Ardennes Alpes
#221 / 4e trimestre 2024
EUROPEAN OUTDOOR FILM TOUR 2024
Un voyage en radeau vers l’inconnu, du VTT aux Philippines et de l’escalade dans la Sierra Nevada - avec ces aventures passionnantes et bien d’autres encore, l’EOFT revient à partir d’octobre 2024 dans 7 villes de Belgique.
To the Sea
Soundscape
Aventure en radeau à travers la nature sauvage
Avec un radeau composé de six palettes et de huit bidons vides, les Londoniens Ben et Hugo pagayent sur la rivière Vindelälven dans le nord de la Suède en direction de la mer Baltique. Mais ce qui devait être deux semaines tranquilles se transforme en une véritable épreuve à cause des rapides, des tornades de moustiques et des violents orages.
Escalade du Big Wall : une confiance à toute épreuve
Le grimpeur aveugle Erik Weihenmayer escalade avec son partenaire de cordée Timmy O’Neill une des parois les plus imposantes de la Sierra Nevada. Dans „Soundscape“, il nous montre comment appréhender la beauté de la nature – avec tous les sens à notre disposition.
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Cycle of Bayanihan
Du BMX au Freeride et bien plus encore
Samantha Soriano est à la recherche de ses racines philippines. Dans „Cycle of Bayanihan“, la vététiste professionnelle rend visite à sa famille aux Philippines et y découvre également la communauté VTT en pleine expansion qui l’accueille à bras ouverts.
Toutes les infos sur le programme. et d’autres dates à suivre ici :
édito
Nous y sommes !
C’est la rentrée, avec son lot d’activités, de plannings à gérer et de routines à reprendre.
Pour la plupart, les vacances ne sont plus qu’un souvenir et chacun retrouve son rythme entre les projets professionnels, les obligations personnelles et les engagements sociaux.
C’est aussi le moment de relever de nouveaux défis, de fixer des objectifs et de s’adapter à de nouveaux horizons.
Une rentrée qui, bien que parfois chargée et stressante, est aussi une opportunité pour se réinventer et repartir du bon pied.
Alors, prêts pour ce nouveau départ ?
Comme je le disais lors du CAB’aret #6 :
« Rejoignez-nous !
Lors de la prochaine assemblée générale (le 21 mars 2025) de nombreux postes d’administrateur·rice·s seront à pourvoir. C’est le moment idéal pour mettre votre énergie au service de la Fédération.
Envie d’en savoir plus ? Contactez-moi sans tarder via president@clubalpin.be ! »
Dans ce numéro :
On revient sur la participation de Hannes Van Duysen aux J.O., Il a marqué l’histoire en étant le premier belge à se qualifier pour les J.O. ! Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite, nous réservera-t-il encore une surprise en 2028 à Los Angeles ?
Jonathan nous raconte le stage « Alpi » du CAB Bruxelles-Brabant, qui a servi de stage de fin d’études pour nos tout nouveaux « Initiateurs Alpi » ;
Au travers de son Rêve Blanc, Georges qui n’avait jamais skié de sa vie décrit son expédition avec John dans les Alpes scandinaves (ski aux pieds).
Thomas, Coline et Cis nous font le récit de leur ascension de la Dent du Géant.
Serge nous interroge sur notre rôle face à la crise climatique.
Vous trouverez également des conseils utiles pour réduire l’impact de nos sports sur l’environnement.
Enfin, Maximilien nous donne la recette de sa performance exceptionnelle et Sébastien nous souhaite un Bon Voyage !
YANN LEFRANÇOIS
Président du CAB
STAGE ALPI CAB BRABANT
PAGE 8
L’alpinisme est une pratique sportive, d’aventure ou de loisirs, consistant à effectuer des ascensions de haute montagne. L’alpinisme fait usage de techniques spécifiques qui permettent d’appréhender les risques. En tous cas, c’est ce que nous en dit Wikipedia...
Jonathan Vard © 2024
RÊVE BLANC
PAGE 20
Comme promis par John dans l’A&A précédent, nous allons vous partager quelques péripéties de notre expédition dans les alpes scandinaves, tout au Nord de la Suède. Inspiré par le récit de John, je prends la plume.
EN VOUS SOUHAITANT
UN BON VOYAGE
PAGE 25
Emile Pino © 2024
Belgaimage © 2024
Bienvenue à bord de Bon Voyage Airline à destination de votre destin. Votre temps de vol pourrait bien être long, et sans nul doute effrayant. Quelques turbulences sont prévues et l’issue est plus qu’incertaine.
HANNES VAN DUYSEN
PAGE 34
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont été un événement historique pour de nombreux athlètes, mais pour Hannes Van Duysen, cette édition a pris une dimension particulière. Ce grimpeur belge exceptionnel a marqué l’histoire en devenant le premier belge à se qualifier pour les Jeux Olympiques.
Sommaire
3 Édito
5 Faut-il sauver la montagne ou les montagnards ?
– Récit du parcours submersif d’un village alpin jusqu’à sa destruction. Complète.
8 Stage Alpi CAB Brabant
– Juillet 2024
15 La Dent du Géant
20 Rêve blanc · Épisode II
– Expédition dans les « alpes » suédoises
25 En vous souhaitant un Bon Voyage
34 De la coupure à la reprise
– Ma recette pour performer au mieux
37 Hannes Van Duysen
– Le Premier Belge qualifié en escalade aux Jeux Olympiques
41 Quel est l’impact du sport sur l’environnement ?
Faut-il sauver la montagne ou les montagnards ?
Récit du parcours submersif d’un village alpin jusqu’à sa destruction. Complète.
SERGE RAUCQ – Accompagnateur en montagne
Le Haut-Vénéon, c’est une vallée sauvage, préservée du tourisme de masse. Là-haut : pas de remonte pente, ni de VTT qui dévalent des sentiers profondément ravinés. Pas de discothèque non plus, ni de skieur avec enceinte Bluetooth tonitruante. Rien de tout cela à vrai dire.
Seulement la montagne, pure, intacte dans son caractère sauvage. Une route sinueuse relie quelques hameaux, peuplés de rares habitants. C’est le paradis pour les amoureux de la flore et de la faune sauvage, de la géologie alpine, des randonnées engagées, de l’escalade ou encore de l’alpinisme. Nous sommes au cœur du massif des Écrins.
Les sommets mythiques coiffent les vallons : la Meije, l’Ailefroide, le dôme des Écrins, la Dibona… Ces noms réveillent en nous de bons souvenirs, ou allongent notre liste d’objectifs futurs.
Le centre du village, ravagé La Bérarde – juin 2024
Nuit du 20 au 21 juin 2024, La Bérarde. Refuge « Le chamois » (aussi conn u sous le nom de « cen tre alpin belge »).
Le bruit sourd et lointain du torrent s’intensifie. Dans un demi-sommeil, je perçois d’inquiétants roulements. C’est certain, « ça » se rapproche. Soudain, un cri d’enfant. Réveillé, je me dirige vers la pièce de vie. J’y croise Olivier, gérant de l’hôtel « Le champ de pin » situé à quelques mètres en contrebas du refuge. En pyjama. Je suis confus. « Ça va bien, Olivier ? ». « Non, pas vraiment. » Avec sa famille et les clients de son établissement, il est venu chercher une sécurité précaire. Son hôtel est sous eau. Il est séparé de nous par un torrent de boue et de grosses pierres roulées, désormais infranchissable.
Au refuge, nous sommes 24. Abasourdis, nous scrutons la nuit. Soudain, un phare éclaire l’obscurité, en aval. Rapidement, un véhicule est manœuvré pour éclairer la zone. Rien. Seulement de l’eau, de la boue et des rochers. Encore et encore. C’était sans doute une des voitures des stagiaires UCPA rencontrés deux jours plus tôt au refuge du Soreiller. Croisons les doigts qu’elle ait été vide d’occupants. Dieu seul sait où elle a été emmenée.
Entre nous, dans une confusion bienveillante, c’est la débrouille. Les réfugiés de l’hôtel ont tout perdu.
Ci-contre : Les personnes réfugiées au refuge
de six.
On se prête vêtements et chaussures, on se réconforte, on se rassure. À tout hasard, nous faisons des réserves d’eau, anticipant l’arrêt imminent de son approvisionnement. Car une chose est certaine : nous sommes coincés ici, sauf aide extérieure. Le PGMH nous appelle : il faut établir de toute urgence la liste exhaustive des personnes présentes. Elle est envoyée rapidement en retour. Le réseau téléphonique tombe. L’isolement est complet.
Certains retournent se coucher, en espérant grappiller quelques minutes de sommeil. D’autres restent debouts, comme hypnotisés, à regarder inlassablement la masse sombre et mouvante. De temps à autre, elle se retire, laissant espérer un recul des éléments. Invariablement, elle finit par se rapprocher, et annihile nos espérances. La pluie, elle, continue de tomber. Combinée à des températures élevées et à l’abondance inhabituelle de neige en altitude, elle contribue à l’apport croissant en eau et en matériaux. L’aube arrive enfin. Un semblant de petit déjeuner s’organise, commençant par le partage des denrées disponibles. Priorité aux enfants. Suit le constat : le torrent des Étançons s’est creusé un nouveau lit, plus à l’ouest (nous apprendrons plus tard que le torrent a formé un énorme cône de déjection dont nous bordons la rive droite). Ébahis, nous voyons des vagues de boue qui vont et viennent, charriant des blocs de dizaines de kilos. Devant nous, plusieurs chalets disparaissent progressivement sous la masse qui s’accumule.
Le son très caractéristique d’un hélicoptère résonne. Il tourne. Les secouristes scrutent, cherchent, repèrent, établissent les priorités. D’un chalet aux trois-quarts enfouis, ils hélitreuillent un couple âgé. Il a fallu casser le toit pour accéder aux malheureux naufragés.
Au moins deux machines sont mobilisées. Les secouristes œuvrent sans relâche. Quand ils s’éloignent, nous savons qu’ils sécurisent ceux dont la situation est plus précaire que la nôtre.
Vers 10h15, c’est notre tour. Par grappes de six, nous sommes évacués vers les Deux Alpes. Incroyable organisation. Incroyable solidarité. Nous sommes accueillis au Palais des Sports. L’immense salle est divisée en deux par des rubalises et des panneaux.
