L´Unité Nationale le Mag´ Mars 2020 Co-éditeur Antoine Fontaine & Carole Vilbois

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Lorsqu’il s’est agi de choisir le thème

du ce numéro 10, nous avions opté alors pour des photos. À une époque où tout n’est qu’image, une photo pouvait être aussi parlante que des mots. La raison de ce choix était simple. Nous étions mobilisés, avec certains de nos rédacteurs habituels, dans ce qui aurait pu s’annoncer être, après plus d’une année de grognes sociales, un mouvement sismique au niveau des territoires : les municipales. De tremblements, il n’y aura pas eu. En tout cas, pas ceux auxquels nous pensions. L’arrivée soudaine autant que prévisible d’un micro-organisme dans nos actualités en continu a témoigné plutôt de notre capacité collective à l’inertie. Le conservatisme, c’est aussi un mouvement, qui au même titre que les autres, forme l’unité nationale. De Santiago à Paris, de Tunis à Hong-Kong, de «  Occupy Walt Street  » au «  mouvement des places » espagnol, en passant par la « crise grecque », si depuis plus de dix ans les peuples sont dans la rue, force est de constater que de nombreux gouvernements de la planète auront au moins réussi le tour de force de confiner, chez eux, tout ce petit monde. Les mauvais esprits diraient « emprisonnés » à la maison. Marquer le temps de l´inertie, en montrant ce que nous pouvons voir de nos fenêtres, les nouvelles limites de nos univers contraints, par une imperceptible menace. L’ennemi est effectivement invisible, comme partout, voire insaisissable.


Claude Frisoni - Nous sortirons. Laura Tared - Confinés. Tony Rocha - Une leçon de vie, vu de ma petite fenêtre. Martine Revol - Gérer c‘est anticipé !

SOMMAIRE

Antoine Fontaine – Carnet de campagne : merci ou la dose de vérité de trop.

Comme régulièrement dans l’histoire humaine, souvenez-vous, nos points supposément d’équilibre se fracassent sur l’infiniment petit, celui de nos individualismes. Passage, désormais présenté comme obligé de la présente séquence, d’un temps de paix à une culture de guerre.

Il y a dans la Nature une intelligence qui lui est immanente. Une forme d’épure sans nulle autre pareille. Il faut pour s’en rendre compte être un contemplateur. Mais, combien le sont vraiment et peut-on l’être tout le temps ? Il y a dans l’homme, une lassitude qui lui est inhérente. Une forme de répétition sans commune mesure. Il faut pour s’en rendre compte être un compatissant. Mais, combien le sont vraiment et peut-on l’être tout le temps ? Il y a dans l´univers, une règle qui lui est sous-jacente. Une forme binaire et logique qui se veut incontournable. Il faut pour s´en rendre compte être un savant. Mais, combien le sont vraiment et peut-on l´être tout le temps ? 135 euros d’amende, c’est ce qu’il en coutera aux récalcitrants du confinement. Eux, qui avec tous les autres ont renoncé au bien commun et à la santé de tous sur l’autel d’intérêts financiers servis méthodiquement pas nos gouvernements successifs, n’ont-ils vraiment rien vu venir ? Voici venu le temps mort de nos temps modernes, qui réclame une autre intelligence que celle des slogans martiaux sanitaires. Bienvenue dans un monde pour le moment confiné, où chacun de nous devrait, depuis sa fenêtre, réfléchir au monde d’après.

Laura Tared Carole Vilbois – Confinement atypique De la tribu des Beni Indel à… De Wendel Frisoni Nicolas Perrin – Hier n‘existait Claude déjà plus Le tribut, la tribu, les attributs Carole VilboisJacques-Henri Strauss et Anne-Sophie Godfroy La tribu des hommes libreslecontrariés Nous pensons qu’il est possible d’éradiquer coronavirus ou la colonisation des paradis perdus. Martine Révol Koceila Chougar - Fenêtres, véritables ouvertures La tribu des pot « autonomes » sur le Monde Jean-Marc Fortané Internationale Frank Buhler – Contribution de la page Patriosphére Serges Jovial Imbeh Madagascar retour sur les présidentielles Chanane - Challenge de Gauvain Sers JIF Luxembourg tribu de femme Premiére aunaître Luxembourg Rémygrève Iroz –des Onfemmes a vu le feu Sebastien Laye Interview politique Carole Vilbois – Mes« Réconciliation » mains Berkan Toppeker La guerre des tribus Louis Aragon – Épilogue Frank Buhler De l’exaltation de La- La Tribu au déni de la race, Cyril Talbot promenade la grande schizophrènie de la bien-pensance. Rencontre avec Saifoulaye Sow oui, mais pour Tous Voir Migrant le monde à sal´école fenêtre Maître Renard De la tribu des corbeaux impunis au quadruplator Thomas Raymondaud Antoine Fontaine & Carole Vilbois Eric Desfaudais Eddie vu par Toni L´arbre de Noé Écologie et Photgraphie Guillaume Chatelain La Tribus des Révoltés extinction Rebellion CarlosXR Neves Mathys Neves Koceila Chougar De la tribu à l’ère du digital Berkan Saifoulaye Sow Le positif Forum Mulder Positif pas primiti Le conseil Marie-Pierre Paris Les Voeux de l´Unité Nationale Carole Vilbois Antoine FontaineVu sur les réseaux La Tribus des Nantis Tony Rocha Claude Frisoni Antoine Fontaine La tribuRevol des « uns confiants » Martine Nicolas Perrin Koceila Chougar Frank Buhler Valérie Lejeune Chanane Rémy Iroz Cyril Talbot


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Claude Frisoni Nous sortirons... Le politique: Nous sortirons de cette épreuve, plus forts et plus unis! Le pessimiste: Nous ne sortirons pas de cette épreuve. L’optimiste: Nous sortirons de cette épreuve tout bientôt. Le cynique: Nous sortirons de cette épreuve moins nombreux. Le révolutionnaire: Nous sortirons de cette épreuve par la force de baïonnettes. Le voyant extralucide : Nous sortirons de cette épreuve le vendredi 24 avril à 17:34. L’escroc: Nous sortirons de cette épreuve si vous m’envoyez de l’argent. Beaucoup. Le commerçant: Nous sortirons de cette épreuve si vous me commandez mon kit de survie. Le nostalgique: Nous sortirons de cette épreuve quand nos aînés n’y seront plus. Le prudent: Nous sortirons de cette épreuve. Ou pas. Le catastrophiste: Nous sortirons de cette épreuve les pieds devant. Le mathématicien: Nous sortirons de cette épreuve par 9 Le chimiste: Nous sortirons de cette éprouvette. Le religieux: Nous sortirons de cette épreuve, si Dieu le veut. L’utopiste: Nous sortirons de cette épreuve et en ferons le point de départ d’un monde nouveau. Le gogo: Nous sortirons de cette épreuve et rien ne sera plus jamais comme avant. Le rappeur : Nous sortirons de cette épreuve et ce sera notre honneur de réinventer le bonheur pour nos frères et nos sœurs Zut je n’ai plus de beurre . Le réaliste: Nous sortirons de cette épreuve, un jour ou l’autre. Le fataliste: Nous sortirons de cette épreuve pour affronter une nouvelle épreuve. Le distrait: Quelle épreuve ? Le général: Nous sortirons de cette épreuve parce que nous sommes les plus forts. Le philosophe: Pourquoi sortir de cette épreuve ? Le patriote: Nous sortirons de cette épreuve parce que rien ne peut abattre notre grande nation.

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Le revanchard: Nous sortirons de cette épreuve et là, ça va chier! L’égoïste: Je sortirai de cette épreuve. Et pas vous, lalalère ! La coquette: Nous sortirons de cette épreuve? Mais je n’ai rien à me mettre! Le râleur: Nous sortirons de cette épreuve, si on veut ! Le militant: Nous sortirons de cette épreuve, tous ensemble et en même temps ! Le diplomate: Nous sortirons de cette épreuve dès lors que la commission ad hoc aura validé le texte préliminaire à la ratification des accords bilatéraux, tel que prévu par les traités internationaux, dans le cadre des négociations en cours au sein des institutions idoines. La marmotte : Nous sortirons de cette épreuve...? Mais bien sûr... Le correcteur automatique: Naps aprioris se Bette épéistes Sibeth: Nous sortirons de cette épreuve puisque le président l’a dit. Le misanthrope : Sortez de cette épreuve sans moi !

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Laura Tared CONFINÉS « Il se peut que la nuit du resserrement (du confinement) soit plus profitable pour notre spiritualité que le grand jour de la dilatation » (1) Farid El Din Atar, poète soufi Nous sommes confinés. Nous sommes enfermés. Nous sommes encerclés par une épidémie de coronavirus, en lettres codées COVID 19 pour atténuer l’angoisse. Ni complètement inédites, ni vraiment prévisibles, les épidémies ne sont pourtant pas une nouveauté. Elles datent, surprenante coïncidence de l’âge néolithique, de l’apparition de l’agriculture et de l’élevage. Comme si les hommes n’avaient d’autres choix que l’errance famélique ou des prises de risques quant à leur survie. Les hommes accomplissaient avant l’heure l’appel de la genèse (2) « Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la; dominez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre.» L’épidémie survient et la contagion flambe justement au contact de ces maudits animaux qui transmettent des virus mutants responsables des grandes épidémies contemporaines comme celle de Wuhan. C’est ainsi que l’épidémie donne du grain à moudre (sans jeu de mots) aux adeptes de la décroissance. Il eut bien fallu que les hommes se nourrissent. Le mode de vie nomade distanciait les hommes qui ne se rassemblaient peu, ce qui rendait plus difficile toute transmission de maladie contagieuse. La vie en société comporte des risques. Quant à la responsabilité des animaux, n’y a-t-il pas des solutions pour une cohabitation qui ne nuise pas ni a l’homme ni au mammifère discret? Je me souviens de membres passionnés de l’association SOS chauve-souris perdus dans la nuit noire dans le mont Saint Quentin pour capturer et protéger ces chiroptères. On sait que la chauve-souris est le réservoir naturel du coronavirus. Et le pangolin, espèce menacée aussi, et protégée aussi, dont la chair et les écailles sont

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prisées en Chine, est, lui aussi, soupçonné d’avoir servi d’intermédiaire au coronavirus à Wuhan. Que faire entre l’espèce protégée et la protection de la santé humaine ? Pas complètement inédites, le covid19 n’est pas la première épidémie. La plus célèbre d’entre elles est celle de la Grande Peste du milieu du XIVe siècle. Elle a tué l’équivalent de la population française. La peste noire, c’était la piqûre d’une puce infectée qui enflammait les ganglions et les faisait suppurer. Elle provoquait aussi de la fièvre, des douleurs musculaires, des maux de tête et une grande fatigue. Insoutenable comparaison. Entre un quart et un tiers de la population d’Europe disparut. Par la suite, le fléau réapparaît périodiquement en Europe. La grande peste de Londres de 1665 tue un habitant sur cinq. Le choléra, cet autre fléau touche l’Europe au XIXe siècle, il se transmet par les mains souillées aux excréments et provoque de violentes diarrhées qui entrainent la mort. Parti de la vallée du Gange, où on pratiquait l’épandage de fumier humain, il se propage dans le monde entier au XIXe siècle par la Révolution industrielle et les progrès du chemin de fer, des bateaux du commerce international. Sept pandémies se succèdent, celle de 1832 tue 20 000 Parisiens. Vient enfin la grippe espagnole qui n’a d’espagnol que le nom en 1914 et 1919 et qui a fait 50 millions de victimes, plus que la Première Guerre mondiale. Que faire à l’heure de la mondialisation des échanges, de la presque entière liberté de circuler, des transports low cost, du travail émietté où une rupture dans l’approvisionnement condamne toute la production de Pékin à Paris et de Sydney à Londres ? On réalise que les accords de libre-échange ne profitent pas seulement aux multinationales, ils profitent aussi aux virus. Que faire concrètement ?

