La vente de ce livre contribue au financement des actions et des buts de l’association « le Refuge de l’Arche de Noé ».
Refuge de L’Arche de Noé Un autre regard sur les animaux dits « de rente »
Remerciements Nous remercions toute l’équipe de la société C.C. Éditions pour la réalisation de ce livre, et en particulier Sandra Girard qui a assuré le suivi de ce projet depuis le premier jour. Merci à toutes les personnes qui ont fourni les textes et photos de ce livre. Et surtout, un immense merci à tous nos adhérents et bénévoles qui œuvrent pour la poursuite et la réussite des buts de notre association.
Si vous souhaitez en savoir plus sur nos actions, ou simplement nous contacter, venez nous retrouver ici : http://www.refugenoe.fr http://refugearchenoe.over-blog.com/
Responsable d’édition : Frantz Réjasse. Suivi de projet : Sandra Girard. Mise en pages : Sarah Métais. Relecture et correction : Jean-Claude Marquis. www.cc-editions.fr © C.C. Éditions – Décembre 2011. ISBN : 978-2-914983-35-8
Sommaire Préface ������������������������������������������������������������������������������������������������7
Prise de Conscience......................................................11 Panique dans le poulailler..................................................................12 Le prix d’un symbole….....................................................................17 Le vrai visage de la viande..................................................................20 L’horreur industrielle !.......................................................................24 Un monde sans pitié..........................................................................28
Le Refuge de l’Arche de Noé........................................33 La protection animale d ‘un point de vue juridique...........................35 Historique.........................................................................................37 Quotidien du refuge sur le terrain.....................................................41 Le rôle du vétérinaire.........................................................................45 Le bénévolat, plus fort que le handicap..............................................47 Les Souvenirs de Floriane..................................................................51 L’enfant et l’animal............................................................................53 Trait d’union.....................................................................................57
Paroles de Bénévoles.....................................................61 Peucou par Mireille ��������������������������������������������������������������������������62 Cheyenne..........................................................................................64 Mon espoir, mon rêve �����������������������������������������������������������������������67 Mimi ������������������������������������������������������������������������������������������������72 Élise �������������������������������������������������������������������������������������������������74 Virginie ��������������������������������������������������������������������������������������������79 Chez Clémence et Jean-Luc �������������������������������������������������������������82 Un témoignage de maltraitance animale ������������������������������������������84 Partenaires.........................................................................................86 Postface.............................................................................................89
A
R An
Préface Lorsque l’on évoque la protection animale, les regards se tournent spontané-
ment vers les chiens et les chats qui garnissent tristement les centaines de refuges répartis dans toute la France. Abandons de la période estivale, problèmes de santé ou simplement vieillissement de l’animal, lassitude du propriétaire, concourent depuis des décennies à remplir les quelques cinquante mille places offertes à ces vedettes d’un jour, ces déshérités du sentiment. Longtemps épargnés par le phénomène d’abandon et de maltraitance, les animaux de basse-cour et d’élevage, mais aussi ceux d’agrément, au gré de la succession des conjonctures économiques délicates, ont rejoint ces files interminables de sacrifiés : les cheptels de bovins ou d’ovins, les chevaux, les poneys, les ânes, mais aussi les lapins, poules et canards et autres animaux qui ont un temps fait la fierté d’un agriculteur ou d’un particulier, sont désormais l’objet de toutes les attentions de certaines associations de protection animale. De la fourbure du cheval décharné et enfermé depuis des mois dans un étroit couloir, des bovins laissés à l’abandon au milieu d’un charnier de congénères, des lapins-cadeaux qui n’ont distrait qu’un court instant, les cas d’abandons ou de maltraitance de ces animaux sont de plus en plus nombreux et posent
