Association à but non lucratif, loi de 1901
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Culture
urope N°7
Juin 2019
Édito
Septiéme numméro
Mag´
Carole Vilbois
Antoine Fontaine
L’inspiration, c’est ce que nous pensions trouver dans ce numéro du Mag consacré à l’Europe. Puis dans un souffle que l’on bloque, avant une longue expiration, force est de constater que l’Europe, à l’image des Nations qui la compose, souffre de cette insuffisance respiratoire qui la rapproche de la suffocation. Au fond, n’est ce pas à cette image des flux et reflux d’air que la Politique devrait naturellement se faire ?
Alors, sachant bien ce que cache dans nos sociétés, la couleur, les choix, l´obligation qui nous est faites de nous définir, de devoir à tout jamais être ce que nous pensons devoir défendre bec et ongle, vous répondez
Au lieu de cela, dans la lignée des sophistes de l’antiquité aux charlatans du moyen-âge, notre époque aura droit à des donneurs de leçons. Des battements d’ailes d’un papillon au sens de notre Histoire commune, dans ce monde où l´individualisme est devenu telle une seconde peau, les prédicateurs médiatiques ont bien du mal à trouver des oreilles attentives.
Penchant la tête et d’une voix plus adoucie, l’individu d’à coté répond : • C´est vrai que toutes les couleurs sont belles.
Au sein des entreprises, des groupes, des régions, des partis, des Nations, « je suis ce que je suis, car je ne suis pas ton semblable », est ce requiem mortifère que l’on entend désormais partout et dont les notes lugubres se jouent depuis le cœur de l’Europe voilà plusieurs siècles maintenant. Et de différenciation en différenciations, lorsque assis à côté de vous une personne lance, « Quelle est ta couleur préférée ? », un malicieux, « Je n´ai pas de couleur préférée » fait guise de réponse. Dialogues utopiques dans un 21ième siècle dystopique. La personne au sourcil froncé et au ton assuré : • Mais tout le monde à une couleur préférée !
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Le conseil de l ´ Unité Nationale
• Toutes les couleurs sont belles ! Pourquoi choisir ? N’ai-je donc pas le droit de les aimer toutes ?
On dirait bien que nos démocraties débordent. Petit continent, énormes illusions. Et si le progrès consistait à réaliser que c’est ensemble que nous sommes une force ? Qu´elle soit Nationale, Européenne ou sur les autres territoires de notre Terre, l’Unité ne trouve de sens que dans l’arc-en-ciel qui après la pluie, nous rappelle que la Nature célèbre toutes les couleurs, que seule la lumière nous permet de voir et dont l´obscurité nous prive. Telle une rengaine jouant sur les peurs, toutes les cinq années ces donneurs de leçons viendront. Comme tous ceux qui les ont précédés, ils finiront vilipendés. Le pouvoir perdra, le Peuple perdra, et au nom des donneurs de leçons d´autres… viendront nous dire en qui croire. Qui sont-ils pour nous ordonner ceux que nous devons aimer et qui nous devons détester ? Ne cédons jamais à ces donneurs de leçons, laissons libre court à notre inspiration.
Ni europtimistes, ni euroseptiques : eurobjectifs Claude Frisoni p.4 Tony Rocha p.10 Jismy Ramoudou p. 14 L’Europe vu par un Européen Carlos Neves p.24 Frank Buhler p.26 Sébastien Laye p.28 D’Allemagne Inge Môhn-Philipp p.36 L’âme de Fugger Carole Vilbois p.40 De la colonie à l’ultrapériphérie Antoine Fontaine p. 54 L’immigration, chance ou handicap pour l’Europe Laura Tared p.60 La spirale dynamique Koceila Chougar p.68 L’autonomie est la clé de notre futur Martine Révol p.70 Une petite maison de retraite sans tabous Houria Gouriten p. 78 Polyhaine des compagnies d’assurance ou avenir de la liquéfaction des métamours ? Carole Vilbois p.80 L’Europe et vous interview Monique Dejeans p.88 Guillaume Gallet p.92 Berkan Toppeker p.94 Renaud Roche p.96 Valérie Lejeune p.98
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Europe : Mais que souhaite vraiment les Français ? Jean-Claude Fortané p.100 Joséphine Ange gardien : une série typiquement européenne Philippe Arino p.102 Unité Victor Hugo p.107
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Etienne nous a-t-il laissé choir ? p.108 La semaine du cinéma positif p.110
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Ni europtimistes, ni eurosceptiques : eurobjectifs !
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Claude Frisoni
Depuis 1979, les députés européens sont élus au
suffrage universel. Et depuis 40 ans, tous les 5 ans, les listes en compétition promettent, avec une belle constance, de « refonder l’Europe », de la « réinventer » ; de « rebâtir une Europe plus juste », de « reconstruire une Europe plus sociale », d’édifier « une Europe plus pacifique et plus humaine ». Depuis 40 ans, tous les 5 ans… C’est visiblement une entreprise de longue haleine. Car entre deux scrutins, la réalité tord le cou à ces bonnes intentions et tourne le dos aux rêves initiaux. Car il y a bien plus de 40 ans que l’utopie d’une Europe unie et humaniste a suscité l’espoir sur un vieux continent dont l’histoire a surtout été façonnée par les guerres. Dès 1849, Victor Hugo s’enflammait pour un projet d’États unis d’Europe au service de la réconciliation universelle. Il voyait dans les progrès scientifiques et technologiques les outils du progrès social, les instruments de la victoire sur la misère et les injustices. Il croyait que l’intelligence et le savoir, la science et la culture permettraient aux peuples d’œuvrer ensemble pour le bien commun. Le génie visionnaire d’Hugo, aveuglé par son amour de l’humanité, ne lui avait pas permis de supposer que la recherche du profit et la cupidité des possédants confisqueraient le progrès pour le mettre au service du capital, de la guerre, de l’obsession imbécile de l’accumulation, de la destruction de la nature provoquée par un processus dément : produire pour produire et consommer pour consommer. 5
Ce qui inspira beaucoup plus tard Jean Monnet était plus prosaïque et plus pragmatique. Il s’agissait, après le désastre meurtrier de la Seconde Guerre mondiale, de neutraliser les industries de l’armement.
les négociations qui débouchèrent sur la signature de la convention de l’Entente internationale de l’Acier, le 30 septembre 1926 à Bruxelles, par les sidérurgistes français, allemands (y compris sarrois), belges et luxembourgeois.
De les réunir dans une structure commune, afin que leurs propriétaires ne soutiennent plus les fauteurs de guerre dans l’espoir de s’enrichir en vendant, des deux côtés du front, les canons et les obus, les chars ou les bombes indispensables au bon déroulement des conflits. La création de la CECA (Communauté Économique du Charbon et de l’Acier) n’avait pas d’autre but immédiat.
Cet accord s’inscrivait dans le mouvement qui se développait à cette époque en faveur d’une union douanière pan-européenne.
Les Krupp, les Wendel, les Thyssen et consorts devraient trouver d’autres débouchés à leurs mines et à leurs hauts fourneaux que les machines de guerre. L’idée était si simple et si lumineuse qu’on ne peut que regretter que personne ne l’ait eue, avant le déclenchement de cette guerre monstrueuse. Eh bien quelqu’un l’avait eue, cette idée. Dès 1926 ! Un maître de forge luxembourgeois, du nom d’Emile Mayrisch, fondateur de l’ARBED, avait conduit
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Alors que son épouse recevait les écrivains, poètes, philosophes des grands pays européens, Mayrisch œuvrait au rapprochement de ses collègues industriels et préfigurait la future Communauté Économique Européenne. Il alla plus loin, en créant le Comité franco-allemand d’information et de documentation, présidé par son gendre, le Français Pierre Viénot, futur membre du gouvernement Blum, qui rejoindra de Gaulle à Londres, dont il sera l’ambassadeur auprès du gouvernement britannique. Mayrisch mourra des suites d’un accident de voiture ( !) en 1928 et ni l’Entente Internationale de l’Acier, ni le Comite franco-allemand d’information et de documentation ne lui survivront. Sa veuve continuera à recevoir au Château familial de Colpach les penseurs français, allemands ou belges, jusqu’à ce que l’invasion allemande la contraigne à s’exiler.
Si aussi bien Mayrisch que Monnet avaient cherché à « neutraliser » les industriels de l’acier afin de garantir la paix, c’est bien qu’ils avaient compris que ces mêmes industriels en constituaient la principale menace. Autrement dit, tacitement, ils ont démontré qu’une Europe pacifique et unie n’est envisageable que si le capital est placé hors d’état de nuire. Malheureusement, cette conviction fut rapidement oubliée par ceux qui ont fait de l’Europe ce qu’elle est aujourd’hui. Pour mesurer le chemin à rebours parcouru, il suffit de comparer les articles 117 et 188 du Traité fondateur à la triste réalité actuelle. Ces articles disposaient que : « Article 117 : Les États membres conviennent de la nécessité de promouvoir l’amélioration des conditions de vie et de travail de la main-d’œuvre permettant leur égalisation dans le progrès. Ils estiment qu’une telle évolution résultera tant du fonctionnement du marché commun, qui favorisera l’harmonisation des systèmes sociaux, que des procédures prévues par le présent traité et du rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives.
Article 118 : Sans préjudice des autres dispositions du présent traité, et conformément aux objectifs généraux de celui-ci, la Commission a pour mission de promouvoir une collaboration étroite entre les États membres dans le domaine social, notamment dans les matières relatives : à l’emploi ; - au droit du travail et aux conditions de travail ; - à la formation et au perfectionnement professionnels ; - à la sécurité sociale ; - à la protection contre les accidents et les maladies professionnels ; - à l’hygiène du travail ; - au droit syndical et aux négociations collectives entre employeurs et travailleurs… Au lieu de répéter tous les cinq ans qu’on allait enfin œuvrer à une Europe plus sociale, il eût été judicieux de simplement préserver ces articles datant de 1958 ! Mais c’est le dogme de la concurrence libre et non faussée, c’est le travail de sape des 30 000 lobbyistes installés à Bruxelles, c’est la religion de la privatisation des services publics, le culte de la baisse du coût du travail, l’obsession de la règle des 3 % de déficit maximum… qui ont prévalu.
Aline Mayrisch-de Saint Hubert Foto: Collection Marcel Schroeder
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Comment oser parler de « concurrence libre et non faussée », quand il est possible de délocaliser une production dans un autre pays de l’Union, où le salaire minimum est trois fois plus bas ? Comment oser parler de « concurrence libre et non faussée » quand des pays membres pratiquent le dumping fiscal ? Comment expliquer aux contribuables européens, que le Luxembourg a fait appel d’un jugement condamnant Amazon à lui verser 250 millions d’arriérés d’impôts ? Un pays membre fondateur de l’UE, qui refuse 250 millions d’impôts de la part de la société la plus riche du monde, mais qui vient d’augmenter les impôts de ses travailleurs frontaliers ! Comment maintenir confiance et motivation dans ces conditions ? En répétant, une fois de plus, la prochaine fois, « il faut une Europe plus juste et plus sociale » ? Mais qui y croira ? Alors, devant le scepticisme grandissant, un autre argument est martelé. C’est grâce à la construction européenne que le continent n’a plus connu la guerre depuis 50 ans. D’abord, c’est faux, ensuite c’est bancal. C’est bancal car ni la Norvège ni la Suisse, qui sont bien situées en Europe mais ne sont pas membres de l’UE, n’ont été concernées par un quelconque conflit ces cinquante dernières années. Ensuite, c’est faux, car entre 1958 et 1962, pour ne prendre que cet exemple, durant les quatre années qui ont suivi la signature du Traité de Rome, la France a été engagée dans conflit. Une guerre qui a fait, d’après les historiens les plus sérieux, près d’un demi-million de morts. Une guerre coloniale, brutale et sauvage, qui ne s’est pas déroulée à l’autre bout du monde. Alger est moins éloignée de Marseille que Lille ! Entre 58 et 62, l’Algérie, c’était — administrativement — la France. Et la France, qui y faisait la guerre, était bien signataire du Traité de Rome. Par la suite, il aurait été légitime de penser que la disparition du Traité de Varsovie impliquerait celle de l’OTAN. Il n’en a rien été et des pays européens se sont trouvés embarquer dans des conflits décidés à Washington, guerres meurtrières dont la douleur des victimes n’était pas apaisée par cette affirmation répétée sur tous les tons, que l’Europe, c’était la paix.
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Alors, quel argument pourrait encore mobiliser les citoyens européens ? La protection des droits humains ? 34 000 réfugiés sont morts en Méditerranée, laissés à leur triste sort par une Union européenne qui dépense plus d’argent pour les repousser que pour les secourir. Quant aux pays européens situés géographiquement là où ces pauvres gens arrivent, ils ont été abandonnés avec cynisme, et Lampedusa a été la première raison des succès électoraux de Salvini ! La garantie des droits démocratiques ? Orban les viole quotidiennement en Hongrie et son pays n’a jamais fait l’objet d’une sanction sérieuse de la part de la Commission ! Pourtant, ce sont bien ces aspects non économiques qui pourraient redonner l’espoir. C’est bien l’idée d’une Europe qui ne serait pas qu’un espace de libre échange, un nouveau Zollverein, un paradis de la « concurrence libre et non faussée », qui pourrait remobiliser les citoyens. Revenir aux fondamentaux. L’utopie humaniste de Hugo, les rêves pacifistes d’Aline Mayrisch, les articles 117 et 118 du traité fondateur. Il est quand même stupéfiant de constater que la cible récurrente des politicards, chantant le lassant refrain de l’Europe remède miracle, soient les Accords de Schengen. C’est qu’il ne s’agit pas là de libre circulation des capitaux ou des marchandises, mais de liberté pour les citoyens d’aller et de venir ! Que des patrons soient libres d’importer des travailleurs roumains en France et de les payer comme en Roumanie ne les gêne pas. Que des femmes et des hommes puissent aller travailler dans le pays voisin, s’y faire soigner ou simplement y faire du tourisme leur pose problème. Schengen serait une faille, une lézarde dans la forteresse. Comme si le terroriste Carlos avait jamais rencontré la moindre difficulté à jouer les globetrotters avant Schengen ! Avec l’alibi de la lutte contre le terrorisme ou l’immigration clandestine, les mêmes qui jouent les européanistes convaincus s’attaquent régulièrement à une disposition qui facilite les échanges et les rencontres. Qui concerne directement les citoyens. C’est la magie du « en même temps »… Cet « en même temps » qui permet de fabriquer des électeurs nationalistes, avant d’utiliser la menace nationaliste comme un épouvantail.
Le projet européen méritait mieux que ça. Dans cinq ans, tous les candidats reparleront d’ » Europe sociale », de « refondation « ou de « réinvention ». En comptant sur l’amnésie des électeurs. Qui seront encore moins nombreux, encore moins convaincus. Lassés qu’on crie à nouveau au loup, après l’avoir invité dans la bergerie. Il sera à nouveau temps de rappeler aux candidats qu’ils feraient bien d’écouter nos voix avant de les compter. Ni europtimistes, ni eurosceptiques : eurobjectifs !
Claude Frisoni
Victor Hugo 1878 par le sculpteur Pierre-Alexandre Schoenewerk
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Gisele presenting DECO ROCHA CRYSTAL Chair
Bonjour,
Monsieur Rocha, L’Unité Nationale vous remercie de répondre à notre entretien pour notre magazine qui traite de l’Europe. Vous êtes un symbole de réussite pour beaucoup au Luxembourg. Votre métier qui est aussi une passion, vous a conduit à écrire votre success-story, des planches du casino de Mondorf, au Portugal où le président Marcelo Rebel de Sousa ainsi que le président du Cap-Vert, Jorge Carlos Fonseca, vous ont remis en début d’année l’Award Caboverde Succès 2018. Les marches, c’est une à une que vous les avez gravies. Depuis cette année 1985 où vous entrez en apprentissage, à la création de votre griffe et au paysage artistique que vous avez définitivement modifié par votre présence, pouvez-vous nous parler des rêves du jeune Toni, et de la naissance de votre passion ? Ma passion pour la création s’est manifestée dès mon plus jeune âge. J’ai 5 sœurs et donc tout naturellement, l’image de la femme dans toutes ses déclinaisons a toujours fait partie de moi et de mon quotidien. La combinaison de la beauté, de la femme et de ma passion pour la création ont été mes inspirations de départ, et au fil du temps l’envie de vouloir embellir davantage les personnes s’est installée chez moi. Quant à mes rêves… Je voulais pouvoir faire de ma passion mon métier, tout en trouvant l’inspiration dans toutes les belles choses ou personnes qui m’entourent et ne pas me reposer sur mes lauriers, mais au contraire, toujours chercher l’inspiration et pousser la création le plus loin possible. Aujourd’hui, être sollicité par des personnalités importantes et des célébrités pour mes talents, confirme que j’ai choisi la bonne voie, et représente plus qu’un rêve devenu réalité.
Avec Monsieur le Président du Portugal Marcelo Rebelo de Sousa pour la remise de l’award Coboverde Suceso 2018
Vous êtes arrivé jeune au Luxembourg, quelle anecdote pourriez-vous nous raconter qui résume au mieux pour vous le choc culturel que vous avez pu avoir ? Lorem ipsum Dans un premier temps, le choc culturel c’était tout simplement les paysages et l’environnement du pays qui étaient complètement différents, mais aussi le climat, la langue, la nourriture… Puis, il n’était aussi pas évident de se faire accepter et de trouver sa place dans la société, souvent à cause des préjugés. Les Luxembourgeois n’avaient pas pour habitude de voir une famille aussi nombreuse que la mienne, et de couleur. J’ai souvent aussi eu droit à des questions drôles, mais parfois étonnantes concernant mes cheveux… Votre réussite a-t-elle été semée d’embûches ? Bien entendu. Des embûches il y en a toujours, et ce, pour tout ce qu’on peut entreprendre dans la vie. Dans mon parcours du combattant, on ne m’a bien évidemment jamais fait de cadeaux ; j’ai dû en permanence montrer ce dont j’étais capable pour pouvoir me faire accepter et gagner la confiance des gens. J’ai atteint mes objectifs sans jamais baisser les bras et en croyant fortement en moi et mes capacités, même si cela n’a pas était toujours facile. Mais en même temps cela forge le caractère. 11
La mode peut parfois être un moyen de porter un message politique. Peut-on voir un tel message dans votre parcours ? Aujourd’hui dans n’importe quelle profession, surtout créative, on peut transmettre un message politique si on le désire. Cependant, j’ai pour habitude de ne pas vouloir mélanger les deux. Bien entendu ce n’est pas toujours évident, car la politique est partout dans nos vies. C’est elle qui la régule, qui prend les décisions qui peuvent ensuite avoir toute sorte d’influences sur notre vie et par conséquent sur notre façon de créer. Le message politique de mon parcours serait peut-être : « La jeunesse, c’est l’avenir. Il faut donner plus de chances aux jeunes de montrer ce dont ils sont capables, et ce peu importe leur origine. »
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L’Europe pour vous qui exercez dans le cœur même de ce poumon économique qu’est le plateau du Kirchberg, vous en sentez-vous pleinement citoyen ? Je pense qu’il n’y a pas plus européen, qu’un Luxembourgeois (rires). On parle dès le plus jeune âge le luxembourgeois, le français et l’allemand. Plus tard au cours du parcours scolaire, s’ajoute l’anglais. Et de par mes origines capverdiennes, je maîtrise également le portugais. Au-delà de ça, grandir et vivre au Luxembourg c’est être au centre de tout ce que fait et offre l’Europe. Difficile d’y échapper, et honnêtement je ne peux imaginer mon quotidien autrement. C’est une grande chance. La femme africaine vous la sublimez dans vos créations, elle est de plus en plus présente, et ce bel hommage est reconnu sur la scène internationale, qu’en est-il au Luxembourg ? Étant d’origine africaine, la femme africaine tient bien évidemment une place de choix dans mes créations. Même si le Luxembourg est un petit pays, il reste synonyme de diversité, et la culture africaine commence de plus en plus à jouer un rôle important. Ce développement me fait plaisir. De plus en plus de femmes africaines osent porter le tissu Wax en dehors du cercle des fêtes familiales, et beaucoup assument également leurs cheveux naturels, malgré les remarques étonnantes, que moi-même j’ai pu entendre quand j’étais enfant. De nombreuses personnes qui immigrent d’Afrique vers l’Europe perçoivent ce territoire comme un Eldorado. L’arrivée de ces migrants suscite souvent des réactions hostiles des populations européennes et à la fois une grande émotion lorsque des bateaux font naufrage dans la méditerranée. Quel regard portez-vous sur cette situation ? Tout d’abord, l’humain que je suis porte un regard empathique face à cette situation et ces naufrages catastrophiques. Ensuite, je porte un regard respectueux également, car il s’agit là de personnes qui décident de tout abandonner pour espérer trouver un monde meilleur en Europe. Si elles en arrivent à ce point, c’est souvent parce ce que, de là où elles viennent, rien ne leur donne plus aucun espoir. Je trouve cela très triste au fond. Idéalement, je pense que les pays d’Europe devraient trouver le moyen pour mieux les accueillir et faciliter leur intégration, mais surtout et avant tout, proposer des solutions qui font qu’elles n’aient plus à quitter leur pays d’origine. Je pense que l’Europe ne peut plus détourner le regard maintenant, elle se doit de prendre sa responsabilité pour le bien de tous, Africains et Européens.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui voudrait s’inspirer de votre parcours aujourd’hui ? Je lui dirais de s’armer de courage, de persévérance et de définir des objectifs réalistes à atteindre. Quels sont vos projets à venir? Envisagez-vous un jour de faire de la Politique ? Et si vous pouviez changer quelque chose, que changeriez-vous ? J’ai toujours des projets plein la tête, je n’arrête jamais (rires). Affaire à suivre donc… - La politique reste intéressante à mes yeux, mais aujourd’hui je n’ai aucune intention d’en faire. - Des choses à changer, il y en a toujours. Rien et nul n’est parfait, et c’est le changement qui fait l’évolution du monde. Si je pouvais changer quelque chose, je ferais mon possible pour atteindre l’égalité sociale dans le monde, en consultant les concernés au préalable et ainsi être sûr de leur offrir ce dont ils ont vraiment le plus besoin.
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Interview pour l’Unité Nationale réalisée par Antoine Fontaine et Carole Vilbois Jysmy Ramoudou est journaliste sur une chaîne locale de télévision réunionnaise, Télé Kréol. Dans ces émissions, il invite les habitants de l'île à venir s'exprimer sur leur quotidien, sur leurs projets, sur leur engagement. Il nous livre une vision sans concession du PAF réunionnais, mais au-delà du monde médiatique. *****
Jismy Ramoudou Malheureusement, la presse ne permet plus cela, ce qui explique aussi pourquoi les réseaux sociaux ont pris autant de valeur. Parce que sur un réseau social, un individu se sent l’égal d’un autre individu. Parce qu’en France, Emmanuel Macron s’exprime aussi sur les réseaux sociaux, comme le fait Donald Trump sur Twitter aux États-Unis.
Ce n’est pas toujours simple de se définir, je dirais aujourd’hui que je suis un journaliste qui essaye de vraiment faire de l’information.
On a abattu les barrières, on a créé un équilibre au moins dans la parole et ça, c’est très important. Je pense qu’il faudrait que la presse dans son ensemble essaye de revenir à ses fondamentaux : dire la vérité et non pas croire qu’elle doit orienter l’information.
Et puis, j’essaye de parler au plus grand nombre, et cela ce n’est pas toujours simple. Quand on regarde la presse de manière générale, et de manière générique aussi, elle est assez lissée, assez linéaire. Souvent, on dit lors d’une interview que c’est la question qui est la plus importante. Ma question est importante, mais je veux surtout que la réponse soit importante.
La presse pense aujourd’hui qu’elle est dans son bon droit, quand elle veut faire du bien ou accompagner la décision qui va être prise. C’est vrai que les groupes de presse appartiennent aux financiers, aux banques, mais c’est dommage qu’on ait perdu notre authenticité, notre objectivité. C’est dommage, parce qu’on a été le quatrième pouvoir, il faudrait qu’on le redevienne.
La personne qui parle, elle doit non seulement dire son ressenti, apporter une information, une vérité, mais surtout se sentir bien, parce que s’exprimer c’est aussi pouvoir se libérer, pouvoir s’exprimer. C’est un paradoxe, mais aujourd’hui avec les réseaux sociaux, où plutôt avec la presse d’abord et les réseaux sociaux ensuite, un individu qui se croit quelconque, qui n’a pas pignon sur rue, se dit voilà, « je pose une question et je vais m’adresser aux plus grands », au président de la République par exemple.
Par exemple pour les gilets jaunes, il aurait fallu que la presse dise voilà ce que veut le peuple, voilà ce qu’on doit dire pour le peuple. C’est cela l’information. Il faut que la presse parle pour ceux qui ne parlent pas. C’est ça l’objectif de la presse. J’ai commencé mon parcours dans un journal de proximité. On faisait… y avait à l’époque un journal qui s’appelait l’écho, l’écho des quartiers. On allait chercher l’information dans les quartiers. Pour être honnête, on faisait le bal des pompiers, on faisait l’anniversaire de la grand-mère.
Si l’on peut faire cela, c’est fantastique parce que ça signifie qu’on efface les barrières, on efface les obstacles, on efface les rangs sociaux et on met les gens sur le même pied d’égalité. Vous êtes face à une caméra, vous parlez dans une radio, ou vous vous exprimez dans un journal écrit, au moins vous avez le même droit, vous avez le même espace. Se dire, j’ai le droit de demander pourquoi, de revendiquer, j’ai le droit d’être arrogant en ce sens, de m’arroger quelque chose, c’est important.
C’était en 1991, il y a 28 ans. Là, on était vraiment à l’écoute de tout ce qui peut être fait et j’étais à cette école-là. Et puis dans le travail qu’on a mené, c’était toujours de donner la parole, faire en sorte que les gens s’expriment. Et aujourd’hui avec Télé Kréol, avec « La Réunion Lé Là », c’est de dire à un individu : quelque soit ton niveau scolaire, quelque soit ton instruction, ton intelligence, tu as les mêmes droits que n’importe quel individu de venir t’exprimer sur le plateau.
Jismy Ramoudou qui êtes-vous ?
