NOUVEAEUZ
VR REDECOUIE DE LE QUART NRSE LA DEFE
#1
Le magazine d’information du quartier de PARIS-La Défense
À LA UNE
LA TOUR REINVENTEE FOCUS DES TOURS ET DES ARCHITECTES
SOCIÉTÉ LA DEFENSE TENDA
NCE
CULTURE
7,90 € Septembre 2013
LE MUSEE A CIEL OUVERT
PAROLE D’ÉLU
JACQUES KOSSOWSKI
L’ASSOCIATION DES UTILISATEURS DE LA DÉFENSE — Sauvegarder, développer, innover ce formidable patrimoine économique, architectural et culturel de manière ambitieuse et promouvoir son image internationale. L’Association des Utilisateurs de La Défense, créée en 2002 par les principales entreprises présentes dans le quartier d’affaires, participe à son développement en faisant entendre la voix du monde économique dans les débats et dans les réflexions portant sur son avenir. Cette initiative dépasse aujourd’hui Courbevoie, Nanterre et Puteaux, et concerne toutes les villes associées à l’expansion économique de l’ouest parisien. L’AUDE rassemble en 2012 plus de soixante-cinq entreprises représentatives des sociétés installées à La Défense au sens large. Connu pour la compétitivité de son secteur financier, ce centre économique réunit des leaders internationaux de l’énergie, de l’immobilier, du conseil, des NTIC et de l’industrie ainsi que des universités et des grandes écoles de premier plan. Il trouve sa force et son potentiel dans la pluridisciplinarité et dans la cohérence des filières qui y sont représentées. L’AUDE apporte une contribution constructive aux réflexions sur les principales problématiques du quartier d’affaires élargi, dont elle entend valoriser l’image au plan international et renforcer l’attractivité au bénéfice de l’ensemble de la région Île-de-France. La Défense doit être un vecteur puissant de « marketing urbain » anticipant les attentes et les contraintes à venir. Dans son rôle, l’AUDE attire l’attention des pouvoirs publics sur les préoccupations des entreprises pour qu’avec leurs partenaires et leurs salariés, elles trouvent sur le site les infrastructures et les services dont elles ont besoin pour se développer. Pour soutenir l’action de ses dirigeants, les commissions de l’AUDE, composées des représentants des entreprises, échangent régulièrement avec les partenaires du site sur des thématiques précises et sont force de proposition pour favoriser les échanges au sein du quartier d’affaires, améliorer les transports, accroître l’animation culturelle, renforcer l’offre commerciale et les services aux entreprises, ou répondre aux attentes des salariés en matière de logements… En défendant l’intérêt de ses membres, l’AUDE apporte un soutien décisif aux établissements publics du quartier d’affaires (Epadesa et DeFacto) pour qu’un projet ambitieux structuré autour du concept de centralité et au service des utilisateurs du site fasse de La Défense un atout majeur de l’Île-de-France dans la compétition entre les grandes métropoles européennes.
Accompagner le renouveau de La Défense L’idée de créer une revue intégralement dédiée au premier quartier d’affaires européen est apparue à l’occasion de la conférence « Les atouts de la centralité à La Défense », tenue le 26 novembre 2012 dans l’amphithéâtre des tours Cœur Défense, et qui avait rassemblé de nombreux acteurs de la vie de ce territoire : élus, architectes, entrepreneurs, mais aussi l’ancien ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche Luc Ferry. Pourquoi une revue aussi spécialisée ? Parce que le territoire de La Défense se situe au cœur des intérêts de notre politique éditoriale : architecture, urbanisme, et, par extension développement économique, social et culturel d’une région particulière. Parce que La Défense est apparue comme l’exemple phare des problématiques de développement d’un territoire singulier. Bénéficiaire d’une action forte de l’État, héritière d’une longue histoire architecturale et urbanistique, La Défense doit aujourd’hui répondre à de nouveaux enjeux pour garder son titre de premier quartier d’affaires européen.
« Il faut placer cette problématique des avantages de la centralité par rapport au deux grands événements majeurs du XXe siècle européen : l’urbanisation et l’émergence de la mondialisation. Dans les deux cas on voit qu’on a intérêt à recentrer, à centraliser, à créer ou à recréer des grands centres plutôt qu’à aller dans un système sans limite. » Luc Ferry, 26 novembre 2012, conclusion à la conférence « Les atouts de la centralité à La Défense »
Chaque trimestre, Centralités se propose de décrypter ces enjeux. À travers des rubriques récurrentes − un dossier à la une, dédié dans ce numéro à la tour réinventée, un focus en lien avec cette étude, Parole d'élu, Promo immo, Vie des entreprises, Culture, La Défense et le Grand Paris −, la revue sonde les atouts du quartier d’affaires pour en prouver la, ou plutôt les centralités, néologisme signifiant bien tout l’attrait que représentera pendant de longues années encore notre quartier d’affaires national au rayonnement mondial. Pour son premier numéro, Centralités remercie Joëlle Chauvin, Philippe Chaix et tout particulièrement Jean-Yves Durance. Marc Sautereau, directeur de la publication
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SOMMAIRE
ACTUS LA DÉFENSE EN CHIFFRES À LA UNE LA TOUR RÉINVENTÉE
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Yves Schwarzbach analyse les mutations architecturales de la tour, ce type d'édifice si déprécié à Paris mais mis à l'honneur à La Défense.
FOCUS DES TOURS ET DES ARCHITECTES
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Les architectes du renouveau de La Défense livrent leur conception de la réinvention de la tour et des moyens mis en œuvre sur leurs chantiers pour la permettre.
SOCIÉTÉ LA DÉFENSE TENDANCE
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Jean-Yves Durance et Philippe Chaix nous parlent de la conversion nécessaire du quartier d'affaires français en un véritable lieu de vie, de mixité, d'animation.
PAROLE D’ÉLU JACQUES KOSSOWSKI,
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maire de Courbevoie
PROMO IMMO JOËLLE CHAUVIN, Aviva France VIE DES ENTREPRISES
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ENTRETIEN AVEC STÉPHANE POTIER, Roland Berger Strategy Consultants
CULTURE LE MUSÉE À CIEL OUVERT LA DÉFENSE & LE GRAND PARIS LES TRANSPORTS Directeur de publication, éditeur : Marc Sautereau m.sautereau@bookstorming.com Direction artistique, maquette : Chloé Gibert-Sander c.gibertsander@bookstorming.com Coordinatrice éditoriale et secrétaire de rédaction : Solveig Placier s.placier@bookstorming.com Publicité : Cécile Diarra c.diarra@bookstorming.com
52 58 70
Rédacteurs : Marie-Douce Albert, Chloé Bardin, Alexandra Fau, Amanda Mofy, Solveig Placier, Catherine Sabbah, Yves Schwarzbach.
Rédaction : Centralités 49, boulevard de la Villette, 75010 Paris Tél : 00 33 (0)1 42 25 15 58
Contributeurs : Jacques Ferrier, Luc Ferry, Maurice Gauchot, Manuelle Gautrand, Alexandre Labasse, Jérôme Le Gall, Bertrand Lemoine, Meghan McDermott, Katayoune Panahi, Silvio Petraccone, Sandra Roumi, Stéphane Potier, Renaud Roger, Michel Roy, Tom Sheehan, Kevin Smith, Yves Sorin, Robert A.M. Stern, Abbès Tahir, Denis Valode, Jean-Paul Viguier, Michel Vodar, Bruno Willerval.
Abonnement : Bulletin d’abonnement en page 80 Diffusion : Voir la rédaction Imprimé en Belgique Trimestriel. Le numéro : 7, 90 €
N°1 – septembre 2013 Le magazine décline toute responsabilité pour tous les manuscrits et photos qui lui sont envoyés. Les articles et photos publiés n’engagent que leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés. Sauf mention contraire, tous les visuels sont crédités © Sepideh Chegini.
Dépôt légal : à parution le 15 septembre 2013
Prochaine sortie : décembre 2013
Commission paritaire en cours
Centralités est publié avec le concours de l'AUDE, de l'Epadesa et de Defacto.
N°ISSN : 2265-9730
Centralités est édité par Bookstorming
ACTUS Amanda Mofy
Spectacle pyrotechnique gratuit Defacto lance la troisième édition de son grand spectacle pyrotechnique : « Espace ». Pour relater les origines de notre univers, la conquête du ciel, l’apparition de la vie ou encore les mystérieux extraterrestres, la Grande Arche devient le support d’une projection « 3D mapping » pendant 40 minutes et en musique. Le vendredi 20 septembre, à 21 h 30 Parvis de La Défense, 92800 Puteaux www.ladefense.fr © Defacto
Art O' Clock
« Paris La Nuit » Si le dessus de dalle est à l’honneur avec l’exposition sur la dalle « Plan Guide », le dessous et le pourtour ne sont pas en reste. Afin de découvrir les milliers de mètres carrés souterrains, l’exposition « Paris La Nuit » est là pour vous !
Plate-forme unique de dialogue et d’échanges entre le marché de l’art, le grand public, les institutions, les entreprises et leurs salariés, Art O’Clock constitue le rendez-vous annuel incontournable pour quiconque s’intéresse à l’art contemporain. Pour sa 2e édition, l'événement réinvestit le CNIT et s’agrandit. Soirée de preview le 18 septembre à 20 h et un vernissage d'exception le 19 septembre à 19 h 30.
Jusqu’au 6 octobre dans les sous-sols de l’esplanade de La Défense, 92400 Courbevoie www.pavillon-arsenal.com
Du 19 au 21 septembre au CNIT 2, place de La Défense, 92800 Puteaux www.art-oclock.com
© AWP, LEA
© Yannig Willmann
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Candidature à Forme Publique 2 jusqu'au 11 octobre La deuxième édition de Forme Publique, la biennale de création de mobilier urbain de La Défense, est lancée ! Cette initiative vise à faire de La Défense la référence en matière de traitement de l’espace public. Cette année, la thématique retenue est le plugin un principe d’extension, de modules ou de greffons des mobiliers sur leur site d’implantation. Les candidatures sont reçues par Defacto jusqu’au 11 octobre prochain et l'ouverture de la biennale aura lieu le 12 juin 2014. Toutes les informations pratiques sont disponibles sur www.ladefense.fr. La Balançoire, Forme Publique 1 © 11h45
Réhabilitation de l’entrepont Corolles
Journées européennes du patrimoine
Doté d’équipements et de matériaux datés, l’entrepont Corolles avait besoin d’un renouveau. Sa réhabilitation fait partie des réalisations de La Défense 2020.
À l'occasion des journées européennes du patrimoine, La Défense vous propose de découvrir sa vigne, le clos de Chantecoq, qui possède plus de 700 pieds de vignes pour deux cépages, du Pinot noir et du Chardonnay.
Menés par Urbanica, les travaux débuteront en septembre pour une durée d’un an. L’entrepont Corolles constituera un chantier pilote pour la douzaine d’entreponts de La Défense.
14 et 15 septembre 2013
© Defacto 2020 – 11h45
Inauguration de la tour Carpe Diem Le 17 septembre, la tour Carpe Diem, initiée par Robert A.M. Stern Architects pour Aviva Investors Real Estate France, sera inaugurée. Formée de deux façades parallèles en « pointes de diamant », cette tour bénéficie d’une esthétique qui ne passera pas inaperçue. 31, place des Corolles, 92400 Courbevoie © 11h45
LA DÉFENSE EN CHIFFRES 564 hectares soit environ 868 terrains de football
@ @
950 000 m de logements 2
b
1 200 arbres et une
trentaine d’espèces
b
Offres de commerces
245 000 m et 1000 magasins 2
42 % d'investissements étrangers
6 millions de touristes
d’agréments, dont 2 millions viennent de province ou de l’étranger. 2,4 millions sont des touristes d’affaires dont 1 million vient de province ou de l’étranger
3 500 000 m2 de bureaux
2 950 entreprises 15 des 50 premières mondiales
2
180 000 salariés
450 000 personnes par jour
qui transitent par le hub Cœur Transport
60
sculptures monumentales d’art contemporain
1 700 m3
c’est la contenance en eau du bassin Takis. Celle de la fontaine Agam est de 900 m3
░ ░
31 hectares d’espaces et de cheminements piétons
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45 000 étudiants 3 universités et 5 instituts :
Paris Ouest Nanterre – La Défense / Pôle universitaire Léonard de Vinci – Paris Dauphine / ESSEC / IESEG / EDC / ESEO / ENASS / Faculté libre de Droit Paris – La Défense
1 718 m2
c’est la superficie de la fontaine Agam, ornée d’émaux de Venise en pâte de verre artisanale
Source : Epadesa / Defacto
La tour n’est pas en odeur de sainteté en Île-de-France, encore moins à Paris. Yves Schwarzbach, directeur de publication de la Lettre ITeM Info - Immobilier Territoires - Environnement - Mobilités, revient sur les raisons de cette déshérence. La métamorphose que la tour doit connaître en France est synonyme pour l’auteur d’un mieux vivre-ensemble, véritable définition de la densité urbaine. Yves Schwarzbach
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À LA UNE
LA TOUR REINVENTEE
▶ Quel maître d’ouvrage, architecte ou ingénieur n’a jamais eu envie de construire sa tour ? Les tours font rêver. Un paradoxe pour les mal aimées de l’architecture contemporaine. Le classement Internet des Modernes Merveilles du Monde (www.new7wonders.com) ne compte aucune tour. Pourtant, évoqué par le dessin noir sur noir d’Art Spiegelman, l’effacement des Twin Towers de la skyline new-yorkaise a marqué autant que l’impact des avions. Nées à Manhattan ou à Chicago au début du XXe siècle, les tours sont emblématiques des villes-mondes chères à Fernand Braudel. Notre époque en dresse par centaines, reformulant le paysage à Shanghai, Mumbai ou Dubaï. Faisant fi de la crise immobilière, les projets rivalisent : plus haut, plus vite, plus cher. Il a fallu 5 ans et 1,5 milliard de dollars pour construire la Burj Khalifa. Avec 828 m, elle était la plus haute du monde. Elle sera dépassée par la Sky City Tower, à Changsha en Chine : 838 m. Cette course à la performance ne résume pas le débat sur les tours, composantes intrinsèques de la complexité urbaine. En cette seconde décennie du XXIe siècle, réinventer la tour, dans un (Grand) Paris moins moderne que celui imaginé par Jules Vernes1, relève de l’utopie et de l’ambition. Utopie car, face à des « multilemmes » en apparence insolubles – technique, financement, gouvernance, environnement –, seule l’imagination nous détournera d’un irrationnel triste fait de nationalisme et de repli malthusien. Ambition, car il faut donner corps aux concepts de cité-portail, de hub et de cluster. Plus que l’art de bâtir les villes, la citoyenneté des tours, l’anthropologie des quartiers de grande hauteur et leur urbanisation émergent comme enjeux cruciaux. En France plus qu’ailleurs. Étrange héritage… Malgré un effort de construction sans précédent, le XXe siècle des fusées Saturn a légué à la France de rares quartiers de l’extrême. Plantées ici et là, quelques tours que la pudeur administrative baptise immeubles de grande hauteur. Isolats, avatars d’un urbanisme mi-hygiéniste et mi-symbolique. Depuis Mérimée2 et Malraux, la France soigne monuments et vieux quartiers avec une patience de retraité. Parce qu’elle craint l’innovation, elle cantonne ses tours à des territoires de déshérence comme si leur érection restait un geste honteux. Le résultat : discrets bouquets de parallélépipèdes 1 Paris au XXe siècle, roman posthume, 1863. Hachette - Le Cherche Midi, 1994. 2 Outre son œuvre d’écrivain, Mérimée réalisa en1842 un classement des monuments historiques.
Les tours font rêver. Un paradoxe pour les mal aimées de l’architecture contemporaine. rue de Bercy ; réponse mesurée aux cadrans de la tour de l’Horloge ; léger semis à Maison-Blanche entre les avenues d’Italie et de Choisy ; plate-bande aussi ordonnée qu’ennuyeuse au front de Seine ; opaque barrière place des Fêtes pour juguler une improbable commune de Paris. Certes, le conseil de Paris a-t-il relevé le plafond de 37 m instauré en 1977, rendant possible la construction de nouvelles tours. Une décision que les élus pensaient historique. Deux ans plus tard, d’autres élus qualifient le projet Duo de Jean Nouvel « d’injure au paysage parisien ». Mais quelle blessure ces tours causent-elles à un paysage sculpté par la bibliothèque François-Mitterrand de Dominique Perrault ? Justification ou vérité, Nouvel maintient que « ces deux immeubles amplifient le plaisir d’être là. Ils vont chercher des vues, accueillent des arbres et des arbustes sur leurs terrasses et leurs sommets sont des destinations accessibles à tous ». Tradition contre modernité ou simplement le classique symptôme NIMBY (Not in my backyard, c’est à dire « pas dans mon arrière cour ». 60 % des Parisiens seraient opposés à la construction de tour « intra muros ».) ? Mais où trouver le plaisir invoqué par le prix Pritzker 2008 dans des villes sanctuarisées, où les contraintes se cumulent pour juguler l’audace architecturale ? Un paradoxe comme celui du marché immobilier des tours, dont le prix au mètre carré neuf avoisine les 8 000 euros alors que les agents immobiliers de Puteaux négocient difficilement les appartements de la vieille tour Défense 2000 à 3 500 euros le mètre carré ? À bien des égards, La Défense reste un laboratoire unique. Plus de 120 immeubles de grande hauteur s’y pressent dans un fulgurant catalogue de styles. Profusion de volumes, de verre, d’acier et de béton. On peut ne pas aimer l’esthétique fonctionnaliste mais on ne peut écarter l’idée d’élévation. Les tours sont belles quand elles jaillissent en feu d’artifice, quand les gratte-ciel rivalisent pour déchirer le ciel, sublime horizon offert aux millions d’automobilistes qui découvrent La Défense depuis les viaducs de Gennevilliers ou de Saint-Cloud.
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La tour Generali Denis Valode Valode & Pistre architectes Denis Valode accorde une place essentielle au principe d’harmonie. Il nous le montre encore une fois avec le projet « Generali ». Présentation.
« La Défense est un quartier exceptionnel et bien au-delà du territoire français. Les Chinois ne manquent pas de me signaler à quel point ils sont impressionnés par ce quartier. Sa première caractéristique est sa composition. Si l’on en faisait un tableau vertical, il serait superbe. » L’attachement de Denis Valode pour La Défense ne fait pas de doute, preuve en est, il signe avec la tour Generali son quatrième projet à La Défense. Après tour Opus 12, tour T1, tour Nobel, l’agence n’en est pas à son coup d’essai et pourtant ce projet se distingue. Il marque une étape pour l’architecte. « On a eu plusieurs générations de tours à La Défense. La première limitait la hauteur des tours à 100 mètres. Depuis on a assisté à une libération architecturale. Avec ses 270 m de hauteur, Generali fait partie de la dernière génération de tours. » Si ce projet est novateur, il n’en reste pas moins fidèle à la géométrie des tours et à la trame historique de la Défense, permettant une insertion harmonieuse dans l’ensemble du quartier. « Une tour doit répondre aujourd’hui à deux critères : celui de la contextualisation – un retour aux sources – et celui du développement durable. » La tour Generali bénéfice d’ailleurs des labels HQE, BREEAM, BBC et des jardins situés à tous les étages visent à rendre le tout plus vert afin d’éviter une perception trop minérale de La Défense.
Tour Generali © Valode & Pistre architectes
▶ En géométrie citadine, la verticale s’affirme par rapport à l’horizontale. Isoler une tour, c’est l’amoindrir et aplanir l’horizon. Surtout, c’est imposer l’idée conformiste que la beauté naît de l’uniformité. Quelques exemples magistraux témoignent pourtant de cette fructueuse confrontation. À Marseille, la tour CMA-CGM de Zaha Hadid sonne juste grâce à son dialogue avec l’horizon de la Méditerranée, rendant anecdotique la reconquête de vestiges portuaires. L’éclosion hallucinée du Chrysler Building, la baroque Taïpei 101 de C.Y. Lee ou le Château Frontenac à Québec composent la ville autant qu’ils s’imposent, tout comme l’ovoïde 30 St Mary Axe de Norman Foster au cœur de la City de Londres. À Shanghai enfin, les trois géants de Lujiazui contrastent avec l’ancienne concession internationale sur l’autre rive du fleuve. Imaginées dès 1993, la Jin Mao Tower (421 m, 88 étages. Architectes Skidmore, Owings and Merrill, 1998), la vertigineuse passerelle du Centre mondial des finances (492 m pour 101 étages, 2008) et la spirale transparente de la tour Shanghai (conception agence Gensler. 632 m, 127 étages, surface de 380 000 m2, achèvement 2014) sont plus que des performances techniques, des objets architecturaux ou une affirmation de puissance. Odes à l’élévation, elles disent qu’on peut édifier la ville autrement. Liens entre sol et ciel, les tours stimulent la vie citadine aux échelles humaine, urbaine et métropolitaine. Oui, elles doivent pointer l’infini pour témoigner de la diversité. Tour T1, Valode & Pistre architectes © Gerald Morand
Palatin, Praetorium et Grand Axe Jérôme Le Gall et Abbès Tahir Arte Charpentier Architectes
Agence internationale, Arte Charpentier Architectes traduit dans ses projets ses valeurs essentielles. Concevoir des espaces de convivialité et imaginer de nouveaux lieux de travail et de vie en font partie. Jérôme Le Gall et Abbès Tahir reviennent sur les projets « Grand Axe », « Palatin » et « Praetorium » qu’ils ont menés à La Défense.
