à rassembler, échéances logistiques, situations privées/professionnelles… « L’envoi du matériel et de la nourriture par voie maritime est fixé pour nous par les saisons et la formation de glace de mer aux abords du Groenland. C’est donc un élément déterminant au niveau de notre logistique. »
2. Itinéraire Points d’entrée et de sortie, difficultés attendues, calcul de distances, de temps et de faisabilité.
Voilà, il ne vous reste plus qu’à rêver grand ! À bientôt dans la Nature (avec laquelle on commence doucement à pouvoir reconnecter). Et puis… souhaitez-nous bonne chance parmi les ours polaires ! GILLES DENIS & NATHAN GOFFART
Site Web www.nanokexpedition.be Instagram @nanokexpedition @gillesdenisexpeditions @nathan_goffart Facebook @nanokexpedition Nous tenons à remercier chaleureusement notre fédé, le Club Alpin Belge, ainsi que notre club, le CAB Bruxelles-Brabant, pour leur soutien dans cette initiative !
3. Logistique Transports, permis, assurances, plan de financement, partage du projet (p. ex., via le choix des canaux de communication), contact de terre et solutions de communication, plan d’urgence ou d’évacuation, système de prévisions météo, etc.
4. Matériel et nourriture Recherche du matériel adéquat, par emprunt/achat/échange/sponsoring/… Confection du menu et des rations. page 15
« Histoires au sommet » Le podcast radio de vos histoires en montagne QUENTIN CEUPPENS Il y a des millions d’années, nos valeureuses Ardennes constituaient la chaîne de montagne la plus haute de la planète. Les Alpes à côté, c’était du flan. Mais l’érosion aidant, il a bien fallu s’y résoudre : la Belgique est passée de « titan » à « tout plat ».
Si, dans l’aspect, nos paysages ont désormais plus de Brel que de Ferrat, l’esprit de cordée qui habite les Gaulois locaux en revanche n’a pas changé depuis le Palézoïque : nous sommes indéniablement un peuple d’alpinistes, ou du moins de montagnards. Alors, pourquoi se priver de leurs histoires ? C’est là que l’idée m’est venue : « Et si on allait à leur rencontre, micro à la main ? ». J’ai d’abord pensé à réaliser des vidéos sur les « expéditions belges » : traverser la Belgique en packraft (Luc Van Ouytsel), descendre dans des cavités improbables et secrètes (avec Dom Snyers), faire un barbecue sur un portaledge fixé sur les parois de Freyr (Évolution Verticale), etc. Si, sur papier, l’idée est alléchante, en pratique, c’est beaucoup plus compliqué. Alors, page 16
j’ai laissé la caméra, et je n’ai gardé que le micro. Exit l’image, place au son. Quoi de mieux que le média radio pour capter l’essence même d’une histoire ? Alors que la vidéo vous offre tout sur un plateau, en radio, vous devez tout créer, capter : les images, les odeurs, les traits des personnages, leurs profondes émotions. Le concept est donc tout trouvé : je pose l’enregistreur sur la table, vous me racontez votre histoire, et je le mets en musique ensuite. C’est ainsi que le projet de podcast « Histoires au sommet » voit le jour le 29 avril dernier sur toutes les plateformes audio, et sur Facebook. En concertation avec l’équipe du Club Alpin Belge, « Histoires au sommet » a été choisie parmi de nombreuses propositions comme « La Belgique, c’est frites » (attention, calembour), « le sommet des fieus », « les têtes en l’air »… Finalement on ne s’en sort pas si mal. Le Club Alpin Belge s’est montré très enthousiaste dès le départ, et la collaboration s’est faite tout naturellement. Vous entendez d’ailleurs la voix de Marie Pierret en mode « téléphone rose » au début de chaque épisode, en jingle. Merci à Marie qui m’a botté les fesses pour que ce projet ne finisse pas au placard comme beaucoup d’autres projets artistiques (par « artistiques », comprenez « bénévoles »).
Ardennes & Alpes — n°205
Quand on parle d’« histoires belges », on s’attend à ce que notre ami français nous en raconte une bien bonne avec un accent improbable, en finissant ses phrases par « ah, mais moi j’adore les Belges ». Et pourtant, dans les récits que j’ai pu recueillir pendant trois mois, il n’y a pas que du cocasse. Alors bien sûr, il y a Dom qui, voulant escalader le rocher Bayard, a inventé une histoire pour enfumer les autorités et ainsi grimper une paroi interdite d’accès, mais il y a aussi et surtout d’autres personnages très inspirants. Dans le premier épisode, François nous raconte sa chute de 20 mètres en montagne lors d’une randonnée tout ce qu’il y a de plus accessible. Passé à deux doigts de la mort, sa « survie » fait froid dans le dos. Des chutes, il y a en beaucoup bien sûr, comme celle de Géraldine, tombée dans un trou en hors-piste, et qui devra s’en sortir toute seule. Il y a Gilles, perdu à plus de 3000 mètres d’altitude pendant plus de 48 heures. Et puis il a aussi les réflexions : la remise en question de Dom qui, à 56 ans, sait qu’il ne finira pas la dernière longueur de ce big wall, et qu’il est temps de passer le flambeau. Tous ces récits ne concernent pas uniquement des pros de la montagne, des alpinistes chevronnés, ou des fous de l’extrême. Non. Il s’agit de mettre en lumière les enseignements que l’on en tire. La chute en soi est impressionnante, mais la résistance et la force mentale qui en découle l’est davantage. L’idée de ce podcast n’est donc pas de vous raconter la montagne comme un milieu hostile et plein d’aventures pour les intrépides. « Histoires au sommet », c’est une série audio qui met en musique les récits initiatiques des alpinistes, grimpeurs, randonneurs, campeurs, artistes, sportifs, et même de ta mémé qui a bien des choses à nous raconter !
Alors, n’hésite pas à me contacter via la page Facebook « Histoires au sommet » pour me proposer tes récits et aventures, tes réflexions, tes histoires en montagne, je me ferai un plaisir de venir t’écouter et mettre le tout en musique pour la communauté. QUENTIN CEUPPENS
Ecoutez les épisodes : clubalpin.be/podcasts podcast.ausha.co/histoires-au-sommet soundcloud.com/user-399097642 Facebook : Histoires au sommet Contactez-moi : Facebook : Quentin Ceuppens +32/ 476 44 70 38, qceuppens@hotmail.com
Le podcast radio des histoires de montagne Témoignages bruts d’alpinistes, randonneurs, gardiens de refuges, guides, amateurs ou pros. Quand un journaliste, Quentin Ceuppens rencontre le Club Alpin Belge et ses membres, cela crée un projet sonore : des « Histoires au sommet ». Un série de podcasts à télécharger ou écouter en ligne pour prendre de l’altitude, un bol d’air ou d’eau vive … Plus de lien pour rêver, communiquer et aussi, prévenir – en collaboration avec le Club Alpin Belge page 17
Bivouac chez moi La plateforme collaborative d’accueil en bivouac du Club Alpin Belge MARIE PIERRET Nous en rêvions depuis plusieurs années : une plateforme sur le modèle de couchsurfing ou warmshower pour les randonneurs en quête de bivouac, mais une version locale, pour permettre aux membres du CAB et sympathisants de randonner plus librement en Belgique.
Et puis, il y a eu la crise du Corona. Il était clair que les zones de bivouacs autorisés allaient connaître une fréquentation plus élevée et donc potentiellement problématique cet été 2020. C’est ainsi que Bivouac chez moi est né. page 18
Bivouac chez moi, c’est une plateforme de partage d’emplacements de bivouac. Le système se base sur un réseau de membres qui mettent gratuitement à disposition un emplacement pour y bivouaquer une nuit. Il s’agit d’une initiative de partage et de rencontre, sans but lucratif, pour créer des contacts et des liens. Si être membre du Club Alpin Belge n’est pas une obligation, le partage d’une vision commune du bivouac qui n’est pas celle du camping est bien indispensable… Un bivouac, c’est toujours un campement minimaliste (à la belle étoile ou avec une petite tente ou un « tarp ») pour passer une nuit (une seule) au calme dans le cadre d’une itinérance autonome et « lente » (à pied, à vélo, etc.). L’intégration de l’humain dans la nature est un enjeu majeur des bivouacs. Le calme et la compréhension du milieu naturel sont indispensables à son respect.
Ardennes & Alpes — n°205
Pour le Club Alpin Belge, celui ou celle qui bivouaque : • est arrivé et repart à pied, à vélo, à cheval, en tout cas sans moteur (sauf les VAE) • arrive en fin de journée et repart tôt le matin • est autonome (tout est « dans le sac ») • est équipé au maximum d’une petite tente (où l’on ne peut se tenir debout) ou d’un « tarp » • est discret (pas de son diffusé via GSM, radio, etc.) • fait place au silence dès 22 h • respecte le sommeil des autres • ne fait un feu que si/là/quand c’est autorisé et sécurisé • ne prélève du bois mort que là où c’est autorisé et sans porter atteinte à la végétation
Parallèlement, le Club Alpin Belge a interpellé les autorités publiques et espère une concertation sur les points suivants : le développement, le maillage et la localisation des bivouacs, la question de l’approvisionnement en bois, la proximité parfois trop évidente avec des routes carrossables (fréquentation, motorisation et sécurité), la gestion des déchets, la formation et l’encadrement des bivouaqueurs. Certains d’entre vous auront remarqué les retombées dans la presse audio et écrite. Le communiqué de presse « Saturation des bivouacs », consultable via notre site Web visait la sensibilisation du grand public : clubalpin.be/blog/notre-blog-1/post/ saturation-des-bivouacs-106)
• respecte les lieux, la nature et ses habitants (humains et non humains) • ne prélève rien et ne laisse aucune trace de son passage (pas non plus les traces d’un feu, ni de papier hygiénique ; absolument rien) • utilise les installations sanitaires en place et en leur absence enterre ses déjections à minimum 100 mètres des aires de bivouac • reprend tous ses déchets avec lui/elle.