des problèmes nouveaux face auxquels l’immense majorité des associations « chiens-chats » ne peut répondre. Du nord au sud, aucune région n’est épargnée par ce phénomène et si les refuges pour animaux de compagnie constituent une toile d’araignée bien serrée, force est de constater que les associations dédiées aux grands animaux ne sont qu’une poignée et croulent sous la charge. Charge de travail, certes, mais aussi charge financière car, dans le domaine des soins, du recueil et de l’hébergement notamment, les coûts explosent sans aucune compensation des propriétaires indélicats ou des pouvoirs publics. C’est dans une petite bourgade en périphérie de Strasbourg que, sous l’impulsion de Nathalie et Hugues Lentz, a vu le jour, en 2004, l’Arche de Noé,
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R An
avec l’ambitieux projet de venir en aide à ces animaux, ceux-là même que l’on regarde souvent sans les voir et que l’on retrouve au final dans nos assiettes. Avec l’aide d’une poignée d’amis sensibles à la cause, ils vont savoir éviter les écueils de la sensiblerie et réussir le tour de force de convaincre par l’exemple. Rapidement gagnée par son succès, l’Arche de Noé est, en quelques années, devenue une institution incontournable qui fait référence et qui s’impose par sa disponibilité et son professionnalisme sans faille. Partenaires des pouvoirs publics pour assurer le lieu de dépôt des animaux en souffrance, soutenue dans ses actions par plus d’un millier d’adhérents, elle a d’ores et déjà changé le regard des autorités administratives et judiciaires sur le phénomène de la souffrance des animaux d’élevage. Au demeurant, l’Arche de Noé complète très efficacement le dispositif « classique » de protection animale qui existe dans le NordEst de la France et est, sans nul doute, en mesure de devenir le fer de lance de la protection des animaux de ferme en France. Hervé Belardi Chargé de mission de la Confédération Nationale des SPA de France
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Partie
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Piggy
Conscience
Refuge de L’Arche de Noé
de
Prise 11
Panique dans le poulailler JLS
Un, deux, trois, dix, vingt, cent, mille… Ils sont en fait des millions ! « Ils » ce sont les poulets, entassés par dix mille à cent mille dans des hangars (quatre milliards annuellement pour l’Union européenne), quinze à vingt-quatre par mètre carré ! La seule fois où les pauvres bêtes quitteront ces lieux sordides, ce sera pour leur ultime voyage, celui dont on ne revient pas… Ils auront alors environ quarante jours ! Eh oui, ici, la vie n’est pas comptabilisée en années, ni même en mois, mais en jours ! Rentabilité maximale oblige, tout a été étudié afin que ces oiseaux destinés à la consommation atteignent dans ce bref délai le « poids idéal », celui où l’animal aura développé un maximum de muscle, donc de viande… Il faut hélas bien reconnaître qu’en dépit de ce qu’elles subissent, la brève vie des volailles en question ne suscite que peu d’émoi : cela est très probablement dû en partie à la méconnaissance des réalités inhérentes à ces élevages mais, beaucoup plus prosaïquement, une autre évidence s’impose : le consommateur lambda cherche avant tout son intérêt qui, en l’occurrence, se traduit par la somme qu’il déboursera à la caisse de son supermarché ! Pour pouvoir proposer des coûts prohibitifs, les « industriels » – car il faut bien les nommer ainsi – de cette filière, sont contraints de réduire tous les frais… On comprendra aisément que, dans ces conditions, certaines notions telle le « bien être » animal, sont pour le moins négligées voire totalement ignorées : rendement et meilleur rapport qualité/prix sont les seuls aspects fondamentaux à être retenus et, au diable toute sensiblerie ! Bref, en quelques décennies à peine, on sera passé d’un élevage traditionnel à échelle humaine à une monstrueuse industrie où l’éleveur aura certes été élevé au rang de « chef d’entreprise » mais où, paradoxalement, il n’aura
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strictement plus aucun pouvoir ! Les vrais décideurs, outre les banquiers tout puissants, sont évidemment ailleurs mais cela, finalement, importe peu puisque les uns autant que les autres ont un seul but : toujours plus de rentabilité et ce à n’importe quel prix ! Les pauvres volailles soumises au régime intensif ne se plaignant pas et, de plus, le marché semblant toujours porteur, on exploite le filon autant que possible… L’élevage concentrationnaire de poulets recèle néanmoins bien des problèmes ! Ainsi, la prise de poids excessive due à une alimentation enrichie : ce sont les muscles qui grandissent rapidement (la partie qui est consommée) mais la structure des pattes ne suit pas la même évolution que celle du reste du corps ! Selon un rapport de la PMAF1 : « Les pattes fléchissent sous le poids surdimensionné du corps. En conséquence, tous les ans, des millions de poulets de chair de l’UE souffrent de douloureuses déformations des pattes ou de paralysie. Dans le pire des cas, ils peuvent à peine marcher et ne se déplacent qu’en rampant. Certains meurent de faim 1. Protection mondiale des animaux de ferme – 8 ter en Chandellerue – BP 80242 – 57006 Metz Cedex 1 – tél. : 03 87 36 46 05 – Fax : 03 87 36 47 82 – http://www.pmaf.orghttp://www.pmaf.org.
