Eberhard Riese Fondations
Fondations Magie et mise en scène
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Eberhard Riese
Remerciements à : Topas, qui m’a aidé avec ses nombreuses idées et suggestions et sans qui je n’aurais jamais pu écrire ce livre. Andy Häussler, pour ses nombreux conseils et surtout pour les questions techniques. Mes collègues du lycée Paracelse de Hohenheim : Burkard Miller, pour ses conseils spécifiques en musique, Stefan Bronsert et Roland Elwert pour les conseils spécifiques en matière de beaux-arts.
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Reinhard Reese pour ses renseignements sur toutes les questions de lumière. Hartmut Junker et le Comité des fêtes de Sindelfingen pour leurs aimables autorisations pour les photos prises dans la salle de Sindelfingen. Markus Förderer pour ses excellents travaux photos et Michael Selfried pour la photo portrait. Simon Pierro, Peter Fässlacher, Claus Heintzeler, Andreas Meinhardt et Thomas Fabian pour l’ensemble des conseils et des indications après la lecture du manuscrit. Uwe Schenk et Michael Sondermeyer pour leurs nombreuses suggestions, leur critique constructive et leur confiance dans ce projet. Merci à l’éditeur comme toujours – et cette fois plus particulièrement – à Georg Fabisch, sans qui ce livre très coloré n’aurait pu exister. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L.122-5 (2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Photos : studio photo Ariane, Markus Forderer, Karl-Heinz Kolster, Michael Schnabel entre autres. Les photos proviennent de la collection personnelle de l’auteur. Traduction française : Nina Mérizek, Florence Prigent, avec la collaboration de Richard Vollmer et de Rolly Bibrach. Composition et mise en pages : Frantz Réjasse. Titre original : Fundamente Édition originale : © Sic !, Coesfeld, Allemagne, 2003 Version française : © Magic Dream – Septembre 2008 Magic Dream – 16 rue George Bernard Shaw – 75015 Paris ISBN : 978-2-9523606-6-1
Sommaire
Éléments fondamentaux d’un numéro.......................................................................................... 46 Première phase : le rêveur – La planification théorique Les personnages............................................................................................................ 52 Les costumes................................................................................................................. 60 Les objets...................................................................................................................... 64 Les effets....................................................................................................................... 71 Le centre d’intérêt et l’intrigue....................................................................................... 83 La musique.................................................................................................................... 90 Le boniment................................................................................................................ 101 Les femmes................................................................................................................. 106 Les numéros en duo.................................................................................................... 113 Deuxième phase : le réaliste – La réalisation pratique des idées Choix des effets........................................................................................................... 120 Effet et technique........................................................................................................ 121 Structure, dramaturgie et ordre.................................................................................... 123 Musique – Mise en place pratique............................................................................... 128 Boniment – Conseils pour la pratique.......................................................................... 130 Lumière....................................................................................................................... 132 Techniques d’exercices................................................................................................ 146 Troisième phase : le critique – Contrôle de la réussite et de la qualité Contrôle de la réussite................................................................................................. 150 Formats....................................................................................................................... 153 Magie et télévision....................................................................................................... 158 Finale......................................................................................................................................... 165 Annexes Biographie.................................................................................................................................. 168 Remises de prix à Stuttgart.......................................................................................................... 170 Références bibliographiques....................................................................................................... 174
Sommaire