Grand Axe Par Abbès Tahir Située à Nanterre, avec l’Arche de La Défense comme toile de fond, cette opération de 80 000 m2 livrée en 2006 puis complétée par une extension en 2010, certifiée HQE et THPE, s’inscrit dans le prolongement de l’axe historique allant du Louvre jusqu’à La Défense. Cet édifice accueillant le siège social d’Axa France, est constitué de quatre bâtiments de bureaux R+8, reliés par un mail au sous-sol. Le concept développé est celui d’une tour allongée. « Ayant quitté une tour classique à La Défense dans laquelle les échanges entre collaborateurs se faisaient au moment des migrations hebdomadaires et étaient essentiellement concentrés autour des noyaux d’ascenseurs, nous avons proposé au groupe Axa un projet tourné vers le bien-être des collaborateurs en recréant un cadre de vie inspiré de la ville. » La tour allongée bénéficie des avantages d’une tour, à savoir la compacité et la dimension d’un siège, sans en subir ses inconvénients, essentiellement liés au caractère anxiogène de la tour verticale de cette génération. La conception de ce projet prend en compte les recommandations liées aux critères HQE, notamment en termes d’acoustique, de gestion de l’eau, par la qualité des matériaux de construction, la gestion des déchets ou encore la mise en œuvre d’un chantier « vert ». Ce projet est conçu comme un véritable signal d’entrée de ville, dans le prolongement du prestigieux axe historique vers la Seine. L’enveloppe du bâtiment rompt avec le caractère platonicien des immeubles de La Défense. Ponctuée de boîtes transparentes de couleur rouge, elle possède une forte identité qui lui confère la visibilité linéaire d’une tour et une grande singularité. « À l’intérieur, des plantes grimpantes envahissent les murs en pierre et donnent une verticalité aux jardins. Des jardins dédiés à chacun des continents jalonnent la rue intérieure que constitue le mail, soulignant incidemment l’attention portée aux collaborateurs, l’humain étant placé au centre de nos préoccupations. » Le projet a été lauréat du SIMI 2006 dans la catégorie « Bâtiments neufs ».
Grand Axe © Pamela Pinna
Palatin I, II, III Par Jérôme Le Gall Jérôme Le Gall de l’agence Arte et Charpentier connaît bien La Défense puisqu’il y a mené plusieurs projets de tours : le Palatin I, réalisé en 2002, puis le Palatin II et III, en 2005. Ces deux derniers ont pour particularité de se situer au-dessus des rails SNCF. Véritables immeubles-ponts, ils sont montés sur des ressorts pour absorber les vibrations inhérentes au passage des trains. « Réalisée en collaboration avec l’architecte Robert Lewis Turner, le caractère novateur de cette opération réside dans la prouesse technique qui consiste, pour une tour, à venir enjamber des voies de la SNCF. Ce faisant, la tour vient transformer le quartier auparavant bruyant et infranchissable, en un espace piéton, habité et travaillé. » De plus, le caractère apparent de sa structure métallique située à l’intérieur du hall achève d’en faire un projet original. Cette vision, par un jeu de transparence, se retourne à l’extérieur du bâtiment puisque les piliers blancs obliques en métal sont visibles depuis le parvis et donnent au bâtiment et à son hall une identité architecturale unique.
Le Palatin © Didier Fontan
Praetorium Par Jérôme Le Gall Construit en 1972, l’ancien centre commercial BUREF demandait à retrouver une image contemporaine. Intégrer le contexte renouvelé du quartier et répondre aux standards internationaux recherchés aujourd’hui pour les bureaux de La Défense : telles sont les finalités de Praetorium. La tour est d’ailleurs certifiée HQE, BREAM « Very Good » et THPE – comprenez très haute performance énergétique. « Le concept est de créer un "hôtel particulier" contemporain qui s’individualise face aux tours qui le dominent. Sur une emprise identique à celle de l’ancien immeuble mais reconstruit sur 7 niveaux, le nouveau bâtiment se présente comme un morceau de cristal sculpté posé sur un bloc de granit. » L’immeuble s’inscrit dans le concept « The New Office » développé par Capital & Continental et élaboré avec l’aide d’ingénieurs internationaux, afin d’affiner des spécifications permettant de dépasser toutes les possibilités d’aménagement classique en termes d’efficacité, de flexibilité et de durabilité. L’originalité de ce projet réside dans la création d’une cinquième façade, située au dernier étage. « Cette toiture-terrasse sur laquelle nous avons posé une aile de deltaplane est à la fois un lieu de réception privé offrant des vues magnifiques sur La Défense et un jardin suspendu qui héberge de nombreuses variétés de plantes ainsi qu’une ruche favorisant la biodiversité en ville. Une récolte de miel annuelle permet la fabrication de miel "made in La Défense". » Le projet a été nominé au Prix Grand Public des Architectures contemporaines de la Métropole parisienne 2010.
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Quand parlera-ton de simplexité en architecture, alliant une interface très simple et une technologie de pointe ?
▶ Réinventons donc Babel puisqu’il s’agit de diversité. Le mythe biblique illustre le besoin d’altérité pour grandir. Parce que civilisée, la ville est cosmopolite et multifonctionnelle. À l’heure de la e-Polis, pas de cité dynamique sans multitude des hommes et des usages. La cité numérique démultiplie la présence, ajoute de nouvelles dimensions – énergie, lumière, intelligence – à l’espace. Pourtant, à l’heure des smart grids, la mixité a-telle droit de cité dans les programmes ? Au XIXe siècle, les Pereire et Laffitte, à qui Haussmann concédait des avenues tracées au kilomètre, ont inventé un modèle constructif qui alliait performance économique et mode d’habiter devenu un paradigme. Nos architectes, promoteurs et investisseurs sont-ils moins ingénieux ou plus timides ? Ne peut-on mélanger les activités humaines dans un même bâtiment, alors qu’on développe des prestations
uniques débouchant sur des usages multiples, comme le vélo libre-service, ou qu’on facture à chaque foyer le volume exact de ses ordures ménagères ? Adonnée aux préoccupations gestionnaires, notre modernité craint la complexité qu’apporte la mixité. Certes, le programme Hermitage Plazza (Architecte : Norman Foster, Maître d’ouvrage : groupe Hermitage. Surface totale : 250 000 m². Livraison prévue : 2018-2019) à La Défense inverse-il la proportion avec 150 000 m² de logement contre 30 000 m² de bureaux, un palace de 35 000 m², un centre commercial de 35 000 m², une salle de spectacle de 1 300 places et une galerie d’art. Si ce parti reflète une heureuse rupture, la rénovation de la tour First a maintenu 79 000 m2 de bureaux. Les tours-jardins-villages imagées par quelques visionnaires ont-elles une chance de fleurir à La Défense, extension du Central Business District parisien ? Quand parlera-t-on de simplexité en architecture, alliant une interface très simple et une technologie de pointe ? Babel renvoie aussi aux migrations, à la mobilité et au fait que la moitié de l’humanité vit déjà en ville. C’est évoquer l’étalement urbain et l’automobile, deux symboles d’un XXe siècle que nous n’en finissons pas d’adorer et de détester. À l’échelle du quartier et de l’immeuble, la mixité renvoie au rapport entre territoire, occupation et bâti, donc à la notion de densité. La conception classique décrit l’urbain central comme dense et cohérent par opposition au suburbain, périphérique, diffus et incohérent. Mais cette vision s’accommode mal du polycentrisme. Elle contredit le concept de ville-réseau dont les quartiers de tours sont les nœuds. D’ailleurs, de quelle densité parlet-on ? En 1998, le PDU d’Île-de-France imaginait la densification autour des gares, thème repris par l’Atelier du Grand Paris. En 2001, l’exposition Extreme density Paris3 explorait la densification « à travers la réalisation d’une nouvelle couche urbaine au-dessus du tissu existant ». C’est encore de densité stratifiée qu’il s’agit, circonscrite à certains territoires. Aujourd’hui, la question énergétique pousse à refaire la ville sur la ville toute entière mais c’est avec prudence que Dominique Alba, de l’Atelier parisien d’urbanisme, écrit : « Il peut être intéressant d’investir avec la tour certains endroits du territoire. Par exemple les endroits où l’on n’a pas beaucoup de sol disponible à cause de réseaux ferrés ou routiers. » Un esprit frondeur pourrait entendre qu’il faut parquer les tours là où on ne peut construire autre chose. Et peut-être y loger les mallogés, surprenant écho au discours de ceux qui édifièrent les tours et barres des Trente Glorieuses, ici réhabilitées, là dynamitées... Faut-il reproduire la mauvaise densité de quartiers paradoxalement peu denses mais discontinus ? Héritiers d’un urbanisme désintégrateur, les maîtres d’ouvrage urbains n’ont pas encore compris la sociologie. Si l’humanité crée partout des dynamiques collectives, l’inclusion se fait dans des cultures underground et parfois déviantes à défaut d’y parvenir dans une société globale inscrite dans la continuité urbaine. Dès lors, comment refonder la proximité en juxtaposant des monolithes ? 3 School of Architecture at the University of Technology, Sydney. Exposition sous la direction de Frank Minnaërt, architecte.
▶ Rénover notre réflexion signifie donc accepter l’idée sacrilège de tours jointives. Des pueblos verticaux ou des architectures vernaculaires dans les lézardes de la modernité, qui consommeraient moins de surface au sol et minimiseraient l’espace public résiduel. Celui-ci se définit d’ailleurs par sa porosité avec les tissus riverains et non par son statut de propriété. Sa raison d’être est d’accueillir les échanges. Les bâtisseurs américains du début du XXe siècle l’avaient compris en inventant le lobby. Espace intermédiaire, ce lieu public-privé, comme dirait l’architecte et urbaniste Carmen Santana, unit la rue et le gratte-ciel. Bien sûr, comme au parvis de La Défense, les aménageurs s’efforcent de remplir ces vides. Mais la dissémination d’œuvres, de Calder à Takis, fait-elle de la dalle un vrai musée en plein air ? Face à un manque d’être presque sartrien, la végétation du jardin suspendu adoucit-elle les mœurs ? On trouve certes des amoureux sur ces bancs publics. Mais la nuit, comment vit-on avec pour seuls compagnons le vent et la rumeur des voies rapides ? Réussite partielle, sans doute : mieux vaut quelques arbres qu’une exclusive minéralité. Mais on est aussi éloigné de la nature urbaine, celle de l’immense Central Park, du vaste Tiergarten de Berlin ou de l’énergique Millenium revisité par Franck Gehry, que de l’agriculture urbaine et solidaire qu’il faut introduire. L’humanité, comme Antée, a besoin d’arpenter la terre pour vivre dans sa chair, son souffle et son âme, au rythme du métabolisme qui l’unit aux 5,6 milliards de citoyens de la ville mondiale. Revenir au sol pour y planter des tours ? Plus que l’iconique skyline, ce qui frappe à New York et à Chicago, c’est la profonde affinité entre les gratte-ciel et la rue, comme si l’immeuble naissait de la terre. En France, la tour reste un objet hors sol. Réminiscences confuses d’un Le Corbusier qui aurait renié son rêve de Cité radieuse en contemplant la barre Mouchotte de son disciple Dubuisson... Séquelle de l’urbanisme de dalle, hétérotopie qui aurait épouvanté Foucault… Les historiens d’art disent que l’architecture gothique, alliance d’élévation et de vide, conserve l’échelle humaine. Les cathédrales de Cologne ou de Strasbourg ouvrent leurs portes sur la rue. Pourtant, comme les temples antiques juchés sur un piédestal, les édifices de La Défense ou du Front-de-Seine s’isolent. Exhaussés, ils composent d’étranges géométries de rampes et d’escaliers, improbables triangles de Melrose où le passant erre comme le regard dans un dessin d’Escher. Réussir la tour moderne, c’est d’abord rendre leur fonction de transition à ses accès, en réunifiant les échelles humaines et monumentales. C’est ensuite redonner vie à un sursol anthropisé à l’extrême, comme celui de la planète Trantor, capitale de l’Empire galactique d’Isaac Asimov4. Reconquérir le vide, couvrir la nudité urbaine qui frissonne sous les vents mauvais. Donc réinventer la rue, la sortir des tunnels qui l’emprisonnent, redonner le passage et ouvrir le pied des tours à la vie.
La tour Athéna Bruno Willerval Agence d’Architecture Bridot WillerVal
Architecte du nouveau campus à Châtillon, acteur incontournable de La Défense, Bruno Willerval est sur tous les fronts. Il nous le prouve encore avec la réhabilitation de la tour Athéna. « Les tours nouvelle génération doivent avoir toutes les vertus. De par sa taille et sa présence, il doit s’agir tout d’abord d’un symbole, d’une icône architecturale, d’une œuvre d’art plutôt que d’un bâtiment-objet. Elles doivent de plus posséder les qualifications environnementales françaises et, si possible, étrangères (HQE, BREEAM et LEED). Mais elles doivent également répondre aux besoins des utilisateurs en leur apportant un maximum de confort. » C'est ainsi que Bruno Willerval définit la tour nouvelle génération. L'architecte travaille actuellement à la réhabilitation de la tour Athéna conçue en 1984 par Jean Willerval. « C’est toujours un challenge que d’édifier une tour ou de faire une réhabilitation lourde comme c’est le cas pour Athéna. Il faut ne pas trahir l’architecture, réussir à obtenir un maximum de hauteur sous plafond alors que le niveau de dalle à dalle est très contraignant, réduire les CHC (circulation horizontales commune) afin de donner le plus de liberté dans les aménagements de bureaux, répondre aux certifications environnementales, etc. » Les angles du bâtiment générés par le plan triangulaire, les façades en glace réfléchissante et la toiture aux pentes contrariées participent à créer un effet cristallin à l’ensemble de la composition. Il était important pour Bruno Willerval de conserver celui-ci sur l’ensemble de l’édifice tout en l’habillant d’une nouvelle vêture plus contemporaine qui est le reflet de la haute technologie abritée dans cette tour, entièrement réhabilitée. Des brise-soleil horizontaux viennent souligner les ouvertures des façades sud et ouest et participent par là-même au bilan HQE (haute qualité environnementale) tout comme les panneaux verrier photovoltaïques situés en haut de la tour. « Cette rénovation vise la triple certification HQE, BREEAM Very Good et LEED Gold et sera labellisée BBC Rénovation », souligne Bruno Willerval. La fin des travaux est prévue pour 2015.
4 Isaac Asimov, Fondation, 1951. Tour Athena © Agence d’Architecture Bridot Willervall
15 ▶ Quant à l’écologie, qu’elle soit d’abord urbaine. Le contact avec l’autre est fondamental mais nous continuons à l’éluder dans nos PLU, PADD ou plans climaténergie. La ville durable est d’abord une ville faite pour les gens. C’est une ville sobre mais aussi socialement, économiquement et culturellement attractive. Cité écologique, oui, mais dont la gouvernance s’adapte aux besoins humains et aux aléas climatiques. Or, pour réduire nos émissions de carbone, nos méta-documents d’urbanisme concentrent plus de logements et d’activités tandis que notre droit engendre une cité de « bouteilles thermos », pour reprendre l’expression de Franck Boutté. Nos élus et nos maîtres d’ouvrage urbains saurontils résoudre les contradictions sociales du développement durable ? L’enjeu des nouveaux quartiers de tours, démonstrations technologiques mobilisant des centaines d’experts mais aussi des machines à dévorer du capital comme aimait les décrire Zola, est d’abord celui de la gouvernance urbaine et patrimoniale. Résoudre de façon décentralisée des questions planétaires relève du développement soutenable mais la question énergétique occulte le débat démocratique, comme le montre l’actuelle réflexion sur la transition, affaire de spécialistes que l’on croirait cooptés. Nombreux sont pourtant les appels à projet d’écoquartiers qui intègrent une logique bottom up
La Tour blanche Silvio Petraccone et Michel Vodar Agence Petraccone & Vodar
et envisagent une co-conception avec les habitants. Le monopole des sachants, aménageurs, maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, financiers, bailleurs, facility managers, énergéticiens, etc., se fissure. Verra-t-on un jour surgir une tour coopérative, phalanstère moderne et ultime refuge d’une utopie que le pragmatisme évinçait de nos villes ? Le second enjeu apparaît quand économie rime avec énergie. On dit que les tours sont des gouffres énergétiques. Quel bilan carbone après intégration des rejets liés à l’énergie nécessaire à produire l’acier, le ciment et le verre, de la noria de camions et ceux liés à l’exploitation ? « Du point de vue écologique, les tours qui sont aujourd’hui construites à Paris doivent respecter le plan climat parisien, à savoir 50 kW en énergie primaire », écrit Dominique Alba, qui ajoute : « La tour du TGI (Attribuée après concours à Renzo Piano. Livraison prévue en 2016.) (…) ou la tour Triangle seront réalisées avec cet objectif énergétique, ce qui n’est pas le cas des tours déjà existantes. » Peut-on imaginer une tour à énergie positive ou du moins passive ? Le défi technique est déjà relevé en Chine et à La Défense. La tour Majunga de Jean-Paul Viguier cumule les labels : BREEAM, HQE, BBC. Mais « il ne suffit pas d’avoir les schémas et les plans », rappelait Oscar Niemeyer peu avant sa mort. La performance énergétique, c’est d’abord le comportement des utilisateurs.
Silvio Petraccone et Michel Vodar signent le projet de réhabilitation de la Tour blanche. Pleins feux sur un projet… lumineux !
Pour les architectes, il ne fait aucun doute que La Défense retrouve progressivement une image positive. « C’est un centre d’affaires plein d’avenir dont l’avantage majeur est d’avoir un passé. » « La perception des gens a beaucoup évolué concernant ce quartier, à la mesure de l’évolution du quartier lui-même, qui n’a cessé de se transformer pour devenir, aujourd’hui, un véritable quartier de Paris. » L’agence Petraccone & Vodar semble plutôt bien placée pour parler de ce territoire sur lequel elle multiplie les projets. Le dernier en date sera livré en mars 2014 : la Tour blanche, ex-tour Chartis/CB 15, qui date de 1967. « Il s’agit d’une rénovation de grande ampleur, dont l’objectif consiste à doter ce bâtiment vénérable (40 ans) des caractéristiques contemporaines en termes de sécurité, de confort et d’énergie. » Ce dernier point, le projet entrant dans le cadre d’une labellisation BBC et HQE rénovation, a conduit au remplacement complet des façades existantes : blocs ventilés double peau sur les faces exposées au soleil, simple peau, double vitrage, au Nord. Ce dispositif concilie le respect des exigences thermiques tout en optimisant l’apport de lumière naturelle. En termes d’image, cette tour de première génération, marquée par la forte présence de ses poteaux de façade en béton architectonique, a été transfigurée pour devenir la Tour blanche. Cet effet a été rendu possible par l’application d’une sérigraphie blanche et homogène sur les vitrages, qui, dans la continuité de la blancheur des poteaux, redonne une unité à l’immeuble, qui, de massif, est devenu aujourd’hui léger et lumineux.
Tour Blanche © l'Autre Image
▶ Peut-être faut-il aujourd’hui écrire l’anthropologie culturelle de l’élévation. Où réside l’humanité parmi les tours ? Masses macluhaniennes ou mobiles branchés ? Flux et reflux aux heures de pointe, ratios pour le dimensionnement des espaces ? Personne ne croit sérieusement que le parvis de La Défense est une place de la ville de Puteaux. Mais que penser de cette femme, cadre d’une société internationale, qui préfère dormir dans un hôtel à La Défense plutôt que quai Malaquais ? Commodité ou choix délibéré ? Tuer le temps parmi les tours, sans doute. Quant à y vivre... Oui, comme l’écrit un blogueur habitant une tour de La Défense : « Lorsque vous dites que vous vivez dans une tour, les gens vous regardent d’un air apitoyé. Ils n’osent pas trop vous le dire, mais ils vous plaignent d’habiter dans une de ces cages à lapin : Moi je ne pourrais pas vivre aussi haut. » Mais quand une entreprise installe son siège dans un IGH, ses salariés suivent.
Verra-t-on un jour surgir une tour coopérative ?
Privilège ou perte d’identité ? Au sens propre parfois, vivre ou travailler dans une tour expose à changer de repères. Symboliques d’abord. On raconte ainsi que, après une multitude d’incidents et de retards sur le chantier de la tour HSBC de Norman Foster (Hong Kong, achevée en 1986.), des ouvriers chinois déclarèrent qu’un dragon, endormi dans les profondeurs, s’était réveillé à cause du bruit. Il paraît qu’on apaisa sa mauvaise humeur par des rituels. Repères physiques ensuite. La modeste tour ParisLyon possède une salle de réunion au 17e étage. Malgré une jolie vue sur le jardin des Plantes, les salariés lui préfèrent celles du sous-sol. C’est qu’un insidieux roulis survient par vent modéré ; l’oscillation est perceptible les jours d’orage. Dynamique, la structure d’une tour vit avec le ciel. À la différence d’un avion, elle est à la fois enracinée et projetée. Regarder le monde depuis ses fenêtres, c’est prendre la mesure des éléments et défier le possible. Au début du XVe siècle, maître d’ouvrage de l’improbable donjon de Bonaguil, Bérenger de Roquefeuil contemplait avec orgueil l’espace depuis sa tour profilée comme une étrave, lui qui pensait défier le roi. Semblable est la vue panoramique depuis le 15e étage du centre anticancéreux de Villejuif. Façon de défier la mort et leçon d’histoire francilienne : Suresnes et le mont Valérien, La Défense et l’Arc de Triomphe, la tour Eiffel et Montmartre, Montparnasse, Belleville et Bercy, la mer pavillonnaire d’où saillent, îlots gris clair, les barres de la banlieue. Pourquoi bouder le plaisir d’embrasser du regard la Ville Lumière, la région capitale ?
MARS 2014
MAJUNGA, LA TOUR RÉINVENTÉE
www.tour-majunga.com
Organise-t-on la Fête des voisins dans les logements de La Défense ? Où les enfants font-ils du vélo ?
