L´Unité Nationale le Mag´ Mars 2021 Corédaction Carole Vilbois & Martine Montvernay

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Claude Frisoni Sapiens 1-Néandertal 0

On ne devient pas périgourdin comme ça, juste en s’installant dans la région. Il y a des épreuves, des rituels initiatiques, des apprentissages délicats, des exercices parfois compliqués. Pour ma part, j’ai satisfait sans grandes difficultés à plusieurs de ces examens d’entrée, notamment ceux concernant la consommation de Bergerac. Mais il m’en restait un, particulièrement redouté et éliminatoire, la cueillette des champignons.

Il s’agit de partir seul, équipé simplement d’un panier en osier et d’un canif, d’une lampe de poche, d’une gourde d’un bon cru de Pécharmant et d’une boule de pain aux noix, d’un morceau de foie gras et d’un peu de cabécou. Bref, des conditions terribles ! Après plusieurs heures de solitude au beau milieu d’une brousse peuplée d’animaux sauvages, tous plus appétissants les uns que

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les autres, l’impétrant doit revenir vers la civilisation, avec son panier rempli au moins à moitié de champignons, comestibles, ça va de soi. Je crapahutai donc depuis quelques minutes, mon petit panier sous mon bras, quand je trébuchai malencontreusement sur une racine. Je chus alors, comme je sais choir, et me retrouvai face à l’entrée d’une grotte. N’écoutant que mon courage, ma lampe torche à la main, j’entrepris d’explorer la cavité mystérieuse. Je ne m’attardai pas sur les superbes décorations murales de l’endroit, somme toute assez banales dans le coin et découvris avec stupeur une pierre gravée, couverte de signes incompréhensibles.


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Grâce à l’aide d’un ami préhistorien, j’ai appris assez vite que c’était une sorte de pierre de Rosette, datant de 28 000 ans avant notre ère. Une partie était écrite en préhistorien classique, langue morte totalement inconnue et l’autre était une traduction en bas gaulois antique. Par chance, au bistrot du village, un ancien, toujours gaillard, braconnier et cueilleur de champignons légendaire, a encore de bonnes notions de bas gaulois antique. Ôtant son béret d’un geste machinal, il s’est frotté le haut du crâne et m’a dit, avec l’accent : « De toute évidence, il s’agit du verbatim d’une conversation entre deux grands chefs, l’un représentant les homos sapiens, l’autre, les hommes de Néandertal.

- Ah, c’est donc ça, les signes incompréhensibles que vous mettez de part et d’autre de vos jolis dessins ?

Je vous félicite de cette découverte majeure, qui pourrait nous aider à expliquer l’extinction de l’espèce Néandertal. J’interviendrai pour que cette contribution précieuse soit admise comme équivalant aux champignons que vous n’avez pas trouvés ». Le brave homme parle toujours avec cette simplicité rustique des gens d’ici. Aussitôt, il se mit à traduire le fameux texte.

- Ta gueule, j’ai dit ! Mieux vaut un petit chez-soi qu’un grand chez les autres !

Je vous le livre à mon tour aujourd’hui. Il s’agit du compte rendu d’une importante réunion entre Plmbfrt (prononcer Plmbfr), chef suprême des sapiens et Glkrtb (attention, le k est muet), leader des néandertaliens. L’action se passe dans la grotte de Plmbfrt : - Sois le bienvenu, ô Grand Glkrtb, dans mon QG ! - Salut la compagnie. Félicitations, c’est vraiment bien décoré chez vous. J’apprécie tout particulièrement ce bison rouge, d’une très belle facture ! - Oh, ça… Ce n’est rien. Ce sont les gonzesses qui barbouillent. On les laisse s’amuser. Pendant qu’elles décorent, elles ne pensent pas à mal. Elles ne réclament pas la parité ou ce genre de conneries. - Ah bon… Chez nous, les femmes ont les mêmes droits… - Parlons peu, mais parlons bien, machin. Je dois t’annoncer que nous venons, nous, les sapiens, qui sommes intelligents et bien organisés, d’inventer un truc révolutionnaire qui va changer le monde ! - Vraiment ? Vous y êtes arrivés ? Nous, nous butons sur la miniaturisation de l’antenne et du micro ; même si nous avons résolu le problème de l’autonomie de la batterie. !

- Les dessins, c’est les gonzesses, je t’ai dit. Mais les pointillés, c’est nous ! Bref, en vertu des pouvoirs qui me sont conférés… - C’est quoi, pouvoir ? - Ta gueule ! En vertu de mes pouvoirs, j’ai décidé que toi et ton peuple de primitifs, vous alliez dorénavant vivre dans ce coin, là, que j’ai dessiné, derrière les pointillés ! - Mais c’est tout petit ?

- Mais pourquoi vous, vous avez un grand chez vous ? - Eh bien, tu vois les costauds derrière moi ? Les grands barbus avec d’énormes massues ? Si tu ne m’obéis pas, ils vont vous massacrer à coup de gourdins sur la tronche. C’est mon armée. - C’est quoi armée ? - Ce que vous pouvez être primitifs ! Ce sont d’anciens chasseurs cueilleurs à qui on a appris à donner des coups de massue sur la tronche des récalcitrants ! Vous n’avez pas ça, chez vous, évidemment ? - Ben, non. Chez nous, les chasseurs cueilleurs, ils chassent et ils cueillent ! - Primitifs ! Bon, alors, vous avez jusqu’à la prochaine lune pour déguerpir et vous entasser derrière les pointillés ! Sans jamais les dépasser. Sur les pointillés, nous sommes très pointilleux ! - Mais, nous n’aurons pas suffisamment de place ! - Pas mon problème. Allez, dégage ! On croit savoir que par la suite, les Néandertaliens, entassés les uns sur les autres, ne disposant plus de plantes à cueillir et de gibier à capturer, ont fini par tous périr et l’espèce par disparaître ! La raison de l’extinction de cette espèce, ce sont les pointillés ! Mais, tel l’apprenti sorcier, le sapiens finira par prendre son invention diabolique en pleine poire et les pointillés auront également sa peau. Plus tôt qu’il ne le pense ! Ensuite, les animaux pourront enfin vivre tranquilles sur la planète Terre, au milieu des champignons, comestibles, ça va de soi !

- Je ne comprends rien à tes histoires. Non, nous, nous avons inventé les pointillés ! Et les rectangles.

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Marie Mavande Je ne suis pas un robot !

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23H05 à la fin du mois de février, un message me parvint m’invitant à épiloguer sur l’Intelligence. Nul n’ignore encore ma passion pour le bavardage ! Honorée de cette sollicitation médiatique, je me précipite sur mon ordinateur pour explorer le vaste psittacisme des sophistes hyperconnectés. Je suis sans cesse interrompue dans mes lectures par cette phrase : « Je ne suis pas un robot. » Cette affirmation qui a infiltré le champ de nos interactions est à elle seule le témoin de l’ambivalence politique du champ actuel de la pensée. Les hommes se surprennent à parler à des robots comme à des personnes ordinaires, et se comportent comme une sorte d’animal de compagnie pour l’IA (Intelligence Artificielle). Si dans la tradition athénienne l’Intelligence transcende la condition humaine pour se diviniser, car l’Intelligence est la figure véritable de la Divinité, à contrario, la sacralisation du virtuel entretient le dessein que nous n’allons plus seulement utiliser des ordinateurs - nous le deviendrons. Je ne suis pas adepte de romans ou de films de science-fiction, j’hésite donc à me réjouir trop vite de cet amalgame machine-biologie même avec la promesse d’une amélioration de mes capacités cognitives. Pourquoi ? Se confiner dans la peau d’un Cyborg est une réduction neuro-essentialiste de l’intelligence humaine qui nous considère uniquement comme une masse gélatineuse enfermée dans notre boite crânienne qu’on qualifie de Cerveau. On réduit le cerveau humain à la matière connectée. Ainsi, cela conforte les recherches en ingénierie sociale, historique, économique à des fins d’asservissements puisque piloté à distance avec possibilité d’update voire de « Reset ». À ce jeu, le dualisme cartésien Corps et Ame serait pur délire paranoïde voire une maltraitance qu’il faudrait dénoncer. Pour la féministe socialiste Donna Haraway dans « Manifeste Cyborg » les êtres humains sont déjà des hybrides de machines et d’organismes théorisés et fabriqués. Concrètement cette hybridation nous permet de déconstruire les principaux duels de la «  fantaisie  » occidentale de l’identité : «  Homme/ Femme, Noirs/Blancs, Soi/Autre, Réalité/Apparence, Prolétaire/Bourgeois. L’idée monstrueuse de Frontières est ainsi abolie.

Malheureusement selon moi cette mutation opterait à l’homme son intelligence qui est la conscientisation de la frontière entre le moi et le monde. L’homme perdrait sa singularité et deviendrait le troupeau. Cette « cyborgination » entraîne une cristallisation de la conscience et son insensibilité psychique et spirituelle correspondante. Cela risque d’altérer notre système réticulé. De nombreuses études sérieuses ont démontré la correspondance entre l’exposition aux écrans et la fabrication du crétin digital. Seule limite à ce « cancel » de notre ontologie : notre besoin de Transcendance. Même la laïcité (qui loin d’être le moyen de Neutralité spirituelle bienveillant, s’avère incarner la ruse de l’intelligence pour détruire le pouvoir religieux), n’est pas parvenue à nous en débarrasser. Si le Catholicisme s’est effondré trop facilement, grâce au concours de l’extraordinaire activiste Jésuite accessoirement pape, le dénommé François Jorge Mario Bergoglio, d’autres religions affinent leur résistance notamment l’Islam. Quant au « Veau d’Or », le Manitou de la Finance, il réussit à creuser les inégalités et à perpétuer éternellement la lutte des classes, entre les rares travailleurs dépossédés et aliénés et 1 % de croyants apatrides et « Hétaires ». Son terrain de jeu est celui d’un monde instable, évoluant que sur des spéculations folkloriques à la vie Heureuse. Son communisme métisseur précipite les pertes de repères de l’identité culturelle et historique. D’où son plébiscite récurrent et toxique d’une immigration heureuse, recouvert d’une pauvreté heureuse. Ils nous retirent de surcroît notre petit plaisir de comploteurs en annonçant clairement leur fantasme au sommet de Davos : „Vous ne posséderez rien, mais vous serez heureux“. Grâce à ce communisme numérique, nos encadreurs autrefois qualifiés de « Politique » n’auront plus besoin de nous hypnotiser par leur litanie de l’émancipation, d’égalité, et de fraternité. Le dépassement de la condition humaine par l’extension artificielle de nos capacités cognitives rend l’horizon des émancipations, et des progrès politiques totalement obsolète : „Nous envisageons la possibilité d’élargir le potentiel humain en surmontant le vieillissement, les lacunes cognitives, la souffrance involontaire et notre confinement sur la planète Terre.“ Bill Gates.

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La genèse de tout cela n’est pas tant de réparer ce qui fait défaut comme le souhaitait Ambroise Paré, mais bel et bien d’imposer une nouvelle religion. On renoue, ici, avec le thème typiquement grec de « l’hubris » : une arrogance susceptible d’être punie. Cette attitude n’est pas différente de « La rébellion de Lucifer ». Si on se réfère à la chute de l’Atlantide, les « égothéistes » n’en sont pas à leur premier coup d’essai. Visiblement la leçon d’Icare le fils de Dédale en quête d’ascension vers les cieux, le mythe de Prométhée condamné par Zeus pour avoir tenté de livrer aux hommes des attributs de divinité ou encore la pomme du jardin d’Eden… n’ont pas freiné les pulsions de l’Homo sapiens à se transformer en Homo deus. Ce projet de « l’Auto-Divination » n’est donc pas une histoire de demain comme l’entend Yuval Noah Harari. Cette autodivinisation nous divertit de notre rapport à la transcendance et nous transforme en produits d’un logiciel organisé socialement dans une matrice. Cette Atrophie spirituelle nous vide de notre moi profond, vampirise notre intelligence. En guise de le répéter, L’intelligence est ce Sentiment d’une présence au monde et à soi. C’est un mouvement permanent de l’intérieur vers l’extérieur et vice versa. La dialectique en pleine exercice qui nous permet de voir au-delà. L’intelligence humaine est ainsi associée à la conscience comme « rapportabilité ». L’intériorité et l’extériorité s’enchevêtrent, se co-construisent. C’est du moins l’approche du Neurologue Lionel Naccache dans “Le Cinéma intérieur“. Pour lui, la rapportabilité peut être rapprochée de la propriété d’intentionnalité (toute conscience est conscience de quelque chose) développée par Franz Brentano puis Edmund Husserl dans la phénoménologie. Or, nous assistons à travers les âges à l’éternel retour de L’humanité à l’Humus. (L’expérience de l’évolution avortée). Notre trop plein « amour de soi », et uniquement de soi, nous auto emprisonne en nous-mêmes. Tout mouvement est réel pour l’homme que s’il y a un objet dans l’espace auquel il puisse se référer. Avec l’évitement de l’altérité, les hommes sont étrangers à la destinée de leur semblable. Tocqueville le dépeint dans l’évolution de la démocratie. Mettant en garde contre le contentement de soi, la satisfaction de l’intérêt personnel, cet individualisme post-moderne qui consume la cité

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et qui au final engendre du standard, une armée de corps juxtaposés entièrement dissociés qui ne sait plus saisir l’unité en toute chose. Mais c’est la preuve que nous sommes tous des perroquets diplômés, ou des illettrés en puissance voire des fous si “La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent ». Ce n’est donc plus seulement le corps qu’on évince, c’est le Monde lui-même. Cet automatisme amplifié, cette domestication accélère la déconstruction du Monde. Puisque nous sommes certes des cerveaux hyperconnectés, mais sans véritable lien social. Nous en sommes à consommer la télémédecine. Une forme aggravée de la déshumanisation. Benoîtement installé, dans ce Monde de cyber espace qui nous transporte dans l’univers narcissique de la dématérialisation où l’altérité est une menace. Le robot n’enfante pas encore de robot. Le Robot n’a pas de véritable désir, il est producteur de dépendance. Il n’obéit qu’à des injonctions permanentes. Nous avons déjà ainsi changé de civilisation, nos rapports à la nature sont en train peu à peu subrepticement d’être abandonnés au profit d’une civilisation de la technicité selon Jacques Ellul : « Avant on faisait du social avec son corps. Les femmes enfantaient avec leur ventre, les hommes servaient de bâton de vieillesse. » La nature a été vite abandonnée pour la matérialité. Par ce déplacement de notre polarité évolutive (perturbation des flux entre le lobe gauche et droit du cerveau), on se perd dans le monde du fantasme, où il n’y a plus rien de solide sur lequel on peut bâtir. Le tout Numérique est une déconnexion du vrai, un billet simple au triangle (des Bermudes). Certains sociologues substituent à ce titre la notion de post-humanisme à celle de post-vérité. En assimilant la vérité absolue à Dieu dans la logique de Descartes, Dieu étant l’expression parfaite de l’Intelligible, nous constatons que l’attrait pour l’intelligence artificielle est une énième tentative de mettre la Transcendance en péril et de nier la conscience Christique. Fyodor Dostoevsky a décrit dans « Les Démons » que le rejet de la transcendance ne conduit qu’à une violence déformée (y compris le viol d’enfants), à une destruction gratuite et à d’autres comportements pathologiques extrêmes. Tous les spectacles navrants des revendications minoritaires sont un encas du buffet gratuit de la division des citoyens en vue de notre soumission absolue. Quand on sait que les magnats de la Silicon Valley (Jeff Bezos, Peter Thiel et Elon Musk) ont investi dans la recherche sur la prolongation de la vie. Ils ont même


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entamé une véritable lutte spirituelle pour en finir avec la finitude. Microsoft va jusqu’à envisager la possibilité d’instruire personnellement une intelligence artificielle afin de léguer à ses proches un double de soi-même le plus exact possible comme dans le film „Surrogates“ avec Bruce Willis. Bientôt, nous pourrions peut-être payer quelqu’un pour qu’il prenne notre place dans le monde physique parsemé de maladies et de dangers, pendant que nous resterions derrière la sécurité d’un écran. Cela a au moins le mérite d’être un système de croyances parfait pour les sociopathes narcissiques. Ces illuminés ont définitivement une notion troublée de ce qui constitue la “vie intelligente”. L’intelligence Humaine est indissociable au réel de la mort. Mary Shelley dans son roman Frankenstein soulignait comment la passion d’arracher la vie à la mort qui habite le Docteur Victor Frankenstein se transforme en cauchemar dès que la créature qu’il a façonnée prend vie. Vivre c’est justement apprendre à Mourir. Par ailleurs, la pression croissante à l’harmonisation des décisions Politiques, économiques sanitaires nous invite à nous interroger sur la mutation de l’humanisme classique. L’enjeu est ici Métaphysique : quelle est donc la nature de cette réalité qui nous entoure ? L’Intelligence Artificielle ne sert -elle pas au final à l’intensification mondiale de la domination ? Une « Totalisation » de l’espace humain pour mieux surveiller et punir. On nous vend L’anti finitude, une absence de limites à nos possibilités cognitives. Mais à quoi sert la connaissance si on ne sait plus rien transmettre et donc ne plus rien connaître  ? Kant était-il complotiste quand il se demandait : « Que peut-on connaître ? Que m’est-il permis de connaître ? » Nous avons perdu l’herméneutique et avec elle l’ontologie qui fait le terrain de l’épistémologie. Tout cela nous amène à réfléchir sur notre condition de dépendance à la technologie et aux Forces Financières qui croient tout pouvoir imposer aux masses. Car ils nous observent et ont vite compris que la masse se biberonne au lait de l’erreur (Cicéron) : Nous sommes une société d’addiction, mais d’addictions toxiques. Téléphone portable, télé, Câbles Satellites, montre digitale, carte à puce, réseaux sociaux, écoles virtuelles, églises virtuelles et Apéros virtuels. Internet a déjà rendu largement inutile la visite physique de lieux tels que les banques, les bureaux

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de poste, les cinémas, les Salles de Sport et le « Covid 19, 21, ……57 », (cette pandémie nécessaire selon Attali) a donné une grande impulsion à cette tendance. Alors que nos mondes physiques rétrécissent dans un effort pour éviter de contracter des virus, nos mondes virtuels se développent pour le compenser. Jamais nous n’avons été si confrontés à la virtualisation du monde ! La dimension de la relation à autrui s’amenuise sous la dictature de la distanciation sociale. Sans doute que le Neurologue Eugéniste Alexandre Laurent a raison d’affirmer que « les humains sont déjà des transhumanistes, mais qu’ils ignorent le mot » ? Notre cerveau est sculpté par la technologie, la vitesse, l’inaffectivité… Nous mutons vers une matière sans esprit, libre de toute contingence pour ne laisser que le conatus Spinozien : L’effort d’exister aux commandes d’un corps augmenté. Cet intellect passif est désigné en grec par : le « Noos » pathetikos. L’homme cesse d’être un roseau pensant et sombre dans un « Hexis » émotionnel. La féminisation de la société est l’ultime étape de cette ingénierie sociale avant le débranchement complet du corps émotionnel et le basculement dans la logique pure. Une logique pure au service du profit pur. L’intelligence humaine ne saurait se contenter de n’être qu’un simple instrument de calcul, une simple faculté nous permettant de pénétrer l’infaillibilité. Au 18 -ème siècle, au temps où la technique n’était pas dominante, Leibniz voulait augmenter l’éclairage de l’intelligence humaine, en transformant l’argumentation en théorème. L’homme devenait ainsi une Machine à raisonner. Pour Leibniz, la pensée n’était qu’une simple manipulation mécanique de Symbole. Rien n’est plus nuisible à la pensée que les simplifications. Leibniz aurait dû le savoir que la liberté de réflexion allait s’en trouver limitée. Cesser de penser n’est rien d’autre que l’interruption de jugement qui conduit à la banalité du mal selon Hannah Arendt. L’intelligence artificielle a un effet paralysant sur les libertés individuelles. En tant qu’êtres humains, nous sommes précisément ce que nous sommes, des individus libres jouissant de la puissance d’agir. L’intelligence s’accompagne de l’action. Et dans l’action l’homme fait valoir son pouvoir d’être en mesure de se tromper, d’être faillible. Ce qui a de plus intéressant dans l’erreur, c’est qu’à chaque fois que nous la commettons, cela nous amène à une compréhension encore plus forte de la réalité et des vérités supérieures. On ne possède l’intelligence qu’en pensant et c’est cela connaître. L’infaillibilité n’autorise malheureusement plus l’homme à penser, mais à l’adhésion. La fabrique du consentement n’est qu’une vérité de choix forcé. Nous n’avons plus réellement d’alternative. Il n’y a plus de véritable choix. Du coup, ce n’est pas non plus une politique de consentement. Les innovations en matière d’information (collecte et traitement des données) et de communication (relations et distribution) doivent

nous alerter sur le Mythe de la Neutralité de l’Intelligence Artificielle. La collecte des données connexes sert à la traçabilité qui sera utilisée pour récompenser ou punir certains comportements comme dans la série dystopique futuriste Black Mirror... Aucune activité humaine n’est privée. Les super-ordinateurs I.A. (intelligence artificielle) analysent et catégorisent chaque action. L’essor de l’intelligence artificielle permet au gouvernement de mieux contrôler l’information, la parole et les libertés. On ne se risque pas ici à évoquer une guerre de l’information. Elle comprend deux volets : d’une part, déverser de fausses informations et d’autre part censurer toute possibilité d’y répondre. Désormais, des médias ne se contentent plus de soutenir la guerre, ils la font. Toute contestation de versions officielles nous fait passer du statut de « citoyen libre» à celui de « Menace publique ». Combien d’Artistes, de Scientifiques, de Politiques ont été blasphémés depuis la crise du covid 19, pour avoir eu une opinion ? La liberté d’expression s’est muée en un outil de dictature de la pensée. La dialectique rend libre, c’est pourquoi elle est qualifiée par les sophistes de science des hommes libres. Mais l’homme est condamné au silence. Concomitamment, on quitte le « noein » (le sens) pour le bombardement sensoriel nous plongeant dans un état d’obnubilation. L’accumulation d’information s’accroit plus vite que la population. L’effet premier est qu’il devient impossible de se concentrer sur ce qu’il se passe réellement… on ne peut plus, porter son attention sur la réalité, et nous n’accédons plus à la connaissance du réel. La Liberté ne peut s’exercer dans l’ignorance. Notre cerveau a été formaté par les médias aux ordres, les religieux et les autorités dites officielles. La terre est le royaume des morts qui se croient vivants, mais ils ne savent plus ce qu’est la Vie ! Nous devons assumer notre responsabilité personnelle quant à la quantité de données que nous partageons volontairement avec les sites de médias sociaux, les applications et l’internet en général. La seule défense contre l’érosion complète de la vie privée – et donc de la liberté – est un public éduqué qui défend ses propres droits. Il est clair que tout ce cirque est une tentative de Régulation organisée de notre système par des normes intempestives, d’imposer la logique du bien faire (Marché au pas) au lieu de faire du bien (l’intérêt général) par l’internationalisation du Crédit-social chinois. La Chine exporte maintenant cette technologie, ainsi que les principes de la technorépression, vers des pays comme le Pakistan, le Cambodge et le Laos, par le biais de son initiative “Nouvelle route de la Soie”. Quel que soit le nom qu’on leur attribue : « Big Brother, Deep State, Matrice, Grand Architect de l’Univers, Orwell, derrière chaque masque se dissimule la volonté de puissance. La terre est devenue une planète-pri-

