Centralités #8 - mars 2016

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édito

MIPIM 2015

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M comme... Deux sujets phares pour la rentrée de Centralités : Métropole, MIPIM. L’année 2016 marque la naissance administrative de la Métropole du Grand Paris, création en tensions, mais quel projet d’envergure ne susciterait-il pas les interrogations, les mises en garde ? Sous-jacent, le désir d’opter pour la bonne échelle de gouvernance, au-delà des clivages partisans. Et l’occasion pour nous d’aller à la rencontre des élus de Paris : concentrée en 3 initiales, la MGP que vous inspire-t-elle ? Urbanisation croissante, défis environnementaux, territoires fragmentés, évolution des modes de vie, attractivité économique et résidentielle : autant de défis que les villes doivent aujourd’hui relever. Peut-être la réponse dans l’acronyme Mipim. La montée des marches de l’immobilier : 44 projets en lisse pour le Mipim Awards, des lieux d’exception, innovants, aux intentions fortes. Le grand rendez-vous, grandiloquent peut-être, enthousiasmant surtout, c’est ce qu’on retient. Marc Sautereau, directeur de publication Centralités du grand paris # 8


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ours Directeur de publication, éditeur : Marc Sautereau m.sautereau@bookstorming.com Conception graphique et mise en page : Adelyne Lefort a.lefort@bookstorming.com Clara Cochet graphisme@bookstorming.com Coordinatrice éditoriale et secrétaire de rédaction : Charlotte Guy c.guy@bookstorming.com Relecture : Jean-Baptiste Laloi edito@ bookstorming.com

N°8 – mars 2016 Le magazine décline toute responsabilité pour tous les manuscrits et photos qui lui sont envoyés. Les articles et photos publiés n’engagent que leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés. Prochaine sortie : Novembre 2016 www.centralites.com En couverture MIPIM 2015

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Publicité : Sébastien Maschino s.maschino@bookstorming.com Paula Cornette p.cornette@bookstorming.com Eva Magnier e.magnier@bookstorming.com Presse : Manuela Danescu m.danescu@bookstorming.com Rédaction : Centralités du Grand Paris 49, boulevard de la Villette, 75010 Paris Tél : 00 33 (0)1 42 25 15 58 www.centralites.com Abonnement : Bulletin d’abonnement en page 96 Diffusion : MLP en kiosques Le numéro : 5,90 € Dépôt légal : mars 2016 Centralités du Grand Paris est édité par Bookstorming

OURS


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Rédacteurs Christine Blanchet Historienne de l’art Alexandra Gilli Journaliste Corinne Gruissard Journaliste spécialisée en urbanisme et architecture Alain Guiheux Architecte et urbaniste, est professeur à l’École nationale supérieure d’architecture Paris Val de Seine et dirige l’agence d’architecture et d’urbanisme Architecture Action Jean-Philippe Hugron Directeur de publication au Courrier de l'Architecte Bertrand Lemoine Architecte, directeur de recherche au CNRS, ancien directeur général de l’Atelier international du Grand Paris François de Mazières Député LR des Yvelines et Maire de Versailles, est l’ancien président de la Cité de l’architecture et du patrimoine Blaise J. Pointaléa Journaliste spécialisé en urbanisme Dominique Rouillard Architecte, professeur et directrice du Laboratoire Infrastructure Architecture Territoire (LIAT) à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais

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sommaire


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Sommaire P008

À LA UNE Le Grand Paris, c’est la région ?

P014

Tribune urbanisme Millefeuille, le scandale de la Métropole du Grand Paris

P022

DOSSIER urbanisme Reconversion et réhabilitation : une nouvelle politique architecturale

P032 P036

Promotion immobilière De la mission de design global pour « 19 LCL » Executive Channel Network

P042

DOSSIER spécial MIPIM PIP HOURA !

P056

dossier culture Le Grand Pari(s) de l’Église

P064

Parole d’élu 3 Maires / 3 Questions pour le Grand Paris

P072

DOSSIER sociétal Door-to-door : nouveaux véhicules, nouvelle ville ?

P082

LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS Les Halles, le ventre du Grand Paris

P090

LES MÉTROPOLES FRANÇAISES Montpellier, ville intelligente

Centralités du grand paris # 8


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P08 À LA UNE LE GRAND PARIS, C’EST LA RÉGION ?

P014 Tribune urbanisme Millefeuille, le scandale de la Métropole du Grand Paris

P022 DOSSIER urbanisme RECONVERSION ET RÉHABILITATION : UNE NOUVELLE POLITIQUE ARCHITECTURALE

P032 Promotion immobilière De la mission de design global pour « 19 LCL »

P036 Promotion immobilière Executive Channel Network


à la une Par : Bertrand Lemoine

LE GRAND PARIS, C’EST LA RÉGION ? DANS UN CONTEXTE DE BAISSE DE LA FRÉQUENTATION TOURISTIQUE DE PARIS CONSÉCUTIVE AUX ATTENTATS DE 2015 ET DE RECUL DE SON ATTRACTIVITÉ ÉCONOMIQUE POUR LES INVESTISSEMENTS INTERNATIONAUX - AU CINQUIÈME RANG MONDIAL TOUT DE MÊME DERRIÈRE LONDRES, SHANGHAI, NEW YORK ET HONG KONG -, L’ORGANISATION POLITIQUE DE L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE CONTINUE À FAIRE DÉBAT. PLUSIEURS ÉVÉNEMENTS ONT RÉCEMMENT CHAMBOULÉ LE COURS D’UNE TRANSFORMATION ADMINISTRATIVE QUI S’ANNONÇAIT DÉJÀ LABORIEUSE.


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Vue aérienne de Paris © D.R.

La Métropole du Grand Paris s’est mise en place le 1er janvier sous la présidence de Patrick Ollier, député-maire Les Républicains de Rueil-Malmaison. Elle est composée de Paris, des trois départements de la petite couronne auxquels sont venues s’ajouter sept communes mitoyennes. Au sein de la Métropole se déploient douze établissements publics territoriaux (EPT) d’au moins 300 000 habitants, dont Paris. Pour la plupart fondés sur des communautés d’agglomération existantes, on peut penser que leur assise est suffisamment robuste pour envisager sereinement leur avenir. Mais la Métropole apparait bien plus fragile, avec un tout petit budget de 70 millions € – du moins pour l’instant – et surtout une légitimité incertaine, contestée de l’intérieur par un Paris qui cherche à se réinventer à l’abri de ses frontières, par le rapprochement des deux départements de l’ouest, dont un n’est pas dans la Métropole, et par l’affirmation du rôle de la Région comme leader institutionnel naturel de l’espace métropolitain. La Ville de Paris La Ville de Paris est partie prenante de la Métropole et compte même 62 élus sur 209 au sein de son Conseil, soit 30 %. La maire de Paris, Anne Hidalgo y a obtenu un poste de 1ère vice-présidente. La Ville revendique actuellement l’intégration du département de Paris en son sein, ce qui lui donnerait notamment un pouvoir de police et de gestion de la circulation que l’État n’a pas voulu lâcher jusqu’ici. Centralités du grand paris # 8

La Métropole du Grand Paris, Elle est composée de Paris, des trois départements de la petite couronne auxquels sont venues s’ajouter sept communes mitoyennes.


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Vue aérienne Île-de-France

© D.R.

Cela lui permettrait d’avoir les coudées plus franches dans son plan de piétonisation des berges de la Seine et de lutte contre l’automobile qu’elle poursuit depuis longtemps.

En cherchant à renforcer ses propres prérogatives, la Ville de Paris joue ainsi contre la Métropole, forte de sa légitimité historique, de son poids économique et de son territoire structuré.

Dans ce contexte, la fusion annoncée des quatre premiers arrondissements de Paris apparaît comme anecdotique, quoiqu’utile, car elle permettra de gérer une entité de 100 000 habitants, dans la moyenne des autres arrondissements parisiens. Il n’en demeure pas moins que les maires d’arrondissement, bien que directement élus, n’ont que peu de pouvoir, même s’ils jouent un rôle consultatif important. En cherchant à renforcer ses propres prérogatives, la Ville de Paris joue ainsi contre la Métropole, forte de sa légitimité historique, de son poids économique et de son territoire structuré. La question des départements Le rapprochement entre les départements des Hauts-deSeine et des Yvelines amorcé par leurs présidents respectifs Patrick Devedjian et Pierre Bédier a été entériné par un vote des deux conseils départementaux le 5 février dernier avec la création d’un établissement public de coopération interdépartementale. Ce rapprochement pourrait aboutir à la fusion pure et simple à moyen terme des deux départements. Il s’agit dans un premier temps de mutualiser un certain nombre de moyens, avec l’objectif d’une économie de 10% sur les dépenses de fonctionnement, face à la baisse brutale de dotations de l’État depuis 2013. Il s’agit aussi de rapprocher quatre sociétés d’économie mixte d’aménagement dont la fusion sera effective après la valorisation de leurs apports respectifs. Cette alliance stratégique entre deux collectivités À LA UNE


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fait potentiellement apparaître un nouvel acteur dans l’ouest parisien, qui pèse plus de 3 millions d’habitants, avec un budget global de 3,4 milliards d’euros (contre 11,5 pour la Région et 8 pour la ville de Paris). Elle vient troubler un jeu déjà complexe, en rendant plus problématique encore la suppression envisagée des départements et en faisant apparaître un grand territoire susceptible de faire pièce à Paris et à la Métropole du Grand Paris. La Région Île-de-France Après sa brillante victoire aux élections régionales, Valérie Pécresse a très rapidement pris position sur la question métropolitaine, déclarant dès son investiture à la présidence de la Région en décembre dernier que le projet de Métropole du Grand Paris était un « contresens historique » et une « aberration administrative et économique » et demandant « d’abandonner ce projet qui exclut, qui complexifie et qui taxe ».

Le rapprochement entre les départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines amorcé [...] pourrait aboutir à la fusion pure et simple à moyen terme des deux départements.

Préfecture Île-de-France © INSEE (1999)

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Île-de-France

© D.R.

Les arguments en faveur d’une métropole appréhendée à l’échelle régionale sont en effet nombreux. Simplification administrative d’abord, qui conduirait à réduire le nombre de circonscriptions administratives à l’œuvre dans l’aire métropolitaine. Dans un premier temps c’est le nouvel échelon que constitue la Métropole du Grand Paris qui est susceptible d’être remis en cause. Il n’y aurait d’ailleurs pas grand dommage à le faire : les 209 élus de l’assemblée métropolitaine sont déjà tous des élus dans leur commune. Dans un second temps, on peut envisager de supprimer les départements ou encore de les fusionner, comme l’exemple de l’ouest parisien le montre, pour former des unités d’un poids comparable à celui de Paris. On pourrait ainsi imaginer autour de Paris les « villes » suivantes – comme nous le suggérions déjà dans ces colonnes en septembre 2014 : Paris-Ouest donc, issu des département des Hauts-de-Seine et des Yvelines ; Paris-Nord avec la Seine-Saint-Denis et le Val d’Oise ; Paris-Sud avec le Val de Marne et l’Essonne, la Seine-et-Marne pouvant se répartir entre ces deux territoires. Et n’oublions pas la perspective de l’axe Seine et son lien vers le port du Havre, qui reste toujours d’actualité et pourrait même se trouver confortée dans le cadre d’une collaboration directe entre les régions Îlede-France et Normandie. L’aire métropolitaine de l’agglomération parisienne gagnerait aussi à être élargie, notamment au nord avec une moitié du département de l’Oise et à l’ouest avec une frange de l’Eure-et-Loir et du Loiret, de façon à coïncider avec la réalité des bassins de vie métropolitains. Cette métropole de quelque 13 millions d’habitants, correspondant à une Région Île-de-France plus étendue, riche d’un À LA UNE


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centre actif et prestigieux, pourrait ainsi peser davantage dans la compétition mondiale et rayonner plus puissamment à l’échelle internationale, en apparaissant plus forte dans les divers classements internationaux. Elle inclurait de vastes espaces naturels et agricoles, des zones de développement économique beaucoup plus diversifiées comprenant des pôles importants comme Roissy ou Saclay, voire Disneyland Paris. Enfin plusieurs grands projets structurants en cours ne peuvent s’envisager qu’à l’échelle régionale. Les lignes de transports rapides connus sous le nom de Grand Paris Express, et dont il conviendrait d’accélérer le déploiement, sont en grande partie contenues dans l’actuelle Métropole du Grand Paris mais en débordent largement au sud, en particulier pour la desserte du plateau de Saclay, ainsi qu’au nord aux abords de l’aéroport Charles-de-Gaulle. Elles sont d’ailleurs à juste titre pensées comme un renforcement du maillage des RER et des Transiliens, qui s’étendent sur l’ensemble de la Région voire au-delà. L’indispensable CDG Express doit trouver sa place dans ce dispositif. Le projet des Jeux Olympiques 2024, dont la candidature est portée par le mouvement sportif, voit ses infrastructures se répartir sur l’ensemble francilien. En revanche, l’Exposition universelle 2025, rebaptisé EXPOFRANCE 2015 est elle aujourd’hui considérée comme décentralisée sur tout le territoire, même s’il est prévu un « village global » dans le Grand Paris.

Les lignes de transports rapides connus sous le nom de Grand Paris Express, et dont il conviendrait d’accélérer le déploiement, sont en grande partie contenues dans l’actuelle Métropole du Grand Paris.

À l’heure où les régions se trouvent confortées, redéfinies autour d’une douzaine de métropoles, il apparaît urgent de reconsidérer l’avenir de la première région française et même européenne, qui produit et redistribue une part essentielle de la richesse nationale, et d’opter pour la bonne échelle de gouvernance, au-delà des clivages partisans.

Grand Paris Express

© Atelier du Grand Paris

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Tribune urbanisme Par : François de Mazières

Vue aérienne

© AAKingKong - MGP


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Millefeuille, le scandale de la Métropole du Grand Paris Véritable aberration, les mots sont forts, le titre choc. Quelques jours après la création de la Métropole du Grand Paris le 1er janvier 2016 , François de Mazières livre cette tribune, il en appelle à ne pas s’écarter de l’ambition première du projet : maintenir le cap pour l’intérêt général, ne pas se perdre dans les strates. Le nouveau scandale du millefeuille administratif a pour nom : Métropole du Grand Paris. D’un projet ambitieux et simplificateur, l’absence de continuité dans le pilotage politique du projet a conduit à une réforme inutile, politicienne et coûteuse. Rappelons-en la genèse : en septembre 2007, lors de l’inauguration de la Cité de l’architecture et du patrimoine, Nicolas Sarkozy lance une consultation internationale d’équipes pluridisciplinaires. Leur feuille de route : comment doter Paris des atouts d’une métropole de niveau mondial intégrant les exigences du développement durable ? Les résultats des travaux sont présentés un an et demi plus tard, en mars 2009. La presse y fit un très large écho et le Grand Paris est alors devenu, par la mobilisation conjointe de l’appareil gouvernemental et des collectivités territoriales, une réalité. La démarche de l’État, résolument pragmatique, utilisait les structures administratives existantes, le cœur du dispositif étant le métro et ses 68 nouvelles gares (ndlr : voir dans le numéro 7 de Centralités du Grand Centralités du grand paris # 8

La démarche de l’État, résolument pragmatique, utilisait les structures administratives existantes, le cœur du dispositif étant le métro et ses 68 nouvelles gares.


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le millefeuille administratif Le pays compte 37 000 communes (une spécialité française, c’est quatre fois plus qu’en Allemagne et en Italie), environ 35 000 groupements de communes – « communautés de communes » le plus souvent –, 101 départements et 26 régions, 371 « pays » en milieu rural, mais aussi 16 000 syndicats intercommunaux, souvent spécialisés (eau potable, ordures ménagères, etc.).

Croquis d’auteur

Paris, le dossier Urbanisme, « Grand Paris Express »), catalyseurs de développement. À partir de 2012, Claude Bartolone se fit l’apôtre de la création d’une nouvelle collectivité territoriale. Si, politiquement, l’objectif était clairement d’en être le premier président, cette nouvelle entité était, au plan institutionnel, une véritable aberration. Comment, en effet, la justifier alors même que ses compétences et ses limites étaient quasi redondantes avec celles de la région ? D’un concept dynamique et fédérateur, on sombra dans une bataille d’intérêts. Le gouvernement et sa majorité parlementaire se tirèrent de cette impasse en remettant au goût du jour l’ancien découpage du département de la Seine - sans les départements de la grande couronne - et en inventant un nouveau partage de compétences, dans un paysage institutionnel français dont l’unité est de plus en plus mise à mal. Pour justifier ce double niveau de compétences, le gouvernement et le Parlement n’hésitent pas à maquiller les chiffres. Qui peut croire qu’une collectivité de cette taille se contentera d’un budget de 70 millions d’euros ?

