Ardennes Alpes
#219 / 1er trimestre 2024
A PARTIR D’AVRIL 2024 EN TOURNÉE
2�.04. BRUXELLES
15H00 et 19H00 | Espace Lumen
TICKETS À PRIX RÉDUITS POUR LES MEMBRES DU CAB
ACHETEZ VOS BILLETS !
édito
Une page se tourne au Club Alpin Belge… Après 10 ans de présidence du Conseil d’administration de notre Fédération, j’ai décidé de passer la main. Que représentent 10 ans dans la vie du Club Alpin Belge ? 10 ans sur 141, cela fait 7 % pour ceux qui aiment les calculs. C’est peu, et c’est encore moins à l’échelle de nos montagnes !
Mais en 10 ans, le nombre d’affiliés à doublé pour atteindre plus de 6 300 membres fin 2023, l’équipe s’est professionnalisée, nos athlètes ont pris de belles places sur les podiums, les formations ont évolué, le nombre de Cercles a fortement augmenté pour arriver à 32 aujourd’hui. En 10 ans, la Fédération a grandi, a parfois connu des crises mais en est sortie plus forte. En 10 ans, des amis ont disparu en montagne, de belles rencontres ont eu lieu. Merci à toutes et tous pour ces échanges !
Je transmets le flambeau de la présidence, mais je poursuivrai l’aventure du CAB en continuant à m’y investir. Il y a encore de beaux défis à relever !
Une page se tourne également avec le départ de Paul Lejeune, un des agents techniques de l’équipe Rochers. Paul a décidé de donner une nouvelle orientation à sa carrière et nous lui souhaitons une bonne continuation en le remerciant pour tout ce qu’il a apporté à notre Fédération !
Nos athlètes engrangent de beaux résultats, que ce soit au niveau local ou à l’international. Certains d’entre eux participeront-ils aux Jeux Olympiques à Paris dans quelques mois ?
Il n’y a pas de podium pour ce type d’exploit, mais saluons-les : après 18 jours en paroi, Siebe Vanhee, Nico Favresse, Sean Villanueva O’Driscoll, accompagnés du photographe américain Drew Smith, ont
Tour des Fiz, Septembre 2018
réussi la première en libre de la mythique voie Riders on the Storm (1 200 m, 7c+) en face est de la Torre Central del Paine, en Patagonie. Bravo !
Fin février 2024, Le Soir titrait : « Comment le ski peut se réinventer face au réchauffement climatique ». Le manque de neige dans les stations inquiète pour l’aspect touristique. Mais si on réfléchit à plus grande échelle, un manque de neige signifie également un moindre approvisionnement des réserves en eau des régions concernées. C’est donc non seulement le tourisme qui est impacté, mais aussi et surtout l’économie en eau et l’agriculture de montagne. Certains refuges ont dû fermer plus tôt l’été dernier faute d’approvisionnement en eau, la production de fromages réputés diminue faute de nourriture en suffisance pour le bétail, … Cela devient presque banal d’en parler, mais cela ne doit pas nous empêcher d’agir pour limiter autant que possible l’impact de nos activités sur l’environnement ! La Commission Environnement de la Fédération y travaille dans les domaines qui nous concernent. Toute suggestion à ce propos est la bienvenue. N’hésitez pas à nous contacter !
Il me reste peu de place pour vous présenter le contenu de cette nouvelle livraison d’Ardennes & Alpes. Je citerai donc rapidement et dans le désordre : un retour sur le Championnat de Belgique de Ski Mountaineering (janvier 2024), un stage de la BRCT, la formation en randonnée sportive, … Et je vous laisse découvrir la suite de ce riche numéro, au gré de vos envies.
Bonne lecture et au plaisir de vous croiser en montagne ou sur nos sentiers !
DIDIER MARCHAL Président du CABSKI MOUNTAINEERING 2024
CHAMPIONNATS DE BELGIQUE
PAGE 10
Le 20 janvier 2024 restera gravé dans les mémoires comme le jour où les montagnes suisses ont vibré aux cris de joie, d’effort et de courage, lors des Championnats de Belgique de Ski Mountaineering.
Roth © 2023
Mathieu
SENTIERS DE RANDONNÉES
PAGE 19
Matières naturelles, animales, semi-synthétiques… Quelles fibres textiles préférer ? Conseils pour acheter des vêtements écologiques.
ET DE 3 POUR SIMON LORENZI
PAGE 22
Gilles Charlier © 2024
Pino © 2024
Emile
Simon Lorenzi nous a accordé une très belle interview à la suite de sa dernière conquête, « Burden of Dreams », un bloc mythique situé en Finlande. L’athlète de la Belgian Climbing Team a accompli une prouesse sans précédent en devenant, à ce moment-là, le premier et seul grimpeur au monde à enchaîner trois 9A bloc naturel. Simon Lorenzi avait précédemment établi sa réputation avec les ascensions de « Soudain Seul » 9A (février 2021) et « Alphane » 9A (décembre 2022).
PROJETÉ DANS L’OMBRE DU VENTOUX
PAGE 36
Pour ce troisième stage d’équipe, et le premier de 2024, la Belgian Rock Climbing Team (BRCT) s’est rendue deux semaines à Saint-Léger-du-Ventoux.
Sommaire
3 Édito
5 Stone Age
— Nouveau cercle du Club Alpin Belge !
7 Budget 2024 de la fédé
— Un budget plus engagé qui donne du souffle à nos activités
8 Un référent éthique au sein de la Fédération
9 OHM
— Une cordée avec une grande différence de poids ?
10
Ski Mountaineering 2024 Championnats de Belgique
— Une odyssée blanche en pays helvète
14 Textile écologique
— Quoi choisir pour ses vêtements ?
19 Sentiers de randonnées
— Chemins de formation !
22 Et de 3 pour Simon Lorenzi
— Interview
36 Projeté dans l’ombre du Ventoux
— Performer avec la BRCT
46 La Chandelle de Chaleux
— Escalade platonique
48 Lire
— Il était une fois l'escalade
50 Siurana
— Une semaine haute en couleurs
Simon Vankeerberghen © 2024Stone Age
Nouveau cercle du Club Alpin Belge !
VIRGINIE BINARD
La salle d’escalade Stone Age, actrice passionnée dans le monde de l’escalade indoor belge depuis plus de 20 ans et désireuse d’y poursuivre son implication, se fédère au Club Alpin Belge. Notre sport est en évolution rapide et connait une nette expansion ces dernières années, ce qui a poussé notre ASBL « École d’escalade de la Woluwe » à rejoindre cette collectivité de cercles.
Stone Age ou « Stone » de son surnom, berceau de grands champions et championnes propose de la grimpe variée à ses grimpeurs et grimpeuses. Elle offre une centaine de voies du niveau 3 au 8C, grâce à ses 34 cordes et son dévers d’une avancée de 10,5 m. Une trentaine de voies sont ouvertes chaque mois avec un lot de prises fréquemment renouvelé. Stone Age accueille des compétitions provinciales et organise des événements grimpants festifs. Son école d’escalade propose des cours particuliers et collectifs pour les enfants, adolescents et adultes, des stages pour les jeunes en salle et en falaise (en Belgique et en France), des team buildings, des anniversaires, etc. Et c’est aussi un centre de formations Animateur SAE et CATAGSAE.
entrainement « Stonik » pendant la compétition provinciale organisée à Stone Age en janvier 2024. En bas : Tout en finesse pour Florian.
Tout cela est rendu possible grâce à une équipe de joyeux passionnés, principalement des falaisistes, chez qui convivialité, partage et collaboration sont les valeurs maîtresses. Les voies, ouvertes par une équipe d’ouvreurs et d’ouvreuses expérimentés, vous permettent de déployer toute votre technique ou de faire gonfler vos avant-bras d’acide lactique (« dauber » dans le jargon). Tout cela sous l’œil aiguisé et bienveillant des permanents qui veillent à la sécurité.
Affiliation au CAB via Stone Age
Pour s’inscrire au Club Alpin Belge via la salle Stone Age, ça se passe sur le site Internet du CAB en sélectionnant « École d’Escalade de la Woluwe » comme cercle.
Informations techniques
• 1400 m2
• 15 m de hauteur
• Un dévers avec une avancée de 10,5 m et une inclinaison jusque 45° (permettant de développer une grimpe sur 22 m)
• Une zone pédagogique
• 34 cordes avec plus d’une centaine de voie renouvelées en moyenne tous les 3 mois, du niveau 3 au 8C
• Un pan
• Une zone d’entrainement avec notamment un pan Güllich
Contacts
• Site internet : stone-age.be
• Email : stoneagewolu@yahoo.fr
• Téléphone : +32 2 770 69 30
• Stone Age Salle d’escalade : pour les informations officielles
• Stone Age Les grimpeurs en action : pour trouver des partenaires de varappes
• stoneage climbinggym
• Adresse : Centre Sportif Le Mounier. Avenue Mounier 87, 1200, Woluwé-Saint-Lambert (Métro 1 arrêts Kraainem et Alma, Bus 42, 76, 77, 79, E12, 316, parkings vélos et voitures)
Jeunes ou moins jeunes, néophytes ou aficionados, vous trouverez certainement votre bonheur à Stone. En quête d’un partenaire pour venir faire des voies, vous pouvez en trouver sur la page Facebook « Stone Age, les grimpeurs en action ». Ou rejoignez-nous dans un cours adapté à vos envies et votre niveau.
À bientôt sur nos murs ou en falaise !
VIRGINIE BINARDDe haut en bas : Une partie de l’équipe de Stone Age, de gauche à droite en partant du bas : Val, Vi, Marti, Célou, Flo, MartY, Sylvain & Laura.
• On travaille la rési dans le pan !
• Petite zone de bloc devant le gros dévers.
Stone Age © 2023 Laura van Dillen © 2023Budget 2024 de la fédé
Un budget plus engagé qui donne du souffle à nos activités
L’ÉQUIPE ET LE CA
Le CA du CAB a validé un budget pour l’année 2024 qui sera proposé au vote lors de l’Assemblée générale ordinaire du 22 mars. Ce budget doit permettre de poursuivre les actions dans les domaines récurrents (rochers, haut niveau, gestion des membres, …) et propose de consacrer une part spécifique aux 3 axes suivants : alpinisme, formation et communication.