Ci-dessus : Chalet englouti par la lave torrentielle
Plus bas : En amont de notre position : la route s’efface sous la masse
À gauche, nous sommes reçus par des volontaires, des pompiers et des médecins. On nous compte, on prend nos coordonnées, on s’inquiète de notre santé. « Des victimes ? Non, aucune recensée pour l’instant. » Ceux qui n’ont que le pyjama sur le dos reçoivent des vêtements secs et des chaussures, rassemblés en hâte par les résidents du coin. Un buffet – normalement prévu pour une quelconque inauguration – est servi aux personnes « impliquées », que l’on distingue grâce à l’immense badge « IMPL » attribué par les secouristes aux rescapés lors d’un énième enregistrement.
À droite, des tables sont alignées. Elles sont destinées à l’accueil des participants au Mountain of Hell 2024 –MoH 2024, compétition de VTT de descente. La course est censée démarrer sur la neige (proprement damée et compactée) à 3 200 mètres d’altitude. Curieux assemblage que ce mélange des genres. Côte à côte, les consommateurs de montagne qui contribuent largement à sa destruction et les contemplatifs de beauté sauvage largement acquis à sa préservation. La MoH sera annulée dans la foulée. Par solidarité ? Non. Pour cause de mauvaise météo et d’indisponibilité des services de secours. Tu m’étonnes.
Je retiendrai de cet épisode l’incroyable solidarité et la bienveillance dans l’adversité. L’être humain est capable du meilleur. Toute main tendue a été saisie. Tout besoin vital a été anticipé et comblé sans attente d’un retour. Des liens se sont tissés, d’autres ont été renforcés. C’est le côté pile de l’aventure. Côté face, il y a la souffrance de la montagne bafouée, négligée, violée. Nous sommes les victimes collatérales de la violence infligée par l’être humain à la nature. Nous sommes les victimes et nous sommes les bourreaux. Pareillement.
Ardennes & Alpes — n°221
Alors, qui faut-il sauver ? La montagne ou les montagnards ? D’abord la montagne, d’évidence, du moins si l’on veut éviter les sauvetages récurrents de montagnards. Il convient donc d’urgence de convoquer les autorités, pour qu’enfin des mesures efficaces soient prises pour lutter contre le réchauffement climatique et l’érosion de la biodiversité. À notre niveau, la fédération est appelée à se positionner d’urgence sur une politique en matière d’environnement. J’en appelle à une politique volontariste et ambitieuse. Quelques sections font pression pour des avancées rapides en ce domaine. Joignez-vous à eux pour l’obtention de résultats rapides !
À titre plus personnel, cet épisode nous aidera-t-il à modifier nos trajectoires ? En ce qui me concerne, c’est une certitude. Il sera l’un des carburants de mon combat, déjà ancien, pour le respect de la vie. Comme c’est étrange qu’il faille mêler « combat » et « respect » dans la même phrase. Pourtant…
SERGE RAUCQ Accompagnateur en montagne
Catastrophe en Oisans : La Bérarde dévastée par les intempéries, Alpine Mag, URL : https://alpinemag.fr/catastrophe-oisansla-berarde-devastee-par-les-intemperies/
Stage Alpi CAB Brabant
Juillet 2024
JONATHAN DELCHAMBRE – Textes & images
L’alpinisme est une pratique sportive, d’aventure ou de loisirs, consistant à effectuer des ascensions de haute montagne. L’alpinisme fait usage de techniques spécifiques qui permettent d’appréhender les risques. En tous cas, c’est ce que nous en dit Wikipedia. Ce que Wikipedia ne dit pas, c’est que l’alpinisme permet de découvrir des paysages magnifiques, de tester ses capacités physiques, techniques et mentales et de nouer des amitiés solides !
Notre cordée au sommet des Contreforts de la Floria
Après une première longueur de rappel où nous arrivons en dessous d’un beau toit, Marie me lance un regard. :
« On se fait le toit ? »
Pour moi, le stage « perfectionnement niveau 2 » de juillet 2024 a commencé dans le local du CAB Brabant, avenue de la Couronne à Bruxelles, le 3 juin 2024. Nous nous sommes retrouvés à six participant·e·s avec deux futurs initiateurs alpi du CAB. Pour la plupart, nous ne nous connaissions pas. Nous avions tou·te·s des expériences différentes en rocher et en montagne mais une passion nous animait : en découvrir plus sur la haute montagne. Nous avons décidé d’aller grimper en salle à Bruxelles afin d’apprendre à mieux se connaître. Ces séances d’escalade ont rencontré un succès mitigé…
Le grand jour arrive : nous nous retrouvons le 14 juillet, au rocher école, les Gaillands, près de Chamonix. Après avoir revu quelques manips de corde, nous grimpons quelques voies sympas du site. « Ah si seulement, nous pouvions avoir ce genre de falaises en Belgique » s’écrie l’un. L’autre répond : « nous avons quand même Freyr ! ». La mayonnaise commence à prendre, en tous cas !
Après une nuit au refuge du Tour à Argentière, nous nous rendons à la Flégère où nous nous retrouvons, après une courte randonnée glaciaire, au pied des contreforts de la Floria. Là commence le plus gros challenge de la journée ! Nous nous répartissons rapi-
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Page précédente : Thomas à son apogée sur les Aiguilles d’Entrèves Ci-dessous : Panorama du massif du Mont Blanc depuis les Aiguilles Rouges
dement en cordée de deux. Chaque cordée choisit sa voie. Avec Marie, nous cherchons le départ de la lampe d’Allardin (5c obligatoire). Après quelques minutes de recherche infructueuse, nous décidons de suivre la cordée du guide qui s’est engagé dans Robin Hood. Nous profitons de l’excellent granit de ces belles voies jusqu’au sommet. Après une première longueur de rappel où nous arrivons en dessous d’un beau toit, Marie me lance un regard.
« – On se fait le toit ? – Mais bien sûr ! »
De retour au sommet, on reprend la ligne des rappels. On entend alors un bloc tomber le long de la paroi. Georges, notre initiateur alpi, s’écrie : « Faites atten tion b**del ! ! ! ». Je me dis que le pauvre suédois qui a malencontreusement fait tomber cette pierre ne comprend, sans doute, rien à la langue de Molière.
De retour au refuge, nous restons à discuter des possibilités infinies que nous offre le terrain de jeu si proche de nous.
Préparation des cordées au départ des Aiguilles
Marbrées
Selfie au Sommet N des Aiguilles Marbrées
Après quelques galères dans les rappels, nous arrivons en bas pour réaliser que nous n’avons fait que la dernière longueur de Robin Hood. Nous n’avons pas trouvé le début de notre voie… Mais Christophe, notre guide, s’est aussi planté ! Il est parti dans Athina (5a oblig.) en croyant partir dans Robin Hood (5b oblig.). Heureusement qu’il ne nous a pas envoyé dans du 7a…
Après une deuxième nuit au refuge du Tour, nous prenons la benne pour monter à l’Aiguille du Midi. D’où nous pouvons observer cette magnifique vue du Mont Blanc. Nous prenons ensuite le Panoramic Mont Blanc qui permet de traverser la vallée blanche sans effort, pour la modique somme de 48 €. Cette mécanisation de la montagne pose question au sein du groupe. D’un côté, on se sent moins privilégié que la haute montagne soit accessible à n’importe qui pouvant y mettre le prix. De l’autre, on se félicite qu’une personne à mobilité réduite puisse observer les merveilles de la vallée blanche.
Ci-dessous :
1er plan : Aiguilles Marbrées (3 535 m)
2e plan : Dent du Géant (4 014 m) et Aiguilles de Rochefort (4 001 m)
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Après nous être posés au Refuge Torino, dominant Courmayeur, nous repartons pour la Traversée de la Vierge au Petit Flambeau (PD) à deux pas du refuge. C’est déjà l’occasion de s’encorder sur glacier, d’observer des cristalliers péter des blocs au-dessus de nous pour chercher ces trésors de la montagne que sont les cristaux. Cette première « course1 » se passe sans encombre.
De retour au refuge, Christophe va se coucher vers 20h et nous restons à discuter des possibilités infinies que nous offre le terrain de jeu si proche de nous. On aperçoit les Aiguilles de Rochefort et la Dent du Géant, juste en face du refuge. Georges nous informe que ces courses sont infaisables à huit. Dépités, nous potassons le topo et trouvons une course dans la Pyramide du Tacul. Il s’agit d’une voie de douze longueurs dont la difficulté culmine à du 4c. La voie n’est que peu équipée cependant. Alors que nous commençons à nous échauffer, Georges nous fait redescendre sur terre : « Christophe n’acceptera certainement pas de nous emmener à huit là-bas ! ». Un peu déçus, nous allons nous coucher…
1 - On parle de « course » en alpinisme pour parler d’une randonnée technique en haute montagne.
Ci-dessus : Marche d'approche sous le lever de soleil
Le lendemain matin, Christophe a eu un rêve prémonitoire : « nous irons à la Pyramide du Tacul ! ». Je n’en reviens pas : « la télépathie existe ». En attendant la Pyramide pour le dernier jour, aujourd’hui nous traverserons les Aiguilles Marbrées (PD+). C’est heureux que je me lance dans le lead de notre deuxième course, encordé à Antoine. Nous trouvons le départ sans encombre. La voie se déroule sans soucis, nous prenons même la pause avec Christophe et Petra au sommet nord des aiguilles. Au pied du sommet sud, notre cordée décide de contourner le ressaut rocheux plutôt que de le gravir. Nous nous retrouvons sur un terrain scabreux et instable et devons attendre que tout le monde soit descendu sur le glacier avant de tenter de nous sortir de ce terrain en rocher pourri. Heureusement, nous rentrons tou·te·s au refuge sans plus d’émotions.
Le groupe en enfilade sur les Aiguilles d'Entrèves
Ni une ni deux, je m’y engage ! [...] J’arrive à une sangle placée sur un becquet rocheux sur lequel je m’assure.
Et là, plus rien...
