Impossible - Larry Becker by cc éditions

Impossibleâ&#x20AC;Ż! Tome 1

Deux dĂŠcennies de mentalisme

Larry Becker

Impossible ! Tome 1

Deux décennies de mentalisme

Traduit en français par Véronique Sallon et Ludovic Gorges

Remerciements Ma reconnaissance éternelle va à ma merveilleuse femme, April, pour son amour et sa compréhension pendant la période turbulente d’écriture et de publication de ce livre. Mes remerciements s’adressent en particulier à mon ami Lee Earle, maître du mentalisme et du Macintosh. Ce livre n’aurait jamais vu le jour sans son aide. Merci aussi à ma fille Gayle, dont les talents de rédactrice ont permis de camoufler les maladresses de son père ; à mes filles Carol et Terry, qui ont continué à croire en moi ; à mon frère Gordon, qui a financé mon matériel de magicien à mes débuts, quand les temps étaient plus durs (mais plus insouciants) ; à mes parents, qui se sont montrés indulgents toute leur vie durant avec mes excentricités ; à Robert Bluemle pour ses conseils instructifs et inestimables ; au Docteur Gabby Ruffino pour son amitié, sa sagesse et ses encouragements ; à Dawn, Warren et Alexis Earle pour leur accueil hospitalier et chaleureux lors de mon séjour dans leur version de la « suite Charlie Miller » ; à Craigh Nichols, m’ayant témoigné bien plus de patience que ce que mérite un ami ; à mon fils Dini, pour son affection démonstrative ; et enfin, à Mark Macy dont l’amitié a contribué définitivement à transformer ma vie.

Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L.122-5 (2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Responsable d’édition : Frantz Réjasse. Traduction française : Véronique Sallon et Ludovic Gorges. Composition et mise en pages : Sarah Métais. Relecture et correction : Jean Valsen. Édition originale : © Larry Becker, 2002. Titre original : Stunners Plus ! La présente version française est publiée en accord avec monsieur Larry Becker. www.cc-editions.fr www.livres-de-magie.com Version française : © C.C. Éditions – Juin 2014. ISBN 978-2-914983-62-4 (Tome 1) ISBN 978-2-914983-64-8 (Édition complète)

Au cours de ces nombreuses dernières années, j’ai eu la chance de recevoir l’amour, la bienveillance et l’amitié de la femme la plus formidable dont un iconoclaste comme moi puisse rêver. Au splendide Soleil de ma vie, April Becker, je dédicace ce livre avec tendresse. Pour l’éternité et pour un week-end. (…)

Sommaire Avant-propos �� 15 Préface �� 17 Introduction �� 19 La vie du mauvais côté du cerveau �� 21 Monte Crispo �� 31 Un billet de cent dollars signé est mis dans une enveloppe scellée parmi plusieurs enveloppes. Un spectateur conserve l’une d’elles, et celles qui ont été éliminées sont détruites dans un broyeur à papier. L’enveloppe restante est alors ouverte : le billet de cent dollars signé n’y est pas ! Il est finalement retrouvé dans une police d’assurance sous le bras du spectateur.

Digitellus �� 37 Deux chiffres choisis au hasard sont transformés en dix nombres, le mentaliste ignorant tout des chiffres d’origine et des nombres formés ensuite. En additionnant ces dix nombres, le spectateur découvre que leur somme correspond exactement au total prédit par le mentaliste.

Nounours au minimum �� 43 Le mentaliste gagne à un jeu de hasard divertissant, mais la spectatrice remporte chez elle un charmant prix de consolation.

Les Ours de Berlin �� 47 Avec cet effet astucieux, qu’il présenta en 1992 à la convention de la Psychic Entertainers Association, l’Allemand Ted Lesley a mystifié quelques-uns des plus grands maîtres mondiaux du mentalisme.

Sneak Thief �� 53 Une des routines de « psychométrie » les plus audacieuses qui aient jamais été conçues. Quatre spectateurs dessinent librement ce qu’ils veulent sur des fiches blanches. Le mentaliste identifie l’auteur de chaque dessin et conduit la démonstration à son apogée en reproduisant

le dernier dessin, alors que la fiche correspondante est encore tournée face contre table. Également inclus : Sneaky Too, un tour de cartes dévastateur qui surpasse l’original.

Intuition �� 63 Un gimmick indétectable permettant de réaliser une multitude d’effets époustouflants. Sont incluses deux routines, l’une conçue pour le close-up et l’autre pour la scène.

Get the Picture �� 67 Il s’agit là du tour X-ray vision de Larry White qui consiste à reproduire un motif en utilisant deux enveloppes opaques. Sont également comprises des variantes créées par les amis de Larry : Steve Dusheck (Cartes à jouer et Book Test), Alan Wassilak (Brain Wave), Dan Tong (Prédiction) et Larry Becker (Wordarama et Stand-up).

Le Miracle à 99,95 Dollars �� 73 Un miracle de haute technologie avec un stylo enregistreur « à la Dick Tracy » et quelquesunes des viles crapules inventées par Chester Gould.

All-Star Miracle �� 79 Un des succès commerciaux de Larry Becker. Un spectateur choisit une des huit cartes représentant un joueur de base-ball. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’autographe du joueur sélectionné se trouve justement sur une balle de base-ball réglementaire qui était exposée à la vue de tous depuis le début. Ce tour comprend également une présentation divertissante de Roger L. Omanson.

Duo sans Trucage �� 89 Deux superbes effets de mentalisme ‒ Minding the Store de Ned Rutledge et Room Service de Don Wayne ‒ sont ici simplifiés à l’aide d’un principe astucieux. Voici donc Minding the Store : retour au magasin et Suite quatre étoiles !

Hypnotique �� 93 Deux spectateurs sont « hypnotisés » et conditionnés de façon humoristique à croire qu’ils sont les plus grands perdants du monde : même en battant et en distribuant les cartes dans les règles de l’art, le mentaliste remporte chacune des mains et réussit à prédire l’issue de la dernière main.

Miracle de Minuit �� 99 Le principe ingénieux qui a valu à Larry son premier succès commercial, Hare Mail, devient ici l’une des armes les plus redoutables du mentalisme. Deux remarquables tours appliquent ce principe : Pré-Vue et Switcheroo.

Becker Bevel �� 109 Une technique inédite et facile à exécuter qui permet de forcer habilement une carte, alors que le choix du spectateur paraît totalement libre.

The Revenger �� 115 Une routine divertissante utilisant le fameux appareil à effets sonores du même nom, largement commercialisé dans les boutiques de gadgets.

Bank Night Baffler �� 119 Le Bank Nite modernisé par Lee Earle, avec une méthode ingénieuse que vous allez adorer.

Casino Caper �� 125 Le mentaliste prédit (d’une façon très clean) les résultats de trois jeux de hasard : la roulette, le blackjack et le craps.