Que prévenir surtout ? Quel peut -être le bénéfice humain d’une telle catastrophe sanitaire ? D’abord dire, annoncer, énoncer. La transparence absolue plus ou moins anxiogène, mais cela s’imposait à l’heure de la mise à nue généralisée. Chaque jour, l’addition nous est présentée avec son nombre de victimes, de morts et de survivants. Tant que nous ne sommes pas dans la comptabilité, tout va ! C’est le célèbre mot de Jean- Paul Sartre : « Voulez-vous que je vous dise pourquoi vous n‘avez pas peur de la mort ? «Chacun de vous pense qu‘elle tombera sur le voisin. »

Les gouvernements assurent contre les cracks, réinventent l’état providence et en appellent à la science. Mais savoir n’est pas prévoir, on vient de l’apprendre à nos dépens. En dehors du scandale des masques, des règlements de compte entre ministres, il y a des conséquences encore plus détestables du fléau des épidémies comme les flambées de violence. Contre les juifs, hier, accusés d’avoir empoisonné les puits. Aujourd’hui, contre les citadins, contaminant les campagnes, contre les marchés dans les quartiers cosmopolites. Naitront aussi les pires élucubrations complotistes sur l’origine du virus ou sa propagation, voire sur son exploitation politique. Jamais la science, le savoir ne suffiront à atténuer l’angoisse. C’est même sauf qui peut ! L’approvisionnement outrancier et égoïste de provisions au risque de créer soi- même la pénurie, les infractions aux recommandations et interdiction de certains comportements ! Partout on cherche à négocier ou ruser avec les puissances invisibles du bacille. Mais la question persiste : À qui la faute ? À la société consommatrice par vocation ? À la concentration urbaine ? Au capitalisme mondialisé ? À la société ouverte ?

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Laura Tared

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À notre surexploitation des ressources à notre portée ? Les débats ne manqueront pas quand sera passée la tempête. Il faut d’abord se prémunir contre la violence des secousses après le séisme. Et contre la violence tout court. On ne dit pas la grippe chinoise. Les responsabilités sont partagées, diluées. Si tant est qu’il y ait des responsables. On n’assistera pas à des pogroms comme on a pu le voir à la suite de la peste noire. Du moins, on l’espère. On peut être encore plus optimiste. Espérer voir s’ouvrir une nouvelle ère de solidarité parce que le virus touche les populations les plus vulnérables et amplifie les inégalités sociales et un racisme sociétal où la maladie ou la vieillesse sont le prétexte d’une nouvelle forme d’eugénisme. Ce n’est pas pareil le confinement dans un appartement spacieux avec jardin et le confinement dans un taudis exigu et insalubre ! De ces inégalités et de ces discriminations peut naitre une conscience plus générale des périls du monde. Ceux issus du désordre économique et ceux de l’impact de la catastrophe humanitaire attendue à Didlib assiégée, des effets démultipliés avec le délabrement des systèmes de santé en Afrique. De la condition humaine née de la peur de mourir, nous apparaissent toutes les conditions inhumaines. Nous étions sourds à la détresse de ceux qui subissent l’exploitation, des migrants bouchons de liège ballotés de vague en vague sur la Méditerranée, des gilets jaunes et de ceux qui souffrent en silence. Un candidat aux élections à Metz ose une vidéo de soutien aux gilets jaunes. Scandale ! Ah, l’opportuniste ! Ah le populiste ! Il disait cela : «  Par tempérament et par conviction, je veux rassembler les Messins et les Messines, ceux qui prônent l’urgence climatique, et ceux qui défendent leur pouvoir d’achat.

Je n’oppose pas fin du mois contre fin du monde. On peut être méfiants et hypocrites et rejeter ces gens qui se réclament de la civilisation de la bagnole. Et en plus, si Marine Le Pen les soutient, c’est que sûrement, ils sont racistes et homophobes. J’ai de l’estime pour le genre humain ». C’était toute sa défense. Il aime le genre humain. Avec le virus qui tue sans distinction nous viennent à la conscience tous les damnés de la terre, ces hommes, ces réprouvés comme coupés de notre humanité. Avec le confinement, on découvre qu’on voit mieux la vie figée derrière sa fenêtre. Ne pas franchir le pas de sa porte et connaitre le monde, disait Heidegger en imitant le Tao To King de Lao Tzeu. Finalement, l’enseignement le plus important de cette épidémie est surtout d’ordre spirituel. C’est la nuit du resserrement plus précieuse et plus enrichissante que le jour du grand dilatement. Cet arrêt des heures nous amène à réfléchir sur le temps et la vie, à en explorer le sens. Sentir l’âme du monde quand plus rien ne bouge. Nous voilà soumis et passifs à ce qui nous arrive. Mais avec le dur désir de durer. Un ami de Nasreddin Hodja, le philosophe, ouléma ingénu et faux naïf (3), lui demande : -Que fais-tu ? - Je cherche un moyen de ne pas mourir - Et ça marche ? - Pour l’instant oui. Nous ne nous disons pas autre chose au téléphone actuellement.

_______________________________________ (2) Genèse 1,28 (3) J C Carrière, le cercle des menteurs, 1999, Plon et Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja, trad. J.-L. Maunoury, 1990, Phébus

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Tony Rocha

Tony Rocha Lecon de vie de ma petite fenêtre Aujourd’hui, 21 mars 2020, une journée ensoleillée. Tôt le matin, je regarde à travers ma petite fenêtre, je me sens comme un détenu en cellule, rongé par ses erreurs. J’aperçois une avenue déserte comme si le temps s’était arrêté. Pourtant, en plein centre-ville, d’habitude le trafic va bon train entre les bus, les camions, les voitures nous permettant d’aller plus vite, tout en polluant notre très chère planète. Aujourd’hui, le ciel est bleu. Aucune pollution visible, aucun avion survolant notre appartement, aucun bruit qui habituellement accompagne ce trafic aérien. Aujourd’hui, tous sont restés au sol. J’aperçois les sapins qui dansent au rythme du vent. Vent qui souffle très fort en ce premier jour de printemps. Les hirondelles et autres espèces peinent à retrouver leur chemin tant la nature est perturbée. J’aperçois un passant qui promène son chien qui ne doit pas comprendre pourquoi on le tient en laisse alors qu’il n’y a ni rien ni personne. Il pourrait retrouver sa liberté. J’entrouvre légèrement ma fenêtre pour laisser pénétrer une odeur de barbecue dégagée par le voisinage qui visiblement n’a pas tout à fait compris le sens du confinement et semble célébrer quelque chose en groupe. Ce manque de respect des consignes vient bousculer quelque chose en moi, tant je mesure le danger à cet instant. J’ai une pensée pour le corps médical qui s’acharne à sauver des vies qui pourtant, avec un peu de bon sens pour certains, pourraient être épargnées. À l’heure où j’écris ces quelques lignes, le virus poursuit son chemin. Il se propage silencieusement, mais sûrement. Je pense alors à mon ancienne collègue devenue SDF qui, il y a quelques jours encore, est venue se poster devant mon salon de coiffure, munie de deux sacs pleins de journaux et de bouteilles d’eau vides. Elle portait des habits déchirés et sales et des cheveux rasta. Son nez coulait. C’était pourtant avant une belle jeune femme qui avait fait son apprentissa-

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ge dans le salon que je dirigeais il y a vingt-trois ans. Avec les larmes aux yeux, elle me demanda un café pour se réchauffer et de quoi se nourrir. À ma question : « Est-ce que ça ? », elle répondit : « On va tous mourir. Regarde autour de nous, les gens se battent pour du papier toilette alors que d’autres se battent pour survivre. Plus personne ne nous tend un centime dans la rue. Les sans-abris sont oubliés. » C’est alors que je pensais à cette dame qui quelques jours plus tôt m’avait agressé au magasin pour les cinq derniers rouleaux de papier toilette restants, ajoutant que je n’avais qu’à faire mes achats plus tôt. Tout ça en me roulant sur les pieds avec son caddie. Il y a encore quelque temps, cette réalité paraissait bien lointaine lorsque la pandémie se propageait en Chine. On réalise aujourd’hui que cela se passe bien chez nous et les médias veillent à nous rappeler sans cesse le nombre de personnes affectées et de morts dans notre pays. Du haut de ma petite fenêtre, je réalise à quel point un monde qui tournait à pleine vitesse vient d’être freiné subitement. La nature, nous transmet-elle un message ? Veut-elle mesurer la force de l’Homme, une troisième guerre mondiale sera-t-elle une conséquence ?... Tant de questions qui se bousculent dans ma tête. Car tout va en effet trop vite, nous ne nous contentons plus de respirer, il nous faut acquérir, transformer, gagner le plus d’argent possible. Pourtant, la nature est abondante et l’essentiel est à nos pieds. Il est silencieux. Pourtant, ce virus nous rappelle à quel point respirer est essentiel. Il ralentit notre mode de fonctionnement en un rien de temps et nous prouve que nous sommes peu de choses. Une troisième guerre mondiale ou encore la chute du pétrole et ses conséquences paraissent moins menaçantes. L’économie mondiale est touchée en un seul coup. Mais la santé publique est en péril. La force de la nature bat l’intelligence humaine de plein


L eco n d e v i e d e m a p e t i t e f e n ê t r e

fouet. À mon sens, il ne s’agit pas d’une crise, mais d’une troisième révolution. Elle succède ainsi à la révolution humaine et à la révolution industrielle. La vérité est que nous avons pollué sans état d’âme l’eau et l’air. Nous avons éliminé certaines espèces rares, nous avons pourchassé les bêtes sauvages et dévasté les forêts, les poumons de la planète. Nous avons aussi joué avec la radioactivité et réussi à rendre l’impossible possible. Nous avons bien profité d’une vie que nous croyions meilleure. Aujourd’hui, nous devons apprendre la solidarité, car la nature nous rappelle à quel point nous sommes interdépendants. Peut-être qu’un éveil de conscience aura lieu afin de consommer et de vivre autrement. Car la croissance sans cesse convoitée par l’Homme perd face à la loi de la nature. Peut-être aurons-nous une nouvelle approche des choses après cette épidémie, allons-nous reconsidérer nos priorités, respecter et savourer l’essentiel, vivre une transformation profonde. Un changement qui nous invitera à être davantage à l’écoute de soi et des autres. Peut-être que cette conscience nous permettra de valoriser enfin tout ce qui nous anime. La solidarité aujourd’hui semble réelle, allons-nous la faire perdurer au-delà de cette épreuve et penser aux générations futures ? Tony Rocha, citoyen du monde

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M a r t i n e R é v o l G é r e r c´e s t a n t i c i p e r

Martine Révol Gérer c´est anticiper „ J’ai une grande confiance dans le peuple. Si on lui dit la vérité, on peut compter sur lui pour faire face à n’importe quelle crise nationale. L’important est de lui présenter la réalité des faits „ Abraham Lincoln 9 ème jour de confinement, vue de ma fenêtre et je me souviens des trois mois que nous venons de passer, avec une sensation d’irréalité. En décembre 2019, la terre entière regarde la catastrophe qui se passe en Chine, via les médias de la planète. Nous savons que Madame Buzyn a averti le Premier ministre et le président de la République que le danger est immense. Dans notre groupe, en janvier, l’autonomie est la clé de notre futur, nous regardons la catastrophe que vivent les Chinois, plein de compassion, car nous sommes un groupe international, et des membres d’Asie nous avertissent vraiment du désastre que cela représente pour le peuple chinois. Après une nuit de réflexion, je décide, en tant que fondatrice de notre groupe, d’avertir l’ensemble des membres du danger potentiel que nous courons, à l’image de Madame Buzyn qui avertit le président de la République. Gérer, c’est anticiper ! C’est vrai, pour une famille : ne dit-on pas gérer en « bon père de famille » ?

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C’est vrai pour un groupe social comme le nôtre, de 70  000 personnes, qui ont eux-mêmes des familles en charge. Donc, la tête entre les mains, je pèse le bénéfice/risque, entre faire peur, créer la panique dans le groupe et dans les chaumières, et anticiper, protéger tout le monde. Je choisis courageusement « protéger ». Nous conseillons donc, en expliquant ce qui se passe en Chine, de la probabilité évidente que le virus voyage. Je sais que les Chinois adorent la France et que des centaines de milliers de Chinois viendront en France, pour le Nouvel An chinois, début février. Si moi je le sais, le gouvernement aussi le sait. Confinement en Chine par millions ? Ça pourrait arriver en Europe, j’incite donc tout le monde à faire des réserves solides, et plusieurs membres font des listes sérieuses de tout ce qu’il faut avoir dans une maison. Nous parlons des masques, du gel désinfectant, et la protection également de nos défenses immunitaires, nous lançons donc des sujets pour permettre à tout le monde de se renforcer le plus possible. Les Chinois construisent des hôpitaux à la vitesse de la lumière, de 1000 lits, tiens donc ? Que pour 3000 morts, ça ne vous interpelle pas ce chiffre ? Ils font garder les milliers de morts par l’armée… Les opposants chinois commencent à parler. À 3000, il faut hélas! rajouter quelques zéros, avec un tel régime, on ne saura jamais vraiment combien. Parallèlement, j’ai préparé mes vacances autonomes pour janvier, et c’est le voyage de ma vie, l’Égypte, et je ne veux pas renoncer.