et de déshydratation car ils n’arrivent tout simplement pas à se rendre aux points d’eau et de ravitaillement. Le professeur Donald Broom explique qu’élever des animaux dont le corps est surdimensionné par rapport aux pattes “c’est comme si un enfant de neuf ans devait se tenir sur les jambes d’un enfant de cinq ans”. Souvent, le cœur ne peut suivre le développement trop rapide du corps. Tous les ans, des millions de poulets de chair de l’Union européenne succombent des suites de faiblesses cardiaques avant même d’atteindre leur âge d’abattage de six semaines. Les problèmes cardiaques les plus courants sont des ascites et le “symptôme de la mort subite”. » Mais comme les animaux sont abattus très jeunes (en moyenne à quarante et un jours) cet inconvénient n’a même pas le loisir de devenir un réel manque à gagner pour les producteurs : ce n’est qu’au-delà
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Refuge de L’Arche de Noé
de l’âge requis pour leur abattage que les poulets succombent rapidement et massivement à l’obésité qui les guette immanquablement ! Le Refuge de l’Arche de Noé1 a, à diverses reprises déjà, pris en charge de tels oiseaux (en âge d’être sacrifiés) : en dépit d’une alimentation saine, d’un cadre de vie idéal, de soins appropriés, ils ne survivent que peu de temps (un an en moyenne) et cela dans des conditions souvent pour le moins pénibles ! Si l’élevage proprement dit des poulets de chair peut donc être légitimement soumis à 1. Refuge et fourrière pour chevaux et animaux de ferme. Refuge de l’Arche de Noé – 23, rue Haute – 67120 Ernolsheim-sur-Bruche – tél. : 06 67 82 57 66 – http://refuge.noe.free.fr – refuge-arche-de-noe@wanadoo.fr.
caution, les étapes suivantes ne sont guère plus reluisantes : ainsi, ce qui est communément appelé « le ramassage » constitue une réelle épreuve supplémentaire ! Les animaux en âge d’être abattus sont attrapés pour être entassés dans des caisses prévues à cet effet ; des équipes vident très rapidement les élevages en attrapant dans chaque main quatre à cinq oiseaux suspendus la tête en bas… Cette opération, on s’en doute, n’est pas sans conséquences et de nombreuses bêtes périssent des suites d’hémorragies ou de fémur enfoncé dans l’abdomen… Vient ensuite le transport vers le lieu d’abattage : entassés dans des cageots (toujours en raison d’un rendement maximum) les volailles sont tantôt soumises aux températures caniculaires, tantôt au froid extrême et ce, bien souvent, des heures durant… Là encore, beaucoup mourront en chemin, victimes de leurs blessures ou des conditions extrêmes imposées par le transport ! Enfin, étape ultime, l’abattoir : toujours selon le même rapport de la PMAF : « Les oiseaux sont suspendus la tête en bas, à des crochets de fer ; la compression des pattes par le métal provoque des douleurs. Les crochets suivent un rail en mouvement qui amène les oiseaux terrifiés vers un bain d’eau électrifiée dans lequel la tête est plongée. Ceci est destiné à les étourdir ; ils sont ensuite dirigés vers des lames automatiques. Beaucoup de poulets ne sont pas étourdis correctement et reprennent conscience juste avant ou après qu’on leur ait tranché la gorge. Certains échappent d’emblée au bac destiné à l’étourdissement et sont tota-
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de
leRefuge l’Arche
Noé
Corneille
Refuge de L’Arche de Noé
Journée portes ouvertes
de
Partie
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Greg et le furet
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La protection animale d’un point de vue juridique Marie-Rose Gaasch – avocate
Refuge de L’Arche de Noé
Il est difficile de parler de la protection animale ou des associations de défense des droits d’animaux sans parler de l’aspect juridique et du dispositif législatif relatif à la défense de ces mêmes droits. Il est évident que tant que l’animal, domestique, ou l ‘animal de ferme, destiné à la « consommation », n’a pas de véritable statut juridique, sa protection tient à très peu de choses. Bien sûr, le code rural et le code pénal contiennent tous d’eux des mesures de protection qui, sur le fond, pourraient être efficaces si leur application stricte était respectée par tous les acteurs impliqués.
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Or, cela n’est pas le cas. Malheureusement trop peu de policiers, trop peu de gendarmes, et trop peu de procureurs estiment que la cause animale est une cause pour laquelle il faut se mobiliser, s’investir, et beaucoup de plaintes n’aboutissent pas, à défaut de conviction de ceux qui sont censés appliquer la loi. Néanmoins, à force de persévérance des militants, de plus en plus de faits délictuels, mettant en cause les auteurs d’actes de cruauté envers les animaux, sont poursuivis, mais les juges, trop souvent, estiment que les atteintes au droit de propriété ou les atteintes à la personne méritent plus de sévérité que les atteintes aux droits des animaux.
