L´Unité Nationale le Mag´ Juin 2018 Co-éditeur Antoine Fontaine & Carole Vilbois

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Association à but non lucratif, loi de 1901

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Sommaire

Édito

Quelque chose d´Alexander von Humboldt

Les biens communs Une histoire peu commune

(L) égalité

Un article de Claude Frisoni

Afrique

Les deux cents ans de Karl Marx Égaux à l´ombre des Égos

Jean Bamanisa

La Métropole, ses outre-mer

Portrait d´un bâtisseur

Et du principe d’égalité

L´égalité !

De Guillaume Gallet

Et si c'est possible... De Marie Mavande

Écologie

L’égalité et le libéralisme Un conflit de masses d’air

Le bien commun

L'affaire Skripal

et l´environnement par le prisme de la foi

Et la recherche de la vérité

Demain ...

Nous serons égaux

Le consommateur au centre De la transition énergétique

Les cons plaisants De Chanane

Le foulard Alexander von Humboldt

Philippe Ariño

Homos égaux = Homos ego ?

N°3

Par Frédéric Christophe de Houdetot Bibliothek des Conseil d’État, Paris, Frankreich

De Zora

Voltaire

L’inégalité est universelle, éternelle

Qu’est-ce qu’une société Inclusive ?

Les actions De l’AESH

Lettre trimestrielle Juin 2018


Édito Joli monde que le nôtre, où la saison de l’été est

souvent celle aussi de la ferveur renaissante. Belle époque finalement, pendant que des milliards d’individus vont, corps et âmes, pouvoir se repaître également de pain et de jeux en cette période bénis des dieux du football, d’autres ailleurs ou ici dans ce nouveau numéro du Mag préfèrent ressusciter cette vieille passion pour l’égalité. Carole Vilbois

Antoine Fontaine

Et pour cause ! Il suffit de regarder tout autour de

nous pour se rendre compte à quel point l’égalité entre les individus est depuis des siècles un absolu qui, à défaut d’avoir été atteint, ne découragera jamais l’effort de quelques-uns afin qu’un jour tous, puissent y tendre.

Nôtre Idéal, Défendre le vôtre !

C’est en cherchant autour de quelques figures

Troisiéme numéro

Mag´

Le conseil de l ´ Unité Nationale

historiques des théoriciens de l’égalité qu’il nous aura été donné de découvrir un de ces personnages que l’histoire officielle se plaît, pour une raison ou pour autre, à oublier. Ainsi, en est-il d’Alexander von Humboldt que nous avons choisi pour être votre guide dans cet édito.

Dans

l’introduction de son œuvre majeure, « Cosmos », Humboldt écrira : « La nature, considérée rationnellement […] est l’unité dans la diversité des phénomènes, l’harmonie entre les choses créées dissemblables par leur constitution propre […]. Le résultat le plus important d’une étude rationnelle de la nature est de saisir l’unité et l’harmonie dans cet immense assemblage de choses et de forces ».

A l’image de cette citation, les articles de ce troi-

sième magazine sont le reflet des idées librement exprimées par des auteurs d’obédiences politiques diverses. En un sens, l’assemblage de toutes leurs dissemblances est une prémisse d’unité nationale, à laquelle notre association aspire.

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Quelque chose d´Alexander von Humboldt Humboldt, qui fût en son temps un des scientifiques les plus exigeants dans tant de disciplines, mit toute sa passion à promouvoir le développement de grands projets d’infrastructure, tel Monsieur Jean Bamanisa aujourd’hui en République démocratique du Congo qui défend un développement adapté et respectueux de l’environnement congolais (p 4-8). D’environnement et de bien commun, il sera encore question dans les pages qui suivront

tantôt sous l’angle du prisme religieux (p 9-17), tantôt sous sans l’angle de la question énergétique et de son égal accès avec Thomas Biedinger. (p 60-62)

Tout comme Houria Gouriten, qui évoquera la liberté ici à travers le port du voile (p 68-69), Van Humboldt sera un fervent défenseur des libertés notamment dans son Essai politique sur l’île de Cuba, exemple parfait d’études démographiques et sociologiques, où il condamne l’esclavage. Il abordera notamment la question coloniale, qui semble toujours se poser dans notre pays dès lors qu’est évoquée la question de l’égalité juridique entre la métropole et l’outremer. D’ailleurs pour Claude Frisoni, l’égalité sans légalité n’existe pas (p 20-21) Alexander von Humboldt ne se souciera pas uniquement de l’aspect physique du monde, mais

aussi, à l’image de Guillaume Châtelain (p 46-47), de sa dimension morale.

En mission diplomatique à Paris pour le compte de Frédéric-Guillaume III, puis pour Frédéric-Guillaume IV, Humboldt sera la proie des services secrets et nous rapelle d’autres histoires d’espionnage plus contemporaines comme l’évoque brillamment dans son article Alexandre Balouin Samper (p 48-49). Parfois présenté comme abstinent consacrant toute sa vie à la science, les rumeurs lui prête-

ront des liaisons homosexuelles. Von Humboldt nous renvoie ainsi à l’entretien du bien assumé Philippe Arino (p 36-41) et aux rimes chantantes du titre de Chanane, « Les cons plaisants », portrait d’une femme qui préfère s’abstenir.(p 66-67)

Agnostique et inspirateur de Darwin, qui lui-même inspirera Marx, Engels ou Proudhon et

tant d’autres servant de l’anticléricalisme, Von Humboldt n’aura lui pas droit aux mêmes égards qu’un Karl Marx, dont la commémoration des 200 ans de sa mort sera l’occasion d’interroger le concept d’égalité vu par le prisme du communisme. (p 22-29)

Artiste

de la description et doué d’un immense talent d’expression, Van Humboldt qui fréquentait aussi les célèbres salons de l’ère post révolutionnaire, aurait sans doute apprécié l’échange sur des sujets aussi variés que ceux abordés par les contributeurs de ce nouveau Mag´, tels que Marie Mavande (p 44-45), Benoit Lamothe (p 54-55-), Guillaume Gallet (p 42-43 ), Carlos E.Pérez (p 58) , Toni Ferina (p 77), ou Sophie Diagne (p 70-71 ) Koceila Chougar (p 56-57), Valérie Lejeune (page 75) ou Isabelle Resplendino (p 73-74).

L’œuvre d’Alexander Van Humboldt fut si immense qu’une petite part de

lui résonne forcément en chacun de nous.

Bonne lecture 3


Les mains dans la boue et les pieds sur terre

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Jean Bamanisa Photo ŠCarole Vibois


Biographie de Jean Bamanisa l’Homme Politique Honnête, perfectionniste et attentif au bien commun, Jean BAMANISA a peut – être été découvert par beaucoup de gens pour son dynamisme pendant son mandat comme Gouverneur de l’ex – Province Orientale, où il menait le combat sur plusieurs fronts de batailles pour l’éclosion de l’une des économies les plus latentes du pays, mais certainement potentiellement la plus riche des provinces qui composent la République démocratique du Congo. Jean BAMANISA a commencé sa carrière en politique comme député national lors de la législature de 2006-2011. Surnommé OBAMA par ses collègues députés nationaux et lauréat de plusieurs distinctions individuelles, il a été l’homme qui faisait bouger l’Assemblée nationale avec des motions et interventions pertinentes vis-à-vis du gouvernement de cette époque. Auteur de plusieurs motions contre l’ancien ministre des hydrocarbures sur les attributions des blocs pétroliers de la partie Est du Graben Albertine ; contre le ministre du Plan sur les réformes et stratégies définies dans les DSRP ; contre le ministre de l’économie sur la normalisation des règles de gestion commerciale. Ces actions lui ont permis de gagner la confiance des « Boyomais » pour son combat sur la défense des intérêts collectifs, chose qui lui a permis d’être massivement soutenu lors de sa présentation aux élections d’octobre 2012 au poste de Gouverneur de la Province orientale. Durant 2 ans et demi comme Gouverneur de province, Jean BAMANISA SAIDI s’est lancé dans une réforme institutionnelle et dans la recherche de pistes de relance de l’économie de l’Ex- Province orientale. Plusieurs actions caractérisent ses réformes ; elles sont notamment, la restauration de l’autorité de l’État sur toute l’étendue de la Province; l’institutionnalisation des services administratifs locaux, la construction et la réhabilitation des bâtiments, des écoles publiques, des routes de desserte agricole; la mise en place de la commission provinciale et des commissions locales d’arbitrage des conflits de pouvoir coutumier à travers toute la province; la lutte contre l’érection des barrières illégales instituées le long du fleuve, des rivières et sur les grandes artères routières à travers la Province; la lutte contre la fraude financière; la gestion orthodoxe des recettes de l’État; l’organisation de rencontres et d'échanges diplomatiques de proximité avec les pays limitrophes (Soudan du Sud et l’Ouganda) ; l’organisation des séminaires de formation des acteurs territoriaux sur la décentralisation; la mise en place des structures provinciales de passation et de contrôle des marchés publics, la réforme de la régie financière de la province, etc.

De la Confiance et du Cran l’Homme d’affaires Des débuts professionnels difficiles comme on peut l’imaginer pour un jeune Congolais dans un pays où l’idéal d’entrepreunariat est quasi inexistant et qui doit par conséquent se contenter de ses propres apports et peut-être de la bonne volonté des gens qui croient en ses projets, Jean BAMANISA s’est forgé seul un destin. Les observateurs avertis et les acteurs économiques du pays connaissaient déjà son énergie d’entrepreneur depuis les années 1987, quand il créa BAJE Sprl, entreprise spécialisée dans l'entretien des bâtiments employant plus de 200 personnes. En 1994, il crée PETROBAJE, un département de BAJE pour la distribution des produits pétroliers et lubrifiants, jusqu'à diriger des années après un groupe d'entreprises œuvrant dans divers domaines dont l'immobilier, l'entretien des bâtiments, la jardinerie, la restauration, l'étude de projets et la promotion des investissements. Son esprit ouvert au challenge et à la réussite sans complexe dans le monde des affaires lui a permis d’être le Président Provincial de la Fédération d’Entreprises du Congo (FEC) et Fondateur du Réseau des Acteurs de développement (RAD). Avec ses entreprises, Jean BAMANISA a réussi à bâtir un empire fortement consacré au développement des projets d’industries minières dont la cimenterie PPC-BARNET, installée à Malanga (Kimpese) dans la Province du Kongo central, en est la preuve palpable. Homme d’approches et de stratégies d’entreprises, il dispose de plus de 60 projets dans son portefeuille d’investissements à réaliser en République démocratique du Congo. Depuis 2016, il a mis sur pieds l’un des forums novateurs de discussions dénommé, « EXPOBETON RDC » qui réunit les opérateurs économiques du secteur de la construction, les experts techniques et les acteurs politiques afin de réfléchir sur l’émergence des infrastructures publiques et privées en République démocratique du Congo. 5


Bonjour, Monsieur Bamanisa, nous sommes heureux que vous ayez accepté de répondre à quelques questions des conseillers de « l’Unité, le Mag », le journal de l’Unité Nationale qui a pour fil conducteur l’égalité. Nous vous remercions également de nous avoir invité à participer ce 15 mars 2018 à Paris au BF Exécutive Network « The Afrodynamic Platform ». Bien entendu la première chose qui nous vient à l’esprit c’est l’égalité Nord-Sud, vous êtes un des acteurs majeurs de ce progrès, qui indéniablement passe par l’instauration de partenariats et d’infrastructures, de mise en réseau de l’expertise industrielle. En votre qualité de visionnaire, comment voyez-vous l’évolution économique du marché de la construction dans les pays émergents ? R: J’ai été heureux d’échanger avec tous les participants sur des questions d’un avenir plus heureux en Afrique, notamment en République Démocratique du Congo, et j’ai retenu quelques bonnes suggestions de votre part, Mme Vilbois. Puisque vous abordez votre question par la notion de l’égalité des hommes, de l’égalité des modes de vie reposant sur les mêmes avantages, le partage des connaissances ou encore des richesses, il est nécessaire de dire que nos politiques tant africaines qu’occidentales issues et conséquentes des deux siècles derniers devraient être la base fondamentale pour asseoir les fondations évolutives d’une coopération, d’un partenariat, des échanges gagnants entre parties. Pour atteindre cette égalité économique, des infrastructures industrielles, il faut que les intelligences africaines se concentrent dans leurs milieux. Cela passe par l’éducation, afin d’atteindre la masse critique du volume nécessaire des intelligences sur place en Afrique, définir les objectifs et mettre en œuvre les moyens. L’Africain de la diaspora ne doit pas se substituer ou se confondre à l’Occidental qui ne va en Afrique que pour ses affaires et ses profits. Ces déficits à combler constituent toutefois des opportunités immenses tant pour les Africains que pour les amis de l’Afrique. L’Afrique est sur la voie de l’amélioration, de la construction de ses infrastructures, de ses industries, de son habitat… c’est un chantier pour les centaines d’années à venir. 6

Jean Bamanisa et Alexander Bamanisa Paris 15 mai 2018 - photo © Carole Vilbois

Vous organisez à Paris une rencontre autour des opportunités économiques en République démocratique du Congo. Ce procédé est une approche des affaires que l’on pourrait qualifier d’Occidental. Pensez-vous que l’intérêt pour le développement de l’Afrique passe nécessairement par ce type d’évènement, ou alors dans ce nouveau millénaire débutant l’Afrique peut-elle porter un autre modèle de développement et donc d’autres façons d’intéresser des investisseurs à son développement ? R: L’Europe a formé les Africains, les relations sont profondes, bien qu’entachées des «disputes de ménage», des querelles de «frères ou cousins». Le vide ne profitera pas à l’Europe où se situent le plus d’immigrés africains. Les critiques des politiques paternalistes de l’Europe devraient plutôt permettre de définir un nouveau type de coopération, de partenariat, d’échanges, de profits. L’intérêt pour l’Afrique existe toujours et ce sont les nouvelles approches tant pour les investisseurs que pour les expertises humaines qui doivent s’adapter. Le meilleur attrait sera de proposer un cadre propice à l’investissement en Afrique. Assainir les contraintes administratives, tracassières, de Justice, de garantie des investissements, offrir un climat des affaires tout aussi semblable que celui des pays stables et développés. Mais en même temps, rappeler à nos nombreux Africains qui immigrent vers vos pays développés que leur place ou celle de leurs enfants bien formées sont dans leurs espaces d’origine en Afrique, nous faisons ici la promotion du retour vers la République démocratique du Congo (RDC).


Jean Bamanisa Portrait d´un bâtisseur Vous avez fait de la politique, aujourd’hui vous préférez être un acteur du progrès, et c’est en tant qu’homme d’affaires et porteurs de projets que vous abordez l’évolution de votre pays le Congo, mais aussi du Corridor Ouest. Comment pourriez présenter les avantages à créer son entreprise en Afrique pour une Française issue de l’immigration? Quels conseils pourriez-vous lui donner? R: Rappelez-vous que si je suis allé en politique en 2006 comme Député national puis en 2012 comme Gouverneur de Province, c’est parce que j’étais convaincu que certaines réformes que le monde des affaires sollicitait ne pouvaient mieux être défendues que par leurs représentants. J’étais déjà un opérateur économique, je venais de terminer mes mandats de Présidents de l’Association des Jeunes Entrepreneurs et Cadres AJEC, de Président provincial de Kinshasa et d’Administrateur Délégué de la Fédération des Entreprises du Congo FEC. A travers notre bureau d’études et de facilitations, Congo Partenariat et Développement Conseils (www.congopartenariat.cd), nous avions déjà en 2001 après une période d’études et de recherches, proposé au Gouvernement la création de pôles industriels dans cet espace de Maluku à Banana, avec ses ramifications jusqu'à Luanda et Pointe Noire. Cette zone géographique regroupe plus de 50 millions d’habitants et l’Autorité du Corridor Ouest regroupant la République du Congo-Brazzaville, l’Angola, et la RDC, a pour mission de penser et initier conjointement les projets de développement et d’investissements. Plus de 800 projets porteurs sont identifiés en coopération avec le gouvernement d’Afrique du Sud. Ce sont les entrepreneurs qui sont absents. Il faut certes s’adapter à un milieu paraissant plus difficile, mais il n’est pas normal que des étrangers, notamment les Chinois soient capables de mieux s’intégrer que les Congolais chez eux !

Nous avons assisté à une conférence qui traitait de l’éthique et de l’intelligence artificielle, inquiet du progrès qui se profile dans l’hémisphère Nord, nous avons posé la question à ces chercheurs concernant leurs visions pour l’Afrique. Nous avons découvert qu’ils n’avaient pas envisagé la question de l’intelligence artificielle en Afrique, l’écart technologique qui risque de se profiler dans les prochaines décennies nous éloignera plus encore de la notion d’égalité, du moins pour les pays accusant le plus grand retard. Pensez-vous que l’on ait fait rater à l’Afrique l’ère de l’industrialisation du siècle dernier, par exemple avec l’électrification, que Tesla considérait comme un moyen qui diviserait le monde en deux, avec d’un côté ceux qui ont l’électricité et de l’autre ceux qui ne l’ont pas ? Et comment envisagez-vous l’Afrique dans ce 21e siècle, alors que l’enjeu semble clair pour le Nord, l’énergie est-elle un de vos autres pôles prioritaires? R: Nous ne devrions pas regretter que durant le siècle passé, l’Afrique ne se soit pas industrialisée comme l’ont été l’Europe ou l’Asie. Le «choc des civilisations» a ses conséquences positives ou négatives, ce n’est pas une course à armes égales. Puisque l’Afrique n’avait pas les mêmes bases de l’industrialisation, il fallait alors adapter sa politique économique. Pourquoi par exemple, devrait-elle vendre ses matières premières au lieu d’acquérir des intérêts dans les structures industrielles de transformation en Occident ou tout simplement les transformer sur site d’exploitation? Pourquoi malgré le fait que l’énergie soit disponible sur des sites de production tant miniers qu’agro-industriels, le modèle économique ne prévoit que l’exportation et ne bénéficie en rien aux produits prêts à la consommation ? L’Afrique doit prendre en main son cheminement, lent certes mais certain vers son industrialisation.

Présentation d´ExpoBéton à Paris 15 mai 2018 - photo © Carole Vilbois

L’Afrique ne devra pas se tromper non plus à construire des éléphants blancs, mais une industrie adaptée à son environnement. 7


Longtemps cette partie de l’Afrique a entretenu des relations privilégiées avec l’Europe. Certains ont pu pointer du doigt une forme de néocolonialisme matinée de corruption. Comment les choses s’envisagent aujourd’hui ? Quels sont les buts du développement dans votre pays et dans cette région de l’Afrique? Qui sont les partenaires de l’Afrique? R: Je l’ai dit , les formes de coopérations particulières des années de la colonisation ou postcoloniales ne doivent pas nous plomber ou nous imposer des nouvelles approches réparatrices qui voudraient se calquer sur un cheminement du passé. Le Monde bouge trop vite, il faut adapter les formes de partenariats entre l’Europe et l’Afrique. Il a suffi d’un temps mort pour que la China-Afrique s’établisse. Elle y est désormais puissamment présente. Mais cela ne devrait pas créer des déséquilibres entre les puissances du monde au détriment de l’Afrique, l’Afrique et notre pays la RDC scandaleusement pourvus de ressources naturelles ne devront pas être le champ des batailles des économies du monde. Quelques exemples des 15 dernières années nous ont démontré que l’hégémonie financière des États puissants a remplacé les colonisations. Un multi partenariat équilibré avec nos pays africains permettra un partage des bénéfices plus équitables et un développement durable. Que faut-il pour créer un événement business puissant et marquant ? R: Les événements business sont attractifs vers les pays stables. La curiosité et l’intérêt précèdent les décisions d’investissements. Lorsque j’étais Président de la FEC ou même pour l’AJEC, j’ai sillonné plusieurs pays africains, j’ai rencontré le Medef et j’ai fait établir des liens. Nous pouvons passer de temps en temps rappeler que nous existons, mais les décisions de venir s’installer des PME/PMI françaises seront l’œuvre des plus convaincus. Les opportunités sont immenses, dans un cadre de partenariat entre les investisseurs étrangers et congolais dans tous les domaines. 8

Nous avons un climat des affaires et des facilités administratives qui s’améliorent. Nous devons combattre les corrupteurs et décourager les corrompus administratifs. L’Éducation à la française devrait être encouragée en RDC, tout comme les échanges de formations sur les domaines administratifs et de la décentralisation, de l’aménagement du territoire, de la Justice… Certes tout comme en France, nous nous efforçons de faciliter et réduire les coûts et les tracasseries fiscales non seulement pour les entreprises moyennes, mais aussi pour les startups congolaises. Des industries minières ont gagné pendant les 10 dernières années bien plus que l’État congolais, cela devrait être équilibré et mieux réparti. La raréfaction des ressources naturelles et l’impact de nombreuses industries poussent les entreprises ou des secteurs d’activités, sous une forme de pression médiatique et populaire, à envisager différemment leur développement. Comment le secteur du bâtiment et des infrastructures tiennent-ils compte de ces attentes nouvelles en Afrique? Et dans vos entreprises l’appréhendez-vous? Par exemple quelle incidence peut avoir la raréfaction du sable à l’échelle de la planète sur un secteur comme le vôtre? R: Avec EXPOBETON RDC, nous avons réuni les professionnels de la construction pour que justement les expériences vécues dans d’autres pays plus développés nous servent à asseoir des outils de production qui respectent l’environnement, utilisant les matériaux locaux disponibles, un développement harmonieux et répondant aux besoins de nos populations et de notre environnement. Il serait par exemple exclu que des HLM soient construits dans nos villes, nous avons assez d’espaces au sol et des matériaux mieux adaptés pour des bâtiments moyens. La pression sur la forêt pour en tirer le bois de construction n’est pas à négliger tout comme d’autres matériaux tels le sable. Il faut apprendre à tirer le maximum de profit sur les quantités des produits disponibles. Voilà aussi pourquoi EXPOBETON incite les entreprises de fabrication, de construction, les architectes à utiliser les préfabriqués. C’est plus d’économie !