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J’ai interrogé Nicolas Dupont-Aignan il y a quelques semaines sur les Européennes. J’ai interrogé des gilets jaunes sur le même plateau, à propos des Européennes. Voilà on amène cette égalité-là. On amène une forme de démocratie. « Démos » c’est le peuple qui s’exprime. Ce que l’on peut regretter, c’est que cette expression d’une part aille dans tous les sens, alors que d’autre part tout est fait pour créer des diversions conduisant à des confusions. Aujourd’hui, les gens ne savent plus où ils en sont. La presse a un rôle à jouer, celui de remettre des cadres, de remettre des gens à leur place, leur dire : « vous êtes le peuple ». C’est le peuple qui s’exprime, c’est le peuple qui gouverne, c’est au peuple de revendiquer. Si le peuple ne le fait pas, on arrive à ce que l’on voit aujourd’hui, c’est-à-dire, il y a une démocratie représentative peut-être de 25 % de la population, ceux qui votent, parce que les autres ne votent plus. Et, c’est une minorité qui parle pour une majorité. Et cette minorité-là généralement elle est de la classe moyenne, elle a, je dirais encore de quoi vivre pour elle, pas pour la majorité. Alors comment nous la presse aujourd’hui on peut changer les choses ? Et la démarche elle est là. Comment faire parler le plus grand nombre, pour qu’il y ait un grand nombre qui s’exprime, et pour qu’enfin, nos représentants entendent ce que le peuple veut. C’est ça la démarche, faire en sorte que le peuple s’exprime pour que les élus finissent par les entendre et les écouter, puis faire ce qu’il faut faire pour le peuple. Et pour l’instant, c’est mal barré. Vous donnez dans vos émissions sur Télé Kréol la parole à ceux que nous entendons peu, voire jamais. Les médias sont de plus en plus mal perçus, les gens considèrent qu’ils sont de moins en moins libres de leur expression. Que pensez-vous du paysage médiatique réunionnais ? 16
Je vais répondre en trois points. D’abord, qu’est-ce qu’on pense des médias aujourd’hui ? Je pense que les médias ont changé de propriétaires aujourd’hui. Ce sont les banquiers et les financiers qui sont propriétaires des médias, donc ça change également le contexte. D’autant qu’avec l’avènement d’internet la presse écrite a perdu beaucoup de points, la presse écrite a perdu ses moyens de vivre et a perdu de la crédibilité. Autre chose, la notion de journalisme a également changé. Aujourd’hui, n’importe quel individu sur internet peut créer une page et raconter son information, et dire ce qu’il souhaite. D’une part, l’information a changé ici, avec l’arrivée de radio Freedom en libérant la parole. Au lieu d’être un média qui informe, c’est un média qui est à l’écoute et qui prend tout ce qui arrive, vrai ou pas vrai. Attention, à aucun moment je ne critique Freedom. Ça a été une révolution dans le paysage médiatique, il faut rendre hommage à ceux qui l’ont fait. Seulement, l’individu, le Réunionnais au lieu de l’utiliser pour essayer d’apporter une valeur ajoutée, passe son temps à dénoncer, à critiquer et à faire de la délation parfois. Ce qui est dommage. Mais ce média a le mérite d’exister. C’est aujourd’hui le premier média de la Réunion, il a vraiment été présent à un moment où les Réunionnais avaient besoin de s’exprimer. Second point sous forme de question, que sont devenus les médias ? Ils ne sont plus des médias d’information. Aujourd’hui, ils ne sont que des relais. C’est-à-dire qu’on donne la parole aux dirigeants, au Président, au Premier ministre, aux élus, pour une raison simple : ils financent la presse aujourd’hui d’une manière générale. Que ce soit au niveau national, que ce soit à la Réunion pour la presse régionale, les collectivités publiques donnent beaucoup d’argent en matière de pub, d’annonces légales, d’annonces classées. Elles donnent beaucoup d’argent aux journaux pour qu’ils existent. Ce qui explique que beaucoup soient quelque part redevables aux collectivités. Au-delà des publireportages, aujourd’hui quand on regarde sur certains sites d’informations, il y a des entrées directes jusqu’aux sites des collectivités ou des EPCI (établissement public de coopération intercommunale).
Donc on voit bien que pour exister la presse a besoin d’argent, donc des collectivités et des politiques. Maintenant, est-ce qu’il faut reprocher aux journalistes d’avoir perdu leur objectivité, de ne plus suivre la déontologie ? Je ne vais pas taper sur mes confrères qui font leur choix, c’est leur choix je respecte et je n’ai rien à dire. Maintenant pour ce qui me concerne, ma vision de la presse à un coût que je le paye depuis des années. C’est-à-dire de ne pas avoir d’argent, de ne pas avoir de moyens pour vivre. Mais en faisant ce choix, je me suis permis de dire : « je garde une ligne de conduite ». Je n’attaque pas spécialement, mais je ne m’abaisse pas et je ne courbe pas le dos non plus à chaque fois. Quand je ne suis pas d’accord, je ne suis pas d’accord. Quand j’ai quelque chose à dire, je le dis et je fais les choses sans pour autant croire que je suis meilleur que les autres. J’ai juste fait le choix d’une posture qui garde une porte ouverte. Je me dis souvent : si je m’arrête est-ce que ceux qui ont besoin de s’exprimer, qui viennent chez moi, est-ce qu’ils trouveront un autre espace ? Pour l’instant, je ne le pense pas et je ne crois pas qu’aujourd’hui il y ait un autre journaliste de mon âge, la cinquantaine, avec mon vécu, mon savoir, mon instruction, ma culture générale. Cela me permet d’avoir une hauteur de vue. Maintenant, c’est prétentieux ce que je viens de dire, mais je le revendique. J’ai l’exigence de la qualité de l’information. Quand je fais une émission, je veux montrer les qualités de la personne, le savoir de la personne, c’est ça qui est important. Il s’agit pour moi de faire de la communication, de promouvoir l’individu, son savoir-faire. On peut reprocher à la presse d’être devenue « un suiveur ». C’est-à-dire il y a un accident, on le met en une. Il y a une décision on le met en une. C’est toujours l’urgence de l’immédiateté. Ce qui devient une bêtise. Quand il y a des morts ou un attentat, ça fait la une pendant plusieurs jours. Quand Notre Dame de Paris a brûlé, ça a été deux jours de direct presque simultané. Tout ce qui est important n’est pas traité. Il y a la guerre au Yémen, à la Réunion on n’en parle pas. 17
La France vend des armes à l’Arabie Saoudite, qui fournit le parti au pouvoir au Yémen, ça on n’en parle pas. Ces problèmes-là, on ne veut pas les voir. Ce qui se passe en Afrique on ne veut pas le voir. Le Mozambique et la Tanzanie n’arrêtent pas de subir le contre coup du climat, il y a peu de gens qui réagissent. À la Réunion, il y a des gens qui savent, qui originaires également du Mozambique mettent en place des actions, je les ai reçus sur le plateau. C’est ça que je regrette, c’est qu’on ne regarde pas, on n’essaye pas d’apporter quelque chose dans notre environnement. On essaye toujours de croire qu’on a la bonne décision. Je ne crois pas que nous ayons forcément la bonne décision, je crois que chacun apporte quelque chose. Mais la presse aujourd’hui donne l’impression qu’elle a la science infuse et qu’elle sait. Quand on regarde nos grands éditorialistes nationaux, quand on les écoute, c’est effarant de voir à quel point ils sont devenus condescendants. C’est eux qui prennent la décision à la place des élus finalement, et ça, c’est dommage.
Ces personnes, pourquoi les cache-t-on ? Parce qu’elles sont intelligentes, par ce qu’elles sont instruites, parce qu’elles ont des projets, et que les politiques ne veulent pas d’eux. La politique et le système ne veulent pas de ceux qui pensent différemment. Et c’est pour ça qu’il faut qu’on crée des espaces pour ceux qui ont un projet. Non, pas qu’ils veuillent aller contre le système, mais ils peuvent apporter quelque chose dans la création d’un système différent, qui surtout permettrait de partager avec le plus grand nombre. La question reste la même, comment partager avec le plus grand nombre ? Comment faire que la souffrance, la maladie, la précarité reculent pour que le plus grand nombre puisse avoir un minimum ? Ça doit être notre démarche aujourd’hui, non pas parce qu’on est meilleur que les autres, mais parce que c’est une nécessité.
Chaque peuple, chaque individu est différent. Alors, comment obliger tout le monde à vivre de la même façon ? Ce n’est pas possible.
On ne peut pas vouloir le revenu universel juste pour mettre un peuple sous les bottes et lui donner 800 euros par mois, afin que ceux qui gouvernent en fassent des moutons. Ce n’est pas une bonne chose, car à un moment donné l’être humain se détruit. L’être humain qui ne s’affirme pas, si l’on se réfère à la pyramide de Maslow, surtout ceux qui sont intelligents et ont envie de s’affirmer, ceux-là meurent à petit feu.
On ne peut pas faire en Inde ce qu’on fait en Afrique. On ne peut pas faire en Afrique ce qu’on fait en Chine. Ce n’est tout simplement pas possible. Mais, parce que les lobbies, parce que les grands groupes veulent les marchés, ils englobent tout et la décision est politique d’abord parce que ça permet aux groupes d’accaparer tous les marchés.
C’est le peuple qui meurt à petit feu. Si plus personne ne pense, alors plus personne n’essayera de faire évoluer le monde. Que Darwin ait raison ou pas, ce n’est pas l’essentiel. Darwin existe, il a dit quelque chose. Vrai ou faux, c’est à chacun de se définir par rapport à ce qu’a dit Darwin, par rapport à Jules Verne, ou à Pasteur, Freud, De Gaulle.
Et ça la presse, parce qu’ils appartiennent également à ces puissances économiques, la presse a perdu de cette authenticité, de la véracité de ses informations, de sa déontologie, de son objectivité et ça c’est dommage. Plus on avance depuis 20 ans, plus on perd notre liberté. La liberté de la presse aujourd’hui pour moi n’est plus qu’un concept.
On devrait se définir par rapport à des gens qui ont apporté quelque chose. Or, aujourd’hui on se définit par rapport à des personnes qui font la révolution assise dans leur fauteuil, devant leur écran de télé, de smartphone ou d’ordinateur et qui se disent : le monde c’est pas bien. Ces personnes ne vont pas chercher pourquoi. Ils le disent juste en pensant : « ah je me suis impliqué ». Si on veut s’impliquer aujourd’hui, la presse doit prendre sa part.
Non, on ne peut pas mélanger l’unité et l’uniformité.
Le dernier point concerne l’individu. Pourquoi je donne la parole ? 18
Comment trouver des espaces pour des individus qui sont intelligents, qui sont instruits, qui ont des projets pour leur île, pour leur pays, pour leur quartier, comment mettre en avant ces gens-là ?
Est-ce compliqué d’exister dans ce paysage ? Quel regard tes collègues portent-ils sur ton approche et ce que tu fais ? Chaque individu a un chemin, un parcours, ou plutôt un itinéraire. La question à chaque fois, est de savoir ce qu’on a envie de faire ? Quelle est notre mission ? Notre objectif ? Ce que je recherche n’est pas de savoir ce que les autres pensent de moi. Je suis très frileux lorsqu’on parle de ma vie privée, de ce que j’ai fait ou pas, je n’aime pas ça. Mais si on parle de moi en tant que journaliste, ça ne me dérange pas. J’ai une posture et elle est sincère, elle est authentique et n’essaie pas de montrer qu’elle est meilleure que les autres, non. Elle essaye surtout d’être vraie, d’être sincère, d’être honnête. C’est les trois éléments qui normalement doivent porter un homme. L’honnêteté, sa sincérité, et puis son authenticité, savoir que c’est vraiment de lui ou d’elle qu’on parle. Par rapport à mes collègues, je ne vais pas trop m’attarder là-dessus, mais je vais quand même dire qu’à mon âge entre guillemets, mes collègues ont du respect. C’est la première chose que j’ai, c’est le respect. Je ne sais pas si vous allez l’écrire, mais ce que j’aime de temps en temps, c’est lorsque j’arrive à une conférence de presse, quand mes collègues plus jeunes me voient arriver, ils se lèvent et me cèdent leur place. Je me dis, générer un tel respect chez un confrère ou une consœur, c’est plaisant et cette attention je l’accepte. Ensuite, que l’on dise du bien ou du mal de moi, cela fait partie du jeu. Qu’on fasse quelque chose ou pas, les individus auront toujours à dire. Avec le temps, j’ai plus de recul. Si c’est positif, ça fait du bien, si c’est négatif, on le prend aussi, ça existe et puis on avance. Est-ce que c’est difficile ? Oui, car la vérité n’est jamais chose simple et facile. Quand on dit la vérité, même le peuple n’est pas prêt à l’entendre. C’est difficile de dire une vérité que les autres ne vont pas entendre ou comprendre et surtout lorsqu’ils la déforment dans des proportions incroyables. Forcément quand on est au vu et au su de tous, on génère toujours des impressions, des sensations.
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C’est une réalité. Maintenant, ce n’est pas le journaliste qui est en cause, pas plus que l’enseignant, pas plus que le chercheur, ce n’est pas le métier en premier lieu qui pose souci. Le vrai problème c’est l’être humain. Quelles sont ses valeurs ? Quelles sont ses intentions ? Qu’est-ce qu’il a comme objectif ? Qu’est-ce qu’il veut faire ? C’est l’être humain qui pose un souci. Est-ce qu’il vit pour se faire plaisir ? Pour gagner ? Pour acquérir des biens ? Pour avoir le pouvoir ? De l’argent ? Ou, est-ce qu’il vit pour essayer de s’intégrer dans un groupe et faire évoluer l’ensemble ? Ça aurait été fantastique de dire que chacun essaye de créer un groupe pour faire avancer tout le monde. Mais, malheureusement ce n’est pas le cas. Dans la presse également, il y a des jalousies, des contre-vérités, et même le journaliste se met au service d’un individu, d’un groupe, d’un mouvement, d’une idée, ou d’une philosophie. À partir de là, ce qui est difficile, c’est que les valeurs, les principes, ne sont plus les mêmes pour tout le monde. Chacun à un principe et chacun s’invente un principe pour faire accepter quelque chose qui n’est pas moral. Et c’est ça qui à chaque fois pose un problème. Qu’est-ce qu’on fait ? On accepte que ce soit comme ça, ou on essaye de dire que non ce n’est pas ça la vérité et qu’il faut trouver ? Tout cela on le perçoit dès lors que l’on essaye de comprendre les événements. On va prendre des événements par exemple l’assassinat de JFK, le Watergate ou encore ce qui s’est passé en France entre Sarkozy et De Villepin. Il y a tellement de fantasmes, il y a tellement de vérités, de contre-vérités, ou même à la Réunion, avec la mort d’Alexis de Villeneuve. Est-ce qu’il a été tué ou pas par Paul Vergès ? À chaque fois, on voit qu’il y a de la manipulation. 20
Regardez à La Réunion le mouvement des gilets jaunes à La Réunion a débuté le 17 novembre, un mois plus tard le prix du carburant augmentait à nouveau. Aujourd’hui, cinq mois après, le prix du carburant a retrouvé son prix normal d’avant les gilets jaunes. Finalement, le peuple a bien été manipulé. La presse a été volontairement ou involontairement complice de ce qui a été mis en place. La presse a été aux premières loges, et qu’est-ce qui a changé ? On n’a rien changé. Est-ce que c’est difficile d’être ce que je suis ou faire ce que je fais ? Oui, parce que c’est souvent être seul contre beaucoup. Et c’est souvent crier dans le désert. Les gens à qui nous donnons la parole, soit ils se disent qu’ils ne doivent pas tout dire pour préserver leur zone de confort, soit qu’ils ne sont pas faits pour parler sur un plateau de télévision. Nous devons donc aujourd’hui former le peuple à venir s’exprimer si nous souhaitons atteindre le premier niveau de la pyramide de Maslow. Avec le nombre de thérapeutes ou de coachs qui existent, on voit bien qu’il faut dire à l’être humain « mets un pied devant l’autre ». Les individus ne sont plus capables de faire des choix et de prendre des décisions. Il faut, par ailleurs, l’accompagner dans la mise en place de cette décision. L’être humain est de plus en plus faible face au contexte d’aujourd’hui. Nous avons de plus en plus de névroses qui se rajoutent qui plus est à celles de nos ancêtres. Plus nous avançons, plus les gens se rendent compte qu’ils souffrent psychologiquement. La somatisation est de plus en plus multiple. Si nous prenons le temps d’observer, nous nous rendons compte que nous cherchons des réponses dans beaucoup de choses : la religion, la numérologie, la généalogie. Nous cherchons toujours des moyens pour affronter ce qui est en nous, parce que nous avons de moins en moins de force pour le faire. Ou bien peut-être que nous ne voulons pas le faire seuls ? On se croit seul et on pense ne pouvoir compter que sur soi. Or, il existe une multitude de gens qui comme nous, sont prêts à se serrer les coudes pour le faire. La seule chose c’est qu’il faudrait déjà qu’on se connaisse entre nous, qu’on ait des signes de ralliements, qu’on ait des espaces pour se retrouver et pour mettre en place nos projets en commun. Cette démarche dans un premier temps nous faciliterait la tâche, à la manière des cyclistes, nous roulerions en groupe.
La télévision est-elle un média d’avenir ? Je dirais que c’est ce que les gens ont besoin d’entendre ou doivent entendre qui constitue une démarche d’avenir. En son temps, César disait qu’il fallait au peuple des jeux et du vin. C’est la même chose aujourd’hui. La télé, un peu plus qu’un autre média d’ailleurs, facilite quelque chose. Les personnes se mettent deux pieds devant la télévision et ne bougent plus. Ils n’ont plus aucun effort à faire, le cerveau ne travaille pas. C’est pour ça que la télé aujourd’hui tient par rapport à la presse écrite. Maintenant, qu’est-ce qui intéresse à la télé ? Qu’est-ce que les gens ont besoin de voir ou d’entendre ? Quand on regarde entre ceux qui aiment la voyance, ceux qui aiment la philosophie, ceux qui aiment la lecture, ceux qui ont besoin d’entendre un débat politique ou voir deux hommes politiques se taper dessus… C’est le contenu qui est important. L’avenir, c’est le contenu. Que faut-il montrer ? Est-ce qu’il faut dire que la télé doit participer à porter un projet de construction de société? Oui. Mais est-ce que la télévision veut le faire ? C’est une autre question. À notre époque, les banquiers participent au système. Ce dernier voulant un statu quo, alors la télé ne veut pas porter de projet. Seuls les écrans des réseaux sociaux, des smartphones, des tablettes, des ordinateurs permettent un accès à des contenus qui sont thématiques ou spécifiques. Protection de l’environnement, éradication des déchets, comment en finir avec le plastique ? Comment trouver les bonnes pédagogies pour l’éducation, comment redonner aux parents l’autorité sur leurs enfants ? Il s’agit de sujets précis auxquels les gens s’intéressent pour obtenir des réponses à leurs questionnements. Une émission comme « Maternelles », ou celle avec Michel Cymes sur la médecine ou d’autres émissions thématiques sont intéressantes, car elles donnent aux gens des réponses à leurs questions. C’est, je dirais, symptomatique de cette société occidentale et de cette société de consommation apparue dans les années 80’, où on va, on prend, on mange, qu’importe que ce soit de la « merde ».Mais on mange.
Aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’il y a une nouvelle génération qui attend du contenu de qualité. Elle veut certes des réponses sur la société, mais en plus elle souhaite savoir comment se comporte l’aborigène d’Australie. Comment vivent aujourd’hui les Jarawa des îles Andaman ? Est-ce qu’ils vivent encore comme il y a mille ans ? Comment se comportent les tribus amérindiennes ? Qu’est-ce que la polyandrie ? Une femme avec deux hommes. Jusqu’à présent parmi les médias, les réseaux sociaux ou internet répondaient à cette demande. La télé est en train de s’adapter et de devenir internet, car si elle souhaite continuer à exister, il faut des émissions qui apportent des réponses. C’est pour ça que l’on voit aujourd’hui des émissions thématiques sur le zoo, sur les animaux, sur la nature, ou la cuisine. C’est toujours une question, une réponse. À la fin de l’émission de cuisine, on a un plat que l’on ne mange qu’avec les yeux, mais on a mangé. C’est ça la télé. Est-ce que la télé est un média d’avenir ? Je dirais que la télé si elle devient internet à son tour et répond aux questions qui sont posées c’est un média d’avenir, mais seulement à cette condition-là. J’ai pour projet aujourd’hui de créer un studio ou une télé, que ce soit une sur le web ou sur la TNT, sur satellite, pour donner la parole au plus grand nombre. Il faut que les individus s’expriment pour eux d’abord et pour l’ensemble ensuite. C’est-à-dire que nous devons rétablir une démocratie plus importante, plus intéressante dans le sens ou le peuple doit être entendu. De nos jours, il faut que la télévision, qu’elle soit sur les réseaux sociaux, sur la TNT, sur le satellite ou sur internet, redonne la parole au peuple. La télévision doit-être une émanation du peuple, dans le bon sens du terme. Voilà ce que le peuple dit, voilà ce que le peuple veut et voilà comment il faut faire pour que ça arrive. C’est important. Et si je sollicite le peuple aujourd’hui c’est parce que j’aimerai aujourd’hui avoir un outil qui me permet non pas de rétablir une démocratie directe, mais de mettre en place une démocratie plus vivante. Et la télé peut être l’outil de cette démocratie vivante. 21
Ce numéro du Mag est consacré à l’Europe, comment se vit l’Europe à 10 000 km dans l’Océan Indien ?
Combien de Réunionnais savent que l’Europe donne 13 millions chaque année aux Seychelles pour son usine, son industrie de boîtes de conserve ?
L’Europe à la Réunion, je pense, c’est un peu comme partout, c’est en fonction des générations.
Peu de gens. On a du mal à savoir ce que l’Europe fait à Madagascar, ce que l’Europe fait aux Seychelles.
Les jeunes préfèrent Erasmus. Ceux qui ont besoin de moyens pour vivre ou de formations ou des associations caritatives, pour eux ce sera le FSE (le fond social européen). Il y a tout ce qui a trait aux politiques et entreprises, donc tout ce qui est FEDER, que la région gère ici désormais depuis deux ans, je crois. L’Europe c’est en fonction des projets des uns et des autres. Et les classes européennes qu’il y a aujourd’hui dans les lycées à la Réunion, telle que celui de Bellepierre où ils font les cours en français et en anglais. Voilà, l’Europe c’est chacun à une partie. Ensuite, il y a les élections européennes, ce qui est vraiment une vraie… j’allais dire une vraie bouffonnerie dans le sens où personne ne s’intéresse vraiment à la politique européenne, personne ne sait. Qui sait, combien de Réunionnais savent, qu’il existe une constitution européenne ?
À la Réunion on le sait par rapport à la nouvelle route du littoral, pour les réservoirs hydrauliques Takamaka 1, 2 et 3. On n’en sait pas plus que ça.
Combien de Réunionnais ont compris ce qu’est le Brexit, ou le Frexit dont certains parlent ? Qui sait qu’il y a des élus européens qui travaillent vraiment sur telle ou telle chose ? Que fait vraiment celui qui a été élu Younouss Omarjee qui a déjà fait deux mandats ? Qui sait vraiment quel travail il a mené à Strasbourg ? La structure est faite pour que le pouvoir reste au même, aggloméré avec les ministres et les chefs d’État. Donc finalement même le parlement européen est un peu une coquille vide quelque part. On peut dire ce qu’on veut, on parle de majorité du parti populaire européen, on parle de ça, mais finalement qu’est-ce qu’ils font vraiment au parlement européen ? Finalement pas grand-chose, si ce n’est que de temps en temps ils entérinent une décision de Bruxelles. Le thème de l’Europe à la Réunion revient tous les six ans autour d’une question : quel sera le niveau des fonds européens concernant le milliard réservé à La Réunion? À ce moment-là, on parle d’Europe, ou encore lorsqu’il s’agit de l’octroi de mer, du quota sucrier. On en parle également quand il s’agit des accords de partenariat économique (APE) avec les pays de la 22 zone.
Tout cela reste des choses qui sont très éloignées des problèmes habituels quotidiens des Réunionnais. Alors l’Europe, a-t-elle vraiment envie que les gens voient ce qu’elle fait ? Je ne le crois pas. Ensuite, ce qui est encore plus dommageable, mais combien de politiques à la Réunion connaissent les structures de l’Europe ? Ils ont déjà des difficultés à connaître les structures des institutions françaises. Combien d’élus savent c’est qu’est l’article 349 du TFUE ? Qu’est-ce que le Traité de Rome ou de Lisbonne ? Au fond, la méconnaissance ne vient pas du fait que les gens ne savent pas, mais plutôt du fait que l’Europe n’a pas envie que le peuple européen sache trop comment ça fonctionne. Si les gens savaient quels sont les salaires de ceux qui bossent à Bruxelles ou à Strasbourg, ils tomberaient des nues. Les gens sont très bien payés dans les structures européennes. Mais c’est énorme. Mais avec quel argent ? Celui de la PAC en dépossédant l’agriculteur français de son savoir-faire, de sa ruralité, au détriment des petits et au profit des plus grands ? Tout est fait pour qu’il y ait un décalage entre le peuple et le pouvoir. À l’image des institutions françaises, on infantilise le peuple, pour que le pouvoir puisse exister de la plus belle manière qui soit et que le peuple ne puisse pas revendiquer. Aujourd’hui, les pouvoirs n’arrêtent pas de devenir autocratique, que ce soit en Turquie, au Brésil avec Bolsonaro, Trump aux États-Unis. En France, regardez le pouvoir de Macron. Aujourd’hui, il n’a plus d’oppositions, le parlement est sous son contrôle, même le Sénat qui est républicain n’est pas vraiment un contre-pouvoir. Il n’y a plus de contre-pouvoir. Le pouvoir en place aujourd’hui est autocratique. C’est pour ça qu’aujourd’hui le peuple ne veut pas se prendre la tête pour comprendre comment ça marche. Et puis même si le peuple comprend, on fait tout pour qu’il ne s’y intéresse pas.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui voudrait marcher sur vos pas ? Je crois que je donnerai les mêmes conseils que je donnerai à n’importe quel individu qui choisit un travail. La première chose qu’on doit avoir c’est la passion. Si on a envie de faire ce métier, il faut être passionné. Il faut se dire qu’aujourd’hui tous les métiers, la plupart des métiers sont mal-payés, voire sont sous-payés. Donc si c’est pour l’argent, jouez en bourse, jouez au loto, faites un truc, mais ne cherchez pas un boulot aujourd’hui, il y a peu de métiers qui sont bien payés. Après, il faut également prendre en considération vos qualités, vos valeurs, vos principes ? Qu’est-ce que vous voulez défendre ? Si vous pensez que devenir journaliste, comme moi je l’ai pensé y a 28 ans, permet de changer le monde, de dire la vérité, de dénoncer les fraudes ou la corruption et c’est ce que j’ai commencé à faire effectivement, on ne se fait pas des amis. On est marginalisé, on devient un petit peu comme le prisonnier, on devient un numéro, on est seul et plus vous avancez, plus vous devenez un pestiféré. Les gens qui sont vos amis quand ils voient vos patrons, ils s’écartent de vous.