Casino Royale �� 131 Un effet inédit qui s’inspire du Blackboard Illusion de David Copperfield. Sans jamais toucher à un grand tableau d’affichage masqué depuis le début, l’illusionniste prédit le nom du casino que visitera un spectateur, le montant qu’il pariera, et le résultat d’une main de blackjack qu’il se sera lui-même distribuée.

Some Total Radio �� 141 Une adaptation intelligente, par Richard Osterlind, du tour Some Total de Larry Becker, conçue spécialement pour une émission de radio.

Le Bar des Borgia �� 147 Une prédiction délirante entremêlée du récit des sinistres agissements imputés à la famille Borgia, en particulier à la belle Lucrèce…

Shuffler II �� 151 Une mise à jour astucieuse du tour original, Shuffler, qui permet de conserver l’ordre d’un jeu de cartes malgré son passage répété dans un mélangeur automatique.

La Boîte RothBeck (RothBeck Box) �� 157 Larry Becker et Roy Roth ont combiné ici leurs talents pour créer une boîte permettant de deviner la face d’un dé ; elle remplit exactement les mêmes fonctions que les coûteux modèles électroniques… sans recours à l’électronique.

X – L’inconnue �� 161 Il s’agit là de l’ingénieux effet de mentalisme de Leo Boudreau destiné au close-up, accompagné du modèle dont vous aurez besoin pour le pratiquer.

Triple Menace �� 165 Laser Gazer est un effet diaboliquement malin. Deux tours/climax différents sont inclus en supplément : Crystal-Eyes et Witch-Watch.

Quinte Flush Royale et Gros Titre �� 173 Deux tours divertissants qui partagent un principe peu commun. Une des idées les plus machiavéliques de Larry Becker !

Le Pouvoir de la Suggestion �� 177 Une réinterprétation de l’un des meilleurs tours de mentalisme avec des cartes, paru dans l’excellente revue Linking Ring, publiée par l’International Brotherhood of Magician.

La Prédiction d’un Titre, de Howard Hughes �� 183 Un concept incroyable pour l’effet de type « Prédiction de gros titre », avec bien plus de détours, de rebondissements et de rires que vous ne pouvez l’imaginer.

Mail Mental �� 187 Une variante déconcertante du médaillon en or d’Al Koran, qui utilise un petit carton et une boîte fermée.

Jeu de Coïncidences �� 193 Tout a commencé avec Will The Cards Match ? de Larry… Voyez comme l’idée de départ a fait son chemin pour s’incarner dans deux routines inédites : Drôles de chutes, une variante très amusante, et Suprême coïncidence, qui offre un climax surprenant et déroutant.

Psycho II �� 199 La énième amélioration, par Larry Becker, de son premier succès commercial.

Terminal Psycho �� 205 L’ultime étape, qui met un point final à la saga Psycho.

Kliptomaniac �� 209 Un tour sensationnel avec des pièces qui comprend une « attraction » supplémentaire.

Jeu télé �� 215 Une routine très divertissante construite sur le thème du célèbre jeu télévisé, Le Juste Prix.

Clairement Prévisible �� 219 L’invraisemblable « Prédiction de gros titre » qui a impressionné plus de 2500 magiciens et mentalistes à travers l’Europe.

Les Coffres à Prédiction de Nostradamus �� 231 Le gros titre d’un journal est prédit sur une cassette audio signée, enfermée dans deux boîtes gigognes qui ont été confiées à l’un des responsables de la soirée. Pas d’électronique ni d’échange. La cassette que le spectateur retire de la boîte est bien celle qu’il a signée et

mise à l’intérieur quelques jours ou quelques semaines plus tôt. Le tour comprend trois présentations différentes.

Club Kicker �� 247 Une amélioration significative apportée à l’un des tours de cartes les plus remarquables du volume 2 de World of Super Mentalism, par Larry Becker.

Slop-Psi Turvy �� 253 Une « technique » cartomagique courante devient ici un forçage remarquable et efficace dans le cadre d’un effet de mentalisme.

Mind Probe �� 257 La version améliorée du tour original de Larry consistant à prédire un chiffre pensé par un spectateur, parmi ceux qui composent le numéro de série d’un billet de banque.

Two O’Thoughts �� 261 Le principe de « l’horloge », vieux comme le monde, est ici élevé au rang de prodige du mentalisme avec deux remarquables présentations pour la scène, Miroir de la pensée et Cartologie.

L’Heure de la Destinée �� 269 Une ingénieuse extension de Two O’Thoughts, aujourd’hui commercialisée par Ted Lesley (Wonder Workshop) en Allemagne. Deux fabuleuses routines : un divertissement léger d’une part, une présentation plus sérieuse d’autre part.

Boxxed �� 279 Toute l’histoire et les détails du perfectionnement apporté par Larry à son effet Spectramental (publié dans le second volume de World of Super Mentalism).

Serial killer �� 287 Vendu 135 dollars à l’origine, cet effet incroyable utilise un principe novateur dans l’univers du mentalisme. Trois volontaires créent un numéro de série fictif aléatoire en annonçant des chiffres du numéro de série de trois billets de banque choisis au hasard. Un miracle absolu.

Le Principe de Diffusion �� 293 Un principe incomparable qui vous permettra de reproduire des billets de banque – en toute légalité – avant de conclure par une bien étrange démonstration de « télékinésie ».

Classé X �� 299 Une des meilleures routines de carte choisie mentalement. Le tour comprend une variante ludique appelée Ma carte favorite.

Les Mystères du Becker Coin Purse �� 305 L’indispensable et formidable accessoire de Larry Becker, ainsi que les effets de mentalisme auxquels il a donné naissance. Depuis Bank Nite, en passant par Safari mental, jusqu’à deux tours dévastateurs, Descripto et Divination, qui sont ici dévoilés pour la toute première fois.

Unbalanced �� 317 Une routine de tarot astucieuse qui utilise une célèbre « technique » cartomagique.

Super Reflecta-Thot �� 321 Richard Stride et Larry Becker ont fait ici équipe pour élever un excellent effet au statut de « miracle ». Un spectateur choisit librement un mot parmi cinq cents. Immédiatement, le mentaliste révèle non seulement le mot pensé, mais aussi sa définition.

Marque Postale �� 333 Précurseur du principe du code postal (zip code) paru en juillet 1958 dans le magazine Genii, Larry nous livre ici cinq des sensationnelles routines et variantes qu’il a inventées sur cette base les années suivantes : Mini-jeu, Jeopardy Zip, Psych-Zip, Zip-Lock et Zip émotionnel.

Ultra Coinetic �� 339 À l’origine, le tour Ultra Coinetic était vendu soixante dollars et nécessitait un portemonnaie en cuir spécialement fabriqué pour l’occasion. Le matériel requis est désormais « à faire soi-même » ; il peut être réalisé en cinq minutes avec seulement quelques enveloppes en papier kraft.

Persuasion Subliminale �� 349 Le mentaliste démontre le pouvoir de persuasion de la suggestion subliminale à l’aide d’un magnétophone portatif.