Les conditions Pourquoi ce livre ?......................................................................................................... 15 Les idées....................................................................................................................... 17 L’équipe........................................................................................................................ 22 D’où viennent les idées ?............................................................................................... 35 Raisons entravant l’originalité dans la magie................................................................... 44
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Préface de Jim Steinmeyer.............................................................................................................. 7 Préface de Topas............................................................................................................................. 9 Préface de Franklin....................................................................................................................... 13
Jim Steinmeyer
Préface
Il se passe quelque chose d’étrange à Stuttgart. Il y a quelques années, je me suis intéressé pour la première fois à cette ville, malgré la distance de plusieurs milliers de kilomètres : des magiciens grandioses, des magiciens créatifs, des magiciens novateurs émergeaient de cette ville allemande, en nombre qui dépassait la moyenne. Il y avait peut-être quelque chose dans l’eau là-bas ? Les magiciens de toute l’Allemagne s’y rendaient, y faisaient leur pèlerinage et quelque chose de miraculeux s’y produisait, comme à Lourdes. Dès que j’ai eu la possibilité de discuter avec Topas et Nils Bennett, j’ai tout compris. Cela ne tenait pas à quelque chose de particulier, mais à quelqu’un, un homme. Eberhard Riese. Il était donc le catalyseur, l’inspiration et le professeur de grands magiciens. Lorsque j’ai rencontré « Ebs », le fondateur de la troupe de Stuttgart, j’ai eu du mal à croire que cet homme calme et simple était réellement capable d’une telle alchimie. Puis je l’ai entendu parler de magie. J’ai également grandi dans une ville propice à la magie : Chicago. Il y avait un grand magasin de magie qui appartenait à deux professionnels expérimentés, et qui est encore dirigé par eux aujourd’hui, Jay et Frances Marshall. Il y avait également une demi-douzaine de clubs de magie dans la région et j’étais heureux de pouvoir voir beaucoup de magie et de travailler avec de grands magiciens. Chicago n’était pas seulement propice à la magie, mais également à l’architecture. Lorsque cette ville a complètement brûlé en 1871, elle est devenue « un canevas vierge » pour toutes les idées novatrices en architecture et c’est aussi là qu’ont été construits les premiers gratte-ciel au monde. Parmi les plus beaux bâtiments de Chicago, beaucoup ont été le fruit du travail de Louis Sullivan, un architecte innovant, qui a fait toute sa carrière à Chicago. Sullivan était le mentor de Frank Lloyd Wright. Il y a plusieurs années, j’ai eu l’honneur de créer une illusion pour un spectacle qui se déroulait dans le célèbre « Auditorium Theatre » de Sullivan à Chicago. « L’Auditorium » est un très beau palais doré qui se compose d’arches concentriques, un énorme théâtre doté d’une acoustique parfaite. Louis Sullivan a connu une carrière frustrante, car ses idées n’étaient pas toujours appréciées. Lorsqu’il s’est décidé à écrire sur l’architecture, il a surpris les membres de sa profession. Mois après mois, ses lecteurs l’ont suivi dans un journal nommé « Interstate Architect ». Ils s’attendaient à lire des discussions sur des plans, des proportions et des décorations. Au lieu de cela, ils trouvèrent une série de longs dialogues expressifs entre un étudiant fictif et un professeur. Ensemble, ils parlaient de poésie, démocratie, force, création et nature, et aussi de la façon dont ces idées pouvaient s’incarner dans un édifice. Sullivan appelait l’ensemble de ses essais « Kindergarten Chats » (aux États-Unis, on utilise le mot allemand « Kindergarten » pour parler de la première année de l’école maternelle). Le terme convenait remarquablement à Sullivan, modeste et expressif à la fois. Aujourd’hui, on se souvient de Sullivan comme l’homme qui a créé ce slogan : « Form follows function » (La forme découle de la fonction). Une génération plus tard, des architectes modernes ont repris cette formule pour illustrer le concept de leurs boîtes de biscuits en acier et en verre : tout est fonction,
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Préface de Jim Steinmeyer
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Jim Steinmeyer Préface