Un bivouac, ce n’est pas : • un camping gratuit ; • une nuit festive ; • un lieu où l’on accède avec son véhicule.
Maintenant, c’est à vous de jouer ! Proposez ou recherchez votre coin de jardin, prairie, forêt, canapé : clubalpin.be/bivouac-chez-moi MARIE PIERRET
Cet outil a été créé sur base du code source de welcometomygarden.be et adapté pour les membres du Club Alpin Belge. Merci pour le partage ! Un immense merci à ceux qui ont collaboré au projet et particulièrement à Mercues Flandre. page 19
Dimitri
Crickil
lon © 2013
DOSSIER UNE VOIE POUR TOUS
La montagne en mémoire De la collection « Le virus de la recherche La Recherche face à la crise du COVID-19 » BERNARD AMY En ce début de printemps 2020, que la montagne est belle ! Comment peut-on s’imaginer, en voyant un vol d’oiseaux ivres de solitude nouvelle, que ses hautes pentes ont été désertées par les hommes ?
Depuis le début de l’épidémie virale et du confinement sanitaire, le 16 mars dernier, le beau temps a régné sur les Alpes occidentales. Les alternances de belles journées et de nuits claires et froides ont laissé page 20
deviner des conditions de neige en altitude sans doute exceptionnelles. Et dans le Sud, les parois rocheuses de moyenne montagne exposées au soleil doivent être parfaitement propices à l’escalade. Dès lors, comment résister à l’appel de la montagne ? Il est d’autant plus tentant de partir vers les cimes que làhaut, dans les grands espaces des pentes, des parois et des arêtes, le virus ne doit pas avoir étendu son empire, que l’on ne sera ni contaminé ni contaminant. On peut l’y amener sans le savoir, il n’y survivra pas. La séduction de la montagne est plus forte encore quand, à l’appétit pour tous les petits plaisirs de la pratique de l’alpinisme, s’ajoute un besoin profond suscité par une addiction à
Ci-contre : Pointe Herbetet (3 778 m)
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Parc National du Grand Paradis / octobre 2013
la fois psychologique et physique. Certains témoignages entendus sur les ondes pendant le confinement montrent de manière poignante le désespoir de sportifs soudain privés de leur dose journalière de kilomètres de course à pied, de dénivelés en montagne ou de mètres de parois. Comment résister à cet appel ? Tout simplement en faisant preuve d’un peu de bon sens. Et ils sont heureusement nombreux à avoir entendu les conseils des clubs et des fédérations sportives enjoignant leurs adhérents à respecter les consignes de confinement. La question n’est pas d’éviter de participer à la propagation de l’agent infectieux, laquelle est peu probable si l’on est seul en montagne. Il s’agit surtout de ne pas prendre le risque d’accidents qui mobiliseraient des équipes de secouristes et des services hospitaliers qui ont bien d’autres chats à fouetter en cette période.
Sauvez des vies, restez chez vous Mais tous n’ont pas su rester sourds au chant des sirènes qui hantent leurs rêves d’ascensions. Au tout début du confinement, des gendarmes du secours en montagne ont dû aller secourir par hélicoptère deux randonneurs à ski dans le massif de Belledonne, près de Grenoble. L’un d’eux a été hospitalisé. Le 25 mars, les secouristes du PGHM de Jausiers, dans les AlpesdeHauteProvence, ont surpris, là aussi par hélicoptère, une cordée engagée dans une grande voie des Gorges du Verdon. La voiture des deux grimpeurs était bien visible sur le parking à la sortie de la voie. On devine qu’ils ont trouvé sur le parebrise de leur véhicule un procèsverbal en bonne et due forme. Suite à cet incident, sur la page Facebook de leur unité, les secouristes ont publié le texte suivant : « Au même titre que nos camarades des unités territoriales de la Gendarmerie nationale,
nous sommes présents tous les jours sur le terrain afin de faire respecter les mesures de confinement décidées par le gouvernement. Nous axons nos surveillances sur les itinéraires dédiés aux activités liées à la montagne […] De nouvelles missions aériennes seront programmées dans les jours à venir en plus de notre dispositif terrestre quotidien. Nous allons également mettre en oeuvre notre drone afin de faire respecter les mesures de confinement. SAUVEZ DES VIES, RESTEZ CHEZ VOUS ! »
Il y a un élan vers l’oubli de soi et du monde, vers une autre dimension. Les secouristes, comme tous ceux qui appartiennent à la chaîne des soins hospitaliers, se dévouent corps et âme pour que nous tentions de sortir collectivement du piège de l’épidémie. Ils ont besoin d’être aidés. Ils ne demandent pas que chacun vienne proposer ses services dans un centre de soin ou d’entraide sociale. La première aide que chacun peut leur apporter, c’est de faire en sorte de minimiser les chances d’aboutir entre leurs mains, et ainsi de soulager les services d’urgence.
Les arrière-mondes et l’egotrip La question est de savoir si tous les alpinistes sont prêts à manifester ainsi cette solidarité minimale, devenue essentielle. À première vue, il est permis d’en douter quand on se souvient que les pratiquants de la montagne se sont toujours peu ou prou considérés comme « à part du reste des hommes ». Depuis que s’est développé l’alpinisme historique occidental, ils ont fait preuve d’un solide individualisme, en clamant haut et fort leur désir de liberté et d’indépendance. page 21
Dans un livre récent, j’ai tenté de comprendre les ressorts de ceux que le grand public considère comme les fous de l’altitude : « Certaines personnes, à un moment de leur existence, ont besoin de s’isoler pour vivre cette sorte d’imposture bien particulière, qui tient moins du mensonge que du théâtre, et qui permet de se faire croire que l’on est un autre. Il s’agit d’une nécessité de “s’inventer des arrièresmondes”, pour reprendre les mots du réalisateur Xavier Giannoli. Quelque chose en nous a du mal à négocier avec la réalité du monde, sa violence, sa dureté, l’échec, la peur. Il y a un élan vers l’oubli de soi et du monde, vers une autre dimension. Ce qui est valorisant dans ces expériences d’imposture, c’est que, tout à coup, on se trouve au centre d’un monde. « Ce voyage personnel vers l’oubli d’une part de soi, les Américains l’appellent egotrip. Si l’on s’y lance, c’est qu’à un moment il est devenu nécessaire. Mais un jour, si l’on ne veut pas que la fuite devienne un enfermement, un piège et donc une souffrance, il faut savoir arrêter l’egotrip, et faire un pas de côté. Si la montagne permet, par moments, de se sentir audessus des autres, et donc plus fort, plus assuré, elle ne doit pas rester le lieu d’où l’on “regarde les autres de haut”. Elle ne doit pas être l’expérience sans cesse renouvelée d’une double irresponsabilité, personnelle et sociale. « Il serait sans doute naïf de croire que la montagne est un espace “naturel” où l’individu pourrait se réfugier, hors de toute réalité et contrainte sociales […] Ces espaces sont des espaces de l’expérience humaine. Et comme tels ils posent toujours la même question du comportement “juste” requis à l’égard de l’utilisation que nous en faisons et à l’égard des autres utilisateurs. »
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Pour un alpinisme plus social Le hasard a fait que cet essai sur la personnalité des alpinistes a paru en librairie au moment même où débutait l’épidémie de Covid19. La crise sanitaire a alors jeté une lumière brutale sur les dernières lignes du dernier chapitre, qui n’en ont pris que plus de relief. J’y plaidais pour un alpinisme plus social : « L’alpiniste Georges Elzière concluait un plaidoyer pour la socialisation de l’alpinisme par cette question : “Être individualiste ou citoyen ? Aujourd’hui, pouvonsnous ne pas choisir ?”
Puissent alors les alpinistes se souvenir que la solidarité qui leur a permis d’affronter les dangers de la montagne sera tout aussi nécessaire face aux défis que va devoir relever l’espèce humaine Il a d’autant plus raison de poser la question que bientôt les alpinistes n’auront plus le choix. Pendant qu’ils ont continué d’aller chercher les solitudes du monde de l’altitude, non seulement la société a changé, mais surtout le monde d’en bas s’est modifié radicalement sous la pression de l’espèce humaine. Des équilibres ont été rompus ou sont en train de se rompre. Et des crises majeures deviennent de plus en plus probables. La première, la crise climatique, est déjà là, dont les alpinistes sont les témoins inquiets au vu des modifications drastiques de leurs terrains de jeu.
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Au retour de leurs courses en montagne, ils seront contraints d’affronter ces crises avec leurs semblables. Il semble certain qu’elles ne pourront être vécues que grâce à la cohésion sociale et à l’entraide. Puissent alors les alpinistes se souvenir que la solidarité qui leur a permis d’affronter les dangers de la montagne sera tout aussi nécessaire face aux défis que va devoir relever l’espèce humaine. » Je mentionnais la crise climatique, déjà en cours. Mais je n’imaginais pas qu’une autre venait qui donnerait raison à cet appel. J’aurais tant aimé n’être pas aussi prémonitoire. J’aurais tant souhaité que la grande crise pressentie survienne beaucoup plus tard, et que les alpinistes aient le temps de comprendre que la montagne ne pourra pas être à jamais le refuge vers lequel fuir le commerce souvent difficile de leurs semblables. L’histoire des hommes, dans le soubresaut actuel, en a décidé autrement. Les alpinistes qu’interpellait Georges Elzière n’ont plus le choix.