Où est-ce que vous voulez aller ? Qu’est-ce qui est en vous ?
Donc, regardez bien qui vous êtes et essayez de vous projeter. Si vous pouvez faites-le, parce que vouloir jouer Zorro, Robin des bois ou qu’importe le héros ce n’est pas ça le souci. Mais plutôt avez-vous les qualités pour le faire ? Est-ce que vous avez le mental pour tenir face à un monde qui vous broie, qui vous met à l’index ? Et puis à un moment donné finalement, vous n’êtes plus rien, même pour ceux qui vous ont tapé dans le dos lorsque vous sortiez un bon article, ou lorsque vous avez dénoncé quelqu’un. Ces gens-là, ils ne sont pas plus que d’autres, ils n’ont pas plus de valeurs que les autres. La seule chose qu’ils ont c’est lorsque vous tapez sur leurs patrons ils sont contents. Car à ce moment-là, ils peuvent aller négocier avec lui parce que vous avez affaibli leur patron. Mon conseil est le suivant, posez-vous ces questions essentielles : qui vous êtes ?
Quelles sont les valeurs que vous avez ? Vous saurez alors si vous pouvez aller, là où vous voulez aller. Il y un exemple à prendre c’est le chanteur Renault. Il était celui, dans les années 70’ qui dénonçait tellement de choses, qu’aujourd’hui, c’est un alcoolique de 67 ans, qui n’est plus que l’ombre de lui-même, n’attendant plus qu’une chose, la mort. Donc, quel que soit le choix que vous ferez, essayez de ne pas arriver à 60 ans comme une épave, comme un déchet que personne ne veut fréquenter, qui est tout seul, il vaut mieux se mentir un peu à soi même et rester encore vivant, plutôt que d’être un mort-vivant dont personne ne veut plus. 23
L’Europe vu par un Européen
Né en 1974 au Luxembourg
de parents cap-verdiens je me suis toujours senti plus luxembourgeois que cap-verdien. Non pas parce que j’étais raciste depuis ma naissance, mais simplement parce que je n’ai connu mon pays d’origine qu’en 2013. En grandissant, j’ai pu voyager et je me suis rendu compte que nous, les Luxembourgeois, avions de la chance d’apprendre plusieurs langues, mais que cette chance était un problème aussi, car la plupart des gens ne savent pas en quelle langue parler avec une personne étrangère. Et attention... quand je dis personne étrangère, je ne parle pas d’un étranger venu d’un autre pays et dont on voit qu’il vient d’un autre pays... genre un hindou se baladant dans la rue du Luxembourg. Je parle d’une personne qu’on ne connaît pas. Nous sommes tellement gentils que quand une personne nous parle en français, nous répondons en français. Quand une personne nous parle en allemand, nous répondons en allemand. Essayez de faire cela dans un autre pays ? On vous parlera toujours dans la langue locale. Plus européen que cela n’est presque pas possible !
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De plus en plus, je me rends compte que quand je me présente dans un magasin ou dans un lieu public et que la personne devant moi est luxembourgeois(e), on me parle dans une langue que je suis susceptible de parler. Ça peut être en français, en portugais, mais aussi en anglais. C’est ça l’Europe ! L’Europe c’est voir plus loin que son pays ! OK diront les uns, mais les autres diront : qu’en est-il de notre identité ? Si nous nous faisons trop européens, plus personne ne parlera notre langue et nous serons un pays international. Tous les autres pays restent bloqués avec leurs langues quand une personne étrangère arrive. Sauf nous. Est-ce normal ? C’est fou comme on peut vite basculer d’idée quand on parle d’Europe. L’Europe est censée nous unifier et pourtant chaque pays veut garder toute sa souveraineté et donc décider pour lui tout seul ce qui est le mieux pour lui. Je me sens européen et pourtant j’aimerais qu’on me parle en luxembourgeois quand je me présente quelque part dans mon pays, car nous sommes au Luxembourg, non ? Comment penser Europe quand l’instinct de l’être humain est de survivre et d’abord de penser à soi ? Et pourquoi je m’amuse à écrire en français alors que le luxembourgeois aurait suffi largement ?
Carlos Neves 25
Interview pour le Mag´de l´Unité 26
Frank Buhler, qui êtes-vous ?
Un citoyen qui depuis son plus jeune âge est profondément intéressé par la politique, et qui, peut-être par hasard, a déclenché le mouvement des gilets jaunes en faisant une vidéo sur ma page politique Facebook le 23 octobre dernier. Mon métier de communauty manager et ma connaissance extrêmement poussée du fonctionnement de Facebook y a sans doute aidé... D’ailleurs, c’est mon métier, je suis communauty manager. J’aide des entreprises, des organisations, des candidats, à se faire connaître grâce à ce réseau social. Le terme de citoyen aujourd’hui est souvent utilisé pour légitimer la bonne foi de la personne qui s’en revendique, devenant presque une figure virginale. Avoir un engagement militant apparaît même comme suspect. Faites-vous une différence entre le citoyen et le militant ? Être un militant aujourd’hui priverait donc de la qualité de citoyen, qu’en pensez-vous ? Bien au contraire. La plus haute forme de la citoyenneté c’est le militantisme, parce que c’est l’engagement dans la vie de la cité au service d’idées et au service du bien-être commun. La question européenne divise les Français et la classe politique. Pour vous, l’Europe fait foi ou froid ? Comme le disait le Général de Gaulle, l’Europe va de l’Atlantique à L’Oural. Une Europe sans la Russie et qui ne respecte pas la souveraineté des nations devient un « machin » pour citer une nouvelle fois le général de Gaulle. Je suis pour une refondation de la coopération européenne de façon totalement différente de ce qui a été fait par la volonté de Valérie Giscard d’Estaing et de François Mitterrand.
À l’occasion des dernières élections au parlement européen, de nombreux partis politiques ont mis en avant l’argument suivant lequel la construction européenne a permis d’instaurer la paix. Comment percevez-vous cet argument ? C’est totalement faux. C’est l’arme atomique détenue par la France et par l’Angleterre ainsi que le parapluie atomique américain qui couvre le reste de l’Europe, qui ont permis, de justesse, la fin des guerres sur notre continent. D’ailleurs est-ce que les guerres sont vraiment finies ? Dans combien de pays sont actuellement engagés les soldats de l’armée française ? La France est en guerre de façon quasi permanente depuis au moins deux décennies, est-ce que personne ne s’en aperçoit ?
Dans une vidéo récente, vous dénoncez la
validation de la 34e liste aux élections européennes, entre inégalité et légalité, pensez-vous que le droit a été bafoué ? Bien entendu ! Le principe d’équité et d’égalité entre les candidats a été violé. Une liste a été validée six jours après la clôture du dépôt des listes. Et elle a été validée sur une « consulta- tion » du Conseil d’État. Le Conseil d’État n’a pas à rendre ou à donner d’avis au gouvernement qui est son justiciable. Le Conseil d’État est un tribunal qui juge les actions du gouvernement français, ou il rend une décision dans le cadre d’une procédure ou il doit se taire. Le simple fait d’évoquer un avis du Conseil d’État est une violation du droit et de la Cons- titution. C’est d’ailleurs au Conseil constitutionnel de juger désormais de la validité de cette élection.
Frank Buhler 27
Sébastien Laye 28
Qui êtes-vous Sébastien Laye ? Avant tout, un citoyen inquiet de la perte du Bien commun en France ; et ce sentiment d’indignation n’est jamais décorrélé du parcours personnel. À cet égard, je suis un entrepreneur dans le domaine de l’immobilier et de l’énergie. Après une enfance dans les milieux populaires marseillais, j’ai eu l’opportunité de partir vivre plus de dix ans aux États-Unis. Aujourd’hui, quand je participe à la vie publique, à travers le monde associatif ou intellectuel, je ne peux que constater la volonté des uns et des autres de cliver, ostraciser, différentier, là où mon parcours m’a au contraire incité à toujours rassembler ce qui était épars, à faire le liant justement entre toutes les France… En janvier dans un article paru dans le Figaro vous parlez de populisme à propos des rassemblements de gilets jaunes. L’individu comme entité, s'il se détache par la colère, se retrouve ainsi congloméré dans un « grand tout » réducteur, pensez-vous qu’une analyse globale peut suffire à comprendre des problématiques individuelles ? Au-delà des disparités entre gilets jaunes, il y a une axiomatique commune au mouvement et partagée par toutes les insurrections populaires des dernières années. Le populisme est un terme positif pour moi, car j’en utilise la définition qu’en propose le philosophe Vincent Coussedière : le populisme, c’est la situation à l’instant « T », dans laquelle se trouve les masses populaires de considérer qu’elles ne sont plus représentées par les élites de la démocratie représentative. C’est le moment charnière où elles se réveillent et exigent un peu plus de démocratie directe et participative pour compenser la trahison des élites politiques. À cela s’ajoute la fin justement de l’ère de l’individualisation à outrance et le retour d’un sens de la fraternité : la fraternité des ronds-points est bien le cœur nucléaire du mouvement…
Interview pour le Mag´de l´Unité
Vous êtes un économiste, vous avez fait HEC et Science Po vous avez travaillé aux États-Unis, vous appartenez à cette nouvelle vague de spécialistes, pensez-vous que l'action de l’actuel président de la République peut durablement desservir l’engagement politique de ceux de votre génération ?
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Non, il la dessert en exposant la victoire triomphale et cynique de la technocratie sur la représentativité qui prenait en compte les masses populaires. Je ne pense pas que l’on puisse durablement gouverner un pays en n’intégrant pas les classes moyennes et populaires. Et en disant cela j’ai parfaitement conscience de m’opposer à la majorité de ma classe sociale en France, mais je crois que l’extranéité de ma carrière (une bonne partie à l’étranger ; des racines modestes) m’a protégé des excès autoritaires actuels de cette nouvelle vague ; qui joue sciemment contre le peuple.
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Vous êtes chercheur associé à l’institut Thomas More, quelle est son action au niveau européen ? Le think tank a été créé il y a plus de dix ans par des hommes d’affaires et des intellectuels belges et français, il a des locaux à Bruxelles et Paris ; il est pleinement européen, mais sa vision de l’Europe est plus celle de Schuman que celle de Monnet. Nous célébrons les coopérations entre pays européens, la civilisation européenne, tout en étant de plus en plus dépités par la technocratisation et l’autoritarisme des instances bruxelloises. Notre vision est clairement confédérale et non fédérale. Pour qui les prochaines élections au parlement européen sont-elles importantes ? D’abord pour les nouveaux partis dits populistes : leur ascension a été confirmée mais, on ne peut pas parler de raz de marée, il s’agit d’une troisième force pivot avec les conservateurs et les progressistes. Au mois de février, vous écriviez que l'Europe pourrait bien être le catalyseur d une nouvelle crise économique mondiale. Pensez-vous que l’élection européenne et la montée du populisme pourraient placer la politique au-delà de son champ d'application et induire l’éclatement des bulles spéculatives qui jalonnent l axe Bruxelles — Luxembourg-Strasbourg ? Non, la politique ne dicte pas l’ordonnancement du cycle économique ; certes, une attitude brutale de Salvini par exemple sera peu propice à la croissance mais, les fondamentaux économiques ne dépendent pas des décisions à court terme des politiciens : la vérité est que l’expansion mondiale est désormais très ancienne, elle s’essouffle naturellement, et que les entreprises européennes loin de se restructurer lors de la dernière crise ont continué à accumuler un inquiétant stock de dettes…. Croyez-vous que l'Allemagne aurait tout intérêt à tirer son épingle du jeu en offrant une Europe du Nord, débarrassée des PIIGS, un euro fort, laissant à la France la charge de diriger une Europe du Sud, populiste et jouant en catégorie B, centrée vers un pacte méditerranéen ? L’Allemagne est objectivement le principal bénéficiaire de la construction européenne actuelle : je ne la vois pas quitter ipso facto la première la zone euro ; si changement tectonique il y a, cela ne peut pas passer que par la remise en cause par la France du cadre maastrichtien et une flexibilisation de l’euro comme je l’ai récemment proposé dans un travail pour Thomas More.
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Guillaume Chatelain
Présente
serpicoapp.com
Start Up Pourquoi avoir choisi le Luxembourg pour créer votre startup ? Alors que tout semblait sourire pour moi en début de carrière, rapidement et avec opportunisme nommé chargé des ventes européennes d’une jeune entreprise à Paris, j’ai été fauché en plein vol par une fin de contrat douloureuse, victime d’un licenciement pour une faute grave imaginaire que j’ai combattu aux prud’hommes.
La suite a été émaillée de postes en tout genre, avec des responsabilités et des contacts clients plus jamais retrouvés par la suite. Le Luxembourg a été un moyen de rebondir puisque j’y avais fait une affaire, et c’est en recontactant un ancien client que j’ai y trouver un CDD. Et je me suis accroché ensuite pour y rester, malgré de nouveaux soubresauts.
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Est-ce facile pour un Français de viser le marché luxembourgeois ? Dans la mesure où le français est une langue officielle du pays, cela facilite grandement les échanges. Le seul hic pourrait venir de natifs du pays peu ouverts d’esprit sur les étrangers, mais cela n’est pas vraiment un problème. Enfin, je vous dis ça, mais je pense que ça pourrait le devenir à terme, les Français étant de plus en plus présents dans les métiers du secteur privé au Grand-Duché. Le Luxembourg tend pour l’instant à échouer à faire que ses natifs recherchent le confort du secteur public, et cette frustration commence à se faire ressentir (cf. l’édiction de règles interdisant le français dans la communication des partis politiques pour les élections européennes, malgré son caractère officiel).
Je mettrai aussi un grand bémol au Luxembourg, c’est sa vision à courte vue sur la finance. Pesant beaucoup trop en pourcentage dans son économie, je pense que le pays fait une fuite en avant en cherchant par tous les moyens de promouvoir l’innovation de sa « Place » (financière), au lieu de regarder ce qu’il se fait un peu partout. De manière générale — et je ne pense pas que cela soit propre qu’au pays — les acteurs financiers manquent énormément de curiosité, et recherchent trop le rendement plutôt que d’encourager ceux qui, par leur volonté, s’affranchissent tout en se marginalisant, de leur vie de salarié pour tenter de créer un bébé. Que pouvez-vous dire à propos de l’innovation que vous proposez au service des ressources humaines ? À vrai dire, ma solution va plus loin que le service des ressources humaines. Elle permet à chaque entreprise de pouvoir suivre l’ensemble des activités qu’elle mène, tout en permettant à chaque salarié de s’évaluer dans ce domaine et d’identifier ses forces et faiblesses. Vous est-il déjà arrivé personnellement d’évaluer votre performance en plus de votre manager, et que votre note soit vraiment comptée dans le résultat final ? C’est ce que notre solution permet. Toutefois, il ne s’agit pas de totalement renverser la table — tout simplement parce que nous ne trouverions pas d’acheteurs ! Notre solution B2B doit permettre aux décideurs de simplifier le processus de suivi des collaborateurs, et c’est ce qui importe en premier.
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Guillaume Chatelain
Présente
Si vous aviez un conseil à donner à un jeune qui voudrait comme vous créer une startup, quel serait-il ? Attachez votre ceinture, et soyez convaincus de la pertinence de votre produit — il est essentiel de faire une validation préalable de l’idée en rencontrant des acheteurs potentiels avant de vous lancer. Et une fois dans le grand bain, écoutez les conseils des autres, n’hésitez pas à modifier à la marge votre idée avec vos premiers « prospects » ou clients, mais gardez la tête froide et soyez prêt à faire une course de fond. De plus, un bon ami à moi m’a récemment partagé un article que je trouve très juste concernant les priorités à nous startupers. Nous devons nous concentrer sur notre produit et nos clients, le reste est accessoire. J’aimerais aussi faire passer le message aux ingénieurs, et plus généralement aux personnes avec un bagage technique qui seraient amenées à sauter le pas. Très souvent, on dépeint ces entrepreneurs comme n’arrivant pas à lever beaucoup d’argent et arrivant vite à la faillite, trop concentré sur l’amélioration de leur produit plutôt que leur marché. Si vous n’arrivez pas à vendre un produit pas vraiment abouti, plus par acquit de conscience que par méconnaissance, ne soyez pas abattus du fait que personne ne cherche à vous acheter le produit malgré tout. Vérifiez juste que vous avez les fonds pour tenir 6 mois ou 1 an de plus que les entrepreneurs « commerciaux », et soyez frugaux. Vous n’aurez plus qu’à avoir une stratégie efficace de vente, et vous devriez réussir à percer. 34
On ne parle pas des problèmes de ceux qui vendent tôt, car le risque d’obtenir des clients mécontents par manque d’aboutissement de leur produit. Que pensez-vous des élections Européene ? L’Europe est à l’opposé d’une startup à la Jobs et Wozniack : on doit rechercher des consensus, la structure européenne fait mal à la tête, avec un Conseil européen — une sorte de holding dont les administrateurs sont les ministres de chaque pays — qui donne ses orientations au Parlement, qui lui ensuite vote. Cela ferait longtemps que j’aurai quitté le navire si une telle chose devait se produire dans ma startup. Mais pour revenir sur votre question, je suis curieux de voir ce qu’il va advenir sur la question des pays qui pratiquent l’optimisation fiscale comme arme d’attraction ; j’espère que l’Europe cherchera à converger dans ce domaine, ce qui par ricochet paupériserait temporairement le Grand-Duché et créerait en son sein plus d’esprits brillants et entreprenants pour se différencier d’une autre manière.
Merci
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D ´Allemagne
Inge Möhn-Philipp Bonjour Inge, tu es Allemande, avocate et tu fais partie d´une classe sociale dont on parle peu en France. Souvent on voit l´Allemagne comme le moteur de l´Europe, comment vois-tu les choses ? Oui, au début en 2002, je voyais l’Allemagne comme un moteur pour l’Europe. Notre bureau de Bruxelles avait initialement de bonnes idées et une bonne approche. L’Allemagne n’a pas seulement apporté une grande contribution financière. Mais ensuite, j’ai eu des doutes sur le « projet » européen : Lors de l’introduction de l’union monétaire « EURO », la simplification des voyages en Europe était d’abord positive. Puis, nous avons douté lorsque l’euro s’est avérait une monnaie faible alors que le « DM » [i] était une monnaie forte. Je ne veux pas parler du taux d’inflation... En outre, le temps a montré que pour les pays méditerranéens (Italie, Espagne et surtout la Grèce) la situation s’empirait à cause de l’Europe. Par ailleurs, la normalisation trop importante imposée par Bruxelles n’a pas toujours été un avantage pour l’économie ou le développement dans son ensemble, mais plutôt un frein. Enfin, je critique l’unilatéralisme de notre chancelière, Madame Merkel, et de son gouvernement concernant la dette de la Grèce et la politique migratoire de 2015. Elle a non seulement ignoré le peuple allemand, mais également tous les autres États membres de l’UE. Les motifs de cette politique n’étaient pas l’aide humanitaire, mais la préservation du pouvoir, l’affaiblissement de la classe moyenne et la « construction de monuments » égoïste à sa gloire. 36
Juriste
Simplement pour clarifier les choses et comme de très nombreux Allemands au demeurant je ne suis pas un nazi. Je suis pour l’Aide aux réfugiés et la lutte contre les causes de leur fuite. Mais, je suis contre l’immigration à travers l’Europe et la fraude de notre système social. Et, s’il vous plaît, ne soyez pas en colère, mais la lutte entre l’Allemagne et la France pour la suprématie en Europe au lieu de résoudre les problèmes de tous les pays (chômage, dette, changement climatique, migration/immigration clandestine) ne sert personne. Je comprends les pays européens dont le gouvernement veut préserver les caractéristiques nationales et qui, contrairement à Madame Merkel et à Monsieur Macron, ont à l’esprit le bien de leur peuple. Le projet européen ce ne peut pas être la dictature de deux États. Ce moteur a fonctionné trop à chaud et a dépassé ses limites. Je trouve cela injuste envers les autres États membres de l’UE et ce n’est certainement pas la volonté du peuple allemand. Je suis loin d’être la seule à avoir cette opinion. Dans le cadre de mon travail, je traite avec toutes les couches de la société et voyage également à l’étranger où je consulte les médias. Par conséquent, je sais que beaucoup partagent ce point de vue, quels que soient leurs revenus, leur éducation et leur classe sociale. Penses-tu que c´est plus simple d´être Allemande en Europe ? Oui, c’est beau en Allemagne et nous avions un système social relativement bien pensé. Oui, nous sommes un membre important en Europe. Mais en tant qu’État membre européen, le peuple allemand (pas le gouvernement !) a payé beaucoup et a beaucoup souffert. Les difficultés que rencontrent l´Allemagne et les sacrifices demandés à sa population, peux-tu nous en parler ? Nous payons (presque) les taxes les plus élevées, ainsi que des cotisations sociales élevées à l’assurance maladie (et obtenons peu d’avantages de cette dernière). Nous avons le plus petit nombre de propriétaires en Europe. De plus, nous manquons de logements, nous avons de la pauvreté chez les personnes âgées et de la pauvreté chez les jeunes, trop peu d’enseignants et de trop peu d’écoles maternelles. L’état de la numérisation est honteux. 37
D ´Allemagne Inge Möhn-Philipp
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Juriste
Nos politiciens méprisent ouvertement leur propre peuple. Nous avons beaucoup de problèmes avec le nombre élevé de terroristes, des criminels et de violeurs parmi les « immigrants », mais nous ne pouvons pas le dire, car nous serions à nouveau traités de « nazis ». Nous avons aboli les centrales nucléaires et les prix de l’électricité sont si élevés qu’un citoyen ordinaire ne peut plus se la payer. Dans le même temps, nous ne pouvons pas obtenir d’énergie nucléaire bon marché de nos voisins français. Est-ce cela l’Europe, n’est-ce pas ? L’énergie nucléaire ne serait un problème environnemental qu'en Allemagne et pas dans le reste de l’Europe ? L’immigration de masse, sans aucune réflexion ni aucun plan d’intégration, est un gros problème et je pense qu’en France ce n’est pas bien différent. Le mouvement des « gilets jaunes » nous le montre. La réponse est donc c’était agréable de vivre en Allemagne. Mais, ce n’est pas plus facile ni plus difficile pour le peuple allemand que dans d’autres pays d’Europe. Nous avons plus de problèmes que jamais et l’Europe n’aide pas, mais réglemente « le calibre de la banane » et lorsque nous ne payons pas pour tout le reste, ils nous appellent « nazis ». Aujourd’hui, nos politiciens n’essayent plus de résoudre les problèmes, mais perdent du temps à se quereller mutuellement. La solution pourrait être si simple : comme tout le monde est ou sera affecté par les problèmes mentionnés ci-dessus, j’aimerais voir émerger une pensée multipartite et multipolitique dans laquelle chacun, quelle que soit son affiliation politique, qui s’attaque aux problèmes, et tous motivés par le même moteur commun du besoin de sauvetage du climat, de gestion des migrations et de réduction de la pauvreté, sans appropriations nationales. Oui, l’Europe peut fonctionner malgré tous les problèmes. Grâce à un effort commun sans étiquette politique, par amour pour les peuples et ce beau continent, afin de préserver l’équilibre des puissances mondiales. Le résultat des élections a apporté plus de diversité politique. Mais maintenant, cela doit se concrétiser par une volonté de résoudre les problèmes dans une forme d´Unité, sans excès partisan ou d'inflation législative, tout en laissant aux États membres leur individualité et sécurisant efficacement les frontières. Je souhaiterais cela. Photo : Seebrücke á sellin en Allemagne
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Carole Vilbois
L ´âme de Fugger...
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...Le cœur des guerrières vikings, l’amour et l’amitié entre les hommes de la Renaissance, le pouvoir des femmes, au purgatoire d’une Europe sans éducation. 41
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Vers 1490 — Homme de Vitruve Célèbre représentation des proportions idéales du corps humain parfaitement inscrit dans un cercle et un carré (symbolique du cercle et du carré), l’Homme de Vitruve est un symbole allégorique emblématique de l’Humanisme, de la Renaissance, du rationalisme, de « L’Homme au centre de tout/Homme au centre de l’Univers », de la mesure et de la représentation du monde. Dessin et annotation de Léonard de Vinci.
Henri Laborit a écrit dans « Éloge de la fuite » à propos de la politique : « La politique devrait être la forme la plus élaborée des activités humaines. Seule espèce à se concevoir en tant qu’espèce, l’espèce humaine cherche encore son mode d’organisation planétaire. » Nous sommes la résultante des actions passées, et nous avions bien du mal à trouver l’Europe enthousiasmante. Il faut dire qu’à regarder nos livres d’histoires poussiéreux à l’aube des tablettes du prêt-à-penser, le libre arbitre ranger derrière nos analyses ADN, tels des pantins d’un destin tracé, le jeu ne valait pas la chandelle, et nous l’avions brûlé par les deux bouts. En 1964, Noam Chomsky qui s’engage publiquement en politique et se positionnera comme anarchiste parlera à propos de la guerre du Viêt Nam de « The Responsibility of intellectuals » : la responsabilité des intellectuels Partant du principe que ses derniers ont plus facilement accès à la vérité, ils ont d’autant plus de responsabilités envers elle. Il dit également que « La véritable éducation consiste à pousser les gens à penser par eux-mêmes ». Retournons donc sur des siècles, de pensées induites par une éducation, dont les Druides adeptes de la transmission verbale se méfiaient déjà, celle de l’écriture et des livres. Ainsi, la propagande chrétienne avait fait des Vikings des barbares, induisant des générations de penseurs dans l’erreur, celui qui maîtrisait l’écrit maîtrisait l’histoire. Odin le Dieu mythologique nordique était féru de savoir, il sacrifia d’ailleurs un œil au nom de la sagesse et de l’intelligence.
