ARDENNES & ALPES 190 – 4e trimestre 2016 • revue trimestrielle du CLUB ALPIN BELGE® asbl • 129 Av. Albert 1er • 5000 Namur • N° d’agréation : P202292 • BUREAU DE DÉPÔT : Charleroi X
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4e trimestre 2016
MAKALU 2016
nats pion 16 m a Ch ris 20 Pa
Taghia
Dibona
CLUB ALPIN BELGE ® Fédération francophone asbl (CAB) Numéro d’entreprise RPM 0418.823.432 ISSN 1781-7501
Éditorial
www.clubalpin.be Fédération sportive reconnue par la Communauté française de Belgique • Siège social, secrétariat général et bureaux : Avenue Albert 1er, 129 – 5000 Namur
t du CAB Didier Marchal – Présiden
• Secrétariat : Eveline Groetembril – Frédérique Gomrée – informations générales, gestion des membres, facturation, du lundi au vendredi de 9 h 00 à 12 h 30 Tél. : 081/23 43 20 – Fax : 081/22 30 63 secretariat@clubalpin.be • Responsable administrative et juridique : Marianne Coupatez de 9 h 00 à 12 h 30 et de 14 h 00 à 16 h 30 Tél. : 081/23 43 21 marianne@clubalpin.be • Responsable Rochers Joe Dewez GSM : 0483/04 61 26 rochers@clubalpin.be • Agents techniques : Paul Lejeune Romuald Ferdin agent.technique@clubalpin.be • Gardien du site et du refuge de Freÿr : Marc Debaecke gardiendeFreyr@clubalpin.be GSM : 0491/37 80 79 • Direction technique : Geoffroy De Schutter geoffroy@clubalpin.be • Compétitions – haut niveau : Tijl Smitz GSM : 0491/08 17 41 competitions@clubalpin.be lundi au vendredi, de 9 h30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 16 h 30 • Centre de formation : Philippe Velings lundi et mercredi, de 8 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 00 à 16 h 00 Tél. : 081/23 43 22 formations@clubalpin.be • Coordination générale : Geoffroy De Schutter geoffroy@clubalpin.be • Bibliothèque : accessible pendant les heures d’ouverture des bureaux ou sur rendez-vous • Président : Didier Marchal president@clubalpin.be • Site Web : www.clubalpin.be • Responsable communication : Marie Pierret GSM : 0497/99 77 88 marie@clubalpin.be • Ardennes & Alpes : secretariat@clubalpin.be
N’hésitez pas à nous envoyer le récit de vos courses ou séjours escalade pour les partager avec les autres membres.
Le 3 août 2016, le Comité international olympique (CIO) a accepté d’ajouter cinq sports au programme des Jeux olympiques de Tokyo 2020 : le base-ball/softball, le karaté, le skateboard, l’escalade sportive et le surf.
l Didier Marcha
Comme on peut le lire sur le site du CIO1, le vote du 3 août est l’aboutissement d’un long processus qui a débuté avec l’approbation en 2014 de la feuille de route stratégique du CIO. En laissant aux comités organisateurs la possibilité de proposer de nouveaux sports pour leur édition des Jeux, le CIO souhaite faire évoluer le programme olympique avec plus d’innovation, de souplesse et d’attrait pour les jeunes. Thomas Bach, le président du CIO, a déclaré : « Nous voulons amener le sport aux jeunes. Avec les nombreuses options qui s’offrent à eux aujourd’hui, on ne peut plus s’attendre à ce que les jeunes viennent naturellement à nous. Nous devons aller à leur rencontre ». On notera que l’ajout de ces cinq sports à Tokyo n’implique pas que les futures villes hôtes les adopteront. Lors de la cérémonie d’ouverture du Championnat du monde d’escalade à Paris en septembre dernier, les autorités ont rappelé la candidature de Paris pour l’organisation des Jeux olympiques 2024, tout en insistant sur leur souhait d’y maintenir l’escalade. Si l’on sait que l’escalade sera bien présente aux Jeux olympiques de 2020, les discussions se poursuivent pour déterminer la forme que prendra la compétition. Les trois disciplines (bloc, difficulté, vitesse) seront organisées, mais il faut encore définir comment désigner le vainqueur. Bref, quelques inconnues subsistent. Mais il est d’ores et déjà certain que les grimpeurs devront être au top dans les trois disciplines pour avoir une chance de monter sur le podium ! Si l’on en croit les excellents résultats de nos athlètes aux Championnats du monde à Paris, il y a de sérieuses chances de médailles pour notre pays. D’ici à 2020, pendant quatre ans, les athlètes du moment vont évoluer et devoir s’entraîner pour être performants aussi bien en bloc, qu’en difficulté et en vitesse. Les athlètes les plus jeunes, quant à eux, se prépareront en fonction des Jeux de 2020. Il y a donc du travail, non seulement pour nos athlètes, mais aussi pour l’équipe qui les accompagnera jusque-là ! Souhaitons-leur beaucoup de courage ! Le président du CIO déclarait : « Nous devons aller à la rencontre des jeunes ». Si les Jeux Olympiques se prêtent particulièrement bien à cette démarche, les sports pratiqués par les membres de notre Fédération ne sont pas en reste. Nous pouvons en effet aller vers les jeunes en leur proposant diverses activités, mais aussi en les incitant à se lancer dans les formations. En escalade, la filière débute par les formations « Animateur SAE » et « Animateur SNE », désormais bien connues. Quand on aime le sport, c’est une filière tout indiquée pour faire partager sa passion ! Les cours ne sont pas faciles, certes, mais il en va comme pour la pratique du sport : pour progresser, il faut s’entraîner ! Si devenir moniteur sportif dans un des sports de la Fédération vous tente, renseignez-vous ! 1
www.olympic.org
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Ardennes & Alpes Revue trimestrielle du Club Alpin Belge Fédération francophone d’escalade, d’alpinisme et de randonnée ASBL Avenue Albert 1er, 129 5000 Namur
Sommaire e 2016 no190 – 4 trimestr e octobre – novembre - décembre
COMPÉTITIONS Belgian Boulder
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IFSC Championnats du Monde Paris : un bilan exceptionnel pour la Belgique ! 6
Editeur responsable : Didier MARCHAL
Ardennes & Alpes est ouvert à tous les correspondants belges ou étrangers. Les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.
FALAISES Les Aiguilles de Chaleux, site en ligne (rééquipé à la ferroviaire)
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Taghia : des hauts plateaux
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Taghia – Djebel OUJDAD – Pilier Sud
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Haben oder Sein
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HOMMAGE Étienne, un ami, un maître…
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MONTAGNES
Reproduction autorisée (sauf mention contraire) avec l’accord de l’auteur et mention de la source : extrait d’Ardennes & Alpes, revue du Club Alpin Belge, no 190
Festival d’Autrans
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Makalu 2016 – « Monte tant que tu peux redescendre », le vécu de l’expédition
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L’Aiguille Dibona 3 131 mètres
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OPINIONS La peur
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VIE DE LA BIBLIOTHÈQUE Cela bouge du côté de la bibliothèque
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Remerciements
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Escalades royales, l’histoire étonnante des exploits alpins des souverains belges
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Sommaire des revues
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Nouvelles acquisitions
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4e trimestre 2016
ARDENNES & ALPES 189 – 3e trimestre 2016 • revue trimestrielle du CLUB ALPIN BELGE® asbl • 129 Av. Albert 1er • 5000 Namur • N° d’agréation : P202292 • BUREAU DE DÉPÔT : Charleroi X
MAKALU 2016
ats pionn16 Cham 20 Paris
Taghia
Dibona
VIE DE NOS ROCHERS 12 h de Durnal 2016
En couverture : Makalu k l Crédit photographique : Jean-Luc Fohal
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AGENDA Annonce des Clubs
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COTISATIONS
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BOUTIQUE DU CAB
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COMPÉTITIONS
Belgian Boulder Tijl Smitz et Marie Pierret
Parce qu’il n’y a pas que le foot en Belgique ! Les grimpeurs attendent votre soutien … Simon Lorenzi, Be Bloc Crédit photo : Jérôme Vervier
Simon Lorenzi, CRUX Crédit photo : Jérôme Vervier
Des solutions époustouflantes à des problèmes inextricables, du spectacle, du suspens, de la grimpe de haut niveau, une ambiance festive et conviviale… Si vous avez déjà assisté à une compétition de bloc, vous connaissez la sensation, vous êtes déjà accro ! Si non, laissez-vous convaincre, rejoignez-nous … Que ce soit votre première expérience ou une « récidive », notez ces événements dans votre agenda, les grimpeurs attendent votre soutien lors des championnats de Belgique : • 19 novembre : Belgian Boulder Youth, Crux Bouldergym, Herk-de-Stad, Limbourg • 26 novembre : Belgian Boulder, Be Bloc, Jambes, Namur + « Venez fêter les grimpeurs », fête annuel des grimpeurs organisée par le Club Alpin Belge
19 novembre : Belgian Boulder Youth, Crux Bouldergym Herk-de-Stad, Limbourg • 9h30 : Qualifications • 14h00 : Podiums Bar et petite restauration Entrée gratuite pour les spectateurs Avec ses 600 m² de surface grimpable et ses quelques 250 problèmes, è la salle de Crux offre assurément du plaisir de grimpe à tout un chacun, quel que soit le niveau. Elle offre également une zone d’entraînement, des structures modulables et un bar.
26 novembre : Belgian Boulder & « Fête des grimpeurs » Be Bloc, Jambes, Namur Soyez tous là pour fêter et soutenir l’escalade en Belgique ! Parce que le supporter d’escalade est (hyper)actif et fêtard, Be Bloc et le Club Alpin Belge vous ont concocté un programme coloré lors du « Belgian Boulder 2016 »: une « bloc session » pour vous essayer au top niveau, suivie de « La fête des grimpeurs », une rétrospective qui met à l’honneur les performances 2016 de la Belgian Climbing Team, sans oublier le « pot de l’amitié ». Les finales feront ensuite monter l’excitation, de quoi enflammer le dance floor après les podiums ! • 9 h 30 – 15 h 00 : Qualifications • 15 h 00 – 18 h 00 : « Bloc session » spectateurs o Essayez-vous aux 10 blocs de qualifications ou aux 30 blocs ouverts pour l’occasion o Concours et lots à gagner : jetés, dalle de vitesse, duels… • 18 h 00 – 19 h 00 : Fête des grimpeurs o Rétrospective : projection commentée des plus belles performances de l’année o Le pot de l’amitié • 18 h 00 – 19 h 45 : Food truck • 19 h 45 – 22 h 15 : Finales • 22 h 30 : Podiums • 23 h 00 : Soirée dansante animée par Jérôme Abraham, Dj résident de Be Bloc Entrée gratuite pour les spectateurs / 10€ pour la « Bloc session ». Be Bloc, c’est la plus grande salle de bloc en Belgique : 700m² de blocs, plus de 80 modules, un pan 5 d’entrainement, une zone extérieur, un bar, un espace canapé, un billard, un baby-foot et j’en passe ; bref, vous l’aurez compris la philosophie de Be Bloc, c’est « une grimpe ludique et de la convivialité » !
Chloé Caulier, Be Bloc Crédit photo : Jérôme Vervier
COMPÉTITIONS
IFSC Championnats du Monde Paris : un bilan ! e u iq lg e B la r u o p l e n n io except Marie Pi erret
Il y a deux mois, la Belgian Climbing Team revenait au pays avec de l’or et de l’argent : un bilan exceptionnel à l’issue des Championnats du monde d’escalade et handi-escalade IFSC 2016. Cette performance était attendue et les objectifs atteints pour notre équipe qui vient de voir sa discipline sportive récemment promue au rang de sport olympique. Tijl Smitz, notre Coordinateur du Haut niveau et Coach national se réjouit des médailles remportées et souligne le bon résultat général de toute la délégation qui a compté 3 finalistes et 6 demi-finalistes.
Tijl Smitz -
« Les belges sont bien présents sur la scène internationale à travers les 4 disciplines (lead, boulder, speed et handigrimpe) ; nos athlètes talentueux qui la composent aujourd’hui, tant en catégorie Jeunes que Seniors, reviennent au pays avec la certitude que les « podiums leurs sont accessibles. » - Tijl Smitz
Belgian Climbing Team -
Crédit: Jérôme Vervier
Credit Michael Timmermans
Le plus gros rassemblement d’escalade indoor au monde Les Championnats du monde d’escalade IFSC Paris, c’est aussi 20 000 spectateurs réunis dans la prestigieuse enceinte de l’Accor Hotels Arena, anciennement Paris Bercy, pour un show grandiose : de l’escalade au top niveau mondial, du spectacle, du suspens… Outre nos résultats sportifs, participer à ce type d’événement, c’est aussi apprécier la grimpe des meilleurs mondiaux et l’ambiance bouillonnante des finales. L’intégration de la handi-escalade est incontestablement une réussite de ces championnats. La compétition nous a offert de grands moments sportifs, parfois en silence (pour les athlètes malvoyants), parfois dans l’effervescence la plus totale.
En chiffres Au total, une délégation de 16 athlètes belges a pris part à 5 jours de compétition pour se mesurer à 500 athlètes
Championnnats du monde IFSC Paris 2016 Crédit: Geoffroy De Schutter
de 53 nations différentes sous les encouragements de 20 000 spectateurs. Au total, 16 titres de champions du monde ont été décernés.
Rétrospective et résultats de la Belgian Climbing Team Sur les podiums Elodie Orbaen (33 ans), notre double championne du monde handi-escalade, catégorie RP3 Premiers podiums, première médaille belge ! Le 16 septembre, Elodie ouvrait le bal en devenant double championne du monde« handi-escalade RP3 », titre qu’elle défendait après sa consécration en 2014.
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« Je suis très contente, la voie était difficile, ce qui me rend encore plus heureuse de ma réussite. C’était un vrai challenge pour moi de reconquérir ce titre avec la pression de répondre aux attentes et de ne pas vouloir décevoir. Mais rien n’était gagné d’office et ce titre récompense des heures de travail. C’est un vrai plaisir que je partage aujourd’hui avec tous ceux qui m’entourent et me soutiennent. » Elodie Orbaen
Elodie Orbaen -
Crédit: Michael Timmermans
Zoom
Zoom
La compétition s’est jouée de près face à une concurrente de nationalité japonaise, Aika Yoshida. Le suspens a duré jusqu’à la chute de la grimpeuse qui a mal anticipé un mouvement en ¾ de voie et s’est classée en 3e position après la française Oriane Moreno.
Le suspens a perduré jusqu’au bout : les 5 premières grimpeuses ne parviennent pas à atteindre le sommet de la voie contrairement à Anak. C’est seulement lorsque la 9e et dernière grimpeuse Janja Garnbaret, jeune Slovène de 17 ans surnommée « celle qui ne tombe jamais » entre en scène, que nous assistons à un second et dernier « top ». C’est donc un résultat ex-æquo pour le plus haut titre qui sera départagé par les résultats des prestations en demi-finales (lors de laquelle Anak avait légèrement peiné en « clippant » une dégaine). Notre compatriote figure parmi les tops mondiaux de sa catégorie et était pressentie pour les podiums de ces Championnats du Monde 2016, sa récente victoire à Arco (ITA) en coupe du monde (août 2016) confirmait son ascension constante. Nous retiendrons que le public français lui a réservé une « standing ovation » et que les performances d’Anak Verhoeven laissent présager un avenir sportif des plus ambitieux ; son avenir est devant elle.
Elodie Orbaen -
Crédit: Jérôme Vervier
Notre grimpeuse a réalisé une très belle performance et atteint son double objectif : celui d’être la première, mais aussi de « topper » (atteindre le sommet de la voie), ce qu’elle n’avait pu réaliser lors de sa première consécration à Gijón (ESP).
Anak Verhoeven (20), Vice-championne du monde, catégorie Lead senior
Anak Verhoeven Crédit: Geoffroy De Schutter
Quatrième jour de compétition, deuxième médaille pour la Belgian Climbing Team : le samedi 17 septembre, Anak Verhoeven obtenait le titre de vice-championne du monde en escalade « lead » à l’âge de 20 ans, dans la catégorie sénior. Cette performance la place n°1 dans le classement mondial. Notre grimpeuse a démontré toute l’étendue de son talent en enchaînant une voie de manière parfaite dans un style qui suscite l’admiration : en douceur, puissance et avec précision.
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« Je suis contente d’être au plus haut niveau mondial, c’est fantastique. » Anak Verhoeven En finale En catégorie AL-2, Frederik Leys (29 ans) atteint les finales lors d’une première participation à un Championnat du Monde (5e sur 15). Cette performance, pour le plus jeune et le moins expérimenté des finalistes après 2 ans ½ de pratique seulement, laisse présager une progression ambitieuse. A suivre !
Frederik Leys -
Crédit: Geoffroy De Schutter
En demi-finales En catégorie « lead », Loïc Timmermans (21 ans) a accompli une demi-finale spectaculaire. Il s’est admirablement bien défendu face aux tops mondiaux, terminant son championnat en 13e position sur 27, à seulement 5 places d’une qualification.
En catégorie « lead » Heloïse Doumont termine son championnat en demi-finale à la 17e position en réalisant une exceptionnelle prestation. En atteignant ce niveau de compétition, elle confirme son ascension et son potentiel de développement.
Qualifications Zoom Le grimpeur nous a offert du spectacle (en enchaînant notamment un 360°) grâce à une très bonne lecture de voie tout en faisant preuve de force et de résistance.
« Je suis très satisfait d’avoir donné le maximum de ma capacité. Malgré un départ surprenant par la difficulté des mouvements à enchaîner en début de voie, j’ai conservé ma concentration, ce qui m’a permis de reprendre le Loïc Timmermans - dessus et de rester efficace. » Crédit: Geoffroy De Schutter Loïc Timmermans En catégorie « boulder », une demi-finale exigeante pour Chloé Caulier (19 ans) qui obtient la15e position sur 20 sans se qualifier pour les finales, mais qui confirme son haut potentiel et sa place parmi les meilleurs mondiaux.
Zoom Notre grimpeuse peine d’entrée de jeu sur le second mouvement du premier bloc, de style « dynamique », dans lequel elle a moins l’habitude de performer. Mais sa détermination paie, elle obtient un bonus sur le 3e bloc et résout le 4e en plusieurs essais sur des blocs en « dalles » qui lui conviennent particulièrement. Pour son coach, Christophe Depotter, la participation de Chloé à ces championnats confirme son potentiel de compétences parmi les meilleurs mondiaux et la nécessité de travailler les mouvements « dynamiques ».
Chloé Caulier -
« Je n’ai pas de regrets sur mon escalade, je n’ai pas commis d’erreurs même si les résultats sont frustrants dans le classement. Le niveau de difficulté était très élevé et je suis encore plus motivée pour l’année prochaine. » Chloé Caulier
Nicolas Collin « lead » (43e) a réalisé une très belle performance qui, sans le qualifier pour les demi-finales, démontre néanmoins avec conviction la courbe croissante de son évolution et le positionne en « espoir » de l’équipe belge. Lukas Geukens « boulder » s’est bien défendu face aux 123 participants masculins qui plaçaient d’entrée de jeu la barre haute. Il s’est encore amélioré depuis sa belle prestation à Münich en août. Il enregistre le meilleur résultat des « bloqueurs » belges terminant 56e de sa catégorie. Elfe Claes « boulder » réalise une très belle prestation et se classe 47e en enchaînant 2 blocs. Cette première expérience à ce niveau de compétition est prometteuse et laisse entrevoir de belles perspectives d’amélioration. Céline Cuypers « lead » continue à démontrer sa ligne croissante de progression depuis sa précédente prestation aux Championnats d’Europe Jeunes ; elle termine 41e sur 76. Antoine Kauffmann « lead » (51e) a bien grimpé et remonte sûrement la pente après une blessure le contraignant à 3 mois d’arrêt, il démontre sa tendance à s’adapter « au style d’escalade » exigeant en championnats du monde. Arnaud Ansion (71e) participait ici à sa deuxième compétition senior en « boulder ». Il grandit en expérience et se prépare pour les Championnats du Monde Jeunes en novembre. Stéphane Hanssens en catégorie « lead » (57e) présent sans attentes de performances à ce championnat à la suite d’une convalescence (pneumothorax), réalise un résultat correct en regard de son état physique qui, la semaine précédente, hypothéquait encore sa participation. En catégorie « speed », il réalise un premier essai honorable et termine 51e sans se qualifier. Stéphane se classe 65e en « boulder ». Simon Lorenzi « boulder » : 77e Sebastien Berthe « lead » : 73e ex-æquo Thomas Salakenos « boulder » : 89e Consultez les résultats et palmarès complets de nos athlètes sur le site IFSC : www.ifsc-climbing.org Revue de presse disponible sur www.clubalpin.be/ revuedepresse Remerciements Nous félicitons et remercions le travail de toute l’équipe CMBel, Christophe Depotter, Didier Mottard, Robby Tóth, Liselotte De Bruyn, Isabeau Vogeleer, Geoffroy De Schutter, Tijl Smitz, Marie Pierret ainsi que l’aide appréciée de Jérôme Vervier et Michaël Timmermans. Notre collaboration a assuré le succès de cette première grande participation Senior.
Crédit: Jérôme Vervier
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Heloise Doumont Credit Jerome Vervier
FALAISES
Crom Van c i r E
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Les Aiguil es de Chaleux,
iaire) site en ligne (rééquipé à la ferrov
Un petit break sur le ferryboat pour prendre le temps d’honorer les nombreux fans des aventures du BFJJ. Cette société secrète a vu le jour grâce à son illustre patriarche, Joël Godfroid (moins preux que son aïeul de Bouillon), et, pour la maternité, il faut bien reconnaître le talent et l’endurance de Joe Dewez, qui, au bout de 9 mois d’une interminable transmission, a vu naître ce que l’on fait de mieux comme purgeur-foreur. Il faut bien voir sa tutelle sur le sol belge, mais il ne se rend aucunement responsable des méfaits et gestes de ces crève-la-faim en pays exotiques. Voilà pour les 2 « J ». Je développerai plus tard les significations des « B » et « F ». Prenons d’abord le temps de lier connaissance. Une cordée, pour réussir ses projets, plus que le devoir d’humilité, se doit de connaître la symbiose. À cette fin, je te propose cette conversation. Ça ne t’intéresse pas ? C’est vrai que tu te livres déjà sans retenues aux services secrets internationaux. Pourquoi en donner à cette nouvelle société secrète ? Ici, pas de Facebook, pas d’étude de ta position GPS, pas de politique, pas question de tes écarts en consommation de choco ou de libido. Tu prends la conversation ou tu la laisses. Et comme je sais que tu n’as pas de temps, j’en viens au fait.