Alpinisme
La fédé propose de réinvestir dans l’alpinisme de quatre manières. Tout d’abord, via un budget pour du temps de travail équivalent à un mi-temps CDD en 2024, avec comme objectif de relancer l’animation autour de l’alpinisme. Deuxièmement, avec du soutien aux initiatives du Noyau Alpi (7 500 €) et pour de l’achat de matériel (2 500 €).
Enfin, la fédération poursuit son soutien aux stages alpi pour les jeunes (bourses) et aux stages de fin de formation init alpi. Plus d’info sur notre site web concernant ces mesures : clubalpin.be/soutien (voir le code QR)
Formation
Le besoin de formation de moniteurs et monitrices étant important, un mi-temps CDD pour la formation a également été proposé au budget. L’objectif est d’augmenter le volume de formations dans tous les domaines et d’assurer leur organisation, avec comme ligne de mire le lancement de niveaux de formation qui n’ont plus été donnés depuis longtemps ou jamais donnés (MS éducateur escalade SAE par exemple).
Communication
Un budget augmenté pour la communication a également été proposé. Ce budget consiste en de l’achat de matériel (photo et vidéo) et la réalisation de projets pour plus de visibilité du CAB (panneaux sur les massifs rocheux, topos, …).
Rendez-vous dans l’Ardennes & Alpes du mois de juin (#220) pour faire le point sur sur ce projet de budget et la manière dont il s’inscrit dans le projet de stratégie de la Fédération.
L’ÉQUIPE ET LE CA
Un éthiqueréférent au sein de la Fédération
L’ÉQUIPE DU CAB
L’éthique sportive couvre un grand nombre de thématiques comme la lutte contre le dopage, les discriminations ou encore la manipulation des compétitions sportives. Ces matières doivent être traitées aussi bien à l’échelon de la Fédération Wallonie-Bruxelles, que des fédérations ou des clubs.
Le décret visant l’éthique sportive du 14 octobre 20211 instaure le fonctionnement d’un Observatoire de l’éthique sportive ainsi que d’un Réseau éthique. Nous vous détaillons de quoi il s’agit ci-dessous et la manière dont nous allons l’implémenter au sein du CAB.
1 - décret éthique sportive
https ://www.gallilex.cfwb.be/ document/pdf/49972 000.pdf
Pour aller plus loin
Vous voulez en savoir plus sur l’éthique sportive et la manière dont la thématique est abordée par l’ADEPS ? N’hésitez pas à vous rendre sur la page web du site de l’ADEPS : https://www.sport-adeps.be/ index.php?id=ethique-sportive page 8
Les différentes instances de l’éthique sportive
L’ Observatoire de l’éthique est un organe officiel qui comprend des représentants des pouvoirs publics, des fédérations et de différentes institutions comme UNIA. Il a pour mission d’encourager l’éthique sportive. Cet observatoire rend des avis et émet des propositions de recommandation au Gouvernement. Il fait également évoluer le Code d’éthique sportive.
L’Observatoire s’appuie sur un Réseau éthique qui est composé de Référents éthique qui sont désignés au sein de chaque fédération.
Le Référent éthique est une personne relais chargée d’intégrer les composantes de l’éthique sportive dans le fonctionnement sportif et extra-sportif de sa fédération. Il apporte sa contribution au travers de son expertise et d’échanges de bonnes pratiques au sein du Réseau éthique. Il assure la promotion des actions de la FWB et/ou de sa fédération vers les membres et clubs.
Ce Référent s’appuie sur un réseau de Délégués éthique qui sont désignés en interne au sein de chaque club.
Le Délégué éthique est désigné au sein de son club, est une personne relais chargée d’intégrer les composantes de l’éthique sportive dans le fonctionnement sportif et extra-sportif au sein de son club. Il apporte toute sa contribution au travers de son expertise et d’échanges de bonnes pratiques. Il est le relais du Référent éthique au sein de son club.
Les rôles du Référent éthique sont multiples : référence en matière d’éthique pour les Délégués éthiques assurer la mise en place et l’animation du Réseau des Délégués
• relayer les thématiques et info de l’Observatoire et du Réseau éthique
• assurer la promotion du Code d’éthique
• vérifier les extraits de casier judiciaire pour les personnes exerçants des activités d’animation au sein de la fédération ou des clubs
En pratique au sein du CAB
Depuis fin 2023, le référent éthique du CAB est Christine Pierson qui peut être contactée par email via ethique@clubalpin.be. Dans le courant 2024, le Réseau des Délégués éthique sera progressivement mis en place au sein des clubs de la fédération.
L’ÉQUIPE DU CAB
OHM
Une cordée avec une grande différence de poids ?
EDELRID
Innovant et performant, notre OHM 2e génération présente quelques améliorations qui facilitent son utilisation. Permettant d’augmenter l’efficacité du freinage sur les cordées présentant de grandes différences de poids, le système de blocage supplémentaire est doté d’un émerillon qui offre une plus grande liberté de mouvement. Il n’est ainsi plus nécessaire de veiller au sens de fixation lors de l’accrochage de l’appareil au premier piton. Le système de fermeture empêche toute ouverture accidentelle de l’appareil et simplifie considérablement la mise en place de la corde et le décrochage de l’appareil pour la descente.
Pour de nombreuses cordées, une grande différence de poids entre le grimpeur et l’assureur représente un véritable défi et peut même devenir problématique. En cas de chute, un assureur plus léger sera arraché du sol par à-coups et violemment projeté contre la paroi. Et comme il sera soulevé vers le haut, la chute du grimpeur s’en trouvera considérablement rallongée. Et pour peu que le grimpeur se trouve près du sol, les deux risquent de se cogner violemment l’un contre l’autre.
Dans le pire des cas, il y a un risque de chute au sol. L’utilisation d’un sac lesté pour réduire l’écart de poids n’est une solution que toute relative – qui peut bien avoir envie de se colti ner un poids supplémentaire en falaise ? D’autant plus que cette solution réduit fortement la liberté de mouvement de l’as sureur et nécessite toujours une mobilisation totale de sa force de freinage.
L’OHM : la solution en cas de différence de poids dans une cordée
L’OHM a été conçu sur la base d’études scientifiques menées à l’Institut de technique de transport et de logistique (IFT) de Stuttgart. L’OHM est un système de blocage fixé en amont sur le premier piton de la chaîne d’assurage. En cas de chute, la corde passe dans le système de freinage de l’appareil, ce qui ralentit la chute en douceur. L’appareil ne stoppe pas la corde de manière abrupte, il freine sa vitesse de défilement afin de permettre à l’assureur d’amortir la chute de manière dynamique. L’OHM augmente donc le frottement au sein de la chaîne d’assurage, quel que soit le système d’assurage utilisé. L’assureur n’a donc plus besoin de mobiliser autant de force pour freiner la corde et ne se retrouve plus soulevé du sol ou projeté contre la paroi.
Ski Mountaineering 2024
Championnats de Belgique
Une odyssée blanche en pays helvète
SIMON VANKEERBERGHEN — Pour le CAB
Le 20 janvier 2024 restera gravé dans les mémoires comme le jour où les montagnes suisses ont vibré aux cris de joie, d’effort et de courage, lors des Championnats de Belgique de Ski Mountaineering. Au cœur des Alpes, dans le décor pittoresque de la petite station familiale de Vérossaz, les athlètes ont livré une bataille épique sur un parcours fraichement enneigé de la mythique course Valerette Altiski.
Une course riche d’histoire
Valerette Altiski est une course de ski mountaineering historique et de tradition qui se déroule depuis 1989 autour de la Dent de Valerette (2 059 m) et de ses satellites, le Pin de Sucre et la Pointe de l’Erse. Ce site, au pied du massif des Dents-du-Midi, est l’un des plus prisés des skieurs de randonnée. Une fois tous les deux ans, il accueille une compétition majeure de la Coupe Suisse. Épreuve individuelle, elle séduit par son parcours technique et varié. Les plus grands champions s’y sont illustrés. Parmi les noms qui ont apposé leur signature au bas du palmarès, relevons celui du champion espagnol Kilian Jornet, qui y a remporté sa première course de coupe du monde en élites et qui a défini la Valerette Altiski comme « un petit Grand Mont de la Pierra Menta ». Mais on y trouve aussi Laetitia Roux, Florent Perrier, Didier Blanc, Alexis Sevennec, Déborah Chiarello-Marti et Martin Anthamatten. Et ce sont les plus récents dans une histoire vieille de trente ans.
Ravito et ligne d’arrivée
Massongex - Suisse
Pour cette édition 2024, Valerette Altiski accueillera donc également nos championnats de Belgique.
Une compétition d’exception
Ces Championnats de Belgique de Ski Mountaineering 2024 ont été le théâtre de performances remarquables. Les athlètes ont repoussé leurs limites sur un parcours exigeant avec 2080 m de dénivelé positif et 980m de dénivelé négatif, offrant un spectacle à couper le souffle. Chaque descente, chaque virage, était empreint de détermination et de maîtrise, illustrant l’engagement sans faille de ces compétiteurs et compétitrices belges envers leur sport.
Félicitations aux Champions
Nous adressons nos plus sincères félicitations aux athlètes qui se sont illustrés sur le podium lors de ces championnats. Chez les hommes, Gauthier Masset a décroché la première place, suivi de Guillaume Funck et enfin Axel Sleebus pour compléter ce podium. Chez les femmes, Camille Compère s’est distinguée en remportant ce championnat, suivie de près par Agnès Peten à la deuxième place et Léa Lambert à la troisième. Leurs performances remarquables et leur engagement dans la course ont été un véritable plaisir partagé par un large public.
Un moment de convivialité
La journée s’est terminée par une agréable soirée de camaraderie, où les participant.es ont pu se détendre et échanger autour d’une raclette générale offerte par nos hôtes suisses. Ce moment de convivialité a permis à toutes et tous de revivre ensemble ces magnifiques efforts de la journée et de créer ainsi des souvenirs inoubliables. L’occasion également de renforcer les liens entre les différent.es pratiquant. es de cette petite communauté belge du ski mountaineering et de partager leur passion commune pour ce merveilleux sport.