© AAKK-MGP

Tribune urbanisme


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Intérieur gare

© AAKingKong - MGP

Alors que la Métropole du Grand Lyon fusionne ville et département, l’Île-de-France se dote d’un nouvel échelon ne correspondant à aucune compétence spécifique. Les transports sont gérés au niveau de la région. Vu sous l’angle de l’économie et de la recherche, les pôles de Paris Saclay (15 % de la recherche française) et de Roissy-Charles de Gaulle sont hors du champ de la métropole mais bien dans celui de la région. À l’inverse, ce nouvel ensemble (7 millions d’habitants et 131 communes) n’est adapté ni à une gestion de proximité, ni à la question du logement. Symboles de ce gigantesque cafouillage administratif, les anciennes intercommunalités dissoutes ont finalement été recréées sous forme de « territoires », qui récupèrent l’essentiel de la fiscalité locale et la charge des documents d’urbanisme. Difficile de faire plus confus. La force vive de nos élus et de nos administrations locales va être, hélas, phagocytée par la mise en place de ces nouvelles administrations. À moins qu’enfin la sagesse revienne, le Grand Paris n’a pas besoin d’autre institution que l’actuelle région Île-de-France, dotée d’une puissante administration et d’une présidente élue démocratiquement par des millions de Franciliens. Il a par contre grand besoin d’un gouvernement et d’élus véritablement soucieux de l’intérêt général.

* Tribune parue sur www.lopinion.fr

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Le Grand Paris n’a pas besoin d’autre institution que l’actuelle région Île-de-France, dotée d’une puissante administration et d’une présidente élue démocratiquement par des millions de Franciliens.

À LIRE

Les 101 mots du Grand Paris Bertrand Lemoine Édition Archibooks, Paris


La loi Cornudet « pose les bases de la planification urbaine moderne » et met en place des « plans d’aménagement, d’embellissement et d’extension pour toutes les communes (du département) de la Seine ». Un concours international d’architecture sur le thème du Grand Paris est par ailleurs lancé.

1853 1870 1911

 

#03

 #04

Révision du plan d’aménagement de la région parisienne. Les trois lignes directrices sont la décentralisation de la région parisienne vers la province, la décongestion de Paris vers sa banlieue, et la régénération de la banlieue par les grands ensembles.

1956

Éclatement du département de la Seine Créé en 1790, le département est supprimé au profit de 4 nouvelles entités. Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne.

1968

Le plan d’aménagement de la région parisienne ou plan Prost, plan d’aménagement autoroutier créé par l’architecte urbaniste Henri Prost.

#02

1919

Création de la Commission de l’extension de Paris

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1932 1934

Napoléon III est le premier à évoquer une idée de Grand Paris

Bertrand Delanoë, maire de Paris, lance la Conférence métropolitaine, qui deviendra Paris métropole. Il s’agit de créer un syndicat d’étude regroupant 206 collectivités territoriales franciliennes.

2006

Passé, présent, futur du Grand Paris

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 #07

Tribune urbanisme


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2007

Nicolas Sarkozy relance l’idée du Grand Paris. Dans deux discours, le Président de la République annonce son intention de repenser le Grand Paris et la région parisienne. Il propose notamment une réorganisation des pouvoirs locaux, afin de créer une intercommunalité.

2008

Le Grand Pari(s). 10 équipes internationales d’architectures sont choisies pour réfléchir à différents projets sur le Grand Paris. Parmi eux, Richard Rogers, Yves Lion, Roland Castro ou Jean Nouvel. En 2009, une exposition présente les différents projets élaborés par les architectes.

2010

Création de l’Atelier international du Grand Paris. Ce groupement d’intérêt public a été créé pour poursuivre la réflexion sur les différents projets abordés pendant la consultation du Grand Pari(s).

2010

La loi relative au Grand Paris est votée. Le premier article dispose que « le Grand Paris est un projet urbain, social et économique d’intérêt national qui unit les grands territoires stratégiques de la région d’Île-de-France, au premier rang desquels Paris et le cœur de l’agglomération parisienne, et promeut le développement économique durable, solidaire et créateur d’emplois de la région capitale. »

2012

#08

Discours de François Hollande à l’Hôtel de ville de Paris. Le jour de son investiture en tant que Président de la République, François Hollande déclare qu’il « s’engage à créer les conditions nécessaires à l’émergence d’une métropole parisienne capable d’affronter, à l’échelle pertinente, tous les défis qui se présentent à elle ».

 #09

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La loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles est promulguée. Elle prévoit le cadre territorial de la métropole du Grand Paris. Elle y regroupe la commune de Paris, l’ensemble des communes des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et les communautés franciliennes appartenant à un EPCI comprenant au moins une commune dans la petite couronne. Et annonce la création de la Métropole du Grand Paris pour 2016.

2014

Désignation de l’architecte Kengo Kuma pour élever la gare de Saint-Denis pleyel

2014

#13

#14

2016

Prolongation de la ligne 14 jusqu’à Mairie de Saint-Ouen

2019

Création de la Métropole du Grand Paris Instituée par la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, c’est une intercommunalité qui a pour objectif de mettre en œuvre les principaux projets liés au Grand Paris.

#15

 #16

Mise en service de la ligne 15 de Pont de Sèvre à Noisy-Champs

2020

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Inauguration des gares de Saint-Denis Pleyel, Le Bourget RER, et ClichyMontfermeil et extension de la ligne 16 de Noisy-Champs à Saint Denis Pleyel, de la ligne 17 du Bourget à Charles-de-Gaulle et de la ligne 18 d’Orly à Saint-Aubin

Les extensions se poursuivent avec les lignes 11 jusqu’à Noisy Champs, 15 de Saint Denis Pleyel à Rosny-BoisPerrier, puis en 2027 de Nanterre La Folie à Saint-Denis Pleyel et en 2030 de Rosny-Bois-Perrier à Champigny Centre, puis de la lignes 18 de Saint-Aubin à Versailles et la ligne 17 de Charles-deGaulle à Le Mesnil-Amelot.

2023

 #18

 2030

Passé, présent, futur du Grand Paris

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Tribune urbanisme


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Plan des nouvelles lignes © Société du Grand Paris

* source : www.prefig-metropolegrandparis.fr

Centralités du grand paris # 8


DOSSIER urbanisme Par : Blaise J. Pointaléa

RECONVERSION ET RÉHABILITATION : UNE NOUVELLE POLITIQUE ARCHITECTURALE « L’utilisation d’un bâtiment ancien à forte charge patrimoniale est fortement recommandée pour en assurer la conservation. On considère généralement que le maintien de la fonction d’origine paraît la meilleure solution, mais ce n’est pas toujours possible, et contrairement aux apparences, cela peut être redouté : l’exemple de l’ancien hôpital Laennec en est l’illustration. » Benjamin Mouton, chef des Monuments historiques, sur la reconversion de l’Hôpital Laennec.


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Laennec, vue aérienne © D.R.

La reconversion est chose courante et est l’une des rares solutions qui se présentent quand se profile la question de la conservation d’un bâtiment historique inusité. Le patrimoine est un sujet délicat et durement protégé, surtout en France. Pourtant il existe de nombreux exemples qui témoignent d’une conciliation réussie entre des enjeux modernes et l’historicité d’un monument. Comme dit, dans le cas de la reconversion d’un bâtiment listé, Laennec est un cas d’école, mais nous y reviendrons. Beaucoup d’exemples concernent des bâtiments non classés tant il est difficile de déloger un monument de sa fonction initiale lorsqu’il est considéré comme faisant partie du patrimoine. Le plus courant de nos jours reste sans doute la reconversion de bâtiments industriels en logements où en infrastructure publique en réponse à un déclin de l’industrialisation et à un agrandissement croissant des villes. Les cas sont internationaux ; la tendance nous vient d’une pratique plus ou moins légale aux états-Unis d’Amérique, où de jeunes artistes louaient, dans les années 1950, des entrepôts désaffectés pour en faire des ateliers spacieux et des logements peu chers – on se souvient bien évidemment de la Factory de Warhol. En Angleterre, à Londres, on peut citer, dans une toute autre mesure, le récent exemple de l’ancien gazomètre datant de l’époque victorienne, dans le quartier de King Cross, transformé en un parc urbain. Le quartier connaît en effet une reconversion ; de son passé industriel, maintenant révolu, il ne restera donc que le squelette érigé du réservoir à gaz magnifié en un parc résolument moderne. La différence étant qu’en Angleterre les friches industrielles font l’objet d’une large patrimonialisation dans la fin des années 1970, ce qui n’est pas le cas de notre patrie qui considérait, jusqu’à peu, ces bâtiments avec plus de dédain. Centralités du grand paris # 8

Le plus courant de nos jours reste sans doute la reconversion de bâtiments industriels en logements où en infrastructure publique en réponse à un déclin de l’industrialisation et un agrandissement croissant des villes.


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La filature Le Blan, Lille © D.R.

En France, justement, la pratique est inaugurée à Lille avec la reconversion de la filature Le Blan, par les architectes Reichen et Robert, qui découle sur un panel d’infrastructure allant des logements sociaux aux commerces en passant par des bureaux, une médiathèque, un théâtre et… une église.

la filature Le Blan, [...] découle sur un panel d’infrastructure allant des logements sociaux aux commerces en passant par des bureaux, une médiathèque, un théâtre et… une église.

Il existe également des bâtiments dont il semble qu’ils soient constamment en reconversion tant leur histoire témoigne de changements nombreux dans leur fonction et dans leur identité. C’est le cas de l’université sur le site Vauban, à Nîmes, qui fut, en premier lieu, un fort militaire puis une prison, un centre de détention jusqu’en 1991 et enfin, une Université… Contrairement à son nom, le fort de Vauban à Nîmes n’est pas l’œuvre de Sébastien le Prestre de Vauban, mais de l’ingénieur et de l’architecte du roi Louis XIV, Jean-François Ferry et Jean Papot, qui en 1687 démarrèrent le chantier. Quelque 200 ans après, l’idée d’une reconversion du fort – alors centre de détention – en une université est lancée. En 1991 un concours d’architecture est organisée par la Région et en sort vainqueur Andrea Bruno qui s’était déjà illustré depuis plus de trente ans dans la reconversion de sites patrimoniaux (le musée des Arts et Métiers de Paris, le musée de Corte en Corse, le réaménagement du château de Rivoli à Turin, ou encore l’extension de la chapelle des Brigittines à Bruxelles...). En 1995 l’université ouvre ses portes pour une première rentrée scolaire. Le pari, alors remporté avec succès, était de conjuguer plus de 200 ans d’histoire avec les exigences du présent. On fait dans la modernité qu’avec une conscience du passé et en l’assimilant, sinon la démarche découle du futurisme ou de la science fiction et là le manque de cohérence en devient flagrant… Pour le fort Vauban à Nîmes le défi était le même que pour l’hôpital Dossier Urbanisme


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L’université sur le site Vauban, Nîmes

© Université de Nîmes

Laennec ; la fonctionnalité initiale du monument ne correspondait plus à une identité qui pouvait être revendiquée, pourtant l’effort architectural et la résonance patrimoniale ne permettaient pas que l’on s’en débarrasse simplement. Le cas de l’hôpital Laennec est en cela honorable et témoigne d’une prise de conscience vis-à-vis de ce patrimoine, il a était envisagé de se débarrasser de ce vieil hôpital depuis trop longtemps hors normes du point de vue de la médecine moderne. Mais, au lieu de cela, a été choisi d’entreprendre de longs travaux dans une démarche de conservation du patrimoine. Plus qu’une conservation bornée il a été entrepris, et avec succès, de l’intégrer au paysage contemporain tout en reconfigurant son identité. Les plans à l’origine des travaux débutant en 1634 sont de l’architecte Gamard sous la conduite du cardinal de La Rochefoucault. Le chantier dure plus d’un siècle, jusqu’en 1757, cependant les malades incurables à qui est destiné ce nouveau bâtiment y séjournent dès 1637. L’hôpital rend, pendant plus de 200 ans, de bons et loyaux services auprès Centralités du grand paris # 8


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Vue générale

© D.R.

Entrée de la chapelle

© D.R.

il a était envisagé de se débarrasser de ce vieil hôpital depuis trop longtemps hors normes du point de vue de la médecine moderne. Mais, au lieu de cela, a été choisi d’entreprendre de longs travaux dans une démarche de conservation du patrimoine.

d’innombrables malades. En 1878, il devient l’Hôpital Laennec – nom de l’inventeur du stéthoscope et de l’auscultation moderne. Avec une capacité d’accueil de 250 lits il ferme tout de même de par son ancienneté, et parce qu’il ne répond plus aux exigences de la médecine, en 1999. L’assistance Publique des Hôpitaux de Paris le met en vente en 2000, c’est le groupe Altarea Cogedim qui remporte l’appel d’offres pour l’achat des 3,5 hectares avec le groupe d’assurance AGF, depuis devenu Allianz. Le projet qui aboutira au résultat qui nous est maintenant loisible d’aller voir, mettra 15 ans à se réaliser dans toute son ampleur. Mais le rendu final est probant ; pour plus de 17 000 m2 le site possède dorénavant un établissement collectif privé, 270 logements sociaux, une résidence étudiante, un centre de gérontologie, 4 600 m2 de surface commerciale, 2 hectares de jardins – dont 3 500 m2 accessibles au public –, et 498 places de stationnement.

Dossier Urbanisme


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À bâtiments prestigieux, locataire de prestige. Depuis le 1er janvier 2014 Laennec a l’honneur d’avoir comme premier locataire le groupe Kering qui a décidé d’y établir leur siège social. L’un des leaders mondiaux de l’habillement, coté en bourse et intégré au CAC 40, Kering n’est plus a présenter ; ses filiales – parmi lesquelles Gucci, Saint-Laurent, Bottega Veneta, Alexander McQueen, Balenciaga, Brioni, Christopher Kane, McQ, Stella McCartney, Tomas Maier, Boucheron, Dodo, Girard-Perregaux, JEANRICHARD, Pomellato, Qeelin et Ulysse Nardin ou encore Puma, Volcom, Cobra et Electric pour Sport&Lifestyle – sont internationalement reconnues et font office de référence en matière de luxe et de style. Jean-François Palus, Directeur Général Délégué de Kering confesse que « c’est un coup de foudre… d’amour pur, voire irraisonné qui [l’] a conduit à une décision. » Accompagnant et supportant Allianz dans le projet de rénovation, Kering a depuis emménagé dans ses nouveaux locaux dont les standards sont plus que surement à la hauteur de leurs marques. L’ex-PPR (Pinault-Printemps-Redoute) loue et ont à leur disposition, en ce moment même, un total de plus de 15 000 m2. Ces bureaux disposent d’une certification verte garantie HQE (haute qualité environnementale) et l’on sait le groupe très sensible à la cause écologique que leur capital leur permet de considérer. Avec, en 2014, un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros et un bénéfice d’exploitation de 1,7 milliard d’euros, Kering a pu s’offrir la location d’un bâtiment lourd d’histoire listé au nombre des monuments historiques français, et ainsi redonner vie à un patrimoine en lui redonnant un sens nouveau et une identité propre à notre époque.

Depuis le 1er janvier 2014 Laennec a l’honneur d’avoir comme premier locataire le groupe Kering qui a décidé d’y établir leur siège social.

Le Charme dans le hall d’accueil de Kering est mis sous verre sur deux étages. © D.R.

Centralités du grand paris # 8


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Jean-Claude Dendievel © D.R.

Propos recueillis par : Maxime Decommer

entretien Jean-Claude Dendievel Directeur de la maîtrise d’ouvrage et des grands travaux d’Allianz Real Estate France MD : En tant que maître d’ouvrage, responsable de la totalité du projet de réaménagement des anciens édifices hospitaliers protégés au titre des Monuments historiques en bureaux, quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous avez été confrontés ? J-CD : Il ne s’agissait pas uniquement de restaurer et de rénover un édifice protégé au titre des Monuments historiques, mais avant tout de le restructurer pour créer un nouvel espace de vie et de travail, totalement adapté aux meilleurs standards actuels de l’immobilier tertiaire. Comme nous ne pouvions pas percer les magnifiques voûtes de pierre des salles du rez-de-chaussée pour y placer des grilles de ventilation, nous avons par exemple conçu des galeries techniques de distribution en sous-sol apportant tous les fluides et intégrant un système de soufflage par le sol totalement novateur, que nous n’aurions pas imaginé dans un immeuble de bureaux standard. Notre gageure est d’être parvenus, sur ce site historique, à offrir des ratios de surface utile similaires à ceux de la construction neuve, à respecter l’ensemble des règlementations, et notamment l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Il s’agit d’une opération emblématique pour notre groupe, qui nous a mobilisé pendant plus de 10 ans. MD : Sur le site, à l’articulation des deux croix de Jérusalem, est présent le bâtiment du xviie siècle de l’ancienne chapelle de l’hôpital, classé au titre des Monuments historiques. Comment l’avez-vous restauré et quelle est sa fonction actuelle ? J-CD : La chapelle de Laennec était une chapelle hospitalière relevant du service d’aumônerie et elle a été transférée à l’hôpital Européen Georges Pompidou en 1999, en même temps que les autres services hospitaliers. Aujourd’hui, le bâtiment n’est plus une chapelle au sens propre du terme puisqu’il n’accueille plus d’activités cultuelles. Le permis de construire délivré par la Ville de Paris a défini son affectation en « équipement collectif privé », ce qui la destine à Dossier Urbanisme


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accueillir des conférences, des réunions, des expositions et manifestations diverses. Sous la responsabilité de Benjamin Mouton, nous avons procédé à une réfection à l’identique de la charpente, de la couverture et du clocher. Les vitraux ont été restaurés tout comme l’intérieur de l’édifice et le mobilier cultuel que sont le maître autel, les autels latéraux, les retables et la Chaire dite de Bossuet. MD : De la réalisation d’un programme de bureaux dit « en blanc », le projet s’est transformé et adapté aux besoins spécifiques du groupe Kering, choisi comme locataire du site alors que les travaux étaient en cours. Comment avez-vous assuré la gestion de cette évolution ? J-CD : Lorsque nous avons démarré le chantier en 2011, nous ne connaissions en effet pas encore l’identité du futur occupant des lieux. En amont, nous avions bien sûr mené des réflexions poussées afin d’offrir une flexibilité et une divisibilité des bâtiments optimales. Cela n’était pas un exercice facile mais nous étions parvenus à offrir le déploiement de scenarii variés, allant de l’occupation par un seul groupe de l’ensemble des édifices à leur division pour de multiples occupants, en passant par une solution intermédiaire, celle du fonctionnement des deux croix indépendamment l’une de l’autre, grâce à des accès indépendants. En mai 2012, nous avons signé avec Kering un engagement de long terme portant sur la totalité des espaces de bureaux. Le planning des travaux, estimé à 2 ans, a alors quasiment doublé afin d’assurer des travaux modificatifs lourds et structurels, répondant aux souhaits spécifiques du locataire. Nous avons par exemple modifié les lobbies d’entrées, reconfiguré le pôle de salles de réunion ou encore entièrement revu la décoration intérieure.