François au départ de la Lesse dans la Hulotte
Pourquoi le ferry ? Parce que je suis parti en repérage londonien. Sur le gazon anglais, mousseux à souhait, peu de verticalité, peu de verbe dans la cité. Tout se vit au rythme des trois digestions de la vache noire, au rythme de la double dégustation coprophage du lièvre aux dents rousses. Le Londonien, au faciès très abrupt, s’est alors érigé des monuments à la grimpe, en forme de sphincter, gigantesques. Il y pratique l’escalade bloc depuis certainement 3 000 ans, il appelle ça le style Stonehenge.
te laisse deviner quel terrain de jeu formidable pour le grimpeur que tu es. En mal de sensation ? Besoin de vivre au quotidien un engagement alpin ? Viens prendre ton pied sur cette plaque blanchâtre d’outre-Manche ! Parce que les sites de grimpe belges sont suréquipés, trop prévisibles. Tu tires sur une prise, elle tient. Tu voles sur un point, il résiste. Où est l’esprit montagne ? Ce n’est plus de la grimpe. Tu n’y crois pas ? C’est une vérité. Le dernier site où tu te sentais vivre n’est plus, mon ami. Grimper aux Aiguilles de Chaleux c’est maintenant couvert par la mutuelle. Les broches sont galvanisées, moulées en France dans un acier chinois, elles porteront encore trois nouvelles générations de grimpeurs métissés. Et il en faudra bien autant pour qu’ils saisissent toutes les subtilités de ce site. Parce qu’à Chaleux, c’est Ceüse et la Calanque de Sormiou à la fois, sans les naturistes de l’an 2000, c’est Chamonix dans le silence de la Terre de Baffin, sans les mouettes, sans les kayaks.
Je t’avoue que ça n’a pas pu combler mon appétit de Gaulois, récent membre du BFJJ. Revenant la queue entre les jambes, déshérité, roulant à gauche et passant presque l’arme à gauche, je suis sur le point de monter à bord du ferry nommé Calais-Jungle, lorsque je glisse sur une plaque blanchâtre ! Il dérape, tu dis ? Non, rien d’assez « scrabbleux » à ton goût. C’est bien plus dur que l’argile. C’est de la craie. Et là-bas, grignotées par la mer, se dessinent de belles falaises. Je
Gwen titille la fissure de la Girafe S Gio solo X
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Chaleux, c’est un relais suspendu un mètre au-dessus de la Lesse bouillonnante, une traversée qui la longe en 6c (AO), ce sont des dièdres adhérents en 5+, des arêtes à corde tendue, des parcours « montagne » et des « multipitchs ». Les Aiguilles de Chaleux, c’est aussi de la pure dalle compacte, verticale et même déversante, en 6c, 7a, 7b, 7c. Ce sont des voies anciennes, ouvertes
Christian dans L1 du pilier de Pico
Les 4 toits de EPD
Boris + l’ouverture du 6C + fissure d+ Copyright_versante
Coup de coeur pour la 5 la 11 la 16 et la 23
La Mustang L2 Giorgios par nos colosses ancestraux, répétées une dizaine de fois seulement. Et quand tu balances ta corde en début de journée, tu te crois au Verdon, la rivière au fond, et ses deux rappels dans le gaz intégral. L’ancien Chaleux n’est plus. Au BFJJ, on les appelle les Nouvelles Aiguilles de Chaleux, n’en déplaise à Gainsbourg qui les appelait toutes « mes sucettes ». Tu ne dis rien, mais tu n’en penses pas moins ! Et tu as raison ! Grimper à ce jour en Belgique n’est pas complètement safe. Il existe encore un village d’irréductibles, qui, les nuits de pleine lune, se dopent à l’électrolyse. Du haut des âges, en terre du Néviau, l’homme de Neandertal y fut chassé par l’homme de Dave, qui y maintient le culte des temps anciens. Éteignez vos cigarettes, attachez vos ceintures ! Le ferryboat entame son abordage ! L’alpinisme n’est pas mort en Belgique, pas encore. Mais le BFJJ approche… Il voit tout… Il sait tout. Remerciements aux nouveaux membres du BFJJ, les purgeurs, peigneurs, foreurs, colleurs pour le site de Chaleux : Gaëtan Massaut, Christian Fontaine, Giorgos Athanasopoulos, Boris Dalimier, Thomas Vandenberghe, Pierre Genty, François Hubert, Gwenaël Renard.
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FALAISES
ette Bernard Marn
TAGHIA : des hauts plateaux Revenir grimper à Taghia est toujours un plaisir. Cette année, nous y étions au mois de mai. Changement d’habitude, puisque cela fait maintenant 5 ans que, pratiquement chaque année, un petit groupe de grimpeurs belges vient visiter, à l’automne, ces magnifiques montagnes faites d’austères sommets et de hauts plateaux. En effet, ces dernières années nous choisissions « l’après-saison » de manière à arriver bien affûtés et bien acclimatés après un parcours alpin préparateur.
Cette année, pas de préparation alpine ni (pour moi) de grands entraînements vu le piètre temps de ce printemps que l’on a connu dans nos chères Ardennes. Étant réfractaire aux salles d’escalade, ma préparation fut limitée à quelques rares sorties entre les gouttes. Mais cela ne nous a pas empêchés de réussir de nouveau un magnifique séjour dans les gorges et sur les plateaux de l’Atlas marocain. Voici en vrac quelques news de ce séjour réalisé par huit grimpeurs belges de fin mai à début juin. Tout d’abord, commençons par les deux premières réalisées dans l’Akka n’Tazarte (versant Tilemsine). Nous nous sommes retrouvés à la voie « Ikminne » que j’avais ouverte l’année dernière avec deux amis marocains (voir A&A n°187-1/2016). Nous avons amélioré le tracé de la voie en réalisant une sortie directe qui permet d’éviter une zone peu intéressante. Christian Fontaine nous accompagnait pour ce beau voyage, nous, les trois de l’année dernière. C’est à lui qu’est revenu l’honneur de tracer cette belle longueur de sortie. Nous avons ensuite repris la descente dans le couloir dit « Zamel », où nous avons équipé un long rappel de 60 m (probablement faisable avec 50 m).
Le « petit » Mohamed dans la 6e longueur de la voie « Agounzer » (Photo : B. Marnette)
Le 1er juin, nous sommes repartis dans l’Akka n’Tazarte, sans Christian cette fois. Nous y avons tracé une ligne le long de la paroi du plateau de Tilemsine, une voie qui utilise une grande rampe marquée de quelques passages végétatifs qui mènent à un système de fissurescheminées. Celles-ci montent directement sur le plateau. Nous avons appelé cette voie « Agounzer » qui signifie « coulée », « écoulement » dans la langue berbère. Ce nom est lié au fait que, au sortir de la voie, le « petit » Mohamed a subi un écoulement nasal un peu mystérieux. Un écoulement sanguin en signe de « libération » pour celui qui avait sorti la voie. Ces deux voies ont été réalisées « à la journée » depuis Taghia. La voie « Ikminne » peut être considérée comme bien équipée. Nous y avons placé des spits aux endroits jugés nécessaires pour que la voie soit intéressante à refaire avec un simple jeu de friends, mais toujours dans un esprit « trad ». Ce travail d’équipement et d’exploration s’est prolongé tout au long du séjour. Nous avons grimpé utile ! Avec Mohamed Amil, je suis allé équiper de spits le rappel de la voie de descente du Taoujdad. Ayant réalisé ce rappel l’année dernière, j’avais trouvé l’arbre d’appui un peu suspect. Plusieurs grimpeurs de passage cette année ont fait part de leur angoisse lors de la réalisation de ce rappel. Voici une difficulté résolue avant qu’elle ne devienne un vrai gros problème. Avec mon cher ami Mohamed, nous avons également fait une randonnée toponymique dans l’Akka n’Tazarte. Mohamed a gardé les chèvres dans cette gorge des figuiers lorsqu’il était jeune. Il connaît donc bien le nom de certaines falaises sur lesquelles les grimpeurs
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Armed Houssou, le gardien du refuge de l’Oujdad (Photo : B. Marnette)
sévissent. C’était donc l’occasion rêvée de faire un petit travail topographique et toponymique. Avec l’aide de Mohamed et d’un de ses amis bergers (Armed Houssou, le gardien bâtisseur du nouveau refuge de l’Oujdad), voici donc quelques termes pouvant être utiles aux grimpeurs qui visiteraient cette magnifique gorge. Tout d’abord, l’entrée de la gorge depuis Tamdarote se nomme « Imin gayouin » : Mohamed traduit ce terme par la « gorge », la « gueule ». Si l’on remonte le canyon, à la sortie de « la forêt », le défilé se nomme alors « Tazolt ». La paroi de la partie gauche (rive droite) se nomme dans l’ensemble « Agoudal Tazolt », alors que sur le côté opposé (rive gauche), les parois sont soutenues pendant plusieurs centaines de mètres par un socle végétatif. « Il y a encore une quinzaine d’années vivaient là de petits singes, ce qui a donné le nom à cet ensemble », se souvient Mohamed. Les bergers nomment ces parois, encore de nos jours, « Agoudal n’Dzadod » (la montagne des singes). Si l’on continue à remonter l’Akka n’Tazarte, les parois se redressent de nouveau. Les parois de « Mohader » succèdent ainsi à « l’Agoudal n’Dzadod ». Les parois se terminent en face à face d’un canyon qui descend du plateau du « Tire-bouchon » et qui sépare l’Agoudal Tazolt de l’Afoud Naylassen, ce canyon se nomme « Ikin ». En face de ce canyon prend donc fin la paroi de « Mohader ». Elle est séparée de l’Arabou Aikmod par une grande gorge qui descend jusqu’à l’Akkan n’Tazarte, c’est l’Akka n’Waufena. Mohamed précise encore que le pierrier et la paroi se trouvant juste à l’avant de « l’Akka n’Waufena » se nomme « m’Srab », alors que le couloir de descente se trouvant en aval de la plus lointaine des falaises de « Mohader » se nomme « Zamel ». C’est le couloir de descente des voies « Ikminne » et « Au rythme des Talunts ». À noter aussi que dans les parois de Mohader, les faces se trouvant au-dessus des deux grottes de berger, bien visibles depuis le sentier de l’Akka n’Tazarte se nomment « Aranbou Efren » (ifrane) (la montagne de la grotte ou des grottes). C’est dans cette face que se déroule la voie « Mon gros Loulou ». Voici donc quelques précisions toponymiques qui, je l’espère, ne compliqueront pas la vie des grimpeurs, mais permettront de faciliter la topographie des voies d’escalade. Ce sont, en tout cas, des noms pris à la source, foi de berger !
Lieux superbes, lieux magiques, lieux de rencontres aussi, car on le sait, Taghia, à l’image de l’ensemble de l’Atlas marocain est « montagne habitée ». Les rencontres font donc partie intégrante du voyage. Il y a, il faut le dire, de mauvaises rencontres, comme celle avec cet inconnu qui est venu nous voler un sac d’escalade alors que nous répétions, Jean-Luc, Pascal et moi, la voie Tarfat à la falaise de Machkour. Plus intéressantes et plus agréables furent les rencontres entre grimpeurs, avec les locaux, mes deux chers Mohamed, mais aussi avec les différents grimpeurs de passage et notamment des grimpeurs pyrénéens au rang desquels se trouvait Christian Ravier, belle personnalité de la montagne qui s’attache au dur labeur de la topographie de ces montagnes. Il a déjà sorti un topo exhaustif des voies d’escalade de Taghia en 2008 et il s’affaire à réaliser une version complétée pour bientôt. Gloire à lui ! Il y eut aussi cette rencontre attachante et peut-être plus touchante et en tout cas plus insolite avec Armed Houssou qui construit le nouveau refuge au pied de l’Oujdad. Construction réalisée avec l’aide du grimpeur espagnol bien connu : Toni Arbones. C’est sans doute un gage d’avenir pour lui, le berger des Akkas, né dans une des grottes sauvages de l’Akka n’Tazarte. Le point d’orgue de ce séjour fut peut-être la rencontre avec un vieux berger et sa jeune fille, sur les flancs de l’Aroudane. Il me fit l’honneur de me conduire au sommet de sa montagne. En effet, à la fin du printemps et jusqu’au début de l’automne, les pasteurs nomades d’Ouarzazate montent chercher la fraîcheur et quelques brins d’herbe pour leur troupeau sur le plateau du Tilemsine. Pendant quelques mois, l’Aroudane, qui règne sur ces lieux, devient leur montagne. L’Aroudane, c’est le plus haut sommet des alentours avec ses 3359 m. C’est la montagne mystérieuse par excellence avec ses crêtes interminables, son immense versant nord (haut de 600 à 800 m et large de plus de 3 km) qui domine Zaouia Ahanesal. Son versant sud, plus débonnaire, domine le Tilemsine. C’est aussi « l’Aïoui » pour les gens du lieu. Mais tout le monde la connaît sous le nom d’Aroudane, la montagne des génies. C’est une montagne envoûtante, la montagne sacrée des bergers berbères, la maîtresse des hauts plateaux.
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Massif d’Akka N’Tazarte Tilemsine versant sud (du côté de la source) Voie : Ikmminne Première ascension : M. Amil, B. Marnette, M. Messoudi le 18 octobre 2015, + C. Fontaine pour la sortie directe en 2016. H : ± 200 m P : 270 m Difficulté : D. sup (5c obl.) – TD. Inf. avec sortie directe (6a) Matériel : un jeu de friends et de coinceurs.
Accès : la paroi se situe au niveau de la source bien connue à l’entrée d’une gorge de la rive droite de l’Akka n’Tazarte. Elle se trouve juste en face de la grotte située près de la source (donc rive gauche, sur le versant Tilemsine de l’Akka n’Tarzarte). Il est donc facile de trouver de quoi bivouaquer. Ceci peut être une bonne option pour qui ne connaît pas le massif. À noter que depuis l’année dernière, les ânes ne remontent plus très loin dans la gorge. Ils ne passent plus ce que l’on appelle « la forêt », ils ne vont plus au-delà du secteur « Soyez forts »… (voie 97 dans le topo de Christian Ravier). La voie se situe dans le secteur moyen de l’Akka n’Tazarte. Elle est donc réalisable raisonnablement dans la journée depuis Taghia (compter 2 h 30 à 3 h de marche). La voie
démarre au pied d’un éperon peu marqué du centre de la face, pratiquement à l’endroit où prend naissance un petit ru qui descend directement dans l’Akka n’Tarzate. Depuis celui-ci, on peut remonter ce ravinement ou lui préférer sur sa rive droite des vires et des petits ressauts plus commodes (compter 20 min). Itinéraire : la ligne générale d’ascension est caractérisée par un vague éperon qui marque la partie centrale de la face. – Attaquer à la base de cet éperon, une centaine de mètres à droite du départ de la voie « Au rythme des Talunts » qui remonte l’arête de gauche. La première longueur gravit un ensemble de vagues ressauts en direction d’une grande écaille surplombante caractéristique qui raie l’éperon de gauche à droite (ensemble de 4b avec un pas de 5), R1 sous l’écaille. – Contourner l’écaille par une traversée vers la gauche (éventuellement en légère descente sur la terrasse inférieure) pour remonter un petit mur (5c) et suivre une très belle fissure de type granitique qui traverse l’éperon de gauche à droite. R2 sur une terrasse. – Remonter directement l’éperon assez couché en direction d’une zone surplombante (quelques ressauts en rocher fracturé, ensemble de 4c avec pas de 5). R3 au début de la zone plus raide. – Remonter à droite du relais un mur en rocher plus fragile et traverser encore à droite, puis suivre une petite vire sur la gauche pour franchir un surplomb (beau passage, plusieurs pas de 5c) puis traverser complètement à droite pour éviter la zone surplombante, R4. – Pour la sortie directe (accès R5), ne pas traverser à droite, mais monter directement au-dessus du surplomb (6a). – Sortir du relais (R4) par un mur, puis traverser à gauche par un système de terrasses et des ressauts en mauvais rocher. Faire relais au-dessus d’un gros arbre caractéristique. R5 (quelques pas de 5). – La dernière longueur franchit un petit mur (4c), puis continue sur une rampe plus facile inclinée sur la droite. Elle mène au sommet du plateau (il est possible de sortir plus facilement par un détour à gauche). Descente : soit traverser le plateau du Tilemsine jusqu’à Tamdarote (2 h-2 h 30) ou descendre dans le « Zamel », la gorge à droite de la sortie de la voie (rappel de 60 m), ± 1 h pour redescendre dans l’Akka n’Tarzarte.
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Massif d’Akka n’Tazarte Agoudal n’Dzado Voie : Agounzer Première ascension : M. Amil, B. Marnette, M. Messoudi, le 1er juin 2016 D : TD (6a obl) H : 350 m P : 405 m Matériel : un jeu de friends (jusqu’à camalot 3,5), un jeu de coinceurs Situation : entre les voies 101 et 103 du topo Accès : remonter l’Akka n’Tazarte depuis le canyon de Tamdorate pendant ± 1 h 30, après la sortie de la forêt, la paroi d’Agodal n’Dzado apparaît la voie Agouzer. Parcourir une ligne très évidente dans la partie la plus en amont de cette falaise. Elle est composée d’une rampe qui mène à un couloir cheminée. Itinéraire : une pente de terre raide mène au pied d’une dalle. Remonter cette petite dalle jusqu’à une grande plateforme (0). Remonter un système de dalles et de fissures pour rejoindre une rampe (R1 / 4c). Commencer à remonter la rampe, puis traverser jusqu’à un petit dièdre raide (5b) qui donne accès à la véritable rampe (R2). Continuer la rampe dans une zone herbeuse jusqu’à un couloir raide (R3 – un passage de 5). Remonter le couloir et faire relais sur une large plateforme (R4 – un passage de 4). Gravir une fissure (5c), puis continuer dans les dalles en ascendance à droite (5b) jusqu’à un couloir terreux (RF) que l’on remonte jusqu’au pied du système de cheminée (R5). Remonter ce système de dièdre-cheminée sur 4 longueurs (5c-6a-5b-4b) jusqu’au R6. Sortir par des gradins jusqu’au sommet. Descente : rejoindre Tamdarote en traversant le plateau jusqu’au col via le chemin berbère.
Le nouveau refuge de l’Oujdad -
(Photo : B. Marnette)
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FALAISES
ette Bernard Marn
Christian Fontaine
TAGHIA – Djebel OUJDAD Pilier Sud – 21 mai 2016
En 1971, l’équipe de R. Paragot réalisait l’ascension du Makalu, par le pilier ouest. Par un battage médiatique dont ces années d’« alpinisme de conquête » ont le secret, le terme « pilier » devient un « mot commun » de ces récits qui ont alimenté des générations de grimpeurs. C’est donc naturellement que le mot « pilier » évoque pour moi la garantie d’une escalade aventureuse.
minement essentiellement sur les indications du topo de 2004, sans toutefois en emprunter les « variantes ». En résumé, après une longueur trop à droite, réchap’ sur un bitard et retour au sol, on fera l’ascension en environ 12 h, soit un horaire correct compte tenu de celui effectué en 2004 par les guides français. L’escalade est bien expo par endroits (en L2, L5 et L8) : soit une fissure (6a) impossible à protéger sur ± 6 m avant le surplomb (6a+) en L2 ; une dalle en 6a, compacte et improtégeable sur 7-8 m, en traversée ascendante vers la G, et située audessus d’un relais assez moyen (2 pitons et une lunule, manifestement installés pour faire office de réchap’ avant cette difficulté en L5) ; et enfin une traversée G-D sous la barre des grands surplombs (6a-6a+), vers le piton de la voie originale qui emprunte une cheminée entre R7 et R8. À l’exception des deux longueurs finales, toutes les longueurs comportent des passages soutenus en 5-5+, et quelques pas blocs en 6a-6a+. Compte tenu de l’engagement de la voie dans son ensemble, la cotation TD nous a semblé un peu light.
Le village de Taghia Crédit photographique : O. Desloovere
Presque 40 ans (avril 1977) après l’ouverture de cette voie par des « grosses pointures » de l’escalade des années 70 (dont notamment Vincent Girard, partenaire d’Alain Pujos le 3 janvier 1979 à la première de l’éperon nord du Kaga Tondo, à la Main de Fatma au Mali), nous nous sommes attaqués à ce pilier, décrit dans le topo de Christian Ravier comme un « bel itinéraire assez aventureux et souvent repris ». Avec une telle description, on s’attendait, Bernard et moi, à une escalade « classique », comportant certes quelques difficultés, mais d’une ampleur et d’un engagement comparable au pilier nord-ouest du Taoujdad, que nous avions grimpé 5 ans plus tôt (TD-).
Pour corser le tout, nous avons chopé l’orage à mi-paroi (L7), avec une pluie intermittente jusqu’au sommet. Les trois dernières longueurs ont été grimpées de nuit à la frontale. L’itinéraire se termine face à une petite grotte de berger, qui aurait été idéale pour bivouaquer. Mais nous avons décidé de sortir au sommet et de tenter la descente de nuit. Mortelle randonnée ! Après quelques essais dans des couloirs foireux, et ayant perdu le fil des cairns, on a bien dû s’arrêter sur une terrasse, et passer la nuit sur ce bivouac de fortune.
Par une ironie de l’histoire, nous avions déjà, Bernard et moi, tenté à la pointe occidentale de l’Épéna (Vanoise), une voie ouverte par la cordée Girard-Pujos. On s’était pris un râteau aux deux tiers de la voie, sur des dalles lisses impossibles à protéger, dans un itinéraire jamais répété, et la fin de cette voie reste pour moi une énigme. Question difficultés, on sera donc servis ! Nous avons décidé de suivre, autant que possible, l’itinéraire original de 1977, tout en ayant emporté également le topo de la variante de 2004, ouverte par Paul Cieslar et Pierre Périssé (trouvé dans la farde de copies chez Saïd). Bien que parfaitement marqué en face sud, l’attaque du pilier nous pose quelques problèmes. Le topo de 77 est peu précis et indique une progression continue de D à G. En fait, il fallait contourner légèrement un éperon vers la G, puis revenir vers la D en direction d’une grotte. La deuxième longueur se déroule non pas de D à G, mais de G à D, et le 6a, est situé avant le deuxième relais (surplomb expo), et non pas après. Résultat des courses, le schéma du topo de la voie originale nous sera de peu d’utilité. On basera notre che-
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Mohamed Mesoudi et Mohamed Amil – Akka n’Tazarte Crédit photographique : C. Fontaine
Sage décision, qui nous a permis de voir le spectacle du lever de soleil sur l’Oujdad et les sommets environnants. Après toutes les difficultés surmontées, la nuit un peu fraîche, la descente sans histoire et la rencontre avec les deux Oliviers et Lionel en route dans le canyon pour leur escalade de la journée, resteront finalement les souvenirs d’une ascension extraordinaire.
