LE GRAND PARIS ASSURÉMENT Aujourd’hui, en pleine actualité métropolitaine grâce à la loi Mapam (Modernisation de l'action publique et d'affirmation des métropoles) votée le 23 janvier dernier, la rédaction élargit son analyse au territoire du Grand Paris. On pourra lire au sommaire du numéro #3 de Centralités du Grand Paris la transition éditoriale que connaît notre magazine : face aux dossiers « À la une » et « Société » dédiés à La Défense (« La Défense face à l’Europe » et « L’Immobilier durable à La Défense ») sont développés des sujets métropolitains : « Aéroports et dynamique des territoires » dans « Urba », « Les Lieux de culture du Grand Paris » dans « Culture », « Marne-laVallée » dans la nouvelle rubrique « Les Territoires constitutifs du Grand Paris ». À ces derniers s’ajoutent les voix de Philippe Juvin, maire de La Garenne-Colombes et d’Éric Mazoyer, directeur général délégué de Bouygues Immobilier, qui nous parlent respectivement du développement d’une ville face à La Défense et au Grand Paris et des stratégies d’extension foncière dans la métropole. Aujourd’hui, à l’instar des institutions fondatrices de la métropole, notre revue se veut un lieu de réflexion pour la penser à son tour. Marc Sautereau, directeur de la publication
À DÉCOUVRIR DANS LE PROCHAIN NUMÉRO SORTIE EN JUIN 2014 : → À LA UNE : LA GOUVERNANCE DU GRAND PARIS → URBA : RELOGER LES MÉTROPOLITAINS → SOCIÉTÉ : L'IDENTITÉ DU GRAND PARIS → TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS : PARIS-SACLAY → CULTURE : LES PÉPINIÈRES ARTISTIQUES DU GRAND PARIS
Excellence environnementale, qualité du cadre de vie et des équipements, modes d’accessibilité multiples, services, commerces, pôle hôtelier… Cœur d’Orly est le nouvel espace de référence du sud parisien : écoquartier d’affaires unique en son genre, directement connecté aux terminaux d’un aéroport qui fait lui-même l’objet d’un ambitieux programme de déploiement international. La première phase de réalisation de Cœur d’Orly est désormais lancée, avec 65 000 m² de bureaux ainsi qu’un vaste pôle commercial régional. Extrêmement visible avec sa façade longeant l’A106 d’un côté, ouvert sur un vaste jardin et une promenade piétonne commerçante de l’autre côté, l’architecture d’Askia, signée Jean-Michel Wilmotte, privilégie l’harmonie entre l’immeuble, son environnement et ses occupants. Ses 20 000 m² de bureaux seront disponibles dès la fin 2015. Préparez-vous à embarquer pour un monde d’innovation.
www.coeurdorly.com
Crédits : ArteFactoryLab - Fotolia
Paris’ Gateway to Success
95
Gisors
Creil Beauvais
VAL D’OISE
Crépy-en-Valois
Creil
EPA PLAINE DE FRANCE
Rouen
3
SOMMAIRE
CDT Confluence Seine Oise
CDT Coeur Economique Roissy Terres de France
CDT Nord Seine-et-Marne Le Mesnil-Amelot
CDT Val de France Gonesse
La Ferté-Milon
Château-Thierry
Evreux
EPA MANTOIS SEINE-AVAL
CDT Boucle Seine Nord
CDT Territoire de la Culture et de la Création
EPA La DEFENSE SEINE ARCHE
CDT Pôle Métropolitain le Bourget
CDT La Défense les Deux-Seines
ACTUS LE GRAND PARIS EN MOTS À LA UNE EURO-DÉFENSE,
4 6
78
YVELINES EPPS PARIS SACLAY
93
CDT Ville durable Nord
CDT Ville durable Ouest
92
EPA MARNE
CDT Cité Descartes
HAUTS-DE-SEINE
CDT Versailles Saint-Quentin
Dreux
CDT Est Seine Saint-Denis
SEINE-SAINT-DENIS
CDT Grand Paris Seine Ouest
CDT des Boucles de la Marne
CDT Les CDT de la Grandes Ardoines Vallée de la Bièvre
Coulommiers
94
VAL-DE-MARNE CDT Pôle Orly
EPA ORLY RUNGIS SEINE-AMONT
CDT Territoire Sud
650 PROJETS POUR LE GRAND PARIS
77
SEINE-ET-MARNE
Il n’y a pas un seul grand projet du Grand Paris, avec un début et une fin, mais plutôt une constellation de plus de 650 territoires de développement urbain petits et grands.
TRANSPORT EXISTANT Métro
QUEL AVENIR POUR LA DÉFENSE EN EUROPE ?
CDT - Contrat de Développement Territorial OIN - Opération d’Intérêt National
8
LIGNES EN PROJET
CDT Sénart
Grand Paris Express
91
Tramway
Ligne Verte
EPA - Établissement Public d’Aménagement
RER / Transilien
Ligne Rouge
EPPS - Étalissement Public Paris Saclay PNRU - Programme National de Renouvellement Urbain ZUS - Zone Urbaine Sensible ZFU - Zone Franche Urbaine Projet d’aménagement en cours
Autoroute
Arc Est Proche (à l’étude)
Provins Troyes
EPA SENART
ESSONNE
Ligne Bleue
Prolongement EOLE
Département
10 km
Yves Schwarzbach revient dans Centralités via une analyse pertinente du territoire défensien face à ses confrères européens.
Chateaudun
Orléans
URBA AÉROPORTS ET DYNAMIQUE DES TERRITOIRES
Malesherbes
Fontainebleau
Montereau
24
Delphine Désveaux présente un territoire hybride : la ville aéroportuaire.
SOCIÉTÉ L'IMMOBILIER DURABLE DANS LE GRAND PARIS
38
Virginie Picon-Lefebvre décrit les enjeux du développement durable pour la redynamisation économique du Grand Paris.