Et cela bien sûr est dû à l’absence de statut juridique de l’animal, statut juridique qu’il ne possède pas en droit français. Il est vrai que dans d’autres pays, l’animal est mieux protégé ; il est vrai aussi que dans d’autres pays, les sanctions envers les auteurs d’actes de malveillance ou de cruauté envers les animaux sont beaucoup plus sévères. Cela étant, ne soyons pas trop pessimistes. Ensemble avec l’association « Le refuge de l’Arche de Noé », nous avons pu, à de
La protection animale d’un point de vue juridique
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multiples occasions, initier les plaintes pénales, poursuivre les procédures, nous constituer partie civile et obtenir des condamnations des personnes inculpées, même si les peines prononcées par les juges restent des peines très symboliques. En même temps, ce n’est que si nous continuons à nous battre, y compris contre les institutions parfois, que nous pouvons espérer, dans un temps
prochain, voir l’animal accéder à une véritable protection juridique en tant qu’être vivant, et pouvant souffrir des actes que l’être humain lui inflige. En tout cas, j’estime qu’il est de mon devoir d’être à côté de cette association qui a déjà tant œuvré pour le bien-être des animaux et qui, grâce à l’action de ses militants, en sauvera encore, je l’espère, beaucoup d’autres de souffrances inutiles.
JLS
Aramis
• Sur l’impulsion d’un groupe de bénévoles passionnés par les animaux et leur sauvegarde, l’association « Refuge de l’Arche de Noé » et le refuge éponyme ont vu le jour le 8 octobre 2004 en se fixant divers objectifs visant principalement à venir au secours des animaux dits « de rente » (animaux de ferme, d’élevage, chevaux et autres équidés…) bêtes que les associations de protection animale ne sont, en règle générale et faute de structures adaptées, pas en mesure d’accueillir. De fait, par son originalité, le Refuge de l’Arche de Noé constitue une authentique « première » dans la région, voire dans tout le grand Est !
• Installé à l’origine dans les dépendances du domicile de M. et Mme Hugues Lentz au 23 rue Haute à 67120 Ernolsheim-surBruche (par ailleurs siège social de l’association), le refuge a accueilli très vite de nom-
breux laissés pour compte constitués par des animaux de ferme abandonnés, errants, saisis ou retirés pour mauvais traitements tandis que d’autres bêtes ont été confiées à la structure par des propriétaires enlisés dans des difficultés diverses ne leur permettant plus de les assumer décemment. • Si l’objectif principal de l’association est de soustraire certains animaux particulièrement malmenés à leur condition parfois infâme, le second point réside quant à lui dans le fait de soigner et remettre sur pattes ces déshérités ! L’étape suivante constituant logiquement à leur trouver un placement en famille d’accueil, placement si possible définitif pour peu que l’état physique et psychique de l’animal concerné permettent cette alternative !
Refuge de L’Arche de Noé
Historique
• Devant le nombre croissant de demandes de prises en charge diverses, le refuge tel qu’existant à la création, s’est promptement avéré trop exigu. L’installation d’un box « fourrière » permettant l’accueil d’animaux en transit (divagation…) a rapidement été mené à bien tout comme la location de terrains proches permettant l’édification de boxes et stalles supplémentaires, d’une volière pour les volailles etc. Ces divers aménagements ont permis d’accueillir un grand nombre d’animaux dont ceux placés par décision judiciaire par des tribunaux (Wissembourg, Strasbourg, Saverne, Metz…). Le refuge bénéficie en outre de
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Refuge de L’Arche de Noé
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• Dans le même temps, l’association s’est attelée à l’information du public et de ses membres dont le nombre est vite passé de quelques dizaines à plusieurs centaines d’adhérents ! Un bulletin – intitulé « Trait d’Union1 » – a ainsi été élaboré et paraît depuis lors à une périodicité trimestrielle. Cet opuscule constitue un véritable lien entre le refuge et les membres cotisants ! Afin d’accroître sa notoriété, le Refuge de l’Arche de Noé a également mis en place des rencontres régulières avec le public sous forme de journées « portes ouvertes » : tout comme l’édition du bulletin, ces journées « grand public » assurent en grande partie le financement du refuge et participent à l’essor indispensable à son bon fonctionnement ! L’ensemble de ces initiatives permet au refuge de fonctionner sans aucune aide (subvention) et avec une complète indépendance.