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Nous nous équipons donc de masques, de gel, de vitamine C, et d’argent colloïdal, et la dernière semaine de janvier, nous prenons l’avion à Genève (il n’y a aucune pénurie dans les pharmacies). Il n’y a encore aucune barrière d’aucune sorte, nulle part, en Égypte les Chinois sont partout, pour visiter. Nous les évitons prudemment et certains, pas tous, sont déjà masqués. Retour par Genève, aucune barrière, toujours, une semaine après, nous sommes début février.

en chercher, pas de problème. Il ne s’est encore rien passé en France. Je réunis les salariées, le 28 février, je demande à tout le monde de ne plus faire la bise aux adhérents, et autour d’eux. Je demande également de ne pas serrer la main aux gens, de prendre toutes les précautions de désinfection de partout. Un peu le tollé, pour certaines, dont une infirmière retraitée, parmi les bénévoles, c’est une grippette !

J’ai en charge bénévole une ADMR, comme présidente donc 11 salariées, et je suis administrateur bénévole dans le même village d’une petite maison de retraite. J’en parle au maire, qui est aussi président de la maison de retraite. Installation de gel, et très vite, on ferme la maison aux visites.

Une semaine après tout ça, tout le monde a enfin compris que c’est grave, par les médias qui se réveillent eux aussi bien tard. Ils prennent tous leurs ordres auprès de l’AFP, si bien qu’ils n’ont plus le nom de journalistes, mais plutôt de laquais du pouvoir.

Je demande aux bénévoles de l’ADMR de faire le bilan des masques, des gants et gels, et d’aller

Je sais qu’il y a des milliers de morts en Chine, cachés par les Chinois. Je tiens bon, j’envoie une lettre explicative aux adhérents.

Un mois après mon retour, je respire mieux, je guettais particulièrement l’éventualité de symptômes chez

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moi. J’annule la salle de jeux, des adhérents du vendredi, pour ne pas prendre de risques, contre l’avis de certains des bénévoles, qui ne comprennent toujours pas du tout, mes précautions. Je tiens bon. J’enchaîne avec la fermeture de la permanence, et le télétravail de la secrétaire, bien avant le gouvernement. Sur notre groupe, les gens pour la plupart en janvier ont acheté des masques, des gants, et des réserves intelligentes, en toute tranquillité, la plupart des gens n’y croient pas vraiment, mais ils ont fait le pari de me faire confiance. Ils me disent maintenant tous merci. J’ai oublié ceux qui m’ont traitée de paranoïaque, et de créer un climat anxiogène, etc.

Français, j’aurai fait sonner la Marseillaise, et appeler les Français, déjà en janvier à être attentifs à la menace réelle du virus. J’aurai dit aux Français de se préparer tranquillement à faire des réserves sérieuses, qui auraient pu ainsi être étalées, sur plusieurs semaines… ainsi les entreprises, les commerçants et les artisans auraient eu une idée de ce qu’il fallait anticiper, afin d’éviter les faillites. J’aurai réuni les acteurs des hôpitaux, pour faire le bilan des besoins... commander des respirateurs à des entreprises françaises, ainsi que des masques par milliards, en janvier, en gros, nous avions trois mois, pour en faire porter à tout le monde, et je l’aurai imposé… comme je l’ai fait à mon petit niveau.

Alors je reviens à notre « bon président », qui n’est pas père de famille, et qui n’a pas les réflexes protecteurs, peut-être. Voilà un président qui a une nation en charge, comme Angela en Allemagne, ou Boris en Angleterre, ou Donald aux États-Unis... et qui ne bouge pas.

Voilà un président qui a, dans l’arsenal militaire en tant que chef des armées, des joujoux qui permettent de voir à 50 centimètres près, ce qui se passe réellement en Chine, et qui ne fait rien. Il s’occupe des élections municipales, et de nous plumer les retraites au profit de Black Rock, qui est chez lui dans les salons de l’Élysée. Voilà un président qui flingue l’hôpital public au même moment et refuse des moyens aux soignants, dans le même temps, alors qu’ils n’ignorent pas les problèmes logistiques des Chinois, on croit rêver ! En gestion les milliards du désastre actuel auraient été mieux placés dans un hôpital public à la pointe. Qu’‘est-ce que j’aurai fait, moi si j étais présidente ? Eh bien j’aurai chassé les fantômes qui hantent lescouloirs de l’Élysée, prêts à sucer le sang des

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Et J’aurai fermé les frontières, avec des contrôles sévères qu’il impose au passage maintenant aux Français. Et comme à Taïwan, j’aurai fait désinfecter tous les transports en commun de France et de Navarre, en interdisant les passagers sans masque ni gant. Taïwan est autonome en fabrication de masques pour sa population. Et nous découvrons quoi ? L’état des hôpitaux en général, et la pénurie des produits anesthésiants, qui servent à endormir les gens intubés. Certains hôpitaux commencent à en manquer. L’état des hôpitaux ce n’est pas nouveau. Nos politiques n’aiment pas la polémique, la belle affaire, mais pendant combien de temps les soignants sont restés en grève pour réclamer des moyens ? Des milliers de gens vont mourir, faute d’anticipation. Évidemment, les élections auraient été reportées, pour ne faire prendre de risques à personne. Au lieu de tout cela, les soignants de partout, qui tiraient la sonnette d’alarme, pour l’état des hôpitaux, étaient gazés dans leurs manifestations, par des flics qui eux-mêmes sont à leur tour envoyés au front du virus. Il est presque indécent de leur demander maintenant autant d’efforts et d’abnégation, pour des erreurs qui ont été commises au plus haut sommet de l’état.


M a r t i n e R é v o l G é r e r c´e s t a n t i c i p e r

Alors en communication, les médias noient le poisson, et ce n’est pas la faute du gouvernement pour le stock de masques ? Mais à quoi donc, sert le ministre de la Santé ? C’est une évidence que ça n’a pas été géré du tout. Moi, petite présidente d’ADMR, j’aurai fait mieux. Mais la différence ne réside-t-elle pas dans le « désintéressement » ? Maintenant, ils vont se battre en commission d’enquête pour savoir, qui a fait quoi ? Au lieu de se demander, ce qu ils n’ont pas fait eux !!!! À une époque, il a été décidé de ne plus avoir de stock de masques, comme l’avait fait Roselyne Bachelot, car les Chinois étaient capables de les fabriquer. Oui, d’accord, mais ce sont les Chinois qui étaient frappés, et donc, on a remis notre sécurité nationale dans les mains d’un régime douteux ? Incroyable, ça non ? Pour une gestion en « bon père de famille ». Pour se dédouaner, on envoie la porte-parole du gouvernement qui se ridiculise, en expliquant qu’elle ne saurait pas mettre un masque. Nous avons là, des gouvernants qui sont d’un amateurisme incommensurable, dans tous les domaines, et bien des Français, bons pères de famille, feraient mieux qu’eux, très honnêtement, sans se faire acheter par les laboratoires intéressés par les pandémies. Le dénigrement du masque en France suscite la consternation en Asie, et il y a de quoi, car si les Chinois ne peuvent pas parler, ils savent le lourd tribut qu’ils ont payé au coronavirus, et ils s’imaginent qu’on le sait. Nous passons donc pour des irresponsables. Un jour, nous leur expliquerons que ce n’était pas nous, nous qui lancions la fabrication de masques en tissus de partout, mais nos gouvernants, les coupables. Parlons alors des faits, qui pourraient être dans les explications des manquements. Ils sont en train de sortir partout, dans la colère des médecins. Le décret de Madame Buzyn sort en janvier, comme par hasard, sur la dangerosité de l’hydroxychloroquine. Le fait que son mari soit partie prenante dans les labos pour un beau vaccin, le fruit du hasard… ou comme le disait Severino, le hasard était une nécessité ? Tout ça, vu depuis la masse des Français ressemble à une bataille de « pognon de dingue », d’autant que tout le monde sait que notre « bon » président est un proche du bon président de Sanofi. Dans le même temps, un laboratoire de la région lyonnaise qui peut fournir immédiatement en continu de la chloroquine est mis en faillite. Est-ce encore un hasard ou une nécessité, comme dirait Monod ? En fait que découvre-t-on ?

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M a r t i n e R é v o l G é r e r c´e s t a n t i c i p e r

L’arrêté au JO en janvier de Madame Buzyn. L’ydroxychloroquine doit être associée à deux anti VIH le lopanir et le retronavir. Le lopanir : 185 euros la boite. Le retronavir : 47 euros la boite. Protocole à 200 euros. Préconisation du docteur Raoult : plaquenil 5 euros, et azytromycine 7 euros. Protocole 12 euros. Tout cela s’est passé en janvier, alors qu’ils connaissaient tous, j’insiste la pandémie en devenir, ça ressemble à s’y méprendre à un délit d’initiés. Voilà, où nous en sommes, et la conférence de presse de ce soir d’Édouard Philippe et Olivier Véran est inutile, car les réseaux sociaux vont très vite. Ils n’arrêteront pas la colère populaire. Nous avons assisté à un enfumage de taille, qui anticipe l’émission de zone interdite, dimanche soir, qui va montrer la destruction de l’hôpital dont ils sont directement responsables, depuis des années. Le réveil sur l’état de la gestion de la santé des Français. On se pince, on se croit dans un mauvais film, on se réveille, eh bien non c’est bien la réalité, d’un nid de vipères, au plus haut sommet de l’État, bien loin de la gestion d’un général de Gaulle, en toute « asepsie » financière. Vue de ma fenêtre, je vois arriver une récession mondiale terrible que les peuples paieront une fois de plus, le prix fort, pendant que les responsables se doreront au soleil, quelque part, avec quelques jetons dans les grandes entreprises qui auront ramassé le magot. Voir monsieur Sarkozy pour l’exemple avec le Groupe Accor, et les migrants qui arrivent de Libye, logés aux frais de la princesse, dans les hôtels du groupe. Triste France non ? Abandonné de tous, notre bon président s’en ira, car un deuxième mandat après l’hécatombe qui se prépare, ça sera mission impossible, à moins qu’il ne retourne vite sa veste en direction du peuple, mais c’est fort peu probable. Le plus prévisible, c’est qu’un Bruno Lemaire qui a dans son porte-document depuis le début, le dossier sur la liquéfaction du patrimoine des plus de 75 ans, ramassera les miettes, en étant parachuté toujours par les mêmes médias qui font la pluie et le beau temps en France, comme médiocre président, car on ne peut pas être digne de nous, le peuple en retournant sa veste, pour un poste, fût-il, ministre ou président ! Cela sera facile, si comme Monsieur Douste Blazy le dit, les Ehpad vont payer un lourd tribut sur l’autel de cette pandémie évitable, à la mode de Taïwan, par exemple. Dans le même temps, les droits d’héritage vont exploser, histoire que l’État ramasse l’argent des morts. L’argent n’a pas d’odeur, n’est-ce pas, quand il s’agit de l’État, et des banques ? À l’ADMR, c’est la fin du mois de mars, et peut-être bien que l’ARS va enfin nous faire passer des masques ! Si j’étais très mauvaise langue, je dirais qu’ils arrivent après la guerre, et qu’heureusement, je suis infiniment plus réactive en bénévole exploitée, que toute cette clique qu’on paie fort cher, à ne faire que de gigantesques conneries, sur l’autel de l’économie. Honnis soit qui mal y pense ! Un chef d’entreprise qui se plante perd tout. Un chef d’État qui se plante gagne des jetons dans les grandes entreprises. Alors, il est où le bonheur du peuple français, dans un ou une président(e) « bon père de famille » ? La France qui distribue plus d’amendes que de tests de dépistage du virus. Nettoyage de ma fenêtre au vitriol, on ne trouve plus de vinaigre blanc ni d’alcool… !