▶ Au-delà d’une esthétique contemporaine qu’il faut enfin assumer, la ville technologique appelle la réhumanisation. La Défense concentre près de 150 000 emplois. Un chiffre élevé mais qui ne représente que 2,5 % du total francilien. Quelque 20 000 habitants y vivent. Moins que dans le IIe arrondissement de Paris, autant que dans la commune de Courbevoie. Une petite ville, sans place de la mairie, sans café du coin ni commerce de proximité. Les tours vont bien avec les malls. Et mal avec la convivialité. Organise-t-on la Fête des voisins dans les logements de La Défense ? Où les enfants font-ils du vélo ? Dans les tours de bureaux, on se croise sans mot comme on se bouscule sur le quai du métro ? La civilité tient à peu de chose. À Buenos Aires, les cadres font patiemment la queue en attendant l’ascenseur dans le hall des edificios de bureaux. Mêmes contrôles d’accès, mêmes atriums qu’ici, pourtant, là-bas, les gens dialoguent. Le vivre ensemble caractéristique de la société post-carbone reste à inventer, dans les tours comme à leur pied. Car la vraie densité urbaine, c’est la vie en commun.
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La tour Ava Manuelle Gautrand Manuelle Gautrand Architecture Émouvoir, réinventer, innover et proposer des réponses inattendues dans l’audace et la pluralité, tels sont les principes fondateurs de l’architecture de Manuelle Gautrand. L'architecte nous parle du projet « Ava » dont les études ont commencé en 2009. « La Défense est un quartier du Grand Paris auquel je suis très attachée. Il est d’une grande modernité et il y règne une réelle liberté architecturale. C’est un véritable dépaysement lorsqu’on sort de Paris. » C’est ainsi que Manuelle Gautrand décrit le quartier où s’érigera bientôt la tour Ava, premier projet de tour de l’architecte à La Défense. Ava est avant tout un challenge urbain. Situé près du boulevard circulaire, le projet déplie ses espaces sous le viaduc. Il faut coupler à cela un challenge technique. « Une tour se caractérise par beaucoup d’ingénierie. Il y a donc une nécessité de notre côté à être à la hauteur architecturalement. » Le pendant à cette pression est une certaine liberté architecturale également propre aux tours, souligne Manuelle Gautrand. « Dans ce type de projet, on peut essayer d’aller assez loin. On peut développer des prototypes. » Si Ava est l’occasion de faire des expérimentations, elle s’inscrit surtout dans une démarche environnementale. « On s’est attaché à minimiser les besoins en énergie jusqu’à les diviser par deux. » Ainsi, Manuelle Gautrand a fait de la lumière naturelle une priorité. Celle-ci va jusqu’à une dizaine de mètres de profondeur à l’intérieur des bureaux grâce à un système de lentilles de Fresnel. La façade, elle, a été pensée de sorte à créer le moins de contraintes possibles aux riverains et à être labellisée « chantier propre ». Une résille qui a fonction de brise-soleil recouvre cette façade et permet par ailleurs d’éviter l’impression de vertige. Ce dernier point montre l’objectif poursuivi par Manuelle Gautrand : apporter une grande qualité de vie aux usagers de la tour Ava. Tour Ava © Luxigon
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GLOSSAIRE
PAAD : Projet d’aménagement et de développement durable, document décrivant, au niveau d’une collectivité locale, les orientations de politique urbaine durable. BREEAM : « BRE Environmental Assessment Method » ou la méthode d'évaluation de la performance environnementale des bâtiments développée par le BRE Trust, groupe privé britannique. HQE : Haute qualité environnementale. BBC : Bâtiment basse consommation.
FOCUS
DES TOURS &ET DES ARCHITECTES
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Les architectes responsables du renouveau de La Défense prennent la plume et nous livrent leur conception de l’architecture verticale dans le premier quartier d’affaires d’Europe.
TOM SHEEHAN La tour D2, concours remporté par anthony béchu en association avec tom sheehan : une destination unique et mémorable La nécessité a-t-elle généré l’invention de la tour ou Otis a-t-il créé cette nécessité ? Est-elle issue du besoin de s'élever au-dessus de ses ennemis ou du simple désir de démontrer une prouesse technologique ? Lorsque l'on nous a demandé en janvier 2007 de réfléchir à la conception de la tour D2, j'ai été confronté à ces deux sentiments en apparence antinomiques : la nécessité et le désir. Une tour est l'accumulation de contraintes techniques pointues exaltées par la passion d'inventer. La tour est à l’Architecte ce que les missions spatiales sont aux Scientifiques : un défi d’innovation complexe nécessitant une équipe aux multiples talents.
D2 Maîtrise d’ouvrage : Bouygues Immobilier et Sogeprom Maîtrise d’œuvre : Agence d'architecture Anthony Béchu Maîtrise d'oeuvre déléguée : Atelier Tom Sheehan & Partenaires Superficie : 54 000 m² Livraison : 2014 Hauteur :180 m (37 étages)
Dans notre cas, le site est pratiquement inexistant. Balayez du regard le boulevard circulaire de La Défense et vous avez déjà manqué son emplacement. Il a été difficile d'imaginer comment une tour de 54 000 m2 aurait pu être érigée sur une parcelle qui faisait moins de 3 000 m2. Pour rendre le défi plus difficile, les aménageurs de La Défense exigeaient que la base de la D2 fût aussi transparente et perméable que possible. Il fallait effacer visuellement et physiquement la césure entre l’esplanade et le boulevard circulaire. Cette contrainte impliquait un encombrement minimum en rez-de-chaussée de façon à permettre le passage du public vers et depuis l'esplanade. Or les tours nécessitent de nombreux services à leur base, notamment dans le hall d'entrée avec un poste de sécurité, des circulations verticales, etc. Le concept d'une arcade périphérique devenait un défi en lui-même. La solution s’est illustrée à travers deux idées novatrices. La première a été l’utilisation d’ascenseurs « twin » qui a permis d’avoir des noyaux plus petits. Cette technologie fantastique permet à plusieurs cabines d’ascenseurs d’emprunter la même gaine sans jamais se rencontrer. Nous avons ainsi pu réduire le nombre de cages d’ascenseurs et donc de noyaux. La seconde a été de pousser la structure du bâtiment au nu des façades. Cet exosquelette a offert l’avantage de réduire la taille de la structure et de limiter les colonnes internes. Entre ces noyaux réduits et la structure externe légère, le piéton déambule sous une arcade monumentale. Ces contraintes respectées, il fallait ensuite inclure 36 étages de standing au-dessus de cette base transparente pour en faire une tour digne de ce nom. Les différents paliers ont tiré avantage des innovations précédemment citées et ont permis la conception de plateaux ouverts, flexibles et confortables. Et pour finir, on s’est souvenu que la vocation initiale des premières tours était d’observer les alentours depuis leur sommet. En clin d’œil à ces premières tours, celle de la D2 offre un jardin, le Jardin des nuages, qui, je l’espère, en fera une destination unique et mémorable à Paris-La Défense. Tom Sheehan, architecte, juillet 2013
la vocation initiale des premières tours était d’observer les alentours depuis leur sommet. Tour D2, Tom Sheehan © Tom Sheehan
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UIE Jean-Paul VIG La tour réinventée
La tour semblait à bout de souffle au point qu’il n’était pas sûr que l’on ait encore envie d’en construire. Son modèle architectural et immobilier avait exploré tous les champs possibles : la hauteur, la densité, la singularité, la personnalité, voire la démesure, les avancées technologiques, la poésie et la beauté, l’extravagance et la laideur ; la tour, cet archétype architectural si particulier, a à peu près tout permis avant de s’essouffler sur fond de crise et de contestation écologique ; elle restait l’apanage des puissances émergeantes cherchant à démontrer leur capacité à vaincre les plus hautes difficultés techniques et architecturales et par là leur maturité et leur leadership à un moment de grande remise en question des équilibres mondiaux. Étant un témoin et un acteur de ce grand brainstorming planétaire, j’ai exploré pour la construction des logements et des lieux de travail de nouvelles typologies : les immeubles terrasses, les imbrications de fonctions dans un effort pour maîtriser la complexité des quartiers mixtes nés de la densification des centres villes ; les bureaux campus qui explorent une relation dedans-dehors dans l’espace de travail et introduisent l’idée de bâtiments qui respirent, par la maîtrise des dispositions du confort thermique des espaces, et affichent une consommation d’énergie toujours plus basse. Ces travaux ont en quelque sorte « rechargé », le savoir-faire conceptuel et technologique tout en ayant un effet inattendu : la flexibilité des usages et le rapprochement architectural des typologies auparavant nettement tranchées. C’est ainsi que des dispositions d’immeubles d’habitation ont migré vers les immeubles de bureaux, et inversement. Ainsi dix ans après avoir dessiné Cœur Défense, la question était pour moi de savoir si la conception d’une nouvelle tour pouvait s’inscrire sur des bases architecturales et technologiques d’un type nouveau, intégrant les données et les mutations récentes de l’espace urbain du XXIe siècle : c’est tout l’enjeu de la tour Majunga. Tous les paramètres de composition de la tour ont été revisités, ils ont tous été réinventés : la localisation de l’édifice par rapport à l’axe historique de La Défense, la liberté de forme de la tour et son concept de distribution dans l’espace ainsi que la succession verticale des niveaux, la conception des façades et leur adaptation au climat, à l’ensoleillement et aux températures par l’interposition d’un « diaphragme de respiration » permettant un contact maîtrisé avec l’air extérieur et ainsi d’atteindre des consommations d’énergie minimales (European Bream Award 2013 : Best Building). La lumière naturelle distribuée sur les espaces de travail ainsi que la grande taille des plateaux, les loggias-jardins d’étages situés dans la perspective des paliers d’ascenseurs font de chaque étage un lieu différent, loin de la monotone répétition des tours d’avant. Le socle de la tour donnant sur des terrasses jardins permet de se réunir, de travailler ou de déjeuner dans des conditions de confort exceptionnelles. Une grande œuvre de Fabienne Verdier au fond du hall d’entrée, faisant écho aux lignes brisées des plans de façade vers Paris, relie l’architecture et l’art réinventant une relation trop souvent oubliée. Jean-Paul Viguier, Hon. FAIA, AA Architecte DPLG, MCP UD Harvard, juin 2013
Majunga Maîtrise d’ouvrage : Unibail-Rodamco Maîtrise d’œuvre : Jean-Paul Viguier et Associés, Architecture et Urbanisme Superficie : 69 500 m² Livraison : 2014 Hauteur : 195 m (47 étages)
la question était pour moi de savoir si la conception d’une nouvelle tour pouvait s’inscrire sur des bases architecturales et technologiques d’un type nouveau.
Perspectives de la tour Majunga, Jean-Paul Viguier © L'Autre image
MICHEL ROY
EQHO, une nouvelle présence dans la ville... Des formes bâties plus élancées et plus ciselées ainsi qu’une optimisation de l’occupation des sols illustrent le renouveau actuel du territoire de La Défense. Ces évolutions sont devenues nécessaires pour préserver l’attractivité du quartier d’affaires, pour enrichir l’espace public de nouvelles relations et pour combattre l’obsolescence des équipements techniques des tours existantes. Ces transformations induisent un renouveau de l’image du bâti dans la ville, emblématique de la performance et de la valeur d’un patrimoine immobilier. Le projet « EQHO » s’inscrit résolument dans cette stratégie de revalorisation d’une tour existante pour mieux la réinscrire dans la ville contemporaine. Trois transformations architecturales illustrent cette « renaissance » initiée par ICADE : - l’organisation des lieux de travail : l’expérimentation de la notion de « campus vertical » comme les réflexions sur l’ergonomie contemporaine du « bureau 2.0 » (fragmentation du temps de travail à un même poste, regroupement des personnes par « projet », porosité entre vie privée et vie professionnelle) reconfigurent les lieux de l’entreprise. EQHO propose ainsi des plateaux d’étage modulables, ouverts ou cloisonnés, offrant 95 % de leur surface en lumière naturelle directe, desservis par une circulation commune éclairée naturellement elle aussi, mettant en relation les deux noyaux de cette double tour siamoise enrichie de services communs. Modularité, confort lumineux, confort acoustique, confort sanitaire et qualité exceptionnelle des vues créent des conditions de travail optimisées pour les utilisateurs ; - une nouvelle enveloppe : les nouvelles façades d’EQHO, conçues pour optimiser leurs performances environnementales, singularisent une nouvelle adresse par une nouvelle image dans la ville. Constituées d’une alternance de lignes de shadow box de trois tons – gold, champagne et blanc pur – et de séquences plus sombres de châssis vitrés horizontaux, elles révèlent la silhouette colorée et changeante de la tour en fonction des ciels et des variations de lumières. Un « decrescendo » vertical, plus coloré en partie haute, plus lumineux en partie basse, complète l’image vivante de l’édifice. Ce double mouvement, ascendant et d’enroulement, caractérise la tour par la couleur et propose un environnement plus serein à l’échelle du piéton ; - la transformation du socle : lieu des relations contemporaines avec l’environnement proche, le hall condense les services à la personne ; ils favorisent les rencontres et l’échange au quotidien à l’image d’un forum antique. Dans un monde du travail assujetti au virtuel, l’environnement de l’entreprise n’est pas immatériel. Ainsi la transformation du socle de la tour, anciennement aveugle et très autocentrée, amplifie l’ouverture sur l’extérieur, la lumière et les vues sur les douves-jardins. Complétée par la création d’une nouvelle entrée côté boulevard circulaire, cette agora accueille les services communs d’une « petite ville de 5 500 habitants » avec restaurants, cafétéria, fitness, terrains de squash, auditorium, conciergerie et bagagerie. Pensée comme une place publique, celle-ci est enrichie par une verrière en marqueterie de verres colorés qui décomposent le spectre lumineux des rayons du soleil. Ils produisent une animation poétique, colorée, aléatoire et naturelle, sur les parois lisses, blanches et cintrées du hall. La tour EQHO, rénovée comme un bâtiment neuf dans une structure existante, propose une « customisation » colorée et optimiste dans la ville. Cette métamorphose requalifie le patrimoine existant par une forme de recyclage vertueux qui est l’un des premiers fondements de la durabilité d’un écosystème. Aux Architectes de démontrer que ces transformations sont synonymes de création et de renouveau architectural ! F Urquijo, G. Macola et J. Willerval auteurs de la tour d'origine, B. Hubert et M. Roy, auteurs de la rénovation.
Eqho Maîtrise d’ouvrage : Icade Maîtrise d’œuvre : Hubert et M. Roy Superficie : 80 000 m² Livraison : 2013 Hauteur :140 m (42 étages)
la tour Eqho © Javier Urquijo
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la tour Eqho © Javier Urquijo
le hall condense les services à la personne ; ils favorisent les rencontres et l’échange au quotidien à l’image d’un forum antique.
Yves Sorin
Responsable du chantier de la tour EQHO chez BATEG, filiale du groupe Vinci L’histoire commence en 1986. BATEG, filiale du groupe Vinci, s’était occupé du gros œuvre de la tour Descartes surnommée tour IBM en référence à ses occupants. Rebaptisé aujourd’hui tour EQHO à l’occasion de sa réhabilitation totale commencée en 2010, le bâtiment a été livré le 2 juillet dernier. Après deux phases, comprenant une rénovation intérieure d’une durée d’un an (curage et désamiantage) et une rénovation des façades, une troisième phase – la plus importante et pour cause, elle a fait l’objet d’une demande de permis de construire – a pu commencer fin 2011. Cette troisième étape consistait en une restructuration du socle du bâtiment. « La tour avait des allures de château fort avant l’intervention de BATEG. Des douves l’encerclaient. Nous avons donc fait en sorte d’ouvrir l’espace selon les projets de monsieur Roy en remplaçant d’une part les douves situées au nord par des verrières, d’autre part en créant une entrée au sud. Cette ouverture au sud se justifie également par le fait que le boulevard circulaire soit devenu une route urbaine classique permettant davantage de passages piétons » explique Yves Sorin, responsable du chantier de la tour EQHO.
À l’issue du chantier, l’auditorium, le fitness et les parties hautes ont été entièrement rénovés tandis qu’ont été créés un business center (salles de réunions), une cafétéria – L’Horizon – ainsi que quatre restaurants dont un situé au niveau - 1 pouvant recevoir jusqu’à 1 700 couverts et offrant une vue sur le nouveau jardin. L’ensemble des parois intérieures du hall est dynamisé par des leds RVB aux couleurs variables. Côté normes environnementales, la tour bénéficie des derniers labels : certification HQE et BREEAM. Malgré tous ces atouts, elle a du mal à trouver des locataires. « Il y a un désintéressement des gens pour La Défense. Aujourd’hui, on se décentralise de plus en plus vers des zones comme SaintDenis. La notion de prestige qu’a La Défense est en train de baisser et c’est dommage. Le quartier devra redorer son blason et sans doute envisager des loyers plus attractifs », analyse Yves Sorin.
ERN ARCHIT ROBERT A.M. ST
ECTS
LA TOUR CARPE DIEM, PAR ROBERT A.M. STERN ARCHITECTS : Vers un urbanisme respectueux du piéton La tour Carpe Diem représente un grand pas en avant dans l’évolution de La Défense vers un urbanisme respectueux du piéton. L’impulsion initiale pour La Défense a été de préserver le caractère architectural et l’échelle du Paris historique en regroupant tous les gratte-ciel en périphérie pour créer un quartier d’affaires vivant, pratique et tourné vers l’avenir en complément de la ville ancienne. Les années ont passé, et nous qui y travaillons avons fini par reconnaître que nous pouvions créer des bâtiments plus intéressants, avec des réponses plus créatives et imaginatives aux enjeux de la durabilité, et faire émerger un rapport plus sophistiqué entre La Défense et Courbevoie qui respecte les circulations douces aussi bien que les automobilistes. La tour Carpe Diem sera le premier immeuble à relier l’esplanade surélevée – la dalle qui poursuit l’axe des Champs-Élysées – et le tissu urbain de Courbevoie au nord. En contraste avec les espaces urbains mal définis et souvent balayés par le vent qui caractérisent La Défense, la tour Carpe Diem rencontrera la dalle au moyen d’une rue piétonne paysagée doublée de cafés et de sculptures qui conduira au hall de l’immeuble et son jardin d’hiver. Là où il y avait une voie sans issue pour sortir de l’esplanade, un escalier public monumental permettra de franchir les neuf mètres qui séparent la dalle des environs. Cet escalier descendra vers une place sur le boulevard circulaire où une seconde entrée accueillera les visiteurs ; jusque-là, il n’y avait qu’une entrée de service à cet endroit. Les façades en facettes de Carpe Diem se veulent le reflet de sa double orientation : elles captent la lumière changeante de Paris et donnent à l’immeuble une forte identité parmi les tours de La Défense.
Utile Sandra Roumi rédactrice-en-chef, Business Immo Utile au quartier d’affaires de La Défense, utile aux entreprises, utile aux salariés, utile à la compétitivité de Paris : Carpe Diem fait assaut d’utilité, en s’efforçant de célébrer l’intérêt général sans nuire aux intérêts particuliers. Rend service, avantageuse, bonne, efficace, fructueuse, pratique, précieuse, profitable, salutaire : Carpe Diem est tout cela à la fois, et un peu plus encore. Elle joint enfin l’utile à l’agréable. L’utilité est dans sa nature.
la tour Carpe Diem © 11h45
La tour Carpe Diem accueille le public au niveau du boulevard circulaire avec une boutique et une entrée VIP donnant accès au hall au niveau supérieur, auquel on accède par un grand escalier intérieur qui double celui situé à l’extérieur. L’immeuble propose un accès et des places de stationnement pour les vélos et les voitures. Au niveau de la dalle, le hall se complète d’un jardin d’hiver de dix-sept mètres de hauteur, véritable oasis éclairée par une lumière zénithale au cœur de La Défense ; les visiteurs peuvent ainsi se donner rendez-vous près d’un jardin exotique vertical. Chacun des trente étages de bureaux propose 1 300 m2 de surface utile sans colonnes, configurée pour maximiser la lumière et les perspectives. Un « club-house » sur le toit propose des équipements de conférence : des salles de réunion et une salle à manger de 80 places, entourées d’un jardin accessible qui encadre des vues spectaculaires du Paris historique. La tour Carpe Diem répond de façon singulière aux enjeux environnementaux en capitalisant sur deux systèmes pour évaluer la responsabilité environnementale : le programme LEED, développé par le U.S. Green Building Council, qui privilégie la performance, et le système HQE en France, qui met l’accent sur l’impact du bâtiment sur son environnement et la qualité des lieux de travail à l’intérieur. Le verre haute performance inonde les plateaux de lumière naturelle, et les bureaux ont des dimensions mur/fenêtre optimales. Le positionnement asymétrique du noyau central favorise la lumière du sud. Afin de réduire le gain thermique solaire, le traitement des doubles vitrages des façades est différent selon leur orientation. Des puits géothermiques constitueront la principale source d’énergie de la tour. Parmi les autres stratégies durables retenues, on peut citer le chauffage solaire pour l’eau, un système de récupération de chaleur, le refroidissement par stockage de glace, des éclairages haute performance, des variateurs de lumière et des détecteurs d’occupation. Nous sommes très fiers que la tour Carpe Diem ait ainsi dépassé les standards HQE pour le développement durable et qu’elle ait obtenu la certification LEED-CS Platinum. C’est le premier immeuble en France à avoir reçu cette double certification. Robert A.M. Stern, Meghan McDermott et Kevin Smith
Carpe Diem Maîtrise d’ouvrage : AIREF et Predica Maîtrise d’œuvre : Robert A. M. Stern Architects et SRA Architectes Superficie : 47 100 m² Livraison : septembre 2013 Hauteur :162 m (35 étages)
Afin de réduire le gain thermique solaire, le traitement des DOUBLES VITRAGES est différent selon leur orientation.