Le bien commun et l´environnement par le prisme de la foi

Les défis écologiques à la lumière du bien commun, voilà l’objet de ce qui réunit en ce jeudi sur les bancs de l’institut catholique de Paris quelques personnes présentées comme des décideurs, et nous avons la chance de participer à ces deux jours de colloque pour y voir plus clair, sur l’avenir de l’humanité, de la planète, tout cela sous le regard bienveillant de l’institut catholique et si j’ose dire de Dieu et de quelques saints qui seront appelés en renfort au cours des débats. La présentation des intervenants dans l'imprimé n’annonce pas monsieur Pierre-André de Chalendar, qui est pourtant le président de la chaire organisant le colloque. Très présent lors des tables rondes de la première journée, c’est pourtant lui qui, avec son charisme de décideur mène et oriente avec assurance le débat. Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort

©Photo Carole Vilbois

On pourrait s’étonner d’avoir ainsi le président d’un grand groupe industriel comme Saint-Gobain à la tête d’une chaire universitaire, mais n’est-ce pas la volonté du président de la République que de voir se créer des ponts entre les entreprises et les universités ?

On nous rappelle tout d’abord la thématique déjà abordée des animaux dans la bible, l’homme au centre de la création, et le respect de ses derniers. En trame de fond, on devine la dernière ligne de conduite du Vatican, le ton est donné, même si nous pensons directement au respect des animaux présent dans la religion zoroastrienne, nous ne sortirons pas du cadre de la chrétienté, après tout, c’est la maison de Dieu, vue par le prisme du catholicisme.

Schopenhauer qui en d’autres temps fustigeait les universités d’États, se révolterait assurément, qu’elles passent ainsi du bien commun au bien privé, alors qu’elles démontraient déjà des limites en étant passées des esprits libres à ceux contrôlés par des programmes d’États. Mais revenons à ces deux journées.

Plus tard lorsque nous poserons la question, en invoquant l’antériorité de cette religion qui fut la première à établir des droits de l’homme, à respecter Terre, Eau, Air et Feu, égalité entre hommes et femmes ainsi que le respect des animaux, on regrettera de n’avoir pu faire appel à un historien pour nous répondre, nous sommes plus de 3 000 ans avant Jésus-Christ… et forcément… Encore une fois les limites et les cadres sont posés.

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Le bien commun et l´environnement par le prisme de la foi

Nous nous sommes demandés si nous pouvions tout dire dans cet article, nous nous sommes assurés que nous étions un journal libre, un peu pour nous rassurer, nous avons eu un accueil chaleureux, qui nous oblige, et nous n’avions dans un premier temps aucun a priori, et c’est l’esprit ouvert que nous nous sommes attelés à suivre le colloque.

Olivier Artus [D1] ouvre brillamment le colloque et nous parle avec subtilité de la relation pacifique des hommes et des animaux, tout végétarien qui se respecte comprendra le moment historique où tout a basculé, on nous parle du chapitre 6, du déluge, puis de la violence qui s’installe et de l’autorisation de la consommation de la viande qui fait suite à la pénurie de vivres. Ainsi nos comportements alimentaires auraient pour origine un cataclysme, nous restons un peu sur notre faim à la fin du récit, mais assurément ravis de l’approche sous un angle novateur.

Emilie Tardivel [D2] nous assurera que la métaphysique n’est pas hors sujet ni à tenir hors du débat lorsqu’elle aborde la question de l’anthropocentrisme, et cite Descartes « Dieu n’aurait pas créé le monde pour l’homme, ce qui serait une vison égocentrique » et toujours dans les pas de Descartes, la conservation de la santé serait le meilleur des biens. On se rassura en se disant que ce dernier constat est tout aussi égocentrique que l’idée de la création du monde, mais Descartes est assurément au programme des universités françaises. Dr Èmilie Tardivel ©Photo Carole Vilbois

Monsieur Patrick Arthus nous parlera lui, en sa qualité de chef économiste de Natixis, de la loi et des objectifs fixés, du déplacement des populations et des Indiens ne pouvant se passer du charbon. Les états étant incapables de se coordonner selon lui, la responsabilité est rejetée sur les entreprises, qui doivent maintenant en tenir compte dans le cadre de leurs objectifs sociaux. Le refus grandissant des banques de financer des activités polluantes, un facteur à prendre en compte également pour servir l’objectif, la protection de l’environnement. 10

Roger Guesnerie [D3] abordera le thème Nord/Sud et des effets différenciés en fonction des régions notamment sur la thématique de l’agriculture. Pour le Professeur Guesnerie, c’est le rapport entre le coût et le bénéfice, que nous ne pourrons analyser que demain, qui est un facteur déterminant. Pour 1 euro investi aujourd’hui le retour doit être de 7 euros demain, la notion de bien commun est complètement écartée. Il note l’égoïsme de la génération présente qui rechigne à investir pour les générations futures, tout en faisant la différentiation entre les acteurs économiques du secteur marchand et du secteur non marchand. Le calcul économique est une question complexe, nous rappelle-t-il, concernant les investissements, et le rapport au climat est une valeur variable. « Nous ne pouvons pas jouer l’avenir de la planète à la roulette russe ! » déclame-t-il.


Elena Lasida [D4], aborde le sujet de la Nature ressource à la Nature relation. « Entre la Nature et ceux qui l’habitent, c’est une relation entre l’humain et les éléments ». Plusieurs pistes nous sont suggérées pour aborder la relation, la relation à soi, à l’autre, à la nature, à Dieu, indépendantes, mais indissociables. Tout est lié, l’écologie intégrale dépasse l’écologie humaine. Il faut selon elle redéfinir le progrès, qui ne se limite pas seulement à l’économie, mais nécessite un changement de paradigme et doit tenir compte de la culture. Elle nous suggère d’être en communion avec le vivant et la nature, et de revenir à la gratuité. Pour Madame Lasida être indépendant, être autonome, c’est avoir quelque chose à donner et quelque chose à recevoir, pas forcément en toute indépendance (on notera encore une fois une contradiction entre autonomies et la non-indépendance). Le bien commun en économie serait défini par un bien non exclusif et non rival, elle nous donne un exemple : l’éclairage et l’oxygène. L’écologie peut être une excuse pour revoir l’économie. Mathias Felk [D5] pose un autre postulat, celui qu’il ne peut y avoir de révolution sans les penseurs du socialisme. Pour lui l’approche des biens publics est parfois une approche purement utilisatrice, alors que les biens publics mondiaux connaissent eux des frontières, dans les têtes sous forme de concept, il fait l’analyse du bien commun en corrélation avec la politique. Il nous parle de l’effet papillon et s’attarde un temps sur l’OMC (organisation mondiale du commerce) à qui il reproche d’avoir une approche économique, normalisatrice, et de ne pas s’exprimer sur la question de l’écologie, pas un mot sur le réchauffement climatique. Il nous explique que le premier accord de l’OMC porte sur le « Très » libéral projet qui doit permettre de faire circuler les biens plus facilement. Il donnera un exemple celui des Chinois qui voulaient exporter leurs vélos et qui ont été bloqués pour préserver le marché européen des vélos.« On doit remettre le commerce à sa place, ce n’est pas une fin en soi » nous précise-t-il.

Monsieur Matthias Fekl ©Photo Carole Vilbois

Il faut pour Monsieur Felk créer un lien permanent entre accord et lien commerciaux et environnement. Selon lui, l’idée de l’Accord de Paris prime, celui qui ne s’y engage pas, ne peut pas être un partenaire. Il suggère une pression de l’Europe, dans son ensemble. Il expose brillamment un point de vue qui permet de se faire une idée sur les arbitrages internationaux qui ne devraient pas d’après lui permettre de remettre en cause la décision des États. (Bien que nous notions ici qu’il défend le postulat du retour de la puissance publique. Il affirme aussi son contraire). « Dans une économie mondiale, il faut des règles mondiales et une gouvernance mondiale ». Le court terme domine la politique, alors que ce temps d’action fait face à des échéances à long terme. Comment faire du parlement, un organisme de contrôle ? Évoquant le droit de propriété, il indique qu’il ne doit être ni public ni privé. Il pose la question de l’entreprise dans le cadre du bien commun et s’interroge sur son rôle au sein de la cité. 11


Le point de vue géologique de cette Terre dont il est question sera abordé avec panache par Jérôme Gaillardet [D6] qui tiendra son auditoire en haleine. La terre est pour lui une planète qui a effacé toute trace de ses cycles. Nous parlant de cette multitude de bactéries dont le sol regorge et dont nous ignorons encore la fonction ; de la durée de résilience d’un sol ; de cette zone critique qui constitue la fine couche qui recouvre la surface de la Terre ; des éléments critiques, de l’altération chimique des roches. Il nous explique les cycles longs, qui peuvent atteindre 500 000 ans, estimant qu’il faudrait pour anéantir certains processus, 2 millions d’années pour un retour à la normale. Sa mise en garde ne laisse personne indifférent, la politique veut des réponses sur le temps court, ce qui n’est pas possible devant des processus à l’échelle du millénaire, nous devons prendre garde à l’effet de seuil.

Nous avons l’occasion de l’interroger sur les causes de la dernière famine en Europe, et en tant qu’expert, nous devons reconnaître qu’il est un des rares qui citera directement l’année sans été de 1816, et l’éruption du volcan indonésien mis en cause. Ses cendres avaient rejeté dans la stratosphère, des poussières volcaniques qui avaient alors fortement impacté l’équilibre planétaire réduisant la production agricole au point de générer, la dernière des grandes famines européennes.

Nous lui demandons si une analyse des risques d’après lui a été faite et si une civilisation qui pour se défendre du réchauffement climatique, ne prend pas justement un risque majeur à investir aussi massivement dans le solaire ? Il reconnaît que personne n’aborde jamais la question sous cet angle, et témoigne beaucoup d’intérêt à notre question. Nous en profitons pour lui dire qu’il est pour nous important que les scientifiques les plus en pointe, abordent le sujet.

Pr Jérôme Gaillardet

À cet instant précis, nous n’avions pas encore fait le lien entre l’activité de Saint-Gobain et le président de la chaire, ainsi que la production de vitrage et des panneaux solaires.

©Photo Carole Vilbois

Il est ici de notre devoir moral d’informer qu’une civilisation qui massivement choisirait de poser des panneaux solaires pour lutter contre le réchauffement climatique, en occultant les autres risques, pourrait courir à sa perte dans le cas d’une éruption volcanique, à des milliers de kilomètres de là, et ceci non pas sur un temps long, mais bien en fonction de l’humeur de notre planète, sur un temps court, voire très court. Est-ce au nom du profit que certains ne reculent devant rien ? Où sont-ils juste mal informés des risques ? Nous espérons que demain, devant le fait accompli, personnes, des dirigeants ou des scientifiques diront : « Nous ne savions pas, nous n’y avions pas pensé ! » et nous remercions monsieur Gaillardet pour son écoute. 12

Il nous semble important lorsque des personnes se rassemblent et se présentent comme étant « des décideurs », de nous permettre de leur rappeler que tout n’est pas forcément écrit dans les programmes d’histoire, et que les données doivent être analysées dans leur ensemble.


Dans un pays comme le notre qui déclare que le dernier savant pluridisciplinaire était Poincarré, qui a effacé la mémoire d’ Alexander von Humboldt[D7] , et qui lors des attributions d’intérêts demande au doctorant de ne surtout pas présenter des projets Horizon 2020 avec des équipes pluridisciplinaires, nous avons le droit de nous interroger sur notre intelligence collective et le faible niveau d’analyse des risques dans les hautes sphères scientifiques de notre Nation, par ceux-là mêmes qui sont censés donner le ton. Espérons que notre article sera compris, entendu, c’est notre responsabilité en tant que citoyen, humain, de dire ce que nous pensons réellement de la situation, sans que des enjeux ne viennent entraver nos pensées, nos propos et nos prises de positions, qui se veulent factuelles, pragmatiques et cartésienne, fondée sur des faits.

Le professeur Jean-Paul Pollin [D8] enchaînera, nous expliquant également la nécessité d’une approche globale sur le temps long. Il pose la question des normes ou des taxes. Fixer des normes pourrait permettre de réduire de quelques pour cent les émissions de gaz à effet de serre, la seconde solution consisterait en la mise en place de taxes, afin de subventionner les mécanismes de dépollution. Par le biais de permis à polluer, cela permet à ceux qui ont fait des efforts de les revendre à d’autres. Les normes étant un frein pour les entreprises qui ne sont pas en mesure de payer la mise en conformité, le coût de la taxe est moindre et incite peut-être plus au progrès technique, afin de subventionner les pollueurs pour les aider à réduire les émissions. La taxe offre l’avantage d’être susceptible d’être redistribuée.

Un astrophysicien viendra nous expliquer, lors de la pause, qu’il connaît le phénomène des éruptions solaires, autre sujet que nous tenions à aborder, cette fois dans le cadre des lignes hautes-tension et des risques encore une fois majeurs de saturation et de détérioration de l’ensemble du réseau électrique (voir article sur le Sujet dans notre Mag n°2 du mois de mars 2018.). Nous ne pouvons que nous désolés de voir que seul le risque de réchauffement climatique occupe les esprits et les directives européennes. C’est pour monsieur Pollin un échec du Multilatéralisme. Qu’en est-il de l’activisme actionnarial est-ce une OPA hostile ? Les volontés ne vont-elles pas se heurter à l’emprise de la finance ? La gouvernance globale pourrait-elle dépasser la politique du court terme des États ? Le mécanisme top down est-il le modèle à mettre en place ? Autant de questions et d’interrogations en attente de réponse.

Pr Jean-Paul Pollin

©Photo Carole Vilbois

Bien entendu, il nous explique que pour les économistes la solution retenue est la taxe, mais qu’au final taxe ou permis, se posent certaines questions concernant l’égalité entre les différents pays. Le prix serait-il unique, alors qu’il n’en est pas de même pour les prix de production ? Certains pays pourraient avoir à y perdre, alors il conviendrait de les soutenir nous met-il en garde, particulièrement les pays en voie de développement déjà endettés. Faute de pouvoir s’entendre, le processus est retardé aux générations futures. Pour Monsieur Pollin, la création d’une agence indépendante, du type de la banque centrale européenne, qui serait en charge de la régulation, s’impose. La meilleure solution serait donc celle du dictat ? Bien entendu, il faut tenir compte des refus de transfert de souveraineté nous informe-t-il. Il fera aussi le constat de tous les accords avortés ou une fois signés du refus de transfert de souveraineté, comme celui du Sénat américain dans le cadre des Accords de Kyoto en 1997. Concernant les Accords de Paris, de nombreux États y ont été favorables, hélas sans résultat mesurable. Le prix du carbone a été passé sous silence. Selon lui, les décisions seraient plus simples à prendre à l’échelle d’un État. Si les associations sont souvent associées au débat, elles le sont rarement au niveau des prises de décisions. Il finira par poser le postulat… pour un problème global faut-il une gouvernance globale ? Pouvons-nous faire des choses cohérentes avec une gouvernance éclatée ? Un jour un régulateur central pourra-t-il prendre la main ? 13


Le bien commun et l´environnement par le prisme de la foi

Madame Anne Duthilleul se pose la question du sortir par le haut ? Pour des raisons éthiques, mais pas seulement. Le développement est pour elle la façon d’aborder le plein épanouissement. « De l’énergie solaire en Afrique oui… mais aussi en France et comment fournir la Chine ? ». Il n’y a d’après elle pas de pénurie énergétique, elle suggère que nous développions l’altruisme et préconise l’Unité autour de la question du bien commun. Il faut des politiques publiques innovantes propose-t-elle et nous avons le devoir de nous placer face à la réalité. Durant les discussions de cette première journée plusieurs postulats se confronteront. Le président de Saint-Gobain nous l’assure, malgré le fait qu’il soit un industriel, il est en faveur de la taxe, rappelant au passage que Saint-Gobain émet 10 millions de CO2 par an. Nous avons noté que la taxe permettrait de reverser une partie de la somme aux entreprises les plus polluantes, postulat collectiviste ou opportunisme ? Saint-Gobain souhaite-t-elle s’offrir une respectabilité ? Seul l’avenir nous dira ce que présagent ces prises de position. Mais, avouons que pour une entreprise qui vend des panneaux solaires, cette histoire de réchauffement climatique s’est un peu du pain bénit. Tout le monde est unanime sur le fait que l’établissement d’une taxe nécessite des règles relatives à son calcul. Lors du grand débat, Monsieur Éric Piolle Maire de Grenoble nous dit : « Il ne faut plus se soumettre à la finance, et constate que les institutions se laissent bousculer par le bien commun ».

©Photo Carole Vilbois

Ainsi, à Grenoble on a repris le contrôle sur des groupes qui avaient été privatisés, et avec modestie il nous dit « Nous sommes tous un peu gentil, un peu méchant ». L’appropriation du cœur du vivant est pour lui au cœur de la logique capitaliste. C’est un leurre de croire que nous avons une croissance sans impact sur le climat. À long terme c’est 2/3 des céréales qui seront mangées par les Chinois. Il y a une diminution de l’espérance de vie des gens les plus pauvres de notre planète.

Madame Anne Duthilleul

Polytechnicienne et Ingénieur des Mines

Monsieur Éric Piolle Maire de Grenoble

Pascal Ruffenach, [D9] nous apprend que Bayard est le dernier groupe de presse indépendante, on se dit alors qu’un peu de fraîcheur et de non-conformiste viendront de cette dernière table. 14

Pascal Ruffenach

Président du directoire de Bayard Presse


La deuxième journée commence avec l’enthousiasme drapé de réalité et habillée d’un immense sourire, celui de monsieur Michael Northcott. Entrant dans le vif du sujet, il nous invite à ne pas nous tourner vers le passé, mais pose le constat : 30 % des oiseaux ont disparu, c’est une disparition massive « Il n’y a plus d’insectes », les poissons ont disparu massivement également à cause de la qualité de l’eau. Les zones protégées ne le sont pas. Il nous rappelle que l’idée de la protection de la nature vient de la période romantique, idéalisation de la beauté, du sublime, où la nature devient le protecteur de l’humain. Les abeilles nous dit-il ont été tuées entre elles par le biais de la transmission génétique. Il est le premier à aborder la question sous l’angle systémique et nous explique que l’impact de ce que nous faisons dans un coin du monde nous le répercutons ailleurs. Il montre du doigt le facteur de civilisation massive, et pour lui l’Union européenne, les lobbies, détruisent nos vies. L’impact touche surtout les personnes exclues de la globalisation. Il propose avec humour de voter plutôt pour la Terre-Mère que pour Trump et le Brexit, tout en citant le seigneur des anneaux. Le rire de la salle couvre un instant la gravité des propos.

Spécialiste de l´éthique chrétienne Professeur émérite de l´Université d´ Edimbourg et Guest Professor à l´Université d´Heidelberg. Il est l´auteur entre autre de : Systématic Théologie and Climate change (Routledge 2015)

Pr Michael Northcott ©Photo Carole Vilbois

Arnaud de Nanteuil débute son propos en nous retraçant l’historique de la protection de l’environnement, qui commence en 1902, avec la protection des oiseaux, utiles aux agriculteurs. Autre date importante, 1933, qui marque la protection de la flore en Afrique. Selon lui, il faudra attendre 1972 et la déclaration de Stockholm, suivant laquelle « L’homme a un droit fondamental à la liberté, à l’égalité et à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui permet de vivre dans la dignité et le bien-être, il a le devoir solennel de protéger et d’améliorer l’environnement pour les générations présentes et futures. La protection ne peut être limitée à un territoire, ce qui se heurte à la souveraineté nationale. Souveraineté qui ne signifie pas absence de responsabilité ou d’action » précise-t-il. « Un État ne peut pas en piller un autre il faut respecter les lois internationales, et prend pour exemple les armes chimiques. Il y a coresponsabilité ». Pour lui également il faudrait avoir recours à des lois internationales. Il recommande la mise en place d’un organe international. 15


Monsieur Bernard Perret [D13] nous invite à une réflexion philosophique, nos ressources sont limitées. « Comment mettre dans la loi cette notion philosophique ainsi que la vision cartésienne, de même que dans la dignité animale ? Pourquoi les renards sont-ils plus heureux en ville ? », nous devons selon lui nous poser ces questions. Comment pouvons-nous en arriver à vouloir contrôler le nombre d’enfants ? L’après-midi Jean-Luc Marion [D14] nous parlera encore de philosophie et nous interrogera sur la question de la création comme alternative à la nature ? Il nous rappellera que « nous n’avons qu’une unique Terre que nous devons maintenir en vie ». « Tu t’oublies toi même lorsque tu t’éloignes de la terre ». Il abordera la question du paradoxe de la paix, se référant à Sénèque nous expliquera que Saint Thomas d’Aquin parle du bien commun sans vraiment le définir, et passera en revue quelques grands noms qui se sont penchés sur la cause, en nous mettant en garde contre la mondialisation devenue folle et propose la collaboration à la « res publica ».