Centralité du grand paris # 8


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Auguste Victor © D.R.

Propos recueillis par : Maxime Decommer

entretien Auguste Victor Directeur général Cogedim Île-de-France MD : Le programme Paris 7 Rive Gauche propose notamment 191 logements haut de gamme. Quels sont aujourd’hui les moyens d’innover dans l’immobilier haut de gamme ? AV : Ils sont nombreux et nous ne portons pas l’innovation exclusivement dans l’immobilier haut de gamme. Aujourd’hui, quasiment tous les promoteurs font des immeubles certifiés mais il fut un temps où nous étions parmi les premiers. Nous avons été certifiés NF logement Démarche HQE® dès 2008 et nous avons alors fait le choix de viser la certification de toute notre production francilienne. Notre intérêt à rentrer dans une logique de certification est de porter l’innovation et la qualité au travers d’une multitude d’éléments, comme le soin apporté au choix des matériaux, à leur pérennité, mais également par nos préoccupations en terme d’anticipation, comme sur les eaux de pluie, les débits de rejet à l’égout. Nous menons aussi toute une réflexion sur les modes constructifs, sur la durabilité de nos opérations. Et évidemment, il y a toute l’innovation en terme de performances énergétiques, où nos efforts sont nombreux en terme de thermique. Être engagé dans une politique de certification des immeubles est un moyen, à la fois de rentrer dans une vision globale, à la fois de faire mieux : sur chaque item, on peut aller plus loin que la réglementation et c’est une forme d’innovation. Au-delà de la certification, les prestations que nous proposons aux futurs acquéreurs sont aussi porteuses d’innovation. Il y a tout ce qui a trait à la domotique, qui est clairement un sujet important, car il permet d’anticiper de nouveaux usages. À Laennec, les immeubles sont ceux dans lesquels nous avons le plus développé la domotique grâce à un système qui permet de piloter, avec son smartphone, les volets roulants, le plancher chauffant, les éclairages, l’alarme, etc. Imaginée dès 2010, il s’agit d’une belle innovation. Une autre est celle d’offrir aux logements les moyens d’évoluer, de ne pas rester Dossier Urbanisme


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figés. Aujourd’hui, les Français changent de logement en moyenne tous les 8 ans. On peut aussi se dire que c’est au logement de s’adapter, sans qu’on déménage. Les modes de vie évoluent très vite et, une chambre doit pouvoir devenir un bureau, une cloison doit pouvoir s’ouvrir. Nos logements ont vocation à évoluer et c’est un des intérêts de la vente en état futur d’achèvement. Elle permet de rendre le logement le plus modulaire possible et évolutif.

Nouveaux logements © D.R.

Centralité du grand paris # 8


Promotion immobilière Par : Blaise J. Pointaléa

De la mission de design global pour « 19 LCL » « 19 LCL », une rénovation, un nouveau nom. l’Hôtel des Italiens, bâtiment inscrit au patrimoine historique, situé au 19, boulevard des Italiens a fait peau neuve.

LCL

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Siège du LCL, escalier à double révolution © D.R.

Le conseiller immobilier américain JLL l’a revêtu de modernité pour un renouvellement identitaire de l’agence centrale du groupe LCL au sein de leur siège parisien. Implanté depuis les années 1970 en France, le géant américain à l’indéniable efficacité s’est emparé du projet et a participé au renouvellement esthétique et fonctionnel de la banque lyonnaise dont le bâtiment, digne représentation de l’essor bancaire survenu en France au xixe siècle s’est vu repensé dans son élégance et sa dynamique. Le « 19 LCL » est une preuve d’adaptabilité face aux nombreux changements de notre société ; la nouvelle grande particularité n’est autre que son ouverture au public, contre de rares journées portes ouvertes, antérieures à la refonte de l’intérieur, qui servaient à satisfaire les quelques curieux justement insatiables face à la somptuosité du bâtiment. Achevé le 15 novembre 2015, le concept dévoile au public un open space au design poussé et digne ; plus de 1 000 m2 ont été réaménagés. Le numérique prend place, la technologie Centralités du grand paris # 8


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Siège du LCL, escalier et verrière © D.R.

est au goût du jour, on se fait plus mobile – dorénavant votre conseiller viendra à vous, ordinateur portable en main, et il vous sera alors possible de demander un prêt confortablement assis dans des sièges au design flatteur – tablettes en libre accès, écrans et projecteurs LED, wifi, le matériel est optimal et se plie aux contraintes qu’une digitalisation du tertiaire impose. L’accueil est au cœur de cette politique de renouvellement, maintenant libre d’accès le 19, boulevard des Italiens peut accueillir qui voudra venir, pour y travailler, comme lieu de rendez-vous, pour y flâner, aller voir cette fameuse réplique de l’escalier à double révolution du château de Chambord… demander un prêt, etc. Les espaces sont intelligemment pensés, la réception est éventrée par une longue allée qui sépare les espaces de travail et le nouvellement nommé « Forum », un espace que JLL a voulu convivial et absolument moderne.

le concept dévoile au public un open space au design poussé et digne ; plus de 1 000 m2 ont été réaménagés.

Les enjeux d’une telle transformation se justifient par les exigences de notre époque ; l’événementiel fait partie de ces nouveaux enjeux, et, aussi surprenant que cela puisse paraître, LCL a inauguré le lancement de leur « Creative channel » dont l’objectif est la présentation d’artistes numériques allant « du motion design à l’animation ». Le travail des artistes est diffusé sur un écran géant d’une vingtaine de m2 divisé en trois parties et sera accompagné d’expositions temporaires aux nombres de quatre par an. Cette mise en avant honorable d’artistes se conjugue parfaitement avec la logique numérique qu’a alors récemment adoptée LCL. Toujours axé sur l’événementiel, le siège parisien est en mesure d’accueillir des entreprises, « l’Académie », qui fait également partie des nouveaux espaces que propose 19 LCL, propose aux entreprises la location d’un lobby avec espace traiteur, Promotion immobilière


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un salon – simplement nommé « le Salon » – deux salles de réunion « Design Thinking » et une salle de conférence sur un modèle d’amphithéâtre. JLL a su faire d’un bâtiment haussmannien un atout pour le futur au cœur de la capitale tout en respectant, voire en sublimant, le patrimoine historique que peut représenter un tel bâtiment – voyez le jeu de lumière qui la nuit anime et façonne sa façade au gré des couleurs.

JLL a su faire d’un bâtiment haussmannien un atout pour le futur au cœur de la capitale tout en respectant, voire en sublimant, le patrimoine historique que peut représenter un tel bâtiment.

Maquette © D.R.

Centralités du grand paris # 8


Promotion immobilière Par : Alexandra Gilli

Executive Channel Network À la conquête du marché européen de l’affichage digital

Troyon © D.R.

Centrail Seine © D.R.


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L’affichage digital s’adapte à l’ère de son temps marquée notamment par les nouveaux comportements liés au monde du travail. Aujourd’hui, les actifs consacrent 60 % de leur temps éveillé aux lieux de travail et restent attentifs à la forme simple des informations qu’ils recherchent sur place. Spécialisé dans l’installation de réseaux d’écrans digitaux (DOOH : acronyme anglais qui signifie Digital Out-Of-Home) dans les tours de bureaux, le groupe Executive Channel Network (ECN) crée ainsi une niche qui offre un service exclusif dans un cadre spécifique auprès d’une audience hebdomadaire qui génère 4,5 millions de contacts dans les deux principales capitales européennes, Paris et Londres. C’est en 2004 qu’Executive Channel Network voit le jour en Australie en proposant ses premiers affichages digitaux dans les lieux d’affaires. Le modèle connaît un rapide succès et se déploie en 2009 d’abord à Londres, dans les espaces phares de la City et Canary Wharf, puis en 2012 dans le mythique quartier central des affaires de Paris (QCA) ou encore celui de La Défense. Si le marché allemand est la prochaine étape de son développement, aujourd’hui, la société compte à son actif plus de 250 sites en Europe qui bénéficient de son savoir-faire et de ses compétences dans le domaine. Un modèle unique L’écran fait partie de notre environnement et le rich media est plébiscité par un public qui désire toujours plus d’interactivité. ECN évolue donc dans un marché propice et cible son offre en proposant aux gestionnaires de sites ou d’immeubles d’installer des plateformes de communication stylisées et parfaitement intégrées à la vie du bâtiment. Les Totems, écrans verticaux de différentes tailles et haut de gamme, prennent place dans les espaces communs comme le hall d’entrée, la pièce de détente ou encore aux accès des ascenseurs. Les contenus, entièrement gérés par ECN, sont adaptés aux usagers de l’immeuble et vont de la diffusion des actualités en temps réel (informations générales, économiques ou sportives), à la communication interne, en passant par la publicité et les services interactifs (info-trafic géolocalisée, disponibilité des Vélib’, etc.). Le concept d’ECN marque une véritable différence avec les autres entreprises du secteur par son autofinancement et sa volonté d’être une valeur ajoutée dans l’espace professionnel. En effet, les gestionnaires de sites se voient proposer un service clés en main gratuit allant de l’installation du matériel à sa maintenance. La constitution des contenus varie selon les immeubles et les accords passés avec les sociétés locataires sur leur volonté d’utiliser ces outils de communication pour leurs salariés. Centralités du grand paris # 8

C’est en 2004 qu’Executive Channel Network voit le jour en Australie en proposant ses premiers affichages digitaux dans les lieux d’affaires.

Maison de La Défense © D.R.


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Pour Alexis Pezerat, directeur général France ECN, l’idée connaît un fort succès parce qu’elle est bien adaptée à notre époque et permet de toucher un public unique avec un lien fort entre le lieu et le message.

Alexis Pezerat, directeur général France ECN

© D.R.

L’écran fait partie de notre environnement et le rich media est plébiscité par un public qui désire toujours plus d’interactivité.

Une ambition affichée À Paris, déjà présent dans les tours emblématiques telles la tour Montparnasse, la tour Égée à La Défense ou dans des immeubles haussmanniens, ECN affiche son objectif d’étendre son réseau sur d’autres sites. Ce déploiement s’opère donc avec une évolution significative de ses services comme la mise en place d’ECN+ développé en complément du service d’écrans connectés pour offrir un service wifi. Répondre efficacement aux besoins des usagers et être réactif aux mutations du monde du travail sont les leitmotivs de la société. Et c’est la tour First, à l’initiative de CBRE, qui a été le premier immeuble à être équipé du wifi offert et inauguré en novembre 2015. D’autres compétences comme l’assistance créative sont expérimentées à l’instar de Carlson Wagonlit locataire du Kinetik, à Boulogne, qui s’est approprié la solution ECN+ pour sa communication interne. Au-delà des parties communes du lieu, sept écrans paysages dans les étages privés du Carlson Wagonlit diffusent ses propres informations pour ses employés. Fort de son expérience dans des lieux iconiques du milieu des affaires à Londres et à Paris, ECN est devenu un partenaire de plus en plus incontournable des foncières et des gestionnaires de site. Sa place de leader ainsi confirmée lui permet de nouvelles perspectives avec notamment une installation en Allemagne prévue en 2016.

Tour Europlaza

© D.R.

INFOS www.executivechannelnetwork.fr Promotion immobilière



A Foundation For Beautiful Thinking*.


P042 dossier spécial MIPIM PIP HOURA !


MIPIM 2015

© IMAGE & CO /  Y. Piriou

Dossier spécial


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dossier spécial MIPIM PIP HOURA ! Par : Jean-Philippe Hugron

« Le MIPIM ? Moi, jamais ! » C’était il y a quelques années encore ; bien des architectes faisaient montre d’une moue méprisante à la simple évocation de l’acronyme. « Un salon de l’immobilier ? Très peu pour moi… ». Toutefois, c’était avant... bien avant la crise. Aujourd’hui, le dédain est remisé au placard. Il laisse place à la curiosité et à l’attente ; le rendez-vous est désormais incontournable. Organisé généralement mi-mars dans le Palais des Festivals de Cannes, à quelques pas de la Croisette, l’événement réunit pendant quatre jours presqu’autant d’architectes que l’inauguration de la mondaine Biennale d’architecture de Venise.

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Chercher la commande et promouvoir l’architecture Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, avait fait le lien entre la manifestation culturelle et la foire commerciale, à travers, notamment, une étonnante proposition. Elle s’était longuement exprimée au moment de l’inauguration du Pavillon Français de l’édition 2014 de l’événement vénitien et avait proposé de présenter au MIPIM, sur un stand dédié, les lauréats des Albums des jeunes architectes et paysagistes (AJAP), une distinction portée par la Rue de Valois pour mettre en avant de jeunes maîtres d’œuvre méritants. Quelques heures plus tôt et à quelques mètres de là, Catherine Jacquot, présidente de l’ordre français des architectes, avait affirmé au Palazzo Zorzi, lors de la remise du Grand Prix AFEX (Architectes Français à l’export), avoir été « très impressionnée » par le dynamisme affiché par cette association, au MIPIM, à Cannes qui « avec de petits moyens, réussit à être très présente ! » Elle avait également ajouté avoir été « impressionnée » par l’engagement de certains États, de certaines villes (Londres ou Berlin), auprès de leurs organisations professionnelles d’architectes, pour valoriser le talent et les réalisations de leurs professionnels ! « Il me paraît absolument nécessaire que notre Ministère de la Culture et la ville de Paris déploient les mêmes efforts en faveur de

Dossier spécial


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© IMAGE & CO / V. Desjardins

Il me paraît absolument nécessaire que notre Ministère de la Culture et la ville de Paris déploient les mêmes efforts en faveur de l’architecture française.

l’architecture française. » Voilà qui présageait en somme d’un changement certain et d’une optique nouvelle.

Ce revirement est à relier, d’une part, à la crise que la profession d’architecte traverse et, d’autre part, à la commande publique qui ne cesse de se réduire. Bien des agences qui ne vivaient que des appels d’offres et des concours ont du repenser, en conséquence, leur stratégie et revoir leur mode d’accès à la commande. Aurélie Filippetti, Aux architectes de se démarquer et de ancienne ministre de la Culture démarcher de potentiels clients. Pour ce faire, le MIPIM reste l’endroit le plus indiqué. Au détour des allées du salon, il ne sera ainsi pas surprenant de croiser un homme ou une femme de l’art rompu à la conception d’équipement public ; il faut désormais aller séduire de nouveaux maîtres d’ouvrage et chercher la commande où elle se trouve. Access a real world of opportunities, littéralement « accédez à un monde réel d’opportunités », tel est le slogan de la nouvelle édition 2016 du marché international de l’immobilier. CQFD.

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L’architecte, cette tête de gondole De fait, les attitudes changent. Quand, autrefois, la condescendance des uns pouvait se frotter au mépris des autres, il y a désormais curiosité et intérêt partagés. L’architecte, ce professionnel souvent caricaturé en artiste maudit, présente désormais de nouvelles qualités pour des maîtrises d’ouvrage parfois moquées pour ne pas porter honneur à l’art de bâtir. L’architecture (re)devient l’affaire du secteur privé, mais il s’agit là, avant tout, d’une question d’image et de communication. Pour exister, il faut se distinguer et la figure de l’architecte se révèle être la parfaite tête de gondole.

© IMAGE & CO

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Paris, Lyon, Marseille mais aussi Francfort, Barcelone, Prague, Helsinki, Tallin, Saint-Pétersbourg… et même Ostrava, Oulu, Brockville, Gdansk, Malmö seront présentes à l’édition 2016 du MIPIM.