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Qualité Maurice Gauchot président de CBRE France Carpe Diem est un lieu de travail et de vie exceptionnel. La recherche constante de la qualité a été mise avant tout au service du confort et du bienêtre des futurs occupants. C’est d’abord la qualité des espaces qui commence dès le hall, où la noblesse des matériaux, la lumière naturelle et la présence du jardin accueillent visiteurs et occupants avec un confort visuel bienfaisant. À chaque étage, les vues extérieures, la hauteur libre exceptionnelle à La Défense, la variété des profondeurs et la clarté des plateaux témoignent de la qualité de la conception. La seconde expression de la qualité réside dans le choix exigeant des matériaux et des prestations, un choix imprégné de durabilité, de respect de l’environnement et de facilité pour la vie quotidienne de ceux qui y travaillent. Enfin, il faut souligner la qualité exceptionnelle de la mise en oeuvre et du résultat qui reflète à son tour celle du travail de la maîtrise d’ouvrage, Aviva et Predica, et des équipes de conception et d’exécution.
. cOntrASte(S ) .. enissa bergevi Ode d’AireF à robert A. m. Stern n, Constance et cassures, présent et futur, complexité et évidence, technologie et poésie, végétal et minéral, métal et fluidité, hauteur souplesse ! et Mais aussi un nom, une formule qui porte elle une histoire, de en la littérature. Carpe diem. Sa force de résonanc e naît du contraste avec le lieu qu’elle nomme. Le présent est beau, l’avenir sera radieux. Le papillon n’est plus fragile, sa finesse est ciselée dans le métal. Le contraste fait sens et harmonie. C’est là toute la force expressive d’une architecture Carpe diem. . crédit AGricO le ASSurAnceS emeric Servin .. « Le bon sens a de l’avenir.» Pour Crédit Agricole Assuranc es, Carpe Diem en est un exemple pertinent en termes d’investiss ement au profit de ses assurés ! . criStAlline .. enissa bergevi Aviva & Predica n, Silhouette fluide et transparente, Carpe Diem est cristalline. Lumières et regards la traversent de toutes parts. Limpidité du verre et éclat du métal donnent à l’architect ure toute sa matière. tour est taillée dans La la brillance. Si La Défense avait soif de est désormais assouvie. fraîcheur, cette envie . crOSSe .. Quentin
Garel
Volutes exquises des brins d’herbe, la merveilleuse inflexibilité de la crosse de fougère, la jeunesse âpre des feuilles bourgeonnantes.
. culture .. valérie Garnier Où, mieux qu’à La Défense, peut-on comprendre la phrase d’André Malraux : « La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert »? Ici, aux portes d’une ville millénaire chargée d’histoire et de monuments universell ement connus, un nouveau quartier est né. Ici, en cinquante ans, les hommes ont créé, travaillé. Ici, ils continuent l’aventure , en bâtissant de nouvelles tours, telle Carpe les immeubles d’aujourdDiem. Ils construisent ’hui et de demain participent à cette et culture de conquête , passant aujourd’hui autant par la beauté des lignes que par la modernit é des structures et leurs qualités environne mentales. Un pari pour Paris La Défense… . deFActO .. Katayou ne Panahi Difficile de parler de soi sans paraître rapidement faussement modeste ou légèreme nt suffisant. Plutôt que de parler de nous, il est plus important de parler de notre mission et de l’approche que nous en avons. L’avènement de Carpe Diem nous conforte dans notre statut de coordonnateur, de facilitateur propre à fédérer tous les grands acteurs pour donner naissance à cette nouvelle Défense que nous appelons tous de nos vœux : plus innovante, plus conviviale, un pôle culturel majeur offrant toujours plus de services à utilisateurs. ses . déFi .. raphaë l catonnet Ce mot n’est pas étranger à Carpe Diem, il est Carpe Diem : un très beau défi aux multiples facettes, reflétant l’ambition, la ténacité l’exigence de qualité et d’une d’ouvrage très volontaris équipe de maîtrise te. Un défi architectu ral, avec l’inscriptio n dans le skyline d’une silhouette exprimant un nouveau
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Les 101 mots de la Tour Carpe Diem à l'usage de tous 56 pages, 12,90 € Archibooks + Sautereau éditeur
Intégration Alexandre Labasse architecte, directeur du Pavillon de l'Arsenal L’intégration de la tour contemporaine se pose tant à l’échelle du grand paysage que du quotidien. Carpe Diem dialogue ainsi du skyline au piéton. Un aller-retour où les verticales s’inclinent pour rattraper, dans le même temps, le boulevard circulaire et le Parvis de La Défense. Un échange où la verticalité s’offre par fragments et paliers dans l’implémentation parfaite de ses pans vitrés.
la tour Carpe Diem © 11h45
Bienveillante, la tour accueille et abrite en son socle, transformant ainsi la question du dénivelé urbain en une solution douce pour ses utilisateurs et les riverains, à la croisée des niveaux et des programmes. Carpe Diem mue la problématique verticale en une promenade qui s’appréhende par déambulations dans un mouvement continu et partagé où le site convoque la forme, preuve de son intégration.
Urbain Katayoune Panahi directrice générale de Defacto Est-il plus beau mot dans notre langue française qu’urbain ? Il puise son sens aux racines de notre civilisation et en porte les valeurs. Carpe Diem, aux mêmes résonances, nous le rappelle : urbaine parce que rattachée à la ville dans ce qu’elle a de plus abouti. Urbaine parce que les concepteurs ont voulu que ceux qui auront la chance d’y travailler bénéficient d’un environnement pour lequel promoteur et concepteurs ont voulu que l’urbanité soit le maître mot. Defacto entend l’appliquer sur tout l’espace public de La Défense.
C’est quoi un lieu tendance ? Un endroit qui attire du monde, qui rassemble et satisfait toutes les générations ; qui offre du divertissement, du bien-être, de la culture ; qui innove, qui se fait même avant-gardiste… Un endroit singulier, que l’on n’oublie pas, que l’on envie même... Un endroit qui nous attire. Un endroit au fort pouvoir d’attraction. Un endroit à la centralité rayonnante. Tout ce à quoi aspire La Défense, comme nous l'expliquent Jean-Yves Durance et Philippe Chaix.
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SOCIÉTÉ
Le quartier d'affaires de La Défense n'en est pas qu'un. Parce que de nombreuses personnes y résident de manière permanente, y vivent la journée ou y passent le soir, le territoire défensien se prête au jeu de l'analyse sociétale pour Centralités.
LA DEFENSE TENDANCE
La DEfense tendance, ! de la nEcessitE d’Etre dans l’air du temps Si La Défense sonne au premier abord comme un « simple » quartier d’affaires, avec ses bureaux et ses sandwicheries, l’on oublie très souvent ses habitants sédentaires ou nomades. Les premiers sont les résidents du quartier, les seconds les innombrables travailleurs et gens de passage. Outre la politique d’architecture et d’urbanisme visant à assurer le bien-être des personnes expérimentant La Défense quotidiennement ou plus sporadiquement et malgré les nombreux moyens mis en œuvre pour continuer à faire du quartier d’affaires français le premier centre économique d’Europe, une mutation reste nécessaire : dynamiser culturellement la zone, la rendre indispensable pour les habitants de La Défense et pour les voisins plus ou moins éloignés. Là se trouve la clé pour attirer davantage de public et, par extension, d’entreprises. La Défense doit rassembler et satisfaire toutes les générations ; elle doit procurer à ses résidents et à ses visiteurs une véritable offre de divertissement, de bien-être, de culture ; elle doit innover, être à la pointe de l’actualité, briguer l’avant-garde. La Défense doit accentuer ses singularités pour attirer davantage. Elle doit sortir de son carcan pour créer l’évènement, car c’est l’évènement et non pas la permanence qui dispose d’un véritable pouvoir d’attraction.
Les évènements artistiques et culturels sont déjà nombreux, et l’initiative « Forme publique » prouve que La Défense n’a rien à envier aux institutions de design voisines. Pourtant, l’image de La Défense souffre encore d’un certain endormissement. Que faire le soir là-bas, une fois que tous les employés de bureau sont partis ? Il faut créer des lieux de vie originaux, des lieux de socialisation, pour les résidents mais aussi pour les publics voisins : gens de banlieue ou Parisiens. Car La Défense reste un territoire hors normes. Pour oublier l’engoncement de la ville-lumière, allez vous rafraîchir les idées au bord des nombreuses fontaines du quartier d’affaires. Étalement ne veut pourtant pas dire décentralisation. Il faut, encore une fois, que La Défense sache se recentrer, pour, comme le rappelle Luc Ferry, attirer. À La Défense de se doter des meilleures équipes pour devenir un quartier dans l’air du temps, et ainsi créer l’évènement de demain. Solveig Placier
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LES GRANDS CENTRES ONT DE L’AVENIR ! LUC FERRY Philosophe, ancien ministre de la Jeunesse, de l’Éducation et de la Recherche
Luc Ferry analyse pour Centralités les rapports conflictuels entre les politiques françaises menées et la réalité de la centralisation.
Depuis les années 1960, la critique du jacobinisme, de l’étatisme et de la centralisation est devenue un véritable pont aux ânes. Fascinés par les idéologies décentralisatrices et la sacralisation des « pouvoirs locaux », nous en avons oublié à quel point la concentration en un lieu unique de tous les avantages que peut offrir la grande ville pouvait aussi être bénéfique à l’épanouissement des individus comme à celui des entreprises : temps et coût des transports, connectivité beaucoup plus grande et plus rapide avec les différents partenaires et clients, environnement plus accueillant (cafés, restaurants, commerces, etc.). Même dans l’Éducation nationale, où la fameuse image du Mammouth s’est imposée comme un repoussoir, j’ai pu constater dans les échanges avec mes collègues allemands, qui appartiennent à l’un des pays les plus décentralisés au monde avec ses seize Länder, à quel point ils regrettaient parfois de ne pas disposer d’un levier
de commande qui aurait permis à des réformes cruciales de s’appliquer d’un seul coup à l’ensemble des établissements scolaires. La décentralisation paraît au premier abord faciliter les choses, mais, en temps de crise notamment, elle prive les acteurs économiques et politiques de moyens d’action indispensables. Rien ne peut remplacer la sédimentation de savoir-faire, de compétences et de commodités diverses que les grands centres urbains ont pu rassembler et rendre accessibles au fil de l’histoire dans une incomparable proximité. La preuve ? Entre les années 1930 et aujourd’hui, la population urbaine a tout simplement doublé en France, passant de 20 millions à 40 millions, alors que, dans le même temps, la population n’augmentait que d’un tiers environ – ce qui prouve que l’attractivité des centres devenait de plus en plus grande. Non seulement on a assisté à une concentration de la population urbaine, mais aussi à une extension des villes autour de grands pôles, la séparation se faisant de plus en plus nettement entre une campagne réservée aux vacances et une ville dédiée au travail professionnel ou scolaire. Cela ne signifie évidemment pas qu’il faille tout régimenter à partir d’un centre autoritaire et dogmatique qui serait peu soucieux de sa périphérie, mais qu’à l’encontre d’une opinion trop souvent reçue sans examen critique, la centralité a un bel avenir devant elle. Novembre 2012.
Rien ne peut remplacer la sédimentation de savoirfaire, de compétences et de commodités diverses que les grands centres urbains ont pu rassembler et rendre accessibles au fil de l’histoire dans une incomparable proximité.
Jean-Yves Durance président du conseil d’administration de l’AUDE, président du comité consultatif de Defacto et président de la chambre de commerce et d'industrie des Hauts-de-Seine
Jean-Yves Durance nous explique comment La Défense se fait de plus en plus « tendance » et en quoi cette évolution est nécessaire pour redynamiser le premier quartier d’affaires européen. Propos recueillis par Solveig Placier
En quoi rendre un quartier d’affaires de manière générale et La Défense en particulier plus attractif en ce qui concerne l’offre de divertissement et de culture est-il nécessaire ? Jean-Yves Durance : Rendre La Défense plus animée est nécessaire pour plusieurs raisons. Un quartier d’affaires traverse premièrement des périodes très calmes, que ce soit dans le courant de la journée, de la soirée ou de l’année. Il faut les redynamiser. Un quartier d’affaires doit absolument vivre. Deuxièmement nous avons des résidents. Le développement de la résidence dans l’environnement de La Défense – pas seulement dans le noyau historique – est d’ailleurs absolument nécessaire. Les habitants doivent pouvoir profiter de leur quartier. Enfin, en termes de visibilité, l’animation est un élément important, pour que les gens aient envie de venir, y compris des visiteurs étrangers. Un quartier d’affaires doit vivre et le fait d’avoir une offre de divertissement, une offre culturelle et une offre de rencontre y contribue. Les aménités du quartier participent au plaisir qu’ont les salariés, les touristes, etc., à venir et à rester dans le quartier. Prenez les lieux de vie par exemple. Si vous voulez attirer des salariés jeunes de haut niveau, il faut qu’ils aient les happy hours, les after five, etc. Cela fait partie des éléments importants qui se sont récemment développés dans la vie. Le nombre de cafés encore ouverts à 18-19 h, en particulier le jeudi et le vendredi, était nul il y a dix ans, même à Paris. Le bar est maintenant un prolongement du bureau, ce qui constitue une évolution sociologique significative. L’on pourrait étudier les nouveaux liens entre travail et vie personnelle : il n’y a plus la même coupure entre le premier et la deuxième. Les moyens de communication actuels font que vous envoyez un mail à minuit ou à 2 h du matin. La vie de travail a remplacé la vie de village d’antan. Pour qu’un quartier d’affaires vive, il faut que les salariés aient envie d’y venir, pour qu’ils aient envie de venir il faut qu’ils y trouvent une satisfaction, pour être satisfait il faut qu’il y ait une offre de divertissement. On parle d’habitants de jour, de résidents de jour et pas seulement de salariés dans une entreprise. Cette évolution vers un quartier d’affaires animé est absolument nécessaire et on la voit absolument partout dans le monde sous cette forme-là. La Défense souffre aujourd’hui de la conception qui a été la sienne il y a plus de cinquante
ans : la structure de dalle et donc d’isolement par rapport au sol et par rapport à l’entourage est une réalité qu’on s’efforce de faire changer aujourd’hui mais qui est difficile à faire évoluer s’il n’y a pas de prises d’initiatives. La qualité de vie à La Défense doit être envisagée du point de vue de ses utilisateurs, de ses habitants et de ses visiteurs, non seulement à l’échelle de la dalle, mais aussi dans des échelles plus larges incluant le quartier, ses environs et évidemment Paris. Ce qui me paraît essentiel dans le caractère tendance ou non d’un lieu, c’est la continuité, la répétition ou la permanence. Pour moi un endroit branché c’est un coin où il se passe toujours quelque chose. Sinon on a un évènement à un moment donné, comme la foire de Bâle en matière d’art contemporain, qui a beau être dupliquée à Miami ne fait pas de Bâle un lieu branché. La notion de « branchitude » s’accompagne du fait qu’il se passe toujours quelque chose quelque part, et donc que les gens qui ont envie d’avoir un mode de vie rythmé vont y trouver quelque chose qui leur permette de combler les vides intra-day, intra-week, intra-year. Cette évolution est-elle suivie par d’autres quartiers d’affaires étrangers ? Canary Wharf à Londres est un lieu de vie très continu. Les gens viennent prendre un verre ou dîner, le soir en semaine ou viennent spécialement le week-end dans ce quartier car il y a des attractions. New York n’a pas de quartier d’affaires à proprement parler, la ville en est un. Je ne connais malheureusement pas suffisamment Shanghaï pour donner mon avis. Quant à Amsterdam, il s’agit avant tout d’une ville branchée et non pas d’un quartier d’affaires tendance. En France, seul le quartier central des affaires de Paris répond à cette définition. La Défense doit proposer la même offre.
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La notion de « branchitude » s’accompagne du fait qu’il se passe toujours quelque chose quelque part, et donc que les gens qui ont envie d’avoir un mode de vie rythmé vont y trouver quelque chose qui leur permette de combler les vides intra-day, intra-week, intra-year.
37 ▶ Cela veut donc dire que La Défense n’y est pas encore arrivée ? Non pas complètement, mais il y a eu d’énormes progrès. L’un des enjeux est la capacité du quartier à retenir ceux qui travaillent à La Défense et d’attirer les autres catégories de population le soir tard et la nuit. Le fait que la journée ne s’arrête pas à 17 h pour les travailleurs qui restant pour l’afterwork ou pour un évènement particulier est fondamental. Cela prouve que le sentiment de sécurité est grand. La Défense et les transports publics qui y mènent sont en effet sûrs. Ce sont les parkings, repoussés un peu plus loin que le centre de La Défense qui constituent des lieux inamicaux. Ou bien les gens n’aiment pas prendre le RER en soirée. Par méconnaissance je pense plus que par peur d’une réelle insécurité encore une fois. L’on sait que la méconnaissance engendre la crainte. Cette méconnaissance s’applique également aux Parisiens, qui critiquent La Défense – c’est pourquoi il faudrait mener une vraie campagne de communication envers les Parisiens– : ils ne sont pas allés à La Défense depuis vingt ans, écoutez ceux qui disent ne pas savoir s’y retrouver par exemple. Le quartier souffre des préjugés. C’est un vrai handicap, même pour les lieux installés qui ont donc du mal à se développer. On ne joue pas suffisamment sur les atouts de La Défense. Le fait que nous n’ayons pas de restaurant de sommet de tour, que vous ne profitiez pas de ce lieu potentiellement magique est dommageable. Quand vous êtes au sommet d’une tour et que vous regardez Paris, c’est pourtant éblouissant. J’ai eu un bureau d’angle pendant trois ans en haut de la tour Ariane. Pénétrer le matin, quelle que soit la saison, dans ce bureau était sublime. Et le soir, quand tout était allumé, c’était deux fois plus beau. Si vous aviez un restaurant panoramique – comme à la tour Montparnasse–, imaginez l’effet ! Cela fait partie des éléments à promouvoir car un lieu branché ce n’est pas forcément un nightclub sous la dalle, c’est aussi un lieu qui sache tirer parti des atouts et des aménités de La Défense. L’architecture du CNIT est un succès et attire des gens car on se situe dans un lieu d’une autre nature.
Les restaurants ne peuvent donc pas fonder leur commerce sur une clientèle diurne. C’est pourquoi je suis intéressé par l’éventuelle réussite du projet de tour Hermitage.
Il est étonnant de ne pas voir davantage de restaurants gastronomiques au vu des milliers de gens qui déjeunent chaque jour à La Défense. Souvent les restaurants gastronomiques profitent des clients d’un hôtel très haut de gamme. Ces restaurants sont situés dans des emplacements faciles d’accès et sécurisés. Quand vous regardez par ailleurs les cartes des restaurants étoilés, vous voyez que les menus pour déjeuner sont moins chers que les menus pour dîner. Les restaurants étoilés fonctionnent grâce aux menus du soir, grâce à la clientèle qui va vouloir passer une bonne soirée ou fêter une occasion particulière. Les restaurants ne peuvent donc pas fonder leur commerce sur une clientèle diurne. C’est pourquoi je suis intéressé par l’éventuelle réussite du projet de tour Hermitage. Si elle est au rendez-vous, alors on aura une clientèle essentiellement internationale. Si vous avez en plus un hôtel de très bonne qualité type 4 étoiles +, alors on pourra peut-être voir apparaître des restaurants haut de gamme. Mais encore une fois, le problème d’accès et de préjugés est clairement un frein aujourd’hui.
▶ Ce qui attire les Parisiens et les Franciliens finalement, dans toute l’offre, c’est surtout les festivals (Chorus, La Défense Jazz Festival), offrant des évènements en soirée et le week-end. C’est le seul élément qui réussit à harponner le public résidant hors de La Défense. Tout à fait, il s’agit même uniquement d’évènements en plein air. Alors qu’il existe tout un panel d’auditoriums pourvus d’écrans dans lesquels on pourrait organiser des conférences, des projections de toute sorte. Oui mais les festivals sont d’abord et avant tout des festivals de musique, depuis très longtemps. Il y a quelques festivals de théâtre mais pas beaucoup, et encore moins des festivals de poésie. Qu’en est-il des expositions ? Justement, en septembre a lieu la deuxième édition d’Art’O’Clock, la foire d’art contemporain de Paris La Défense. L’art contemporain est-il la clé pour bénéficier d’une image branchée ? Ce genre de nouveaux évènements est primordial. C’est en créant de nouvelles manifestations que l’intérêt pour La Défense se développera, et plus seulement sur le CNIT ou sur les Quatre Temps. Pourquoi ne pas avoir installé une antenne de la FIAC ou d’ART Paris à La Défense ? Il y a eu une préemption de la part du Grand Palais. On est plutôt dans « le Paris ancien accueille l’art contemporain ».
Finalement on assiste à un combat de centralités, La Défense souffre de la propre attraction de Paris. Tout à fait. Il est sûr que les deux manifestations au sein du Grand Palais ont une allure folle. Pourtant la simultanéité se fait plutôt dans le jardin des Tuileries plutôt que dans le jardin de La Défense. L’ouverture du quartier à l’art contemporain est un élément important. Si l’on réussissait à ouvrir le CNAP on verrait des choses intéressantes, mais les réserves ne constituent pas un musée.