Un horizon qui inspire Beaucoup espèrent que la crise sanitaire actuelle sera un véritable électrochoc capable de nous projeter sur d’autres trajectoires sociales. Évoquant ce qui pourrait se passer « après la guerre », la journaliste MarieHélène Lafage souhaite une profonde remise en question : « Parce que “tout est lié”, nous sommes appelés à adopter une lecture plus globale, débordant la seule question sanitaire. Nos modes de vie, les bases sur lesquelles notre société repose, ne sont pas tenables en l’état, et nous vivons une ère de déstabilisation généralisée – des écosystèmes, des économies, des sociétés. Nous savons que le dérèglement climatique nous expose à de futures épidémies. Le philosophe Dominique Bourg le dit : il n’y aura pas “d’après”. Nous ne vivons qu’un épisode dans un vaste mouvement de décadence […]
Nous ne menons finalement qu’une bataille, nous ne faisons pas vraiment la guerre. Comment le prendronsnous en compte dans la reconstruction qui s’annonce ? » Frères et sœurs en alpinisme, souvenez-vous que si la montagne nous aide à ne jamais désespérer, elle le fait en nous permettant de trouver en nous des forces que parfois nous ignorions. Souvenez-vous que l’important est moins d’être en montagne que d’avoir la montagne en soi. Faites qu’elle reste pour vous un horizon, au sens donné à ce mot par le pasteur Daniel Marguerat, qu’aurait aimé entendre notre guide pasteur à nous, Paul Keller. « Un horizon nous met en mouvement. Il convoque notre liberté. Il ne nous soumet pas, il nous inspire ». Sentez-vous privilégiés d’avoir la montagne à vos côtés, prête à vous accueillir quand ce sera possible, prête à accepter qu’en randonnant vous alliez avec elle, qu’en escaladant vous lui donniez la main. Elle a bien des façons de nous aider. L’une est de nous rappeler l’importance de l’entraide. « Hier, dit encore Daniel Marguerat, les jeunes défilaient dans les rues en demandant aux aînés : aideznous à sauver la planète. Aujourd’hui, les aînés demandent aux jeunes : aideznous à rester en vie. Nous serons sauvés ensemble […] Plus que jamais, il apparaît que sur cette Terre, nous sommes confiés les uns aux autres ». Oui, amis alpinistes, en ces jours de confinement, souvenez-vous et de la montagne et des autres ! BERNARD AMY
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DOSSIER UNE VOIE POUR TOUS
Ceux qui vont en montagne Psychologie de l’alpiniste et approche du risque JEAN BOURGEOIS Presses universitaires de Grenoble, mai 2020. Hors-série de la collection « Sciences cognitives » ISBN 978-2-7061-4645-9
Voici un livre qui nous concerne tous, que nous soyons randonneurs, alpinistes amateurs, professionnels ou, comme les nomme Bernard Amy, des alpinistes compulsifs.
À propos de Bernard Amy Homme de sciences, alpiniste voyageur, écrivain, poète, Bernard Amy a présidé l’Observatoire des pratiques de la montagne et de l’alpinisme, et est président d’honneur de Mountain Wilderness France. Cofondateur des revues Passage et Altitudes, il écrit à la jonction de l’investigation scientifique et du discours littéraire. page 24
Est-il vraiment utile d’analyser les fondements de notre activité en montagne ? L’alpiniste ne cherche pas en général à analyser ses motivations, mais parfois il est contraint d’y répondre lorsque la question lui est posée par un « étranger à la montagne ». Les réponses sont multiples, et l’auteur les énumère et les analyse. Il en montre aussi les limites. Voulant chercher plus profondément, l’auteur s’est penché sur cette science nouvelle qu’est la neuropsychologie, qui propose une lecture très différente de l’analyse dite rationnelle. Étant lui-même un spécialiste de l’intelligence artificielle et alpiniste, il est bien apte à en tirer des conclusions relatives aux motivations profondes des grimpeurs ou montagnards. La découverte est de taille : nous ne serions que très peu maîtres de nos pulsions, quelles qu’elles soient. Le moindre geste que nous accomplissons a été décidé par tout un réseau de neurones avant que nous ne décidions de l’accomplir ! Ce réseau complexe est lui-même conditionné par tout notre passé, au sens large, et la somme des expériences que nous avons vécues auparavant. L’espace de temps entre la pulsion d’origine et l’action réelle est extrêmement court, mais c’est dans celui-ci que peut s’exercer notre libre arbitre. C’est dire que, sans attention extrême, nous sommes guidés dans nos actions par tout notre passé, nos joies et nos souffrances. Bernard Amy va plus loin en cherchant le rôle des symboles archétypaux dans notre attitude vis-à-vis de la montagne. C’est le livre qui vous éclairera. Sa lecture, pour ma part, m’a mis à nu. JEAN BOURGEOIS
DOSSIER UNE VOIE POUR TOUS
Parc national du Grand-Par sauvage et pré Un joyau de biodiversité alpine
Dimitri Crickillon © 2018
DIMITRI CRICKILLON
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Il est des lieux qui nous parlent… Il est des lieux qui nous manquent, et forcent la nécessité absolue d’y retourner dès que possible. Il est des lieux qui nous enchantent mystérieusement. La Vallée d’Aoste et plus particulièrement le GrandParadis exercent chez moi cette attirance et cette fascination.
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adis, servé Dans ce vaste espace alpin, l’on retrouve ce sentiment de sauvagerie intemporelle, cette folle envie d’y goûter comme à l’eau d’une source infiniment pure et intarissable. J’ai un envoûtement pour cette région depuis de très nombreuses années de par les vacances familiales, la pratique de l’alpinisme et de la randonnée. C’est avec le photographe et ami JeanPierre Frippiat que nous avons réalisé une immersion photographique « pas à pas » sur les sentiers du Grand-Paradis. Un espace montagnard qui convenait parfaitement à
l’idée que nous nous faisions du voyage : une approche lente pour prendre le temps de se laisser imprégner par un lieu. Une rencontre contemplative et immersive avec la nature. Autant de paysages majestueux, autant d’émotions que nous essayons de partager au travers de nos images. C’est encore un de ces très rares espaces naturels à l’abri du tourisme de masse. Dans le Grand-Paradis, pas de remontées mécaniques, pas d’aménagements touristiques artificiels. Juste la montagne dans ce qu’elle a de plus authentique ! page 27
Dimitri Crickillon ©
rents. Depuis toujours, elle représente un important carrefour des Alpes occidentales, reliée à la France par le tunnel du Mont-Blanc et le col du Petit-Saint-Bernard, et à la Suisse par le col et le tunnel du Grand-Saint-Bernard. Le parc national du Grand-Paradis se situe dans la Vallée d’Aoste. Il fut anciennement la réserve de chasse de la Maison de Savoie et il fut le premier parc naturel créé en Italie en 1922 avec comme objectif la protection du bouquetin. Le parc est entouré de grands et prestigieux sommets alpins comme le mont Blanc, le Cervin, le mont Rose, le Grand Combin et surtout le Grand-Paradis qui culmine à 4 060 m. Le parc national est délimité par trois vallées : la vallée de Rhêmes et de Valsavarenche ainsi que celle de Cogne. Le Valsavarenche se distingue par ses paysages alpins intacts d’une beauté extraordinaire !
Ci-dessus : Gypaète barbu Parc National du Grand Paradis / juillet 2015 Double-page précédente : Sur les contreforts du Grand Paradis / juillet 2018
« Se rendre au Grand-Paradis, c’est un voyage au cœur de massifs montagneux imposants. C’est une invitation silencieuse à nous élever jusqu’aux cimes pour nous retrouver seuls avec nous-mêmes… » La Vallée d’Aoste est la plus petite région d’Italie. Entourée des montagnes les plus hautes d’Europe, elle se présente avec une vallée centrale sillonnée par la Doire Baltée d’où rayonnent treize vallées latérales creusées par les glaciers et torpage 28
Le bouquetin est l’animal phare du parc, c’est son symbole ! En 1856, le roi VictorEmmanuel II déclare réserve royale de chasse les montagnes du Grand-Paradis, sauvant ainsi de l’extinction le bouquetin, dont la population s’était réduite à des niveaux alarmants. C’est en 1919 que le roi Victor-Emmanuel III offre à l’État italien les 2 100 hectares de la réserve de chasse, à condition qu’il crée un parc national. Le 3 décembre 1922 fut inauguré le parc national du Grand-Paradis, le premier parc national italien. Aujourd’hui, l’entièreté du périmètre est classée Natura 2000. L’objectif prioritaire est la protection et la conservation globale des écosystèmes et espèces alpines. La gestion intègre l’homme et l’environnement. Elle vise à protéger les valeurs tant naturelles que culturelles, ainsi que les activités rurales traditionnelles. Le parc national du Grand-Paradis protège efficacement, et depuis très longtemps, des écosystèmes alpins de haute valeur et
« Combien de gens veulent se mettre en route, Pèlerins en quête de lieux étranges. Chaque crépuscule dont je suis le témoin m’inspire le désir d’aller vers un ouest aussi lointain et beau que celui où le soleil descend. Nous rêvons toute la nuit de ces chaînes de montagnes à l’horizon… »
Dimitri Crickillon © 2015
Ardennes & Alpes — n°205
H.D. THOREAU
un paysage magnifique. Il allie de façon intéressante conservation des valeurs naturelles et développement durable. Dans un milieu alpin où les montagnes et les pins sont rois, le parc national du Grand-Paradis protège depuis près de 100 ans la faune et la flore qu’il abrite. Avec son cousin français, le parc national de la Vanoise qu’il jouxte sur près de quatorze km, ils forment l’un des espaces naturels les plus grands d’Europe : 125 000 ha de territoires préservés. Le Grand-Paradis est la preuve actuelle qu’il est encore possible de préserver les fragiles et précieux « îlots de biodiversité ».