Pilier Sud - Oujdad Crédit photographique : B. Marnette - C. Fontaine
Quelques réflexions finales sur le développement du tourisme de grimpe et de randonnée à Taghia. Jusqu’à présent, ce petit village de l’Atlas marocain est resté relativement préservé du tourisme de masse. Seuls des grimpeurs et des randonneurs qui doivent encore marcher 2 h à 2 h 30 à partir du village de Zaouiat Ahansal, où arrive la route goudronnée, peuvent y accéder. Dans le village de Taghia, tout le monde ne bénéficie toutefois pas de la manne des euros du tourisme. Pionniers de l’accueil des touristes, les deux premiers gîtes recueillent l’essentiel des bénéfices issus du logement, des repas et du transport depuis Marrakech (réseau de taxis) ou de Zaouiat (mules). D’autres habitants investissent également pour offrir aux visiteurs logement (petit gîte ou chambre chez l’habitant), nourriture (restaurant, boutique), et transport (visibilité sur FB, téléphone, prise en charge par taxis et mules). Dans un but de développement responsable, chacun s’interrogera donc utilement sur son impact sur la vie économique locale, pour éviter un déséquilibre économique dans la communauté, encore essentiellement rurale (élevage, agriculture, artisanat). Enfin, depuis quelques années, une route est en construction pour relier Zaouiat Ahansal à Taghia. Son achèvement n’est peut-être pas pour demain, mais il y a fort à parier que, lorsqu’elle atteindra le village, rien ne sera plus comme avant. Les beautés naturelles que sont les canyons et les sommets environnants pourraient bien attirer des masses, et le côté sauvage des lieux disparaîtra. Si vous voulez donc encore profiter de ce caractère préservé de Taghia, ne tardez pas trop…
Bibliographie : Topo de Christian Ravier : Taghia, Montagnes berbères, 2008 Arnaud Petit, Parois de Légendes, les plus belles escalades autour du monde, éd. Glénat, 2005 Pour le club d’escalade de Casablanca : cafmaroc2011.ffcam.fr/ Pour connaître des grimpeurs marocains de Taghia : sur le réseau Facebook, chercher Mohamed Climber et Mohamed Amil Pour l’organisation de votre séjour et transport à Taghia : • les gîtes pour de grands groupes : Saïd et Youssef – gîte de Saïd Mesaoudi et de son fils Mohamed : https://climbingtaghia.blogspot.be/# – gîte de Youssef : Youssef Rezki, tél. : 00 212 (0) 668909843 • les gîtes pour les petits groupes (2 chambres de 3 personnes) : – chez Mohamed Amil : contact par FB ou par tél. : 00 212 (0) 669261684
Topo Pilier Sud – Oujdad Crédit photographique : C. Fontaine
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FALAISES
Haben oder Sein
q Tiphaine Marc Lione
l Fla vier
De la terrasse de Mohamed, en dégustant un bon apéro berbère (thé à la menthe, pain, huile d’olive et « Vache qui rit »), nous pouvons admirer cette magnifique voie située dans la Paroi de la Cascade. Haben oder Sein, ou « avoir ou être » en allemand, fait partie des voies « faciles » des environs, bien qu’elle propose déjà 250 mètres au grimpeur motivé par les huit longueurs de 6b bien continues. A ceci, il faut ajouter 1 h 30 de marche d’approche, un peu plus au retour, ainsi qu’un bon gaz entre les points. C’est plutôt une belle escapade sur un calcaire acéré d’un ocre rosé subtil. De l’observation à l’action, les longueurs s’enchaînent sur cette paroi magnifique. La grimpe est technique et demande une bonne réflexion, ce qui n’est pas toujours évident avec cette cagnasse qui nous plombe le cerveau. Purée, ils sont pas donnés les 6b à Taghia, mais c’est juste jouissif, trop bon, hou, la, la, je kiffe. Le calcaire est tellement abrasif que l’on doit se découvrir des trésors d’ingéniosité pour s’élever efficacement sans trop se brouter les doigts. Allez, un conseil pour les futurs chanceux qui parcourront cette voie : variez les préhensions en utilisant notamment la paume de la main. Nous avons élaboré une autre technique, qui donnera peut-être lieu à un proverbe pour se protéger des mini colonnettes : « trois couches de strap sur les doigts, la pulpe te remerciera ».
Vue de la terrasse de Mohammed sur Haben Oder Sein
Le ciel bourgeonne tranquillement toute la journée sans que l’on y prête vraiment attention. On passe rapidement d’un petit nuage atténuant légèrement la lumière du soleil à un petit soleil derrière une masse de gros
(indiquée en rouge). Crédit photo : Lionel Favier
Vue du sommet d Haben oder Sein. De gauche à droite : les sommets de l’Ifrig, le Taoujdad (la femme) et l’Oujdad (l’homme). Crédit photo : Tiphaine Marcq
nuages menaçants. L’orage ne s’arme vraiment qu’au moment de la dernière longueur. Il gronde et la paroi est vite détrempée. Aïe ! Nous devons mobiliser toutes nos ressources et notre sang-froid. On ne se rend pas compte de l’étendue de nos capacités avant que la situation ne l’impose. Lio démarre, cherche son premier pas puis, après un certain temps qui paraît être une éternité, débouche au sommet, sous la drache, dans un mouvement reptilien plutôt vu à Fontainebleau. C’est à moi de partir, mais je suis peu expérimentée en grande voie. Je panique puis doit me rendre à l’évidence : j’ai besoin d’un coup de main de Lio qui m’aide à me hisser jusqu’au sommet grâce à un système de mouflage élaboré : le grenouillage. Ce n’est pas le meilleur des moyens de remonter une masse inerte, mais totalement adapté à la situation « humide » d’après lui. Au sommet, il semble que l’orage se soit évanoui, laissant place à une atmosphère inconnue et apaisée. Le silence qui règne autour de nous est d’une qualité rare et le paysage d’une beauté sans pareille. Nous sommes trempés, notre matériel est plein de boue et nous sommes heureux !
Olivier, Tiphaine, Lionel, Mohammed Une autre manière de grimper l’Oujdad, ainsi que les scarifications laissées par Haben Oder Sein. Crédit photo : Tiphaine Marcq
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HOMMAGE
Étienne, un ami, un maître… Freddy Gonda Le 12 août 2016, triste nouvelle, Étienne Cambrelin nous a quittés à l’âge de 84 ans. Je l’ai connu en 1971 à la citadelle de Namur. Étienne fut para-commando pendant 40 ans. Instructeur commandos à Marche-les-Dames, moniteur au Club Alpin et à L’ADEPS. Excellent grimpeur, montagnard, skieur hors pair, compétent dans tous les domaines. Mon maître quand je suis arrivé au centre d’entraînement des commandos. Étienne, toi mon ami, nous avons vécu ensemble beaucoup de plaisirs, de passion pendant plusieurs années. Que reste-t-il de toi ? Un instructeur très fort, un sourire, une amitié de longue durée, tu étais un bon vent qui soufflait sur la falaise, une lumière sur la montagne, un scintillement sur la neige. Mon ami, tu ne parles plus, mais tu es vivant. Tu ne bouges plus, mais tu es dans nos cœurs. Tu ne souris plus, mais tes yeux nous regardent. Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. Repose en paix, Étienne, un ami.
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MONTAGNES
Festival d’Autrans
ement une fois ! tr au , ux ye les in ple e gn ta La mon
Lepot et Monique Rimlinger rc Jean-Ma
Monique Lepot, en compagnie de Jean-Marc Rimlinger C C’est la fin de l’été, une fin exceptionnellement chaude, plus chaude qu’en juillet et plus chaude qu’en 1947. En pâmoison ce soir sous mon ciel bruxellois exceptionnellement étoilé, je laisse vagabonder mon esprit... Il y a les souvenirs et puis... les projets aussi, très divers, ceux du lendemain, du mois prochain, ceux d’hiver, et tout à coup je repense à ce très bon moment de montagne que nous avons vécu, mon compagnon et moi, au début du mois de décembre 2014. Je vous en livre le récit qui, d’une certaine manière, constitue une invitation.
« L’amour au sommet »... au village d’Autrans Pas de neige ! Brouillard, grisaille, bruine. Nous ne voyons pas les hauteurs de ce beau pays qu’est le Vercors. Et c’est tant mieux pour une fois. Non vraiment, pas de regret, parce que nous avons choisi de nous enfermer pendant cinq jours dans les salles obscures d’Autrans pour vivre sur écran « L’Amour au sommet », thème du 31e Festival international du film de montagne1. Cet événement a eu lieu début décembre 2014, et ce que nous avons vu a bien rempli notre coffre à projets que nous avons ouvert dès que nous avons désiré partir. En réalité, notre but était de nous rendre là simplement dans l’idée de nous régaler d’images des montagnes du monde, et ce fut réussi. Elles furent nombreuses, diverses, magnifiques et d’une qualité tout à fait exceptionnelle, et cela, grâce à ce nouveau moyen technique qui permet de réaliser des prises de vue uniques : le drone. Plus agile que l’hélicoptère, capable de tourner des images aériennes dans des lieux difficiles, voire impossibles d’accès, cet engin de quelques kilos transportant une caméra nous permet de vivre, par exemple, une escalade toujours aux côtés du grimpeur, tel un ange gardien, si près qu’on cherche avec lui, de vue, les prises possibles. Félicitations aux opérateurs pilotes-cadreurs ! Mais les héros de ce festival sont les nombreuses personnes bénévoles du village et de la région, car sans elles, pas de festival, pas de billetterie, pas de soustitrages pour les films étrangers, pas d’accueil du public et des auteurs ni de transport des invités ni préparation de débats... Réparties en différentes commissions, elles s’investissent à fond pour que, le jour J, tout soit parfait et que cet événement permettant de mettre en lumière 1
Le Festival international du film de montagne d’Autrans figure parmi les 5 plus importants festivals de cinéma du monde consacrés à la montagne. Chaque année, les passionnés de ce milieu naturel ou professionnel de la production cinématographique internationale viennent, dans ce petit village niché au cœur du plateau du Vercors à 1 050 m d’altitude, découvrir les meilleurs films documentaires et de fiction en provenance du monde entier. Et à cette occasion, tous les villageois vivent au service des festivaliers qui se rencontrent dans les restaurants et petits bistrots typiques pour commenter, après les séances, les images vues.
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Filmer en altitude, une passion.
le plateau du Vercors continue à inspirer et attirer du monde. Et quel bon boulot les organisateurs réalisent, quand on pense à la richesse de la programmation des films répartis sur cinq jours, trois ou quatre séances différentes de quatre à cinq films par jour et trois lieux différents. Nous avons visionné un peu plus de cinquante films sur la petite centaine en compétition. On avait le choix entre les sélections « Premières réalisations », « Courts métrages », « Longs métrages », « Rétrospective », « Archives », « Animation », « Fiction », « Adrénaline », et dix séances de films « Documentaires », en provenance bien sûr de tous les pays du monde et tous choisis sur le thème principal de l’amitié et de l’amour. Inoubliables, tous ces films, et le plus touchant à nos yeux est un reportage de 35 minutes sur Djafar ayant vécu 35 ans dans la rue, sorti petit à petit de sa misère, car là-haut, sur les sommets, il peut enfin retrouver sa dignité. Merveilleux Djafar qui nous a fait réfléchir sur ce qui semble si inutile à conquérir dans l’esprit de certains. Ce film, « Les sommets de la dignité » de Yoann Périé (France), a reçu le Prix du jury des Guides de haute montagne.
vivre en face vraiment, la caméra sur le visage, le drame de l’épouse qui se livre à cœur ouvert au lendemain de la mort de son mari alpiniste. Vingt-cinq minutes d’une grande intensité. Heureusement, l’amour, c’est aussi les enfants dont ils sont le fruit et on les voit dans « Un grand bol d’air pur » et « Alexandre, fils de berger », tous deux Prix du public. Bien des scènes nous tiennent en haleine, et cela, dans toutes les sélections où les séquences attendrissantes, les paysages hallucinants, les archives intéressantes et documents historiques inédits se succèdent.
L’amour au sommet, thème du festival 14.
Nous lui aurions donné le Prix du film Vie des hommes, car effectivement il est d’une grande humanité, mais ce prix-là a été finalement accordé à un reportage sur le Cerro Rico de Potosi dans les Andes en Bolivie, territoire sans loi, d’une violence inouïe où les miniers risquent leur vie dans les galeries insalubres. En effet, « Minerita » raconte l’histoire de trois femmes qui y travaillent et luttent dans cet enfer pour survivre avec comme seules armes leur courage et la dynamite ! D’autres films encore nous ont fait frémir, comme ce long métrage franco-suisse, « L’amour est un crime parfait », sorti de l’imagination des frères Larrieu et où la neige des montagnes se rougit de cadavres. Il y avait aussi ce court métrage de 15 minutes qui coupe pourtant le souffle quand, dans un magnifique site rocheux de Norvège, Agnès, qui assure son compagnon premier de cordée, se rend compte qu’il l’a trompée et ôte discrètement la corde du reverso. Eh oui, où est le danger ? Grimper avec sa compagne ou avec un téléphone portable sinon avoir une liaison ? Dans un autre registre que le « suspense fiction », mais plutôt dans celui de l’amour vrai et inconditionnel, un prix fut accordé à « Sati », film polonais qui nous fait
Le festival de 14, celui que nous avons vécu ! François parle de son film « On a marché sur l’Everest »
La chouette chevêchette, un des films. Le Mont Aiguille, sommet du Vercors.
Le jury a d’ailleurs décerné un prix à « Valley Uprising » de Nick Rosen (USA), qui retrace la grande histoire de l’escalade aux États-Unis dans le Yosemite autour du Camp IV et où l’on retrouve le vieux et un peu halluciné rock climber Jim Bridwell. Le revoir dans le « Nose » en 1975, c’était un peu dingue. On a revu également Romolo Nottaris, ancien alpiniste de haut niveau, 68 ans aujourd’hui, mais toujours l’âme d’un gamin. Autre personnage encore : René Vernadet. Des « Étoiles de midi » en 1958 à la « Mort d’un guide » en 1975 en passant par les « Horizons gagnés », tous ces vieux films sont de lui, et ce cinéaste de la première heure, devenu ici acteur, vieil homme solitaire, le temps d’une marche en Vallée Blanche, nous raconte ses exploits sportifs et cinématographiques. Quel régal, et il nous semble naturel que revienne au portrait de cet homme le Grand prix du film documentaire de montagne. On a aussi eu droit à toute une série de films sur la nature : bien sûr, les chamois, bouquetins et l’ours aussi..., mais la « Discrète chevêchette », documentaire sur une chouette pygmée des Alpes très difficile à découvrir, nous a captivés au plus haut point, surtout en imaginant la patience qu’a eu le réalisateur pour trouver ce petit rapace de 60 grammes et nous le faire voir sur tous les angles durant 52 minutes. Or, ce document exceptionnel n’a pas eu de prix. Sans doute qu’il ne correspondait pas exactement au thème de « L’amour au sommet ». Quel dommage !
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Nous remercions d’ailleurs vivement tous les réalisateurs et producteurs pour leur recherche d’images si belles et sensationnelles, toutes empreintes d’authenticité et qui, dans leur ensemble, consistent en un formidable témoignage. Addendum Nous attendons avec impatience la programmation du Festival du film de montagne d’Autrans de ce prochain mois de décembre 2016 dont le thème sera « Pics de Folie ». En effet, nous espérons y voir inscrite la prochaine réalisation de François Damilano, pour qui filmer en altitude est devenu une véritable passion. Cet été, il est parti suivre à la caméra, son amie Sophie Lavaud, sur les pentes du K2. Comme il l’a écrit dans son article dans Libération, cette histoire imaginée sur ce gros 8 000 du Pakistan, ni elle, ni lui n’en connaissaient le scénario – imprévisible par essence – ni son dénouement. À la fin juillet, le rêve du sommet et tout le matériel ont été balayés par une avalanche sur les camps 4 et 3 après plusieurs semaines de progression. Toute l’équipe de l’expédition est revenue, saine et sauve, et ce n’est pas un moindre exploit.
L’affiche 2014. Couverture du programme
Il serait fastidieux de parler de tous les films sur l’escalade et l’alpinisme dans tous leurs aspects qui nous ont été proposés. Pourtant, il le faudrait, car chacun d’eux révèle la passion d’hommes et de femmes pour la montagne, les hauts sommets, les reliefs les plus vertigineux. Passion pour le métier dans « Guides & Cie », passion de la pureté dans « Cerro Torre » où l’on suit David Lama, jeune prodige de l’escalade en salle libérant la « Voie du compresseur », une des plus difficiles du monde... Passion et dépassement de soi dans « On a marché sur l’Everest ». Là, François Damilano, guide et cinéaste, nous fait partager l’ascension du toit du monde côté Tibet jusque dans les vents fous de l’arête sommitale. Donc passionnant et captivant, l’amour au sommet... Mais on a connu l’humour aussi, avec le film « China Jam » d’Evrard Wendenbaum. Oui, c’est sur la Toile que nous avons retrouvé Sean (Villanueva), Nico (las Favresse) et Stéphane (Hanssens). On se souvenait du discours complètement déjanté de l’un d’eux. Inutile de dire qu’il a fait éclater de rire tout le public et les membres du jury présents dans la salle. Ainsi, « China Jam » est inscrit au palmarès 2014, car il s’est vu attribuer non pas un, mais deux prix : celui de l’Alpinisme et celui, avec mention spéciale, du jury du Festival d’Autrans. Ce brillant résultat nous a évidemment procuré un plaisir particulier. Imaginons celui des acteurs ! En conclusion, nous avons vécu cinq jours fabuleux dans le seul effort à faire, pour une fois, que de rester assis pendant des heures, matin, après-midi et soir, effort dérisoire qui nous a conduits à travers le monde, à rencontrer des gens extraordinaires, à vivre beauté, lumière, silence de la montagne, mais aussi plein d’histoires nous rappelant que la montagne doit rester, voire redevenir un lieu de vie.
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Le film de ce vécu-là, quand on connaît les difficultés d’une telle entreprise, nous savons déjà qu’il sera le témoignage unique de ce que la montagne peut nous apporter comme bonheur, mais aussi comme déconvenue parfois... Nous avons tellement tendance à l’oublier.
L’affiche du prochain festival
MONTAGNES
Makalu 2016 – » re d n ce s e d re x u e p tu e u q t n ta « Monte Le vécu de l’expédition
C’est dans ce cher val d’Hérens, au pied de la Dent Blanche, que je prends la plume pour retracer les grands moments de cette inoubliable aventure vécue sur une autre magnifique montagne, le Makalu. « Quand on aime, on ne compte pas », dit-on. Certes, en ce printemps 2016, j’y retournais pour la troisième fois, sans doute la dernière… Pourquoi cette obstination ? Il n’y a probablement pas de réponse concrète, mais sans doute relève-t-elle d’un coup de cœur pour cette montagne par son esthétisme, mais aussi son histoire. À l’ombre de son prestigieux voisin, l’Everest, c’est une montagne splendide. Le premier regard que j’ai porté sur ce géant de l’Himalaya fut sans doute l’amorce de cette longue histoire qui me relie à elle. En 1998, nous étions, un petit groupe d’amis du CAB, partis tenter le Baruntse, belvédère imprenable sur le Makalu. Depuis le West Col et l’arête finale, la vue était tout simplement magique ! De retour en Belgique, je me suis dès lors rapidement plongé dans les livres et autres sources documentaires pour récolter des informations sur la conquête et l’itinéraire d’ascension de cette montagne.
à peine 300 alpinistes ont atteint à ce jour le sommet. Peu de Belges ont jusqu’à présent tenté de suivre les traces des conquérants. En 1989, une expédition belge, dirigée par J. Dewint et à laquelle participait Rudi Bollaert, atteindra l’altitude de 7 000 m.
Jean-L
uc Foh al
C’est au printemps 2008 que je tenterai pour la première fois cette prestigieuse montagne. Ce fut déjà une magnifique entreprise, sans sherpas ni oxygène artificiel, en compagnie d’alpinistes étrangers. Je devrai arrêter mon ascension vers 7 900 m, atteint par la limite de mes forces.
L’histoire Situé à la frontière du Népal et du Tibet, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de l’Everest, le Makalu tient son nom du transcrit tibétain « maha : grand » et « kala : noir ». Les récits de l’exploration et des tentatives d’ascension sont passionnants. Appelé Pic XIII au milieu du XIXe siècle par le Great Trigonometrical Survey of India, le Makalu apparaît depuis la plaine indienne comme une montagne isolée et splendide, estimée à 8 470 m et cinquième montagne du monde. Côté tibétain, c’est une énorme montagne rocheuse bien visible qui a un nom : « Le grand noir ». Des survols aériens de l’Everest et du Makalu permettent ensuite de photographier et de filmer ces deux montagnes en 1933 et 1934, pour se rendre compte que le versant nord-ouest de la montagne sera celui le plus propice pour tenter de la gravir, en passant par le col du Makalu-la. « Entre toutes les cimes que j’ai contemplées, soit en réalité, soit en photographie, le Makalu se présente comme l’une des plus incomparables par sa majesté grandiose et farouche », dira Leigh Malory… En 1954, Edmund Hillary, qui gravit l’Everest un an en arrière, montera jusque 7 000 m. C’est au printemps 1955 qu’une expédition française, dirigée par Jean Franco, réalisera la première ascension du Makalu, par le versant Nord-Ouest. Ce sera une réussite complète pour tous les membres de l’expédition, neuf au total. La photo de Lionel Terray au sommet, telle une pointe de crayon, restera célèbre. Plus de soixante ans après cette première ascension, le Makalu est relativement peu gravi,
Itinéraire d’ascension du Makalu « Monte tant que tu peux redescendre », j’applique cette formule en Himalaya. Joao Garcia réussira le sommet le 19 mai et réalisera brillamment son dixième 8 000 sans oxygène. Le printemps 2015 voit le retour d’une expédition nationale belge, composée de francophones et néerlandophones. En pleine phase d’acclimatation jusqu’au camp 2 vers 6 600 m, toute l’équipe dut interrompre l’ascension, en raison d’un puissant tremblement de terre qui secoua le Népal le 25 avril et provoqua la mort de plus de 8 000 personnes à travers le pays. À notre retour en Belgique, un formidable élan de solidarité fut lancé pour aider à reconstruire le pays, spécialement la vallée du Makalu. Cette aide se poursuit encore maintenant. Un an plus tard, en ce printemps 2016, j’y retournais donc, plus motivé que jamais. Cette montagne restait toujours intimement un émerveillement. Comme en 2008, je m’intégrerai de nouveau dans une expédition internationale.
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Localisation du Makalu
Ajurn Vajpai (Inde), Lech et Wojtek Flaczynski (Pologne) ainsi que Ferran Latorre et Jesus Morales (Espagne). Grosse tracasserie quand même peu avant de partir : l’attentat terroriste à Zaventem du 22 mars provoquera la fermeture de l’aéroport pendant plusieurs jours. Finalement, c’est de Paris CDG que je partirai. 8 avril, me voici à nouveau à Katmandou, dans la chaleur et la pollution habituelles. La ville se remet-elle de la catastrophe du printemps dernier ? Difficile à dire, car cette ville est en éternelle construction. En tout cas, l’ambiance est toujours la même : coups de klaxon continus, embouteillages, rues de Thamel parcourues à nouveau par de nombreux trekkeurs et alpinistes de tous horizons. Un des meilleurs endroits pour embrasser la ville est de monter au Monkey Temple sur le site de Swayambunath, accessible par une volée de marches raides. Là, règne une atmosphère mystique rythmée au son des « Om mani padme hum » qui tournent en boucle tout au long de la journée. Certains temples ont été détruits par la catastrophe. L’un a été rasé complètement. Les autres sont reconstruits entièrement ou sont en cours de réhabilitation. Seuls les drapeaux à prière ne sont pas encore accrochés sur le principal stupa. Trois jours passés à Katmandou, c’est l’occasion de régler les dernières formalités administratives, rencontrer les responsables de l’agence, mais aussi les amis avec qui nous allons vivre cette nouvelle épopée sur ce géant himalayen. C’est aussi l’occasion de croiser Sofie Lenaerts et Paul Hegge qui, eux, partiront tenter le sommet de l’Everest par le côté nord. Pendant que Paul affûte sa condition par une sortie VTT avec un ami népalais, je monte avec Sofie au mont Shivapuri, situé à quelques kilomètres au nord de la ville et culminant à 2 730 m d’altitude. Ce parc national est le poumon vert de la région. Quel plaisir de se dérouiller les jambes pendant toute cette journée, de quitter le bruit et la pollution de la ville. De la jungle urbaine, nous passons à la jungle tropicale et découvrons, du sommet du Shivapuri, les sommets enneigés du Langtang. 11 avril, tôt le matin, nous prenons la route de l’aéroport domestique de Katmandou. Un vol intérieur est prévu jusque Tumlingtar, petit village situé à 500 km environ à l’est de la capitale népalaise. Trois heures d’attente dans la salle surchauffée, grouillante de monde. Les minutes passent, aucun avion ne volera ce jour-là pour Tumlingtar, Pokhara, Bharatpur et autres villes du pays, comme c’est le cas déjà depuis de nombreux jours. L’écran d’information affiche « Tumlingtar airport closed due to weather ».