Transparen-See �� 353 Deviner les pensées les plus intimes d’un spectateur n’aura jamais semblé aussi facile ou diabolique. Le tout nouveau portefeuille Blockbuster de Larry est décrit ici, ainsi que la manière de présenter l’effet avec cet accessoire que tout mentaliste se doit de posséder.

Ultimate Flashback �� 363 Un aperçu en avant-première de Son of Flashback, le Book-Test le plus rapide et le plus simple jamais créé. Bientôt disponible, si ce n’est déjà le cas, avec de captivantes améliorations.

Conditions de Laboratoire �� 373 Un effet de mentalisme avec des cartes destiné au close-up. Un spectateur mélange le jeu. Le mentaliste rédige une prédiction. Le spectateur coupe ensuite le jeu en trois paquets et

choisit l’un d’eux librement. Une fois retournées, les cartes supérieures de chaque paquet s’avèrent différentes les unes des autres. La prédiction est alors lue : elle correspond à la carte supérieure du paquet choisi par le spectateur.

Roulette russe �� 377 Un des effets les plus stupéfiants et les plus recherchés qui aient jamais été conçus. Larry Becker l’a présenté dans le monde entier, sur scène et à la télévision. Son ingénieux secret est enfin révélé ! Il s’agit d’une démonstration défiant la mort, totalement originale et ne requérant absolument aucun gimmick. Plus qu’une explication, vous y trouverez la chronologie du développement d’une spectaculaire illusion mentale et des multiples incidents évités de justesse par Larry lors de son exécution… Pour les professionnels avertis du mentalisme, cet effet à lui tout seul vaut bien dix fois le prix de ce livre.

Annexe I – La double coupe �� 391 Annexe II – Le mélange Charlier �� 393

Avant-propos faire pour nombre d’entre vous, même si, j’en suis sûr, sa modestie en souffre.

Il y a une dizaine d’années, juste avant de m’évader un week-end dans un motel avec vue imprenable sur une superbe plage de Nouvelle Angleterre, un ami me tendit un exemplaire de Larry Becker’s World of Super Mentalism en disant : « Au cas où tu t’ennuierais sur la plage. »

Tout d’abord, il faut savoir que Larry Becker n’est pas un être humain ! Il vient de Jupiter, ou, plus probablement encore, d’un endroit situé à plus de vingt années-lumière d’ici. Comment pourraiton le décrire autrement ?

Il aurait dû me prévenir. Je n’ai jamais pu sortir le nez du livre. À vrai dire, je n’ai jamais vu cette fameuse plage !

Larry Becker, voyez-vous, en sait trop long sur le fonctionnement de l’esprit humain, et il utilise ces « pouvoirs » pour nous plonger dans la confusion, pauvres terriens que nous sommes. (Et même s’il est contrariant de l’admettre, nous aussi, magiciens et mentalistes, nous faisons partie de ces « pauvres terriens » !)

Ce week-end-là, Larry Becker est devenu mon idole – Annemann, Dunninger et Al Koran rassemblés en une seule personne. À mes yeux, il est largement aussi divertissant et certainement plus inventif que les trois réunis. Les effets brillants de Larry, merveilleusement simples et simplement merveilleux, ont gagné la place qu’ils méritaient dans la catégorie des « miracles » du mentalisme.

Le plus vraisemblable à mon avis, c’est qu’il descende d’« anciens astronautes » ; à moins qu’il n’ait débarqué d’une des dernières soucoupes, ou qu’il n’ait été « choisi pour accomplir une mission », tout comme « ils » avaient désigné Uri Geller (enfin, c’est ce qu’il disait…) ?

Quelques années plus tard, le destin a voulu que nous nous rencontrions, et nous sommes devenus amis. Une amitié qui n’a fait que renforcer mon admiration. Alors, lorsque Larry me proposa de rédiger l’avant-propos de son plus prestigieux et – hélas – dernier ouvrage, je me suis senti profondément honoré. C’est donc avec un plaisir sincère que je vous présente mon ami, le diabolique Larry Becker – présentation qui n’est certainement plus à

Toute plaisanterie mise à part, et pour revenir à des choses plus terre à terre : même si Larry et April, son adorable femme/assistante/confidente, affirment vigoureusement qu’ils sont des mortels comme les autres et que Larry ne possède aucun

Impossible ! pouvoir extra-terrestre, extra-psychique, extra-mental ou extra-ce-que-vous-voudrez, vous vous rendrez inévitablement compte que Larry Becker est, sans l’ombre d’un doute, Extra-ordinaire ! Depuis la fin des années 1940, le plus grand plaisir de Larry dans la vie a été de créer des « illusions mentales », et il est devenu une sommité mondiale en la matière. Comme les meilleurs acteurs, passés maîtres dans l’art de nous convaincre qu’ils sont réellement le personnage qu’ils jouent, Larry possède l’art de convaincre le public qu’il est un « mentaliste », tel que nous l’imaginons. Les « tours » de Larry sont directs, puissants, spectaculaires et résolument divertissants. De tels effets, combinés à son éloquence, sa personnalité chaleureuse, sa mise en scène dynamique et sa tenue vestimentaire impeccable, font de sa pratique du mentalisme un modèle que nous devrions tous chercher à atteindre. Et c’est justement le but de ce livre ! Larry va partager avec nous ce que cinquante années d’expérience professionnelle lui ont appris, et nous apprendre ce qu’il a inventé. La griffe Becker du mentalisme. La magie qui « pourrait être réelle », et qui en a vraiment tout l’air ! Pour finir, Larry a reçu les ovations du monde entier pour les créations que vous allez découvrir ici. Il les a présentées lui-même en Angleterre, en Espagne, en France, en Suisse, en Belgique, en Allemagne, en Italie, au Canada, au Japon, en Thaïlande, à Singapour, à Hong-Kong et aux quatre coins des États-Unis. Qu’ils soient magiciens émérites, mentalistes ou simples spectateurs, quelle que

soit leur langue, leur culture, leurs traditions, tous ont été captivés et fascinés par ces effets mentaux uniques et novateurs. Son effrayante Roulette russe, point culminant de son numéro (dont la méthode est dévoilée pour la première fois dans ce livre), est internationalement connue et reconnue comme étant l’une des meilleures versions qui aient jamais été présentées. Et si vous jugez que le prix d’un tel ouvrage est trop élevé, laissez-moi vous dire que Larry s’est vu plusieurs fois proposer quelques milliers de dollars pour les droits exclusifs de ce seul effet – mais il a choisi de vous en faire profiter. J’espère vous avoir convaincu que vous allez vous régaler en lisant les pages qui suivent. Dans l’avant-propos du premier livre de Larry, Al Cohen avait écrit : « Une fois que vous aurez plongé dans ce contenu éblouissant et pratique… vous deviendrez, vous aussi, un fan insatiable de Larry Becker. » Comme lui, comme des milliers de magiciens et de mentalistes du monde entier, plus ceux de Jupiter et des années-lumière au-delà, j’en suis convaincu ! En fait, j’en suis tellement persuadé que je vous quitterai sur une dernière mise en garde : Choisissez bien le moment où vous commencerez à tourner ces pages. Parce que sinon… … vous ne verrez jamais la plage ! Larry White Stoughton, Massachusetts Avril 1992

