LA LETTRE DU PORT Journal du Port de Nice et de son quartier
N° 23 I Août 2013
Lou journal dou pouort de Nissa e doù siéu quartier
Bien chez nous e
Lou Festin dou Pouort 10 : la fête dont vous êtes le héros
Les copains d’abord
Bien chez nous
Collectif
Ma Nolan’s : culture pub
Le Tour du port
Régates de Nice 2013 : du nouveau
3 questions à
Bien chez nous
Mara de Candido, architecte, plongeur, marin et historienne Lorsque Mara de Candido parle du port de Nice quelque chose de magique se produit. Tout le passé soudain ressurgit. Ce sont d’abord les ingénieurs et les architectes militaires de Charles Emmanuel III que l’on voit arpenter, plan à la main, la campagne marécageuse de Lympia. Puis vient la longue noria des ouvriers qui creusent le premier bassin, élèvent des murs de soutènement, pavent. Peu à peu, le port prend forme. La digue est construite. Arrivent alors les premiers voiliers… Autour s’élèvent les premières bâtisses, les quais s’animent au cri des chargements et des déchargements. La vie du port naît sous nos yeux.
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Comment une architecte diplômée de l’école polytechnique de Turin devient un des meilleurs historiens du comté de Nice ? Par passion de la mer. Ma vie est placée sous le signe de l’eau. Je suis la première femme italienne à avoir obtenu le permis de conduire pour les grandes unités de plaisance dans les années soixante-dix et j’étais également plongeur. Beaucoup de marins italiens ont suivi mon enseignement à la Lega Navale Italiana. Pour ma thèse d’architecte, j’ai choisi le port de Villefranche-sur-Mer dont l’histoire était en grande partie inconnue. A l’époque je venais plonger dans la rade. C’est en défrichant le très important fonds d’archives conservé à Turin que j’ai aussi commencé à m’intéresser au port de Nice dont les destins sont étroitement liés. La documentation à Turin est incroyable. Imaginez que j’ai retrouvé le journal que le chef du chantier tenait au jour le jour lorsque la construction du port Lympia a démarré. C’est passionnant.
our sa 10e édition, Lou Festin dou Pouort va faire les choses en grand. Plus encore que d’habitude ! Devenue la manifestation festive et familiale de la rentrée, la Fête du Port réservera cette année bien des surprises. La première d’entre elles, et non des moindres, a été d’offrir au public le choix de la programmation musicale d’une scène le temps d’un jeu ! Via Facebook, un vote permettait de choisir la programmation parmi les groupes qui ont fait les beaux jours des éditions passées. Un avant-goût avant de découvrir les multiples nouveautés qui se succéderont tout au long de la soirée de ce 14 septembre décidément pas comme les autres. Avec un spectacle inédit sur le port sans oublier un livre d’or géant où chacun pourra laisser ses impressions… ■
Lou Sourgentin Un extrait de l’Aigredous de Raoul Nathiez, Président du magazine Lou Sourgentin.
Doui manièra de faire Proumièra manièra : un vesin ven m’atrouvà e mi di : « Deman una camiouneta va venì cargà un mouloun de peiras e de maloun rout perqué refau la mieu couhina e roumpi tout… Se permetès, que noun vi gena, m’arangeria de fa metre la camiouneta davan dòu vouostre garage ». Li respouondi : « Ma segur ; se devi sourtì vi souonerai. » E lou vesin mi fa : « Gran mercì ! cournas o sounas à la pouorta ; vendren sus lou còu. » Segounda manièra : Au moumen de sourtì dau garage trovi una camiouneta davan. Corni, un còu, doui còu. Asperi. Quauqui minuta après souorte da la pouorta dòu mieu vesin un oubrié que mi fa : « Ah ! Voulès sourtì ? Asperas levi la camiouneta. Es lou vouostre vesin que m’a dich : avès que de vi metre aquì ; se lou vesin a da besoun de sourtì, veirès que vi souonerà. » Que dire demai ? Autra epoca ? Autra generacioun ? ( lou vesin a alentour de trent’an). Ma noun ! Pensi que de tout temp, en toui lu luèc, li a augut aquelu que sabion vièure e aquelu que noun sabion.
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En tant qu’historienne, que représente le port de Nice pour la ville (son développement, son économie, son histoire) ?
Pendant longtemps Nice a bénéficié d’un régime de port franc mais la ville n’avait pas de port ! Les marchandises arrivaient dans la rade de Villefranchesur-Mer puis étaient transportées par barque à Nice. C’est seulement au milieu du 18e siècle sous la décision de Charles Emmanuel III que la ville allait avoir un port digne de ce nom. Le souverain souhaitait non seulement disposer d’un débouché maritime mais aussi renflouer la caisse de ses Etats vidée par différentes campagnes militaires. Son ambition rencontra celle des commerçants juifs du Comté très intéressés à la construction d’un véritable port à Nice. La décision de le creuser en dehors de la ville allait avoir de formidables répercussions sur le développement de la cité. Comme le port ne pouvait être dans la ville, c’est la ville qui est venue au port ! Savez-vous d’ailleurs que les plans qui ont servi à l’édification en damier des habitations sont directement inspirés de ceux de Philadelphie !
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Deux façons de faire Pourquoi avoir souhaité un « pied-à-terre » au port de Nice ? Je collabore souvent avec le Conseil général, avec le port de Nice, la Mairie, le Service Archéologique de la Ville. Je suis heureuse de « descendre » ici. Au cours de mes recherches, j’ai visité un petit grenier au quai Papacino aux murs en pierres apparentes. Je suppose qu’elles proviennent du Château démoli que le roi avait autorisé à récupérer pour la construction des premiers bâtiments du port. Imaginez que je vis au milieu de ce trésor !
Première façon : un voisin vient me trouver et me dit : « demain, une camionnette va venir charger un tas de pierre et de mallons cassés, parce que je refais ma cuisine et je casse tout … si vous permettez, sans vous déranger, cela m’arrangerait de faire garer la camionnette devant votre garage ». Je lui réponds : « mais bien sûr, si je devais sortir, je vous appellerai. » Et le voisin me répond « merci beaucoup ! Klaxonnez ou sonnez à la porte et je viendrai immédiatement. » Seconde façon : Au moment de sortir du garage, je trouve une camionnette garée devant. Je klaxonne une fois, deux fois. J’attends. Quelques minutes après un ouvrier sort de la porte du voisin et me dit : « Ah ! Vous voulez sortir ? Attendez, j’enlève la camionnette. C’est votre voisin qui m’a dit : vous n’avez qu’à vous mettre là, si le voisin a besoin de sortir, vous verrez qu’il vous appellera. » Que dire de plus ? Autre temps ? Autre génération ? (le voisin a la trentaine). Mais non ! Je pense qu’en tous temps et en tous lieux, il y a eu ceux qui savaient vivre et ceux qui ne le savaient pas. La revue culturelle bilingue nissart-français Lou Sourgentin parait cinq fois par an. Site internet et abonnements sur www.sourgentin.org