mais il y a très peu de forme. Mais si vous avez un jour l’occasion de voir une des constructions de Sullivan, comme le superbe Wainwright Building à Saint Louis ou bien la Bourse de Chicago, vous constaterez avec surprise que « la forme découle de la fonction ». Ses constructions de la fin du xixe siècle, ces gratte-ciel précoces sont de magnifiques bâtiments d’ornement, dotés d’éléments de sculpture (feuilles de chêne courbées, de sarments au design Art Nouveau ) et de proportions élégantes aux entrées ou sur les lignes du toit. Certes, la forme découle de la fonction, mais cette fonction n’a aucune priorité sur la forme, elles sont toutes les deux au même niveau. Je pense qu’il en va de même pour la magie. Nous débattons constamment de la méthode et de l’effet, le conte de fées qu’aperçoivent les spectateurs, et la véritable illusion qui provoque ce conte de fées. Louis Sullivan distinguait entre eux un lien naturel, léger, et nous remarquons effectivement dans les meilleurs effets et méthodes en magie qu’ils sont liés et non opposés. La surprise vient peut-être du fait que ce n’est pas la forme qui suit la fonction mais que dans l’art véritable, elles ne font qu’une. Ou pour citer un de mes conseils favoris tiré du « Kindergarten Chats » de Sullivan : « Chaque problème comporte en lui-même sa propre solution. Ne perdez pas votre temps à chercher la solution ailleurs. Dans cet esprit, dans cette volonté de compréhension, se trouve le début technique de l’art de l’expression ». Je suis fier de présenter les « Kindergarten Chats » d’Eberhard Riese en personne, une tentative de transformer la magie en un art de la compréhension. Je suis reconnaissant et me sens privilégié de devenir un de ses alliés de Stuttgart à travers cette préface. Je pense qu’avec l’expérience du « groupe de Stuttgart » à l’arrière-plan, Eberhard Riese occupe une position privilégiée pour discuter de la forme et de la fonction et pour montrer comment les artistes doivent équilibrer ces deux concepts. Chaque magicien doit trouver une centaine de solutions s’il doit étudier une centaine de problèmes. Nous sommes heureux d’avoir un tel professeur expérimenté en la personne d’Eberhard Riese. Dans un des anciens essais de Louis Sullivan, son élève et son professeur décrivaient la nature de leurs études : – Je ne peux pas apprendre à faire cela. J’ai l’impression que l’œil d’un poète est nécessaire. – N’aie aucune crainte. Nous sommes tous des poètes. Tu ne vois pas encore les choses pour le moment, mais un peu plus tard les choses commenceront à te voir, à te faire signe, alors tu en seras extrêmement surpris, tu comprendras. Je pense que le travail minutieux d’Eberhard Riese dans la magie nous est tous destiné. À travers ce livre, le sorcier de Stuttgart a le plaisir de toucher encore plus d’étudiants sérieux en magie. Ils le verront tous et auront l’occasion de puiser le meilleur de ses efforts : créatifs, déterminés et innovants. Jim Steinmeyer, Los Angeles, Californie
Les conditions
1. Il doit être original ; c’est-à-dire innover dans les effets, ou dans les techniques, ou bien dans la présentation, au mieux dans ces trois points à la fois. 2. Il doit être parfait techniquement et ne comporter aucune erreur. 3. Il doit être bien mené et divertissant. 4. Le personnage du magicien doit être cohérent. 5. Il doit aller à contre-courant, afin de pouvoir lancer une tendance
Des observations et des réflexions générales de ce livre constituent toujours le point de départ de chaque chapitre de ce livre, dont sont tirées les règles et conclusions. Dans des cases colorées, vous trouverez ces règles groupées par mot clé. Dans de nombreux exemples de « l’école de Stuttgart » (comme on nous appelle à l’étranger), ces observations sont précieusement éclairées, illustrées ; ces passages sont reconnaissables parce qu’ils sont en italiques. Ce livre doit donner envie, l’envie de développer un numéro de magie nouveau, inhabituel. L’envie d’une pensée créative. L’envie du défi. Vous ne trouverez pas une seule explication de tour dans ce livre. Au lieu de cela, vous aurez un bagage théorique, des règles, des idées. Ne prenez pas non plus ces règles et les structures théoriques qui leur sont propres pour des vérités absolues. Mais réfléchissez au fait qu’il faut connaître les règles avant de pouvoir les briser. Appliquez
Pourquoi ce livre ?
Pour avoir la chance de réussir un numéro de magie, vous devez remplir les cinq critères suivants :
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Les conditions
Ce livre s’adresse à tous les magiciens et magiciennes qui ont déjà une expérience et une pratique de la magie et veulent élaborer un nouveau numéro. Le livre doit leur montrer un chemin possible pour un numéro de magie original et inhabituel. Un chemin, pas le seul. Le chemin que nous avons pris avec pas mal de succès il y a quelques années à Stuttgart. Je voudrais partager les expériences que j’ai acquises avec beaucoup d’autres grâce à la mise en place de numéros de magie, les transmettre aux autres pour qu’ils puissent prendre le même chemin, ou un autre ! Voilà donc le but ce livre, censé vous y aider.
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Pourquoi ce livre ?
Les conditions
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Des superstars : Siegfried & Roy
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Pourquoi ce livre ?
les suggestions qui vous sont données ici, ou bien jetez-les par la fenêtre. Mais laissez-vous avant toute chose exalter et inspirer à prendre de nouveaux chemins. Je vous présente les six éléments fondamentaux d’un numéro de magie : le personnage, les costumes, la décoration, la musique/le boniment, les objets et les effets qui peuvent y être liés, le thème du numéro (centre d’intérêt et intrigue). Ces éléments fondamentaux sont ensuite assemblés en produit final, le numéro terminé, au cours de trois étapes (phases). Mais au commencement est l’idée.