M. Bernard Perret

Pr Arnaud de Nanteuil

©Photo Carole Vilbois

Frédéric Louzeau [D15] nous propose d’envisager le tout sous l’angle d’une forme globale, de poser la cartographie du bien commun. Il s’interroge sur le nom de cette crise, sur le « JE » irrationnel, sur cette affectivité qui bouscule les équilibres. Il nous invite à réfléchir sur l’analyse de Bruno Latour qui propose que chacun soit capable de définir sa relation au monde. Il nous invite à nous positionner, à définir notre relation au monde, et à nous poser la question de savoir où nous trouvons-nous? Dans quelle époque et quel rôle devons-nous y jouer? Mesurer les lignes de front, notre rapport à Dieu. L’homme tente-t-il de se substituer à Dieu, nous interroge-t-il ? Avons-nous profané la relation de l’homme au sol ? Il nous suggère de nous réorienter, il est question du chrême et de la fin des temps. Il nous met face au cri des pauvres et au cri de la Terre. Nous pouvons à ce stade nous interroger sur le message contraignant de la chrétienté face à la question de la fin des temps, inconscient collectif, et l´embrassement du monde où chacun souhaite voir revenir son messie, dominer le monde avec le dogme de son prophète, où les industriels sont en manque de marchés, les instituts à la recherche de financement, les doctorants à la recherche de budget. L’intelligence ne serait-elle plus qu’économique en ce début de 21e siècle, où l’on peut dire tout et son contraire, dans l’indifférence générale puisque plus personne n’écoute ?

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Carole Vilbois


Pierre-André de Chalendar est un chef d'entreprise français, ancien inspecteur des finances. Il est le président-directeur général du groupe Saint-Gobain. Il a recu en 2016 le World Green Building Council’s David Gottfried Global Green Building Entrepreneurship Award pour : « Une contribution unique, innovante et entrepreneuriale à la cause mondiale du développement de la construction durable » Son Salaire chez Saint Gobain pour l´année 2013 s´élevait à plus de 2 millions d´Euro. Enarque de la promotion -Solidarité- Son parcours sans fautes, lui assure de pouvoir occupper une chaire universitaire et de faire acte de mécénat.

©Photo Carole Vilbois

[D1] Olivier Arthus est professeur à la faculté de théologie à l’Institut catholique de Paris [D2] Emilie Tardivel est professeur à la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris [D3] Roger Guesnerie est professeur émérite du Collège de France [D4] Eléna Lasida est professeur à la faculté de sciences sociales et économique à l’Institut catholique de Paris [D5] Matthias Felk est avocat associé au cabinet KGA [D6] Jérôme Gaillardet est professeur de sciences de la Terre à l’Institut de Physique du Globe de Paris [D7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexander_von_Humboldt [D8] Jean-Paul Pollin est professeur émérite à l’université d’Orléans et doyen honoraire de la faculté de droit et de sciences économiques [D9] Anne Duthilleul est présidente de la commission Repères des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens [D10] Pascal Ruffenach est président du directoire du groupe Bayard [D11] Michael Northcott est professeur à la faculté de théologie de l’université d’Édimbourg [D12] Arnaud de Nanteuil est professeur de droit à l’université Paris-Est Créteil [D13] Bernard Perret est membre du Conseil général à l’environnement et au développement durable [D14] Jean-Luc Marion est professeur à l’université de Chicago [D15] Frédéric Louzeau est professeur à la faculté de Notre-Dame 17


Antoine Fontaine Co-président

Conseiller Outre-mer & Territoire

S’appuyant sur ces nombreuses études de terrain et le travail pluridisciplinaire de l’école de Blooming-

ton qui a conduit des expériences de laboratoire simulant les situations d’action collective, le Professeur Ostrom cherche à modéliser les facteurs de réussite de la gestion commune d’une ressource naturelle partagée. Avec ses collègues, elle insiste sur le fait notamment qu’il n’existe pas de liste de référence ou une seule définition des biens communs. Pour eux, chaque bien commun est le produit de circonstances historiques uniques, d’une culture locale, de conditions économiques et écologiques. Au lieu de chercher une définition unifiée, ils ont souhaité examiner ce que tous les biens communs ont en commun et donc ainsi les règles les régissant.

Au regard de la surexploitation massive des ressources naturelles à l’échelle planétaire et des appels

répétés en faveur d’une gouvernance mondiale de l’environnement, la possibilité d’une coordination des États paraît de plus en plus faible, face aux échecs successifs des nombreuses conférences internationales visant à enrayer la dégradation environnementale. L’espoir renaît cependant à l’échelle locale et régionale. Les biens communs, sur la base des travaux du Professeur Ostrom, peuvent représenter une alternative viable à cette tendance à la marchandisation des ressources naturelles. Mais, selon elle cette alternative implique néanmoins de remettre en question certains présupposés sur lesquels s’appuie aujourd'hui le modèle dominant de développement[1] :

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Le bien commun , une histoire peu commune. Un modèle économique tout d’abord, qui mesure la performance exclusivement à la quantité de

choses matérielles produites et à la valeur monétaire générée, sans tenir compte réellement de l’impact de leur production ; · un modèle scientifique ensuite, qui conçoit la nature de manière statique et abstraite, les communautés locales comme des ennemis de l’environnement et ignore les savoirs populaires ou traditionnels des usagers et des habitants ; · un modèle juridique ensuite, celui du mythe de la « propriété absolue » qui ne conçoit le rapport des hommes à leur territoire et à leur environnement que sur le modèle de la propriété privée ou publique unilatérale d’une chose, que l’on pourrait suivant une certaine variabilité, conserver pour soi, vendre ou détruire à son gré.

En fait, la véritable « tragédie des communs » (selon la célèbre métaphore de G. Hardin) est que

l’humain prend conscience des biens communs et de leur valeur, lorsqu’ils sont sur le point de disparaître. Avec cette forme spécifique de gouvernance, théorisée par le professeur Ostrom, les décisions collectives des communautés locales sont au centre du jeu socio-économique. La notion de biens communs connaît un regain d’intérêt, notamment dans la sphère des sciences économiques, politiques et juridiques, entre autres autour de la notion de propriété[2].

Le thème de la gestion des communs ou biens communs a pris une importance de premier plan dans le

domaine du savoir, de la culture, de l’informatique, de la communication ou encore de la santé, sur fond de développement et de renforcement de la propriété intellectuelle, au profit des pays développés et des quelques grandes entreprises multinationales. Des passerelles existent entre ces deux domaines des «communs», matériels et naturels d’un côté, immatériels et culturels de l’autre. Les biens communs sont synonymes de richesse partagée, ou, pour reprendre la formule de M. Wolfgang Sachs[3], lorsque nous parlons des biens communs, nous parlons du « secret caché de notre prospérité ».

Antoine Fontaine [1] Elinor Ostrom, Gouvernance des biens communs – Pour une nouvelle approche des ressources naturelles – Deboeck 2010 : dans un premier temps l’auteur décrit l’état de la théorie des biens communs et ses faiblesses. Dans un second temps elle propose un cadre d’analyse remettant en cause un certain nombre de présupposés et de postulats théoriques infondés ou de modèle d’analyse erronée. Par exemple dit-elle : « Au lieu de supposer que certains individus sont incompétents, mal intentionnés ou irrationnels, alors que d’autres seraient omniscients, je présume que les individus disposent de capacités limitées, très similaires, de raisonner et de comprendre la structure des environnements complexes ». [2] Judith Rochfeld, Quels modèles pour construire des communs, in repenser les Biens communs – CNRS Édition 2014 p 103. Les études à travers ce prisme sont cependant encore peu nombreuses, l’ouvrage dont il est question a ouvert la voie. [3] Wolfgang Sachs Il est un économiste contemporain allemand à l’origine d’une des critiques les plus radicales de la notion de développement. Il est précurseur du mouvement en faveur de la décroissance.

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Claude Frisoni

Est un écrivain, acteur, régisseur et directeur culturel français.

Marie Curie

J’ai (trop) souvent répété « C’est leur ego qui

empêche les hommes d’être égaux ». La formule était sans doute trop belle pour dire vrai. Car l’égalité n’a rien à voir avec la nature des humains et encore moins avec leur supposé individualisme. Anarchiste convaincue, donc tenante d’une idéologie reposant sur l’individu, Louise Michel n’en a pas moins été une fantastique militante de la solidarité, de l’égalité et de la fraternité. Condamnée à la déportation au bagne de Nouvelle-Calédonie, exilée comme des milliers de communards aux antipodes, par les versaillais sanguinaires (si chers au cœur d’Emmanuel Macron), elle a consacré son temps à plus malheureux qu’elle, en créant une école pour les petits Kanaks ; leur enseignant qu’ils avaient une langue, une culture et une dignité, malgré l’injustice coloniale. Son empathie était telle, qu’au-delà de ses frères humains, elle incluait les animaux, maltraités par les humains. Elle écrivait en 1886 « Au fond de ma révolte contre les forts, je trouve du plus loin qu’il me souvienne l’horreur des tortures infligées aux bêtes…

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1867-1934 Scientifique d'exception, elle est la première femme à avoir reçu le prix Nobel.

Et plus l’homme est féroce envers la bête, plus il est rampant devant les hommes qui le dominent ». Bien avant le anti-spécistes, Louise Michel ne prétendait pas que les animaux devaient être les égaux des humains, elle demandait aux humains de faire preuve d’humanité. L’humanité n’est pas dans la nature de l’humain, elle est un comportement social. L’aspiration à l’égalité n’est pas dans la nature de l’humain, elle doit être dans sa culture. Quand une louve s’occupe de sa portée, elle ne consent pas plus de soins ou de temps au plus faible de ses petits.


(L)'égalité Louise Michel 1830-1905

Elle n’hésitera pas à le sacrifier si sa fragilité met en danger le reste de la portée. C’est aux plus forts et aux plus sains qu’elle accorde le plus de protection. A l’inverse, dans une société humaine développée, ce sont les plus faibles qui méritent le plus de soutien.

Enseignante, poétesse,pédagogue, femme de lettres, journaliste, communarde, anarchiste, femme politique, écrivaine.

Dans une société humaine pervertie par le culte de la force barbare, elle fait le contraire, comme le régime nazi qui a commencé ses crimes par l’élimination des handicapés. L’égalité réclamée par la devise républicaine n’est pas seulement l’égalité en droits. Elle est un désir d’équité qui dépasse l’égalité. L’égalité simple, ce serait de permettre à tous de s’asseoir dans les transports en commun. Le désir d’équité, c’est de réserver des sièges aux plus faibles, aux plus âgés, à ceux qu’il convient d’aider. L’égalité simple, ce serait de percevoir un impôt également proportionnel à tous les revenus. L’équité, c’est l’impôt à taux progressif, ponctionnant plus les hauts revenus que les petits. Les tenants du libéralisme sauvage, satisfaits d’être plus égaux que les autres, condamnent l’égalitarisme. Alors que les défenseurs de l’égalité républicaine, conscients que la diversité est source d’inégalités naturelles (comme la taille, la force physique, les dons ou certaines capacités), souhaitent également que certains soient plus égaux que les autres. La différence étant que les premiers veulent privilégier les forts, les seconds s’attachant à donner une chance aux plus vulnérables. L’égalité n’a donc de sens que dans un contexte social. Elle ne peut être que le résultat de dispositifs légaux, de règlements, d’une volonté au service de l’intérêt général. Elle vise à permettre à chacun selon ses moyens de contribuer au bien commun. En compensant les faiblesses des uns et en limitant la puissance des autres. Ce n’est pas un nivellement par le milieu, c’est une aspiration à l’élévation de l’ensemble. L’égalité n’existe que par la légalité. En ce sens, elle est un combat permanent, sans cesse remis en cause. Beaucoup étaient convaincus d’avoir franchi un pas décisif avec la mise en pratique du mot d’ordre « un homme, un vote ». Ce qui était un incontestable progrès démocratique. Mais il a fallu encore bien du temps pour reconnaître que cette disposition oubliait les femmes. Songez que Marie Curie a reçu deux Prix Nobel sans avoir jamais le droit de voter. En même temps, comme on dit de nos jours, depuis que les Françaises ont le droit de vote, plus aucune n’a eu deux Prix Nobel. C’était bien la peine !

Claude Frisoni

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Les deux cents ans de Karl Marx Égaux à l´ombre des Égos «Je considère qu’il est de la plus grande importance de débarrasser les Français des conceptions fausses sous lesquelles Proudhon, avec son idéalisation de la petite bourgeoisie, les a ensevelis. Au récent Congrès de Genève, et dans les relations que j’ai entretenues en tant que membre du Conseil général de l’Association internationale des travailleurs avec la section parisienne, on se heurte sans cesse aux conséquences les plus répugnantes du proudhonisme », c’est ainsi que Marx s’adresse à Ludwig Büchner, à qui il souhaite confier la traduction de son œuvre, le tome 1 du Capital. Ce livre sera le dernier publié du vivant de Karl Marx. Le traducteur sera finalement, après de longs tâtonnements, trouvé en la personne de Joseph Roy, un Girondin, que Marx ne rencontrera qu’une seule fois de façon fortuite. Il le considérera comme un opportun à qui il s’est vu obligé de faire la conversation. Le contrat concernant le Capital dans sa version française aura finalement été signé en amont et Marx devra faire l’avance de 2000 francs.

Photo © Carole Vilbois -Trier Deutschland

À cette époque, tout se joue en Europe, dans une Europe où le téléphone ne relie pas encore les grandes villes, et où les courriers peinent à être acheminés. Dans une Europe où éditeur et journaliste sont souvent emprisonnés pour des prises de position, et où la prudence est de mise. Paris est l’épicentre de l’effervescence qui agite les penseurs en quête de liberté.

Maurice Lachâtre rappellera à Marx, concernant la réédition de son livre sur Proudhon, qu’il est prudent de ne pas attirer l’attention des autorités : « Je vous prie de remettre cette publication à plus tard, quand Le Capital sera entièrement paru ». C’est donc la version française comme ultime remaniement du premier volume du Capital qu’il nous restera de Karl Marx. À Trêves en ce mois de mai de l’an 2018, 200 ans après sa naissance, c’est seul que Marx trône du haut de ses 5 mètres 50 (pour le 5e jour… du 5e mois de l’année), alors qu’on est venu de loin pour célébrer l’anniversaire du grand homme. En un bronze qui se veut avoir des allures de sculpture, ton sur ton avec la pierre de sa ville natale, le cadeau fait par la Chine, laissent l’homme moderne, dit démocrate, de marbre.

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Photo © Carole Vilbois -Trier Deutschland

Pourtant, il n’est que le coauteur du Manifeste du Parti Communiste et si nous connaissons aujourd’hui hui les préceptes de son dogme, nous le devons surtout à Engels… Engels l’ombre de la vie et de l’œuvre de Marx, son ami, son relecteur, celui qui lui fournissait des études, celui qui lui envoyait de l’argent et lisait la longue litanie de ses dettes, celui qui était là au quotidien, son compagnon de la première heure, qui disait de lui qu’il était l’homme le plus instruit qu’il connaissait… son plus fervent admirateur, celui qui pour assurer la publication posthume du tome 2 et 3 du Capital, en assemblera les notes. Celui enfin qui, ironie du sort, sera accusé par ceux-là mêmes qui n’ont accès à l’idéal des deux hommes que par le biais de l’acharnement d’Engels, d’avoir modifié l’ouvrage et l’esprit de Marx, ne respectant pas même l’idée que Marx eut de toute façon pris conseil auprès de son ami de toujours. Mais alors, pourquoi Marx montre-t-il du doigt comme un fléau, Proudhon le seul, qui ne fut pas de la classe bourgeoise, à soutenir les idées libertaires, la notion de commun, le refus de la propriété privée, de l’État, de la religion et du capital ?

On dira avec facilité qu’il s’agit d’un désaccord sur la propriété privée… mais qu’en est-il vraiment ? Proudhon dira à propos de l’égalité : « Ainsi, dans une société donnée, l’autorité de l’homme sur l’homme est en raison inverse du développement intellectuel auquel cette société est parvenue […]. L’homme cherche la justice dans l’égalité, la société cherche l’ordre dans l’anarchie. » Mais l’explication se trouve sans doute dans le refus que Proudhon fait à Marx, d’adhérer complètement à l’idéologie de ce dogme qui deviendra le Marxisme. Il mettra d’ailleurs Marx en garde en ces termes: «Ne nous posons pas en apôtres d’une nouvelle religion ; cette religion fut-elle la religion de la logique, la religion de la raison ? Accueillons, encourageons toutes les protestations ; flétrissons toutes les exclusions, tous les mysticismes ; ne regardons jamais une question comme épuisée, et quand nous aurons usé jusqu’à notre dernier argument, recommençons s’il faut, avec l’éloquence et l’ironie. À cette condition, j’entrerai avec plaisir dans votre association, sinon, non ! »

Les deux cents ans de Karl Marx Égaux à l´ombre des Égos

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L’égalité que propose Proudhon s’oppose à celle que veulent mettre en place Marx et Engels. Proudhon qui ne viendra pas, malgré l’invitation, rejoindre la « Ligue des justes » qui dès lors de sa fondation à Paris s’était donnée pour but de libérer l’Allemagne de l’oppression et de mettre un terme aux divisions de l’humanité.

Friedrich Engels 1820-1895

La « Ligue des justes » fût fondée vers 1836, cette société secrète influencée entre autre par le Babouvisme, réclame l’égalité et la communauté des biens.

philosophe Allemand Théoricien du socialisme et du communisme il est le grand ami de Karl Marx. , rédacteur et relecteur des livres II et III du Capital. C´est lui qui assurera la postérité à son ami Karl.

À la tête du Babouvisme on trouvait jadis Gracchus Babeuf (qui finira par y laisser la sienne) et ses amis qui dénonçaient les privilèges que certains tirèrent de la Révolution. Il préconisait une refonte de la société: abolir la propriété privée, rendre tous les Français égaux. Ayant le Directoire pour cible, ils voulaient ensemble poursuivre la révolution, et aboutir à la mise en commun des biens dans le but de voir naître ce qu’ils nomment « la parfaite égalité » et « le bonheur commun ». Le mouvement exigea également l’application de la Constitution de l’an I, en vain ! Friedrich Engels et Karl Marx reconnurent en la Conjuration des Égaux « la première apparition d’un parti communiste réellement agissant ». S’en inspirent-t-ils d’ailleurs en utilisant le terme « Manifeste» ? Les idées de la Conjuration étant en particulier exposées dans le « Manifeste des Égaux » de Sylvain Maréchal datant de 1796. Mais ce n’est qu’en 1828 que le livre de Buonarroti, « Conspiration pour l’Égalité », assure la postérité à Gracchus Babeuf et aux siens. Proudhon partageait donc avec Marx et Engels, l’avis qu’il fallait se défaire de l’église, ils partageaient également les idées de Darwin, reconnaissaient la philosophie d’Hegel qui était largement diffusée en ce temps-là en Allemagne où l’on se voulait scientifique et philosophe à l’aube de ce que la science avait à apporter en ce temps-là.

Pour Engels et Marx, le darwinisme est une des bases du communisme… que

pouvons-nous dire de nos jours, lorsque l’école de Schopenhauer dépasse celle d’Hegel, que chaque jour qui passe nous voyons les travers des universités d’état que dénonçait Schopenhauer, et qu’il nous faudra presque regretter ce moins-disant, car bientôt elles seront « universités d’industries ». Ne le sont-elles pas déjà insidieusement ?

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Pierre-Joseph Proudhon, par Gustave Courbet 1865 Musée du Petit Palais, Paris

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Alexander Von Humboldt 1843

En maintenant l'unité de l'espèce humaine, nous rejetons, par une conséquence nécessaire, la distinction désolante de races supérieures et de races inférieures. Sans doute il est des familles de peuples plus susceptibles de culture, plus civilisées, plus éclairées ; mais il n'en est pas de plus nobles que les autres. Toutes sont également faites pour la liberté, pour cette liberté qui, dans un état de société peu avancé, n'appartient qu'à l'individu, mais qui, chez les nations appelées à la jouissance de véritables institutions politiques, est le droit de la communauté tout entière.

Par Joseph Stieler

Alors, qu’en est-il des doctrines sociales qui reposaient sur des théories que les esprits libres n’adulent plus de nos jours ? Que penserait Marx 200 ans après ? Que lui dirait Engels ?

Philosophe allemand, né le 22 février 1788

« la même chose, mais autrement » Arthur Schopenhauer 1815 Portrait réalisé par Ludwig Sigismund Ruhl

Nous pouvons parler de ce qui a tué le Darwinisme, comme le microscope qui avec un grossissement de 50 000 fois nous a permis d’entrer dans le cœur de la cellule et de voir les moteurs cellulaires, avec leurs stators et leurs rotors, vous démontrant en quoi vous ne pouvez-vous fier en cet enseignement universitaire, qui n’assure pas votre libre accès au savoir, mais vous oblige à suivre un parcours tracé, un programme, qui comme son nom l’indique… programme votre méthodologie et vos connaissances et confortent Schopenhauer dans ses pires craintes… S’il n’était certes pas facile d’accepter que le Darwinisme vienne à bout de la religion en d’autres temps, n’allez pas imaginer qu’il soit plus simple aujourd’hui d’effectuer un rétropédalage… nous-mêmes ici nous avons hésité à vous parler… du flagelle bactérien.