Après que les plus grands noms de l’architecture – souvent lauréats du Prix Pritzker – ont été invités à imaginer les projets les plus audacieux, villes et promoteurs ont revu leurs ambitions à la baisse. Après des années d’euphorie, l’immobilier d’entreprise se montre plus enclin au réalisme économique. Cette stratégie a peu à peu déporté l’attention vers des opérations beaucoup plus modeste. Un ensemble de plusieurs dizaines de logements peut ainsi devenir le fer de lance d’un programme urbain majeur. À Lyon, la seconde phase de l’opération d’aménagement de la Confluence réunit des noms aussi courus qu’Herzog et de Meuron, Jean Nouvel, ou encore Manuel Herz ou Christian Kerez. Aucun luxueux gratte-ciel ne leur a été confié pas plus encore que d’équipements dispendieux. Ils ont reçu commande d’immeubles à usages mixtes allant du R+2 au R+16. Voilà qui témoigne d’un changement de paradigme. Des agences qui se livraient à penser l’exceptionnel sont contraintes de travailler l’échelle quotidienne et banale. D’autres villes pourraient être citées en exemple, comme Berlin qui confie à Daniel Libeskind non pas un musée mais une opération de 73 appartements ou Londres qui voit Frank Gehry non pas réaliser une monumentale fondation pour l’art mais un complexe de 800 logements. Bref, des grands noms de l’architecture qui servent la notoriété de développeurs et la réputation de métropoles mondiales. Des promoteurs mais aussi des villes et des architectes Bien des villes présentes au cœur du Palais des Festivals de Cannes, redessinent la carte des rivalités nationales et internationales. Les exposants du MIPIM ne sont donc pas uniquement des promoteurs. Paris, Lyon, Marseille mais aussi Francfort, Barcelone, Prague, Helsinki, Tallin, Saint-Pétersbourg… et même Ostrava, Oulu, Brockville, Gdansk, Malmö seront présentes à l’édition 2016 du MIPIM. C’est alors à qui aura les maquettes les plus lumineuses, les brochures les plus luxueuses. Sur papier glacé se déclinent statistiques démographiques et performances économiques. Aux nouvelles lignes de métro s’ajoutent gares et aéroports, tours et gratteciel.

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© IMAGE & CO / V. Desjardins

À ces exposants et à ce concert de projets immobiliers s’ajoutent quelques rares architectes qui ont fait le choix de prendre un stand. En 2016 sont attendus KPF, l’une des plus grandes agences anglo-saxonnes mais aussi Efekta Architects et Ozer Ve Tulgan Architects de Turquie, Jaspers-Eyers Architects de Belgique et Green Planet Architects – le « 1er réseau d’architectes durables » – de République Dominicaine. Pour séduire cette nouvelle manne de participants et de visiteurs, les organisateurs du MIPIM avaient imaginé en 2015 un Café Architecture mais aussi une série de conférences invitant quelques professionnels à s’exprimer sur le sujet. En 2016, Breen Øivind, associé de l’agence norvégienne Dark se prononcera sur la technologie, ce nouvel or noir de la promotion ; Philippe Chiambaretta, fondateur du bureau parisien

Dossier spécial


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PCA, évoquera le thème de l’économie digitale. Louis Paillard abordera plus ou moins ce même sujet et Nielsen Kim Herforth, associé de l’une des plus grandes agences danoises, 3XN, dialoguera avec Simon Takasaki, sur la question du logement. Du pragmatisme En outre le MIPIM 2016 devrait être l’occasion de réfléchir à diverses thématiques. Celle mise en exergue pour cette 27e édition, sera l’habitat. Parmi les questions posées, d’aucuns notent : « comment construire un futur vivable tout en maintenant les objectifs de croissance ? », « comment et où investir ? », « la construction, demain : haute, intelligente et mixte ». Derrière ces assertions sans fard ni demi-mesure, les problématiques de la densité, des infrastructures ou encore de la responsabilité politique seront avancées. Plus encore, les relations entre secteur public et secteur privé seront questionnées. À travers l’ensemble de ces manifestations, mais aussi à travers les projets présentés et le public concerné, le MIPIM traduit les grandes évolutions du marché de l’immobilier et les transformations quant à la manière de fabriquer la ville. Loin des débats souvent théoriques portés par la Biennale d’Architecture de Venise et ses émules, le MIPIM rappelle bien des professionnels à la réalité et au pragmatisme. Ainsi la triade promoteur, ville et architecte ne s’est sans doute jamais autant resserrée.

INFOS Palais des Festivals et des congrès de Cannes 1, Boulevard de la Croisette 06400 Cannes du 15 au 17 mars 2016 de 9h à 19h 18 mars 2016 de 9h à 15h

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Le MIPIM en chiffres 89

pays représentés au MIPIM

1 628

investisseurs

1 189

promoteurs

743

architectes et urbanistes

544

collectivités locales Depuis 25 ans, les MIPIM Awards célèbrent les projets immobiliers internationaux les plus remarquables. En tout, plus de

150

réalisations ont été couronnées depuis la création du prix. Le MIPIM constitue un rendez-vous incontournable. Il est le plus grand salon international de l’immobilier. Il se déploie sur plus de

17 000 m² et réunit

21 400

participants pendant quatre jours

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© IMAGE & CO / V. Desjardins

MIPIM Awards 2016 Plusieurs projets français sont en lice pour les MIPIM Awards 2016. Parmi eux, une audacieuse auberge de jeunesse conçue à Lille par Julien de Smet dans la catégorie « meilleur hôtel ». Le parc de Bréguières imaginé par Stéphane Goulard et développé par Barjane pourrait, quant à lui, remporter le prix du projet industriel et logistique. Philippe Chiambaretta, de son côté espère obtenir avec #cloud.paris, un très élégant projet réalisé pour la Société Foncière Lyonnaise, le titre de « meilleure opération de bureaux ». Du côté des restructurations, Atelier du Pont et Élogie avec les logements du 25 rue Michel Le Comte se retrouvent, entre autres, face à Benjamin Mouton et Allianz Real Estate avec le projet Laennec. Les docks de Marseille, pensés par 5+1AA pour Constructa Urban Systems vise le prix du « meilleur centre commercial » ; les rives de la haute Deûle de Jean-Pierre Pranlas-Descours, celui de « meilleur projet de régénération urbaine » ; Home d’Hamonic+Masson et Comte&Vollenweider avec Bouygues immobiliers, celui de « meilleur projet résidentiel » ; et enfin, les tours Duo Paris de Jean Nouvel pour Ivanhoé Cambrige la distinction de « meilleur futur mégaprojet ».

Centralités du grand paris # 8


LES FINALISTES DU MIPIM AWARDS 2016

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BEST REFURBISHED BUILDING

Centro Cultural Kirchner Buenos 25 rue Michel le Comte Paris, Aires, Argentine France © N/A © Frederic Delangle

Laennec Paris, France © Bruno Démelin/GraphixImages

Papillon Düsseldorf, Allemagne © Martina Chardin

BEST INDUSTRIAL AND LOGISTICS DEVELOPMENT

Method Pullman Factory Chicago, États-Unis © METHOD

BARJANE – Building K – Park of Bréguières Les Arcs sur Agens, France © BARJANE

Umeva – sewage treatment plant Umeå, Suède © Ola Westerberg

ELI Beamlines Prague, République Tchèque © Filip Slapal

BEST FUTURA PROJECT

BEST FUTURA MEGA PROJECT

Bee’ah Headquarters Sharjah, Émirats Arabes Unis © MIR - Zaha Hadid Architects

Intense Urban Sensations © L'autre image - Publicis

hoUSe Manchester, Paradis Express Royaume-Uni Liège, Belgique © Urban Splash © A2M - JASPERS & EYERS - BAG

Istanbul Grand Airport Istanbul, Turquie © Scott Brownrigg

ICI Plants & Headquarters Istanbul, Turquie © N/A

FICO – Eataly World Bologna, Italie © Prelios SGR

BEST HOTEL AND TOURISM RESORT

Musholm Korsør, Danemark © Kirstine Mengel - Jens Markus Lindhe and Musholm

LILLE youth hostel Lille, France © Julien Lanoo - JDS ARCHITECTS

JW Marriott Venice Resort Suiran, a Luxury Collection & Spa Venice, Italie Hotel, Kyoto Kyoto, Japon © JW Marriott Venice © Suiran

BEST URBAN REGENERATION PROJECT

Les Rives de la Haute Deûle Lille, France © Bocquet - Germe & Jam - Pranslas Descours - Bercez - Stereograph Tachon - Tarabusi - Zig Zag - Beal & Blanckaert

Crossrail Place London, Royaume-Uni © Odakyu Electric Railway Co LDT

Groen Kwartier Antwerpen, Belgique © Lumecore - Toon Grobet Piet Boon

SHIMOKITAZAWA Project Tokyo, Japon © Odakyu Electric Railway Co LDT

Dossier spécial


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BEST RESIDENTIAL DEVELOPMENT

Le Toison d’Or Brussels, Belgique © Philippe van Gelooven

Katscha Norrköping, Suède © Mattias Lindh mattelindh@liv

Bâtiment Home Paris, France Hansaterrassen © Takuji Sjhimmura Hamburg, Allemagne © Werner Huthmacher Cordelia Ewerth

BEST HEALTHCARE DEVELOPMENT

Aabenraa Psychiatric Hospital Aabenraa, Danemark © Adam MøRK

McGill University Health Centre (MUHC) Montreal, Canada © Claude-Simon Langlois

Hospital of the J.W. Goethe University Frankfurt am Main, Allemagne © Werner Huthmacher - Stephan Müller-Naumann

Queen Elizabeth University Hospital & Royal Hospital for Children Glasgow, Écosse © Infinite 3D

BEST OFFICE AND BUISNESS DEVELOPMENT

Shanghai Tower Shanghai, Chine © Shangai Tower

#CLOUD.PARIS Paris, France © Clément Guillaume 2015

Evolution Tower Moscow, Russie © N/A

Holcom New Headquarter Beirut, Lebanon © Leva Saudargaite

BEST SHOPPING CENTER

New Kiruna Kiruna, Suède Mall of Scandinavia Aquis Plaza Aachen, The Hub Shanghai, Les Docks Village © White and Tegmark Stockholm, Suède Allemagne Chine Marseille, France © Unibail Rodamco - Bau © Fotografie Ulrik Eichentopf © Callison rtkl - shui on land © Francois Moura

BEST INNOVATIVE GREEN BUILDING

Gladsaxe Company House Soeborg, Danemark © Erik Martensson

Centralités du grand paris # 8

Treurenberg Brussels, Belgique © Marc Detiffe

IRENA Headquarters Abu Dhabi, Émirats Arabes Unis © Lyndon Douglas

DigiPlex Fet Oslo, Norvège © Nancy Bundt and Synne Dahl


FONCIÈRE DES RÉGIONS C0-créateur d’histoires immobilières

Foncière des Régions est engagée principalement aux côtés des entreprises Grands Comptes (Suez Environnement, Thales, Dassault Systèmes, Orange, Edf, IBM, Eiffage…) sur le marché des Bureaux. Le groupe déploie également son activité, de façon pionnière et pertinente, sur deux autres secteurs stratégiques que sont le Résidentiel en Allemagne et l’Hôtellerie en Europe. Avec un patrimoine situé sur les marchés porteurs que sont la France, l’Allemagne et l’Italie, Foncière des Régions est aujourd’hui le partenaire reconnu des entreprises et territoires, qu’elle accompagne dans leur stratégie immobilière avec un double objectif : valoriser le patrimoine urbain existant et concevoir l’immobilier de demain.

foncieredesregions.fr

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– Crédits photo : O. Ouadah, Motel One, Bloom Images, Sauerbruch Hutton.

de patrimoine

Conception–réalisation :

18 Md€

Acteur de référence de l’immobilier tertiaire, Foncière des Régions a construit son développement et son patrimoine autour d’une valeur clé et caractéristique, celle du partenariat.


P056 dossier culture

Le Grand Pari(s) de l’Église

P064 Parole d’élu

3 MAIRES 3 QUESTIONS POUR LE GRAND PARIS

P072 DOSSIER sociétal

DOOR-TO-DOOR : Nouveaux véhicules, nouvelle ville ?


Église du SaintEsprit 1932

Š archives Chantiers du Cardinal


p057

dossier culture Par : Christine Blanchet

Le Grand Pari(s) de l’Église Des églises dans l’air du temps En 2012, les Chantiers du Cardinal et les Chantiers interdiocésains se sont unis pour réaliser le « Grand Pari(s) de l’Église ». Les deux structures ont ainsi étendu leur mission à l’ensemble des huit départements d’Île-de-France et interviennent sur les diocèses suivants : Paris (75), Hauts-de-Seine (92), Seine-SaintDenis (93) et Val-de-Marne (94), et enfin sur ceux de Meaux (77), de Versailles (78), d’Évry-Corbeil-Essonnes (91) et de Pontoise (95).

Le cardinal Verdier (1864-1940), l’histoire d’un visionnaire Lorsque le cardinal Verdier, archevêque de Paris, crée en 1931 les Chantiers du Cardinal, il inscrit sa mission dans une pastorale d’évangélisation destinée aux banlieues alors en pleine extension démographique, mais déchristianisées et oubliées. À cette époque, le diocèse de Paris s’étendait de la capitale à une partie de la banlieue parisienne recouvrant le département de la Seine. En lançant son œuvre pour aider les paroisses à construire des églises, le religieux y voit aussi l’opportunité de donner du travail aux ouvriers dans une période sévèrement touchée par la crise économique. En une décennie, son incroyable impulsion permet la construction de 110 églises. Si la guerre et l’occupation allemande marquent un temps d’arrêt dans l’histoire des Chantiers, à partir de 1954, celleci continue à s’écrire avec l’épiscopat parisien du cardinal Feltin dont les préoccupations restent concentrées sur la nécessité de la présence catholique en banlieue et dans les quartiers populaires. Centralités du grand paris # 8


p058

Portrait du cardinal Verdier © archives Chantiers du Cardinal

En 1966, les nouveaux départements de la région parisienne partagent le diocèse entre les départements de Paris (75), des Hautsde-Seine (92), de Seine-Saint-Denis (93) et du Val-de-Marne (94). Ainsi, depuis leur fondation, les Chantiers ont bâti plus de 300 édifices. 85 ans après, l’aventure se poursuit Aujourd’hui, l’œuvre interdiocésaine, qui couvre les huit diocèses d’Île-de-France, a toujours pour vocation de construire des lieux de culte, mais elle a la charge également de rénover, d’entretenir et de mettre aux normes ce patrimoine constitué durant ces décennies. La mutualisation des moyens des Chantiers du Cardinal et des Chantiers interdiocésains en 2012 a donc permis de répondre avec efficacité aux demandes des paroisses, d’affecter de meilleurs budgets pour les travaux, de renforcer la solidarité entre les diocèses et d’améliorer leur visibilité. Les programmes en cours ou récemment inaugurés témoignent de la vitalité de leur Grand Pari(s) avec parfois des propositions architecturales profondément ancrées dans l’ère du xxie siècle. Le « Grand Pari(s) de l’Église » : le défi relevé L’année 2014 aura été riche avec deux réalisations remarquables dans lesquelles l’Église affiche ses ambitions : être plus visible en tant qu’institution religieuse tout en proposant d’être un lieu de lien social par la mise en place d’infrastructures autres que l’espace de prière. Dossier Culture


p059

Situé à Saint-Denis dans un quartier en pleine réhabilitation où les immeubles de bureaux côtoient les habitations, le premier bâtiment provoque un certain ravissement par ses formes inédites dans l’architecture sacrée. En effet, l’église Saint-Paul-de-La-Plaine, à la ligne épurée, a été conçue par Patrick Berger et Jacques Anziutti, également chargés du projet de modernisation du Pôle multimodal de Châtelet-Les Halles. Ils ont créé un plan en goutte d’eau qui résulte de deux archétypes : le plan basilical qui oriente les fidèles vers l’autel, et le plan circulaire qui rassemble les fidèles autour d’un espace communautaire. Le second exemple est le très bel Ensemble Pastoral à BoulogneBillancourt livré par l’atelier Gonzalez+Brenac. La maison Saint-François-de-Sales, installée au cœur du nouveau quartier du TrapèzeRives de Seine, sur les 37,5 hectares des anciennes usines Renault, accueille des activités diverses grâce à la création d’espaces modulables. L’édifice recouvert de zinc adopte un profil résolument « moderne » pour répondre parfaitement aux enjeux du lieu, qui, au-delà de sa vocation cultuelle, est ouvert à tous pour que la rencontre, la formation et le dialogue autour des questions de la famille aujourd’hui soient encouragés.

À LIRE

La maison pastorale SaintFrançois de Sales à BoulogneBillancourt. Brenac et Gonzalez | atelier d’architecture

© Brenac et Gonzalez

Centralités du grand paris # 8

Architecture et Arts sacrés de 1945 à nos jours Christine Blanchet, Pierre Vérot Édition Archibooks, Paris


p060

À Créteil, la diversité est une réalité. Elle fait partie de l’identité de notre ville et constitue à la fois une richesse sur le plan humain et un atout pour le dynamisme du territoire. [...] C’est dans cet esprit que la ville de Créteil soutient aujourd’hui la restructuration de la cathédrale. Laurent Cathala, député-maire de Créteil

Cathédrale de Créteil

© Yves Mernier

L’événement de 2015 est sans aucun doute l’extension de la cathédrale de Créteil confiée à l’agence AS Architecture-Studio, déjà remarquée en 1998 pour la construction de l’église Notre-Dame-del’Arche-d’Alliance dans le 15e arrondissement de Paris. À Créteil, les architectes relèvent le défi de déployer l’édifice conçu en 1976 par Charles-Gustave Stoskopf dont le parti pris stylistique répondait aux critères de ces années : discret, moderne et modeste. Mais le bâtiment, devenu en 1988 cathédrale, ne correspondait plus à la vision contemporaine de l’Église dans la société qui se veut ouverte et présente sur le monde. De cette façon, le programme inclut : un lieu de culte plus grand, lieu de rassemblement pour la prière communautaire ; un dôme et un campanile visibles de loin pour signifier sa présence et un espace culturel ouvert à tous et aux échanges interreligieux. Les critiques unanimes ont salué avec justesse aussi bien la conception artistique que la prouesse technique du projet. Si les deux écritures architecturales conservent leur identité, elles restent cohérentes dans leur géométrie : sur le tracé en plan de l’édifice d’origine, la nouvelle coupole s’élève vers le ciel. Les deux voiles de béton cylindriques surmontés d’une terrasse horizontale à cinq mètres du sol deviennent deux coques tridimensionnelles en bois qui se rejoignent au-dessus de l’autel à plus de vingt mètres de hauteur, perçues symboliquement comme deux mains jointes en prière. Les vitraux signés par Udo Zembok, placés à la jonction des deux coques, rythment de ses couleurs l’espace et le temps liturgique. Signal fort de sa présence, le clocher, détaché du bâtiment, à l’angle du parvis, marque l’entrée de la cathédrale par sa silhouette élancée, ponctuée des trois cloches de l’ancien campanile.