Ardennes & Alpes — n°219
Les athlètes ont repoussé leurs limites sur un parcours exigeant avec 2080 m de dénivelé positif et 980m de dénivelé négatif
Une organisation exemplaire
Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements au club Valerette Altiski de Massongex pour leur organisation irréprochable de l’événement, qui était à l’origine une manche de la coupe de Suisse sur laquelle nous sommes venus nous greffer. Leur dévouement, leur professionnalisme et leur passion pour le ski mountaineering ont été la clé du succès de cet événement mémorable.
Alors que les derniers rayons de soleil disparaissaient derrière les sommets enneigés de Massongex, les concurrents se sont retirés avec le sentiment d’avoir participé à un événement exceptionnel. Les Championnats de Belgique de Ski Mountaineering resteront un moment fort dans cette saison 2024, grâce à l’engagement et à l’hospitalité de Valerette Altiski, ainsi qu’au talent et à la détermination des athlètes qui ont participé.
1. Dernière ascension pour Guillaume Funk. 400D+ avant l’arrivée
2. Ligne de départ de la course élite Femmes
3. La fameuse raclette Suisse
4. Vue sur l’arête de la section de portage du parcours élite
5. Photo de famille
6. Les vainqueurs qui chantent la brabançonne (de gauche à droite)
Podium féminin
· Agnès Peten
· Camille Compère
· Léa Lambert
Podium masculin
· Guillaume Funck
· Gauthier Masset
· Axel Sleebus
SIMON VANKEERBERGHEN — Pour le CAB Olivier Udriot © 2024Textile écologique
Quoi choisir pour ses vêtements ? par ÉCOCONSO
Matières naturelles, animales, semisynthétiques… Quelles fibres textiles préférer ? Conseils pour acheter des vêtements écologiques.
Comprendre les types de fibres utilisées
Pas facile de s’y retrouver parmi toutes les matières employées pour concevoir un vêtement. Avant d’entrer dans le vif du sujet, voici un petit résumé pour comprendre les grandes catégories de fibres.
On distingue deux familles de fibres : naturelles et chimiques.
Le secteur du textile est loin d’être un bon élève en matière d’écologie. Et l’étape qui pèse le plus lourd dans la balance, c’est la fabrication des matières premières. On pense peu à regarder l’étiquette d’un vêtement –de seconde main ou non – avant de passer en caisse. Pourtant, le choix de la ou des fibre(s) utilisée(s) pour confectionner le vêtement a un impact important sur l’environnement et, pour les fibres animales, sur le bien-être animal.
Alors, quelles fibres éviter ? Comment choisir des textiles naturels ? Voici quelques conseils pour faire un choix responsable quand on fait son shopping1
Les fibres naturelles sont issues de produits de la nature et ne nécessitent pas de transformation chimique. Elles peuvent être :
• végétales : coton, lin, chanvre, ortie ;
• animales : cuir, soie, laine, duvet, fourrure.
1 - Attention : les impacts vont également dépendre du lieu de production, des techniques utilisées, etc. Il s’agit ici d’une vision globale ne pouvant pas prendre en compte toutes les différences individuelles de production (petits élevages, production en monoculture ou production familiale, etc.).
Source : https ://www.ecoconso.be/fr/content/queltextile-ecologique-choisir-pour-ses-vetements#_ftn1
Ardennes & Alpes — n°219
Pas simple de savoir où trouver toutes ces alternatives…
Et pourtant, elles se développent de plus en plus en Belgique et aux alentours !
Les fibres chimiques nécessitent une transformation chimique. Elles peuvent être :
• artificielles (ou « semi-synthétiques ») : viscose/rayonne, Tencel/Lyocell, modal ; synthétiques : polyester, élasthanne, nylon, polyamide, acrylique.
On remarque au passage que les fibres végétales, artificielles et synthétiques sont vegan.
Décoder les étiquettes
Premier réflexe : on consulte l’étiquette du vêtement. Tout textile commercialisé en Europe doit être étiqueté. Sur cette étiquette doivent être mentionnés :
• les conseils d’entretien du produit ;
• la composition avec le pourcentage en poids de chaque matière utilisée. On peut voir toutes les dénominations dans l’annexe de cette législation de la Commission européenne.
Si le produit n’est composé que d’un seul type de fibre, il sera précisé « 100 % », « Pur », « Tout » ou encore uniquement l’appellation de la fibre. On préfère d’ailleurs les textiles sans mélange si c’est possible, il se recyclent bien mieux !
On ne retrouve malheureusement pas sur l’étiquette les substances qui ont potentiellement été rajoutées à la fibre, par exemple lors de la teinture, d’une impression textile ou d’une finition (rigidité, imperméabilité, infroissable, anti-odeur, etc.).
On essaie malgré tout d’éviter les substances néfastes comme les perturbateurs endocriniens ou les PFAS). Voici quelques conseils.
• Préférer les textiles de seconde main (les substances néfastes partent petit à petit au lavage).
• Opter pour des textiles labellisés. Les labels restreignent les substances autorisées. Laver ses vêtements et autres textiles avant de les porter pour la première fois. Se renseigner sur les substances ajoutées en interpellant les entreprises grâce à l’application Scan4chem
Pour tout savoir sur les différents types de fibres :
Coton, lin, chanvre et co : tout savoir sur les fibres végétales
Laine, cuir, soie et co : tout savoir sur les fibres animales
Tout savoir sur les fibres artificielles ou « semi-synthétiques »
Nylon, polyester,… : tout savoir sur les fibres synthétiques
Préférer des fibres naturelles végétales écologiques
Ces fibres sont issues de végétaux (elles sont donc toutes vegan !) et ne nécessitent aucun traitement chimique. On reste quand même attentif : des substances chimiques peuvent être ajoutées lors du processus de création ou de finition pour donner des propriétés particulières au textiles2 .
Toutes les fibres naturelles n’ont pas les mêmes impacts environnementaux. On préfère le lin, l’ortie et le chanvre pour les fibres « vierges »3, si possible en bio et local. Les fibres recyclées ont également un impact modéré en matière d’émissions de gaz à effet de serre.
> En savoir plus : Coton, lin, chanvre & co : tout savoir sur les fibres textiles végétales
Fibre Avantages Inconvénients
Coton
Coton bio
Coton recyclé
Fraicheur au niveau de la peau
Facilité d’entretien
Peu couteux
Hypoallergénique
Lin Doux
Solide
Thermorégulateur
Absorbe l’humidité
Résistant
Antibactérien
Ortie (ramie)
Chanvre
Thermorégulatrice
Brillante
Évite les mauvaises
odeurs
Solide
Thermorégulateur
Antibactérien
Solide
Sèche lentement
Peut rétrécir en machine
Opter pour du Lyocell ou modal, fibres semi-synthétiques
Bonne nouvelle : les fibres chimiques artificielles (aussi nommées « semi-synthétiques ») sont réalisées à partir de matériaux naturels (pâte de bois de bambou, hêtre, eucalyptus, etc.). Mais tout n’est pas rose pour autant : les fibres semi-synthétiques demandent une transformation chimique qui utilise des substances plus ou moins néfastes selon la fibre. C’est d’ailleurs le type de solvants employés qui va orienter notre choix.
On se méfie de la viscose : de nombreuses substances chimiques sont utilisées pour transformer la pâte de bois.
Heureusement, le procédé de production du Lyocell ou du modal est plus vertueux (mais aussi plus coûteux). Les solvants utilisés pour la création sont moins toxiques que ceux employés pour la production de viscose et sont utilisés en boucle fermée (ils sont réutilisés et ne sont donc pas rejetés dans l’environnement).
> En savoir plus : Tout savoir sur les fibres textiles artificielles ou « semi-synthétiques »
Fibre Avantages Inconvénients
Se froisse
Coût élevé
Se froisse
Coût élevé
Peut gratter
Rêche (lors des premières utilisations)
Coût élevé
2 - Par exemple pour que le textile soit « infroissable ».
Source : https ://www.ecoconso.be/fr/content/queltextile-ecologique-choisir-pour-ses-vetements# ftnref2
3 - Par opposition aux fibres recyclées. Source : https ://www.ecoconso.be/fr/content/quel-textileecologique-choisir-pour-ses-vetements# ftnref3
* Tencel™ / etLyocellmodal (hêtre, eucalyptus, etc.)
Viscose, rayonne (bambou, etc.)
Absorbe l’humidité (++)
Limite les mauvaises odeurs
Léger
Ne froisse pas
Légère Brillante Peu coûteuse
* si forêt labellisée FSC
Coût élevé
Critère écologique
Critère du bien-être animal
Peut rétrécir
Retient peu l’humidité
Peu isolante
Propice aux mauvaises odeurs
Se méfier de certaines fibres naturelles animales
Les fibres et matières animales ont souvent des conséquences néfastes : sur l’environnement : l’élevage de ces animaux émet une quantité non négligeable de gaz à effet de serre (spécialement pour la laine et le cuir !) sur le bien-être animal : les conditions d’élevage et la fin de vie des animaux sont en général désastreuses (on prélève souvent la matière sur l’animal décédé).
Alors on opte pour des matières locales et labellisées ou des textiles en seconde main, upcyclés ou recyclés.
> En savoir plus : Laine, cuir, soie & co : tout savoir sur les fibres textiles animales
Fibre Avantages Inconvénients
* Cuir Résistant
Respirant Souple Isolant
Soie Infroissable
Résistante
Absorbe l’humidité
Douce Légère
Duvet
Duvet recyclé
Laine de mouton/ mérinos
Tient chaud Léger Isolant
Laine recyclée Tient chaud Limite les mauvaises odeurs Évacue la transpiration Sèche relativement rapidement
Laine d’alpaga ou de vigogne Résistante Tient chaud
Thermorégulatrice Douce Sèche rapidement
Laine de chèvre cachemire
Laine de chèvre angora (mohair)
Coût élevé Entretien difficile
Éviter les fibres chimiques synthétiques
L’impact environnemental des fibres synthétiques est considérable à plusieurs niveaux. On note au passage que ces fibres sont par définition vegan.
• Elles sont produites majoritairement à base d’hydrocarbures (notamment de pétrole), ressources non renouvelables et non locales.