Sneak Thief Effet Rembrandt ! En fait, c’est le dessin le plus “Waouh !” que j’aie jamais vu ! »

Le mentaliste montre quatre porte-cartes en cuir noir. Chacun d’eux contient une fiche bristol blanche mesurant environ 8 cm × 13 cm. Il tourne les porte-cartes face vers le bas et les mélange en s’approchant des spectateurs assis au premier rang. Il tend à quatre d’entre eux un porte-cartes et un petit crayon. Revenant vers la scène, il leur demande de retourner leur porte-cartes et de dessiner ou de griffonner sur la fiche n’importe quel motif : forme géométrique simple, maison, arbre, soleil ou lune, animal… Leur choix est entièrement libre. Les spectateurs sont priés de ne pas exposer leur dessin à quiconque, et de retourner le tout face en bas lorsqu’ils auront terminé. Autre condition : avoir achevé leur dessin lorsque le mentaliste aura compté jusqu’à dix. Ce dernier tourne le dos au public et commence à compter à voix haute.

Il présente la fiche au public, et tout le monde rit de l’esquisse grossière qui y figure. Malgré un manque manifeste d’aptitudes artistiques chez l’auteur, déclare le mentaliste, ce dessin semble révéler certains traits de sa personnalité. Après avoir placé les trois porte-cartes restants en une pile sur une table, dessins orientés vers le bas, il se lance dans une description brève et humoristique du profil psychologique de la personne ayant « perpétré » le croquis qu’il a entre les mains. Au terme de sa description, il pointe soudain l’un des spectateurs du doigt et affirme :Une « C’est œuvreded’art, n’estdesvotre routines « psychoce pas ? » Le spectateur désigné confirme qu’il s’agit métrie  » les plus audacieuses qui bien de son dessin. aient jamais été conçues. Quatre spectateurs dessinent librement ce qu’ils veulent desde fiches Le mentaliste retire alors lasur carte sonblanches. support mentaliste identifie l’auteur de et la rend à son Le légitime propriétaire. Il se saisit chaque dessin démonsd’un deuxième porte-cartes suretlaconduit table, lelaretourne trationvoilà à sonautre apogéechose ! en reproduisant et s’exclame : « Tiens, De toute le dernier dessin, alors que laRires fiche évidence, c’est l’œuvre d’un maniaque sexuel. » correspondante est encore tournée du public. Une fois encore, il dresse un portrait face remet contre la table. Également inclus : du dessinateur, puis carte à un deuxième Too, qu’il un tour de cartes spectateur… quiSneaky reconnaît s’agit bien dévasde la tateur qui surpasse l’original. sienne.

Arrivé à dix, il refait face à la salle et invite l’un de ses quatre assistants à récupérer les porte-cartes des trois autres aspirants artistes ; il le prie aussitôt de les mélanger consciencieusement, fiches non visibles, avant de les lui remettre. Le mentaliste retourne le premier porte-cartes, jette un coup d’œil au dessin et s’exclame : « Waouh ! Celui qui a dessiné ça ne s’appelle certainement pas

Impossible ! demande au quatrième spectateur de décrire son dessin. Pendant que ce dernier explique ce qu’il a crayonné, le mentaliste attrape le porte-cartes posé sur la table et montre la fiche au public, en exposant simultanément son propre croquis. Tout le monde constate que les deux dessins sont quasiment identiques ! (Applaudissements !)

Il ne reste donc que deux spectateurs. Le mentaliste ramasse le troisième porte-cartes et montre le dessin au public en expliquant : « Je veux que la personne qui a dessiné cette œuvre d’art pense au mot “oui !” Je veux aussi que la personne qui n’en est pas l’auteur se concentre mentalement sur le mot “non !” » Observant les deux spectateurs pendant un instant, le mentaliste retire le dessin du porte-cartes et le tend à l’un d’eux : « Je crois que c’est le vôtre. » Le spectateur acquiesce.

(Remarque : les porte-cartes et les fiches ellesmêmes ne comportent pas de marquage. Mais ce qui est remarquable dans cet effet, c’est que contrairement à la plupart des démonstrations de psychométrie ‒ qui sont dépourvues d’un climax convenable ‒, Sneak Thief vous permet non seulement de réaliser une prouesse étonnante, mais aussi d’obtenir un climax spectaculaire.)

S’adressant au dernier participant, le mentaliste s’exclame triomphalement : « Et c’est votre réalisation qui est sur la table, là-bas ! » Il pointe fièrement du doigt le seul porte-cartes reposant sur la table. Bien entendu, le public s’amuse de cette remarque et de cette gestuelle emphatiques, puisqu’il est absurde de s’extasier devant une telle révélation, celle-ci résultant d’une évidente opération de déduction. Le mentaliste fait comme s’il n’entendait pas les rires et annonce qu’il ne va ni regarder ni montrer la quatrième fiche : il préfère plutôt que l’auteur se concentre mentalement sur le dessin qu’il a effectué.

David Hoy aurait grandement apprécié le secret de cet effet. Il n’est pas seulement rusé, mais aussi incroyablement culotté. On serait d’ailleurs tenté de dire qu’il n’est pas destiné aux mauviettes. Après tout, on n’a rien sans rien : il vous faudra donc travailler Sneak Thief jusqu’à ce que vous le pratiquiez à la perfection. Pas seulement la mise en scène, mais aussi le cœur même du modus operandi : le timing ! Pour les plus timorés d’entre vous : courage ! Les subtilités psychologiques employées ici fonctionnent réellement.

Prenant une grande feuille cartonnée vierge et un marqueur, il observe pensivement le spectateur, puis se met à tracer fiévreusement quelque chose, à l’abri des regards. Une fois qu’il a terminé, il

Préparation Il vous faut quatre porte-cartes en cuir noir que vous pouvez vous procurer dans une maroquinerie. Choisissez un modèle comportant des fentes diagonales aux quatre coins. Il vous faudra également des fiches blanches non lignées de format

8 cm × 13 cm, disponibles en supermarché ou en papeterie. Quatre petits crayons à papier ou quatre stylos feutres. Une feuille blanche cartonnée d’environ 28 cm × 35 cm et un autre marqueur, qui vous servira à reproduire le dernier dessin.