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son dominée par un impitoyable gang d’adorateurs du contrôle dont le pouvoir ne peut jamais être contesté. Ils sont les détenteurs monopolistiques des méthodes conduisant à l’établissement de la vérité autorisée. Tous ces Molochs vont donc rationaliser les circonstances et décider du comportement qui leur semble le mieux adapté en fonction de leurs désirs. Ces superviseurs s’attribuent trop de finalité, et ainsi l’IA se remplit d’opinions inconstantes, pour ne pas dire « idéologiques ». Tous habillent d’honorabilité leurs pratiques de pures prédations. Dans la langue des barbares resonne le doux diktat de l’empire. Il serait intéressant de savoir qui à l’intérieur de cette société panoptique contrôle le super ordinateur ? Il faut nécessairement un contrôleur qui ne soit lui-même pas sous contrôle ! Le rêve d’agglomérer l’Humanité tourne en obsession, d’où l’insistance de Monsieur Sarkozy de Bill Gates, du Pape… sur le caractère inéluctable du « NOM » Nouvel ordre Mondial. Le récit des évènements actuels n’est ni prophétique ni exceptionnel. Quelque part, nous sommes dans le prolongement de l’idéologie de la fameuse Tour de Babel. Mais nous ne pouvons pas comprendre comment nous en sommes venus à ce que nous sommes aujourd’hui si nous ne connaissons pas le processus qui nous a menés jusque-là. La même vieille rengaine se répète encore et toujours, en fait, elle ne s’est jamais arrêtée. La toile d’araignée se tisse. Observons le glissement sémantique de l’intelligence ces dernières années : Performance, Automatisation, à laquelle se greffe la notion de Rentabilité. Cela explique la conception populaire de l’intelligence comme mesure d’excellence, à la base de la psychométrie. La politique du tri nous ramène à éliminer les moins performants. Les Maîtres du Monde considèrent qu’une majorité de la population est inutile ou non-rentable. La plupart des „citoyens ordinaires“ ont une valeur négative pour le système économique. Le XXIe siècle pourrait assister à l’éclosion d’une classe nouvelle, celle des inutiles. Ils n’ont plus de pouvoir politique et aucune valeur marchande. (Yuval Noah Harari). Sous des prétextes fallacieux de réduction de Carbonne, réduction des naissances, réduction de la haine, une guerre d’élimination contre la population mondiale a donc commencé. Les humains devenus inutiles ne sont pas éliminés dans des camps de concentration, mais en leur supprimant progressivement l’accès à l’espace vital, au travail, à la nourriture, à la santé, à l’éducation, à l’information, et à l’énergie. L’envolée des prix alimentaires, la suppression ou la réduction des allocations-chômage, la baisse des retraites, le démantèlement des systèmes d’éducation et de santé publique, et la privatisation du marché de l’électricité sont autant de mesures récentes qui vont dans ce sens. Les pauvres, les précaires et les exclus sont condamnés à une mort lente et discrète, par la misère, la malnutrition, la maladie, ou le suicide. »

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L’intelligence est un sujet qui prend place dans ce contexte où le numérique et la mort s’imposent comme les symptômes en tant qu’expression de la quête du calibrage ou du formage d’un individu placé hors de la contagion du « vivant ». L’absence de rythme biologique humaine, telle que les saisons, aliène. Le but est d’en finir avec la « polis » c’est-à-dire avec la Dialectique, la critique, le doute, condition sine qua non de l’Évidence (cette vérité qui s’impose à notre entendement), la science. Seule la science de la tyrannie fait loi. Quelle que soit la genèse du concept de l’intelligence, il faut tracer quelques lignes de démarcation entre l’intelligence organique et l’intelligence humaine. Si par “intelligent”, nous exprimons simplement une opération mathématique ou logique plus complexe ainsi que la connaissance de plus de données, les « Machines » sont définitivement plus intelligentes. Mais si conformément aux courants philosophiques voire Neuroscientifiques on accepte que, quelle que soit l’intelligence abordée, elle se placera toujours dans le champ de la pensée, alors le rapport à l’intelligence est loin d’être simple comme voudraient nous le faire croire quelques pédagogues pressés. L’intelligence c’est la connexion de l’être à l’univers. C’est une multitude de facultés de connaissance. Le tout Harmonisé dans une expérience d’élévation. Ce qui distingue l’homme de l’Animal selon Platon, n’est pas de posséder l’intelligence, mais la quantité à laquelle il la possède. L’intelligence est quelque chose qu’on acquiert tous, qu’on possède tous et qu’on utilise tous. C’est le « Noos » (l’intellect) qui doit être différencié de la « phronesis » (la Sagesse). Last but not least, l’intelligence c’est l’acte par lequel l’homme se désillusionne. Mais à voir nos réflexes primaires notamment lors des périodes électorales, c’est à croire que notre intellect est sous effet d’un produit anesthésiant. Tout penseur critique devrait faire une pause lorsqu’il accepte l’attitude selon laquelle le choix d’un dirigeant pour le dominer est dans son meilleur intérêt. Comment l’intelligence humaine adhère-t-elle encore aux élections démocratiques ou à des agents choisis qui fondent la représentativité parlementaire sur des coalitions d’intérêts particuliers ? L’État ne se soucie pas de nous, que nous soyons son plus grand partisan ou son plus grand ennemi. Tous seront traités avec le même mépris. Que ce soit de droite ou de gauche, aux extrémités, au-delà de divergences sur la forme plus que sur le fond, ces Courroies de transmission de la pauvreté organisée servent le même Seigneur. Nos institutions politiques ont organisé consciencieusement, bien que discrètement, la disparition de tout contre-pouvoir interne. On ne s’étonnera donc pas de constater que les Élus défendent toujours les


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groupements d’intérêts et non l’intérêt général. Élite économique et élite politique se confondent, le tout fonctionnant en vase clos. On vend alors aux électeurs des programmes déconnectés de la réalité pendant que les lobbies organisent le pillage des fonds publics au profit des quelques entreprises privées. Quelques lignes qui devraient nous faire réfléchir davantage

Il en résulte que l’humanité soit contrainte quotidiennement d’assimiler et donc de se conformer au programme de la matrice. C’est la bataille de David contre Goliath. La tragédie actuelle que nous vivons est hélas le résultat de la tragédie des âmes. En effet, l’état d’esprit de la masse ressemble au final à ceux qui instaurent cette dictature, qui ne se cache plus. Superficialité, matérialisme, individualisme, narcissisme... course à l’argent, aux intérêts personnels, voilà ce qui a permis et favorisé le développement de ce cancer. Günther Anders évoque la honte prométhéenne. Notre mission sera de devenir un homme porteur d’un humanisme qui ne soit pas qu’une ingénierie organique. Nous avons en nous une profonde force d’Amour qui peut nous guider à l’essentiel, nous aider à ne pas gâcher inutilement notre vie et surtout à comprendre qu’on est tous relié au-delà de nos apparences trompeuses. Une seule conscience se meut à travers toute vie. Par amour, pour le monde « Amor Mundi » en tant qu’espace dimensionnel, réduisons les distanciations sociales. Mon conseil de lectures: La déconstruction de l’homme : Éric Lemaître. La technique, ou L’enjeu du siècle : Jacques Ellul Le revers des désillusions modernes : Jean Michel Besnier La raison impactée : Charles Eric de Saint-Germain Dire 100 Dires : Mary Mavande

Marie Mavande

Pouvoir

« Après 1981, je demandais à François Mitterrand : - Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais promis ? Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque Mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement, mais non pas le pouvoir. J’appris ainsi qu’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. J’ai vécu l’expérience directement durant quatorze ans. En France, on élit, et les élus font des lois qu’ils n’ont jamais proposées et dont nous n’avons jamais voulu. La France est-elle une démocratie ? Une puissance mondiale ? Je le dis en tant que Française : cela ne veut rien dire.» Danièle Mitterrand.

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Carole Vilbois Cachez ce QI que je ne saurais voir !

Carole Vilbois Cachez ce

QI que je ne saurais voir ! Entre mythe, réalité, et mensonges, l’intelligence est dans les tous ses « États »… économique, artificiel, soigneé par la psychanalyse ou la psychiatrie, au cœur des services de renseignements.

L’intelligence, une pudeur ? cachez ce QI que je ne saurais voir !

Qu’est l’intelligence au sein du monde que nous habitons, au sein du cosmos ? Aucune réponse mathématique n’est un mensonge. Aucune équation, aucune loi physique, pas même la vie de la moindre particule ne se ridiculise dans le mensonge. De la même façon qu’il existe le zéro absolu pour la température, des énergies qui ne se perdent jamais et se transforment, plus nous tendons vers l’intelligence, plus tel un cristal sans faille nous atteignons une réalité parfaite, une connaissance scientifique, des lois immuables. D’un côté, la vérité si chère aux personnes dotées de l’intelligence logique, cette vérité avec laquelle on ne plaisante pas, ce besoin de justice au-dessus même de l’instinct de survie, cette nécessité d’être en phase avec l’épicentre de la création, la morale, le bien avant le mal.

William James Sidis 1er Avril 1898 17 Juillet 1944

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De l’autre côté, le caméléon, l’adaptable, le virus qui singe vos cellules, qui dupe votre organisme, celui qui se prévaut d’une autre forme d’intelligence, incluant le mensonge.


C a r o l e V i l b o i s C a c h e z c e Q I q u e j e n e s au r a i s v o i r !

Ainsi, là ou l’intelligence logique, prône la collaboration de tous les individus, sans grand succès tant elle est rejetée par la masse, l’intelligence émotionnelle se joue des émotions de chacun, pour tirer son épingle du jeu, au service de l’individualisme. Ce que le groupe apporte devient plus important et noie dans la masse la responsabilité. Williams James Sidis dû se battre toute sa vie pour se sentir intégré. Il parlait déjà 8 Langues différentes à l’âge de 8 ans. À 9 ans ce jeune passionné de linguistique crée sa propre langue « Le Vendergood », les spécialistes la qualifieront de fascinante et complète. Il réussit aussi cette année-là son examen d’entrée à Harvard. Il ne sera pourtant pas accepté avant l’âge de 11 ans. À 12 ans il donnera sa première conférence, mais son ennui étant grand, il reprenait ses professeurs, et peinait à se faire des amis. La presse le transforma vite en personnalité publique pour qui on envisageait un avenir brillant. À 16 ans, il devient professeur de mathématique à Harvard. Il sera beaucoup moqué par ses propres élèves. Il poursuit des études de droit en parallèle… mais plaque tout à l’âge de 17 ans. À 21 ans, en 1918, il recrutait des jeunes pour une manifestation communiste contre la guerre, il se passionne alors pour la politique, et souhaite renverser le système. Il expliquera au juge que les problèmes du monde sont liés au capitalisme, il fera pour cela 18 mois de prison. C’est là qu’il comprend enfin ce à quoi il aspire, il déclarera :

Je veux vivre une vie parfaite. La seule manière d’y arriver est à travers l’isolement et la solitude. J’ai toujours détesté les multitudes. Certains diront qu’il était autiste asperger, d’autres s’exprimeront sur le gâchis de cette vie qui ne put s’épanouir dans la joie, et tiendront sous silence son existence. L’homme plus intelligent de tous aurait été opposé à la guerre, et anticapitaliste. Mais qui se souvient de lui ?

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C a r o l e V i l b o i s C a c h e z c e Q I q u e j e n e s au r a i s v o i r !

Lorsqu’il meurt d’une hémorragie cérébrale en 1944, l’on retrouve sur lui la photo de son seul amour, celui qu’il avait éprouvé pour cette jeune militante d’origine irlandaise, Martha Foley. Un amour non consommé, comme cette vie qu’il avait voulu la plus simple possible, loin des médias. James William Sidis est sans doute la preuve qu’une intelligence reste un potentiel. Libre à chacun de l’exploiter. Un humain est profondément libre de se contenter de la beauté d’un paysage, du souffle du vent, des notes de musique.

Rien n’oblige l’être dit intelligent à contribuer à la société. La porte de Newton qui se ferme et le besoin de mysticisme, sans doute la plus belle preuve, celle que l’être intelligent est convaincu qu’il reste toujours quelque chose qu’il ne sait pas, qu’il doit apprendre, quelque chose qui le dépasse, quelque chose au-dessus de lui. Il y a bien moins d’arrogance chez celui qui cherche la vérité, et qui souhaite y tendre, que chez le menteur qui pense pouvoir duper l’autre et le dominer. James Williams Sidis, moqué par ses élèves, c’est ce premier de la classe qui n’a pas d’amis, c’est cet autiste trop franc qui ne fait pas de rond de jambe. C’est ce salarié renvoyé, cette carrière frustrée, c’est ce SDF qui parle 7 langues, mais qui pour rien au monde ne désire s’intégrer. L’intelligence c’est comme venir au monde dans un hôpital psychiatrique lorsque l’on n’est pas malade, c’est se dire tous les jours : « Qu’est-ce qu’ils sont cons ! » mais il est impossible de le dire, et c’est savoir qu’il faudra faire avec. C’est tenté comme James William Sidis de reprendre ses professeurs… Son père écrira alors qu’il a 12 ans : Il est d’une disposition extrêmement heureuse, débordant d’humour et de plaisir. À 24 ans, il écrit un traité sur l’antimatière, à 27 ans un traité de cosmologie prédisant les trous noirs. Il me renvoie forcément à ce matin de 1980 où je me trouve dans le prestigieux lycée-collège privé, Saint Louis, sous contrat implanté 50, rue de Clichy à deux pas de la gare Saint-Lazare, dans le IXe arrondissement de Paris, ou je lève la main, j’ai une question pour ma professeur de physique-chimie. J’ai hâte d’avoir la réponse, je trépigne, car je voudrais lui montrer que je suis une bonne élève, que la matière me passionne.

Accéder gratuitement au livre de William James Sidis via le QR code ou le lien https://eqrcode.co/a/ 16


C a r o l e V i l b o i s C a c h e z c e Q I q u e j e n e s au r a i s v o i r !

- Madame que se passe-t-il lorsque l’on met exactement la même quantité de matière et d’antimatière en présence ? Obtenons-nous une explosion ou une implosion ? Elle botte en touche, elle n’a pas la réponse et me claque sèchement : - Cette question n’est pas au programme. Il faudra bien des années avant que finalement la revue science et vie aborde le sujet et que je découvre que personne ne se posait la question en 1980, puisqu’il aura fallu attendre 1995 pour qu’au CERN soit créé le premier atome d’antimatière. La réponse à ma question quarante ans plus tard est : l’antimatière et la matière, quand elles entrent en contact, peuvent s’annihiler mutuellement. Elles sont alors transformées en énergie, suivant l’équation E=mc2. En fait, il s’agit de la seule situation connue dans laquelle la masse est intégralement convertie en énergie. Par comparaison, une réaction nucléaire classique ne dégage qu’une très petite partie de l’énergie „de masse“ contenue dans les combustibles nucléaires utilisés (~1 millième), cette dernière dégageant pourtant bien plus d’énergie encore qu’une combustion (~1 million de fois plus). (Source Wikipédia). Comment voulez-vous qu’une jeune fille de 12 ans puisse se faire des amis, lorsque la seule chose qui l’intéresse est la fusion et la fission, l’absorption des couleurs, et notre place dans l’univers. Il est difficile de poser ce constat, mais l’intelligence est proportionnelle aux questions qu’un individu se pose et à l’énergie qu’il est capable de déployer pour trouver la réponse à ses questions. Intelligence = Questions X Énergie Dans sa solitude, Newton n’a eu de cesse que de répondre à ses propres questionnements, tout comme Einstein qui s’interrogeait… - Si je vole à la vitesse de la lumière avec un miroir à bout de bras, est-ce que je vais me voir dans le miroir ? Qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? Pourquoi le temps passe ? La vie comme une quête, comme une énigme, un jeu. Si nous avions toutes les réponses, l’intelligence n’aurait plus de substance. Car multipliez n´importe quoi par zéro, le résultat sera toujours zéro. Intelligence = Zéro Questions X Énergie = Zéro Intelligence = Questions X Zéro Énergie = Zéro Ne laissez jamais personne vous dire qu´une question n´est pas au programme ! Ne laissez jamais quelqu´un vous faire croire qu´une réponse n´existe pas Ne doutez pas de vos capacités.

Carole Vilbois 17


Martine Re vol

Martine Revol Nourris ton zèbre !

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Nourris ton zèbre ! Une alimentation saine, équilibrée, biologique est fondamentale pour nourrir le cerveau, et donc pour avoir des fonctions cognitives en bon état de fonctionnement, afin de générer l ’intelligence naturelle. Beaucoup de chercheurs se questionnent sur les différences énormes que l’on trouve parmi les populations sur le vieillissement, mais aussi sur l’éducation, et les capacités d’apprentissages. De nombreuses équipes scientifiques sont arrivées par différents angles d’approche aux mêmes conclusions. Hippocrate en 460 avant J.-C., le disait déjà, le père de la médecine actuelle. Nous sommes ce que nous mangeons ! De là, à dire que nous pensons comme nous mangeons ? Il n’y a pas loin et de nombreux chercheurs en arrivent là, aujourd’hui, grâce à l’imagerie médicale, qui nous a fait faire des progrès prodigieux sur la compréhension du cerveau. Hippocrate ne connaissait pas la télévision, les séries policières ensanglantées et violentes, ni les jeux vidéo sauvages, cependant, on peut aussi se poser la question générale de la qualité de l’éducation, de la morale, et de ce qu’on montre aux gens, à travers les séries et les jeux. La malbouffe un vecteur terrible sur les dysfonctions cognitives. Contrairement à ce qu’on croyait avant les années 1990, les neurones dont on dispose à la naissance peuvent être renouvelés, dans de bonnes conditions de vie, d’alimentation, et d’environnement jusqu’à 90 ans, on appelle cela la neurogenèse. La neurogenèse désigne l’ensemble du processus de formation d’un neurone fonctionnel du système nerveux à partir d’une cellule souche neurale. Au XXème siècle, nous pensions que nous naissions avec un nombre de neurones, une bonne fois pour toutes. Le cerveau contient plus de cinquante milliards de cellules (les cellules nerveuses ou gliales) et douze milliards de neurones. Depuis les années 1990, l’imagerie médicale nous a permis de grandes avancées, en localisant des zones du cerveau comme l’hippocampe et le bulbe olfactif, plusieurs niches germinatives neuronales. Les niches germinatives fabriquent des neurones durant le courant de la vie. L’étude de la professeure Boldrini et ses collègues montre une production de nouveaux neurones dans l’hippocampe chez l’adulte sain, même âgé ! Les auteurs de cette étude ont utilisé des techniques de détection immunohistochimiques similaires à celles de Sorrells et collègues. Pour cela ils ont utilisé des échantillons de tissus cérébraux récupérés sur 28 individus sains (11 femmes et 17 hommes décédés subitement alors qu’ils étaient en bonne santé) à différents âges allant de 14 à 79 ans.

Les auteurs de l’étude ont montré que les cellules souches présentes dans l’hippocampe peuvent engendrer de nouveaux neurones (neurogenèse), mais également de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse), grâce à la visualisation de nombreux marqueurs immunohistochimiques. Tandis que l’angiogenèse se tarit au fil des années, la neurogenèse continue après 70 ans, et David Snowden, neurochirurgien américain l’a montré dans ses études, sur les nonnes de plusieurs couvents (environ 700), sur une étude qui a duré plus de 10 ans. Elles ont donné leur cerveau à la science, et durant leur vie, elles se sont pliées à des séries de tests tous les ans, puis à leur mort, leur cerveau a été découpé en tranches, afin de l’analyser. Post mortem David Snowden s’est rendu compte que des personnes très âgées, dont une de 104 ans, présentaient tous les signes visibles à l’imagerie de la maladie d’Alzheimer, notamment les dépôts de plaques bêta-amyloïde, et cependant aucune dysfonction cognitive. Cette découverte remettait en question ce que nous avions appris de la maladie d’Alzheimer, et que ces dépôts n’étaient pas forcément le signe de la maladie. Il a donc supposé que l’alimentation des abbayes, le jardin potager, les médicinales en tisane, le calme, et de bonnes activités intellectuelles et spirituelles étaient la raison. Le chant et la musique aussi, en particulier, une vie régulière à l’abri du stress. Ainsi les bons aliments pour le cerveau, d’un bébé, d’un enfant, d’un ado, d’un adulte, plus d’un adulte âgé ont une incidence capitale pour la qualité de son apprentissage scolaire, de son travail plus tard, et encore de son vieillissement avec toutes ses facultés intellectuelles. Les bons aliments du cerveau sont : Les oméga 3, de nombreuses équipes scientifiques travaillent sur le sujet, et en particulier pour améliorer les acides DHA ou EPA dans le cerveau. En bref, apporter au cerveau suffisamment d’acides gras oméga-3, de DHA et d’EPA, pour étudier leurs effets sur la maladie d’Alzheimer ou la dépression n’est pas tâche facile. Sur les souris de laboratoire, l’ajout d’une forme lysophospholipidique d’EPA (LPC-EPA) au régime alimentaire permet de multiplier par 100 les niveaux d’EPA dans le cerveau. Et la quantité de LPC-EPA requise pour cette augmentation est plutôt faible, en tous cas chez la souris : moins d’un milligramme par jour. Chez l’Homme ce serait de l’ordre de moins d’un quart de gramme par jour. « Que ton aliment soit ta seule médecine » disait Hippocrate. Gare à ceux qui consomment à outrance des produits transformés malsains (pesticides, additifs, conservateurs…) et déséquilibrés (trop gras, trop sucrés, trop salés). Les aliments riches en oméga 3. Le maquereau Teneur en oméga 3 : 4107 mg par portion, ou 5134 mg pour 100 grammes.

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Saumon (4023 par portion) le saumon est l’un des aliments les plus riches en nutriments de la planète. Il contient des protéines de haute qualité et toute une variété de nutriments, comme une forte teneur en magnésium, potassium, sélénium et vitamines B. Certaines études montrent que les personnes qui mangent régulièrement du poisson gras, comme le saumon, présentent des risques plus faibles de développer des pathologies comme les maladies cardiaques, cérébrales, et la dépression, pour peu qu’il soit biologique, et bien nourri dans les élevages. Teneur en oméga 3 : 4023 mg par portion, ou 2260 pour 100 grammes. Le problème du saumon est l’élevage intensif qui amoindrit ses qualités. Il vaut mieux consommer du poisson sauvage, si on en a la possibilité, et favoriser son retour dans nos rivières. L’aquaculture individuelle autonome peut être une solution à long terme. Notamment la truite saumonée, qui contient elle aussi beaucoup d’oméga 3. Le foie de morue, et plus particulièrement son huile qui est non seulement riche en acides gras oméga 3, mais elle est aussi chargée de vitamine D (338 % des AJR) et vitamine A (270 % des AJR), les anciens ont bien connu, la séance de l’huile de foie de morue. Pourquoi ne pas remettre le foie de morue fumé au goût du jour de l’apéro, il est issu d’une pêche durable intéressante ? Un filet de hareng fumé contient presque 100 % des AJR pour la vitamine D et le sélénium, et 50 % pour la vitamine B12

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Teneur en oméga 3 : 3181 mg par filet, ou 1729 mg pour 100 grammes. Les huîtres contiennent d’ailleurs plus de zinc qu’aucun autre aliment sur la planète. Une portion de 100 grammes d’huîtres (6 à 7 huîtres) contient 600 % des AJR pour le zinc, 200 % pour le cuivre et 300 % pour la vitamine B12. La sardine est un tout petit poisson gras très nutritif, surtout entier. Elle contient presque chaque nutriment dont le corps humain a besoin. Un bol de sardines égouttées fournit 200 % des AJR pour la vitamine B12, et plus de 100 % pour la vitamine 100 % et le sélénium. Teneur en oméga 3 : 2205 mg par bol, ou 1480 mg pour 100 grammes. Les anchois sont une excellente source de niacine et de sélénium, et les anchois avec arêtes sont également riches en calcium Teneur en oméga 3 : 951 mg par conserve, ou 2113 mg pour 100 grammes. Le caviar est composé d’œufs de poissons. Il est généralement considéré comme un produit de luxe, il est riche en choline et extrêmement pauvre en acides gras oméga 6. Teneur en oméga 3 : 1086 mg par cuillère à café, ou 6789 mg pour 100 grammes. Les graines de lin sont aussi riches en fibre, vitamine E, magnésium, et autres nutriments. Leur ratio oméga 6 à oméga 3 est très avantageux, par rapport à la plupart des autres graines huileuses, l’huile à consommer très fraîche, d’où l’intérêt d’une presse à huile individuelle. Teneur en oméga 3 : 2338 mg par cuillères à café de graines, ou 7196 mg par cuillère à café d’huile. Les graines de chia sont extrêmement nutritives, elles sont riches en manganèse, calcium, phosphore et bien d’autres nutriments, une portion standard de 2 cuillères à café (28 grammes) de graines de chia contient 4 grammes


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de protéines, et chacun des huit acides aminés essentiels. Teneur en oméga 3 : 4915 mg pour 28 grammes. La noix est très nutritive et riche en fibres. Elle contient de grandes quantités de cuivre, manganèse, vitamine E, et autres oligoéléments importants. Il ne faut pas retirer la peau qui contient la plupart des antioxydants phénol. Teneur en oméga 3 : 2542 mg pour 28 grammes, ce qui revient environ à 7 noix. Les aliments d’origine animale contiennent les acides gras oméga 3 EPA et DHA, les fruits de mer et les algues. Les aliments de type graines contiennent des acides gras oméga 3 ALA, qui sont moins bénéfiques que les autres, et bien qu’ils ne soient pas aussi riches en oméga 3 que les aliments cités plus haut, il en existe d’autres qui représentent des sources convenables. Les œufs de poules bio en plein air, la viande des animaux qui mangent de l’herbe, les produits laitiers, les graines de chanvre et les légumes tels que les épinards, l’ail des ours, la poirée, les choux de Bruxelles et le pourpier en contiennent aussi. Consommer des aliments non transformés contenant assez d’oméga 3 est assez facile. La bonne question : est-ce qu’on sert cela dans les repas des EHPAD ? Messieurs les élus, qui ne manquez de rien, merci de le vérifier vraiment, c’est une question de santé mentale de la population qui nous concernera tous un jour. Les banques alimentaires qui servent des millions de repas sont-elles soucieuses de cet équilibre alimentaire ? Le peuvent-elles ? Enfin, pour enfoncer le clou, parlons des additifs, conservateurs, aliments craqués, pesticides qui viennent amoindrir tous les efforts à manger sainement. Quand vous autorisez des produits dangereux pour l’alimentation humaine, par votre vote, sachez qu’il en va de la santé mentale de vos concitoyens. Les additifs pourtant interdits dans les aliments, du moins dans certains pays et présents dans des médicaments pour les enfants, des additifs responsables, de manière avérée, d’hyperactivité, c’est la conclusion de l’étude documentée, d’un groupe de pression britannique relayée au 23 octobre par le National Health Service (NHS). Le rapport met en évidence 6 colorants et un conservateur, présents dans des médicaments pédiatriques parfois destinés à de jeunes enfants âgés de quelques mois seulement, mais sans démontrer le lien entre la prise du médicament et le risque de TDAH. Dont certains sont montrés du doigt par les chercheurs de l’université de Southampton. Pourquoi autoriser des additifs inutiles, qui servent à fabriquer de la malbouffe dangereuse pour la santé de tous, alors que le simple, le bon, qui fait notre culture alimentaire est suffisant, et protecteur ? L’argent… toujours lui ! L’Agence britannique de sécurité alimentaire a demandé le retrait de ces additifs des produits alimentaires et des boissons. Il s’agit précisément de : la tartrazine (E102) l’autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA), vérolée par plus de 10  000 lobbyistes en atténue les conclusions, pour servir quel maître ? L’argent… !!!