• Leur procédé de production est énergivore et nécessite des solvants et autres produits chimiques.
• L’utilisation et l’entretien de ces matières participent à la pollution plastique et microplastique
Si, vraiment, on veut opter pour des fibres synthétiques, on choisit un textile recyclé. Mais on garde en tête que, même recyclé, le tissu a dû être transformé et aura tout de même un impact lors de l’entretien.
> En savoir plus : Nylon, polyester… : tout savoir sur les fibres textiles synthétiques
Fibre Avantages Inconvénients
Polyester
Polyester recyclé
Peu isolante
Entretien difficile
Sensible aux frottements
Perd ses propriétés isolantes s’il est mouillé
Sèche lentement, Coût élevé Entretien difficile
Peut rétrécir en machine Bouloche
Appréciée des mites Lourde Rugueuse
Appréciée des mites
Coût élevé Entretien difficile
Thermorégulatrice Confortable Légère
Douce
Thermorégulatrice Confortable Légère Douce
Laine de lapin angora Douce Isolante Thermorégulatrice Absorbe l’humidité
Fourrure Tient chaud
Résistante Longévité
* si sous-produit de l’industrie de la viande
** si sans mulesing
Peut rétrécir en machine
Appréciée des mites
Coût élevé
Peut rétrécir en machine
Appréciée des mites Entretien difficile
Coût élevé Bouloche
Entretien difficile
Isolant
Sèche vite
Facile d’entretien
Bon marché
Élasthanne Élastique
Nylon Polyamide
Nylon recyclé
Acrylique
Sèche vite
Sèche vite
Résistant
Imperméable
Bon marché
Léger
Facile d’entretien
Isolant
Doux
Bouloche
Propice aux mauvaises odeurs
Sensible au feu
Moins chaud que la laine et le duvet
Peu résistante
Durée de vie réduite
Bouloche
Sensible à la chaleur
Bouloche très vite
Peu solide
Propice aux mauvaises odeurs
Provoque des allergies
Où trouver des textiles écologiques ?
Pas simple de savoir où trouver toutes ces alternatives… Et pourtant, elles se développent de plus en plus en Belgique et aux alentours !
On retrouve toutes nos bonnes adresses pour acheter des matières naturelles, recyclées, écolabellisées, belges etc. ici : Où acheter des vêtements ou textiles écologiques en Belgique ?
Valbiom, par exemple, essaie de développer depuis ces dernières années la filière du lin et du chanvre, deux cultures particulièrement adaptées à nos régions.
ÉCOCONSO
En savoir plus
• The Good Goods propose un glossaire des matières textiles très détaillé.
• We Dress Fair propose également un lexique des matières et renseigne quelques marques qui proposent chacune de ces fibres.
Sentiers de randonnées
Chemins de formation !
DAMIEN HALLEUX
Ces dernières années, les activités outdoor ont connu un regain d’intérêt notable. L’envie de plein air a gagné les foules et la randonnée a retrouvé de nombreux adeptes. Cet engouement a été confirmé par de grandes enseignes, dont les ventes de matériel de rando ont explosé1 .
Comme d’autres sports, la randonnée n’a pas échappé à la transformation digitale. Des outils de plus en plus performants permettent au grand public d’accéder (souvent gratuitement) à des centaines d’itinéraires partagés et de se laisser guider par une montre connectée ou un smartphone. Des réseaux sociaux comme Instagram génèrent des likes et une surfréquentation des itinéraires et sites les plus partagés. Paradoxalement peut-être, de plus en plus de randonneurs souhaitent se déconnecter, sortir des sentiers balisés, explorer la low tech, minimiser leur empreinte globale ou randonner de façon plus responsable, remettant en question les moyens de transport utilisés, l’alimentation ou la durabilité du matériel. Au
1 - https ://www.lemonde.fr/economie/ article/2021/08/14/duvets-tentes-tapis-de-solrechauds-tout-se-vend-le-business-florissant-dela-randonnee-pedestre 6091444 3234.html
En haut : East Harting
En bas : Devil’s Dyke
fait, peut-on prendre l’avion pour rejoindre la zone de randonnée ? Quelle est l’empreinte carbone des repas lyophilisés ? Dans quelles conditions a été produite cette tente ultralégère et dernier cri ?
C’est dans ce contexte mouvementé et passionnant que nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure de la formation de « Moniteur Initiateur en Randonnée sportive ». Organisé par le CAB (Club Alpin Belge) en collaboration avec l’UPMM (Union Professionnelle des Métiers de la Montagne)2, ce premier cycle permet, après un an de formation théorique et pratique, d’encadrer des participants dans un milieu collinéen.
2 - L’UPMM est structure représentative des acteurs professionnels belges intervenant dans des secteurs d’activités liés directement et indirectement aux métiers de la montagne http://www.upmm.be
Et puis il y a le désir de ne jamais cesser d’apprendre et de s’amuser sur un terrain de jeu infini !
Ce brevet constitue un prérequis pour participer ensuite à la formation d’Accompagnateur en Montagne et obtenir la convoitée carte professionnelle française d’Accompagnateur en Moyenne Montagne (AMM). Le brevet d’Accompagnateur en Montagne, professionnalisant et reconnu au niveau international via l’association UIMLA, permet d’emmener des clients en moyenne montagne estivale (randonnée pédestre) et hivernale (randonnée en raquettes à neige).
Stagiaires et futurs guides, nous partageons une même passion pour les aventures au grand air, pour la rando avec un grand R ! Mais, à l’image des sentiers, nos motivations sont diverses et variées, et propres à chacun. L’envie d’encadrer des groupes, de partager des moments précieux, de transmettre des connaissances. L’aspiration à une pratique plus raisonnée et plus durable. Le bonheur de voir des participants s’émerveiller ou se dépasser. Le souhait de sensibiliser au respect de l’environnement et à la cohabitation harmonieuse avec les autres utilisateurs. Le projet d’en faire un métier (complémentaire ou principal), de monter ou rejoindre une structure. Et puis il y a le désir de ne jamais cesser d’apprendre et de s’amuser sur un terrain de jeu infini !
Lorsque nous évoquons autour de nous notre formation, nous recevons parfois des commentaires étonnés – et étonnants. Entendus, par exemple, les « tout le monde sait marcher » ou « mais avec les applications, les gens n’ont plus besoin de guide ». Et pourtant, pour certains participants, randonner avec un guide permet d’évoluer plus librement et sereinement, sans avoir à se soucier de l’itinéraire ou de la logistique. Pour d’autres, c’est avant tout le plaisir de marcher en communauté, de partir à la rencontre des autres et de soi-même (pour paraphraser Confucius,
Halleux Damien © 2023 Mathieu Roth © 2023Ce premier cycle permet, après un an de formation théorique et pratique, d’encadrer des participants dans un milieu collinéen.
Ardennes & Alpes — n°219
on pourrait dire que le plus grand randonneur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même !) Nombreuses sont les compétences fondamentales à acquérir et maîtriser pour encadrer un groupe en sécurité, tout en permettant aux participants d’y trouver ce qu’ils sont venus chercher, voire plus ! Le cursus du niveau Initiateur Rando contient un volet théorique (env. 60 heures de cours), 9 jours de mise en situation pratique, et se conclut par un stage pédagogique de 5 jours. L’ultime mise en situation de la promotion 2023 s’est terminé début juillet dans le Sud de l’Angleterre, dans le parc national des South Downs. Au cours d’un raid de 6 jours et 130 km, sous la supervision de nos encadrants Jean-François et Markus, nous avons, chacun à notre tour, pris en charge le groupe et mis en pratique les compétences transmises lors des cours théoriques et mises en situation précédentes : briefing et débriefing , guidage et orientation, gestion du groupe ( leadership et pédagogie), gestion des risques et sécurisation du parcours, adaptation aux conditions du moment, gestion des pauses et repas, installation des bivouacs, prévisions météo, connaissance des règlements applicables, observations et présentations diverses (faune, flore, patrimoine, géologie, histoire, etc.). Et oui, la liste est longue ! Nous avons navigué entre les gouttes, par les pubs, les prairies et les bois, pour revenir avec des étoiles dans les yeux (et des photos dans les smartphones !) D’une colline à l’autre, nous avons donné toute notre énergie et la concentration nécessaire pour réussir les mises en situation et tests pratiques. Nous avons tout donné pour continuer à apprendre et progresser, pour que l’aventure continue. Qui sait, peut-être un jour avec toi, sur les sentiers d’ici ou d’ailleurs !
Moniteurs Initiateurs en Randonnée sportive (Promotion octobre 2023) : (obtenir la liste complète auprès de Ysaline Sacrez)
Infinis remerciements à tous les intervenants et chargés de cours pour leur passion, leurs partages et leur patience : Jean-François Fauconnier, Markus Rossignol, Alain Dantinne, Dominique Olbrechts, Eglantine Bustarret, Eléonore Timmermans, Frédérique Fossoul, Jean-Hubert Antoine, Michel De Vlaminck, Pierre Humblet, Serge Raucq, Vincent Verrue, Yves Camby, Pierre Guyaux et Ysaline Sacrez.
DAMIEN HALLEUX
De gauche à droite : Chanctonbury Ring
Butser Hill
• Washington
Et de 3 pour Simon Lorenzi
Images GILLES CHARLIERLorenzi
Simon Lorenzi nous a accordé une très belle interview à la suite de sa dernière conquête, « Burden of Dreams », un bloc mythique situé en Finlande. L’athlète de la Belgian Climbing Team a accompli une prouesse sans précédent en devenant, à ce moment-là, le premier et seul grimpeur au monde à enchaîner trois 9a bloc naturel. Simon Lorenzi avait précédemment établi sa réputation avec les ascensions de « Soudain Seul » 9a (février 2021) et « Alphane » 9a (décembre 2022).
Interview par SIMON VANKEERBERGHEN — Pour le CABArdennes & Alpes — n°219
Simon Vankeerberghen : Pour nos lecteurs qui ne te connaîtraient peut-être pas encore, est-ce que tu peux te présenter et revenir un peu sur ton parcours de grimpeur ?