Chamois en pelage d’hiver / octobre 2015 page 29
La faune abondante qui vit dans ce parc en constitue la plus grande richesse. Les mammifères les plus remarquables sont représentés par le bouquetin, le chamois, le lynx, le loup, le renard, la marmotte, l’hermine… L’avifaune est très diversifiée, avec des espèces indigènes au milieu alpin, comme le lagopède, l’aigle royal, le gypaète barbu, le tichodrome, le tétras-lyre, la niverolle, le chocard, et bien d’autres encore. DIMITRI CRICKILLON
À propos de Dimitri Crickillon Enseignant de formation, Dimitri met ses compétences en matière d’écopédagogie au service de nombreuses actions de sensibilisation à l’environnement. C’est sans relâche que, chaque année, il emmène petits et grands pour une rencontre originale de la nature. Depuis de nombreuses années, la photographie est devenue pour lui un moyen d’expression fabuleux au service d’une sensibilisation aux fragiles beautés qui nous entourent. Depuis de nombreuses années, il arpente les rivières ardennaises pour se consacrer à la photo de nature et plus particulièrement de paysages. Dimitri Crickillon est l’auteur d’un ouvrage consacré aux rivières de l’Ardenne : Rivières, l’Ardenne d’une rive à l’autre, éd. Weyrich
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« Le bouquetin est un honneur, pour notre siècle, dans l’histoire de la nature… Et voici, chez elle, sans crainte et sans familiarité avilissante, la bête splendide et farouche dont on déplorait la disparition. Puisse cette image être celle de l’avenir… » R. HAINARD
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FICHE EXPÉDITION
Les incontournables Le vallon du Nivolet C’est un large espace montagnard où scintillent les eaux de nombreux lacs alpins. Du Nivolet, on a une vue imprenable sur le Grand-Paradis et sa voie normale.
Dimitri Crikillon ©
De Valnontey au col Loson en passant par le refuge Vittorio Sella C’est l’invitation à une randonnée incontournable ! Départ sur un chemin de muletier pour terminer par un sentier escarpé qui mène au col Loson. Le Loson est un balcon avec vue sur le mont Rose. Randonnée idéale pour observer les bouquetins et les rapaces comme le gypaète et l’aigle royal.
L’Alta Via 2 Dénommée la Haute Route naturaliste, elle est un itinéraire de randonnée très intéressant : il se déroule en effet en grande partie sur les territoires du parc national du Grand-Paradis et du parc régional du mont Avic. Cet itinéraire traverse de merveilleux paysages sauvages peuplés de nombreux exemplaires de flore et de faune alpines. Il faut compter de dix à quatorze jours pour parcourir cette superbe randonnée d’altitude, de Courmayeur à Donnas.
L’ascension du Grand-Paradis (4061 m) Un grand classique, très prisé en été. Un sommet qui offre un panorama de toute beauté !
Pour plus d’information www.lovevda.it/fr
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DOSSIER UNE VOIE POUR TOUS
Ma voie d’escalade libérée ANTOINE LE MENESTREL
J’ai 55 ans, et mon désir infini d’escalade s’exprime dans mon corps, dont les limites, elles, ne sont pas infinies. La bienveillance ne suffit plus à mon corps, je dois apprendre à être encore plus doux avec lui, car c’est mon premier compagnon de vie, ma première planète. Si je force dans un mouvement, je peux me faire mal, et je veux grimper dans la durée.
Je grimpe à la rechercher de l’état de grâce, ce moment dans lequel je ne pense plus. Je suis dans un état d’avant l’existence de la pensée. Mon corps totalement engagé dans le mouvement devient libre sur la paroi. Je ne suis plus qu’un mouvement. Mais je vis dans la civilisation de la conquête dont la devise est « En haut c’est bien, plus haut c’est mieux ». Je reste encore pollué par des pensées de réussite, de cotation, de progression, de grimper coûte que coûte en tête, de se dépasser et d’aller au-delà de soi, de vaincre ses peurs à chaque voie, d’être si polarisé sur un objectif que je ne vois plus mes compagnons de cordée. Je subis la solitude du conquérant. J’exagère, mais page 32
je suis fatigué de cette éthique de l’escalade libre dont j’ai été un missionnaire. Je veux me libérer de ces règles imaginaires. Je me suis aperçu que je n’étais pas seul, et que beaucoup de grimpeurs n’osaient pas ce pas de côté. Alors, je pratique l’escalade libérée. Le plaisir est mon sommet. Si j’ai trop peur, je peux prendre la dégaine. Si je sens un mouvement tendineux, je peux mettre un pied sur un point d’assurage. Si je suis en confiance, je peux sauter un point d’assurance. Je peux grimper en moulinette une partie de la voie, parce que les gestes techniques de mousquetonnages sont très difficiles. Je peux revenir plus tard, car les conditions météo, relationnelles ou corporelles ne sont pas bonnes. Je peux mixer plusieurs voies et choisir ma voie. Je peux escalader et désescalader. Je ne suis pas obligé de me surpasser en faisant des voies plus difficiles, je peux progresser dans une voie facile en choisissant une difficulté que je me donne à moi-même.
« Je me libère du poids de l'esprit compétitif et je m’encorde avec le monde » Je peux jouer avec mon assureur comme contre-poids pour explorer des mouvements trop complexes. Je ne compare mon escalade ni à mes jeunes années ni à la dernière sortie d’escalade, ce qui serait une source de souffrance. J’aime toujours m’engager à fond dans une ascension, mais je n’ai pas le droit de me faire mal. Je ne veux plus me dépasser, je cherche plutôt à m’incarner. Je suis à l’écoute de mon corps de ses limites. Sentir la limite entre prendre la prise et tirer sur la prise. Souvent, mon corps me prévient : il y a des
Ardennes & Alpes — n°205
jours je ne me sens pas bien. C’est surtout dans ces moments-là que je ne dois pas forcer. Sinon, je risque la blessure.
Olivier Grunewald ©
ANTOINE LE MENESTREL
Voici quelques aphorismes qui me portent : « Je me libère du poids de l’esprit compétitif et je m’encorde avec le monde » « Je vis la journée d’escalade comme elle vient » « Pouvoir grimper est un cadeau de la vie » « Je n’ai pas d’objectif à n’importe quel prix » « Je grimpe sans sommet » « J’aime suivre l’appel d’une voie d’escalade » « Je grimpe une voie, je ne grimpe pas une cotation » « Mon assureur me porte par sa concentration et m’encourage à être meilleur. C’est l’émulation » « Je grimpe avec de multiples compagnons de cordée sans discrimination de sexe, d’âge, de taille, de poids ou de niveau… Le partage est notre sommet » « Le sommet est une voie sans issue et la descente n’est pas indécente » « La liberté de l’escalade est dans ses possibilités de réinvention » « Chacun invente sa voie » Ci-contre : Antoine Le Menestrel page 33
Florian
Castagn
e©
Les jardiniers, héros des falaises Bénévolat et entretien DAVID LEDUC Il paraît que « les anciens » grimpaient avec un sécateur au baudrier. Je ne sais pas ce qu’il en est, mais moi pas. Par contre, depuis des années j’en ai souvent un au fond du sac.
Ça me ferait bien plaisir de voir les amis grimpeurs s’investir pour l’entretien des falaises. En tant que grimpeur, le but ultime est de se connecter intimement au rocher pour gravir des voies en ayant des sensations parfaites. Mais chaque voie est page 34
située dans un massif, et chaque massif est situé dans un environnement particulier. En venant grimper, idéalement on se connecte aussi à tout ce qui nous entoure. D’abord, on emprunte des sentiers qui nous portent aux falaises. Ensuite, les falaises se trouvent la plupart du temps dans des forêts. Et puis, chaque saison, la végétation refait son apparition sur les rochers, son habitat. Auparavant, les falaises étaient quasi totalement recouvertes de végétation. Tout cela pour dire que purger et nettoyer les faces rocheuses, c’est un travail invisible, mais conséquent… Les nombreux sentiers, rincés par des torrents lors des
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averses, vieillissent et les marches pourries doivent être remplacées. Les arbres qui tombent dans tous les sens font penser au mikado. Les vires, sujettes à l’érosion avec le passage de grimpeurs, ont besoin d’être renforcées… En fait, entretenir des falaises est un boulot très varié, et il permet d’augmenter la connexion avec les lieux. Ce que j’ai heureusement remarqué chez les bénévoles, c’est que les tâches effectuées sont un réel plaisir. Ils savent aussi que leur aide contribue au plaisir des autres à passer leur temps libre dans un endroit propre et structuré. Mais le travail en lui-même est chouette et intéressant. Pendouiller dans le vide sur une corde pour enlever ligneux, ronces et cailloux, tout en découvrant de nombreux secteurs ultra-majeurs, il y a pire comme coup de main. Pour info : aucune expérience n’est requise et les journées sont encadrées par l’équipe rochers du Club Alpin. Pour ceux qui n’ont pas encore eu souvent l’occasion de mettre les pieds en falaise, ça risque de leur mettre l’eau à la bouche…
Témoignage de Florian Castagne, fleuriste, falaisiste et bénévole « J’essaye de participer à deux ou trois entretiens collectifs chaque année. J’aime tellement passer du temps dehors sur les rochers belges que ça me semble être un juste retour des choses que de donner un petit coup de main à les entretenir. Nos rochers sont de petits bijoux qui nous apportent beaucoup de belles choses, et chacun de nous sera encore plus attentif à chaque visite s’il se rend compte du travail que cela représente. En plus de nettoyer les rochers de la végétation, il faut faire tomber les cailloux instables ou s’occuper de l’état des chemins d’accès. L’année dernière, avec Romuald et Philippe, nous avons passé deux journées à réparer des marches sur le sentier de l’« Al Lègne » à Freyr. Ça prend beaucoup de temps pour quelques sections de chemins, mais il y a énormément de
grimpeurs qui en profiteront par la suite. Chaque fois que je passe là, je me dis que ça en valait bien la peine, quitte à perdre une journée de grimpe. Si vous remarquez quelque chose d’anormal dans une voie ou au pied des rochers, n’hésitez pas à prévenir le CAB ou d’en parler à David, s’il s’agit de la région de Freyr et de la Lesse pour qu’ils puissent réagir au plus vite. Et ce qui sera encore le plus efficace, ce sera de participer vous-même au prochain entretien ». DAVID LEDUC
En pratique Des entretiens collectifs sont programmés par le CAB, entre le mois d’octobre et le mois de mars de chaque année mais des entretiens ponctuels ont lieu régulièrement. Les bénévoles récurrents peuvent intégrer l’équipe de mandataires et bénéficier d’une formation spécifique. Il est demandé de s’inscrire au préalable pour avoir une idée du matériel à emporter. Le pique-nique est offert par le CAB et un barbecue rassemble les bénévoles chaque année en mars (notre dernier argument). Tout savoir sur l’entretien des rochers et y participer ? clubalpin.be/entretiens-rochers rochers@clubalpin.be
Calendrier 2020 • Samedi 3 octobre – Grands Malades • Dimanche 11 octobre – Sy • Dimanche 18 octobre – Dave
• Samedi 24 octobre – Landelies • Samedi 7 novembre – Freyr • Dimanche 15 novembre – Awirs • Samedi 21 novembre – Dave • Dimanche 29 novembre – Dave • Dimanche 6 décembre – Sy • Samedi 12 décembre – Chaleux page 35
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Lüthi © 2019
Compétitions nationales De grands changements TIJL SMITZ 26 ans déjà. 1994 marque l’organisation du premier championnat de Belgique, qui sera suivi d’une seconde édition en 1996. Il faudra attendre 1998 pour voir apparaître les premières coupes ainsi qu’un championnat dans la discipline boulder. Pendant ce temps-là, du plat pays continuent à s’élever des noms reconnus sur la scène internationale : Muriel Sarkany (championne du monde et d’Europe), Mathilde Brumagne, Chloé Graftiaux (notre fée clochette), mais aussi Sean Villanueva et Nicolas Favresse qui évoluent aujourd’hui vers d’autres horizons. page 36
26 ans d’évolution Si à l’époque, la reconnaissance de l’escalade en tant que sport de compétition était un défi en soi, son arrivée aux Jeux olympiques en 2020 démontre le chemin parcouru. Le nouveau challenge auquel l’escalade de compétition doit aujourd’hui faire face est double : une professionnalisation du sport, mais sans en altérer ses valeurs intrinsèques que sont la convivialité et la joie de vivre. Les chantiers en cours sont multiples : la promotion du sport, l’entraînement, la performance sportive et la recherche de l’excellence, l’équilibre de vie pour les athlètes, la préparation vers l’international, la combinaison des trois disciplines et les disciplines individuelles.