PAROLE D’ÉLU PHILIPPE JUVIN,
52
maire de La Garenne-Colombes
PROMO IMMO ÉRIC MAZOYER, Bouygues Immobilier VIE DES ENTREPRISES
56
64
ENTRETIEN AVEC JEAN-MARC CASTAIGNON, Société générale
CULTURE LES PÉPINIÈRES ARTISTIQUES DU GRAND PARIS LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS MARNE-LA-VALLÉE Directeur de publication, éditeur : Marc Sautereau m.sautereau@bookstorming.com Direction artistique, maquette : Chloé Gibert-Sander c.gibertsander@bookstorming.com Coordinatrice éditoriale et secrétaire de rédaction : Solveig Placier s.placier@bookstorming.com Publicité : Cécile Diarra c.diarra@bookstorming.com
Rédacteurs : Agathe Colin de Verdière, Delphine Désveaux, Alexandra Fau, Emmanuelle Graffin, Alice Neurohr, Virginie Picon-Lefebvre, Catherine Sabbah, Yves Schwarzbach. Rédaction : Centralités 49, boulevard de la Villette, 75010 Paris Tél : 00 33 (0)1 42 25 15 58 www.centralites.com
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Abonnement : Bulletin d’abonnement en page 92 Diffusion : MLP en kiosques Trimestriel. Le numéro : 5, 90 € Dépôt légal : à parution le 10 mars 2014 Commission paritaire en cours N°ISSN : 2265-9730
Centralités est édité par Bookstorming
N°3 – mars 2014 Le magazine décline toute responsabilité pour tous les manuscrits et photos qui lui sont envoyés. Les articles et photos publiés n’engagent que leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés. Prochaine sortie : juin 2014
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ACTUS Alice Neurohr
CITÉ MUSICALE DÉPARTEMENTALE DE L'ÎLE SEGUIN Dès aujourd'hui, la Cité musicale départementale, l'un des projets de la Vallée de la culture portée par les Hauts-de-Seine, voit le jour : cet ensemble vise à doter le département d'un équipement culturel à vocation musicale de très haut niveau et à fort rayonnement, à la fois accessible et de qualité. Implantée en aval de l'île Seguin, la Cité musicale se déploiera sur près de 36 500 m2 le long de la Seine. Le permis de construire a été délivré en mars et les premières fondations seront créées en juillet. La livraison du bâtiment est prévue pour juin 2016, pour un premier concert dès le mois d'octobre. http://cite-musicale-ile-seguin.hauts-de-seine.net/ © Shigeru Ban Architects Europe – Jean de Gastines Architectes
LOGEMENTS PAYSAGERS JOURDA ARCHITECTES PARIS Au cœur de la cité-jardin, à Vitry-sur- Seine, la centaine de logements imaginés par l’agence Jourda Architectes Paris marie espaces urbains et habitations aux espaces verts disséminés au cœur du lotissement s'étendant sur une surface de 16 521 m2. © Jourda Architectes Paris
LE CONSERVATOIRE D'AUBERVILLIERS Le nouvel écrin du conservatoire manie l’oxymore en réunissant le multiple à l’unité, la brutalité massive à l’immatérialité, le statique au mouvement, la densité à l’aérien, l’autonome au fédéré, la structure au mobilier, devenant ainsi caméléon. © Augusto Da Silva
FRAC ÎLE-DEFRANCE AVEC VEILHAN, LEMERCIER, BONA ET BERTRAND Lieu d’exposition d’art contemporain depuis 2006, le château de Rentilly en Seine-etMarne se trouvera entièrement métamorphosé. L’édifice sera doté d’une seconde peaumiroir. Il ouvrira ses portes courant 2014 et deviendra aux côtés du Plateau le second lieu du Frac Île-de-France. © Veilhan / ADAGP, Paris, 2013
GRATUITE 5
FESTIVAL ATMOSPHÈRES, « POUR UN MONDE DURABLE »
EXPOSITION PROXIMITÉ(S) Explorant les tendances et les pratiques liées à l’extension des villes, l'exposition « Proximité(s) » invite à découvrir les nouvelles définitions de la proximité urbaine et les actions qui permettent de la développer pour répondre au profond désir de ré-humanisation de la cité.
Depuis quatre ans, le festival Atmosphères présente gratuitement la vision d’avenir d’un monde durable en utilisant l’art sous toutes ses formes. L'édition 2014 parrainée par Hubert Reeves permettra de décrypter le monde d’aujourd’hui, de cartographier les enjeux sociétaux et d'ouvrir sur des solutions avant-gardistes.
Entrée libre Du 2 mai au 29 juin Ouverture tous les jours de 11 h à 19 h sauf le mardi
E R B I L E .COM S E E R R E H NT OSP
Toute la programmation sur www.festival-atmospheres.com
EFESTIVAL ATM
en partenariat avec :
© Atmosphères 21
DU 31 MARS AU 6 AVRIL 2 Design graphique : Atelier Beau/Voir
Cité de l’architecture & du patrimoine Palais de Chaillot 7, avenue Albert-de-Mun - Paris 16e (M° Trocadéro)
Du 31 mars au 6 avril à Courbevoie et La Défense
COURBEVOIE / LA DEFENS
LE MUSÉE PASSAGER Quittant les lieux officiels pour investir notre quotidien, l'art contemporain devient itinérant grâce au Musée passager, dont la création et l'organisation ont été confiées aux Ateliers Frédéric Laffy et à l’architecte Philippe Rizzotti. Initié par la Région Île-de-France, ce nouveau musée particulièrement original viendra à la rencontre des Franciliens à partir du mois d'avril pour présenter sa première édition, « L'Horizon nécessaire ». Pendant quatre ans, le Musée passager parcourra ainsi 25 villes d’Île-de-France dans lesquelles il restera une quinzaine de jours. Pour 2014, rendez-vous à Saint-Denis du 5 au 20 avril, à Évry du 26 avril au 11 mai, à Mantes-la-Jolie du 17 mai au 1er juin et à Val d’Europe du 7 au 22 juin. www.iledefrance.fr © Musée passager - Architecte Philippe Rizzotti
LE GRAND PARIS EN MOTS VERS LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS Le 23 janvier dernier, le Conseil constitutionnel a validé la loi Mapam (Modernisation de l'action publique et d'affirmation des métropoles) qui, s'inscrivant dans le processus de simplification territoriale engagé par le gouvernement, instaure la création de métropoles en France. La métropole du Grand Paris naîtra donc le 1er janvier 2016 de la fusion des 19 intercommunalités existantes en petite couronne. Rassemblant près de 6,5 millions d’habitants, elle s'occupera des questions d'habitat, d'environnement, d'aménagement et de politique de la ville. L'Île-de-France reste quant à elle en charge des transports. Une dizaine d'autres métropoles devraient voir le jour à partir de 2015, telles que celles de Bordeaux, Lille, Strasbourg, Aix-Marseille-Provence et Lyon. Par ailleurs, un nouveau projet de loi concernant la décentralisation et la régionalisation devrait prochainement être présenté en conseil des ministres.