Éléments fondamentaux 47
Les conditions
Wave
Fisselspecht
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d’entre eux dans le programme de soirée « Magic and more » de Topas, Roxanne et Fisselspecht). C’est ainsi qu’est née l’idée de faire de la magie mentale visuelle. Le personnage de scène était prêt, il ne restait plus qu’à le styliser en rouge et blanc, selon les couleurs des panneaux de signalisation. Chez Wave, il a même suffi de 16 mois entre le début de la manipulation et les championnats d’Allemagne junior (2002), et de même chez Simon Pierro (du début de notre travail en commun jusqu’aux championnats d’Allemagne de magie générale en 2002).
Le rêveur
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Les personnages
Digression : le pseudonyme de l’artiste Il est incroyable de voir combien de pseudonymes d’artistes sont mal choisis, surtout chez les prestidigitateurs. Que peut-il leur être passé par la tête, lorsqu’ils ont choisi d’eux-mêmes des pseudonymes comme Baranelly, Bercht-Old, Boobielabieloobie-Lumlie, William Brieg, Cardinal, Cicero, Tyll Daporta, Mr. Fantaisie, Luzello Ulrico, Bum-Bumsen, etc. ? Des horreurs que de toute façon aucun spectateur ne peut (ni ne veut) remarquer ; des bévues linguistiques dans des noms aux prétentions étrangères, qui ne peuvent exister de cette façon (il ne suffit pas, à partir du prénom Ulrich, d’éliminer le « h » et de raccrocher un « o » pour construire un prénom italien crédible, Ulrico !) Pour certains amateurs cela pourrait être problématique si par exemple ils devaient travailler dans une banque pendant la journée et présenter le soir un cambriolage sur scène. Angelo John Lewis (18391919) était un avocat reconnu à Londres et publiait ses livres sous le pseudonyme de « Professeur Hoffmann » afin de ne pas nuire à sa carrière. Des pseudonymes d’artistes pouvaient et peuvent être d’une aide précieuse dans cette situation, quoiqu’il en soit, l’absurdité linguistique est inexcusable. Certains prestidigitateurs se préservent en prenant plusieurs noms totalement distincts pour des numéros différents. Ceci est une coutume introduite par des artistes présentant deux numéros au cirque ou dans les variétés : ils sont cités deux fois dans le programme, et ainsi le public ne se rend pas forcément compte que le producteur a fait des économies sur les cachets… Même si vous présentez des numéros de magie de styles différents, gardez le même nom. Un célèbre acteur américain a dit un jour : « Qu’importe le rôle, le scénario et le réalisateur : je joue toujours John Wayne ! » Paul Daniels a joué une infinité de rôles dans ses nombreuses apparitions télévisées, mais il est toujours resté Paul Daniels (et reconnaissable en tant que tel).
Les pseudonymes d’artistes devraient : 1. Avoir une construction linguistique vraisemblable ; 2. Être facilement mémorisables ; 3. Donner, autant que possible, une idée du style d’un numéro ; 4. Être, autant que possible, adaptés aux artistes qui les portent durant toute leur vie.
Gardez le nom d’artiste que vous avez choisi une fois pour toutes ; il trouvera automatiquement sa signification !