Trekking du Makalu
Les préparatifs Le grand départ est prévu de Bruxelles le 7 avril. Jusqu’à cette date, les préparatifs se sont bien déroulés : course à pied, vélo, natation pour développer l’endurance, sorties en montagne dans les Vosges et dans les Alpes. Ma motivation est grande avant de me retrouver sur les chemins qui mènent au Makalu. L’agence locale au Népal, Sevensummits Treks, bien réputée dans l’organisation des 8 000 de l’Himalaya, s’occupera de nouveau de la logistique et des formalités administratives, notamment la délivrance du permis d’ascension. Je retrouverai dans l’équipe cuisine mon ami Santos qui était déjà le chef cook l’année dernière, ainsi que Pasang Sherpa qui m’assistera pendant l’ascension. Nous serons onze alpinistes dans notre groupe, parmi lesquels quelques amis rencontrés l’année précédente : les Autrichiens Martina Bauer, Hans Wensl, Reinhard Auzinger et Christoph König, mais aussi Stuss Leeds (USA),
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En cause, les basses couches de l’atmosphère sont prisonnières d’une nappe de brouillard qui réduit fortement la visibilité et empêche les avions de ligne intérieure d’atterrir et de décoller en sécurité. Cette situation est due à un hiver sec et un vent faible n’ayant pas dispersé la pollution de l’air. L’espoir de voler est dès lors réduit à néant ce jour-là et inutile non plus d’espérer pour le lendemain : c’est la pleine saison touristique et chaque place est comptée. Seule alternative possible : prendre la voie terrestre pour rejoindre Tumlingtar… L’agence nous embarque dans un bus, avec nos bagages (certains d’entre eux, heureusement, ont déjà été acheminés par hélicoptère jusqu’au camp de base). En plus des alpinistes, il y a aussi dans le bus un groupe d’une quinzaine de trekkeurs, amis de Ferran et José, qui nous accompagneront jusqu’au camp de base du Makalu. Bref, c’est le branle-bas de combat en ce début d’après-
midi devant l’aéroport ! Après Zaventem en Belgique, c’est ici au Népal que le transport aérien bat de l’aile… Sous une chaleur étouffante, serrés comme des sardines, nous prenons place dans le bus, l’aventure est bien là ! Nous devions arriver à Tumlingtar en un peu plus d’une heure… il nous faudra près de trente heures de route pour y arriver. Retour en quelque sorte au temps des premiers conquérants qui utilisaient la voie routière pour se rapprocher aussi des montagnes. La route est d’abord bitumée et extrêmement fréquentée par les camions, dont les fameux « Tata ». Elle traverse d’ouest en est la plaine méridionale du pays et longe ainsi la chaîne himalayenne. Difficile de trouver une bonne position pour trouver le sommeil dans ce bus plein à craquer ! Sans compter une fuite à réparer à un pneu du véhicule… le jeu « Mille bornes » en vrai ! Au petit matin, nous pénétrons dans les premiers contreforts de l’Himalaya à Dharan (365 m). La route se rétrécit, serpente en de nombreux lacets pour prendre progressivement de l’altitude. De cols en cols, de villes en villes (Dhankuta, Hile, Mamling…), le parcours nous offre une palette de paysages magnifiques et nous permet de découvrir de manière plus profonde l’activité économique qui existe au pied des montagnes. C’est finalement le lendemain soir, quelque peu courbaturés, que nous arriverons à Tumlingtar, accueillis par les moustiques qui règnent en maîtres dans cette atmosphère étouffante et humide. Une nuit écourtée dans un petit hôtel… Quatre heures du matin, nous prenons place cette fois-ci dans des jeeps qui doivent nous conduire, en un peu plus de trois heures à Num. D’abord asphaltée jusque Khandbari, cette route devient une piste qui se dégrade au fil des kilomètres qui s’égrènent en prenant de l’altitude. Elle traverse les villages de Bhotebas, Chichile, Mure. Lors du retour sur cette même route l’année précédente, je me souviens y avoir contemplé pour la dernière fois le Makalu. Ici, ce matin, le ciel est très nuageux. Nous ne verrons la montagne que plus loin et plus tard. Cette piste est en pleine construction et devrait permettre,
Ponts suspendus au-dessus de l’Arun River dans les années à venir, de rejoindre la frontière tibétaine. Ce chantier routier est en parallèle avec l’exploitation de cardamome dans la région, mais aussi un projet de construction d’un grand barrage dans une des vallées népalaises. Dix ans en arrière, le trekking du Makalu commençait même à Khandbari, voire déjà à Tumlingtar.
L’approche 14 avril, nous voilà donc à Num, tôt le matin, pour entamer, ni frais ni dispos, notre marche d’approche. Num est un petit village népalais (plus si petit que ça…), étalé sur une ligne de crête vers 1 500 m, séparant deux vallées, celle de l’Arun Nadi et celle de la Neguwa Khola.
Première vue sur le Makalu
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La vue s’étend sur les collines himalayennes et déjà les premiers sommets de 7 000 m. En guise d’entrée et de mise en jambes, la première étape se mérite déjà : rejoindre Séduwa, situé à 5 km à vol d’oiseau de Num et à la même altitude. Mais entre les deux villages, il y a cette profonde vallée de la rivière Arun qui les sépare. La marche d’approche débute donc par une descente vertigineuse de 700 m.
dans la vallée de l’Arun, une puissante ONG coréenne ayant mis le grappin sur le village en construisant une méga-école en bas du village au détriment de l’école Nil Gurung, complètement rasée. Notre premier campement sous tente se fera sur une terrasse herbeuse aménagée dans la partie supérieure du village. La vue est superbe. C’est l’occasion de faire connaissance avec l’équipe cuisine, mais aussi celle des porteurs.
L’activité est intense ce matin : toute une équipe de porteurs se met en place pour nous accompagner pendant ce trekking. La chaleur tropicale est déjà bien marquée. En une bonne heure, nous nous approchons du fond de la vallée, audible par le bruit de plus en plus marqué de la rivière. Nous sommes à 800 m d’altitude, c’est le point le plus bas enregistré pendant l’expédition. Rajoutez un zéro et le tour est joué. Un pont métallique jouxte maintenant l’ancien pont de bois, prêt à s’effondrer définitivement et à être emporté par les flots. La montée se fait sur l’autre versant.
15 avril, 5 h 00 du matin, le village se réveille doucement au chant des oiseaux et des coqs. Grand soleil pour démarrer cette deuxième journée de marche, en direction de Tashigaon (2 100 m). C’est une petite journée de trois heures, nous ne prenons que 600 m d’altitude. À la sortie de Séduwa, nous traversons un champ de rizières en terrasses assez vaste. Les premiers chorten bouddhistes apparaissent ainsi que des drapeaux à prière dressés sur des mâts tournés vers le ciel. Et toujours ce paysage qui s’ouvre sur la vallée de l’Arun. Les rizières laissent place à d’autres cultures, principalement de pommes de terre et de maïs. Tashigaon s’étale sur 200 m de hauteur. La majorité des habitations ont un toit de tôles de couleur bleue contrastant fortement avec le vert de la végétation environnante. Les habitants de cette
Depuis la forêt dense où les sangsues vous taquinent les mollets et autres parties découvertes du corps, nous reprenons la dénivellation perdue depuis Num. Le che-
Enfant de Séduwa région sont de plusieurs ethnies différentes : Rais, Sherpas, Gurungs, parmi les principales. Le ciel se couvre de gros nuages encombrant la vallée, la pluie s’invite pendant la nuit, berçant notre sommeil au son des gouttes tombant sur la tente.
Enfants allant à l’école à Séduwa
16 avril, la pluie a cessé en toute fin de nuit. Les tentes sont démontées dans l’état que l’on devine. Nous partirons dans le brouillard et l’humidité. Cette troisième
min se tortille ensuite à travers petits hameaux et champs de maïs, blé, orge, cardamome et bananiers, délimités par des murets de pierre sèche. Un décor sublime où les fleurs égayent aussi le paysage. Par son étagement en terrasses, Séduwa est un village beaucoup plus pittoresque et plus grand encore que Num. On y compte une centaine de maisons pour 550 habitants. Il marque l’entrée du parc national de Barun-Makalu. Ce qui frappe quand on arrive à Séduwa, c’est le nombre d’enfants qui viennent à notre rencontre. C’est aussi de ce village que, l’année dernière, toute une opération humanitaire s’était mise en action en Belgique pour aider la population, particulièrement les enfants, à reconstruite leur école détruite par le séisme. Cette école avait été construite en 2009 par Marc Dreyer et son équipe. Finalement, le projet s’était tourné vers d’autres écoles situées
Champ de rizières au-dessus de Séduwa
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heure, nous rejoindrons le site de Dobato et entrons, par cette descente de 400 m, dans la vallée du Barun. Un seul lodge accueille ici les trekkeurs. Mais comme chaque fois, nous dressons nos tentes sur un terrain herbeux. Difficile de reconnaître ce lieu, tant l’année dernière, celui-ci était complètement recouvert de neige ! La nuit en avait rajouté une bonne couche également !
Chorten bouddhiste à l’entrée de Tashigaon
18 avril, le soleil est revenu ce matin. Nous quittons notre campement pour entamer d’abord une longue descente de 700 m environ. De nouveau, la forêt reprend ses droits. La descente est vertigineuse. Le chemin pierreux emprunte le lit d’un torrent qui file rejoindre la rivière Barun. Les pieds dans l’eau, nous revenons à 3 100 m… et tout est à refaire ! La rivière Barun fait un bruit assourdissant, il n’est même pas possible de s’entendre. Très étroite à cet endroit-là, la vallée s’élargit progressivement au fur et à mesure que nous la remonterons jusqu’au glacier Barun. Ici, l’itinéraire est très peu marqué. Si l’on pouvait se transformer en chamois ou bouquetins, ce serait
journée est longue et exigeante : 1 500 m de montée pour rejoindre le hameau de Kongma à 3 600 m. Tout commence dans une forêt dense, sombre, saturée d’humidité. De superbes rhododendrons pouvant atteindre plusieurs mètres de hauteur colorent cette ambiance quelque peu lugubre. Un chemin très raide et escarpé nous mène à un petit col vers 3 500 m. Transis par le froid humide, nous atteignons Kongma, après quatre heures d’effort. On ne peut pas vraiment parler de village en désignant Kongma, il n’y a que deux lodges ! Les places sont limitées pour dormir au sec. Nous installons ainsi nos tentes mouillées sur des terrasses prévues à cet effet, juste à proximité. Par bonheur, le ciel se dégage et nous nous rendons compte progressivement du décor somptueux qui nous entoure. Un petit belvédère tout proche nous permet de deviner l’itinéraire qui nous attend pour le lendemain : la traversée de trois cols dépassant les 4 000 m. 17 avril, le ciel s’est complètement dégagé, c’est magnifique. L’année dernière, nous avions effectué cette journée les pieds dans la neige. Cette fois-ci, seuls quelques névés subsistent encore, ce sera donc plus aisé. Le chemin est aérien en certains endroits, il parcourt une ligne de crête séparant deux vallées, celle de l’Isuwa Khola à gauche et celle de la Kasuwa Khola à droite. Devant nous se dressent des sommets enneigés et au fond, le Makalu se dévoile pour la première fois durant notre marche d’approche. C’est toujours un grand moment d’émotion d’apercevoir la montagne que l’on rêve de gravir durant cette phase d’approche pédestre. Une heure de montée et nous franchissons le premier col – le Kéké la (4 000 m). C’est l’occasion d’une pause bien méritée, en compagnie des porteurs qui s’égrènent les uns derrière les autres sur ce parcours inédit. Le deuxième col – Shipton la (4 215m) – est le plus haut des trois. C’est le plus ardu à franchir, un vrai col alpin. Pour rejoindre le troisième col – Tutu la (4 150 m) –, il faut rejoindre et longer un lac dont la partie superficielle est gelée. Quelques habitations abandonnées veillent sur le lac. Je m’arrête quelques instants devant un monument portant la plaque commémorative de Nil Gurung, notre ami décédé en 2008 sur les pentes du Makalu. Le chorten installé au 3e col est imposant. Le vent claque dans les drapeaux à prière fixés dessus. En une demi-
Rhododendrons au-dessus de Tashigaon plus commode ! La vigilance est de mise sur ce pierrier bien délicat, où les chevilles sont mises à l’épreuve. Il faut être aussi attentif vers le haut, car nous évoluons entre deux parois morainiques abruptes où des blocs peuvent dévaler à tout moment… Mauvais souvenir de l’année dernière… Heureusement, après trois heures de marche depuis Dobato, nous reprenons de l’altitude, la vallée s’élargit, le danger de chutes de pierres s’estompe. L’horizon s’ouvre sur le hameau de Yangle Kharka (3 600 m), véritable havre de paix au milieu d’un vaste pâturage où paissent en toute quiétude une vingtaine de yaks. Le temps semble s’être arrêté ici. Un décor vraiment bucolique. Quelques habitants, une dizaine sans plus, vivent ici. Il n’existe qu’un seul lodge, juste derrière une petite gompa, monastère bouddhiste, où nous assisterons à une courte cérémonie. Détruit en 2015, le lodge est flambant neuf et peut abriter une vingtaine de touristes. Mais rien de tel de profiter de cet immense terrain plat pour installer nos tentes, en bord de rivière de surcroît. Ici, elle a perdu de la voix ! En fin de journée, le ciel se couvre et le brouillard enveloppe ce coin idyllique. 19 avril, la nuit a été froide… Un peu de patience aussi pour sentir les effets bénéfiques du soleil qui vient réchauffer le site à partir de 8 h 00. Yangle Kharka est en fait niché dans un cirque entouré de grandes
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parois rocheuses où de spectaculaires cascades ainsi que des grottes sont visibles en maints endroits. Vers le Nord, nous apercevons, baigné de lumière, un sommet de plus de 6 000 m. Regard sur la carte, il s’agit du Yaupa (6 422 m), faisant partie du massif du Chamlang, et situé à la frontière avec le Tibet. Pour cette sixième journée, nous prenons encore de l’altitude par un chemin accidenté le long de la rivière Barun, qui redevient tumultueuse. Nous disons adieu à la forêt et ses rhododendrons arborescents pour accéder à l’étage plus alpin vers 4 000 m au niveau de Nehe Kharka… 4 000 m, une altitude en-dessous de laquelle nous ne descendrons plus avant 40 jours. Après 4 h de marche, nous atteignons Langmale, vers 4 400 m. Deux lodges tout au plus. Deux habitants cultivent encore ici la pomme de terre dans une petite parcelle de quelques ares, délimitée par un muret de pierres sur lequel des bouses de yak sèchent au soleil en guise de futur combustible. Qu’ils sont beaux, ces yaks, qui se fondent paisiblement dans ce paysage de toundra. Se rapprocher d’eux lentement pour les photographier est un de nos passe-temps pour l’après-midi. On commence aussi à écarquiller les yeux dans toutes les directions, car les montagnes surgissent de partout. L’altitude se fait aussi quelque peu sentir.
L’objectif est en effet de rallier le camp de base inférieur du Makalu ou camp de base Hillary, à 4 800 m d’altitude. Dans un décor de plus en plus minéral, le sentier remonte toujours la rivière Barun, notre fil d’Ariane en quelque sorte. Seuls quelques arbrisseaux subsistent encore. Sous un ciel bleu azur, d’autres sommets surgissent encore, à gauche, à droite tels les Peaks 4 (6 736 m), 6 (6 739m) ou encore le Chamlang (7 319 m). Le pas est lent. Le vent de face se lève un peu plus. Et puis, vient le moment où notre effort de longue durée, après sept jours de marche, est récompensé. Nous l’avions vu furtivement dans la traversée des 3 cols, le quatrième jour, mais le voilà, le Makalu apparaît au détour d’un virage et dévoile son impressionnante face Sud. Le problème ici, c’est que tu as beau avoir les jambes, la beauté du site te coupera toujours le souffle... Nous en restons pantois. En fait, le camp de base Hillary est accessible par un chemin en balcon dont le point culminant est situé à 4 900 m. De là, il faut redescendre
20 avril, la nuit a été plus froide encore, il a bien gelé ce matin dans la tente. Quelques maux de tête pour certains d’entre nous. Heureusement, le soleil ne fait pas la grasse matinée et se pointe très rapidement vers 6 h 30. « Déjeuner en paix », pourrait-on fredonner, sur une table mise dehors : quel bonheur ! Un bon déjeuner copieux en tout cas, pour supporter une journée qui s’annonce longue et exigeante.
Jean-Luc en compagnie de Santos RaÏ (à g.) et de Pasang Sherpa
légèrement pour rejoindre le campement situé dans une très large vallée glaciaire au pied de cette face Sud et du lac de Barun Pokhari. Le coin est sublime. On se sent vraiment tout petit au pied de ce géant himalayen. Regard dans le rétroviseur : l’année dernière, l’accès à ce camp de base fut dantesque : neige, vent, brouillard. Ce fut une éprouvante journée pour beaucoup d’entre nous, alpinistes et trekkeurs, en y parvenant dans de telles conditions. Cette année, l’arrivée se fait sans soucis. Le camp sera installé à côté de quelques lodges brinquebalants, non loin du terrain d’atterrissage d’hélicoptères. 4 800 m… c’est l’altitude du Mont-Blanc, notre organisme ne l’oublie pas ! Nous y passerons au minimum trois nuits pour bien respecter cet important palier d’acclimatation, indispensable pour aller plus haut et surtout rejoindre le camp de base supérieur à 5 600 m. Le vent souffle en altitude comme on peut le voir avec les nuages lenticulaires qui chassent sur le sommet du Makalu, 3 700 m plus haut que nous. Ainsi, après une semaine de marche d’approche qui, globalement, s’est déroulée dans de bonnes conditions météo, mise à part la journée Tashigaon – Kongma, c’est le moment donc de s’arrêter un peu. Et poser aussi devant le Makalu… Je prendrai aussi le temps de faire un aller-retour en 4 h jusqu’au camp de base avancé de l’arête Sud-Est du Makalu, vers 5 700 m. L’intérêt est
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triple : passer la barre des 5 000 m, visionner l’itinéraire de montée vers notre futur camp de base supérieur via le glacier de Barun, et enfin apercevoir les fameux Baruntse, Everest et Lhotse ! Une excellente journée, malgré le vent fort. Jusqu’à présent, la forme est là, et l’acclimatation se fait sans anicroche. Une deuxième journée de repos au camp de base Hillary est prévue. Après une troisième nuit passée à ce camp et un taux de saturation en oxygène de 88 %, je pense être en bon état pour monter au camp de base supérieur. 23 avril, ce matin-là, le vent souffle assez fortement en provenance du glacier Barun. La montée se fait en trois paliers : d’abord un chemin herbeux qui est celui qui mène aussi au col Sherpani, jusque 5 100 m. On le quitte ensuite pour accéder, par une petite descente délicate, au glacier Barun, complètement recouvert de cailloux et de gros blocs. Le vent souffle très fort de face. Le versant Ouest du Makalu nous domine de plus de 3 000 m. L’itinéraire est très chaotique sur ce glacier morainique. Des cairns indiquent sommairement le chemin. Parfois, l’on marche sur du sable donnant l’impression d’être à la plage ! Il ne vaut mieux pas trop s’attarder, car il y a un risque important de chutes de pierres du flanc du Makalu. Après deux heures de progression sur ce terrain pénible, nous accédons enfin à une autre vallée à droite, par des blocs toujours aussi nombreux et en position instable, qui mènera au camp de base supérieur à 5 650 m. La pente s’accentue, le campement n’est visible qu’au dernier moment et est situé sur une large terrasse avec vue sur le versant nord-ouest du Makalu. Cinq heures de montée jusqu’ici, cela laisse des traces inévitablement. Ce n’est pas l’idéal pour récupérer, il s’agit d’un des camps de base les plus hauts pour un 8 000.
Au camp de base L’arrivée au camp de base d’une montagne est toujours un moment particulier. Ici, j’y reviens pour la troisième fois. Nous sommes le 23 avril, mais nous ne le savons pas encore, nous y resterons pendant plus d’un mois, un record. 5 650 m, c’est une altitude considérable qui correspond déjà à un camp 1 sur un autre 8 000, je pense notamment au Manaslu. C’est un palier important d’acclimatation. Ma saturation en O2 est descendue à 74 %, c’est dire qu’il faudra un peu de temps pour envisager de monter plus haut.
Montée sur la moraine du glacier Chago
25 ares, occupe aussi notre espace vital. Du minéral, du minéral et encore du minéral… voilà ce qui s’offrira à nos yeux pendant toute notre vie au CB. Comme traces de vie, j’aurai repéré les empreintes dans la neige d’un petit animal qui nous aura visités une nuit et se révélant être un léopard des neiges ainsi qu’un superbe oiseau rouge au nom inconnu. Cette année, le nombre d’expéditions est d’une dizaine. Peut-être sommes-nous, sherpas et alpinistes, une cin-
Le décor est planté : en relative sécurité, le camp d’un hectare environ est situé sur un vaste plateau morainique fait de gros blocs, avec d’un côté l’impressionnante face nord-ouest du Makalu dont le sommet, visible d’ici, nous surmonte encore de 2 800 m de hauteur. C’est de cette paroi que l’année dernière, une importante avalanche de pierres consécutive au séisme était partie, sans nous atteindre cependant. D’un autre côté, le front du glacier Chago dégage des séracs comme la proue d’un navire qui, heureusement, se trouvent à distance respectable et ne menacent pas directement le camp. Malgré tout, de nombreux craquements et chutes se produiront pendant notre séjour. Vers le Sud, nous avons aussi une belle perspective sur la vallée de Barun par laquelle nous sommes arrivés. Au loin, nous pouvons apercevoir le Honku Chuli (6 833 m) et le Chamlang (7 319 m). Témoin du réchauffement climatique, un lac, gelé quand même superficiellement et d’une surface estimée à
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Du camp 2,
veau de pommes de terre, pâtes diverses, mais aussi de poulets, conservés et congelés comme par miracle dans des bidons sous une tente qui sert d’abri à victuailles. Combien de moments agréables n’aurais-je pas passé dans cette tente cuisine pour les voir œuvrer et réaliser avec cœur tous ces repas. Chacun y a son rôle. Un simple exemple : Pinju va régulièrement chercher de l’eau dans un grand bidon au niveau du lac gelé, percé à un endroit pour l’occasion. Cela lui fait de nombreux allers et retours sur la journée, l’eau est nécessaire pour la cuisson, la vaisselle, voire aussi, un petit brin de toilette personnelle… Cette tente cuisine est en quelques sorte le lieu névralgique de l’expédition. Beaucoup de monde s’y donne rendez-vous pour y discuter, se détendre, bref la bonne humeur est là ! La réussite d’une expédition passe aussi par le repos et le calme au CB. Chacun dispose d’une tente personnelle. Je choisis souvent un emplacement un peu à l’écart de l’agitation quotidienne. Ce sera ici, à proximité du lac gelé. En ouvrant les absides de la tente, je vois d’un côté la vallée de Barun et les vues sur les montagnes lointaines et de l’autre le glacier Chago et l’itinéraire d’ascension visible jusqu’au Makalu-la. Le soleil n’arrive sur le CB que vers 8 h 00 du matin, ce qui permet une grasse matinée jusqu’à ce moment-là !