Zone d’intervention • Le Refuge de l’Arche de Noé intervient à la demande des particuliers (abandons volontaires…), des juridictions de tribunaux (saisies ou confiscations d’animaux pour mauvais traitements) ou encore des collectivités locales (communes…) en cas de diva1. L’ensemble des bulletins parus est archivé et consultable sur le site de l’association.
gation par exemple ! Officiellement « lieu de dépôt », le refuge prend ainsi régulièrement des animaux en charge sur demande de collectivités et suite à des arrêtés municipaux et dans l’attente de l’identification du ou des propriétaires légaux !
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la mise à disposition par des particuliers de terrains situés dans la région et permettant la mise au pré d’un grand nombre d’animaux lors de la saison estivale.
• Le Refuge de l’Arche de Noé intervient – ou est intervenu ponctuellement – dans les départements suivants : Bas-Rhin, HautRhin, Moselle, Meurthe et Moselle, Vosges, Haute-Saône, Territoire de Belfort, Doubs. Devant la carence de structures de ce type, le refuge est également régulièrement sollicité pour des prises en charge occasionnelles d’animaux en région parisienne (chevaux et moutons principalement).
Fonctionnement • Basé sur le principe de l’abnégation, le refuge ne fonctionne que grâce au volontarisme et au dynamisme d’une équipe de bénévoles particulièrement dévoués et efficaces. L’intégralité de la tâche est ainsi
accomplie : de la prise en charge des animaux en passant par les soins quotidiens, l’entretien de la structure ou encore l’éventuel placement en famille d’accueil… • L’association reçoit par ailleurs l’aide ponctuelle d’intervenants extérieurs par le biais d’un ESAT (Établissement et services d’aide par le travail) ou encore via le SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) à l’occasion de certaines condamnations à des travaux d’intérêts généraux (adultes) ou à des heures de réparation (pour les mineurs). • Le refuge travaille en étroite collaboration et de manière régulière avec une équipe de vétérinaires sanitaires (SCP Bilger, de Fontbonne, Zind à Molsheim) ou, selon, le secteur géographique d’intervention, avec tout autre praticien disponible en cas d’urgence.
Outils • Outre les différentes installations (boxes, paddocks, abris, volière, pâtures…) le refuge s’est équipé d’un téléphone propre à l’association, d’un véhicule et de vans indispensables pour les différents transports, et d’un matériel informatique de qualité…
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Renseignements pratiques. Peluche
• Le Refuge de l’Arche de Noé est une association inscrite au registre du Tribunal d’instance de Molsheim (Volume 40 Folio n° 17).
• Le Refuge de l’Arche de Noé s’est par ailleurs pourvu d’un site internet (www.refugenoe.fr) permettant de véhiculer les informations utiles et donnant accès à une messagerie électronique (refuge-arche-de-noe@wanadoo.fr).
Historique
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Pédagogie • Le Refuge de l’Arche de Noé accueille des groupes pour des visites éducatives, des enfants (dans le cadre de sorties annuelles ou périscolaires…) et, tout au long de l’année, le mercredi après-midi et le samedi après-midi, les visiteurs curieux et désireux de s’informer sur l’action et l’activité de ce lieu unique. • L’association participe occasionnellement à des congrès et salons, à des réunions de travail (Comité départemental de santé et de protection animale).
• Le Refuge de l’Arche de Noé est inscrit à la Chambre d’agriculture (numéro de cheptel 67 128 052) et aux Haras Nationaux. • Le Refuge de l’Arche de Noé est affilié à la Confédération nationale des SPA de France (CNSPA Lyon). • Le Refuge de l’Arche de Noé dispose d’un agrément en matière de fourrière équine. • Le Refuge de l’Arche de Noé est reconnu d’intérêt général depuis le 4 mars 2005. • En outre, conformément à la réglementation en vigueur, Hugues Lentz, membre fondateur et chargé de mission pour le Refuge, est titulaire d’un certificat de capacité (décision préfectorale n° 67-047 du 22 juin 2004). • Au 31 décembre 2010, le Refuge de l’Arche de Noé comptait 1410 membres et a accueilli, depuis sa création à l’automne 2004, un total de 2766 animaux dont 487 équidés !