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La coordination de ces différents projets entre les équipes du Club Alpin Belge et de la KBF au sein du CMBEL est au cœur de notre mission pour garantir la meilleure formation de nos athlètes et officiels.
Difficultés Mettre cela en musique exige d’importantes ressources humaines et financières. Or, le financement public des fédérations sportives est clairement orienté vers l’international ; les événements nationaux étant financés par fonds propres (cotisations des membres). Ainsi, durant de nombreuses années, la compétition d’escalade belge s’est fortement appuyée sur des bonnes volontés et l’investissement de bénévoles. Mais aujourd’hui, face aux coûts engendrés par plusieurs jours de fermeture et la rigidité du format de compétition, les salles organisatrices se faisaient de plus en plus rares. Pour l’équipe « sportive » du Club Alpin Belge, la masse de travail annuelle liée à l’organisation de douze événements sportifs, combinés à la saison internationale de la Belgian Climing Team, représentait une charge trop importante. Il devenait difficile de maintenir un niveau de qualité constant à tous les événements d’envergure nationale. À ces difficultés, deux autres constats sont venus appuyer noter désir de réformer les compétitions : • sur le terrain, nous avons observé que la courbe d’âge des participants aux compétitions nationales évoluait fortement : si de plus en plus de jeunes répondaient à l’appel, les seniors sont eux de moins en moins au rendez-vous ; • le paraclimbing : nous avons mis beaucoup d’énergie afin de maintenir les compétitions mixtes, mais force est de constater qu’elles souffrent d’un manque de participants. Ce point-là doit se travailler à la base, au niveau local, au sein des cercles, en collaboration avec la Fédération.
Réforme 2020-2021 La réforme des compétitions est la résultante de nombreuses réunions consultatives entre les différents acteurs concernés. Ensemble, nous avons défini une liste d’actions qui a donné naissance au nouvel Event Organizers Handbook (EOH), rédigé et supervisé cette année par la TCCC. Objectifs poursuivis par cette réforme : • offrir davantage de possibilités aux cercles organisateurs pour créer « leur événement » ; • maintenir et continuer à/ou développer la bonne coopération avec la Fédération ; • garantir des événements de qualité à tous les niveaux d’organisation : du point de vue de l’athlète, des organisateurs, des bénévoles, des officiels, et du public.
Parmi les changements, notons : • la continuité des coupes au niveau national et régional : objectif de douze coupes annuelles CMBEL et l’organisation de cinq gros championnats annuels par le CMBEL ; • un ranking sur douze mois, qui réunira les compétitions de différents niveaux, avec mise à jour quotidienne et pondération par type d’événement, sera publié sur la plateforme fédérale dès janvier 2022 (actuellement en préparation, en test en 2021).
Nouveaux organisateurs principaux : • au niveau local : les cercles (avec possible soutien de la fédération régionale) ; • au niveau régional : les cercles avec leur fédération, CAB ou KBF ; • au niveau national : CMBEL.
Le niveau national en détail Coupes annuelles CMBEL Il y aura désormais douze coupes annuelles CMBEL proposant des qualifications en format ouvert, au choix de l’organisateur local, et des finales en format officiel (3BBC, 3BBYC, 3BLC, 3BLYC). Ces événements seront organisés par les cercles suivant un calendrier de trois ans propage 37
Bruno Malherbe © 2020
Le CMBEL a choisi de confier entièrement l’organisation des championnats aux fédérations afin de travailler proactivement, dans un cadre stable et avec orientation grand public (à l’image de l’European Championship organisé au Cinquantenaire en 2018 par le Club Alpin Belge). Le développement de la discipline olympique de speed fera son apparition avec un championnat national et la possibilité de records, avec primes (également dans des compétitions locales si les conditions le permettent).
Le niveau régional et local Héloïse Doumont, Belgian Boulder 2020, Top Rock
posé, en accord avec le cahier des charges national, en étroite collaboration et sous la responsabilité de la Fédération. Afin de diminuer la pression sur les officiels et aussi sur les jeunes athlètes, les catégories plus jeunes seront limitées : les D, et E peuvent participer à une qualification avec plusieurs voies/blocs proposées, les C peuvent avoir une qualification et une finale selon choix de l’organisateur. En parallèle, les fédérations encouragent fortement l’organisation d’événements locaux pour ces groupes d’âge afin de leur offrir une entrée graduelle au niveau national. Les juniors concourront avec les seniors pour apprendre à performer à ce niveau. Leur présence est également bénéfique aux seniors à qui ils ajoutent une dose de pression.
Championnats nationaux CMBEL Cinq championnats annuels clés seront organisés et financés par les fédérations. L’organisation de type international offrira un spectacle et une ambiance tournés vers le grand public (BB, BBY, BL, BLY, BS).
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Au niveau régional, le département sportif souhaite orienter les compétitions vers des événements tels que l’Open Vlaams Jeugd Kampioenschap, et assurer la promotion des différents circuits provinciaux et des compétitions locales de type VertikTrip : trois heures de blocs, bloc l’éponge… Des interactions plus intenses avec les cercles seront la clé de notre réussite. Cette réforme de fond marque un pas vers la professionnalisation de notre sport en invitant tous les acteurs à y prendre part et à s’impliquer dans le projet. Les cercles locaux ont désormais une occasion de créer des événements avec leur ADN. Les fédérations soutiendront les événements locaux et régionaux, elles pourront mettre toute leur énergie dans l’organisation de championnats nationaux de très haut niveau, et le suivi du Belgian Climbing Team et des jeunes espoirs pour garantir le futur des compétitions d’escalade en Belgique ! TIJL SMITZ
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e Coupa tez © 2 008
Contrats de Rivière Haute-Meuse et Ourthe MARIANNE COUPATEZ Un contrat de rivière, c’est une démarche volontaire entre différents acteurs de la rivière, pour une gestion intégrée des cours d’eau et des ressources en eau dans un bassin versant. Participation, concertation, coordination et sensibilisation en sont les moteurs. Il est matérialisé par un protocole d’accord (le « contrat »), basé sur un programme d’actions concrètes, ciblées ou plus générales, pour améliorer, restaurer, préserver et mettre en valeur nos cours d’eau et leurs abords, et pour concilier leurs multiples fonctions et usages.
Pourquoi le Club Alpin Belge est partenaire des Contrats de rivière Haute-Meuse et Ourthe ? Le Club Alpin Belge est partenaire du Contrat de rivière Haute-Meuse depuis 1995 et est devenu partenaire du Contrat de Rivière Ourthe cette année 2020. Les actions inscrites aux programmes des Protocoles d’accords successifs ont pour but de favoriser une gestion plus écologique de l’escalade et le respect de l’environnement, particulièrement de la plaine alluviale des cours d’eau qui jouxtent les massifs rocheux. En effet, notre Fédération lutte activement contre les plantes invasives, protège les espèces indigènes (faune et flore), ramasse et évacue les déchets, entretient les sentiers…
Ci-dessus : La Meuse Freyer, rochers et château
Ces actions sont décidées et, parfois, réalisées en collaboration avec les pouvoirs publics compétents, dont les communes, le DNF et les Contrats de rivières.