Jean-Luc et Pasang Sherpa
vue sur le Peak 4
quantaine de personnes. Parmi ces expéditions figurent une agence commerciale allemande « Amicale », une suisse « Kari Kobler », et une belgo-franco-italienne composée de Laurent, Serge, Michel, Dominique et deux Marco. Notre expédition, en plus des 11 membres alpinistes, est composée d’une équipe cuisine avec comme cook principal Santos Rai, qui était déjà le chef l’année dernière. Il est secondé par quatre aides, Pasang Lama, Gyalzen, Pinju et Phuri. L’équipe sherpas est faite de cinq personnes, Pasang, Lakpa, Geljé, Phurba et Tendi. De solides gaillards, expérimentés et dévoués. Nous apprenons qu’ils sont déjà montés, avec les sherpas des autres expéditions, jusqu’au col du Makalu-la, pour équiper l’itinéraire de cordes fixes. Temba est le chef des sherpas et dirigera le groupe. Se rajoute aussi Sonam Sherpa qui, lui, mènera l’équipe générale. La réussite d’une expédition passe souvent par l’alimentation que l’on reçoit au camp de base. Et l’on peut dire que Santos a mis les petits plats dans les grands : petits déjeuners à base d’omelettes, chapattis ou pancakes, confiture, miel, mueslis, porridge, thé au lait, café et chocolat. Le lunch de midi est fait tantôt de pommes de terre, tantôt de pâtes, toujours servies avec des légumes cuits ou crudités diverses. Enfin, le repas du soir est composé d’un délicieux potage, de riz, de pizzas ou de nou-
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Montée vers le Makalu-la, 7 000 m
Comme de coutume, la cérémonie de la Pujah viendra inaugurer notre arrivée au camp de base. Il s’agit d’un rituel bouddhiste, célébré ici par Pasang Lama, membre de l’équipe cook, destiné à mettre notre expédition sous la protection des dieux. L’ambiance est conviviale et festive. Après le traditionnel lancer de poignées de riz vers l’autel de prière, nous dressons un grand mât en haut duquel sont attachés des drapeaux à prière se déployant sur plusieurs mètres de longueur jusqu’aux quatre coins de notre camp. Nous avons dansé longtemps après aussi, un mélange de musiques népalaises et occidentales, ça décoiffe ! Et ça essouffle aussi…
Le camp 3 au Makalu-la, 7 450 m. Vue sur le Lhotse et le Makalu
L’acclimatation Voilà, la vie au CB s’organise. Dès le lendemain de la Puja, 25 avril, Pasang et moi montons jusque 6 100 m. Beaucoup d’émotions ce jour-là aussi : un an en arrière exactement, un tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 touchait le Népal et provoquait la mort de plus de 8 000 personnes. Nous étions dans la tente mess du CB quand la terre trembla. Recueillement devant l’autel de la Puja avant de monter. Du CB, il faut emprunter une moraine située au milieu du glacier Chago. Terrain pénible s’il en est, des cairns et petits piquets de bambous balisent l’itinéraire qui sera emprunté plusieurs fois. Une corde fixe est installée dans une barre rocheuse un peu plus raide et délitée. Après une bonne heure de marche, nous rejoignons le lieu nommé « Crampons Point », vers 5 850 m. C’est l’endroit où nous déposons, sous une tente, du matériel et de l’équipement utiles pour la suite : baudrier, jumar, crampons et chaussures d’altitude. De là, nous prenons pied sur le glacier Chago. L’accès se fait d’abord par une pente raide, ensuite la trace monte en pente douce et régulièrement jusque 6 100 m. Nous nous arrêterons au pied d’un mur raide de neige et de glace, qui permet de rejoindre plus haut le C1. Retour au CB dans la foulée. Les sensations de cette première sortie sont bonnes. Cet aller-retour jusque 6 000 m est déjà une bonne étape. Pour Jesus Morales, cela ne se passera pas aussi aisément. Souffrant d’hypoxie, il sera vite rapatrié par hélicoptère à Lukla puis Katmandou. Pour notre deuxième phase d’acclimatation, nous repartons dès le lendemain 26 avril dans l’intention d’installer le C1 et d’y dormir, puis de redescendre ensuite au CB. Le franchissement du mur de glace à 40° d’inclinaison est facilité par une corde fixe, installée par l’équipe de sherpas qui abattent un travail considérable. Il vaut mieux partir tôt du CB, car, pendant la journée, le soleil frappe et il fait vraiment chaud, même à cette altitude. Au-delà du mur, vers 6 250 m, plusieurs crevasses sont franchies par un petit saut athlétique ou contournées si besoin. Le C1 est atteint après trois à quatre heures d’effort et installé vers 6 400 m. Une première nuit nous attend. Le contraste de température est phénoménal dans la tente entre le jour et la nuit. Dans l’après-midi, c’est la fournaise : près de 40° C. Par contre, quand le soleil disparaît derrière le Baruntse, un froid vif s’installe et le sac de couchage s’avère un précieux refuge. Potage, pâtes, thé au programme du souper. Le lendemain, vers 6 h 00, après une bonne nuit, alors que le soleil ne réchauffe pas encore la tente – nous
Camp 4 du Makalu, 7 650 m sommes en versant Nord – nous choisissons de monter encore, en direction du C2. Celui-ci, finalement, ne sera installé que 250 m plus haut, vers 6 650 m. Bien chargés, nous abordons d’emblée un mur de glace déjà équipé d’une corde fixe. Au-dessus, nous louvoyons dans une zone de séracs impressionnante avant de rejoindre, par une pente de neige plus débonnaire, l’emplacement du C2. Nous y installerons une tente, sans y dormir. Le vent souffle, le froid est piquant. Enfin, le soleil apparaît. Il éclairait déjà depuis longtemps l’Everest et le Lhotse bien visibles, une fois atteint ce camp 2. La descente est rapide, deux heures à peine jusqu’au CB. Pour notre troisième sortie en altitude, le 30 avril, nous irons dormir directement au C2. Une nuit qui se fera sans soucis. Le plus pénible est toujours de supporter ces gros écarts thermiques. On ouvre les deux absides de la tente pour ventiler autant que possible. Le réchaud ronronne une bonne partie de l’après-midi : fondre de la neige, boire régulièrement du thé, s’alimenter. Vers 18 h 00, dès
Du camp 3, vue sur le sommet du Makalu
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Au début du couloir vers 8 150 m
l’instant où le soleil disparaît derrière l’arête rocheuse du Chago, le froid nous fait vite rentrer dans notre sac de couchage. Sous une nuit claire et étoilée, la température descend à -10°C au petit matin : près de 50° degrés de différence en quelques heures, c’est incroyable ce que l’organisme doit supporter. Mais cela n’altère en rien notre enthousiasme. Retour ensuite au CB. Après deux jours de mauvais temps, le 4 mai, nous effectuons notre quatrième sortie d’acclimatation : remontée au C2 pour une deuxième nuit avec objectif de poursuivre plus haut en direction du Makalu-la, vers 7 400 m. Après cette deuxième nuit au C2, bien froide à nouveau – le soleil ne se pointe ici que vers 8 h 30 du matin – nous partons à plusieurs, vers le col. La pente de neige est d’abord faible, mais le terrain est criblé de crevasses. Ensuite, vers 6 900 m, la pente se redresse sérieusement quand les premiers rochers se présentent devant nous. Cette montée au Makalu-la est l’une des parties les plus difficiles dans l’ascension globale de la montagne. Située en rive gauche du couloir d’accès au col, cette section est faite de rochers et de pentes de neige soutenues. Des cordes fixes se déroulent sur 600 m de dénivellation. L’effort est vraiment très exigeant et épuisant, il y a peu d’endroits pour se reposer. Malheureusement, le vent modéré et les nuages s’accrochant de plus en plus à la paroi nous arrêteront vers 7 200 m. Nous redescendrons au C2 pour y passer une deuxième nuit et le lendemain, retour au bercail du CB.
vraiment quelqu’un d’extraordinaire. Je maintiens aussi un peu l’activité physique en marchant une bonne heure : tour du lac gelé, montée sur une petite crête embrassant l’ensemble du CB et sur laquelle un ruban de drapeaux à prière est déployé. Chaque jour aussi, par téléphone satellite, je transmets des informations quotidiennes en Belgique. Un véritable feuilleton qui tiendra en haleine beaucoup d’entre nous. Insidieusement, l’organisme se détériore : même si l’appétit est là, je perds sans doute du poids, les muscles s’atrophient, surtout au niveau des jambes. Après déjà trois semaines passées au CB, nous sommes le 15 mai, nous espérons un créneau de beau temps stable et surtout que le vent baisse de force en altitude… Windy, windy… on aura souvent répété ce mot dans nos discussions quotidiennes ! Coup de théâtre aussi au CB : nous apprenons le décès de deux jeunes sherpas faisant partie de l’expédition allemande « Amicale ». Dans leur sommeil, ils ont été asphyxiés dans leur tente au C2, sans doute un accident par l’accumulation très importante de neige sur celleci, fermée et sans aucune aération. Leurs corps seront descendus sur un brancard de fortune jusqu’au lieu du « Crampons Point » et ensuite ramenés à KTM par hélicoptère. Toutes nos pensées vont pour les familles des victimes. Pour gravir un 8 000, il faut en quelque sorte être comme un chat qui guette une souris. Il faut mettre à l’épreuve notre patience, rester immobile, sans jamais perdre notre concentration, prêt à saisir le bon moment et la chance rare et éphémère que la montagne et la météo nous offrent pour atteindre le sommet. Un jour trop tôt ou un jour trop tard peut décider du succès ou de l’échec. Il n’est donc pas évident de prendre une décision quant à la stratégie à adopter pour tenter le push final : à quels camps et combien de nuits va-t-on dormir en altitude ? Quel jour quitter le CB ? Beaucoup de questions se posent qui rendent souvent l’atmosphère pesante au CB avant l’ascension finale. Chacun y donne donc un peu de son point de vue et partage son expérience. Cette décision est d’autant plus complexe que les modèles météo, venus d’Europe ou des États-Unis, sont malgré tout, encore de nos jours, fort variables dans l’analyse à court terme.
des Français,
En haut du couloir des Français, vers 8 300 m
L’attente Toutes ces incursions en altitude sont-elles suffisantes ? Suis-je prêt pour tenter l’ascension finale ? L’idéal serait de passer quand même une nuit au C3 du Makalu-la… Entre ces phases d’ascension où l’on est en contact direct avec la montagne et où l’organisme s’adapte lentement à l’hypoxie, il y a aussi et surtout ces journées de récupération bien nécessaires. Ces journées d’attente au CB sont souvent dictées par la météo et notre état de forme : jours de neige, jours de grand vent en altitude, jours de coup de pompe physique ou mental nous invitent plutôt à rester sagement dans le confort du CB ! Chacun s’occupe comme il peut. Je passe mon temps surtout à lire, à écouter de la musique, à rendre visite à l’un ou l’autre, en se retrouvant donc dans la tente cuisine où la bonne humeur règne. Santos, le chef cook, est
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J’y vais, j’y vais pas… attendons encore un jour… Beaucoup d’hésitations et de doutes s’installent. Ainsi, un modèle météo prévoyait des bonnes conditions quatre jours à partir du 17 mai. Je décide de partir avec Pasang et d’autres ce jour-là du CB pour tenter le sommet le 20. Le vent devait faiblir… Ce ne fut pas le cas, et après une nuit épouvantable au C2, d’où nous devions partir vers le Makalu-la, où le vent chasse toute la matinée, impossible de monter plus haut. Décision est prise de redescendre, bien nous en prit… Le 19 mai, une nouvelle fenêtre de beau temps avec vent ne dépassant pas les 30 km/h à plus de 8 000 m est annoncée pour le 23 mai. Pas vraiment le temps de récupérer, il faut remettre la machine en route. Cela fait bientôt aussi un mois que nous vivons au minimum à 5 650 m d’altitude, ne n’oublions pas.
L’ascension Vendredi 20 mai, je quitte seul le CB, vers 7 h 00 du matin. Non pas que je veux faire un solo sur le Makalu, mais
j’aime partir, comme on dit « à la fraîche ». La chaleur n’est pas encore trop forte à cette heure-là. Les autres partiront plutôt en fin de matinée. Petite prière devant l’autel de la Puja, regard vers le haut, vers le ciel bleu, vers la montagne, quelques poignées de main, « Save care » et c’est parti. Beaucoup d’émotions intérieures. La motivation est toujours intacte, mais comme beaucoup d’entre nous, je me pose la question de mon état suffisant ou non d’acclimatation. Par l’itinéraire bien connu maintenant – je finis par connaître les moindres cailloux jusqu’au Crampons Point – je retourne au C2 après quatre heures de montée. Il n’est que 11 h 00 du matin quand j’y arrive en toute décontraction. Rituel de la journée : fondre de la neige, ventiler la tente pour supporter la chaleur diurne, se détendre en position couchée… Comme prévu, les autres copains arrivent en fin d’après-midi, ainsi que Pasang. Toutes expéditions confondues, le nombre d’alpinistes et sherpas encore en quête de sommet a bien diminué de moitié, plus qu’une trentaine au total. Samedi 21 mai, 4 h 30 du matin, le jour se lève à peine. Il fait glacial. Le ciel est sans nuages, c’est bientôt la pleine lune. Pas la peine de compter sur le soleil pour nous réchauffer, il ne vient que vers 8 h 30, nous le savons. Et pourtant, au vu de la journée qui s’annonce longue et éprouvante, il nous faut nous extirper du confort du sac de couchage, remplir les gourdes, boire et boire du thé, manger un bon muesli. Vers 6 h, nous voilà partis, en enfilade, pour aborder la partie la plus technique, celle de l’ascension du Makalula, repérée lors de notre première et unique montée il y a plusieurs jours déjà. Le soleil fait son apparition lorsque nous escaladons les premiers rochers, quel bien-être ! Pas de vent non plus pour l’instant. Bien chargé, plus de 10 kg sur le dos, je franchis ces pas d’escalade avec lenteur. Le souffle est bien court… Il n’est pas facile de trouver des endroits pour s’arrêter, boire un peu : que c’est raide ! Après six heures de progression, j’arrive, vers midi, à ce fameux col du Makalu, précisément 100 m plus à droite, vers 7 450 m. Des drapeaux à prière marquent ce lieu stratégique. Complètement givrés, ils claquent au vent qui a pris un peu de vigueur, le ciel s’est bien encombré de nuages aussi. La visibilité est assez réduite. Je fais confiance à Pasang pour poursuivre à plat et tracer dans la neige jusqu’à un large emplacement où sera installé le C3, vers 7 450 m. Cet effort, sans apport d’oxygène, est vraiment exigeant. Fatigué, je laisserai en toute modestie le soin à Pasang de fixer la tente. Nous sommes les premiers sur place ce jour-là. Les autres arriveront dans l’après-midi, certains avec usage d’oxygène en bouteille. Je porte moi aussi une bouteille dans le sac, mais je ne l’ai pas utilisée jusqu’à présent.
Descente du camp 1 dans le couloir de glace lement bien plus grand que dans les camps inférieurs cachés dans le versant nord. Ainsi, nous sommes gratifiés d’un coucher de soleil somptueux et tardif, au-delà de 19 h 30. Le lendemain, il se pointe déjà vers 5 h 30 du matin. 22 mai, une nuit passée à 7 450 m est toujours délicate, surtout la première durant cette expédition. C’est un cap important à franchir pour espérer aller plus haut encore. Malgré l’inconfort, nous étions trois dans la tente, Pasang, Phurba et moi-même, la nuit a été bonne et calme. Ciel dégagé et étoilé, il a fait bien froid, -24°C au petit matin dans la tente. Cette fois-ci, nous attendrons les bienfaits de l’arrivée du soleil pour nous extraire du sac, prendre le petit-déjeuner, s’équiper. Départ vers 8 h 30, direction le camp 4, qui servira de point de départ pour le push final. Il y a quelques jours, une équipe de sherpas était montée jusque 7 700 m d’altitude du camp 4, pour installer l’une ou l’autre corde fixe. La trace était presque complètement recouverte par la neige tombée récemment. En premier, Pasang s’évertue à retracer la voie et dégager les cordes fixes enfouies sous la neige. Après deux heures d’effort, le camp 4 est dressé sur un petit promontoire rocheux. Ce camp 4 peut être installé à plusieurs endroits, jusque 7 800 m. Il est à peine 11 h 00 du matin, mais le reste du temps sera consacré à s’hydrater le plus possible et se reposer, car dès 21 h 00, le grand départ sera donné pour tenter le sommet dans la nuit suivante et le lendemain matin. Cette période d’attente est toujours spéciale. Les heures passent, sans dormir réellement, le stress est palpable. Il neige aussi un peu dans l’après-midi. Je prends délibérément au repos un peu d’oxygène en bouteille, afin de récupérer un peu.
Le ciel se dégage, la vue depuis le C3 est saisissante. Vers l’ouest, on voit très bien le Lhotse et l’Everest. Petite pensée pour mes amis Paul et Sofie. Sans le savoir, c’est ce jour-là qu’ils atteindront le sommet de l’Everest par le versant tibétain, c’est fantastique ! Vers l’est, le massif du Kangchenjunga apparaît aussi, au-dessus d’une mer de nuages. Plus près de nous, le Makalu 2, à portée de main, mais aussi le Makalu 1, si proche et si loin, mille mètres plus haut encore. L’itinéraire qui y mène est bien visible d’ici.
Vers 20 h, nous nous équipons progressivement dans la tente : quelle lenteur à cette altitude. Ne rien oublier… quelques barres énergétiques, une gourde d’1/2 litre calfeutrée dans la poche intérieure de ma doudoune. Une gourde d’1 litre bien protégée aussi – enfin je le crois – dans le sac à dos, ainsi qu’une paire de moufles de réserve, des lunettes de soleil et cette bouteille d’oxygène de 4 kg susceptible de m’aider en cas de gros coup de pompe.
L’avantage de la situation de ce camp, c’est qu’en plus d’être aux premières loges pour voir ces 8 000 himalayens, c’est qu’il jouit d’un ensoleil-
Vers 21 h 00, comme prévu, nous sortons de la tente ainsi qu’une dizaine d’autres alpinistes à proximité. D’autres grimpeurs, comme Ferran ainsi que le groupe d’Autri-
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Retour au CB, contemplation sur le Makalu chiens sont partis du camp 3, vers 19 h 00. Nous les retrouverons un peu plus haut. Quelle ambiance avec toutes ces lampes frontales qui serpentent vers le haut dans la nuit. Le ciel s’est dégagé heureusement, mais il faut faire la trace, assurée par un sherpa dans un premier temps qui dépense une énergie sans compter. Mon pas est régulier, je monte pour l’instant sans utiliser l’oxygène. Vers 7 900 m, nous abordons une zone plus tourmentée de crevasses et de séracs. Je me souviens qu’en 2008, c’était au-dessus de cette zone que nous avions installé notre dernier camp, avec Joao. Cette zone accidentée franchie, quelle belle surprise de voir apparaître la pleine lune qui se cachait jusqu’alors derrière le bastion sommital du Makalu. Pour la première fois, je décide, sans nécessité absolue, d’utiliser cet oxygène en bouteille et de mettre le masque devant la bouche. Avec consternation, je constate que ce masque qui me permet de respirer ce précieux fluide s’avère pour moi une contrainte physique : il m’étouffe au plus haut point. Répétant l’opération plusieurs fois, je l’arracherai systématiquement de ma bouche lorsque je fais un effort. Jamais je n’aurais imaginé ressentir autant d’asphyxie, alors que cela devrait être le contraire ! Erreur de ma part de n’avoir jamais essayé de masques à oxygène en faisant des tests en laboratoire… Je suis dépité, déstabilisé et en perds mon rythme. Que faire ? J’adopte alors la stratégie de poursuivre sans respirer l’oxygène en bouteille pendant l’effort et, dès que l’occasion se présente, au repos, d’en utiliser. Cela semble être la bonne solution. Le froid est de plus en plus vif, il doit bien faire -30 °C. Nos doudounes sont complètement givrées. Vers 4 h 30, les premières lueurs du jour se pointent sur les ombres naissantes du Lhotse, de l’Everest et sur le Tibet. Pause prolongée pour la vingtaine de vaillants alpinistes vers 8 100 m, vers 6 h 00 du matin. Déjà neuf heures d’effort et à peine 450 m de dénivellation… 50 m par heure… de véritables escargots. Nous sommes au pied du fameux couloir des Français, couloir raide de neige et mixte qui donne accès, 200 m plus haut, à l’arête sommitale. Nous attendrons plus d’une demi-heure au pied de ce couloir. Deux sherpas sont occupés à équiper celui-ci de cordes fixes. Le soleil ne donne pas encore là où nous sommes, début peut-être d’un refroidissement… La colonne s’ébroue à nouveau, le couloir est d’abord entièrement neigeux sur 50 m, ensuite il faut dévier sur la gauche pour prendre une zone de mixte : des pas
d’escalade dans ce granite compact à cette altitude, c’est du costaud ! Sans oxygène dans l’effort, mon cœur est prêt à exploser ! J’envie tous ceux qui, autour de moi, peuvent en respirer. D’autres grimpent sans oxygène du tout. J’aurais mieux fait d’abandonner ma bouteille ici. C’est finalement plus un handicap avec ce poids supplémentaire. Toujours est-il qu’à la sortie des difficultés rocheuses, vers 8 350 m, je me sens complètement vidé de toute substance vitale ! En plus, la gourde dans le sac est gelée, malgré sa protection thermique. Le doute s’installe en moi, la réflexion aussi. Pasang, à côté de moi, m’exhorte, mais ne peut pas faire grand-chose. Je me pose plusieurs minutes… Les autres progressent lentement, je les regarde, désabusé. Le sommet se profile une centaine de mètres plus loin au bout de l’arête, je vois les premiers atteindre la cime. Il doit bien être 11 h 00 du matin. Déjà quatorze heures d’effort. Michel et les deux Marco arrivent à ma hauteur et m’encouragent à les suivre. Je me redresse, tente quelques pas encore, me rassieds. L’arête finale est étroite, aérienne et le moindre faux pas peut s’avérer mortel. « Monte tant que tu peux descendre », j’ai cette citation en tête chaque fois que je pars en expédition himalayenne. « Descendre en toute autonomie aussi, sans mettre la vie des autres en danger », rajouterais-je… Ma lucidité me dit de stopper ici, même si proche du sommet. Sixième sens en action sans doute, je choisis de redescendre, de consacrer le peu de force qu’il me reste pour le bas… La descente est en effet délicate. Pasang m’accompagne aussi. Je m’assure bien sur les cordes fixes. En bas du couloir, je récupère le chemin dans la neige. Trois pas et je m’arrête, m’assieds dans la neige. Ce sera ainsi jusqu’au camp 4. Un brouillard dense s’installe et recouvre le sommet. Dans la zone de séracs, la visibilité est réduite à 50 m. Il neige un peu aussi. Pasang a pris un peu d’avance, je me retrouve seul. Heureusement, les cordes fixes sont un bon fil conducteur… La visibilité redevient bonne et là-bas, 200 m plus loin, j’aperçois le camp 4… Mon ami Sherpa y est déjà arrivé. Mètre après mètre, je vois cette tente se rapprocher et enfin, je la rejoins vers 16 h 00. Une belle bambée de 19 heures donc ! Je m’écroule sur le matelas, tout habillé. D’abord boire, boire et encore boire du thé, merci mille fois Pasang. Je réutiliserai un peu d’oxygène aussi pour récupérer. Les autres ont-ils atteint le sommet ? Ferran (13e 8 000) et Hans (7e 8 000) sans oxygène, Stuss et Ajurn avec oxygène. Martina aura renoncé vers 8 000 m, victime de débuts de gelure, Reinhard avec 7 800 m pour des problèmes gastriques. Au total, une dizaine d’alpinistes et de sherpas auront foulé le sommet ce jour-là. Une nuit à reprendre des forces. J’envoie des news en Belgique pour relater cette longue journée du 23 mai. Le lendemain, sous un franc soleil, nous déséquipons le camp. Je suis un peu comme un zombie. Même chose pour le camp 3, on s’alourdit de plus en plus, désescalade du Makalu-la, camp 2 où une bouteille de Coca-Cola laissée là me revigore un peu. Grand soulagement quand Pinju est venu à notre rencontre jusqu’au « Crampons Point » pour nous amener du jus d’orange dans un thermos. Cela nous fait le plus grand plaisir. Grosse ambiance au camp de base, mais il faudra que je me soigne, je reviens de cette escapade en altitude avec une bronchite aiguë, cela devient une habitude. Respirer de l’air froid et sec ne fait pas plaisir aux bronches. Je suis ému et pleure de toutes ces péripéties. Un accueil chaleureux nous fait oublier nos souffrances. Douche, repas et dodo assez vite aussi !