« HECTOR GUIMARD AVAIT DONNÉ SON IDENTITÉ À PARIS INTRAMUROS PAR LE BIAIS DES BOUCHES DE MÉTRO. COMMENT VEUT-ON CONSTRUIRE UNE MÉTROPOLE SANS PENSER À SON IMAGE ? »
ELIZABETH DE PORTZAMPARC
« Le sentiment d’appartenance à une
métropole existe déjà. Quand on voyage et qu’on demande à un Val-de-Marnais d’où il vient, celui-ci va répondre “Je suis parisien” ! À l’inverse, observez les réactions des habitants en région voyant arriver sur leurs routes en période estivale des “93”, des “92” ou encore des “91” : “Ah, des Parisiens !” »
DANIEL GUIRAUD,
« Historiquement, quelque chose bouge
puisque le projet métropolitain entre dans sa phase de préfiguration. Une instance politique manquait pour donner l’impulsion nécessaire aux réflexions et aux projets métropolitains. Par ailleurs, l’Atelier international du Grand Paris voit son rôle conforté par sa mention dans la loi Paris Métropole. »
PIERRE MANSAT,
ADJOINT AU MAIRE DE PARIS, CHARGÉ DE PARIS MÉTROPOLE ET DES RELATIONS AVEC LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES D’ÎLE-DE-FRANCE
« LE GOUVERNEMENT – PUISQUE NOUS NE PARLONS PAS DE GOUVERNANCE – EST LA PRIORITÉ POUR AGIR VITE. »
ATELIER ROLAND CASTRO, SOPHIE DENISSOF ET ASSOCIÉS
« LE SYSTÈME DU GRAND PARIS DOIT ÊTRE PENSÉ DANS LE TEMPS ET DANS L’ESPACE. APRÈS LA PLANIFICATION, APRÈS LE PROJET, IL FAUT INTRODUIRE LE CONCEPT DE SCÉNARISATION. »
TVK ARCHITECTES URBANISTES TRÉVELO & VIGER-KOHLER
MAIRE DES LILAS ET PRÉSIDENT DE PARIS MÉTROPOLE
« DÉPASSER LE CADRE DE L’ATELIER INTERNATIONAL DU GRAND PARIS POUR ARRIVER À UNE UNIVERSITÉ LIBRE DU GRAND PARIS AFIN D’OUVRIR LES BRAS DAVANTAGE, DE MANIÈRE PLUS GÉNÉREUSE ET FÉDÉRATRICE. »
FRANÇOIS LECLERCQ ARCHITECTES URBANISTES
« NOUS CHERCHONS UNE SORTE DE COMPACITÉ, C’EST POURQUOI NOUS COMBATTONS L’IDÉE DE POLYCENTRALITÉ QUI PEUT MENER À UN CERTAIN SÉGRÉGATIONNISME. »
MVRDV AVEC AAF ET ACS
7 « La couverture du périphérique doit être la première
incarnation concrète du Grand Paris. C’est un enjeu urbain, qui permet d’effacer la frontière Paris-banlieue. C’est également un enjeu de qualité de vie, car nous devons diminuer les nuisances sonores auxquelles les Parisiens – mais aussi les habitants des communes voisines – sont trop souvent confrontés. »
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET,
CANDIDATE UMP À LA MAIRIE DE PARIS, JANVIER 2014
« LE GRAND PARIS DÉPASSE LE SIMPLE PROJET DE TRANSPORT POUR TOUCHER À LA CONSTRUCTION D’UN IMAGINAIRE COLLECTIF. »
STAR STRATEGIES + ARCHITECTURE
« L’ATELIER INTERNATIONAL DU GRAND PARIS NE DOIT PAS DEVENIR UNE ACADÉMIE D’IDÉES. »
ATELIER CHRISTIAN DE PORTZAMPARC
« Le Grand Paris du logement et de
l’aménagement, qui vise à livrer 1,2 million de nouveaux logements d’ici à 2030, s’articule autour de trois axes principaux : construire plus et réduire durablement le coût du logement, agir résolument sur le foncier, mobiliser les collectivités locales et soutenir les maires bâtisseurs. »
CÉCILE DUFLOT,
MINISTRE DE L’ÉGALITÉ DES TERRITOIRES ET DU LOGEMENT, EN CHARGE DU GRAND PARIS, JANVIER 2014
« La métropole est déséquilibrée parce qu’elle est polycentrée. L’enjeu est de reconnaître les territoires de façon pertinente en s’appuyant sur des bassins de vie. Ceux-ci totalisent de 300 000 à 600 000 habitants et leurs relations sont souvent locales. »
FRANÇOIS DUGENY,
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’INSTITUT D’AMÉNAGEMENT ET D’URBANISME – ÎLE-DE-FRANCE
« La métropole aura besoin d’une Région forte. Un partenariat entre nos deux institutions respectueux des compétences et des responsabilités de chacune est nécessaire. »
JEAN-PAUL HUCHON,
PRÉSIDENT DU CONSEIL RÉGIONAL D’ÎLE-DE-FRANCE
Sauf mention contraire, les propos sont rapportés du colloque organisé par l'AIGP le 29 janvier 2014.
« IL FAUT INVENTER LA CONSCIENCE D’UN INACHÈVEMENT PERPÉTUEL. »
ANTOINE GRUMBACH & ASSOCIÉS
« Je me réjouis de la décision du Conseil
constitutionnel de valider la Loi créant la Métropole du Grand Paris. C'est une étape essentielle qui vient d'être franchie. Désormais, les habitants et les élus de la métropole parisienne ont les moyens de maîtriser leur avenir. Pour les Parisiens, le Grand Paris est une chance. Une chance d’agir enfin à la bonne échelle, de produire plus de logements, de renforcer l'attractivité de la capitale, d'accélérer la mutation écologique de notre territoire. »
ANNE HIDALGO,
CANDIDATE PS À LA MAIRIE DE PARIS, JANVIER 2014
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À LA UNE
EURODEFENSE
QUEL AVENIR POUR LA DEFENSE EN EUROPE ?