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La tartrazine par exemple, peut engendrer des réactions d’intolérance ou d’allergie et les individus sensibles peuvent l’être à une dose inférieure à la dose journalière admissible (DJA). Les aliments contenant cet additif doivent mentionner obligatoirement « Peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez l’enfant ». Mais comme on le trouve dans plusieurs produits de pauvres, les chips, les jus de fruits basse qualité, la moutarde, les pâtés, les puddings, les gâteaux, etc., on retrouve aussi l’hyperactivité et l’asthme chez les enfants des pauvres, de ce fait a été interdit dans certains pays scandinaves, mais l’E102 reste autorisé en France. Qu’en est-il dans les cantines de la république ? Précision : cet additif n’est qu’un exemple d’additifs inutiles, parmi des centaines, qu’il faut interdire. Le médicament, Zejula depuis 3 mois pour soigner un cancer des ovaires contient du tartrazine, alors qu’il est soupçonné d’être cancérigène. Le colorant peut aussi contenir de l’aluminium sans que ceci soit indiqué sur l’étiquette. Le métal est soupçonné de faire progresser les maladies de démence comme la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson dans le cerveau, la maladie de Pick et surement bien d’autres. La tartrazine est un colorant citrin azoïque, produit chimiquement, il est fait artificiellement de pétrole, résistant à l’acide, à la lumière et à la chaleur. Selon certains procédés de fabrication, l’aluminium peut également pénétrer dans le colorant, on le compte alors parmi le groupe des laques de couleurs à base d’aluminium.

et des EHPAD, sans additifs. La santé, la sécurité sociale, affaire de tous, commence par la prévention et la prévention commence par l’assiette, et elle est de la responsabilité de ceux qui acceptent de voter pour des produits dangereux, comme les pesticides, et les grandes compagnies qui les plébiscitent, pour de l’argent. Nos élus doivent cesser de penser « argent », quand il s’agit de la santé de tous, de la naissance à la mort, car ce sont des pensées à court terme. Prévenir pour garder tout le monde en bonne santé, c’est comme ne pas autoriser la fermeture de 100 000 lits d’hôpitaux depuis 20 ans, alors que la population augmente dans le même temps, et que le papy-boum est là. (2006/2025) conséquence du baby boum d’après-guerre. C’est un non-sens, et il y a des grandes chances que la population sortie de confinement demande des comptes sur ces réductions de lits, sans fondement si on regarde les chiffres et les besoins réels. Pas plus que les regroupements inhumains dans les cités ne sont judicieux, la preuve par 9 en est faite aujourd’hui. Les élus, qui nous représentent, par leur vote, ont une lourde responsabilité qui ne doit pas s’acoquiner avec des histoires sombres de partis politiques, mais un vote avec conscience et morale, pour ne pas être responsables de milliers de morts, par la malbouffe, le manque de lit, et les émeutes de quartier de mal-nourris, nous y arrivons. Conscience et morale qui manquent dans les écoles aujourd’hui, mais aussi sur les bancs des assemblées qui nous gouvernent.

Nous voudrions traiter les problèmes des quartiers problématiques en périphérie des grandes villes, sans traiter la base du problème ! Nous sommes ce que nous mangeons, et pire, nous pensons comme nous mangeons ? Ce que nous fumons aussi.

Nourrir sainement son peuple doit être au centre des préoccupations d’un pays riche comme le nôtre, et nous avons beaucoup à apprendre des pays du nord, à ce sujet, comme à d’autres, et surtout ne pas prendre exemple sur les États-Unis, dont l’alimentation est un désastre. Récemment nous avons appris que les milliardaires se tournaient vers la viande artificielle, mais quel recul avons-nous, sur la santé humaine ? Nul doute que ces gens-là mangent sain et bio. Eux ! L’étiologie de toutes les fonctions cognitives de : in utérus ad pâtre, entre inné et acquis sont du ressort de la république, depuis l’assiette jusqu’à l’école, puis dans les magasins pour se nourrir et à la télévision. La république c’est vous, c’est nous, n’acceptons pas la malbouffe venue d’ailleurs et conservons nos savoirs ancestraux de bonne bouffe que le monde entier nous envie. Avez-vous remarqué que ce sont les pauvres qui paient le plus lourd tribut au surpoids ? C’est la malbouffe autorisée qui est en cause, dont nous tous ! Le lien entre malbouffe et dysfonctionnements cognitifs est en passe d’être démontré, que ferez-vous des hordes de gens qu’on ne peut plus raisonner, car ils n’en ont plus les moyens ? Serons-nous obligés de nous défendre avec des machettes ?

La république doit nourrir tous ces enfants en biologique, et ça commence par des lois l’imposant dans toutes les cantines publiques ou privées, des écoles, des hôpitaux,

Quelle société voulez-vous, pour vos enfants, vos petits-enfants ? Elle est dans vos votes, dans vos lois, liberté, fraternité… en 1789 la révolution est arrivée par la faim, dans

Un rapport indique que l’utilisation de colorants artificiels dans les aliments, en particulier ceux destinés aux nourrissons et aux jeunes enfants âgés de moins de 36 mois, a pourtant été interdite dans l’Union européenne depuis plus de 20 ans. Un livre a été écrit par feu, Corinne Gouget : à lire absolument pour tous les élus qui ont des cantines en charge : Additifs alimentaires danger. Décédée « étrangement ». La meilleure des alimentations pour la santé, et les fonctions cognitives est la cuisine maison d’autan, à partir de produits de base biologiques, autrefois, c’était juste naturel. Alors, après ce bref exposé des dangers de l’alimentation industrielle de pauvre qualité, on ne s’étonnera pas des chiffres de l’INSEE, sur la qualité de vie en bonne santé meilleure chez les cadres, que les ouvriers, et bien moins bonne chez les indigents de la république.

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les années 2020, elle arrivera par les dysfonctionnements liés à la malbouffe, pour autoriser les plus riches à s’en mettre plein les poches sur la santé mentale des plus pauvres, certes, ils ont les restos du cœur et les banques alimentaires, mais cela n’empêchera pas le glissement des apprentissages à l’école, et on le voit déjà, un élève de 5 ème n’arrive pas à faire ce qu’un enfant de CM2 faisait il y a 30 ans, les livres d’enfants sont allégés d’une façon catastrophique, et même les jeux comme le « mastermind » on lui a enlevé une couleur, car trop dur pour nos têtes blondes ? Intelligence, malbouffe, apprentissages scolaires en perdition, et comportements infernaux, hyperactivité, manque de respect des adultes, et des institutions, il est plus que temps de rectifier. Il y a déjà une ou deux générations de sacrifiées. Qu’allons-nous en faire ? À travers cet exposé, il convient de travailler avec les élus, sur tous les territoires, pour limiter les déplacements, relocaliser dans les campagnes, les distributeurs d’argent, les petits commerces et producteurs locaux et bio, et les encourager, pour créer une économie locale rationnelle, loin bien loin de tous ces milliardaires qui spéculent honteusement sur la viande artificielle, ou ces bobos écolos du dimanche, qui statuent sans rien connaître de la campagne. Remettre enfin de la sagesse, à tous ces débordements, avant qu’il ne soit trop tard. Arrêter les grandes mégapoles synonymes d’amas de populations et donc de pandémie, comme pour les animaux en élevage, et remettre du vert, et de la campagne, dans notre environnement comme dans nos assiettes, de la morale à l’école de la république. Sources: Human hippocampal neurogenesis drops sharply in children to undetectable levels in adults. Sorrells S.F., Paredes M.F., Cebrian-Silla A., Sandoval K., Qi D., Kelley K.W., James D., Mayer S., Chang J., Auguste K.I., Chang E.F., Gutierrez A.J., Kriegstein A.R., Mathern G.W., Oldham M.C., Huang E.J., Garcia-Verdugo J.M., Yang Z., Alvarez-Buylla A. Nature. 2018;555(7696):377-381. Human Hippocampal Neurogenesis Persists throughout Aging. Boldrini M., Fulmore C.A., Tartt A.N., Simeon L.R., Pavlova I., Poposka V., Rosoklija G.B., Stankov A., Arango V., Dwork A.J., Hen R., Mann J.J. Cell Stem Cell. 2018 Apr 5;22(4):589-599.e5. Neurogenesis in the adult human hippocampus. Eriksson P.S., Perfilieva E., Björk-Eriksson T., Alborn A.M., Nordborg C., Peterson D.A., Gage F.H. Nat Med. 1998;4(11):1313-7 Dynamics of hippocampal neurogenesis in adult humans. Spalding KL, Bergmann O, Alkass K, Bernard S, Salehpour M, Huttner HB, Boström E, Westerlund I., Vial C., Buchholz B.A., Possnert G., Mash D.C., Druid H., Frisén J. Cell. 2013;153(6):1219-1227. Journal of Lipid Research (In Press) Via UIC Today Jan 8, 2019

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Lu c i e S o l e i l L’ i n t e l l i g e n c e d e

Lucie Soleil L’intelligence de se taire… et d’agir !

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Depuis maintenant un peu plus d’un an, nous vivons au niveau mondial une crise sans précédent. Une crise sanitaire en tout premier lieu, économique et sociale par la suite. Cette crise sanitaire, laissez-moi vous en donner la vision sous le prisme d’une soignante hospitalière. Logiquement, en période de crise, que ce soit une guerre ou une crise sanitaire, on rassemble les troupes, on les motive, on les aide, on fait en sorte de faciliter les choses et de les rendre fluides, car on sait que les corps et le moral seront mis à rude épreuve. Cela n’est pas une nécessité, c’est une priorité absolue pour tenir dans la durée. Qu’avons-nous vu dans nos sabots derrière les portes de l’hôpital public ? Les soignants se sont mobilisés comme jamais, malgré une fatigue déjà sous-jacente d’un démontage organisé du système de santé (public) depuis des années. Malgré le manque d’effectif et les fermetures de lits déjà bien présentes, ils ont été là, au rendez-vous. Ils ont changé de service, ont dû s’adapter, ont changé d’horaire. Sans rechigner, ils ont mis de côté leur vie personnelle et professionnelle. Certains ont même quitté leur région, famille et service, pour aller renforcer des équipes submergées par l’afflux des patients. Certains se sont fait renvoyer par des propriétaires, ou fustigés par leurs voisins de peur d’être contaminés. De gentils petits mots ont fleuri sur les pare-brise et les portes des soignants. Mes collègues libéraux ont vu leurs voitures fracturées pour des masques !!!!Les heures des uns et des autres n’étaient pas comptées. À côté de cela le manque de matériel fait rage, nous devons faire sans… Et que dire des étudiants médicaux et paramédicaux ? Vous le savez comme moi, des études c’est de fait une situation stressante, mais là ils ont été et sont toujours au paroxysme du stress. Formation suspendue (les aides qui vont avec aussi), examens repoussés, et hop hop hop, on prend le paquet et on le relargue dans les services ou un encadrement n’est guère possible. Ils ne sont plus considérés comme étudiant, mais comme un effectif… mais ils ne sont pas encore considérés comme professionnel (il ne faut pas non plus exagérer !!!!) Y’a pas à dire messieurs-dames, il faut vraiment qu’ils soient motivés pour tenir nos « Padawan de la santé ! » Mais tels des Morpions sur un poil… Ils s’accrochent, non sans colère ! .... N’oubliez pas tout de même que des morpions peuvent sacrément gratter… Les premières contaminations des soignants sont venues. Avec ou sans symptômes, les soignants ont dû continuer le travail sans plus de matériel pour protéger les uns et les autres. Puis les décès nous ont aussi touché, n’en parlons pas trop, cela pourrait faire tache et après tout ce sont les risques d’un métier.

Le bilan de cette première vague quant au soutien, à la fluidité de notre exercice et à la motivation des troupes par notre gouvernement se résume à : NÉANT ! La population nous a applaudies, nous aurions préféré qu’elle respecte les gestes barrières. Enfin si on lui avait correctement et honnêtement expliqué les choses, cela aurait pu se faire. À côté de cela on lui a transmis des informations erronées et contradictoires. On a infantilisé toute une nation ! Et au lieu de contenir un virus, on autorise tacitement des brassages de population… Les seules personnes ayant soutenu les soignants ont été les restaurateurs, les artisans, et la population ! Les artisans ont livré des sacs poubelles, car nous manquions de blouses jetables. Les restaurateurs nous faisaient livrer des repas, les boulangers des petits déjeuners. La population nous mettait à disposition des chambres, a fabriqué des masques en tissus, des petits gestes qui nous touchaient et que nous n’oublions pas. Parallèlement, nous sommes inondés d’informations plus contradictoires les unes que les autres sur ce virus. Nous voyons fleurir une spécialité médicale « les médecins et professeurs des plateaux de télévision ». Spécialité surement très lucrative au vu du nombre, mais tellement hors-sol ! Aucune réalité de terrain, et une lutte d’égo impensable servie comme une soupe (froide) au journal télévisé. Un traitement ? Les uns et les autres se battent dans une guerre médiatique sans merci. QUID des recherches sur un médicament ou un protocole efficace. Ah on est sauvé, les recherches sont dirigées sur un vaccin… QUID de la prévention primaire, toute légitime, qui serait déjà de renforcer les défenses immunitaires d’une grande majorité de Français. Comment ? En réintégrant une alimentation plus saine et plus riche en vitamines essentielles, en complémentant en vitamines manquantes, en réexpliquant inlassablement les gestes barrières et leur utilité. En désangoissant la population sur le port du masque par des vrais professionnels de terrain, etc etc. Parlons-en du vaccin, de ce vaccin qui arrive bien vite (eh oui il faut quand même aller au restaurant et au cinéma). Pour combattre un ennemi ne faut-il pas le connaitre ? Quelques mois pour connaître ce virus c’est peut-être présomptueux. Aucun laboratoire en France n’est dans la partie. Le désengagement des laboratoires prêts à inonder le marché d’une quelconque responsabilité est de mise. L’incompréhension de qui est prioritaire à la vaccination est là, quasiment chaque jour une information différente est donnée. L’arrêt de 24 h de la

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vaccination par AtraZénéca et de plusieurs jours voire définitivement dans d’autres pays renforce la méfiance. On ne parlera pas du défaut d’approvisionnement, cela parle de lui-même. Que dire de l’impossibilité pour beaucoup de soignants d’avoir un rendez-vous pour se faire vacciner ? Mais alors la cerise sur le gâteau, car il en faut une c’est plus joli (ou cela rend le gâteau indigeste) fut la lettre de notre Premier ministre aux soignants, accompagnée (en guise de chantilly) des injonctions de Mr Véran. Oui, oui, rappelez-vous, c’était le 4 mars 2021. Ces vilains soignants qui ne se font pas vacciner, rendez-vous compte messieurs-dames ! Ils sont responsables des clusters dans les hôpitaux !!! Mais de qui se moque-t-on ? Qui nous a fait travailler sans matériel adéquat ? Qui a demandé à ce que des soignants contaminés ne soient pas en arrêt ? Comment font des soignants qui n’arrivent pas à avoir de RENDEZ-VOUS ? N’ont-ils donc aucune honte à nous infantiliser ainsi, nous qui tenons par des bouts de chandelles un système de santé depuis des années ? Et pour les soignants qui ne souhaitent pas ce vaccin pour x raisons, non messieurs dames ils ne sont pas antivax, au vu de la gestion catastrophique depuis le début de cette crise à leur encontre, ils sont juste méfiants. Pensez-vous que cela va rétablir une certaine confiance ? Hier nous étions des héros et aujourd’hui nous sommes bons à jeter en pâture à une population déjà méfiante de ses hôpitaux ? Nous soignants avions un espoir, celui d’une juste reconnaissance de notre travail, de nos compétences et du soutien de l’état dans cette crise titanesque. Au lieu de cela que voyons-nous ? En un premier temps le « Ségur de la santé » vaste mascarade ou on jette quelques deniers aux soignants, enfin à quelques-uns, pour le reste ce sera une médaille en chocolat. Nous voyons aussi fleurir des arrêtés au journal officiel ou des personnes pourront se former à des gestes techniques en quelques heures voire quelques jours quand d’autres auront mis des années à se former (un exemple : l’arrêté du 16 mars 2021 relatif à l’attestation de formation des soins d’urgences). La santé low cost a de beaux jours devant elle. En parallèle, nous voyons aussi des soignants spécialisés, les Infirmiers anesthésistes, demandant à être reconnus en pratique avancée et dont on refuse cette reconnaissance légitime. Un infirmier anesthésiste a mis 7 ans pour se former, 3 ans d’études d’infirmier+2 ans de travail obligatoire dans un service + 2 ans de spécialisation. Il a, suite à ce cursus un MASTER 2. Il est spécialisé en anesthésie, réanimation, urgences préhospitalières et prise en charge de la douleur. Il

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a une activité transversale et agit en collaboration avec un médecin anesthésiste, mais aussi en autonomie. Il faut savoir que dans un bloc opératoire par exemple, il n’y a qu’un médecin anesthésiste pour deux salles d’intervention… donc vous pensez bien que l’infirmier anesthésiste en salle va devoir œuvrer avec autonomie. Or, le 18 mars 2021, devait être votée cette reconnaissance de pratique avancée pour ces infirmiers spécialisés dont les compétences ne sont plus à démontrer. Surtout dans ce contexte sanitaire où ils ont été mobilisés en réanimation et sur les transports préhospitaliers (vous savez les mutations de patients de l’ile de France vers la province en hélicoptère). Cette reconnaissance leur a été refusée ce 18 mars par un amendement de suppression du gouvernement reconnaissant la pratique avancée aux IADE (infirmiers anesthésistes diplômés d’état). Le nombre de votants était de 79, le nombre de « pour » 39, le nombre « de contre » 37….. Je me trompe peut-être, mais ils me semblent que dans ce pays il y a un peu plus de députés élus non ? (577 pour être précise). Et si en pleine crise sanitaire ces mêmes élus ne se sentent pas concernés par la santé, avouez que c’est à désespérer… À moins que cela ne soit pour respecter la distanciation sociale, car les bancs de l’assemblée ce jour-là étaient bien ajourés ? Quoi qu’il en soit, ce vote démontre qu’il n’y a aucune connaissance de leurs compétences, à moins que cela ne soit qu’un simple souci mercantile, et oui les grilles salariales seraient changées... Pour conclure serez-vous surpris si je vous dis que les soignants sont désabusés ? Êtes-vous surpris si je vous dis qu’en juin dernier 7500 postes hospitaliers étaient vacants en France et qu’aujourd’hui nous en sommes à 34 000 ? Serez-vous surpris si je vous dis que bon nombre vont encore rendre leur blouse et que les métiers de santé ne font plus rêver ? Alors oui, l’intelligence serait de reconnaitre cette parcelle de population que sont les soignants, les reconnaitre vraiment ! L’intelligence serait de les remotiver comme on remotive une troupe et pas de faire de simples effets d’annonces dont plus personne ne croit. L’intelligence parfois est de se taire et d’agir. « Un prince avisé et un brillant capitaine sortent toujours victorieux de leurs campagnes et se couvrent d’une gloire qui éclipse leurs rivaux grâce à leur capacité de prévision. Or la prévision ne vient ni des esprits ni des dieux ; elle n’est pas tirée de l’analogie avec le passé pas plus qu’elle n’est le fruit des conjectures. Elle provient uniquement des renseignements obtenus auprès de ceux qui connaissent la situation de l’adversaire. » Sun Tzu ou à retenir une suite de mots, non, ce sont mes émotions

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Alors que certains la définissent comme une aptitude propre à l’humain, comme aux animaux, d’autres avec ironie tendent à penser que quelques-uns en seraient dépourvus, tout en oubliant son étendue. Aujourd’hui, dans l’inconscient collectif, l’intelligence rime avec mathématique, logique, mémorisation. Si un élève est capable d’apprendre par cœur sa leçon sans se poser de questions, il est intelligent, si un singe arrive à retenir la position de quelques chiffres, il est intelligent. Je ne mets pas en doute ces démonstrations, je souhaite seulement souligner que l’on omet bien trop souvent une part importante de l’intelligence. D’abord, pour l’élève, sommes-nous certains qu’il comprenne ses leçons ? Si la compréhension est une base de l’intelligence, peut-on dire que la capacité à se gaver d’informations dont on ne comprend pas le sens est de l’intelligence ? Si l’on apprend à un chien à lever la patte lorsqu’on lui dit « bonjour » pensez-vous que le chien vous salue ? Ne fait-il juste pas ce qu’on lui a appris en espérant obtenir une récompense ? N’est-ce pas ce que fait l’élève lorsqu’il espère avoir une bonne note ? Il apprend par cœur sans se poser de questions afin d’obtenir une récompense. Ensuite, n’oublions-nous pas, l’intelligence émotionnelle ? Celle qui nous permet de communiquer, de ressentir, et parfois même nous fait souffrir, mais aussi vivre. Si je devais définir mon intelligence, je commencerais par là. Je ne me caractérise pas par ma capacité à faire une équation ou à retenir une suite de mots, non, ce sont mes émotions qui m’ont forgées. Bien que parfois trop fortes, j’aimerais les abandonner, elles sont toute ma sensibilité, toute mon humanité. Ce sont elles qui me permettent de réaliser de grandes choses, ce sont elles qui nous permettent de réaliser de grandes choses. Qu’est-ce qu’un discours lu par une machine ? Qu’est-ce que des mots prononcés avec émotion face à un public incapable de les comprendre ? Ils ne sont rien qu’une suite de lettres indifférentes à ses auditeurs. La compréhension est peut-être là la véritable, ou du moins la plus proche définition de l’intelligence, suivie de l’adaptabilité. Je comprends, je peux alors m’adapter. Je pense cependant que la compréhension ne peut se résumer si facilement. On pourrait la décomposer en niveau, ou même dire qu’elle est illimitée. Pour certains, elle est une réponse, pour d’autres, elle donne naissance à de nouvelles questions, ouvrant la voie sur le puits sans fond de notre ignorance. Pour ces « autres », la compréhension n’est que le point de départ de nombreuses réflexions, de remises en question, de grandes interrogations, de questions existentielles, leur rappelant sans cesse que nos connaissances ne sont que la face visible d’un iceberg dont on ne connaîtra jamais la partie immergée. Ces personnes différentes, dont les interrogations ne sont pas la seule particularité, ont de nombreuses appellations : « surdoués », « hauts potentiels intellectuels », ou encore « zèbres », qui peuvent tromper ceux qui ignorent leur particularité. Non, une personne à haut potentiel n’est pas (forcément) le stéréotype de l’intellectuel. Souvent lorsque l’on entend ces termes, on pense à quelqu’un excellant dans tous les domaines, ne rencontrant que des succès. C’est d’ailleurs pour cette raison que je n’aime pas employer les termes « surdoués » ou « haut potentiel ».