Le secret Bien que les fiches et les porte-cartes ne soient pas marqués, il y a un gimmick (Cela pouvait-il être autre chose ?) Vous devez préparer quatre autres fiches truquées de la façon suivante : en haut et en bas de chacune d’elle, numérotez-les avec un feutre

jaune. En d’autres termes, la carte n° 1 portera le numéro 1 au milieu de ses côtés supérieur et inférieur, à environ trois millimètres du bord ; la carte n° 2 portera le numéro 2 aux mêmes endroits, et ainsi de suite pour les fiches n° 3 et n° 4. Plastifiez

Larry Becker

le numéro, car celle-ci ne sera pas visible par transparence à travers la fiche blanche qui est dessus. Ce numéro vous permettra d’identifier immédiatement le spectateur auquel appartient le dessin. Dans la mesure où les fiches gimmick sont numérotées en haut et en bas, peu importe le sens dans lequel est tenu le porte-cartes : le numéro révélateur deviendra toujours visible lorsque vous ferez glisser la fiche dessinée. Redressez ensuite la fiche blanche comportant le dessin en la faisant glisser doucement vers le haut avec votre pouce. Le numéro secret est alors de nouveau masqué.

ensuite le recto et le verso de ces fiches avec du film adhésif transparent – disponible dans les boutiques de fournitures de bureau – que vous recouperez aux dimensions de la fiche. À présent, placez une fiche préparée dans chaque porte-cartes et dissimulez-la sous une fiche blanche normale. Ensuite, voici comment procéder avec chaque porte-carte pour identifier l’auteur des dessins : Prenez n’importe lequel des porte-cartes, et tenez-le de façon à ce que la fiche soit orientée vers vous, et le dos du porte-cartes vers le public. Le pouce de votre main gauche est placé au centre de la fiche, à environ trois centimètres du bord supérieur, tandis que les quatre autres doigts sont en contact avec le porte-cartes à l’arrière.

La façon dont vous prendrez connaissance du dessin du dernier spectateur sera expliquée plus loin. Avant le début du spectacle, la feuille de papier cartonné, le feutre que vous utiliserez pour écrire dessus et les quatre porte-cartes sont placés sur votre table, tandis que les crayons destinés aux spectateurs se trouvent dans la poche extérieure droite de votre veste. Les porte-cartes doivent être empilés les uns sur les autres, fiches orientées vers la table, dans leur ordre numérique – celui comprenant la fiche n° 1 sur le dessus, suivi des n° 2, n° 3 et n° 4 en dernier (en dessous). Bien entendu, vous aurez préalablement positionné, dans chaque porte-cartes, la fiche truquée sous la fiche blanche non préparée.

Appuyez fermement le pouce sur la fiche et, tout en maintenant la pression, faites-la glisser vers le bas d’environ six ou sept millimètres en la « bouclant » légèrement. Cette manœuvre vous permettra de voir le numéro jaune en haut de la fiche plastifiée. C’est pour faciliter le glissement de la fiche dessinée que vous avez recouvert la fiche secrète d’un film plastique. En outre, j’ai choisi l’encre jaune pour inscrire

Méthode et présentation Prenez les porte-cartes et éventaillez-les, fiches orientées en direction du public, en veillant à ne pas modifier leur ordre. Égalisez les porte-cartes et retournez-les, fiches vers le bas. Puis, en expliquant que vous avez besoin de l’assistance de quatre spectateurs, procédez à ce qui n’est rien de plus qu’un simple mélange Charlier suivi d’une coupe. En ce qui me concerne, je mélange les porte-cartes de la façon décrite ci-après tout en m’avançant vers les spectateurs du premier rang ; c’est une action nonchalante sur laquelle vous ne devez pas attirer l’attention. Le public remarquera simplement que les porte-cartes sont mélangés.

faites glisser le porte-cartes du dessous vers la droite avec vos quatre doigts, et saisissez-le avec les doigts de la main droite. Avec le pouce gauche, décalez ensuite le porte-cartes du dessus vers la droite, où il est repris par les doigts de la main droite, sous le porte-cartes déjà tenu dans cette main. Les quatre doigts de la main gauche décalent le porte-cartes du dessous (parmi les deux restants en main gauche) vers la droite, où il est cette fois récupéré par-dessus les deux porte-cartes tenus en main droite. Le quatrième et dernier porte-cartes de la main gauche est placé sous les trois porte-cartes de la main droite. Enfin, le pouce gauche décale vers la droite les deux porte-cartes du dessus, que votre main droite replace ensemble (sans les inverser) sous

Tenant les porte-cartes empilés dans votre main gauche, pouce dessus et les autres doigts dessous,

Impossible ! les deux qui sont tenus en main gauche. Aux yeux du public, vous avez effectué un rapide mélange de votre « paquet » et vous l’avez coupé. En réalité, les porte-cartes sont revenus dans leur ordre initial : 1, 2, 3, 4.

Tenez les quatre porte-cartes de la main gauche, fiches vers le bas. De la main droite, retournez celui du dessus et regardez ce qui est dessiné sur la fiche. À ce stade, le paquet des quatre porte-cartes est toujours parallèle au sol. Si le dessin apparaît à l’envers, retournez le porte-cartes en question afin qu’il soit orienté dans le bon sens. En le regardant, exclamezvous : « Waouh ! Celui qui a dessiné ça ne s’appelle certainement pas Rembrandt ! En fait, c’est le dessin le plus “Waouh !” que j’aie jamais vu ! », et ce quelles que soient la nature et la qualité du dessin que vous voyez.

À l’époque où je commercialisais Sneak Thief, les numéros des fiches truquées étaient imprimés en jaune. Mais je serais négligent si je n’indiquais pas ici les modifications que j’y ai apportées depuis. Tout d’abord, je précise que je n’ai absolument aucune crainte quant au fait de confier les porte-cartes (comprenant donc ces fiches truquées) aux spectateurs. En revanche, au cours d’un spectacle sur une scène mal éclairée, je me suis rendu compte que j’avais des difficultés à percevoir les chiffres jaunes. J’ai donc immédiatement fabriqué un nouveau jeu de fiches truquées en utilisant du papier noir et des chiffres blancs à décalquer. Le principe de fabrication est identique à celui qui a été décrit précédemment, mais les numéros seront aussi visibles que des néons, même en cas d’éclairage défectueux ou de lumières tamisées. À vous de choisir la méthode qui vous convient, mais pour ma part, je préfère le marquage blanc sur noir.

Tout en parlant, attrapez le paquet de la main droite, pouce en dessous et les autres doigts sur le dessus. Levez aussitôt le paquet entier de sorte que le dessin que vous regardiez se trouve face au public. Tenez le paquet au niveau de vos yeux et, pendant que les spectateurs contemplent l’œuvre du premier spectateur, jetez un coup d’œil au dessin qui vous fait face et mémorisez-le rapidement ! Rappelez-vous : cette action se déroule immédiatement après avoir formulé votre plaisanterie. Aussitôt après, abaissez la pile de porte-cartes, afin que le dessin que vous venez de mémoriser se trouve de nouveau parallèle au sol, puis déposez le tout dans votre main gauche. Comme décrit plus haut, ajoutez que malgré ses lacunes sur le plan artistique, le dessin vous donne quelques indices sur la personnalité et l’identité de son auteur. Prenez la pile de porte-cartes par au-dessus avec la main droite (le pouce et les doigts contre les grandes tranches), et posez-la négligemment sur la table située à votre droite. Tout en déposant le paquet, conservez une prise sur le portecartes supérieur (qui est dessin orienté vers le haut) et emportez-le, tandis que vous laissez les trois autres sur la table, dessins orientés vers le bas.