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A n to i n e F o n ta i n e C a r n e t s d e c a m pa g n e :

Antoine Fo n t a i:n e Carnets de campagne

Merci ou la dose de vérité de trop ? Loin d’être une histoire passée que l’on raconte, ceci est avant tout un témoignage, forcément subjectif. C’est le récit d’un moment de vie récent, dont l’actualité virale brulante impose d’emblée de poser le constat : l’humanité est foutue. Ce faisant, je prends un risque. Celui, dès les premières lignes, de perdre le lecteur potentiel. Car, s’il est écrit que tout est déjà foutu, mieux vaudrait sortir vivre en attendant la fin, non ? Enfin, sortir pas tout à fait tout de suite… après la période de confinement, il va sans dire. En ces temps où la police de la pensée nous surveille, appeler au respect des consignes officielles, c’est politiquement correct. Être lu ou ne pas être lu, au fond qu’est-ce que cela peut bien

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A n to i n e F o n ta i n e C a r n e t s d e c a m pa g n e :

Présenter une liste pour la première fois aux élections municipales sur une commune de plus de 80 000 habitants, le Tampon, répondait assurément à l’envie de relever un défi. Peut-être cela nourrit-il aussi un peu l’ego, gagné dans un monde qui est en compétition, c’est pour tous les derniers de cordé une presque seconde nature. faire ? Le besoin est bien plus puissant. C’est celui de poser des mots pour se débarrasser des maux que peuvent créer chez toute personne un tant soit peu sensible, l’expérience sociale que représente le fait de participer à un scrutin de liste. Si on peut penser qu’il y a un côté sans doute masochiste dans la démarche, constat que l’on ne peut pas évacuer complètement dans ce territoire insulaire qui revendique officiellement sa victimisation, il y avait avant tout chose, une envie. N’ayant jamais attendu d’être concerné par une situation pour m’intéresser aux autres et comme certains insistaient, j’ai accepté de monter cette liste.

Mais, à bien y regarder, gagner quoi ? Je me demande aujourd’hui encore si tous ceux qui ont accepté de participer à ces élections, toutes listes confondues, ont vraiment compris l’enjeu. Car au fond remporter une élection ce n’est pas un privilège, c’est une responsabilité. Celle de mettre en place les moyens pour que chacun sur un territoire donné puisse tendre à une dignité à travers la satisfaction de ses besoins, d’abord primaires. Même si, dans l’inconscient collectif réunionnais ou ailleurs aussi peut-être, devenir un élu c’est accéder à un statut social, il y a là une sacrée distorsion de l’esprit. Être un élu, c’est pour beaucoup un être supérieur à d’autres, et non être au service de l’autre. Un sacrifice.

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A n to i n e F o n ta i n e C a r n e t s d e c a m pa g n e :

Si l’on regarde bien sur cette planète, sur les quarante dernières années, de quel (le) élu(e) pourrait-on dire qu’il ou elle a gagné ? De quel (le) élu(e) pourrait-on dire par exemple : il ou elle a réussi à faire en sorte qu’il y ait moins de personnes qui dorment à la rue, que plus de gens mangent correctement et à leur faim, que plus de monde puisse bien se soigner ou encore prétendre à une éducation, qui leur assure une presque dignité ? Plus je réfléchis et moins j’ai de noms qui me vienne à l’esprit. En fait, je n´ai le nom d’aucun(e) élu(e), dont l’action politique aurait permis cela. Quel système de pouvoir avons-nous connu au XXème siècle et ce début de XXIème, tandis que la science puis la technologie et la place prépondérante de l’argent autant que de la finance ont introduit des facteurs aggravants les difficultés, en privilégiant le monde de l’apparence, du paraître plus que de l’être, du virtuel plus que du réel ? Comme si l’espèce humaine, suivant ce que nos religions nous inculquaient et ayant besoin de mystère, avait dû laisser la place à un autre imaginaire, irrationnel, qui permet, non seulement d’échapper à la réalité, mais d’être valorisé en provoquant ce miracle qui consiste à transformer le rêve de chacun en argent. La disparition des valeurs qui sous-tendent toute société humaine a rendu les citoyens orphelins, laissant la place à des totems puisant leur source dans cette Loi mafieuse, qui use de l’arme universelle qu’est devenu l’argent. Cet argent qui impose sa volonté, permet d’acheter les consciences, celles de ces femmes et de ces hommes qui avec leur famille tombent à son service, le plus souvent à sa botte, et qui par leur esclavage nous mettent tous à la merci de systèmes clientélistes. C’est oublier trop vite que les seuls qui en profitent vraiment, ce sont ceux qui tirent les ficelles des manipulations comptables et financières. Or, la démocratie vers laquelle devrait tendre, depuis 1789, la plupart des peuples d’Occident, puis ceux du monde tout entier, suppose le respect des valeurs qui sont communes à toutes nos spiritualités, à toutes les civilisations, comme participant au progrès de l’humanité. C’est-à-dire au bien-être de chaque être humain. Qu’il s’agisse du respect dû à la vie, du respect de l’autre ou de la parole, de l’aide apportée aux plus vieux, aux enfants, aux êtres les plus fragiles;

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Qu’il s’agisse de la vertu, celle qui entretient le sens du devoir et l’honneur de servir et qui ne se distingue de la condition commune que par son courage et parfois par son sacrifice; Qu’il s’agisse du courage et du sens de l’effort; Qu’il s’agisse de la solidarité, soit de la conscience de notre état de simples mortels; Toutes ces qualités qui peuvent favoriser la démocratie supposent également la transparence, c’est-à-dire tout ce que refuse le monde des faux-semblants. Pendant que beaucoup durant cette campagne et non pas forcément les plus misérables, n’ont su que m’expliquer leurs petits soucis égoïstes pour justifier de leur grande lâcheté, j’ai tenu le cap face à leurs peurs. Parler crument, sans pitié, dans ce siècle où


A n to i n e F o n ta i n e C a r n e t s d e c a m pa g n e :

le mensonge social règne dans toutes les classes et s’empare quotidiennement de beaux cerveaux devenus indifférents à l’autre. C’est sans conteste ma plus belle victoire. Je remercie toutes ces personnes d’ici ou d’ailleurs, celles qui sincères, ont donné leurs tripes et à tous ceux aussi, qui malgré les risques, le 15 mars ont mis ce petit bout de papier dans l’urne. Je remercie toutes ces personnes qui avec Léon Gontran Damas ont compris qu’il ne fallait plus attendre :

« pour jouer aux fous pisser un coup tout à l’envi contre la vie stupide et bête qui nous est faite à nous les gueux à nous les peu à nous les rien à nous les chiens à nous les maigres à nous les nègres » Merci à tous ceux qui résistent vraiment, à tous les autres aussi.

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C a r o l e V i l b o i s Co n f i n e m e n t at y p i q u e .

Carole Vilbois Confinement atypique.

Alexander van Humboldt

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psychologie pour une société . C’est donc le groupe qui définit la normalité. Le groupe majoritaire ! Lui, notre Asperger, justement, le groupe, ce n’est pas sa raison d’être. Il est comme Newton, mais certains le voient comme Dustin Hoffman dans « Rain Man ». Greta Thunberg, parle de super pouvoir, mais qu’en est-il vraiment ?

Il a écrit sur le mur du groupe : je viens de découvrir que ma façon de vivre s’appelait : Confinement.

Bien entendu dans « Big Band Théorie », le Dr. Sheldon Cooper, interprété par Jim Parsons le long des 279 épisodes de 22 minutes, rend populaire ce scientifique autiste qui a tendance à remballer ses amis et la voisine. Évidement la douance, c’est ce que l’on attend d’un autiste Asperger. Un cliché parmi les clichés, l’idée que l’on peut s’en faire.

Il est un parmi des milliers, les neuro-typiques ne savent même pas qu’il existe. Il doit faire avec.

Parfois on peut entendre… « Tu as l’air normal, tu ne sembles pas autiste. Je n’ai rien remarqué  ! »

Avec le bruit, avec les odeurs, avec la lumière. Avec le monde étrange de ceux qui ne lui ressemblent pas.

Mais c’est quoi exactement vu de l’intérieur l’autisme ?

Carole Vilbois -Humour noir -Test de masque durant le confinement mars 2020

Il est sans déficience intellectuelle, comme le tiers des siens, c’est ce qui le sauve. Entre cause génétique, chimique et tâtonnement, c’est pour les spécialistes une maladie. Comme l’intelligence, soignée par la psychiatrie. N’y a-t-il rien de pire que d’être intelligent dans un monde fou ? Alors, le médecin des fous soigne l’intelligence, pour faire de lui un fou comme les autres. « Si vous avez une idée, mettez là dans un tiroir et sortez là 15 jours plus tard. Surtout pas tout de suite ». C’est ainsi que Monique de Kermadec conseillait les hauts potentiels dans ce qui aurait pu s’appeler manuel de survie en entreprise pour petit génie. La normalité c’est ce qui est acceptable en

Lorsque l’on est concerné, il est difficile de comprendre qu’une soirée entre amis peut être une chose relaxante. Difficile d’aimer les bruits, difficile de savoir comment se comporter en présence des autres. Quand faut-il parler ? Quand faut-il se taire ? Quand est-ce ennuyeux de m’entendre parler de mon sujet préféré ? L’homme est un animal social ? Vraiment ? le sont-ils tous ? En étudiant le génome humain, il y a une chose frappante. Plus on s’éloigne de l’origine des premiers hommes plus le génome s’appauvrit. Ainsi on trouve plus de diversité à comparer deux individus africains venant des régions communément admises comme celle étant le départ des premières migrations vers l’Europe, qu’en Europe. Cette diversité est inférieure à celle que l’on trouve au sein des espèces de grands

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C a r o l e V i l b o i s Co n f i n e m e n t at y p i q u e .

Allan Turing

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singes. Cela est lié a l’expansion récente de notre espèce partant d’une population peu nombreuse d’individus environ une dizaine de milliers de personnes voilà cinquante mille ans. Ainsi si nous prenons l’exemple de la couleur de peau blanche, qui s’est développé en Europe que pour permettre à l’organisme de lutter contre les carences en Vitamine D, lié à l’absence d’ensoleillement, on comprend vite que la nature ne laisse rien au hasard. La priorité biologique, la survie de l’espèce. Alors pourquoi l’autiste Asperger ? Pourquoi cette particularité génétique ? En dehors d’un intérêt limité pour la communication interpersonnelle, l’autiste Asperger, lorsqu’il est de sexe féminin est dans 22 % des cas, sujet à la dysphorie de genre. Ainsi dans l’étude «  The Co-occurrence of Gender Dysphoria and Autism Spectrum Disorder in Adults : An Analysis of Cross-Sectional and Clinical Chart Data » par Heylens G, Aspeslagh L, Dierickx J, Baetens K, Van HoordeB, De Cuypere G, Elaut E., publiée dans le Jounal of Autism and Developmental Disorders de juin 2018, on confirme que les personnes autistes sont 6 fois plus concernées que la moyenne par la dysphorie de genre, sans que pour autant les « Femmes à la naissance » (de sexe féminin), n’ai été comme cela l’avait été suggéré, juste exposé à plus de testostérone au stade embryonnaire, écartant de ce fait l’idée même du « Cerveau masculin ». L’aspie, (Autiste Asperger) est donc naturellement et génétiquement mis à l’abri de la propagation des virus de par son confinement « naturel ». On pourrait aussi préciser que certains refusant d’être touchés, peuvent aussi être mis à l’abri en tant qu’asexuel, de toute maladie sexuellement transmissible. Aucune étude faite n'a rapporté la contribution des personnes ayant une dysphorie de genre au progrès de l’humanité. Pourtant, car nous ne manquons pas de le rappeler, ces cas oubliés de l’histoire de France, et parfois de l’histoire du monde, sont bien ceux qui ont fait avancer maintes sciences, maintes techniques et maintes sociétés, politiquement, scientifiquement, et philosophiquement. Et le génie là-dedans ? Et bien si pour certains il existe bel et bien, pour d’autres c’est juste un mythe. Mais dans un scénario catastrophe, ce geek, intelligent et atypique, risque bien d’être à la fois celui qui pourrait survivre avec ses congénères, et celui qui trouvera la solution des problèmes rencontrés par l’humanité.