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D’autant plus, lorsque l’on aborde le sujet du quotient intellectuel, qui lorsqu’il est supérieur à 130 sur l’échelle de Weschler indique que la personne est à haut potentiel. Or, la personne à haut potentiel n’est pas un nombre, elle fonctionne surtout différemment. Je ne donnerai que quelques-unes de ses particularités : hypersensibilité, curiosité, imagination débordante, empathie, grand sens de la justice… Pour la plupart de ces personnes, il est difficile de s’adapter, non pas parce qu’elles n’en sont pas capables, mais parce qu’il est difficile de se plier à un système qui ne nous convient pas. Ces difficultés se révèlent souvent pendant leur scolarité. Même si un oiseau est capable d’avancer en marchant, vous ne pouvez pas lui interdire de voler, c’est pourtant ce que j’ai ressenti à l’école. Je suis rentrée dans cette petite cage, et je m’y suis pliée, m’y suis adaptée, tout en cachant mes ailes, si jamais ne je les montrais, on me les brisait. Petit à petit, je n’osais plus les montrer, j’étais prête à me résigner jusqu’au jour où j’ai refusé qu’on me les entrave. Sachez que si l’on ne rentre pas dans les critères, dans le « moule », on s’en retrouve sanctionné, si un travail est supérieur au niveau attendu, il n’est pas accepté. On nous oblige à nous conformer, car même si l’on nous dit qu’il nous faut comprendre, interpréter, penser, si l’on ne régurgite pas ce que l’on nous dicte, on est sanctionné. On ne peut réussir à l’école qu’en s’y conformant, amenant alors à plusieurs questions : doit-on s’y conformer ? L’enseignement est-il adapté ? N’est-ce pas abêtir les élèves, l’avenir du pays, que de ne pas leur apprendre l’esprit critique ? De ne pas leur donner envie de comprendre ? Ces questions ont encore plus de valeur, lorsque l’on sait que le QI des Français est en déclin ces dernières années et que le niveau scolaire s’effondre. De plus en plus, les élèves rencontrent des difficultés à comprendre ce qu’ils lisent, le désintérêt pour la culture, l’histoire, la lecture est grandissant. Alors, l’intelligence, bien qu’innée, dépendrait de plusieurs facteurs. Une personne, à haut potentiel, considérée comme ayant une « intelligence supérieure » peut échouer. De plus, on ne peut juger ou remettre en question l’intelligence d’une personne si le critère d’évaluation ne lui convient pas. Enfin, je terminerai par cette citation d’Albert Einstein « Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson à sa capacité de grimper à un arbre, il vivra toute sa vie en croyant qu’il est stupide. » Et vous demanderez, si en réduisant notre capacité à comprendre, il n’est pas plus facile de manipuler des ignorants que des êtres pensants ?

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Laura Tared L´intelligence , C´est le pouvoir !

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Ce sont des adolescents de 14, 15 ans à qui on demande au milieu d’un cours sur la Silicon Valley ce qu’est l’intelligence. Chacun croit à une allusion au travail en cours. Alors chacun sur un bout de papier, sentant le traquenard, se met à deviser sur la notion. On veut une réponse spontanée liée non pas au cours, mais à leur place de collégiens au seuil de l’entrée au lycée. Des presque lycéens, peut-être des presque-électeurs.

– Mais comment le robot peut capter les sentiments, la douleur psychologique ou physique ?

– Y a un piège, Madame dans votre question soudaine ! On ne doit pas parler de l’intelligence artificielle, de Google, d’Apple ?

Et pourquoi pas puisque le but de la guerre est de détruire l’ennemi, lui répond un autre.

C’est trop gros dans le cours sur « la Silicon Valley, élément de la puissance américaine ». Décidément, ils ne nous font pas confiance… Et ils ont raison. Je leur explique que je sèche devant la commande d’un article sur l’intelligence, mais je n’ai pas d’idées. – Ah ! Il fallait le dire. On veut bien vous aider, mais, en une seule phrase, on ne peut pas dire grand-chose ! Ils acceptent tout de moi, mais je pense aux réactions des parents alors je propose une seule phrase qui nous servira de justificatif, le cas échéant, sur l’intelligence artificielle. Je leur montre dans leur livre la une du Courrier international du 28 mai 2014 « Google, maître du futur veut investir dans les robots, la santé, les biotechnologies avec des applications dans l’enseignement ». « Un robot, c’est super intelligent, mais c’est pas une personne ». C’est la phrase de Louna. Sans le savoir, les élèves évoquent l’intelligence artificielle, si elle n’est pas courante en France, elle l’est par exemple au Japon. Le covid leur a fait connaître la visioconférence, un avatar de l’intelligence artificielle. Eux sont à l’âge de pierre contrairement aux entreprises où l’intelligence artificielle va créer des applications de visioconférence inouïes avec l’analyse des salles de réunion, le traitement de la voix, la vision par ordinateur, l’organisation des plannings, le taux d’occupation des salles de réunions, la suppression des bruits de fond. Ils me racontent les sites où le professeur est pourtant vivant, mais ils ne le connaissent pas, il a d’autant moins d’existence que lui ne les connaît pas, non plus. Ils n’aiment pas trop ces cours. Je leur dis que si ce n’est pas « vivant », il y a pire ailleurs. Les élèves japonais ont des robots à la place des profs d’anglais. Pas assez de profs humains… compétents. Ils contestent : « Si on avait des profs robots, on s’ennuierait » s’écrit Éva qui aime le bavardage autant que la provocation. J’enfonce le clou. Je leur dis que des hôpitaux diagnostiquent des maladies par l’intelligence artificielle, une auscultation des organes aussi tranquillement que le fait le médecin légiste sur un corps mort. Je provoque. Ils réagissent.

Là est la question à laquelle, en vérité, je n’ai pas de réponse. Ils mettent le doigt sur les limites de l’intelligence artificielle. L’armée teste aussi des robots militaires autonomes. Le plus malin de la classe lance : -Ils tirent sans sommation !

– Oui, mais ils peuvent aussi tirer sur des innocents, des femmes, des enfants. – Non, il y a des frappes chirurgicales, très précises qui évitent les dommages collatéraux. Il suffit de bien programmer le robot. Tout ce qui pouvait n’être fait que par un homme peut l’être aujourd’hui par l’intelligence artificielle ; prof, médecin, conduire une voiture, soldat et même juge. Il suffit de bien programmer. – C’est parfait, quand il n’y a pas d’accident ! Il invente un cas d’espèce. Une voiture sans conducteur tue une personne. Qui est responsable ? Et d’ailleurs, comment fait la voiture pour reconnaître un piéton et un arbre sans jamais se tromper ? Y peut y avoir des erreurs. Naïvement, ils ont effleuré la question de l’éthique. Presque toutes les décisions aujourd’hui les plus anodines aux plus vitales font intervenir l’intelligence artificielle leur dis-je, même vos opinions, vos choix de consommation, vos loisirs, etc. Aux États-Unis, puisque nous y sommes, les juges fondent leurs décisions sur des valeurs statistiques qui indiquent par exemple qu’une catégorie de personnes est plus criminelle qu’une autre de par son origine ethnique. Les Afro-Américains aux États-Unis ont subi des décisions de justice sévères grâce ou à cause de l’intelligence statistique. L’intelligence artificielle est beaucoup utilisée dans le marketing en ligne pour influencer les consommateurs, grâce à l’utilisation des données personnelles. Selon l’âge, les goûts musicaux, on vous met dans une catégorie de consommateurs et on vous vend les produits correspondants. Salomé Touvier répond à l’ultra intelligence des robots et des statistiques : « l’intelligence, c’est donner un sens aux choses ». Quel sens prend en effet une décision de justice motivée par des chiffres ? Quel sens donner à une règle dictée par la machine qui punit, mais n’éduque pas ?

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Ils nous étonneront toujours. Du haut de ses 14 ans, Éva prétend que l’intelligence : « C’est la maturité d’une personne vis- à -vis d’un problème de la vie ». La maturité, l’arrivée à une forme de clairvoyance, de responsabilité quant à la vie qui dépasse la limite de sa personne. Sans le savoir, elle définit l’éthique qui réfléchit sur les finalités, sur les valeurs de l’existence, sur les conditions d’une vie et de la vie de tous. Plus que de l’éthique centrée sur une personne, une communauté, sa phrase relève de la morale avec son caractère universel et irréductible. Elle conçoit que l’on n’est jamais confronté qu’à un problème de la vie. À la fois. Être mûr pour affronter la vie. Celle qui parle a 14 ans. Lucas lui emboîte le pas ou la page : « C’est être mature, faire la part des choses et savoir s’adapter ». Quelle maîtrise du réel ! Et quelle sagesse ! Mais il y a plus pragmatique encore, c’est Quentin : « L’intelligence, c’est faire les bons choix » « Les gens intelligents sont gentils » écrit Tanya. Et donc, les personnes bêtes sont méchantes. On ne peut pas méconnaître une part de vérité dans ces mots d’une élève qui, elle aussi, ne connaît pas la langue du pays où elle vit avec toutes les difficultés que cela comporte. On ne peut s’empêcher de penser au film d’Ettore Scola affreux, sales et méchants, l’histoire d’une famille italienne dans un bidonville de Rome dans les années 1970 ou à l’Ancien Testament « Les justes sont doux ». La douceur étant une qualité spirituelle et un fruit de l’esprit, de l’intelligence. Les gens intelligents sont gentils et donc les méchants sont bêtes. Oui, souvent. Et pauvre malheureusement. Je les surprends en leur demandant : Et l’amour dans tout ça ? Lilia s’empresse de trouver le mot qui colle bien : « Il n’y a pas d’intelligence sans amour » Être brillant d’un point de vue intellectuel n’amène pas nécessairement le bonheur. Les intelligents d’une classe ne sont ni « populaires », ni appréciés, ils n’ont pas de petites amies parce qu’ils sont timides souvent. Les intelligents sont exigeants. Mais ils peuvent aimer et être aimés. Il faut une connexion émotionnelle qui n’est pas sans lien avec l’intelligence. « Quelqu’un qui arrive à m’intéresser, je le trouverai intelligent » dit Éva (une autre)

Les personnes intelligentes s’ennuient facilement et, parfois, elles en viennent même à ennuyer les autres avec leurs passions singulières. Elles sont difficiles à comprendre, à leur tour, elles recherchent des personnes qui enrichissent leur point de vue et les stimulent. Je reconnais Éva. Son goût pour la réflexion lui fait détester les banalités. Ou l’ignorance. Elle aime les personnes impliquées, et engagées. J’ai envie de lui dire que, malheureusement ou heureusement d’ailleurs, que la banalité est notre lot commun (c’est l’origine du mot « banalité ») une sensation de réalité plus ou moins supportée, qui détache la personne intelligente de la médiocrité, mais aussi de toutes les interactions sociales. Je veux lui dire que rien n’arrive sinon l’ordinaire, la vie de tous les jours sans surprise et sans nouvelle au sens de nouveauté. Mais moi, je suis vieille, mon attention se porte à la présence sans inscription. L’intelligence réclame de l’exaltation, l’ambition. Je reconnais l’élève grave et détachée et particulièrement en introspection qui a écrit cela. Tout bien pesé, j’étais, moi aussi, exaltée combattante et exclusive. Eux, ils ont 15 ans. « C’est aimer les gens de nationalité différente » écrit Enxhi Il faut présenter Enxhi, cet élève allophone. L’école est un droit pour tous les enfants résidant en France, quels que soient sa nationalité, son statut migratoire ou son parcours. C’est la loi. Dans le système éducatif français, il existe une unité pédagogique spéciale pour ces élèves, appelée UP2A. C’est un dispositif d’accompagnement. Enxhi y est passée puis elle a été intégrée dans une classe ordinaire. Compte tenu des conditions difficiles d’apprentissage, les classes surchargées, l’accompagnement individuel est impossible contrairement aux unités UP2A qui se réduisent au nom de l’inclusion ou… de l’économie de moyens. Alors les professeurs improvisent avec des méthodes de tutorat entre élèves allophones et les autres. Enxhi est tutorée par Lucie, une élève surdouée. C’est ce qui lui fait dire, par reconnaissance : « L’intelligence, c’est aimer les gens de nationalité différente », et à Lucie Plenert, la tutrice de décliner sa personnalité profonde : « L’intelligence, c’est savoir communiquer ses connaissances en toute sagesse, mais surtout rester humble et rester soi-même. » Tous ces ados lient intelligence et tolérance. Pour Léonie, « c’est la capacité de pouvoir changer ». Pour Jeanne, c’est « Comprendre une autre personne ». « C’est apprendre et faire preuve d’ouverture d’esprit » pour une élève anonyme : « C’est ne pas faire deux fois la même erreur ». Il y a aussi parmi eux, les révoltés. Pour Ilona, « Les intelligents, ce sont ceux qui ont des facilités » et pour Albyon désabusé : « On l’a, ou on l’a pas l’intelligence ! ». C’est une forme d’injustice irréparable qui donne le pouvoir à cette minorité favorisée par les gènes et l’argent. « C’est le pouvoir », conclut un autre.

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CHOIX

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Je me suis toujours demandé ce que l’intelligence était, est aujourd’hui, ou deviendra. Poser la question de cette façon, c’est probablement penser que l’intelligence n’a rien à voir avec ce que l’on nomme le QI. D’emblée, ce qui est considéré comme intelligence est soumis à des valeurs personnelles, des normes familiales et sociétales. Aujourd’hui, la mode se sont les hauts potentiels qui sont définis par des comportements spécifiques relationnels, émotionnels. Depuis que l’on sait que je rédige cet article, j’ai reçu des demandes pour savoir si je réalisais des tests pour déterminer si les personnes sont à haut potentiel. J’ai répondu que non et que si la personne se pensait à haut potentiel, parce que quelqu’un lui avait dit, les pseudos tests pourraient agir comme assurance, mais en aucun cas comme une reconnaissance et une excuse pour ne pas travailler à améliorer ses comportements. Le fait de s’assurer que nous sommes à hauts potentiels ne change pas véritablement les ressorts que nous donnons à notre vie.

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Alors l’intelligence est bien une question de mode de mon point de vue. Il y a quelques siècles, savoir lire, écrire, calculer était réservé aux hommes bien nés, les autres et les femmes n’y avaient pas accès. Puis, progressivement, les femmes bien nées ont bénéficié de cet accès. Pour prendre une voie rapide, dans notre culture, et jusque dans les années 60, être bon en math et en français était considéré comme le summum ainsi que de disposer d’un diplôme supérieur. Il a été longtemps confondu et cela, existe, aussi, aujourd’hui, ce qui est enseigner un savoir et comment ce savoir pouvait être un outil de transmission afin de permettre de se façonner une forme ou des formes de réflexions pour aboutir à des solutions de quelques ordres que ce soit. Notre culture sociétale a réduit à des cases, des us et coutumes, l’intelligence. L’intelligence est un diamant avec des formes multiples et plus je regarde autour de moi, plus je constate qu’il existe plusieurs facettes de l’intelligence. Chacun et chacune ont la chance de posséder, à plus ou moins de degrés, selon leur capacité d’ouverture et d’accueil à ce qui peut être nouveau, un minimum de réflexion.


M u r i e l L a b au n e

Muriel Labaune À la recherche de l´intelligence

J’ai demandé à quelques personnes de me définir, selon elles, l’intelligence et j’ai obtenu des définitions qui s’éloignent les unes des autres ou qui collent à des définitions où l’influence des modes sociétales se fait sentir. Évidemment, ceci n’est pas une étude ni une réflexion universitaire. Le nombre de personnes ayant répondu ne constitue pas un échantillon représentatif tel que cela se constituerait dans une recherche. Ainsi j’ai obtenu les définitions suivantes : Si la capacité à réfléchir apparaît pratiquement à chaque fois, des divergences apparaissent et semblent être en rapport avec la capacité de prendre du recul et de remettre en cause ce que l’on croit savoir, apporter un regard critique, réaliser l’harmonie de la raison et de l’émotionnel, la capacité d’intégrer des données contradictoires et continuer à vivre avec ses valeurs et ses convictions sans y déroger auxquelles s’ajoutent accepter la différence de l’autre, ne pas juger. Nous sommes loin des cases réductrices, type QI et autres. L’intelligence est, probablement indéfinissable, et se résume, de mon point de vue, peut-être à la conscience

de plus en plus profonde qui permet d’associer des situations qui n’ont rien à voir, à priori, entre elles, à une flexibilité de comportements et d’esprit. En conclusion, cela amène à se poser les 2 questions suivantes, issues de la « théorie triarchique de l’intelligence » de Robert J. Sternberg : - Quels comportements sont considérés comme intelligents ? Pour qui ? Et où ? soit le relativisme socioculturel - Quand un comportement est-il intelligent par rapport à l’expérience de l’individu ? Et la dernière question que je pose : - A-t-on une réelle connaissance des processus ou des mécanismes à l’œuvre dans ces comportements ? N’est-elle- pas, encore, trop parcellaire ?

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J a cq u e s H e n r i S t r aus s L e a d e r s h i p e t i n t e l l i g e n c e

Jacques Henri Strauss

Leadership et intelligence Trois souvenirs de la Guerre Froide

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J a cq u e s H e n r i S t r aus s L e a d e r s h i p e t i n t e l l i g e n c e

Les trois toutous “ Un chien français, un Polonais et un Russe se retrouvent dans une rue. Le français dit aux deux autres : « Rendez-vous compte, cette semaine j’ai dû aboyer pour avoir de la viande ! ». Le polonais : « De la viande ? ». Le russe : « Aboyer ? » ” Un dirigeant sage doit s’entourer de gens compétents capables de lui dire la vérité sans crainte, compétents sans être obnubilé par le sondage du lendemain, et capable d’affronter le réel. Les trois dictateurs “ Par un grand miracle de la science soviétique, l’URSS est parvenue à ressusciter le temps de la parade annuelle commémorant la Révolution d’Octobre, Alexandre, César et Napoléon. Alexandre voit passer les rangs des soldats et dit : « Moi avec des fantassins pareils j’aurais déjà conquis le monde ! ». César voit passer les orgues de Staline et les SS-20 et dit : « Moi avec des engins de guerre pareils j’aurais fait plier les cités les plus puissantes de la Terre. ». Napoléon, lui feuillette la Pravda (Vérité en russe) et dit : “Avec un journal comme celui-ci les gens n’auraient jamais appris pour Waterloo ! » ” À force de faire avaler des couleuvres à ses proches et à ses citoyens, le plus grand risque d’une campagne de communication-désinformation pour un leader est de croire à ses propres mensonges. La popularité de Ceaucescu “ Ceaucescu est inquiet de sa popularité et décide d’enquêter par lui-même. Affublé de fausses bacchantes il sort du Palais et hèle un taxi. “Emmenez-moi où vous voulez, mais j’aimerais que vous répondiez à une question : « Que pensez-vous de notre bienaimé président ? ». Le chauffeur désigne deux agents de la Sécurité en imperméable sur la gauche, une file de citadins faisant la queue devant une boulangerie vide sur la droite. « Trop dangereux ici ! ».

Il emmène ensuite Ceaucescu au milieu des champs. Le chauffeur désigne qui peste après son tracteur en panne sur la colline voisine. « Trop dangereux ici ! ». Il emmène ensuite Ceaucescu, complètement excédé de ne pas avoir encore de réponse, au milieu des bois, ils descendent de voiture et quand ils ne sont en vue de personne lui avoue : « Je ne le trouve pas si mal moi ! ». Pour être populaire, un leader intelligent ne doit pas se soucier de sa popularité, il doit se soucier du bien-être de ses citoyens. Conclusion : L’intelligence pour un dirigeant n’est donc ni de se draper dans une popularité à éclipses ni dans une communication visant à masquer le réel ni à s’entourer de toutous sycophantes. Ce que l’on attend d’un leader ce n’est pas se parer des atours de Jupiter dans un décor de carton-pâte, mais qu’il ait l’audace de trancher le nœud gordien lorsque la situation l’exige.

Jacques Henri Strauss

Il emmène Ceaucescu dans un village des environs qui lui repose la question : « Que pensez-vous de notre bienaimé président ? ». Le chauffeur désigne une petite vieille regardant dans la rue par la fenêtre sur la gauche, un jeune tirant une carriole avec son âne. « Trop dangereux ici ! ».

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F r a n ço i s J e a n S i m o n M ’ s i eu r s D a m ’ s

François Jean Simon M’sieurs Dam’s ur h umo

´ d t e l Bil

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F r a n ço i s J e a n S i m o n M ’ s i eu r s D a m ’ s

Ne nous voilons pas la face, pile face à la réalité ! LREM est devenue La République En Masques L’arrêt public en masque ..... des choses ! Alors pour contrebalancer LREM, je réfléchis à créer le MERL, C’est ésotériquement parlant la meilleure antidote et puis il est plus facile de museler un mouton que de clouer le bec à un MERL ! Le signe de ralliement, beaucoup plus universel qu’un gilet jaune consisterait à siffler ! Ça résiste à n’importe quelle fouille !! Imaginez une foule ébahie par la magnificence de notre merveilleux Président dirigeable qui descend les Champs et qui lui siffle son ...admiration et son indéfectible confiance !!!! J’imagine les efforts des preneurs de son, tout affairés à remonter le niveau de la musique de la Légion :

M’sieurs Dam’s Je m’appelle Jean, Comte Harrebourt de la Doxa, locataire depuis toujours puisque même propriétaire terrien, t’es rien que de passage ici-bas !... Je loue donc chaque jour la chance que je provoque par mes actes réfléchis : VIH : Vive l’intelligence humaine IA rien à en tirer de durablement positif pour nous, les humains ! Elle serait vite considérée comme une nuisance à s’escrimer à réduire à une poignée d’esclaves lobotomisés le reste de l’humanité... C’est très amusant : depuis quelque temps, lorsque je décline mon identité, Comte Harrebourt, beaucoup me répondent : Ah oui …2022 !!! Avec un sourire entendu ! J’adore les sigles, j’en trouve même là où il n’y en a pas ! KEUF, Killer En Uniforme Flouté, une sorte d’homme de Rio sans RIO qui ......rit aux éclats... L’impunité, ça fait rêver !!! Il benne à la ....vue de tous sa cargaison de bavures en toute impunité, c’est pas beau ça ??? Nous sommes en guerre a martelé Manu Militari au démarrage de la pandémie qui a tué tellement de .... projets !

Tiens voilà du boudin Pour LREM y en n’a plus Pour LREM y en n’a plus Ce sont des skieurs ….occultes.... Le MERL : Mouvement d’épuration et reconstruction locale Mouvement parce qu’il faut que ça bouge dans et vers le bon sens Épuration pour régénérer ce microcosme consanguin qui se coopte, se couvre, se protège et se reproduit sans vergogne. Quant à la Reconstruction Locale, c’est la seule réponse intelligible et intelligente à tous ces errements qui ont permis la destruction de tant d’emplois, de richesse et de savoir-faire.....au nom de la délocalisation, aubaine libérale de ces dernières décennies. La reconstruction locale est un projet pour tous ! Sans discrimination, sans....dicrim ....isation, si ce terme vous échappe, lisez les articles de mes consœurs et confrères dans ce même journal....car point n’est besoin d’orchestration par des parachutistes parachutés pour parer la chute de celui qui voulait Jupiter plus haut que son Kult Lux Klan ! En plus, l’infiltration, ça fait un mal de chien ! Barbooz, mon fidèle berger......(l’allemand il le comprend parfaitement) en sait quelque chose !!!! Il souffre de dysplasie !!!.. L’embellie pulmonaire......ne sera bien sûr possible que lorsque le Ministère des SS .....ah !

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F r a n ço i s J e a n S i m o n M ’ s i eu r s D a m ’ s

n pro our u p A R VED sign SA A a De O RI orer G M E : n R c tio de G t dir e tio n cr éa r oj e c e P n . u e 1 9) g enc S (20 ndul NUT ei s t I g t i e t: Z Clien

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je t .


Ça ne s’invente pas ....des Solidarités et de la Santé aura avancé sur la phase trois des géniales thérapies géniques en 2023, après quelques recrutements de patients tests choisis parmi les plus vulnérables, les plus vénérables, avec des urbi et morbidités avérées. Organismes Généreusement Manipulés.... Parce que là, pas question de prescrire à l’aveugle ni aux doubles aveugles, des substances qui n’auraient pas fait leurs preuves. On ne va pas réitérer les galéjades, spécialité méridionale, sacré Didier ! Il faut bien avouer : l’hydre au cyclo rocking c’est un produit tout nouveau !!! Juste élaboré entre les deux guerres par des chercheurs allemands !!! C’est dire !!!... Ach !!!! À l’instar de la grosse Bertha et de sa Krupp légendaire !!! Nous n’avons donc pas beaucoup de recul avec ce produit !!!! Il serait dangereux de jouer aux apprentis sauciers ! Pendant ce temps-là, les détracteurs des traitements dernier cri .....crient à l’ARNaque !!! Ce ne sont que de vulgaires complotistes , tel le secrétaire général de l’ONU, qui, lors de son discours annuel devant le conseil des droits de l’homme, fustige les autorités de ....certains pays qui brandiraient la pandémie comme prétexte pour abolir les libertés les plus fondamentales et nananinaneeeeere !!!!! Où ça ne va pas se nicher, le complotiste en 2021 !!!!