Après une courte nuit, il n’est pas encore 5 h du matin que nous nous élançons pour 1 h de marche glaciaire afin d’arriver au départ de l’Arête d’Entrèves (AD –4c). Ce sont Julien et Thomas qui mènent la voie, aujourd’hui. Je suis encordé à Christophe. Tout se passe bien pour nos deux cordées. Nous attendons les deux autres cordées en bas des rappels – bien posés au soleil. Après quelques dizaines de minutes, les voilà enfin. Nous ne discutons pas trop car la course n’est pas finie. Il nous faut regagner rapidement le refuge pour que Christophe puisse avoir le temps de faire l’aller-retour à Chamonix pour récupérer du matériel qui nous sera essentiel pour la Pyramide du Tacul.
Lorsque nous sommes tou·te·s rentré·e·s au refuge, nous débriefons enfin de la journée et nous réalisons que cela n’a pas été une partie de plaisir pour le monde. L’une des membres du groupe a eu du mal à réaliser une traversée gazeuse2 sur l’arête et n’a pas trop profité du moment. Elle décidera, avec une pointe de tristesse, de nous abandonner pour notre dernière course qui s’annonçait déjà être la plus sérieuse !
En effet, pour notre dernière course, nous partons, de nouveau, un peu avant 5 h du matin pour la l’Arête
Est de la Pyramide du Tacul, aussi appelée la voie Ottoz (3 468 m ; D- 5a > 4b II P2 3). Après 1 h de marche d’approche glaciaire, nous passons facilement la rimaye 4 . Par chance, les glaciers étaient bien bouchés ! Nous attaquons ensuite les trois premières longueurs assez facilement, bien que pour plusieurs
2 - Comprendre : avec beaucoup de vide de part et d’autre.
3 - D- est la cotation globale, 5a est la cotation en escalade libre, 4b est la cotation obligatoire en escalade. II est le niveau d’engagement et il signifie dans notre cas un itinéraire P2 d’une longueur modérée (250 m de grimpe verticale). P2 au niveau de la qualité de l’équipement signifie qu’il est nécessaire de prendre de quoi compléter l’équipement dans les longueurs et renforcer certains relais.
4 - Crevasse entre le glacier et le rocher.
Ardennes & Alpes — n°221
d’entre nous, nous escaladions en « trad 5 » pour la première fois. Après ces longueurs, bien que la voie contourne deux belles fissures par la gauche, Christophe me lance le défi de passer tout droit par « la belle fissure à doigts ». Ni un e ni deux, je m’y engage ! Après quelques mètres de belle escalade en Dülfer6, j’arrive à une sangle placée sur un becquet rocheux 7 sur lequel je m’assure. Et là, plus rien. Enfin, il y avait bien une dalle lisse à droite et une des micro-prises à gauche pour rejoindre l’autre fissure à gauche de celle que j’avais suivie mais rien n’y fait, pas moyen de passer ! Je redescends donc , dépité, au relais précédent et décide de suivre la voie normale. Le seul hic : no us avons pris du retard et des cordées moins matinales que nous nous talonnent maintenant…
Notre cordée arrive finalement au relais de la neuvième longueur sur douze quand Christophe décide que nous devons rejoindre la ligne des rappels car nous risquons de nous retrouver coincés derrière l’une des autres cordées au rappel si nous n’écourtons pas la voie. Heureusement que nous avons déjà grimpé environ 200 m de ce magnifique granit. Et nous sommes prêts à rentrer. La première cordée est arrivée au sommet mais nous devrons revenir pour fouler le sommet du Triangle du Tacul !
Le retour n’est pas une mince affaire ! Après quatre rappels rondement menés par Georges et Christophe, nous rejoignons le glacier où nous marchons encore pendant 2 h 30 pour boucler notre traversée de la vallée blanche et arriver à l’Aiguille du Midi. Le tout aura duré un peu moins de 12 h ! Après l’effort vient le réconfort, nous débriefons de la semaine, une bière à la main et terminons la journée à manger une raclette à Argentière. Quand je dis terminer, il nous restait encore 2 h de route pour arriver à notre hôtel mais ceci est une autre histoire.
JONATHAN DELCHAMBRE
5 - L’escalade « trad » ou « traditionnelle » associe l’escalade libre et l’usage exclusif de protections amovibles.
6 - Escalader en Dülfer signifie de tirer sur les bras tendus et de pousser simultanément avec les pieds.
7 - Un becquet rocheux est un point d’assurage naturel dans le rocher.
THOMAS COLIN
La Dent du Géant
avec Coline Bodarwé & Francisco Hernandez Lucas (dit “Cis”)
La Dent du Géant est un sommet du massif du Mont Blanc culminant à 4 014 m. Accéder à son sommet nécessitera de traverser un glacier, de gravir un court couloir de neige, de progresser d’un pied léger sur une approche pavée de rocaille instable, et finalement, d’escalader un pilier granitique de 150 m. Ça risque d’être compliqué ! Cis et moi avons déjà fait quelques courses alpines ensemble et on a grimpé avec Coline : on pense avoir la maturité pour prendre les bonnes décisions, y compris – potentiellement –celle de faire demi-tour…
Pour s’acclimater et tester notre cordée, on commence par un aller-retour au refuge du Requin. On y tentera la voie normale de l’Aiguille Pierre Allain (2 784 m), nommée d’après l’inventeur des chaussons d’escalade. Au départ de Chamonix, on embarque dans le petit train du Montenvers, direction la Mer de Glace1. Quand ce train fut construit en 1909, il arrivait au glacier ; mais ce dernier s’affaisse chaque année. En 1988, une télécabine a été construite pour descendre de 200 m jusqu’à la glace. En 2024, elle est remplacée par une autre qui va encore plus bas… Triste illustration du réchauffement climatique.
1 - Célèbre glacier situé dans la vallée entre l’Aiguille Verte et les Aiguilles de Chamonix.
Quelques cailloux
rebondissent
dans la pente, déstabilisés par les cordées parties plus tôt que nous.
Sur les premiers kilomètres de glacier se trouvent une foule d’apprentis alpinistes et leurs instructeurs, venus découvrir l’utilisation des piolets et crampons. Nous les dépassons et nous voilà soudain séparés du genre humain, encerclés par des sommets mythiques : les Aiguilles de Chamonix, l’Aiguille Verte, les Grandes Jorasses, la Dent du Géant. Quelle ambiance, quelle solitude !
Lors du dîner, au refuge du Requin, nous ne sommes que six : le gardien, deux alpinistes (dont un guide) et nous trois. La nourriture est excellente et l’atmosphère conviviale ; on discute des projets de chacun. Après l’ascension de l’Aiguille Pierre Allain, nous voulions redescendre à Chamonix pour rejoindre le rifugio Torino en remontées mécaniques. Le guide trouve ce plan absurde : « Redescendre ? Mais le Torino est à deux heures de marche ! » Pourquoi pas ? On se réveille tôt le lendemain et, après cinq heures de marche tout seuls sur le glacier du Géant, nous voilà donc au Torino.
Le changement de ton est radical : il y a au moins 150 personnes, un bar, des transats, de la musique, on va devoir vivre en société… La nuit, un de nos compagnons de chambre lit à la frontale à 22 h ; pire, lorsque quelqu’un réussit à s’endormir malgré sa lampe, il va les réveiller au plus petit ronflement ! Heureusement que Cis est pédagogue : « SHUT THE FUCK UP, AND SLEEP ! ».
Le lendemain, sur l’approche de la Dent du Géant, il y a encore du monde : quelques cailloux rebondissent dans la pente, déstabilisés par les cordées parties plus tôt que nous. Mais dans la voie, le granite est excellent. Toutes les cordées vont vite : la possibilité de s’aider des cordes fixes évite les bouchons. On atteint le sommet sans encombre. D’un regard, on récapitule le long chemin parcouru depuis la Mer de Glace. C’est notre premier 4 000 m ! On est super fiers.
On ne se déconcentre pas, il faut redescendre ! Le couloir de neige, gelé à la montée, est maintenant tout mou ; on lui préfère le chemin alternatif par les rochers. Mais on suit les mauvais cairns2 et on est bloqués par la rimaye3. J’analyse la situation : option 1, franchir le
2 - Une petite pyramide de cailloux qui indique le chemin à suivre.
3 - Une rimaye est une crevasse séparant un glacier en mouvement et son environnement immobile (neige, glace, ou rocher).
pont de neige4 qui conclut le couloir ; option 2, remonter pour retrouver le bon chemin dans les rochers. Cis est partant pour le pont de neige. Coline ne le sent pas trop, mais elle ne veut pas non plus remonter. Faut se décider, je lui dis, c’est l’un ou l’autre ! L’heure tourne, la cuisine du refuge va fermer… « Et si on s’assurait ? », propose-t-elle… C’est cela l’alpinisme : savoir rester prudent même quand on a peur de rater le dîner. « Un instant de laisser-aller peut ruiner le bonheur d’une vie !5 »
Je construis un relais sur coinceurs pour sécuriser la traversée du pont de neige ; le troisième sera assuré par le poids des deux premiers.
Épuisés physiquement et mentalement, nous sommes de retour au Torino juste à temps pour manger. On fête ça avec le gros rouge en cubi le moins cher du refuge, que le barman décrit comme « delizioso, meraviglioso ». Ça a quasiment un goût de vin !
C’est le goût du succès !
4 - Un pont de neige, comme son nom l’indique, est une passerelle de neige au-dessus du vide. Plus ou moins solide…
5 - La formule est d’Edward Whymper, survivant de la première ascension du Cervin. On a ensuite appris qu’un alpiniste s’était grièvement blessé en tombant dans cette même rimaye, juste 3 jours avant notre passage.
Ardennes & Alpes — n°221
Page 15 : Coline sur l’arête sommitale, avec le Mont Blanc en arrière-plan. – Dent du Géant
Double-pages précédente : Coline essaie des lunettes cassées trouvées sur la Mer de Glace. De nous trois, c’est la moins familière avec la haute montagne. « Il est où le glacier ? » Tu marches dessus Coline ! – Mer de Glace
Page de gauche : Au sortir du refuge du Requin (visible sur l’arête) le terrain est complexe: glacier menaçant au-dessus, torrents puissants qui font fondre la neige par en-dessous, crevasses parfois béantes, parfois cachées sous la neige… On n’aurait pas osé sans les conseils du gardien du refuge. – Glacier du Géant
Page de droite : Thomas dans les plaques Burgener. On a opté pour cette belle fissure deux mètres à droite du trafic de la voie normale. – Dent du Géant
THOMAS COLIN, avec COLINE BODARWÉ et FRANCISCO HERNANDEZ LUCAS (dit “CIS”)
Épisode II
Rêve blanc
Expédition dans les « alpes
GEORGES TOD
» suédoises
Comme promis par John dans l’A&A précédent, nous allons vous partager quelques péripéties de notre expédition dans les alpes scandinaves, tout au Nord de la Suède. Inspiré par le récit de John, je prends la plume.