Refuge de L’Arche de Noé
Quotidien du refuge sur le terrain JLS
L’Arche de Noé sur tous les fronts A l’image de tous les organismes et structures agissant dans le cadre de la protection animale, le Refuge de l’Arche de Noé est quotidiennement sollicité pour intervenir dans des cas d’origine et de gravité très diverses ! Beaucoup d’appels et de signalements s’avèrent au final infondés (problèmes de voisinage, de méconnaissance etc.) et, de fait, de nombreux déplacements sont effectués en pures pertes… Le manque de moyen récurrent – tant financier qu’en temps1 – constitue un handicap majeur dans la gestion des interventions et il n’est pas toujours aisé de juger de l’urgence et donc de la nécessité d’une ingérence dans un contexte familier totalement étranger. Il arrive par conséquent que certains appels ne soient pas pris avec le sérieux qui conviendrait (toujours cette problématique de la détermination de l’urgence réelle d’une situation qui demeure particulièrement aléatoire…) ou que, si un cas s’avère effectivement grave, qu’aucune autorité compétente (Gendarmerie, Police, DDSV…) ne soit disponible ou, tout simplement, ne veuille nous assister sur le terrain ! Ces conjonctures – fort heureusement exceptionnelles – sont néanmoins une
1. Le refuge fonctionne uniquement sur la base du bénévolat…
réalité à laquelle nous devons faire face dans notre quotidien « sur le terrain »… Afin d’illustrer le propos, voici exposé un cas particulier mais somme toute assez révélateur quant au contexte souvent difficile et particulièrement éprouvant que sont les « plaintes » en général ! Suite à un appel téléphonique2 signalant une vache agonisante dans une exploitation agricole depuis plusieurs jours déjà, deux bénévoles de l’Arche de Noé se rendent sur place ! Malgré leur insistance, la porte demeure désespérément close et ce n’est qu’au bout de longues tractations que, finalement, 2. À noter que ceux-ci sont généralement anonymes…
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Cobaye
celle-ci s’entrebâille… pour se refermer tout aussi vivement une fois le motif de la présence des enquêteurs exposé. On imagine aisément la scène et le ton qui monte dès que le sujet du bovin est abordé ! Une fin de non-recevoir est immédiatement balancée (« Non mais, de quoi je me mêle, je suis chez moi, je fais ce que je veux… ») par l’agriculteur visiblement « tatillon » et à prendre avec des pincettes… La porte, elle, a claqué prestement sans nous permettre de pénétrer dans les lieux et se faire une idée plus précise de la chose signalée ! On décide donc d’en appeler à la maréchaussée afin (sait-on jamais…) d’impressionner le vétilleux éleveur !
Le choc ! Sous un hangar, à l’écart des autres stabulations, gît bien une vache, couchée sur le flanc, manifestement inerte ! En l’éclairant au moyen de la torche électrique d’un des militaires, nous constatons que l’animal respire encore faiblement mais n’a que quelques rares mouvements convulsifs… L’agriculteur, prié de s’expliquer, nous raconte alors le triste déroulement des faits : une misebas au pré qui s’est mal passée, le
Appel téléphonique à la brigade concernée… Attente… Exposé de la situation… Attente encore… À l’évidence, on tombe mal (fin de service, patrouille sur la route, manque de personnel et… absence manifeste de motivation pour ce qui est de s’occuper d’une vache…) bref, ça coince un peu… et nous on est toujours devant cette fichue porte hermétiquement close, dans le froid glacial de ce mois de décembre alsacien ! Finalement, au bout d’une attente qui nous paraîtra vaguement interminable, deux gendarmes arrivent ! On réexplique le pourquoi de notre présence sur place, le ferme refus de l’exploitant de nous recevoir etc. Les fonctionnaires – quoique visiblement agacés – sonnent puis frappent à leur tour énergiquement au portail afin de signaler leur présence… Très remonté, quelqu’un ouvre enfin : sur la demande insistante des gendarmes, l’individu daigne néan-
Furio
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moins nous laisser pénétrer et nous autorise à voir la bête en question !
veau mort, la vache ne se relevant pas… C’était trois semaines auparavant ! Un vétérinaire avait alors été appelé, s’était occupé de la vache et avait demandé qu’on l’informe de l’évolution de la situation…
Refuge de L’Arche de Noé L’agriculteur lui, avait tout simplement traîné l’animal jusque sous ce hangar et attendait que les choses se fassent d’ellemême : soit la vache se relèverait soit, très prosaïquement, elle « passait » ! En l’occurrence – on se demande d’ailleurs comment cela est possible – l’animal agonisait (depuis trois semaines rappelonsle) sans guère aucun espoir de remise sur pieds ! À la question : « Pourquoi n’avez-vous pas fait abréger les souffrances de la malheureuse ? », l’exploitant a simplement haussé les épaules et grommelé un banal motif de coût trop important et de toute manière à fonds perdus !