Dossier Culture


p061

À venir Le « Grand Pari(s) de l’Église » poursuit ses chantiers. À Saint-Pierredu-Perray dans l’Essone, ville en pleine expansion, l’église SaintPierre érigée au cœur du centre et aux formes pointues de l’architecte Marc Depeyre a été inaugurée en février. Nous pouvons déjà noter l’ambitieux programme sur le Plateau de Saclay, au cœur de la future Silicon Valley française où la construction d’un centre spirituel et d’une résidence étudiante internationale est en cours d’étude. Un avenir qui se prépare pour l’Église avec une volonté d’être au cœur de la société et de son évolution.

Rassemblement à l’église Saint-Pierre à Saint-Pierredu-Perray dans l’Essonne. Architecte : Marc Dupeyre. © Patricia Sapin-Deteix

À LIRE

INFOS À travers huit itinéraires abondamment illustrés, dans les arrondissements périphériques de la capitale et dans la proche banlieue, les auteurs invitent le lecteur à découvrir ces églises qui sont aussi des chefs-d’œuvre de l’architecture du xxe siècle. Certaines d’entre elles recèlent des trésors d’art sacré réalisés par les plus grands artistes de l’époque. Centralités du grand paris # 8

Histoire d’églises en Île-de-France, Un ouvrage édité par Ouest France dans la collection « Itinéraires de découvertes » est paru en 2011.


p062

Arielle Courty © D.R.

entretien Arielle Courty directrice des ressources pour les Chantiers du Cardinal Christine Blanchet : Les Chantiers du Cardinal existent depuis 1931. Plus de 300 églises et centres paroissiaux ont été édifiés, combien d’églises construisez-vous en moyenne depuis dix ans ? AC : Depuis dix ans, ce sont près d’une quinzaine d’édifices nouveaux et reconstructions qui ont vu le jour. Et surtout, en 2012, nous avons lancé le Grand Pari(s) de l’Église. Ce projet a permis aux Chantiers du Cardinal d’élargir leur action à l’ensemble des départements d’Îlede-France et de programmer la construction de neuf grands projets. De l’église Saint-Pierre-du-Perray à la Maison Ozanam, ce sont des projets qui proposent une vision nouvelle de l’architecture religieuse. Au-delà des créations architecturales d’importance, il faut prendre en compte les dizaines de chantiers de rénovation et de réhabilitation. Les Chantiers du Cardinal prennent en charge ces travaux, moins visibles mais non moins importants, qui permettent non seulement d’entretenir le patrimoine de l’Église, mais aussi d’apporter de meilleures conditions de célébrations et d’échanges des communautés. CB : L’architecture des églises a connu au cours du xxe siècle plusieurs partis formels, avez-vous actuellement des lignes directives sur le plan architectural ? Comment sélectionnez-vous un projet ou un architecte ? AC : La décision est prise collégialement entre les diocèses d’Île-deFrance. Pour les projets dont le montant dépasse 500 000 €, ce sont les évêques qui sont en charge de la décision, ce qui a notamment été le cas pour Saint-Paul-de-La-Plaine. Construire une église est un processus qui s’inscrit dans le contexte plus vaste de l’animation d’une communauté et la vie d’un quartier. Les réalisations jouent beaucoup sur les éléments où la matière (le bois, le zinc ou l’aluminium) sculpte la lumière et intègre l’environnement. Pour ces projets, nous souhaitons créer un repère social et spirituel. C’est pour cette raison que nous n’hésitons pas à susciter des gestes architecturaux. Je pense à la cathédrale Notre-Dame à Créteil dont la coque en bois évoque deux mains en prière, rappelant l’Œuvre d’Auguste Rodin, La Cathédrale. dossier culture


p063

CB : Quels sont les nouveaux enjeux des Chantiers du Cardinal dans notre société ? AC : Les nouveaux lieux d’Église sont implantés là où les gens vivent, travaillent, étudient... L’enjeu premier est donc de s’adapter à l’évolution de la société et de la pratique religieuse. À titre d’exemples, Saint Paulde-La-Plaine à Saint-Denis, situé dans un nouveau centre d’affaires, est tourné vers les travailleurs et les étudiants. La Maison Saint-François-deSales à Boulogne, quant à elle, est plutôt dédiée aux familles du fait de sa localisation dans un nouveau quartier d’habitation.

Chapelle de la Maison Ozanam, Paris 17. Inaugurée en septembre 2015. Architecte : Jean Bocabeille Architecte. © Jany Fejoz

Centralité du grand paris # 8


Parole d’élu Propos recueillis par : La rédaction

3 MAIRES

3 QUESTIONS POUR LE GRAND PARIS Entretiens avec 3 élus de la Ville de Paris : Jacques Boutault (mairie du 2e), Philippe Goujon (mairie du 15e) et Rachida Dati (mairie du 7e), sur les enjeux de la Mégalopole du Grand Paris, sa place dans leur gouvernance et sur le rôle présent et futur de leurs arrondissements... MGP, quelle chimère ?


p065

2016 est une année qui sera et se doit d’être riche en projet, en aboutissement, en réalisation… Une année que l’on voit d’un œil, non suspicieux mais vigilant, tant on la sait charnière. 2016, c’est l’année de lancement du projet de la Métropole du Grand Paris (MGP), un projet qui veut projeter Paris et ses alentours jusqu’en 2030 dans une optique de développement urbain à la hauteur des exigences internationales et de sa population croissante de travailleurs. Cette année sera à la base même du projet. Les prémices de la MGP, qui pourront alors passer pour balbutiements, seront instaurées au cours de l’année. Dynamisés par le projet d’ouverture de plusieurs lignes de métros et de prolongations d’autres déjà existantes, la MGP s’appuie sur une expansion de la mégalopole et une création de quartiers supplémentaires qui seront dédiés de façon très précises à différent domaines. Au jour d’aujourd’hui, les compétences et le potentiel de la MGP ne s’illustrent que par l’idée. Il faudra attendre 2017 pour que ses stratégies se matérialisent et que ses compétences urbaines, d’épanouissement économique et environnementale soient effectives, et même plus tard pour les plus conséquentes du point de vue métropolitain.

Centralités du grand paris # 8

Paris panoramique

© D.R.

2016, c’est l’année de lancement du projet de la Métropole du Grand Paris (MGP), un projet qui veut projeter Paris et ses alentours jusqu’en 2030 dans une optique de développement urbain à la hauteur des exigences internationales et de sa population croissante de travailleurs.


p066

entretien JACQUES BOUTAULT Conseiller de Paris MAIRE DU 2E ARRONDISSEMENT DE PARIS

Jacques Boutault

© D.R.

LA rÉdaction : QUE VOUS INSPIRE LE «GRAND PARIS» ? JB : L’EXPRESSION « GRAND PARIS » EST PROBLÉMATIQUE CAR ELLE NE PERMET PAS DE SORTIR DU CENTRALISME PARISIEN QUI PÈSE ENCORE TROP LOURDEMENT DANS LES QUESTIONS D’AMÉNAGEMENT DE NOTRE TERRITOIRE. PARIS DOIT ACCOMPAGNER LA NAISSANCE DE CETTE NOUVELLE COLLECTIVITÉ QU’EST LA MÉTROPOLE – CERTES DU « GRAND PARIS » ! – AVEC LE SOUCI D’UNE SOLIDARITÉ ACCRUE AVEC LE TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN. IL FAUT FAIRE TOMBER LE MUR DU PÉRIPHÉRIQUE, SYMBOLIQUEMENT ET CONCRÈTEMENT ! PARIS DOIT SE DÉCENTRALISER, SE DÉDENSIFIER, ET LA MÉTROPOLE PRENDRE LA RELÈVE SUR LES

FRONTS DU LOGEMENT, DE LA POLLUTION, DE LA CRÉATION/ RÉPARTITION D’ACTIVITÉS ET DE RICHESSES. JE SUIS LE MAIRE D’UN ARRONDISSEMENT CENTRAL ET DYNAMIQUE, HISTORIQUE ET TOURNÉ VERS L’AVENIR, QUI SYMBOLISE L’ATTRACTIVITÉ : AVEC NOTAMMENT LE SILICON SENTIER ET LE PLUS GRAND QUARTIER PIÉTON DE PARIS, LE 2E ARRONDISSEMENT EST AU CŒUR DE CE NOUVEAU MONDE QUI SE DESSINE. MAIS CE MONDE DOIT ÊTRE INCLUSIF. PERMETTRE à TOUT LE MONDE D’AVOIR UNE PLACE ET DE VIVRE DIGNEMENT SUR CE PETIT BOUT DE PLANÈTE, C’EST MON COMBAT POUR LE 2E ARRONDISSEMENT, POUR PARIS ET POUR LA MÉTROPOLE ! IL FAUT QU’ELLE SOIT ECOLOGIQUE ET SOCIALE ET SURTOUT PAS UNE Parole d’Élu


p067

MEGA-MACHINE A FAIRE DU CASH ! AVEC LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS, IL S’AGIT D’INVENTER UNE NOUVELLE FAÇON DE FAIRE SOCIÉTÉ EN RÉDUISANT LES INÉGALITÉS ET LES DÉSÉQUILIBRES, C’EST-ÀDIRE EN PENSANT L’ÉQUITÉ ET LA SOLIDARITÉ SUR UN TERRITOIRE BEAUCOUP PLUS LARGE. Lr : À QUELLES DIFFICULTÉS SA REALITÉ, SA RÉALISATION, SE CONFRONTERA-T-IL SELON VOUS ? JB : LA PREMIÈRE DIFFICULTÉ CONSISTE À PARVENIR À S’OPPOSER AU CONSERVATISME, AUX EGOÏSMES ET AUX PRÉS CARRÉS. LA DEUXIÈME CONCERNE COMME SOUVENT LE PETIT JEU DES POUVOIRS, PAS TOUJOURS SIMPLES À DECRYPTER, MAIS TOUJOURS BLOQUANTS. LA VILLE DE PARIS DOIT APPRENDRE À JOUER COLLECTIF, SANS HÉGÉMONIE. PARIS DOIT TRAVAILLER À L’ÉGALITÉ DES TERRITOIRES DE LA MÉTROPOLE ET L’ÉGALITÉ DE LEURS HABITANTE-S. IL FAUT EN FINIR AVEC L’IDÉE QU’IL Y AURAIT LA VILLE LUMIÈRE ET LA BANLIEUE. LE GRAND PIÈGE, CE SERAIT QUE LA MUNICIPALITÉ PARISIENNE SE POSE EN PRIMUS INTER PARES DE LA MÉTROPOLE. NOTRE MUNICIPALITÉ VA DEVOIR FAIRE UN EFFORT CONSIDÉRABLE D’HUMILITÉ ! SURTOUT, IL NE FAUDRAIT PAS QU’ELLE CONSIDÈRE QU’ELLE PAYE POUR LES AUTRES COMMUNES MÉTROPOLITAINES OU QUE SA CONTRIBUTION LUI DONNERAIT DES DROITS SUR ELLES, ALORS MÊME QU’ELLE PRATIQUE ENCORE LE DUMPING FISCAL POUR ATTIRER LES EMPLOIS ET LES RECETTES QUI VONT AVEC. LA PÉRÉQUATION ET LES TRANSFERTS SONT UN PRINCIPE DE BIEN COMMUN POUR PARLER EN ÉCOLOGISTE. ET EN ÉCOLOGISTE, JE SERAI PARTICULIÈREMENT Centralités du grand paris # 8

Rue Réaumur, Paris 2 © D.R.

ATTENTIF À CE QUE PARIS CONTRIBUE AU COMMUN, SANS ARRIÈRE-PENSÉES. Lr : QUELS SONT LES ENGAGEMENTS, LES AMÉNAGEMENTS DE VOTRE ARRONDISSEMENT POUR LE GRAND PARIS ? JB : DEPUIS QUE JE SUIS MAIRE, JE ME SUIS TOUJOURS EFFORCÉ DE CONJUGUER LE LOCAL ET LE GLOBAL, ET NOTAMMENT D’INSCRIRE LE 2E ARRONDISSEMENT DANS UN CADRE MÉTROPOLITAIN ET RÉGIONAL. PAR EXEMPLE, JE ME SUIS BATTU POUR RELIER CET ARRONDISSEMENT À SON ENVIRONNEMENT À TRAVERS LA QUESTION DE L’ALIMENTATION ET DES CIRCUITS COURTS : DANS NOS RESTAURANTS SCOLAIRES, LE PAIN EST CONFECTIONNÉ À PARTIR DE BLÉS D’ÎLE-DE-FRANCE ET DES ANIMATIONS AUPRÉS DES ÉLÈVES SONT ORGANISÉES AVEC LES AGRICULTEURS, LES MEUNIERS ET LES BOULANGERS AVEC QUI NOUS TRAVAILLONS ; À LA FIN DES REPAS, LES BIO-DECHETS SONT COLLECTÉS POUR ÊTRE TRANSFORMÉS EN GAZ ET ENGRAIS DANS L’ESSONNE. D’UNE FAÇON GÉNÉRALE, POUR L’AVENIR, NOUS DEVONS (RE)TISSER DES LIENS ENTRE LES TERRITOIRES, ÊTRE SOLIDAIRES LES UNS DES AUTRES ET FAIRE VIVRE LE « PENSER GLOBAL » ET L’ « AGIR LOCAL ».


p068

entretien RACHIDA DATI ANCIEN MINISTRE, DÉPUTÉ EUROPÉEN MAIRE DU 7E ARRONDISSEMENT DE PARIS

Rachida Dati © D.R.

LA rÉdaction : QUE VOUS INSPIRE LE « GRAND PARIS » ? RD : À L’HEURE OÙ LA MONDIALISATION N’EST PLUS UNE ÉVENTUALITÉ MAIS UNE RÉALITÉ, LE GRAND PARIS EST L’ÉCHELON PERTINENT POUR FAIRE FACE AUX DÉFIS D’UNE « VILLE MONDE » COMME PARIS. EN TERMES DE SÉCURITÉ, DE TRANSPORTS, EN TERMES DE VALORISATION DES ATOUTS DE PARIS, NOUS DEVONS SAISIR L’OPPORTUNITÉ DU GRAND PARIS COMME UNE CHANCE ET NON COMME UNE ÉNIÈME STRUCTURE ADMINISTRATIVE SUPPLÉMENTAIRE. C’EST L’ENSEMBLE DE LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE QUI EST CONCERNÉE PAR CETTE CROISSANCE, C’EST L’ENSEMBLE DE NOTRE TERRITOIRE FRANCILIEN QUI EST CONFRONTÉ AUX MÊMES PROBLÉMATIQUES ET ENJEUX.