Charlemagne qui refusait lui de commercer avec des non-chrétiens et qui fut à l’origine du massacre en 782 de 4500 Saxons à Verden, est semble-t-il à l’origine de l’idée que les Vikings pouvaient alors se faire des chrétiens. Bien entendu, les historiens blanchiront Charlemagne et nos bons prêtres eux, se chargeront de l’âme des Vikings et de leurs Walhalla. Comme les Vikings avaient besoin de commercer, alors que le Roi le leur refusait, les invasions commencèrent. Or, les Vikings par choix politique s’assimilent aux territoires qu’ils colonisent, comme nous le démontrent les plus récentes études sur ce peuple injustement qualifié de barbare sanguinaire adepte de navigation et de bateaux à faible tirant d’eau. Leur acculturation en quelques décennies leur permet de fonder des états nouveaux en Normandie, mais aussi en Russie à Novgorod. S’il est impossible de parler d’Europe, d’enthousiasme et de pouvoir, sans parler des Vikings et de leur descendance, alors que nous avons parlé de vérité et d’enseignement, voici une vérité que même les protagonistes ne détiennent. Les monarchies modernes ont Barbe de Cilley comme aïeule, et il est facile de vérifier qu’elle a pour haplogroup ADN mitochondrial le groupe T2, en suivant le lignage du dernier Tsar de Russie Nicolas II, celui-ci fut également retrouvé chez les Vikings. Voilà sans doute 10 000 ans, une ancêtre commune à ces rois et à cette guerrière marchait dans la neige, sans savoir que demain les siens gouverneraient l’Europe, dans des palais aux arrangeantes dorures.
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L'esclave mourant est une des deux statues inialement prévue pour le tombeau du Pape Jules II. L´esclave se laisse porter par son destin. En réalité il ne meurt pas mais est absorbé par un songe qui le laisse dans un état d'asservissement. Avec une musculature qui reste timide , une tête penchée et des yeux clos, symboles d'un abandon, il est nu. Cette statue est visible au musée du Louvre. Son message reste trés politique car la question de la domination du peuple reste constante. La fragilité du citoyen face au législateur une impudique réalité.
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Les vikings n’ont pas disparu ils sont justes parmi nous, voilà ce qu’engendre une politique ouverte dans un monde en décrépitude qui pensa un temps, celui des colonies, qu’imposer et s’imposer peut conduire à la réussite économique des plus forts. Ainsi l’amour, les mariages et les alliances ont eu raison des guerres, du sang, et l’esprit de conquête, plus assurément dans les lits aux draps froissés et dans un silence qui se veut devenir loi, qu’autour de l’histoire trop souvent écrite par des usurpateurs. Mais en 2019, nous avions bien du mal à trouver l’Europe enthousiasmante et l’enfant de la libre circulation que j’étais devenue en l’an deux mille dix-neuf heurtait sans cesse son approche libertaire et souple à celle rigide d’une Europe déshumanisée. Marchés humains des hommes devenus des marchandises, corvéables et interchangeables, au cœur d’une Europe sociale qui n’avait jamais vu le jour ailleurs que dans les projections budgétaires du libéralisme. L’esclavage sans solde avait été judicieusement remplacé par le salaire, lui-même reversé, pour vivre dans son intégralité, à des créanciers capables de transformer l’homme dit moderne en entité productrice : « équipée ». Équipé d’une voiture pour se rendre au travail, d’un téléphone pour être joint à toute heure et de la panoplie du parfait consommateur, connecté à des applications où la publicité vient rappeler sans cesse le but ultime de la vie : La circulation de la monnaie ou la capitalisation pour les plus chanceux. Propriétaire de crédit jusqu’à ce que liquéfaction s’en suive.
De nos numéros de sécurité sociale donnée dès la naissance, et assurant la traçabilité du produit humain, au produit intérieur brut, en passant par l’évaluation scolaire qui, elle, laisse place à l’évaluation professionnelle qui elle-même en cas de dérive devient : évaluation psychologique, avant les dernières évaluations médicales, qui laisseront comme il se doit place a l’évaluation de notre bien immobilier sur la table du notaire chargé de notre succession. La fin semble justifier que le système européen se donne les moyens. Cette l’Europe nous la conjuguions au présent et au futur, et si au fond notre erreur avait été de ne pas la conjuguer au passé ? Aujourd’hui, les citoyens européens utilisateurs restent des citoyens de 3e zone, et en Allemagne pour peu que l’on travaille à Luxembourg, on peut voir l’assurance chômage ne restituer par les jeux des administrations que 40 % d’un salaire net, là où un citoyen allemand perçoit 60 % et où un citoyen luxembourgeois lui touche 80 % d’indemnités. Bien entendu comme seules les personnes concernées accèdent à ses informations, l’Europe reste pour beaucoup un illusoire eldorado qui se targue de la paix, une sorte de Nouveau Monde, le Far West en moins. Les vieux réactionnaires ne peuvent pas s’écrier « C’était mieux avant », car l’Europe semble être née de l’espace Schengen comme le Big-Bang, par un hasardeux concours de circonstances. Alors que 34 listes ont été présentées aux Français lors de la dernière élection européenne de 2019, l’une d’elles portait le nom de « Renaissance [i] ».
Il faut évaluer la situation avec pragmatisme, entre implicite et explicite.
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Personne ne semblait trouver à redire, alors que l’Unité Nationale posait les fondements de sa propre philosophie politique, la division était de mise, jamais notre nation n’avait connu un tel déferlement d’opinions diverses déclarées. Le président des Français avait lui-même tenté de faire l’Unité Nationale, place de la République où nous avons notre siège autour de l’affaire de l’agression d’Alain Finkielkraut, un philosophe dont les parents sont des réfugiés juifs polonais, puis autour de l’incendie de Notre Dame de Paris, cathédrale dédiée à la Vierge Marie. Notre République laïque et démocratique peinait à trouver ses marques au cœur de l’Europe que tout le monde semblait vouloir sauver, hormis ceux nombreux occupés à faire des urnes un déversoir pour leur légitime colère nationale. Et si nous avion rater quelque chose, 5 siècles tout au plus, et si nous n’avions rien appris de nos aïeux . Si l’orgueil avait fait de nous des lâches capables de vivre en paix, mais incapables de retenir des leçons de notre histoire ? Si ce parti qui avait choisi le mot « Renaissance », se croyant capable de renaître de ses cendres, piétinait de ses pas lourds, l’essence même des premiers enfants de la libre circulation ? « La République des Lettres désigne depuis la Renaissance un espace virtuel qui transcende les entités territoriales et réunit les lettrés européens à travers des traces écrites et des rencontres autour de valeurs partagées, rendues possibles grâce à une langue européenne commune, le latin. Les humanistes sont ainsi en contact constant par le biais des lettres et des voyages. » Source Wikipédia
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Au nom de cette république des lettres, nous qui avons perdu notre latin, retraçons le fil qui relie quelques hommes et femmes du 16e siècle au premier des corrupteurs, à celui qui savait bien qu’il faudrait que l’on prie pour son âme et celle de sa famille longtemps encore après sa mort et cela trois fois par jour.
Cet homme était plus puissant que les rois et que l’homme le plus implorant du monde en ce temps-là, il était le premier des lobbyistes. Réalité ou Utopie? C’est aussi en ce temps-là que naît le mot Utopie… L’Utopia [ii] que Thomas More [iii] décrit et qui nous dresse un monde qui fonctionne sans propriété privée, et qui se refuse d’user les hommes dans les travaux pénibles au-delà d’un temps imparti, deux années tout au plus à consacrer à l’agriculture… Utopia qui encadre les voyages et la liberté. Elle doit lui paraître bien fade notre Europe du libéralisme. Il est vrai que son monde était un monde où la liberté individuelle n’existait pas, et où tous les repas étaient pris en commun… peut-être trop paternaliste, peut-être trop patriarcal. Séparés de 5 siècles nos rêves communs parlent d’un monde fait pour des hommes libres de circuler, accueillis partout… L’amitié de Thomas dans sa 38e année en 1516 avec Érasme [iv] ayant lui déjà franchi la cinquantaine est décrite comme enthousiasme, espérance, et aspiration, est-elle inspirante ? Leurs dures critiques de tout ce qui existe au profit de leurs optimistes qui convergent c’était ce qu’ils pouvaient apporter de mieux aux générations futures, tout comme la confiance qu’ils avaient dans le triomphe de la raison. La sagesse et la vérité qu’ils vous voulaient nous voir atteindre,leurs raisons de vivre. Regardons-nous ? Je prends pour témoin de ce monde qui dérive dans les plus sombres individualismes, où le profit immédiat ne laisse de place qu’au profit personnel, ceux qui avant nous travaillaient pour nous, comme nous travaillons pour d’autres aujourd’hui.
Vous saviez qu’il fallait alors mettre fin à la guerre de France, l’Europe c’est là que nous aurions pu la construire et nous aurions eu d’elle 500 ans d’histoire. Érasme, son sérieux, sa morale, son humanisme, mis au service de Charles Quint [v] pensait-il un jour que nous puissions être dépourvus de tout scrupule ? Dirait-il comme Aragon [vi] à l’aube de sa vie : « Nous ne vous aurons à rien servis ? ». Il faut dire que François 1er [vii] voulut redorer son blason avec les arts et l’Unité de la Chrétienté, mais il traîne sa défaite, et le massacre des Vaudois [viii], malgré les efforts des historiens qui ont tenté de laver le sang de cette histoire, pour le prestige de la France. Prisonnier de Charles Quint, il livra ses propres fils en otages contre sa libération, rompis le traité qui aurait coûté la vie de sa descendance, pour sauver son duché de Bourgogne. Il fallut que le plus modeste des rois, et le plus grand en son temps, Charles Quint, eu la pudeur de se retirer et de laisser le pouvoir pour vivre modestement à la fin de sa vie, ouvrant la brèche dans laquelle François 1er se glissa pour ordonner le massacre de Mérindol [ix]. Le roi de France tenta de lui en mettre plein la vue, en 1539 au Château de Fontainebleau… pauvre Charles, lui qui n’attendait qu’une chose que tout ceci se termine. Un siècle avant, en 1429, une femme, Jeanne d’Arc [x], dirigeait pourtant une armée au royaume de France, cette Europe fut moralement plus évoluée que la nôtre, si vous n’eussiez fait guerre sur guerre vous eûtes pu nous donner bien des leçons. En marchant voilà quelques années dans les rues ensoleillées de la Fuggerei [xi] à Augsbourg en Allemagne, j’étais loin de me douter que l’homme qui avait inauguré les premiers logements sociaux du monde et qui fut en son temps le plus riche d’Europe avait croisé leurs destins.
Jacob Fugger [xii] dans cette Europe de la renaissance a en fin de vie des considérations morales qui le poussent à offrir des logements à qui prierait chaque jour, trois fois, pour le salut de son âme. Fugger finance la guerre et même son propre service de renseignement et fait acheminer par ses soins les courriers les plus sensibles. Il fournit également à Charles Quint les sommes nécessaires à l’achat des votes des sept électeurs qui l’élisent alors empereur du Saint-Empire romain germanique en 1519. Rien n’a vraiment changé depuis Fugger, les grands argentiers financent la politique, on regrettera qu’il ne se soucie plus du salut de leurs âmes, et que les logements sociaux n’aient pas inspiré chemin faisant à d’autres l’envie de suivre l’exemple de Fugger. Si ce qui se passe aujourd’hui à Bruxelles trouve un sens, si la gouvernance est poreuse au monde de la finance et si un homme en fut le précurseur, alors nul ne peut dire qu’il ignorait lui-même son implication dans l’histoire, la colère de Dieu. Si l’enfer existe, Fugger doit y être pour avoir osé calculer que la prière des pauvres logée dans la Fuggerei lui permettrait un jour de regagner le royaume de Dieu, sinon à quoi bon faire prier pour le salut de son âme aussi activement ? Calcul et corruption lorsque tu nous tiens, Fugger est assurément l’homme qui tenta de s’acheter Dieu à grand coup de « Notre père » pensant que la monnaie de Dieu est la prière, et qu’il était possible de spéculer. Charles est le monarque le plus puissant de son temps, il tente également de faire l’Unité autour de la Chrétienté pour réaliser ce vieux rêve carolingien. De culture franco-bourguignonne, ses incessants voyages font de lui un personnage européen par-delà les appartenances nationales. 47
Charles Quint
Francois 1er
Par Bernard van Orley
Par Jean Clouet
Jocob Fugger Par Albrecht Dürer
Louise de Savoie
Marguerite d´Autriche
Par Jean Clouet
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Jeanne d´Arc
Par Bernard van Orley
Erasme
Par Quentin Metsys
Leonard de Vinci Par Francesco Melzi
Sa devise parle pour lui : « Encore plus loin », elle devient sous sa forme latine la devise nationale de l’Espagne. Dès le plus jeune âge, il s’exprime en français, plus tard il maîtrisera également l’allemand, l’anglais, le néerlandais, l’espagnol et plus modestement l’italien. Charles est le premier des enfants de la libre circulation, et en 1534, on le désigne comme suit : « Charles par la divine clémence Empereur des Romains, toujours augustes, roi de Germanie, de Castille, de León, de Grenade, d’Aragon, de Navarre, de Naples, de Sicile, de Majorque, de Sardaigne, des îles Indes et terres fermes de la mer Océane, archiduc d’Autriche, duc de Bourgogne, de Brabant, de Limbourg, de Luxembourg et de Gueldre, comte de Flandres, d’Artois, de Bourgogne palatin, de Hainaut, de Hollande, de Zélande, de Ferrette, de Haguenau, de Namur et de Zutphen, prince de Souabe, marquis de Saint-Empire, seigneur de Frise, de Salins, de Malines, le dominateur en Asie et en Afrique, roi de la Nouvelle-Espagne, du Pérou, de la Nouvelle-Grenade et du Río de la Plata et suzerain des vice-rois de ces mêmes pays. » Il dira : « J’ai fait de fréquents voyages ; neuf en Allemagne, Six en Espagne, Sept en Italie, dix aux Pays-Bas, quatre en France, tant en paix qu’en guerre, deux en Angleterre, deux en Afrique, en tout quarante », et également « Il faut être maître de soi pour être maître du monde ». Bien entendu des terres colonisées du Nouveau Monde il tira des profits qui lui permirent de faire la guerre, mais dans combien de fronts lointains l’Europe est-elle aujourd’hui engagée, et avons-nous vraiment renoncé à l’exploitation des richesses des terres colonisées ?
On croit avoir inventé le féminisme, mais après la 7e guerre d’Italie, François 1er laissera sa mère Louise de Savoie [xiii] et Charles Quint sa tante et marraine Marguerite d’Autriche [xiv], négocier la paix dite « Paix des Dames [xv] ». Bien sûr, c’est sans compter la rancune de François et la poursuite en 1536 de la 8e guerre d’Italie. Ainsi un siècle avant eux une femme pouvait diriger une armée, et de leurs temps des femmes pouvaient négocier des paix en lieu et place des rois, le plus puissant des banquiers se lançait dans la construction de logements sociaux, les humanistes de toute l’Europe échangeaient dans une langue commune : le latin et avec optimisme envisageaient la fin de la propriété privée. Tous se battaient pour un monde plus juste, plus beau, sans barrière de langue, on cherchait à faire l’Unité autour de la morale chrétienne, l’homme politique le plus puissant de son temps quittait de lui-même le pouvoir en assurant sa succession, préférant finir sa vie modestement dans un monastère après avoir parcouru l’Europe en long et en large. Un roi de France acceptait en la personne de Da Vinci [xvi] et bien d’autres de reconnaître la suprématie de l’art d’un autre pays, l’Italie. Que nous reste-t-il de cette Europe ? Avons-nous appris de nos aïeux ? Avons-nous appris de vous ? Du mot Renaissance lorsque nous pensons Europe, il ne reste que celui d’un parti. Nous avions bien du mal à trouver l’Europe enthousiasmante, mais l’amitié d’Érasme et de Thomas More qui perdit sa vie à tenir à ses convictions nous renvoie vers un monde oublié, celui où la morale guidait les hommes. Nous avons perdu Dieu chemin faisant, Nietzsche nous annonça : Dieu est mort et nous avons gagné la paix. Une Europe pacifiste et sans morale ? 49
Tout le monde se voile la face et l’homosexualité de Da Vinci n’est connue que par les érudits. Érasme était le fils illégitime d’un prêtre, il faut donc bien reconnaître que la morale civique n’est pas de la pudibonderie. Depuis toujours, l’homme est homme. Avons-nous raté le coche de l’Europe voilà 5 siècles à cause de la rivalité entre Charles Quint et François premier ? Le maître du jeu était pourtant Fugger puisqu’il finança l’un au détriment de l’autre. Que de temps perdu pour la place des femmes, que de temps perdu pour l’humanisme, que de temps perdu pour nos égalités, si nous avions le courage d’aller jusqu’au bout, pour dépasser Érasme et ne jamais ressentir la sensation des rêves inachevés ! Si nous avions le goût de nous prendre en main, d’avancer ensemble, de le faire au nom de ceux, qui voulaient voilà 5 siècles œuvrer pour un monde meilleur et l’homme au centre de tout, tel un phœnix, nous renaîtrions de nos cendres.
Carole Vilbois
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[i] Renaissance : est également le nom de la liste du mouvement En Marche et du Modem associés avec quelques petits mouvements afin de créer une liste française arrivée en seconde position pour les élections européennes de 2019
Thomas More
par Hans Holbein le Jeune
[ii] Utopia est un livre de Thomas More paru en 1516. Livre fondateur de la pensée utopiste, le mot utopie étant lui-même dérivé de son titre. L’ouvrage fut un succès en France au 17e siècle et au 18e siècle. La racine grecque du mot Utopia signifie «lieu qui n’est nulle part» il s’agit d’une satire de la société de son temps. Pour écrire librement l’auteur fait parler un personnage, qui raconte son voyage sur l’île, qui en devint une suite au choix des habitants qui voulurent s’isoler du continent. [iii] Thomas More est né le 7 février 1478 à Londres et décédé dans cette même ville le 6 juillet 1535 suite aux désaveux du divorce du Roi Henri VIII qu’il refuse de cautionner. Persistant dans son attitude, il est décapité comme «traître». Il fut chanoine, juriste, historien, philosophe, humaniste, théologien et homme politique. Il fut également un grand ami d’Érasme, érudit, et philanthrope, ils participèrent tous deux au renouveau de la pensée humaniste dont il est le plus illustre représentant anglais. Il fut «Ambassadeur extraordinaire», puis «Chancelier du roi», avant sa disgrâce. Le 19 mai 1935, il est béatifié et devient Saint Thomas More. [iv] Érasme est né dans la nuit du 27 au 28 octobre 1467 (ou en 1466, ou en 1469) à Rotterdam en Hollande. Il est mort le 12 juillet 1536 à Bâle en Suisse. Il est un chanoine de saint Augustin, un philosophe, un humaniste et un théologien des Pays-Bas, considéré comme l’une des figures de la culture européenne. Comme son ami Thomas More il écrivait des satires, parmi elles l’Éloge de la Folie (1511) et les Adages (1500), les Colloques (1522), son œuvre est vaste et complexe, traite d’un très grand nombre de sujets tels que l’art, l’éducation, la religion, la guerre ou la philosophie. 51
[v] Charles Quint nommé Charles de Habsbourg né le 24 février 1500 à Gand en Flandre et mort le 21 septembre 1558 au monastère de Yuste (Espagne), fils de Philippe le beau et de Jeanne la Folle. Il hérite notamment de l’Espagne et de son empire colonial, des dix-sept provinces des Pays-Bas, du royaume de Naples, des possessions des Habsbourg ; élu empereur des Romains en 1519, il est le monarque le plus puissant de la première moitié du XVIe siècle.
L ´âme de Fugger...
[vi] Aragon (Louis) est un poète, romancier et journaliste français, né le 3 octobre 1897 à Paris et mort le 24 décembre 1982 dans cette même ville. Il fut l’un des animateurs du dadaïsme parisien et du surréalisme. L’extrait cité provient «d’épilogue» : … Je vois tout ce que vous avez devant vous de malheur de sang de lassitude. Vous n’aurez rien appris de nos illusions rien de nos faux pas compris Nous ne vous aurons à rien servi vous devrez à votre tour payer le prix Je vois se plier votre épaule à votre front je vois le pli des habitudes… [vii] François Ier né sous le nom de François d’Orléans le 12 septembre 1494 à Cognac et mort le 31 mars 1547 à Rambouillet est sacré roi de France le 25 janvier 1515. Il règne jusqu’à sa mort. Il est le Fils de Charles d’Orléans et de Louise de Savoie, il appartient à la branche capétienne. Il est considéré comme le roi emblématique de la période de la Renaissance française. [viii] Les Vaudois du Luberon, qui venaient de se rallier à la religion protestante ont été massacrés à Mérindol. Le massacre de 3000 personnes en cinq jours dévasta 24 villages du Luberon, dont celui de Mérindol, au printemps 1545, tandis que 670 personnes étaient envoyées aux galères de Marseille. Il est connu dans le détail grâce à l’enquête ordonnée quelques années plus tard et publiée par le roi Henri II de France. Cet acte est précurseur à la guerre de religion qui suivra. [ix] Le massacre de Mérindol est un événement dramatique ordonné par le Parlement d’Aix contre les Vaudois du Luberon
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[x] Jeanne d’Arc, née vers 1412 à Domrémy, département des Vosges en Lorraine mortes sur le bûcher le 30 mai 1431 à Rouen, capitale du duché de Normandie alors possession du royaume d’Angleterre. Elle est une héroïne de l’histoire de France, chef de guerre et sainte de l’Église catholique, surnommée depuis le XVIe siècle «la Pucelle d’Orléans».
...Le cœur des guerrières vikings, l’amour et l’amitié entre les hommes de la Renaissance, le pouvoir des femmes, au purgatoire d’une Europe sans éducation.
[xi] La Fuggerei est le plus vieil ensemble de logements sociaux du monde existant encore. Créé à Augsbourg, par Jacob Fugger dit le Riche en 1516. La charte de fondation date de 1521. Elle continue de fonctionner pratiquement à l’identique jusqu’à nos jours. [xii] Jacob Fugger dit le Riche est né le 6 mars 1459 à Augsbourg il est mort le 30 décembre 1525 dans cette même ville. Il est un célèbre de la famille Fugger, de son vivant, il est l’homme le plus riche d’Europe. [xiii] Louise de Savoie est née le 11 septembre 1476 au château de Pont-d’Ain et morte le 22 septembre 1531 à Grez-sur-Loing. Elle est la mère de François Ier, le roi de France emblématique de la Renaissance. [xiv] Marguerite de Habsbourg est née le 10 janvier 1480 à Bruxelles et morte le 1er décembre 1530 à Malines, archiduchesse d’Autriche elle fut successivement princesse de Bourgogne, fille de France, infante d’Espagne et duchesse de Savoie. Tante de l’empereur Charles Quint, elle assura tout d’abord la régence des Pays-Bas avant son émancipation puis en reprit la gouvernance à la demande de celui-ci. Elle est aussi connue pour avoir négocié avec Louise de Savoie le traité de Cambrai dit paix des Dames. [xv] La paix des Dames, ou paix de Cambrai, en 1529, met fin à la septième guerre d’Italie entre les deux souverains François Ier et Charles Quint, François Ier n’ayant pas respecté tous les termes du traité de Madrid. Elle est négociée par Louise de Savoie et Marguerite de Habsbourg. [xvi] Da Vinci (Léonard) est né le 15 avril 1452 à Vinci et il est mort le 2 mai 1519 à Amboise. Il est un peintre italien et un homme d’esprit universel, à la fois artiste, organisateur de spectacles et de fêtes, scientifique, ingénieur, inventeur, anatomiste, peintre, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, musicien, poète, philosophe et écrivain. Il finit ses jours en France sous la protection de François Ier dans le bras duquel il va vraisemblablement mourir. Végétarien il dira : «Homme, si vous êtes vraiment, comme vous le décrivez, le roi des animaux — j’aurai dit plutôt le roi des brutes, la plus grande de toute! — pourquoi prenez-vous vos sujets et enfants pour satisfaire votre palais, pour des raisons qui vous transforment en une tombe pour tous les animaux? […] La Nature ne produit-elle peut-être pas en abondance des aliments simples? Et si vous ne pouvez pas vous contenter de tels aliments simples, pourquoi ne préparez-vous point vos repas en mélangeant entre eux ces aliments [d’origines végétales] de façon sophistiquée?» — Quaderni d’Anatomia II 14 R. Le 9 avril 1476, une lettre anonyme glissée dans la Bocca della Verita, la Bouche de la vérité, installée non loin du Palazzo Vecchio à Florence accusait le jeune Leonard de Vinci et trois autres garçons d’homosexualité. L’accusation était gravissime, car elle pouvait conduire au bûcher. Innocenté, car l’un des protagonistes faisait partie de la Maison Médicis, Léonard De Vinci, alors âgé de 24 ans, n’en fut pas moins marqué à vie, il se montra des plus discrets sur sa vie affective et sexuelle. Jamais il ne se maria et cacha ses amours homosexuelles. Comme notre article parlait de morale civique, il nous était difficile de ne pas faire remarquer que certaines libertés venaient à peine d’être acquissent, les siècles ne changent rien a l’affaire, pour beaucoup le mystère du sourire de la Joconde restera un mystère, pour d’autre le sourire complice de Salai traversera le temps, venant nous bousculer et nous décrocher un sourire, celui de l’arrogance de la jeunesse et du regard lancé à un amant qui se tenait là tout près à quelques mètres de la toile, le jour où il acheva le tableau de Saint-Jean-Baptiste. On pourrait presque les entendre rire, en réalité, en y regardant de plus près, on les entend rire.
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De la colonie à l’ultrapériphérie
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Pour certains esprits, il peut y avoir quelque chose de rassurant sur le fait de connaître sa place dans ce si bas monde.
Il y a ceux qui sont au centre de tout et il y a les autres, situés aux périphéries du rien. Autant dire que lorsque vous vivez dans une région que l’on qualifie d’ultrapériphérique, vous frôlez le néant intersidéral. L’ultrapériphérie est un de ces néologismes dont notre époque aime se gargariser à l’envie et qui permet aux technocrates en tout genre de tenter d’appréhender des réalités complexes, sans jamais les comprendre, dans ce jargon juridico-administratif post-moderne. Dans cette formidable organisation humaine et hiérarchisée du monde contemporain, conçue voilà quelques siècles déjà, chacun tient sa place, connaît son rôle et le récite. Nos contemporains s’appliquent à cela avec le plus grand des sérieux et la gravité qu’il convient à la circonstance. Ils ne se laissent aller qu’aux profits nets et clairs, aux chiffres irréfutables. Amour, amitié, désir de l’inconnu, intelligence et savoirs, tout cela est vain et ne vaut même pas un centime d’euros.
Photo@Antoine Fontaine
L’ultrapériphérie, à défaut d’avoir fait son entrée dans les illustres dictionnaires de la langue française, se définit d’abord économiquement parlant. C’est dans l’article 349 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne que l’on peut en avoir une idée plus exacte. Une région est dite ultrapériphérique (RUP), lorsque compte tenu de sa situation économique et sociale structurelle, aggravée par son éloignement, son insularité, sa faible superficie, ses relief et climat difficiles, sa dépendance économique vis-à-vis d’un petit nombre de produits, la permanence et la combinaison de ces facteurs nuisent gravement à son développement.