Vue sur le Tibet, vers 8 350 m
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peu de vie végétale, des fleurs mauves dont j’ignore le nom me frappent aux yeux directement. C’est vraiment au CB Hillary que nous faisons la fête entre notre équipe et les autres rescapés autour d’un bon feu de bois dans l’un des rares lodges du site. Pour la première fois, nous dormirons en « dur » et sur un vrai lit, même bancal. Gâteau « Happy summit Makalu », la bière coule à flot… 27 mai, ce matin-là, grand beau. Le Makalu est resplendissant. Sans doute un dernier clin d’œil. Un hélico est censé nous prendre et nous rapprocher de Num. Toute la matinée, nous attendons. Rien ne vient. Fin de matinée, les nuages commencent à remonter la vallée et envahissent la CB. Brouillard… la chance est passée de prendre aujourd’hui la voie des airs. Au lieu de gagner du temps, nous en perdons. Ma toux ne s’améliore pas vraiment.
Au camp de base Hillary
Le retour 25 mai, je me réveille ce matin avec le soleil éclairant la tente, ça c’est bien, mais aussi avec une toux aiguë, ça c’est moins bien… Ce n’est qu’en perdant de l’altitude que mon état de santé s’améliorera. Une bonne séance de thalasso, de kiné, voilà ce dont j’aurais bien besoin. Examen du corps : une extrémité du pouce gauche a dû souffrir du froid. À force de monter la main gauche en utilisant le jumar sur les cordes fixes, l’irrigation sanguine s’est faite plus difficilement.
28 mai, l’espoir de voir un hélico se poser aujourd’hui est quasi nul. Brouillard, pluie au menu ce matin. Il va falloir prendre une décision. Dans deux jours, je devrais décoller de KTM, autant dire que cela devient mission
Ce jour sera consacré au démontage progressif de notre camp de base. Idem pour les autres expéditions. Nous aurions dû le quitter quatre à cinq jours plus tôt, les aléas de la météo en ont décidé autrement. Afin d’accélérer le retour sur Num et Katmandou où mon avion international est prévu le 30 mai, le planning est de descendre à pied demain 26 mai jusqu’au CB Hillary et le 27 mai, un hélicoptère nous ramènera à Katmandou. Je ne suis pas très chaud pour prendre un hélico, mais bon, s’il faut rattraper le temps « perdu » et au vu de mon état physique quelque peu décomposé, je ne dis pas non… Parlons-en des hélicoptères. Je peux comprendre qu’ils soient utilisés pour des raisons de secours, un exemple encore pour un Allemand qui est revenu du sommet les doigts bien gelés et fut rapatrié illico presto aujourd’hui. Mais ce qui me sidère, c’est qu’aujourd’hui, par grand beau temps, quelques alpinistes chevronnés et sans aucun souci de santé se font embarquer par hélicoptère, comme ils l’avaient fait à l’aller. Une heure après, ils boiront une bonne bière à Katmandou. 26 mai, vers 9 h 00, l’équipe restante redescend donc vers le CB Hillary. L’équipe n’est plus composée que de Ferran, Martina, Hans, Reinhard, Stuss, Ajurn et moimême. Les sherpas nous accompagnent aussi ainsi que Temba, Sonam et Santos. Nous avons battu un record… 33 jours passés au minimum à 5 650 m d’altitude. Nous nous chargeons du minimum de bagages. Tout notre équipement sera acheminé aussi à dos d’homme jusqu’à ce CB Hillary, puis suivra aussi la voie des airs jusque Katmandou. En théorie, en tout cas. Quelle sensation encore une fois quand, très vite, nous perdons de l’altitude et passons sous la barre des 5 000 m. Respirer l’oxygène tout simplement, l’ivresse de l’altitude… Certes, le prix à payer pour se refaire une santé est d’arpenter à nouveau ce tas de moraines du glacier Barun. En un mois, un chemin plus évident a été tracé, tant mieux. Sous les 5 000 m, nous retrouvons un
Hameau de Kongma, 3 600 m
impossible…Nous décidons alors d’entamer le trek retour, tout au moins jusque Yangle Kharka, là où il y a une autre possibilité de voir l’hélico se poser. Nos sacs d’expédition resteront ici, ils seront ramenés plus tard sur KTM et la Belgique… Avec le minimum de bagages donc, sous une pluie battante, nous quittons le CB Hillary. Les nuages ont tiré le rideau sur le Makalu. Ce dont je suis heureux, c’est de retrouver ces prairies d’alpage verdoyantes, cette forêt, ces oiseaux, ces yaks, ces fleurs, ce bruit du torrent au fur et à mesure que l’on se rapproche de Yangle. Par téléphone satellite, je négocie les démarches pour retarder le vol retour. À Yangle, nous nous réfugions tous dans le seul lodge devant lequel nous avions planté nos tentes il y a plus d’un mois d’ici. Malgré la pluie, je savoure encore plus ce lieu. Le tenant du lodge nous invite dans sa cuisine à nous réchauffer autour du feu de bois et s’active à préparer ce délicieux dal bhat, spécialité népalaise de lentilles et de riz.
Vue sur le Makalu, depuis Hile
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29 mai, Temba est en pourparlers avec l’agence à KTM pour nous tenir au courant de l’arrivée ou non de l’hélico. Une éclaircie dans le ciel bouché… « Hélicoptère is coming ! », dira Temba plusieurs fois… Il décollera de Num, mais n’arrivera pas à rejoindre Yangle, trop de nuages… Nous attendrons à nouveau un jour complet. La patience a ses limites. Nous dormons à nouveau dans le dortoir du lodge. 30 mai, il a plu toute la nuit, le ciel est bien bouché encore ce matin. À 6 h 00, l’hélico était annoncé… à 8 h 00, nous prenons la décision de continuer à pied. Sonam nous accompagnera jusque Num. Ce sera une journée harassante, mais dont chacun gardera un souvenir inoubliable : nous rejoindrons, pour certains à la tombée de la nuit, pour d’autres plus tard, le village de Tashigaon. Faire en un jour ce qu’à l’aller, nous avions réalisé en trois…
de France… Sonam et Martina rejoindront Num sous une nouvelle averse tropicale. 15 h 00, nous prenons les services d’une jeep pour nous conduire le même jour à Tumlingtar. La piste est profondément ravinée par les pluies pré-mousson. Plusieurs fois, notre jeep s’embourbe… l’aventure continue ! Fin de journée, nous voici donc à Tumlingtar, dans un petit hôtel attenant à l’aéroport, dans la chaleur tropicale et étouffante où les moustiques sont plus nombreux que les habitants. Quelle journée ! Quel contraste surtout avec le matin où étions encore à Tashigaon. Auraisje déjà de la nostalgie ? Très vite, l’espoir de pouvoir prendre un avion le lendemain s’amenuise. Toutes les places sont prises dans les rares vols prévus sur KTM. Alors, notre petit groupe de 7 personnes prendra de nouveau un 4X4 pour nous conduire à Biratnagar, à la frontière indienne, où il est possible de rejoindre KTM par voie aérienne.
Ce franchissement des trois cols sous la pluie, ce fut mémorable ! 1 300 m de montée et 2 700 m de descente plus loin, je rejoins en dix heures d’effort Tashigaon. Euphoriques, épuisés, affamés, assoiffés, nous nous réfugions dans un lodge et savourons pleinement notre journée autour d’un énième dal bhat et d’une Everest beer. Ce 30 mai, j’aurais dû être à KTM… j’ai loupé mon rendez-vous avec Sofie et Paul pour prendre l’avion de retour…
1er juin, 6 h 00 du matin, c’est parti pour sept heures de tout-terrain à nous tortiller sur les pistes himalayennes. À un col situé entre Gholekarka et Hile, une vue magnifique et lointaine sur le Makalu nous envoie un dernier regard. Une page se tourne. Les collines laissent place à une vaste plaine. Biratnagar, 41 °C… Par chance, un avion décolle une heure plus tard avec de la place pour nous tous.
31 mai, 5 h 00 du matin, un simple thé, pas de déjeuner pour le moment, nous quittons Tashigaon au lever du jour, pour rejoindre Num. Cette journée (deux en une) est plus courte que la précédente. Les muscles raidis par l’effort de la veille, nous quittons le village aux toits bleus sous un ciel bien gris et menaçant. Il ne faut pas une demi-heure avant d’essuyer une pluie tropicale diluvienne qui va durer deux heures. Ce n’est qu’à Séduwa que la pluie s’arrête. Complètement trempés, nous prenons enfin un petit-déjeuner très sommaire dans ce village qui, pour moi, est rempli de souvenirs mémorables. Il nous reste à rejoindre Num, via le pont suspendu audessus de la rivière Arun… 800 m d’altitude, que c’est bas ! Le soleil a repris ses droits. Provisoirement. Une chaleur moite aura raison de notre organisme malmené dans la dernière montée sur Num. L’entrée dans ce village est un soulagement…
Au hublot de l’avion, côté droit, j’aperçois tant bien que mal les montagnes. Atterrissage à Katmandou, presque deux mois plus tard et cinq kilos plus léger… Le contraste est brutal, je me sens perdu dans cette atmosphère, bruyante, polluée… Mais il faut revenir à la civilisation, je suis malgré tout bien content de retrouver un bon lit, dévorer quelques fruits frais, salades et crudités, et surtout revoir bientôt la famille et les amis. Par chance, le hasard fait bien les choses : le premier ami que je vois est Joao Garcia, qui revient d’un trek dans la vallée du Khumbu. Tout un symbole. Un grand bonhomme, ses mots réconfortants me touchent beaucoup. Nous parlons du passé, mais aussi des projets futurs. Ma toux s’améliore lentement. Ce ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir. Je me rends compte aussi que j’ai perdu pas mal de sensations de goût et d’odorat. La petite gelure au pouce se résorbera en un mois…
C’est énorme ce que le corps peut supporter… Sans vêtements de rechange, je m’empresse d’aller acheter une paire de tongs, des chaussettes et un t-shirt dans une petite boutique du village. Quelques bières, c’est le bonheur ! Cette arrivée à Num, c’est un peu comme celle d’une arrivée en altitude lors d’une étape du tour
Je rentre en Belgique, après avoir vécu une énorme aventure, à la fois physique et mentale. Un proverbe tibétain dit « Le bonheur n’est pas au sommet de la montagne, mais dans la manière de la gravir ». Je pense que cette expédition en est un bel exemple. Elle est aussi un tremplin pour d’autres à venir… Et de quoi rebondir aussi !
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MONTAGNES
L’aiguille Dibona 3 131 mètres
Le Massif des Ecrins est très vaste, cinq fois la superficie du Mont-Blanc, il regroupe de nombreux sommets dont le point culminant est la Barre des Ecrins à 4 102 mètres.
Jean-
Claud
e Vitt oz
cœur du village de Saint-Christophe-en-Oisans et du Parc Naturel des Écrins, à 1 440 m d’altitude ». http://www.la-cordee.com/
C’est dans cette immense contrée que l’on retrouve un sommet mythique, l’Aiguille Dibona ! Une cime fantastique aux formes pures, symbole de l’Oisans, comment résister à une telle magnificence... Un véritable cadeau de la nature, qui s’érige au cœur du massif du Soreiller, dans un cadre phénoménal. Je cite : « Ce pays a une âme faite d’abord d’espace. Il lui faut beaucoup d’air et de ciel pour respirer... Cœur des Ecrins et de l’Oisans où l’esprit des lieux résonne encore des grands noms de l’alpinisme... Espace de liberté et de rencontre pour tous les amoureux de la montagne, nous vous invitons à venir y écrire à votre tour votre histoire... »
Les superlatifs ne manquent pas pour évoquer cette cime, Gaston Rébuffat disait : « Cette extraordinaire aiguille, qui jaillit comme un cri du cœur d’un désert de pierre, est là pour faire rêver, image de folie et pour être admirée durant la longue montée au refuge, puis pour être gravie. » Nous quittons la Belgique le samedi 10 septembre, destination Saint-Christophe-en-Oisans peuplé de ses 30 âmes et notre hébergement « La Cordée », ça ne s’invente pas... C’est un endroit convivial, authentique, chargé d’histoire, où le temps semble s’être arrêté... Cette auberge est un « Bazar extraordinaire ». On y retrouve à peu près tout de ce dont on a besoin, l’ensemble dans un désordre étudié, il y a même un manuscrit signé Patrick Edlinger, extraordinaire je vous dis... « La Cordée » vous propose aussi un dortoir de 19 places, un plus assurément : pimbêches et snobinards s’abstenir... « Repaire des guides de haute montagne et autres alpinistes depuis 1907, la Cordée est un lieu à part, en plein
La sympathique gérante de La Cordée, Marie-Claude Turc, est l’arrière-arrière-petite-fille de Pierre Gaspard, une figure emblématique de la bourgade et de l’alpinisme en Oisans. Ce dernier, en compagnie de son fils, réalise le 16 août 1877 la première ascension de la Meije, devenue aujourd’hui la voie normale. Pierre Gaspard repose au cimetière du village, un véridique lieu de mémoire sur l’histoire
de l’alpinisme de cette région des Alpes françaises. On y retrouve bon nombre de sépultures d’alpinistes et de guides de la vallée. Ce qu’en dit le « Petit Futé » : « Sur la route de la Bérarde, en plein cœur du Parc National des Ecrins, on ne vient pas par hasard dans cet hôtel-restaurantcafé littéraire et historique. Rendez-vous des alpinistes, randonneurs, skieurs, cyclistes, de tous les amoureux de la montagne depuis 1907, et de ceux qui sont en quête de sérénité et d’authenticité, cet hôtel-restaurant, chaleureux et authentique, parquets anciens en bois, pierres apparentes dans la salle de restaurant qui est une ancienne écurie, nous offre une ambiance montagnarde, familiale et conviviale. Les chambres reflètent la simplicité, un confort dans l’originalité d’une auberge de montagne. Tout le monde connaît la réputation des tartes maison de Marie-Claude, de ses potages et de son « chocolat maison », vous pourrez goûter aux spécialités du pays, comme les crozets maison ou les farcis qui nous donnent d’autres raisons de s’attarder ici. »
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de mes pauvres et vieilles guibolles... Bref ! Encore une « aventure » qui se termine bien.
La Dibona, ça se mérite... Pour gravir cette flèche de granit, nous avons choisi la Directe de la face Sud ou Voie Madier : TD – 350 mètres – 14 longueurs.
Remarque
Un itinéraire historique, ouvert par Andéol Madier et Maurice Fourastier le 1er septembre 1937. C’est une très belle voie qui se déroule sur un excellent granit, alliant, adhérence, dièdre, fissure traversée, surplomb.
La description indique : L2 s’engager dans le « Tunnel » : en fait, il s’agit plutôt d’une cheminée, selon la stature du grimpeur et de l’importance du sac, il vous faudra enlever ce dernier pour pouvoir sortir aisément.
Une ascension à la Dibona débute toujours par une approche de 1 200 mètres de dénivelé au départ du hameau des Etages au Refuge du Soreiller (2 730 mètres – http://www.refuge-du-soreiller.com/). Elle n’est pas des plus raides, mais elle semble interminable : 4,7 km et est considérée par d’aucuns de « bavante ». Ce n’est certainement pas moi qui le contredirai.
Concernant la description de la voie et le topo, vous trouverez une foule de renseignements, dans la littérature et sur le net, notamment sur Camp to Camp : http://www.camptocamp.org/routes/54508/fr/ aiguille-dibona-face-s-directe-voie-madier-s
Descente Par la courte voie normale, une désescalade de 8 mètres rejoint un rappel chaîné qui se descend en oblique sur 50 mètres ou, préférable, en 2 fois 25 mètres. Suit une vire facile qui rejoint l’éboulis de descente, le cheminement est balisé de cairns. Participants : Stéphane Winandy et J-C Vittoz « L’escalade est une chose merveilleuse pour se vider la tête et se la remplir d’étoiles ... et accessoirement, pour se râper les doigts et les genoux ».
Merci Martine
Lundi jour « J », au lever, Stéphane me demande : « As-tu entendu ? Il a plu cette nuit. » Me concernant, je ne me suis rendu compte de rien, espérons que cela ne soit pas trop mouillé... La météo s’annonce favorable, nous voilà à pied d’œuvre, tout se passe à merveille, hormis quelques zones humides sans conséquences. Arrivés à la vire Boell et à la base de la célèbre FissureCannelure, quelques gouttes éparses commencent à tomber, de gros nuages s’amoncellent et s’accrochent sur l’Aiguille orientale du Soreiller (3 380 m) située à notre droite et recouvrent presque entièrement le Plaret (3 563 mètres). Les deux dernières longueurs et la descente s’effectueront sous des averses de grêle et coups de tonnerre, ambiance assurée ! Après une brève accalmie, c’est rebelote, c’est complètement trempés et dégoulinants que nous redescendons directement au parking, sans nous attarder au refuge. La descente, longue, trop longue, +/- 6 km pour 1 400 mètres de dénivelé aura eu raison
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Un fait rare qui mérite d’être mentionné : je tiens à vivement remercier Martine Turc, la gardienne du Soreiller. Martine vit au refuge depuis l’âge de 2 ans... Elle est la digne héritière d’une longue tradition de gardiens et de guides. Cette femme jouit d’une franchise et d’une honnêteté sans bornes, une denrée rare de nos jours... La preuve : lors de la descente sous la grêle, nous passons rapidement au refuge pour enfiler ce qui nous reste de sec et sans tarder entamons la descente. C’est seulement en arrivant au pays que je m’aperçois que j’ai oublié ma veste au refuge. Sans trop y croire, j’envoie un mail à Martine expliquant mon oubli, elle répond rapidement : « On réfléchit à la suite... Désolée, la neige à fait son apparition sur Lady bona ! Au plaisir de vous lire. Martine » Quelques jours plus tard, je reçois une enveloppe avec une somme équivalente au prix de la veste. Vous avez dit rarissime ?
OPINIONS
La peur Paul
C’est l’émotion due à la prise de conscience d’un danger. Elle est utile si elle permet de s’écarter de celui-ci. L’alpinisme est par nature dangereux, car, malgré toute la prudence et les compétences dont on peut fait preuve, il y a les dangers dits « objectifs » tels que les chutes de pierres, les chutes de séracs, la foudre, les crevasses insoupçonnables, etc.
De G enst
Lorsque la paroi d’abord verticale, plus bas, devient oblique, mes talons puis mon dos reprennent brutalement contact avec le rocher. Après une glissade de plusieurs mètres, qui heureusement ralentit ma chute, j’atterris sur un éboulis ».
Le fait de disposer d’un bon encadrement réduit le risque, mais ne le supprime pas. En rocher, le second de cordée se sent à l’aise tant que son premier peut l’assurer d’en haut, mais gare aux traversées. Plusieurs fois, mes stagiaires m’ont demandé de redescendre pour équiper une traversée qui m’avait pourtant paru facile. Certaines traversées sont célèbres, comme la traversée des Bavarois dans les Calanques ou celle dite « Le piège à homme » à la pointe Grohmann, dans les Dolomites. Remarquons qu’il n’est pas nécessaire d’être insensible à la peur pour grimper le 7e ou le 8e degré si les rochers sont bien équipés ou si le premier de cordée s’en charge. Dans les courses classiques d’une certaine ampleur, il faut bien quelquefois marcher à corde tendue en neige/ glace et même en rocher si on veut éviter le bivouac. Plusieurs de mes seconds m’ont avoué avoir eu peur. J’ai eu des compagnons de cordée insensibles à la peur, comme Bernard Henris ou Bruno Fraschina. C’est avec eux que j’ai fait mes plus belles courses. J’ai vu des guides prendre peur dans des moments difficiles, mais je suis parvenu à les seconder et à les rassurer. Le problème des écoles de guides est qu’on ne peut pas mettre la vie des aspis en danger ni leur refuser le brevet s’ils ont les compétences techniques exigées, l’endurance, et qu’ils sont capables d’organiser les courses. Ne jamais avoir peur n’est pas une vertu dont on peut se vanter. C’est un acquis génétique qu’une minorité de personnes possèdent, mais qui peut constituer un important facteur de sécurité. En effet, la peur paralyse et risque d’empêcher le bon comportement. L’absence de peur que je tiens de mon père m’a permis de survivre en plusieurs circonstances. Je ne citerai qu’un exemple, tiré de mon livre 60 ans d’alpinisme, folie ou passion. Cela se passe au moment où je trébuche sur une vire. « Malheureusement, ma trajectoire me propulse dans le vide. Tomber à plat de 10 m de haut laisse peu de chances de survie, et si c’est sur la tête, encore moins, surtout que, dans une rando, on ne porte généralement pas de casque. Tant que c’est encore possible, il faut risquer le tout pour le tout : donner un vigoureux appel des pieds sur le bord de la vire et faire une culbute dans les airs. Ouf, la manœuvre réussit, mes pieds sont de nouveau dirigés vers le bas !
Jeanine me réconforte après ma culbute dans les airs. Si j’avais eu peur, mon réflexe eût été tout autre et je n’en serais pas sorti vivant, alors que je n’avais que 69 ans. La peur, voilà un sujet rarement évoqué dans les relations de courses en montagne, et sur lequel j’ai essayé de donner un bref aperçu. Espérons que ce ne soit plus un tabou.
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ST CHRISTOPHE EN OISANS LA BERARDE .