Cannelle
Eh oui : cette vache avait mis au monde de nombreux veaux, donné généreusement son lait et, lorsqu’il aurait fallu ouvrir le porte-monnaie afin de la faire endormir
proprement, c’en était tout simplement trop ! Nous avons alors de notre propre chef appelé un vétérinaire afin de faire cesser ce calvaire abominable ! Les gendarmes, écœurés eux aussi, s’étaient spontanément rangés de notre côté car, à l’évidence, rien ne justifiait ce comportement qui est bien loin de ce que l’on attendrait d’un éleveur digne de ce nom… L’affaire bien évidemment, n’en resta pas là car, dès l’ébranlement passé, nous nous sommes empressés de déposer plainte contre l’infâme et odieux personnage1. La cruauté exercé sur l’animal ne faisait aucun doute et, tous (gendarmes, vétérinaire…) d’une seule voix, attestaient les faits ! Inutile aussi de préciser que nous avons quittés « l’exploitation », certes quelque peu soulagés (la vache avait rendu son dernier souffle…), mais que l’agriculteur et la famille qui l’entourait, « afin de le soutenir dans l’épreuve que représentait l’acharnement dont il faisait l’objet », ne nous ont épargné ni leurs féroces insultes ni leurs quolibets stupides sur « les enfants maltraités ou mourant de faim pour lesquels [à les croire] nous ne faisions rien… » (Et eux donc !) J’en passe, et des pires encore… 1. L’individu a été jugé et condamné à diverses amendes dont le remboursement des frais vétérinaires engagés par le refuge pour endormir l’animal… Par contre, dans la profession, on en continue pas moins à louer son soi-disant « savoir-faire » d’éleveur « modèle » ! Allez comprendre…
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Refuge de L’Arche de Noé
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La réalité, j’oserais dire la banalité, du terrain c’est tout cela aussi. Certes, c’est un choix et, si nous autres – défenseurs des bêtes – nous nous jetons spontanément dans « la gueule du loup » (parfois bien inconsciemment il est vrai et sans nous douter de ce que nous allons réellement découvrir…) ce n’est pas pour les éventuelles louanges qui pourraient nous conforter dans notre démarche mais bien parce que, face à la cruauté de l’homme, les bêtes se trouvent décidément bien démunies et vulnérables !
Les heures, Hugues, le responsable du refuge, ne les comptent pas. Entre l’alimentation et l’abreuvement de tout le monde, les soins aux convalescents, les allers-retours vers les différentes cliniques vétérinaires auxquelles nous faisons régulièrement appel, les visites biquotidiennes et l’approvisionnement en eau des bêtes sur les différents parcs extérieurs, les nombreux transports vers les familles d’accueil… Le rythme est habituellement soutenu et parfois tout bonnement exténuant !
Cela est le récit condensé d’une intervention ! Une parmi des centaines qui concernent aussi bien de la volaille, des moutons, des chèvres, des chevaux, des bovins1… que nous découvrons parfois dans un état épouvantable.
Fort heureusement, deux fois par semaine, des bénévoles viennent seconder Hugues dans les multiples tâches indispensables dans une telle structure : cette aide bienvenue est – ô combien – précieuse et permet aux responsables (Nathalie la présidente et Hugues) de recevoir les visiteurs2 ou encore les candidats potentiels à l’adoption !
Mais, le travail du refuge ne se limite pas à cette seule activité puisqu’il accueille indistinctement tous les animaux abandonnés, cédés pour toutes les causes imaginables, maltraités et saisis par décision de justice… Autant dire que l’effectif des bêtes régulièrement présentes sur le site est généralement important et nécessite des heures de travail quotidien ! 1. Liste – hélas – non exhaustive !
Car, et c’est là un autre aspect incontournable de l’Arche de Noé, mis à part les animaux fortement handicapés ou nécessitant des soins lourds et onéreux, dès lors qu’ils sont en état d’être placés, les autres sont logiquement proposés à l’adoption… 2. Le refuge est ouvert au public le mercredi aprèsmidi et le samedi après-midi.