Antoine Fontaine
Autant dire que dans cette définition, ces territoires sont condamnés d’avance, dans une forme d’hérédité avec des propos que l’on prête à Colbert, père funeste du Code noir: « Pas un clou ne sortira des colonies ». 55
En effet, le système des îles à plantation sucrière apporte une contribution majeure à la formation de la modernité européenne qui voit alors naître dans un même mouvement à compter du 17ième siècle : Capitalisme et État. Adam Smith, dieu iconique de cette économie qui se pense en sciences, s’interrogeant sur la nature et les causes de la richesse des nations, écrivait : « Les profits d’une sucrerie dans toutes nos colonies des Indes occidentales, sont en général beaucoup plus forts que ceux de toute autre espèce de culture que l’on connaissance en Europe ou en Amérique » [1]. Par un de ces retournements dont l’histoire a le secret, les avantages que présentaient hier ces îles pour l’expansion coloniale européenne, source pour les « grands » pays de ce monde de leurs richesses actuelles, sont aujourd’hui des handicaps pour ces territoires insulaires. Sans doute l’histoire des uns n’est pas systématiquement celle des autres, mais peut-on à ce point, pour expliquer le présent, faire abstraction du passé dont les RUP d’aujourd’hui ne sont que le plus pur produit ? De nos jours au nombre de quatorze, ces territoires européens situés dans des contrées souvent lointaines du continent éponyme suscitent pour les inventeurs eurocentrés du concept d’ultrapériphérie, une compassion bien naturelle… à la hauteur des handicaps de ces régions. Pauvres îles qui jouent de malchance de n’être que des îles, serions-nous tentés de dire. Aussi, malgré sa rigueur, le droit européen prenant compte du contexte de mal-développement de toutes ces régions y permet la mise en place de régimes et moyens d’exception, afin de leur faire miroiter les standards du centre-monde dit civilisé. Depuis les premiers jours où les Européens ont jeté leur dévolu sur ces territoires parfois inhabités, ces anciennes possessions coloniales au cœur du dispositif de la conquête des richesses de ce monde, n’ont jamais bénéficié de rien d’autre que d’un régime hors-norme, souvent pour le pire d’une partie de l’humanité.
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L’esclavage comme support du développement du capitalisme industriel et commercial européen, c’est le sens de cette histoire commune entre le centre et l’ultrapériphérie, le développement des uns au détriment des autres. En 1847, dans son ouvrage Misère de la philosophie, Karl Marx expliquait que : « L’esclavage direct est le pivot de l’industrie bourgeoise aussi bien que les machines, le crédit, etc. Sans esclavage, vous n’avez pas de coton ; sans le coton, vous n’avez pas d’industrie moderne. C’est l’esclavage qui a donné leur valeur aux colonies, ce sont les colonies qui ont créé le commerce de l’univers, c’est le commerce de l’univers qui est la condition de la grande industrie ». Bien avant le taylorisme, c’est dans les colonies insulaires et notamment françaises que l’on expérimenta la division du travail visant le maximum de profits, tandis que la nature n’était rien d’autre qu’un facteur de production. La détérioration de l’environnement, c’est avant tout l’histoire des grandes puissances occidentales, celles-là mêmes qui ayant tant détruit pour s’enrichir se permettent aujourd’hui, sans aucun esprit de responsabilité, de donner des leçons à ceux qu’ils ont handicapés. Dans cette histoire et pour faire court, à mesure que l’Europe se transformait, ces îles perdaient petit à petit de leur importance stratégique, tout en renforçant leurs structures coloniales. C’est vers le milieu du 20iéme siècle, moment où pris dans les guerres de décolonisation, que nombre de pays européens se rappelleront de l’intérêt que représentent ces territoires. Ils deviennent alors le précarré d’une nouvelle école d’économistes, celle du développement, et ravivent les visions romantiques de jardin d’Eden de ceux qu’on appelle désormais les écologistes. En France, c’est Michel Debré qui dans un élan philanthropique sera le grand architecte pour mener à bien cette grande œuvre, la sienne. Il fera de ce qui reste des l’empire colonial en général et de La Réunion en particulier, « un authentique département […] pour lui permettre de suivre le développement économique et social de la mère patrie moyennant des actions spécifiques tenant à la fois à sa situation propre et aux changements du 57 monde [2] ».
Ceux que les lois de la science physique éloignent, les lois supposément naturelles de la « science » économique rapprochent. Stérilisations forcées de femmes, déportation organisée de jeunes et moins jeunes enfants vers la métropole, dépenses sociales d’assistanat, fonctionnarisation d’une classe moyenne importée, transformation de la société de plantation en société de consommation, concentration de l’économie entre quelques mains, investissements massifs dans de grandes infrastructures, et irresponsabilité politique des potentats locaux, furent en synthèse la recette miracle de la catastrophique situation actuelle de ces territoires français, entre dépendance économique, chômage de masse, misère criante et problématique écologique. De la colonisation à la globalisation, ces RUP ont toujours été assujetties à une économie parallèle qui selon les termes de Césaire leur interdit « de croître selon le suc de cette terre [3] ». Dans les années 1990, malgré l’amélioration des conditions matérielles faisant presque mentir l’adage populaire selon lequel l’argent ferait le bonheur, c’est la désillusion. Ces régions, à tout le moins pour l’Outre-mer français, entrent alors par le biais des programmes financiers dans le giron des institutions européennes pour devenir ces RUP. Dans ces territoires et depuis trente ans, les fonds européens, prenant le relais de l’État, financent désormais des routes sur la mer jusqu’au plus petit piège à rats, sans que cela ait aucune incidence sur le taux de chômage, la pauvreté éminemment stable, le tout dans un contexte social sous contrôle, sans aucune résistance populaire prégnante. Véritables laboratoires depuis 400 ans dans lesquels se matérialise l’utopie capitaliste, les peuples du centre pour avoir une idée de ce qui les attend seraient bien inspirés de regarder ce qui se passe dans l’ultrapériphérie, si tenté qu’ils puissent se détacher de leur nombril. À l’image de la géopolitique mondiale de ces dernières décennies marquée par la prolifération et le renforcement de mécanismes d’intégration tel que l’Union européenne, la sémantique des mots et donc des idées est, plus que jamais, simplifiée à l’extrême. 58
Certains seraient tentés de parler d’uniformisation simpliste d’un roman qui se veut bien sûr humaniste. L’idée que le colonialisme est une affaire du passé est fréquente dans le débat médiatique et politique. LOL… ou RUP, c’est peut-être un peu du pareil au même. En ce début du 21ième siècle, cette société capitale finira sa morbide révolution, là où elle est naît, sous les cieux de l’ultrapériphérie.
Antoine Fontaine [1] Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations [2] Michel Debré, Une politique pour La Réunion [3] Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal 59
Laura Tared
L’immigration, chance ou handicap pour l’Europe ? L’immigration est une donnée fondamentale de la mondialisation. Après la Deuxième Guerre mondiale, l’Europe est devenue une guerre d’immigration avant, c’était elle qui laissait partir chaque année une part importante de sa population. Cette nouvelle tendance est générale en Europe et peu de pays ont un solde migratoire négatif en Europe. C’est un phénomène qui dépasse le cadre de l’Europe, mais où elle est fortement impliquée. Elle est en effet devenue la première région d’accueil après les États-Unis. La mondialisation et l’ouverture à l’Est ont été à l’origine de grands déplacements de population ; 350.000 Turcs sont rentrés en Bulgarie en 1989. La mobilité est devenue une donnée essentielle en Europe et dans le monde. L’immigration a changé de visage sans que notre perception change. L’image de l’immigré seul, célibataire peu qualifié, est dépassée. Ce ne sont pas toujours les plus pauvres. Il faut pour émigrer des ressources et un réseau familial. 60
L’endettement auprès de passeurs pour les clandestins sert à déporter les reproches vers les profiteurs. En fait, ce sont les solidarités familiales qui sont mises à contribution et chacun croit à un retour sur investissement. Le nouveau profil est celui de jeunes diplômés, de femmes seules ou avec des enfants, des mineurs, des élites intellectuelles, scientifiques, etc. … Ce qui a conduit d’ailleurs les pays européens à se spécialiser dans ces différents types d’immigration. La France, Le Royaume-Uni, l’Italie se sont spécialisés dans l’immigration familiale pendant que les Pays-Bas, ou la Norvège ouvrent plus largement leurs portes aux migrations humanitaires. Le nombre est l’autre aspect qui alimente les peurs. En nombre absolu, ils sont plus nombreux en Allemagne ; 6.7 millions soit 9 % de la population. Quatre millions en France soit 9 % de la population. Les nationalités se répartissent en fonction de l’histoire coloniale : les Algériens en France, les Turcs en Allemagne.
Responsabilité de la mondialisation. Tout en multipliant les richesses mondiales, la mondialisation a accentué les disparités et une répartition inégale des richesses. Elle creuse l’écart entre riches et pauvres. Le cas de l’Argentine est un exemple où l’ultra libéralisme a conduit à une immigration massive en 2002. La privatisation et la faillite de l’État, qui a suivi, ont entraîné 8 millions de départs vers les États-Unis et l’Europe du Sud. La mondialisation ne fait que renforcer des inégalités déjà existantes. L’aide au développement normalement chiffrée à 0,5 % du PIB est en constante diminution pour atteindre le seuil de 0,2 % en France. Les changements climatiques vont entraîner une immigration notamment des populations du Sahel que la récente décision du sommet de Copenhague risque de ne pas circonscrire. Les réponses européenne, éthique et politique. Le texte fondateur de l’Union européenne instaurait la liberté de circulation des travailleurs. En 1985, le Pacte unique européen créait un espace communautaire sans frontières, garantissant la liberté de circulation. Le traité de Maastricht en 1991 faisait des politiques migratoires une prérogative des États et non pas un problème communautaire. L’immigration était vue comme une solution à la crise et à la pénurie de main-d’œuvre laissée à l’appréciation des États. C’est dans une conférence en Finlande en 1999 que naît l’idée d’une politique commune européenne à partir des objectifs économiques et politiques de L’UE. *Les quotas par profession, par région, par secteur d’activité. *L’instauration d’une politique d’immigration à deux vitesses ; restriction de l’asile et de l’immigration familiale, travail précaire pour métiers peu qualifiés ; et enfin l’accueil des cerveaux. Lorsque l’on parle d’absence d’une politique européenne, cela n’est pas si vrai. Le tout est de savoir laquelle ? Est-elle conforme aux valeurs européennes ? Porte-t-elle sur autre chose que nos intérêts égoïstes ?
Le pacte européen pour l’Immigration. Avec le pacte européen pour l’immigration l’asile adopté le 17 octobre 2008, l’Union européenne prétend promouvoir une autre politique migratoire qui ne serait plus imposée aux pays d’émigration, mais qui serait concertée et construite en partenariat avec eux. On signera avec ces pays des accords de réadmission des clandestins et des irréguliers. Les quotas sont renforcés sur la base du concept d’immigration choisie. Une carte bleue sur le modèle de la green card vise à l’établissement de travailleurs hautement qualifiés. L’harmonisation au sein de l’UE est en marche au moyen de procédés de contrôle biométrique, du dispositif FRONTEX (contrôle des frontières commandements doubles Nord et Sud) On attend toujours un droit d’asile unique qui était prévu pour 2010. Le Pacte européen prend appui sur la directive retour adoptée par le parlement européen en juin 2009 qui limite le délai de rétention à 18 mois. Souci humanitaire ou auto protection ? Sous prétexte de lutter contre les trafics humains, la lutte s’intensifie par la coopération entre États pour des vols de rapatriements conjoints. L’asile et les visas sont mis sur le même plan que le terrorisme et le crime organisé et se retrouvent dans le pilier Défense et sécurité, alors que ces questions étaient traitées dans le pilier justice et affaires intérieures qui nécessitent le vote à la majorité qualifiée et un vote du parlement. L’arsenal répressif montre qu’en réalité il s’agit moins de protéger les migrants que de donner en sous-traitance les contrôles et les arrestations en échange d’une aide au développement ciblée et elle aussi choisie. L’immigration, cheval de bataille des populismes La plus grande démocratie du monde ouvre la voie aux populismes européens. La politique de tolérance « zéro » contre l’immigration illégale prônée par le président Trump entraîne une escalade dans le traitement cruel des immigrés.
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Laura Tared
L’immigration, chance ou handicap pour l’Europe ? Le bras de fer avec les démocrates pour le vote du financement du mur à la frontière avec le Mexique. Donald Trump est allé jusqu’au « shutdown » (paralysie de certaines administrations faute d’accord sur le budget). C’est dire les crispations mondiales sur cette question de l’immigration. Plus de 2 300 mineurs avaient été séparés de leur famille en quelques mois au nom de la politique de « tolérance zéro ». L’indignation avait alors été telle aux États-Unis, dans le monde, dans l’église que le président avait été obligé de reculer en interdisant par décret la séparation systématique des familles. Il n’en reste pas moins que 15 000 mineurs non accompagnés sont actuellement détenus dans des structures américaines surpeuplées, en attendant d’être remis à un « sponsor », souvent un membre de la famille déjà installé aux États-Unis. L’Italie emboîte le pas. 62
La question est posée de manière cruciale pendant l’affaire de l’Aquarius, un bateau qui demandait la permission d’accoster en France et de débarquer 58 migrants secourus en mer. Matteo Salvini, le leader de la Ligue, a fait approuver un ensemble de mesures particulièrement contraignantes et les a résumées en un seul décret-loi. Clairement, un bras de fer se livre entre les pays prônant davantage de fermeté sur l’accueil des migrants et les partisans d’un effort de solidarité. Alors que les partis populistes se répandent de plus en plus dans l’Union européenne, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker en avait appelé à faire preuve de collaboration pour trouver des solutions communes à l’accueil des migrants. L’Italie via son ministre de l’Intérieur était particulièrement visée. La Grèce, l’Espagne et la Hongrie sont appelées à la mesure également. Une procédure du parlement européen contre la Hongrie et ses tentatives de dresser un mur contre les migrants est même engagée.
Elle est accusée d’agir contre les valeurs de l’Union. La Hongrie n’est pas la seule à être rappelée à l’ordre puisque la Pologne fait l’objet de la même procédure depuis le mois de décembre 2017.
Le dispositif législatif est complexe, mais repose essentiellement sur les conseils départementaux, qui doivent les prendre en charge. Récemment les maires, dont celui de Metz, alertent sur les difficultés d’accueil.
La France, donneuse de leçon
Il arrive que des mineurs soient refoulés à la frontière, ce qui constitue une faute lourde. Ce ne sont pas les textes, mais les moyens et la volonté politique qui sont défaillants. Les structures d’accueil pour ces mineurs sont très insuffisantes.
Le projet « Asile et Immigration » raccourcit les délais d’examen des demandes d’asile, allonge ceux de rétention et facilite les reconduites à la frontière. La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a rendu un avis qui met l’accent sur l’inutilité de cette loi, alors que la précédente date de 2015 et n’a fait l’objet d’aucune évaluation. Pourquoi toucher à des dispositifs qui pourraient marcher s’ils disposaient des moyens nécessaires ? Aujourd’hui, ce qui dysfonctionne, c’est le passage en préfecture. Or, le projet de loi raccourcit le délai de 120 à 90 jours pour déposer une demande d’asile. Passée cette échéance, le demandeur d’asile court le risque d’être placé en « procédure accélérée », une procédure dérogatoire dont les délais sont plus serrés et où la Cour nationale du droit d’asile statue à juge unique (et non en formation collégiale de trois juges). De plus, le fait de réduire d’un mois à quinze jours le délai pour saisir la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) pour faire appel est très inquiétant. Le but inavoué est de diminuer drastiquement le nombre de recours en appel. Autre point préoccupant : la fin du caractère suspensif du recours devant la CNDA. Cela signifie que des personnes pourront être éventuellement reconduites à la frontière alors qu’elles attendent la décision de la CNDA. Quant au premier accueil proprement dit, la France est critiquée sur l’accueil des étrangers en général, réfugiés ou pas, lors de l’examen périodique universel à l’ONU. En particulier sur l’accueil des mineurs isolés étrangers (les moins de 18 ans qui arrivent seuls sur le territoire).
Pour le gouvernement, le projet de loi asile est un élément d’une politique d’ensemble, avec la circulaire dite « Collomb ». Cette circulaire autorise l’examen des situations administratives au sein des lieux d’hébergement d’urgence. C’est un recul des droits de l’homme et une atteinte à la dignité. Le Défenseur des droits en a demandé le retrait. Ces centres d’hébergement devraient être des lieux de répit pour des personnes au parcours migratoire souvent éprouvant. Quand on arrive sur le territoire français, on est potentiellement demandeur d’asile, ensuite on examine la situation personnelle. La France, « pays des droits de l’homme », doit pouvoir héberger et permettre que l’on puisse déposer une demande d’asile dans des délais raisonnables en préfecture. Cette mesure ne répond pas à l’engorgement des dispositifs d’asile et fragilise les demandeurs. D’autres délais sont raccourcis, comme celui pour demander l’aide juridictionnelle (souvent nécessaire pour se faire accompagner par un avocat) en cas de recours contre une décision de l’Ofpra, l’organisme qui instruit les demandes d’asile. Plusieurs catégories de demandeurs d’asile pourront se voir expulsées du territoire français avant d’avoir épuisé toutes les voies de recours (y compris devant la Cour nationale du droit d’asile). Cela concerne notamment les demandeurs issus de pays d’origine dits sûrs. La langue d’échange pourra être choisie par l’administration et la notification des décisions pourra se faire sur tout support (y compris par SMS ou email).
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Laura Tared
En 1990, l’ONU a mis en place la convention internationale sur la protection des travailleurs migrants et de leur famille. Elle n’a été ratifiée par aucun pays européen, et tentait pourtant de souligner le lien entre migrations et droits de l’Homme. Le tri, les restrictions de l’asile sont autant d’interrogations pour la défense des droits de l’Homme. Alors l’immigration peut-elle encore être une chance ?
L’immigration, chance ou handicap pour l’Europe ? La Cour nationale du droit d’asile pourra imposer la visioconférence pour l’audience du demandeur, sans son consentement. Cela soulève des questions par rapport au droit à un procès équitable (article 6 de la Convention européenne des droits de l’Homme) et à l’organisation de l’audience (l’avocat sera aux côtés de son client, mais du coup, loin du juge). Le délit de solidarité subsiste avec quelques aménagements. Le texte porte le projet d’une immigration choisie qui attire les plus diplômés : le passeport talent est étendu aux « salariés d’entreprises innovantes » ainsi qu’à toute personne « susceptible de participer au rayonnement de la France ». Il favorise la mobilité des étudiants et chercheurs entre leur pays d’origine et la France. Sous l’angle des droits de l’Homme, la question de l’immigration est une question centrale. Elle donne la mesure de notre attachement à ces valeurs.
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Oui. D’abord pour notre démocratie dans l’Europe et dans le Monde. Chaque homme persécuté dans son pays ou chassé par la guerre qui arrive en Europe est une victoire de la démocratie. Elle est une chance pour l’économie, selon la Commission européenne, il manquera 20 millions de personnes en âge de travailler en 2030. Donc une chance pour notre démographie. C’est une chance sur le plan strictement économique, le transfert de fonds estimé par le FMI avoisine 280 milliards de dollars alors que l’aide au développement ne dépasse pas 5 milliards d’euros. Un travailleur étranger nourrit 20 ou 30 personnes dans le pays d’origine, si l’immigration lui est refusée, c’est 20 ou 30 personnes qui viendront. D’autre part, les fermetures de frontières n’ont jamais rien résolu, plus elles sont fermées, plus les migrants s’installeront, plus elles sont ouvertes, plus les travailleurs circulent et repartent souvent. L’Histoire a prouvé, qu’à plus ou longue échéance, les murs tombent toujours. La question de l’immigration est toujours liée au vivre ensemble et à la fraternité. Nous voyons aussi, que ceux qui sont à la tête du camp de la tolérance édictent des lois liberticides et contraires aux droits de l’homme et ne se comportent pas mieux que les populistes vrais ou supposés. Sur cette question sensible, il faut s’attacher à un discours modeste, réaliste et surtout humain.
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Lore Voir naître la démocratie intégrale dans un désert politique
#UnitéNationale
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Koceila Chougar La Spirale dynamique La Spirale dynamique est une grille de lecture qui permet d’avoir une visibilité sur les modes d’organisation. Celle-ci est structurée en 8 périodes successives et s’applique à l’histoire évolutive des organisations. Chaque période ayant sa raison d’être, ses valeurs ainsi que des comportements dominants. La spirale dynamique se propose d’accompagner les changements organisationnels au sens des sociétés. Son intérêt est d’énoncer clairement la raison d’être et le but de l’organisation, ce qui la caractérise, ses valeurs et ses défis face aux enjeux qu’elle rencontre. Comprendre cette démarche nous permettra de redécouvrir clairement notre rôle personnel ainsi que celui de nos organisations auxquelles nous adhérons en nous faisant comprendre les huit univers historiques européens. Chaque univers fait référence à des valeurs et à des comportements qui lui sont propres. Gardons à l’ésprit que chaque nouvel univers se construit sur les précédents. La spirale dynamique est la base de toute transformation qui se veut ancrée dans le réel, alors commençons. La première étape concerne celle de la survie. Pour un humain, c’est le moment où il est un nouveau-né totalement dépendant de sa mère pour tout. Historiquement, cela fait référence aux homo sapiens qui réfléchissent à leur technique de survie au sein de leur groupe et leur environnement. L’origine de l’organisation se nourrit de ses racines et se situe dans un mouvement organique. La notion de temps n’existe pas vraiment à cette étape. Seul compte l’instant présent et le maintien en vie. 68
La seconde étape est apparue il y plusieurs dizaines d’années avec l’instinct tribal. La tribu est le nid chaleureux à préserver. Les gens vivent au présent en reproduisant le passé. Ils maintiennent des rituels pour préserver l’existant et les comportements qui permettent au groupe de survivre. Sa survie personnelle dépend en grande partie de la survie du groupe. Les notions de cultures, de rituels et croyances apparaissent. Elles sont également présentes au sein de l’organisation. La culture, l’art et l’agriculture commencent à apparaître. Les tribus se regroupent autour de grands chefs. Celles-ci commencent à se sédentariser pour voir émerger quelques alliances de circonstance. Nous commençons à voir apparaître quelques empires européens tels que le grec ou le romain. Cependant, cette période est surtout marquée par des guerres de clan. La troisième période concerne celle des empires. Le sens de l’honneur et de la hiérarchie se développe. Les empires se structurent et absorbent rapidement toutes les petites tribus alentour. Celles-ci sont littéralement absorbées et phagocytées. Les empires sont de véritables tremplins pour la culture, les arts guerriers, la politique, la religion, et bien d’autres domaines. Ces empires se structurent autour de grands chefs guerriers et dominateurs. L’Europe a traversé plusieurs périodes conquérantes en se structurant autour de ses grands empires. Nous pouvons parler de l’émergence de l’Europe à partir de ce moment. Cette quatrièmement étape a littéralement modifié la face de l’Europe. En plus de la pacifier, l’Europe qui était envahie par les barbares et les Empires guerriers, la pacification ne s’est pas faite en étant les plus forts, celle-ci s’est faite autour des grandes religions monothéistes. Les barbares se sont convertis au christianisme, et l’histoire de l’Europe a radicalement changé. La violence a cessé, le christianisme a imposé ses règles de vie pour mériter le grand salut. Cette étape a permis une véritable avancée culturelle et européenne. Les moines bénédictins ont structuré l’Europe par des réseaux de monastères. Cette cinquième étape permet de prendre conscience qu’une vérité ultime n’arrive pas sans action ni mesure. La science et le réalisme sont au centre de cette époque. L’expression de soi reprend le dessus. L’intérêt personnel prime sur le bien commun.
Cette étape se différencie de l’empire barbare, car tout n’est pas permis. Les participants bannissent la violence physique, du moins en apparence. Ici les autres, deviennent des adversaires et non plus des ennemis. L’Europe voit alors naître le siècle des Lumières, la démocratie des gens de bien, le Libéralisme et la naissance de pensées telles que l’Individualisme. Dans cette sixième étape, l’intérêt de la communauté prend le dessus. Les participants explorent ici l’intérêt général, et cela même au-delà de son intérêt personnel. Nous voyons émerger les enjeux sociaux, le communisme et bien d’autres formes nouvelles d’organisations. Notre profit personnel, le fait de gagner pour soi en écrasant les autres ne concorde pas toujours avec la notion de bonheur. Les participants explorent collectivement des valeurs d’égalité du militantisme « la voix de chacun et chacune soit prise en compte » au sein de l’organisation. Cette septième approche de survie globale permet une prise de conscience de son impact personnel sur l’environnement. Avec la conquête spatiale, nous avons pu observer notre planète Terre depuis l’espace. L’effet d’ensemble ou « overview effect » a été observé : une prise de conscience de la fragilité de notre planète perdue dans l’immensité de l’univers. En entreprise, c’est la naissance des normes et des labels qualité. L’Europe voit naître les mouvements écologistes dans les années 1960. La dernière étape est celle de l’Hyper Connectivité. Ce temps permet aux individus de comprendre la notion d’interconnectivité. Le sacrifice du soi et celui des autres pour le bien de toute vie présente et à venir sont quelques fois nécessaires. Le monde est un seul grand organisme dont tous les éléments sont interdépendants. La connexion à toute chose est le propre d’un être responsable. Restaurer l’harmonie globale nécessite d’intervenir à tous les niveaux d’existence. Les mouvements stémistes et globaux apparaissent. L’Europe découvre le fait qu’il faut à présent composer avec tous.
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L’autonomie est la clé de notre futur
Martine Révol
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Critiquer un système c’est
« politique », en construire un autre à des centaines de milliers de personnes, plus respectueux de l’environnement, plus conscient, et plus confortable aussi pour les petits revenus, voilà bien notre pari.
L’abondance nous la récréons à notre façon avec une vision saine, qui ne laisse personne sur le bord du chemin. Le chemin de l’autonomie, un chemin qui commence très tôt dans l’enfance, et qui perdure une vie.
Bien au-delà de la notion d’effondrement déjà commencé, nous restituons tous les savoirs ancestraux, accompagnés des technologies modernes, pour en faire un monde meilleur pour notre santé à tous. Bien loin des intérêts des multinationales en tous genres, qui stockent leurs trillons de dollars dans les paradis fiscaux. Un peu de pragmatisme, beaucoup de solaire, un peu de bois, du biogaz à la taille de la famille, une haute isolation biologique et voilà notre empreinte carbone réduite à peau de chagrin, pour peu que nous consommions uniquement local.