Simon Lorenzi : Né le 9 février 1997 de deux parents grimpeurs dont le papa qui grimpe très fort, c’est assez naturellement que je fais mes premiers pas sur les rochers et murs d’escalade du côté de Liège. Jusqu’à environ 10 ans je grimpe très peu et je fais du foot. Je ne sais plus comment ni pourquoi, je décide tout de même de m’inscrire à une coupe de Belgique à Stone Age et finis sur la plus haute marche du podium. Ça m’a vraiment plu et peu de temps après j’arrêtais le foot pour me dédier plus sérieusement à la grimpe. J’ai intégré l’équipe nationale et la machine était lancée, je n’ai plus jamais décroché de la compétition. La falaise a toujours été présente en tant que grande passion, mais je ne la pratique que quand j’ai des périodes libres en dehors des compétitions.
Je suis un peu à la chasse aux 9a bloc dans le monde et c’était le seul qui me restait en Europe.
Ça m’avait demandé un mois et demi de travail et en 20 secondes, c’était terminé, éclipsé.
C’était vraiment un moment spécial
SV : Maintenant, petit retour sur ton dernier exploit, l’enchaînement de « Burden of Dream », un 9a Bloc mythique. Pourquoi cette voie ? Quelles sont ses spécificités techniques ?
SL : J’ai choisi « Burden of Dream » parce que je suis un peu à la chasse aux 9a bloc dans le monde et c’était le seul qui me restait en Europe. Donc, au niveau logistique, c’était bien plus logique et bien plus simple d’aller là-bas dans un premier temps. Il m’attirait beaucoup du fait que c’est le premier 9a bloc dans le monde. Il est hyper mythique, c’est légendaire ! C’est un bloc très court qui fait seulement quatre ou cinq mouvements selon la méthode, ça fait à peine quatre mètres de haut en tout dans un mur penché à 45 degrés. Ce sont des petites réglettes et mouvements dynamiques, en tenue de prise à fond. Du coup, c’est très physique et très aléatoire
SV : Est-ce que, physiquement et techniquement, tu as fait une préparation spécifique pour ce bloc ?
SL : Au niveau de l’entrainement, j’ai fini la saison de compétition tard donc je n’ai pas su tellement m’entrainer spécifiquement, en tout cas pour ce qui est de la forme physique. Mais le Camp de base m’avait acheté la réplique. Ils ont fait des répliques avec des scans 3D des prises (enfin, c’est une marque qui a fait ça). Donc, j’ai pu m’entrainer là-dessus, mais il s’est avéré que ça ne m’a pas du tout autant aidé que ce que j’avais espéré parce qu’il n’y a pas de grain sur les prises de la réplique, ça glisse très fort et les mesures parfaites n’étaient pas fournies. Donc, il y avait quand même pas mal de petites différences qui ont fait que, une fois arrivé sur place, tout était beaucoup plus différent que ce que je pensais et je n’ai pas du tout grimpé le bloc de la même manière que sur la réplique.
SV : Le jour J, comment cela s’est-il passé ?
SL : Le jour J, je suis arrivé assez tard au bloc parce que je préfère grimper un peu plus tard pour être plus réveillé physiquement. Je n’étais pas certain de grimper car j’avais grimpé la veille et je m’étais légèrement ouvert le doigt parce que le bloc attaque la peau, il est très coupant. Je n’étais donc pas certain de grimper, mais je me suis quand même échauffé. Je me suis dit « on verra à l’échauffement si ma peau tient ou pas ». Et ma peau a tenu lors de l’échauffement. Je me suis donc dit que j’allais mettre quelques essais. Le premier mouvement (celui qui me posait le plus de problème), j’ai réussi à le faire vite pendant la séance. Mais je suis tombé au deuxième mouvement. Puis, je me suis dit « je mets un dernier essai et puis je prendrai un repos plus long dans la voiture » (vu qu’il faisait fort froid, on se reposait dans la voiture avec le chauffage). Et là, je mets l’essai, je fais le premier mouvement parfaitement. Mais vraiment, beaucoup plus parfait que ce que je n’avais jamais fait ! Et là, tout s’est empilé parfaitement et en 20 secondes, j’avais enchaîné le bloc. Ça m’avait demandé un mois et demi de travail et en 20 secondes, c’était terminé, éclipsé. C’était vraiment un moment spécial.
SV : Comment te sentais-tu après cet enchaînement ?
SL : C’est tout un mélange de sensations et d’émotions. En même temps, tu te sens hyper content, euphorique. Il y a une part de soulagement parce que, mine de rien, je me mets quand même une certaine pression. Il y a vraiment ces deux sentiments-là qui sont mixés. Et en même temps un peu triste que toute cette expérience, toute cette aventure soit finie et qu’on va devoir retourner un peu à la vie normale. Mais je dirais principalement euphorique et c’est une sensation incroyable de bonheur.
SV : Quels conseils donnerais-tu aux grimpeurs de plus en plus présents dans nos salles de bloc en Belgique et qui voudraient progresser dans cette discipline ?
SL : Le conseil que je donnerais, c’est de prendre du plaisir, d’aller grimper que ce soit à la salle ou en extérieur et de prendre du bon temps en grimpant seul ou avec ses potes et de s’amuser. Parce que je pense que c’est ça qui crée la vraie passion et une fois que la passion est là, je pense que tout se suit naturellement. Il ne faut pas que ce soit une contrainte, il faut que ce soit un plaisir à la base, juste le fait de grimper. Même pas le fait de réussir quelque chose mais de trouver le plaisir dans le fait de bouger sur le mur.
Le conseil que je donnerais, c’est de prendre du plaisir, d’aller grimper [...]
c’est ça qui crée la vraie passion [...] trouver le plaisir dans le fait de bouger sur le mur.
SV : Aujourd’hui, la compétition a encore une place importante dans ta pratique de l’escalade. Quels sont tes projets et objectifs pour 2024 ?
SL : Actuellement, la compétition, c’est encore ce qui prend, de loin, le plus de place dans ma vie. Je me prépare à 200 % pour me qualifier aux JO cet été. Il y a deux tournois de qualification, un en mai et un en juin. Depuis que je suis rentré de Finlande, je travaille d’arrache-pied pour être prêt pour ces échéances et aller chercher mon ticket olympique. Et après ça, on verra de quoi l’avenir sera fait. J’espère grimper un peu plus sur le rocher au moins en saison fin 2024-2025.
En conclusion, nous tenons à remercier chaleureusement Simon Lorenzi pour cette interview captivante et pour son immense contribution à l’escalade belge en général. Son récent exploit en enchaînant « Burden of Dreams » témoigne de son dévouement, de sa passion et de son talent exceptionnel. Nous lui adressons nos félicitations les plus sincères et attendons avec impatience de suivre ses futurs projets et réalisations. Let’s go to Paris 2024 !
Interview par SIMON VANKEERBERGHEN
— Pour le CAB
Gilles Charlier – photographe
Toutes les photos de cette aventure sont à vendre signées et numérotées sur le site
VenProjetét
Performer avec LA BRCT
Images : EMILE PINOdans l’ombre du toux
Pour ce troisième stage d’équipe, et le premier de 2024, la Belgian Rock Climbing Team (BRCT) s’est rendue deux semaines à Saint-Léger-du-Ventoux.
Après s’être mordu les doigts sur les blocs granitiques du Tessin et avoir perfectionné la technique de remontée sur corde dans la célèbre grande voie Alibaba, place au travail de voies projet sur le calcaire de la Drôme provençale. Saint-Léger, c’est la nouvelle destination haut niveau en France. Vous avez peut-être entendu parler de Supercrackinette, le premier 9a+ flash de l’histoire par Adam Ondra, ou encore de Eagle 4, premier 9b féminin français par Julia Chanourdie.
L’objectif du séjour : choisir une voie à sa limite et l’essayer jusqu’à l’enchaîner. En réalité, c’est un peu plus complexe que cela : il s’agit d’un travail méticuleux et rigoureux, physiquement comme mentalement. Entre trouver chaque mini ajustement de méthode (jusqu’à savoir avec quel relâchement tenir une prise ou encore à quel moment expirer), optimiser la récupération (alimentation, sommeil, étirements, bain glacés, massages, mobilité) et être bien mentalement (trouver l’équilibre entre plaisir et pression) ; c’est un exercice particulier auquel nous nous sommes prêtés.
Fidèles aux valeurs de la BRCT, c’est bien évidemment en équipe que nous avons joué. Réflexions communes aux problématiques de chacun et chacune, partages d’expérience, communisation des ressources et attentions délicates à l’autre, c’est sur une belle énergie que chacun a pu surfer pour tenter de performer individuellement à sa limite.
D’ailleurs, on était tous tellement au courant de l’avancée des autres, qu’on a décidé de chacun vous faire un retour d’expérience sur un autre membre de l’équipe. Voici notre vécu personnel raconté par autrui.
Elle est habituée au travail de voie et sa patience légendaire lui fait garder le cap.
Le séjour de Madeline Montignie par Pablo
Madeline, c’est notre invitée à ce stage. Kiné de profession, elle est également une excellente falaisiste qui adore se mettre des gros projets, de préférence aux profils déversant tels qu’à Rodellar ou encore à l’épique Trou Magritte. Étant jeune maman, ce n’est pas toujours évident de trouver le temps et l’espace pour sa grimpe. Deux semaines au sein de la BRCT sur les jolis bombés de Saint-Léger, c’est l’occasion rêvée pour s’attaquer à un (très) gros projet.
C’est Praniania, le 8b le plus mythique de la falaise, qu’elle choisit. Made n’a pas encore atteint ce niveau et la voie, l’émulation et l’état d’esprit sont optimaux pour se projeter. La première montée se passe plutôt bien, et elle arrive à déchiffrer et exécuter tous les mouvements. La voie se compose d’une première partie pêchue aboutissant sur un pas de bloc, un bon repos, un pas de bloc à épaule suivi d’une petite sec-
tion rési qui se rétablit dans une dalle sommitale. Un joli morceau de gestion d’effort. Le projet est un coup de cœur et le chantier peut commencer. Made enchaîne des petites sections, de plus en plus longues au fil des séances. En parallèle, elle fait tout pour optimiser le repos. C’est la responsable récup’ du séjour et elle fait profiter de son expérience de kiné avec joie au reste de l’équipe : mobilité tous les matins, massages, compex, bains froids, etc. Merci
Made d’être parmi nous !