Exemple d’actions communes : • en 2011, une journée d’étude a été organisée dans le cadre du Contrat de rivière Haute-Meuse, par une collaboration entre le CAB, le KBF (Fédération flamande d’escalade) et la commune de Dinant, sur les permis nécessaires à l’aménagement et l’exploitation écologique des sites naturels d’escalade ; • en 2019, dans le cadre des journées wallonnes de l’eau, des randonnées géologiques, guidées par de jeunes géologues bénévoles, ont permis à plusieurs groupes de découvrir autrement le splendide site rocheux de Freÿr ; • ces dernières années, en vue de la réouverture du site d’escalade de Sy-Vieuxville, des bénévoles passionnés, aidés par l’équipe professionnelle du CAB, ont effectué un travail remarquable de lutte contre les balsamines de l’Himalaya qui avaient envahi les berges et le site rocheux, participant ainsi à une action plus générale du Contrat de rivière Ourthe de lutte contre ces plantes très invasives. MARIANNE COUPATEZ
Demandez à recevoir le bulletin de liaison du CR qui vous intéresse en communiquant votre adresse mail : Contrat de rivière Haute-Meuse, rue Lelièvre, 65000 Namur, www.crhm.becontact@crhm.be Contrat de rivière Ourthe, rue de la Laiterie, 56941 Tohogne, www.cr-ourthe.becr.ourthe@skynet.be page 39
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Formations 2020–2021 en vue ! YSALINE SACREZ & FRANÇOISE EVRARD
Formations cadres sportifs ADEPS MS animateur escalade SAE et SNE Les formations MS animateur sont effectuées par les cercles. Prenez contact directement avec un cercle pour plus d’informations. La fédération organise uniquement les évaluations. Des sessions ont récemment eu lieu pour les ANIM SAE et SNE, nous en programmerons d’autres dès 2021. L’inscription se fait auprès d’un titulaire de formations (via le cercle dans lequel vous avez suivi la formation).
MS initiateur escalade SAE et SNE L’accès à la formation MS initiateur esca SNE est conditionné par l’obtention préalable du brevet de MS initiateur esca SAE. Pour rappel, à partir du niveau MS initiateur, la réussite des cours généraux de l’ADEPS est indispensable pour l’accès aux cours spécifiques. Attention, le nombre de sessions des cours généraux est très limité. Inscrivez-vous bien à l’avance. Tous renseignements sur www.sportadeps.be sous le lien suivant : www.sport. cfwb.be/index.php ?id=3752
Calendrier des tests probatoires1 : • MS initiateur esca SAE : dimanche 18 octobre • MS initiateur esca SNE : information à venir dans le courant du mois de mars
Inscriptions via clubalpin.be, sous l’onglet Planification & Inscriptions : clubalpin.be/ agenda-formations. Vous y trouverez aussi toutes les dates de nos prochaines formations.
Recyclage MS escalade Le recyclage des MS escalade (tous niveaux) doit encore être déterminé. Les informations suivront. Une invitation sera envoyée par e-mail vers tous les MS escalade brevetés repris dans les listings de la Fédération.
Formations fédérales CATAGSAE – Certificat d’aptitude technique à l’animation d’un groupe sur structure artificielle d’escalade À la suite du confinement et de la fermeture des salles d’escalade, de nombreuses formations ont été interrompues ou annulées. Nous espérons qu’elles pourront reprendre en toute sécurité, et sérénité, dès ce mois de septembre. Nous tenons à rappeler que la formation CATAGSAE est uniquement accessible aux personnes détentrices d’un diplôme en éducation physique. Pour plus de détails concernant le planning 2020-2021, contactez les centres régionaux de coordination de la formation. Vous trouverez leurs coordonnées sur notre site Internet, sous l’onglet CATAGSAE : clubalpin.be/catagsae 1 - Le nombre de places est limité à 12 candidats par formation.
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Ci-contre : Stéphane Cordio / Évaluation
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Inititateur SNE / Décembre 2019
Alpi-secours Cette formation spécifique de sauvetage en paroi et en milieu vertical a déjà commencé. En effet, les 6, 13 et 27 septembre se déroulent les journées de préparation au test probatoire, ce dernier aura lieu le 4 octobre ! Si vous êtes intéressé(e)s par cette formation, sautez vite sur votre téléphone et contactez-nous au 081/23 43 22 ou Freddy au 0495/26 31 09 : nous verrons si nous pouvons vous intégrer à la formation.
Ouverture sur SAE C’est fin 2019 qu’a eu lieu la première édition de cette formation pour l’obtention
Richard Gobin Richard nous a quittés. FREDDY GONDA Nous avons perdu notre médecin, non un ami, au Club Alpin depuis de nombreuses années, passionnée de rando et montagne. Il est décédé chez lui, un livre de montagne à la main. Il m’a toujours impressionné par sa gentillesse, son calme et son Art : oui un artiste. Il aimait en randonnée, en montagne, s’arrêter pour dessiner ce qu’il regardait. Il me disait : « c’est vraiment majestueux ! » J’ai eu le plaisir de l’encadrer en montagne plusieurs fois : Chamonix, Zermatt, massif
du brevet fédéral d’ouverture de blocs et voies sur structure artificielle d’escalade. Nous espérons pouvoir programmer une prochaine édition sans tarder. Pour plus d’informations, vous pouvez vous référer à notre site Internet, sous l’onglet Ouverture sur SAE : clubalpin.be/ ouverture Vous êtes intéressé(e)s par la formation ? Contactez-nous par mail à formations@clubalpin.be, nous ne manquerons pas de vous tenir au courant ! YSALINE SACREZ & FRANÇOISE EVRARD
du Mont-Blanc, etc. C’était toujours un plaisir d’être avec lui. Malheureusement, après un problème de santé, tous ces plaisirs ont été perturbés. Richard, mon ami, le fil n’est pas coupé, tu es juste passé de l’autre côté de la montagne. Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. Repose en paix, mon ami. FREDDY GONDA, président du Cab Liège
LE COIN TECHNIQUE
Comment choisir son filtre à eau ? Les conseils de l’équipe Lecomte Alpirando L’eau potable est sans nul doute un des composants les plus importants pour la réussite de toute sortie en milieu naturel. Même si la bonne vieille technique de monter l’eau à ébullition durant quelques minutes reste et restera toujours d’actualité, celle-ci demande un temps et une énergie considérables.
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C’est pour cela que les filtres à eau sont devenus un outil indispensable à toute sortie en autonomie. Il y a de ça quelques années, les filtres à eau étaient encombrants et chers, perçus comme un accessoire réservé aux aventuriers intrépides s’engouffrant dans des expéditions de longue haleine. Aujourd’hui le marché de l’Outdoor en pleine expansion ne cesse de nous impressionner par de nouvelles évolutions technologiques, nous offrant des modèles de filtre à eau de moins de 60 g pour seulement quelques dizaines d’euros ! Alors, pourquoi s’en priver ?
Ci-contre : Care Plus / Utilisation du Water Filter / Sawyer mini
Pour trouver la bonne réponse, il faut se poser la bonne question : dans quelle situation votre filtre à eau va être utilisé ? S’agit-il d’une sécurité supplémentaire lors de la réalisation d’un GR ? D’une solution pour un bivouac familial sur plusieurs jours ? Ou d’une traversée de plusieurs semaines en autonomie dans des contrées éloignées de toute civilisation ? Une fois cette question résolue, et votre azimut relevé, vous pourrez faire votre choix en fonction des cinq grands critères qui constituent un filtre à eau pour choisir celui qui correspondra au mieux à vos attentes. Ces cinq critères sont la technologie du filtre, la durée de vie du filtre, la performance de purification, le débit et, pour les plus minimalistes, le poids.
La technologie du filtre Ce point est la partie la plus complexe à aborder en quelques lignes. Mais pour résumer, nous avons d’abord les filtres à UV. Très compacts, ils ressemblent le plus souvent à un petit stylo. Ils sont puissants et rapides, mais présentent plusieurs désavantages, comme le besoin d’une batterie. Ils ont donc un cycle d’utilisation très limité. D’autant plus que ces filtres à UV ne sont efficaces que si l’eau est 100 % claire, le moindre sédiment empêchera le transfert d’UV et par conséquent l’assainissement de l’eau. Outre les filtres à UV, il existe des systèmes mécaniques regroupant notamment les membranes à fibres de verre ou creuses, le charbon actif et les filtres en céramique. Ces systèmes auront l’avantage de filtrer directement de l’eau « non claire », même s’il sera toujours recommandé de pré-filtrer l’eau à l’avance pour retirer tous les plus gros sédiments et éviter de boucher les micro-porosités du filtre trop rapidement. Certains filtres sont équipés
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d’un plongeur permettant de pré-filtrer l’eau directement. Si vous ne possédez pas ce type de plongeur sur votre filtre, une solution ancestrale est de plonger votre gourde dans l’eau avec un bout de tissu en guise de bouchon afin de filtrer les plus gros sédiments pour ensuite passer l’eau dans votre filtre. Votre fameux BUFF multi-usage pourra encore une fois vous servir, ou votre chaussette si vous désirez agrémenter votre eau d’un peu de saveur ! Outre la caractéristique de filtrage, le fonctionnement du filtre aura une importance toute particulière. Les filtres en forme de paille sont devenus extrêmement connus pour leur légèreté et leur praticité. Elles seront une partenaire idéale pour les sorties où l’eau est abondante, pour les trailers à la recherche de légèreté ou du voyageur dubitatif sur la potabilitié de l’eau du robinet. Mais ce fonctionnement ne sera pas le plus pratique dans le but de remplir des réservoirs d’eau potable. Il y a ensuite le filtre par gravité ou par pression : il suffira de remplir un contenant d’eau non potable et par gravité ou par pression de la main, l’eau ressortira assainie par le filtre. Cette technique est de plus en plus répandue grâce à sa simplicité et à sa légèreté. Un bémol toutefois : le premier contenant sera dédié à l’eau « sale ». Il ne faudra donc jamais le réutiliser pour de l’eau potable, à moins de le nettoyer. Le dernier filtre est sans doute le plus efficace : c’est le filtre à pompe qui permet de remplir rapidement plusieurs contenants, souvent muni d’un plongeur permettant de remplir directement depuis le point d’eau à ses gourdes.