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PHILIPPE CHAIX directeur général de l’EPADESA
Philippe Chaix nous rappelle tous les atouts de La Défense quant à son animation et nous explique comment l’architecture et l’urbanisme de ce territoire se feront également « tendance ». Propos recueillis par Solveig Placier
Vous soutenez que La Défense est très animée et que l’enjeu de son renouveau se situe pour le moment ailleurs. Philippe Chaix : En effet, les Défensiens bénéficient d’une offre culturelle très large. À commencer par celle de Paris qui se situe aux portes du quartier d’affaires, ou vice-versa. Sur le territoire même de La Défense ensuite : de nombreux festivals et cinémas existent et même un théâtre : celui des Hauts-de-Seine à Puteaux. Bientôt arrivera l’Arena Nanterre-La Défense, stade de rugby qui accueillera toute sorte d’événements festifs. La Défense est loin d’être déconnectée du monde culturel, elle en est au contraire en plein centre.
fense. Il faut continuer de travailler sur les transports, qui ont fait de gros progrès depuis un an avec l’automatisme de la ligne 1 et les rames à deux étages du RER A. Mais il faut encore progresser. Les collaborateurs travaillent déjà dans un environnement « tendance ». Tout se concentre dans les infrastructures qui leur sont offertes : bars, restaurants, clubs de sport, lieux de détente. Selon vous, quel élément pourrait-on toutefois améliorer si tout était possible ? Certains espaces ne sont pas mis en valeur, comme les sommets des tours. Imaginer des restaurants en hauteur pour profiter de la vue sur Paris serait une aubaine. Mais aucune tour ne comporte dans son programme initial un
Où se place alors la priorité ? L’élément fondamental est d’améliorer les conditions de vie des collaborateurs et des gens qui résident à La Dé-
COLOMBES
NANTERRE
LA DÉFENSE AUTREMENT PLACE DE BELGIQUE
IMMEUBLE NEWSIDE A86
LA DÉFENSE AUTREMENT ÎLOT KLÉBER
A14
LA DÉFENSE AUTREMENT ÎLOT BARRILLIET
SEINE ARCHE NEWORK
CHAUFFERIE BOIS
PHASE 1
QUARTETT
PARC SYMBIOSE
NANTERRE-UNIVERSITÉ
VILLARBORÉA COOPÉRATIVE LE GRAND PORTAIL
LA GARENNE-COLOMBES
NANTERRE LA FOLIE
ICF LA SABLIÈRE LES VOILES BLANCHES
EOLE GRAND PARIS EXPRESS LIGNE NOUVELLE PARIS-NORMANDIE
ÎLOT ANATOLE FRANCE
BALCONS DE L’ARCHE LE FAISCEAU
ARENA NANTERRE LA DÉFENSE
PHASE 2
LOGIS TRANSPORTS LES PATIOS DE VERRE
CASSIOPÉE
EQHO
RÉSIDENCE DE L’AVENIR NANTERRE-PRÉFECTURE
ÎLOT 9
NANTERRE-VILLE
LILAS SUN
NANTERRE
RÉSIDENCE PESARO
GRAND AXE 2 CHAMPS DE L’ARCHE IMMEUBLE VIA VERDE
COURBEVOIE
ARCHE HORIZON
GRAND AXE
MIROIR
ARCHE EN SEINE HÔTEL VALMY
EOLE
1
LA DÉFENSE - Gde ARCHE
GRAND PARIS EXPRESS
LA DÉFENSE
BASALTE
NANTERRE
LA DÉFENSE SUD
1
ESPLANADE DE LA DÉFENSE
Périmètre d’intervention de l’EPADESA HÔTEL MÉLIA PARIS LA DÉFENSE
PUTEAUX
TOUR BLANCHE IMMEUBLE PRÆTORIUM
Mars 2013
TOUR ALLIANZ
PARIS
41 restaurant. Cela a un surcoût conséquent. Pensons aux ascenseurs spéciaux à mettre en place ou à l’accès en pleine nuit. En quoi le cas de La Défense se démarque-t-il des autres quartiers d’affaires ? Ce que l’on observe dans le monde des quartiers d’affaires actuellement, c’est le développement du spectaculaire. Regardez Dubaï, Shanghai, Abu Dhabi. Tous ces territoires sont des terrains de jeu pour les promoteurs et pour les architectes. La Défense souffre face à eux de son âge : cinquante ans. Tous les autres ont été conçus récemment à partir d’une page blanche. La Défense doit vivre avec ses agglomérats, avec ses adjonctions. C’est un passé parfois lourd à porter mais qui bouge néanmoins. La connexion avec le Grand Paris sera à son tour spectaculaire ! La future ligne Éole sera raccordée en plein centre de La Défense à la ligne A, agrandissant le pôle de transports déjà le plus grand de France et d’Europe et accessible en 40 mn depuis partout en Île-de-France. La Défense a-t-elle vocation à recevoir des édifices aussi « fous » que ce que l’on voit dans certains quartiers d’affaires ? Oui, vous découvrirez bientôt des projets – de tours, de centres commerciaux à ciel ouvert, ce qui est très novateur pour La Défense – montrant la même audace. Audace architecturale, audace formelle, audace dans les programmes : La Défense va continuer de surprendre. C’est cela, « l’atmosphère urbaine de demain » dont l’Epadesa se fait le credo ? Tout à fait. C’est la mixité, mélanger les logements, les bureaux, les commerces, les services. C’est développer un territoire innovant. C’est multiplier les formes et les couleurs, à l’image de la résidence étudiante conçue par Louis Paillard qui accueillera au rez-de-chaussée un Club Med Gym et dont les façades rappelant un moucharabieh s’animent de multiples couleurs. La tendance pour nous se traduit par l’innovation et par la créativité.
La mixité [...] C’est multiplier les formes et les couleurs, à l’image de la résidence étudiante conçue par Louis Paillard qui accueillera au rezde-chaussée un Club Med Gym et dont les façades rappelant un moucharabieh s’animent de multiples couleurs.
Castle Light, résidence en accession et residence étudiante, Louis Paillard © Louis Paillard
PAROLE D’ÉLU Parce que La Défense est gouvernée par plusieurs entités, l’un de ses élus nous donne à chaque numéro sa vision des relations entre le quartier d’affaires et les territoires adjacents ainsi que ses perspectives d’avenir.
© Gérald Brosseau
JACQUES
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KOSSOWSKI
MAIRE DE COURBEVOIE
« La Defense doit rester l’incarnation des ambitions economiqueS francaises » Pour le maire de Courbevoie, député de la 3e circonscription des Hautsde-Seine, il est nécessaire de donner au quartier d’affaires les moyens de rester dans la course internationale. L’élu prône un rapprochement entre l’univers de l’entreprise et ceux de la formation et de la recherche. Propos recueillis par Marie-Douce Albert
Quelles sont aujourd’hui les attentes de Courbevoie quant à l’avenir du quartier d’affaires de La Défense ? Jacques Kossowski : Pour Courbevoie, La Défense doit rester le moteur de l’activité régionale et l’incarnation des ambitions économiques de la France sur la scène internationale. Si nous voulons que les décisions qui influent sur des dizaines, voire des centaines de milliers d’emplois continuent de se prendre à Paris plutôt qu’à Londres ou à Francfort, nous devons continuer d’y attirer les sièges de grandes entreprises internationales. Quelles sont, en l’espèce, vos craintes ? À l’heure actuelle le gouvernement mise sur La Défense pour répondre en partie à la pénurie de logements dont souffre l’Île-de-France. Or La Défense ne pourra pas résoudre tous les problèmes de la région. Ce quartier n’est pas conçu pour créer des logements en grand nombre. Le prix du mètre carré ne le permet pas. Qui plus est, les Franciliens dans leur majorité n’aspirent ni à loger dans des tours, ni à habiter en bas de leurs bureaux. Pour créer les logements dont nous avons besoin, il vaudrait mieux reconvertir les milliers de mètres carré de bureaux inoccupés à Paris en habitat. De ce point de vue, nous sommes sur la même longueur d’onde avec le président de la région Jean-Paul Huchon. Le fait est là, Paris est de moins en moins une ville active et de plus en plus une ville résidentielle. Tout est fait pour dissuader les grandes entreprises de s’y implanter et au premier chef la place laissée à la voiture.
une véritable réflexion sur la valeur ajoutée réelle de La Défense pour les grandes entreprises. Cela passe bien sûr par le transport, mais aussi par une plus grande synergie du monde de l’entreprise avec les filières de formation et de recherche. Mais est-il encore possible de renforcer l’attractivité du quartier d’affaires ? Et comment ? Nous traversons une période délicate, où la concurrence internationale s’intensifie sous l’effet de la crise mais aussi sous l’effet d’une mutation en profondeur de nos sociétés et de leurs économies. Pour La Défense, cette mutation se traduit par une concurrence accrue notamment avec les autres grands quartiers d’affaires du monde. Aujourd’hui, la City attire un nombre croissant de grands sièges internationaux et pas seulement dans le secteur de la finance. Dans le même temps, Francfort devient un centre d’affaires de plus en plus attractif. N’oublions pas
Vous ne semblez pas non plus partager la vision du gouvernement quant aux axes de développements futurs du quartier d’affaires. La confirmation des prérogatives de l’Epadesa, l’établissement public en charge de l’aménagement et du développement du site de La Défense, est un point positif. Au travers de la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, l’État semble vouloir poursuivre la modernisation du quartier engagée en 2006. Mais il faut aller aujourd’hui plus loin et mener Le Pavillon des Indes © Ville de Courbevoie
COURBEVOIE (92)
Situation Superficie : 4,17 km2 Nombre de communes limitrophes : 8 (La Garenne-Colombes, Nanterre, Puteaux, Bois-Colombes, Neuilly-sur-seine, Asnièressur- Seine, Clichy et Levallois-Perret) Démographie Nombre d’habitants : 88 169 (recensement 2010) Nombre d’habitants au km2 : 20 850 Nombre de naissances en 2011 : 1 487 Nombre de décès déclarés : 447 Répartition par sexe : 52% de femmes, 48% d’hommes Répartition par âge : 0-14 ans : 18,5%, 15 à 29 ans : 21%, 30-44 ans : 27%, 45 à 59 ans : 17%, 60 à 74 ans : 9%, 75 à 89 ans : 5%, 90 ans ou plus : 0,6% Urbanisme et espaces verts 38 parcs et squares 4800 arbres d’alignement 260 espèces et variétés de fleurs Les vignes de Courbevoie : superficie : 900 m2, production : 600 litres soit 800 bouteilles Économie et emploi 99 030 emplois salariés et non salariés Nombre d’entreprises : 6892 (au 1er janvier 2011) Répartition par secteur d’activité : Industrie (9,5%), construction (4,6%), commerce, transports, services divers (75,9%), administration publique, enseignement, santé, action sociale (10%) Enseignement et scolarité 21 écoles maternelles 12 écoles élémentaires 3 écoles primaires (maternelles et élémentaires) 3 lycées Sports 20 équipements sportifs 1 piscine (dont 1 bassin olympique de 50 m, 1 petit bassin de 25 m et 1 pateaugeoire) Vie associative 6 maisons des associations Près de 350 associations Vie culturelle 1 conservatoire de musique 1 centre culturel et ses 5 annexes 1 bibliothèque et ses 4 annexes 1 cinéma d'art et essai 1 salle de spectacle et de cinéma 1 musée Sources : Ville de Courbevoie, 2013 - www.ville-courbevoie.fr
Courbevoie a besoin de La Défense, mais, inversement, le quartier d’affaires est inconcevable sans les villes qui l’entourent.
45 non plus le formidable dynamisme des villes du Sud et de l’Asie qui vont rapidement accéder au rang de villemonde et prendre leur place dans l’économie, pour ne pas dire qu’elles vont la bouleverser. Face à cette nouvelle donne, La Défense ne peut pas vivre indéfiniment sur ses acquis. Aussi, pour affirmer sa place sur la scène internationale, le quartier doit continuer à innover et à se donner les moyens de retrouver son premier rang. Quelles pistes proposez-vous d’explorer pour remettre le quartier dans la course mondiale ? La spécificité du quartier d’affaires de La Défense est liée à la diversité des activités de ses entreprises. Les secteurs de l’industrie, de l’énergie, de la finance et de l’assurance, de l’environnement et du développement durable, des TIC, du conseil et du management stratégique y sont particulièrement bien représentés. Tout le secteur du tertiaire est là, incarné par un tissu extrêmement riche d’entreprises de toutes tailles, parmi lesquelles de très grands groupes fortement engagés sur le terrain de l’environnement, mais également de nombreuses PME à haute valeur ajoutée. Le site dispose aussi des centres de formation et de recherche indispensables à la création d’un cluster d’envergure internationale. On trouve sur le site même de La Défense, le Pôle De Vinci, l’université Paris-Dauphine et de grandes écoles comme l’IESEG et l’ESSEC, mais aussi, à proximité directe du site, l’université Paris-OuestNanterre qui proposent des formations adaptées au secteur tertiaire. Tous les ingrédients sont donc à portée de main pour faire de La Défense un exemple de réussite économique pour demain. Reste à insuffler une véritable synergie entre formation, recherche et entreprises. Mais n’avez-vous aucune attente vis-à-vis de La Défense pour votre commune ? Les destins de Courbevoie et de La Défense sont évidemment intimement liés. Bien sûr, Courbevoie a besoin de La Défense, mais, inversement, le quartier d’affaires est inconcevable sans les villes qui l’entourent. La poursuite de son développement va dans le sens de nos intérêts mais aussi de l’ensemble de l’Île-de-France. En termes d’aménagements urbains, cependant, il y aurait des efforts à accomplir pour améliorer vos conditions de voisinage… Nous avons déjà engagé des actions en ce sens. Des liaisons ont été établies pour permettre une meilleure circulation entre La Défense et notre ville. Nous œuvrons également pour faire du boulevard circulaire un véritable boulevard urbain. Par exemple, j’ai fait en sorte que les entreprises domiciliées dans les immeubles qui le bordent aient une adresse et donc un accès direct sur cette voie. J’ai aussi demandé à ce qu’on crée des commerces et des services en pied de tours. Mais il est vrai que le quartier d’affaires doit opérer une mutation urbaine et durable qui devra passer par sa meilleure intégration dans le tissu des villes environnantes.
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PROMO IMMO Actrice essentielle du renouveau de La Défense, la promotion immobilière passe ici à la question sur des thématiques variées : tissu urbain, acte architectural, développement des entreprises et de la vie économique du quartier, mais aussi de sa vie sociale.
JoElle Chauvin
Aviva FRANCE
Joëlle Chauvin, présidente d’Aviva Investors Real Estate France, a veillé depuis l’origine sur la faisabilité et la réalisation de ce grand projet qu’est Carpe Diem. Il y a sept ans, elle a initié ce développement en professionnelle responsable qu’elle est depuis toujours. Après la crise de 2008, équilibre des risques oblige, elle noue pour Aviva France un rapprochement stratégique avec Crédit Agricole Assurances qui devient partenaire dans cette grande « aventure ». Cinq ans plus tard, elle livre un immeuble de 47 000 m2 et 162 m de hauteur baptisé « Carpe Diem », première tour neuve du plan de renouveau de La Défense. Propos recueillis par Catherine Sabbah
L’aventure commence en 2006, quelle est l’origine de ce grand projet ? Joëlle Chauvin : En 2006, bruissaient des rumeurs de plan de renouveau du quartier de La Défense. Le projet de l’État était de rajeunir les tours du quartier d’affaires et de susciter des constructions nouvelles ; au-delà des nouveaux projets susceptibles de voir le jour, les propriétaires à La Défense avaient alors l’opportunité de rénover ou restructurer leurs immeubles ou d’opter pour le choix plus ambitieux d’une démolition/reconstruction. À cette époque naissent les premières réflexions sur les faisabilités sur le terrain exigu qui était le nôtre et sur lequel était édifié un bâtiment de 7 000 m² dont le bail arrivait à échéance. L’immeuble était obsolète, encaissé, amianté, « énergivore », sans intérêt architectural, bref une gageure… Cette obsolescence désespérante nous tendait les bras si l’on peut dire ! Un signe ? J’y ai vu une très belle opportunité. Nous étions alors portés par l’optimisme du marché qui prévalait à l’époque. Nous avons choisi Hines France comme maître d’ouvrage délégué, puis composé ensemble « l’équipe Carpe Diem » : une vingtaine de bureaux d’étude et des certificateurs environnementaux avec lesquels nous avons pu approfondir notre réflexion initiale. Que faire sur ce terrain minuscule et enclavé ? La décision de la démolition s’est rapidement imposée. Dans le cadre du plan de relance officiellement lancé par l’État en 2007, nous nous sommes rapprochés de l’Epadesa… qui esquissait les réflexions urbaines sur la transformation du « circulaire » en boulevard urbain. Tel que vous le décrivez, le site apparaissait particulièrement contraignant. Le site était complexe, enclavé et encaissé, mais idéalement situé à la périphérie de la « Poire », la limite historique du quartier d’affaires, en bordure du boulevard circulaire. Cette contrainte s’est finalement révélée être une opportunité puisque Carpe Diem est devenue un trait d’union entre le parvis et Courbevoie. La création d’un escalier monumental en granit ouvre une liaison piétonne, nouvelle, utile, au cœur de ce quartier d’affaires. Carpe Diem s’associe ainsi à un geste d’urbanisme identifiable à La Défense.
Le diamant © 11h45
En parlant de Robert A.M. Stern, pourquoi avoir choisi cet architecte ? Dès 2007, nous avons réfléchi aux architectes et nous avons finalement retenu trois agences : celle du français Jacques Ferrier, du Britannique Norman Foster et de l’américain Robert A.M. Stern, moins connu à Paris, mais avec une réputation internationale bien établie. Ce dernier été retenu à l’unanimité du jury. Sa réponse à notre cahier des charges était parfaite ; fidèle à la fois aux souhaits du maître d’ouvrage et aux souhaits et principes de l’Epadesa. Le jury a également été sensible au dessin de Stern, à la fois sobre et audacieux, dont le profil des façades, lisses et pures à l’Est et à l’Ouest, en pointe de diamant au Nord et au Sud, confère à Carpe Diem une identité inédite dans la skyline du quartier d’affaires.
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En 2008, lors du retournement de la conjoncture, avezvous imaginé abandonner le projet comme certains de vos confrères ? Le choc financier de 2008 a inévitablement soulevé un certain nombre de questions : faire ou ne pas faire ? Notre conviction dans ce projet « raisonnablement ambitieux », vu à travers nos yeux d’investisseurs comme un projet emblématique de long terme, est restée forte tant nous étions persuadés que Carpe Diem serait une réponse aux futurs enjeux des entreprises (couple loyer/charge raisonnable pour un confort des occupants toujours plus exigeant) dans un quartier réputé en pleine mue dont le caractère international ne pouvait être nié. Après réflexion, nous avons décidé de poursuivre le projet dans le cadre plus ouvert d’un club deal avec un investisseur institutionnel qui partagerait notre vision à long terme. En janvier 2010, nous avons signé un partenariat avec le Crédit Agricole Assurance qui a rejoint Aviva France en tant que co-investisseur à parts égales. Aviva Investors Real Estate France conservait son rôle de manager de ce projet commencé trois ans plus tôt et doté d’un permis de construire sans recours ! Nous avons pu lancer dans la foulée la démolition et signer le marché de travaux avec le groupement d’entreprises Spie SCGPM/BESIX.
Contexte © 11h45
Le jury a également été sensible au dessin de Stern, à la fois sobre et audacieux, dont le profil des façades, lisses et pures à l’Est et à l’Ouest, en pointe de diamant au Nord et au Sud, confère à Carpe Diem une identité inédite dans la skyline du quartier d’affaires.
▶ La tour n’a que très peu évolué entre l’esquisse et le programme, sur quels aspects êtes-vous restée vigilante ? Je tenais à ce que Carpe Diem soit une tour militante pour l’environnement avec l’exigence d’une double certification environnementale HQE et LEED Gold ; cette dernière, certes encore quasiment inconnue en France à l’époque, a été réalisée et même dépassée puisque nous avons obtenu en avril 2013 le LEED Platinum. Je souhaitais aussi que nous ayons une tour économe en charges : Carpe Diem aura des charges locatives de 65 €/ m²/an qui représentent une économie de l’ordre de 50 €/ m²/an par rapport à celles d’un IGH d’ancienne génération. Nous avons également pris une option majeure pour le futur en optant pour une hauteur libre de 3 m à tous les étages. Cette hauteur offre aux utilisateurs des espaces de travail tout en clarté. Au dernier étage, nous avons souhaité soigner l’espace Club qui ouvre sur un jardin suspendu et offre un panorama unique sur Paris et la Seine. Vous décrivez une tour pleine de sens et de sensibilité. Cet immeuble de bureau est-il vraiment si particulier ? Tous nous avons fait en sorte de lui donner une âme. Nous avons aussi souhaité faire entrer l’art et la culture dans Carpe Diem ; plusieurs sculpteurs sont par exemple intervenus dans le jardin d’hiver et dans le hall, Quentin Garel, Stéphanie Buttier et Sabine de Courtilles. Un ferronnier d’art a réalisé les portes monumentales dentelées qui ferment la grande galerie et que l’on retrouve dans le restaurant. Dans l’étage témoin, nous avons choisi de mettre en scène des superpositions d’ambiance : ensuite, bien sûr, les utilisateurs seront libres de leurs aménagements, mais cela peut toujours leur donner des idées… Une attention particulière a aussi été accordée à la lumière. La décoration de Carpe Diem joue sur la palette du blanc, du gris, festonnée par des pointes de noir. Vous avez initié et suivi la construction de nombreux immeubles mais celui-ci semble vous tenir plus à cœur. L’aventure a duré six ans, quel bilan en tirez-vous ? C’est vrai, six ans au cours desquels presqu’une fois par semaine, parfois plus, nous nous sommes réunis avec Hines, les architectes, les entreprises, les bureaux d’étude, les collectivités, l’aménageur… parfois même les voisins. Notre chantier a été rude, complexe, acrobatique, schizophrénique… J’ai voulu à travers ce projet « réenchanter » les tours de La Défense en faisant de Carpe Diem un nouveau signe de jeunesse dans la skyline du quartier d’affaires. Aviva et Crédit Agricole Assurances ont souhaité une tour avant-gardiste qui a changé, je crois, pour longtemps les critères de référence habituels et qui se veut une tour joyeuse, attirante, douce à vivre. Je pense que notre souhait sera parfaitement exaucé le jour où les premiers utilisateurs s’approprieront cet espace nouveau que nous avons conçu pour eux.