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Pourtant Darwin lui-même nous expliquait que s’il existe un élément qui ne trouve pas sa justification dans la présence d’un autre élément, toute sa théorie tombe à l’eau… Elle est tombée à l’eau sans faire le moindre bruit… dans le vide de l’absence de nos questionnements et de notre capacité à la remise en cause. Charles Darwin 1809-1882 Naturaliste géologue explorateur écrivain voyageur éthologue

La publication Évolution et controverses déclare : “ Le flagelle bactérien comprend un moteur rotatif, qui fonctionne à une vitesse de 6 000 à 17 000 tours-minute. Plus remarquable encore, il peut changer de sens de rotation en un clin d’œil et repartir à 17 000 tours-minute. ” La revue New Scientist en parle comme d’ “ un excellent exemple de système moléculaire complexe, une ‘ nanomachine ’ très élaborée surpassant tout ce qu’un ingénieur humain est capable de concevoir ”. Les scientifiques sont déconcertés par la faculté du minuscule flagelle bactérien de s’autoassembler dans l’ordre précis permettant aux 40 éléments de s’ajuster et de fonctionner convenablement. Le moteur électrique à courant alternatif de Nicolas Tesla , qui lui aussi fonctionne avec un Stator et un Rotor a été lui inventé en 1887 “Electro Magnetic Motor”, Patent number n°381,968, United States Patent Office, déposé le 12 octobre 1887, publié le 1er mai 1888.

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Les 40 éléments parfaitement montés du flagelle bactérien mettent à la fois mal à l’aise les athées, et les croyants, et posent la question de la croyance, mais croire en qui et en quoi ? Faut-il de nouveaux dogmes pour une nouvelle conception de l’idéalisme de l’égalitarisme, la science et la philosophie ayant poussé le savant à changer son fusil d’épaule ? Et que dire de tous les bons sentiments, du Communisme d’Engels et Marx à l’Anarchie de Proudhon, se heurtant avant tout à l’ego des hommes, à leur vanité, leur cynisme et parfois leur humour, lorsque tout repose aujourd’hui sur des éléments cachés à l’ensemble, car aucune théorie, aucun dogme, ne vient ouvrir une porte ? Il était simple de passer de Dieu, à l’absence de Dieu. De déclarer la foi opium du peuple, et que dire maintenant devant la mécanique d’un flagelle bactérien qui ressemble à s’y méprendre à la mécanique d’un moteur électrique, avec son stator et son rotor… là au sein même de chaque cellule humaine ? Que penserait Marx ? Que dirait-il ? : Que la mécanique est le cœur de l’humanité ? Que nous sommes faits telles des machines biologiques ? Que dirait l’honnête homme de jadis, qui est donc cet étrange ingénieur en chef qui dessina les rouages de nos vies ? Marx et Engels ne manquaient pas d’humour, lorsqu’il s’est agi en 1845 de répondre par un livre à un autre livre, dans « La Critique de la critique critique contre Bruno Bauer et consorts », où Marx reste d’abord très formel avec Proudhon qu’il cite d’ailleurs : « Je ne veux pas, dit le Proudhon de la traduction critique, fournir un système du nouveau régime ; je ne veux rien que la suppression du privilège, l’abolition de l’esclavage... Justice, rien que justice, voilà à quoi je pense »… On comprend bien que si matière il y a, il y a matière à définir comment rendre les hommes égaux… mais l’histoire et la politique se heurtent à celles des egos.

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Le philosophe Hegel lui aussi, dans l’une de ses plus célèbres théories, nous parle de la domina tion dans sa dialectique du maître et de l’esclave, laquelle a été développée dans « la Phénoménologie de l’Esprit ». Cette œuvre relate l’aventure de la conscience parvenant à la conscience d’elle-même. C’est le récit d’un combat de deux êtres conscients d’eux-mêmes qui s’affrontent pour la première fois. Lorsqu’ils se rencontrent, ils ont tous deux le même désir de reconnaissance, cette dernière ne peut alors avoir lieu qu’à l’issue d’une lutte des consciences. Pour Hegel, le maître n’existe que par la présence de l’esclave, sans qui il n’est plus, quant à l’esclave, lui vit du désir de la survivance. Ce que Schopenhauer qualifiait lui de « Volonté ». Pour lui le concept déterminant dans la métaphysique, il le désigne comme l’essence de l’homme et de toute chose. La volonté en tant qu’élément est un désir de vie aveugle et universel. Il ne connaît pas, n’est pas conscient, ignore l’espace et le temps, la cause, le but, les limites. La volonté ne découle pas du monde, c’est le monde qui découle d’elle. Elle est « l’initiale et l’inconditionnée », «la prémisse de toutes les prémisses.» Le monde, Chappe 28, p410. Ainsi, au sortir de la révolution l’égalité est dans la tête de tous les intellectuels, mais se heurte à l’ego, si nous considérons le résultat d’autant de thèses, aucune d’entre elles ne porte les fruits escomptés en 2018. Qu’est devenue l’égalité pour laquelle tous ces hommes ont donné leurs vie, parfois au prix de lourd sacrifice ? Si Proudhon semble le premier anarchiste de l’histoire, il va refuser les dogmes, là où Marx et Engels pensent qu’il faut d’abord que le prolétariat prenne le pouvoir avant de le rendre au peuple. C’est un autre anarchiste, Bakounine, qui verra au plus juste, affirmant que la dictature provisoire que propose Marx finira par la mise en place d’une Bureaucratie permanente, qui ne restituera pas le pouvoir au peuple. Il dira que c’est seulement par la liberté que la liberté peut être rendue.

Nous fondateurs de l’Unité Nationale qui nous réclamons de la gouvernance partagée, du droit à l’autodétermination politique, en faveur de la démocratie intégrale, refusons à la fois le dogme comme concept, sans songer un instant à faire de l’interventionnisme dans ce que nous considérons comme « la volonté » et le dogme des partis existants, plus proche de Schopenhauer, pour certains préceptes, et conscient que l’existence du flagelle bactérien tua aussi les thèses de Darwin. Nous nous devons d’être modestes devant le devenir de toute pensée politique, quelle qu’elle soit, les égos ayant trop longtemps éloigné les hommes de cet idéal, les empêchant d’être égaux. La science évoluant aussi assurément que les thèses qui visent à établir Justice et Égalité, au risque de n’être qu’une tentative, au risque de n’être que néant, là où même si les temps semblent plus cléments, nous essuyons comme Marx, Engels et les autres, les déconvenues de la surveillance, nous sommes ceux qui réclament au nom du peuple et de la démocratie afin que la Révolution française, inachevée, le soit avec intelligence, respect pour nos pères, et émancipation de nos consciences résolument modernes, ancrées dans notre temps. Tout comme le portrait d’un homme d’hier qui semble pourtant laisser entrevoir un style intemporel, et qui comme la synthèse du désir d’égalité, se risqua au propos politique, fustigeant le colonialisme, et ne s’interdisant l’accès à aucune des sciences, en 1789, ce Baron s’enflamme pour la révolution, il est Allemand il écrira : «Le spectacle des Parisiens, leur rassemblement national, celui de leur temple de la Liberté encore inachevé pour lequel j’ai transporté moi-même du sable, tout cela flotte dans mon âme comme un rêve.». Alexander Von Humboldt, plus célèbre en son temps que Napoléon lui-même est dépeint en ses termes par sa belle-sœur :

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En décembre 1857,

Alexander Von Humboldt obtint un amendement légal à la cour, portant

l'abolition de l'esclavage en Prusse.

Dessin d´Alexander Von Humboldt

Original Bild Besitz Staatbibliothek Berlin - L´image originale se trouve à la Bibliothéque Nationale de Berlin. ( Nous remercions le Docteur Ralf Wroclaw du Département des manuscrits des domaines et des autographes de la Bibliothèque Nationale pour son aimable autorisation .Wir bedanke Dr. Ralf Breslau Handschriftenabteilung Referat Nachlässe und Autographen Staatsbibliothek zu Berlin für die freie (Digital Bild)Benutzung).

« Un mélange… incroyable de charme, de vanité, de douceur, de froideur et de chaleur ».

Géologue, explorateur, botaniste, géographe, chambellan, océanographe, démographe, volcanol0gue, écrivain voyageur, écrivain, scientifique, météorologue, polymathe, mécène, zoologiste, naturaliste, essayiste, minéralogiste, astronome, climatologue, ethnologue, scientifique… Von Humboldt qui disait ne vouloir vivre que pour la science ne résumait pas sa vie au carcan d’une seule discipline. Il était certainement l’un des esprits les plus progressistes de son temps. Engagé dans la lutte contre l’esclavage, dont il avait observé les ravages à Cuba, il a été constant et sans compromission, tout comme sa dénonciation de la brutalité de la politique coloniale : « Lorsqu’on dit que le sauvage, comme l’enfant, ne peut être gouverné que par la force, on établit de fausses analogies. Les Indiens de l’Orénoque ne sont pas de grands enfants ; ils le sont aussi peu que les pauvres laboureurs de l’Est de l’Europe, que la barbarie de nos institutions féodales a maintenu dans le plus grand abrutissement. » « Napoléon me hait », n’hésitait-il pas à affirmer et force est de constater que Napoléon avait le don de faire disparaître des livres d’histoire quiconque pouvait faire de l’ombre à la grandeur de son ego, comme Alexander Von Humboldt ou Germaine de Staël. Mais en ce temps-là, d’Allemagne et de partout, on vient en France, car comme le dit Alexander «il n’existait pas d’autre endroit en Europe où la pensée pouvait être aussi libre et libérale. Avec la Révolution française, le rôle de l’Église catholique s’était atténué, et les savants n’étaient plus tenus par les dogmes religieux ». 28

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Note de l´auteur de l´article :

Darwin

n´avait qu´un seul héros et il n´en citera pas d´autre, en dehors de Von Humboldt. Le monde entier s´arrachait ses livres, et pourtant il est sorti de tout nos livres d´histoire, en France certes , mais pas seulement. Il fut le dernier des grands explorateurs, et le dernier savant aux connaissances encyclopédiques. Il avait une foi incomparable dans les progrés de l´humanité.

Retour à la Nature : Georg Friedrich Weitsch portrait 1806 les 37 ans d´ Alexander Von Humboldt

Trés timide , et compensant sa timidité par le bavardage et le partage du savoir , il deviendra l´ami de Goethe.

Humboldt écrira dans Essai politique sur le royaume de la nouvelle Espagne en 1811 « Ceux qui sont appelés à exécuter les lois cherchent à détruire une égalité qui blesse l’orgueil européen ». Il croit alors qu’une sage administration pourra rétablir l’harmonie, calmer les passions et le ressentiment, conserver peut-être encore pendant longtemps l’Union entre les membres d’une même grande famille éparse en Europe et en Amérique depuis la côte de Patagonne jusqu’au nord de la Californie. Hélas, il n’y aura point de sage administration et les vœux, de ceux qui avant nous espéraient se sont éteints… Comme ceux de Marx, qui mourut sans connaître le succès de sa pensée, à Schopenhauer qui pestait d’être incompris, à Humboldt dont la mémoire s’efface. La cendre incandescente qui persiste grâce à ceux qui osent encore se soulever, et parler, qui osent même ouvrir de nouvelles voies, dans le respect des anciennes, qu’elle soit ravivée par votre souffle, et éclaire l’Unité pour que l’idée de l’Égalité puisse renaître de ses cendres.

Carole Vilbois Parmi les raisons qui font que de nos jours on fête les 200 ans de Karl Marx et que l´on a complétement oublié Alexander Von Humboldt, il faut noter celle de son agnosticisme , et celle relative à son ouvrage majeur -COSMOSqu´il rédigera à la fin de sa vie, ou il traitera du monde et de l´Univers sans jamais faire référence à Dieu. Ce qui ne lui sera jamais pardonné. Des rumeurs sur son homosexualité, bien qu´elle ne fut jamais prouvée, lui vaudront sans doute aussi quelques griefs . En France il sera considéré , malgré sa mére Française, comme un Allemand . Chez les prussiens il n´a pas que des amis. Certains lui reprocheront ses théses libéralistes . Il sera un fervent défenseur des libertés toute sa vie, et un homme incomparable pour ses amis.

Carole Vilbois Co-président Conseillère

Économie Énergie -Systémique

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« #Outremer : à vos droits ! » est le nom donné à la conférence organisée en juin 2018 à Paris par la très sérieuse Commission nationale consultative des droits de l’homme[1]. Ce titre, en forme de hastag pour coller à l’air du temps, ambitionne de faire un état des lieux parisiens de l’effectivité des droits de l’homme dans les territoires de la France d’outre-mer. Est-ce à dire que l’état des droits en outre-mer et donc l’État de droit ferait mentir l’artiste qui déclamait en son temps, que la misère était moins pénible au soleil ? Jusqu’à aujourd’hui la France a toujours entretenu des relations " complexes " avec ses possessions ultra-marines, pouvant sans doute porter atteinte à son image de contrée universelle des droits de l’homme et au triptyque de son idéal républicain. La mise en œuvre du concept révolutionnaire d’égalité est assez éclairante en ce sens. Tandis que l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 présupposait l’égalité native des hommes (« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »), les régimes postérieurs à la Révolution jusqu’au milieu du 20e siècle maintenaient outre-mer un système parfaitement inégalitaire. Et pour cause l’égalité n’a jamais été de mise dans les systèmes esclavagistes puis colonialistes, tous deux fondés au contraire sur les concepts douteux d’inégalité des races et de l’assujettissement[2]. Dans sa thèse publiée en 2011, Yerri Urban[3] rapportait les écrits de Félix Eboué, gouverneur de l’Afrique-Équatoriale française nommé par le général de Gaulle. Les propos d'Eboué sont sans doute ceux qui synthétisent le mieux la vision française longtemps partagée par l’ensemble de la classe politique, dont beaucoup de grandes figures dites républicaines. « L’indigène a un comportement, des lois, une patrie qui ne sont pas les nôtres. Nous ne ferons son bonheur, ni selon les principes de la Révolution [...], qui est notre révolution, ni en lui appliquant le Code Napoléon, qui est notre code ». 30

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La Métropole, ses outre-mer, et du principe d’égalité C’est seulement au sortir de la Seconde Guerre mondiale que la France entreprit de réformer dans un élan égalitariste ses structures politiques en outre-mer. Il s’agira ici d’évoquer, forcément de manière lapidaire, l’histoire et le sort qui fut réservé au principe d'égalité dans les quatre actuels départements d’outre-mer. Ainsi, c’est par une loi n° 46-451 du 19 mars 1946 que les quatre vieilles colonies du premier empire colonial français, la Guadeloupe, La Martinique, La Guyane et La Réunion, devinrent des départements français d'outre-mer. L’article 2 de cette loi indiquait que les lois actuellement en vigueur en métropole le seraient aussi dans ces nouveaux départements au plus tard le 1er janvier 1947, tandis qu’un article 3 disposait que les « nouvelles lois applicables à la métropole le seront dans ces départements, sur mention expresse insérée aux textes ». L’égalité en matière de droits politiques n’était pas non plus oubliée et réaffirmée pour les quatre « vieilles ». Une Loi n°46-940 du 7 mai 1946 Tendant à proclamer citoyens tous les ressortissants des territoires d’outre-mer précisait : « À partir du 1er juin 1946, tous les ressortissants des territoires d'outre-mer (Algérie comprise) ont la qualité de citoyen, au même titre que les nationaux français de la métropole et des territoires d'outre-mer ». Le préambule de la Constitution de 1946 paracheva cette nouvelle ère égalitariste en affirmant très solennellement l’existence de « droits inaliénables et sacrés » de « tout être humain, sans distinction de race, de religion, ni de croyance ». L’article 73 de la Constitution de la IVe République prévoira quant à lui que « le régime législatif des départements d’outre-mer est le même que celui des départements métropolitains, sauf exception déterminées par la loi ». Ces différents textes de l’année 1946 marquèrent à travers le processus dit de « départementalisation », selon le terme d’Aimé Césaire lui-même, l’aboutissement et la réalisation d’une volonté d’égalité qui devait permettre, par l’assimilation juridique et le développement économique de ces territoires, une égalité sociale et de droits avec la métropole[4]. La loi promise au 1er janvier 1947 fut repoussée au 31 décembre, pour au final n’être jamais adoptée dans la généralité annoncée. La Constitution de la Vème République de 1958 réaffirma le principe d’identité législative au travers duquel s’exprimera toujours et encore les aspirations égalitaires des populations de ces territoires. L’histoire aurait pu se terminer ainsi, mais c’était faire fi de la subtilité des termes de la loi et de leur force juridique réelle, qui était au fond le reflet de cette fameuse complexité de l’engagement politique de la métropole à l’égard de ses possessions d’outre-mer. 31


L ’extension des lois et droits métropolitains, qui devait permettre l’égalité, était souvent différée dans leur application, quand elle n’était pas largement démentie par la non-application de certains textes métropolitains ou leurs adaptations. Ces renoncements, justifiés par le gouvernement central par l’existence dans les DOM de « situations particulières », vidèrent de son contenu l’assimilation législative et par voie de conséquences le principe d’égalité. C’est particulièrement dans le domaine social que l’assimilation juridique fut la plus lente. Cette différenciation, entre les politiques familiales en métropole et dans les DOM, a longtemps été justifiée par une « nécessité » d’adaptation aux conditions locales, comme l’écrit en 1976 le secrétariat d’État aux départements et territoires d’outre-mer : « Les données socio-économiques locales des DOM, leurs contraintes démographiques et leurs structures familiales ont conduit à une politique spécifique d’aide à la famille et aux enfants ». Ainsi jusqu’à la fin des années 70, pour tenter d’enrayer la contrainte démographique, des commissions locales du Plan initiées par l’État proposent la mise en place d’une politique fondée sur la modulation des allocations familiales en fonction du rang de l’enfant afin d’éviter les effets natalistes.

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L’émigration des jeunes adultes vers l’Hexagone est encouragée, s'apparentant à une forme de déportation sous l’égide du funeste BUMIDOM[5] initié par Michel Debré, tandis que la limitation des naissances par la contraception, l’avortement et la stérilisation, encore interdits en métropole, était largement encouragée par les institutions [6]. L’égalité n’ayant jamais signifié l’uniformité, cette différenciation faite aux DOM permettait ainsi d’apprécier la justification juridique suivant laquelle le principe d’égalité ne valait que toutes choses égales par ailleurs. Et il faut bien reconnaitre à notre pays, cette sophistication de ses élites, résidant dans sa faculté à produire des universaux, à les ériger au rang d'absolu, et à violer avec un fascinant esprit de système les principes qu'elles en tirent, afin d'élaborer les justifications théoriques de ces violations. Si en 1946, l’égalité était promise aux quatre vieilles colonies, en 2011 c’est encore sous son égide que Mayotte accède elle aussi au rang de département. L'histoire s'y répète de la même façon là-bas. De fait et de droit, les réticences à appliquer certaines mesures à l’outre-mer, des économies de comptoir, la répression parfois sanglante jusque dans les années 1990 de mouvements sociaux et politiques en faveur de l’égalité, ont montré les limites de ce processus de départementalisation, qui était à l’origine envisagé comme une sortie de la période coloniale. La route de l'égalité fut longue pour l'outre-mer et du chemin reste, encore semble-t-il, à parcourir. Car, à peu de choses près, la situation aujourd'hui est plus ou moins identique dans les quatre DOM. 30 % de chômage officiel ; 60 % des jeunes de de 25 ans sans emploi ; 37 % des mineurs vivant dans une famille dont aucun parent n’a d’emploi ; 30 % des jeunes de 18 ans en difficultés de lecture ; 20 % de la population en situation d’illettrisme ; 50% de la population sous le seuil de pauvreté ; 30 % des 60 ans ou plus vivants avec moins que le minimum vieillesse ; 43 % des 75 ans ou plus bénéficiant de l’allocation personnalisée d’autonomie. Ces chiffres qui livrent une certaine idée de l’état social et économique d’une population donnée ne sont pas ceux d’un pays en voie de développement. Ces chiffres ne sont pas plus une projection catastrophique de l’INSEE au regard d’une aggravation de la situation économique française. Ces chiffres issus de l’institut national de la statistique sont ceux d’une situation « normale ». Appliquées au territoire hexagonal ces données représenteraient un contexte de crise grave. Oubliés de bien des études nationales, les territoires d’outre-mer sont confrontés à des difficultés économiques et sociales majeures. Loin des images paradisiaques que les publicitaires renvoient de l’outre-mer, la situation de pauvreté est particulièrement aiguë, à tel point que les inégalités y atteignent des niveaux plus élevés que sur le reste du territoire national. La vie y est également plus chère qu’en France hexagonale. Régulièrement des grèves massives rappellent aux Français de la métropole que la misère est toujours pénible… même au soleil !

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Souvent perçus comme les danseuses de La République, ces territoires sont considérés à tort comme une périphérie. Ces îles représentent, malgré une histoire torturée, des expériences de Peuple et de Culture aux quatre coins de la planète. Ces îles des trois Océans placent la France au rang de deuxième puissance maritime, alors que ses seules façades hexagonales la classeraient au 40e rang. C’est en disposant de ses territoires que la France est devenue une puissance nucléaire et spatiale. C’est de toutes ses régions que la France déploie sa superbe à travers le monde pour se maintenir dans le jeu industriel, minier et pétrolier. C’est grâce à ses territoires que notre pays peut se soucier de la protection des barrières de corail, qu’elle peut se mêler des grandes affaires du globe en participant à tous les rassemblements des bassins régionaux sud-américain, indo-océanique et pacifique, en train de devenir les nouvelles zones de pouvoir de ce monde en transformation.