Tendez le porte-cartes du dessus à un spectateur du premier rang, puis confiez le deuxième portecartes à un spectateur assis à sa gauche (donc à droite pour vous). Continuez ainsi, en distribuant les deux derniers porte-cartes à deux autres spectateurs, toujours à gauche du précédent. Sortez également les petits crayons à papier de votre poche et donnez-leur en un chacun. Retournez ensuite sur scène et poursuivez comme indiqué dans la partie « Effet » en livrant vos consignes aux quatre participants. Une fois les porte-cartes rassemblés et mélangés, le spectateur chargé de les collecter vous les apporte, puis vous l’invitez à regagner sa place. Positionnez-vous de façon à ce que la table se trouve à votre droite.

(Remarque : vous venez de découvrir le dessin du quatrième et dernier porte-cartes. Certes, il s’agit là d’une des filouteries les plus culottées qu’on puisse imaginer, mais il n’empêche que votre public n’y verra que du feu. Pourquoi ? Réfléchissez-y un instant. Ce coup d’œil survient avant que les spectateurs aient la moindre idée de ce qui va se passer. Le fait que vous ayez déjà regardé la première fiche, et les rires suscités par votre blague auront pour effet

Voici maintenant la partie que vous attendiez : comment prendre connaissance du dessin du dernier spectateur ? Veuillez lire ce qui va suivre avec attention, car c’est ici que le timing entre en jeu.

Larry Becker

de les désarmer. Il semblera alors que les dessins n’aient pas vocation à rester secrets. De plus, vous allez identifier l’auteur d’un dessin à pas moins de trois reprises avant de changer votre fusil d’épaule ! Au moment où vous arriverez au quatrième et dernier porte-cartes, le public aura oublié depuis longtemps que vous avez pu avoir une occasion d’y jeter un coup d’œil. Croyez-moi, ça marche ! Il ne suffira que d’un ou de deux essais pour vous en convaincre, à condition de travailler à cette routine en peaufinant le timing, qui s’avère essentiel pour chaque facette de la procédure que je viens de décrire.)

poche intérieure droite de votre veste pendant que vous vous approchez du spectateur que vous avez identifié. Laissez-lui la carte en souvenir. Prenez le deuxième porte-cartes sur la table, et réitérez la procédure avec le deuxième spectateur. Assurez-vous de placer la remarque : « Tiens, voilà autre chose ! De toute évidence, c’est l’œuvre d’un maniaque sexuel », ce qui provoque toujours quelques éclats de rire. Continuez comme décrit dans la partie « Effet » et identifiez le troisième spectateur. Chaque fois que vous avez terminé de dresser un portrait psychologique et dès que vous avez retiré la fiche pour l’offrir en souvenir à son auteur, abandonnez le porte-cartes dans la poche intérieure droite de votre veste. Il reste donc un seul porte-cartes posé sur la table, dessin orienté vers le bas. Jouez la scène du « petit miracle » en annonçant pompeusement qu’il appartient au quatrième spectateur. Cette plaisanterie formulée avec emphase et d’un air faussement sérieux amusera beaucoup le public. Lorsque les rires s’estompent, annoncez que vous n’allez ni toucher, ni regarder, ni montrer ce qui a été dessiné sur la dernière fiche. Au lieu de cela, vous priez son auteur de visionner l’image mentalement.

Alors que vous tenez le porte-cartes (du premier spectateur) de la main gauche, dessin face à vous, effectuez la boucle décrite précédemment pour bomber la carte et faire apparaître le numéro secret. Cachez de nouveau le numéro secret lorsque vous commencez à détailler vos impressions sur l’individu que vous croyez être l’« artiste ». Puisque vous savez déjà de quel spectateur il s’agit, exploitez cette information, en évoquant par exemple si l’auteur est un homme ou une femme. Appuyez-vous également sur le contenu du dessin pour glisser quelques traits d’humour, et bien entendu, ayez recours aux formules de lecture à froid (cold reading) présentées dans des livres tels que Red Hot Cold Reading ou King of the Cold Readers. Ce sont deux ouvrages exceptionnels qui contiennent certaines des meilleures données sur le sujet.

Pour conclure, tracez une reproduction assez fidèle du dessin que vous avez mémorisé au début du tour, puis laissez votre marqueur sur la table et demandez au spectateur de décrire son dessin. Au cours de sa description, ramassez le dernier portecartes et montrez-le à l’auditoire. Dévoilez votre propre croquis, juste à côté du sien, pour permettre au public de constater que vous avez dupliqué celui du spectateur. Donnez les deux dessins en souvenir au dernier spectateur et saluez l’assistance. Vous venez d’accomplir l’un des effets de psychométrie les plus étonnants et les plus divertissants qui aient jamais été inventés. J’espère que vous prendrez plaisir à le présenter souvent.

Soyez bref et, lorsque vous avez terminé, retournez le porte-cartes de façon à avoir la fiche dessinée en face de vous. Bombez la fiche du dessus avec le pouce, comme vous l’avez fait précédemment, et insérez les doigts de la main droite par en dessous, c’est-à-dire entre la fiche numérotée et la fiche dessinée. Tirez cette dernière vers vous pour la libérer des fentes qui la maintiennent en place. Avec la main gauche, rangez aussitôt le porte-cartes dans la

Dernières réflexions Ne m’écrivez pas pour me demander ce qu’il se passerait s’il venait à quelqu’un l’idée d’examiner les porte-cartes. Rappelez-vous : ils sont entre les mains

des spectateurs pendant toute la première partie de la routine. Or, aux yeux du public, vous ne les laisseriez pas aussi librement à disposition s’ils comportaient

Impossible ! quoi que ce soit de suspect. De plus, je découpe un morceau de carton fin que j’insère à l’intérieur de la pochette des porte-cartes pour les rigidifier. Ainsi, je trouve qu’ils tiennent mieux en main. Ces renforts, je précise, devront être découpés aux dimensions exactes, de façon à remplir entièrement la pochette.

temps, je me suis rendu compte que cette manière de procéder était bien meilleure que d’utiliser une table. Le fait que ce soit le spectateur qui les tienne semble exclure toute manipulation intempestive de la part du mentaliste. Pour couronner le tout, les portecartes restent alors bien en vue du public du début à la fin, davantage que s’ils reposaient sur une table.