Le projet avance, mais pas autant que la fatigue qui s’accumule. Malgré tous les efforts pour récupérer, ses épaules ultra sollicitées dans la voie ont du mal à suivre. Made sent qu’elle n’a pas l’entraînement suffisant pour assumer la charge physique. En parallèle, la fatigue hormonale se fait aussi sentir. Alors qu’elle était sur une montée d’œstrogène au début du trip, la redescente accentue l’accumulation physique. Dans ce type d’effort où toutes les ressources du corps sont mobilisées, la moindre carte en moins peut jouer beaucoup. Made sait que ça ne sera pas pour ce trip-ci mais elle reste motivée. Elle est habituée au travail de voie et sa patience légendaire lui fait garder le cap. Elle repart le cœur souriant, heureuse d’avoir pu faire partie de l’aventure et prête à revenir to finish the unfinished business.
Ardennes & Alpes — n°219
Celui de Loic Debry par Sven
Après un an à vélo, Loïc est de retour aux affaires, et il semblerait que cette année loin des machines de muscu et des salles d’escalade ne lui a pas posé trop de soucis pour revenir au top de sa forme. Après seulement 4 mois d’entraînement, le voici au pied de cette voie mythique, j’ai nommé : Supercrackinette (9a+). Une voie qui semble convenir à tout le monde, qui appâte bon nombre de grimpeurs car au premier abord les mouvements semblent faciles (la voie est courte et pas très complexe) mais en tant que fin connaisseur, je sais quelle est la véritable âme de cette voie. Après vous avoir appâté, elle vous détruit aussi bien mentalement qu’épidermiquement. J’essaie donc, avec les meilleurs conseils possibles, de guider Loïc tout en laissant son optimisme entretenir sa flamme. Loïc, sûrement l’un des plus doués grimpeurs belges, ne dégage pas la même solidité qu’ont d’autres grimpeurs nonogradistes. Et pourtant, très vite, il trouve ses méthodes, ses calages et, après 4 séances, il est déjà au mouvement qui, je le pense, va être charnière pour lui. C’est un blocage qui requiert beaucoup de force pour aller chercher un monodoigt. Pour ce qui est de la suite, Loïc vole sur les réglettes de la fin de la voie. Très vite, il comprend qu’il doit aussi bien progresser en trouvant des micro-calages dans le mouvement clef, mais aussi en trouvant des ajustements dans le début de la voie. Ce qui est certain, c’est que le bras de fer a commencé entre Loïc et Supercrackinette. Et comme bon nombre de personnes me l’ont dit lorsque j’étais moi-même dans le processus : « la seule chose que tu pourrais faire pour perdre ce bras de fer, c’est abandonner. » Loïc revient donc de ce trip avec beaucoup d’informations sur la voie et sur comment s’entraîner pour parvenir à clipper la chaîne. Si la motivation perdure, je n’ai aucun doute que Loïc parviendra à enchaîner ce bijou de Saint-Léger.
Le voici au pied de cette voie mythique, j’ai nommé :
(9a+)
Celui de Florian Gourgue par Loïc
Trois semaines seulement après avoir enchaîné son premier 8b+, Florian se lance dans un projet encore plus ambitieux, travailler son premier 8c. Pour ce trip, Flo s’attaque à « la Théorie des cordes ». Il est un amoureux de l’escalade et un grand gourmand, un ouvreur professionnel et un fin cuisinier. La recherche du beau mouvement et de bons pains au chocolat ont beaucoup d’importance pour lui. Ce trip a représenté un certain sacrifice pour lui. Se concentrer sur seulement une seule voie, les mêmes 30 à 40 mouvements, pendant deux semaines, n’est pas dans sa nature. Par contre, se priver de chocolat n’était pas une option !
Dès le premier jour, Flo parvient à faire tous les mouvements de la voie, mais comme souvent, la difficulté est de les enchaîner les uns après les autres, avant que
la fatigue ne l’emporte. Chaque session lui offre un petit peu d’amélioration et, vers la fin de la première semaine, alimenté aux pâtisseries françaises, il passe la première section difficile. Malheureusement, il tombe tôt dans la section rési qui suit, mais ça progresse.
Faire un trip en falaise en grimpant dans son niveau max peut être très fatigant physiquement et mentalement. Florian ne craquera pas ! Il continuera toute la durée du voyage à travailler sa voie avec Pablo. Ensemble ils se sont tirés vers le haut durant tout le trip. Flo reviendra plus fort pour « la Théorie des cordes », c’est certain. Ce voyage dans les confins de ses capacités l’auront fait à coup sûr progresser, et c’est aussi en cela que la BRCT a atteint son objectif.
La majestueuse aventure d’Éline dans le Nabab 8b+ par Madeline
2024, c’est bien parti vers Saint-Léger pour Eline qui vient juste de réaliser un 8B, niveau qu’elle n’avait plus atteint depuis sa fracture avec complication au pied gauche. Après un voyage de 70 km à vélo pour se mettre en jambe, non intimidée par sa grandeur, Eline se lance pour affronter les 45 mètres au-dessus d’elle. Seule pour découvrir une si longue voie dans les prises mouillées, où personne n’avait mis les pieds depuis longtemps, la fin de la voie lui résista dans son premier essai.
En pleine montée d’œstrogène, on ne l’arrête plus, la forme est là, pendant les premiers jours, c’est la plus matinale. Elle s’active tous les matins avec sa routine, avant de démarrer sa journée. Eline parvient à monter jusqu’en haut du Nabab, une première victoire.
Avec ses 80 mouvements, il est difficile de faire beaucoup de montées, elle décompose la voie en 3 sections de 7c+ qu’elle essaie de valider une par une, car elle ne sait y mettre que deux grosses montées par jour.
La première section démarre dans une voie 8a sur grosse colos ; plutôt physique, donc pas trop son style. Cette première partie lui coûte beaucoup d’énergie. Heureusement, à l’intersection, elle a un bon genou avant d’entamer la deuxième section, plus verticale, où il faut commencer à tenir des réglettes et qui se termine par un relancé sur une bonne prise avec un repos, mais moins bon que le premier. La troisième partie de la voie redevient plus déversante, mais reste sur des réglettes, donc une petite rési tout à fait pour elle.
Cycliste dans l’âme, elle se dérouille lors des jours de repos, en écoutant JUL. Elle travaille ainsi le cardio en essayant de ne pas trop se fatiguer pour ses runs dans la voie, mais il faut qu’elle entretienne ses capacités pour pouvoir rentrer avec les 70 km qui l’attendent et ses futurs projets.
Un séjour en équipe, ça n’est pas toujours facile, alors autour d’un bon repas cuisiné alternativement, Eline lance des réunions ouvertes au dialogue sur les difficultés de chacun pendant ce trip. Nous avons aussi partagé une expérience en sophrologie, où certains se voyaient dans l’enchaînement de leurs voies et d’autres ont réussi à entrer en état sophroliminal de stade un.
Elle serre les réglettes et se replace correctement dans les parties teigneuses.
Arrivant à la fin du séjour, avec le coût énergétique que lui demandent toutes les montées, la descente du pic d’œstrogène, Eline est moins forte, mais est encore assez dynamique dans sa grimpe. Elle serre les réglettes et se replace correctement dans les parties teigneuses. Avec les encouragements de ses copains, elle réussit presque à valider cette deuxième section, la seule manquante.
Saint-Léger, c’étaient deux belles semaines de « TRY HARD », de vitamine D. Heureusement pour Eline, un bon repos et elle sera bientôt de retour, elle pourra y remettre 4 jours de grimpe, a muerte.
Ardennes & Alpes — n°219
Le retour de Sven à Saint- Léger par Eline
Saint-Léger est probablement la falaise où Sven a le plus grimpé. C’est aussi ici qu’il a enchaîné son plus gros projet, la fameuse Supercrakinette 9a+ il y a 8 mois de ça. Le premier jour, en marchant vers la falaise je lui demande : « Alors qu’est-ce que ça te fait d’être là à nouveau ? » « J’ai un attachement spécial à ce lieu, tu t’en doutes. Je suis excité d’être là et, pour la première fois, je ne suis pas venu tout seul ». Je retiens ce point. Ça tombe bien, on est là pour apprendre à se donner à fond en équipe. Je suis curieuse de voir ce que ça va donner pour Sven qui a décidé de s’attaquer au Cadafist, un 9a+ dans un des plus beaux murs de Saint-Léger.
En début de trip , Sven fait des links. Méticuleux comme il est, il coche toutes les combinaisons de sections possibles comme objectifs intermédiaires. Il a l’air confiant, il me confie que s’il continue à progresser comme ça dans la voie, il va enchaîner très vite. Il a aussi l’air stressé. Normal, il sort d’une laborieuse session d’examen et s’apprête à partir en Erasmus après ce trip. Et puis il sait que cette voie est extrêmement exigeante et il sent qu’il n’est pas tout à fait assez entraîné pour. Ce n’est pas son niveau max donc une partie de lui se dit qu’il doit l’enchaîner vite. Bref, ça tourne dans sa tête. Heureusement Sven est bien entouré. La bienveillance règne au sein de l’équipe et, en plus, il y a Pierre, Seb, Soline et Merlin qui passent quelques jours avec nous.
Sven est un grand sensible rempli de belles choses à partager.