Sans ses territoires la France ne pourrait pas prendre toute sa part dans cette compétition feutrée pour les ressources énergétiques, halieutiques ou minières, ni garder ses capacités de police ou de bases militaires.

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Comment expliquer alors cette situation dans les outre-mer ? On a souvent analysé ce processus, mais on a toujours renoncé à en tirer les conclusions vraies. Les problèmes y sont structurels. La situation loin d’être subie est organisée depuis toujours. Aujourd’hui, ces territoires ne sont plus des colonies, mais certaines vieilles structures coloniales subsistent. Loin d’avoir oublié ses régions, l’état a toujours organisé l’exploitation de leurs ressources naturelles et maintenu une société inégalitaire. Si la loi votée le 28 février 2017 dite de programmation relative à l'égalité réelle outre-mer et portant autres dispositions en matière sociale et économique, aura un mérite c’est bien celui d’avoir mis en évidence ces inégalités criantes. Le temps nous dira si elle viendra rompre le schéma inégalitaire entre les anciennes colonies et leur métropole.

Antoine Fontaine [1]http://www.cncdh.fr/node/1784 [2] François Luchaire, Manuel de droit d’ou - tre-mer, Sirey, 1949 [3] Yerry Urban, l’indigène dans le droit colonial français 1865-1955 – L.G.D.J 2011 [4] Aimé Césaire - rapport n°520 sur les propositions de loi tendant au classement de la Guadeloupe, La Guyane, La Martinique et la Réunion comme département français http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/images/rapport-520.pdf [5] Résolution de l’Assemblée nationale du 18 février 2014 relative aux enfants réunionnais placés en métropole [6] Françoise Vergés – Le ventre des femmes – Albin Michel – mars 2017

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Homos égaux = Homos ego ?

photo © Carole Vilbois

Philippe Ariño Essayiste, comédien, chanteur, journaliste, Il est l’auteur de différents essais sociologiques

sur le désir homosexuel (Homosexualité intime, Homosexualité sociale, et Le Dictionnaire des Codes homosexuels, publiés aux Éditions l’Harmattan en décembre 2008 ; L’homosexualité en vérité publié aux Éditions Frédéric Aimard en octobre 2012, et plébiscité par une dizaine d’évêques ; L’homophobie en vérité publié aux Éditions Frédéric Aimard en septembre 2013 et d’articles publiés sur son site « L’Araignée du Désert » et qui suscitent beaucoup de réactions. Son passage-télé à l’émission Dieu Merci ! en mai 2011 sur la chaîne Direct 8 n’est pas passé inaperçu ! Le jeune homme révolutionne les études LGBT à travers ses écrits, en apportant des éclairages inédits sur le désir homosexuel : il aborde par exemple les liens non-causaux entre viol et homosexualité, propose un véritable travail archéologique sur les « clichés » mal-aimés de la culture homosexuelle, traite également de front les problématiques spécifiques à la cohabitation entre homosexualité et foi catholique (à travers la proposition de la continence), et redéfinit de manière totalement nouvelle les concepts d’« homophobie » et d’« hétérosexualité ». 36

Pour en savoir plus :

www.araigneedudesert.fr

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Bonjour, Philippe, L’Unité Nationale se penche ce trimestre

sur la question de l’égalité, et tout naturellement nous avons pensé à vous, et nous sommes très heureux que vous acceptiez de répondre à nos questions. Vous êtes un combattant des temps modernes, un peu contre vents et marées, vous portez des convictions fortes, même lorsque des montagnes se dressent devant vous. Homosexuel, vous revendiquez votre foi, qui vous semble indissociable de celle-ci. Enseignant, vous expliquez que cela n’a jamais été un souci et que ce n’est pas l’homosexualité qui pose un problème, mais la pratique. Abstinent, vous parlez de célibat consacré, et même lorsque vous exprimez votre art et votre talent, c’est toujours sur des terres jamais foulées jusque-là. Votre discours novateur, lorsque vous êtes le premier à oser parler ouvertement du lien « non causal » entre viol et homosexualité, vous a parfois valu et des critiques et également très souvent des remerciements. Vous m’aviez confié, lorsque nous avons envisagé cet entretien, que vous vous sentiez d’un parti qui n’existe pas, catholique de gauche. Là encore, nous qui voulons instaurer la gouvernance partagée, nous nous sommes demandés si vous vous sentiez représenté politiquement et d’après vous, qu’apporte la foi en politique que la laïcité n’offre pas ? Et faites-vous partie des abstentionnistes ?

C’est moi qui vous remercie. Oui, à mes yeux, le vrai homme de gauche, c’est Jésus. Et quand je dis « la gauche », je parle de la gauche catholique : celle qui sert ET les pauvres ET le Christ. Pas du socialisme ni du marxisme ni du communisme, qui n’ont rien à voir – à part dans les intentions – avec la gauche, et qui sont des systèmes bourgeois qui rejettent l’Église. À cette gauche catholique, j’avoue qu’actuellement je ne lui reconnais pas de représentant politique. Peut-être, un jour, un roi l’incarnera (mais à mes yeux, il faudra qu’il soit impérativement catholique ET pauvre !). Aujourd’hui, le seul homme public de gauche auquel je m’identifie, c’est le Pape François. Mais je ne peux malheureusement pas voter pour lui (rires). Sinon, vous l’avez bien deviné, aux présidentielles de 2017, j’étais tellement dégoûté par le choix de candidats que je n’ai voté ni au 1er ni au 2nd tour.

La différence fondamentale entre la gauche et la droite,

à mon sens, c’est que la gauche met les pauvres avant les moyens pour les aider, alors que la droite s’axe sur les moyens d’aider les pauvres et sur les richesses à créer pour eux… et éventuellement, elle les redistribue après… mais ça reste très hypothétique ! Le catholicisme est incompatible, je crois, avec la droite, et encore plus avec l’extrême droite (même si les votants de ces partis sont les premiers à dire que ces derniers n’existent pas, ou à amalgamer la gauche avec le socialisme et le communisme pour la ridiculiser). Enfin, pour répondre pleinement à votre question, la foi en politique apporte précisément la laïcité (que sans doute vous confondez avec le laïcisme) : la laïcité, c’est Jésus lui-même. C’est pourquoi nous devons la défendre de tout notre cœur. 37


Homos égaux = Homos ego ? Dans votre quête d’égalité, pensez-vous que l’homosexualité au sein de l’église va jusqu’à la bénédiction des couples homosexuels par les prêtres ? Alors je vous arrête tout de suite (rires). L’égalité, je ne la recherche pas. Elle est une idéologie franc-maçonne extrêmement dangereuse qui plaît beaucoup aux néo-communistes libéraux actuels souhaitant uniformiser tout et tout le monde sous prétexte de justice et de liberté. Elle s’oppose radicalement d’une part à la Bible (la conception biblique du partage équitable n’est pas mathématique, quantitative, et est subordonnée au besoin objectif et nécessaire de chacun ; non à un principe égalitariste : « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. » cf. Actes des Apôtres, chap. 2, v. 44-45. En gros, on ne va pas donner à un bébé un gros morceau de viande au nom du « droit à tous de manger de la viande » !) et s’oppose d’autre part à la réalité concrète des différences (nous ne sommes pas tous égaux puisque nous sommes différents ! Et c’est heureux !). L’égalité est un mythe. Et un gouvernement avec un ministère dédié à « l’égalité hommes-femmes » (alors même que les hommes et les femmes ne sont pas égaux et n’ont pas vocation à l’être : sinon, où seraient l’amour et la complémentarité des sexes ?), ça s’appelle tout simplement une dictature. Eh oui : je suis en train de vous dire que le rôle confié à madame Schiappa est non seulement bidon mais dangereux pour notre Humanité. L’égalité homme-femme est défendue par des États néo-nazis (dans le sens d’« international-socialisme ») qui s’ignorent, et qui visent, inconsciemment ou non, l’extinction de l’Humain, paradoxalement au nom des « Droits de l’Homme » et d’une glorification de l’humanisme. Le mariage EST la différence des sexes (on ne marie pas des semblables sexués : on ne fait que créer des paires, pas des mariages), et cette différence des sexes, à l’image de l’Amour de Jésus pour l’Humanité, est une réalité surnaturelle et naturelle intangible à respecter. On ne peut pas décider du jour au lendemain qu’une pomme est une poire, quand bien même la loi l’autorise et travestisse les mots par pur nominalisme affectif. La sponsalité, la sacralité, la complémentarité et la conjugalité du couple homme-femme (je n’ai pas dit « hétéro » !) marié sont consubstantielles à la différence des sexes (sexualité) couronnée par l’Amour d’une part et à la différence Créateur-créatures (Jésus et l’Église Catholique) d’autre part. Les « couples » homosexuels disent parfois quelque chose de l’amitié, mais ne sont pas de la même substance que Dieu : ils ne peuvent donc en aucun cas être bénis ni être le signe tangible de l’incarnation de Dieu dans l’Humanité. Ils composent une parodie de sacrement, et même de couple et de famille. Et au fond, les « couples » homos les plus honnêtes et solides que je connais le reconnaissent humblement. Ce ne sont pas eux qui demandent le « mariage » ni des pastiches de rituels religieux. 38


Pensez-vous qu’il y a une égalité de traitement entre les religions en France ? Non. Car les religions sont différentes. Mais surtout parce que le catholicisme, par sa vulnérabilité d’Amour, est plus facilement attaquable que l’islam (qui socialement fait peur et terrorise plus qu’il n’aime) et que le judaïsme (très lié au pouvoir mondain et à l’argent, donc qui constitue une religion à choyer). Le catholicisme, le vrai, repose sur la pauvreté, le pardon, la non-vengeance, et sur un Dieu (= Jésus) qui s’est abaissé jusqu’à mourir sur une Croix : c’est donc la proie idéale. On embête beaucoup moins, socialement, les juifs et les musulmans, même si l’antisémitisme et l’islamophobie, malheureusement, existent aussi. J’en sais quelque chose ! J’ai perdu mon métier de professeur d’espagnol en 2012 uniquement parce que je me suis opposé au « mariage gay » et parce que je suis catholique. Nous vivons dans une société où la laïcité – transformé en laïcisme – est un anticatholicisme déguisé, et où la gay friendly attitude est une homophobie déguisée. Il est très mal vu d’être catholi-

que pratiquant et d’être homosexuel abstinent pour Jésus, je peux vous le certifier ! 39


Homos égaux = Homos ego ?

Pourquoi avoir choisi le métier d’enseignant et qu’en pensez-vous aujourd’hui ? J’avais choisi ce métier parce que j’aime les gens et surtout les élèves. J’ai aussi un côté très joueur, empêcheur de tourner en rond. Et l’analyse critique de notre époque m’a toujours passionné. J’adore la faire partager. Malheureusement, aujourd’hui, avec l’invasion des réseaux sociaux, le flux continuel d’informations, mais également le culte mondial des différences (qui paradoxalement nie les différences réelles) et de lutte contre les discriminations, il est devenu extrêmement difficile d’être prof. Une peur tenace de la délation et de la réflexion s’est installée. Dans l’Éducation Nationale – que j’ai rebaptisée pour rire « l’Éducation Nazionale » -, il n’est presque plus possible d’aborder avec les élèves les thèmes les plus constitutifs de la personne humaine et du bonheur de celle-ci, à savoir la politique, la sexualité et la foi. Même quand nous ne sommes pas prosélytes en cours, une chape de plomb s’abat sur nous, enseignants, dès que nous effleurons ces trois domaines ou que nous avons des engagements extérieurs à notre boulot, en lien avec ces derniers. Être prof et catholique, ça ne passe pas. Tenir un blog et écrire des livres sur l’homosexualité, ça ne passe pas non plus ! Au nom du « devoir de réserve » ! Vous savez, ce fameux devoir de réserve qu’on prétexte également aux policiers pour les stériliser et les empêcher d’exercer correctement et librement leur métier. Maintenant, si tu veux être prof et ne pas être embêté, tu dois faire profil bas, ne défendre que les banalités de l’antifascisme moralisant actuel, tu ne dois avoir aucune prise de position sociale, politique, intellectuelle, religieuse. Neutralité neutralité ! Je n’exagère même pas ! La préférence est interdite. Sale temps pour les différences. Notre monde tient plus au « droit à la différence » qu’à la différence concrète.

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L'école est-elle selon vous institutrice de l'égalité des droits ? De quoi selon vous le principe d'égalité des chances à l’école est-il le révélateur ? L’école, dans l’idéal, devrait être préceptrice de la Vérité d’Amour qu’est Jésus. Quant au principe d’égalité (tout court) et de l’égalité des chances (ensuite), son existence est à mon avis le révélateur d’une uniformisation inquiétante de la population mondiale, d’une virtualisation des lois humaines, et d’une inflation des égos. Au nom du « droit », des « chances », la singularité des situations est bien souvent niée au profit d’un légalisme émotionnel hystérique, la réalité des faits et des personnes est déformée ou n’est plus reconnue. Le droit et la chance, quand ils ne reposent plus sur le Réel (et le plus réel des réels, c’est Jésus) mais sur la bonne intention, sont l’autre nom des fantasmes générés par les systèmes totalitaires. Non, nous n’avons pas tous les droits ni toutes les chances. Et fort heureusement : sinon, c’est l’anarchie. Que pensez-vous de la sélection génétique des embryons ? En Chine un institut porte le nom de Watson, ce prix Nobel codécouvreur, avec Francis Crick et Rosalind Franklin, de la structure de l’ADN, rejeté par la communauté scientifique, pour avoir tenu des propos racistes et homophobes. Comme ce fut déjà le cas dans le passé, on cherche encore et toujours à découvrir une cause génétique à l’intelligence, mais aussi à l’homosexualité, ce qui dans un premier temps sera fort apprécié si c’est le cas par la communauté, risque dans un second temps d’être un critère d’exclusion pour les parents qui ne voudront pas avoir un enfant gay. La disparition de l’homosexualité dans le monde l’avez-vous déjà envisagée ? Et si un jour ce combat se dresse devant vous, avez-vous une idée du camp dans lequel on vous trouvera ? Effectivement, toute tentative d’essentialisation de la tendance homosexuelle s’est révélée au cours des siècles très dangereuse, et s’est retournée contre les personnes qu’elle était censée défendre. La croyance en la pseudo « identité » homo est un eugénisme qu’il faut combattre. En revanche, j’essaierai toujours de me mettre du côté des personnes homos, non d’abord du fait de leur homosexualité (même si c’est un « plus » indéniable, une connivence que nous partageons et qui me tient à cœur), mais du fait qu’elles sont surtout mes amies. Quant à la disparition définitive de l’homosexualité de la surface du globe, votre question est saugrenue, mais je l’envisage, bien évidemment. Et je crois qu’elle coïncidera avec l’arrivée prochaine de Jésus-Christ, qui libèrera définitivement le monde de toute peur, donc de l’homosexualité qui est par définition la peur de la différence des sexes. Alors oui, cette éradication figure au programme planétaire, et n’est absolument pas – je vous rassure – synonyme de notre éradication à nous, personnes homos, qui sommes au contraire appelées à vivre éternellement et en amitié profonde avec Jésus. 41


L´égalité ! Qu´en pensez vous ?

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Conseiller Défense Jeunesse

Voilà un grand et vaste sujet qui doit concerner tout le monde.

Du plus haut sommet de la pyramide à la base.

Nous sommes égaux en droits et devoirs. Mais, voilà, depuis un bon moment l’égalité perd de son sens… Il suffit de voir les informations, de regarder autour de soi, d’observer son entourage pour constater que l’égalité n’est pas toujours là. Dans le monde du travail, dans la vie au quotidien, dans les soins, et dans bien d’autres domaines que l’on ne pourrait pas tous les citer… Nous devons nous mobiliser pour que ce grand et beau mot qui est l’ÉGALITÉ reprenne toute sa valeur.

Nous devons prendre conscience que tous ensemble nous avons le pouvoir de faire bouger les lignes face à certaines personnes qui surtout ne veulent pas en entendre parler. L’égalité doit être à tous et à toutes, que l’on soit vert, rouge, violet, jaune, car nous sommes tous des enfants de la Terre. Alors oui, l’égalité doit exister et pour cela soyons plus que jamais UNIS. N’oublions pas ceux et celles qui ont sacrifié leur vie pour cela.

Seul on va plus vite, mais unis et ensemble nous allons plus loin. Quand pensez-vous ?

Guillaume Gallet 43


Et si c'est possible...

Il est très difficile de parler de L’Égalité sans tomber dans le bavardage idéologique susceptible de flatter l’auditoire du Moment. Toutefois, on se doit d’apporter un correctif aux exubérances de l’utopisme. Je pressens la faillite de ce noble projet, lorsque dans un monde devenu entièrement spéculatif, les dirigeants nous rejouent la partition de l’égalité réelle. Égalité réelle que je définis dans mon livre « Perpétuité », comme « la possibilité pour chaque nouveau-né d’œuvrer pour le statut social auquel il aspire » [1]. Michel Rocard avait eu cette prédiction : « L’égalité juste sera une épreuve pour toute démocratie ». Le désordre économique, financier, intellectuel international affaiblit l’économie réelle en creusant un fossé béant entre les « gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien ». L’énonciation suivante va faire vibrer la fibre morale chez la plupart d’entre nous : « 82 % des richesses créées dans le monde en 2017 ont été captés par 1 % des plus riches. Loin d’être des créateurs, ces milliardaires sont d’abord des héritiers, ou des personnes en situation de captation des rentes monopolistiques à leur profit » [2]. Il se trouve ici que le contrat initial de nos sociétés modernes a perdu sa substance équitable. L’égalité formelle est prise au piège de la géométrie variable. Pour pallier au manque de réflexions sérieuses sur le sujet, qui tourmente et fatigue les âmes, les experts réagissent comme si les humains n’étaient qu’une masse biologique interchangeable. Nous voilà d’un coup précipités dans l’espace néo-fordisme où la fabrication de masse de comportements standardisés conduit au sentiment de « mêmeté » volontairement associé à l’égalité. Le glissement sémantique dans la désignation des citoyens par « les ressources humaines » confirme la mutation. L’Humanisme est dans un coma dépassé, et c’est la consécration de la priorité universelle du moyen sur la fin. À partir de là, une nouvelle lecture du monde s’impose pour que le sentiment d’un certain progrès vers l’égalité comme un régulateur du meilleur fonctionnement de la société reste possible. Mais nul ne peut soigner un mal dont il ignore l’existence. Cette indifférence voire ignorance à l’économie quasi culturelle menace le fondement d’une égalité parmi les Hommes. Nous portons tous pourtant en nous, une préférence fondamentale pour la justice et l’équité. Néanmoins, notre vocabulaire et nos moyens techniques sont limités face au système financier qui a réussi son O.P.A sur l’ensemble de la planète. Les élites initiées se servent de cette posture pour promouvoir des idées et des normes favorables aux intérêts économiques et politiques des privilégiés. Tels que la « Méritocratie », ou encore le fameux : « Travailler plus, pour gagner plus ». Ainsi, on remarquera que les choix de nos politiques sacrifient souvent le bien-être public. Or, l’idée que nous devons tous coopérer en veillant à ce que chacun effectue sa juste part de travail et reçoive sa part équitable de provisions paraît si manifestement évidente qu’on a envie de dire que nul ne saurait manquer de la faire sienne, à moins d’avoir quelque raison corrompue de s’accrocher au présent système. Incompétents et irresponsables, nos dirigeants s’attellent a contrario à inventer de nouvelles formes d’égalitarisme pour rester dans la course progressiste. 42 44


Conseillère Politique Marie Mavande

Dernière en date : « la neutralité des genres » qui nie la différence entre Homme et Femme.

Monsieur ou Madame si joliment déployés pour servir la politesse est supplanté par la valeur X. Rappelons pour la forme que le contraire de l’égalité n’est pas la différence, mais l’inégalité. La notion d’égalité porte sur un rapport aux droits et au pouvoir (juridiquement parlant, mais aussi socialement et culturellement). Force est d’avouer, lorsqu’on sort des sentiers illusionnés, l’égalité devant le droit n’est pas toujours synonyme d’égalité devant le juge. Le monde reste encore bloqué dans la stérilisation du passage à l’acte qui enlèverait toute légitimité hégémonique à certains ratés intellectuels qui sont placés génétiquement sous le signe du privilégié. Est-ce parce que notre société est de plus en plus inégalitaire que nous sommes si friands d’égalité ? Ou au contraire parce qu’elle est devenue tellement égalitaire que toute supériorité s’avère intolérable ? Comme l’analysait Tocqueville, plus l’égalité s’installe dans les mentalités, moins l’on peut tolérer la petite différence qui nie la règle générale. L’aisance des uns apparaît aux autres comme une spoliation, tandis que toutes les personnes modestes deviennent des « victimes ». Les réformes sont impossibles parce qu’elles sont rejetées par « le peuple », qui ne trouve aucune raison valable de voir ses conditions de vie se dégrader sans garantie que ce sacrifice sera justement récompensé. Comme toute politique est toujours en un sens une politique du pouvoir, cette solidarité situationnelle des puissants risque de perdurer et par des mesures de propagandes savamment déployées, nous faire admettre comme norme, que l’inégalité est productrice de Richesses. Une révolution politique ne changerait les données du problème qu’à condition de reproportionner les dépenses d’État à la richesse réellement produite, et de ramener l’intervention de ce dernier vers des ambitions plus réduites. Dans un certain sens, nous devrions renouer avec la dimension sociale et retrouver l’axe du dialogue contractuel. On ne peut accepter plus longtemps de vivre en démocratie sans le fer qui la forge : l’égalité. Le monde est une combinaison entre idéalisme et réalisme, et même si la théorie ne crée pas la pratique l’inverse reste vrai.