Siffler en travaillant ! Siffler un petit apéro entre amis ! Siffler le train du changement d’aiguillage ! Le MERL au printemps a de beaux jours devant lui ! Allez !! Respirez à fond tant que c’est encore gratuit ! Pour siffler encore. Le Comte Harrebourt de la Doxa vous salue bien bas en vous incitant à siffler haut et fort votre attachement aux valeurs du MERL et, pour reprendre l’expression consacrée, prenez bien soin de vous, n’oubliez pas Alain Barrière et ses chansons de gestes. Je ne vous dis pas à la revoyure, clause fourre-tout galvaudée par celui qui en 2006 prônait la rationalisation des hôpitaux et qui aujourd’hui, depuis l’Hotel Maquignon, guette avec anxiété l’occupation des lits rationalisés , en semant la peur irrationnelle d’un engorgement des centres de coûts en cours d’optimisation même en ces temps ....tendus .... Allez siffler sur la colline après 22 h, c’est plus.......zaï zaï zaï zaï... M’sieurs Dam’s

François Jean Simon

Antonio siffle très bien paraît-il !!!! Encore un drôle d’oiseau celui-là ! Les autorités de ...certains pays !!! Il doit sûrement penser à la ...chorée, qui fait trembler de Sydenham à Huntington, ou au Nauru où ils confinent, couvre-feutrent et verbalisent les opposants démasqués... Mais pas à nos belles démocraties occidentales, berceaux des Lumières ....des gyrophares de la liberté conditionnelle , Bartoldi , j’ai cru reconnaître ta mère en arrivant au sud de Manhattan, elle éclairait l’immonde avec son smartphone 5G allumé au bout de son bras ! Interdiction de violer le Duc ! Le Comte Harrebourt veille...Eiffel le nécessaire pour que les ténèbres ne triomphent pas ! Le temps des cerises approche !!! Et gai rossignol, et MERL vainqueur Seront tous en fête !

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G u y B a r e t O n M´a p p e l l e « I »

Guy Baret On M´appelle « I »

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G u y B a r e t O n M´a p p e l l e « I »

Iregarde maginez un matin au réveil, un élément inconnu vous sans vouloir vous agresser. Cet élément non

matérialisé, ne vous fait pas peur, impalpable, mais ne vous laisse pas indifférent. Il ne vient pas d’ailleurs, il est là et est associé à vos réflexions, vos faits et gestes depuis votre présence dans ce cosmos. Vous êtes en train de vous poser la question, qui suis-je ? Mais avant cela, vous deviez connaitre comment j’ai pu évoluer dans l’ombre depuis des millénaires avec des appellations différentes tout en gardant les mêmes propriétés. À partir de cette partie du texte, je vous parlerai de moi « I ». Je ne prendrai ni le féminin et ni le masculin, je veux rester une entité neutre comme on peut l’écrire facilement dans la langue de Goethe, dass « I ». J’ai émergé avec la vie, je me suis développé au fil de l’évolution et je me suis magnifié avec l’espèce humaine. Grâce à cette cohabitation l’être humain tout ou presque tout inventé : les outils, les langages, les écritures, les éducations, les sciences et les facultés de s’interroger et de comprendre le monde. Je sais aussi que l’homme moderne a tendance à croire qu’il est plus intelligent que les hommes préhistoriques. Rien ne peut l’affirmer. L’homme moderne a toujours représenté les hommes de la préhistoire comme des êtres rustres très limités. Probablement à cause de l’« évolutionnisme culturelle », idéologique occidentale selon laquelle plus on remonte le temps plus l’image de l’Homme est mauvaise. Ce dont nous savons aujourd’hui, la capacité de la boite crânienne était de 15 à 30 % plus grosse que celles des Hommes actuels. Je vous expliquerai dans ces quelques paragraphes comment l’Homme a pris conscience qu’il abrite une entité de capacité inexploitée, catégorisée, classifiée en créant un séparatisme social. Dans cet article, je vous raconterai ma vie en tant que « I » et ma vision pour le futur. D’abord, je voudrai aborder la question, les surdoués existent-ils oui ou non ? Il ne peut y avoir de surdoués, et cela pour deux raisons : développons le mot « surdoué », il y sur, ce qui veut dire supérieur et peut affirmer de fait une hiérarchie. Alors le surdoué serait supérieur à qui, à quoi ? L’Homme a pensé qu’il fallait mesurer cette hiérarchie sur un critère, la mesure du « QI », le prétendu quotient d’intelligence. Prétendre ramener ma réalité multiforme à un malheureux chiffre ?

C’est totalement idiot et dévaluant. Pourquoi ne pas faire la même chose avec la beauté, un « QB », coefficient de beauté ? Évidemment, c’est ridicule, tous  devrait en rire de la même façon qu´à propos du « QI ». J’oubliais et ce n’est pas mon habitude, « surdoué », il y a également doué. C’est-à-dire, celui ou celle qui bénéficie d’un don. Mais au fait un don de qui ? De la nature, forcément. Comme tout ce que la nature transmet à l’homme se trouve dans ses gênes, alors il faudrait supposer de l’intelligence ? Dans cette constatation, il existerait aussi des gênes de l’idiotie. Au fait l’idiotie n’a jamais été l’opposé de l’intelligence, c’est une maladie. Bon, soyons réalistes, il y a tout de même des enfants qui vont à l’école et qui sont plus brillants que d’autres. Voilà je l’ai dit : brillants. Mais d’après vous, est ce que cela veut dire plus intelligent ? Par définition l’intelligence, c’est la capacité de comprendre et c’est souvent long, parfois pour certains toute une vie. Mais alors, être vraiment intelligent, c’est comprendre qu’on n’a pas compris. Je voudrai citer un exemple : Albert Einstein, élève à la scolarité médiocre, qui ne fût certainement pas un enfant surdoué, et dont personne ne prétendra, je suppose, qu’il n’était pas intelligent. Mais comprendre que l’on n’a pas encore compris, c’est aussi beaucoup plus intelligent que de croire que l’on a compris. La confiance en soi, l’aptitude de s’imposer, ou la capacité à se manifester, ce sont les signes évocateurs de l’intelligence. Je ne crois pas que les enfants surdoués sont les plus choyés par leurs parents. Ce n’est qu’un aspect de la question. Je pense que les enfants qualifiés de surdoués sont plus rapides que les autres sur certains sujets. Or la rapidité, ce n’est que l’une des composantes que l’on nomme l’intelligence. L’Homme traverse le temps et apporte ses variantes. J’ai vu évoluer l’intelligence, mais souvent elle a été considérée comme dangereuse voir même à bannir. L’Homme ne supporte pas ce qui le dépasse. J’ai vu la matérialisation de l’intelligence sous toutes ses formes : l’Intelligence spirituelle, l’intelligence économique, l’intelligence Militaire et l’intelligence artificielle. Toutes ses intelligences déviées ne peuvent être dérivées de « I », la source de l’intelligence qui a donné naissance aux autres intelligences créées par l’Homme afin de défier le temps. À ce jour, la vraie intelligence a la capacité de choisir, d’aimer, de cerner et de prendre des décisions. L’intelligence Spirituelle : Aspire à trouver un but vital. L’Homme doit être en harmonie avec lui-même pour mieux se connecter aux autres. Il doit aussi se connecter à partir de l’empathie. Une personne qui est bien avec soi-même pourra donner le meilleur d’elle-même à son entourage.

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G u y B a r e t O n M´a p p e l l e « I »

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G u y B a r e t O n M´a p p e l l e « I »

Voici quelques principes de l’intelligence spirituelle :

Développer une conscience en soi, apprendre à être réceptif, agir à partir de nos principes, avoir un sens d’appartenance, cultiver la compassion et l’empathie, être humble… L’intelligence spirituelle permet de percevoir des connexions plus significatives entre la vie quotidienne et les préoccupations. Elle nous évite de nous concentrer sur des choses qui n’en valent pas la peine et de se focaliser sur ce qui a un sens. L’intelligence économique (IE), pur produit du modernisme est une démarche collective conduite au sein de l’entreprise et visant à accroitre sa compétitivité sur le long terme, en renforçant ses moteurs d’anticipation. L’intelligence artificielle (IA), qui a vu sa naissance dans les années 40. Il y a eu cette obsession de l’Homme de rejoindre le fonctionnement des machines et des êtres organiques. L’objectif était d’unifier la théorie mathématique, l’électronique et l’automatisation en tant qu’élément de communication entre les machines, les animaux et les êtres humains. Il faut bien distinguer deux choses, d’un côté la machine intelligente à la logique binaire capable de traiter des chaines plus ou moins importantes de 0 ou de 1, de l’autre côté des machines reliées aux éléments organiques pouvant suppléer l’Homme. La paternité du terme (IA) revient à John McCarthy du MIT, qui définit comme la « construction de programmes informatiques qui s’adonnent à des tâches qui sont, pour l’instant, accomplies de façon satisfaisantes. L’Homme et la machine est un vieux rêve qui a tendance à devenir réalité. Nous pouvons constater les évolutions dans le domaine de la médecine, les recherches et développements. L’(IA) permet d’accomplir des missions beaucoup plus rapides. Le XXIe siècle sera très certainement, un changement radical de la pensée humaine. L’(IA), jouera un rôle très central dans l’évolution de l’humanité. Quelles seront les limites ? Avons-nous les capacités de maitriser les effets de l’(IA) ? Une certitude, quelle que soit l’évolution de l’humanité je resterai le « I » de la matière organique. Appelez-moi Monsieur « I ».

Guy Baret 49


Isabelle Resplendino Líntelligence du coeur

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I s a b e l l e R e s p l e n d i n o L í n t e l l i g e n c e d u co e u r

À notre époque du « tout-contrôle », l’humain doit être le plus performant possible, le plus beau, le plus jeune… et le plus intelligent. Apprentis stars des médias, les « Aspies » (personnes présentant un autisme de haut niveau, autrefois dénommé « Syndrome d’Asperger) ou ceux qui s’en revendiquent en être sans diagnostic autre que le leur nous font miroiter un « autisme glamour », forcément synonyme de génie, et veulent étendre le concept d’une autre intelligence à tous les autistes, y compris ceux présentant un autisme dit sévère ou profond. Ces personnes qui prétendent que l’autiste n’a pas besoin d’aide sont les « intelligents utiles » (le pendant de l’idiot utile) des gouvernements peu enclins à dépenser pour des personnes qui sont jugés peu ou pas productives… au grand dam des familles qui doivent se saigner aux quatre veines pour apporter à leur enfant ou adulte l’aide dont il a besoin. Mais tous les « Aspies » seraient donc des génies ? Que nenni, si certains Aspies présentent un QI bien supérieur à la moyenne, la plupart sont surtout des personnes autistes sans déficience intellectuelle. Mais d’où vient ce culte de l’intelligence, ce snobisme qui peut être aussi délétère que la dictature de la richesse, de la beauté, de la jeunesse ? Et comment se peut-il qu’il fasse l’objet d’un prosélytisme de la part de personnes qui devraient plutôt militer pour que ceux faisant partie du même spectre, mais moins doués disposent des moyens de compenser leur handicap ?

Seule compte cette intelligence-là véritablement, quand nous devrons un jour près de son terme, faire le bilan de notre vie, et nous regarder dans une glace. La prétention n’est pas l’intelligence. Au contraire.

Ma réponse serait qu’ils devraient déjà obtenir un diagnostic en bonne et due forme, avant de prétendre représenter qui que ce soit, hormis eux-mêmes, et d’être invités sur les plateaux télé en tant que porte-parole. Des affections psychiatriques ont des symptômes dont certains peuvent être communs avec l’autisme, mais la mythomanie n’en fait pas partie. Mais revenons au titre de cet article : « l’intelligence du cœur ». Car, voyez-vous, plus tôt que de se glorifier d’avoir un super quotient intellectuel (aussi sans véritable estimation médicale pour beaucoup), pour moi, rien ne compte plus que l’intelligence du cœur. Je vous parle de mon amie V., qui a comme diagnostic une déficience intellectuelle légère. Elle est pourtant très militante pour défendre les droits de ses pairs dans son pays. Et elle a écrit le plus beau mot d’adieu que j’ai jamais lu à l’occasion du décès d’un ami commun, un grand professeur, scientifique de renommée internationale, qui avait combattu toute sa vie pour la même cause.

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Si vous voulez changer le monde, commencez par faire votre lit ! Amiral William McRaven

Si vous voulez changer le monde, commencez par faire votre lit ! Amiral William McRaven

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Si vous voulez changer le monde, commencez par faire votre lit ! Amiral William McRaven

William McRaven est un amiral américain actuellement à la tête du commandement américain des opérations spéciales. Il est connu comme l’homme ayant supervisé avec succès l’opération Neptune’s Spear qui a abouti à la mort d’Oussama ben Laden le 2 mai 2011. Choisi par l’Université du Texas, où il avait lui-même étudié, pour effectuer le discours de remise des diplômes aux étudiants le 17 mai 2014, il invite ces derniers à “changer le monde” en leur donnant 10 points clés tirés de sa propre expérience militaire pour les y aider. La vidéo est en anglais, avec les sous-titres anglais. Si cela vous pose problème, il n’y a pas de problème : vous trouverez la retranscription traduite en français juste en dessous. Président Powers, Doyen Fenves, vice-doyens, membres de la faculté, famille et amis et surtout, la promotion 2014. Félicitations pour votre réussite. C’est en effet un honneur pour moi que d’être ici ce soir. Cela fait presque 37 ans jour pour jour que je suis diplômé de l’Université du Texas. Je me souviens de beaucoup de choses à propos de ce jour particulier. Je me souviens avoir eu des maux de tête lancinants suite à une fête la nuit précédente. Je me souviens avoir eu une petite amie sérieuse, avec laquelle je me suis finalement marié – il est important de s’en rappeler d’ailleurs – et je me souviens que j’étais appointé par la marine militaire ce jour-là. Malgré toutes ces choses dont je me souviens, je n’ai pas la moindre idée de qui a bien pu parler au micro ce soir-là et il est certain que je ne me souviens de rien de ce qu’ils ont pu dire. Alors… en reconnaissant ce fait, si je ne peux pas rendre ce discours d’ouverture mémorable, je vais au moins essayer de faire court. Le slogan de l’Université du Texas est, «Ce qui commence ici change le monde.” Je dois admettre que je l’aime bien. “Ce qui commence ici change le monde.” Ce soir, il y a près de 8000 étudiants diplômés de l’Université du Texas. Ce grand parangon de rigueur analytique, Ask.Com affirme que l’Américain moyen rencontrera 10.000 personnes au cours de toute sa vie. Cela fait beaucoup de gens. Mais, si chacun d’entre vous change la vie de seulement dix personnes – et que chacune de ces personnes change la vie de dix autres personnes – juste dix – alors d’ici à cinq générations – 125 années – la promotion 2014 aura changé la vie de 800 millions de personnes.

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S i v o us v o ul e z ch a n g er l e m o nd e , co mmen c e z pa r fa ir e v ot r e l i t ! Amir a l W il l i a m M cR av en

800 millions de personnes – pensez-y – c’est plus de deux fois la population des États-Unis. Une génération de plus et vous pouvez changer l’ensemble de la population du monde, 8 milliards de personnes. Si vous pensez qu’il est difficile de changer la vie de dix personnes – changer leur vie à jamais – vous avez tout faux. J’ai vu arriver cela tous les jours en Irak et en Afghanistan : un jeune officier de l’armée prend la décision d’aller à gauche plutôt qu’à droite sur une route à Bagdad et les dix soldats de son escouade sont sauvés d’une embuscade. Dans la province de Kandahar, en Afghanistan, un sous-officier de l’équipe d’engagement féminin détecte quelque chose qui ne va pas et dirige le peloton d’infanterie loin de 500 livres d’explosifs, sauvant la vie d’une douzaine de soldats. Mais, si vous y réfléchissez, non seulement ces soldats ont été sauvés par la décision d’une seule personne, mais leurs enfants à naître ont également été sauvés. Et les enfants de leurs enfants également. Des générations entières ont été sauvées par une décision, par une seule personne. Mais changer le monde peut se produire partout et tout le monde peut le faire. Donc, ce qui commence ici peut en effet changer le monde, mais la question est – à quoi ressemblera le monde après que vous l’ayez changé ? Eh bien, je suis convaincu que ce sera beaucoup, beaucoup mieux. Mais si vous pardonnez l’humour de ce vieux marin pour un moment, j’ai quelques suggestions qui pourraient vous aider sur votre chemin vers un meilleur monde. Et alors même que ces leçons ont été apprises durant mon temps dans l’armée, je peux vous assurer que peu importe si vous n’avez jamais servi un seul jour en uniforme. Peu importe votre sexe, votre origine ethnique ou religieuse, votre orientation ou votre statut social. Nos luttes dans ce monde sont similaires, et les leçons pour nous aider à surmonter celles-ci et aller de l’avant – nous changeant nous-mêmes et le monde autour de nous – s’appliqueront de la même façon pour tous. Je suis un membre des forces spéciales de la marine depuis 36 ans. Mais tout a commencé quand j’ai quitté l’université du Texas pour la formation initiale des membres des forces spéciales à Coronado, Californie. Cette formation, c’est six mois de longues courses atroces dans le sable fin, les bains de minuit dans l’eau froide au large de San Diego, des courses d’obstacles, des exercices physiques sans fin, des jours entiers privés de sommeil, et toujours à avoir froid, être mouillé et misérable.

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C’est six mois à être constamment harcelé par des guerriers formés professionnellement qui cherchent à trouver la faiblesse du corps et de l’esprit et à les empêcher à jamais de devenir un membre des forces spéciales. Mais la formation vise également à trouver les élèves qui peuvent mener les autres dans un environnement de stress constant, de chaos, d’échec et de difficultés. Pour moi cette formation des forces spéciales équivalait à une vie de challenges contenue dans six mois. Donc, voici les 10 leçons que j’ai apprises lors de cette formation des forces spéciales et qui je l’espère seront de valeur pour vous qui avancez dans la vie. Si vous voulez changer le monde, commencez par faire votre lit. Chaque matin de cette formation initiale des forces spéciales, mes instructeurs, qui à l’époque étaient tous d’anciens combattants du Vietnam, montaient dans nos baraquements et la première chose qu’ils inspectaient était votre lit. Si vous le faisiez bien, les coins étaient carrés, les couvertures tirées bien serrées, l’oreiller centré juste sous la tête de lit et la couverture supplémentaire pliée soigneusement au pied de l’étagère – c’est le langage des forces spéciales pour désigner un lit. C’était une tâche simple, ordinaire au mieux. Mais chaque matin, il nous était nécessaire de faire notre lit à la perfection. Cela semblait un peu ridicule à l’époque, en particulier compte tenu du fait que nous aspirions à être de vrais combattants, des membres des forces spéciales durs et rodés à la bataille, mais la sagesse de ce simple geste m’a été prouvé à de maintes reprises. Si vous faites votre lit chaque matin, vous aurez accompli la première tâche de la journée. Ceci vous donnera un petit sentiment de fierté qui vous encouragera à faire une autre tâche puis une autre et encore une autre. À la fin de la journée, cette tâche que vous aurez accomplie se sera transformée en de nombreuses tâches achevées. Faire votre lit renforcera également le constat que les petites choses dans la vie comptent. Si vous ne pouvez pas bien faire les petites choses, vous ne ferez jamais bien les grandes. Et, si par hasard vous avez eu une mauvaise journée, vous reviendrez chez vous où vous attend un lit qui est fait – que vous avez fait – et un lit fait vous procure l’encouragement que demain sera un autre jour. Donc, si vous voulez changer le monde, commencez par faire votre lit.


Si vous voulez changer le monde, commencez par faire votre lit ! Amiral William McRaven

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S i v o us v o ul e z ch a n g er l e m o nd e , co mmen c e z pa r fa ir e v ot r e l i t ! Amir a l W il l i a m M cR av en

Si vous voulez changer le monde, trouvez quelqu’un pour vous aider à pagayer. Pendant la formation les élèves sont répartis en équipages. Chaque équipage comprend sept hommes – trois de chaque côté d’un petit bateau en caoutchouc et un barreur pour aider à guider l’esquif. Chaque jour, votre équipage est formé sur la plage et a pour instruction de traverser les brisants puis de pagayer plusieurs miles le long de la côte. En hiver, les vagues au large de San Diego peuvent atteindre 2 à 3 mètres de haut et il est extrêmement difficile de pagayer à travers ces vagues plongeantes si tout le monde ne s’y met pas. Chaque coup de pagaie doit être synchronisé avec le nombre de frappes du barreur. Tout le monde doit exercer un effort égal sinon le bateau finit par être retourné par la vague et jeté sans cérémonie sur la plage. Pour que le bateau arrive à destination, tout le monde doit pagayer. Vous ne pouvez pas changer le monde seul – vous aurez besoin d’aide – et rallier le point de départ à celui d’arrivée nécessite l’aide d’amis, de collègues, la bonne volonté d’étrangers et un barreur fort pour les guider tous. Donc, si vous voulez changer le monde, trouvez quelqu’un pour vous aider à pagayer. Si vous voulez changer le monde, évaluez une personne par la taille de son cœur, pas celle de ses palmes. Après quelques semaines d’un entraînement difficile, nous étions passés de 150 hommes au départ à désormais une quarantaine. Il restait six équipages de sept hommes chacun. J’étais dans le bateau avec les gars les plus grands, mais le meilleur équipage que nous avions était composé des petits gars – l’équipage des nabots nous les appelions – aucun ne dépassait 1m65. L’équipage du bateau des nabots était composé d’un Indien d’Amérique, d’un Afro-Américain, d’un américain d’origine polonaise, d’un américain d’origine grecque, d’un italo-américain, et de deux forts gamins du Middle West. Ils surpassaient tous les autres équipages que ce soit à la pagaie, à la course ou à la nage. Les grands hommes dans les autres équipages s’amusaient toujours avec bon naturel des toutes petites palmes enfilées sur les tout petits pieds avant chaque nage. Mais on ne sait comment, ces petits gars, de tous les coins de la nation et du monde, riaient toujours en dernier – nageant plus vite que tout le monde et atteignant le rivage bien avant le reste d’entre nous. Cette formation des membres des forces spéciales était un grand égalisateur. Rien ne comptait

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Si vous voulez changer le monde, commencez par faire votre lit ! Amiral William McRaven

sauf votre volonté de réussir. Votre couleur, votre origine ethnique, votre éducation ou votre statut social n’entraient pas en ligne de compte. Donc, si vous voulez changer le monde, évaluez une personne par la taille de son cœur, pas celle de ses palmes. Si vous voulez changer le monde, surmontez le fait d’être un cookie au sucre et continuez à avancer. Plusieurs fois par semaine, les instructeurs mettaient la classe en rang et procédaient à une inspection d’uniforme. C’était exceptionnellement minutieux. Votre chapeau devait être parfaitement amidonné, votre uniforme impeccablement repassé et votre boucle de ceinture brillante et sans tâches. Mais il semblait que peu importe les efforts que vous produisiez pour amidonner votre chapeau, repasser votre uniforme ou lustrer la boucle de votre ceinture – ce n’était tout simplement jamais assez bon. Les instructeurs trouvaient toujours «quelque chose» qui n’allait pas. Pour avoir raté l’inspection d’uniforme, l’étudiant devait courir tout habillé dans la zone des brisants puis, mouillé de la tête aux pieds, rouler sur la plage jusqu’à ce que chaque partie de votre corps ait été recouverte de sable. L’effet était connu sous le nom de “cookie au sucre.” Vous restiez dans cet uniforme le reste de la journée – froid, humide et sablonneux. Il y avait beaucoup d’élèves qui ne pouvaient tout simplement pas accepter le fait que tous leurs efforts soient vains. Que peu importe combien d’efforts ils fournissaient pour rendre leur uniforme impeccable, ce n’était pas apprécié à sa juste valeur. Ces élèves ne survivaient pas à cette formation. Ils ne comprenaient pas le but de l’exercice. Vous n’alliez jamais réussir. Vous n’alliez jamais avoir un uniforme parfait. Parfois, peu importe la qualité de votre préparation ou la quantité d’efforts produits, vous finissez toujours en cookie au sucre. C’est juste la façon dont la vie est parfois. Donc, si vous voulez changer le monde, apprenez à surmonter le fait d’être un cookie au sucre et continuez à avancer.