Pépito et Charlotte
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Peucou par Mireille Mireille
Bonjour à tous, C’est moi, Un Peu Court… vous vous souvenez ? Pur-sang anglais gris, aveugle suite à la Leptospirose, vingt-deux ans à l’époque et très peu d’espoir d’adoption. Figurez-vous que tout va bien pour moi et j’ai envie de vous partager ce bonheur par ces quelques lignes. J’ai rencontré Mireille le cinq janvier dernier… Je lui ai même tapé dans l’œil, au propre et au figuré, ayant ce jour-là, levé mon nez vers elle voulant maladroitement me faire un bisou… et bing !… Ben oui… Je ne la voyais pas et je la cherchais en oscillant de la tête. Nous avions encore bien des progrès à faire tous les deux pour devenir complémentaires ! Depuis le quinze janvier, je réside dans une pension choisie par Mireille pour sa proximité et, du coup, elle vient passer du temps avec moi tous les jours. Mon petit nom est désormais « Peucou ». Durant l’hiver nous nous sommes baladé en longe, tous les soirs, pour que je lui dévoile mes peurs et qu’elle apprenne à me guider, me rassurer, m’expliquer les bruits qui allaient surgir : voiture, chien, joggeur, vélo, volet roulant, bouches d’aération… Quand nous marchons ensemble je penche ma tête sur son épaule. J’écoute quand elle imite les bruits, je suis rassuré et je n’ai plus peur. Parfois elle chantonne pour agrémenter notre balade.
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J’ai pu redécouvrir les joies du trot et du galop en longe, dans la carrière, guidé à la voix. Au début je ne savais pas tendre la longe et rester en cercle. Mireille a couru près de moi pour me montrer, mais je cours plus vite qu’elle et j’ai préféré agrandir mon cercle pour devenir autonome. Le premier essai de galop a été sportif. Je voulais me lancer tout en résistant, me freinant à garder la tête tendue en arrière… et patatras ! Le second essai a été également « aérien » dirons-nous. J’étais si heureux, après trois foulées réussies, que j’ai henni, fait un saut de mouton doublé d’une ruade… sauf que… on fait comment pour retrouver le sol quand on décolle complètement et qu’on fait des pirouettes avec la tête en étant aveugle ? Ouf… Ce fut chaud, mais j’ai retrouvé le sable de la carrière les jambes un peu écartées à la « petit poulain maladroit ». Après, je suis resté plus raisonnable et à l’écoute des consignes. C’est tout de même plus prudent. Et du coup je galope à volonté quand j’en ai besoin. Vous vous souvenez ? Je tournais nerveusement en rond dans mon box ? Hé ben, avec mes sorties quotidiennes, au box, je préfère la sieste tranquille. Je ne tourne plus… sauf quand Mireille est en retard, histoire de lui rappeler que je suis prioritaire dans son emploi du temps et qu’elle n’a aucune excuse valable ! Mieux encore ! Mireille m’a fait confiance pour monter sur mon dos. D’abord, à l’arrêt… ouach ! Je l’entendais parler et chanter depuis deux mois mais j’ignorais son
Refuge de L’Arche de Noé Peucou
gabarit… Mireille me guide à la voix et nous montons sur les hauteurs de Wasselonne, dans les grands prés, dans la forêt. Au début nous sommes restés sages. Mais elle avait envie tout autant que moi de lancer le galop. On a pris le risque ! Wahou, c’est du bonheur ! Je vis, j’existe, je suis aimé, je balade, je trotte, je galope. J’ai aujourd’hui vingt-trois ans et demi et je suis bien musclé, en pleine forme. J’ai même réussi à guérir de ma sinusite, il aura fallu deux séjours en clinique, mais là aussi Mireille était auprès de mois tous les jours pour m’aider. Le pus qui coulait constamment n’est plus qu’un mauvais souvenir et c’est géant pour capter les odeurs de la forêt.
cinq janvier 2011, Mireille ignorait tout de moi quand elle a commencé à me parler, me câliner, puis m’aimer et revenir tous les jours fidèlement me rendre visite avant de m’adopter. Désormais, je lui offre ma confiance. Mireille est devenue mes yeux. Je suis devenu son cœur… pour la vie.
Le Petit Prince disait : « L’essentiel est invisible pour les yeux, l’on ne voit bien qu’avec le cœur. » Le
Courage à vous pour accompagner de même tous mes « petits frères ». Ça vaut le coup… la preuve !
Je voulais vous partager ce bonheur et dire surtout un immense merci à toute l’équipe de l’Arche de Noé ! Merci de m’avoir sauvé la vie, merci de m’avoir soigné, merci de m’avoir aimé près de deux ans dans l’attente de mon adoption. Merci à chacun de vous ! Votre amour, vos soins, vos câlins, vos paroles de réconfort, restent gravés précieusement dans mon cœur.
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