POUR Y FAIRE FACE, DE NOUVELLES SYNERGIES SONT NÉCESSAIRES, AVEC UNE MISE EN COMMUN DES MOYENS ET DES VOLONTÉS POUR ÊTRE PLUS EFFICACES. PARIS EST LA VILLE LA PLUS VISITÉE DU MONDE, SI ON VEUT QU’ELLE LE RESTE, NOUS AVONS BESOIN DU GRAND PARIS. STOP À UNE VILLE-MUSÉE ENTOURÉE DE ZONESDORTOIRS, CONNECTONS LES ZONES PÉRIPHÉRIQUES ENTRE ELLES, MULTIPLIONS LES RICHESSES ! NOUS AVONS DE VÉRITABLES PÔLES DE COMPÉTENCES ET D’EMPLOIS AUX PORTES DE PARIS, COMME LE PLATEAU DE SACLAY, QUI VONT VENIR IRRIGUER PARIS DE LEURS TÉCHNOLOGIES ET LUI PERMETTRONT DE LUTTER SUR UN PIED D’ÉGALITÉ AVEC LES GRANDES CAPITALES EUROPÉENNES ET MONDIALES. Parole d’Élu


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Lr : À QUELLES DIFFICULTÉS SA RÉALITÉ / SA RÉALISATION, SE CONFRONTERA-T-IL SELON VOUS ? RD : LA RÉUSSITE DU GRAND PARIS PASSERA PAR UNE GOUVERNANCE UNIE, SIMPLIFIÉE, DONC EFFICACE. NOUS NE POUVONS PAS NOUS PERMETTRE DE CRÉER UN ÉCHELON SUPPLÉMENTAIRE DANS LE « MILLEFEUILLE TERRITORIAL », AVEC LES LOURDEURS ET LES LENTEURS ADMINISTRATIVES QUE CELA CRÉERAIT. REGARDEZ CE QUE L’ON A FAIT À LONDRES : ON A MIS TOUS LES ACTEURS INSTITUTIONNELS ET ÉCONOMIQUES AUTOUR D’UNE TABLE ET ILS SE SONT MIS D’ACCORD POUR UNE GESTION HARMONISÉE DE LA MÉTROPOLE LONDONIENNE, POUR ACCÉLÉRER SA MUTATION ET TIRER PROFIT DE TOUTES LES OPPORTUNITÉS DE CROISSANCE. ON DOIT FAIRE LA MÊME CHOSE POUR LE GRAND PARIS ET NOUS EN SOMMES CAPABLES. LE GRAND PARIS A POUR AMBITION DE MENER DE GRANDS PROJETS URBAINS, QUI STRUCTURERONT DE NOMBREUX TERRITOIRES ET IMPLIQUERONT L’ENSEMBLE DES FRANCILIENS. IL FAUT PENSER EN AMONT À QUI DECIDERA QUOI, ET QUAND. LA CONCEPTION, LA VALIDATION ET LA RÉALISATION DE CES GRANDS PROJETS DEVRONT ÊTRE DYNAMIQUES, SINON ON RISQUE DE N’AVOIR QUE LES INCONVÉNIENTS D’UNE GRANDE MÉTROPOLE, SANS RECUEILLIR LES FRUITS D’UNE MEILLEURE CONCERTATION ENTRE ÉLUS ET AVEC LES HABITANTS. LR : QUELS SONT LES ENGAGEMENTS, LES AMÉNAGEMENTS DE VOTRE ARRONDISSEMENT POUR LE GRAND PARIS ? RD : DE NOMBREUX MONUMENTS HISTORIQUES PARISIENS Centralités du grand paris # 8

Rue de Buenos Aires, Paris 7 © D.R.

SE TROUVENT DANS LE 7E ARRONDISSEMENT, QUI REÇOIT CHAQUE ANNÉE DES VISITEURS DU MONDE ENTIER QUI VIENNENT DECOUVRIR SES MERVEILLES ET SON PATRIMOINE UNIQUE ET ENVIÉ. LE 7E ARRONDISSEMENT AU CŒUR DU GRAND PARIS, C’EST UNE OPPORTUNITÉ UNIQUE DE CONNECTER TOUTE L’ÎLE-DEFRANCE AU CŒUR HISTORIQUE DE PARIS, DANS UN CADRE SÉCURISÉ, AVEC UNE PLUS GRANDE MOBILITÉ ET UNE GESTION OPTIMALE DES RISQUES. LES ENJEUX NE MANQUENT PAS : TRANSPORTS, SÉCURITÉ, ATTRACTIVITÉ... NOUS DEVONS TOUS NOUS MOBILISER POUR QUE LE GRAND PARIS SOIT UN SUCCÈS, UNE VITRINE DE LA MODERNITÉ FRANÇAISE. LE 7E ARRONDISSEMENT AURA NATURELLEMENT SA PLACE DANS CET ÉDIFICE QUI DOIT ÊTRE CARACTÉRISÉ PAR SON EFFICACITÉ ET SON HUMANITÉ.


p070

entretien PHILIPPE GOUJON Député de Paris, Conseiller de Paris, Conseiller métropolitain Maire du 15E ARRONDISSEMENT DE PARIS

Philippe Goujon

© D.R.

LA rÉdaction : QUE VOUS INSPIRE LE GRAND PARIS ? PG : LE GRAND PARIS EST AVANT TOUT UN VECTEUR D’ATTRACTIVITÉ. FACE AU GRAND LONDRES, À LILLE MÉTROPOLE, À BORDEAUX MÉTROPOLE, LA CAPITALE NE PEUT RESTER ENFERMÉE DANS LE PÉRIPHÉRIQUE. LE GRAND PARIS A POUR VOCATION D’AMELIORER LA QUALITÉ DE VIE DE SES HABITANTS, DE RÉDUIRE LES INÉGALITÉS TERRITORIALES ET DE DÉVELOPPER UN MODÈLE URBAIN, SOCIAL ET ÉCONOMIQUE DURABLE AU TRAVERS DE COMPÉTENCES QU’ELLE ACQUERRA PROGRESSIVEMENT EN MATIÈRE D’HABITAT, D’AMÉNAGEMENT DE L’ESPACE, DE DÉVELOPPEMENT CULTUREL, D’ÉCOLOGIE… CE DERNIER POINT SERA UN DES PREMIERS CHANTIERS

DE LA NOUVELLE STRUCTURE CAR LES QUESTIONS D’ENVIRONNEMENT NE SE LIMITENT PAS AU PÉRIPHÉRIQUE ! Lr : À QUELLES DIFFICULTÉS SA REALITÉ SE CONFRONTERA-T-ELLE SELON VOUS ? PG : LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS ENGLOBE PARIS, LES 123 COMMUNES DE LA PETITE COURONNE ET 7 COMMUNES DE LA GRANDE COURONNE, SOIT AUTANT DE DISPARITÉS ET DE PROBLÉMATIQUES. LES BESOINS ET ATTENTES DE CHAQUE COMMUNE DIVERGENT FORCÉMENT. LE PRINCIPAL DÉFI DU GRAND PARIS SERA DE RÉPONDRE À CHACUN TOUT EN CONSERVANT UNE COHÉRENCE GLOBALE ET UNE VISION COMMUNE POUR UN TERRITOIRE REGROUPANT Parole d’Élu


p071

À gauche, vue de la Tour Montparnasse, Paris 15 © D.R.

À droite, rue Lecourbe, Paris 15 © D.R.

7,15 MILLIONS D’HABITANTS ! ON NE POURRA PAS MAINTENIR LONGTEMPS TANT DE NIVEAUX D’ADMINISTRATIONS TERRITORIALES ET LES DÉPARTEMENTS N’Y TROUVENT PLUS LEUR PLACE. LR : QUELS SONT LES ENGAGEMENTS, LES AMÉNAGEMENTS DE VOTRE ARRONDISSEMENT POUR LE GRAND PARIS ? PG : IL EST ENCORE TROP TÔT POUR RÉPONDRE À CETTE QUESTION ! LA MGP S’EST RÉUNIE POUR LA DEUXIÈME FOIS MI-FÉVRIER POUR CRÉER SES COMMISSIONS THÉMATIQUES ET DÉSIGNER LES MEMBRES QUI Y SIÉGERONT. NOUS SOMMES EN PHASE DE MISE EN PLACE, D’ORGANISATION, DE RECHERCHE DE LOCAUX, DE DÉSIGNATION DES REPRÉSENTANTS DANS LES ORGANISMES EXTÉRIEURS. LA MISSION DE PRÉFIGURATION, QUI SE TROUVE RUE LEBLANC DANS LE 15E, NOUS ACCOMPAGNERA Centralités du grand paris # 8

ENCORE QUELQUES MOIS. 19 ÉLUS LES RÉPUBLICAINS REPRÉSENTENT PARIS, DONT 4 ISSUS DU 15E. JE PARTICIPE À LA COMMISSION EN CHARGE DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET DE L’ATTRACTIVITÉ, JEAN-FRANÇOIS LAMOUR SIÈGE AU SEIN DE LA COMMISSION CHARGÉE DE L’HABITAT ET DU LOGEMENT, CLAIRE DE CLERMONT-TONNERRE A REJOINT LA COMMISSION EN CHARGE DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE. DANIEL GEORGES COURTOIS A ÉTÉ ÉLU VICEPRÉSIDENT DÉLÉGUÉ AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES ET À L’AMÉNAGEMENT NUMÉRIQUE. CHACUN ŒUVRERA DANS SON DOMAINE AUSSI EN FAVEUR DU 15E.


DOSSIER sociétal Par : Dominique Rouillard et Alain Guiheux

DOOR-TO-DOOR : Nouveaux véhicules, nouvelle ville ? Au sein des territoires urbanisés, des questions immédiates sont posées par les déplacements automobiles, celle de la santé qui demande des réponses extrêmement urgentes, et parallèlement celle du climat qui lui est par ailleurs corrélée. Les comportements et désirs de mobilité continuent d’augmenter, mais il existe aujourd’hui des possibilités d’évolution des « vecteurs de déplacement » qui peuvent recueillir l’adhésion des usagers. D’où une question, qui n’est pas d’ordre technique, mais urbanistique, architecturale, et sociétale : de la même manière que la ville a été transformée par l’automobile, si les véhicules changent, comment changera l’urbain ?


p073

Modèle de grand espace commun

© Architecture Action

Fini la voiture ? Bien sûr il y a des vélos « musculaires » pour remplacer l’automobile. Nous avons tous en tête des exemples de villes de cyclistes jeunes et souriants qui se rendent au travail, d’autres plus âgés se déplaçant à leur rythme. Ce que le vélo musculaire peut résoudre, pour une certaine partie de la population (plutôt jeune, seule, et sans bagages) ce sont des déplacements de courtes distances, de l’ordre de 2 à 3 km, entre autre pour rejoindre un transport en commun en site propre (TCSP), faire des courses légères (mais pas aller au supermarché) ou autres. Nous sommes ou serons tous cyclistes… alors oui on peut aussi faire 15 minutes de vélo chaque matin et soir, mais guère plus, et pas tout le monde et pas par tous les temps, plutôt en site plat, et selon la sueur et les rendez-vous à suivre... et probablement en limitant les ruptures de charge. L’efficacité de la voiture a été et reste sa capacité à nous transporter « de porte-à-porte », sans rupture : quel est l’engin capable de répondre à ce confort acquis, mais aussi cette nécessité pour se déplacer dans les territoires urbanisés qui n’offrent pas les services d’un transport en commun répondant aux demandes de mobilités individuelles ? Le vélo est peu efficace dans le périurbain, qui est le grand créateur de la congestion et n’est donc pas l’alternative à l’automobile thermique actuelle. Dans les grandes régions urbaines, le vélo participe(ra) au rabattement vers les stations de TCSP, comme d’autres véhicules. C’est d’ailleurs la condition impérative pour que le Paris-Express soit efficace. Néanmoins, les transports en commun (TC) ont atteint leur Centralités du grand paris # 8

L’efficacité de la voiture a été et reste sa capacité à nous transporter « de porte-à-porte », sans rupture : quel est l’engin capable de répondre à ce confort acquis ?


p074

Une tour villas aujourd'hui

© Architecture Action

Résoudre les questions de mobilités, c’est regarder l’ensemble des trajets contraints et des vecteurs disponibles, et ils évoluent, à une, deux, trois ou quatre roues, souvent serviciels.

limite, et la distance de temps restant la mesure de l’urbain, on peut penser en conséquence que les Véhicules Écologiques Communicants (VEC), sous leurs diverses formes, se développeront, à un rythme similaire à celui des scooters thermiques, simplement parce qu’ils sont plus efficaces que les TC et aux usages plus larges que les scooters actuels. Qu’est-ce qu’un VEC ? Ce sont les vélos électriques ou à hydrogène (en expérimentation à Bordeaux, déjà en service à Nantes), les tricycles électriques, rickshaws électriques, des Twizy, E-road, E-smart, Ultra-urbaines et bien d’autres petits véhicules à quatre roues produits par l’ensemble des firmes automobiles, petites et grandes. Au sein des objets connectés, ces véhicules mis à disposition sous une forme servicielle (partagée) sont par ailleurs actuellement la seule solution envisagée pour les villes qui devront bien les prêter aux concitoyens infortunés qui ne seront plus autorisés à utiliser leurs vieux diesels. Résoudre les questions de mobilités, c’est regarder l’ensemble des trajets contraints et des vecteurs disponibles, et ils évoluent, à une, deux, trois ou quatre roues, souvent serviciels. Dossier sociétal


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HUBS 3-4 : déplacements des activités vers les pôle d'échange © Architecture Action

En résumé, on peut penser que les vecteurs de déplacement sont, et seront probablement durant la décennie qui vient, de plus en plus multiples. Et les inconvénients ? Les petits véhicules écologiques sont très peu consommateurs : une batterie de vélo électrique ou de scooter électrique est dix fois moins lourde et polluante qu’une batterie au plomb de voiture traditionnelle. Pareillement, une Twizy (qui consomme en équivalent pétrole 0,5 l/100 km, soit vingt fois moins qu’une berline en ville) possède une batterie trois fois plus petite qu’une voiture électrique traditionnelle. En résumé, l’électricité, ou l’hydrogène, le poids aussi font toute la différence et sont économiques également en matériaux et métaux rares. Aurons-nous assez d’électricité pour recharger tous ces véhicules ? La régulation par les smart grid devra sans doute se généraliser. Il n’est donc pas question ici d’idéologie futuriste ou techniciste, ni de prospective. Il n’est d’ailleurs pas question de voiture du futur, ces engins sont produits depuis plusieurs décennies. Les questions ne sont pas techniques, mais de l’ordre de l’adhésion, de la rencontre entre des désirs de vie et des véhicules. Et la ville dans tout cela ? Si l’automobile a grandement été un acteur de l’urbanisation, les nouveaux véhicules – légers, silencieux, agiles, lents, propres sur site, peu encombrants et extrêmement sobres, partageables – contribuent à la transformation de l’urbain. Ils réparent les connexions dans la ville distendue sans réclamer Centralités du grand paris # 8


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de nouvelles infrastructures, ils font s’éloigner la proximité au profit de l’accessibilité, ils requalifient les espaces publics, ils pénètrent dans les bâtiments, et prolongent l’effacement des oppositions structurantes qui ont fondé la ville et l’architecture : la société du partage, comme mouvement sociétal, rencontre et produit un espace partagé. La multiprogrammation est devenue un mode de vie. Attendre le train, se déplacer, voyager, ne sont plus des activités premières et se déroulent en même temps que la lecture, le travail, Hubs de niveau 1, 2, 3, 4

© Architecture Action

bus

distributeur automatique

conciergerie

scooter

vélib

parking vélo

auto-partage

covoiturage parking relais

ACTIVITE

GYM ACTIVITE

commerce

TELETRAVAIL

taxi

CO-WORKING

HALTE-GARDERIE

train

TERTIAIRE CO-WORKING

commerce

TELETRAVAIL

commerce

Dossier sociétal


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Zoning des vitesses

© Architecture Action

la restauration, les achats sur Smartphones ou autres. Les ruptures de charge dans les déplacements sont des occasions pour faire autre chose. Des arrêts de bus au hub international, chaque station est un point de valorisation d’autres activités compatibles. La conséquence en est immédiate : le smartbuilding est avant tout un enchaînement de programmes. Ces assemblages de programmes s’établissent sur les stations d’inter-multimodalités, y compris en premier lieu l’autopartage, l’intégration de l’auto-partage en tant que transport en commun de plein droit. Dans la nouvelle ville, le bruit des véhicules a disparu, remplacé par une sonorisation qui les annonce, ils ne sont plus dangereux, car interconnectés ils ne causent plus d’accident ; les piétons sont partout prioritaires, et se mélangent à tous les véhicules dont la vitesse ne dépasse guère les 20 km/h ; l’odeur de la ville a changé : l’odorat s’est transformé, on ne tousse plus, et nous ne sommes plus malades l’hiver. Les rues elles-mêmes sont bien différentes, occupées largement par les bornes de recharge pour les vélos, les scooters, les véhicules serviciels et les VEC privés. Les conciergeries ont fait leur apparition en place du stationnement, et quelques automates viennent délivrer ce que nous avons commandé sur nos Smart phones. Dans de nombreux endroits, les trottoirs ont disparu. La rue est ainsi beaucoup plus civilisée, et cet espace public agrandi reçoit de nouvelles terrasses et parfois même des potagers. Autrement dit, dans cet urbanisme des ambiances, la vitesse, le bruit et la pollution se sont transformés en règles puissantes de fabrication de l’urbain. Au bout du compte, un « grand espace commun » aux véhicules et aux humains, sensible, silencieux et dépollué, se révèle comme reconnaissance de l’urbain du futur immédiat. Centralités du grand paris # 8

À LIRE

Door-to-door. Futur du véhicule, futur urbain Dominique Rouillard, Alain Guiheux Édition Archibooks, Paris (en version anglaise :

Door-to-door. Future of the vehicle, Future of the City, Dominique Rouillard, Alain Guiheux, Archibooks, Paris


RENDEZ-VOUS DE LA MATIÈRE Par : La rédaction

3e édition le RENDEZ-VOUS DE LA MATIÈRE, la plateforme professionnelle consacrée aux matériaux innovants pour l’architecture, le design, la décoration et l’aménagement d’intérieur, aura lieu mardi 22 et mercredi 23 mars 2016.