Andy Häussler dans son show d’astrologie
Les personnages 59
Le rêveur
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J’ai souvent assisté à la recherche du bon pseudonyme. Moimême je me sentirais idiot (alors que mon métier principal est celui d’enseignant), si je me cachais derrière un pseudonyme. Quoiqu’il en soit, si on porte un nom de famille comme « Fröschle » (ce qui est le cas de Topas), ce n’est pas une bonne base de départ. Topas, coïncidence, ressemble beaucoup au prénom Thomas, et a de plus l’avantage d’être international. Wave aurait dû s’appeler d’abord « Speedy », mais les associations comme Speedy Gonzalez ou speed (désignant des drogues ou des stupéfiants) n’étaient pas optimales pour un tel pseudonyme. Quelqu’un qui s’appelle Simon Pierro n’a logiquement pas besoin d’un pseudonyme. Quand il était barman-jongleur-prestidigitateur, Andy Häussler se faisait appeler « Andy » ; pour un magicien, « Andy Häussler » est bien sûr plus adapté. Il ne faudrait pas donner au problème du pseudonyme plus d’importance que nécessaire, car seul compte le numéro, pas le nom de l’artiste. Et à celui qui m’aurait demandé si le titre éponyme d’un roman de Charles Dickens (qui d’ailleurs était un magicien amateur convaincu) pouvait être utilisé pour un pseudonyme, je lui aurais ri au nez et je l’en aurais fortement dissuadé. Aujourd’hui, presque plus personne ne pense à Charles Dickens en entendant « David Copperfield »…
Le réaliste
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Lumière
Lumière La lumière blanche : pour que les spectateurs puissent voir quelque chose Aussi banal que cela puisse paraître, la lumière sert en premier lieu à ce que les spectateurs puissent suivre ce qui se passe sur scène. Une lumière trop sombre, une scène insuffisamment éclairée ou bien des ombres involontaires ostensibles, au moins sous-jacentes, donnent cette impression : on dissimule ici quelque chose qui ne doit pas être vu. Assurez-vous donc avant toute chose que l’ensemble de la scène soit éclairé avec une lumière de base claire. Ne craignez pas de disposer vous-même, dans un cadre restreint, un spot de lumière que vous aurez apporté, la meilleure représentation de magie ne sert à rien si on la voit mal. On doit avoir autant que possible 2/3 de lumière blanche et 1/3 de lumière de couleur à l’avant, un peu sur le côté. Certes, la lumière dirigée de l’arrière (le contre-jour), en hauteur, aide en outre à optimiser l’impression d’espace des évènements se jouant sur scène, mais elle peut dévoiler beaucoup de trucs : des tissus ou des journaux avec un camouflage caché deviennent soudain transparents et montrent ce qu’il y a derrière. Quand on veut néanmoins créer une impression d’espace, on doit faire attention à l’endroit où l’on se situe sur scène. Le contre-jour doit être agencé de façon à passer au-dessus de l’illusionniste (ou plus exactement au-dessus de l’endroit où il se trouve), en direction de l’arête de la scène. La lumière n’atteint la personne sur scène que de façon apparente, et les objets transparents restent opaques. Que votre numéro soit parlant ou muet, une scène éclairée a giorno est généralement gênante : le regard des spectateurs n’est pas suffisamment focalisé sur les petits objets, le magicien lui-même disparaît sur la grande scène. Ici, cela peut aider de garder éclairé seulement le tiers central de la scène avec une lumière claire et blanche et les deux côtés avec une lumière faible et colorée; la vision de la scène est ainsi réduite, l’attention du public est concentrée sur le principal sans qu’il soit fatigué par un contraste fort.
Différents effets avec différents réglages de lumière Projecteur sur la gauche
Projecteur d’en bas (donne un effet fantomatique)
Lumière blanche des trois directions
Du blanc de face, des couleurs sur les côtés
Du bleu à gauche, du rouge à droite
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Le réaliste
La lumière sert souvent aussi chez le magicien à ce que certaines choses ne soient pas éclairées, mais dissimulées. Ce problème survient particulièrement lors de l’utilisation de fils que le public ne doit voir en aucun cas. Avant, on pouvait très facilement travailler avec des fils spéciaux. Ils étaient en nylon ou conçus dans une matière similaire, extrêmement fins, frottés avec du papier de verre ou trempés pendant plusieurs jours dans du thé noir, afin de ne plus briller. S’il s’agissait d’une baguette flottante extrêmement légère, comme chez Fredo Marvelli, le fil était adapté à une charge aussi faible. Mais déjà la « baguette dansante » que Peter Pit a développée à la perfection dans les années 50, en faisant ainsi un modèle pour des générations entières de magiciens, était soumise à d’autres forces. Un fil du plus fin nylon, comme on peut en acheter dans les magasins d’accessoires pour la pêche, a fait ses preuves. Il est particulièrement stable et incassable, mais brille et étincelle de façon incroyable ! Devant un rideau noir, on n’a pour ainsi dire aucune chance de rendre invisible un tel fil, constamment mobile. Les grands spécialistes de la lévitation (par exemple Okito) le savaient également et ils travaillaient donc avec un arrière-plan spécial. Il était dans la plupart des cas multicolore et bariolé, et reflétait par conséquent la lumière de la manière la plus différente dans différentes directions. Même avec une lumière de scène presque normale, le fil « disparaissait » totalement. Dans un congrès à Wolfsburg, John Calvert mit même sa plaquette (sur son foulard dansant) à la disposition des magiciens qui avaient des « problèmes de fils »…
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Lumière spéciale : pour que les spectateurs ne voient pas ce qu’ils ne doivent pas voir
Lumière
Franklin, l’impact de la couleur rouge de la sucette et du foulard est renforcé grâce au fond vert.