COEUR DES ÉCRINS
CRÉDIT PHOTO : FRÉDÉRIC CHEVAILLOT PHOTOGRAPHE
RE PROTÉGÉ AU UN ESPACE DE NATU
RANDONNÉE TOUS NIVEAUX / TOUR GOURMAND ET TOUR DE LA BÉRARDE / VIA-FERRATA RAND A-FERRATA / ESCALADE ESCA / EAUX-VIVES (RAFTING-HYDROSPEED) / RANDONNÉE GLACIAIRE / ALPINISME / D ÉTAPES / CAMPING / REFUGES... HÔTELS / GÎTES D’ÉTAPES
Documentation complète sur demande: TÉL: 04 76 80 50 01
WEB: W W W.BER ARDE.COM
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MAIL: INFOS@BER ARDE.COM
VIE DE LA BIBLIOTHÈQUE
Alain Purnode
é t ô c u d e g u o b la e C de la bibliothèque
Depuis longtemps, le souhait était émis avec force de publier le catalogue des livres et des revues conservés dans la bibliothèque du Club Alpin Belge sur un réseau informatique permettant aux chercheurs et aux lecteurs de connaître et d’accéder à la riche documentation contenue dans les rayonnages. Des contacts ont été entrepris avec les bibliothèques de la Ville de Namur afin de choisir un logiciel le plus compatible possible à la mise en commun des réseaux. Le choix s’est fixé sur le logiciel libre PMB, largement utilisé. Des liens ont été noués avec diverses bibliothèques spécialisées, dont le Centre de documentation Lucien Devies (FFCAM – CAF) à Paris, l’Ecole nationale de Ski et d’Alpinisme (ENSA) à Chamonix et le service général d’informations sur la montagne (SGIM) à Barcelone pour disposer de leur plan de classement et pouvoir ainsi élaborer le nôtre avec le plus de pertinence. En outre, une perle rare, en la personne de Michel Body se dévoue bénévolement à s’initier à l’utilisation du programme et à l’introduction des données. Ce travail ardu, fastidieux, mais combien indispensable pour sceller la pérennité de la bibliothèque débute par l’encodage des revues. Une page dédiée à la bibliothèque qui présentera les projets et l’évolution des réalisations sera prochainement mise à disposition sur le site du CAB.
Remerciements Alain Purnode
Au nombre des amis qui aident au développement de la bibliothèque, il convient de remercier tout particulièrement Paul Liesenborghs, ancien membre du CAB, qui a offert non seulement sa collection de revues « La Montagne et Alpinisme », mais aussi une quantité de livres de montagne et d’itinéraires de randonnées accompagnés de leurs cartes topographiques. Paul Liesenborghs a aussi cédé, pour la constitution du musée en gestation, du matériel ancien d’alpinisme (piolets, skis, sac à dos, chaussures, etc.) Nous tenons à remercier chaleureusement Paul qui s’est défait de témoins tangibles de sa vie heureuse d’alpiniste. Nos remerciements s’adressent aussi à Geoffroy De Schutter qui a déposé une série de très intéressantes revues dont celles du « Courrier du Queyras ». Jacques Ciparisse, et Gwenaël Renard avant de quitter l’équipe, ont également doté la bibliothèque de quelques ouvrages. Enfin, Daniel Bériaux a déposé une nouvelle caisse contenant des revues recherchées du « Courrier du Queyras », « Les Alpes », « Mountain » et quelques autres titres.
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Escalades royales
uverains belges so s de ins alp its plo ex s de e nt na L’histoire éton Bernar
Éd. Nevicata, Bruxelles, 2016 L’éditeur Nevicata, spécialisé dans la publication des livres de montagne et d’exploration, s’est associé à notre ami Bernard Marnette pour offrir un album illustrant et commentant les nombreuses activités d’escalade et de montagne de plusieurs membres de la famille royale belge descendants du roi Albert Ier. Si l’attrait du roi Albert Ier pour l’escalade n’est ignoré de personne, grâce notamment au remarquable ouvrage de René Mallieux Le Roi Albert alpiniste et malheureusement aussi par le décès tragique du roi aux rochers de Marcheles-Dames, peu savent que cet illustre roi n’a pas hésité à transmettre sa passion à son proche entourage familial. À la suite d’intenses recherches dans les bibliothèques et collections publiques et privées, des centaines de photographies d’époque, inédites, ont pu être rassemblées. Un choix parmi celles-ci a permis de sélectionner 250 clichés, tant pour leurs qualités esthétiques que documentaires nous montrant plusieurs souverains occupés à gravir des escarpements en Belgique et à l’étranger sans subir les contraintes du protocole. Grâce à ses connaissances approfondies des différents massifs rocheux mosans et alpins, l’auteur a pu identifier les sites d’escalade et commenter les photographies dans leur contexte géographique et historique. Cet ouvrage qui balaye ainsi près d’un demi-siècle et qui couvre tout l’arc alpin apporte un éclairage neuf sur les activités menées régulièrement par plusieurs rois et reines de la dynastie belge : le roi Albert et son épouse, la reine Élisabeth, leur fils, le roi Léopold III et son épouse la reine Astrid, leur fille, Marie-José qui fut la dernière reine d’Italie et son époux Umberto. Une photo révèle même le futur roi Baudouin encordé. Ce beau livre cartonné de 192 pages, au format 22 X 27 cm, qui peut aussi constituer un cadeau de choix, est disponible au prix de 35,00 € aux éditions Nevicata (info@editionsnevicata.be).
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d Marn ette
VIE VIE DE V DE LA LA BIBLIOTHÈQUE BIBLIOTHÈQUE
s e ir a m m o s s e d n io t c le é S des revues
LA MONTAGNE & ALPINISME – 3 - 2016 – sept.-oct.-nov. – Entretien : Pierre Labbre, « La difficulté comme une évidence » – Approche sociologique : « Les usagers des refuges » – Littérature : À la verticale de soi, par Stéphanie Bodet – Alpinisme en Alaska : expédition du GEAN – Les 18-30 ans en montagne : une nouvelle génération – Entretien avec Pascal Bonitzer, scénariste et réalisateur, « La montagne incertaine » – Aventures : quand les jeunes grimpeurs inventent et réalisent leurs rêves – Vercors : la grimpe et le vélo – Chine : expédition spéléologique, Donglan, 2016 – Histoire : première traversée des montagnes Rocheuses
Alain Purnode
VERTICAL n° 58 – printemps 2016 – Littérature : Défonce verticale, par Jim Bridwell, éd. Névicata – Où sont passés les alpinistes français ? – Colin Haley, le roi de la Patagonie – Nanga Parbat : première hivernale – Élisabeth Revol, alpiniste : trois tentatives à l’Himalaya – Muhammad Ali, l’homme de l’ombre du Nanga – Islande : quatre alpinistes à la recherche de cascades – Parc national du Yosémite : la « Regular », voie historique VERTICAL n° 59 – été 2016 – Alex Honnald, le météorite – Styles alpins pour l’élite et cordes fixes pour les nuls – Littérature : 100 portraits d’alpiniste esquissés par 100 auteurs (3 extraits) – Alpinisme et chronomètre : l’alpinisme en baskets est-il le futur ? – Voytek Kurtyka : le mythe, ses compagnons de cordée et ses onze réussites majeures – En Inde : Baghirayhi, sommet de 6 454 m – Alaska : comment des jeunes ont appris à survivre dans un camp de base sur glacier – The Kiev connection : l’histoire de l’alpinisme soviétique recèle des pépites... – Oisans : la Dibona, grimpe au soleil sur la petite dernière voie en 7c+ – Le mousqueton Pierre Allain, une de ses inventions majeures
LES ALPES (CAS) – juillet 2016 – Randonnée : pèlerins, vautours et génépi au sommet du Rocciamelone – Randonner avec son chien, cela se prépare – Quand l’allergie frappe en montagne – Neige, glaciers et pergélisol 2014/15 : volume du lac de Bienne – Course de bloc à 3 000 : Monte-Rosa hütte LES ALPES (CAS) – août 2016 – Course : sur les hauts du val Bavona, quelques arêtes faciles – Environnement : les zones de protection de la faune réduiront-elles les accès ? – Santé : quand l’angoisse s’en mêle ; douleurs au niveau de la cage thoracique – Escalade : l’escalade incarne une parcelle de liberté pour les jeunes iraniennes – Entretien avec Jean Troillet et ses 50 ans d’alpinisme – Randonnée : circuit à l’Alpe Veglia en Italie
ALPES MAGAZINE n° 160 – août-septembre 2016 – La Haute Maurienne, de Bramans à Bonneval – Le Beaufortain, la pierra Menta – Les Chamoniards : comment vit-on dans ce milieu si particulier – 100 millions de touristes, et moi, et moi, et moi... – Le chocard à bec jaune – Petite histoire du GR 5 – La tentation des Alpes sauvages – Pays de Fribourg
LES ALPES (CAS) – septembre 2016 – Courses : grandes courses au départ du Bivacco Colombo, frontière italienne – King Albert Mountain Award : les grimpeurs vaudois Claude et Yves Rémy récompensés – Randonnée : une haute route dans les Pyrénées – Éthique : que faire d’un membre d’honneur devenu indésirable ? – Cabanes : à l’automne, les cabanes deviennent camps de base pour chasseurs
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s n io it is u q c a s e ll e v u No 100 ALPINISTES Collectif d’auteurs et d’alpinistes – Coordination : Charlie Buffet. Editions Guérin, Chamonix – 2015 Pour marquer les vingt années d’existence de la bien connue maison d’éditions Guérin, un livre d’exception vient d’être publié
Alain Purnode
100 auteurs dont 13 alpinistes mettent en lumière 100 alpinistes; ce projet audacieux avait été formulé par Michel Guérin, peu avant son décès, et vient d’être concrétisé par les successeurs de la maison d’éditions. Ce volume peut constituer un complément à l’encyclopédie « Les alpinistes célèbres » de Lucien Mazenod. Charlie Buffet, journaliste et écrivain a coordonné cet ouvrage de 560 pages qui relaie autant d’aspects de l’alpinisme que de diversités dans les relations humaines. Comme toute sélection comporte des limites, les choix ont voulu être les plus larges possible à tous égards. Une intimité s’est créée entre l’auteur et l’alpiniste qui produit des textes de hautes valeurs dont tous sont inédits. Ce magistral volume qui recueille un franc succès constitue à la fois une référence sur le passé et le présent de l’alpinisme et une source d’inspiration inépuisable.
POUR PREPARER VOS RANDONNEES EN MONTAGNE Grâce au don de Paul Liesenborghs, plusieurs descriptions détaillées d’itinéraires et de circuits de grandes randonnées en montagne française, accompagnés de leurs cartes topographiques au 25 000e sont mises à disposition des membres qui peuvent consulter ces documents au siège de la fédération.
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VIE DE NOS ROCHERS
6 1 0 2 L A N R U D E D S E R U E 12 H Joe Dewez Grand soleil toute la journée du samedi 10 septembre sur Durnal : la roche a bien emmagasiné la chaleur et mis les participants à rude épreuve dans l’après-midi. Dix-huit cordées sur les 21 inscrites ont finalement participé au challenge : seulement 3 cordées du CAB , 4 cordées KBF et 11 cordées NKBV. 10 cordées ont réussi le challenge des 1 000 m. L’an dernier, 14 cordées sur 27 avaient réussi le challenge, la proportion est environ la même (un peu plus de 50 %). La cordée NKBV « Geen tijd voor techniek », avec Emiel et Thomas, a réussi l’exploit de grimper toutes les 66 voies reprises dans le challenge en totalisant ainsi 1 562 m, performance réalisée en près de onze heures et trente minutes. Deux autres cordées du NKBV (« Expeditie Academie » 3 et 5) avec Jorian et Carlo et Jaron et Mats n’étaient pas très loin avec respectivement 1 517 et 1 513 m. Suivent avec plus de 1 200 m : « Les Patricks » (CAB : Elena et Lionel) avec 1 275 m ; Frank (NKBV) avec 1 262 m (qui a commencé avec Joe – 462 m – et terminé avec Henk-Jan à la suite d’une blessure dans la cordée de ce dernier) ; « Expeditie Academie » 4 (NKBV : Rik & Line) avec 1 243 m. Ensuite, 4 cordées avec plus de 1 000 m : « The Dudes » (KBF, Bert et Maxime) avec 1 066 m ; « Lumi » (KBF, Tine et Wim) avec 1 054 m ; « Courgettes, croquettes » (CAB : Tom et Pascal) avec 1 034 m, et « Les Ligots » (CAB : Gauthier et Hughes) avec 1 001 m.
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Les autres cordées ont atteint les hauteurs suivantes : Henk-Jan (NKBV) avec 995 m (à la suite de la blessure de son équipier, il a grimpé la moitié de l’épreuve avec Frank) ; « El Captains » (NKBV : Marijn et Marc), 979 m ; « KBF2 » (KBF : Kenny et Els), 912 m ; « Climb 19 » (NKBV : Nick et Carolien), 879 m ; « Vennetjes » (NKBV : Michael et Anne), 620 m ; « Hamertjes » (NKBV : Kristel et Jean), 576 m ; « De vdSchoot » (NKBV : Rob et Angelique), 527 m ; « No Woman, no rock » (KBF : Amelie et Marlies), 373 m, mais elles n’ont pu commencer qu’à 11 h 00, après avoir travaillé une bonne partie de la nuit ☺. Très bonne ambiance conviviale, très bon barbecue, système de pointage électronique géré par 3 adeptes de la course d’orientation : le tout a répondu aux attentes. Merci à tous les participants. L’année prochaine, la date prévue est le samedi 9 septembre 2017. Petits commentaires de participants : « Les 1 000 m de Durnal sont une sorte de défi à relever en toute sécurité et dans une ambiance très bon enfant. Une telle distance, ça peut paraître fou en une journée, mais c’est au final tout à fait faisable et cela ouvre la porte des envies pour aller explorer les grandes voies qui ne sont pas si éloignées de la Belgique ». Lionel « 1 000 m en cordée, ça use, ça use les doigts de pied ! Mais c’est un très beau challenge en plus d’être agréable (super ambiance et organisation) et surprenant (ça change de notre habituel calcaire...) ». Gauthier et Hughes
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ANNONCES DES CLUBS
EXTRAIT DU PV DU DERNIER CA DU 15/09/2016 :
MOTION La Fédération a été interpelée concernant des activités de certains cercles qui sont à considérer comme illégales. En France, par exemple, toute personne ne possédant pas le diplôme de Guide de Haute Montagne est dans l’illégalité lorsqu’elle encadre des activités en alpinisme contre rémunération. De manière générale, dans les pays des Alpes, ce principe s’applique à toute personne ne disposant pas d’un diplôme reconnu UIAGM et donc : Pour rappel, toute activité en alpinisme impliquant une rémunération de l’encadrant doit forcément et légalement être encadrée par un Guide de Haute Montagne diplômé d’un diplôme reconnu UIAGM.
CA B
Bruxelles-Brabant
rs, 252 – 1190 Bruxelles : 02/343.54.00 – Av des Sept-Bonnie Président : Yves Raymaekers – Tél. 22.77.79 – eric.thille@gmail.com Secrétaire : Eric Thille – Tél. : 02/5 sur le site de la section du Brabant du club est toujours consultable ités activ des me ram prog du jour La dernière mise à me http://www.cabbrabant.com. courrier électronique le program ités ». Si vous désirez recevoir par inscrite activ bien des ve nda trou se age l re mai Not « sse ou adre » s e Allez voir à « Activité n, assurez-vous que votr ratio fédé la de et club du ns atio mensuel des activités et les manifest etariat@clubalpin.be chier membre de la fédération. secr dans votre fiche personnelle du fi
Réduction de 10 % pour tous les membres du CAB-B de moins de 25 ans !
CA B
Hainaut
gmail.com – 0476/48.05.88 Vandeveld – philippe.vandeveld@ ippe Phil : tact con de e onn Pers om bre à membre sans oublier Secrétaire : secretcabh@hotmail.c smission des compétences de mem tran la ie ilég priv qui el ionn érat à son rythme et en sécurité. Le CAB Hainaut est un club intergén re philosophie chacun progresse Not es. stag des à e grâc s ssée des formations plus pou s y tenons constamment à visiter le site de notre club. Nou pas sitez n’hé , club e notr ant cern nouvelles activités qui nous ont été Pour d’avantage d’informations con ns les plus récentes ainsi que les catio ifi mod les avec , jour à és notre programme d’activit s. http://www.cabhainaut.be de ce numéro d’Ardennes et Alpe 70464/ communiquées depuis la parution ww.facebook.com/groups/732047 EBOOK ; en suivant le lien https://w s la passion des larges nou avec vivre , Bref … ités, Le CAB-Hainaut est aussi sur FAC activ des anger vos expériences, proposer vous pouvez nous retrouver, éch tôt. bien très A . aces horizons et des grands esp
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CA B
Liège
l.com /44.26.79, moniteuralpinisme@gmai lonie, 6 – 4000 Liège – Tél. : 0496 Wal de i Qua – it Dew re Pier : t Présiden oo.be Tél. : 0495/25.12.78, debaleon@v Houlbouse, 33 – 4400 Flémalle – Secrétaire : Léon Debacker – Rue – activites@cabliege.org : Virginie Halleux – 0472/56.32.71 Renseignements et inscriptions – jodylaoureux@gmail.com ureux (GHM) : +33(0)6.24.42.15.96 book ! Pour les activités avec Jody Lao :org ainsi que sur notre page Face sur notre site web : www.cabliege e lign en ent lem éga sont ités Toutes nos activ
Challenge « indoor » : code E19 13 novembre 2016 : Top Rock 20 novembre 2016 : Geko Tank 27 novembre 2016 : AREA. Inscription : Virginie HALLEUX – 0472/56.32.71 – activites@cabliege.org
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Namur Luxembourg
CA B
Namur – Luxembour g
– president.cabnamlux@gmail.com Rue des Viaux, 27 – 5100 Jambes – igne Delv is nço -Fra Jean : t Présiden – renard.agnes@gmail.com 5100 Jambes – Tél. : 081/31.08.89 – 12 e, lenn Wel de Bois – ard in Belge créée en 1936. Secrétaire : Agnès Ren Namur-Luxembourg du Club Alp tion Sec la de issu est urg mbo Le Club Alpin Belge Namur-Luxe ment bénévole. , Il en a gardé le caractère foncière entés, dont des moniteurs brevetés camaraderie et où les plus expérim la e ers prim roch où les es sur ontr de renc cala de e d’es Nos activités prennent la form le dimanche pour des sorties expérience. Nous nous retrouvons s regorgent d’infinies possibilités. Des ateliers techniques transmettent leur passion et leur ince prov x deu nos pour lesquelles s de vacances et les belges et/ou pour des randonnées en termes de sécurité. Les période de randonnée, et même ent mm nota es, sanc nais con les ski permettent également de rafraîchir asion de s’évader hors de nos frontières : escalade, randonnée, ns l’occ rassemblement d’alpinistes en Oisa week-ends prolongés sont aussi un séjour dans les Calanques, un ns niso orga s nou ée, ann que des expéditions, etc. Cha – Revue : Horizon Vertical. t. Site Web : www.cabnamlux.be et un stage d’escalade au 15 aoû
Cascade de glace 1 Initiation, découverte, perfectionnement des techniques de progression et de sécurité en cascade de glace. Ascensions en premier et second de cordée de cascades d’une ou plusieurs longueurs dans un niveau adapté. Accès à l’autonomie. Groupe de 3 à 5 personnes max. Dates : du jeudi 05/01/17 (matin) au dimanche 08/01/17 (soir). Lieux : La Grave, l’Alpe d’Huez, le Vallon du Diable, etc. Niveau requis : condition physique raisonnable. Inscription et paiement : avant le 1er décembre 2016. Responsable : Quentin Delavignette (G.H.M.) – + 33.(0)6.23.76.22.27 – info@delavignette.com
Cascade de glace 2 Initiation, découverte, perfectionnement des techniques de progression et de sécurité en cascade de glace. Ascensions en premier et second de cordée de cascades d’une ou plusieurs longueurs dans un niveau adapté. Accès à l’autonomie. Groupe de 3 à 5 personnes max. Dates : du lundi 09/01/17 (matin) au vendredi 13/01/17 (soir). Lieux : La Grave, l’Alpe d’Huez, le Vallon du Diable, etc. Niveau requis : condition physique raisonnable. Inscription et paiement : avant le 1er décembre 2016. Responsable : Quentin Delavignette (G.H.M.) – + 33.(0)6.23.76.22.27 – info@delavignette.com
Ski hors-piste 1 Initiation, découverte, perfectionnement des techniques de progression et de sécurité en ski hors-piste. Préparation d’une descente, nivologie, recherche ARVA, progression sur glacier, etc. Itinéraires de tous niveaux (dénivelée de plus de 2 000 mètres). Groupe de 3 à 6 personnes max. Dates : du lundi 06/02/17 (matin) au vendredi 10/02/17 (soir). Lieux : La Grave, l’Alpe d’Huez, Serre-Chevalier, les Deux Alpes. Niveau requis : bonne condition physique et bon niveau de ski sur piste. Inscription et paiement : avant le 1er janvier 2017. Responsable : Quentin Delavignette (G.H.M.) – + 33.(0)6.23.76.22.27 – info@delavignette.com
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Ski hors-piste 2 Initiation, découverte, perfectionnement des techniques de progression et de sécurité en ski hors-piste. Préparation d’une descente, nivologie, recherche ARVA, progression sur glacier, etc. Itinéraires de tous niveaux (dénivelée de plus de 2 000 mètres). Groupe de 3 à 6 personnes max. Dates : du jeudi 02/03/17 (matin) au dimanche 05/03/17 (soir). Lieux : La Grave, l’Alpe d’Huez, Serre-Chevalier, les Deux Alpes. Niveau requis : bonne condition physique et bon niveau de ski sur piste. Inscription et paiement : avant le 1er janvier 2017. Responsable : Quentin Delavignette (G.H.M.) – + 33.(0)6.23.76.22.27 – info@delavignette.com
Ski de Rando 1 Initiation, découverte, perfectionnement des techniques de progression et de sécurité en ski de randonnée. Préparation d’une descente, nivologie, recherche ARVA, progression sur glacier, etc. Itinéraires de tous niveaux (montée, descente), adaptées au groupe. Groupe de 3 à 6 personnes max. Dates : du jeudi 23/03/17 (matin) au dimanche 26/03/17 (soir). Lieux : Oisans, Ecrins, Grandes-Rousses. Niveau requis : bonne condition physique et bon niveau de ski sur piste. Inscription et paiement : avant le 1er février 2017. Responsable : Quentin Delavignette (G.H.M.) – + 33.(0)6.23.76.22.27 – info@delavignette.com
Ski de Rando 2 Initiation, découverte, perfectionnement des techniques de progression et de sécurité en ski de randonnée. Préparation d’une descente, nivologie, recherche ARVA, progression sur glacier, etc. Itinéraires de tous niveaux (montée, descente), adaptées au groupe. Groupe de 3 à 6 personnes max. Dates : du lundi 10/04/17 (matin) au vendredi 14/04/17 (soir). Lieux : Oisans, Ecrins, Grandes-Rousses. Niveau requis : bonne condition physique et bon niveau de ski sur piste. Inscription et paiement : avant le 1er février 2017. Responsable : Quentin Delavignette (G.H.M.) – + 33.(0)6.23.76.22.27 – info@delavignette.com
Possibilité d’encadrement à la demande à toutes dates ! Ski hors-piste, ski de randonnée, héliski, cascade de glace, alpinisme hivernal. Quentin Delavignette (G.H.M.) – + 33.(0)6.23.76.22.27 – info@delavignette.com
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A Tout es Allures ation : Deny Dufrane – Walcourt – Encadrement et coordin LezssuBou 6440 – Bis rriel : info@atoutesallures.be – 28 , Rue Grand eignements : 0472/61.84.63 – Cou rens et s Info – t Culo rie Valé : ie Secrétariat et trésorer l e – Facebook : A Toutes Allures Asb cordes) Site Internet : www.atoutesallures.b tif de Beaumont. (10 m de haut, 7 la salle d’escalade au complexe spor oite expl qui de cala d’es club un est A Toutes allures ASBL
Cours : Débuter ou se perfectionner en milieu vertical. L’objectif du cours est l’autonomie et la sécurité ! Le vendredi de 17 h 00 à 18 h 30 : de 4 à 10 ans Le vendredi de 18 h 30 à 20 h 00 : de 11 à … ans Le samedi de 9 h 00 à 10 h30 : de 4 à 10 ans A Toutes allures, c’est aussi : des anniversaires sportifs, des stages : escalade, multisports, langues, artistiques, …
Alpin) CR A (Centr e Routier re ssée de l’Herbatte, 93 – 1300 Wav Président : Guy Carbonnelle – chau s, 1 – 1630 Linkebeek : 0497/36.30.50 – avenue des Villa Secrétaire : Nicolas Fostier – Tél. ://www.centreroutieralpin.be http : m – Site internet Courriel : secretariatCRA@gmail.co
Le Centre Routier Alpin (CRA) est créé en 1956. Il était le fruit du regroupement de plusieurs Clans Scouts (Gembloux, Schaerbeek et Uccle). Après des hauts et des bas, il a repris vigueur en 1993. Issu de la philosophie et de la pédagogie des scouts de l’époque, il en a gardé le mode de fonctionnement. C’est à travers l’exigence de notre sport que les jeunes apprennent l’autonomie, la responsabilité et l’engagement, en respectant le rythme de chacun. Les aînés transmettent leurs connaissances aux plus jeunes et il est plus question de collaboration que de compétition dans l’approche de la pratique.