Alors l’autonomie de façon pragmatique, qu’est-ce que c’est, dans le monde actuel ?
Dans ce titre, qui y a-t-il ?
Des travaux salariés peu rémunérateurs et esclavagistes, des logements locatifs de plus en plus chers, et équipés d’électricité avec le fameux compteur Linky, que la justice de Bordeaux vient de reconnaître comme néfaste à la santé, pour 13 appelants et en référé.
C’est un groupe « Facebook » de 60 000 personnes, c’est aussi une association de gens engagés dans une démarche fabuleuse pour notre planète. Des sous-groupes régionaux, dans toute l’Europe, car cela dépasse de beaucoup nos frontières françaises, avec des réunions physiques de gens qui échangent tout en troc gratuit, semences libres, plants, arbres, recettes, et joie de vivre proprement en accord avec cette célèbre citation de Saint-Exupéry qu’il a lui-même emprunté à l’Afrique, dans Terre des hommes. « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants » . Le bio, le zéro pesticide, et le zéro déchet, l’entraide fraternelle des peuples comme outil fabuleux d’autonomie réconcilie ceux qui se sentent écartés de l’abondance de la société.
C’est d’abord, pas du tout l’autarcie repliée sur elle-même, ni le survivalisme défensif à outrance, bien que nous soyons conscients des notions de pillages possibles. Nous préférons multiplier le plus vite possible, les potagers, les semences, et les savoirs. L’autonomie est une réponse globale, holistique, à des problèmes nombreux que nous rencontrons presque tous.
Des logements qui prennent souvent, plus de la moitié des revenus durement gagnés. Quand nous y ajoutons les problématiques de transport et leur coût, plus les assurances, les charges fixes incompressibles, 15 millions de personnes juste en France vivent tout le temps à découvert, en faisant le bonheur des banques qui font 6 milliards sur les comptes des plus pauvres d’entre nous. Comment survivre et finalement bien vivre, pour le citoyen lambda, qui n’a pas hérité de fortunes importantes de sa famille, et qui doit défendre sa vie, et celle de sa famille ?
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Lors du mouvement des gilets jaunes, beaucoup de nos membres les pot’autonomes, « c’est ainsi que nous nous appelons entre nous » sont allés expliquer dans les ronds-points, aux gens que le meilleur moyen de mettre fin à un système, c’était de le boycotter, pour un autre plus sain. L’autonomie et l’entraide gratuite. Plus de supermarché ! Comment cela peut être possible ? Cela l’est vraiment, pour une bonne partie, 90 % pour les plus frileux, 95 % pour les autres. Le 100 % est difficile néanmoins. Le jardin et le verger fournissent 70 % des besoins alimentaires en BIO, en faisant ce que nous grand-mères faisaient des conserves du surplus du jardin de l’été. Une simple grande casserole dans le jardin, sur une grille posée sur des pierres et des parpaings, du bois de récup, et c’est parti, pour des réserves de qualité, qui permettent de faire face à tous les aléas de la vie. Une récupération des pots en verre, par millions qui partent à la poubelle aussi.
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Nous avons aussi à l’étude, un cuiseur solaire, qui supporterait un stérilisateur. A ceux qui arrivent sur nos groupes, et qui nous disent, je suis en ville, je n’ai pas de jardin, nous leur offrons moults possibilités d’en trouver un, annonce chez les commerçants de leur quartier, pour faire un partage avec les personnes âgées, ou bien celles qui ont un jardin, mais qui n’ont pas le temps de le faire. Ça marche particulièrement bien ce partage intergénérationnel, d ’autant que les personnes âgées ont beaucoup de savoirs à partager, et que l’entraide peut être de plusieurs niveaux. L ’apport en légumes et en fruits BIO, pour les deux parties sont un plus économique, et de santé. Le Boncoin, les sites de jardins partagés. L’économie du jardin se remet sur orbite depuis quelques années déjà. Entre scandales sanitaires alimentaires, et coût du bio, le jardin est la voie royale pour bien manger, pour s’aérer, aussi ne pas être tenté, par de l’inutile de supermarché, et dégager de l’argent pour les vrais outils de l’autonomie qui sont nécessaires.
L’autonomie est la clé de notre futur
Autrefois dans les fermes, il y avait beaucoup de monde, et donc beaucoup de bras. Il faut donc transformer ces bras, par un peu de motorisation bien pensée, des modes de culture de paresseux, qui respectent les mycorhizes et les vers de terre. ‘Une mycorhize (du grec myco, ‘champignon’ et rhiza, ‘racine’, terme introduit en 1885 par le botaniste Albert Bernhard Frank) est le résultat de l’association symbiotique, appelée mycorhization, entre des champignons et les racines des plantes.’ La droguerie, de notre sous-groupe, apporte toutes les solutions presque gratuites, pour faire de la lessive, et des produits d’entretien, des savons, et le tout, sans aucun déchet à jeter, pendant que le sous groupe travaux d’aiguille aide les plus jeunes, à confectionner dans de vieux vêtements de récupération, toutes les lingettes qui vont remplacer le sopalin, le papier toilette, les mouchoirs en papier, les filtres à café, les sachets de thé, ou de tisane, les couches bébé, et les protections adultes. L’ensemble de ces actions vident littéralement le panier de la ménagère, qui peut ainsi souffler avec le banquier. 73
L’autonomie est la clÊ de notre futur
Martine Revol Ci contre quelques exemples :
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La boulangerie-pâtisserie montre comment faire des desserts et des pains BIO de qualité, c’est non seulement la santé toujours, mais aussi d’énormes économies au quotidien. Ne pas aller sur ce sous-groupe, si on a faim, ce n’est pas humain, tout ce qu’ils arrivent à faire de génial. La fromagerie nous ouvre un champ des possibles inouï pour s’amuser à fabriquer presque tous les fromages, avec des ferments naturels. Même chose que la boulangerie. Ne pas y aller avec la faim, de même que sur le repas autonome. Le troc de graines, de plants, d’arbres, en autonomie, est un moyen de faire démarrer tous les arrivants, qui bénéficient dans nos rencontres « pot'autonomes » en réel, d’un vrai « partage » de semences, et de plants.
Des chercheurs du CNRS l’ont démonté sur 3400 patients et sur 14 ans. L’éminent professeur Jewell C. Johnson du CNRS, dont les travaux font autorité dans le domaine, vient de jeter un pavé dans la mare avec la publication de sa dernière étude. Et pour cause : les conclusions obtenues par son équipe de recherche ne laissent désormais plus de doute quant au lien de causalité entre le glyphosate du Roundup et la fibromyalgie. Les preuves recueillies sont accablantes et désormais incontestables. À peine publiées, elles s’imposent déjà comme le nouveau consensus sur le sujet, mettant fin par la même occasion à la controverse qui animait le microcosme médical depuis des années. Certains experts spécialisés dans la fibromyalgie, qui contestaient jusqu’à présent cette relation de cause à effet avec le glyphosate du Roundup, admettent aujourd’hui qu’il n’est plus possible de la mettre en doute.
La vraie question à travers ce mode de vie, c’est comment tout faire glisser vers le local, les petits producteurs locaux, en BIO, de ce que La permaculture et ses nombreux groupes nous ne produisons pas ? Et devenir de parfaits amis sur Facebook, le potager du paresseux, les graines libres Kokopelli, tout cela procèdent « Locavores » ? du même engouement des populations vers Nous achetons une partie de nos outils néces- plus de propreté de l’humain dans sa vie de saires, encore, et la plupart viennent malheu- tous les jours et de respect pour sa planète. Le reusement de Chine. On peut imaginer que recyclage des vieux meubles, et le détournedemain, nos groupes généreront des « pot’au- ment d’objets aussi. tonomes » artisans de tous nos besoins en « machineries facilitatrices », motofaucheuse à Une lutte intestine s’installe entre la société dite « progressiste » des objets connectés à l’hydrogène, petit motoculteur idem… tout et n’importe quoi, le monde des robots, et Le solaire nous vient en aide, de tout ce qui la vie simple campagnarde qui se raccroche à la fonctionne au solaire, il suffit juste de s’a- terre, et aux valeurs essentielles de l’existence. Bien loin des marques, et du système qui n’alidapter au temps qu’il fait. mente que les multinationales, les banques, et Il semble que l’État, malgré une communicati- les assurances, sans soucis de l’équilibre global on positive, ne serve pas les aides aux agricul- de la terre. teurs BIO respectueux de la planète, et par contre, les paysans voyous qui continuent à La vraie question est : quand est-ce que nous pourrir nos nappes phréatiques, et nos corps de allons nous arrêter de tout saccager, au profit glyphosate sont toujours aidés. Quand on de quelques-uns, qui ont déjà leurs coins de constate que des sénateurs restituent les argu- paradis autonomes, loin des pollutions qu’ils mentaires de Monsanto, quasiment mot pour génèrent, et autonomes à coups de millions mot, on se doute des enjeux financiers qu’il y a d’euros, volés à tous les citoyens de la planète derrière tout ça. Pour nous, c’est juste un crime terre ? contre l’humanité, et la planète, le vivant, les Combien de temps nos élus, sous des abeilles et les vers de terre. prétextes fallacieux, vont-ils cautionner ce jeu de massacre ? 75
Rémi ELPHEGE 76
Félix l´éclair et l´aide des Dieux Rémi Elphege nous livre ici un premier roman qui nous raconte l’histoire de Félix, jeune garçon de dix ans à haut potentiel.
Dans cette fiction, Félix est choisi par Zeus, Roi des Dieux grecs, pour enquêter sur le malaise mondial et international que vit notre société. L’auteur est médiateur culturel à l’île de la Réunion, et la trame parle également du contexte colonial ultramarin, et de l’injustice faite aux hommes. Au commencement de l’histoire, il est question de l’isolement des hauts potentiels. Félix s’invente peut-être un ami. Félix aime la perfection et ne comprend pas que ce monde n’est pas parfait, on fait avec l’écrivain le chemin d’une quête initiatique, au fil d’un livre bien construit, qui même s’il n’est certes pas épais (47 pages) cache de nombreuses finesses. D’une humanité rare, il aborde avec justesse les grandes thématiques qui touchent les hauts potentiels. L’isolement, le sentiment d’injustice, la quête qui les pousse à vouloir changer le monde, la relation à l’autre, l’incompréhension, les doutes, le sentiment de faiblesse, le besoin d’encouragement, la sensibilité et l’altruisme. Ce livre soulève la question des autistes Asperger dans notre société, ne pas le recommander à la lecture serait privé les lecteurs d’un bel ouvrage, simple, où en dos de couverture, on nous explique pudiquement que l’écriture de cet ouvrage est le vecteur d’un travail qui aide l’auteur lui-même. Nous remercions vivement Rémi pour son accueil, sa grande gentillesse, son incontestable talent de médiateur culturel, et sa plume émouvante.
http://editions-sydney-laurent.fr/livre/felix-leclair-et-laide-des-dieux/
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UNE PETITE MAISON DE RETRAITE SANS TABOUS
Extrait de son dernier Roman à paraître
LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES. MARS 2014 En ce dimanche gris, les pensionnaires de la petite maison de retraite s’apprêtaient à aller voter aux élections européennes. L’implantation de la petite maison répondait à une logique sectorielle. De fait, elle était géographiquement construite à côté d’un cimetière, et presque en face d’une église. Comble du cynisme. Mais ce point de détail avait son importance dans la mesure où, il s’était adapté à leur fin de vie. Raison pour laquelle, ils étaient très heureux lorsqu’ils pouvaient s’en éloigner.
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Sidérés, ils avaient été désolés, le soir venu, de constater que 25 % d’électeurs de notre si beau et si vieux pays avaient fait prendre à leur vote les routes en sens inverse. Ceux-là avaient fait le choix hypothétique d’avancer au volant d’un véhicule, qui ne se déplacerait qu’en marche arrière. Celui du parti d’extrême droite. Ce qui ne devrait pas être très pratique sur une autoroute où tant d’autres déambulaient à contresens, dans le souci d’avancer.
Tant pis pour ces autres, dans la petite maison de retraite où tous vivaient ensemble, ils avaient choisi de croire que l’horizon ne se scrute pas en tournant le dos à la mer, bien qu’elle ait besoin d’un sacré nettoyage, mais en ayant la capacité de croire que l’on peut s’en approcher qu’au fur et à mesure que Les résidents tout autant que le personnel, qui y l’on avance. passaient la moitié de leurs vies en compagnie les uns des autres, avaient la possibilité de rester transit Cerbère à deux têtes avait fêté sa victoire avec ses le nez collé à leurs fenêtres où perlaient souvent des bulles de champagne, tout seul. La bière en presgouttes de pluie, vivant au rythme des corbillards sion c’est tout juste bon, pour les ouvriers qui qui passaient, des cloches qui sonnaient, et des orai- avaient été votés pour l’entreprise familiale qui sons funestes, et de se dire que seules les entrepri- gérait le parti politique dans lequel il avait souscrit ses et les chambres funéraires auraient de l’avenir, une obédience. Gurvan furieux de le voir afficher entre les senteurs de chloroforme et de formol. avec satisfaction des sourires insolents n’en pouvait plus de le voir le narguer ouvertement. Ou alors ils avaient une deuxième possibilité, qui ne laisserait pas le bruit de leurs pas se perdre au _ Savez vous Philibert, que 25 % d’électeurs, à qui rythme des enterrements qui se succédaient aux on avait appris à nager dans des eaux bien troubles abords de leurs lieux de vie. à l’extrême droite, ont passé et réussi leurs tests ce dimanche. Votre chef de parti ayant à cœur de À bord du bus que le mari de Fabienne avait mis à vérifier s’ils savaient enfin pratiquer la brasse, leur a leur disposition dans lequel le sacré Gurvan leur demandé de plonger dans une piscine totalement avait mis "Happy" comme musique tout au long du vide, dans laquelle ils se sont tous dépêchés de trajet. Les pensionnaires avaient été votés au plonger. Et bien moi Gurvan, je vous dis qu’ils ont bureau le plus proche de leur maison de retraite. réussi brillamment leurs tests.
_ Eh oui Rozène, Germaine aurait pu se faire avoir, d’autant plus qu’elle était souffrante d’Alzheimer, et de choisir le retour des croix gammées en lieu et place de celui des étoiles jaunes sur le drapeau bleu. Germaine aurait pu oublier le confort de 60 ans de _ Philibert, je viens d’apercevoir l’avion de votre paix, dans la mesure où la cherté de la paix s’oublie future présidente dans le ciel ouyayyaye, il y avait tant et si vite lorsqu’on la tient pour acquise ! Cela faisait longtemps qu’elle souffrait déjà de problèmême les motards présidentiels devant. Gast ! mes de mémoire. Celui-ci béat d’admiration et à moitié ivre se mit à se dire, que sa chef avait réussi un exploit : au motif Ils quittèrent tous deux leur discussion pour remond’avoir réuni 23 députés dans un parlement ter le moral d’Aminata. Cette der- nière semblait avoir besoin d’un double scotch, tant le résultat des européen qui en compte 700. élections l’avait ébranlée. L’utopie le faisait avancer ! Si ce n’est que la réalité le rattraperait encore plus vite, lorsqu’il réaliserait que Germaine venait de passer devant leur salle de les petits votes des députés élus que comptait l’ex- pause. Elle était heureuse du résultat des élections trême droite ne représentaient aucune force au au motif qu’elle l’avait déjà oublié. Elle avait trouvé des bas N° 3 pour aller à l’enterrement et cet événeparlement européen. ment suffisait à la rendre heureuse. Elle n’avait en _Rozène songeuse en salle de pause, quant à elle, revanche pas oublié le ton de la musique qu’elle avait été forcée de constater que les contes pour avait entendu dans le bus, et sifflotait des airs de I'm enfants s’étaient laissés conter à des enfants bien Happy. grands! Elle se rendait compte que l’abstentionnisme avait laissé triompher et porter au sommet de Boris n’avait de cesse, quant à lui de titiller Philibert bien des félicités : l’extrême droite. Une honte pour qui s’était incrusté dans leur salle. notre pays ; faisant atteindre aux valeurs républicaiIl n’arrêtait pas de lui hurler à tue-tête des jets de : nes le fond des abîmes. _pourquoi !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Philibert, les électeurs du Elle se disait qu’à des émulations régénératrices, parti d’extrême droite ont voté aux élections 25 % d’électeurs avaient préféré convoquer leurs comme on fait ses courses, réponse : Pour être bien crispations, leurs frustrations et leurs colères, qui sûr de se faire avoir. n’avaient pas tenu compte du fait, que si leur parti arrivait un jour au pouvoir, ils feraient coûter notre _Ne criez pas trop victoire Philibert lui avait-il dit dette de 20 à 30 % plus chère ! Au motif qu’il avait ! Cela prouve que les 57 % d’abstentionnistes ne pour projet de faire sortir la monnaie de la commun- se sentent pas vraiment en danger ! Contrairement à ce que l’on veut leur faire auté que constituait, la zone euro. admettre en permanence. Rozène partagea ses impressions avec Gurvan. Gurvan, ayant toujours à cœur de lui servir une louche en plus, s’était moqué de lui, pour ne pas pleurer du résultat de son propre parti d’extrême gauche. Il poursuivit ses tirades.
_J’aurais pu comprendre, s’il s’était agi de Germaine, qu’elle fasse le choix d’un tel vote, partant du principe qu’elle n’a plus sa tête, et encore une logique de fortes probabilités l’aurait conduite à se demander et pourquoi !!!!!!!!!!!!!!!
Houria Gouriten 79
Les enfants de l’an 2000 auront bientôt 20 ans. Avec eux, sont nés des nouveaux codes et nous qui nous battons pour assurer l’avenir de notre belle jeunesse, sommes-nous dans le vrai lorsque nous considérons que la liquéfaction du patrimoine est un danger, car nous venons d’un monde où la polygamie n’existe pas, et que nous désirons ardemment transmettre notre patrimoine à notre descendance, qui finalement au cœur de nos familles parfois recomposées, semble bien moins complexe que ce que les nouveaux codes amoureux ne nous le laissent entrevoir. N’avoir qu’un seul partenaire simultanément, c’était un cliché hérité de la morale chrétienne adoubés par les contes de fées et sacralisé sur l’autel de nos faibles espérances de vie lors des siècles passés. Bien entendu cela reste un choix du cœur, mais l’expérience aidant ils sont rares les couples qui traverseront ensemble une existence. 80
Polyhaine des compagnies d’assurance ou avenir de la liquéfaction du patrimoine en faveur des
métamours ?
par Carole Vilbois La vie doit être excitante, les codes visuels et le paraître laisse place bien souvent à l’être, et les individus s’homogénéisent en même temps que nos centres villes. « Une ado comme les autres… » Un téléphone à la main, des sentiments de cohésion sociale liée à une certaine ambiance où tout le monde s’aime, comment pourrait-il en être autrement dans un monde où tout le monde se ressemble. Aimer l’autre c’est surtout s’aimer soi. Il y a bien le « bashing » et ce n’est pas la fin de la haine non plus, ni même du harcèlement, malheur à la tête qui dépasse, à qui n’entre pas dans le moule, à qui n’est pas conforme, les réseaux sociaux nous surveillent aussi assurément que les individus s’assurent que l’autre se conforme à l’image qu’ils veulent donner d’eux même à tous. Le polyamour c’est la porte ouverte de l’amour partagé dans une sphère d’acceptation de l’autre et de la liberté de l’autre, ou l’on accepte les métamours, partenaires de l’autre, dans sa vie de tous les jours. Bien entendu côté vie de famille ces nouveaux codes, vont faire naître des enfants simultanément dans des familles en perpétuel mouvement, où on élèvera comme les siens également les enfants des autres, surtout si au cœur d’un groupe de 4 ou 5 individus une seule femme désire des enfants, que certains partenaires sont bisexuels ou que d’autres ont des relations gay, car évidemment la pansexualité vient couronner le tout, le pansexuel acceptant tout genre et tout sexe, comme partenaire possible.
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Voilà donc que nos banquiers, notaires, assureurs vont avoir bien du mal à codifier les lois des libertés prises sans révolution, mais par évolution.
Si nous voulons garder une objectivité et si la liquéfaction du patrimoine évoquée dans les autres Mag de l’Unité comme un fléau pour notre génération et celle qui vont la subir, aux profits exclusifs des compagnies d’assurance et banquiers en osmose avec l’État qui souhaite réaliser à des fins électorales un bon bilan, et booster l’économie, qu’en serait-il si cette mesure était décalée d’une vingtaine années, afin de répartir plus justement le patrimoine pour les métamours et les enfants des couples polyamoureux ? Bien entendu après avoir vendu nos entreprises sur le marché de la liquéfaction, les autoroutes, les aéroports, et le bien publics, et liquéfié le patrimoine pour prétendument assurer notre dépendance après 85 ans, ce que l’État ne peut et ne souhaites faire, et réinjecté de l’argent liquide dans le porte-monnaie de nos petits-enfants, que nous préférons bien souvent à nos enfants, en vue de faire fonc- tionner le moteur de la consommation, que restera-t-il pour nos polyamoureux à se partager ?
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Condamnés à la location de leur bien immobilier dans un monde où le patrimoine sera à la main des institutions ? Avoir un travail signifiera avoir un abonnement Netflix, un opérateur téléphonique, des journaux électroniques, un abondement pour la console de jeux, pour les logiciels, pour la plateforme musicale, et pour salle de sports. Être sans ressource signifiera perdre son accès à son logement, puisque la propriété privée est amenée à disparaître pour les plus pauvres au cœur du projet de liquéfaction. Les libertés sexuelles et amoureuses gagnées seront sacrifiées sur les chaînes économiques de nos dépendances. Mais pourquoi trouve-t-on main dans la main le gouvernement les assurances et les banques autour de la question de la liquéfaction du patrimoine, et autour d’une ridicule étude regroupant 55 individus ? Pourquoi prévoir la hausse de l’impôt sur les successions afin que la Liquéfaction et sa décote de 20 % puissent paraître plus judicieuses ? Il faut dire que le plus grand des soulagements en quittant la Caisse des Dépôts lors des réunions organisées par la chaire de transition démographique est celui de réaliser que l’on ne vit pas en France, hors le 21 mai 2019, un mail de la Chaire donnait le ton. « Manifeste aux listes européennes//société du Vieillissement, plus loin dans le corps du texte nous pouvions lire : L’Europe doit gagner la transition démographique ». Ainsi cette lettre destinée à tous les candidats des listes européennes cache un projet européen ?
L’or gris nous en avions déjà parlé, « la Silver-économie », terme utilisé pudiquement pour qualifier l’ensemble des prestations destinées à nos séniors et demain à nous autres, ce qui inclus les mouroirs hors de prix côté en bourse des grands groupes où vous mangez si mal que la poche alimentaire et la sonde urinaire laissent rapidement place aux coûteux frais de gestion des repas, salaires des cuisiniers, et offre l’avantage d’être remboursé par la sécurité sociale. Les chiffres d’affaires s’en trouveront alors augmenté, caché lui-même derrière les opérations immobilières d’autres structures qui louent au mètre carré, le bâtiment aux normes européennes, construit pour l’occasion. Entendons bien que cette normalisation a pour but de rendre difficile toute création de micros structures à taille humaine, et moins déshumanisante. Devons-nous vouer de la polyhaine aux compagnies d’assurances ? Nous savons tous que le banquier est le meilleur ami de l’assureur qui place chez lui ses fonds, en vue de les faire fructifier. Beaucoup ignorent qu’ils participent involontairement à la Silver-économie lorsqu’ils achètent chez leurs banquiers des produits de prévoyance pour assurer pensent-ils leurs retraites. Oui en finançant ces produits ils vont dans un premier temps bénéficier des fruits du placement qui demain les tuera, lorsqu’ils seront eux-mêmes les clients des mêmes structures. Ce système pervers, pérenne, est un élément de plus dans l’économie circulaire, la liquéfaction y trouvant sa juste place. Il suffit de voir qui est au capital des holdings à qui le crime profite.
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Prêt pour l’acquisition, assurance du prêt, du logement, de la voiture, de tout ce qui ne nous arrive que rarement au nom du « On ne sait jamais ».
À quoi servent réellement les assurances de la plus petite à la plus coûteuse qui sera sans doute celle que la liquéfaction du patrimoine vous permettra, sans doute la loi aidant, d’assurer votre dépendance à grands frais puisque les experts parlent de 14 années possible dans le De la plus petite assurance, comme celle que vous futur d’espérance de vie… de fin de vie ? prenez innocemment lors de l’achat d’un billet d’avion pour un vol avec la réputée et sérieuse compa- Business plus juteux que l’Euthanasie qui elle ne rapporte gnie Émirates par exemple. Sur le produit vous pour- rien, et laisse l’entièreté de l’héritage à vos ayants droit. rez alors lire : « Assurance Annulation », qui vous induisant en erreur et que vous financez avec Ainsi se dessine l’avenir, il est plus facile de plumer un sérénité, vous fera oublier un temps que si AIG se sénior à petit feu sous couvert d’assurance et de décote targue d’assurer les clients Émirates, le sérieux de l’un de son patrimoine que de lui donner accès à une fin de vie ne fait pas l’honnêteté de l’autre. digne. Car vous ne recevez les 100 pages du contrat qu’après paiement de votre vol par un mail sur lequel vous ne vous attardez pas, car le sujet et l’expéditeur n’ont sur le fond et la forme pas du tout la couleur d’une communication claire le titre dit : « Vos documents assurance voyage AIG », envoyé depuis noreply@aig.com.
Si nous avions un conseil à donner, ne souscrivez pas d’assurance bas de gamme auprès de compagnies d’assurance à moins d’avoir plusieurs heures devant vous pour éplucher les 100 pages du contrat et la capacité après cela de renoncer à ladite assurance, sans vous dire « Il ne se passera rien ». Trouvez plutôt une solution avec votre assureur de confiance, il en existe.
Autant dire qu’ils ne désirent pas être joints, surtout que vous vous avez en tête « Émirates », et que bien entendu c’est donc forcément sérieux, à quoi bon lire les 100 pages, et puis le titre c’est assurance annulation, pas rapatriement et assistance.
Politique, n’écoutez pas sans le recul nécessaire les chantres de la liquéfaction du patrimoine, même si 50 % des immobilisations sont détendus par les plus de 60 ans, vos successeurs ne pourraient gérer facilement la précarité à venir dans des structures familiales qui ne seront plus de l’ordre des familles composées, mais décomposées.