J’ai également adapté ma présentation pour compenser le manque éventuel d’une table. La majeure partie de mon spectacle se joue en solo. Par conséquent, aussitôt après avoir jeté un coup d’œil au dernier dessin en montrant le premier à l’auditoire, je demande à un spectateur de bien vouloir me rejoindre et de se tenir debout à ma gauche. Au lieu de placer les porte-cartes sur une table, je demande à mon participant de les tenir, dessins orientés vers le bas, dans la paume de sa main tendue. Avec le

J’ai présenté Sneak Thief à de nombreuses reprises, tant devant des publics profanes que pour des groupes de magiciens. La duplication du dernier dessin fait réellement sensation, et la position qui est la vôtre à ce moment-là ‒ montrant les deux dessins côte à côte, un dans chaque main ‒ invite spontanément le public à applaudir. Le rêve de tout mentaliste professionnel, selon moi. J’espère que vous partagerez mon enthousiasme.

Sneaky Too Je revenais à Phoenix sur un vol Delta, l’avion peinant à fendre les airs à onze mille mètres au-dessus du sol, quand une idée me traversa la tête tel un éclair. Pourquoi ne pas utiliser le concept de Sneak Thief pour réaliser un effet mental explosif avec des

cartes à jouer ? Il ne m’a fallu que quelques secondes pour assembler toutes les pièces du puzzle. Je suis persuadé que vous aimerez beaucoup cette variante. Dorénavant, je sais que je présenterai l’effet de cette manière.

Effet Un jeu de cartes constitué de cinquante-deux entités distinctes est montré au public. Il n’y a pas deux cartes qui soient identiques. En bref, il s’agit d’un jeu de cartes ordinaire. Le jeu est mélangé puis réparti entre quatre spectateurs qui sont priés à leur tour de mélanger leur portion respective. Le premier spectateur est invité à faire défiler les cartes de son paquet faces vers lui, et à vérifier qu’il est bien composé d’un assortiment de valeurs et de familles différentes.

qui s’y trouve, puis de confier son paquet au deuxième spectateur qui l’ajoute à son propre paquet. Celui-ci est alors invité à battre ses cartes, et à retenir mentalement n’importe quel « trèfle ». Ensuite, il doit tendre son paquet au troisième spectateur qui, après avoir mélangé la totalité des cartes qu’il a en main, doit choisir secrètement n’importe quel « cœur ». Enfin, le troisième participant remet son paquet au quatrième qui, après l’avoir mélangé à sa propre pile, se retrouve maintenant avec la totalité des cinquante-deux cartes en main. À son tour, il sélectionne mentalement une carte, n’importe quel « pique » cette fois.

Dès qu’il a confirmé, il lui est demandé de mémoriser mentalement n’importe quel « carreau »

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Le jeu est mis à l’écart, tandis que le mentaliste distribue à chacun des quatre spectateurs un porte-cartes et un crayon. Dès qu’il aura le dos tourné, explique-til, les participants devront noter sur leur fiche la valeur de la carte à jouer qu’ils ont sélectionnée mentalement, mais pas sa famille. Une fois qu’ils ont terminé, l’un d’eux est invité à rassembler les quatre porte-cartes et à les mélanger, fiches orientées vers le bas. Le mentaliste se retourne ensuite et les récupère.

Laissant ce porte-cartes à l’écart, toujours face en bas, il déclare qu’il ne retournera pas le quatrième porte-cartes, mais plutôt qu’il essaiera de deviner à la fois la valeur et la famille de la carte à jouer qui est notée sur la fiche. Après un moment, il désigne le deuxième spectateur et affirme qu’il s’agit sans aucun doute de la carte à laquelle il pense : le neuf de trèfle (par exemple). Le spectateur confirme à son tour l’exactitude de la révélation. S’adressant alors au premier spectateur, il fait remarquer que, de toute évidence, le portecartes restant est le sien. Expliquant qu’il a toujours quelques difficultés à se montrer clairvoyant au sujet de sa carte, il lui demande de bien vouloir donner un indice : « S’agit-il d’une carte haute ou d’une carte basse ? », interroge-t-il. Le spectateur répond qu’il s’agit d’une carte haute. Le mentaliste sort alors de sous sa veste une carte géante dont il présente le dos au public : « Haute comme ça ? », demandet-il. Avant même que le volontaire ait eu le temps de répondre, il poursuit : « À quelle carte précisément êtes-vous en train de penser ? » Le spectateur révèle qu’il pense au roi de carreau : « C’est bien ce qu’il me semblait », conclut le mentaliste. Sur ce, il retourne la carte géante pour en montrer la face : c’est justement le roi de carreau.

Après avoir basculé le premier porte-cartes face en l’air, il annonce par exemple que la carte mentionnée sur la fiche est un as et, mieux encore (bien que la couleur ne soit pas précisée)… qu’il s’agit de l’as de cœur et que c’est la carte pensée par le troisième spectateur. Ce dernier confirme la justesse de cette affirmation. Le mentaliste retourne alors le deuxième porte-cartes et, après avoir montré qu’un huit (par exemple) est inscrit sur la fiche, il ajoute qu’il s’agit en fait du huit de pique et que celui-ci a été sélectionné mentalement par le quatrième spectateur. Ce dernier valide également la divination. Le mentaliste s’apprête à saisir le troisième porte-cartes (fiche vers le bas), mais interrompt son mouvement en disant qu’il a du mal à visualiser mentalement ce qui est inscrit de l’autre côté.

Préparation Si vous parvenez à vous imaginer là, avec les deux mains levées, tenant une carte géante dans l’une d’elles, vous entendrez très certainement la rafale d’applaudissements générée par cet effet.

tout autre « carreau » que vous possédez par ailleurs au format jumbo, ainsi qu’un deux de carreau que vous possédez également au format miniature. Il vous sera nécessaire d’effectuer un marquage au dos de l’un des quatre porte-cartes. (J’utilise pour ma part les points de ponctuation que l’on trouve sur les planches de transferts par décalcomanie, disponibles dans les magasins de loisirs créatifs). Placez donc un minuscule point blanc aux coins supérieur gauche et inférieur droit du dos du porte-cartes numéro un, celui qui sera confié au premier spectateur.

Naturellement, le déroulement de la routine originale Sneak Thief n’ayant plus de secret pour vous, il ne vous manque plus que quelques détails pour comprendre le fonctionnement de cet effet mental détonnant. Tout d’abord, retirez onze cartes d’un jeu, peu importe lesquelles, en vous assurant simplement que ce paquet soit composé d’un nombre approximativement équivalent de cœurs, de piques et de trèfles. Ajoutez-y également le roi de carreau ou

Marquez un petit point au crayon aux coins supérieur gauche et inférieur droit de la carte

Impossible ! supérieure du jeu que vous utiliserez, puis remettez par-dessus les treize cartes que vous aviez enlevées précédemment : les onze cartes composées de cœurs, piques et trèfles, ainsi que le roi de carreau (placé vers le milieu de ces treize cartes) et le deux de carreau (positionné quelques cartes avant ou après le roi de carreau).

les grands magasins les mieux achalandés) à laquelle est fixée une grande épingle à nourrice. La pince est attachée à ma chemise par l’épingle, juste en dessous du col, de sorte que la petite tranche inférieure de la carte jumbo soit facilement accessible lorsque je glisse la main droite sous la veste. La carte, elle, est insérée dans la pince, où elle restera solidement maintenue grâce aux aimants. Cependant, il est facile de la libérer en la tirant vers le bas. Mettez le deux de carreau miniature dans la poche gauche de votre veste.