Aviva Investors Real Estate France
• 3 milliards d’euros d’actifs immobiliers pour le compte des compagnies d’assurance, pour le compte d’investisseurs institutionnels tiers et de fonds immobiliers dont AIREF est le gérant (AFER IMMO notamment) • 70 % de bureaux et commerces • 30 % d’habitation
• 70 % de l’ensemble des immeubles gérés situés à Paris Joëlle Chauvin est présidente d’Aviva Investors Real Estate France. AIREF est historiquement en charge de l’asset / property management, fund management et investissement immobiliers des Compagnies d’assurance françaises du Groupe Aviva. AIREF est reconnu pour la qualité et la performance de ses prestations et bénéficie d’une expérience de plus de 180 ans en France. AIREF est la plate-forme française d’Aviva Investors et possède les cartes professionnelles de gestion et de transaction. Fin 2012, AIREF gérait près de 3 milliards d’euros d’actifs immobiliers. AIREF mène en 2013 une politique ambitieuse d'investissement avec un objectif de plus de 700 M€ pour le compte des compagnies d'assurance et d'AFER IMMO. L'international, avec l'Angleterre et l'Allemagne notamment, est également une piste de réflexion que AIREF mène actuellement.
Tous nous avons fait en sorte de lui donner une âme. Nous avons aussi souhaité faire entrer l’art et la culture dans Carpe Diem ; plusieurs sculpteurs sont par exemple intervenus dans le jardin d’hiver et dans le hall, Quentin Garel, Stéphanie Buttier et Sabine de Courtilles.
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Hall et jardin d'hiver Š 11h45
VIE DES ENTREPRISES La Défense constitue l’eldorado des grandes entreprises françaises et internationales. Comment vivent-elles au quotidien dans le premier quartier d’affaires européen ?
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ENTRETIEN Stéphane Potier de Roland Berger Strategy Consultants nous explique comment centralité rime avec performance économique.
Expliquez-nous en quoi Roland Berger était-il le plus à même de réaliser une étude sur l'immobilier? Stéphane Potier : Notre métier est d’assister les directions générales lors de décisions complexes, ou lors de transformations d’ampleur. La question immobilière se pose naturellement, qu’il s’agisse d’accompagner la mise en place d’une nouvelle organisation, de réaliser une intégration post-fusion ou plus simplement d’entreprendre un programme d’efficacité.
Les plus avancées des entreprises rencontrées font de leur stratégie immobilière un vecteur de transformation de l’organisation.
Quelle a été votre approche? Cette étude a été réalisée à partir de l’étude d’une vingtaine de cas d’entreprises, d’entretiens avec les responsables de la stratégie immobilière de ces mêmes entreprises, de rencontres avec les professionnels de l’immobilier, de l’analyse du contexte francilien, d’une enquête auprès de 2 500 salariés et de l’analyse des études académiques. Le point de vue adopté est celui du membre de direction générale qui pilote la stratégie immobilière – directeur général lui-même, directeur financier, DRH… À la lumière de cette étude, quel regard portez-vous sur le secteur? Il est multiple ! Tout d’abord, les décisions se focalisent trop sur les aspects financiers. Ensuite, il y a des effets de mode – typiquement, la migration des zones centrales vers un campus en périphérie. Nous nous interrogeons sur ces choix tant la valeur fondamentale de la centralité ressort comme déterminante. En revanche, la recherche de modernité et de regroupement de l’entreprise dans un même lieu correspond bien à la mutation rapide des modes d’organisation du travail des entreprises. Le critère financier serait selon vous trop important? Bien sûr, c’est l’un des grands paramètres de choix. Mais les processus de décision le surpondèrent au détriment des autres critères. D’une part, parce que les coûts induits ne sont pas pris en compte. Voici un exemple type : une entreprise quitte La Défense pour la première couronne nord. L’économie faciale par employé est de l’ordre de 3 600 euros par employé par an sur une base de 12 m2 par personne et d’un différentiel de loyer de 300 euros par m². Mais, premier accroc à cette logique, nous avons fréquemment constaté que l’entreprise est amenée à donner plus de m2 comme moyen de faire passer la pilule, disons 3 ou 4 m2, et à ajouter de nouveaux services, ce qui diminue l’avantage facial de 1500 euros par employé par an. Ensuite, d’après l’étude de cas concrets, une telle entreprise peut facilement perdre 5 à 8 % de travail effectif de ses cadres : temps de trajet du domicile passant de trente à quarante minutes, allongement des déplacements des commerciaux, liaison avec les autres sites ralentie… Ce qui représente économiquement une perte de productivité individuelle de 4 200 euros par an ; 3 600 euros d’économie faciale par employé d’un côté, 5 700 euros de coûts induits de l’autre côté, sans compter les impacts sur l’attraction et la rétention des talents, l’image... Cet exemple est simplifié, bien sûr, mais représentatif des résultats de notre travail de modélisation. Toutefois, il illustre la contribution de l’immobilier au-delà de la réduction des coûts.
Stéphane Potier
Ancien élève de Polytechnique et diplômé des Ponts et Chaussées, Stéphane Potier est directeur associé au sein de Roland Berger Strategy Consultants. Membre du centre de compétences services financiers, il pilote l’activité tournée vers les acteurs de l’immobilier.
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Quelles sont les autres dimensions à prendre en compte? Il y a les gains ou les pertes de productivité : allongement du temps de trajet et impact sur le temps de travail, sur l’absentéisme. Il y a aussi les gains d’efficacité des organisations : meilleure collaboration, transversalité renforcée, développement de travail en mode projet, proximité des clients et des centres de décisions réglementaires. Il y a enfin la capacité à attirer les talents en se plaçant dans des zones attractives, et en mettant en oeuvre de nouveaux concepts de bureaux. Pour schématiser, nous avons observé deux types de situation. Les entreprises touchées de plein fouet par la crise pour lesquelles les deux dimensions directrices sont l’économique – faire baisser le coût immobilier – et le risque psycho-social – faire « accepter » le déménagement. Si l'on comprend la logique, il y a lieu de s’interroger sur les effets à long terme. Les entreprises en croissance et certaines entreprises subissant la crise ont une réflexion plus équilibrée en mettant en balance les coûts et les autres facteurs. Les plus avancées des entreprises rencontrées font de leur stratégie immobilière un vecteur de transformation de l’organisation. Pouvez-vous nous donner quelques exemples? Nous ne pouvons citer les entreprises que nous avons interviewées pour des raisons évidentes d’éthique. Mais voici quelques cas. Celui tout d’abord d’une société de services leader dans son domaine, rachetée récemment par un grand groupe étranger. Les décisions immobilières étant centralisées, ce groupe a déménagé du croissant ouest vers la deuxième couronne dans une pure logique de baisse des coûts. L’équipe de management qui avait vendu ses parts a démissionné. Plusieurs cadres ont créé un spin-off en emportant une partie de la clientèle. Les comptes sont passés au rouge. Le management a été renouvelé une nouvelle fois et… a mis comme condition
sine qua non le retour vers les quartiers centraux. C’est le cas ultime de la surpondération du critère financier. Cet autre cas paradoxal d’une entreprise industrielle leader mondial dont le succès repose sur sa capacité à innover, et dont le directeur général nous confiait que les choix immobiliers n’étaient qu’une question de coûts alors que cette entreprise se bat pour attirer les meilleurs ingénieurs. Côté bonne pratique, il y a ce groupe industriel du CAC 40 qui subit une crise du sect eur sans pré- secteur précédent, mais qui a bien identifié que pour rester compétitive à long terme, elle devait rester attractive pour les ingénieurs chercheurs de la jeune génération Y, et que son projet immobilier devait en tenir compte. Ou cet acteur des services financiers qui a fait de son projet immobilier un vecteur de changement profond de ses modes de travail en créant de la transversalité. Un des problèmes est d’objectiver ces choix. Comment procéder? S’agissant des coûts, les entreprises sont plutôt bien armées, même s’il y a valeur à aller plus loin dans la compréhension des montages juridiques et financiers. Un acteur des services financiers a ainsi un département immobilier aussi performant dans ce domaine que les meilleurs professionnels. Nous donnons un aperçu de ces éléments dans notre étude. Ensuite, s’agissant des coûts cachés, il y a plusieurs indicateurs. L’allongement du temps de trajet est simulable et la perte de temps de travail correspondant chez les cadres peut être extrapolée. Le taux d’absentéisme est mesuré dans le bilan social – plusieurs acteurs nous ont cité des taux de baisse de l’absentéisme de 15 à 20 % lors de déménagements vers des bâtiments modernes. L’impact du taux d'attrition lors d’un déménagement – de 10 à 30 % sur les populations les plus exposées – est à analyser en fonction du risque opérationnel. Les meilleures pratiques incluent un volet immobilier très fourni dans leur baromètre social – capacité à se concentrer, effi cacité de com- efficacité communication avec son service et avec les autres départements, plaisir à être sur son lieu de travail, etc. Enfin, certains acteurs tout en aval de la chaîne – les conseils
aux utilisateurs – et tout en amont – les promoteurs qui investissent dans de nouveaux bâtiments modernes –, ont des cadres de réflexion prenant pleinement en compte ces dimensions. En résumé, les outils existent pour ceux qui veulent explorer de manière objective ces dimensions. Vous mentionniez la mode des campus en introduction. Qu’en est-il? C’est effectivement un concept à la mode. Le campus recouvre plusieurs réalités. Le désir de regrouper l’entreprise dans un même lieu, tout d’abord. Cette recherche d’unicité fait face à un enjeu majeur : la disponibilité de l’offre de grande taille. Au vu des transactions opérées entre 2007 et 2011, ce sont la deuxième couronne, Paris hors QCA et La Défense qui ont concentré cette offre (165 000, 130 000 et 117 000 m2). À l’horizon 2016, la tendance s’affirme en faveur de La Défense qui offrira 780 000 m2 de surfaces supérieures à 30 000 m², plus de deux fois plus que Paris hors QCA. La meilleure communication au sein de l’entreprise est le deuxième objectif des campus. Si cela est vrai pour une population jusqu’à 200 personnes – mieux vaut un étage de 2 500 m2 que cinq étages de 500 m2 –, cela nous semble moins pertinent audelà. Il faut avoir travaillé dans un campus de plusieurs milliers de personnes pour comprendre que passer d’un bâtiment à l’autre est aussi contraignant que de passer d’un étage à l’autre dans une tour. Factuellement, le temps de déplacement peut être même plus long ! De plus, le campus est fermé sur lui-même. Un autre argument est une meilleure créativité grâce à des espaces communs favorisant les rencontres. La clé est de créer des espaces où les flux se croisent. Cela fonctionne naturellement dans un campus étudiant. Les entreprises comme Google mettent à disposition des lieux ludiques adaptés à des populations ayant un profil de créatifs. Nous sommes plus dubitatifs lorsqu’il s’agit de populations de sièges où les flux interbâtiments semblent ne se croiser qu’à l’heure du déjeuner. Il y a en revanche deux facteurs qui ex- pliquent les mouvements récents vers des campus : la disponibilité de surface et les délais. Il n’y a aujourd’hui pas de surface disponible à Paris ou à La Défense qui puisse accueillir plus
57 de 80 000 m2, sachant que deux mouvements récents vers des campus correspondent à des surfaces de 130 000 m2 et de 170 000 m2. Ces projets ont mis trois à quatre ans à sortir de terre, alors qu’il faut dix ans pour construire l’équivalent à La Défense. La donne va probablement changer avec la mise sur le marché de nouvelles tours modernes – Majunga, Carpe Diem, Phare, D2… Quels sont en conclusion les conseils que vous donneriez à un dirigeant d’entreprise? Tout d’abord d’être plus large dans l’appréhension de la problématique : le coût immobilier bien sûr, mais aussi les gains d’efficacité, l’attraction des talents et la mise en place d’une nouvelle organisation du travail. L’immobilier est un des leviers les plus puissants pour imprimer des changements en matière de culture d’entreprise et d’organisation. Ensuite, l’entreprise aura à se positionner sur trois grands axes : l’unicité de sa pré- présence en un seul lieu, la centralité de sa localisation, la modernité de son bâtiment. Concrètement, quelques schémas types restent des valeurs sûres. Pour les grands groupes : état-major dans le quartier central d’affaires et siège à La Défense (ex. Groupe EDF, Axa) à quinze minutes de distance, ou ensemble du siège à La Défense (Société Générale, Total, Saint-Gobain), avec les populations dans des zones à loyer plus faible. Pour les ETI, le choix est élargi au croissant ouest de la première couronne. Et pour les services professionnels, le standard reste Paris intramuros ou La Défense en fonction de la taille de l’entreprise. Novembre 2012.
Le coût immobilier, les gains d'efficacité, l'attraction des talents et la mise en place d'une nouvelle organisation du travail impriment des changements en matière de culture d'entreprise et d'organisation.
La Défense, territoire polymorphe, profite d’une vaste politique culturelle. Centralités analyse les aspects marquants et les temps forts de l’animation du quartier d’affaires.
CULTURE
LE MUSEE A CIEL OUVERT
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Avec le projet de musée à ciel ouvert, Defacto apporte cette identité culturelle forte qui manquait au quartier de La Défense. Le parcours reflète une recherche de cohérence et de visibilité pour les 67 œuvres de la collection jusqu’ici éparpillées sur la grande dalle bien connue des habitués.
Depuis 2009, Defacto veut faire rimer monde du travail, culture et bien-être. Persuadée qu’ « il ne peut y avoir de développement économique sans culture, ni de développement culturel sans économie », Katayoune Panahi, sa directrice générale, souhaite valoriser ce patrimoine exceptionnel initié par la commande publique, créer des synergies avec les collections des grandes entreprises du site et promouvoir un modèle unique en son genre dans cette configuration et à cette échelle. Propos recueillis par Alexandra Fau
Quel est le public ciblé à travers ce projet de musée à ciel ouvert ? Katayoune Panahi : La Défense devrait devenir un pôle culturel majeur du Grand Paris. Nous ciblons donc le grand public, les Franciliens, les métropolitains, les visiteurs internationaux et les touristes. Quels sont les atouts d’un site comme La Défense ? D’un point de vue géographique, le quartier prolonge l’axe historique majeur jalonné d’institutions culturelles. De plus, La Défense est située dans le prolongement de la Vallée de la culture développée par le département des Hauts-de-Seine, une zone culturelle en émergence qui a vocation à se poursuivre le long de la Seine, de l’île SaintGermain ou l’île Seguin, en passant par le jardin AlbertKahn. Le site se distingue également par son patrimoine architectural et urbain d’exception, son skyline étant un repère visuel de référence au sein de la métropole. Enfin, La Défense reste à ce jour le seul quartier d’affaires à bénéficier d’une telle densité d’œuvres d’art. Quels sont les enjeux du musée à ciel ouvert ? Comment faire vivre ce musée ? Il nous importe de mettre en valeur les œuvres existantes dans un parcours plus cohérent. Le rassemblement sur l’axe central de certaines sculptures est à l’étude. Les œuvres gagneront également en lisibilité grâce à la scénographie, la mise en lumière, la cartellisation et un accompagnement pédagogique dédié. Le cabinet Frenak et Jullien a remporté le concours de maîtrise d’œuvre. Comment leur projet s’est-il démarqué ? Leur proposition de mise en lumière était très judicieuse, sans effet de théâtralité. Ils ont également envisagé la création d’un belvédère offrant une vue sur l’ensemble de la collection.
Alors que vous abordez la phase concrétisation du projet, quelles sont les contraintes spécifiques à La Défense ? La Défense est un site très complexe notamment en termes de charges et d’éclairage (réseau de câbles souterrain). Avant de déplacer les œuvres, il faut savoir quelles charges les dalles peuvent supporter. Et cela reste complexe d’intervenir sur les œuvres car il faut obtenir l’accord des ayant droits et bien sûr ne pas dénaturer l’œuvre. Dans quel état se trouvent les œuvres dont la plus ancienne date de 1883 ? Fort heureusement, nous ne rencontrons aucun problème de détérioration liée aux incivilités, alors qu’il n’y a pas de barrière, ni de gardiennage spécifique. Seul dommage, et encore bien anecdotique, l’arrachage des petits carrelages du bassin d’Agam que les touristes rapportent en souvenir. Dans le cadre de la valorisation, nous allons reprendre certaines œuvres en entretien et en maintenance. Ce bassin retrouvera toutes ses fonctionnalités y compris la variation des jets d’eau en fonction de l’intensité musicale selon le souhait de l’artiste. Est-ce que le parc de sculptures va évoluer dans le temps ? L’objectif est de voir comment compléter la collection, ce qui fait pleinement partie de la mission de maîtrise d’œuvre. Avant de lancer la commande, il faut cependant définir le type d’œuvre souhaité : sculpture, œuvre lumineuse, musicale…
DEFACTO
Financé pour partie par les collectivités locales (1/4 du budget) et par les recettes d’exploitation de son domaine, Defacto a pour mission depuis 2009 la gestion, la promotion et l’animation de l’espace public de La Défense. Propriétaire des ouvrages et des espaces publics du site, il est en charge de l’entretien et du renouvellement de ses infrastructures. L’Établissement public de gestion du quartier d’affaires de La Défense a lancé un concours auprès de scénographes, muséographes, concepteurs lumière et concepteurs numériques pour répondre à sa problématique de valorisation du patrimoine artistique, qui, malgré sa valeur, reste souvent méconnu des utilisateurs du site.
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Liste non exhaustive des œuvres d’art à La Défense : De gauche à droite et de haut en bas : la Fontaine monumentale de Yaacov Agam Création : 1975-77 Implantation : 1988 le Bassin Takis de Takis Implantation : 1988
L’Araignée d’Alexander Calder Création : 1974 Implantation : 1976 les Personnages de Miró Implantation : 1976
La Défonce de François Morellet Implantation : 1990 la Cheminée végétale d’Édouard François Implantation : 2004
Slat de Richard Serra Création : 1983 Implantation : 2007 Le Pouce de César Création : 1965 Implantation : 1994
Il nous importe de mettre en valeur les œuvres existantes dans un parcours plus cohérent.
Amanda Mofy et Chloé Bardin ont contacté de nombreux artistes ayant pratiqué leur art à La Défense. Parfois présentée par les ayant droits des plasticiens, la genèse des œuvres est narrée avec passion et enthousiasme.
BERNAR VENET
Que représente pour vous La Défense ? Bernar Venet : Ma première pensée est la suivante : La Défense est avant tout le site où se trouve, à ma connaissance, le plus beau stabile de Calder. C’est une intégration formidable, une convaincante démonstration de ce que peut offrir la sculpture monumentale dans le paysage urbain. Pourquoi avoir accepté de travailler sur cet espace ? Quels étaient les enjeux ? Lorsque Christian Pellerin m’a proposé d’installer une œuvre à La Défense, j’ai accepté cette invitation avec beaucoup d’enthousiasme pour diverses raisons. D’abord parce que ma carrière de sculpteur était toute nouvelle à l’époque (1988) et que je n’avais pas eu souvent l’occasion de créer des œuvres de dimensions importantes. Seules les Lignes indéterminées d’Épinal et de Norfolk aux États-Unis, les Arcs de Berlin, de Nice, de Belley et l’Angle d’Austin m’avaient permis de m’exprimer à grande échelle. L’espace que l’on me proposait pouvait me permettre de créer une œuvre qui allait compter dans le cadre de mon travail. Il fallait aussi que cette sculpture puisse se mesurer aux quelques chefs-d’œuvre déjà installés sur le parvis de La Défense. Un véritable challenge qu’il m’a fallu prendre très au sérieux.
Que pensez-vous de ce musée à ciel ouvert à La Défense ? C’est un bel exemple trop rare en France et ailleurs… non loin de la capitale, il est bien situé. On regrettera peut-être que les acquisitions n’aient pas suivi le rythme des années 1980… C’est peut-être une question d’espace disponible ou bien un problème économique. Je connais maintenant très bien aux États-Unis les responsables d’acquisitions d’œuvres d’art pour la ville de Denver au Colorado, pour y avoir installé devant le Convention Center une sculpture importante. L’application du 1 % pour tout immeuble construit y est strictement respectée. Le résultat est spectaculaire car cette ville est devenue un véritable musée et un modèle pour tous les responsables de projets semblables. Que représente pour vous l’art dans l’espace public ? De toute évidence, l’art dans l’espace public est une nécessité… un devoir de la part des élus et une expérience d’initiation à l’art contemporain pour les citadins. Néanmoins, avouerais-je que je préfère voir un bel arbre sur une place publique qu’une mauvaise sculpture…
Né en 1941 dans les Alpes-de-Haute-Provence, Bernar Venet se distingue dans la sculpture monumentale en acier, à la suite d'un César ou d'un Arman. Son actualité l'a mené aux jardins du Palais du Pharo à Marseille, dans le cadre de Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la Culture, où il présente 84 Arcs / Désordre 2013.
Était-ce un challenge différent des autres ? Je ne dirai pas que le challenge était plus difficilement gérable que les autres. Les espaces proposés par les villes, suivant leur taille et leur environnement, vous dirigent vers des solutions formelles chaque fois différentes. La prise en compte des contraintes et des données objectives à l’intérieur desquelles on nous propose d’intervenir impose un ensemble d’interrogations auxquelles il faut répondre. En ce qui concerne La Défense, très rapidement j’ai pensé qu’une double ligne indéterminée de dimensions conséquentes pourrait créer un contraste intéressant entre son aspect tortueux et baroque et l’environnement froid et géométrique des immeubles qui l’entouraient. Est-ce que vous avez dû adapter votre méthode de travail ? Pas vraiment, bien que les dimensions imposantes de cette sculpture réalisée dans un atelier niçois compliquaient son installation sur ce site qui peut paraître encaissé. Rien n’est facile lorsque l’on s’engage dans des formats pareils mais j’aime répéter que « si les Égyptiens on fait les pyramides, rien aujourd’hui ne devrait nous paraître impossible ».