Lorsque John [ndlr : Jonathan Vard] m’a proposé de faire ce voyage ensemble l’hiver suivant, j’ai tout de suite dit oui. Je n’avais pas tout de suite compris que l’idée était de faire ça à ski. Je n’avais jamais skié de ma vie. Et d’ailleurs je n’avais jamais bivouaqué dans un froid pareil non plus. On peut presque se demander ce que je faisais là. Après avoir skié environ 450 km en 25 jours et atteint 3 beaux sommets au milieu d’endroits incroyables, je crois que j’ai appris deux ou trois trucs :
1. toujours garder les skis parallèles pour les photos
2. les tempêtes de neige c’est cool, surtout lorsque l’on est à l’abri
3. apprendre à descendre en ski avant d’apprendre à monter est une meilleure idée que l’inverse
4. quelque chose me dit que je ne deviendrai jamais champion de ski
J’ai fait un nombre incalculable de chutes. La plus belle, au troisième jour. Un virage raté en neige dure, un bâton de ski qui se coince entre ma poitrine et le sol. Et voilà, une côte fêlée. Mais il faut relativiser :
John est parti cinq semaines après s’être fracturé une vertèbre, alors comme ça on a aussi partagé les anti-inflammatoires ! Derrière cette légèreté se cache une belle histoire de partage. Savoir dire à son partenaire, « j’ai (très) mal à une côte » ou « je suis (méga) fatigué » sans avoir à faire le dur, a été un vrai bonheur. Nous n’avons pas foncé tête baissée sur nos objectifs initiaux. Il va sans dire que dans cette expédition, John était plutôt l’athlète et moi plutôt l’enthousiaste dans l’effort que vraiment un athlète. Une sorte d’ Eddie the Eagle. Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, je vous laisse découvrir le film avec Taron Egerton, un bijou. En tout cas, un tout grand merci à toi John pour ce moment incroyable ! À notre expédition, je pense que j’ai su apporter mon appétit dévorant et des petites blagues quotidiennes. Alors si vous en avez l’occasion pour votre prochaine expédition, pensez à prendre votre Georges avec vous.
Avec du recul, je me demande ce qui m’a donné envie de faire cette expédition. N’était-ce que pour faire la couverture d’Ardennes et Alpes et la gloire qui accompagnerait un tel exploit ? Ou alors pour demander à Red Bull de bien vouloir sponsoriser notre prochaine folie ? Peut-être que j’espérais trouver un bus magique à la Chris McCandless dans Into the Wild ? Rien de cela en réalité. Et même si je n’ai toujours pas une réponse claire, une partie de celle-ci se trouve dans la beauté magique des lieux reculés et sauvages dans lesquels nous sommes allés nous perdre.
Pour partager cette histoire, je propose de le faire dans le désordre, dans une forme d’improvisation dans laquelle des moments insignifiants prennent des proportions géantes et où de belles choses peuvent passer inaperçues.
Ardennes & Alpes — n°221
Pour clarifier les choses, faire des crottes arctiques est extrêmement compliqué
Commençons par la fin. Lorsque je suis rentré à Bruxelles, beaucoup de gens m’ont demandé : « est-ce que tu as perdu un doigt ? » et « comment tu faisais pour faire caca ? ». On s’en prend plein la vue lorsque l’on part comme ça au milieu de pas grand-chose, mais parfois je me demande si le retour n’est pas encore plus terrible. Pour clarifier les choses, faire des crottes arctiques est extrêmement compliqué. Il faut savoir baisser son pantalon, pousser un petit coup et recouvrir la petite crotte de neige ! Alors pour ce qui est d’avoir froid en revanche, c’est une autre histoire.
Le froid que je connaissais n’a pas grand-chose à voir avec celui qui nous a accueilli. Débordants d’enthousiasme devant un magnifique ciel étoilé, nous avons dormi le premier soir à la belle étoile par -20°C. Avec du recul, bien sûr que l’idée est audacieuse. Comme dirait John, « les givrés du Sarek » prend tout son sens.
Petit à petit, je me suis habitué à ne plus quitter mes vêtements pour dormir. Presque trente jours dans le même caleçon, un record personnel. Un autre truc chouette à savoir, c’est qu’à force de respirer de l’air froid, on s’y habitue. En revanche, ce truc de perdre la sensation des doigts dès que l’on reste plus de
10 minutes immobiles, ce n’est pas pratique. Admirer le ciel étoilé et les aurores boréales restera, à mon grand regret, une activité éphémère.
À mon retour à Bruxelles, je garderai un picotement dans les pieds pendant environ un mois. Rien de bien sérieux. En même temps, on a vécu dans des bottes de ski. Pas forcément le milieu le plus cosy du monde. De quoi nouer une relation d’amour et de haine avec celles-ci. On s’aimait en journée lorsque la température me permettait de bouger mes orteils ou tout du moins de les sentir. Le reste du temps, c’était la torture. Étant donné que l’on transpire dans la botte, cette sueur gèle pendant la nuit. Super plan le matin pour : (1) réussir à remettre la botte qui contient désormais de la glace à l’intérieur et (2) réussir à faire fondre la glace par le mouvement. On ne vous fait pas un dessin, cela prend longtemps tous les matins pour se sentir bien.
Petit à petit, je me suis habitué à ne plus quitter mes vêtements pour dormir. Presque trente jours dans le même caleçon, un record personnel.
1. On quitte petit à petit Gisuris et sa taïga pour entrer dans le Sarek. John tracte la pulka. – Gisuris, Suède
2. Georges fait le malin avant la tempête.
– Sarek, Suède
3. L’abri d’urgence.
– Sarek, Suède
4. John dans la vallée de la Ruohtesvagg.
– Sarek, Suède
5. Sur les hauts-plateaux – Abisko, Suède
6. Georges face à l’immensité du blanc, nos derniers instants avant de démarrer.
– Abisko, Suède
Si les montagnes ont décidé que l’on ne passerait pas, alors on ne passera pas.
Après 7 jours de bataille, j’ai décidé que je porterai de magnifiques sacs en plastique entre mes chaussettes et mes bottes afin de garder un maximum d’humidité dans les chaussettes uniquement. Cette technique sera une réussite. À un détail près peut-être : l’odeur. En parlant de lieux magiques, la traversée Nord-Sud du Sarek par le delta des prédateurs a été une des plus belles semaines. Fini la Kungsleden et son chemin balisé. Dans le Sarek, à nous de tracer notre voie. Il n’y a plus grand monde. Cette fois, plus on avance et plus on s’éloigne de toute infrastructure humaine. On est fort à la merci des éléments et il ne me reste pour me cacher, que ma capuche, ma cagoule et mes grosses lunettes. Les éléments vont d’ailleurs se déchaîner mais pas tout de suite. Quand on rentre dans la vallée de la Ruohtesvagge, les nuages dansent. Tantôt on voit les montagnes énormes entre lesquelles on va naviguer, tantôt les nuages descendent très bas et il ne nous reste plus qu’à imaginer ce qu’il y a derrière. Le spectacle qui se déroule sous nos yeux est à la fois beau et intimidant. Heureusement, pour quand le temps se gâte, nos GPS ont les batteries pleines. De la même manière que certain·e·s atteignent les 8 000 m d’altitude sans oxygène, peut-être qu’un jour un défi sera de traverser le Sarek en hiver sans GPS et sans y rester. En ce qui nous concerne, on est fou mais pas tant que ça. Dans cette vallée, on prend de l’altitude, au revoir les arbres, c’est le retour des rochers et du blanc à perte de vue. J’ai tendance à croire que de tels lieux sont animés : si les montagnes ont décidé que l’on ne passerait pas, alors on ne passera pas. Ces nuages au-dessus de nous nous parlent et semblent, pour le moment, nous accueillir.
Ce jour-là, John tracte la pulka sur plus de 20 km avec plusieurs centaines de mètres de dénivelé positif, une belle étape. Ceci nous permet de bivouaquer à moins de 15 km du seul abri d’urgence du parc du Sarek. Une stratégie lumineuse.
Le lendemain, on a le temps de prendre notre magnifique petit-déjeuner à base de flocons d’avoine et de faire vite fait les malins devant l’appareil photo. Le reste de la journée peut se résumer très simplement. Le vent se lève, la neige tombe de plus en plus fort et la visibilité se réduit à quelques mètres. Cette fois, c’est ambiance tempête. Avant de partir en voyage, j’avais juré à John que la meilleure chose à faire en cas de tempête, c’était en premier lieu de faire des selfies hyper instagrammables. Forcément le moment venu, on fait moins le malin. Il n’y a pas eu de selfie. J’ai passé ma journée à skier et à tracter la pulka
Ardennes & Alpes — n°221
derrière ce que j’arrivais à voir de John : ses bottes et son pantalon. Mon journal de voyage indique que ce jour-là, j’ai eu le loisir de compter tous les plis de son pantalon : entre 5 et 9 apparemment. En même temps, il faut bien s’occuper. Stratégie lumineuse donc, puisque l’urgence s’est présentée. Skier dans la tempête a été original. Dans ces conditions, on avance et puis comme on ne voit pas grand-chose, il n’est pas possible d’anticiper une pente sur notre chemin. Alors parfois, je vois John disparaître tout d’un coup dans le blanc, je me presse de le suivre et je me fais également engloutir par la pente.