L’édition 2016 : un panorama de la matière à 360 ° Le Rendez-Vous de la Matière© propose de découvrir des matières exclusives et diversifiées, avec 19 exposants spécialistes. Deux jours de temps forts à ne pas manquer pour connaître au mieux les matériaux innovants, pour identifier des solutions expertes et trouver des réponses exhaustives à toutes les problématiques des 1 500 visiteurs attendus. À noter, la préoccupation du développement durable au cœur de l’innovation, avec un engagement marqué de plusieurs exposants dans la transition énergétique. Lancé en 2013 par Bookstorming, groupe d’édition spécialisé en architecture et design, le Rendez-Vous de la Matière© souhaite favoriser la découverte des potentiels créatifs et sensoriels des matières, impulser rencontres et collaborations entre industriels – concepteurs de matières – et prescripteurs – architectes, bureaux d’études, maîtres d’ouvrage, architectes d’intérieur, agenceurs, décorateurs, designers…


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Les matières 2016 : un panel exhaustif de matériaux innovants ! Les résines d’Altuglas / L’inox d’Aperam et d’Euro-shelter / L’acier d’ArcelorMittal / Le lin et le chanvre de la Confédération Européenne du Lin et du Chanvre / Les mosaïques de Demour & Demour / Les textiles d’Élitis et de Vescom /  Les sols vinyle de Gerflor / Les dalles de moquette d’Interface / La céramique d’Iris Ceramica / Le bois de Process Bois Laudescher et les bois teintés de Valchromat / Les matériaux composites souples de Serge Ferrari / La terre cuite de Terreal / La tôlerie fine de TF Urban / Le zinc de VMZINC… Les animations 2016 : les matériaux nous inspirent !

le RENDEZ-VOUS DE LA MATIÈRE© souhaite favoriser la découverte des potentiels créatifs et sensoriels des matières

Le Rendez-Vous de la Matière©, dans une scénographie exclusive conçue par le studio Gaëlle Gabillet & Stéphane Villard, s’ouvrira pour la première fois avec une mise en scène des matériaux en 3D. Chaque exposant va faire la démonstration des multiples dimensions de son savoir-faire : technique, technologique, écologique, ludique, artistique ! 16 « totems » contemporains, au croisement entre innovation industrielle et arts plastiques, invitent à une approche inédite des potentialités des matériaux. Le Rendez-Vous de la Matière© soutien la création émergente et présente les recherches de l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI – Les Ateliers) autour du PolyAl, ce matériau composite issu du recyclage de la brique alimentaire. Avec le soutien de LISAA

INFOS RENDEZ-VOUS DE LA MATIÈRE # 3 22 et 23 mars 2016, de 10h à 19h BOOKSTORMING, 49 bd de la Villette, Paris 10 www.rendezvousdelamatiere.com Centralités du grand paris # 8



P082 LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS

LES HALLES Le ventre du Grand Paris

P090 LES MÉTROPOLES FRANÇAISES

MONTPELLIER, VILLE INTELLIGENTE


LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS Par : Blaise J. Pointaléa

LES HALLES Le ventre du Grand Paris Plus de 30 ans après son ouverture, le site des Halles doit être modernisé du fait de sa forte fréquentation, du vieillissement de ses structures ainsi que l’évolution des normes de sécurité. Première porte d’entrée de la Capitale avec 750 000 voyageurs qui y transitent quotidiennement, ce site n’est plus adapté à son rôle métropolitain majeur. Histoire d’une restructuration sans précédents.


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Les pavillons Baltard © D.R.

Pour mémoire En 1870 les Pavillons Baltard ne sont que la consécration d’un quartier qui, depuis des siècles, vit au rythme des halles. Depuis le xiie les Halles constituent un lieu d’échange. L’élan initié sous le Second Empire fera figure d’exemple pour maintes places dans différentes villes en Frances, et à l’étranger, mais ne fut alors rien de plus qu’une entreprise logique répondant à une demande. Pour comprendre l’impact que pouvait avoir un tel projet à l’âge de la révolution industrielle lisons Zola dans Le Ventre de Paris : « elles apparurent comme une machine moderne, hors de toute mesure, quelque machine à vapeur, quelque chaudière destinée à la digestion d’un peuple, gigantesque ventre de métal, boulonné, rivé, fait de bois de verre et de fonte, d’une élégance et d’une puissance de moteur mécanique ». Les Halles étaient au cœur de Paris et dans le cœur des Parisiens ; les Pavillons Baltard en étaient l’expression. Mais, dans une ville qui connaît de si grandes évolutions, l’intransigeance est de vigueur et bien que renommés, il a fallu s’en débarrasser. Paris grandissant, son cœur se devait de s’adapter, le lieu devenait insalubre, de grands travaux s’imposaient. Le déménagement du marché de gros se fait entre 1968 et 1969, soit près de trente ans après la construction des deux derniers pavillons en 1936. Les nouvelles halles ressemblent alors à une immense structure de béton, aussi froide qu’efficace, l’envers des Halles, le Marché d’intérêt national à Rungis. Une des raisons principales était dans la nécessité de construire un réseau de transports publics à la hauteur des besoins d’une agglomération qui allait vers les 10 millions d’habitants. Sans état d’âme, nous semble-t-il avec le recul, et ce malgré bon nombre de pétitions et autres propositions de projets, Paris ravale ses Halles au début des années 1970 laissant à la place un trou béant. Durant un peu moins d’une décennie, les parisiens vont vivre avec ce gouffre au cœur de leur ville, le célèbre « Trou des Halles ».

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elles apparurent comme une machine moderne, hors de toute mesure, quelque machine à vapeur, quelque chaudière destinée à la digestion d’un peuple, gigantesque ventre de métal, boulonné, rivé, fait de bois de verre et de fonte, d’une élégance et d’une puissance de moteur mécanique.

émile Zola, Le Ventre de Paris


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La Canopée Le Pôle transport Châtelet - Les Halles

© Patrick Berger et Jacques Anziutti architectes Conception architecturale Patrick Berger

Le centre commercial des Halles, le Forum, ouvre en 1979. Le cœur de Paris a été modernisé au xxe siècle mais au xxie siècle il faut tout reprendre, parce que la vie dans les villes n’est plus la même. Très vite l’insalubrité reprend le dessus, les parisiens ne vont plus aux Halles que par nécessité, pour sa gare et parce que tout y converge ; le Forum et son béton omniprésent n’attire pas, si ce n’est la précarité ; si l’on doit y aller c’est toujours en traînant des pieds et pour s’en éloigner au plus vite en sautant à pieds joints dans le premier RER ou Métro venu. En 2004 une consultation est lancée pour rénover les Halles. Le projet est à l’image du Forum, il effraie tant les avis divergent. Il faut attendre juillet 2007 pour que les architectes Patrick Berger et Jacques Anziutti l’emportent avec l’idée d’un toit géant pour couvrir le centre commercial et les accès à la gare souterraine. Ce projet du futur « carreau des Halles » doit « impérativement corriger l’erreur majeure commise à la fin du xxe siècle et créer une liaison naturelle entre le ciel, le sol et le sous-sol. », expliquent les architectes. Il faut réconcilier Paris avec Les Halles tout en conservant sa fonction née au xxe siècle, c’est-à-dire une porte d’entrée dans le Grand Paris. En 2011, le chantier reprend, en 2012, le centre commercial entame sa mue.

LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS


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La Canopée Le Pôle transport Châtelet - Les Halles

© Patrick Berger et Jacques Anziutti architectes Conception architecturale Patrick Berger

L’ambition réalisée Une fois l’idée de ce toit géant acceptée il faut lui donner sens, lui faire porter un message pour qu’il ne soit pas perçu comme une simple cloche, ou pire le cache-misère d’un ensemble qui a perdu sa cohérence et sa force. Le « plus » est venu de ce mot magique, la Canopée, une vision verte pour un chapeau transparent et, jaune ! La référence à l’écologie dominante est là, une forme, la plus légère possible pour une couverture géante d’acier et de verre, un clin d’œil aux Pavillons Baltard. Le nouveau « carreau des Halles », né d’un projet atypique et de taille se compose d’une ville souterraine calquée sur les exigences des lignes de Métro et de RER, par ces dernières, d’une grande gare ferroviaire – l’une des plus imposantes d’Europe – et à cela proportionnel un centre commercial et une abondance d’équipement publics. La Canopée, la partie émergeante de l’iceberg, s’étend déjà sur deux étages. Ce vaste complexe commercial souterrain prospère au-dessus de la station de métro et de RER. Après de longs tâtonnements, le principe de recréation d’une grande place publique couverte a été retenu. Épaulée sur deux constructions latérales identiquement couvertes qui abritent équipements et commerces, l’audacieuse Canopée se lance au dessus de l’espace du Forum, s’ouvrant vers le parc en une généreuse fenêtre. L’intrados incurvé suggère le tombé d’un voile textile, même si la robustesse de la structure métallique contraste avec la légèreté voulue. Ce sont en effet quelque 7 000 tonnes d’acier qui sont mis en œuvre dans une complexe structure tridimensionnelle. Deux poutres maîtresses en U posée au droit des bâtiments reçoivent quinze ventelles à la membrure inférieure incurvée supportant des tuiles de verre. L’ensemble des structures sont peintes en jaune clair, une couleur qui cherche à jouer avec la lumière qui pénètre jusqu’à la partie inférieure de la place couverte qui s’enfonce sur trois niveaux de sous-sol. La très forte présence structurelle de la canopée pourrait sembler écraser quelque peu l’espace public. Mais il faut aussi la voir de l’intérieur, vers le parc. Plus qu’une verrière, c’est d’un nouveau monument dont le quartier des Halles vient de se doter.

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Il faut réconcilier Paris avec Les Halles tout en conservant sa fonction née au xxe siècle, c’est-à-dire une porte d’entrée dans le Grand Paris.


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La Canopée Le Pôle transport Châtelet - Les Halles

© Patrick Berger et Jacques Anziutti architectes Conception architecturale Patrick Berger

la Canopée, une vision verte pour un chapeau transparent et, jaune !

L’ampleur s’est justifiée par la nécessité et l’urgence d’une reconstruction des Halles, cependant la prise de position des initiateurs se fait avec délicatesse ; on remarquera l’écart considérable qui a été pris vis-à-vis du feu Forum des Halles, la transparence et l’écologie sont de mise, un retour aux sources témoigne d’une volonté d’inscrire dans le temps et les générations une initiative, un bâtiment, un lieu de vie, avec une conscience pleine de l’impact qu’auront ces nouvelles Halles. L’importance d’un tel projet et ses enjeux sont à la hauteur de la notion du Grand Paris. Zola les appelait « ventre » par leur propension à tout digérer, marchandises comme humains, mais la gouvernance actuelle à l’ambition de faire de ses Halles aux yeux des parisiens ce qu’elles sont déjà dans leur ville, un cœur, un lieu humanitaire où sont symboliquement supprimées les limites entre cette ville sous-terraine, qui connaît le passage de près de 800 000 personnes par jour, et le ciel qu’une toiture translucide aux tons chauds rend accessible et comme ensoleillé en tout temps. Pour quoi la Canopée des Halles de Patrick Berger et Jacques Anziutty épouse avec brio les exigences d’un tel lieu. Le projet est proportionnel à son ambition, Les Halles sont un lieu de convergence, comme l’illustre très bien la station Châtelet, son aspect accueillant, pour l’instant encore loin de tout soupçon, est primordial. Il était temps, les deux pieds dans le xxie siècle, de donner au Grand Paris les outils qu’il lui sont nécessaires pour prolonger son essor. En effet, les causes d’un tel chantier sont singulièrement contemporaines, le projet proprement moderne, et jamais en d’autres circonstances, en d’autres temps, une telle décision aurait été prise et jugée « d’utilité publique ». LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS


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Son inscription dans notre époque n’aurait pu être plus affirmée. La Canopée et plus largement l’ensemble dans son entier – des jardins aux sous-sols par le Carreau des Halles – sont le résultat d’une longue réflexion et d’une rapide évolution de Paris. Pour en arriver là il a fallu les hésitations bredouillantes de la seconde moitié du xxe et quelque solution prise trop vite mais qui n’aurait pu être prise plus lentement. À un mois de la fin du chantier on se permet d’espérer que le lieu n’a rien de maudit et que la solution choisie répond à la réputation historique des Halles d’il y a cent ans. À la veille de son ouverture on se souvient l’idée qu’éveillait, en ces temps, les Halles parisiennes, celle des romans et des livres d’histoire, on se souvient également du siècle dernier qui nous a fait croire qu’alors on avait peut-être exagéré leur réputation et qu’une grande ville était forcément une ville sale, que la croissance apportait surtout de la misère et des odeurs nauséabondes… Mais, à la veille de cette inauguration c’est surtout l’espoir qui s’impose ; l’espoir longtemps tenu en haleine d’un Grand Paris dont la porte d’entrée corrobore ce qu’on en dit, qu’il soit à la hauteur des millions de travailleurs qui chaque jour s’y amassent.

Le projet est proportionnel à son ambition, Les Halles sont un lieu de convergence, comme l’illustre très bien la station Châtelet, son aspect accueillant, pour l’instant encore loin de tout soupçon, est primordial.

La Canopée Le Pôle transport Châtelet - Les Halles

© Patrick Berger et Jacques Anziutti architectes Conception architecturale Patrick Berger

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Alexis Veron © D.R.

entretien ALEXIs VERON DIRECTEUR DU FORUM DES HALLES La rédaction : POURQUOI LES HALLES DOIVENT-ELLE ÊTRE RÉNOVÉE ? AV : LE PROGRAMME DES HALLES C’EST UN PROGRAMME EXTRÊMEMENT AMBITIEUX, C’EST SUREMENT UN DES PLUS GRANDS CHANTIER DE LA DÉCÉNNIE. IL EST NAÎT DU FAIT D’UN CONSTAT SIMPLE QUI EST QUE LE QUARTIER DES HALLES EST LE CŒUR DE PARIS, MAIS C’EST AUSSI LA PREMIÈRE PORTE D’ENTRÉE DES TOURISTES ET DES PARISIENS DANS PARIS – D’AILLEURS ON EST AU DESSUS DE LA STATION LA PLUS DENSE D’EUROPE EN TERME DE TRAFIQUE METRO/RER. UN ENDROIT QUI A PEUT-ÊTRE MAL VIEILLI ET QUI AVAIT AUSSI UN PROBLÈME D’IMAGE QU’IL FALLAIT REQUALIFIER. REQUALIFIER PAR SES ACCÈS, REQUALIFIER PAR SON AMBIANCE, REQUALIFIER PAR SA QUALITÉ D’OFFRE COMMERCIALE ET AUSSI D’ÉQUIPEMENT PUBLIC. Lr : IL SEMBLE QUE LE PROJET DES HALLES SOIT PLUS QU’UNE SIMPLE RÉNOVATION, EN QUOI SERONT-ELLES DIFFÉRENTES DES PROJETS PRÉCÉDENTS ? AV : LA VILLE DE PARIS A CONDUIT UNE GRANDE MÉDIATION AUTOUR DE CE PROJET ET DONC C’EST ALLIÉE AVEC UNIBAIL OPÉRATEUR DU CENTRE COMMERCIAL SUR LE SITE ET AVEC LA RATP, POUR FAIRE UN PROJET COMMUN ET FAIRE UNE SORTE DE MÉTAMORPHOSE URBAINE ET PAS SIMPLEMENT COSMÉTIQUE MAIS BIEN UN ENSEMBLE QUI SE MODIFIE COMPLÉTEMENT DES SOUTERRAINS JUSQU’AUX RUES PIÉTONNES. LE FORMAT DES HALLES EST ASSEZ IMPRESSIONNANT EN TERME DE CHIFFRES ET DE RENDUS. C’EST UN CENTRE COMMERCIAL AU CŒUR DE PARIS QUI ACCUMULE LES SUPERLATIFS, LE NOMBRE DE PERSONNES QUI Y PASSENT PAR JOUR FAIT PARTIE DES PLUS IMPORTANTS D’EUROPE. ON A LA PLUS GRANDE FNAC AU MONDE PAR EXEMPLE, L’UGC EST LE PREMIER CINÉMA D’EUROPE, ET BIENTÔT MONDIAL, AVEC PLUS DE 3 MILLION ET DEMI D’ENTRÉES PAR AN CE QUI EST ABSOLUMENT ÉNORME, C’EST AUSSI LE PREMIER CINÉMA D’ART ET D’ESSAI EN FRANCE. QUAND ON A SANDRO QUI NOUS REJOINT, AIGLE OU FOREVER 21, CE SONT DES GENS QUI FONT CONFIANCE À CETTE GRANDE ATTRACTIVITÉ DU SITE DE DEMAIN ET NOTAMMENT À SA GRANDE SÉCURISATION, SES GRANDS ÉQUIPEMENTS PUBLICS QUI S’OUVRENT, CE GRAND MONUMENT ARCHITECTURAL QU’EST LA CANOPÉE – FAIT PAR L’ARCHITECTE PATRICK BERGER —, CE GRAND PARC DE 4 HECTARES QUI VIENT S’OUVRIR SUR ST EUSTACHE, ALORS QU’AVANT LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS


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ON AVAIT UN PARC À MULTI-NIVEAUX QUI ÉTAIT DIFFICILEMENT ACCESSIBLE. C’EST UNE RÉNOVATION TOTALE, MAIS C’EST AUSSI UNE RÉNOVATION EN TERME D’IMAGE. LE MARKETING SERA DIFFÉRENT, LE POSITIONNEMENT, LES ANIMATIONS AUSSI SERONT DIFFÉRENTS. ON À AU CŒUR DE PARIS CETTE PLACE QUI VA BOUGER QUI SERA VRAIMENT UN ENDROIT OU SE RETROUVER, UN ENDROIT DE SHOPPING ET BIEN PLUS. Lr : C’EST UN IMPOSANT PROJET QUE VOUS SUIVEZ DEPUIS 5 ANS, C’EST UNE PAGE QUI SE TOURNE. ON NE SORT PAS INDEMNE D’UNE TELLE HISTOIRE, QUEL EST VOTRE RESSENTI À LA VEILLE DE L’OUVERTURE DE CES NOUVELLES HALLES ? AV : C’EST UNE HISTOIRE HUMAINE ABSOLUMENT INCROYABLE, C’EST UN CHANTIER QUI EST TITANESQUE ET QUI PREND AU TRIPES, MÊME POUR NOUS, L’ÉQUIPE DE CENTRE MAIS AUSSI POUR TOUT LES PARTENAIRES, ET NOTAMMENT LA SEMPARISEINE, CE SONT DES GENS AVEC QUI ON TRAVAILLE DEPUIS LE DÉBUT, DEPUIS 2011, ANNÉE DE LA PREMIÈRE PIERRE, ET BIENTÔT ARRIVERA LA DERNIÈRE… C’EST L’HISTOIRE, QUAND MÊME, D’UNE DEMIE DÉCENNIE, C’EST UN CHANTIER, FINALEMENT, COMME ON N’EN VOIT PAS AILLEURS, ET ON NE SORT PAS INDEMNE D’UN PROJET COMME CELUI-LÀ, OUI, EFFECTIVEMENT.