Double ligne indéterminée, Bernar Venet
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Hôtel de ville Châteaugiron, FR
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Igor Mitoraj
La Défense en construction, lieu propice à la création artistique. Le Grand Toscano est une commande du ministre de la Culture de l’époque, Jack Lang, qui voulait une sculpture monumentale. Quelques années plus tard, j’ai réalisé Ikaria à la demande du promoteur de La Défense, Christian Pellerin. Deux autres œuvres ont suivi : Tindaro et Colosse. J’ai également participé à la construction de la tour KPMG. Ce projet est important pour moi car il est la matérialisation de ma collaboration avec des peintres, des architectes et Christian Pellerin. Je suis arrivé dans un espace en construction, les tours n’étant pas encore toutes installées. J’ai donc pu entièrement dessiner les places autour de mes sculptures, créer un espace tel que je le souhaitais. En m’installant à La Défense, je voulais instaurer un contraste entre l’architecture contemporaine et mon art figuratif. C’était un moyen pour moi d’humaniser le lieu. Des œuvres résistantes au temps et à la lassitude. Les œuvres sont monumentales : ce sont de grandes pièces de 8 m de hauteur, que j’ai commencé par mouler en terre. Le vent qui souffle de temps en temps à La Défense m’a obligé à en modifier la structure interne. J’ai dû les renforcer en acier inox pour qu’elles puissent résister aux intempéries. Et pourtant, lorsqu’on est face à ces colosses, ils semblent abîmés par le temps, en partie détruits, comme des statues de l’Antiquité. Je les ai voulues ainsi, incomplètes. De ce fait, elles sont pour moi plus captivantes que si elles avaient été complètes, car ces œuvres auxquelles il manque quelque chose permettent de réveiller l’imaginaire de celui qui regarde. Le musée à ciel ouvert fait vivre davantage les œuvres d’art. Ce musée à ciel ouvert de La Défense est un des plus grands musées d’Europe d’art monumental. Cet art en plein air est selon moi beaucoup plus intéressant car il implique un lien avec l’architecture et il permet aux passants d’avoir un contact plus direct avec l’œuvre. Dans les musées, « l’art est stérilisé », il y a une grande distance entre celui qui regarde et l’objet d’art. L’art public permet d’enlever les barrières physiques et mentales, on peut tourner autour des œuvres, les toucher, parler juste à côté. Cela leur donne plus de vie que dans un musée, elles interagissent avec le lieu dans lequel elles sont.
Le Grand Toscano, Igor Mitoraj
Propos recueillis par Chloé Bardin auprès d'Igor Mitoraj.
Sculpteur d’origine polonaise, né en 1944, Igor Mitoraj vit depuis 1968 entre Paris et Pietrasanta, en Italie. En 1981, il réalise sa première sculpture monumentale, Grand Toscano, aujourd’hui à la Défense. À La Défense, on peut admirer depuis 1997 la monumentale tête Tindaro devant la tour KPMG, et, depuis 2000, trois nouvelles sculptures Ikaria (tour Adria), Ikaro (tour Ernst & Young) et Centurion (tour Fiat). Tindaro, Igor Mitoraj
65 Un espace créé par l’artiste. Piotr Kowalski est intervenu à La Défense quand celleci était encore en construction. L’Epad a fait appel à lui pour organiser un espace vide qui se dessinait entre quatre gratte-ciel au niveau du pôle sud de la Défense. Il fallait aménager cet espace piéton, ce « no man’s land » sans « paysage ».secrétariat général nouvelles d’Île M. Kowalski soutient qu’« il fallait inventer un paysage urbain [pour cet espace] c’est-à-dire lui trouver une fonction urbaine ». Son but était de lier les trois niveaux qui composaient cette future place grâce à un Grand Escalier en pente très douce, afin de créer « un paysage qui monte doucement ». Ce Grand Escalier était « conçu comme un espace urbain généreux, un espace où s’asseoir et flâner, un espace pas étroitement fonctionnel ». Tout l’espace est investi par l’artiste, qui a modelé le lieu selon sa vision, demandant notamment à faire planter cinq ou six magnolias, pourtant très chers, et dessinant lui-même les lampadaires qui éclairent la place la nuit. Le spectateur peut être intrigué par cette ligne rouge au sol, et cette fourche bleue. Il y a probablement une volonté de l’artiste de donner un point de repère aux yeux de celui qui est présent. C’est aussi un rappel de la symétrie et de la géométrie, de la science que M. Kowalski jugeait liée à l’art. La science indissociable de l’art. Cet espace a été appelé place Pascal car M. Kowalski a choisi de reproduire au sol, par image numérique, le portrait de Pascal. Le choix de représenter Pascal n’est pas anodin. M. Kowalski travaillait beaucoup avec l’informatique, car il cherchait à être toujours au fait de ce qui se faisait de plus nouveau. Ainsi, ses œuvres, le Grand Escalier et la place des Degrésdegrés, sont calculées et créées numériquement. Il soutenait que « l’art [ ] est fait par des nomades d’un côté, et par des appareillages très sophistiqués de l’autre ». Or il considérait que le mathématicien Pascal était celui qui avait inventé une des bases de l’ordinateur, ayant imaginé et créé la première machine à calculer mécanique en 1642, la pascaline. M. Kowalski a encouragé la collaboration entre scientifiques et artistes, collaboration qu’il a pu expérimenter lorsqu’il travaillait au MIT aux États-Unis. Cette place et cet escalier sont donc représentatifs de la manière dont il créait, comme le montre notamment l’échange entre Félix Guattari et l’artiste en 1989, retranscrit dans L’Art et la Ville, urbanisme et art contemporain, édition Skira, Paris, 1990 : « Cet univers qui est le nôtre est fabriqué par la machine, et je travaille à travers la machine, à travers l’industrie ; je n’apporte pas la nature brute, j’apporte celle qui est travaillée. (…) À La Défense, par exemple, je me suis servi de deux (…) outils : d’une part de la géométrie d’espace et des objets, de celle inventée par les Grecs, et qui est toujours vivante pour nous ; donc d’une tradition à reprendre, d’un accrochage à cette géométrisation d’espace qui est encore opérante aujourd’hui à travers la perspective, et à travers la symétrie. D’autre part de la tradition arabe qui est celle du nombre, de la permutation, et qui nous a menés jusqu’à l’ordinateur, jusqu’à la numérisation de notre monde et de nos outils. »
L'Escalier, Piotr Kowolski
PIOTR KOWALS KI Un artiste de l’espace public. Il accordait beaucoup d’importance à l’art dans l’espace public. Il considérait cela un peu comme une « intervention sociale de l’artiste ». Il ne faut pas oublier que M. Kowalski avait été architecte avant d’être artiste, c’est ainsi qu’il a commencé et il a toujours conservé cette attention au lieu, cette volonté de créer pour des espaces publics. Il travaillait en collaboration avec des architectes parce qu’il avait besoin de permis. Mais M. Kowalski a abandonné son « titre » d’architecte pour ne se consacrer qu’à l’art. Cet art reste malgré tout marqué par l’architecture, et, en 1972, il a répondu à l’appel de Germain Viatte, qui cherchait à aménager La Défense. Il avait proposé de construire une petite autoroute en hauteur pour sortir de La Défense, éclairée par de grands lampadaires. Son projet n’a pas été accepté. L’art dans l’espace public était d’autant plus important pour Piotr Kowalski qu’il considérait que son travail était compréhensible par tous, que son art n’était en aucun cas élitiste. Propos recueillis par Chloé Bardin auprès d'Andrea Kowalski, veuve de Piotr Kowalski. Né en 1927 à Varsovie, Piotr Kowalski étudie les sciences et l’architecture au MIT à Cambridge, puis devient architecte et développe de nombreux projets de sculpture et d’habitation qui se veulent à la pointe de la technologie. Ayant travaillé avec I.M. Pei, Marcel Breuer, Jean Prouvé, il réfléchit très vite à la possibilité d’intégrer l’art au tissu urbain. Dans toute son œuvre, l’action de la science sur la conception artistique est constante.
Photographe illustrateur, Philippe Ughetto collabore à différents groupes de presse et maisons d'édition. De par son travail en studio et en extérieur, il s’interroge et nous interroge sur la perception de la réalité et la difficulté à déchiffrer celle-ci.
Fresque photographique, Jardin aromatique, centre commercial les Quatre Temps, La Défense, Philippe Ughetto, juin 2013 © Philippe Ughetto, avril 2006
TTO PHILIPPE UGHE
Que représente pour vous La Défense ? Philippe Ughetto : Tout d’abord un souvenir d’enfance. Mes parents nous avaient conduits avec mon frère et ma sœur sur ce qui était dans les années 1960 un vaste chantier pour nous montrer le second symbole du développement de Paris, après nous avoir fait découvrir Orly. Plus tard j’ai acheté une petite maison plantée au pied des tours. C’était la maison de Sempé ! Pourquoi avoir accepté de travailler sur cet espace ? Quels étaient les enjeux ? Comment refuser ! On m’offrait une galerie ouverte à des milliers de gens et un espace de jeu extraordinaire ! Quant aux enjeux techniques ou matériels ils étaient évidemment à la taille du projet mais je n’ai jamais voulu les dramatiser ou les surestimer. Je ne crois pas du reste que le commanditaire fut autrement impliqué dans ce projet. Il restait donc un enjeu artistique personnel. Heureusement le concept du serpent avait été clairement défini avec l’agence Saguez & Partners qui gérait la communication visuelle. Je n’avais plus qu’à « remplir les cases ». Très rapidement j’ai imaginé une story telling qui m’a permis de travailler assez sereinement sur le projet d’autant que la collaboration avec l’agence Saguez & Partners s’est très bien passée. Était-ce un challenge différent des autres ? Bien sûr ! Je devais réaliser ce qui doit être l’une des plus grandes fresques photographiques existantes : plus de 150 panneaux, avec certes des contraintes très fortes (une animation lumineuse entre chaque panneau, un cheminement complexe en serpent, des panneaux de tailles différentes, un positionnement très en hauteur) mais beaucoup de liberté et le respect de mon approche photographique. Le challenge était à la fois dans l’ampleur du projet, il me fallait trouver un rythme, une respiration et un souffle à
l’ensemble ce qui sur un développé de plus de 200 m ne m’était absolument pas familier. Et il y avait une contrainte temps importante, sans parler de l’aspect technique quant au rendu. Est-ce que vous avez dû adapter votre méthode de travail ? À ce moment-là je travaillais majoritairement en argentique et en format 4x5. Pour respecter les contraintes de temps et de budget il était impensable de travailler ainsi. Heureusement, je réalisais déjà certains projets en numérique, mais à cette échelle-là et dans des rapports d’agrandissements importants, c’était une véritable découverte. Tous les visuels ont été donc été réalisés en numérique en effectuant parfois plusieurs shoots pour obtenir une qualité maximale et les fichiers définitifs ont été préparés par mes soins. De plus nous n’avons pu réaliser les tests d’impression et disposer de caissons rétro-éclairés que tardivement ce qui était pour moi une véritable inquiétude quant à l’aspect final. Je n’ai découvert l’ensemble du montage que le jour de l’inauguration. Les 152 impressions avaient été installées dans la nuit ! Que pensez-vous de ce musée à ciel ouvert à La Défense ? C’est sans doute là une des grandes réussites de La Défense, qui a su intégrer un véritable musée. Partout où vous vous promenez, où les enfants jouent, l’art est présent et habite un grand nombre d’espaces : les habite et les fait vivre. Je ne pense pas d’ailleurs qu’on puisse dissocier La Défense de Calder ou des personnages de Miró sans oublier bien sûr le CNIT de Pouvreau. Un pari totalement gagné. Que représente pour vous l’art dans l’espace public ? Ce qu’a réussi La Défense, où l’art fait partie intégrante de l’espace, s’insère et interagit dans la vie des gens. Un art totalement participatif qui enrichit non seulement les lieux de vie mais aussi le quotidien de chacun. Un art pour tous, ce qui ne signifie pas forcément accessible à tous mais auquel chacun peut se confronter.
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GUY-RACHEL G
RATALOUP
Un projet monumental. J’ai été contacté par un architecte de La Défense pour transformer une cheminée d’aération en œuvre d’art. Le projet était imposant, mais je suis habitué à l’art monumental (ou art urbain), ayant fait par exemple le grand vitrail de l’hôpital Saint-Louis. Néanmoins, le projet restait de très grande envergure : il représentait près de 850 m2. Il a fallu trouver les moyens techniques pour le mettre en place, à commencer par le lieu de réalisation. J’ai dû d’abord créer ma mosaïque à plat, et, pour ce faire, il me fallait 1 000 m2 au sol. J’ai trouvé une partie d’un tel espace dans des hangars près de Toulouse, et le reste a été réalisé à l’ENS de Cachan. Cette œuvre a été une des premières à être réalisée numériquement : c’est de la mosaïque informatique. C’était l’occasion de transposer ma peinture sur un volume dans un espace public. « Le nouveau symboliste ». Je fonctionne beaucoup avec la symbolique, à tel point que, lors d’une exposition en Allemagne, on m’a surnommé « le nouveau symboliste ». L’arbre que j’ai choisi est un arbre japonais, dont les ramures sont tourmentées, complexes, symboles de vie. Les trois rayons lumineux qui tombent du haut sont un symbole de dépassement de l’être humain. Les Trois arbres est à la fois une sculpture, une peinture, une mosaïque et un monochromatisme. Le musée à ciel ouvert : vitrine de l’art contemporain. Pour moi, il est essentiel que ce musée existe car il donne à voir une vision globale de ce que peut être l’art contemporain. C’est un signe, un symbole d’éclectisme, une réelle représentation multiculturelle dans un univers très structuré. En ce sens, c’est un musée quasiment unique et indispensable. D’autant plus qu’il est un moyen de sensibiliser les passants à l’art, car, même s’ils sont peu attentifs aux œuvres qu’ils voient, des images presque subliminales leur restent, et ils peuvent éprouver l’art contemporain, en avoir la sensation. C’est, selon moi, le rôle de l’œuvre d’art dans les lieux publics. Néanmoins, je crois que les créations artistiques qui pourront se faire plus tard ne peuvent et ne doivent pas être plus grandes que cette cheminée que j’ai réalisée, car elles perdraient leur sens dans ce musée. Elles annuleraient ce « pointillisme culturel », s’en extrairaient et fonctionneraient de manière autonome. Propos recueillis par Chloé Bardin auprès de M. Grataloup.
Né en 1935 dans l’Ain, Guy-Rachel Grataloup assiste aux cours du soir de l’École des beaux-arts de Lyon de 1953 à 1956. Ses premières œuvres monumentales sont réalisées dans les années 1970. Après de nombreuses commandes et expositions en France et à l’étranger, l’artiste est sollicité par la ville de Chevreuse pour la réalisation de vitraux d’un ancien prieuré du XIe siècle.
La Cheminée, Rachel Guy Grataloup, 1971 © Michel Jacobs La Cheminée, détail, Rachel Guy Grataloup, 1971 © Cary Greisch
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CATHERINE FEFF
Que représente pour vous La Défense ? Catherine Feff : Nous avons beaucoup de chance que quelques esprits éclairés aient conçu et réalisé La Défense. C’est est un écrin pour les plus belles architectures du XXe siècle, voire du XXIe. Pourquoi avoir accepté de travailler sur cet espace ? Quels étaient les enjeux ? Pour moi, les enjeux étaient simples : laisser une trace de « poétique » dans un univers très minéral et relativement austère. Je suis fière de faire partie des artistes chanceux qui sont intervenus à La Défense. Était-ce un challenge différent des autres ? Pour moi, chaque réalisation est un challenge et j’essaie de donner le meilleur de moi-même. Est-ce que vous avez dû adapter votre méthode de travail ? Les techniques de réalisation picturales sont toujours traitées avec la méthodologie qui donnera les meilleures garanties de résistance dans le temps. Pour ce qui est de la création, chaque fois que je propose un sujet, j’essaie de trouver un visuel qui s’intègre bien dans l’environnement, à la fois sur le plan humain, sur le plan architectural, sur le plan historique, etc. C’est pour cela que chaque œuvre est différente sur le plan créatif, en revanche les techniques de réalisation sont strictes.
Il y a eu une année entre la création des deux œuvres. Les avez-vous abordées différemment pour ce même site ? J’ai abordé les sujets différemment du fait que les formats sont différents et que les sites sont différents. Ce n’est pas la question du timing qui change la façon d’aborder les choses, à mon sens, mais plutôt la configuration géographique et le format. Que pensez-vous de ce musée à ciel ouvert à La Défense ? Je pense que ce musée à ciel ouvert est formidable. Il ajoute une note sensible, une quatrième dimension au domaine de La Défense. C’est une grande réussite. Que représente pour vous l’art dans l’espace public ? Partout où cela est possible, il faut encourager l’art dans l’espace urbain de façon pérenne ou de façon événementielle. Rien n’est plus positif que de découvrir, au détour d’une rue, une œuvre d’art, une note sensible qui apporte une surprise à laquelle on ne s’attend pas.
Les Coquelicots, Catherine Feff © Catherine Feff
Diplômée de l'école nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris et après une expérience de journaliste styliste, Catherine Feff décide de remettre au goût du jour la technique du trompe-l'oeil : elle se passionne ainsi pour le faux bois, le faux marbre et commence à réaliser des peintures figuratives pour les particuliers ou pour les professionnels. Très vite cette activité prend un bel essor avec la réalisation de murs peints et de toiles peintes sur les échafaudages.
LA DÉFENSE ET LE GRAND PARIS Dans le contexte de reconfiguration de Paris et de sa banlieue, La Défense doit elle aussi muter. Chaque numéro de Centralités analysera l’un des points d’ancrages du quartier d’affaires dans le Grand Paris.
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LES TRANSPORTS
Carte 1 - Le nouveau Grand Paris
La DEfense dans la mEtropole francilienne : une attractivitE renforcEe Polarité économique majeure de l’ouest francilien, le quartier d’affaires de La Défense est un moteur et une vitrine à l’international de la région Île-de-France. Conforter son effet d’entraînement sur le développement métropolitain et maintenir sa compétitivité dans le cercle très concurrentiel des quartiers d’affaires européens conditionnent la vitalité économique de l’agglomération parisienne. Ainsi, conjointement à la montée en puissance de pôles économiques complémentaires (Paris-Nord-Est, Orly, Descartes…), la stratégie qui préside au développement économique de la région francilienne à l’horizon 2030 se fonde sur le renouvellement de l’attractivité des pôles à rayonnement international, au premier rang desquels figure La Défense. Renaud Roger, Économiste Urbaniste, IAU Île de France
Ce renouvellement de l’attractivité passe en premier lieu par une amélioration significative de l’offre de transport en commun. Au regard du projet d’extension du réseau des transports en Île-de-France acté en mars 2013 (cf. carte 1 – Le Nouveau Grand Paris), la position privilégiée du pôle de La Défense dans le réseau de transports métropolitains sera confortée. Dès 2020, le prolongement du RER E de Haussmann-Saint-Lazare vers Mantes-la-Jolie améliorera les dessertes vers la Seine-Aval et Paris-Nord-Est. À l’horizon 2025-2027, la connexion à la nouvelle ligne 15 du métro permettra de relier directement La Défense à l’ensemble des grands pôles économiques de première couronne (Saint-Denis, Boulogne, Issy-les-Moulineaux, Montrouge, Villejuif, Rosny, Val-de-Fontenay…). Enfin, à plus long terme, il est envisagé de prolonger la ligne 18 jusqu’à La Défense, permettant une liaison avec Massy et l’aéroport d’Orly. À terme, ce nouveau maillage répondra à l’objectif de fonctionnement en réseau du quartier d’affaires de La Défense avec les autres pôles urbains franciliens, y compris ceux disposant de forts potentiels de développement, qui lui sont complémentaires. Concomitamment à l’amélioration de l’efficacité fonctionnelle des grands pôles urbains franciliens, le développement d’une offre immobilière compétitive répondant aux enjeux de l’efficacité environnementale est un objectif essentiel pour conforter ou assurer l’attractivité des polarités économiques franciliennes. L’enjeu est autant l’expansion du parc immobilier, dont la mise en service progressive du Grand Paris Express est un puissant levier, que sa modernisation. La localisation des programmes de bureaux d’envergure projetés à l’horizon 2020 (cf. carte 2 – Projets de bureaux > 30 000 m² à l’horizon 2020)
illustre ces deux dynamiques à l’œuvre. D’un côté, l’émergence et la montée en puissance de nouvelles centralités économiques se traduisent par le développement d’une offre tertiaire sur de nouveaux territoires. Sur le segment de très grands utilisateurs, l’offre proposée sur ces territoires se matérialise par la création de campus tertiaires (Éco-Campus à Châtillon, Massy Campus, Campus Valde-Fontenay…). De l’autre, le renforcement des pôles existants se traduit par une intensification du processus de renouvellement du parc immobilier et une densification de l’existant. À ce titre, le quartier d’affaires de La Défense est particulièrement bien engagé dans le traitement de l’obsolescence de son parc. Entre 2009 et 2020, 1 160 000 m² de programmes tertiaires neufs sont attendus, dont 430 000 m² de surfaces nouvellement créées, 250 000 m² de surfaces restructurées et 480 000 m² de surface démolies/reconstruites.
La modernisation de la desserte en transport et de l’offre tertiaire supérieure doit s’accompagner d’une politique de développement de la mixité et de la diversité fonctionnelle.