L’asexuel, Nicolas Tesla, vient de resurgir, alors qu’un temps il fut écarté du public faute d’être cité dans des ouvrages scolaires. Pourtant ce génie aux 700 brevets, éclaire et fait tourner nos industries avec son courant alternatif. Alexander von Humboldt a intéressé bien des théoriciens de la sexualité. Havelock Ellis rapporte que même le criminologue Paul Näcke (1851-1913) a enquêté sur le cas de Humboldt et en a tiré « les meilleurs fondements pour regarder Humboldt comme un inverti ». (Source wiki) Le sexologue allemand M. Hirschfeld a collecté au début des années 1910 chez des personnes encore vivantes ayant connu Humboldt des récits, permettant de le qualifier d’acteur de la subculture homosexuelle. Carl August Bolle qui se considérait lui-même comme homosexuel participa à cette étude. On sait que Humboldt est resté célibataire, qu’il préférait la compagnie des hommes à celle des femmes. Humboldt aurait eu des relations amoureuses avec l’officier Reinhard von Haeften, le peintre Carl von Steuben, le chimiste Louis Joseph Gay-Lussac, avec qui il a vécu quatre années durant à Paris, et avec François Arago. Humboldt écrit en 1806 à son ami : « Vous savez, cher Bonpland, que je n’aime personne au monde aussi fraternellement que vous et Gay ». Bien entendu il y a Léonard de Vinci qui aurait pu voir écourter sa vie suite à une condamnation. Le 9 avril 1476, une lettre anonyme fut glissée dans la Bocca della Verita. (La Bouche de la vérité) installée non loin du Palazzo Vecchio à Florence. Elle accusait Leonard de Vinci, alors âgé de 24 ans, et trois autres garçons de sodomie active sur la personne de Jacopo Saltarelli un jeune modèle qui n’avait que 17 ans. Léonard restera par la suite d’une discrétion absolue, ne devant sa libération qu’à la présence dans cette affaire d’un jeune notable de la famille des Médicis. Alan Turing lui qui paya de sa vie, le 7 juin 1954, à Wilmslow, son homosexualité, poursuivi en justice en 1952, choisit pour éviter la prison, la castration chimique par prise d’œstrogènes. Il fut retrouvé mort empoisonné au cyanure. La reine Élisabeth II le reconnaîtra comme un héros de guerre et le graciera en 2013. Oui en 2013… Mais combien d’inconnus  ? Qui peut parler de la

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C a r o l e V i l b o i s Co n f i n e m e n t at y p i q u e .

Louis Aragon

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C a r o l e V i l b o i s Co n f i n e m e n t at y p i q u e .

sexualité du misogyne Schopenhauer ? Qui se risquera de parler des gravures de Lafayette et de Louis Philippe sans y voir deux hommes très proches  ? Bien entendu qu’il s’agisse du grand Leonard de Vinci ou de Salai… faut-il ne jamais avoir vu le tableau de Saint Jean Baptiste, pour comprendre  ? Lire ce que les livres d’histoire ne racontent pas ?

Si les Aspergers se cachent dans la douceur de leur confinement, des vies riches à l’intérieur d’euxmêmes, et que ce virus ne change rien à leur vie, où se cachent les Bisexuels ? Beaucoup diront, car c’est plus pratique, qu’Aragon a attendu la mort d’Elsa pour vivre une vie qualifiée de débauche. Pourtant les amis du couple disent qu’Elsa savait, qu’elle a toujours su.

Loin des Grecs, qui s’assumaient, que reste-t-il de la liberté des esprits qui accompagne celle des mœurs  ?

Beaucoup parleront d’homosexualité, car au fond, derrière ce premier tabou, se cache un tabou plus grand encore, celui de la bisexualité.

Combien de siècles encore pour une étude, sur l’intelligence, la dysphorie de genre, combien de siècles avant que quelqu’un ne déclare… :

En 2020, les jeunes se déclarent asexuels, pansexuels, polyamoureux. Et en 2020, même s’il est possible de dire ce que chacun est, un silence de plomb pèse sur l’histoire et le passé, comme si la liberté acquise au début des années 80 avec les radios libres avait mis 40 ans avant de voir le jour dans la société, la liberté sexuelle des années 68, n’étant pas l’acceptation de toute les sexualités. Elle n’était qu’une hétéroliberté.

- L’humanité souffre d’une évolution lente et programmée, car l’intelligence et le génie se logent chez des individus peu enclins à la reproduction avec le sexe biologique opposé. Bien entendu on parle de la créativité, de la capacité à trouver quelques choses de nouveau, pas d’une intelligence purement factuelle, qui permet simplement de survivre dans un cadre ordinaire et ordonné. Newton restant chez lui… et gardant pour lui ses trouvailles. Certains aiment me dire que la recherche prend du temps, que forcément cela laisse peu de place pour le batifolage, que les neuro-typiques hétérosexuels sont aussi sujets à la douance. C’est vrai pourtant, partout où l’on pose nos yeux, qu’il s’agisse des grands couturiers, des réalisateurs, dans les médias, partout, on voit les yeux brillants, ici d’un homme à l’allure féminine et là d’un garçon qui n’en est pas un. Alors forcément ce confinement, cet article sur Aragon, sur les yeux d’Elsa et sur ce que certains diront plus tard en parlant du poète, sonne comme un écho. De Jean Marais, à Thierry le Luron, pouvons-nous traverser l’existence, en pensant que la normalité existe au-delà de la différence ? Que les plus belles paroles qu’un poète n’ait pu donner aux femmes venaient d’un homme qui aimait également les hommes ? « L’avenir de l’homme est la femme Elle est la couleur de son Âme Elle est sa rumeur et son bruit Et sans Elle, il n’est qu’un blasphème. » Le Fou d’Elsa (1963) de Louis Aragon

Alors le petit Aspie, confiné dans son cocon, regarde le monde, iel* est un garçon, iel est une fille, iel s’en fout de ce que la société pense. Iel aime qui iel veut. Iel se dit que c’est drôle que tout le monde soit obligé de vivre comme iel. Mais, que cela ne changera pas le monde ! Tout cela ne sert à rien. Un jour, peut-être, à la prochaine pandémie, bien plus mortelle, iel survivra. Ceux comme iel, sortiront des appartements et des maisons, et le monde leur appartiendra. Il leur ressemblera. Iel n’aime pas l’argent, iel n’aime pas le bruit, iel aime les arts, la musique et le calme. Iel voit presque poindre un espoir, mais finalement iel se rappelle, « en 2020 l’intelligence ne gouverne pas le monde. » Alors l’humanité confinée, c’est l’humanité qui découvre le mode de vie des Aspergers, mais les Aspergers, seuls, le savent. *En français, il n’existe pas de genre neutre, mais certaines personnes utilisent « iel ».

Carole Vilbois

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N i co l a s P e r r i n H i e r n ‘ e x i s ta i t d é j à p lus .

Nicolas Perrin Hier n‘existait déjà plus.

Moment historique où le Temps s’est arrêté sans ne jamais s’arrêter.

d’ailleurs pas de choix donné et enfin de réveiller sa conscience primaire.

J’ai accepté très rapidement d’être avec les zombies, les deux pieds dans la merde et protégé par des montagnes de PQ.

Celle de la survie de notre planète avant de penser à notre espèce. L’un pouvant se passer de l’autre si aisément.

L’image symbolique de ce qu’est la notion de survie et donc de pérennité me ramène à des évidences bien réelles sur ce qu’on a perdu. Le sens de la raison. Passé ma rage d’avoir crié à l’unisson aux oreilles de mes amis, car l’urgence était là face à l’accélération de la remontée des richesses... Vite un refuge autonome au maximum !! Je prends le côté positif d’observer l’humain pour qui redécouvre l’avenir incertain avec un parfum macabre indélébile. La mort doit traverser les esprits de chacun, il n’y a

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Je devine les cieux et j’imagine une table où règnent les grands sages de ce Monde, veillant sur le seul engagement à avoir et s’adonnant au jeu du Hasard (voir racine latine). Quel choix doivent-ils prendre et ont-ils le choix face à la réalité? Nous consommons 1,75 planète par an.... La planète ayant toujours besoin d’un minimum pour sa régénération naturelle permettant la pérennité de la vie et d’un équilibre obligatoire. Les deux camps s’affrontent.... Une guerre imperceptible entre l’Ancien Monde qui n’existait déjà plus que dans nos rêves.... 1.75 planètes par an... Et ce Nouveau Monde, obligatoire, car sans autre choix apparemment possible pour que la planète puisse survivre et donc que l’humain également.


N i co l a s P e r r i n H i e r n ‘ e x i s ta i t d é j à p lus .

1. 75 planètes.... Il ne nous reste plus que 0.25 au maximum à partager pour cette année... Faites l’addition, elle est salée et tout le monde n’a déjà pas mangé, sans que cela ne froisse les repus d’hier. Le réveil va être long et douloureux. Appelons-le, «  transition  », c’est un mot présidentiel actuel. Imaginons que sans l’IA hier, l’économie mondiale ne pouvait plus survivre.... L’IA est l’économie de demain, c’est déjà un bilan qui a été fait. Les pauvres, c’est toujours les pauvres et ça coûte un pognon de malade.... réalité un peu crue ou l’unité isolée dans le temps ne semble pas importante face aux enjeux du Nouveau Monde qui s’esquissent pernicieusement, mais avec accréditation aujourd’hui de tous. Pour construire un Nouveau Monde, il faut déconstruire. Il faut des moyens considérables pour cette transition profonde de l’humain d’aujourd’hui. Après l’accélération de la remontée des richesses, voici

le casse du siècle ou plutôt du millénaire. Une idée d’un génie incompris ou délires machiavéliques digne d’une thèse. Je n’ai pas ce choix de sage à faire. N’oublions pas le yin et le yang. N’oublions pas le sens même de la vie et au-delà de notre ego. Je repense simplement à ce si délicat carré de chocolat de fèves de cacao provenant de Côte-d’Ivoire, emballé dans un joli papier aluminium qualitatif et un séduisant étui cartonné.... Que dire sur le niveau de compréhension du Temps qui vient de s’arrêter... Cela serait comme une partie de dés entre sages amis, une partie de hasard où les dés jetés hier donnaient toujours le même résultat. Puis dans un jet, les dés ont été saisis, le Temps s’est arrêté...... Qui pourrait bien croire que le résultat serait encore le même qu’hier ? Quel résultat sur le grand plateau du Temps, espérons, faire mieux qu’hier. Main dans la main nous avons déjà naturellement repris le chemin.

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J a cq u e s - H e n r i St r aus s & A n n e- S o p h i e G o d f r oy

Jacques-Henri Strauss & Anne-Sophie Godfroy

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J a cq u e s - H e n r i St r aus s & A n n e- S o p h i e G o d f r oy

Nous pensons qu’il est possible d’éradiquer le coronavirus Par Jacques-Henri Strauss, Paris, chef d’entreprise Et Anne-Sophie Godfroy, Paris, universitaire et femme politique

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J a cq u e s - H e n r i St r aus s & A n n e- S o p h i e G o d f r oy

#1 Prémisses Si nous n’éradiquons pas le coronavirus, nous devrons vivre avec ce nouveau virus qui risque d’affaiblir nos sociétés ouvertes à un niveau qui nous mènera à l’effondrement redouté par Jared Diamond. L’OMS n’a pas su proposer au monde un vade-mecum, une marche à suivre, pour cantonner le virus. Dans ce contexte, les États interviennent en ordre dispersé, par à-coups, sans prendre la vraie mesure de la menace, en temps et en heure, sans coordonner leurs efforts et partager leurs expériences. Ils tardent à agir pensant protéger leurs économies alors que leurs atermoiements aggravent les problèmes. Nous pensons qu’il est possible d’éradiquer le coronavirus. Voici nos propositions pour l’éradiquer dans le laps de temps le plus bref, de la façon la moins déstructurante pour nos économies ouvertes, et de manière socialement acceptable. # 2 Le virus Nous disposons de premières études à grande échelle (10 000+ cas) qui permettent de comprendre de nouveaux aspects de la propagation du virus, bien que de nombreux éléments restent à élucider. Nous pensons néanmoins disposer d’un niveau d’information suffisant pour proposer un délai et un coût pour la politique publique que nous préconisons. La mise au point d’un vaccin, ou d’un traitement, ne saurait se faire autrement qu’à une échelle lointaine. Elle ne permet pas de répondre de façon adéquate à une pandémie qui se propage à une vitesse exponentielle. Cette piste doit être écartée à court terme et réservée comme solution de recours ultime. Nous savons que 99 % des personnes affectées ne sont plus porteuses au-delà de 14 jours, le délai de quarantaine reconnu par l’OMS semble adéquat. Les résultats probants obtenus par la République Populaire de Chine avec la quarantaine, malgré toutes les erreurs commises en cours de route (délais, dénis, attaques du corps médical…) laissent à penser que cette stratégie a bon espoir de succès. La question n’est donc pas si, mais comment la mettre en œuvre de la manière la plus efficace. L’essentiel des contaminations semble se faire avant que le patient ne développe de symptômes. (entre 67 % à 87 % à Wuhan, entre 43 % et 67 % à Singapour). ([Cas de Singapour un peu spécial vu l’auto-confinement systématique préconisé par les autorités presque immédiatement, retour d’expérience du SARS.])