Stratégie de l’exceptionnel ou du low-cost ? Face à la concurrence de ses voisins-confrères européens, le premier quartier d’affaires du Vieux continent et donc du Grand Paris doit trancher. Plus encore, il doit « faire la rupture » pour conserver sa première place au classement des zones économiques les plus prospères. Yves Schwarzbach
Peut-être suis-je comme tout le monde, en tout cas ceux d’après le traité de Rome. L’Europe, nous y baignons depuis que nous sommes tout petits. Nous l’avons espérée, nous y avons cru et nous l’avons soutenue, un peu par raison, un peu par passion. Il n’y a pas si longtemps, notre bannière étoilée flottait dans l’azur joyeux des lendemains qui chantent. Nous étions si fiers de montrer notre passeport bordeaux et or au type de l’immigration à Kennedy Airport, et de payer cash à Helsinki avec nos billets multicolores fraîchement sortis du distributeur. Et même un peu moqueurs de voir les grosses sociétés suisses consolider leurs comptes en euros. Nous étions tellement heureux dans notre espace Schengen, quand nous rentrions de Berlin réunifiée ou de Barcelone métamorphosée sans montrer patte blanche ! Tout ça, comme dirait Alain Delon dans une publicité pour lunettes, c’était avant. Avant la crise, les ratios de Maastricht et la débandade. L’Europe doute et nous doutons d’elle. Notre Europe à 27 est devenue un champ d’affrontement entre vieilles nations moins prospères, mal à l’aise dans un monde régi par les échanges internationaux mais dont la géopolitique ne reconnaît que des continents-régions fortement structurés. On en est loin chez nous. Bien sûr, Erasmus et le TGV font l’Europe mieux que les éphémères présidences tournantes. Bien sûr, on rêve encore d’un triangle d’or Paris – Berlin – Londres, avec la nostalgie de cet âge d’or où le charbon et l’acier étaient des ciments d’unité, quand le nombril du monde se trouvait encore entre l’Atlantique et l’Oural.
Francfort © Thomas Wolf
Francfort © Dontworry
Côté business, c’est autre chose. Face aux palinodies des institutions et aux doutes des opinions, les multinationales restent pragmatiques. Sans chichis ni tralalas : « Max profit, no risk; cash in v/s cash out ; costs and tax killing. » Bref, yield plutôt que yin. En immobilier, leurs stratégies de localisation tablent sur la dynamique des marchés, sur l’attractivité des territoires, sur la performance des connexions avec le village mondial mais aussi sur les loyers et l’environnement politique, social et fiscal du pays. On peut crier haro sur les évadés fiscaux, mais les blâmer ne dispense pas de comprendre leurs motivations. L’Alliance Renault-Nissan a d’ailleurs son siège aux Pays-Bas et pas à Boulogne-Billancourt. Non sans raisons objectives, que partage sans doute Amazon, basé au Luxembourg comme on le sait. Mais le géant de la communication né de la fusion du français Publicis avec l’américain Duke sera basé à Londres. Non sans raisons objectives, lui aussi.
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Dans cette âpre compétition planétaire, l’Europe est loin d’être unie pour affronter les ambitions des BRICS et autres petits tigres et dragons. Chacun pour soi et Mario Draghi pour tous en matière de développement économique. Parler de pôles d’affaires en Europe revient à regarder en face la réalité concurrentielle du monde d’après les subprimes. À parler sans fard de rivalité au sein de l’espace européen. On sait que, dans l’équation de la compétitivité, les quartiers d’affaires sont de puissants facteurs d’attractivité. En témoigne la corrélation entre le poids économique de La Défense et son internationalisation. Pour reprendre les données de l’Insee, les 380 multinationales qui y sont implantées représentent 22 % du total des entreprises du quartier. Avec plus de 33 100 collaborateurs, ces firmes emploient plus du cinquième des salariés, surtout dans la finance et les assurances, l'information, la communication et les services à haute valeur ajoutée. Avec des signatures mondiales comme Mitsubishi, Canon, le courtier Marsh, HSBC, Allianz ou Citibank. Sans compter les french touch... Très bien. Encore faut-il garder son rang malgré une concurrence européenne et mondiale de plus en plus rude.
QUELLES RAISONS POUSSENT CES NOUVEAUX RICHES À S’INSTALLER ICI PLUTÔT QU’AILLEURS ? DÈS LORS, EST-CE LA FAUTE DE LA DÉFENSE OU CELLE DE LA FRANCE SI LE QUARTIER PARAÎT MOINS ATTRACTIF ?
La tour Europe, née six ans après le traité de Rome, rénovée il y a maintenant douze ans, affiche l’âge de ses artères face à des étrangères plus sexy. Symbole ou syndrôme ? « À plus court terme qu'on ne l'imagine, La Défense pourrait devenir un quartier croupion, sorte de musée du xxe siècle », confiait Bernard Bled, alors directeur général de l'EPAD. On était en 2006. Dans notre pays, il arrive qu’on décapite les porteurs de mauvaises nouvelles, mais nul besoin d’avoir usé ses yeux sur le fameux théorème de Samuelson pour constater que les riches d’ici enrichissent les pauvres de là-bas. Mais quelles raisons poussent ces nouveaux riches à s’installer ici plutôt qu’ailleurs ? Dès lors, est-ce la faute de La Défense ou celle de la France si le quartier paraît moins attractif ?
BANKENVIERTEL À FRANCFORT :
The place to be, or not to be…
surnommé parfois "Mainhattan" en référence au quartier new-yorkais de Manhattan, Bankenviertel abrite un nombre important d’institutions financières : • plus de 300 banques nationales et internationales, dont la Banque centrale européenne ; • la deuxième plus grande bourse en Europe après Londres.