Si vous voulez changer le monde, ne pas avoir peur des cirques. Chaque jour de l’entraînement, vous étiez confrontés à de multiples défis physiques – longues courses, longues nages, parcours d’obstacles, des heures de gymnastique – quelque chose conçu pour tester votre courage. Chaque défi avait des standards – ils devaient être réalisés dans des temps précis. Si vous échouiez à les respecter, votre nom était publié sur une liste et à la fin de la journée ceux de la liste étaient invités à un «cirque». Un cirque était constitué de deux heures supplémentaires de gymnastique dont le but était de vous démoraliser, de vous briser mentalement, de vous forcer à abandonner. Personne ne voulait un cirque. Un cirque signifiait que ce jour-là vous n’aviez pas été à la hauteur. Un cirque signifiait plus de fatigue – et plus de fatigue signifiait que le lendemain serait encore plus difficile – et que vous seriez susceptible de subir d’autres cirques. Mais à un certain moment au cours de la formation des membres des forces spéciales, tout le monde – tout le monde – se retrouve sur la liste du cirque. Mais une chose intéressante est arrivée à ceux qui étaient constamment sur cette liste. Avec le temps ces élèves – qui ont fait deux heures de supplémentaires de gymnastique – sont devenus de plus en plus forts. La douleur des cirques construit une force intérieure et une résilience physique. La vie est remplie de cirques. Vous allez échouer. Vous allez probablement échouer souvent. Ce sera douloureux. Ce sera décourageant. Parfois, ce sera un test pour votre cœur même. Mais si vous voulez changer le monde, n’ayez pas peur des cirques. Si vous voulez changer le monde, vous devrez parfois vous lancer tête la première. Au moins deux fois par semaine, on demandait aux élèves de courir une course d’obstacles. Le parcours d’obstacles comprenait 25 obstacles dont un mur de 3 mètres de haut, un filet de 10 mètres, et un couloir de fil de fer barbelé sous lequel ramper, pour n’en nommer que quelques-uns. Mais le défi le plus difficile était la glissage pour la vie. Il y avait une tour de 10 mètres avec trois niveaux différents d’un côté et une tour à un seul niveau de l’autre. Entre les deux il y avait une corde de 60 mètres. Vous deviez gravir la tour à trois niveaux et une fois en haut, prendre la corde, vous balancer en dessous et avancer une main après l’autre jusqu’à ce que vous atteigniez l’autre extrémité.

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S i v o us v o ul e z ch a n g er l e m o nd e , co mmen c e z pa r fa ir e v ot r e l i t ! Amir a l W il l i a m M cR av en

Le record de la course d’obstacles avait tenu pendant des années quand ma classe a commencé sa formation en 1977. Le record semblait imbattable, jusqu’à ce qu’un jour, un élève a décidé de parcourir le principal obstacle tête la première. Au lieu de balancer son corps sous la corde et faire son chemin vers le bas comme les autres, il monta bravement sur la corde et se poussa lui-même vers l’avant. C’était un mouvement dangereux – apparemment insensé, et plein de risques. Un échec pouvait signifier une blessure et la fin de la formation. Sans hésitation, l’élève a glissé en bas de la corde avec une rapidité périlleuse. Au lieu de plusieurs minutes, il ne lui a fallu que la moitié du temps et à la fin de l’épreuve il avait battu le record. Si vous voulez changer le monde, vous devrez parfois vous lancer tête la première. Si vous voulez changer le monde, ne reculez pas devant les requins. Pendant la phase de formation sur la guerre terrestre, les élèves sont transportés en avion vers l’île de San Clemente, qui se trouve au large de la côte de San Diego. Les eaux au large de San Clemente sont un terrain fertile pour les grands requins blancs. Pour valider la formation, il y a des séries de longues nages qui doivent être accomplies. L’une d’elles consiste à nager la nuit. Avant la nage les instructeurs enseignent joyeusement aux élèves toutes les espèces de requins peuplant les eaux au large de San Clemente. Ils vous assurent, cependant, qu’aucun élève n’a jamais été mangé par un requin – du moins pas récemment. Mais l’on vous apprend également que si un requin commence à encercler votre position – restez où vous êtes. Ne fuyez pas. N’agissez pas sous l’effet de la crainte. Et si le requin, cherchant une collation de minuit, fonce vers vous – rassemblez toute votre force et frappez-le sur le museau. Il virera et ira nager plus loin. Il y a beaucoup de requins dans le monde. Si vous espérez terminer votre nage, vous devrez traiter avec eux. Donc, si vous voulez changer le monde, ne reculez pas devant les requins. Si vous voulez changer le monde, vous devez être au plus fort dans le moment le plus sombre.

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En tant que membres des forces spéciales de la marine, l’une de nos tâches consiste à mener des attaques sous-marines contre les navires ennemis. Nous pratiquions cette technique fréquemment lors de la formation initiale. La mission d’attaque de navire consiste à déposer une paire de plongeurs en dehors d’un port ennemi, puis de nager plus de trois kilomètres – sous l’eau – n’utilisant rien d’autre qu’une jauge de profondeur et une boussole pour se rendre à destination. Pendant toute la nage, même bien en dessous de la surface, il y a un peu de lumière qui passe au travers. Il est réconfortant de savoir qu’il y a un espace ouvert au-dessus de vous. Mais comme vous approchez du navire, qui est lié à une jetée, la lumière commence à disparaître. La structure en acier du navire bloque la lumière de la lune, elle bloque la lumière des lampes des rues tout autour, elle bloque toute lumière ambiante. Pour réussir dans votre mission, vous devez nager sous le navire et trouver la quille – la ligne centrale et la partie la plus profonde du navire. C’est votre objectif. Mais la quille est aussi la partie la plus sombre du navire, où vous ne pouvez pas voir votre main devant votre visage, où le bruit de la machinerie du navire est assourdissant et où il est facile d’être désorienté et d’échouer. Chaque membre des forces spéciales de la marine sait que sous la quille, au moment le plus sombre de la mission, est justement le moment où vous devez être calme et composé – c’est lorsque toutes vos compétences tactiques, votre puissance physique et toute votre force intérieure doivent être amenées à supporter l’épreuve. Voilà pourquoi si vous voulez changer le monde, vous devez être au plus fort dans le moment le plus sombre. Si vous voulez changer le monde, commencez à chanter quand vous êtes le cou dans la boue. La neuvième semaine de formation est appelée “Hell Week” (semaine de l’Enfer). Cela consiste en six jours sans sommeil et un harcèlement physique et mental constant ainsi qu’un jour spécial dans les vasières – ces vasières sont situées dans la région entre San Diego et Tijuana, où l’eau ruisselle et crée le Tijuana Slues – un terrain marécageux où la boue vous engloutit. C’est le mercredi de la semaine de l’Enfer que vous pagayez vers les vasières et passez les 15 heures suivantes à essayer de survivre à la boue gelée, les hurlements du vent et la pression incessante des instructeurs afin que vous abandonniez. Tandis que le soleil commençât à se coucher ce mercredi soir, ma classe de formation, ayant commis une certaine «infraction flagrante des règles» a été ordonné de se mettre dans la boue.


Si vous voulez changer le monde, commencez par faire votre lit ! Amiral William McRaven

La boue consommait chaque homme jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien de visible à part nos têtes. Les instructeurs nous disaient que nous en aurions fini avec la boue si seulement cinq hommes abandonnaient – seulement cinq et nous pourrions sortir du froid oppressant. En regardant tout autour, il était évident que certains élèves étaient sur le point d’abandonner. Il restait encore plus de huit heures avant que le soleil ne se lève – huit heures de froid à vous glacer les os. Les claquements de dents et les gémissements de froid des élèves étaient si forts qu’il était difficile d’entendre quoi que ce soit d’autre. Puis, une voix a commencé à résonner à travers la nuit, une voix qui s’élevait en chantant. La chanson sonnait terriblement faux, mais chantée avec beaucoup d’enthousiasme. Une voix s’y ajouta, puis les deux sont devenus trois et rapidement tout le monde dans la classe chantait. Nous savions que si un homme pouvait s’élever au-dessus de la misère, d’autres le pouvaient tout aussi bien. Les instructeurs nous ont menacés de rester plus longtemps dans la boue si nous continuions à chanter, mais nous avons persisté. Et en quelque sorte, la boue semblait un peu plus chaude, le vent un peu moins dominant et l’aurore pas si lointaine. Si j’ai appris quelque chose durant mon temps à parcourir le monde, c’est la puissance de l’espoir. La puissance d’une seule personne – comme Washington, Lincoln, King, Mandela et même une jeune fille du Pakistan, Malala – une personne peut changer le monde en donnant de l’espoir aux gens. Donc, si vous voulez changer le monde, commencez à chanter quand vous êtes plongé jusqu’au cou dans la boue. Si vous voulez changer le monde, ne jamais, jamais faire sonner la cloche. Enfin, dans la formation des membres des forces spéciales, il y a une cloche. Une cloche de laiton qui pend dans le centre de l’enceinte et qu’il est donné à tous les élèves de voir. Tout ce que vous avez à faire pour abandonner est de sonner la cloche.

Élèves de la promotion de 2014, vous êtes à quelques instants de votre diplôme. À quelques minutes du début de votre voyage à travers la vie. À quelques moments de commencer à changer le monde – pour le mieux. Ça ne sera pas facile. Mais vous êtes la classe 2014 – promotion qui peut affecter la vie de 800 millions de personnes dans le siècle prochain. Commencez chaque journée avec une tâche terminée. Trouvez quelqu’un pour vous aider dans la vie. Respectez tout le monde.

Sachez que la vie est injuste et que vous échouerez souvent. Mais si vous prenez certains risques, tenez bon quand les temps sont durs, affrontez les tyrans, défendez les opprimés et n’abandonnez jamais une seule fois – si vous faites ces choses, alors la prochaine génération et les générations qui vont suivre vivront dans un monde bien meilleur que celui que nous avons aujourd’hui. Et ce qui a commencé ici aura en effet changé le monde – pour le mieux. Merci beaucoup. Hook ’em horns (slogan de l’université du Texas à Austin).

Sonnez la cloche et vous n’avez plus à vous réveiller à 5 heures. Sonnez la cloche et vous n’avez plus à subir de baignades glaciales. Sonnez la cloche et vous n’avez plus à faire les courses, la course d’obstacles, vous n’aurez plus à supporter les rigueurs de la formation. Juste sonner la cloche. Mais si vous voulez changer le monde, ne jamais, jamais sonner cette cloche.

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Sébastien Laye L´intelligence et vous ?

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Pouvez-vous nous dire quel est votre engagement au sein de la société, et quel type d’acteur vous êtes ? Comment pensez-vous influencer le monde de demain ? Mon intérêt pour la chose publique, la res publica, est ancien, mais après mes études j’ai été emporté par l’international et le monde des affaires, et ce n’est qu’au cours des cinq dernières années que j’ai pu me recentrer sur un début de vie publique, en parallèle de mon parcours entrepreneurial. Cette implication a d’abord commencé par le monde associatif, essentiellement dans le domaine social, et je crois que l’associatif devrait plus souvent être la pierre angulaire et le lieu de formation de nos dirigeants que telle ou telle école. Ensuite, mon parcours public, mais aussi ma formation d’économiste m’a mené vers le monde des think tank. Depuis Juin 2016, je suis en charge du pole Économie de l’Institut Thomas More. Enfin, plus récemment, au croisement de mes expériences entrepreneuriales, associatives, intellectuelles, mais aussi de manifestant au côté des premiers Gilets Jaunes, j’en suis venu à la Politique en tant que telle : je ne suis pas et ne serai jamais de ces cyniques qui pensent qu’on ne peut plus rien changer par la voie politique. Oui, l’entreprise, l’association, le think tank permettent de contribuer à l’édification du Bien commun, mais pour des changements radicaux la voie politique doit être empruntée, même lorsqu’il s’agit d’une ligne de crête. Avec d’autres citoyens, nous avons lancé une formation politique en Septembre 2020, le Parti Quatre Piliers. Ce Parti ne renie pas d’ailleurs les autres dimensions de la vie publique ici évoquée, puisqu’il lance des actions citoyennes de terrain et discute en permanence avec les think tanks. Avez-vous déjà fait un test de QI officiel, et si oui, avez-vous déjà osé dire où vous vous situez sur cette échelle publiquement lors d’un dîner ou dans une réunion ? (L’intelligence est-ce un Tabou ?) Non parce que je n’ai jamais cru à la possibilité objective, épistémologiquement, de mesurer une intelligence, donc je doute de la pertinence de ces tests. Les Français me paraissent faire deux erreurs sur cette question de l’Intelligence, qui imprègne malheureusement toutes nos réflexions et notre organisation sociétale. La première est de croire que ceux qui ont les meilleures notes à l’école sont les plus intelligents (croyance en la rationalisation par les chiffres de l’Intelligence, alors que la Conscience reste mystérieuse à expliquer). La seconde, encore plus grave, est de croire que ceux qui sont supposés les plus intelligents doivent être des chefs, doivent diriger, dans le monde de la politique, de la haute fonction publique ou des entreprises. Cette double erreur a abouti à la catastrophe du système de l’ENA en France. Aux États unis ou en Allemagne, celui qui a la meilleure note va devenir un brillant chercheur

en physique atomique, mais pas nécessairement un dirigeant. Devenir un chef demande parfois de l’intelligence rationnelle, mais aussi d’autres formes d’intelligence (émotionnelle, humaine), et surtout du discernement, du courage, de la fidélité. Tout cela n’a rien à voir avec l’Intelligence. Les Français se gaussent de certains leaders étrangers (les dirigeants néo-zélandais ou portugais par exemple) ou de certaines figures (Forrest Gump), mais si vous relisez par exemple le mythe du héros chez Joseph Campbell, ces figures-là sont de vrais leaders et chefs inspirants, beaucoup plus que la plupart des dirigeants en France depuis cinquante ans… À titre personnel, je n’ai rien contre les diplômes par exemple (je suis diplômé de HEC, de Sciences Po, du MIT, j’ai d’autres diplômes plus spécialisés en droit, en économie, etc.) : la loterie génétique m’a favorisé (par hasard, mes parents n’ayant pas le baccalauréat), mais ces éléments-là à mon sens ne justifient pas une mesure d’intelligence ou de leadership. Mon parcours, le courage que j’essaye de développer au quotidien, ma ténacité, ont été beaucoup plus formateurs. Dans la science économique, le diplôme est analysé comme un signal donné au marché du travail : en situation d’information incertaine, il est simplement plus facile à un employeur (en termes de cout d’acquisition d’information) de s’en remettre à la validation du diplôme. Cela ne signifie pas que le contenu de la formation par exemple ait une quelconque importance. Lorsque la politique vous agace, et que vous êtes conscient que les enjeux économiques dépassent le bien-être collectif, pensez-vous qu’il s’agisse d’un manque d’intelligence de la part des dirigeants ? Cela n’a probablement rien à voir avec un manque d’intelligence rationnelle. Peut-être avec un manque d’autres formes d’intelligence (par exemple, l’émotionnelle). Mais surtout comme indiqué précédemment, avec un défaut des caractéristiques universellement associées au leadership. À cet égard, j’ai eu ma propre expérience sociologique. Étudiant en économie au début des années 2000, je suis aussi rentré à Sciences Po. Au cours de mes études rue Saint Guillaume, j’ai croisé en cours quelques jeunes hommes et femmes qui, ayant souvent enchainé ensuite avec l’ENA, ont des fonctions de dirigeants aujourd’hui en France, dont Emmanuel Macron. Si on peut gloser à l’infini sur les qualités de chefs, le parcours et les intentions de ces gens-là, la prémisse de notre gouvernance (mettre au pouvoir les plus intelligents) est encore plus problématique : j’ai rencontré beaucoup de gens intellectuellement puissants dans ma vie, beaucoup plus intelligents que moi dans la science, les affaires ou les lettres : mais aucun dans ce moule français de l’énarchie. Emmanuel Macron ne m’a pas frappé par son intelligence, ni à Sciences Po (nous étions jeunes, 21-22 ans) ni plus tard (encore moins)… Quand on cumule absence de formation sur le terrain, par le réel, et présupposé élitiste fallacieux, on obtient une élite qui a mené la France au désastre. Ne cherchez pas plus loin l’effondrement de notre pays.

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Êtes-vous conscient de la difficulté que les personnes intelligentes éprouvent à s’intégrer et du rejet qu’elles subissent ? Avez-vous déjà été victime d’un rejet lié à la peur que vous suscitez au sein d’un groupe que vous veniez d’intégrer ? Pouvez-vous nous en dire plus ? C’est un faux problème, ou que ces personnes qui se disent intelligentes ne le sont pas vraiment. J’ai tendance à être spontanément très attiré par les gens intelligents (cela a influencé mes rencontres politiques, mais aussi le choix de mon épouse !), et sauf problème particulier (autisme par exemple), les personnes intelligentes ne suscitent pas selon moi de rejet. Attention au refrain narcissique de nos sociétés modernes sur le mode « je suis si intelligent que personne ne me comprend… », attention à l’inflation de l’ego, à l’hubris. Je vous en donnerai un exemple : notre ministre de l’économie, énarque (dont le parcours politique est fondé sur la traitrise), Bruno Lemaire, qui déclara un jour qu’il était trop intelligent pour que les citoyens le comprennent et saisissent. Vraiment la portée de ses réformes. La vraie intelligence se saisit toujours dans la relation à l’Autre, dans la capacité à magnifier et galvaniser son prochain. Surtout en politique ! Mais nous n’avons plus de dirigeants, nous n’avons que des bureaucrates sans vision. Pensez-vous que les dirigeants politiques devraient subir une batterie de test psychologique, comme c’est le cas pour des cadres lorsqu’ils prétendent entrer dans de grande entreprise, afin de garantir à la population qu’ils sont capables de proposer des solutions innovantes et à même de résoudre les problèmes que rencontre la population ? Des batteries de QI surement pas. Mais tout de même, nous devons éviter d’avoir des névrosés au pouvoir. Alors, oui, pourquoi ne pas envisager des tests psychologiques, qui pourraient être uniquement communiqués en toute confidentialité aux parlementaires. Surtout, ces tests ne devraient pas avoir lieu qu’au moment de l’élection, mais pendant le mandat, afin de vérifier la bonne santé psychologique des gouvernants. On privilégie le savoir-être qui dépend du quotient émotionnel au quotient intellectuel. Que pourrions-nous faire d’après vous pour améliorer l’accès aux fonctions des plus performant ?

regarder les parcours : je ne crois plus aux politiques qui par exemple affichent de belles idées sur la liberté d’entreprise et qui ont été eux-mêmes fonctionnaires toute leur vie…. Pour l’instant, l’élite, contestée, réagit de manière épidermique au contraire en se refermant sur elle-même et en ostracisant toute autre concurrence : ainsi, il n’y a jamais eu autant d’énarques au pouvoir en France alors qu’une majorité de citoyens demande la fermeture de cette école… Comment expliquez-vous que sur 67 millions d’habitants, les médias ne nous présentent que quelques candidats potentiellement éligibles pour la fonction présidentielle ? À cause de ce double mécanisme de sélection précédemment décrit qui infuse dans toute la société française : les plus intelligents sont ceux qui ont les meilleures notes, les plus intelligents doivent gouverner. In fine donc, les citoyens n’ont le choix qu’entre quelques promotions de grands corps, et des partis extrémistes pour faire vivre l’illusion d’une démocratie (ce que j’appelle les idiots utiles du système). Les énarques n’ont aucun intérêt à ce que des individus rationnels, bien formés, proches des gens, aux parcours diversifiés, viennent investir le champ de la politique, et ont développé de fortes capacités à leur fermer les portes de toute aventure politique. Pensez-vous que le peuple est convenablement représenté dans les institutions ? Le Peuple est le vrai Souverain, mais ce prolégomène, de toute pensée en science politique, est justement niée en France et dans certains autres pays. Il va être difficile de mener par le terrain, par en bas, une reconquête de cette souveraineté. Les acteurs de la société civile auront besoin de groupes capables aussi de prendre le pouvoir par le haut pour l’atomiser et le rendre aux citoyens. Les Français, tout à leur apathie sur fond de crise sanitaire, ne le savent pas encore, mais ils ont aussi besoin d’un Ange exterminateur face à la petite caste qui tient leur pays. La mièvrerie ne pourra pas nous sauver…

Sébastien Laye

Tout simplement, prêter plus d’attention aux parcours. Les mots creux et vides de sens du discours politique ont été si manipulés et galvaudés qu’ils ont épuisés leur signifiant. Il faut donc à la fois des discours plus directs avec moins de circonvolutions (« ce qui se conçoit bien s’énonce clairement  » disait Boileau) émanant des politiques, mais surtout élargir le vivier de recrutement,

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B e r k a n To p p e k e r

Berkan Toppeker L´intelligence et vous ?

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B e r k a n To p p e k e r

Pouvez-vous nous dire quel est votre engagement au sein de la société, et quel type d’acteur vous êtes ? Comment pensez-vous influencer le monde de demain ? J’ai servi l’État dans le cadre de « la recherche de la vérité ». Je fus donc un élément actif au sein de la société. Puis un jour, il m’est apparu qu’une certaine forme de pouvoir politique était simplement et purement l’ennemi de la vérité. Ce ne fut pas une surprise. Ça a failli me coûter plusieurs fois la vie.

je fus encadré par des personnes extraordinaires. Ces dernières se sont beaucoup intéressées à mes méthodes. N’y comprenant rien, elles ont tout bonnement conclu que j’avais des dons de médiumnité. C’est presque vexant. Mais je l’accepte, pour ne pas les froisser tant elles représentent l’excellence dans leur spécialité.

Je n’ai pas pour prétention de pouvoir changer la société. Je veux juste que justice me soit rendue. Et je sais que j’obtiendrai gain de cause, d’une manière ou d’une autre.

Pour le reste, il vaut mieux un mensonge qui rassure plutôt qu’une vérité qui dérange. Les dirigeants aussi le savent bien.

Avez-vous déjà fait un test de QI officiel, et si oui, avez-vous déjà osé dire où vous vous situez sur cette échelle publiquement lors d’un dîner ou dans une réunion ? Oui. J’en ai passé un à l’âge de 18 ans. Le résultat en fût très flatteur. Mais j’évite d’en parler. Ça n’attire que des regards méchants et il y a toujours un idiot qui me demande de le prouver. Comme quoi, ce n’est pas écrit sur ma tête. Lorsque la politique vous agace, et que vous êtes conscient que les enjeux économiques dépassent le bien-être collectif, pensez-vous qu’il s’agisse d’un manque d’intelligence de la part des dirigeants ? C’est une question que je me pose souvent. En réalité, ils obéissent à une feuille de route. Actuellement, cette feuille de route est toujours celle du nouvel Ordre mondial. Ils sont suffisamment intelligents pour convaincre un bon nombre d’administrés du bien-fondé de leur action. Pour ce faire, ils mentent bien sûr. Ce qui les rend bêtes et méchants est leur mauvaise foi tant ils ont conscience, à un moment ou un autre, de l’inexactitude de leur politique. Mais pris dans l’engrenage de la machine aucun ne fait marche arrière. Et il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Ce qui m’intéresse actuellement est où se trouve l’argent de la start-up nation. Êtes-vous conscient de la difficulté que les personnes intelligentes éprouvent à s’intégrer et du rejet qu’elles subissent ? Avez-vous déjà été victime d’un rejet lié à la peur que vous suscitez au sein d’un groupe que vous veniez d’intégrer ? Pouvez-vous nous en dire plus ? Issu d’un milieu professionnel passionnant, j’ai eu l’occasion de jouer les prophètes avec cette immense chance d’être pris au sérieux dans la mesure où

Pensez-vous que les dirigeants politiques devraient subir une batterie de test psychologique, comme c’est le cas pour des cadres lorsqu’ils prétendent entrer dans de grande entreprise, afin de garantir à la population qu’ils sont capables de proposer des solutions innovantes et à même de résoudre les problèmes que rencontre la population ? Non. Ils sont capables de soudoyer les testeurs. On privilégie le savoir-être qui dépend du quotient émotionnel au quotient intellectuel. Que pourrions-nous faire d’après vous pour améliorer l’accès aux fonctions des plus performant ? Écartons juste de ces fonctions les corrompus et les corrupteurs et laissons le libre accès d’après les mérites de chacun. Comment expliquez-vous que sur 67 millions d’habitants, les médias ne nous présentent que quelques candidats potentiellement éligibles pour la fonction présidentielle ? La problématique est connue. Il y a convergence d’intérêts entre les détenteurs des médias et les politiciens. Ils ont réussi à créer leur synergie. Pensez-vous que le peuple est convenablement représenté dans les institutions ? Non. La France connaît un très sérieux déficit en démocratie.