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La difficulté est donc de casser cette transmission initiale lors de cette période d’incubation. ([Savoir si chaque patient transmet le virus à 2 ou 2,5 personnes est intéressant en matière de connaissance, mais est sans objet en matière de politique publique.]) # 3 L’infection Nous avons quatre cas. Le patient n’a pas croisé le virus. Il n’est pas contaminé, il ne contamine pas. (Voir Tableau #1, même à Wuhan le taux est très faible et il convient d’être factuel sans affoler.) Le patient a croisé le virus. Il est porteur sain (les études semblent indiquer une période d’incubation (pas sûr du terme) de 5,1 jours (légers écarts entre RPC 5,2 et Singapour 4,8, sans incidence). Le système immunitaire se défend, le virus est détruit. Le patient cesse de contaminer. ([Statistiques disponibles très approximatives]) Le patient a croisé le virus. Il développe des symptômes, plus ou moins forts. Son système se défend, le virus est détruit. ([Cas déclarés, statistiques approximatives, car tous les cas ne sont pas testés, cela n’a pas d’incidence sur le choix de la politique]) Le patient a croisé le virus. Il développe des symptômes et en meurt. Il cesse d’être contaminant, pas de la manière souhaitée… la mort peut advenir après un délai de plus de 14 jours après la contamination ([Statistiques plus fiables, mais sans incidence pour le choix de la politique]).

Vu le caractère exponentiel de l’épidémie, le moindre retard peut avoir des conséquences catastrophiques. #4 Stratégies de quarantaine : Diviser pour régner Diviser dans l’espace. Il est indispensable de procéder à une quarantaine stricte par zone (région ou division administrative selon le pays), exemple en France nos 90 départements métropolitains + DOM/TOM.

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Par strict nous entendons assignation à domicile sauf activités essentielles (médecins, infirmiers, militaires et policiers chargés de verrouiller les zones, ou camions livrant les supermarchés. Arrêt des transports publics. Fermeture et contrôle des axes de communications (aérien, autoroutes…). Diviser dans le temps. Une seconde division se fait dans le temps. En effet pour contrer la période d’incubation, l’arrêt se fera par bloc de « quinzaine ». Les 5 jours ouvrés peuvent, doivent, passer à 9 en y ajoutant les week-ends attenants, soit : WE, WE, JO, JO, JO, JO, JO, WE, WE. De la sorte on allonge la période de surveillance de l’incubation sans augmenter les effets induits sur l’économie. À l’issue de cette première « semaine », soit les citoyens présentent des symptômes et se font connaître et doivent rester encore une semaine, soit ne doivent plus présenter de risque. On fait suivre cette première semaine d’une seconde (JO, JO, JO, JO, JO, WE, WE) où il est possible, ou non, d’assouplir les conditions de la quarantaine (peu « rentable » niveau risque). Une évaluation à ce stade permet de déterminer la situation zone par zone. À supposer que l’on a endigué la propagation dans 80 zones sur 100 (hypothèse basse) ou dans 90 zones sur 100 (hypothèse haute), à l’issue de la première quinzaine, on recommence une seconde quinzaine, puis une troisième.

Au fur et à mesure que les zones sont déclarées libres, on peut reprendre l’activité économique dans la zone pour limiter l’impact économique (prévoir mesures annexes camionnage longue distance…). Et consacrer plus de ressources pour éradiquer les zones résiduelles en seconde et troisième quinzaine. Passé trois cycles (soit 6 x 7 j + 2 j = 44 jours) normalement la quarantaine aura endigué la propagation. S’il subsiste quelques cas dans une zone, on prolonge pour une zone. Un pays peut être déclaré « virus free » sans virus, à l’issue d’une période additionnelle de 14 jours sans nouveau cas. L’objectif est donc d’agir de concert par grande zone, et en simultané ou presque, pour pouvoir ensuite rétablir les liaisons aériennes.

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La première date qui convient et qu’il ne faudrait pas manquer est le 21 mars 2020. Le SARS et le MERS ont été vaincus. Vainquons le Covid-19. #5 Financement Au niveau économique, le ralentissement en l’absence de concertation est prodigieux, il suffit de regarder les bourses pour le comprendre. Un mot de travers de Trump les bourses US dévissent de 500 milliards $, une semaine de chute et les bourses anglaises perdent 795 milliards de £… Une semaine de PIB par définition c’est 2 % de PIB, l’activité perdue peut être estimée à 10 % de ce montant : la voiture achetée le lundi qui suit plutôt que le lundi de la quarantaine, et qui ne sera pas livrée avant 8 semaines (options obligent) n’affectera guère les revenus du constructeur automobile. En revanche, le client du restaurant n’ira pas déjeuner deux fois de suite… Pour limiter la casse économique pendant et APRÈS la crise, il convient de prendre certaines mesures courageuses. Prendre en charge les salaires (y compris assurance maladie et pensions) durant la quarantaine. Pour les sourds et malentendants : le Trésor public en France (ou ses homologues européens) fait le chèque. Le coût peut paraître astronomique, mais il s’élève à 0,5 x 0,02 x 2 000 milliards en France (% des revenus bruts dans le PIB x part d’une semaine dans le PIB annuel x PIB annuel) soit 12 milliards € par semaine. C’est onéreux, mais dérisoire par rapport à la situation. Selon que le taux de succès soit de 80 ou 90 % par phase. (≈ x 5 pour le total UE)

Les coûts seraient significativement réduits de 40 % si l’on considère la prise en compte d’un aléa comme une pandémie comme faisant partie intégrante des risques couverts par les assurances maladie et retraite. À titre d’illustration pour sauver les banques et l’économie post 2008 on a mis en œuvre deux blocs de tranches de QE à 11 000 milliards € chaque ! Une approche systématique « carpet funding » est plus simple, et in fine, moins onéreuse qu’un examen détaillé au cas par cas de toutes les entreprises, où les États seraient tentés de reprendre d’une main ce qu’ils

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concèdent de l’autre. À cela peuvent s’ajouter des mesures spécifiques précises, sectorielles comme le transport aérien qui sera touché plus longtemps (report d’échéances d’acquisition des avions, en sus des salaires, concertation mondiale…), ou particulières comme une partie du tourisme à Paris déjà lourdement touché par la séquence Attentats + Gilets Jaunes + Grève. Les États doivent prendre en charge ceux qui déclareront des symptômes, dès le premier jour, sans jour de carence, et tout au long de la quarantaine qui s’ensuit (comme l’a fait le Royaume-Uni). Et, tant pis si certains en abusent, mieux vaut que la population pêche par excès de prudence que de la voir fuir les mesures prises. En regard, un ralentissement de l’activité sur 4 mois (ou plus) de 30 % (plus le temps passe plus les effets s’aggravent), hors prise en charge médicale, si l’on tarde à réagir correspondrait à 7,5 % PIB, soit 150 milliards pour la France. Notre approche est TROIS à CINQ fois moins coûteuse. Le coût peut être couvert sous forme d’un emprunt national ou européen de solidarité (les symboles, ça compte) qui ne sera pas pris en compte dans les critères habituels (3 % PIB…). À crise exceptionnelle, mesure exceptionnelle. #6 Acceptabilité En prenant à charge massivement les frais liés à la pandémie, les gouvernements rassurent leurs citoyens, leurs entreprises, et leurs collectivités. La rapidité est essentielle pour le bon respect de la quarantaine. Si le délai est court et bien explicité, elle sera mieux respectée. Sinon la fatigue et l’incertitude entraineront le non-respect des consignes et la moindre efficacité des mesures. Les mesures, même les plus contraignantes, ne sont plus un pis-aller, mais s’inscrivent dans un plan d’ensemble qui offre une perspective heureuse : la victoire sur le virus. La distance sociale est un outil efficace et excellent. Le rôle des communautés, églises, voisins,… tout cela est nécessaire, mais non suffisant. Seuls les services essentiels seront desservis. Il conviendra d’insister sur la protection de nos séniors plus menacés que les autres. Un appel sera fait pour assurer la garde des enfants des personnels de service (médecins, infirmières, pompiers, policiers…) Les mesures doivent être acceptées, mais il convient de les faire respecter. La meilleure façon de le faire à si brève échéance est de s’appuyer sur l’existant. Les opérateurs de portable peuvent aisément, s’ils ne l’ont pas déjà fait

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en interne pour leurs campagnes marketing, déterminer l’emplacement du « domicile » et du « travail » des individus sur la base des antennes de réseau sur lesquels les gens se connectent. Une simple ligne renvoyant vers un look-up de base de données peut permettre d’envoyer un SMS dès que les gens s’éloignent trop de leur domicile (hormis faire ses courses). Des avertissements (SMS) peuvent être lancés pour s’en assurer, les comportements irresponsables sont verbalisés par des amendes, progressives en cas de récidive. Idem pour la gestion/remontée des urgences, un simple système d’envoi de SMS, ou de disque téléphonique, pour indiquer une urgence médicale et laquelle (CoVid-19 ou autre), une urgence (fuite de gaz ou incendie…). ([Peut-être numéro unique européen pour la suite…]) #7 International Ces mesures à prendre au niveau européen devront trouver leur pendant ailleurs. Idéalement G7/G20 en même temps ou au plus tard la semaine suivante, pour les autres aires géographiques la semaine suivante. Il importera que les pays du G7/G20 aident logistiquement, médicalement et financièrement les autres États à faire de même. On doit puiser sans hésiter dans les fonds structurels de la Banque Mondiale à cette fin. Pour l’Amérique latine, il est presque trop tard pour contenir, on devra mettre en quarantaine, pour l’Afrique subsaharienne il est peut-être encore temps, mais il importe de frapper fort, de frapper vite, et d’obtenir le consensus. Le vrai risque épidémiologique serait que les zones actuellement touchées par Ebola en RDC deviennent un réservoir humain du CoronaVirus. #8 Soft Power/Influence Si on attend trop, on risque des mutations du virus, même s’il semble que comme nombre de CoronaVirus, les mutations soient peu fréquentes. Une mutation plus mortelle entrainera un grand nombre de morts. Une mutation plus bénine et on risque de devoir vivre avec à jamais. Si on attend trop, 1 à 2 semaines, ce qui peut n’être qu’une gêne économique créera une crise structurelle qui peut aller jusqu’à l’effondrement. Fournir le vade-mecum dont le monde à un besoin vital et urgent est l’occasion rêvée d’obtenir une influence globale. ([Nécessaire pour lutter demain contre le réchauffement climatique])

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#9 Questions-Réponses Question : Quelle est la particularité de l’approche proposée ? Réponse : Nous visons l’éradication définitive du virus et non sa limitation. Cela change profondément la nature et la portée des politiques proposées. Question : En quoi cette approche est-elle plus efficace ? Réponse : En raccourcissant le délai de mise en œuvre, et en divisant spatialement et séquentiellement, on limite l’extension de la pandémie, ses impacts de santé (nombre de morts) et ses effets économiques (trois à cinq fois moins cher) ; et on augmente son acceptabilité sociale ; et donc, ses chances de succès. Question : En quoi diffère-t-on de la Chine ou de l’Italie ? Réponse : En visant comme co-objectifs les enjeux de santé, économique et sociétaux, on vise à proposer un plan fiable et acceptable avec des objectifs mesurables. Question : Quelle durée avant d’être « virus free » ? Réponse : On peut espérer qu’un ensemble de pays appliquant sans faille cette approche puisse être débarrassé du virus en 44 jours, et soit en mesure de reprendre une activité économique 100 % normale, y compris avec ses voisins en 58 jours. Question : Combien de malades et de morts aurons-nous ? Réponse : Nous ne le saurons pas. Nous ne disposons pas de suffisamment de tests pour tester tous ceux qui présenteraient des symptômes, les hypocondriaques… Les tests seront réservés aux personnes hospitalisées, aux morts, et dans les phases 2 et 3 lors du traçage des cas épars. Cela compliquera une analyse épidémiologique ultérieure, mais n’empêchera en rien le succès de la politique préconisée.