À la sortie de cette vallée étroite, la montagne nous donne un peu de répit : les nuages se dissipent d’un coup, la vue se dégage et on aperçoit au loin ce qui sera notre abri. Lorsque l’on prend place dans cet abri, c’est l’occasion de déguster un thé, encore des flocons d’avoine et des biscuits moisis qui ont été abandonnés l’été précédent. Avec John, on est comme ça, on ne se refuse rien : toujours prêts à goûter les produits locaux. Le temps de se dire que c’est quand-même chouette d’être là et voilà que l’on aperçoit deux silhouettes au loin qui semblent elles aussi foncer sur notre abri. Ce sont Ingrid et Hans, un couple d’Autrichiens fort sympathiques, aux airs de professionnels de l’aventure qui ont également senti la vraie tempête venir et sont venus se réfugier.
Encore des flocons d’avoine et des biscuits moisis qui ont été abandonnés l’été précédent. Avec John, on est comme ça, on ne se refuse rien : toujours prêts à goûter les produits locaux
Dehors, les nuages reviennent, le vent se lève encore plus et il devient maintenant évident que l’on va passer la nuit à 4 personnes dans 6 m². Nos camarades de fortune semblent avoir fait ça toute leur vie, ils sont très équipés : une cafetière italienne et
Je pense que j’ai su apporter [...] des petites blagues quotidiennes.
Alors si vous en avez l’occasion pour votre prochaine expédition, pensez à prendre votre « Georges » avec vous.
du très bon café en grande quantité. Contrairement à nous, ils ont pris avec eux des couches de confort : des bottines et des pantalons en duvet. Quel luxe, je suis un peu jaloux et en même temps je me dis que la quantité de plumes qu’ils transportent est phénoménale. Je crois que j’aime bien la sobriété de notre tactique light, fast and cold. Finalement, on passera deux nuits dans cet abri. Hans, notre montagnard ayant parcouru quelques 8 000 m, tout en ayant perdu quelques phalanges, semble assez stoïque devant les vents qui avoisinent les 100 km/h à l’extérieur. Ingrid semble aussi en avoir vu d’autres. Iels m’impressionnent. Iels nous partagent des récits de montagne et nous conseillent de beaux massifs de grandes voies en Autriche, mais ça c’est une autre histoire.
Au levé du troisième jour, le ciel est limpide, le vent est tombé, le froid mord toujours, mais différemment. C’est le moment de partir, la montagne a parlé. On continue vers le Sud, en direction du delta des prédateurs. On va perdre très vite de l’altitude, retrouver des arbres, du soleil et des empreintes mystérieuses toutes fraîches dans la neige, mais je m’arrête là pour aujourd'hui...
Un tout grand merci à Lecomte Alpirando, le Club Alpin Belge, Isabelle ainsi qu’à (un autre) Georges pour leurs soutiens matériels et immatériels sans quoi tout ceci aurait été bien plus difficile à réaliser ! J’ai toujours rêvé d’écrire une phrase de ce type-là.
GEORGES TOD
« Au-dessus des vieux volcans Glissent des ailes sous le tapis du vent Voyage, voyage »
En vous souhaitant un Bon Voyage
SÉBASTIEN BERTHE Images de SOLINE KENTZEL
Bienvenue à bord de Bon Voyage Airline à destination de votre destin. Votre temps de vol pourrait bien être long, et sans nul doute effrayant. Quelques turbulences sont prévues et l’issue est plus qu’incertaine.
L’idée qu’une voie puisse être grimpée en libre sur coinceurs sur cette paroi est semblable à un tour de magie.
Ardennes & Alpes — n°221
Il était une fois une voie, située à Annot dans l’arrière-pays niçois, ouverte par James Pearson au début de 2023, puis répétée pour la première fois par l’unique Adam Ondra en février 2024. Après de longs mois de réflexion, James a proposé la cotation de 9a/E12, ce qui en fait l’une des voies en trad les plus difficiles, sinon la plus difficile, au monde. Cette voie s’appelle Bon Voyage et elle porte bien son nom : le processus, avec tous ses rebondissements, que j’ai vécu ressemblait clairement à un bon voyage !
La voie démarre dans une magnifique fissure puis traverse vers la gauche dans un mur impressionnant et vierge. L’idée qu’une voie puisse être grimpée en libre sur coinceurs sur cette paroi est semblable à un tour de magie. Un grand bravo au magicien James, pour avoir eu la vision et la persévérance de mener son « Bon Voyage » jusqu’au bout !
La difficulté de la voie commence après une vingtaine de mètres d’escalade : 12 mouvements vraiment intenses et complexes, exigeants pour les doigts, se terminant sur une arête incroyable très à gauche. La section elle-même pourrait probablement être cotée 8c ou 8c+, et elle est assez engagée. Cependant, comme l’a dit Adam, elle est « probablement sécuritaire » avec un bon assureur. Néanmoins, il y a un pic rocheux, une « guillotine », quelques mètres en dessous de l’arête finale, ce qui est plutôt intimidant. Je crois qu’une mauvaise chute au mauvais moment, avec juste un peu trop de mou dans la corde, pourrait probablement aboutir à un choc violent.
J’ai d’abord essayé Bon Voyage en avril 2023 pendant une demi-heure après mon ascension flash de sa variante plus facile « Le Voyage ». J’ai immédiatement été séduit par la voie et j’ai décidé que ce serait l’un de mes principaux objectifs pour 2024.
C’est pourquoi je suis revenu à Annot fin février de cette année, quelques jours seulement après l’ascension éclair d’Adam Ondra, avec la ferme intention de m’attaquer à la voie ! Dès la première session, je me suis forcé à grimper en tête pour m’habituer à la pose des protections et aux chutes. Mes progrès ont été assez rapides, et dès la troisième session, je pensais pouvoir faire toute la section difficile d’un seul coup, mais apparemment mon voyage n’avait pas été planifié comme ça. Le mouvement clé de la voie est un grand mouvement vers la gauche à partir d’un tout petit trou mono-doigt dans lequel seul l’auriculaire peut entrer complètement, un mouvement très agressif et particulier. Alors que j’essayais la section avec de très bonnes sensations, aïe, c’est la douche froide : je ressens une douleur vive et un choc dans ma main et mon avant-bras… Diagnostic : une petite déchirure des muscles lombricaux à l’intérieur de la main. Ainsi, ce premier voyage se termine brusquement, et c’est avec frustration et, surtout, un fort désir de revenir que je quitte Annot !
Deux semaines plus tard, je suis de retour ! Mon doigt va un peu mieux, mais je ne suis pas complètement guéri. Je peux facilement grimper en utilisant quatre doigts, mais je ressens de la douleur dès que mon annulaire et mon petit doigt sont séparés. Je suis hésitant à reprendre le processus si rapidement, mais la tentation de revenir à Bon Voyage est trop forte : la voie me hante et la météo pour les prochains jours est parfaite. Une voix en moi me dit que je peux essayer à nouveau malgré la petite blessure, que je pourrais changer ma méthode dans le mouvement clé, utiliser un autre doigt, et que cela devrait probablement aller pour les autres mouvements.
Je passe deux sessions à essayer de retrouver de bonnes sensations, à recalibrer les mouvements et à m’habituer à diriger le début. Puis, après une journée de repos, je me sens prêt pour quelques essais « A muerte » !
Ce jour-là, je fais un bel effort et tombe au crux depuis le sol. Je me sens assez proche de terminer le travail. Malheureusement, en retournant au sol, je remarque que j’ai gravement déchiré ma peau à cause de la prise cruciale, cette maudite poche mono-doigt, pendant ma tentative, et j’ai une profonde coupure. Impossible de réessayer… Alors, je décide de prendre deux jours de repos et de tout faire pour guérir cette blessure le plus rapidement possible.
Le 19 mars 2024, je retourne à la falaise après deux jours de repos. Ma motivation est à son maximum ; je suis impatient d’en découdre ! Ma peau s’est plus ou moins refermée, mais je sens qu’elle ne tiendra pas longtemps. Pendant l’échauffement, je teste le mouvement sur une corde statique, mais je n’ose pas trop forcer car je sens que la plaie pourrait s’ouvrir directement. Eh bien, à ce moment-là, je sais que je pourrai n’avoir qu’une seule chance. Je vais tout donner !
Aux grands maux les grands moyens : avant mon essai, je décide de mettre de la « super-glue » sur ma peau pour protéger la blessure et l’empêcher de se rouvrir jusqu’à plus tard. Je suis nerveux ; je suis stressé. Je sais que c’est possible, mais je vais devoir me sublimer ! Ma préparation est minutieuse ; mes coinceurs sont placés dans l’ordre et du bon côté sur mon baudrier. La moindre erreur maintenant me coûterait de précieuses secondes pendant la grimpe et probablement l’enchainement. Je ne laisse donc rien au hasard et veille à ce que tout soit optimisé ! Il y a beaucoup de monde à la falaise (James Pearson vient d’arriver pour travailler sur un nouveau projet à proximité) et l’ambiance est électrique. Je donne les dernières instructions à mon assureur, James Taylor, un Anglais venu spécialement pour le Voyage, et c’est parti !
Alors que j’entame les premiers mètres, je constate que tout le monde arrête de grimper et se tait pour regarder ma tentative ; la tension est à son comble. Je grimpe facilement et rapidement la première partie de la voie. Je me sens bien et fort. Après quelques minutes de grimpe, je suis déjà au dernier repos ; je place la dernière protection (placement à l’aveugle
Je suis nerveux ; je suis stressé. Je sais que c’est possible, mais je vais devoir me sublimer.
Voyage, voyage
Plus loin que la nuit et le jour
Dans l’espace inouï de l’amour Voyage, voyage
Et jamais ne reviens
d’un petit friend dans un trou que j’ai travaillé longuement pour l’exécuter efficacement et surtout correctement. Lors d’une chute, si cette protection venait à lâcher non loin du sol…). Quand je me lance dans la section, je suis déterminé et prêt à tout donner. Les encouragements deviennent de plus en plus forts à mesure que je progresse dans la section difficile et engagée.