Notre collaboration avec le Club Alpin Belge, et plus particulièrement avec le Club du Brabant, ne date pas d’hier. Nous avons remodelé notre structure pour pouvoir répondre aux critères de la Fédération CAB, qui nous a accueillis en tant que Club en 2010. Des cours en salles, des sorties à la journée, des week-ends, des camps écoles sont organisés tout au long de l’année pour arriver doucement à l’autonomie en falaise. Le CRA par des jeunes et pour des jeunes qui souhaitent vivre et partager la passion de la verticalité.
er ghem Ecole d’Escalade d’Aud erghem – Tél. : 02/675.17.60 e de Watermael, 136 – 1160 Aud
Chaussé
Présidente : Rouserez Annick
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.newrockescalade.be
– new.rock@skynet.be – site : www
mbes ASBL Ecole d’escalade de Ja – 0472/41.48.09 (derrière la piscine) – 081/31.15.35 Rue d’Enhaive, 142 – 5100 Jambes n.be asio c-ev rriel : info@ro Internet : www.roc-evasion.be – Cou Responsable : François De Cremer
Les activités de notre ASBL se déroulent dans la salle Roc Evasion de Jambes. – 1 100 m² de surface grimpable – 60 cordes – 150 voies allant du 3 au 8 – Hauteurs des murs : 7 à 16 mètres de haut – Hauteur développée : 20 mètres – Tapis de réception « sol-o-safe » : le must en terme de sécurité – Une zone « débutants » – Une zone « bloc » – Un accueil chaleureux – Une ambiance conviviale Toutes nos activités sont encadrées par une équipe motivée et expérimentée : Isabelle, Lolotte, Johan, François, Albert, Raph et Jérôme. Cours : cours d’initiation et perfectionnement de 6 à 18 ans et pour adultes du lundi au samedi. Stages en salle : à la Toussaint, Noël, Carnaval, Pâques et en été. Tous les horaires, tarifs et infos se trouvent sur notre site www.roc-evasion.be Sorties falaise : au printemps et en été.
Entr e Ciel et Terr e jm@entrecieletterre.be – 010/45.64.76 – 0478/34.60.26 – Direction : Jean-Marc De Laever – 1348 Louvain-la-Neuve Siège social : Place des Sports, 1 – Site : www.entrecieletterre.be Courriel : info@entrecieletterre.be
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Escal’pades e.raucq@escalpades.eu de Mersch, 20 – 6700 Arlon – serg Président : Serge Raucq – Avenue u – sandrine.piedboeuf@escalpades.e Secrétaire : Sandrine Piedboeuf he.lehner@escalpades.eu. calade) – 0477/46.88.91 – christop d’es ur nite (mo ner Leh phe isto Responsable : Chr
ESCALADE SPORTIVE ET TRADITIONNELLE
Formation à l’escalade sur coinceurs Choix et organisation du matériel, estimation de la fiabilité des ancrages en place, utilisation des ancrages naturels, placement des coinceurs et friends, relais sur ancrages douteux, stratégie et engagement… Dates : les samedis 22 et 29 avril, et 6 mai 2017 de 10 h 00 à 18 h 00. Inscription et paiement : avant le 01/04/17.
Escalade aux Calanques Le Parc National des Calanques englobe la côte rocheuse de Marseille à Cassis et constitue un terrain de jeu exceptionnel pour les grimpeurs de tous niveaux ! Initiation et perfectionnement aux techniques de sécurité et de progression en falaise (escalade en tête, moulinette, relais, rappels, progression sur coinceurs, sauvetage…), voies sportives, grandes voies de plusieurs longueurs, traversées au-dessus de la mer... Dates : du samedi 01/04/17 (soir) au samedi 08/04/17 (matin) – 1re semaine de Pâques. Inscription et paiement : avant le 01/03/17 (8 places).
Autonomie en « trad » sur coinceurs dans la Pfalz Les falaises et tours de grès rouge de la Pfalz se prêtent à merveille à l’escalade sur coinceurs. Ce stage de 4 jours a pour but de perfectionner les techniques de progression en fissures, dièdres, cheminées et d’évoluer vers l’autonomie en escalade « traditionnelle » sur rocher peu ou non équipé. Dates : du jeudi 29/06/17 (soir) au dimanche 02/07/17 (après-midi). Inscription et paiement : avant le 01/06/17.
Autonomie en grandes voies à Ailefroide Escalade variée en dalles, fissures, dièdres…, grandes voies entre 150 et 500 m, perfectionnement des techniques de sécurité et de progression spécifiques aux grandes voies : relais, rappels, sauvetage et auto-sauvetage, progression sur coinceurs (optionnelle, car la plupart des voies sont équipées). Dates : du samedi 08/07/17 (soir) au samedi 15/07/17 (matin). Inscription et paiement : avant le 01/05/17 (8 places).
Escalade à Orpierre Site d’initiation et de perfectionnement par excellence, le programme est adaptable en fonction de l’expérience et des attentes des participants (2 moniteurs) : initiation et perfectionnement aux techniques de sécurité et de progression en falaise (escalade en tête, moulinette, relais, rappels, sauvetage et auto-sauvetage…), voies sportives, coaching technique et grandes voies de plusieurs longueurs… Inscription et paiement : avant le 01/08/17 (8 places).
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TREKKING – VERTI-RANDO – VIA FERRATA
Traversée Nord des hauts plateaux du Vercors en raquettes (4 jours/3 nuits) Raid hivernal, traversée Nord des hauts plateaux du Vercors en raquettes ou ski nordique (en fonction du niveau et des préférences des participants) : de Corrençon en Vercors au col du Rousset. Dates : du samedi 11/03/17 (après-midi) au mardi 14/03/17 (midi). Possibilité de combiner avec la traversée Sud du 14 au 17/03/17. Inscription et paiement : avant le 01/02/17 (8 places).
Découverte de la via ferrata en Belgique Apprentissage, révision des techniques de progression et de sécurité en via ferrata et découverte des deux itinéraires les plus spectaculaires de Belgique. Dates : dimanche 07/05/17 de 10 h 00 à 17 h 00. Inscription et paiement : avant le 15/04/17 (8 places).
Via ferrata du Briançonnais – Hautes Alpes Une demi-journée d’apprentissage ou révision des techniques de sécurité/progression en via ferrata, ½ journée d’apprentissage des techniques de sauvetage et auto-sauvetage spécifiques, via ferrata ludiques et plus longues/ engagées en fin de semaine. Dates : du samedi 15/07/17 (soir) au samedi 22/07/17 (matin). IInscription Insc nscri ript ipt p ion ion et p paiement aiem ai iemen entt : a avant vant va nt lle e 01 01/0 01/06/17 /06/ 6/17 /17 ((8 8 pl plac places). la es)).
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des cours d’initiation : enfants, ados, adultes ; des cours de perfectionnement : enfants, ados ; des cours personnalisés ; un cours compétition, pour les jeunes motivés ; des stages initiation, perfectionnement, falaise, ... ; des stages falaises : découverte, 1er de cordée, via ferrata, ... ; des compétitions mensuelles ; des soirées à thèmes : carnaval, Halloween, Happy New Year Challenge, ... ; – un chouette endroit où fêter son anniversaire. Une équipe passionnée : Maïlys, Valérie et Patrick Kienen
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Évolution Ver ticale ticale.be /41.03.06 – laurent@evolutionver Président : Laurent Toisoul – 0497 e.be /99.25.64 – patrick@evolutionvertical Secrétaire : Patrick Gillotay – 0476 www.evolutionverticale.be ités, surfez sur notre site internet activ ses et club e notr sur cascade de glace, ski de rando fos Pour plus d’in ta, randonnée, rando raquettes, ferra via g, onin cany se, falai e, Au programme : alpinism
Ski de rando – Découverte pour adultes et ados Stage découverte adressé à ceux qui n’ont jamais (ou presque) fait de ski de randonnée et veulent se lancer. Il n’est pas obligatoire, mais préférable de savoir déjà skier convenablement sur pistes. Description et utilisation du matériel, techniques de progression et de sécurité. Dates : du 7 au 08/01/17. Lieu : Vosges (France). Code : SKI17-1
Ski de rando – Initiation pour adultes et ados Stage d’initiation adressé aux skieurs débutants ayant de préférence déjà suivi un stage d’initiation. Apprentissage des techniques de progression et de sécurité le premier jour, courses en étoiles ensuite de difficulté moyenne. Dates : du 21 au 24/01/17. Lieu : Andermatt (Suisse). Code : SKI17-2
Cascade de glace – Initiation/ perfectionnement pour adultes Stage d’initiation à un premier perfectionnement destiné aux grimpeurs désirant s’initier à cette discipline ou se familiariser dans des cascades de plusieurs longueurs. Acquérir les techniques complexes de progression, d’assurage et d’installation de relais en glace et se faire plaisir dans de longues voies de glace. Dates : du 4 au 07/02/17. Lieu : Cogne (Italie). Code : CASC17
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Ski de rando – Perfectionnement pour adultes Stage de premier perfectionnement adressé aux skieurs confirmés ayant de préférence déjà suivi un stage d’initiation ou en tout cas réalisé quelques sorties d’initiation. Révision des techniques de progression et de sécurité le premier jour, courses en étoiles ensuite visant à perfectionner votre niveau. Dates : du 18 au 21/03/17. Lieu : Beaufortin (France). Code : SKI17-3
Rando raquettes – Perfectionnement pour adultes Rando sportive itinérante ou en étoile adressée aux randonneurs avertis ayant de préférence déjà suivi un stage d’initiation ou en tout cas réalisé quelques sorties en raquettes. Dates : du 22 au 26/03/17. Lieu : Beaufortin (France). Code : RAQ17-1
Escalade et canyoning – Initiation/perfectionnement pour adultes et ados Combiner le plaisir de la grimpe et le fun du canyon, voilà ce que nous vous proposons durant une semaine dans la Sierra de Guara. Vous avez un niveau d’escalade de minimum 5b en falaise et n’avez pas peur de vous mouiller, alors ce stage est fait vous ! Dates : du 9 au 16/04/17. Lieu : Sierra de Guara (Espagne). Code : CAN17-1
Escalade en falaise – Stage pour tous : second de cordée/premier de cordée/ANIMSNE Ces stages sont répartis en différents groupes d’une dizaine de participants en fonction de l’âge et du niveau requis. L’objectif des stages FAL01 à FAL03, respectivement pour enfants de 9 à 12 ans, jeunes de 13 à 23 ans et adultes, est de rendre autonome en falaise équipée chaque participant à moyen ou long terme en fonction de son expérience acquise auparavant et de son évolution personnelle. Le stage FAL04, pour les titulaires du brevet D ou premier de cordée, vise, quant à lui, une autonomie encore plus large en sauvetage et auto-sauvetage en vue d’obtenir le brevet d’animateur sur structures naturelles d’escalade (AnimSNE) et les compétences nécessaires pour poursuivre éventuellement leur formation en tant qu’Initiateur d’escalade. J1 : dimanche 2/04/17 – Beez J2 : dimanche 16/04/17 – Yvoir J3 : dimanche 30/04/17 – Corphalie J4 : dimanche 14/05/17 – Hotton J5 : dimanche 28/05/17 – Pont-à-Lesse J6 : dimanche 11/06/17 – Landelies J+ : dimanche 18/06/17 – Beez (pour AnimSNE) J7 : samedi 24/06/17 – Freÿr J8 : dimanche 25/06/17 – Freÿr Plus d’infos sur notre site Internet www.evolutionverticale.be ou par email laurent@evolutionverticale.be.
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Grimpe CLT Président : Steven Van Erps : Defechereux Pascal Responsable gestion journalière www.grimpeclt.be 214.01.42 – info@grimpeclt.be – Bureau : Maertens Valentine – 086/
RandoCool Président : Filippo Dal Maso andocool.be Secrétaire : Jean-Louis Pauwels wels – 0495/67.54.47 – jl.pauwels@r – n.adam@randocool.be – J.-L. Pau 1 06.6 /92. 0477 – m Ada N. : s Contact
SER AC inisme Club asbl Seraing Escalade Randonnée Alp laposte.net : 0498/50.11.77 – andre.lamberty@ Président : André Lamberty – Tél. mail.com GSM : 0498/56.64.65 – jp2lacroix@g Secrétaire : Jean-Paul Lacroix – ix@gmail.com rons, 85 – 4100 Seraing – jp2.lacro Nouveau siège social : rue des Lise dans « les activités des clubs ». nisées en plus de celles prévues De nombreuses activités seront orga sur le site du club www.leserac.be Vous découvrirez ces suppléments activités de votre club, Pour plus de détails sur toutes les 1@gmail.com /86.46.30 (après 18 h 00) – domi305 contacter Dominique Wiels – 0477 be rac. lese ww. site : http://w Courriel : le.serac@laposte.net –
y Stone Climbing Factor gmail.com – 0475/57.76.72 Kraainem – chrisdepottercoach@ 1950 – 21 , cias Aca des rue r, otte Président : Christophe Dep er@hotmail.com – 0472/41.81.11 , 22 – 1090 Jette – vinciane_depott eyst Verb J-P rue , iane Vinc r otte Secrétaire : Dep
Zone Evasion – spiroux@zoneevasion.be Président : José Feron (Spiroux) ion.be Secrétaire : secretariat@zoneevas
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COTISATIONS
COTISATIONS
nouveautés Af filiation – Cotisations, les Vous trouverez toutes les informations pour vous affilier à un de nos clubs sur notre site Internet : www.clubalpin.be.
Tarif 2016-2017 Le montant des cotisations varie suivant l’âge et les sports pratiqués.
Activités
Questionnez votre mutue lle. Certaines in dans le monterviennent tant des cotisation s. Envoyez le fo rmulaire/ mutuelle à v o tre club et pas à la fé dération en joignant une enveloppe adressée et timbrée.
Membres « Club Alpin » : L’assurance couvre, dans le monde entier, l’ensemble des activités sportives telles que décrites dans le contrat (escalade en salle ou à l’extérieur,, alpinisme, randonnée, ski sous toutes ses formes sauf le saut, ice-climbing, canyoning, spéléologie, léologie …)) Membres « Bel-Rando » et « sympathisants » : spécialement pour nos randonneurs ou ceux qui s’affilient ou restent affiliés au CAB par sympathie : l’assurance couvre la randonnée dans le Benelux et jusqu’à 30 km autour des frontières Membres « Bel-Indoor » : spécialement pour nos grimpeurs sur structures artificielles d’escalade (salles d’escalade)
Age Antérieurement, il y avait trois catégories suivant l’âge des membres affiliés « Club Alpin ». La catégorie « jeune adulte » (18 à 24 ans) a disparu, mais, en contrepartie, la plupart d’entre eux peuvent désormais bénéficier du tarif « junior ». Découvrez nos tarifs simplifiés sur notre site Internet : www.clubalpin.be\membres\tarifs
Comment s’affilier ? Pour vous affilier à un cercle de la fédération francophone d’escalade, d’alpinisme et de randonnée, dénommée Club Alpin Belge (en abrégé CAB), consultez notre site Internet : www.clubalpin.be/Membres/Comment Il vous suffit de : – payer la cotisation ; – si vous êtes un nouveau membre, compléter et envoyer le formulaire d’inscription ; – et envoyer un certificat médical lorsque celui-ci est obligatoire : pour les membres « Club Alpin », pour toute nouvelle affiliation et ensuite tous les deux ans, et pour les membres « Bel-Indoor » participant aux compétitions nationales ou internationales. Vous trouverez les informations complémentaires pour nous inscrire au club de votre choix sur notre site Internet.
Période d’affiliation A l’origine, tous les membres du CAB étaient affiliés du 1er janvier au 31 décembre. Depuis quelques années, chaque club avait la possibilité de choisir, pour l’ensemble de ses membres, l’affiliation par année civile ou par année scolaire (du 1er septembre au 31 août). Depuis le 1er septembre 2015, cette possibilité est offerte à chaque affilié qui, par défaut, bénéficiera d’office de la période d’affiliation la plus favorable. Quelques clubs qui souhaitent inscrire leurs activités dans un projet annuel conserveront cependant une seule période d’affiliation (voir les détails sur notre site Internet : www.clubalpin.be Carte Votre carte de membre vous sera envoyée dès réception du paiement, du certificat médical lorsqu’il est obligatoire et du formulaire d’inscription pour les nouveaux membres. Accueil fédération Les lundis, mercredis et vendredis de 9 h à 12 h 30 et de 14 h à 16 h 30. Avenue Albert Ier, 129 à 5000 Namur – Tél. : 081/23 43 20 – fax : 081/22 30 63 – secretariat@clubalpin.be CLUB ALPIN BELGE® Fédération sportive reconnue par la Communauté française de Belgique Av. Albert 1er, 129 à 5000 Namur – Tél. : 081/23 43 20 – Fax : 081/22 30 63
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Certifi cat médical à envoyer à la fédération : av. Albert 1 , 129 à 5000 Namur er
Le Docteur en Médecine : (nom du médecin) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Atteste que : Nom du membre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C.P. : . . . . . . . . . . . Localité : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . GSM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sexe2 :
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Profession : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Nationalité : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Club : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . S’est soumis(e) à une visite médicale en vue de la pratique des activités du Club Alpin Belge® (randonnée, escalade, alpinisme, canyoning). Fait à : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Avant de le remettre à son médecin pour signature, le membre est prié de bien vouloir remplir totalement ce certificat qui servira également à mettre notre fichier des membres à jour et ce, même si vous êtes déjà un ancien membre. 2
Barrer la mention inutile et entourer le bon choix (pour éviter les équivoques dans notre fichier comme Dominique, Camille, …)
Signature et cachet
Bon de Commande Bon de commande à envoyer au Club Alpin Belge, fédération francophone d’escalade, d’alpinisme et de randonnée ASBL Avenue Albert 1er, 129 – 5000 Namur
Nom : ........................................................................................ Prénom : .................................................................................................. Adresse : ................................................................................. CP : ................. Localité : ......................................................................... Tél. – GSM : ......................................................................................................... Email : .......................................................................... ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............ ............
x : Topo Awirs (édité en FR) : temporairement épuisé x : Topo Grimper à Beez (édité en FR) : 6 € ........................................................................................................... x : Topo-guide des rochers de Corphalie (édité en FR) : 8 € .............................................................................. x : Topo Durnal (NL-FR) : 9,50 € .............................................................................................................................. x : Topo Freÿr (édité en FR) : 30 € ........................................................................................................................... x : Topo Hotton (édité en NL-FR) : 9 € ................................................................................................................... x : Topo Plain des Fosses – Escalade en Basse-Lesse (édité en FR) : 8 € .......................................................... x : Topo Mozet (édité en NL) : 16 € ......................................................................................................................... x : Topo Yvoir – Paradou (édité en NL-FR) : 9 € ..................................................................................................... x : Topo Marche-les-Dames (édité en NL) : 18 € ................................................................................................... x : Topo Pont-à-Lesse (édité en NL-FR) : 12 € ....................................................................................................... x : Topo Comblain-la-Tour (bilingue FR-NL) : 9 € ................................................................................................. x : Topo Grands Malades (FR-NL) : 12,00 € ........................................................................................................... x : Les Andes, guide d’alpinisme : 30 € ................................................................................................................. x : Les Andes, guide de trekking : 25 € .................................................................................................................. x : Mémento Montagne été : Nouvelle édition (édité en FR) : 10 € (uniquement disponible pour les membres ayant suivi une formation CAB) ............................................... x : Mont-Blanc et Aiguilles Rouges à ski : 30 € ..................................................................................................... x : Double ascension à l’Everest : 15 € ................................................................................................................... x : 60 ans d’alpinisme, folie ou passion ? : 2 € ....................................................................................................... x : Petit lexique toponymique des Rochers et des Voies d’escalade de Wallonie : 30 € ................................. x : Il était une fois une fée au pays de la grimpe – Chloé Graftiaux (ANGLAIS)1 : 25 € ................................... x : DVD Des hommes sur la montagne : 15 € ........................................................................................................ x : Guide des promenades en Brabant Wallon : 19,95 € ...................................................................................... x : En quête de plus grand : 22,00 € ......................................................................................................................
Soit :.................... Soit :.................... Soit :.................... Soit :.................... Soit :.................... Soit :.................... Soit :.................... Soit :.................... Soit :.................... Soit :.................... Soit :.................... Soit :.................... Soit :.................... Soit :....................
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1 À venir chercher au siège de la Fédération : avenue Albert Ier, 129 – 5000 Namur (ne sera pas expédié).
Également disponible via le site de Chloé Graftiaux Passion Together : http://www.chloegraftiaux.com/ ?p=381
Frais de port : – de 1 à 3 exp. hors Freÿr : 3 € – Freÿr seul : 5 € – pour 1 Toponymie des Rochers : 9 € Frais de port : ................... € Total : – de 1 à 3 exp. + Freÿr : 8 € – + de 3 exp. : 8 € ................... € No compte sur lequel effectuer le paiement : IBAN : BE43 0682 3368 0101 – BIC : GKCCBEBB Communication du paiement : nom, prénom + « topos » La commande sera expédiée à l’adresse mentionnée sur le bon de commande dès réception du paiement sur le compte du CAB.
Boutique du CAB
Avventura Brussels
LIQUIDATION POUR CESSATION D ACTIVITÉ
à partir du 14 OCT 2016
mardi - samedi de 10 à 18h
Chaussée de Louvain 601 * 1030 Bruxelles * près de la Place Meiser * tel. : 02 726 11 21
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60 cm 120 cm 150 cm
l’anneau en corde dynamique
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Conception : lenaturographe.fr
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Anneau en corde dynamique de 8,3 mm pour se longer, réaliser une triangulation sur un relais, rallonger un point d’ancrage ou encore faire longe de rappel avec frein. Outre le fait qu’elle soit dynamique, la corde possède un autre avantage par rapport à une sangle : l’âme de la corde est protégée des UV et des frottements par la gaine, alors que tous les fils d’une sangle sont exposés. Résistance 22 kN EN 566 EN 354
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