Luxembourg © Amazon
▶ Il paraît que, quand on aime, on ne compte pas. Pourtant les chiffres sont sans appel. « C’est froid et inhumain », estiment 85 % des répondants d’un sondage en ligne du magazine Challenge en octobre 2013. « Je travaille à La Défense depuis huit mois dans une tour à moitié vide. Vivement que mon entreprise déménage ! », commente un salarié du quartier. Un autre renchérit : « J'ai déjà travaillé dans ces tours. Quelle mauvaise période cela a été ! La Défense représente tout ce que je déteste. Le béton, la solitude, le bling-bling. » Qui croire, alors que, le même mois, le baromètre BVA-Defacto affiche 86 % de salariés qui considèrent le quartier comme attractif ? Le fait est que les enquêtes auprès des managers des multi nationales ne sont pas rassurantes. À première vue, si l’on considère la surface de bureaux, La Défense reste le premier quartier d’affaires d’Europe. Surprise, bonne surprise, 86 % des dirigeants européens y font référence, contre 64 % à ses équivalents allemands, 62 % au quartier EUR à Rome et 57 % aux pôles espagnols, notamment le quartier AZCA à Madrid. Oui, mais selon TNS Sofres pour la Communauté d’agglomération Seine-Défense, le quartier n’occupe que la deuxième place, derrière la City, citée par 97 % des interrogés. Bref, s’il fallait s’installer quelque part en Europe, ce serait à Londres. La Défense décroche une honorable troisième place. Après le quartier de Bankenviertel à Francfort, plus connu sous le sobriquet de Mainhattan. Faut-il s’en satisfaire ? Sur un marché, le troisième est rarement le mieux placé : on ne prête qu’aux riches. D’ailleurs, seuls 8 % des dirigeants interrogés recommanderaient La Défense comme premier choix d’implantation, contre 13 % pour Cologne et 34 % pour la City. La Perfide Albion et l’Ennemi héréditaire ont encore frappé…
QUE DEMANDE LE PEUPLE, EN L’OCCURRENCE CELUI DES MANAGERS ET DES FINANCIERS ? DU BEAU, DU NEUF, DU MOINS CHER.
KIRCHBERG À LUXEMBOURG :
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situé au nord-est de la ville de Luxembourg, le plateau du Kirchberg est un site urbain en développement : • environ 360 hectares ; • installation des institutions européennes à Luxembourg dans les années 1960 ; • dans les années 1980, installation de banques ; • depuis les années 1990, orientation vers un quartier mixte avec des services, emplois, commerces, cinéma, parcs, équipements culturels (Philharmonie de Luxembourg, musée d'Art moderne Grand-Duc-Jean), et logements.
Mis à part toute fierté nationale, et n’en déplaise à tel ministre ou président, La Défense serait-elle un quartier bien connu, mais plus vraiment attirant ? Les principaux concurrents européens ne sont pourtant pas très nombreux : Londres, Francfort, Moscou, Madrid, Milan. Ils n’en sont pas moins dynamiques. Voire agressifs, avec des offres affûtées. Outre-Manche, Canary Wharf, développé depuis les années 1980, est désormais le deuxième pôle d’affaires britannique. Plus de 90 000 salariés y travaillent. Le Crossrail le reliera directement à Heathrow. Plus modeste que celle de La Défense, l’offre immobilière de cette City bis est cependant plus dynamique, avec un taux de vacance plus faible mais aussi des loyers prime moyens inférieurs de près de moitié. Plus abordable, les after hours en sus, isn’t it ? C’est en tout cas l’avis de HSBC, la cinquième banque mondiale et la première européenne, de Citigroup ou de Reuters. Outre-Rhin, Francfort-sur-leMain truste les banques, à commencer par la BCE et le goldene Quartett bancaire allemand, mais aussi 300 établissements financiers de moindre taille. Le tout pour une bouchée de Pumpernickel : moins de 400 euros le mètre carré. Avec en prime Paris à trois heures d’ICE. Tchüss… Restent les outsiders. Milan, Madrid et Moscou. En cours de construction, Moscow City s’étendra sur 60 hectares. Achevé à environ 40 %, ce pôle d’affaires ambitionne d’offrir quelque 2,5 millions de mètres carrés. « жить москва ! » On ne discutera pas ici du caractère européen de la capitale russe. Ce qui est certain, c’est qu’il faudra compter avec son offre, comme avec celles de la zone Euromed, les Émirats bénéficiant du hub aérien de Doha et de l’offre hôtelière de Dubaï. Et avec celle des mégapoles de Corée, de Chine, d’Inde et bientôt d’Indonésie. Qui bénéficient encore de taux de croissance à faire rêver.
Londres © Piotr Zarobkiewicz
Faire la rupture « Ces résultats nous démontrent que la seule notoriété ne suffit pas à maintenir l’attractivité d’une métropole et de son quartier d’affaires », observe d’ailleurs Jacques Kossowski, président de la Communauté d’agglomération Seine-Défense (CASD) en commentant les résultats du sondage TNS-Sofres cité plus haut. Que demande le peuple, en l’occurrence celui des managers et des financiers ? Du beau, du neuf, du moins cher, le tout au plus près des marchés émergents, glocalisation oblige. Reste la redoutable question du « comment faire ? ». Réponse : taper juste et en faire vite. Taper juste, c’est, comme on dit, « se mettre aux standards du marché ». Tout le monde en est d’ailleurs convaincu. Cette analyse a fondé le plan de relance de La Défense. Avec l’impérieuse nécessité d’en finir avec l’entre-deux qualitatif que constitue son offre immobilière. Jacques Kossowski conclut pourtant : « Pour faire face à la concurrence mondiale, il faut donner un coup d’accélérateur à la modernisation de La Défense. » Topique ou tropisme français, l’élu souligne aussi qu’il « ne tient qu’à l’État et aux élus locaux d’en faire un grand quartier d’affaires du xxie siècle en conjuguant rayonnement économique et développement durable ». Fort bien. Les faits nous invitent à la rupture : fini le temps des oxymores, genre « changement dans la continuité ». Si La Défense doit s’aligner sur les standards mondiaux, deux stratégies sont possibles. Le très haut de gamme, qui justifie des prix élevés en contrepartie de l’exceptionnel en termes de localisation, d’image, de services, de développement durable, etc. Et le low-cost, histoire de répondre aux aspirations de frugalité qu’expriment bon nombre de directeurs immobiliers. Que voyons-nous ? Validé par l’État stratège mais redouté par la République impécunieuse, le plan de relance imagine plus de 2 millions de mètres carrés nouveaux. L’Opération d’Intérêt
National étend le périmètre foncier en maîtrisant des terrains à Nanterre. Il faut saluer cette initiative : il n’y a pas de développement urbain possible sans stratégie foncière. Reste que, selon la Cour des comptes, 400 000 nouveaux mètres carrés de bureaux émergeront d’ici 2018 – autant dire demain – si les tours D2, Air², Trinity, Phare ou Hermitage sont réalisées. Un foisonnement préoccupant s’il revient à construire sans avoir ni vendu ni loué. Je ne suis ni stratège ni patron d’un major de l’immobilier. Pourtant, tous les développeurs juniors savent que, depuis cinq ans au moins, il faut « verrouiller la sortie », c’est-à-dire avoir bouclé la contractualisation avec l’investisseur et avec l’utilisateur, avant de signer avec l’aménageur. Message reçu : « Trois dirigeants-VRP rivalisent de promesses alléchantes », écrit Alice Mérieux sur le site de Challenges. Elle parle des patrons d’Aviva Investors, d’Icade et d’Unibail-Rodamco. Signe des temps, les maréchaux montent au créneau. On espère voir arriver Grouchy plutôt que Blücher ou Wellington… Et pour cause : plus de 200 000 mètres carrés de bureaux up to date lancés simultanément sur un marché un peu dolent. Reste la délicate synchronisation des programmes immobiliers et de la mise en qualité des espaces publics. Ce lifting est plus que prioritaire pour que La Défense rivalise avec des concurrents. Un investissement vital, dont l’addition varie entre 300 et 500 millions d’euros. Ce montant élevé et encore imprécis n’est pas inabordable. À ceci près : Epadesa et Defacto ont pour mission d'aménager et d'entretenir les espaces collectifs, mais ce sont les collectivités qui perçoivent chaque année les quelque 180 millions d'euros de fiscalité, selon l’estimation réalisée par l'AUDE. Dès lors, seules les ventes de droits à construire alimentent la machine. Avec pour corollaire le report sur les investisseurs du risque et des tensions sur la rentabilité.