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Fr ank Buhler

Frank Buhler L´intelligence et vous ?

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Fr ank Buhler

Pouvez-vous nous dire quel est votre engagement au sein de la société, et quel type d’acteur vous êtes ? Comment pensez-vous influencer le monde de demain ? J’agis comme éminence grise en politique, je n’aime pas les projecteurs de télévision et je les fuis autant que possible. Je conseille des politiques, j’influerai donc sur le monde de demain s’ils parviennent au pouvoir. Avez-vous déjà fait un test de QI officiel, et si oui, avez-vous déjà osé dire où vous vous situez sur cette échelle publiquement lors d’un dîner ou dans une réunion ? (L’intelligence est-ce un Tabou ?) Non, je m’y refuse : les tests de QI sont une vaste foutaise ils mesurent l’intelligence « mathématique », mais pas celle qui est du domaine des sciences sociales, de la littérature ou de la politique. Et encore moins « l’instinct » qui est pour moi la plus puissante des intelligences Lorsque la politique vous agace, et que vous êtes conscient que les enjeux économiques dépassent le bien-être collectif, pensez-vous qu’il s’agisse d’un manque d’intelligence de la part des dirigeants ? Staline disait : un mort est une tragédie, un million de morts une statistique…. L’intelligence des dirigeants c’est l’instinct qui leur permet de louvoyer avec grâce entre les tragédies et les statistiques. Êtes-vous conscient de la difficulté que les personnes intelligentes éprouvent à s’intégrer et du rejet qu’elles subissent ? Avez-vous déjà été victime d’un rejet lié à la peur que vous suscitez au sein d’un groupe que vous veniez d’intégrer ? Pouvez-vous nous en dire plus ? Je ne peux répondre à cette question n’étant pas capable d’évaluer ma propre intelligence. Nous sommes tous « l’intelligent » de quelqu’un et le « con » d’un autre. Il est toujours difficile de savoir ce qui provoque le rejet des autres. Intelligence, bêtise, jalousie ?

Pensez-vous que les dirigeants politiques devraient subir une batterie de test psychologique, comme c’est le cas pour des cadres lorsqu’ils prétendent entrer dans de grande entreprise, afin de garantir à la population qu’ils sont capables de proposer des solutions innovantes et à même de résoudre les problèmes que rencontre la population ? Absolument pas, tout le monde doit pouvoir se présenter à une élection démocratique, sinon nous basculons vers l’oligarchie. C’est au peuple d’avoir, ou pas, l’intelligence de bien choisir. On privilégie le savoir-être qui dépend du quotient émotionnel au quotient intellectuel. Que pourrions-nous faire d’après vous pour améliorer l’accès aux fonctions des plus performant ? Mais qui sont les plus performants ? Les polytechniciens ou les psychologues ? Pour gouverner un pays, je n’ai pas la réponse. Comment expliquez-vous que sur 67 millions d’habitants, les médias ne nous présentent que quelques candidats potentiellement éligibles pour la fonction présidentielle ? Voulez-vous en présenter 67 millions ? Quelle cacophonie cela serait ! Les scrutins successifs font le tri… Pensez-vous que le peuple est convenablement représenté dans les institutions ? Non, mais « La démocratie est le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres »… enfin, c’est ce qui est dit. De cela aussi je doute.

Frank Buhler

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X av i e r F r a n c i s co

Xavier Francisco L´intelligence et vous ?

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X av i e r F r a n c i s co

Pouvez-vous nous dire quel est votre engagement au sein de la société, et quel type d’acteur vous êtes ? Comment pensez-vous influencer le monde de demain ? Je n’ai rien à dire si ce n’est que j’ai des doutes sur la capacité d’un homme ou d’une femme à influencer dans le bon sens le monde de demain. Tout à l’heure je dialoguais avec une amie socialiste qui m’expliquait que compte tenu de l’état du monde qu’on laissait aux jeunes nous n’avions qu’une solution nous taire et laisser aux jeunes le soin de décider pour leur avenir et si ce monde doit être fait de robots et d’intelligence artificielle pourquoi pas ! J’ai essayé de lui expliquer que moi à titre personnel je n’avais jamais cautionné ce libéralisme mondialisé, mais bon ! Avez-vous déjà fait un test de QI officiel, et si oui, avez-vous déjà osé dire où vous vous situez sur cette échelle publiquement lors d’un dîner ou dans une réunion ? (L’intelligence est-ce un Tabou ?) J’ai eu droit enfant à un test de QI, car comme gauché contrarié je n’avais pas de résultats scolaires corrects bons apparemment je n’étais pas un débile, mais je ne me souviens plus du résultat. Après je connais des patients très intelligents, mais malheureux. Lorsque la politique vous agace, et que vous êtes conscient que les enjeux économiques dépassent le bien-être collectif, pensez-vous qu’il s’agisse d’un manque d’intelligence de la part des dirigeants ? Pour moi si un homme ou une femme politique prend une mauvaise décision je crains beaucoup plus les problèmes de conflit d’intérêts que de déficit d’intelligence Êtes-vous conscient de la difficulté que les personnes intelligentes éprouvent à s’intégrer et du rejet qu’elles subissent ? Avez-vous déjà été victime d’un rejet lié à la peur que vous suscitez au sein d’un groupe que vous veniez d’intégrer ? Pouvez-vous nous en dire plus ? J’ai écrit que j’étais d’accord ! Je discutais tout à l’heure avec un ami qui travaille à science po Grenoble ce type est un puits de science il est beaucoup trop intelligent par rapport au niveau moyen des personnes qu’il rencontre de ce fait il est rejeté, car dit « trop clivant » et pourtant à l’écouter il dit quelques vérités qui moi-même me plaisent, donc oui être trop intelligent peut-être une difficulté par rapport à cette médiocratie.

Pensez-vous que les dirigeants politiques devraient subir une batterie de test psychologique, comme c’est le cas pour des cadres lorsqu’ils prétendent entrer dans de grande entreprise, afin de garantir à la population qu’ils sont capables de proposer des solutions innovantes et à même de résoudre les problèmes que rencontre la population ? Personnellement malgré tout je serais assez opposé à cette mesure même si je peux comprendre son intérêt. C’est le problème de la démocratie ! Si le peuple décide qu’un abruti comme Trump doit être élu dans notre pays malheureusement tu es obligé de l’accepter. On privilégie le savoir-être qui dépend du quotient émotionnel au quotient intellectuel. Que pourrions-nous faire d’après vous pour améliorer l’accès aux fonctions des plus performant ? Compliquée à répondre j’avoue ne pas trop savoir, car l’alchimie est tellement compliquée entre les Français et le candidat à l’élection présidentielle. Comment expliquez-vous que sur 67 millions d’habitants, les médias ne nous présentent que quelques candidats potentiellement éligibles pour la fonction présidentielle ? Effectivement je pense que les partis politiques font un écrémage des compétences et j’ai un peu l’impression que seuls les plus tordus sortent du panier de crabes Pensez-vous que le peuple est convenablement représenté dans les institutions ? Comme tout le processus représentatif est déformé par le copinage forcément il y a un problème de représentativité. Quand je vois comment les choses se passent pour les départementales ou les régionales ce n’est pas glorieux !

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M u r i e l L a b au n e

Muriel Labaune L´intelligence et vous ?

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M u r i e l L a b au n e

Pouvez-vous nous dire quel est votre engagement au sein de la société, et quel type d’acteur vous êtes ? Comment pensez-vous influencer le monde de demain ? Je suis engagée d’abord en tant qu’être humain, je ne me vis pas avec des étiquettes et j’ai plutôt tendance à les fuir. J’ai déjà fait du théâtre alors oui je peux être actrice, lol. Pardon, J’ai toujours, d’une certaine façon, était engagée au sein de la société, et ce depuis ma jeunesse. Un exemple, en Suisse où je me trouvais à un moment de ma vie, je me suis intéressée aux Droits de l’Homme et là j’ai eu l’idée dans l’association à laquelle je participais à cette époque de réaliser une BD des droits de l’Homme : à l’époque la BD était à la mode et j’ai joint des dessinateurs connus pour illustrer chaque article. Elle a vu le jour en 84. En fait, plus récemment j’ai créé et organisé un défilé de mode solidaire et je prépare un spectacle « les talents de la solidarité » pour le Secours Populaire de Moselle » J’ai des idées et si j’ai l’occasion de les réaliser si mon autonomie est respectée, j’y vais. Avez-vous déjà fait un test de QI officiel, et si oui, avez-vous déjà osé dire où vous vous situez sur cette échelle publiquement lors d’un dîner ou dans une réunion ? (L’intelligence est-ce un Tabou ?) Mon métier est psychologue/psychothérapeute. Alors, le test de QI officiel, je l’ai fait durant mes études. En général, je le dénonce. Lorsque la politique vous agace, et que vous êtes conscient que les enjeux économiques dépassent le bien-être collectif, pensez-vous qu’il s’agisse d’un manque d’intelligence de la part des dirigeants ? DE CONSCIENCE ET DE LEUR INCAPACITÉ A ETRE CAPABLE D’ÊTRE DANS UN ESPRIT PROSPECTIVE ET SYSTÉMIQUE.

Êtes-vous conscient de la difficulté que les personnes intelligentes éprouvent à s’intégrer et du rejet qu’elles subissent ? Avez-vous déjà été victime d’un rejet lié à la peur que vous suscitez au sein d’un groupe que vous veniez d’intégrer ? Pouvez-vous nous en dire plus ? Oui, difficile de s’intégrer. Plusieurs fois, au sein d’un conseil municipal. Dans des associations dans lesquelles je m’impliquais. Dans certaines institutions où j’ai travaillé. En fait, une tendance à dire ce que je pense, ce que je sens dans le groupe. Pensez-vous que les dirigeants politiques devraient subir une batterie de test psychologique, comme c’est le cas pour des cadres lorsqu’ils prétendent entrer dans de grande entreprise, afin de garantir à la population qu’ils sont capables de proposer des solutions innovantes et à même de résoudre les problèmes que rencontre la population ? Non. Il faudrait plutôt faire une recherche approfondie sur leurs réactions à des situations individuelles et collectives. S’assurer de savoir s’ils savent discerner dans les informations qui leur sont communiquées, celles où il est nécessaire de prévoir et d’en tenir compte. S’ils savent écouter et surtout s’entourer non pas de vassaux, mais de personnes avec un réel esprit d’anticipation. On privilégie le savoir-être qui dépend du quotient émotionnel au quotient intellectuel. Que pourrions-nous faire d’après vous pour améliorer l’accès aux fonctions des plus performant ? - Qu’est-ce qu’un plus performant ? Comment expliquez-vous que sur 67 millions d’habitants, les médias ne nous présentent que quelques candidats potentiellement éligibles pour la fonction présidentielle ? Un candidat se fabrique. Un politique n’est pas nécessairement un Homme d’État, il est soumis à des dictats.

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Lettre

Lettre aux élu. e. s qui s’apprêtent à parrainer Jean Lassalle pour l’élection présidentielle 2022 Mesdames, Messieurs,

Lettre Aux élu. e. s qui s´apprêtent à parainner

Jean Lassalle

Mardi 16 mars 2021, Jean Lassalle a annoncé son souhait d’être à nouveau candidat à l’élection présidentielle et solliciter pour cela le parrainage de 500 grands élu. e. s dont vous faites partie. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas Pour rappel des faits, en octobre 2017, dans la continuité de #metoo et #balancetonporc, plusieurs femmes ont témoigné des agissements de M. Lassalle. Ces femmes d’univers différents avaient en commun d’avoir un jour croisé Jean Lassalle et témoignent avoir eu à subir de sa part des agissements. Main aux fesses, tentative de baiser volé, propos inappropriés... telles furent les agressions sexuelles dénoncées. Votre signature sera une offense à toutes ces voix qui se sont levées avec #Metoo, #Balancetonporc, #Metoogay, #MetooInceste… Et bien que d’autres témoignages soient par la suite venus compléter ces dénonciations, M. Lassalle a toujours bénéficié d’une complaisance politique plus que questionnante.

! N O N

Votre signature sera un message envoyé à toutes les femmes de France En donnant votre parrainage à Jean Lassalle, vous enverrez un message direct à toutes les femmes, celles qui ont parlé comme celles qui se taisent encore. Vous leur direz que leur parole ne compte pas, que vous ne voulez pas l’écouter. Vous balayerez leur courage, nierez leur force et au final les renverrez vers le silence. Votre signature sera une offense à toutes ces voix qui se sont levées avec les mouvements #Metoo, #Balancetonporc, #Iwas, #Metoogay, #MetooInceste… Votre parrainage sera à contre-courant de ce grand mouvement mondial de libération des femmes, cette quête vers plus d’égalité entre les hommes et les femmes qui a tant fait progresser nos sociétés. En finir avec la “culture du viol” Il est plus que temps d’en finir avec les discours euphémisants sur M. Lassalle. Non, celui-ci n’est pas un Méditerranéen, un bon vivant, un député un peu truculent, mais si sympathique… Ces arguments participent à la banalisation des agressions faites aux femmes, parce que considérées comme des objets à disposition.

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Lettre

L’enjeu est bien plus large, il touche au respect de notre démocratie et de la responsabilité des individus qui l’incarnent. C’est cette banalisation qui est le socle de ce qui est désigné comme “la culture du viol” encore si présente dans la société française. Cet environnement social global qui rend possibles les agressions en créant les conditions de leur acceptation. Cette “culture du viol” qui fait que nous devons encore nous battre pour faire reconnaître la prédominance du consentement dans les relations femmes-hommes. M. Lassalle n’a pas sa place dans l’élection présidentielle Il peut bien évidemment faire acte de candidature, c’est son droit et là n’est pas la question. L’enjeu est bien plus large, il touche au respect de notre démocratie et de la responsabilité des individus qui l’incarnent. Vous avez le devoir en tant qu’élu. e de la République de ne pas lui offrir de tribune publique. Il en va de votre responsabilité de ne pas cautionner. C’est à la fois un choix politique et personnel que vous avez à faire, celui d’être dans le sens de la marche du progrès, aux côtés des femmes, ou celui d’accompagner les derniers soubresauts d’un monde révolu.

LES SIGNATAIRES Julia Castanier, conseillère nationale PCF Mié Kohiyama, présidente de MoiAussiAmnesie Hélène Bidard, adjointe à la Maire de Paris chargée de l’égalité femmes-hommes Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie Andréa Bescond, réalisatrice Eric Metayer, réalisateur Sophia Antoine, militante féministe et activiste Arnaud Gallais, co-fondateur du Collectif Prévenir et protéger Osez le féminisme ! Shirley Wirden, adjointe au Maire Paris Centre en charge de l’égalité femme-homme, conseillère nationale PCF Corinne Leriche féministe mère de Julie Léa Filoche, adjointe à la maire de Paris, Génération. s

Note de la rédaction du Huffingtonpost qui publia la lettre : En octobre 2017, après l’élection présidentielle et dans le cadre du mouvement de libération de la parole lancé sur Twitter par le hashtag :

#balancetonporc

Jean Lassalle a fait l’objet d’accusations de sexisme et d’agression sexuelle de la part d’anciennes attachées parlementaires, d’élues et d’une journaliste, dont plusieurs cosignent cette tribune. Elles expliquent dans leurs témoignages ne pas avoir porté plainte sur le moment en raison de leur état de sidération ou parce que les mentalités de l’époque rendaient la démarche judiciaire difficile, ni en 2017, au moment de leurs accusations publiques, en raison de la prescription.

Note de la rédaction de l´Unité le Mag´:

Jean Lassalle a récusé ces accusations, Il est présumé innocent.

Nathalie Maquoi, présidente du groupe Génération. s de la mairie de Paris Hella Kribi-Romdhane, conseillère régionale Ile-de-France et porte-parole de Génération. s Joséphine Delpeyrat, porte-parole de Génération. s Chloé Pantel, adjointe au maire de Grenoble, Génération. s Zoé Lorioux-Chevalier, conseillère municipale déléguée à Poitiers, Génération. s Elodie Bonnafous, adjointe à la maire de Poitiers, Génération. s Marie-Noëlle Bas, responsable du pôle lutte contre les violences sexistes et sexuelles de Génération. s Isabelle Flamand, conseillère municipale d’opposition à Rochefort, Génération. s

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C arole Vilbois

Carole Vilbois L’opportunisme jaune, les caméléons du pouvoir

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C arole Vilbois

Elle avait surement choisi sa robe avec le plus grand soin, les chaussures, elle s’était sans doute répétée sans cesse la façon dont elle allait faire sa demande.

Comment affronté un monde comme celui-ci, comment vivre dans ce monde, en sachant ce que je sais et en gardant un silence complice.

Elle était à l’apogée de cette vie.

Rien ne l’excusera pas même les mots, tout au plus, pourrais-je dire haut et fort, que je refuse de fermer les yeux.

Les bonnes cartes elles ne les avaient pourtant pas tirées au commencement.

J’ai pourtant voulu parler plus tôt, et voilà ce que l’on a dit autour de moi.

Ce jour-là, elle avait rendez-vous à l’Assemblée Nationale, avec ce député à l’allure si sympathique.

- Si tu t’en prends à lui, il faudra t’en prendre à tous, ils sont tous comme ça !

Pas un bel homme, la question ne se pose de toute façon pas… ce n’était pas autre chose qu’un rendez-vous de travail, elle tenait à être présentable.

- Tu veux faire l’Unité Nationale, mais si tu attaques un candidat, que vas-tu faire, les attaquer tous ? Alors tu ne pourras pas faire l’Unité Nationale.

Elle la militante, la combattante, la femme émancipée allait faire un pas de plus, pour l’idéal qui était le sien.

- Ne parle pas, cette femme se retournera contre toi.

Ce n’était pas le tailleur à la coupe parfaite de Rachida Dati ou le naturel de Najat Vallaud-Belkacem, mais là avec sa chevelure brune, sagement attachée, et impeccablement vêtue, la silhouette féminine, et cette peau qui vous rappellent que ses ancêtres connaissaient toutes les sourates, elle avait de l’assurance. Républicaine jusqu’au bout des ongles, c’est ainsi qu’elle est partie vers le temple de la Nation, l’Assemblée Nationale. Cela changera durablement ma vie. Ce mouvement humain qui fait que nous nous levons un à un pour ce monde que l’on désire meilleur. Il me faudra m’excuser auprès de toutes les femmes, les filles, toutes les mères, les pères, les frères, les sœurs… d’ici ou d’ailleurs, qui posent les pieds sur le perron de celui qui fut parfois le temple de nos libertés, de nos égalités et de nos fraternités. Pardonne-moi Maryam (le prénom de la source a été volontairement remplacé). Je n’ai jamais été exactement où j’aurais dû me tenir dans cette affaire. J’aurais dû me tenir à tes côtés. C’est sans doute rongé par cette douleur, qu’il me faut dans le texte, expier, et accepter que je ne puisse, moi-même ne pas être à la hauteur de l’idéal humain auquel j’aspire. J’ai agi par habitude, par fidélité politique, puis par amitié, jamais pour la justice, jusqu’ici, jusqu’à cette ligne. Cet article je le fais tout d’abord pour toi, Maryam, pour soulager ma conscience, de ne pas avoir été tout ce temps, plus que ceux, qui ont été responsables de ton découragement.

- Tu as pensé aux enfants du député ! (En hurlant) Tu as pensé à ses enfants ! - Tu te prends pour qui, tu te crois au-dessus de la justice ? - Si tu veux jouer au prince sur son cheval blanc, vas-y ! - Mais tout le monde se fout de ce député, cela n’intéresse pas les gens ! - Il aurait fallu laisser cela dans le caniveau d’où cela n’aurait jamais dû sortir. - Elle a surement été manipulée. - Tu vas l’aider, mais elle, elle ne t’aidera pas. De vous à moi, je n’ai pas besoin d’aide, c’est elle qui avait besoin de mon aide, de notre aide et c’est nous qui sommes restés immobiles… terribles aveux que celui du silence, de la chape de plomb. Au sein du ministère des Affaires étrangères, j’ai failli aborder Claire Chazal qui se tenait à quelque mètre de moi. Le prix Nobel de la paix 2018 le docteur Denis Mukwege venait de parler des femmes et avec Inna Shevchenko, la responsable du groupe des Femen au sujet de #Metoo. La salle applaudissait, j’applaudissais, mais ma culpabilité était assise là, elle ne demandait qu’à sortir de moi, je voulais hurler : Je pense comme vous ! mais je savais au fond de moi, qu’un jour, qu’une semaine, que durant des mois, je n’avais pas fait exactement ce que j’aurais dû faire.

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Renverser la table, montrée montrer du doigt, et dire que ce n’est pas faire preuve d’humanisme que de considérer l’autre ainsi. Forcément, tout ce que j’ai vu me revient, entendu, ce qui m’a été confié… et je pense à toutes ces femmes qui n’osent pas parler, qui ne parleront jamais. Et enfin je pense à Maryam, qui a cherché de l’aide, partout, et qui n’a trouvé personne pour l’entendre, pour la soutenir, et qui a dû se contenter des excuses du député. Je n’aurais jamais écrit cet article si ces excuses avaient été un tant soit peu sincères, si des excuses pouvaient suffire à effacer les actes. Elle seule pouvait pardonner l’acte, mais qu’en était-il de ce que j’avais dû porter, de cette honteuse République. Alors que le chef de l’État était au plus bas des sondages, et que l’affaire #Metoo battait son plein, toujours à la recherche du Buzz, le député sans le moindre scrupule prend la parole dans un média costumé d’un gilet jaune. Il explique que tout cela est piloté, qu’on tente de lui porter atteinte… à son image, à ce qu’il représente… à son indépendance. Que tout cela vient de Très-Haut, que cela a été piloté , depuis le début par Monsieur Macron. Je suis là, les bras m’en tombent. Je pense aux victimes, à celles qui ont parlé, à celle que je connais et qui n’a pas parlé et à celle que je connais et qui ne parlera jamais. Bien entendu certains iront mettre à l’arrière la petite vidéo de la marmotte qui met le papier d’aluminium autour du chocolat, pour bien faire comprendre que ce que dit le député… personne n’y croit. Mais cela reste de l’humour. Comme si c’était juste une bonne blague. Comme si… et l’actualité passe à autre chose… Là, tranquille dans son gilet jaune emprunté au peuple, cet homme rendu sympathique, car il raconte des blagues, se met en scène, accuse le chef de l’État. L’entourage malsain relaie évidemment depuis le départ, et bien avant #Metoo, que la jeune femme est pilotée. J’ai moi-même accepté de cette thèse… tout un temps. Elle est pratique et ne demande pas de remise en cause. Elle est pratique, car cela permet de ne pas se fâcher avec les camarades, et puis elle est surtout pratique, car la personnalité politique que l’on défend est une

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personnalité assez importante pour que l’on complote contre lui. Même si en réalité, il n’existe pas la moindre cause de complot. L’orgueil, la vanité, l’importance de l’individu, qui draine tout au plus une centaine de membres actifs se voit booster, par le conte et le bureau des légendes. J’avais moi-même au sein du groupe fait l’objet d’une mise à l’écart, qui au début m’avait amusé à cause de l’absurdité des propos, mais cela a fini par me faire pleurer. On avait même devant moi envisagé que d’infiltrer un groupe durant trois années, c’était une chose ordinaire. Ils avaient, tous autant qu’ils étaient, fait de moi une personne dont il fallait se méfier. Pour les uns, féru de cinéma, j’étais un agent de la CIA, pour les autres, adepte de géographie et de localisation, une Lobbyiste au service de l’Europe, pour ceux qui pensaient que j’arrivais à mes fins grâce à mes charmes, je n’étais ni plus ni moins « Mata-Hari ». Enfin en dernier lieu, pour le seul à qui je portais encore de l’amitié, j’étais devenu voilà quelques mois un agent des renseignements français.

Pour expliquer le mépris qui monte en soi, lorsque l’on est là, debout, avec toute son honnêteté, toute sa bienveillance, son profond désir d’aider, il me faut vous raconter comment cette façon de faire neutralise efficacement toutes intentions louables. J’avais engagé, pour une captation d’images à l’Assemblée Nationale, lors d’un colloque organisée par le groupe autour du député, plus de 1000 euros dans l’achat de matériel, mon transport et mon hébergement, c’était plus du tiers de mon salaire mensuel de l’époque. J’étais resté plus de huit heures debout et seule la stagiaire m’avait proposé de l’eau. Non seulement une personne à oser mettre mon travail bénévole au cœur même d’un devis, ce que le comptable de l´association du député avait heureusement trouvé étrange, mais de plus, imaginez bien que pour une partie des personnes présentes, l’Europe, les États-Unis, ou un ennemi invisible… finançaient tout cela… Voir même l’état. Eux, ils n’auraient pas investi un cent, comment les autres pouvaient-ils en être capables ? Ces mauvais militants montraient sans vergogne les autres du doigt.