La durée de vie du filtre La durée de vie du filtre est un point important à prendre en compte si vous comptez partir plusieurs mois, mais aussi page 43
si vous voulez limiter votre empreinte écologique afin de ne pas racheter un filtre à chaque sortie. La durée se calcule en litre d’eau filtrée. Cela varie de 1 000 à plus de 100 000 litres selon les filtres, en fonction de leur type de membrane, de leur capacité à être nettoyés et en fonction de la clarté de l’eau à filtrer. Certaines marques proposent des filtres interchangeables. Attention aussi à la fragilité de ces produits. Les filtres en céramique sont notamment très fragiles, une chute peut facilement les briser.
La performance La performance d’un filtre est principalement interprétée en micron, représentant la taille des micro-porosités. La moyenne est à 0,2 µm, les bons sont à 0,1 µm et les très bons filtres de randonnée atteignent une filtration à 0,02 µm. Ces chiffres sont sans doute très vagues, mais voici la taille des agents pathogènes les plus fréquents que vous pourrez rencontrer. • De 1 µm à 15 µm : dysenterie, amibienne, giardia, lambliase. • De 0,2 µm à 5 µm : E. coli, salmonelles, choléra. • De 0,02 µm à 0,2 µm : la famille des virus hépatite A, poliovirus, etc.
Ainsi, avec une performance de 0,2 µm, vous êtes protégés quasiment contre tout, à l’exception des virus. Pour vous protéger de ceux-ci, vous pourrez ajouter à votre eau une pastille de purification chimique si vous désirez être protégés à 100 %. Profitons d’ailleurs de ce point pour faire un aparté concernant les pastilles et autres produits de purification chimique. Constitués généralement d’un mélange de chlore et d’ions d’argent, que ce soit en pastille ou en goutte, ces produits de purification sont indispensables à votre trousse de secours. Associés à un filtre page 44
0,2 µm, vous aurez un système simple et léger pour vaincre le trio infernal des eaux les protozoaires, bactéries et virus. Mais portez une attention toute particulière au choix de ces produits et aux normes en vigueur. Certaines marques sont interdites pour leur trop haut taux de chlore, surtout pour une utilisation prolongée sur plusieurs jours. N’hésitez pas alors à vous renseigner auprès d’un revendeur spécialisé.
Le débit et le poids Ce sont deux points moins primordiaux. Néanmoins, le débit peut fluctuer d’un modèle à l’autre de 500 ml à 2,5 litres la minute, ce qui peut devenir un critère important si vous devez vous occuper de filtrer de l’eau pour quatre à cinq personnes tous les jours. Idem pour le poids : pourquoi vouloir porter un filtre à pompe de 400 g quand une paille filtrante de 59 g peut résoudre tous vos besoins. En résumé, l’eau fait partie des points vitaux d’une sortie en extérieur, et sa consommation ne doit pas être prise à la légère. Il existe sur le marché des types de filtres à eau pour toutes les utilisations et pour toutes les bourses. Évitez à tout prix les petites économies sur des marques qui ne possèdent pas les normes européennes. Évitez également les « secondes mains » sans connaître l’historique du filtre. Et n’oubliez pas que posséder un filtre à eau ne veut pas dire que vous aurez de l’eau à disposition ! Prenez connaissance de votre itinéraire et des points d’eau disponibles sur votre route ! Si vous ne devez retenir qu’une chose de cet article, c’est de boire avant, pendant et surtout après votre sortie ! LECOMTE ALPIRANDO
LE COIN TECHNIQUE
Bricolage en confinement
Adrien Bailly © 2020
Ardennes & Alpes — n°205
ADRIEN BAILLY
On en a tout rêvé, on n’a jamais trouvé le temps, et voilà que l’occasion parfaite se présente. La tendance du stay home, stay strong a poussé beaucoup d’entre nous, moi y compris, à profiter de ce confinement pour construire leur pan à la maison.
C’est donc le temps d’un instant qu’on s’improvise menuisier, à grand renfort de conseils glanés ici et là, que l’on récolte sur Internet ou, pour les plus chanceux, chez des connaissances qui ont déjà tenté l’expérience. Les sources d’information sont nombreuses, entre les articles et les vidéos traitant de ce sujet, on peut vite se faire une idée de l’ampleur raisonnable du travail. Après avoir lu ou vu un bon nombre de sources, on se rend vite compte qu’avec pas grand-chose on peut faire beaucoup. Les incontournables sont les suivants : • une scie sauteuse, • une perceuse/visseuse, • une mèche à bois de 12 mm, • un niveau,
Ci-dessus : Premier pan / Theux, 2020 • un mètre, • des panneaux, • des chevrons, • des T-nuts, beaucoup de T-nuts, • des vis, beaucoup de vis.
D’autres articles ont pour vocation de vous accompagner tout au long de votre confection avec leurs schémas et explications très utiles. Ici le but n’est pas de rédiger un énième article de la sorte, mais bien, à la suite de cette première expérience, plutôt vous faire part des améliorations qui feront partie d’un probable deuxième projet de mur. Le premier pan c’est un peu comme la première crêpe : ça en a le goût et l’odeur, mais la suivante sera encore meilleure ! Voici donc quelques points qui auraient facilité la confection du pan ou rendu (encore) plus agréable son utilisation. page 45
Ne pas employer de chevrons trop épais Certes, il faut que la structure soit solide, mais utiliser des chevrons d’un calibre trop important va engendrer quelques problèmes. D’une part, ils alourdissent la structure inutilement et sont moins faciles à manier lorsqu’on est seul à les placer. D’autre part, les vis à employer si l’on doit les fixer dans un mur en dur vont être longues, très longues, ce qui rend la tâche fastidieuse ainsi que plus coûteuse. Je conseille donc de prendre des chevrons de 45 x 90 mm, largement suffisants pour réaliser une structure qui tiendra dans le temps.
Préconiser les panneaux multiplexés Plus rigide, plus solide et plus durable, le multiplex est la meilleure solution pour réaliser un pan. Certes, les panneaux de contreplaqué feront bien l’affaire, mais l’ajout de prises vissées va mal les faire vieillir. L’avantage du multiplex est que les chutes sont autant de matériaux que l’on va pouvoir utiliser pour sculpter ses propres prises. Le contreplaqué n’est pas assez solide pour cette reconversion.
Ne pas acheter des T-nuts au rabais On peut tenter de faire des économies en glanant du matériel çà et là, mais investissez dans des vrais T-nuts ! La mauvaise qualité de ceux-ci va vous rendre la vie dure. Ils cassent, sortent du pan, rendent le vissage des prises compliqué, bref ils gâchent votre plaisir.
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Ne pas faire un pan trop… pentu Les dévers à 45° c’est chouette, mais pas pour tout le monde. À moins d’avoir des bacs à profusion et/ou être un octogradiste confirmé, bon courage pour s’échauffer calmement. En plus d’être gourmand en place, les pans trop inclinés sont rudes à l’usage. Un détail important est que si l’on veut faire quelques prises sois même, celles-ci devront être imposantes. En effet, il est plus simple de fabriquer des petites arquées très sympathiques sur du 20 ou 30°, mais impraticables sur du 45°.
Attention au départ et à l’arrivée Démarrer un bloc avec des pieds patinés placés à un angle de 30° est loin d’être impossible, mais avoir une petite plaque verticale à la base du pan est quand même plus agréable. D’autre part, les bonnes prises pouvant venir à manquer, en mettre la majorité au sommet du pan pour avoir des prises de fin peut devenir handicapant. Une des solutions est de fixer une autre plaque verticale au-dessus du pan et d’en poncer les arêtes pour pouvoir l’utiliser comme prise finale. Ainsi, vous pourrez récupérer de quoi faire des départs plus agréables. Voilà ce que j’ai retenu de cette première expérience qui aura été très enrichissante ! Maintenant, le plus dur est de ne pas faire une boulimie d’entraînement parce que, vous êtes mis en garde, la grimpe sur pan peut piquer les doigts… ADRIEN BAILLY
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LE COIN TECHNIQUE
Petite chronique du piton ardennais
Nous avons aussi évoqué, à différentes reprises, les nombreuses personnalités qui ont joué un rôle dans cette histoire, notamment dans les années 50-60. Cette époque a marqué l’âge d’or du piton ardennais. C’est à cette époque que les ouvriers grimpeurs vont pouvoir mettre en valeur leur savoir-faire dans les petits ateliers artisanaux en utilisant du matériel haut de gamme. C’est à ces ouvriers soudeurs ou forgerons que nous devons les plus belles pages de notre histoire. Cette histoire n’est d’ailleurs pas tout à fait finie, puisque nous avons vu que certains jeunes grimpeurs bricolaient encore parfois leur matériel, tels des coinceurs, par exemple.
BERNARD MARNETTE
Nous pourrions, en guise de conclusion, signaler différents éléments non encore évoqués, puisqu’ils ne sont pas directement liés à la fabrication même du piton, mais sont cependant attenants à notre histoire.
Nous voici progressivement arrivés à la fin de nos chroniques sur les pitons de chez nous.
Commençons par les toponymes qui évoquent encore les pitons dans certaines falaises. Il y a des noms simples : « La voie du clou », « Le coin de bois », « Le vieux piton »…
Chapitre 8 : de bric et de broc…
Cette aventure nous a menés des premiers pitons forgés aux broches d’aujourd’hui, en passant par différentes étapes : les pitons royaux, les pitons artisanaux de haut de gamme, mais aussi ceux fabriqués dans nos plus prestigieuses usines sidérurgiques, notamment liégeoises : la FN, Cockerill, Atelier de la Meuse, Atelier de Kinkempois (SNCB)… Nous avons constaté que différents alliages avaient été expérimentés, que des couleurs et des signes particuliers servaient à personnaliser les pitons.