CANARY WHARF À LONDRES :
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Développé en bordure de la Tamise dans l'est londonien à partir des années 1980, c'est le plus important centre d'affaires de Londres après la City : • environ 40 hectares ; • 90 000 personnes y travaillent, notamment dans la banque et l'édition ;
Londres © Villy Fink Isaksen
LA CITY À LONDRES :
• trois des plus hauts gratte-ciel du RoyaumeUni s'y trouvent avec One Canada Square, 8 Canada Square et 25 Canada Square.
La City concentre les sièges sociaux de nombreuses banques, compagnies d'assurance, grandes entreprises multinationales et journaux. C'est également la première place financière au monde devant New York et Tokyo : Quant au « vite »… Chacun sait que, dans la jungle, ce ne sont pas les gros qui mangent les petits. Ce sont les rapides qui dévorent les lents. En 2007, le Sénat observait que « sur les dix groupes mondiaux implantés à La Défense en 1995, sept ne le sont plus en 2006. Entre 2000 et 2006, Londres a attiré le quart des implantations de sièges sociaux et plateformes tertiaires en Europe, contre seulement 5 % pour l'Île-de-France ». En 2013, Bloomberg classe la France en 14e position dans le Top 20 des Best Countries for Business. Ernst & Young estime que « l'attractivité de la France est en perte de vitesse et l'Hexagone a accusé un net recul de 13 % des implantations internationales en 2012 contre une moyenne de 3 % sur 44 pays d'Europe ». Ne parlons pas de la Banque mondiale, qui note un recul de la « business-friendly régulation » en France. Et rétrograde le pays de la 35e place en 2012 à la 38e l’an dernier. Selon le dernier baromètre de l’attractivité de la France, « alors que l’Europe n’enregistre (…) qu’un léger fléchissement des implantations internationales, la France accuse un net recul, non seulement en termes d’implantations mais aussi, et surtout, en termes d’emplois créés ».
• 290 hectares ; • 11 700 habitants ;
• 13 % du PIB britannique.
SI LA DÉFENSE DOIT S’ALIGNER SUR LES STANDARDS MONDIAUX, DEUX STRATÉGIES SONT POSSIBLES : LE TRÈS HAUT DE GAMME ET LE LOW-COST, HISTOIRE DE RÉPONDRE AUX ASPIRATIONS DE FRUGALITÉ QU’EXPRIMENT BON NOMBRE DE DIRECTEURS IMMOBILIERS. QUE VOYONS-NOUS ?
MOSKVA-CITY À MOSCOU :
actuellement en cours de développement :
• appelé à devenir la première zone de Russie et d'Europe de l'Est à combiner activité, espace de vie et de divertissement ; • entre 250 000 et 300 000 personnes travailleront ou visiteront le quartier ; • sur environ un kilomètre carré.
Madrid © FDV
Moscou © Bpb Alonka
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En tout cas, un nouveau paradigme est à imaginer. Un modèle économique qui ne soit pas fondé sur une chaîne de valeur qui cumule les surcoûts. Dans un monde régi par la demande, l’avenir appartient à ceux qui détiennent le chéquier. Or, à bien y regarder, le schéma actuel – aménager et construire cher, faire payer cher aux promoteurs qui vendent cher aux investisseurs, qui eux-mêmes facturent des loyers chers aux utilisateurs, qui doivent vendre cher à leurs clients – n’est pas précisément ce qu’on qualifierait de cercle vertueux. Même si on continue à emprunter peu cher. Combien de projets européens abandonnés depuis le lancement du Plan de relance ?
Jean Nouvel renonce à la tour Signal en 2010, après le retrait de son investisseur espagnol ; l’italien Generali jette l’éponge en 2011. Les tours jumelles du russe Hermitage restent en suspens et leurs aléas juridiques n’en sont pas la seule cause. De fortes interrogations subsistent sur le projet de tour Phare du franco-néerlandais Unibail-Rodamco. Faire la rupture, en allant vite, très vite, plus vite que la moyenne européenne, voici le véritable enjeu de La Défense. Mais le marché – la bonne vieille main de la Providence d’Adam Smith – n’a pas dit son dernier mot. Laissera-t-il le temps au temps ? « Les demandes de plus de 10 000 mètres carrés ne courent pas la dalle », déclare un commercialisateur. On loue au détail, jusqu’à des plateaux de 3 000 mètres carrés, tant les indicateurs sont mal orientés. La presse économique fait état de 4 millions de mètres carrés avec une vacance à son sommet. Fini les préloyers, pour peu que le preneur accepte une durée de bail longue. Dans le milieu immobilier, on murmure très fort que le loyer affiché de la tour Majunga, à peine 550 euros le mètre carré, a donné le signal de la curée. Les prix vont baisser à La Défense. C’est déjà le cas pour les locaux de seconde main. Spirale ou pas spirale ? Jusqu’où faudrat-il descendre pour trouver l’ajustement ? Certes, Citi Research prédit que le taux de croissance français dépassera celui de l’Allemagne en 2017. Bonne nouvelle, même si le chiffre avancé ne permettra pas « d’inverser la courbe du chômage », selon l’expression consacrée. Or, pas d’emplois, pas de recrutement et donc pas besoin de mètres carrés supplémentaires. Contrairement à l’adage, ce n’est pas quand le bâtiment va que tout va, mais le contraire.