Fixez le roi de carreau géant sous votre veste. J’utilise pour ce faire une pince à billets aimantée (on en trouve dans les boutiques de bagages ou dans

Méthode et présentation Tout d’abord, exécutez un faux mélange du jeu, de façon à conserver les treize premières cartes sur le dessus. Un simple mélange américain fera l’affaire. Faites défiler le jeu d’une main à l’autre pour permettre au public de constater que les cartes sont parfaitement normales et correctement mélangées. Approchez-vous du premier spectateur en faisant passer les cartes faces en bas d’une main à l’autre, jusqu’à ce que vous repériez la carte marquée d’un point blanc. Prélevez alors la portion située au-dessus de cette carte et tendez-la face en bas au premier spectateur.

Conviez-le ensuite à transmettre son paquet au deuxième spectateur, qui devra l’ajouter au sien et mélanger le tout avant de sélectionner mentalement n’importe quel « trèfle ». Le deuxième spectateur doit ensuite remettre ses cartes au troisième, qui les mêle à son tour puis choisit mentalement un « cœur ». Pour finir, le troisième volontaire passe son paquet au quatrième qui, après l’avoir mélangé au sien, mémorise quant à lui un « pique ». En fait, vous n’avez fait que diaboliquement forcer la sélection mentale du roi ou du deux de carreau.

Continuez à faire défiler les cartes de main en main et, lorsque vous en avez rassemblé à peu près douze ou treize – le nombre ne doit pas nécessairement être précis –, tendez ce deuxième paquet au deuxième spectateur. Procédez de manière identique avec les deux derniers spectateurs. À ce stade, chacun d’eux détient environ un quart du jeu. Priez-les de mélanger leur paquet respectif.

Continuez le tour tel qu’il est décrit dans la partie « Effet », en faisant noter aux participants uniquement la valeur de la carte à laquelle ils pensent. Les porte-cartes sont ensuite collectés et mélangés faces en bas avant de vous être restitués. L’air de rien, vous les étalez en éventail pour repérer le porte-cartes marqué d’un point blanc. À moins qu’il ne soit déjà placé troisième à partir du dessus de la pile, coupez celle-ci pour l’amener à cette position. Suivez ensuite la procédure indiquée dans Sneak Thief : basculez le premier porte-cartes face en l’air, puis montrez-le au public en levant le paquet au niveau des yeux, de façon à voir la valeur inscrite sur la dernière fiche. En effectuant ce geste, j’ai l’habitude d’attirer l’attention de l’auditoire sur la valeur qui lui est montrée, et de demander au participant qui l’a écrite de visualiser mentalement la carte correspondante.

Comme décrit plus haut, demandez au premier spectateur de vérifier si son paquet contient un assortiment de valeurs et de familles, ce qu’il confirmera inévitablement. Sous ces termes, le public comprendra qu’il est question d’un assortiment varié comprenant différentes valeurs et toutes les familles. Bien entendu, lorsque vous inviterez le spectateur à mémoriser un « carreau » dans son paquet, son choix sera limité au roi et au deux de carreau.

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Déposant ensuite les porte-cartes en une pile sur la table, je garde en main le premier d’entre eux, puis j’identifie non seulement la valeur, mais aussi la famille et la personne qui a sélectionné mentalement cette carte – cette dernière information étant obtenue grâce au coup d’œil sur la fiche truquée qui se trouve en dessous. Je fais de même avec le deuxième porte-cartes. Il reste à présent deux porte-cartes faces en bas sur la table. Celui du dessus est le porte-cartes marqué d’un point blanc (soit le roi ou le deux de carreau). Mettez-le à l’écart pour l’instant, comme décrit plus haut, en prétextant avoir du mal à recevoir une impression mentale de ce qui est écrit de l’autre côté. Passez lentement la main droite au-dessus du dernier porte-cartes et, sans même le toucher ni y jeter un coup d’œil, « devinez » la valeur et la famille de la carte notée sur la fiche. Saisissez-le ensuite et montrez la fiche au public, afin que celuici puisse constater la justesse de votre révélation. Le porte-cartes restant, soulignez-vous, est nécessairement celui du quatrième spectateur. Simulant une nouvelle fois des difficultés, réclamez un petit indice : « Votre carte est-elle une carte haute ou une carte basse ? » Si le volontaire répond qu’il s’agit d’une carte haute, sortez la carte jumbo de sous

votre veste, en disant : « Haute comme ça ? » ; avant qu’il n’ait le temps de réagir, invitez-le à dévoiler la valeur et la famille de la carte à laquelle il pensait. Montrez ensuite la face de votre carte géante : le roi de carreau. En revanche, si le spectateur a précisé qu’il s’agissait d’une carte basse, c’est le deux de carreau miniature que vous sortez de la poche gauche de votre veste et dont vous présentez le dos au public, en demandant : « Basse comme ça ? » Là encore, sans laisser le temps au spectateur de répliquer, priez-le de révéler la carte qu’il a sélectionnée mentalement, puis tournez votre carte miniature face au public pour révéler le deux de carreau. Je peux vous assurer que le climax est puissant, dans un cas comme dans l’autre, et que vous aurez droit à des applaudissements fournis. J’adore cette routine. Je trouve qu’elle élève le concept de Sneak Thief un cran au-dessus. Elle vous permet de révéler le contenu de deux porte-cartes restés faces en bas, au lieu d’un seul. Mieux encore, le finale de la carte géante ou miniature provoque invariablement une salve d’applaudissements. Il est également possible de réaliser Sneak Thief en utilisant le principe unique de marquage qui est détaillé dans l’effet Marque postale, décrit plus loin dans ce livre.

(Extrait de l’interview réalisée avec Robert L. Bluemle pour la revue Vibrations.)

Q – Quels sont pour vous les principaux défauts de la plupart des mentalistes ? R – Vous connaissez cette blague classique, l’histoire du type qui demande à un producteur comment faire pour se produire à Carnegie Hall, et qui obtient comme réponse : « Pratiquez, pratiquez, pratiquez ! » C’est tellement vrai. Si je devais nommer la plus grosse lacune de certains mentalistes et magiciens, je dirais que c’est le manque indéniable de pratique et, plus encore, de répétitions. Je soutiens également que la qualité la plus importante de l’artiste est la capacité à divertir son public, même si je n’y parviens pas toujours moi-même. Trop de mentalistes passent un temps fou à apprendre de nouveaux trucs plutôt que de travailler sur une manière divertissante de les présenter.