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Ko c e i l a C h o u g a r

Koceila Chougar Fenêtres, véritables ouvertures sur le Monde Fenêtres, véritables ouvertures sur le Monde Nos représentations qu’elles soient physiques, ou scientifiques du monde, sont un ensemble de perceptions incluant les données géographiques, astronomiques, naturelles, historiques, symboliques ou monumentales, et bien sûr aussi linguistiques. Celles-ci nous permettent de nous situer dans un grand espace-temps. Un espace et une position géographique et un temps, une époque et une date précise. La perception du monde est totalement malléable et relative. Du fait de notre culture, de nos habitudes, de notre quotidien, voyager peut-être plus ou moins facile. Avec l’utilisation des technologies, de transports, les distances peuvent vite paraître bien plus courtes. Partir à Londres en avion de Paris peut-être bien plus court que partir à Clermont-Ferrand. L’information quant à elle peut facilement voyager par internet. Une photographie peut faire le tour du monde en quelques secondes. Toutes nos notions ont été balayées par l’avènement d’une technologie au service du voyage. Nos fenêtres peuvent rapidement changer. Une vue, qu’elle soit digitale ou physique, peut à notre époque relever de l’acquis et du consommable. Dans une époque où le temps devient LA ressource la plus tarissable et la ressource la plus rare, prendre le temps d’apprécier une vue, un tableau et ouvrir une fenêtre sur le monde devient un véritable luxe.

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Que ce soit, voyager ou simplement prendre un bol d’air et se trouver dans ces mêmes dispositions qui nous permettent de l’apprécier devient de plus en plus rare. Plus notre Terre devient accessible et rétrécissante, l’Univers nous semble de plus en plus gigantesque et infini.

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Ko c e i l a C h o u g a r

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La population mondiale est elle aussi de plus en plus grandissante. L’expansion de notre Univers n’est pas que spatiale ou cosmique, il l’est également par nos propres connaissances et par la taille croissante de l’humanité. Plus la distance et les vues s’agrandissent, plus celles-ci deviennent gourmandes en énergies, en moyens et en soutiens. Nous nous rendons compte que ces voyages aussi simples soient-ils, ne sont pas accessibles à tous. La fenêtre est une simple ouverture qui en dit long sur votre relation au monde. Prenez-vous vraiment le temps d’apprécier vos vues ? De contempler votre entourage et votre voisinage ?

« Dites-moi quelles sont vos fenêtres, je vous dirai qui vous êtes. » Ouvrir une fenêtre sur le monde pour mieux partir à l’aventure. Quitter son quotidien pour s’aventurer hors de chez soi. Quitter son domicile pour découvrir un autre chez soi, le monde. Aventure, du latin adventura, qui veut dire suite de péripéties et de rebondissements. Et si ouvrir sa fenêtre, puis sa porte pour partir à l’aventure nous permet de bousculer notre relation à la vie. Et si partir en voyage nous partait de réécrire notre propre futur en cassant cette prophétie casanière ? Milan Kundera définit l’aventure comme une « exploration passionnée de l’inconnu » à la fois physique et psychologie menant soit à une expérience négative ou positive. Quoi qu’il en soit, cette aventure nous permet de rapidement bousculer notre quotidien. Cette petite flemme nous permet, si elle est mise sous le bon boisseau, de redonner un véritable éclat positif à notre vie.

Qui ne tente rien n’a rien ! Dans le langage, une aventure peut désigner une liaison passagère, une tromperie ou un adultère.

Ce dont nous parlons ici, c’est d’exploration. Sortir, prendre des risques pour s’ouvrir au monde. Découvrir l’inconnu pour mieux l’appréhender et le domestiquer. Certaines aventures peuvent se révéler destructrices. L’exploration est le fait de chercher avec l’intention de découvrir, d’étudier quelque chose ou un lieu. L’exploration désigne la démarche empirique permettant l’acquisition de nouvelles connaissances par une identité individuelle ou collective. Le terme d’exploration est à distinguer du terme de découverte au sens où la production de connaissance est dépendante du point de vue de l’explorateur. Les grandes découvertes se sont bâties sur un désir profond de découverte et de partage. L’inconnu stimule l’imaginaire. Celles-ci se font avec des voyages et au moyen de véhicules. Nous pouvons clairement définir une expansion des capacités exploratrices en lien étroit avec un développement technologique et scientifique. Pour mieux explorer et agrandir nos civilisations, l’innovation technique reste le principal outil et remède contre l’enfermement et l’étouffement généralisé. Ouvrons des fenêtres sur les inconnus, investissons massivement pour conquérir les grandes zones inconnues en créant des moyens de locomotions adaptés aux nouvelles frontières planétaires, culturelles, cosmiques, sous-marines ou mêmes inters dimensionnelles. D’ici là, il suffira d’ouvrir sa fenêtre pour s’ouvrir au monde. Que ce soit pour un voyage intérieur ou une aventure, les fenêtres invitent aux voyages. En période de confinement, nous vous invitons au voyage intérieur pour mieux préparer vos futures aventures.

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F r a n k B u h l e r - J o u r n a l P o l i t i q u e - Pat r i os p h è r e I n f os

Frank Buhler - Journal Politique Patriosphère Infos Cette article est la réflexion d´un contributeur de la page Patriosphère infos, Frank Buhler partage avec nous cette réflexion

Depuis quelques jours je lis partout que „Le gouvernement autorise par décret le traitement à la chloroquine pour tous les patients atteints du coronavirus“. Or, ce n‘est pas ce que dit le nouveau décret pris le 25 mars 2020. IL N‘A JAMAIS ÉTÉ INTERDIT EN FRANCE DE TRAITER LES PATIENTS ATTEINTS DU COVID 19 PAR LA CHLOROQUINE. Ce nouveau décret INTERDIT au médecin généraliste de la prescrire. Analyse des textes: Depuis 1945, la chloroquine est utilisée pour lutter contre le paludisme. Selon le professeur RAOULT, elle a, déjà, été administrée à plus de 1 milliard de personnes. Depuis de nombreuses années, la chloroquine était en vente libre en pharmacie sans prescription médicale. Le 13 janvier 2020, au moment où, la Chine subissait l’épidémie de COVID 19, la ministre de la Santé a pris un décret et a classé la Chloroquine (l’hydroxychloroquine) « sur la liste II des substances vénéneuse. » Cela veut dire que dès parution de ce décret, la chloroquine ne pouvait plus être délivrée sans ordonnance.

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Ce qui veut dire que n’importe quel médecin généraliste pouvait la prescrire à ses patients. Depuis que le professeur RAOULT a décidé de traiter ses patients atteints du COVID 19. Le 23 mars 2020, le Haut conseil de la Santé Publique a recommandé de ne pas utiliser ce traitement en l’absence de recommandation, à l’exception de formes graves, hospitalières sur décision collégiale des médecins et sous surveillance médicale stricte. Ce Haut Conseil n’a pas de pouvoir législatif il ne donne que des recommandations. Le 25 mars 2020, le Premier ministre a pris un Décret relatif au PLAQUENIL (hydroxycloroquine), je cite « La spécialité pharmaceutique PLAQUENIL© et les préparations à base d‘hydroxychloroquine ne peuvent être dispensées par les pharmacies d‘officine que dans le cadre d‘une prescription initiale émanant exclusivement de spécialistes en rhumatologie, médecine interne, dermatologie, néphrologie, neurologie ou pédiatrie ou dans le cadre d‘un renouvellement de prescription émanant de tout médecin. » Ce qui implique que depuis hier, PLAQUENIL ne PEUT PLUS être délivré par les médecins généraliste


F r a n k B u h l e r - J o u r n a l P o l i t i q u e - Pat r i os p h è r e I n f os

Son utilisation est réservée dans le cadre « classique » (ex : paludisme) et dans le cadre de renouvellement d’ordonnance. Il pourra être utilisé pour traiter le COVID 19 que dans le cadre d’une hospitalisation. Or, pour être hospitalisé il faut présenter des symptômes graves (forte fièvre, et surtout atteinte des poumons) ce qui implique que si un patient va chez son médecin avec des symptômes « non graves » et qu’il est testé positif au COVID 19, il sera renvoyé chez lui sans être hospitalisé et DONC sans possibilité de bénéficier du traitement CHLOROQUINE et AZYTROMICINE (l’antibiotique). Avant ce décret pris le 25 mars 2020, un patient présentant des symptômes non graves pouvait bénéficier du traitement à base de chloroquine. Ce n’est, selon moi, plus le cas. Pour finir, les Chinois ainsi que le professeur RAOULT ont mis en avant que la Chloroquine devait être administrée le plus tôt possible aux patients atteints de COVID 19 pour permettre la réduction rapide (4 à 6 jours) de la charge virale et permettre aux patients de ne pas avoir de graves complications pulmonaires. OR, LORSQU’ EST TESTÉ POSITIF AU COVID 19 COMMENT BÉNÉFICIER DU TRAITEMENT « CHLOROQUINE » EN AMONT, SI LES SYMPTÔMES QUE NOUS AVONS NE NOUS PERMETTENT PAS D’ÊTRE HOSPITALISÉS ? Signé un contributeur de la page.

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Va l é r i e L e j eu n e - N os v i e s s us p e n d u e s

Valérie Lejeune Nos vies suspendues

Nous sommes confinés, « prisonniers » dirais-je, par manque de responsabilités ! D‘une part, des personnes n‘ont pas respecté la « distanciation sociale »afin d‘éviter la propagation de cet ennemi invisible, ce qui a amené le gouvernement à nous imposer cet état de fait. D‘autre part, les autorités n‘ont pas réagi efficacement en effectuant les tests nécessaires pour détecter et isoler les porteurs du covid-19. Ainsi la contamination a progressé de façon exponentielle, d‘autant que nous manquions de protections. Il aurait fallu réagir à l‘instar de la Corée du Sud, par exemple, qui a su l‘enrayer sans confinement et sans que son économie soit arrêtée. Contrairement à nous qui le paierons ultérieurement !

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Va l é r i e L e j eu n e - N os v i e s s us p e n d u e s

L‘alimentation est le nerf de la « guerre » contre ce virus. Pendant que la plupart restent confinés, d‘autres doivent travailler davantage, personnel de la vente alimentaire, routier. Pour subvenir à ces besoins, il faut produire. Or la filière agricole manque de main-d‘oeuvre. C‘est pourquoi je me suis inscrite via l‘opération « des bras pour ton assiette » dont l‘objectif est de pallier cette pénurie. Cela permettra de se bouger en étant utile. Ce sera ma quote-part dans l‘effort à fournir pendant ces moments pénibles.

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Chanane

Chanane a répondu à l´appel de Gauvain Sers en prêtant sa voix et mettant en musique le texte EN QUARANTAINE.

https://youtu.be/xSbOXV_cSw4

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Chanane

EN QUARANTAINE Partout, les chaises sont empilées Partout, les rideaux sont tirés Les salles de classe ressemblent toutes À ce qu‘elles seront au mois d‘août Les paquets de pâtes italiennes Ont déserté tous les rayons Comme s‘il fallait qu‘on se souvienne Que la peur réveille les couillons Exceptée la bêtise humaine Nous voilà tous en quarantaine Certains rallument la chaîne hi-fi Savourent un album en entier Certaines ressortent le manuscrit Qu‘elles n‘ont jamais pu achever Les confinés relisent Prévert Les cons finis se serrent la main On a toujours besoin d‘une guerre Pour démasquer les êtres humains Comme le cargo du Capitaine Nous voilà tous en quarantaine Les impatients trinquent à distance Par vidéo interposée Les solitaires matent à outrance N‘importe quelle daube télévisée S‘il y a des concerts aux fenêtres Et des coups d‘fil pour nos grands-mères C‘est qu‘au bord du gouffre peuvent naitre Les plus beaux élans solidaires Moi qui viens d‘passer la trentaine Je fais un saut en quarantaine Les marchés s‘effondrent un peu plus Et les costards retroussent les manches Il fallait au moins ce virus Pour qu‘ils se soucient des blouses blanches Comme la bataille est immédiate Et malgré le manque de moyens C‘est le stéthoscope en cravate Que les docteurs sauvent nos anciens Il serait temps qu‘on s‘en souvienne Quand prendra fin la quarantaine Gauvain Gauvain Sers

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R é m y I r oz

Rémy Iroz On a vu le feu naître

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R é m y I r oz

On a vu le feu naître Fenêtre sur un monde encerclé de barreaux, Cylindres forgés dans la flamme apprivoisée, Prison pour les âmes assoiffées de liberté, L‘Amour comme horizon, même si loin, même si haut. La barre est posée, l‘objectif est louable, Laissera-t-on ici quelque chose de notable? La terre nous attend, nous lui tournons le dos, La mort comme horizon, c‘est ni vrai, c‘est ni faux. Un souffle, un répit, le temps est si précieux, Nos jours dépendent que d‘un battement de coeur, Si fort et fragile, mouvement fallacieux, La vie comme horizon, avec doutes, avec peur.