Là, c’était peut-être le plus pathétique… le plus triste, nous jouions à : C’est celui qui dit qui est !

Je ne pourrais retenir mon sentiment de dégoût, de colère et de haine éternellement.

Je pouvais découvrir sur les réseaux sociaux, et même dans un SMS qui m’était adressé, que j’étais un agent du renseignement.

J’étais devenu comme ces volcans qui menacent d’exploser, quitte à y laisser quelques cendres, pourvu que je brûle la terre que foulent les fonds de tiroir de la république.

Savez-vous ce que c’est que d’investir son temps, bénévolement, son argent dans une cause et de voir réduit toute votre bienveillance à une fonction. Vous seriez payé pour le faire. Non seulement on vous accuse de trahir le groupe, de le faire pour de l’argent, mais en plus vous seriez contre les idées que vous défendez. On ne vous respecte pas, pour ce que vous êtes. Bien entendu c’est devenu une plaisanterie pour ceux qui me connaissent et à qui je lance parfois… -Ha, mais tu ne sais pas que je travaille pour la CIA ? Trop intelligente pour être honnête à leurs yeux ? Moi qui ne sais pas mentir ? J’ai été au bout de la définition de l’être, pour montrer : Patte blanche.

C’est un petit gredin, un péon servile de la propagande de l’élu, qui a mis le feu aux poudres, voilà quelques semaines. L’homme de l’entourage, toujours en quête d’obtenir l’amour et l’attention du chef, toujours au premier rang pour la distribution de « Bons points », qui a cru bon de dire, alors que je n’avais initié aucune conversation, me gardant bien de fréquenter semblable individu, que j’avais été une personne toxique au lancement du mouvement dudit politicien ! Tentant de protéger, à la fois, les victimes de ceux qui ne méritait pas ma protection et regardant mon visage tous les matins dans une glace, j’étais prise de nausée. Et si cela avait été ma fille ? Ma sœur ? Je pouvais en tant que journaliste protéger ma source…

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Que pourrait-il dire ? Que je cherche la popularité ? Deux ans après le Tsunami, nous avons retrouvé une victime vivante… mon propre frère. J’ai toujours dit : je refuse de faire pleurer dans les chaumières ! Ce matin du 26 décembre, deux ans jour pour jour après la date anniversaire du Tsunami, alors que tous les médias ne parlaient que de cela, que nous allions pour la première fois depuis longtemps tenté de passer des vacances sereines…. Ce matin-là vers 9H30 lorsque le téléphone sonna et qu’il me fut donné d’entendre : - Bonjour, c’est le Quai d’Orsay… nous venons de retrouver votre frère ! Que pourraient-ils dire ? Que je refuse les médias pour des faits tragiques pour m’encombrer d’une affaire qui n’engage au fond que ceux qui pensent que l’assemblée nationale à des allures de chambre de passe, que les tenanciers sont les attachés parlementaires et qu’il conviendrait de mettre une lanterne rouge place du Palais de Bourbon. Je suis entrée en politique, car il m’a fallu trois longs mois pour rapatrier mon frère, car j’ai refusé de prévenir les médias, alors même qu’on avait de cesse de me dire que cela permettrait d’accélérer les choses. Nous étions en pleine campagne électorales, quelques mois plus tard en 2007 le peuple de France allait voter. Deux mois et demi pour comprendre que l’un des amis du consul adjoint était conseillé d’un des candidats, et pas des moindres. Je me suis promis que personne n’utiliserait plus personne… et/ou en sommes-nous ? Où en suis-je de mon engagement ? De ce qui a motivé ma propre implication ? Se servir ainsi du peuple, le prendre en otage. Alors, voyez ce député, qui se dit… « J’enfile un gilet jaune et je coopte des voix. Je paye avec de l’argent public, une permanence, que j’ai achetée en nom propre… si on me demande… je rembourserais. Ma position me permet ce que mon physique ne me permet pas… alors cette femme-là, je la fais conduire dans mon bureau, je demande qu’on nous laisse seuls et je lui dis que j’ai envie d’elle… si elle me dit je suis mariée… je lui réponds… et bien, quoi ?! Moi aussi je suis marié ! »

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Elle m´a racconté qú´elle objecta d’un cri, un « Non » ! Mélange sans doute de stupeur et de peur. Ils ont osé me parler de l’histoire de France et me dire que de tout temps cela a été ainsi. À moi de me souvenir l’époque des rois de France !

Nous en serions encore au droit de cuissage ? Si encore nous étions face à un homme galant qui fait la cour à une femme, profite de certains instants pour faire un jeu de séduction… attends de savoir s’il a une chance. On va m’expliquer alors pour bien me faire comprendre que les choses sont ainsi, que les femmes progressent à genoux dans certains ministères, et pas des moindres. Que celles qui sont à même de faire cela mieux que les autres seraient favorisées. Lorsque j’écoute cela, je ne sais quel crédit je dois donner à ces propos. Est-ce vrai ? Cherche-t-on juste à me dissuader de parler ? Tente-t-on de rendre l’épisode ordinaire, acceptable ?

À cette époque-là, je faisais partie d’un groupe qui soutenait le député. Je n’avais qu’une idée en tête, prévenir l’attaché parlementaire avec qui j’étais en contact en vue de faire en sorte que cette affaire se calme. Le premier maillon faible de la chaine, c’était moi. Sans aucune arrière-pensée, ne connaissant pas cette jeune femme, mais croyant connaitre le député, j’agissais machinalement. C’était ce que l’on attendait de moi, ce n’était pas explicite… mais la pesanteur de l’implicite rendait moite l’atmosphère, entrainant l’écosystème politique dans une urgence, mobilisatrice. Je lui ai expliqué qu’elle devrait se sentir flattée qu’il ait eu envie de coucher avec elle… Aujourd’hui, j’ai honte d’avoir suggéré une pareille chose. Lorsque la situation m’a semblé plus calme, j’ai fait ce SMS.

Non, justement je ne comprends pas !

Dans ce dernier, je précise que de mon côté je ne suis pas intéressée, que je n’ai jamais trompé mon mari et que tous les hommes sont dans la Friends zone. Même si je suis moins jolie que Maryam, je préfère prévenir. J’irais même jusqu’à parler d’apprentis terroristes, et je vais préciser que le député devrait être plus prudent.

Que certains hommes seraient tout autant sollicités que les femmes, en fonction des goûts de ces messieurs. Voilà, sans doute le lot de consolation.

Oui j’avoue que j’ai eu une montée d’adrénaline en voyant ce message sur mon mur. Peur des conséquences pour le député.

Lorsque l’on a des talents de visualisation, tout prend forme dans votre esprit, et on n’a pas de mal à voir des scènes et des images qui sont incompatibles avec la notion de droit.

Je me sentais dans l’obligation de le protéger. Dans le milieu, c’est le rôle des deux premiers cercles.

On m’explique qu’une partie des heures de bureau sont consacrées à bien autres choses que les heures de travail, en ponctuant les phrases avec des grands : - Mais bon… tu comprends.

Tout ne serait que séduction, relation, libido et pouvoir. Je ne suis pas complice de ce pouvoir-là. Alors voilà comment tout a commencé. Ce soir-là, elle est venue sur mon profil, visiblement choquée, perdue, à la recherche d’aide. Elle a écrit que « X » avait tenté de coucher avec elle. Immédiatement, j’ai pensé à l’épouse de « X ». Elle et moi, nous étions amies sur le réseau social. J’ai effacé le message, j’ai réalisé qu’heureusement j’étais à cette heure-là devant mon pc. J’ai contacté Maryam en conversation privée.

J’aurais dû prêter attention à la réponse faite par celui qui faisait office d’attaché parlementaire. Il m’a parlé de caniveau d’où cela n’aurait pas dû sortir. La suite de cette histoire, je n’en prendrais connaissance que de nombreux mois plus tard. Nous sommes à l’époque de #Metoo. Beaucoup de choses ont changé. Écœurés par les mensonges, les prises de position du député, ni moi ni même celui qui faisait office d’attaché parlementaire ne sommes dans la roue du personnage politique. Nous sommes même devenus ce que j’appelais de mon côté des amis. Un soir, par curiosité, je me demande ce que Maryam dit à propos du député sur son mur, car à l’époque j’avais entendu de l’entourage, qu’elle avait été pilotée.

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À ma grande stupéfaction, elle prend pratiquement la défense de ce dernier. Je l’invite encore une fois en conversation privée, et je lui explique que je ne comprends pas. Avait-elle oublié les accusations graves qu’elle avait elle-même portées contre l’élu ? Elle m’explique que le député s’est excusé… et de mon côté, je ne comprends toujours pas. Nous allons échanger tardivement cette nuit-là. Elle va m’expliquer comment elle s’est retrouvée dans son bureau à l’Assemblée Nationale, comment il lui a dit sans plus de ménagement qu’il avait envie de coucher avec elle. Puis l’aide qu’elle a cherchée autour d’elle, surtout autour de ceux qui tels des satellites se trouvaient en orbite autour du député. Une personne reviendra sans cesse dans ses propos, avec tant de colère. « C’est le plus libidineux de tous », me dira-t-elle. Je suis gênée, plus la conversation avance, et plus je me sens mal. L’homme à qui elle en veut le plus j’étais deux heures plus tôt en conversation avec lui. Forcément elle l’ignore, elle ne sait pas que nous avons conservé des liens. Je vais devoir lui dire, le bien que je pense alors de lui. Tout ce que cette personne a fait pour moi, pour m’aider. L’effet est plus cruel encore, pour elle. Elle me met devant la réalité des faits : - Tu veux dire que toi tu méritais d’être protégée et pas moi ? Qu’il m’a prise pour une espèce de Nabila ? Je découvre le mépris avec lequel elle a été traitée par l’ensemble du groupe, les prénoms tombent un à un dans la conversation. Je ne les connais que trop bien tous. Même cette fille, qui partage avec elle des origines d’Afrique du Nord, ne l’aidera pas. Ils ont pris contact dans son dos avec d’autres pour la discréditer. Une véritable chasse à la sorcière, je comprends mieux pourquoi ce soir-là, à bout de ressource, elle avait fini par venir vers moi. Certains sont là pour protéger le député, peu importe comment il se comporte, c’est leur job.

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Elle me prouvera qu’il a tenté de la joindre. Depuis cette nuit-là, je sais. Ce n’était pas un coup monté, pas plus que j’étais moi-même un agent de la CIA ou à la solde du gouvernement. Je porte une responsabilité, celle de la vérité. Je ne sais si de par mon silence je suis une complice de plus. Elle n’a jamais eu la commission qu’elle espérait avoir. Pour cela, elle aurait sans doute dû coucher avec lui. Cette vidéo où elle comprend qu’elle n’aura pas ce qu’elle était venue chercher. Sa voix qui dit « Il m’a menti ». Avant d´écrire cet article je l´ai regardé des dizaines de fois. Alors lorsqu’il est là devant les médias et qu’il accuse le chef de l’État, mon sang ne fait qu’un tour. Comment ose-t-il ? En mémoire, j’ai bien d’autres instants que j’aurais préféré ne pas vivre, rattachés à ce qui peut rendre encore certains politiques sympathiques. Si les Français savaient, ils ne voteraient plus. Notre rôle est pourtant de leur donner envie de voter, de les remobiliser derrière les candidats de leurs choix. De défendre l’autodétermination politique. Il n’y a aucun enjeu politique derrière tout cela. Juste un profond besoin de justice. Pouvons-nous garantir cette autodétermination politique en sachant que la vision médiatique que certains osent donner d’eux est tellement loin de la réalité ? Tant d’années d’engagement, de convictions, de partages, tant de mains tendues, de courses folles après les journées bien chargées, les deux heures de transport, pour aider, et faire en sorte que petit pas par petit pas les choses changent. Elle et moi c’est la même chose, pour d’autres raisons. Maryam et d’autres ne parleront sans doute jamais. Elles ont besoin d’avancer, elles ne souhaitent parfois pas voir leur cercle d’amis se réduire comme peau de chagrin, car rejeter le candidat c’est être rejeté par le groupe. Elles ne souhaitent pas avoir cette image qui leur colle à la peau.

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Si elles viennent d’Afrique du nord on leur reprochera leurs comportements, la tenue trop sexy, ce sera au final de leur faute, pour leurs amis, leurs familles, leurs quartiers. La question se posa, que faire ? Comment rester juste ? Ce que ce Député pouvait faire au sein de l’Assemblée Nationale, du pouvoir que le peuple lui avait confié était-ce mon problème ? Le problème de son épouse ? Envoyer à l’épouse du candidat, qui connait son mari, et qui sait qu’il est volage, de quoi le remettre dans le droit chemin sembla la solution la plus simple. Éviter les médias, pour la victime, pour le député et pour moi-même. Pour qui pouvais-je bien me prendre ? Ce n’était pas de mon ressort ? La Nation, le maintien de l’ordre établi, la démocratie et j’en passe… j’avais échappé un temps au contrôle que l’on tentait d’avoir sur moi. Plus tard viendra encore cette phrase : - Tu n’as pas pensé aux enfants du député ! Avaient-ils eux penser à l’enfant de la victime ? Nous vivons tous, trompés par des illusions. Je peux lancer bien des alertes, sur bien des médias, mais qui suis-je si je cache ce qu’il y a dans les fonds de tiroirs de la république ? Qui suis-je, si je permets que l’on m’accuse d’être toxique, car je refuse de faire le jeu des péons serviles ? Le sens de l’honneur dans tout cela ? De l’honneur de Maryam, de mon honneur ? Qui suis-je, si je ne dis pas, « Je t’ai écouté et entendu, je trouve vraiment écœurant  et dégueulasse qu’un homme se soit comporté comme cela avec toi, toi qui avais confiance dans notre république. Je m’excuse de ne pas avoir été là au début lorsque tu as eu assez confiance en moi pour venir me parler. Je m’excuse de ne pas avoir vu que ce n’est pas toi qui aurais dû rester dans ce caniveau, mais bien les autres qui n’auraient jamais dû en sortir. Je m’excuse, car tu es une femme formidable, une femme digne de respect. Ce n’est pas grave si tu n’oses pas parler, si tu acceptes les excuses du député, mais bien moins celles de ses courtisans.

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Par respect pour la victime nous n´avons pas indiqué l´ensemble du déroulé des faits, et cet article ne reprend que les éléments en notre possession. Il témoigne à la fois de la pression que l´on exerce sur la victime et de la pression que l´on exerce sur ceux qui voudraient parler. On jette le discrédit sur les victimes en utilisant tous les moyens disponibles. L´absence du nom du député dans cet article est liée au fait que ceci n´a rien de politique, et que la défense du député repose essentiellement sur sa propre victimisation, il serait la victime d´un complot. Nous ne désirons pas lui laisser la chance de se positionner sur ce terrain. L´Unité Nationale ne reproche rien politiquement à cet homme. Nous ne cautionnerons pas des pratiques d´un autre temps. Nous sommes au 21e siècle. Le respect des femmes n´est pas négociable. Liberté -

Égalité - Fraternité


C arole Vilbois

Rien n’est grave, en dehors de ce comportement inacceptable, celui de profiter d’une fonction, pour dire à une femme que si elle veut changer les choses il faudra d’abord qu’elle se montre très gentille. » Il y aurait une sorte de tension sexuelle liée au pouvoir et au sein de nos institutions. L’explication a le mérite d’exister. N’est-ce pas comme cela chez les animaux ? Le chef de meute n’a-t-il pas un privilège sur les femelles du groupe ? Faut-il que les instincts primaires soient assouvis pour que certains de ces messieurs puissent se mettre sereinement au travail pour la France ? Demain l’intelligence artificielle remplacera peut-être l’homme politique. La démocratie en temps réel permettra au peuple de prendre le contrôle. Les lobbyistes influenceront directement à grand coup de campagne de communication les citoyens. Il faudra défendre des idées, rien que des idées. Tout dépendra de notre sens de la justice, de ce que nous sommes prêt à accepter ou pas. Je ne veux pas d’une Nation qui puisse offrir à nos députés un silence complice. Je ne veux pas d’un député qui se grime et s’introduise tel le loup enduit de farine au milieu du troupeau. Nous avons tous notre part de responsabilité. À chaque fois que nous faisons de nos silences une politesse à des hommes qui ne les méritent pas. Qu’ils se drapent dans les couleurs de la N ation, ou dans les draps de l’infidélité. On ne prétend pas être appelé aux responsabilités lorsque l’on n’est pas capable de gérer ses instincts. Mais l’opportunisme jaune ne s’arrête pas…là. À celles qui ont osé parler, toutes mes excuses.

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Cyril

Cyril Talbot

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Cyril

Lettre provençale à la mer Si le peuple ne savait plus quelle vie défendre À l’instar du bonheur qu’on veut nous désapprendre La cariatide s’agitait dans des esclandres Je marchais le long d’un estran pour ne rien entendre Afin de chuchoter aux friselis de la mer un sursis Mais les vagues revenaient comme un démenti Près du rivage insouciant qui s’étale, je m’assis Du sable qui scintille dans une vie qui s’appesantit L’écho lointain des enfants qui s’amusant Me rappelle le devoir sacré sur le jusant L’horizon berce un tel spectacle, presque un miracle De n’importe où, une splendeur peut surgir À l’encontre de la médiocrité qui me fait partir L’humain rêve de pinacles, qu’importe le réceptacle De ne plus gloser sur une grandeur déçue À l’instant d’une éclaircie à peine perçue Bien que ma fidélité paraît être sans faille Dans l’aigreur, je me bats vaille que vaille

Cyril Talbot

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Cyril

Femmes Vous êtes le berceau de toutes nos vies La douceur qu’il nous manque parfois Le long chemin de toutes nos envies La clé qui anime le visage de votre joie Qu’importe le temps et les années Vous êtes immuables dans la passion De fille, de mère à bien des baisers Rien n’est trop beau à tant de raison

Porte Close Le soleil enduit de sa lumière la porte bleue Elle est close des secrets qu’elle renferme Vieille barrière étrange d’une cour de ferme Qui sépare la rue d’un endroit mystérieux Aux vieux murs des enduits de la maison D’où l’on distingue les façades en pierres Du mortier de chaux qui part en poussière Je laisse alors flâner ma curieuse passion Imaginaire que signe une branche de pin Elle semble indiquer l’espace reculé d’un secret Et mon imagination qui s’est maintenant envolée Pour rendre magique l’instant de ce petit matin

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Jean Claude Lejeune

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J e a n C l au d e

Monogram.lu

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M i r i a m R os n e r

Miriam Rosner

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M i r i a m R os n e r

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M i r i a m R os n e r

Semper fortis - une Toile de Jouy contemporaine La beauté des motifs d’impression monochrome du 18e siècle – exposant souvent des événements historiques, des scènes de la vie quotidienne, des manifestations culturelles ou des divulgations de messages politiques – a inspiré MONOGRAM à dessiner une Toile contemporaine, en interprétant un événement sans précédent dans l’ère digitale. Dans cette version Jules Vernesque de Luxembourg pendant la crise SARS-CoV-2, le principe directeur est de « toujours rester courageux ». Des refuges aventureux deviennent des endroits pour se confiner, à l’écart des dangers potentiels, une fuite de la réalité, l’amour en temps de pandémie. Historiquement, les motifs d’impressions des Toiles de Jouy ont été le médium parfait pour propager non-seulement des thèmes populaires, mais aussi des opinions politiques ainsi que de pérenniser des événements historiques ; une toile de Jean-Baptiste Huet (vers 1783) s’est vantée de l’avancée scientifique de la France en représentant le premier vol en montgolfière. D’autres toiles rappelaient les clichés des aspirations coloniales avec des flottes de voiliers arrivant à destination dans les tropiques et des équipages négociant avec des chefs de tribus. Le genre des motifs d’impression est caractérisé par des vignettes complexes dispersées de façon répétitive sur la surface de la toile. À l’origine, il s’agissait de panneaux de bois gravées ou de gravures de plaques de cuivre souples qui permettaient l’impression de tissus. De 1760 à 1821, l’usine de toile à Jouy-en-Josas, au sud-ouest de Paris, s’est mis en valeur par la création de larges dessins figuratifs, représentant les événements les plus importants de l’époque afin d’attirer sa clientèle. À travers leur intérêt pour certains faits contemporains, les graveurs et les artistes ont provoqué la création de véritables phénomènes de mode. Miriam Rosner est graphiste et directrice artistique basée à Luxembourg. Elle bénéficie d’une expérience au-delà de vingt ans dans le domaine du branding, du design éditorial, du packaging, du design de livres et d’édition d’entreprises. En tant que traditionaliste auto-proclamée et amateur de patrimoine artistique, elle a développé une passion pour les gravures vintage. Elle combine l’esthétique des illustrations désuètes avec le design contemporain afin de communiquer un charme intemporel. En 2019, Miriam a établi MONOGRAM dans le but de travailler pour des clients qui apprécient un travail de qualité. Elle donne une attention toute particulière aux techniques d’impression, au choix du papier et à la typographie, afin de répondre aux personnalités et aux projets de ses clients.

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Eric Safras Essai d’analyse de l’œuvre de Benjamin Stora

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Eric Safr as

Laurent Obertone écrivait en 2012 dans La France orange mécanique :

Histoire de l’Algérie coloniale 1830-1954 (1991) 11 pages

« Dans notre pays s’est déroulée une véritable révolution culturelle. On ne se sent intellectuellement supérieur que lorsque l’on prend position pour le criminel et qu’on s’efforce d’en minimiser la responsabilité. Faute de quoi on fait partie des bourgeois, des beaufs, de ceux qui stigmatisent, qui amalgament, qui raisonnent simpliste et qui votent sans doute populiste. C’est sûr, la compassion normale pour une victime, ça n’a rien de technocratique, ni de branché. »

Déjà, dès le titre, on voit clairement le parti-pris de l’auteur :

Pour rappel, les quatre premiers ouvrages de Benjamin Stora ont pour sujet (on pourrait dire fixation ?) « le nationalisme algérien » : - Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens, 1926-1954 en 1985 Préface avec « réserves amicales » de Mohammed Harbi, FLN, qui co-écrira avec B. S. la Guerre d’Algérie en 2004 - Messali Hadj : pionnier du nationalisme algérien (1898-1974) en 1986 - Nationalistes algériens et révolutionnaires français au temps du Front populaire en 1987 - Les sources du nationalisme algérien : parcours idéologiques, origine des acteurs en 1989 Sur plus de 40 ouvrages, il a aussi écrit en 1997 Appelés en guerre d’Algérie, en 2006 (seulement) Juifs d’Algérie … Mais il n’a jamais écrit un seul ouvrage sur les pieds-noirs ni sur les harkis ! Pourquoi ? Il faut attendre 1991 pour que Benjamin Stora livre un ouvrage un peu plus « généraliste » avec son Histoire de l’Algérie coloniale 1830-1954 (éd. La Découverte collection Repères mai 1991), premier ouvrage que j’ai tenté d’analyser.

Si l’Algérie était bien coloniale au début, elle devient département français en 1848, au même titre que la Corse, et bien avant la Savoie et Nice (1860). Pour rappel, avant 1830, l’Algérie n’existait pas en tant qu’entité avec ses frontières actuelles : c’est la conquête française qui, paradoxalement, a unifié la régence ottomane d’Alger (une sorte de colonie de la Turquie créée en 1587) et lui a rajouté le Sahara. Benjamin Stora dit lui-même p.6 « Ce pays ne se concevait pas au XIXème siècle comme espace unifié …» et « Le nationalisme indépendantiste créera la nation algérienne. » Il eut donc été plus juste de titrer « Histoire de l’Algérie française de 1830 à 1954 » ou « Histoire de l’Algérie de 1830 à 1954 » … Vous pouvez lire gratuitement cet essai en suivant le lien suivant : https://p3.storage.canalblog. com/37/82/702570/128270658.pdf ou en scannant le QR ci-dessou

J’ai ensuite analysé successivement six autres ouvrages, plus récents (contenus dans le pavé de 1088 pages la mémoire algérienne paru en mars 2020) : La dernière génération d’octobre (2003), Les trois exils Juifs d’Algérie (2006), Les guerres sans fin (2008), Le mystère de Gaulle : son choix pour l’Algérie (2009), Mitterrand et la guerre d’Algérie (2010), les Clefs retrouvées (2015). Puis Les mémoires dangereuses (co-écrit avec Alexis Jenni fin 2015) suivi d’une nouvelle édition de Transfert d’une mémoire...

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