En milieu de trip, la progression de Sven ralentit. C’est normal en même temps. Plus on est proche d’enchaîner, plus la progression est microscopique. Mentalement, ce n’est pas facile. Sven a l’impression qu’on l’a mis dans la boîte du gars stressé. Et c’est vrai qu’il stresse pour sa voie. En rentrant de la falaise, on discute et il m’explique qu’il sait qu’il est comme ça et qu’il essaye de faire avec. On parle des traits de caractère et de choisir qui on veut être ou d’apprendre à faire avec qui on est. Un juste milieu, une fois de plus. Il aimerait trouver le déclic qui fait qu’il se donne à 100 % dans le flow, sans le stress, comme en grande voie à la frontale. C’est dans ces instants qu’il kiffe le plus. Je lui dis que c’est un super objectif d’apprendre à trouver ce déclic en couenne et que ça lui servira pour toute sa vie de grimpeur, qu’il enchaîne ou pas
ce trip-là. Le soir, rebelote. Je décide d’organiser un jeu d’équipe pour que chacun puisse anonymement partager un problème ou un truc à améliorer par rapport à la grimpe ou à l’esprit d’équipe. Je ne le dis pas, mais en fait je l’organise un peu pour Sven. Il a des préjugés sur les autres du groupe et je le sens. Ça le tend un peu, j’ai envie que tout le monde se sente bien dans le groupe. Au final, c’est très peu anonyme mon jeu, mais il y a des bonnes conversations qui en sortent. J’ai l’impression que Sven a plein de clefs en main et des idées pour fonctionner différemment.
Sven continue de se rapprocher du relai. Il met d’énormes combats dans cette voie qui semble interminable. Il vole de prise en prise, allie toute sa puissance, sa technique, sa stratégie et sa souplesse, mais ça ne passe toujours pas. J’entends presque une petite voix en lui qui lui rappelle que ce n’est « que » 9a+ et qu’il devrait faire plus facilement. Même s’il est capable de rationaliser et de l’appréhender de façon totalement différente de ses projets précédents, et que c’est normal qu’il doive se donner à fond, j’ai l’impression que la petite voix maléfique persiste dans sa tête. Des fois, on n’arrive pas à la faire taire. Et pourtant Sven continue de progresser. Aussi mentalement et humainement. Il découvre les membres de l’équipe qu’il connaissait le moins, s’ouvre de plus en plus et se détend un peu. Sous ses airs, Sven est un grand sensible rempli de belles choses à partager.
Et puis arrive le dernier jour. Toujours pas les condis, plus de rési qu’en début de trip, mais moins de power. Sven met son plus beau run. Mais ça ne passe pas, ce sera pour une autre fois. Ou pas. Il est temps d’aller grimper sur d’autres falaises, de prendre un peu de distance avec Saint-Léger pour prendre soin de sa motivation. Il est frustré et déçu, mais arrive quand même à dégager une belle énergie. De mon point de vue, c’est une très belle progression, peut-être la plus importante du trip. On rate très souvent en escalade alors autant apprendre à bien rater. S’atteler à des projets max en falaise est une des facettes les plus passionnantes de notre sport, ça peut nous rendre fou. On retourne sans cesse aux mêmes endroits, on s’obsède sur quelques mètres de rocher, on regarde des prises pendant des heures pour comprendre leur secret. Ça demande toute notre force physique et toute notre attention mentale. On s’obsède, on pense à nos voies tout le temps. Et en même temps on cherche le flow pour pouvoir ne plus penser. Juste être ici, maintenant, simplement grimper. Et bien je vous le donne en mille, ce n’est pas facile de simplement grimper dans son niveau max. Et pourtant c’est la simplicité d’un instant présent dans le flow qui nous fait réussir. Cette flamme anime Sven, profondément. Il n’a pas fini d’en découdre et je ne vous spoil pas les projets qu’il a en tête, mais je peux vous dire que ça va envoyer du lourd !
Petite interview de Pablo par le journaliste en herbe Flo
F : Alors Pablo, raconte-nous en quelques lignes comment se sont passées ces deux semaines à Saint-Léger qui, ma foi, ont l’air d’avoir été riches en émotions.
P : Hé bien ça a commencé sur les chapeaux de roues parce qu’Eline et moi sommes venus d’Avignon à vélo. 70 km chargés comme des baudets pour relier la gare au gîte. Après 35 km, on s’est quand même accordé une petite pause galette des rois.
F : 70 km à vélo ? C’était pas trop fatiguant avant d’attaquer deux semaines de grimpe à fond les ballons ?
P : J’ai prétendu que non, mais en vrai, ça m’a bien cassé. Surtout que, dès le premier jour, j’ai essayé, comme Flo, la « Théorie des cordes ». C’est un beau morceau et mes guibolles fatiguées ne répondaient plus trop pour les lolottes du début. Il m’a fallu pas mal de séances pour dompter cette première partie physico-physique avec ce 4e clippage qui me coûtait beaucoup d’énergie. La suite rési, ça allait un peu mieux. J’arrive souvent à bien me battre dans ce genre de mur.
F : Je vois ce que tu veux dire, j’étais dans la même galère. Tu as quand même fais des bons essais il me semble.
P : Oui ! Vers la fin du séjour, j’ai eu un petit déclic : si ce clippage numéro 4 me coûte tant, pourquoi est-ce que je ne le passerais pas ? Résultat : le dernier jour, j’ai mis un super essai où j’ai passé le bas et où j’ai pu monter jusqu’aux 2/3 de la section rési ! J’étais trop content, tant de progression en une fois ça m’a motivé méga fort.
F : Malheureusement, c’était le dernier jour. Tu as déjà envie de retourner pour prendre ta revanche ou tu vas laisser couler un peu ?
P : Figure-toi que j’y retourne peut-être fin février avec Eline et deux semaines d’entraînement dans les bras. Reposé et avec les méthodes, peut-être qu’il y a moyen, qui sait ?
Affaire à suivre…
Travailler une voie à sa limite est un processus long, qui demande énormément de patience et de détermination.
1. Madeline avance dans « Praniania » 8b
2. Loic qui se bat avec « Supercrackinette » 9a+
3. Florian dans « Théorie des cordes » 8c
4. Eline dans le « Nabab » 8b+
5. L’importance du repos et de la récupération
6. Pablo également dans « Théorie des cordes » 8c
7. Arrivée au gîte de Pablo et Eline après 70 km à vélo depuis la gare d’Avignon
8. Team BRCT – Stage à Saint-Léger 2024
C’est donc sous le regard bienveillant du Ventoux que la BRCT clôture le stage… avec zéro enchaînement de projet ! Travailler une voie à sa limite est un processus long, qui demande énormément de patience et de détermination. Un jeu un peu absurde quand on y pense. Le stage est pourtant loin d’être un échec, car toute l'équipe s'est prêtée au jeu. Aussi bien physiquement en cherchant à s’optimiser sur le rocher et à habituer son corps à l’effort, que mentalement en restant focus et en essayant, encore et toujours, la même voie. Et c’est probablement sur ce deuxième point que les vertus de l’équipe se sont faites le plus ressentir dans notre grimpe individuelle. Quoi de mieux qu’un groupe d’amis pour nous aider à réfléchir ensemble aux problématiques que l’on rencontre dans son projet, aux meilleures tactiques à aborder, à comment optimiser son effort, et pour nous rassurer et nous remonter le moral quand on doute ?
Ce stage nous aura appris à contribuer avec poids à la performance d’autrui, mais aussi à recevoir des autres pour performer à sa limite. Et c’est peut-être cela le plus fascinant : pouvoir réinventer la performance individuelle en escalade et pouvoir contribuer aux premières lignes de ce nouveau chapitre belge.
BRCTLa Chandelle de Chaleux
de rochers où se dresse la fameuse Chandelle, aiguille bizarre détachée de la masse calcaire. »
Nous sommes au début du 20 C’est ainsi qu’apparaît à Jean d’Ardenne un des plus beaux rochers de Wallonie la Chandelle de Chaleux.
Jean d
tique sur l’Ardenne est journaliste chroniqueur, mais aussi fondateur du Club Alpin Belge. C’est donc d’un œil avisé qu’il décrit le site de Chaleux. Celui-ci, à l’époque, est d’ailleurs plus connu pour ses grottes que pour ses rochers sur lesquels on n’ose pas encore grimper.
La Chandelle, comme le Bayard, seront cependant les premiers rochers auxquels les grimpeurs belges vont s’attaquer. Symbole d’inaccessibilité, il est curieux que ces deux « été tant parcourus, soient aujourd’hui de nouveau inaccessibles, plus exactement interdits. Le Bayard à cause de sa situation citadine et la Chandelle pour dangerosité de son rocher.
Son ascension est interdite suite à un éboulement survenu en 1988.
Ainsi, ce n’est plus que des yeux que le grimpeur peut encore gravir ce qui fut, en Ardenne, le symbole même de l’inaccessible.
L’histoire alpine de cette aiguille est cependant éton nante et mérite d’être contée.
consacra une cinquantaine de sorties d’entraînement
Planpraz . La terminer à la descente par un beau rappel. J’ai eu beaucoup de plaisir à faire cette escalade et M. Paul Leroy Edwards, qui m’a proposé de m’emmener là-bas, avait raison quand il pensait que c’était une escalade intéressante. Il y a sûrement d’autres escalades à faire dans les Aiguilles de Chaleux, hautes d’une vingtaine de mètres. Le paysage des bords de la Meuse est charmant. Du reste, la région des Ardennes ne manque pas de rochers vraiment intéressants. »
En 1933, ce seront d’autres grimpeurs français qui À l’invitation de Xavier de Grunne, des grimpeurs parisiens du Groupe de Haute Montagne6 viendront à Waulsort, Freyr, Dinant et Chaleux. Parmi ceux-ci, une grimpeuse bien connue : Micheline Morin. Alpiniste émérite, elle réalisera de nombreuses belles ascensions classiques dans les Alpes accumulant les premières féminines. Habituée des rochers belges, elle y réussira la première féminine du Bayard et le premier parcours en cordée féminine de l’Al Lègne. Outre ses qualités athlétiques, Micheline Morin sera aussi, à l’occasion, conférencière. Elle donnera une conférence à Bruxelles devant une autre alpiniste : la Princesse Astrid. Elle sera aussi une des premières femmes à écrire sur la montagne. Dans son classique , elle évoque la Chandelle : « Dans cette coupe de verdure une grande épine blanche est piquée, c’est la Chandelle de Chaleux.
Extravagante fantaisie de la nature que cette lame de rocher, haute de vingt mètres et dont la tranche n’offre, par endroits, pas plus de cinquante à soixante centimètres de largeur. ! Peu d’entre nous jouiront de son escalade aérienne car la pluie diluvienne et persistante nous oblige à chercher un abri. Le rocher cascade. »
D’autres éléments de l’histoire de la Chandelle se passeront durant la guerre.