Je suis maintenant au crux ; je place le bout de mon majeur dans ce fameux trou et le tords pour le rentrer au mieux. Je sens immédiatement toute la colle partir et la prise attaquer ma chair, mais il n’y a pas de temps pour y penser ! Je lance mon corps vers la gauche et parviens à attraper la prise suivante avec l’extrémités de mes doigts. Et c’’est là que commence le véritable combat. Je sais exactement ce que je dois faire ; je suis précis dans mes mouvements, mais je souffre ; à chaque mouvement, je dois lutter. Les potes en bas me poussent littéralement avec leurs encouragements ! Je prends une sacrée reculée dans le mouvement le plus délicat en matière d’engagement (à ce moment-là une chute dirigée du mauvais côté pourrait m’envoyer frapper le pilier pointu, aka « la guillotine », quelques mètres plus bas). Presque comme par miracle je reste sur le mur… Ça y est, je suis sur l’arête finale. Maintenant, je dois rester concentré. C’est plus facile mais encore exigeant techniquement : il faut charger un minuscule galet lisse très haut avec le pied gauche (Adam Ondra y est même tombé). Je fais les derniers mouvements, exultant, criant de joie ! Je l’ai fait ! Le soulagement et le plaisir d’atteindre le sommet de cette magnifique voie m’envahissent. Je m’assied sur le rebord de la falaise et profite de l’instant…
Merci de vérifier que vous avez bien récupéré tous vos coinceurs et brossé vos tick-marks. Bon Voyage Airlines vous souhaite un merveilleux séjour.
SÉBASTIEN BERTHE
Note : un film original sur ce voyage est en cours de préparation, stay tuned !
Note bis : Merci à toutes celles et ceux qui m’ont soutenu dans ce processus.
De la coupure à la reprise
Ma recette pour performer au mieux
MAXIMILIEN DRION
Quand on pratique à la fois le trail et le ski-alpinisme, il est important de réaliser une coupure après chaque saison pour repartir de plus belle. Cette période est très importante à mes yeux. Je profite également toujours de ma reprise pour réaliser plusieurs tests en vue d’optimiser mes performances. C’est ce dont je vais vous parler dans ce nouvel article.
me recharger mentalement. En principe, j’en profite également pour faire un bilan de santé général comprenant prise de sang, passage chez l’ostéopathe, chez le dentiste et chez un médecin du sport. Cela me fournit les données de base dont j’ai besoin, tout en remettant en ordre ce qui doit l’être.
Au-delà de la récupération physique, cette période me permet de me recharger mentalement.
Reprendre sur de bonnes bases
Couper pour mieux redémarrer
Ma coupure dure généralement deux semaines. Je ne fais alors pas de sport du tout. Au-delà de la récupération physique, cette période me permet de
Ce printemps, j’ai entamé ma coupure le 19 avril, dès que j’ai su que la Patrouille des Glaciers était annulée. J’ai ensuite recommencé à m’entraîner le 2 mai. A chaque reprise, je suis surpris à quel point cette pause m’a fait "régresser". En revanche, c’est très agréable de voir mes sensations s’améliorer jour après jour, pour atteindre un premier pic de forme après cinq à huit semaines en moyenne. Cette année, après trois semaines d’entraînement, j’avais déjà retrouvé un bon niveau. J’en ai donc profité pour réaliser quelques tests physiques en Belgique
À
Au-delà de la récupération physique, cette période me permet de me recharger mentalement.
avec les experts du CAPS de l’ADEPS. Cette partie est primordiale à mes yeux, elle me permet d’aller plus loin dans l’évaluation de ma forme et surtout de mieux savoir comment m’améliorer.
Après trois semaines d’entraînement, j’avais déjà retrouvé un bon niveau. J’en ai donc profité pour réaliser quelques tests physiques en Belgique.
chaque test sont intérêt
Tests musculaires
Ces tests physiques ont été réalisés avec Cédric Laurent au Campus Erasme de l’ULB. Ils me permettent de connaître ma force absolue, ma force explosive, mon élasticité musculaire et ma réactivité. La comparaison des résultats avec ceux de tests réalisés antérieurement me permet de mesurer mon évolution et d’identifier les sources d’amélioration.
Test dexa de composition corporelle
J’ai également effectué ce test au Campus Erasme de l’ULB. L’analyse de ma composition corporelle me permet de mesurer principalement mes taux de masse grasse et de masse maigre. En pratique, il est important que mon taux de graisse ne soit pas trop élevé. Toutefois, les graisses sont aussi importantes, notamment pour les efforts longs. Mes résultats sont stables par rapport à novembre 2023 et sont dans la norme pour les sportifs de haut niveau. Je n’ai donc pas mangé trop de frites, ouf !
Tests isocinétiques
Ces tests ont été réalisés avec François Delveaux au CHU de Liège (Sart Tilman). Concrètement, il s’agit de mesurer isolément la force que je suis capable de développer avec mes quadriceps gauche et droit, mais aussi avec mes ischio-jambiers gauche et droit. Par le passé, des différences significatives avaient été observées. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et c’est une très bonne nouvelle. Cela veut dire que le travail fourni en amont a porté ses fruits.
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Test à l’effort
J’ai effectué ce test avec Nicolas Benoit à l’UCL de Louvain-la-Neuve. Le but est de définir et confirmer certaines zones de fréquence cardiaque et d’allure que j’utilise à l’entraînement. En pratique, j’ai couru sur un tapis de course avec une pente de 0.5 % correspondant à la résistance de l’air. J’ai commencé à 12 km/h en augmentant la vitesse du tapis de 1 km/h toutes les deux minutes. Je suis parvenu à suivre le rythme du tapis jusqu’au palier de 22 km/h, mais je n’ai tenu qu’un peu plus d’une minute à cette vitesse. La fréquence cardiaque maximale obtenue fut de 190 bpm. Dans l’ensemble, c’est très positif.
Nous avons voulu plus travailler ma vitesse à plat en début de saison, sachant qu’il y a pas mal de portions plates sur deux des principaux objectifs de ma saison de trail.
Travail de vitesse
Avec mon entraîneur Yannick Ecoeur, nous avons décidé de changer ma préparation cette année. L’idée est de travailler davantage ma vitesse à plat en début de saison, sachant qu’il y a pas mal de portions plates sur deux des principaux objectifs de ma saison de trail, que sont le Marathon du Mont-Blanc et Sierre-Zinal. Outre un entraînement spécifique, je me suis aussi aligné sur le Semi-marathon des Terroirs du Valais fin mai. Malheureusement, les jours qui ont précédé la course, je me suis senti très fatigué et sans énergie. Cela s’est ensuite reflété sur ma performance. Après 8 km de course, j’avais presque envie de marcher. J’ai tout de même souhaité rallier l’arrivée, mais cela m’a paru interminable. Je visais environ 1h08 et j’ai terminé en un peu plus de 1h20 en relâchant mon effort. Au-delà de mon état de forme qui n’était pas bon, j’en retiens aussi qu’un peu plus de trois semaines pour préparer un semi-marathon n’est pas suffisant. Je m’en souviendrai à l’avenir.
Nous avons voulu plus travailler ma vitesse à plat en début de saison, sachant qu’il y a pas mal de portions plates sur deux des principaux objectifs de ma saison de trail.
Et maintenant ?
Après un bon mois axé sur la vitesse, les sorties trail reprennent désormais plus d’importance dans ma planification. En effet, de grosses courses arrivent et il est temps d’avaler du dénivelé. Le 16 juin, je serai au départ de la course de montagne Neirivue-Moléson. Ensuite, j’enchainerai le 30 juin avec le Marathon du Mont Blanc, ma première vraie échéance de la saison. Vous pouvez consulter mon agenda complet en suivant le lien en bas de page. Amis belges, notez également que j’espère mettre une ou deux courses en Belgique à mon programme à partir de septembre, comme préparation pour ma saison de ski-alpinisme. La suite très vite avec, je l’espère, de beaux résultats !
MAXIMILIEN DRION
Mon agenda : https://maximiliendrion. exposure.co/du-skialpinisme-au-trailmon-agenda-pour-les-mois-a-venir
1. Maximilien et sa compagne officielle d'entraînement, Emmy.
2. Test de musculation
3. Max et sa chienne Emmy
4. Test DEXA corporelle
Hannes Van Duysen
Le Premier Belge qualifié en escalade aux Jeux Olympiques – Direction Paris 2024
SIMON VANKEERBERGHEN – Responsable Communication CAB Images © BELGAIMAGE
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont été un événement historique pour de nombreux athlètes, mais pour Hannes Van Duysen, cette édition a pris une dimension particulière. Ce grimpeur belge exceptionnel a marqué l’histoire en devenant le premier belge à se qualifier pour les Jeux Olympiques en escalade. Sa qualification lors des épreuves de Shanghai et de Budapest a fait sensation et a ouvert un nouveau chapitre pour l’escalade belge et mondiale.
Son talent et sa détermination ont été des éléments clés qui ont permis à Hannes d’atteindre cet objectif. La Belgium Clumbing Team ainsi que tous les passionnés d’escalade ne pouvaient être plus fiers de lui. Cette qualification est un exploit monumental pour le jeune athlète de 19 ans, un résultat prometteur qui laisse entrevoir un avenir brillant.
Les Débuts d’un Jeune Champion
Une Qualification Historique
Le 19 août 2023, Hannes Van Duysen a officiellement décroché son billet pour Paris lors de la deuxième manche des qualifications olympiques qui se sont déroulées à Budapest. Il a brillé en demi-finale, obtenant une troisième place spectaculaire. Cette performance lui a garanti la qualification directe pour les Jeux Olympiques, une première pour un athlète belge dans cette discipline en plein essor.
Né à Bruxelles en 2005, Hannes Van Duysen s’est rapidement passionné pour l’escalade. Très tôt, il s’est illustré dans les compétitions nationales avant de se faire un nom sur la scène internationale. Ce n’est qu’à l’âge de 16 ans qu’il a véritablement commencé à gravir les échelons de la scène internationale, en remportant des podiums lors de compétitions européennes et mondiales juniors. Ces résultats ont rapidement attiré l’attention du monde de l’escalade professionnelle, marquant le début de sa montée en puissance vers le statut de champion.
Avec une préparation intense en vue des Jeux Olympiques, Hannes a passé des mois à s’entraîner en bloc et en lead, perfectionnant son agilité, sa force et sa technique. Sa discipline et sa passion pour l’escalade lui ont permis de se hisser au niveau le plus élevé, confirmant sa place parmi les meilleurs grimpeurs du monde.