R.Iroz

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C arole Vilbois

Carole Vilbois Mes mains

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C arole Vilbois

Mes Mains, Elles n´ont plus la douceur des mains de petite fille, Les deux mains qui au bout de mes bras se dandinent… Elles ne se perdront plus jamais dans celles de papa… Les deux mains que je regarde avec sang froid… Car il en faut du courage pour regarder l´ouvrage… Du temps qui lentement et très sûrement nous ravage. Elles n´ont plus la douceur fine du printemps… Pas d´alliance pour nouer avec le temps… Elles ont pourtant caressé l´amour… Et elles se sont battues sans détour… Dans tes cheveux au petit jour… Sur ta bouche mon bel amour… Elles ont serré des mains, et rencontré d´illustres destins. Elles ont lié des amitiés et commissent de vrais larcins. Elles m´ont servi tant et tant de grands festins, Unies tant et tant dans le mal et le bien. Jacques leur pleurait dessus quand Mathilde est revenue, Elles, elles n´en peuvent plus de tout ce temps perdu, Les cicatrices de leurs chairs sont là, dans mon âme Comme si douleurs indélébiles elles étaient femmes. Elles ont donné la main aux enfants d´Afrique, Impuissante à nourrir les coeurs et le mystique. Elles se sont unies pour prier Dieu… Elles se sont tendues vers les cieux… De toutes les choses qu´il me faudra laisser ici bas… Il me manquera très surement mes deux bras… Et mes mains au bout de cela, Pour te caresser une dernière fois.

Carole Vilbois

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Lo u i s A r a g o n

Louis Aragon Épilogue

Les poètes – 1960

La vie aura passé comme un grand château triste que tous les vents traversent Les courants d‘air claquent les portes et pourtant aucune chambre n‘est fermée Il s‘y assied des inconnus pauvres et las qui sait pourquoi certains Les herbes ont poussé dans les fossés si bien qu‘on n‘en peut plus baisser la herse Quand j‘étais jeune on me racontait que bientôt viendrait la victoire des anges Ah comme j‘y ai cru comme j‘y ai cru puis voilà que je suis devenu vieux Le temps des jeunes gens leur est une mèche toujours retombant dans les yeux Et ce qu‘il en reste aux vieillards est trop lourd et trop court que pour eux le vent change J‘écrirai ces vers à bras grands ouverts qu‘on sente mon coeur quatre fois y battre Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant Je suis le faucheur ivre de faucher qu‘on voit dévaster sa vie et son champ Et tout haletant du temps qu‘il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

Je vois tout ce que vous avez devant vous de malheur de sang de lassitude Vous n‘aurez rien appris de nos illusions rien de nos faux pas compris Nous ne vous aurons à rien servi vous devrez à votre tour payer le prix Je vois se plier votre épaule A votre front je vois le pli des habitudes Bien sûr bien sûr vous me direz que c‘est toujours comme cela mais justement Songez à tous ceux qui mirent leurs doigts vivants leurs mains de chair dans l‘engrenage Pour que cela change et songez à ceux qui ne discutaient même pas leur cage Est - ce qu‘on peut avoir le droit au désespoir le droit de s‘arrêter un moment J‘écrirai ces vers à bras grands ouverts qu‘on sente mon coeur quatre fois y battre Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant Je suis le faucheur ivre de faucher qu‘on voit dévaster sa vie et son champ Et tout haletant du temps qu‘il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

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Lo u i s A r a g o n

Songez qu‘on n‘arrête jamais de se battre et qu‘avoir vaincu n‘est trois fois rien Et que tout est remis en cause du moment que l‘homme de l‘homme est comptable Nous avons vu faire de grandes choses mais il y en eut d‘épouvantables Car il n‘est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien Et vienne un jour quand vous aurez sur vous le soleil insensé de la victoire Rappelez vous que nous avons aussi connu cela que d‘autres sont montés Arracher le drapeau de servitude à l‘Acropole et qu‘on les a jetés Eux et leur gloire encore haletants dans la fosse commune de l‘histoire J‘écrirai ces vers à bras grands ouverts qu‘on sente mon coeur quatre fois y battre Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant Je suis le faucheur ivre de faucher qu‘on voit dévaster sa vie et son champ Et tout haletant du temps qu‘il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

Je ne dis pas cela pour démoraliser Il faut regarder le néant En face pour savoir en triompher Le chant n est pas moins beau quand il décline Il faut savoir ailleurs l‘entendre qui renaît comme l‘écho dans les collines Nous ne sommes pas seuls au monde à chanter et le drame est l‘ensemble des chants Le drame il faut savoir y tenir sa partie et même qu‘une voix se taise Sachez le toujours le choeur profond reprend la phrase interrompue Du moment que jusqu‘au bout de lui même le chanteur a fait ce qu‘il a pu Qu‘importe si chemin faisant vous allez m‘abandonner comme une hypothèse J‘écrirai ces vers à bras grands ouverts qu‘on sente mon coeur quatre fois y battre Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant Je suis le faucheur ivre de faucher qu‘on voit dévaster sa vie et son champ Et tout haletant du temps qu‘il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

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C y r i l Ta l b ot

Cyril Talbot Cyril Talbot La promenade La promenade

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C y r i l Ta l b ot

La promenade Marchez hommes et femmes, vous sentant libres, Philosophez-vous ? Et quelles sont vos préférences ? Baguenaudant, j´espérais rencontrer un félibre, Loin d´un heureux hasard agissent les apparences, Les ignorants et leurs certitudes font leurs routes, Les avertis fulminent en emportant leurs doutes, Les riches et les pauvres plus nombreux s´évitent, La patrie ne pourra défendre ses propres enfants, L´homme est au service du marché qui l´étouffe, Les drames qui se dessinent, elles nous y invitent, J´écrirai pour une vraie âme, car le malheur piaffant, Je me battrais pour que ton sourire reste éternel, Contrit, profitant un peu de la fragrance des fleurs, Elle, son esprit est protégé par les anges veilleurs, Son âme nourrie par les mots ; le ciel l´a faite belle, À quel sein s´est-elle vouée pour être déroutante, Sa joie contagieuse sillonne les mines hésitantes, S´allongeant dans le blé en herbe, si froufroutante Elle illumine les bauges abandonnées pas sa grâce, Elle poétise dans les jardins, même dans la fange D´où ses yeux sont un miroir sur la nature vorace, Ses écrits sont évanouissants d´où mes louanges, De l´étonnement à l´amour qui donne le vertige, En décidant que les autres femmes, des vestiges.

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Voir le monde à sa fenêtre

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Voir le monde à sa fenêtre

Les auteurs du Mag ´de l´Unité Nationale ont décidé de partager ensemble la vue de leur fenêtre pour inscrire ce temps dans l´histoire de notre revue. Petite ou grande, donnant sur la rue, sur un champ, de la ville à la campagne, de l´île de la Réunion en passant par Paris, l´Allemagne ou le Luxembourg. . Certains ont déambulé dans la ville lorsque c´était possible, d‘autres n´ont pas quitté leur bureau ou leur sofa. Certains sont au Sud, d´autres au Nord, parfois c´est la banlieue. Nos vies en pause. Ici c´est un fils qui participe avec une photo du temps d´avant et là un fils qui va sur le balcon dès que la fenêtre est ouverte. Ce monde que nous nous efforçons de rendre meilleur pour nos enfants. Le virus est sur toutes les lèvres, parfois dans nos poumons. Une de nos auteurs n´a pas pu participer, elle a attrapé le virus. Nos pensées à ceux qui souffrent, d´être confinés, et aux personnels soignants. Nos pensées aux malades, à leur famille et à leurs amis. Prenez soin de vous. .

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T h o m a s R ay m o n d au d

Thomas Raymondaud Saint-Jean-De-Braye Soir de confinement

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T h o m a s R ay m o n d au d

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É r i c Pa r i s

Éric Paris

« Au chômage partiel ... Mais où va l‘Univers…» 62

Éric - Paris


É r i c Pa r i s

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Eddie

Eddie

Eddie Confiné Région Parisienne Photo Toni Ferina son papa

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G u i l l au m e C h at e l a i n

Guillaume Chatelain

Croisement av Monterey/bd Royal Luxembourg durant le confinement

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C a r los N e v e s

Carlos Neves

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ÂŤ Tee for the blues ! Âť de Carlos Neves Platen- Luxembourg Durant le confinement


M ath y s N e v e s

Mathys Neves

Mathys Neves, 13 ans Hosingen Automne 2019 -Pont rouge Avant le confinement

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Berk an

Berkan Toppeker

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Berk an

En période de confinement, de votre fenêtre, vous pouvez voir des perroquets. Bien silencieux. Ça repose des déblatérations idiotes de Sibeth Ndiaye. En période de confinement, de votre fenêtre, vous pouvez voir des dinosaures. Ceux qui ont survécu à la pénurie de papier toilette lorsqu’une météorite percuta la terre. En période de confinement, de votre fenêtre, vous pouvez voir des chevaux mécaniques rouges. Oui, surréaliste. Mais vous ne pouvez pas (a) voir de masque. Ça ne sert à rien les masques. En période de confinement, de votre fenêtre, vous pouvez voir des gens marchant dans les rues. Mais vous ne pouvez pas savoir s’ils ont été dépistés : il n’y a pas de test. Ça ne sert à rien les tests.

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Berk an

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Berk an

En période de confinement, de votre fenêtre, vous pouvez voir une photographe. Quelle irresponsable, elle ne porte pas de masque. En période de confinement, de votre fenêtre, vous pouvez voir un couple vous prendre en photo : le moment est historique. En période de confinement, de votre fenêtre, vous pouvez recevoir un coup de fil. Pour vous demander...T’es où ? En période de confinement, de votre fenêtre, vous pouvez rêver d’amour. De quoi ? « En période de confinement, de votre fenêtre, vous pouvez voir un jeune Gamelin se faisant passer pour un vieux tigre au front, avec un masque. Lui, il continue la guerre. Après avoir fait matraquer, gazer et éborgner le personnel soignant. Allez, il est temps de refermer cette fenêtre.

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S a i f o u l ay e S o w

Saifoulaye Sow

Bonjour madame, monsieur, J’espère que le confinement se passe très bien pour vous quant à moi ça va pour l’instant. Je n’ai pas peur pour moi, j’ai peur pour les personnes qui dorment dehors aujourd’hui et les personnes confinées qui n’ont pas à manger. Espérons que l’on sera bientôt sauvé. Merci Saifoulaye Sow 18 ans Collectif l’école pour tous

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Mulder

Mulder

De ma fenêtre le printemps qui pointe son nez. Et un voisin qui met sa musique à fond. La chanson qu‘il passe est Bien c‘est Noir c‘est noir. De Johnny Hallyday.

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M a r i e- P i e r r e Pa r i s

Marie-Pierre Paris

Tente, coloriage, jardinage à la Kaz Île de la Réunion Durant le confinement Marie-Pierre Paris

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M a r i e- P i e r r e Pa r i s

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C arole Vilbois

Carole Vilbois

Depuis le sofa levé de jour sur printemps naissant et confinement Dans le coin l´arbre à coing- Allemagne - Trèves

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A n to i n e F o n ta i n e

Antoine Fontaine

Oiseau et caméléon suspendus à un fil, ou le monde d‘après. Île de la Réunion.

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To n y R o ch a

Tony Rocha

Au Luxembourg 78


C l au d e F r i s o n i

Claude Frisoni

En France

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Martine Ré vol

Martine Révol

Nouvelle fenêtre

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En France


N i co l a s P e r r i n

Nicolas Perrin

Être privé du parfum délicat des Lilas m‘est douloureux à accepter. Pour d‘autres, il n‘en sera que plus rassurant et ils pourront toujours voir l‘image comme sublime. 81


Ko c e i l a C h o u g a r

Koceila Chougar

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Bordeaux


Fr ank Buhler

Frank Buhler

Quercy 83


Va l ĂŠ r i e L e j e u n e

ValĂŠrie Lejeune

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les Hauts-de-France


Chanane

Chanane

Sud de la France

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R é m y I r oz

Rémy Iroz

Pays Basque

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C y r i l Ta l b ot

Cyril Talbot

Aix-en-Provence

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