AZCA À MADRID :
▶ De quoi s’interroger sur la proactivité de la gouvernance et des opérateurs. Car le message est clair. Selon Ernst & Young, « les investisseurs étrangers adressent un dernier appel à la France pour qu'elle devienne un acteur à part entière de l'économie mondiale ». On est tenté d’ajouter « enfin ». Bien sûr, la crise pèse sur les anticipations. Off records et en marge du SIMI, les majors du BTP et de l’immobilier avouent que 2014 sera peut-être l’année de tous les dangers. Mais la crise a bon dos. L’État, ou plutôt le gouvernement comme on dit partout dans le monde, les collectivités locales et les établissements publics ont certes leur rôle à jouer. Aménageurs et gestionnaires du territoire, évidemment. Mais faut-il jouer les régulateurs alors que les leviers de croissance sont internationalisés ? Valeurs emblématiques de la France des Roaring Sixties, le volontarisme national, le dirigisme public, la politique des records, la course à la grande échelle et l’audace technique sont-ils encore d’actualité face à un secteur immobilier plus que jamais financiarisé ?
L' "Asociación Mixta de Compensación de la Manzana A de la Zona Comercial de la Avenida del Generalísimo" est le centre financier de la capitale de l'Espagne, inspiré du Rockefeller Center à New York : • 4 512 000 m2 de bureaux ; • 20 hectares dans lesquels circulent 120 000 personnes chaque jour ; • 7,5 km de rues souterraines sur deux niveaux.
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SOUTENU PAR LE GRAND PARIS ET LES ACTEURS LOCAUX, L’AVENIR DE LA DÉFENSE PASSE PAR LA COMPÉTITIVITÉ DE LA FRANCE ET SA CAPACITÉ À CONVERGER, ENFIN ET POUR DE BON, AVEC SES VOISINS EUROPÉENS.
Milan © Obliot
Un ami haut fonctionnaire me racontait comment, à ses débuts dans les années 1990, il avait eu le privilège de côtoyer un directeur général, personnage historique de la Commission européenne. Ce sage lui avait raconté l’histoire suivante : « Voyez-vous, il en va des politiques comme de l’histoire des institutions. Périodiquement, on recrute un jeune loup aux dents longues pour remettre les choses au carré. Puis on constate qu’il est très difficile de faire rouler un carré, alors on arrondit les angles. Et on réinvente la roue. » Peut-être faut-il réinventer la Roue de la Fortune à La Défense et créer l’environnement optimal pour les entreprises internationales. Pas évident, bien sûr, d’exporter une offre territorialisée. Pas simple non plus de vanter un quartier d’affaires auprès des dirigeants internationaux quand leurs homologues français le quittent. Mais quand donnera-t-on la parole aux utilisateurs, qui sont peut-être les meilleurs VRP du quartier ? Quels représentants de La Défense et du Grand Paris accompagneront-ils le président de la République lors de son voyage dans la Silicon Valley en février prochain ? Quitte à provoquer, si on parlait de zone franche à La Défense ?
LA PORTA NUOVA À MILAN :
▶ « L’histoire est le total des choses qui auraient pu être évitées », aurait dit Konrad Adenauer, l’un des fondateurs de cette Communauté qui n’en finit pas de chercher son anneau magique. Soutenu par le Grand Paris et les acteurs locaux, l’avenir de La Défense passe par la compétitivité de la France et sa capacité à converger, enfin et pour de bon, avec ses voisins européens. « On perd toujours quand on est isolé », écrivait Vincent Van Gogh, peut-être le plus européen des peintres. Isolé ? Au Moyen Âge, on soutenait que, « en France, le Roy est empereur en son royaume ». Au début du xixe siècle, Napoléon gouvernait une France-Europe de 130 départements, hors protectorats et satellites. Dans les années 1960, celles de la DS, de la Caravelle et du CNIT, la troisième économie mondiale avait les moyens de ses ambitions planétaires. Mais le temps des prés carrés et des exceptions culturelles est passé depuis longtemps. Même les ex-mastodontes publics – SNCF, ADP, RATP, EDF, etc. – ont trouvé la voie de l’exportation.
actuellement en cours de développement à proximité du centre-ville historique. Milan est le cœur industriel et économique de l'Italie (9 % du PIB national). La Bourse italienne y est située et nombre d'entreprises importantes comme UniCredit, Luxottica, Banca Intesa, Alfa Romeo, Campari, Pirelli, RCS MediaGroup, Fininvest, Telecom Italia, et Mediobanca ont été créées ou ont aujourd'hui leur siège à Milan. • 290 000 m2 de bureaux et de logements ; • 160 000 m2 d'espaces piétonniers ; • 20 000 m2 d'espaces culturels.
LA DEFENSE, UN LIEU D’AVENIR ET DE PERENNITE ENTRETIEN AVEC LUDOVIC DELAISSE, DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT BUREAUX ET DU PÔLE DÉVELOPPEMENT, CUSHMAN &WAKEFIELD
Propos recueillis par Emmanuelle Graffin
Quelle est votre vision du marché immobilier à La Défense ? Ludovic Delaisse : Sur le marché immobilier, le pôle de La Défense est décrié comme LE Secteur en crise. Le taux de vacance et les hausses des loyers ont en effet tendance à défrayer la chronique. Mais je conteste cette analyse qui est réalisée à un temps donné. Or, en termes de mètres carrés, La Défense est le plus grand pôle tertiaire européen et son marché ne peut donc pas s’analyser à un instant T mais sur une plus longue période. Comme pour tout pôle majeur, nous pouvons constater des moments dynamiques mais erratiques. La Défense reste un lieu d’avenir et de pérennité ! Que représente pour vous La Défense ? Actuellement, un focus assez négatif est réalisé sur La Défense, lié à la faiblesse de volumes placés ces dernières années. Effectivement, en 2009, l’on devait se situer à 130 000 m2 de surfaces commercialisées en moyenne annuelle, alors que ces quatre dernières années on devait être à plus de 200 000 m2. Parallèlement à la chute de la demande placée, les projets libérés ne trouvent pas forcément preneurs et de nouvelles constructions sont lancées, offrant ainsi de nouvelles surfaces. Nous arrivons donc à un taux de vacance relativement important de 11,4 % qui, sans transactions majeures, risque d’augmenter. Or, il faut se rendre compte que La Défense constitue un centre stratégique. Premièrement, l’Epadesa et Defacto forment un pôle de gouvernance publique, deuxièmement, la situation géographique, dans l’axe majeur, confirme une proximité avec les lieux de pouvoir économique en Île-de-France et favorise les liens avec le quartier central des affaires. La dynamique représente un autre élément important de La Défense. Dynamique insufflée notamment par son nouveau président Luc Parent qui met en avant la logique de redéploiement de l’image du quartier d’affaires à travers le monde. Cette dynamique comprend le plan de renouveau dont l’objectif est une rénovation/réadaptation du parc devenu obsolète et un ensemble d’aménagements afin de donner une image plus urbaine et plus humaine aussi. La Défense constitue un pôle tertiaire connu en France mais aussi à travers le monde. Des œuvres architecturales telles que la Grande Arche, le CNIT y participent. Le quartier attire aussi grâce aux activités culturelles qui y sont proposées. L’image de La Défense est donc très dynamique. En termes de chiffres, La Défense est le premier quartier d’affaires européen, avec 3,5 millions de m2 de bureaux, 3 600 entreprises, 170 000 salariés, 15 des 50 entreprises mondiales.