Une performance
Olympique prometteuse
Lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, Hannes Van Duysen a démontré toute l’étendue de son talent. Bien que le jeune athlète n’ait pas réussi à se qualifier pour la finale, il a terminé à une très belle 14e place, une position remarquable pour un grimpeur de seulement 19 ans. Pour une première participation olympique, ce résultat laisse présager de futures performances encore plus impressionnantes. La compétition olympique est une expérience qui teste non seulement les capacités physiques des athlètes, mais aussi leur endurance mentale. Malgré la pression immense et le niveau de compétition incroyablement élevé, Hannes a su rester concentré et livrer une performance dont il peut être fier.
Vers de Nouveaux Sommets : Los Angeles 2028
Le regard de Hannes Van Duysen s’est déjà tourné vers l’avenir. Après ces Jeux Olympiques, il ne fait aucun doute que son esprit est désormais focalisé sur l’objectif suivant : Los Angeles 2028. Cette jeune étoile montante de l’escalade a montré qu’il possède le potentiel nécessaire pour figurer parmi les meilleurs et que ses efforts continus lui permettront sans doute de viser encore plus haut lors des prochaines Olympiades. L’expérience qu’il a acquise à Paris servira de tremplin pour Hannes. Avec l’âge de son côté et une détermination sans faille, il est fort probable que nous le reverrons en pleine forme pour les Jeux de #LA28 . Il incarne l’avenir de l’escalade belge et internationale, beaucoup misent déjà sur ses performances à venir. 2
« Félicitations à lui pour son incroyable parcours ! »
Une Source de Fierté pour la Belgique
Au-delà de ses performances personnelles, Hannes Van Duysen représente désormais une figure emblématique du sport belge. Sa participation aux Jeux Olympiques est un symbole d’inspiration pour de nombreux jeunes grimpeurs et grimpeuses en Belgique et ailleurs, qui rêvent de suivre ses traces. Il a prouvé qu’avec du travail acharné, de la persévérance et une passion dévorante pour son sport, tout est possible.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont été un moment fort dans la carrière de Hannes Van Duysen. Bien qu’il n’ait pas décroché de médaille cette fois-ci, il a réussi à poser les bases d’un avenir brillant pour l’escalade belge. Sa 14e place aux JO est une performance remarquable pour un si jeune athlète, et son parcours prometteur laisse espérer des exploits encore plus impressionnants à l’avenir. Alors que les projecteurs s’éteignent sur Paris, les yeux se tournent vers Los Angeles 2028. Pour le moment, nous pouvons le remercier pour nous avoir fait vibrer pendant ces #JOParis2024 et lui souhaiter le meilleur pour la suite de son incroyable aventure.
SIMON VANKEERBERGHEN – Responsable Communication CAB
1. Observation et repérage avant la demi-finale de Lead
2. & 3. Demi-finale de Lead
4. La fin des JO de Paris 2024 pour Hannes
5. & 7. Hannes Jo Paris 2024
6. Demi-finale de Bloc
Ardennes & Alpes — n°221
Quel est l’impact du sport sur l’environnement ?
ÉCOCONSO
Le monde du sport a des impacts sur l’environnement. Pourquoi ?
Mobilité, déchets, pollutions, textiles, alimentation…
On fait le tour des problèmes.
Déplacements jusqu’aux entraînements, compétitions, alimentation protéinée, empreinte carbone des infrastructures, déchets générés, effets néfastes sur la biodiversité… Les impacts du sport ne sont pas négligeables.
Mais pas question pour autant d’arrêter de faire du sport ! Cela a tellement de répercussions positives sur au bien-être physique et mental et ça joue sur notre cohésion sociale.
Retrouvez l’ensemble des liens cliquables de cet article dans la version en ligne sur https ://issuu.com/cabsecret
Même si les impacts sont moins importants que pendant des grandes manifestations, le sport amateur n’est pas non plus dénué d’impacts, et ce peu importe le sport. Mais obtenir des chiffres concrets n’est pas facile tant l’impact environnemental du sport amateur est peu étudié (cela varie selon le sport).
Les conséquences sur l’environnement varient selon le sport qu’on pratique et divers éléments :
• la longueur des déplacements ;
• l’utilisation plus ou moins importante de ressources en énergie et/ou en eau ;
• le matériel nécessaire ; les conséquences pour la biodiversité ;
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Mobilité : la voiture au cœur des déplacements
Le graphique1 page suivante montre les GES émis par les déplacements d’une personne en un an dans le cadre de la pratique de son sport. On comptabilise ici uniquement les trajets réalisés vers l’activité sportive (transports vers les entraînements, les compétitions ainsi que les vacances sportives), sans prendre en compte les impacts des infrastructures, du matériel… Ces trajets se déroulent majoritairement en voiture. [Voir graphique page suivante].
1 - Issus de l’étude « The carbon footprint of active sport participants » Wiker P. (2018)
Dans le top 3 des sports les plus émetteurs au niveau des trajets on retrouve la plongée, le golf et le surf.
Graphique page de gauche : Émissions de gaz à effet de serre dues aux trajets lors de la pratique de différents sports amateurs par personne
Source « The Carbon footprint of active sport participants » Wiker P. (2018)
On remarque que les sports individuels semblent avoir plus d’impact que les sports collectifs. Dans le top 3 des sports les plus émetteurs au niveau des trajets on retrouve la plongée, le golf et le surf. Les trois sports les moins émetteurs sont le fitness, le tennis et le football.
Depuis 2018, en Belgique, l’utilisation des produits phytosanitaires est interdite sur les terrains de sport
Cette étude a été réalisée en Allemagne et indique une moyenne. Cela signifie que d’une personne à l’autre les émissions peuvent varier fortement. Par exemple, l’impact va augmenter si en plus des entraînements réguliers on participe à des compétitions à l’étranger, que l’on organise des vacances afin de pratiquer son sport (comme pour le surf, la plongée, l’escalade, la randonnée…)… Car on mobilise des trajets en voiture ou en avion pour sa pratique sportive. Mais même si certains sports émettent beaucoup plus que d’autres via les transports pour s’y rendre, on se rend tout de même compte que notre moyen de transport pour se rendre à nos entraînements et nos compétitions n’est pas nul ! Voilà un levier sur lequel on peut agir facilement.
Quelles solutions ?
On pense au co-voiturage, aux transports en commun, à la marche, au vélo…
Alimentation : un levier facile à influencer
On sait que l’alimentation représente une part importante de nos émissions de gaz à effet de serre. Les besoins nutritionnels des personnes plus actives sont plus importants que ceux des personnes sédentaires. Plus on ingère de calories, plus notre impact
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journalier est important2. En d’autres mots, plus on mange, plus on a d’impact… Logique !
Voilà qui nous montre aussi que nous avons, en tant que sportifs et sportives, un rôle à jouer en ce qui concerne notre alimentation.
Quelles solutions ?
Diminuer la viande rouge, opter pour plus de protéines végétales, préparer soi-même ses barres protéinées ou ses repas déshydratés pour des treks, décrypter l’alimentation sportive… On voit de nombreuses ressources pour se renseigner sur cette thématique par ici.
Textiles : un domaine problématique à plus d’un niveau
Les problèmes des vêtements de sport
La surconsommation : on achète trop de textiles, si bien que la majorité de notre garde-robe n’est pas ou très peu portée. Les vêtements de sport ne dérogent pas à la règle. En plus, beaucoup d’évènements sportifs participent à cette consommation de masse en offrant un t-shirt par inscription.
2 - « Impact carbone de l’alimentation et qualité nutritionnelle des choix alimentaires en France : Chapitre 3 – Impact carbone et qualité nutritionnelle des régimes alimentaires en France » Darmon N.N. et al. (2011)
Si on considère l’arrosage de tous les golfs du monde, on aurait une consommation similaire à celle que boivent tous les êtres humains de la planète réunis.
Double-pages précédente :
Pannónia Golf & Country-Club - Hongrie
Richard Brutyo © Unsplash
• Les matières utilisées : plus de 50 % des textiles sont réalisés à partir de fibres synthétiques (polyester, élasthanne, polaire…). Et dans le domaine sportif ce chiffre est certainement plus important. Ces fibres sont pratiques mais leurs effets sur l’environnement sont extrêmement problématiques. Issues de la pétrochimie, ces matières participent à la pollution microplastique tout au long de leur vie.
• Les PFAS : dan s le secteur du textile et plus spécifiquement de l’outdoor, on utilise de nombreuses substances afin d’obtenir des propriétés comme l’imperméabilité, la solidité, la souplesse… notamment en utilisant des PFAS, substances problématiques pour l’environnement et la santé. Ces substances chimiques sont disséminées dans la nature lors de la fabrication (par ex. via le rejet des eaux usées et les émissions dans l’air) et de l’utilisation des textiles (lorsqu’ils sont lavés, portés…). Des études ont aussi démontré que l’exposition des textiles aux conditions extérieures (UV, pluie, vent, chaleur…) dégrade les fibres et libère petit à petit les PFAS3
Une balle de tennis prend jusqu’à 400 ans pour se décomposer dans l’environnement. Quand on sait que 325 millions de balles seraient produites chaque année.
Quelles solutions ?
Heureusement, certains événements n’offrent plus automatiquement un t-shirt en échange de la participation mais le vendent. Pour aller encore plus loin, certains proposent des t-shirts qui peuvent être vendus d’une année à l’autre : sans date et sans sponsors4 .
De manière individuelle, on peut aussi opter pour des alternatives : seconde main, matière naturelles ou recyclées…
La biodiversité mise à mal
La biodiversité est elle aussi entachée par les pratiques sportives.
Utilisation d’engrais et de pesticides sur les terrains de sport :
Pendant longtemps, on a utilisé des pesticides sur les terrains de sport pour se débarrasser des « mauvaises herbes » ainsi que pour éviter les maladies et champignons. Depuis 2018, en Belgique, l’utilisation des produits phytosanitaires est interdite sur les terrains de sport5 .