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LES MÉTROPOLES FRANÇAISES Par : Corinne Gruissard

MONTPELLIER, VILLE INTELLIGENTE Urbanisation croissante, défis environnementaux, territoires fragmentés, crise sociale, évolution des modes de vie, attractivité économique et résidentielle, enjeux de gouvernance, complexité du projet urbain et de son jeu d’acteurs : autant de défis que les villes doivent aujourd’hui relever.


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Montpellier, vue sur Antigone © D.R.

Face à cette réalité urbaine plurielle, il importe de trouver des moyens adaptés pour reconcevoir la ville et le développement territorial à son échelle. Il faut interroger les usages, de nouveaux modèles sont à élaborer en concertation avec les habitants. Il s’agit de refonder des lieux urbains à vivre et d’inventer une ville créative et durable, recentrée sur le citoyen. Montpellier à la 1ère place du classement des Smart Cities en France. Et se trouve être la seule ville française à présenter cinq des six critères retenus à l’échelle européenne. À savoir une administration intelligente (gouvernance qui associe les citoyens), une mobilité intelligente (accessibilité à des modes de transports sûrs et écologiques), un environnement intelligent (gestion durable des ressources), des habitants « intelligents » (flexibles, créatifs et acteurs de la vie publique) et l’intelligence d’un mode de vie (qualité sanitaire et du logement, installations culturelles, cohésion sociale). En 2014 IBM et Montpellier s’allient pour développer le projet de ville intelligente et connectée d'IBM, Smart Cities, et déployer sa solution Intelligent Operations Center dans de nombreux domaines de gestion de la ville. Un véritable « hub d'innovation numérique » en synergie avec les partenaires locaux. Depuis les 20 dernières années, la croissance de la ville a été l’une des plus forte en France, avec son lot de complications. Si les solutions Big Data, le Cloud et l’Internet des Objets ne peuvent pas tout (sur le prix de l’immobilier par exemple), elles peuvent en revanche grandement aider – voire résoudre – certains défis. Et, pourquoi pas, faire baisser les prélèvements locaux, explique Philippe Ducellier dans Le MagIT. Il dresse un historique montrant les choix répétés d’IBM de s’installer à Montpellier. En effet dès 1981, la production européenne du IBM Model 3081 Processor Complex (Mainframe) est par exemple réalisée à Montpellier. Centralités du grand paris # 8

Face à cette réalité urbaine plurielle, il importe de trouver des moyens adaptés pour reconcevoir la ville et le développement territorial à son échelle.


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Place de la Comédie © D.R.

L'Arc de Triomphe depuis la rue Foch

© D.R.

La ville bénéficie également, dans son quartier de La Pompignane, d’un centre de formation qui reçoit entre 7 000 et 8 000 clients par an. En 2012, l’entreprise a massivement investi pour ouvrir un de ses premiers centres de Cloud public, à Grabels (à 8 km de Montpellier). Depuis, IBM a prévu un autre investissement d’un milliard de dollars pour la création d’un nouveau centre Power Systems Linux. L’accord paraît donc logique. Avec ce partenariat IT de trois ans, l’agglomération espère concrètement obtenir des bénéfices dans la gestion de l’eau, dans les transports et dans l’amélioration des « services aux citoyens ». Au cœur de ce projet de Recherche & Développement – qui associe également les Universités Montpellier 1 et 2, l’IDATE (un institut d’économie numérique) et des PME locales – se trouve logiquement l’IBM Intelligent Operations Center, une technologie en mode Cloud d’IBM.

LES MÉTROPOLES FRANÇAISES


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Tram de Montpellier, vue vers la gare © D.R.

Premier domaine d’application des capteurs, du temps réel et de l’Analytics aux problématiques publiques : le réseau d’alimentation en eau. Pour éviter le gaspillage, ou la surconsommation, des capteurs seront placés dans le réseau de la ville. Des indicateurs de performance permettront ainsi de détecter les fuites ou des désordres dans le réseau d’assainissement, tout en surveillant la consommation globale. Mieux, à terme, les citoyens pourront même être alertés dès qu’une fuite d’eau potentielle sera détectée à leur domicile ou dans leur immeuble. L’objectif affiché est de pouvoir détecter un dysfonctionnement en moins de 72 heures. Un défi névralgique dans un contexte où l’eau devient de plus en plus précieuse dans le département. Concernant le trafic, de plus en plus encombré, l’objectif des projets Smart City est de réduire la congestion des routes de 10 % grâce à des transports plus « intelligents ». Avec pour conséquence, espérer une diminution de la pollution de 20 %. Concrètement, et dans un premier temps, une application mobile pilote servira aux citoyens à trouver une borne Vélomagg (vélos en libre-service) à proximité sur le modèle de l’application Velib’ à Paris. La plateforme IBM Intelligent Operations for Transportation permettra en parallèle aux opérateurs de surveiller les transports et aux citoyens de signaler les perturbations ou d’autres incidents dans les rues de la ville. Des algorithmes modélisent ensuite l’impact de ces événements sur le niveau de « congestion » de différents quartiers et le système intègrera ces informations pour pouvoir calculer le trafic prédictif une heure à l’avance. Une autre application – de planification de trajets cette fois – fournira ces résultats aux voyageurs sous la forme d’une combinaison de solutions alternatives de transport. Enfin, tout comme à Dublin, ville qui collabore déjà avec IBM dans le domaine des transports en commun, la plateforme d’analyse Cloud pourrait également déboucher sur une modification du réseau de bus, de tram et de la circulation des véhicules afin de minimiser les embouteillages. L’objectif est qu’en 2020, l’Agglomération de Montpellier passe avec ces solutions à moins de 50% de voitures particulières, contre plus de 60% en 2000. Centralités du grand paris # 8

Concernant le trafic, de plus en plus encombré, l’objectif des projets Smart City est de réduire la congestion des routes de 10 % grâce à des transports plus « intelligents ».


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Plan du Tram de Montpellier, © D.R.

Troisième pan de cet accord : l’information des citoyens et des élus locaux. Avec IBM, le but sera de « développer un prototype pour la gestion transversale multi-risques et la gestion d’alertes ». En clair, générer des alertes le plus rapidement possible en cas d’accidents de la route, de pollution accidentelle ou d’incendies. Ces alertes devraient permettre aux élus de mieux surveiller l’activité dans leurs villes, en temps quasi-réel, pour mieux gérer les événements prévus (comme une manifestation sportive) ou imprévus (comme une catastrophe naturelle). IBM et Montpellier estiment par exemple qu’avec un tel dispositif, il devrait être possible de réduire le montant des dommages liés aux inondations grâce une coordination entre acteurs plus efficace.

Les Smart Cities sont des villes dites durables car elles respectent l’environnement et développent des opportunités de croissance globale par l’innovation.

Qu’est ce qu’une Smart City ? Le terme d’intelligence ici, ne se restreint pas à la notion d’intellect au sens commun. Les Smart Cities sont des villes dites durables car elles respectent l’environnement et développent des opportunités de croissance globale par l’innovation. Selon le professeur de l’université technologique de Vienne, Giffinger, 6 critères ont été désignés pour reconnaître une ville intelligente : - une administration intelligente : gouvernance transparente et participative, - un environnement intelligent : gestion durable de l’allocation des ressources, - un mode de vie intelligent : cohésion sociale et qualité de vie, - des habitants intelligents : ouverture d’esprit à l’apprentissage des habitants, - une économie intelligente : marché du travail aux opportunités perpétuelles, - une mobilité intelligente : transports sûrs et écologiques.

LES MÉTROPOLES FRANÇAISES


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Il faut alors réunir au moins un de ces attraits, pour être désigné ville intelligente et Montpellier comporte 5 de ses critères. Montpellier et Nantes sont les deux seules villes de France à réunir au moins 4 de ces spécificités sur les 18 recensées par l’étude. L’économie intelligente ne serait pas au rendez-vous pour Montpellier, mais cela ne saurait tarder. Dernièrement, Montpellier a déposé sa candidature au label French Tech. Un statut qui pourrait enfin consacrer Montpellier et sa récente vague d’innovation dans les domaines de l’économie et de la communication numérique. Les autres villes d’Europe n’ont qu’à bien se tenir ! La France est un des meilleurs élèves européens, puisque la moyenne est de 9,6 villes pour les 25 autres pays représentés. Le pays roi des Smart Cities n’est autre que le Royaume-Uni avec 38 villes intelligentes à son actif. Outre l’espace européen bien loti, sachez que des projets pharamineux de Smart Cities se développent partout dans le monde. C’est le cas de Masdar city, qui verra le jour en 2020 aux Emirats Arabes Unis. On estime le coût du projet à 15 milliards de dollars. Une ville 100 % verte, intelligente et surtout futuriste, dans lequel les infrastructures sont dignes des plus grands films de science fiction.

Dernièrement, Montpellier a déposé sa candidature au label French Tech. Un statut qui pourrait enfin consacrer Montpellier et sa récente vague d’innovation dans les domaines de l’économie et de la communication numérique.

Gare Saint Roch © C.Gruissard

Centralités du grand paris # 8


Le magazine d’informations du Grand Paris

Centralités du grand paris

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DOSSIer SPéCIAL simi 2015 immobilier ProFessionneL : accélérer

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la disruption, tribune urbanisme innover pour l’humain

Par : Frédéric Léonhardt

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écoquartiers, les grands ensembles du xxie siècLe ?

Propos recueillis par : Yves schwarzbach

REnDEZ-VOUS inCOnTOURnABLE DES pROFESSiOnnELS DE L’iMMOBiLiER pROFESSiOnnEL, LE SiMi EST CHAqUE AnnéE L’OCCASiOn DE FAiRE LE pOinT MAiS AUSSi DE pORTER LE REGARD VERS L’AVEniR. EnSEnSéE pAR UnE RépUBLiqUE qUi DEViEnT pEU à pEU nUMéRiqUE, LA FREnCH TECH A LE VEnT En pOUpE. AUTAnT DE RéUSSiTES inSpiRAnTES pOUR L’inDUSTRiE iMMOBiLièRE qUi, pOUR n’êTRE pAS En RESTE En MATièRE D’innOVATiOn, AURAiT AVAnTAGE ET pEUT-êTRE pLAiSiR à SE TOURnER VERS LE GRAnD GAGnAnT DE LA RéVOLUTiOn nuMéRiQuE : LE CLiEnT.

Dossier spécial

DEpUiS pLUSiEURS AnnéES, LES COLLECTiViTéS OnT LAnCé DES OPéRATiOnS DE LOGEMEnT SOCiAL « HAuTE QuALiTé EnviROnnEMEnTALE ». AnALySE DES nOuvEAux éCOqUARTiERS ET DES SOLUTiOnS COnSTRUCTiVES DURABLES EnTREpRiSES.

Franck Faucheux, en charge du dossier de Préfiguration de l’Institut pour la Ville Durable responsable de la démarche Écoquartier au ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’énergie se souvient : « la question des quartiers durables commençait à monter, le mot écoquartier est apparu spontanément en France dans les conférences du Grenelle de l’Environnement en 2008. L’engagement numéro 49 invitait les collectivités françaises à développer des écoquartiers dans un délai de quatre années. Repris dans l’article 7 de la loi Grenelle 2, votée en juillet 2010, l’enjeu était de donner très rapidement un contenu à ce concept, alors même que le mot écoquartier entrait dans le langage courant. » Quelques années plus tard, on constate que le projet n’est pas une coquille vide, le concept n’est pas un abus de langage, bien que l’orthographe du mot ne semble pas tout à fait fixée, l’écoquartier existe et répond aux enjeux actuels.

Centralités du grand paris # 7

2 ANS : 8 numéros 39,90 €

François Bertière, président-directeur général de Bouygues immobilier

Rappelons la question fondamentale de la transformation des 5,5 millions de logeTribune urbanisme

1 AN : 4 numéros 21,90 €

Ginko, c’est un quartier qui tisse des Liens avec L’existant, un archétyPe du quartier de La viLLe contemPoraine.

Centralités du grand paris # 7

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PORTRAIT D'AGENCE

Architecture & DESIGN

LA MÉTHODE AW2 Texte : Maxime Decommer Photos : Sami Trabelsi Architecture Workshop 2 a été créé en 1997 par Reda Amalou. Stéphanie Ledoux, collaboratrice de l’agence dès 1998 puis chef de projet après son diplôme à l’École spéciale d’architecture, en devient la co-associée en 2002. Depuis, les deux architectes parisiens construisent un parcours souvent hors des frontières de l’Hexagone et des sentiers battus.

EN KIOSQUES 8,90 €

Cela fait bientôt vingt ans que l’agence AW2 prospère, non pas selon un modèle linéaire, mais, comme aiment à le rappeler les deux architectes, de manières multiples. Ce n’est pas une mais plusieurs graines que les deux associés continuent de faire croître en parallèle, et qui permettent à l’agence d’être performante sur des sujets et des programmes riches – l’hôtellerie de luxe, mais aussi les bâtiments de logements, les établissements scolaires, les équipements hospitaliers, les aménagements intérieurs –, construits dans le monde entier – 38 pays différents, de la Grenade au Vietnam en passant par la France –, avec des interlocuteurs variés. « On parle aussi bien à un promoteur de primo-accédant qu’à un investisseur multimilliardaire qui fait un hôtel au bout du monde », explique Stéphanie Ledoux.

Loin de relever d’une stratégie, ce champ d’intervention étendu n’est que la conséquence des rencontres et des expériences du duo d’architectes. C’est ce parcours qui les a progressivement encouragés à proposer et valoriser leurs compétences pour traiter de toutes les échelles du projet, du paysage au design en passant par l’architecture d’intérieur. Cette manière de dessiner, les Anglais la disent « sans couture », nous rappelle Reda Amalou, qui a travaillé à Londres après avoir été formé à l’Université de East London. Une porosité des échelles qui assure aux architectes une meilleure maîtrise de leurs idées, allant parfois jusqu’à la conception du mobilier, et participe de la constitution d’une identité professionnelle éclectique. Une richesse à leurs yeux, même si cette position, plutôt singulière dans le milieu architectural français, et en marge d’un certain modèle de réussite, semble les contraindre pour s’exprimer sur le marché national.

PARIS / 2-6 SEPTEMBRE 2016 PARIS NORD VILLEPINTE

URBANISME � Reda Amalou et Stéphanie

Ledoux dans la salle de réunion de l’agence

PARIS, SOURCE D’INSPIRATION UNIVERSELLE

<- La salle de réunion,

indispensable pour les meeting days avec les collaborateurs étrangers

RÉALISATION 4

WWW.MAISON-OBJET.COM

L’ART DE S’EFFACER Rem Koolhaas Texte : Jean-Philippe Peynot

Timmerhuis, Rotterdam, décembre 2015

crédit photographqiue : Sebastian van Damme et Ossip van Duivenbode © OMA

INFO@SAFISALONS.FR Au cœur de Rotterdam, un gigantesque bâtiment conçu FILIALE D’ATELIERS D’ART DE FRANCE ET DE REED EXPOSITIONS FRANCE / SALON RÉSERVÉ AUX PROFESSIONNELS / DESIGN © BE-POLES - IMAGE © DR - ZIMINDMITRY par OMA vient de s’inscrire avecORGANISATION force etSAFI, délicatesse parmi des immeubles anciens. Si la question de la densification des centres urbains se pose aujourd’hui dans toutes les villes, il se pourrait bien qu’elle trouve à Rotterdam ses réponses les plus intéressantes. Exemple à suivre, peut-être, pour les villes prudentes où l’histoire ne s’écrit plus qu’à l’imparfait.

RECONVERSION DU SITE DE L’HÔPITAL LAENNEC Texte : Maxime Decommer L’hôpital Laennec, situé rue de Sèvres, dans le VIIe arrondissement de Paris, prend place sur les « Pré-aux-Clercs », alors le terrain témoin de bon nombre de duels d’honneur. C’est en 1634, à la demande du cardinal François de La Rochefoucauld, que l’HôtelDieu, le plus ancien hôpital de la capitale, fondé en 651, cède dix arpents de terre, soit environ 25 000 m 2 pour y construire ce qu’aucune institution charitable n’avait osé entreprendre : un hôpital et une maison pour les pauvres affligés de maux incurables.


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