On peut donc avoir le rêve de la justice et du bien commun pour que s’harmonisent les intérêts des classes. 1] Perpétuité, Marie MAVANDE — Ed Société des écrivains -2017 [2] Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent — Oxfam — janvier 2018

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L´égalité et le Libéralisme

Un conflit

de Masse d´air

Guillaume Chatelain Conseiller question numérique et moralisation politique

Cette fin de printemps orageuse

donne volontiers envie de s’adonner à une métaphore météorologique. Prenez les courants chauds : créés par le soleil, symbole d’un bien commun – l’Éducation Nationale – qui nous envoie sa lumière à la fois onde (esprit, culture) et matière (les professeurs qui nous enseignent), ils viennent échauffer nos petits esprits et nous mettent en mouvement. Nous nous agitons, nous nous excitons et nous nous libérons telles de délicates volutes dans la belle atmosphère qu’est le travail qui organise notre existence ; pourtant, il arrive que notre situation s’ennuage, crée des poches d’humidité voire des orages lorsque nous nous heurtons à des courants plus froids, les courants libéraux. Oh, parfois ceux-ci ne diffèrent pas sensiblement en température (et tempérament) de nous, ce qui forme de très jolis et discrets cumulo-nimbus indispensables afin d’éviter une situation trop morne et un soleil de plomb ; mais il arrive qu’ils soient très différents et là, c’est inévitable, les conflits de masse d’air – on parlait il y a encore peu de conflits de classes – surviennent. Parlons-en de ces courants froids : par définition ils nous sont étrangers, ces courants constitués de personnes morales que sont les organisations et entreprises. Ils sont au-dessus de nous, et même en nous associant nous ne pouvons pas vraiment leur résister. Et au lieu de réfléchir à comment s’en protéger, on s’y dérobe, les chantres du libéralisme créant de jolis appels d’air annonciateurs d’un climat bientôt tempétueux.

Bonne lecture 46


Une preuve récente de cette volonté de laisserfaire ? Le ministère de l’Économie du Luxembourg – le vrai gouvernant du pays vu le poids de la finance dans le PIB, plus de 50 % –s’est très récemment déclaré hostile au projet égalitaire de taxation de 3 % sur le chiffre d’affaires réalisé par les géants du numérique, les “ GAFA ” [1]. Alors que son homologue français Bruno Le Maire s’est échiné depuis plus d’un an à créer une cohésion européenne sur le sujet, voilà que M. Gramegna cherche à gentiment et savamment déconstruire un des rares projets consensuels européens, au nez et à la barbe des citoyens, prétextant la soi-disant “ impréparation ” juridique du texte : ne jouons pas aux “ apprentis sorciers ”, comme si toute mesure allant dans le sens du bien commun était assimilable à de la sorcellerie. Et tant pis, si celui-ci avait toujours été annoncé comme mesure temporaire : mieux vaut ne rien faire, que de faire quelque chose a minima. Restons dans la politique de l’autruche, il paraît que ça favorise l’investissement et l’arrivée de milliards dans le pays. Une impuissance assumée et revendiquée de ne pas chercher à faire émerger des acteurs locaux qui contraste avec l’amour que voue le pays à l’Europe.

Revenons justement à l’inégalité entre les grands de ce monde, et les petits qu’ils soient indépendants ou salariés à travers une anecdote personnelle. Il se trouve que je suis en litige contre un grand employeur intérimaire, parce que ce dernier n’a pas respecté la convention collective : il n’a pas reconnu ma compétence pour le poste ce qui m’amène à faire valoir mes droits en justice. Malgré mes efforts de manifestation de la vérité, et ma demande à la présidente de démêler le vrai du faux, j’ai été condamné en première instance. Pourquoi ? Car j’ai insuffisamment prouvé aux yeux de la présidente en quoi j’avais la compétence pour le poste. Aurait-elle cherché à demander à mon ancien responsable si j’avais la compétence nécessaire ? Ç’aurait été trop facile. On a beau prendre un risque fou d’attaquer une grande entreprise qui pourrait nuire à notre réputation, perdre du temps en justice à faire les démarches, rien n’y fait : la justice ne va jamais chercher très loin, elle désavoue souvent les petits justiciables contre les grandes entreprises. Malgré tout, tant qu’il y a des recours ne vous avouez jamais vaincu, indignez-vous contre les attaques, tant à votre encontre qu’à celles envers le bien commun. J’ai fait appel, et me plais à penser en ce moment à David terrassant Goliath. [1] Expression désignant les grandes entreprises du web et du numérique

Guillaume Chatelain 47


L’affaire Skripal

Recherche

de la vérité

Ne peut-on pas attendre Alexandre mieux de l’Angleterre ? Balouin Samper Conseiller Géopolitique

Pendant plusieurs semaines, l’affaire dite «Skypal» du nom de cet

ancien agent du renseignement militaire russe ayant agi pendant longtemps pour le gouvernement britannique qui, avec sa fille, ont été retrouvés inconscients en Angleterre à cause d’une substance chimique a défrayé la chronique. Une hystérie médiatique s’est enclenchée contre le gouvernement russe et son chef, Vladimir Poutine, ce dernier étant directement accusé par le ministre des Affaires étrangères et le Premier ministre britannique d’avoir commandité l’assassinat par l’arme chimique de cet ancien agent russe ayant trahi la Russie. La question est évidemment de savoir : qui croire ? Et malheureusement pour les démocraties occidentales se prévalant de l’État de Droit, les preuves avancées par le Gouvernement britannique sont loin d’être suffisantes et feraient honte à toutes les polices, qui plus est dans le pays de Magna Carta et de la Common Law. En effet, Gary Aitkenhead, directeur du Laboratoire de Porton Down, laboratoire britannique spécialisé dans ces questions, a confirmé que l’agent toxique est bien ce fameux «Novichok», mais il est impossible de confirmer sa provenance. Le laboratoire affirme aussi que cet agent toxique aurait aussi pu être produit ailleurs qu’en Russie. Néanmoins, ce même laboratoire en 2016 avait déclaré dans une publication scientifique que « les indices de l’existence éventuelle d’un tel produit sont quasi inexistants » [1] et en 2013, dans un rapport publié [2], cette organisation s’était déclarée incapable d’identifier l’existence de cet agent toxique). Enfin, le 27 septembre 2017, l’Organisation pour l’Interdiction des Armes chimiques (« OIAC ») avait vérifié la destruction du programme chimique russe et la Russie avait même reçu les félicitations officielles de son directeur général ! Information totalement passée inaperçue pour les journaux occidentaux de l’époque. Qui plus est, une réunion devant l’OIAC a eu lieu le 18 mars 2018. L’OIAC n’a pas donné le nom de l’agent toxique et n’a pas établi la provenance de Russie. Et pourtant, le ministre des affaires étrangères britannique dans un entretien avait, deux semaines avant la communication du laboratoire britannique, affirmé que ce produit chimique ne pouvait être produit qu’en Russie, établissant ainsi la culpabilité presque irréfragable du Gouvernement russe de tentatives d’assassinat par arme chimique sur le sol britannique.

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Mais « plausible » est-il suffisant ? Le Gouvernement russe a proposé de participer à une enquête internationale, mais le Gouvernement britannique a, sans hésitations, refusé cette offre. Or, si le Gouvernement britannique respectait ses propres conventions internationales signées, donc son propre Droit, c’est pourtant ce qu’elle aurait dû faire.

photo © Carole Vilbois

D’ailleurs,

le premier tweet publié du ministère des affaires étrangères britannique, affirmant que cet agent toxique avait été clairement identifié par les services de renseignements comme provenant de Russie, a depuis été supprimé. Que penserait n’importe quel policier expérimenté, juge indépendant ou enquêteur de cela ? Imaginons un moment que le Gouvernement britannique avait les preuves de l’implication de l’État russe, ou même seulement de l’origine géographique de la production de cette arme chimique. Il aurait très probablement affirmé haut et fort que le produit avait été fabriqué en Russie.

Environ 150 diplomates ont été expulsés depuis 26 pays en conséquence de l’accusation britannique, même s’il est intéressant de noter une lente mobilisation et que ces mesures sont exclusivement symboliques. Or, certains pays européens se sont abstenus. Cette affaire semble ainsi révélée la position anti-russe de certains dirigeants européens. Washington, Berlin, Paris et Londres estiment que la responsabilité de la Russie (comprendre Vladimir Poutine) est la seule « plausible ».

En effet, Londres n’a pas suivi la procédure de la convention internationale sur l’interdiction des armes chimiques (dans son article IX.1). Ainsi toutes les informations auraient dû être partagées sans délai par les deux Gouvernements. Or, le Gouvernement britannique a refusé de fournir un échantillon de ce produit chimique à l’OIAC. En somme, un pays accuse un autre pays d’avoir utilisé des armes de guerre sur son territoire. Sans aucune preuve matérielle apparente. Dans un monde parfait, l’affaire aurait dû être résolue devant l’OAIC et non pas par médias interposés avec expulsion de diplomates. Force est donc de constater que le Gouvernement britannique ne respecte pas les traités qu’il signe (dans le cas d’espèce). L’existence de cet agent toxique a été rendue publique uniquement par un seul dissident russe, vivant désormais aux États-Unis, ancien chimiste militaire, en 2007 dans un livre (accessible à tous sur amazon.com) dans lequel il livrait la formule. Ces révélations n’ont jamais été confirmées.

Le timing est pour le moins suspect,

ainsi que le soutien quasi unanime des médias britanniques. Or, malheureusement, la plupart des pays ont des antécédents de mensonges et de manipulations effectués au nom de la raison d’État. Cela fait malheureusement penser aux armes de destructions massives de l’Irak que l’on cherche toujours, les faux témoignages dans l’affaire des couveuses de Saddam et à bien d’autres manipulations. 49


L’affaire Skripal Recherche de la vérité

Ne peut-on pas attendre mieux de l’Angleterre ?

Pierre Joxe, alors ministre de la Défense, raconte que des généraux américains étaient venus lui montrer une ligne de chars avançant au Moyen-Orient vers un autre pays de manière agressive, mais ces généraux avaient apporté une carte à l’envers... Serait-ce un autre bel exemple de la fabrique du consentement théorisée Noam Chomsky [3] ?

Ironie de l’histoire, le Royaume-Uni a dans son histoire déjà porté des accusations, dont on sait aujourd’hui que les décideurs de l’époque connaissaient l’absence de véracité de ces accusations. Outre la guerre en Irak, un épisode de manipulation politique où le Gouvernement britannique accusa à tort le Gouvernement russe, est la lettre de Zinoviev, faux document fabriqué par les conservateurs britanniques lors des élections politiques dans les années 1924 pour assimiler les travaillistes britanniques avec la peur communiste. 70 ans après il est avéré que c’était un faux. À l’époque aussi les Soviétiques avaient demandé une enquête indépendante et les conservateurs britanniques avaient refusé. Mais c’était une autre époque.

Mais dès lors, à qui profite le crime ? Ce Russe, espion britannique avait été condamné à 13 ans de prison en Russie. Il est incontestablement ce que l’on appelle un « traître » à son pays. Il est quand même intéressant de noter que cet agent russe a commencé à collaborer avec le renseignement britannique après la chute de l’URSS, vraisemblablement pour des considérations financières. Vladimir Poutine, probablement occupé dans la gestion de plusieurs crises, dont toutes les personnes qui l’ont rencontré affirment qu’il s’agit d’un homme intelligent, pouvait-il, à deux semaines avant des élections, s’engager dans une action aussi grave ? Pourquoi abattre ce traître deux semaines avant les élections alors que l’occasion existait pendant 12 ans et qu’il ne constituait vraisemblablement pas une menace pour les intérêts russes ? Car cet espion a quand même été jugé, condamné et enfermé des années dans une prison russe. Enfin, il n’est pas interdit de penser que le Gouvernement russe savait les risques et conséquences d’une telle opération, et notamment la tempête médiatique qui en découlerait. De plus, ce n’est pas un quelconque poison qui a été utilisé, mais bien une véritable arme de guerre qui a contaminé dans un premier temps environ vingt et une personnes. Si le Gouvernement russe souhaitait assassiner une personne - pratique qui a bien existé dans le passé et dont on imagine que si la France le fait, la Russie s’y emploie aussi - cette méthode serait-elle employée ? Le mobile d’une vengeance par le gouvernement russe, s’il reste naturellement possible, semble léger au vu de la gravité des faits. Néanmoins, cette option ne peut pas être exclue. Serait-ce une nouvelle stratégie de la tension ou une opération sous faux drapeau ? Ne peut-on pas envisager la possibilité, seulement la possibilité, que cette opération émane d’une autre organisation ? Or, là encore malheureusement, d’autres mobiles – et donc candidats - sont possibles. Qui aurait intérêt à une manipulation ? 50


Serait-ce l’actuel Gouvernement britannique ? Il est certain que le Premier ministre apparaissait comme faible et gérant lamentablement le « Brexit ». Apparaître comme une nouvelle Dame de Fer et faire oublier les autres problèmes et dossiers en cours est indubitablement un avantage certain en matière d’ image politique. Pour autant imagine-t-on le Premier ministre ordonner une telle opération ? Difficile à croire à première vue. Mais, une récupération politique de la situation est possible. Serait-ce Israël dans sa lutte contre la Syrie et l’Iran, alliés objectifs de la Russie ? Il est désormais connu et documenté qu’Israël a une capacité d’influence – même s’il est difficile d’estimer à quel degré, celle-ci étant d’ailleurs souvent exagérée - sur la politique étrangère américaine.

Le Gouvernement américain actuel suspecté de collusion – et même de victoire électorale - avec le Gouvernement russe, qui perd aussi en influence au Moyen-Orient au profit de la Russie, et notamment de l’un de ses alliés historiques et très stratégiques, la Turquie, dont il est cocasse de rappeler que c’est un pays membre de l’OTAN, n’a-t-il pas également un intérêt à accuser le Gouvernement russe ? Serait-ce aussi des acteurs non étatiques ? Condoleezza Rice affirmait avant les attentats du World Trade Center qu’un acte terroriste ne pouvait émaner que d’organisations liées à des États. Or, ce n’est pas le cas. Il pourrait s’agir de mafias, ou d’oligarques (Russes ou autres). D’ailleurs beaucoup de matériels militaires ont été pillés à la chute de l’URSS (comme le montre le film Lord of War ou le roman sur ce thème, le Roi

Toutes ces options sont possibles et parfois plausibles. Mais, cela reste uniquement des vues de l’esprit. Pour autant, la piste d’un assassinat commandité directement par Vladimir Poutine, sans ou avec faible mobile, avec une exécution aussi mauvaise, un timing aussi troublant, sans compter l’existence d’autres mobiles et le passif de « fake news » et de manipulations de la part du Gouvernement britannique ainsi que la situation politique difficile de ce même gouvernement, le non-respect de la procédure du contradictoire, pourtant principe sacro-saint des valeurs de l’Occident, le non-respect de la convention internationale contre les armes chimiques, ajouté à cela l’hystérie médiatique, commandent au minimum de douter de la version officielle apportée par le Gouvernement Britannique. Enfin, les Gouvernements britannique et français ont appelé à un renforcement de la lutte contre les armes chimiques, le dimanche 29 avril, jour anniversaire de cette fameuse convention contre les armes chimiques, alors même que le Gouvernement britannique ne l’a pas respecté !

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Ne peut-on pas attendre mieux de l’Angleterre ?

Deux fois d’ailleurs en n’utilisant pas la procédure de la convention et en refu-

sant au gouvernement russe de faire respecter la procédure du contradictoire. Qui donne la leçon doit l’exemple... Face à ces accusations envers le Gouvernement russe, la France, membre de l’OTAN et allié militaire privilégié du Royaume-Uni, a clairement soutenu le Gouvernement britannique contre le Gouvernement russe. En effet, les liens sont relativement forts entre les deux pays. Début janvier dernier, les chefs d’État des deux pays se sont rencontrés à l’académie militaire britannique pour renforcer l’entente très cordiale déjà existante sur la Défense. Cette coopération militaire est renforcée depuis le traité de Lancaster House de 2010 prévoyant un embryon d’armée et d’industrie commun. Le Royaume-Uni, malgré la fatigue de son armée depuis l’intervention en Irak, reste le seul partenaire militaire crédible en Europe pour la France. Mais soutenir l’accusation britannique était-ce la bonne décision ? La France avait heureusement dit « non » à la guerre en Irak en 2003, mais il est vraisemblable que le renseignement français avait clairement la preuve de l’absence d’arme de destruction massive lors de la prise de décision. Or, quelles preuves détient la France dans l’affaire «Skrypal» ? Soit elle en détient et elle ne les communique pas, mais dans ce cas pourquoi se priver d’éléments consolidant sa position ? Sinon, en l’absence probable de tels renseignements, puisqu’il faut choisir son camp, que le Premier ministre britannique a appelé tous ses alliés à réagir fermement, et que ne pas s’engager auprès de l’allié britannique est probablement un désaveu, le Gouvernement français peut en effet soutenir son allié, mais uniquement par des communications et avec le moins d’agressivité envers le Gouvernement russe (s’agirait-il d’un autre gouvernement qu’il faudrait adopter la même attitude). En somme, c’est le soutien minimum qu’il faut adresser à notre allié jusqu’à connaissance de nouvelles preuves. Talleyrand avait jadis cet aphorisme qu’il nous

semble aujourd’hui, dans ce monde multipolaire en devenir, important de respecter : « En matière de diplomatie, il faut être bien avec tous (les pays) et mieux avec certains ».

Alexandre Balouin Samper

[1] Robin Black. (2016) Development, Historical Use and Properties of Chemical Warfare Agents [2] Rapport publié par un comité scientifique comprenant des Russes, Américains, Français, Allemands et des Anglais [3] Noam Chomsky et Edward Herman, Manufacturing consent – La fabrication du consentement – Ed Agone

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Nos paroles sont #Libres Nos actes sont #Fraternels Nos pouvoirs #Égaux

Notre démocratie intégrale Nous sommes

#Unité* www.l-unite.fr

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Demain Nous serons égaux Par

Benoit Lamothe

Consultant Stratégie

Je souhaiterais explorer cette valeur qu’est l’égalité,

constitutive de la dignité de l’homme et universelle, puisque tout être humain doit pouvoir en disposer. Et c’est la grandeur de notre nation d’avoir cité l’égalité comme un principe fondateur de notre société et l’avoir inscrite dans notre devise. En tout cas en France, nous sommes communément d’accord que les citoyens sont égaux entre eux. Cependant, l’actualité médiatique tout autant que la vie quotidienne mettent en évidence que « certains sont plus égaux que d’autres », comme l’écrivait Georges Orwell. Il suffit d’être au pouvoir, d’avoir des réseaux, un statut, de l’argent, de la célébrité, des moyens de pression pour que les règles ou les contraintes s’assouplissent, se contournent, s’oublient ou disparaissent. On rétorquera qu’il y a toujours eu des puissants au-dessus des lois. Oui, mais cela était assumé par la distinction de classe ou dissimulé. De nos jours, le déballage incessant de l’information fait que tout peut se dire et que, jour après jour, les scandales font suite aux affaires et laissent le citoyen résigné, écœuré, fataliste. Oui, l’égalité est battue en brèche par certains qui par la position que la société leur octroie devraient agir pour renforcer cette égalité, fondement de notre mode de vie, qu’ils soient censés servir ou remercier. La société française ne pourra rester en paix si cette égalité n’est pas rétablie par la justice, due à chacun sans distinction aucune. Là aussi, il y aurait à dire sur la manière de rendre la justice, aussi bien par l’appareil judiciaire qu’au quotidien, car ceux qui ont du pouvoir ont évidemment les moyens de peser sur l’action de la justice. Nous sommes donc dans un système verrouillé qui montre ses limites. L’histoire longue nous signale qu’une telle situation appelle toujours un changement de modèle.