L’utilisation d’engrais, notamment sur les « green » de terrain de golf, utilisant des fertilisants pour le sol, est quant à elle problématique. Difficile d’avoir des chiffres exacts concernant les doses d’engrais utilisées. On sait toutefois que l’utilisation de ces substances pollue les sols6
3 - « An Outdoor Aging Study to Investigate the Release of Per- And Polyfluoroalkyl Substances (PFAS) from Functional Textiles » Schellenberger S. et al. (2022)
4 - « L’événementiel sportif un atout pour le territoire : recueil des bonnes pratiques » WWF (2023)
5 - « Objectif : Zéro Pesticide Pour des terrains de sport diablement naturels ! » Adalia (2018)
6 - « Can a golf course support biodiversity and ecosystem services ? The landscape context matter » Petrosillo I/ et al. (2019)
Sport en pleine nature :
On parle ici de nuisances comme la pollution sonore, les piétinements, les déchets abandonnés…
On voit par exemple les impacts de l’escalade en falaise sur la flore locale. Une flore qui est modifiée sur les voies utilisées couramment par les grimpeurs et grimpeuses7. En cause ? Magnésie, dérangement de la faune…8
On estime que 3 à 5 tonnes de granules de caoutchouc doivent être rajoutées sur les terrains chaque année car ils « disparaissent ».
Si on laisse de côté l’impact des transports, on constate cependant que les sports en pleine nature (course à pied, escalade en falaise, trail…) émettent moins de GES que de nombreux autres sports. Cela vient de l’absence d’infrastructures à construire et à entretenir et du peu de matériel mobilisé.
Les personnes qui pratiquent ce genre de disciplines sont également souvent plus soucieuses de l’environnement et conscientes que la pérennité de leur sport dépend d’eux.
Utilisation de produits néfastes pour la faune et la flore :
La crème solaire peut avoir des effets massifs sur les coraux si on l’applique avant d’aller nager en mer. Certaines villes ont même mis des interdictions concernant ces crèmes pour préserver la faune.
Les bonnes pratiques du respect de la faune
Une course de bateau (Arkéa Ultim Challenge) a créé des zones de protection des cétacés afin d’éviter les collisions avec les voiliers.
7 - « Pierre qu’on grimpe n’amasse pas mousse : conséquences de l’escalade sur la biodiversité associée aux parois rocheuses. » Drapeau Picard, André-Philippe. (2023)
8 - « Escalade et biodiversité » Blog ISIGE (2023)
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Certains golfs ont également mis en place des nichoirs (dont certains pour les chauves-souris), d’autres utilisent des moutons pour tondre la pelouse9
Entre déchets et pollutions
Matériel à durée de vie limitée, emballages pour boissons et nourriture sportive, infrastructures qui se dégradent… Il est compliqué de faire du sport sans polluer.
On recherche souvent à utiliser des matériaux légers, performants et compacts. Mais les matières comme la fibre carbone, l’acier, le plastique, le caoutchouc ou encore le titane…10 ne sont pas de bons élèves en matière de respect de l’environnement.
Matériel peu recyclable
La fibre de carbone est largement utilisée dans le domaine du sport pour ses nombreuses qualités : légèreté, solidité… On en utilise notamment dans les cadres de vélo, les sticks de hockey, les chaussures de sport, les raquettes de tennis…
Le problème ? En plus d’être issue de la pétrochimie (et donc non renouvelable), la fibre de carbone est, à l’heure actuelle, très peu recyclée. Elle n’est pas non plus biodégradable. Pourtant, le matériel fabriqué à
9 - « Green spirit » AFGolf (2024), « Le golf n’est plus compatible avec les enjeux écologiques » Mr Mondialisation (2023)
10 - « facteurs d’émissions d’équipement de sport » UFLOEP
partir de cette fibre a une durée moyenne de vie de seulement 3 ans11
Espérons qu’une filière de recyclage de la fibre carbone voie le jour prochainement. On peut aussi augmenter la durée de vie du matériel en favorisant la réparation ou encore développer des matières issues de produits biosourcés.
Les balles de tennis et les volants de badminton ont une durée de vie très limitée. Pendant longtemps ils n’étaient pas recyclés, et tous les ne sont pas encore à l’heure actuelle !
Une balle de tennis prend jusqu’à 400 ans pour se décomposer dans l’environnement. Quand on
11 - « Durabilité : l’innovation circulaire pour prolonger la durée de vie de la fibre de carbone » UCI (2023)
sait que 325 millions de balles seraient produites chaque année 12
Les volants de badminton ont une durée de vie de seulement 8 minutes en compétition et ne sont pas non plus recyclés13 .
Heureusement, les choses commencent à changer petit à petit dans le monde du tennis.
Microbilles sur les terrains
Voilà des années que sur les terrains synthétiques de football, rugby, tennis, golf… sont remplis grâce à des granules de caoutchouc (souvent d’anciens pneus recyclés). L’idée du recyclage de matière était louable et permettait d’économiser des matières premières.
12 - « The Circular Economy of Tennis Balls : A Multi-Methods Analysis. » Marconcini Bittar, H. et al. (2023)
13 - « Introducing repair in sports’ consumables : Investigation of repairability of badminton shuttles » Vandekerhove R., Moon I., and DU Bois E. (2021)
Le hic ? On a découvert que ces petits morceaux de caoutchouc participent à la pollution microplastique. On estime que 3 à 5 tonnes de granules de caoutchouc doivent être rajoutées sur les terrains chaque année car ils « disparaissent ». La moitié de ces granules se retrouveraient à la fin dans l’environnement… ce qui entraine évidemment des effets néfastes sur la faune et la flore14 .
Heureusement, les choses commencent à bouger. Suite aux problématiques liées au impacts potentiels des microplastiques sur la santé, l’Europe a désormais interdit l’utilisation de ces composés sur les terrains. Le mesure sera appliquée d’ici 2031.
14 - « Microplastics Occurrence, effects and sources of releases to the environment in Denmark » Carstenh. H. et al. (2015), « granulés et paillis sur terrain » ECHA, « Pollution des microplastiques dans les terrains synthétiques » Realsport, « Environmental Consequences of Rubber Crumb Application : Soil and Water Pollution » Fort J at al. (2022)
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D’ici-là, que faire ? Ce rtains clubs ont déjà commencé à utiliser des morceaux de liège ou des noyaux d’olives concassées plutôt que ces granules de caoutchouc. C’est vers ces alternatives que les terrains en fin de vie devront petit à petit se tourner.
Comment réduire les pollutions ?
Il est possible de réduire ses émissions de déchets ! On regarde les pistes de solutions à son échelle pour sa pratique sportive ici.
Des milliers de litres d’eau
La natation et le patinage ne sont pas les seuls sports à consommer de l’eau. Les sports utilisant des terrains doivent être arrosés, qu’ils soient naturels (avec de l’herbe) ou synthétiques (golf, hockey, football, rugby…). Le problème ? Cet arrosage mobilise en grande partie de l’eau potable…
La majorité des terrains de hockey utilisés en Belgique sont ce que l’on appelle des « terrains mouillés ». Cela permet de minimiser les blessures et d’augmenter la rapidité du jeu. On estime que la quantité minimale pour arroser un terrain est de 6000 litres d’eau (quantité d’eau pouvant varier si les températures sont élevées).
La problématique associée au golf est similaire. Ce sport se joue sur des parcours de plusieurs kilomètres et nécessite un arrosage régulier en été pour que l’herbe soit parfaite.
Si on considère l’arrosage de tous les golfs du monde, on aurait une consommation similaire à celle que boivent tous les êtres humains de la planète réunis15. Cela fait d’ailleurs par moment scandale car il arrive des parcours de golf ne soient pas soumis aux restrictions d’eau lors des canicules…16
Même s’il s’agit de quantités importantes, lorsque l’on compare cette utilisation d’eau à la consommation globale en Belgique cela ne représente pas grand-chose17. Mais il reste toutefois très important de se pencher sur cette problématique, l’eau douce n’étant pas une ressource illimitée.
Economies d’eau, c’est parti !
Difficile en tant que sportif et sportive d’agir de manière individuelle sur cette problématique mais il est possible de sensibiliser son club ou sa ville.
15 - « Golf : La tentation du green » Les échos (2023)
16 - « Sécheresse : quelle quantité d’eau consomment les terrains de golf en France ? » La croix (2023)
17 - « Eau et environnement aquatique : état des lieux » Bruxelles Environnement (2021)
Certains nouveaux terrains sont par exemple dotés d’un arrosage via l’eau de pluie ou sont conçus de manière à nécessiter moins d’arrosage18
Le sport, à la fois coupable et victime
On l’a compris, le sport impacte l’environnement. Mais l’inverse est vrai aussi : le sport est fortement impacté par cet environnement19. Les sports qui se réalisent en plein air sont, déjà actuellement, impactés par les canicules et autres épisodes climatiques extrêmes (fonte des glaciers, pollution de l’air…). Et l’avenir ne réserve rien d’encourageant à ce niveau-là. Le changement climatique va influencer le nombre de jours par an où il sera possible de faire du sport extérieur. Selon les calculs du WWF, dans un monde avec un réchauffement global à +2°C, on risque de dépasser les températures recommandées pour faire du sport (moins de 32°C) 24 jours de plus qu’actuellement en France. Cela monte jusqu’à 2 mois dans un monde à +4°C20. On voit déjà les effets et les risques
18 - « Le club de Hockey d’Arlon a inauguré son nouveau terrain conforme aux normes internationales » RTL info (2022), « DOMO Sports Grass – Des terrains mouillés plus écologiques » Hockey Belgium (2021)
19 - « Climate change, physical activity and sport : a systematic review. » Bernard, P., et al. (2021)
20 - « Dérèglement climatique : le monde du sport à +2°C et +4°C » WWF (2021)
thermiques dus à la chaleur : impacts sur la performance, épuisement, coup de chaleur, hyperthermie…21 Les sports de montagne (ski alpin, escalade, alpinisme…) seront également très impactés. Les prédictions montrent qu’il est probable que les stations de ski soient en difficulté d’ici quelques années par manque de neige. Dans un scénario de réchauffement à +2°C, 53 % des stations seront touchées. Si on suit la projection de +4°C, on arrive à 98 % des stations. Le ski tel qu’on le connait aujourd’hui est voué à disparaître dans un avenir proche…22
21 - « Impacts of climate change on organized sport : A scoping review » Orr, M. et al. (2022)
22 - « Climate change exacerbates snowwater-energy challenges for European ski tourism » François H. et al. (2023), « La montagne change, et le ski est “ une activité qui est vouée à disparaître ”, indique Marie Cavitte, glaciologue à l’UCLouvain » RTBF (2023)
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