Pourtant après un parcours du combattant pour modifier votre vol, et de nombreux coup de fil, Émirates qui a bien raison de le faire vous envoie en cas de soucis, tel qu’une cheville foulée vers la compagnie d’assurance. Là en dehors du souci de santé, du fait que vous êtes en gîtes de montagne avec une faible connexion, que vous ne pouvez pas voir un médecin, tandis que vous envoyez jour après jour des photos de votre cheville, et que les échanges de mails où vous répéter sans cesse à d’autres personnes qui tentent d’user votre patience la même chose, que vous avez deux transferts à faire, et que vous cherchez juste a reporté le voyage, vous découvrez qu’en réalité les 100 pages sont là pour vous induire en erreur. Ce n’était pas une assurance annulation… puisque pour l’invoquer vous deviez le faire 8 jours avant votre départ ! Par contre c’est une assurance assistance rapatriement… je vous passe le paragraphe sur la commission qui doit contrôler l’avis du médecin et la perte de temps et d’argent que génère une compagnie sans scrupule comme AIG qui a le toupet de vous envoyer une enquête satisfaction lorsque vous expliquez, que justement un article parlera des assurances et que vous comptez parler d’eux, car c’est bien le souci.
Ne vendez pas sur l’hôtel de la facilité économique votre âme au diable, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Si le polyamour à un avenir devant lui, chaque chose ayant son contraire, la polyhaine pourrait remplacer l’absence de confiance, dans le trio : Politique-Banque-Assurance. Le politique n’assurant plus depuis bien longtemps l’avenir de l’humanité, nous sommes en droit de nous demander : ne l’a-t-il d’ailleurs jamais assuré ? Tant que les campagnes électorales ne seront pas à la charge de l’État et avec un budget identique pour tous les partis, et que des politiques viendront de l’univers de la finance, nous aurons à craindre pour la pérennité de nos institutions. La gouvernance n’a pas de sens si elle ne se préoccupe pas de l’avenir des humains qui composent la Nation. Quant à l’assurance et au besoin de sécurité que nous mettons en place, pour nous prémunir, il serait judicieux que dans un avenir proche et dans une transparence totale, que les fonds soient gérés sans équivoque et sans porosité entre les intérêts privés et les pouvoirs publics. 85
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Si vous aviez été en charge de créer une 35ième liste afin de compléter l’offre politique, qui auriez-vous voulu représenter ?
Franchement, il n’est pas aisé de répondre à ce type de question.
Monique Dejeans Retraitée Commission européenne depuis peu, Conseillère consulaire élue pour et par les Français de l’étranger au Luxembourg, membre de l’Assemblée des Français de l’étranger (Paris), Vice-Présidente du Conseil Consulaire Luxembourg, Secrétaire de la section PS France du Luxembourg, membre du Parti socialiste luxembourgeois LSAP et responsable du SPIC (Socialistes pour l’intégration et la citoyenneté) LSAP. Passion : mes filles et mon petit-fils, la politique qui sert à aider les autres et à promouvoir la démocratie et l’égalité (avec un grand E), et une certaine Europe plus sociale et plus égalitaire. Inscrite depuis 1979 au Parti socialiste français, j’y suis, j’y reste et je me bats de l’intérieur pour le retrouver, tel que je l’ai connu à mes débuts. Et je ne me laisse pas entraîner par les sirènes du soi-disant Nouveau Monde ou celles du populisme ringard. Quelles analyses faites-vous du résultat des dernières élections européennes ?
Mais en tant que Française et socialiste, j’aurais aimé voir une vraie liste socialiste avec nos vraies valeurs, notre humanisme, notre sens inné de la solidarité, notre Histoire avec un grand H. Avec un accent sur bien entendu la défense du climat, mais avec un accent très fort sur comment aider les plus démunis et même les classes moyennes à lutter contre ce dérèglement. Une famille vivant avec un salaire minimal n’arrive pas à terminer le mois sans être en déficit, comment peut-elle changer de voitures, de fenêtres, de chauffage ? J’aurais aimé aussi que cette 35ième liste présente un vrai vaste programme sur la mobilité liée au gaspillage énergétique.
Analyse mitigée, tous les « éminents spécialistes » s’attendaient à une déferlante de l’extrême droite en général, ce ne fut pas le cas fort heureusement, même si son score peut faire peur, mais plus au niveau de chaque pays individuellement. Les grands partis traditionnels sociaux-démocrates, chrétiens-sociaux et même dans une certaine mesure les libéraux ont pris une claque. Il faut féliciter la grande victoire des Verts qui profitent de l’engouement général pour la défense du climat. J’espère qu’ils auront la même énergie à défendre les droits sociaux mis à mal depuis des décennies au sein des Institutions européennes. La grande inconnue maintenant est qui sera président(e) de la Commission européenne, une coalition est obligatoire, mais qui avec qui ? De même pour les présidences du Conseil et du Parlement européen. En tant que Française, je me félicite de la participation de mes concitoyens qui se sont moins abstenus cette année. Même si leur vote n’est pas allé où j’aurais aimé !!! 88
L’Europe a-t-elle du sens pour vous et lequel ? Bien sûr, l’Europe a un sens, c’est même une évidence. Tant de progrès ont été faits en son nom, mais peut-être pas suffisamment au niveau social, à vrai dire très peu, car tout est resté compétence des États membres. Et face à la globalisation et à la concurrence déloyale des États-Unis, de la Chine et de bien d’autres pays, l’Union européenne est plus forte que chaque 28 pays membres seuls. Et l’Union européenne est un exemple pour beaucoup de pays tiers dans différents domaines. Il me semble que cela devrait être plus mis en avant. Notre Europe est démocratique (peut-être pas pour tous, mais fort heureusement ils ne sont pour l’instant qu’une minorité), elle vit en paix, elle cherche des solutions aux problèmes de notre siècle, ce qui n’est pas évident quand il faut mettre d’accord 28 pays qui n’ont pas toujours les mêmes valeurs historiques. Il y a encore beaucoup de chemin à faire et de barrières à faire tomber, mais je fais confiance aux nouvelles générations qui se déplacent plus que nous ne le faisions et qui peuvent bénéficier d’Erasmus grâce à qui ils s’ouvrent aux autres, ils échangent et se comprennent. Que signifie pour vous, être Européen en 2019 ? Être européen, c’est apprendre à vivre avec les autres. Oublier que nous ne sommes pas uniquement les citoyens de notre pays. Nous partageons le même air, la même terre, les mêmes rivières, les mêmes fleuves, les mêmes montagnes, les mêmes mers de notre continent. Les eaux des fleuves ne s’arrêtent pas de couler quand elles quittent un pays. Même les nuages radioactifs de Tchernobyl ne se sont pas arrêtés aux frontières (ce que les autorités françaises de l’époque ont essayé d’expliquer). Nous aussi pouvons dorénavant passer d’un pays à l’autre (uniquement malheureusement pour les pays qui ont signé les accords de Schengen) sans devoir s’arrêter aux frontières. J’aimerais aussi que nous puissions partager les mêmes droits sociaux, les mêmes droits tout court. Qu’il n’y ait plus de différences et de barrières entre nous. Vaste programme, je l’admets, mais pourquoi pas. Je crois encore aux rêves. Quelle place l’Europe peut-elle occuper dans ce monde en mutation ? Comment je me suis exprimée plus haut, chaque État membre seul ne fait le poids contre les grandes puissances qui veulent se partager le « gâteau » du commerce mondial. Il en est de même pour la recherche scientifique, le numérique, l’« intelligence artificielle », comme ils disent, et dans de nombreux autres domaines. Notre richesse se situe dans notre jeunesse qui peut s’instruire, se former plus que dans ces autres superpuissances qui ne donnent pas la même chance à leur jeunesse. Mais, l’Union européenne doit aussi accroître son budget pour la recherche, nous sommes très loin derrière les États-Unis et la Chine.
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L´Europe
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Monique Dejeans 90
Que vous inspire l’Europe sociale ? L’Europe sociale a été la grande oubliée des Traités européens et cela est impardonnable. Le dialogue social lancé sous la Commission Delors avance à trop petits pas. L’Europe sociale est léthargique sous la pression de beaucoup d’États membres et là-aussi la carence des traités en est la cause. En 2017, M. Juncker a tenté de lancer le « Socle européen des droits sociaux », ça avance, disent-ils, alors que les États freinent encore. M. Juncker a bien dit « L’Europe du XIXème siècle sera sociale ou ne sera pas ». Vaste effet de manche, car tant que cela ne sera pas de la compétence unique de l’Union européenne, rien n’avancera. Donc changeons les Traités.
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L´Europe
et vous
Guillaume Gallet Technicien dépanneur dans le service après-vente des métiers de l’HO.RES.CA (Hôtellerie, Restauration, Café). Entraîneur et élève ceinture noire 4ième DAN à la Fédération internationale Lapunti Arnis de Abanico (art martial traditionnel Philippin) au Luxembourg. Une passion pour la cuisine, un engagement auprès de la Fédération Nationale des Combattants Volontaires, et de l’Union Nationale des Combattants, une identification politique de l’Égalité et du Partage.
Si vous aviez été en charge de créer une 35ième liste afin de compléter l’offre politique, qui auriez-vous voulu représenter ? « Défense des droits des citoyens, l’harmonisation de la reconnaissance des diplômes, égalité entre les femmes et les hommes dans les salaires, l’harmonisation des taxes, l’égalisation au droit à l’I.V.G, le droit au mariage pour tous, une meilleure liberté de circulation pour les travailleurs, la lutte contre la pollution et pour l’environnement, renforcer les droits de douane, harmoniser la lutte contre l’immigration clandestine, renforcer la lutte antiterroriste, lutter contre le gaspillage, la lutte contre la corruption, établir une charte qui engage les élus européens à agir pour le bien commun des citoyens de l’EU et non pour leur partie ou voire personnel, que chaque député qui se présente ait un casier judiciaire vierge... »
Quelles analyses faites-vous du résultat des dernières élections européennes ? L’analyse que l’on peut faire du résultat des dernières élections européennes est la suivante : « Les partis traditionnels ont cherché à rassembler les électeurs des uns et des autres en se livrant à des batailles futiles et ils ont été complètement aveugles et sourds à une grande majorité des citoyens qui au moment du vote ont préféré aller vers de nouvelles forces politiques. » Cela va mettre du sans neuf et redistribuer les cartes. 92
La Nation a-t-elle du sens pour vous et lequel ? La Nation a du sens au niveau national de chaque État. Mais au niveau européen il faut que cela prenne un véritable sens, car au niveau de l’EU les citoyens ne se sentent pas unis. Exemple de la dette de la Grèce, de la sortie de la Grande-Bretagne... Si nous voulons une Nation européenne nous devons être fort et solide afin de pouvoir être crédible et faire jeu égal avec le reste du monde, il faut qu’au niveau des pays membres de l’EU nous ayons le même langage économique, la même vision des choses, jouer le même jeu afin d’avoir une harmonisation et surtout solidaire des uns et des autres... Que signifie pour vous, être Européen en 2019 ? Être Européen en 2019 signifie que nous soyons égaux les uns envers les autres, que nous ayons les mêmes droits et devoirs dans chaque pays membre (Santé, liberté, justice, égalité, travail, liberté...) L’Europe dans ce monde en mutation peut occuper une place à la condition que les États membres ne parlent que d’une seule et même voix, forte et puissante Quelle place l’Europe peut-elle occuper dans ce monde en mutation ? Comment je me suis exprimée plus haut, chaque État membre seul ne fait le poids contre les grandes puissances qui veulent se partager le « gâteau » du commerce mondial. Il en est de même pour la recherche scientifique, le numérique, l’« intelligence artificielle », comme ils disent, et dans de nombreux autres domaines. Notre richesse se situe dans notre jeunesse qui peut s’instruire, se former plus que dans ces autres superpuissances qui ne donnent pas la même chance à leur jeunesse. Mais, l’Union européenne doit aussi accroître son budget pour la recherche, nous sommes très loin derrière les États-Unis et la Chine. Que vous inspire l’Europe sociale ? Il est impératif de lutter contre le chômage et l’exclusion sociale sinon il y a risque de fractures. Pour ce faire, il faut une harmonisation fiscale, même droits, mêmes devoirs, que ce soit pour des ressortissants européens qui travaillent dans un autre pays d’Europe ou pour les entreprises. L’exemple du « plombier polonais », qui viendrait travailler en France pour moins cher, a cristallisé les esprits, il y a quelques années. De même que certaines entreprises vont s’installer dans un autre État membre, car plus avantageux, c’est au détriment de ceux qui ont un coût du travail supérieur. C’est créer un climat d’injustice préjudiciable à l’union.
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L´Europe
et vous
Berkan Toppeker Interprète-traducteur et auteur, UPR
Quelles analyses faites-vous du résultat des dernières élections européennes ? Ces résultats sont bien surprenants quant à la façon dont ils furent initialement divulgués. Ils furent annoncés en ligne par Le Parisien dès le 26 mai à 7h11 avant même le déroulement du vote. L’article y dévoilait déjà le nom de députés européens élus.
Seul le RN reste stable avec ce qui ressemble au plein de ses voies. Je ne leur vois pas de marge de progression en l’absence de scrutin à deux tours. Nous voilà donc de nouveau face à un goulet d’étranglement : l’offre politique ne correspond pas aux attentes des citoyens tandis qu’une formation comme l’UPR est sans cesse censurée et dénigrée par les médias. Visiblement la liberté ne vaut pas pour tout le monde en France.
On peut encore miraculeusement trouver cet article dans les archives du journal :
Si vous aviez été en charge de créer une 35ième liste afin de compléter l’offre politique, qui auriez-vous voulu représenter ?
après qu’il ait été vite enlevé.
Monsieur Dominique de Villepin pour une droite institutionnelle et digne.
(http://archive.fo/2019.05.29-030206/http://m.leparisien.fr/elections/europeennes/resultats-europeennes-2019-ils-entrentau-parlement-26-05-2019-8079846.php)
Voilà pour le côté conspi.
La Nation a-t-elle du sens pour vous et lequel ?
Pour le reste on s’attendait à une raclée monumentale pour la formation de gouvernement. La casse semble avoir été limitée. Au prix de quels efforts ? Il n’en demeure pas moins que la légitimité de LREM qui culmine lamentablement à 22,4 % est plus que douteuse à gouverner la France. Je m’imagine sans peine que ce machin en marche vers le chaos a fait son score en partie avec les voix des Républicains (8,5 %) tant les résultats de ce dernier qui a, est-il besoin de le rappeler, gouverné la France, sont restés faible.
La Nation semble aujourd’hui et plus que jamais la seule entité légitime à confier le pouvoir à ses représentants. L’idée de démocratie représentative est plus que mise à mal par les lobbys qui viennent faire valoir leurs intérêts bien souvent au détriment du peuple et donc de la Nation ainsi que par les bureaucrates de Bruxelles qui agissent en véritable législateur sans n’avoir jamais été élus par qui que ce soit. Comment voulez-vous respecter une norme européenne faite par celui à qui vous n’avez rien demandé sur le plan du jeu démocratique ?
(Vous savez ces gens qui n’aiment pas la tarte aux pommes et donc qui n’aiment pas leur grand-mère).
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Le souvenir de Sarkozy et de son entourage est bien vivace. Pour ce qui est du PS, le rejet ne date pas d’aujourd’hui.
Non, l’Europe ce n’est pas la démocratie. Cette démocratie reste sur le plan national où là encore elle est plus que mise à mal : on a eu tendance à personnaliser la République en violent tout principe de neutralité lorsqu’on a prêté les traits de Brigitte Bardot ou de Laetitia Casta à Marianne, aujourd’hui on a tendance à simplement et purement confisquer le pouvoir. En France, les dérives et les déficits démocratiques sont bien réels. Au train où vont les choses et au vu de la confusion croissante des genres, j’attends de pied ferme le jour où les normes législatives et judiciaires seront elles aussi ente les mains du pouvoir exécutif : le premier magistrat de France ne nous a-t-il pas annoncé que les élections sont un cursus d’un ancien temps ? Mais oui, pourquoi organiser des élections? Ça coûte un pognon de dingue ! Plus la Nation et donc la démocratie seront attaquées et plus elles seront défendues. C’est là un devoir de tous les citoyens. La démocratie touche à la vie quotidienne de chacun. Que signifie pour vous, être Européen en 2019 ? Un consommateur et rien de plus. Une entité désorientée, désincarnée, utilisée et jetée comme un rien : du matériel doublé d’un terrain d’expérimentation. À l’instar de la femme dont le corps sert aux différents affrontements politiques. Dans toutes les gares d’Europe, nous pouvons croiser des Européens : des riens. Et d’ailleurs, qu’est-ce que l’Europe elle-même à l’heure du mondialisme ? Une excroissance de la superpuissance américaine ? Quelle place l’Europe peut-elle occuper dans ce monde en mutation ? L’Europe semble destinée sur l’axe est-ouest à servir de nouveau de zone tampon entre les Usa d’un côté et la Russie et la Chine de l’autre. Sur l’axe nord-sud de zone tampon entre le monde musulman et l’Occident. À cette fin, elle s’est mise dans l’idée de modifier le Maghreb à travers le projet d’union pour la Méditerranée quitte à assassiner Mouammar Kadhafi. Un projet qui peine dans son avancement, mais auquel l’Occident n’a pas renoncé.
Que vous inspire l’Europe sociale ?
L’Europe n’est pas et ne sera pas sociale. On a eu tout le temps d’y penser et de fonder cette Europe sociale à laquelle les Français aspiraient. Mais, les orientations prises ces dernières décennies laissent supposer que toute idée du social fut abandonnée, balayée par une construction moribonde et essentiellement financière. Y’a-t-il un droit du travail européen ? Non, juste des règles permettant aux entreprises d’optimiser l’emploi de leur main-d’œuvre. L’Europe a dépensé 4589 milliards d’€ pour sauver les banques. Ça n’a pas empêché les banques de licencier par la suite. Le social n’est plus qu’une vue de l’esprit. Y compris sur le plan national où le gouvernement s’attaque jusqu’aux droits des handicapés. Le nivellement vers le bas opéré sur la société française est le plus bel exemple de ce que le social ne sera pas.
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L´Europe
et vous
Renaud Roche
Villepiniste, Ancien UDF, mais de la vraie, la première
Quelles analyses faites-vous du résultat des dernières élections européennes ? Une volonté, non pas d’« écologie », mais de la prise en compte de la nature. La nature mobilise plus la Jeunesse que l’économie dans laquelle ils ont du mal à se positionner. Un effondrement de l’électorat des Républicains qui ne comprend plus ces « professionnels » de la politique.
Si vous aviez été en charge de créer une 35ième liste afin de compléter l’offre politique, qui auriez-vous voulu représenter ? J’y ai participé en étant sur la liste
des Oubliés de l’Europe
issue d’un syndicat de commerçants, artisans, professions libérales et indépendants : La CNDI
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L´Europe a-t-elle du sens pour vous et lequel ? Bien sûr, d’autant plus que je suis à un carrefour de 3 frontières, discuter, évoluer ensemble pour la Paix
Que signifie pour vous, être Européen en 2019 ? Maintenir cette paix dans une démocratie qui devient très fragile et à tous les niveaux. Sans cesse nous sommes confrontés aux magouilles diverses et variées.
Quelle place l’Europe peut-elle occuper dans ce monde en mutation ? Une référence et un garde-fou pour des valeurs de paix et d’équité.
Que vous inspire l’Europe sociale ?
Une Europe qui protège les plus démunis, mais un réel défi dans l’harmonisation des charges professionnelles pour parler à son voisin d’égal à égal. Sans travail, il n’y a pas de vie possible, ni d’acceptation et d’intégration du voisin. Je reste toutefois un IDÉALISTE.
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L´Europe
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Valérie Lejeune Auxiliaire d’élèves en situation de handicap, j’ai soutenu Dominique de Villepin
Quelles analyses faites-vous du résultat des dernières élections européennes ? Résultat prévisible, comme nous avons l’habitude, RN tient une bonne part et pour contrer, on vote ceux qui ont le plus de chance en face. Quant à ceux qui sont toujours dans la critique des politiques menées, on remarque qu’ils ne sont pas crédibles. Ce sont des propositions que l’on attend.
Si vous aviez été en charge de créer une 35ième liste afin de compléter l’offre politique, qui auriez-vous voulu représenter ? Il y avait trop de listes, mais j’aurais voulu représenter quelqu’un ayant une vision internationale, l’Europe doit faire bloc pour avoir sa place dans la mondialisation. Il faut donc jouer franc-jeu, l’unifier, la fortifier et non chercher à s’en servir pour en tirer parti au niveau national.
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La Nation a-t-elle du sens pour vous et lequel ? C’est une communauté humaine mue par un esprit d’équipe, inspirée par un passé, un présent et un avenir commun comme je l’avais écrit précédemment. Elle devra s’intégrer dans l’Europe au même titre que les différentes régions françaises l’ont été avec la France. Que signifie pour vous, être Européen en 2019 ? Les blessures de l’histoire ont fait prendre conscience d’un destin commun des Européens qui ont compris l’impératif humaniste, ont ouvert le dialogue, se sont unifiés réalisant qu’ils ont une identité commune. Pour consolider cet esprit européen, j’aimerais qu’Erasmus soit davantage ouvert, qu’il y ait reconnaissance des qualifications entre les pays afin de faciliter les mobilités. Quelle place l’Europe peut-elle occuper dans ce monde en mutation ? Il faut qu’elle ait un regard vers l’ouest, l’est et le sud pour entretenir de bonnes relations. La proximité géographique et historique de certains pays membres avec des pays hors Union européenne peut être mise à profit (par exemple l’Allemagne avec la Russie, la France avec l’autre rive de la Méditerranée) et sera autant de mains tendues vers l’extérieur. L’Europe ne se limitant pas à son espace intérieur doit jouer un rôle sur la scène internationale, éviter que les États-Unis par exemple s’arrogent le rôle de « gendarme du monde » avec les effets pervers qui en découlent. Il nous faut une Europe forte sur le plan diplomatique et militaire au risque d’être perçue comme quantité négligeable. Que vous inspire l’Europe sociale ? Il est impératif de lutter contre le chômage et l’exclusion sociale sinon il y a risque de fractures. Pour ce faire, il faut une harmonisation fiscale, même droits, mêmes devoirs, que ce soit pour des ressortissants européens qui travaillent dans un autre pays d’Europe ou pour les entreprises. L’exemple du « plombier polonais », qui viendrait travailler en France pour moins cher, a cristallisé les esprits, il y a quelques années. De même que certaines entreprises vont s’installer dans un autre État membre, car plus avantageux, c’est au détriment de ceux qui ont un coût du travail supérieur. C’est créer un climat d’injustice préjudiciable à l’union.
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Europe : Mais que souhaitent vraiment les Français ? Constatant le délitement de notre société et les manifestations contestataires contre les politiques menées par nos gouvernements successifs depuis des décennies, nous avons réuni des acteurs de terrains humanistes sous la bannière « Fédération Citoyenne » autour de 5 valeurs (Authenticité, Coopération, Démocratie, Écologie et Paix) et d’une méthode de travail intitulée la démocratie participative opérationnelle (détail sur http://mtrf.eu/pdf/Detaildelamethodededemocratieparticipativeoperationnelleendetail.pdf). Toutes ces personnes œuvrent pour le seul intérêt général dans de nombreuses associations, notamment de maires ruraux, d’anticorruption en politique, d’écologie, d’éducation... Dans la continuité d’une initiative visant à présenter aux élections présidentielles de 2017 un candidat hors des partis médiatisés, à savoir Laprimaire.org, et dans un monde de plus en plus chaotique ou les urgences environnementales ainsi que la géopolitique exigent de réformer urgemment l’Union européenne pour peser face à la Chine, les États-Unis et la Russie, nous avons lancé, une opération de constitution d’une liste citoyenne a partisane pour les élections européennes par un processus de démocratie réelle innovant. Nous avions mis en place une structure transparente et un processus simple permettant à tout électeur de candidater pour la députation européenne et de constituer en retransmission directe à minima sur les réseaux sociaux cette liste. Les candidats pouvaient déposer leur enveloppe de candidature dans des urnes par tranche de place souhaitée sur la liste. 80 candidats devaient être tirés au sort de la 11ième à la 90ième place. Puis toute personne souhaitant faire partie des 10 premiers candidats de cette liste était invitée à présenter en direct son projet européen. Un jugement majoritaire des candidats tirés au sort devait ensuite finaliser cette liste (détail sur http://mtrf.eu/pdf/19-04-25_Processusdeconstitutiondelalistefederationcitoyenne.pdf) 100
De très nombreux participants et organisateurs de manifestations (marche pour le climat, gilets jaunes, pour les hôpitaux...), de très nombreux élus locaux, de nombreux responsables d’associations et de très nombreux journalistes ont été invités à participer à cet évènement. Bilan : Malgré le soutien, les relais et la présence de plusieurs présidents d’associations départementales de maires ruraux, nous n’avons pas eu assez de candidats présents pour finaliser cette liste et la presse n’a pas relayé cette initiative démocratique. Personnellement, suite à ma qualification sur Laprimaire.org, je souhaitais présenter un projet européen pragmatique pour faire comprendre aux Français l’importance que des députés européens libres et engagés auraient pu avoir sur leur quotidien. Que peuvent faire nos candidats députés européens français ? Quelques exemples parmi tant d’autres Pour la France, grâce à leur visibilité médiatique, nos députés peuvent, en se faisant aider par une pression citoyenne, demander à notre président E.Macron de faire abroger totalement par sa majorité à l’Assemblée nationale la loi du Verrou de Bercy (https://fr.wikipedia.org/wiki/Verrou_de_Bercy) qui permet la fraude fiscale de certaines personnes et supprimer toutes les lois qui autorisent l’évasion fiscale légale, englobées dans de qui est communément dénommé l’optimisation fiscale. En prenant conseil auprès des juristes des associations anti-corruption en politique comme ANTICOR entre autres, notre président trouverait ainsi de nombreux milliards d’euros disponibles pour investir dans les technologies de la transition énergétique, pour protéger notre planète avec toute sa biodiversité animale et végétale, pour améliorer les services publics (transports, hôpitaux, EHPAD, crèches…), pour redynamiser nos petites communes, pour répondre aux revendications les plus légitimes des gilets jaunes et tout ce que nous proposerons ensemble allant dans l’intérêt général. Au niveau européen, nos députés français, légitimés par notre vote, contrairement aux commissaires européens qui sont nommés par des gouvernements, et récupérant des finances
publiques peuvent lancer des ateliers constituants pour réformer les traités qui régissent le dysfonctionnement de l’actuelle Union européenne.
problèmes internes et les questions environnementales (climat, accès aux ressources naturelles, migrations...) afin de redresser nos économies dans la sobriété heureuse.