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Carte 2 - Projets de bureaux
La connectivité : condition de l’attractivité 1- Conforter la desserte actuelle (2011-2017) La gare de Nanterre-Préfecture (2011) Située sur la ligne A du RER, elle a fait l’objet d’une vaste rénovation et d’une amélioration de son accessibilité avec la création de trois nouveaux accès directement sur les Terrasses. La fluidité, la sécurité, l’information, les services ont ainsi été améliorés. L’automatisation de la ligne 1 du métro (2012) Entièrement équipée de rames automatiques, sa fiabilité et sa régularité ont été renforcées et sa capacité augmentée de 6%. La modernisation des rames du RER A (2011-2017) À l'horizon 2017, l'ensemble du matériel roulant aura été remplacé par des rames à étages. Ainsi, la capacité de transport de la ligne aura été augmentée de 30%. Ce processus de renouvellement est engagé, au rythme de 2 nouvelles rames par mois. Le prolongement du Tramway T2 (2012) Prolongé jusqu’au pont de Bezons en remplacement des lignes de bus actuelles qui circulent sur cet axe cela aura pour effet d’améliorer de façon significative le confort pour les usagers ainsi que des fréquences plus régulières. La gare multimodale Nanterre-Université (2015) Transformée en véritable pôle multimodal d’envergure régionale, point d’ancrage d’un nouveau coeur de ville, cette gare sera livrée en 2015. Elle accueillera le RER A, le Transilien et sur son parvis, vélos, piétons. Autour de ce nouveau pôle de transports se déploiera l’opération Cœur de Quartier qui permettra de créer une nouvelle centralité centralité ainsi qu'un lien entre l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et la cité des Provinces Françaises. La ligne L (SNCF) reliant la gare SaintLazare à La Défense (2012) Cette ligne a fait l’objet d’une modernisation et d'une meilleure signalisation auprès des usagers ; elle constitue une alternative essentielle.
▶ La modernisation de la desserte en transport et de l’offre tertiaire supérieure doit s’accompagner d’une politique de développement de la mixité et de la diversité fonctionnelle à l’échelle du quartier d’affaires et à l’échelle du pôle de La Défense. En effet, si La Défense est reconnue comme une des centralités majeures d’Île-de-France, cette fonction ne peut être durable que grâce à son ancrage dans la métropole. À cette fin, il convient d’assurer un développement social et économique diversifié de son territoire de proximité et d’éviter des processus de spécialisation excessifs. La réussite d’une telle politique implique une coordination à l’échelle du pôle élargi et nécessite une coopération étroite de l’ensemble des acteurs du territoire de La Défense.
La connectivité : condition de l’attractivité 2- S’inscrire dans le réseau métropolitain du Grand Paris Le prolongement du RER E - Eole (2020) Le prolongement du RER E (Eole) de Haussmann-Saint-Lazare, actuel terminus de la ligne, à Mantes la Jolie via La Défense et Nanterre-Les Groues permettra de décharger d’au moins 15% le trafic du RER A. Ce projet prévoit la création d’un tunnel d’environ 8 kilomètres jusqu’à Nanterre où la voie nouvelle sera raccordée à la ligne Saint-Lazare Mantes-la-Jolie. Ce prolongement, outre de nouvelles dessertes du territoire de La Défense Seine Arche, sera l’occasion de développer les liaisons vers l’Est parisien d’une part et d’autre part le bassin de la Seine en aval, appelé à jouer un rôle clé dans le cadre du développement du Grand Paris. Le Grand Paris Express : 2 stations sur la ligne 15 (2025-2027) Deux gares du Grand Paris Express desserviront le territoire de La Défense Seine Arche.
À La Défense, la ligne 15 sera mise en service en 2027. Ce métro ferré et enterré de capacité équivalente à celle du métro parisien permettra des correspondances avec le RER A et Eole. À Nanterre, en 2025, sur le secteur des Groues, une gare du tronçon de la ligne 15 sera également implantée. La création de ce nouveau pôle de transports est un acte majeur pour le désenclavement de ce quartier voué à muter et à accueillir d’importants programmes mixtes. La ligne 15 reliera Nanterre-Les Groues et La Défense à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle par la station Saint Denis Pleyel (ligne 17). La Ligne Nouvelle Paris Normandie (LNPN) Le projet de Ligne Nouvelle Paris Normandie, un des éléments phares du projet Axe Seine, devrait desservir une partie de l’ouest parisien, en particulier La Défense Seine Arche grâce à une gare qui serait créée à Nanterre. Sur ce projet, l’Epadesa mène des études sur l’implantation de la gare, de la ligne mais aussi de la connexion avec les autres modes de transports.
L’offre de transports doit être adaptée à la fréquentation actuelle et future du site.
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Thierry SolEre DÉputÉ et Vice-prÉsident du Conseil gÉnÉral des Hauts-de-Seine chargÉ du DÉveloppement Économique et du TrÈs Haut DÉbit Propos recueillis par Amanda Mofy
Quelle est votre politique d’aménagement vis-à-vis de La Défense ? Thierry Solère : Le Département n’intervient pas directement dans l’aménagement de La Défense, qui est une compétence de l’Établissement public d’aménagement de La Défense Seine Arche (Epadesa). Mais il participe aux orientations relatives à la gestion du quartier d’affaires au travers de l’établissement public de gestion de La Défense, Defacto, dont il est membre et qu’il préside. Defacto, avec l’appui du Conseil général, a aujourd’hui l’ambition de renouveler en profondeur les espaces publics de La Défense : la dalle et les espaces situés sous la dalle, mais également les espaces verts, les éclairages et les liaisons avec les centres-villes de Puteaux et Courbevoie. Cette grande ambition est portée et formalisée dans le Plan guide des espaces publics, qui fait aujourd’hui l’objet d’une exposition sur le parvis de La Défense. Dans quelques années, tous ces espaces situés entre les tours auront été repensés et réaménagés dans leur ensemble. Quels sont les moyens qui pourraient être employés pour faire de La Défense un pôle encore plus attractif ? La Défense doit devenir la vitrine de l’excellence architecturale, mais également environnementale. On ne peut plus se contenter de faire de belles tours signées par des grands noms internationaux de l’architecture. Les dernières tours de La Défense, et celles qui vont être livrées dans les prochains mois et les années à venir, bénéficient toutes des labels environnementaux les plus élevés (HQE, BREEAM, LEED). Je pense à First, Carpe Diem, D2 ou encore à Majunga. C’est une demande forte des utilisateurs, notamment des grandes entreprises. Un élément qui manque aujourd’hui à La Défense et qui existe dans d’autres grands quartiers d’affaires européens est le service aux entreprises. Celles-ci souhaitent être accompagnées lors de leur arrivée, mais également qu’on leur propose des services ciblés et adaptés à leur implantation dans un grand quartier d’affaires (mise en réseau, initiatives sectorielles). Enfin, l’animation du site au sens large constitue un enjeu déterminant pour l’attractivité du quartier d’affaires. Depuis quelques années, grâce aux collectivités territoriales et à Defacto, les initiatives se multiplient sur la dalle. Les animations commerciales, sportives et culturelles contribuent aujourd’hui à faire de La Défense un quartier d’affaires dynamique et convivial, avec une vie de quartier en dehors des heures de bureau.
On parle souvent d’un manque de connectivité à La Défense. Que pouvez-vous nous en dire ? La Défense est très bien connectée à Paris, seulement les infrastructures et les réseaux existants ne suffisent pas à assurer des bonnes conditions de transport à l’ensemble des usagers. L’offre de transports doit être adaptée à la fréquentation actuelle et future du site. Les nouvelles liaisons qui vont se mettre en place grâce au RER Éole, au Grand Paris Express, vont considérablement renforcer les connexions entre La Défense et Paris bien entendu, mais également avec d’autres pôles stratégiques franciliens. Il est difficile de prétendre que La Défense est un îlot d’affaires sans lien avec son environnement proche. Depuis plusieurs années, La Défense s’est en quelque sorte prolongée à Nanterre, derrière la Grande Arche, sur le territoire de Seine-Arche, qui est un quartier qui a su combiner logements, commerces et bureaux. Par ailleurs, nombre d’entreprises de La Défense travaillent avec le tissu économique des communes proches, faisant ainsi du quartier d’affaires un vecteur de développement économique pour le territoire proche et l’ensemble des Hauts-de-Seine. Quels sont les défis qui attendent encore La Défense selon vous ? En premier lieu, le renouvellement du parc immobilier existant. De nombreuses tours ont été rénovées, de nouvelles tours sont ou seront livrées, mais ce sont plusieurs vagues de constructions qui ont fait de La Défense ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Je pense que l’ensemble de l’offre tertiaire doit être remise à niveau. Il s’agit d’un chantier immense qui ne pourra se faire que progressivement. La mixité fonctionnelle du quartier constitue également un enjeu capital pour les années à venir. Aujourd’hui, l’offre en logement intermédiaire fait défaut sur le quartier d’affaires. Les salariés de La Défense trouvent difficilement à se loger à proximité de leur lieu de travail. C’est sur ce point notamment que les complémentarités avec les territoires proches pourront se développer. Enfin, on doit veiller à préserver et à renforcer l’attractivité internationale de La Défense, à porter un discours cohérent auprès des entreprises et des investisseurs internationaux. La composante internationale du tissu économique de La Défense est un atout très important pour notre Département. Novembre 2012.
LE PROJET DE « GARE SENSUELLE » POUR LES GARES DU GRAND PARIS Jacques Ferrier Architecte et urbaniste, membre d’honneur du Réseau international des quartiers d’affaires durables
Les gares ne se résument plus à leur seule fonction de transport. Aujourd’hui, elles sont à la fois des espaces de circulation et des espaces de communication. Des lieux de vie, de socialisation et d’échange, comprenant des commerces et des services non marchands. Dans une gare, on fait désormais plus que prendre un train ou un métro. On peut y lire un journal, faire des achats, rencontrer des amis ou simplement s’y promener. Face à cette mutation sociologique majeure, nous avons deux convictions : d’abord, l’emprise de la gare sur la ville est appelée à s’étendre davantage, la gare s’imposant de nouveau comme un repère urbain. Ensuite, nous pensons que la gare est le laboratoire de l’urbanité contemporaine, le lieu où s’expérimentent de nouvelles façons d’être ensemble et de fabriquer le Grand Paris de demain. Enfin, l’établissement d’un vaste réseau de transport en commun ne va pas seulement renforcer l’accessibilité des territoires en
assurant un meilleur maillage. Il va radicalement reconfigurer la silhouette temporelle de la métropole parisienne. La prise en compte du contexte dans toutes ses dimensions – historique, sociale, culturelle – demeure le point de départ nécessaire à la production de projets architecturaux singuliers, pour l’ici et le maintenant, mais capables d’avoir un impact concret sur la transformation des quartiers, des villes et de leurs habitants sur le temps long. L’architecture et le design ne renvoient pas exclusivement à des choses mais à des ambiances partagées. Au-delà de l’espace bâti et des équipements des gares, il s’agit aussi de mettre en forme la lumière et les sons afin de créer un climat accueillant, rassurant, agréable. Partant de cette conviction, nous choisissons de mettre l’accent sur la dimension sensuelle des gares du Grand Paris : leur aura, l’émotion qu’elles suscitent, l’empreinte qu’elles laissent dans l’esprit, l’histoire qu’elles racontent. Novembre 2012.
La « gare sensuelle » est un projet de SCS / Sensual City Studio et JFA / Jacques Ferrier Architectures pour la Société du Grand Paris.
Jacques Ferrier, Concept de gare sensuelle developpé © Jacques Ferrier Architectures / Image Sensual City Studio
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La connectivité : condition de l’attractivité 3- Implanter de nouvelles gares L’arrivée de ces nouveaux transports en commun va s’accompagner d’une réflexion sur le concept de gare et entraîner une modernisation de celles-ci.
nous pensons que la gare est le laboratoire de l’urbanité contemporaine, le lieu où s’expérimentent de nouvelles façons d’être ensemble et de fabriquer le Grand Paris de demain.
Le réaménagement de du pôle Cœur Transport de La Défense est l’un des grands enjeux à venir pour le quartier d’affaires, non seulement en termes d’infrastructures de transports, mais aussi d’insertion urbaine. Sa vocation de pôle multimodal sera affirmée et ses fonctionnalités et services confortés pour en faire un nouveau point d’attraction, capable de redonner toute son urbanité à la dalle centrale et d’absorber le débit de flux sans cesse croissants. Le projet de transport du Grand Paris prévoit l’implantation de deux arrêts sur le territoire de La Défense Seine Arche, l’un à La Défense (sous le CNIT), l’autre à La Folie, qui permettra de desservir les Groues. Implantée sur le faisceau ferroviaire, elle accueillera les flux d’Eole et du Grand Paris Express. L’État a missionné Jean-Claude Ruysschaert, Directeur de la Direction Régionale et Interdépartementale de l'Équipement et de l'Aménagement en Île-de-France (DRIEA), pour réfléchir à l’aménagement de ces gares et d’en assurer la coordination avec les acteurs concernés. Sources : Epadesa, 2013
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LA DeFENSE, ESPACE DE VISIONNAIRES Bertrand Lemoine, Directeur général de l’Atelier international du Grand Paris NOUS LIVRE SA VISION DE LA DÉFENSE
Il y a plus de soixante-dix tours à La Défense, au sein d’une métropole qui en compte plus que toute autre ville d’Europe. Cette concentration unique de grands immeubles autour d’une énorme dalle se présente comme une sorte d’île dans le paysage parisien, émergeant tel un bloc minéral dans le moutonnement de la banlieue ouest. Cette juxtaposition aléatoire de blocs plus ou moins parallélépipédiques produit un indéniable effet de masse, une silhouette urbaine qui signifie clairement la vitalité économique du Grand Paris. Vues de plus près, ces tours finalement toutes différentes racontent une histoire, celle d’abord de l’exportation et de l’acclimatation du modèle américain né entre Chicago et New York à la fin du xixe siècle à partir de l’extrapolation de la colonne classique. Revisitée dans les années 1950, la tour comme empilement de bureaux et porteuse d’une image de marque se définit d’emblée comme le paradigme autour duquel La Défense se construit. À l’époque où l’activité tertiaire remplace l’activité secondaire, les immeubles de grande hauteur se veulent alors le symbole même du monde du travail.
À l’image d’efficacité et de rationalité abstraite véhiculée par les premières générations de tours succèdent aujourd’hui des formes plus arrondies, gauches, tourmentées parfois. À l’architecture commerciale cherchant avant tout à se conformer aux convenances du monde des affaires s’est ainsi substituée une recherche plus créative de formes articulées, facettées, aux couronnements éclatés, réinvesties par des architectes de talent. Le sens de la tour a glissé à mesure que la silencieuse révolution postindustrielle s’est imposée, et on peut même l’imaginer comme abritant tout simplement des logements. Aussi l’avenir de La Défense est-il peut-être en train de déborder géographiquement et typologiquement sur d’autres territoires, tout en poursuivant son processus de concentration dans son périmètre étroitement enserré. Après la vision utopique proposée par les bâtisseurs des années 1960, La Défense est sans doute en train de tout simplement rentrer dans le commun de la métropole. Novembre 2012.
l’avenir de La Défense est peut-être en train de déborder géographiquement et typologiquement sur d’autres territoires, tout en poursuivant son processus de concentration dans son périmètre étroitement enserré.
Castle Light, résidence en accession et residence étudiante, Louis Paillard © Louis Paillard
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LA TOURE REINVENTE tom sheehan LA tOuR D2, cOncOuRS REmpORté pAR anthony béchu en association avec tom sheehan : unE DEStInAtIOn unIquE Et mémORAbLE La nécessité a-t-elle généré l’invention de la tour ou Otis a-t-il créé cette nécessité ? Est-elle issue du besoin de s'élever au-dessus de ses ennemis ou du simple désir de démontrer une prouesse technologique ? Lorsque l'on nous a demandé en janvier 2007 de réfléchir à la conception de la tour D2, j'ai été confronté à ces deux sentiments en apparence antinomiques : la nécessité et le désir. Une tour est l'accumulation de contraintes techniques pointues exaltées par la passion d'inventer. La tour est à l’Architecte ce que les missions spatiales sont aux Scientifiques : un défi d’innovation complexe nécessitant une équipe aux multiples talents.
D2
Maîtrise d’ouvrage : Bouygues Immobilier et Sogeprom Maîtrise d’œuvre : Atelier Tom Sheehan & Partenaires Superficie : 54 000 m² Livraison : 2014 Hauteur :180 m (37 étages)
à paris. encore moins Île-de-france, Immobilier de sainteté en de la lettre Item Info déshérence. pas en odeur ion la tour n’est r de publicat raisons de cette e pour bach, directeu revient sur les yves schwarz - mobilités, france est synonym urbaine. environnement tour doit connaître en la densité territoires que la définition de la métamorphose vivre-ensemble, véritable mieux ch l’auteur d’un Yves schwarzba
Dans notre cas, le site est pratiquement inexistant. Balayez du regard le boulevard circulaire de La Défense et vous avez déjà manqué son emplacement. Il a été difficile d'imaginer comment une tour de 54 000 m2 aurait pu être érigée sur une parcelle qui faisait moins de 3 000 m2. Pour rendre le défi plus difficile, les aménageurs de La Défense exigeaient que la base de la D2 fût aussi transparente et perméable que possible. Il fallait effacer visuellement et physiquement la césure entre l’esplanade et le boulevard circulaire. Cette contrainte impliquait un encombrement minimum en rez-de-chaussée de façon à permettre le passage du public vers et depuis l'esplanade. Or les tours nécessitent de nombreux services à leur base, notamment dans le hall d'entrée avec un poste de sécurité, des circulations verticales, etc. Le concept d'une arcade périphérique devenait un défi en lui-même. La solution s’est illustrée à travers deux idées novatrices. La première a été l’utilisation d’ascenseurs « twin » qui a permis d’avoir des noyaux plus petits. Cette technologie fantastique permet à plusieurs cabines d’ascenseurs d’emprunter la même gaine sans jamais se rencontrer. Nous avons ainsi pu réduire le nombre de cages d’ascenseurs et donc de noyaux. La seconde a été de pousser la structure du bâtiment au nu des façades. Cet exosquelette a offert l’avantage de réduire la taille de la structure et de limiter les colonnes internes. Entre ces noyaux réduits et la structure externe légère, le piéton déambule sous une arcade monumentale. Ces contraintes respectées, il fallait ensuite inclure 36 étages de standing au-dessus de cette base transparente pour en faire une tour digne de ce nom. Les différents paliers ont tiré avantage des innovations précédemment citées et ont permis la conception de plateaux ouverts, flexibles et confortables. Et pour finir, on s’est souvenu que la vocation initiale des premières tours était d’observer les alentours depuis leur sommet. En clin d’œil à ces premières tours, celle de la D2 offre un jardin, le Jardin des nuages, qui, je l’espère, en fera une destination unique et mémorable à Paris-La Défense. Tom Sheehan, architecte, juillet
2013
la vocatIon InItIale des premIères tours étaIt d’observer les alentours depuIs leur sommet. Tour D2, Tom Sheehan © Tom Sheehan
Nom, prénom ............................................. 23
jean-paul vIguIer LA tOuR RéInvEntéE La tour semblait à bout de souffle au point qu’il n’était pas sûr que l’on ait encore envie d’en construire. Son modèle architectural et immobilier avait exploré tous les champs possibles : la hauteur, la densité, la singularité, la personnalité, voire la démesure, les avancées technologiques, la poésie et la beauté, l’extravagance et la laideur ; la tour, cet archétype architectural si particulier, a à peu près tout permis avant de s’essouffler sur fond de crise et de contestation écologique ; elle restait l’apanage des puissances émergeantes cherchant à démontrer leur capacité à vaincre les plus hautes difficultés techniques et architecturales et par là leur maturité et leur leadership à un moment de grande remise en question des équilibres mondiaux. Étant un témoin et un acteur de ce grand brainstorming planétaire, j’ai exploré pour la construction des logements et des lieux de travail de nouvelles typologies : les immeubles terrasses, les imbrications de fonctions dans un effort pour maîtriser la complexité des quartiers mixtes nés de la densification des centres villes ; les bureaux campus qui explorent une relation dedans-dehors dans l’espace de travail et introduisent l’idée de bâtiments qui respirent, par la maîtrise des dispositions du confort thermique des espaces, et affichent une consommation d’énergie toujours plus basse. Ces travaux ont en quelque sorte « rechargé », le savoir-faire conceptuel et technologique tout en ayant un effet inattendu : la flexibilité des usages et le rapprochement architectural des typologies auparavant nettement tranchées. C’est ainsi que des dispositions d’immeubles d’habitation ont migré vers les immeubles de bureaux, et inversement. Ainsi dix ans après avoir dessiné Cœur Défense, la question était pour moi de savoir si la conception d’une nouvelle tour pouvait s’inscrire sur des bases architecturales et technologiques d’un type nouveau, intégrant les données et les mutations récentes de l’espace urbain du XXIe siècle : c’est tout l’enjeu de la tour Majunga. Tous les paramètres de composition de la tour ont été revisités, ils ont tous été réinventés : la localisation de l’édifice par rapport à l’axe historique de La Défense, la liberté de forme de la tour et son concept de distribution dans l’espace ainsi que la succession verticale des niveaux, la conception des façades et leur adaptation au climat, à l’ensoleillement et aux températures par l’interposition d’un « diaphragme de respiration » permettant un contact maîtrisé avec l’air extérieur et ainsi d’atteindre des consommations d’énergie minimales (European Bream Award 2013 : Best Building). La lumière naturelle distribuée sur les espaces de travail ainsi que la grande taille des plateaux, les loggias-jardins d’étages situés dans la perspective des paliers d’ascenseurs font de chaque étage un lieu différent, loin de la monotone répétition des tours d’avant. Le socle de la tour donnant sur des terrasses jardins permet de se réunir, de travailler ou de déjeuner dans des conditions de confort exceptionnelles. Une grande œuvre de Fabienne Verdier au fond du hall d’entrée, faisant écho aux lignes brisées des plans de façade vers Paris, relie l’architecture et l’art réinventant une relation trop souvent oubliée. Jean-Paul Viguier, Hon. FAIA, AA Architecte DPLG, MCP UD Harvard, juin
2013
Majunga Maîtrise d’ouvrage : Unibail-Rodamco Maîtrise d’œuvre : Jean-Paul Viguier Associés, Architecture et Urbanisme et Superficie : 69 500 m² Livraison : 2014 Hauteur : 195 m (47 étages)
la questIon étaIt pour moI de savoIr sI la conceptIon d’une nouvelle tour pouvaIt s’InscrIre sur des bases archItecturales et technologIques d’un type nouveau.
Perspectives de la tour Majunga,
Jean-Paul Viguier © L'Autre image
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