Chaleux et ses environs vont devenir un repère de résistants. Parmi eux, plusieurs membres du CAB.
Ils feront flotter le drapeau anglais au sommet de la Chandelle en signe de résistance.
En 1943, arrive au pied de la Chandelle un autre résistant notoire : Haroun Tazieff, accompagné de Suzanne Toback et Jean Lecomte. Haroun Tazieff, qui va devenir le vulcanologue que l’on connait, est membre du Club Alpin Belge depuis 1938.
Jusqu’en 1950, il pratiquera l’escalade avec régularité (il ouvrira d’ailleurs une voie à Freyr, « la Rue » avec René Mailleux et Claude Kogan. Un accident à un pied l’éloignera de la pratique de
À cette époque où les falaises sont considérées écoles d’escalade », il est habituel de comparer les parois des Ardennes à de petites courses de montagne. Ainsi, l’Al Lègne est comparée à la voie Myriam à la Torre Grande. La grande Aiguille de Chaleux à la face Est du Brévent, etc.
Parmi les élites de l’alpinisme français à s’être déplacés, on peut citer Paul Chevalier, Pierre et Robert Tezenas de Montcel, Pierre Chevalier, Jacques Joncquière, Alice Damesme, etc.
Michelin Morin : Encordée – Ed. Attinger – 1936
l’escalade mais pas de la montagne. Il évoque ainsi l’alpinisme dans une interview8 : « Mais c’est bien lui, qui de façon tout à fait indirecte a orienté mon activité scientifique : sans l’attirance pour la difficulté, sinon le danger qui la caractérise, jamais nous n’aurions atteint les bouches actives où la récolte d’observations et d’informations précises et chiffrées permet une connaissance du phénomène éruptif très supérieure à celle que donnent les investigations classiques, faites à des distances un peu trop respectueuses des foyers. »
Pour en revenir à cette année 1943, dans une lettre à Denise Escande9, il évoque une chute qui faillit lui coûter la vie. Parti en tête de cordée avec des chaussures mal adaptées, il fit une chute de 10 mètres, à plat sur la dalle de départ.
Il perdit connaissance et sorti du coma suffisamment rapidement que pour pouvoir rejoindre Freyr à vélo !
Sa robustesse naturelle avait repris le dessus, mais cette belle frayeur avait marqué pour longtemps les membres de la cordée, dont Jean Lecomte.
Celui-ci fut un habitué du massif de Chaleux où il a ouvert une voie devenue mythique : le Chambiru. Il a aussi gravi la Chandelle avec son ami Jean-Pierre Petit, un scientifique français de renom, avec lequel il grimpait très souvent, notamment dans les Calanques.
Parmi ces divers talents, Jean-Pierre Petit avait le coup de crayon facile. Il fut caricaturiste pour l’Express et le Journal Spirou. Il réalisa également de
8 - Haroun Tazieff : Jouer avec le feu, entretien avec Jean Lacouture – Ed Seuil – 1976
9 - Haroun Tazieff : lettre à Denise Escande du 29 juin 1988 – Archives Jacques Borlée
Lire
IL ÉTAIT UNE FOIS L’ESCALADE
nombreux dessins inspirés de l’escalade en Belgique. Il a notamment contribué à la revue du CAB, au topo de 1963 et au lexique toponymique des rochers et des voies d’escalade de Wallonie10
C’est un accident survenu le 17 mars 1988 qui va mettre un terme à l’histoire alpine de la Chandelle.
Ce triste jour, des jeunes grimpeurs vont tendre une tyrolienne entre la Chandelle et la Grande Aiguille, comme cela se faisait assez couramment à l’époque, ils ne prirent pas une mesure de sécurité connue, celle de prendre un contre-appui sur les arbres en amont pour faire contrepoids au fragile sommet de la Chandelle. Cette imprudence coûta la vie à deux grimpeurs, emportés par la chute du point culminant de la Chandelle.
Celle à qui la foudre avait déjà enlevé son surplomb sommital peu de temps après la première ascension perdit pratiquement la moitié de sa hauteur dans ce drame.
Depuis ce spectaculaire accident, il est interdit de gravir le sommet de la Chandelle.
C’est ainsi que celle qui a été pendant longtemps le symbole de l’escalade dans notre pays a retrouvé sa virginité.
De nos jours, on ne peut plus guère la gravir qu’en pensée ou du bout des yeux !
BERNARD MARNETTE
10 - Bernard Marnette : Petit lexique toponymique des rochers et des voies d’escalade de Wallonie – Ed. Sérac – 2013
CATHERINE DESTIVELLE & DAVID CHAMBRE dessins de LAURENT BIDOT & CLÉMENCE JOLLOIS
Voilà une BD originale et bien présentée ! La couverture cartonnée donne d’emblée le ton : la représentation du rocher possède une rugosité rappelant celle de l’élément minéral qui est, d’un bout à l’autre de l’ouvrage, le personnage principal. S’y accroche en demi-relief un grimpeur moderne, souple et engagé.
Résumer l’histoire de l’escalade en bande dessinée, depuis qu’existe l’Homo sapiens jusqu’à nos jours, relève de la gageure. L’équilibre subtil entre les commentaires et les dialogues est remarquablement bien dosé. Le récit en sort vivace et passionnant. On y apprend à respecter les acteurs de toutes les époques de ce sport-passion. Alors qu’il en est encore qui décrient le virage actuel vers la compétition officielle et les Jeux Olympiques, force est de constater qu’il en a toujours été ainsi : les meilleurs grimpeurs sont des compétiteurs-nés, poussant au plus loin leurs capacités et se jaugeant constamment par rapport aux autres rivaux. C’est un ouvrage qui marquera notre temps. Il se termine par une évaluation de la croissance des difficultés vers le 10e degré, de l’évolution spectaculaire des horaires réalisés au fil du temps et d’un lexique bien illustré. De temps à autre, un code QR vous renvoie vers des extraits vidéo en rapport avec l’image.
Si je dois trouver un bémol à cet ouvrage, le voici, et je le trouve de taille : à deux reprises on voit un grimpeur des années vingt ou trente utiliser la technique du rappel à l’épaule, donc sans baudrier ni descendeur, et la technique dessinée est malencontreusement erronée. Ne vous y référez donc pas, au risque de vous rompre le cou, si vous voulez vous en inspirer pour apprendre cette technique de rappel qui permet de descendre en sécurité lorsqu’on est démuni de matériel, ne disposant plus que de la corde.
JEAN BOURGEOIS
Il était une fois l'escalade
Catherine Destivelle & David Chambre dessins de Laurent Bidot & Clémence Jollois
Les Éditions du Mont-Blanc, 2023, 195 p.
ISBN : 979-10-375-0971-0
Siurana
Une semaine haute en couleurs
RAPHAEL DUGAILLEZ – Texte & imagesC’était donc la semaine à cheval sur le Nouvel an, en Catalogne, à 25 km des côtes. Un petit village perdu sur le plateau calcaire catalan, 10 habitants, 30 maisons, mais 2000 voies d’escalade et une centaine de vans et de tentes dans les campings dans les 5 km à la ronde. Juste 1500 km pour y aller, mais covoiturages hyper efficaces et trajet de nuit.
Un site géologiquement incroyable, beau ! Une colline étendue sur 1 km avec un village médiéval perdu et, de part et d’autre, deux vallées calcaires très colorées, sous forme d’un immense jardin japonais en cascade sur plusieurs niveaux, des voies, des voies, des voies, essentiellement de la couenne… dans un paysage catalan vallonné et très ouvert.
16 malmédiens tous connectés via leur salle, dans 3 bungalows et un van du camping, et une sacré semaine fun et plein d’humour et de légèreté. On a défié la gravité de la vie à tous niveaux ! Un peu froid, mais globalement ensoleillée, et lumineuse. Car on gagne déjà 2 h de clarté par jour en cette saison de complète drache nationale permanente et déprimante en Belgique.
Le rythme est donc antimonacal : lever pas tôt et déjeuner copieusement, partir grimper et travailler des voies, pique-niquer sur site, revenir, apéro, post-apéro, repas,
puis soirée fun. Et pour certains, devoir digérer ce qui s’est trop hydraté…
Comme pour Hugo, le premier de l’an, où on part en via ferrata en peignoir et torse nu, et où Hugo est aussi blanc que la magnésie, parce que sa descente du 31, c’était un sacré rappel…
Des voies de tous niveaux (très peu de 4, quelques 5, beaucoup de 6 et full 7 et 8). De quoi y laisser de sa personne, un bout de peau, un peu de sang pour ceux qui se sont arrachés sur certaines voies. Certains ont sortis du 7a, 7b, 7c, c’était de la belle grimpe. Il aura fallu quand même quelques mètres de strap pour les doigts…
Une ambiance open mind avec des grimpeurs de toute l’Europe, vingt nationalités au moins et une ambiance très chill et très solidaire et familiale entre grimpeurs.
Chacun a travaillé des voies pour progresser, tous ont testé 1 ou 2 ou 3 niveaux en plus, les bons grimpeurs ayant toujours la gentillesse de poser des cordes pour les autres, certains ont eu plaisir à cuisiner pour d’autres et globalement, une ambiance trop chill et amicale.
De très belles voies, colorées, dont une grande part en dévers, toutes bien équipées, quel travail d’équipement d’ailleurs ! Beaucoup de Belges cette semaine-là – presque 40 !
Le bâtiment du camping ressemble à un refuge de haute montagne avec la même ambiance chill et cosy, et pour le reste, les photos parlent d’elles-mêmes.
Une semaine vraiment drôle, sportive, conviviale, pleine de soutien, de rires. Merci à tous !
Petit clou de la semaine : elle fut animée par les tentatives d’Alex Megos de sortir « sleeping lion », 9b+. Et une fin d’après-midi, on a entendu (certains l’ont vu) un « yeeeeeeeeeeeeesssssssssssssss » tonitruant, car il venait de la sortir, cette voie d’exception, après 7 jours de travail acharné dedans. Une très belle vidéo existe sur le sujet (voir le code QR)
RAPHAEL DUGAILLEZClub Alpin Belge
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Through years of overcoming challenges and learning together and from one another, they’ve cultivated a true climbing symbiosis.