Certains toponymes sont inspirés par le type de matériel : « L’Américaine » (voie ouverte sur crochets américains), « Les Scrawes », en wallon, sont les boulons (les nuts) utilisés par Jean-Claude Vittoz pour ouvrir son itinéraire. « Le bon clou » : c’est le piton clé d’une voie facile dont le son émis lors du placement a garanti la fiabilité du clou. Il y a aussi les pitons qui font peur : « Le piton volant ». Il y a des voies qui ne se gravissent que sur coinceurs : « La coincerite », d’autres seulement sur spits : « Spits enchaînés ». 12
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Dans les ustensiles originaux, il nous faut aussi parler des dépitonneurs, dont certains sont probablement des inventions locales. C’est notamment le cas de celui aménagé par José Arnotte, le « dépitonneur à trépied ». Cet ustensile était muni d’une tige qui permettait, lorsqu’on la faisait tourner, de remonter l’axe et de tracter le piton. L’inconvénient du système, bien efficace du reste, était son poids et le fait qu’il fallait parfois utiliser une clé à grand levier (parfois 2 mètres). Une autre difficulté était de mettre la tige en traction parfaitement perpendiculaire à la paroi. Pour cela, il fallait souvent utiliser différentes cales pour équilibrer le trépied.
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Un autre « arrache-piton » était une adaptation de ce que l’on appelle un « marteau à inertie », c’est-à-dire un axe muni d’une butée, sur lequel on fait coulisser un poids. Système redoutablement efficace, mais aussi très lourd.
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Les deux systèmes bien utiles ne pouvaient être, de par leur poids, qu’utilisés en falaise.
Les nouveaux moyens d’équipement des années 80 inspirent des jeux de mots : « Spit-rituel », « Spitberg » et de l’engouement : « L’optimiste qui spit ». L’excès d’équipement inspire « Dingopitomanie ». Les exemples de ces noms de voies sont très nombreux et sont souvent le reflet d’une époque.
D’autres « trucs » sont à mentionner. Ainsi, Robert Dock, pour adapter les chaînes de relais, réalisait un cran dans chaque maillon. Cela déforçait la chaîne, mais permettait de la régler (de la tendre) avec précision, en régulant le nombre de maillons nécessaires.
À côté des toponymes, on peut mentionner quelques ustensiles originaux, voire insolites. Ainsi, dans les années 60-70, les grimpeurs verviétois qui plaçaient des pitons à demeure utilisaient une « mortaise de protection » (pour les têtes de pitons). On plaçait ainsi sur la lèvre du piton une mortaise en U tenue par un manche. Au moment de frapper le piton, la lèvre était protégée. Cela évitait d’avoir des « bavures » sur la tête du piton. page 48
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Ardennes & Alpes — n°205
1. Dessin d’une très ancienne broche du rocher des Grands -Malades à Namur – dessin Ph. Lacroix 2. Travail de préparation pour la réalisation de spits et de gollots artisanaux : en haut : mesures pour des spits – dessin Ph. Lacroix ; en bas : calculs pour la réalisation des gollots du « Feu sacré » – Guy Heyleman 3. Piton biseauté à la disqueuse électrique (réalisation J.C. Vittoz) (L : 15,5 cm) 4. Piton « Averell » personnalisé à la couleur (L : 10,5cm, L : 11 cm, L : 11 cm) 5. Piton en aluminium (L : 14 cm) – coll. Ph. Lacroix 6. Deux porte-matériel artisanaux (L : 11,5 cm) – coll. Ph. Lacroix 7. Mortaise de protection type – dessin B. Marnette 8. Dépitonneur à trépied réalisé par José Arnotte (L : 25 cm) 9. Dépitonneur type « Extracteur à roulement » ou « marteau à inertie » – Réalisation Bruno Meeckers (L : 92 cm – Poids : 6 kg – charge 1,7) 10. Chaîne Dock 11. Piton de transmission ou clou TS (Sy – Le Livre ouvert) (L : 7,5 cm) 12. Anneau de transmission de câble ? (Comblain – Arête principale) 13. Anneau de transmission de câble ? (Dave – coll. E. Abts) 14. Piton broche ? (sommet du Menhir à Dave) (L : 37 cm) 15. Piton de carrier ? (sommet de la voie France – Corphalie) (L : 19 cm) 16. Queue de cochon au sommet du rocher de Chokier 17. Dessin type d’un piton « marche pied » Lehime dessin: B. Marnette
On pourrait aussi parler de certains pitons ou lames, plus ou moins suspects, retrouvés dans du matériel d’escalade ou le long de nos voies. On a trouvé ainsi un piton de transmission de l’armée, des clous de carrier ou encore des plaques de maintien de câbles électriques ! Dans ce cadre, on peut évoquer une longue tige retrouvée à Dave, au niveau de la « Dalle du chat » par Jacques Ciparisse ! Peutêtre une ancienne broche de relais ? Autre ustensile hors norme : une fameuse « Queue de cochon » se trouve toujours au sommet des rochers de Chokier. Elle a été réalisée aux ateliers Cockerill dans les années 80. Dans les objets insolites utilisés pour grimper, certains anciens mentionnent « l’Alze ». C’est un tisonnier adapté dont certains grimpeurs comme Jean Alzetta ou Michel Fagot (de petite taille) se servaient pour attraper les pitons.
On peut revenir sur l’invention insolite de Gaston Lehime, qui avait proposé à Jacky Delderenne, alors en prospection à la dalle de Tilff, un « piton marche-pied ». Il était conçu en deux parties. La première était une pointe faite pour être enfoncée dans une faille plus ou moins horizontale, l’autre partie était un replat pour poser le pied ! « Sacré Gaston », s’était exprimé
Jacky, lui qui fut un des promoteurs de l’escalade libre en Belgique. Peu de temps après, en 1963, Jacky Delderenne ouvrait en libre la première voie de la dalle de Tilff : « la Directe », ouverte du bas après avoir seulement pré-placé deux pitons sur 35 mètres. Ensuite, il ouvrait, plus à gauche, une autre voie qu’il allait dédier à sa mère : « La Germaine ». Une des premières répétitions de cette voie allait être faite par Guy Vankerkoven avec, pour tout assurage, des « pointes de Paris ». C’est sur cette pirouette que nous terminerons notre chronique du piton ardennais. Lors de notre premier chapitre, nous avions évoqué ces « pointes de Paris » qu’avaient adaptées en pitons bon nombre de grimpeurs belges des années 60 ! Ces quelques pages nous ont montré à quel point le monde de l’escalade avait su être à la fois créatif, imaginatif et rigoureux dans la réalisation d’un matériel bien spécifique. Cette petite saga nous a rappelés que, chez nous, il n’y a pas si longtemps, le monde de l’industrie et des ouvriers qualifiés cohabitaient avec le monde des grimpeurs. Il n’est pas si loin le temps où certaines falaises étaient proches des usines et des maisons ouvrières… Robert Halleux, professeur d’histoire des sciences et des techniques à l’Université de Liège, a déclaré un jour qu’on ne pouvait pas comprendre la Wallonie sans comprendre l’industrie1. Il en va donc un peu de même pour le monde de l’escalade ! BERNARD MARNETTE
1 - interview de Corine Boulangier pour l’émission « Ma Terre » (Ils ont bâti des montagnes, éd. Institut du patrimoine wallon, 2011). page 49
Lire Proposé par la Librairie Papyrus, Namur Dans son ouvrage Manières d’être vivant, le philosophe engagé Baptiste Morizot, nous emmène dans les montagnes du Vercors sur la piste des loups, et conséquemment sur celle des brebis, des bergers et de la prairie qu’ils occupent pour nous faire « ressentir » leurs manières d’être. Plonger dans le monde de Baptiste Morizot, c’est comme prendre un bain de forêt… c’est rassurant et vivifiant ! Voici une lecture dont on ressort transformé, un peu sonné aussi, et surpris. Surpris d’avoir tant appris, surpris par la beauté des mots, par la force des concepts élaborés savamment par l’exemple. Car pour Morizot, le réel et l’expérience fondent la pensée. Le tout est servi par une écriture virtuose, ancrée et poétique, sensible. Une lecture vibrante, engagée, utile à tous les vivants, humains et non humains, et qui ne tombe pas dans l’opposition extractivisme versus sanctuarisation de la nature, mais qui réconcilie l’interconnectivité (pour la défense d’une culture de l’internet libre) avec l’expérience de la nature. Brillant !
Dans Psychologie positive et écologie – enquête sur notre relation émotionnelle à la nature, l’écologue Lisa Garnier, en partant de son expérience personnelle, s’intéresse à la psychologie positive, science qui étudie comment nos émotions positives naissent, se maintiennent et nous apportent bien-être et bonheur Pour elle, psychologie et écologie se rejoignent : nous dépendons autant des arbres pour respirer que pour activer en nous des sentiments humains qui participent à notre bien–être et à notre bonne santé. L’autrice va démontrer à quel point, et sans que nous en ayons forcément conscience, la nature joue un rôle prépondérant sur nos émotions, qu’elle réduise le stress en milieu urbain ou qu’elle nous encourage à davantage de bienveillance et d’empathie. Mais si la diversité des espèces nous apaise, celle-ci est en danger, et tout l’enjeu est de mieux cohabiter à l’avenir, entre humains et non humains en étant sereins et épanouis. La diversité est l’épice du bonheur. Cet essai ponctué de données statistiques est accessible à toutes et tous. Voici une lecture instructive et apaisante ! L’europe réensauvagée, vers un nouveau monde est coécrit par Gilbert Cochet et Béatrice Kremer-Cochet, et met en lumière une série d’expériences positives de ré-ensauvagement d’espaces en Europe. Il suffit parfois que l’homme fasse un pas de côté pour que les espèces animales et végétales réapparaissent dans un milieu naturel. Une lecture très agréable qui nous raconte mille et une histoires de reconquête d’un territoire pour une espèce. Une lecture porteuse d’espoir par rapport à la biodiversité et qui devrait donner des idées intéressantes aux décideurs politiques.
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