Il est en effet, intolérable que des pays demeurant des paradis fiscaux ou ne favorisant pas les entreprises européennes pour leurs commandes de biens et de services ou encore provoquant la faillite de nos entreprises par un dumping social (lire Les travailleurs détachés : victimes ou coupables ? sur : https://medium.com/@jmfortane/les-travailleurs-d%C3%A9tach%C3%A9s-victimes-ou-co upables-du-dumping-social-3b7a56cac320), puissent bloquer par la règle de l’unanimité de nombreuses lois que nous pourrions faire passer pour lutter contre les paradis fiscaux, instaurer une harmonisation fiscale, plus de justice sociale et financer à sa juste mesure la transition écologique entre autres.
Bien que ces considérations puissent paraître complexes et secondaires à une majorité de nos concitoyens électeurs, c’est en exigeant l’ouverture de vrais débats de fonds avec des personnes constructives sans langue de bois, que le peuple français peut comprendre où est son intérêt. Hélas, nous avons reproduit le scénario des élections présidentielles de 2017 avec un affrontement LAREM/RN sans aborder les sujets de fond.
N’oublions pas que, tous les pays qui composent l’Union européenne, y compris la France, pourraient faire partie des pays du Tiers-Monde, car aucun d’entre eux n’est autonome avec ses réserves énergétiques et minières. C’est la France qui permet à l’Union européenne de peser pour l’instant sur les grandes décisions mondiales grâce à son armée et surtout grâce à sa force de frappe nucléaire dissuasive qui lui assure de siéger à la table des « grandes » puissances mondiales. Si la France peut encore se passer de nombreux pays européens, ce n’est plus réciproque depuis que Donald Trump a décidé de modifier la politique internationale américaine, notamment en durcissant ses conditions de partenariats avec les Européens. Concernant la politique mondiale, notamment pour lutter contre les migrations économiques, nos députés peuvent exiger au parlement européen de respecter les accords de la COP 21 et expliquer la nécessité de créer un véritable partenariat France-Europe-Afrique des peuples et non plus des classes dirigeantes si nous souhaitons encore peser dans les décisions que prennent la Chine, la Russie et les États-Unis. Si nous avions pu nous exprimer dans les médias, nous aurions expliqué aux Français l’intérêt réciproque que nous avons à créer de vrais partenariats avec les peuples des pays pauvres pour agir efficacement sur nos
Alors que les autres grandes puissances se préparent au chaos annoncé par de plus en plus de scientifiques, ne risquons-nous pas de sombrer une fois de plus dans des guerres non voulues ? Demandez à nos anciens si en 1914 et en 1939 le peuple français n’était pas persuadé de disposer d’une armée capable de les protéger des Allemands. Demandez aussi à nos militaires quel est l’état de l’armée française d’aujourd’hui et comparez-la avec celle de Xi Jinping qui s’est fait nommer il y a quelques mois président chinois à vie dans l’omerta quasi complète de nos politiciens. Regardez ce reportage récent d’Arte sur « Le monde selon Xi Jinping » si vous voulez comprendre pourquoi les Européens et les Africains ont intérêt à créer de vrais partenariats des peuples de façon très urgente : https://www.dailymotion.com/video/x6wn3hy Nous avons voté et nous sommes encore passés à côté d’une occasion de recréer une unité nationale d’action sur un projet et non pas sur un attentat ou une victoire de football ! Combien de temps disposons-nous encore avant qu’il ne soit trop tard ?
Jean-Marc Fortané auteur de la trilogie de livres « Le CERFAN Droit dans l’iceberg ou changer de cap ? » Plus d’infos sur Facebook Fédération Citoyenne
Contact : federation.citoyenne@mtrf.eu
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Lorsque Monsieur Philippe Arino,
nous a transmis parmi les premiers son article pour la préparation de ce numéro, nous avons eu l’occasion d’échanger avec lui. A la suite de cette discussion, l’auteur prétend sur son blog que nous l’aurions censuré et avoir quitté notre « mouvement politique ». Or, il n’a jamais été membre de l’association et n’a donc pu participer à des travaux ou réunions. La rédaction du Mag l’a sollicité en sa qualité d’auteur s’intéressant à la cause homosexuelle. L’Unité Nationale est une philosophie politique et non un mouvement. Elle est fondée sur l’autodétermination politique de chaque individu. Les pratiques religieuses relevant de la liberté de culte, l’État, dans le respect du principe de laïcité, se doit de conserver une parfaite neutralité à l’égard des croyances de chacun. Ce plus petit dénominateur commun est connu de toutes les personnes qui contribuent au Mag. Monsieur Philippe Arino étant une part de la Nation, nous publions son article dont la teneur des propos n’engage que l’auteur.
Article de Philippe Ariño
JOSÉPHINE ANGE GARDIEN, LA SÉRIE TYPIQUEMENT EUROPÉENNE
Qu’elle plaise ou non, qu’on la juge beauf ou innocente, la série Joséphine ange gardien, diffusée sur TF1, et popularisée par l’actrice naine Mimie Mathy, fait incontestablement figure d’exception dans le paysage télévisuel français, ne serait-ce que par son incroyable longévité : 20 ans. C’est sur les raisons de ce «succès» que Philippe Ariño, intellectuel catholique et homosexuel, auteur du livre Homo-Bobo-Apo et blogueur de l’Araignée du Désert, s’est penché, en choisissant deux angles d’analyse : l’homosexualité et la Franc-Maçonnerie. Par cette insoupçonnable paire de lunettes, il démontre que Joséphine est d’une part l’ambassadrice du téléphone portable (puce électronique subcutanée), d’autre part l’ambassadrice de la Nouvelle Religion mondiale fondée sur l’héliocentrisme (culte du Soleil). Autrement dit, le monde actuel tente de remplacer Jésus par les dieux «Électricité » et « Soleil », bref, par la magie technologico-énergétique alchimique. 102
Série européenne dans son contexte d’apparition Joséphine ange gardien et l’Europe : quel est le rapport ? me direz-vous. Je me suis « tapé » tous les épisodes et il n’est quasiment jamais question d’Europe. Qu’est-ce que c’est que ce délire ? Mais en y regardant de plus près, c’est incroyable tous les trésors qu’on peut trouver sur ce lien. D’abord, la série est apparue en 1997, deux ans pile avant l’arrivée de la monnaie euro : elle lui a servi de marchepied, en quelque sorte. Par exemple, dans l’épisode 91 consacré à la coupe du monde 1998, elle revient sur sa genèse historique contextuelle : l’ange gardien stagiaire Ismaël s’amuse de redécouvrir l’existence des billets en francs (à l’effigie de Saint-Exupéry) qu’il avait oubliés. Ensuite, la série Joséphine s’exporte particulièrement dans les pays européens les plus stratégiquement décisionnaires au niveau de l’Europe : la Belgique, la Suisse et le Luxembourg. Et les premiers épisodes sont des coproductions avec la télévision belge (pays du Parlement européen), et même l’épisode 5 (traitant de la prostitution) est tourné in situ à Bruxelles. Enfin, la société de production de la saga joséphinienne est le groupe Lagardère Entertainment, tenu entre autres par Denis Olivennes, directeur d’Europe 1. Cette radio co-produit Joséphine. D’ailleurs, dans l’épisode 7, ce sont les caméras d’Europe 1 et de TF1 qui couvrent la mutinerie d’usine de teinture présidée par l’héroïne. Sans compter que pour fêter les 20 ans anniversaire du téléfilm (en octobre 2017), c’est la radio Europe 1 que Mimie Mathy a choisie comme tribune principale. Joséphine, Ambassadrice rigolote de l’Europe Concrètement, dans Joséphine ange gardien, il est beaucoup fait référence à l’Europe, même si l’héroïne ne s’y déplace quasiment pas, excepté dans les épisodes 5 (Belgique), 53 (Suisse) et 54 (Écosse)… encore que, pour la troisième destination, on puisse douter de l’enracinement british du lieu fictionnel :
Quand on sait que les scènes oxfordiennes du film « Guillaume et les garçons à table ! » de Guillaume Gallienne ont été tournées à la Cité universitaire de Paris, il faut s’attendre à tous les artifices avec les réalisateurs d’aujourd’hui ! En revanche, les Européens, en tant que visiteurs ponctuels de la France ou bien immigrés — clandestins et/ou assimilés — occupent une place confortable dans la série : la Grèce (épisode 76), la Pologne (épisode 24), la Russie (épisodes 18 et 58). Certains pays européens ne jouissent pas d’une excellente réputation (l’Allemagne, ce sont les méchants nazis, dans l’épisode 49 ; la Russie et la Pologne sont présentées comme le goulag ou les terres des mafieux, dans les épisodes 24, 49 et 66 ; l’Italie est représentée par les ritals magouilleurs, forains machos de deuxième génération, dans l’épisode 63).
Joséphine instaure avec les pays européens un rapport mi-taquin mi-moqueur, en imitant les parodies vivantes de leurs natifs — imitations construites de toute pièce par la subculture mondialiste franchouillarde — de manière tellement grossière que parfois ça passe, parfois ça casse : par exemple, dans l’épisode 33, elle feint d’entretenir une discussion téléphonique avec Camila, une amie anglaise imaginaire; dans l’épisode 37, elle se fait passer pour la prof d’anglais de Camille, mais elle finit par être démasquée ; dans l’épisode 39, elle imite une touriste allemande perdue dans Paris afin de distraire un groupe d’entrepreneurs. En général, le contact de Joséphine avec l’Europe est distant, bourgeois, folkloriste, vestimentaire (dans l’épisode 73, elle porte un foulard de Merlin l’enchanteur avec des étoiles blanches sur fond bleu roi, presque comme le drapeau européen), consumériste (dans l’épisode 33, elle se lance sans peur dans un karaoké au resto italien), onirique (dans l’épisode 58, elle dit qu’elle s’est déjà rendue en Russie il y a plusieurs siècles ; et à la toute fin, elle exprime une forte envie de partir en Espagne : « Une p’tite mission à Séville, ce serait trop top ! »). D’ailleurs, lorsque notre ange débarque sur terre et se croit dans un pays européen, ça sent très vite l’intox : « Apparemment, je suis pas en Hollande… parce qu’en bas, c’est pas les tulipes. », marmonne-t-elle du haut du toit du cabaret du Moulin Rouge à Paris, au début de l’épisode 17. Série européenne dans le sens mondialiste et spiritualiste du terme Joséphine, c’est un peu le nain d’Amélie Poulain. Le cortège de déplacements européens qu’elle effectue n’est qu’un décor en carton-pâte ou une succession de diapositives défilant derrière elle et traduisant son immobilisme. On en a la preuve dans l’épisode 5, quand elle déroule fièrement son énorme collection de passeports multinationaux. Joséphine est la Citoyenne du Monde, et non l’Européenne pure souche, enracinée dans un territoire réel. L’Europe que la série dépeint est le monde, ou plutôt une certaine idée mondialiste du monde : un espace transnational, à la merci de la Finance et de l’Internet. L’européanisme transnational qu’illustre Joséphine ange gardien transparaît déjà à travers le nom d’un des éditeurs du téléfilm : les Éditions Europe Images International. Mais en écoutant les dialogues de la série, on retrouve également cette Europe-Monde. Joséphine est un feuilleton propagandaire d’uniformisation-alignement des normes à la législation de l’Union européenne en matière de technologie (épisodes 72 et 82), de sécurité (épisodes 63 et 78), de santé (épisode 7 et 77), de procréation (épisodes 34, 55 et 58), d’écologie (épisodes 10 et 83), de Droits de l’Homme (épisodes 12 et 32) et d’« amours » .
Par exemple, dans l’épisode 51, notre héroïne se présente comme « experte en biodynamique naturelle » et dit qu’elle « a été mandatée par le Conseil de l’Environnement européen Planétaire, le CEEP, afin de faire une étude sur les potentialités des exploitations bios » (et, de son propre aveu, elle est un agent aveugle de ce programme européano-international : «Je comprends rien à ce que j’ai dit… »). Dans l’épisode 62, elle intègre une multinationale vendant des produits cosmétiques partout sur la planète et qui s’appelle Privela Europe : elle tient l’antenne canadienne. Dans l’épisode 68, Joséphine débarque en Thaïlande et travaille en tant que « coordinatrice » pour une « agence » de détectives privés chargés de retrouver des gens pour des clients : en fait, elle est un agent double européen qui s’ignore, puisque son ordre de mission lui est fourni dès son arrivée à l’aéroport sous la forme d’une serviette d’Europ Assistance (ça ne s’improvise pas !) avec un téléphone à l’intérieur qui la relie à sa boss (Clara Milton) pilotant son opération depuis l’Europe. Joséphine ange gardien nous mène en bateau — ou plutôt en train ! – vers la Nouvelle Religion mondiale : celle que les ingénieurs de la Tech élaborent en ce moment pour nous, en lien avec le culte luciférien de l’énergie (émotionnelle, cérébrale, électrique, internétique et solaire) présentée comme divine. La série-phare de TF1 propose en ce sens un retour étonnant aux civilisations héliocentriques (hélios, c’est le « soleil » en grec), en particulier égyptienne (épisode 71) et inca (épisodes 52). Exemple truculent. Dans l’épisode 92, Jérémie ressort de son grenier un vieux train électrique qu’il refait marcher pour son fils. Comme par hasard, celui-ci est aux couleurs des cinq bandes de pouvoir aurique du rite inca déclinées par Alberto Villoldo (blanc, argent, jaune, rouge et noir… couleurs que l’on retrouve presque systématiquement dans les derniers épisodes). « J’ai retrouvé mon vieux train électrique. Ça intéresse quelqu’un ? » Oui !!! Nous !!! Et pourquoi ? Je vous le donne en mille : le train s’appelle « Inter Europe »… Européanisation angéliste et luciférienne du monde La nature angélique et mondialiste de Joséphine ange gardien pose de plain-pied la question de la Nouvelle Gouvernance mondiale luciférienne. 103
Tant pis si je sors les grands mots qui font « complotistes, conspirationnistes et paranoïaques ». Mais après tout, on est libres, à l’Union Nationale ! L’Antéchrist (l’ennemi luciférien qui, dans l’Apocalypse de saint Jean, au chapitre 13, est décrit comme le «Prince» qui conduira notre monde juste avant l’arrivée ultime et victorieuse de Jésus à la Fin des Temps) compte se servir de l’Europe comme laboratoire et tour de contrôle mondiale. Par exemple, dans le roman Le Maître de la terre (1907) de Robert Hugh Benson, Felsenburgh (l’Antéchrist) est nommé «Président de l’Europe » et se fait « élire à la présidence des deux Amériques » : l’Amérique des USA et l’Amérique européenne. Dans le roman Le Père Elijah (1996) de Michael O’Brien, l’Antéchrist occupe la fonction de « nouveau président pour la Fédération des États Européens », sorte d’Amérique européenne. Dans le Court Récit sur l’Antéchrist (1900) de Vladimir Soloviev, « l’homme-qui-vient est élu à la quasi-unanimité président à vie des États-Unis d’Europe. On le nomme Empereur romain. » C’est un prélude à l’hégémonie atlantiste de l’OTAN…
même si chaque pays continuera, par pur nominalisme et folklorisme, d’exister. « L’Europe veut actuellement se repenser en moteur de la construction du Nouvel Ordre mondial. » (Malachi Martin, Windswept House, 1996, p. 340). L’Antéchrist joue sur l’amalgame entre européanité et universalité pour instiller « l’esprit européen global » (Soloviev, p. 99), imposer l’« égalitarisme indifférencié » et construire « le monde civilisé, ou européen, qui croît peu à peu et s’agrandit pour finalement embrasser tous les Peuples en retard sur ce mouvement historique et les inclure dans un unique ensemble pacifique, international et solidaire. L’instauration de la Paix internationale éternelle » (idem, p.123).
Ce n’est pas que de la fiction. Beaucoup d’hommes politiques actuels se revendiquent « européens ». Mais, il faut bien comprendre dans quel sens ils emploient l’adjectif : ce n’est pas celui d’Europe physique, ni même d’Union européenne, mais d’idéologie surnaturelle et ultralibérale mondialiste, de patrimoine spirituel où triompheront l’Optimisme et la Liberté digitale. « Je suis lucidement libéral, résolument social, et profondément Européen » disait encore il n’y a pas si longtemps Pierre Méhaignerie, l’ancien ministre de la Justice français à Orvault, le 26 octobre 2016. Les néo-européistes ne se réfèrent pas à l’Europe réelle, mais à une allégorie, une grande Cité d’or franc-maçonne, un royaume fantasmé : l’Europa de la mythologie grecque, assise sur son taureau cornu.
Depuis les Traités de Rome (1957) qui ont donné naissance de la Communauté Européenne, l’Antéchrist et son Gouvernement travaillent à une unification des États-Unis et de la France (la French American Foundation). Le président américain George H. W. Bush parlait déjà de son Amérique comme d’une « puissance européenne ». Emmanuel Macron, lors de la visite du président nord-américain Donald Trump à Paris en juillet 2017, a scellé solennellement ce pacte préparé par ses prédécesseurs atlantistes en réaffirmant l’éternité de l’alliance entre la France et les États-Unis : « Rien ne nous séparera jamais. » L’Antéchrist sait qu’idéologiquement, intellectuellement, artistiquement, politiquement, historiquement, religieusement, l’Europe est le berceau de tous les autres continents, et que s’il y installe son pouvoir, il entraînera tous les autres pays à sa suite : « Les Américains, les Africains et les Asiatiques s’étaient toujours rangés derrière les Européens » (Malachi Martin, p. 353).
Comme le dévoile Philippe de Villiers dans son autobiographie « Le Moment est venu de dire ce que j’ai vu » (2015), à propos de son expérience politique en tant que député européen, en évoquant « l’erreur de Maastricht », les fondateurs de la Nouvelle Europe entendent « dissoudre les nations » et l’Espace Schengen, fonder « une Cité sans frontière et sans racines ». Il souligne également la prédominance de l’idéologie hétéro-bisexuelle à la gouvernance de l’Europe actuelle : « Il y a deux tiers du Parlement européen qui sont membres du LGBT, quand même ! » L’européisation du monde est l’autre nom de la mondialisation antéchristique. Le plan de l’Antéchrist et de son cercle de diplomates, c’est de défendre l’Europe comme 104 entité internationale, comme espace a-national…
Autrement dit, l’adjectif « européen » devient synonyme de « Citoyen du Monde » et de « Paix universelle ».
Les européistes antéchristiques ont deux leitmotivs : « l’ouverture » d’abord, « l’unité » ensuite. Ils veulent d’« une Europe ouverte » (idem, p. 256). Cette ouverture n’est qu’une façade : ils cassent quelques frontières pour en construire le double, et de surcroît dans un matériel
Plus invisible et flatteur, car ce sont des miroirs narcissiques numériques s’habillant d’anticonformisme rebelle (ex : le mouvement altermondialiste d’extrême gauche des « No Border »). Dans le roman Le Père Elijah, le mouvement mondial créé par l’Antéchrist s’appelle comme par hasard Unitas, et abrite même les représentants des trois religions monothéistes. L’invocation de l’« unité » est à l’« ouverture » ce que l’« égalité » est à l’idéologie hétérosexuelle de la « diversité » : son pendant fusionnel destructeur. User de ce mot rassembleur qu’est l’« Unité » dispense les européistes de dévoiler autour de qui ils se rassemblent : l’Antéchrist. Derrière l’union invoquée, il y a l’idée que ce sont les nationalismes/patriotismes et les religions qui « clivent » et qui sont les ennemis de l’Europe-Monde, et donc les bêtes à abattre… même si l’Antéchrist ne va pas les éradiquer tout de suite et se servira plutôt de leurs conflits internes pour qu’ils se bouffent les foies entre eux : «Ces gens veulent construire une nouvelle Europe de l’Atlantique à la Mer du Japon, mais sans la foi de la bonne vieille Europe. » (idem, p. 568) ; « La souveraineté nationaliste ou religieuse constituait dorénavant une menace pour la survie et un ennemi du progrès dans l’habitat nouveau et harmonieux de l’humanité. » (idem, p. 162). L’Antéchrist va profiter du vieux conflit « entre les euro-atlantistes et les eurocentristes » (idem, p. 263), c’est-à-dire entre les Macronistes et les Lepenistes isolationnistes, ou, si vous préférez, entre « ceux qui veulent vivre dans un monde transnational » (idem, p. 271) et les euro-sceptiques aspirant au protectionnisme nationaliste, pour s’imposer. Cela s’appelle « diviser pour mieux régner » ! Et finalement, on voit bien que le fédéralisme du Front National (aujourd’hui Rassemblement National), anti-Union Européenne, rentre dans cette même logique de l’internationalisation par l’européanisation : pendant l’entre-deux-tours des élections présidentielles françaises de 2017, Marine Le Pen entendait remplacer l’Union européenne par une « Alliance Européenne des Nations Libres et Souveraines »… ce qui revient à en faire une constellation mondialisée. Macron globalise une masse de nations ; Le Pen a le nez collé sur la mosaïque des nations folklorisées, sans voir que chaque morceau
indépendant qui la compose (et qui se vaut d’un Brexit, d’un Frexit et compagnie) dessine également une masse globalisée. Les catholiques et leurs chefs religieux ne sont pas en reste dans la consolidation du projet civilisationnel de l’Antéchrist. La majorité des évêques et cardinaux, par intérêt personnel et passéisme piétiste, bref par romantisme, se sentira investie de la « noble » Mission de reconstituer la vieille Europe chrétienne et ses racines dans un continent menacé d’apostasie et de démembrement généralisés. Le pape Pie XII nous a prévenus de la terrible Europemania qui gagnera le clergé, et qui parfois prendra même la forme d’une opposition frénétique à cette même Europemania : « Le jour où ce Saint-Siège sera attelé à la nouvelle Europe des diplomates et des politiciens, à l’Europe centrée sur Bruxelles et Paris, ce jour-là, les malheurs de l’Église commenceront pour de bon. » (idem, p. 6). L’idée de l’Antéchrist, c’est d’« englober la Société des Nations et l’Église Catholique romaine en tant qu’institution internationale. » (idem, p. 554), « de créer un lien de sang entre les évêques catholiques du cœur de l’Europe et les puissants Commissaires de la Communauté Européenne » (idem, p. 143). Le Gouvernement mondial tentera en réalité de soudoyer les évêques, de les flatter dans leur rôle de « fondateurs d’Unité (européenne-chrétienne) », de les transformer en clergymen diplomates avec micro-cravate, attaché-case et soutane, si besoin est par la valorisation et la béatification de figures européennes catholiquement correctes telles que Robert Schuman. Je l’observe déjà chez les jeunes curés français carriéristes que je connais : défendre l’Europe et le procès de béatification de Schuman revient à booster sa carrière ecclésiale. Ça fait engagé, moderne et traditionnel à la fois (bobo, quoi). Ça fait « missionnaire aux périphéries ». Par ailleurs, l’Antéchrist essaiera d’habiller son rêve européen d’historicité et d’un vernis de culturalité spirituelle rassurant aux yeux des fidèles catholiques, en proposant au Pape « quelque chose au sujet de l’Europe qui devrait retourner à ses racines chrétiennes » (idem, p. 260). Dans ce contexte de grande confusion, cela risque d’être très très dur pour le vrai catholique de « s’opposer à l’Europe pour les bonnes raisons », et surtout de défendre les Européens et l’identité de Fille de Dieu de la véritable Europe ! Heureusement, Joséphine est là pour veiller sur nous, pauvres pécheurs.
Article de Philippe Ariño 105
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Unité Par-dessus l'horizon aux collines brunies, Le soleil, cette fleur des splendeurs infinies, Se penchait sur la terre à l'heure du couchant ; Une humble marguerite, éclose au bord d'un champ, Sur un mur gris, croulant parmi l'avoine folle, Blanche épanouissait sa candide auréole ; Et la petite fleur, par-dessus le vieux mur, Regardait fixement, dans l'éternel azur, Le grand astre épanchant sa lumière immortelle. «Et, moi, j'ai des rayons aussi !» lui disait-elle .
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Étienne nous a-t-il laissé choir ? Invité à l’île de La Réunion pour une série de conférences en mai 2019, Étienne Chouard avait pris l’engagement de répondre à notre demande d’entretien. Malgré une réitération de sa promesse, à l’heure où nous bouclons la maquette de ce numéro, ses réponses ne nous sont malheureusement pas encore parvenues.
Etienne Chouard, qui êtes-vous ? Le terme de citoyen aujourd’hui est souvent utilisé pour légitimer la bonne foi de la personne qui s’en revendique, devenant presque une figure innocente. Avoir un engagement militant apparaît même comme suspect. Faites-vous une différence entre le citoyen et le militant ? Être un militant, aujourd’hui priverait donc de la qualité de citoyen, qu’en pensez-vous ? La question européenne divise les français et la classe politique, pour vous l’Europe fait foi ou froid ? A l’occasion des dernières élections au parlement européen, de nombreux partis politiques ont mis en avant l’argument suivant lequel la construction européenne a permis d’instaurer la paix. Comment percevez-vous cet argument dans le contexte actuel ? Comment expliquez-vous que le RIC soit devenu la principale mesure que les gilets jaunes revendiquent ? Nous nous sommes rencontrés à La Réunion où vous avez donné plusieurs conférences, qu'avez-vous gardé de ces échanges sur l'île ?
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Nous remercions Julien notre stagiaire pour les images
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Présentation de la
Nathan Ambrosioni présentait en avant premiére son film les drapeaux de papier
Jacques Attali
Audrey Tcherkoff
Invités à la présentation de la Semaine du Cinéma Positif qui met en lumière un cinéma positivement engagé, qui change notre regard sur le monde. Quelle meilleure caisse de résonance que le rendez-vous incontournable du 7e art pour célébrer un cinéma qui inspire le changement ... 110
semaine du cinĂŠma positif
Maxime Saada
Pour en savoir plus rendez-vous sur le site semaine-cinemapositif.fr Photos @Carole Vilbois
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Pas d'avenir évolutif à attendre pour l'homme en dehors de son association avec tous les autres hommes. Pierre Teilhard de Chardin Le phénomène humain
Éditeur L´Unité Nationale Association loi de 1901
21 place de la république 75003 Paris Tel 0805 088 842 mail : participer@l-unite.fr
Date du dépôt légal Juin 2019
Relecteurs Antoine Fontaine Vanessa Delbergue Direction Artistique Carole Vilbois
L´Unité le Mag´ N°7 Gratuit Numéro ISSN 2605-8898 ( En ligne ) Numéro ISSN 2608-2381 ( Imprimé)
Co-Directeur de publication Co-Rédacteur en chef
Antoine Fontaine & Carole Vilbois