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Justement, parlons-en. Au cours de mon expérience professionnelle des deux dernières décennies, basée sur l’écoute des évolutions des usages et pendant ces dernières années, vivant une transition personnelle qui m’a conduit à effectuer une relecture de l’histoire et de la politique contemporaines avec ses implications stratégiques et économiques, puis à approfondir les nouveaux courants de pensée, j’estime qu’au sein de la population française émerge une profonde aspiration à réinvestir l’espace de la décision et à écrire un autre futur que celui que l’on nous présente comme inéluctable. L’intérêt et la mobilisation que suscitent l’écologie locale et planétaire, l’émancipation des pays émergents de la tutelle occidentale, l’économie relocalisée avec sa monnaie et ses circuits courts d’alimentation, l’utilisation de médecines dites alternatives ou naturelles, le besoin de spiritualité, etc. nous renseignent sur ce mouvement de fond, encore minoritaire, mais pourtant porteur de sens pour ceux qui y participent. Sur le sujet que j’explore, celui des entreprises, je peux témoigner de l’évolution manifeste des dirigeants pour rechercher collectivement avec leurs partenaires et leurs salariés les solutions de leur avenir. De même, des organisations professionnelles comprennent que l’existence de leur filière requiert d’en rassembler les acteurs, c’est-à-dire les partenaires et les concurrents, pour définir de nouvelles modalités de fonctionnement acceptées et partagées par chacun. Les élus, quant à eux, tendent une oreille attentive vers ces approches, même s’ils sont réticents à lancer des concertations citoyennes, dont ils ne peuvent pas prévoir les conséquences. Ces aspirations se concrétisent notamment par la mise en œuvre de formes actualisées d’agoras, ou chaque personne qui y est conviée, égale aux autres, apporte librement ses commentaires, ses objections, ses idées et bien entendu écoute ce que les autres protagonistes ont à dire. De ces forums participatifs émergent alors des solutions communes qui dépassent largement ce que chacun individuellement aurait pu imaginer. Les participants, surpris par la puissance des solutions émises par leur action collective, prennent conscience de leur capacité à produire de la décision et sont enclins à poursuivre ce processus aussi bien sur le plan individuel que collectif. Avec l’expérience de ces agoras, je perçois que les participants, quelle que soit d’ailleurs leur position hiérarchique ou sociale, se réapproprient le droit de décider et se sentent ensuite responsables pour transformer cette décision en actions concrètes. N’est-ce pas là le rôle d’un citoyen, tel que défini par les Grecs et cheminant au cours de l’histoire et parvenu jusqu’à nos jours ? Notre monde est entré dans une mutation inéluctable au regard des défis qui se dressent en travers de notre futur, et c’est pour cela que des citoyens, chaque jour plus nombreux, comprennent que cet avenir dépend de leur engagement personnel à changer de modes de vie, donc à peser sur les décisions qui concernent la collectivité et à ne plus s’en remettre exclusivement aux gens de pouvoir qui, croyant être plus égaux que les autres, décident seuls. Alors que cette prise de conscience se confirme, les moyens de réappropriation de la décision par les citoyens se précisent et se déploient. N’est-ce pas la confirmation que l’égalité est un principe universel, auquel aucun système politique ne peut se soustraire ?

Benoit Lamothe

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L’égalité, le biologique et le transhumanisme Koceila Chougar

L’égalité et l’identique ont toujours été des moteurs et des freins sociaux pour l’Homme. Ces concepts ont souvent marqué

la psyché collective. L’Humanisme, le Capitalisme, le Marxisme et bien d’autres courants de pensée ont été jugés au travers de ce prisme égalité. Les citoyens, les esclaves ou les maîtres sont des statuts définissables depuis ce critère nommé égalité. Un citoyen ou un maître est bien plus égal, en droits, richesses ou en liberté qu’un esclave. L’égalité, critère de dignité s’oppose au naturel, au sauvage, au faible et au brutal. Les civilisations dites humanistes, démocratiques ou spirituelles ont essayé de cultiver ce pilier égalitaire et civilisé.Quand est-il de cette inégalité de fait ? L’Homme en mouvement reste un homme vivant donc actif au risque de bousculer les plus faibles ?

La Nature a depuis toujours perverti sa nature profonde. Que ce soit la maladie, la

pauvreté ou la mort, ces états concepts ont fait apparaître une nature faible et une chair meurtrie. Qu’elle le touche lui ou ses proche plus faibles. Tout le monde y passe ! L’inégalité, l’empêche de vivre seul ou en société. Elle lui ôte tout ce qui lui semble cher. L’inégalité est un sujet de rébellion et de révolte. Il la combat activement par la science, la morale et toute une batterie de sciences. Les inégalités soulèvent les peuples, font chuter les puissants et couronnent les héros. Les civilisations se bâtissent avec ou contre celle-ci. En bref, que l’inégalité se domestique et que l’égalité se cultive, elles sont omniprésentes.

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Conseiller Politique Appliquée au Web et aux nouveaux champs qu’ils ouvrent, l’inégalité devient plus subtile. Terrain d’expérimentation pour l’image, le numérique, le soi, la communication et la perception, le Web ouvre de nouveaux continents à explorer. Le monde est à portée du Doigt ! D’un mouvement ou d’un coup de scroll, il nous est possible d’être enfin connecté au monde, au Grand World Wild Web, et cela en toute simplicité. Avec l’avènement de l’informatique et de l’internet, les hommes se sont rapidement retrouvés interconnectés. La brutalité des images et la violence du réel ont fait émerger aux yeux de tous de nouvelles inégalités liées à notre système. Les images traversent la planète en quelques secondes sans censure ni effets spéciaux. Le numérique, outil fait de nombres, de programmes, d’algorithmes et de circuits imprimés a su bousculer l’humanité tout entière. L’informatique et les télécommunications ont créé en quelques décennies un réseau neuronal permettant à l’humanité de penser, ressentir et réfléchir à l’unisson au risque de muter violemment! Un réseau, et tout ce qu’il a de plus complexe, est né. Il a développé ses propres codes, ses propres groupes et son propre langage. Les grandeurs physiques liées aux distances, aux caractères et aux limites s’en sont retrouvées changées. Notre réel a muté !


Nous pouvons être choqués et impressionnés par ce qui se passe à l’autre bout du monde sans même être touché ou effleuré par ce qui se déroule en bas de chez nous. Le Dieu Digital est né. Il impose une nouvelle morale et de nouveaux comportements. Le Doigt en reste quant à lui biologique. Sur ces vitres froides se rencontrent le doigt, l’œil, la matière et la connectivité. Le biologique et le vivant y ont toute leur place. Qui a dit que les vivants et les machines se combattent ? Ils se complètent à merveille. La cybernétique, science de l’étude des machines, de l’économique, des systèmes complexes et bien sûr du vivant, met en lumière leurs similitudes et de leurs mécanismes. Léonard de Vinci en est un exemple frappant, il a su mettre en relation les mécanismes moteurs naturels et en faire des outils humanisables. Les lois de la nature au service de la Grande Humanité. Le vortex de l’hyper connectivité est enfin ouvert. Le digital vient faire apparaître le marketing du Soi, puisque celui-ci peut toucher le monde entier. Nous devenons un produit accessible à tous. Avec ces nouvelles découvertes, l’homme vient à découvrir l’image et la perception de l’autre. Il se compare à vitesse grand V. ses sens sont hyper stimulés. Pourquoi ne suis-je pas ou n’ai-je pas ce que l’autre possède ou est ? Rappelons qu’en l’état de nature, l’égalité est inexistante. La nature est beaucoup trop brutale à l’homme. Elle lui semble barbare. Ici avec l’avènement du digital, la communication et l’Autre peuvent rapidement être perçus eux aussi comme barbares. L’égalité, concept dédié aux fous, aberration face à ce réel écrasant, reste cependant inscrite en nous. Les inégalités nous sautent à la figure. Impuissants nous découvrons les failles d’un système hautement inégalitaire… Notre découvrons peu à peu que notre cher système n’est peut-être pas si parfait que cela et qu’il faut l’améliorer coûte que coûte. Ces nouvelles dimensions nous font découvrir une nouvelle part de notre nature et donc de notre humanité. Un miroir de ce qui est inconscient. Internet devient le révélateur de nos vieilles et invisibles inégalités. La cybernétique ou le biomimétisme nous en apprennent à chaque fois un peu plus sur notre profonde nature naturelle ! Alors que l’homme se dégage enfin du concept de naturel, se rêvant encore une fois immortel, il en vient, en fait à un Label consumériste BIO. Il ne domestique plus la nature, il en vient à la protéger de lui-même et de fait à se protéger de lui-même. L’homme prince du paradoxe a encore une fois subi cette nature profondément inégalitaire. Non pas face à cette biologie, mais grâce à ce qui le compose lui et l’Univers tout entier.

Le transhumanisme vient encore bousculer l’Homme dans ce qui le compose de plus spirituel et naturel. Ce nouveau domaine vient éprouver l’Homme dans ce qu’il a de plus paradoxal, son innée face à son acquis.

Koceila Chougar

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Conseiller Financement de l´inovation

L’égalité

« L’innovation consiste à donner aux citoyens le pouvoir de rêver et de construire un monde autrement, un monde meilleur, avec de nouvelles opportunités pour tous. Priver les peuples des bienfaits des innovations revient à prendre leur avenir en otage. »

Carlos Pérez 58


Le consommateur au centre de la transition énergétique La protection des droits face à la sécurité de l’approvisionnement

Par Thomas BIEDINGER

En décembre 2015, à la suite de la COP21 le monde a le fait

le choix d’une transition énergétique propre et durable. L’Union européenne s’est engagée sur cette voie dans l’objectif de devenir le leader mondial des énergies renouvelables – via le fameux « Clean Energy Package ». Désormais les États membres et Bruxelles s’accordent sur la nécessité de donner un plus grand rôle aux consommateurs. Une condition essentielle pour transformer le système énergétique. L’Union européenne a le mérite de défendre une vision holistique de l’énergie. Beaucoup la critique pour sa bureaucratie, mais beaucoup oublie la complexité des négociations dans un écosystème où règne une grande diversité avec 28 états membres. Quels sont les enjeux liés aux consommateurs ? Plus que jamais le rôle du consommateur va considérablement s’accroître dans la transition énergétique. Il ne consomme pas seulement l’énergie qui est produite en amont par un producteur unique, mais il pourra désormais choisir la source d’approvisionnement et par conséquent bénéficier de prix attractifs. Dans cette perspective, il est important de garantir les mêmes droits entre tous les participants du marché. Un enjeu de taille et difficile à résoudre, quand on sait que certains défendent leurs droits dits « acquis ». Cela inclut un équilibre d’apothicaire de la responsabilité entre les petits et les gros producteurs. Le pro consommateur ou le consommateur actif est considéré comme une entité à part entière qui produit et qui revend sa propre énergie sur le marché. Dans cet esprit, il convient de concevoir un système souple et adéquat incluant toutes ces problématiques. Jusqu’à aujourd’hui beaucoup des systèmes de production étaient sous le monopole des gros producteurs nationaux. La fixation du prix de marché était fixée sur la base de leurs choix stratégiques de production. Par exemple, la Bulgarie a fait le choix du gaz qui est plus compétitif que les énergies renouvelables. Mais la réalité dans dix ans sera peut-être plus sombre... Le consommateur n’avait pas de pouvoir de décision et subissait le prix imposé par le marché.

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Le consommateur au centre de la transition énergétique La protection des droits face à la sécurité de l’approvisionnement

L’Union européenne souffre aujourd’hui de son système centralisé et archaïque. Malgré les efforts, l’Union continue à le payer par sa dépendance énergétique toujours plus forte vis-à-vis de la Russie. L’intégration du consommateur dans l’équation peut profondément transformer l’approche même du système énergétique. L’équilibre entre transparence et performance, utopie ou réalité ? La nouvelle législation prévoit un équilibre fragile entre l’exigence de transparence voulue par les organisations de lobbying défendant les consommateurs et l’exigence de performance défendue par les gros producteurs. L’une comme l’autre est défendable. Il est clair que l’indépendance énergétique ne peut être possible uniquement si la sécurité de l’approvisionnement est garantie. Les stratégies mises en œuvre dans le cadre des plans énergie et climat des États membres impliquent des choix stratégiques sur l’équilibre des sources d’approvisionnements et des mécanismes juridiques assurant la stabilité des prix sur le marché. De manière générale, le paquet énergie va progressivement entraîner une normalisation des législations nationales. L’objectif est d’instaurer davantage de flexibilité dans le réseau électrique et supprimer totalement les subventions publiques pour les énergies polluantes. Ainsi, l’ouverture à la concurrence permettra non seulement de nouveaux investissements par l’intégration de nouveaux participants et par ailleurs ces investissements seront essentiels pour moderniser et construire de nouvelles infrastructures. La sécurité énergétique du point de vue du consommateur implique des infrastructures résilientes et durables dans le temps. La transparence est nécessaire pour lui permettre de choisir son approvisionnement, mais la performance est un levier tout aussi important pour garantir l’équilibre du système. Comment le consommateur peut-il devenir acteur de son marché ?

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Par Thomas BIEDINGER Il est vrai que le système énergétique européen est traditionnellement centralisé sur les monopoles nationaux. Il faut être réaliste. La sécurité de l’approvisionnement énergétique est assurée par les acteurs qui ont la capacité à investir continuellement dans le réseau pour répondre à la demande. Il y a là une vision dichotomique entre l’État providentiel dans lequel la production de l’énergie est considérée comme un service public et l’État libéral qui lui se limite à fixer un cadre réglementaire minimum pour maximiser la concurrence. L’Union européenne a toujours développé une vision statique de la concurrence dans sa doctrine. À savoir que, l’ouverture à la concurrence est un prérequis indispensable pour faciliter la participation des acteurs de toute taille sur le marché de l’énergie. Le plus difficile est de garantir les mêmes droits pour tous ces acteurs. Ainsi, la nouvelle législation européenne de l’énergie va permettre de progressivement normaliser les règles de concurrences des législations des états membres. Par exemple le développement des interconnexions entre les états membres va permettre de générer de nouveaux flux économiques et accélérer la coopération régionale en matière industrielle et scientifique. Dans cette dynamique, la place qui est accordée au consommateur va sensiblement accroître le potentiel énergétique du réseau par des incitations financières propulsées par les États membres pour produire davantage et à des coûts plus bas. Et également une dynamique rendue possible par l’Union européenne qui se dote d’outils de financement qui aideront les futurs producteurs à investir dans de nouvelles installations. Finalement, le consommateur ne va-t-il pas mettre en péril la sécurité du réseau ? 61


Le consommateur au centre de la transition énergétique La protection des droits face à la sécurité de l’approvisionnement

La vraie question est de savoir comment assurer la transition entre les investissements actuels et les investissements futurs. Les investisseurs ont besoin de clarté dans le cadre législatif et évidemment le consommateur n’a pas le même pouvoir d’investissement qu’une entreprise. L’enjeu est n’est pas de lisser les droits entre les participants sur le marché, mais d’assurer que les droits de tels participants ne seront pas lésés au profit d’un autre participant. Cela passe par la mise en place de mécanismes de contrôle pour se prémunir des abus de positions dominantes et des comportements illégaux de certains États membres qui seraient tentés de favoriser telles ou telles entreprises au détriment de la concurrence. Le réseau nécessite beaucoup d’investissements et pour ce faire il faut des objectifs ambitieux. Il est important d’investir dans la résilience et la durabilité des infrastructures, la gestion de l’approvisionnement dans une perspective de décentralisation progressive, la promotion des nouvelles sources d’énergie alternatives ou encore la cyber sécurité. Le consommateur doit être vu comme un participant sur le marché de l’énergie et tous les participants doivent être traités de la même manière. Comment aboutir à un réseau efficace et décentralisé ? Le passage d’un système centralisé à un système décentralisé est la pierre angulaire du changement de paradigme. En effet l’intégration de nouveaux acteurs implique des politiques proactives en faveur des investissements d’infrastructures. Ils sont nécessaires pour assurer une intégration en cohérence avec les objectifs de déploiement des énergies renouvelables et prenant en compte les difficultés techniques liées au déploiement des nouvelles technologies dans le réseau. La décentralisation inclut de nouveaux acteurs définis par le paquet énergie climat comme les coopératives énergétiques et les consommateurs proactifs. Cette configuration transforme profondément le système énergétique et impose de repenser la gestion de l’approvisionnement. Cela implique un nouvel équilibre entre les priorités de (re) dispatching et l’installation de nouvelles capacités. Certains systèmes nationaux comme l’Allemagne ont fait les investissements nécessaires pour accueillir ces nouveaux acteurs, tandis que pour d’autres comme la Bulgarie ou la Grèce, leur intégration est ralentie par l’ancrage des monopoles nationaux. La décentralisation est sans doute la clé de voûte d’un système équilibré et juste pour assurer l’intégration de tous les participants. Comment assurer une transition juste et durable pour le consommateur ?

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Conseiller à la question Européene

En décembre 2017, lorsque le Conseil européen a débattu sur la directive « énergies renouvelables », ils ont reculé sur les ambitions qui avaient été votées par le parlement un mois plus tôt. Alors que le Parlement avait approuvé un objectif de 35 % de déploiement des énergies renouvelables, le Conseil quant à lui est revenu sur un objectif de 27 % sans obligation et ni contraintes vis-à-vis des États membres. Il est difficile de faire le choix entre « contraindre » et « libérer » le système. L’équilibre est délicat. Si le système devient trop contraignant, les investisseurs ne pourront pas investir. Si le système est trop libéré, ce sera le manque d’ambitions qui mettra en péril le système. N’oublions pas que la concurrence internationale affecte directement le système énergétique.

La pression provenant de la Russie pour ouvrir de nouveaux corridors de gaz par la Grèce et la Bulgarie a un impact direct sur la compétitivité de l’approvisionnement énergétique. Certains pays européens comme la Hongrie font face à un niveau élevé de précarité énergétique et ils seront prêts à accepter une énergie moins chère et moins sécurisante pour répondre à la demande – c’est-à-dire des projets de construction de centrales nucléaires commandées en Russie. Il faut être conscient que la transition est d’abord un enjeu économique de compétitivité et d’attractivité.

On ne peut pas abandonner le consommateur, mais on ne peut pas non plus ignorer les paramètres économiques. La nouvelle législation européenne apportera un cadre simplifié et plus clair : plus de flexibilité pour inciter à innover dans les technologies propres et plus accessibles pour les consommateurs. La notion de sécurité est avant tout une question de compétitivité et d’attractivité. Il est compréhensible que certains États membres soient tentés d’investir dans des technologies plus polluantes. À court terme le coût de revient est plus avantageux et ils défendent avant tout l’intérêt public et le consommateur final. Pour certains États membres, la transition nécessitera plus de temps, car les énergies conventionnelles sont leurs principaux instruments de négociations dans la diplomatie. On parle ici de souveraineté énergétique et ces pays ont besoin d’être accompagnés pour assurer une transition tout en maintenant un minimum de stabilité. On ne peut rentrer en force dans leur business, il faut au contraire les accompagner pour mettre en place la bonne matrice, celle qui permettra de transformer leur système énergétique. Le consommateur est favorable au changement, mais il faut que ce changement soit réaliste et réalisable.

Thomas Biedinger Policy Advisor – Bruxelles

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Cinéma

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CIRCLE Si un film en moins de deux heures est capable à lui seul de résumer toutes les inégalités de notre société, c´est bien Circle. Là, pour gagner un peu de temps, de parfaits inconnus vont devoir évaluer les autres et choisir collectivement qui éliminer. Tout y passe. On commence bien entendu par vouloir s´en prendre aux plus vieux, avant qu´eux-mêmes se ne regroupent et plus nombreux s´en prennent aux plus jeunes. Puis, le groupe tente de trouver des notions moins arbitraires, comme le bien - le mal, les convictions. Dieu, sera mis en avant, la foi, mais aussi le fait de ne pas croire, tout va très vite, car chaque choix collectif est ainsi fixé dans le temps… avec pour seul objectif l´hypothétique survie. On passera par la phase du volontariat, à celle des alliances par couleurs, noir / blanc, on jugera l´homosexualité, le droit aux homosexuels d´avoir des enfants, la jeunesse, la maternité, les couples, le célibat… l´adultère. Le handicap… Qui a le droit de vivre, qui a le droit de mourir ? Le fait d´être utile ou non à la société, le fait que tout cela n´a pas de sens, un banquier se justifiera et à chaque fois que la sentence tombe, c´est la surprise. Parfois, c´est celui qui parle au nom d´un groupe qui est sanctionné, le risque de la prise de parole, et le temps du film qui se déroule en huis clos, et en temps réel, vous entraîne dans un infernal voyage vers nos tolérances. Le spectateur prend inévitable parti, mais trop tard, quelques minutes après celui que l´on aurait voulu voir sortir… vivant de ce jeu infernal est à terre. Aussi réduit que l´espace de nos vies, l´immobilisme de notre société est ainsi symbolisé par les quelques centimètres carrés d´espace ou chaque individu se tient, seul, et ne pouvant toucher les autres. Le vote, le choix… la démocratie ? Vraiment ? Avec pour finalité la mort, un peu comme l´histoire de nos vies. Et puis celui qui ne dit rien, celui qui ne vote jamais, qui refuse de prendre part à la mort des autres que deviendra-t-il ?

Et le manipulateur jusqu´où est-il prêt à aller ? Et si ce n´était qu´un jeu ? On sort de là un peu comme si on venait d´être passé dans la machine à laver, heureux d´être vivant, mais dans un monde où l´inégalité fait rage, plus tolérant ou plus enclin à rejeter la notion d´humanisme. A vous de voir.

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Retrouvez le clip sur You tube

Les cons Plaisants Elle en a vu d’ces animaux Loin des forêts pas vraiment beaux Qui vendaient même la peau de l’ours Avant d’avoir vider leurs bourses Des VRP du 7eme ciel A qui elle f’sait la courte échelle Empêtrés dans la pesanteur Et qui s’prenaient pour des hardeurs Elle en a vu des cons plaisants des cons battants Des cons vaincus elle en veut plus

Elle en a vu s’prendre pour des loups Les yeux vissés au d’ssus d’ses genoux Qui pensaient qu’en offrant un verre Y aurait un saute-mouton derrière Elle en a vu des cons pédants Incompétents considérant Qu’ils lui offraient le paradis En ouvrant les draps de leur vie Elle en a vu des cons plaisants des cons battants Des cons vaincus elle en veut plus Elle en a vu des p’tits cochons Sur de leur maîtrise en caleçon N’plus rien comprendre à la notice Du fonctionnement du haut d’ses cuisses Elle a même vu quelques cons pères L’mariage tout frais en boutonnière Lui proposait un cinq à sept Un programme libre en galipettes Elle en a vu des cons plaisants des cons battants Des cons vaincus elle en veut plus

Pour en savoir plus visitez chanane.com

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L’homme, la femme, depuis Adam et Ève sont amis, amants ou ennemis parfois… Mais depuis la nuit des temps nous n’avons toujours pas réglé le problème de l’égalité entre ces deux êtres si proches et si différents à la fois… il suffit d’être deux pour que l’un veuille dominer l’autre… Et ne dirige pas le monde celui qui croit être le sexe fort… Bienvenue chez « Les Cons Plaisants » des hommes imparfaits certes, mais qui ont tant besoin de vous, Mesdames, pour exister ! Chanane


Les cons plaisants de Chanane

Elle en a vu des chefs de gare La loco coincée au départ Priant pour devenir garde barrière D’passages à niveau bien ouvert Elle a vu des artificiers Terminer en pétards mouillés Dix à quinze secondes d’étincelles D’bouquet final avant l’sommeil Elle en a vu des cons plaisants des cons battants Des cons vaincus elle en veut plus…

Conseiller écologie

Elle a même surpris une con sœur Vouloir une tranche de son âme sœur Prête à s’offrir en croque-monsieur Son homme entre midi et deux Elle en a vu des démarcheurs En échantillons de bonheur Vouloir d’façon systématique Qu’elle choisisse l’option sous plastique Elle en a vu des cons plaisants des cons battants Des cons vaincus elle en veut plus… Elle a même vu quelques chasseurs Armés pour jouer aux arna’coeurs Se lancer en plein safari Sur internet c’est sans permis Elle en a vu des militaires Nourris aux phantasmes en posters Avoir du mal à effeuiller Tout c’qu’y est pas sur papier glacé Elle en a vu des cons plaisants des cons battants Des cons vaincus elle en veut plus

Chanane

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Le Foulard de ZORA Houria Gouriten

Conseillère à la question du harcélement et du bien être au travail

Elle est belle celle dont on ignore la chevelure. On ne sait rien de ses irascibles fils gris qu'elle tait à un hiver dur. On devine qu'elle a été rousse tel qu'un automne flamboyant ; Grâce aux petites tâches qui habitent un visage rayonnant. Elle se moque bien de celles et de ceux dont la prétention, Pense qu'elle survit dans un enfer pavé de bonnes intentions. Gare aux malhabiles qui la pensent captive et capturée, Elle a l'air enchaîné Zora sous ce bout de carré qui se nomme son pré. Elle n'y divulgue pas ses bouches miel qui ne taisent aucun secret Elle est différente de ceux qu'elle exècre et qui, au mépris insidieux, N'en voudront jamais pour avocate au prix dispendieux. Son objectif de toute une vie reste d'être accueillie au paradis, Malgré tant de disparité, tant d'os massacrés sur l'autel de l'égalité. Tant de rage, tant d'orages au milieu de nuits profondes auxquelles ne succèdent que des aubes dévastées, dans des champs de cactus ; 68


qui la blâment et défigurent l'espérance par d'ignominieux rictus De celles et ceux qui la croisent, sur le chemin de la tenace rancune. Ils ne veulent tolérer ce fichu foulard, symbole politique d'adhésion à la discrimination. La façade de Zora ne promet qu'injures et parjures à la fraternité qui n'est plus une mission et ne s'inscrit plus dans aucun registre. L'obédience dicte le raisonnement et la meute résiste si peu au désastre. Cueilleurs de sang de l'innocente, teilleur de vie, d'une vie épuisée, Ils l'accablent qu'elle soit frappée d'érudition ou d'ignorance, quoique qu'elle fasse, quoique qu'elle dise, quoiqu'elle pense. Elle reste engoncée là où il lui sied de survivre, l'espérance. Elle dépasse les a priori Zora, elle omet de commettre la fourberie de renier l'essence essentielle de la voix inébranlable qui guide son choix La foi. Elle ne défie pas nécessairement les gouvernements qui se servent d'elle tel un marche pied électoral. Jamais ils ne sont nostalgiques d'allaiter des tensions verbales, Qu'en son sein elle ne veut ni alimenter et ni nourrir. Elle a choisi sa coiffure qu'elle revendique telle une émancipation de sa voix Dans l'absolu, Zora, c'est son droit. Son foulard est porté tel un étendard, pour quelle raison faudrait-il qu'il soit sanglant ? Et pourquoi le porter doit la mener que sur le dur chemin des agonisants.

Houria Gouriten 69


Voltaire : « l’inégalité est universelle, éternelle »

de Sophie Diagne « Avec Voltaire, c’est un monde qui finit. Avec Rousseau, c’est un monde qui commence. »

Goethe Sophie -« Bonjour, Monsieur Voltaire » Voltaire -« Bonjour » Sophie -« Aujourd’hui on se rencontre pour parler de l’inégalité dans le monde un thème cher à un ami que nous avons en commun Jean Jacques Rousseau, j’ai lu la lettre que vous lui avez envoyée en 1755 afin de critiquer son livre sur la question. Vous avez qualifié ce livre de contraire au genre humain pensez-vous que l’inégalité fasse partie de l’essence du genre humain ? » Voltaire -« Non. “Tous les hommes jouissant des facultés attachées à leur nature sont égaux, ils le sont quand ils s’acquittent des fonctions animales, et quand ils exercent leur entendement.” Mais, c’est “une vérité dangereuse quand elle anime des êtres ordinaires sans ressources et sans avenir.” Sophie -“Explicitez votre pensée s’il vous plaît !” Voltaire -“Tout homme naît avec un penchant assez violent pour la domination, la richesse, et les plaisirs et avec beaucoup de goût pour la paresse : par conséquent tout homme voudrait avoir l’argent et les femmes ou les filles des autres, être leur maître, les assujettir à tous ses caprices, et ne rien faire, ou du moins ne faire que des choses très agréables. Vous voyez bien qu’avec ces belles dispositions, il est aussi impossible que les hommes soient égaux, qu’il est impossible que deux prédicateurs ou deux professeurs de théologie ne soient plus jaloux l’un de l’autre”. “Ce sont donc les passions naturelles de l’homme qui créent l’inégalité universelle, éternelle. Elles sont invincibles. L’égalité sociale n’est donc qu’une chimère”.

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Sophie- “Donc vous êtes d’accord avec Rousseau quand il affirme que l’égalité des humains est naturelle et que cette dernière est rompue à cause des faiblesses des humains ?” Voltaire - “Ce que vous appelez des faiblesses sont pour moi aussi naturelles que l’égalité entre les hommes jouissant des facultés attachées à leur nature” Sophie- “Pourquoi éprouvez-vous le besoin de préciser, c’est comme si le mot homme dans votre bouche ne désigne pas tous les êtres humains !” “Pensez-vous qu’il y ait des humains supérieurs à d’autres en sachant que la qualité des facultés est jugée en vertu de votre subjectivité” Voltaire- Ce que je pense c’est que “La différence sensible des espèces d’hommes qui peuplent les quatre parties connues de notre monde, par exemple les albinos, une nation très petite et très rare du milieu de l’Afrique n’ont d’homme que la stature du corps, et s’ils possèdent la faculté de la parole, et de la pensée, c’est dans un degré très éloigné du notre. Quant aux nègres, ce qui met entre eux et les autres espèces d’hommes, des différences prodigieuses, ce n’est pas seulement leur apparence, mais la mesure de leur intelligence.” Sophie -“Donc pour vous il y a naturellement des humains supérieurs à d’autres ce qui est totalement contraire à la pensée de votre contemporain Jean-Jacques Rousseau qui s’oppose à l’esclavage au nom justement de l’égalité de tous les êtres humains.” Voltaire -“Oui c’est pour cela que je précise, l’égalité dont je parle concerne les hommes de la même espèce.” “Il n’est permis qu’à un aveugle de douter que les Blancs, les Nègres, les Albinos, les Hottentots, les Lapons, les Chinois, les Américains, soient des races entièrement différentes.”

Sophie- “Qu’il y ait des différences physiques personne ne le nie, mais que ces différences induisent une hiérarchie de valeur humaine c’est cela qui est contesté ! Êtes-vous sûr que les différences physiques que vous avez constatées prouvent qu’il y ait une inégalité de valeur naturelle entre ces humains ?” Voltaire- “Il n’y a point de voyageu instruit, mais il faut observer que le commerce n’ayant pas toujours apporté au genre humain les productions et les maladies des autres climats, et les hommes ayant été plus robustes et plus laborieux dans la simplicité d’un état champêtre, pour lequel ils sont nés, ils ont dû jouir d’une santé plus égale, et d’une vie un peu plus longue que dans la mollesse, ou dans les travaux malsains des grandes villes ; c’est-à-dire que si dans Constantinople, Paris et Londres, un homme, sur cent mille, arrive à cent années, il est probable que vingt hommes, sur cent mille, atteignaient autrefois cet âge. C’est ce qu’on a observé dans plusieurs endroits de l’Amérique, où le genre humain s’était conservé dans l’état de pure nature.” Sophie -“Que voulez-vous dire par ‘conservé dans l’état de pure nature’ que chez les peuples d’Amérique il n’y a pas de progrès, pas d’Histoire ?” Voltaire -“Voyez l’Amérique ; on n’y comptait que deux royaumes quand elle fut découverte, et encore, dans ces deux royaumes, on n’avait pas inventé l’art d’écrire. Tout le reste de ce vaste continent était partagé, et l’est encore, en petites sociétés à qui les arts sont inconnus. Toutes ces peuplades vivent sous des huttes ; elles se vêtissent de peaux de bêtes dans les climats froids, et vont presque nues dans les tempérés. Les unes se nourrissent de la chasse, les autres de racines qu’elles pétrissent :

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elles n’ont point recherché un autre genre de vie, parce qu’on ne désire point ce qu’on ne connaît pas. Leur industrie n’a pu aller au-delà de leurs besoins pressants. Les Samoyèdes, les Lapons, les habitants du nord de la Sibérie, ceux du Kamtchatka, sont encore moins avancés que les peuples de l’Amérique. La plupart des Nègres, tous les Cafres, sont plongés dans la même stupidité, et y croupiront longtemps.” Sophie -“Donc la supériorité raciale déduite de la différence physique dont vous vous faites le griot repose uniquement sur la différence de culture, de mode de vie et sur les découvertes technologiques ?” Voltaire -“Parce que le mode de vie, la culture ou le manque de culture, la capacité de faire des découvertes scientifiques dépendent de la race !” Sophie -“Mais vous nous dites que dans la même espèce d’homme tous les hommes sont naturellement égaux ?” Voltaire- “Oui” Sophie -“Mais cette égalité naturelle est dangereuse quand elle anime des êtres sans ressources, donc si vous êtes un homme issu des classes sociales défavorisées, pour vous la notion d’égalité naturelle est dangereuse parce qu’elle s’oppose à l’égalité sociale que vous qualifiez de ‘chimère’ ! Et cette inégalité sociale, ayant pour origine les passions naturelles de l’homme, est universelle, éternelle ainsi qu’invincible. Mais, vous prenez comme postulat que tout homme naît avec un penchant assez violent pour la domination, la richesse, et les plaisirs. Si les hommes s’affranchissent de ces passions naturelles alors l’inégalité sociale disparaît au profit de l’égalité sociale comme l’affirme Jean-Jacques Rousseau !” Voltaire -“Hé bien de mon point de vue c’est impossible, l’humain ne peut pas changer, ces passions font partie de l’essence de l’homme, c’est pour cela qu’elles sont universelles, éternelles et invincibles. Il n’y aura donc jamais d’égalité sociale, c’est une chimère et confondre égalité naturelle et sociale est dangereux” “Tous les pauvres ne sont pas malheureux. La plupart sont nés dans cet état, et le travail continuel les empêche de trop sentir leur situation ; mais quand ils la sentent, alors on voit des guerres, comme celle du parti populaire contre le parti du sénat à Rome, celles des paysans en Allemagne, en Angleterre, en France.

Toutes ces guerres finissent tôt ou tard par l’asservissement du peuple, parce que les puissants ont l’argent, et que l’argent est maître de tout dans un État” Sophie - “Et vous Monsieur Voltaire, n’avez-vous jamais souffert de discrimination à cause de votre naissance ? On m’a parlé d’une bastonnade avec un aristocrate qui se considère comme votre supérieur et dont la supériorité sociale se matérialise par des privilèges ! Gilles Perrault a raconté que le chevalier, jaloux de vous, aurait demandé ‘Arouet ? Voltaire ? Enfin, avez-vous un nom ?’ Vous lui auriez répondu ‘Voltaire ! Mon nom, je le commence, et vous finissez le vôtre. Tout ceci a fini quelque temps plus tard en bastonnade qui a eu pour conséquence, quand vous avez voulu provoquer le comte en duel, votre embastillement et votre exil ! Pensez-vous être inférieur au comte de Chabot ? » Voltaire - ‘Il y a bien eu une bastonnade avec les hommes de Guy-Auguste de Rohan Comte de Chabot en janvier 1726. Si je me sens inférieur au comte ? bien sûr que non, j’ai demandé justice, mais personne ne voulait se mettre cet homme puissant à dos et puis il y a le respect de la hiérarchie des classes sociales. J’ai fini funestement à la Bastille.’ Sophie- ‘Comment justifiez-vous philosophiquement ce qui s’est passé ?’ Voltaire- ‘Je ne le justifie pas, j’ai déjà dit que ‘tous les hommes jouissant des facultés attachées à leur nature sont égaux’, j’ai de l’argent et j’évolue dans les mêmes cercles sociaux que le comte il n’y a aucune raison pour que je sois traité de façon si inégale ! C’était tout à fait injuste cela m’a fait très mal ! ‘L’égalité est donc à la fois la chose la plus naturelle et, en même temps, la plus chimérique.’ Sophie- ‘Dernière question, pensez-vous que les femmes soient égales aux hommes Monsieur Voltaire ?’ Voltaire- ‘Une femme peut philosopher, elle doit même le faire, cela ne s’oppose pas à sa féminité. Les femmes sont capables de hautes sciences comme Émilie du Châtelet qui est une autorité scientifique et philosophique’. Sophie - ‘Merci de nous avoir reçu Monsieur Voltaire l’échange fut passionnant à bientôt ! » Voltaire - ‘Merci à vous !’

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Sophie Diagne


Qu’est-ce qu’une société inclusive ? Isabelle Resplendino Conseillère A la question du handicap

Qu’est-ce qu’une société inclusive ?

Une société qui s’adapte à la personne lorsqu’elle accueille une personne avec des besoins spécifiques est au mieux une société qui intègre. Une société inclusive a été conçue en amont pour tous, et le besoin d’adaptations devient alors caduc. Elle ne doit plus faire « d’efforts » pour intégrer la personne, efforts qui peuvent être facteurs de discrimination et/ou de culpabilisation. L’infographie en introduction de cet article illustre bien la différence entre l’équité par compensation ou par l’accessibilité. C’est le principe de « conception universelle », définie ainsi dans la Convention relative aux droits des personnes handicapées (signée en 2007 et ratifiée en 2010 par la France) : la conception de produits, d’équipements, de programmes et de services qui puissent être utilisés par tous, dans toute la mesure possible, sans nécessiter ni adaptation ni conception spéciale. Aujourd’hui, tous les logements situés au rez-de-chaussée d’un immeuble neuf sans ascenseur doivent être accessibles. Idem pour 100 % des appartements dans les constructions neuves équipées d’un ascenseur. Or, quand le gouvernement propose, au travers du projet de loi ELAN sur le logement qui doit être voté cet été 2018, de ramener cette part à 10 %, il rebrousse [le] chemin qui mène à une société inclusive. Non seulement ce pourcentage est inférieur à la population concernée (voir les chiffres INSEE concernant le handicap), mais il revient à retirer le choix du lieu de vie aux personnes en situation de handicap, dont toute autre personne à revenus équivalents dispose. 73


Pourtant, dès 1977, l’UNESCO [2] déclarait : « L’intégration est une philosophie basée sur la conviction que tous les êtres humains sont égaux et doivent être respectés et valorisés ; c’est une question de droits humains essentiels. C’est ensuite un processus sans fin dans lequel les enfants et les adultes handicapés ou malades ont la possibilité de participer pleinement à toutes les activités de la Communauté, offertes à ceux qui n’ont pas de handicap ». Autres décisions prises par l’actuel Gouvernement en matière de handicap, celles qui concernent la stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neurodéveloppement sont bien loin de démontrer un engagement sur la voie de l’équité. Pour en venir au Défenseur des droits, signalons que récemment, Jacques Toubon a dû rappeler, à propos de la loi Asile et immigration, qu’il n’y a pas de caricature à rappeler les droits fondamentaux, qu’ils ne sont pas relatifs et que leur application n’est pas conditionnée aux moyens. On peut y voir un parallèle évident avec les droits des personnes en situation de handicap. Pourtant, lors du débat d’entre-deux tours, le futur président alors candidat avait consacré sa carte blanche au thème du handicap, suscitant l’espoir de beaucoup de personnes concernées et de leur entourage. Il reste encore quatre ans à ce gouvernement pour impulser la révolution en avant indispensable pour une société, non égalitaire, mais équitable.

[1] Dans son ouvrage « La société inclusive, parlons-en ! ». Professeur à l’université Lumière Lyon 2 et chargé d’enseignement à l’institut de Sciences politiques de Paris, Charles Gardou consacre ses travaux anthropologiques à la diversité humaine, à la vulnérabilité et à leurs multiples expressions. [2] L’UNESCO a pour objectif selon son acte constitutif de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations unies reconnaît à tous les peuples ».

Isabelle Resplendino 74


Les actions De l’AESH Valérie Lejeune

L’égalité, ce n’est pas être tous identique, mais avoir les mêmes droits, les mêmes devoirs. Cela commence dans le système scolaire qui doit proposer une égalité

des chances à chaque élève, lequel doit pouvoir exploiter ses capacités au mieux, indépendamment d’un éventuel handicap. Ainsi, un élève pénalisé par un handicap, qu’il soit sensoriel, psychique, invalidant ou relevant d’un dysfonctionnement, telle la dyslexie, peut se faire accompagner par des auxiliaires d’élèves en situation de handicap (AESH).

C’est au nom du respect du principe de l’accessibilité de l’école pour tous

que l’on est en train de former ce personnel et de professionnaliser la fonction, car le nombre d’élèves handicapés scolarisés va croissant. Leur rôle est de permettre à ces élèves de suivre en inclusion, dans une école dite « ordinaire », leur cursus. Ils sont ainsi intégrés aux autres élèves au lieu d’être scolarisés dans des établissements spécialisés ce qui relèverait d’une certaine discrimination.

Le rôle de l’AESH est donc de pallier le handicap pour garantir l’équité dans l’apprentissage où chacun peut faire ses preuves, exploiter ses talents. L’AESH doit laisser l’élève être autonome à son maximum, mais se tient prêt à intervenir dès que le besoin s’en fait sentir.

Cette présence rassurante redonne confiance, évite le repli sur soi et l’échec. Les actions de l’AESH se font toujours en concertation avec l’équipe pédagogique, l’élève étant celui du professeur comme ses camarades.

Valérie Lejeune

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Toni

Notre conseiller ayant pris en charge les questions liées à la laïcité, nous informe qu´en ce 27 mai de l´an 2018

Le petit

Eddie a vu le jour.

De la part de tous les membres de l´Unité Nationale, nous adressons toutes nos félicitations aux heureux parents.

Le Bureau

Félicitations L´Unité Nationale vous informe qu'elle a mis fin à sa collaboration bénévole au projet de création du jeu de Madame Sophie Diagne, annoncée dans le premier numéro du Mag'. Nous la remercions et lui souhaitons une pleine réussite dans l'exploitation qu'elle souhaite en faire. 76


Conseiller Laïcité Toni Ferina

Je vais citer deux dates phares de la laïcité. Le 14 janvier 1850, à l'occasion du vote de la loi Falloux lorsque Victor Hugo déclare devant la Chambre des députés " L'Église chez elle et l'État chez lui". Il rappelle ainsi que la séparation de l'Église et l'État est la condition sinéquanone de la liberté absolue de conscience et l'une des clés de la Constitution. J'en viens à la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation de l'Église et de l'État qui posent dans son article 2 : " la république ne reconnaît ni ne salaire et ne subventionne aucun culte".

Lors de sa participation le 9 avril 2018 à la Conférence des évêques, le président de la République a déclaré vouloir réparer le lien entre l'Église et l'État, en agissant ainsi il introduit l'Église dans le champ politique et gage la liberté de culte.

Toni Ferina 77


Pas d'avenir évolutif à attendre pour l'homme en dehors de son association avec tous les autres hommes. Pierre Teilhard de Chardin Le phénomène humain

Éditeur L´Unité Nationale Association loi de 1901

21 place de la république 75003 Paris Tel 0805 088 842 mail : participer@l-unite.fr

Date du dépôt légal Juin 2018

Co-Directeur de publication Co-Rédacteur en chef Antoine Fontaine & Carole Vilbois

Relecteur Antoine Fontaine Vanessa Delbergue Direction Artistique Carole Vilbois

L´Unité le Mag´ N°3 Gratuit Numéro ISSN 2605-8898 ( En ligne ) Numéro ISSN 2608-2381 ( Imprimé)


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