LUDOVIC DELAISSE
Ludovic Delaisse est directeur du département Bureaux et du Pôle développement de Cushman & Wakefield depuis 2009, et membre du Board France. Fort de plus de vingt ans d’expérience en immobilier de bureaux, il conseille les propriétaires et les investisseurs dans leur stratégie patrimoniale par une analyse précise des enjeux liés au contexte du marché. Son équipe de 40 professionnels dédiés accompagne les utilisateurs dans l’ensemble de leurs problématiques immobilières et propose une solution économique intégrée permettant d’optimiser l’outil immobilier. Dotée de compétences pluridisciplinaires (analyse juridique, analyse financière, analyse marché…), son équipe a entre autres été le conseil exclusif du cabinet d’audit Ernst & Young dans le cadre du regroupement des équipes au sein de la tour First à La Défense, du groupe Unilever pour la réalisation de leur futur siège social à Rueil-Malmaison et de Boursorama dans le cadre de l’installation de son futur siège social dans You à Boulogne-Billancourt.
LA DÉFENSE C’EST 3,5 MILLIONS DE M2 DE BUREAUX, 3 600 ENTREPRISES, 170 000 SALARIÉS, 15 DES 50 ENTREPRISES MONDIALES. Quels sont les atouts en matière d’accessibilité du quartier d’affaires ? En termes de trajets et de temps de transport, La Défense, avec les quais, l’accès au boulevard périphérique, les autoroutes A 14 et A 86, se situe à 14 min de l’Étoile, 27 min du centre de Paris, moins de 30 min de l’aéroport d’Orly. De nombreux parkings facilitent le stationnement. Les transports en commun accueillent 500 000 passagers par jour. La Défense est le plus grand hub de transports en commun d’Europe ! La desserte, déjà exceptionnelle, va être améliorée par le Grand Paris d’ici 2018 grâce au prolongement de la ligne E du RER qui va permettre de se rendre à Saint-Lazare en seulement 10 min. À plus long terme, en 2025-2030, ce sera l’accès possible en TGV à destination de l’aéroport Charles-de-Gaulle. Aujourd’hui donc, La Défense, à travers son image, le plan de renouveau, ses caractéristiques architecturales et son accessibilité, a les qualités intrinsèques et pérennes du pôle tertiaire par excellence.
21 Pour une société, quelle est l’attractivité de La Défense ? À travers la crise économique, les sociétés ont la volonté d’améliorer leur compétitivité. Le sujet de l’humain et du recrutement est au cœur de la réflexion des grandes entreprises. Aujourd’hui, une société qui veut se développer doit recruter des talents. Or cela implique d’offrir un lieu de travail adéquat et de se trouver dans un secteur qui a une réserve de talents. À 10 km de Paris, le réservoir de talents et la capacité à les attirer sont plutôt limités. La Défense, pour donner un ordre d’idée, est le premier pôle d’emplois cadres en Île-de-France, soit 90 000 emplois cadres. C’est aussi un pôle universitaire de 45 000 étudiants. La réserve des futurs talents est donc là, à proximité. Le bien-être au travail représente également un sujet important. Celui-ci constitue un facteur non négligeable de productivité, d’accroissement du résultat et donc du chiffre d’affaires. Le bien-être du collaborateur passe par l’accessibilité du lieu de travail, son image et les services proposés aux alentours. La Défense offre Les Quatre Temps, 130 000 m2 de commerces, 50 cafés et restaurants. De plus, le futur stade Arena, lieu culturel et sportif, va se trouver à 5 min à pied de la Grande Arche. Tous les services proposés sur le site participent au bien-être quotidien des collaborateurs. L’autre élément important est le plan de renouveau qui amène sur le marché de nouvelles tours totalement dans l’air du temps en matière de développement durable. Ces dernières années, les offres n’étaient pas dans les standards qualitatifs et techniques attendus par les utilisateurs, or aujourd’hui de nouveaux produits arrivent sur le marché : Carpe Diem, conçue par l’architecte Robert A. M. Stern, première tour neuve de ce plan de renouveau, en est une illustration parfaite. Celle-ci cumule les labels et certifications : LEED Platinium, BBC, THPE et HQE. Elle amène un véritable renouveau en termes d’offres immobilières pour de grands utilisateurs. En ce début d’année, le marché est particulièrement actif avec quatre à cinq recherches actives de plus de 20 000 m2. D’un point de vue stratégique, les sociétés tertiaires de haut niveau, attachées à leur personnel, se tournent plus naturellement vers La Défense que vers des solutions éloignées de Paris. Les sociétés quittent-elles La Défense, comme cela est annoncé dans les médias ? Je trouve cela surprenant. Les journalistes doivent être mal informés du point de vue statistique. Je vais vous donner quelques chiffres : La Défense fait partie des 3 premiers pôles tertiaires d’Île-de-France avec Paris Est-Rive Gauche et les quartiers d’affaires de l’Ouest. Depuis 2002, il y a eu 86 transactions de plus de 4 000 m2, ce qui représente 1,3 million de m2 ! Ensuite, nous avons un indicateur appelé le « taux de rétention ». Cela correspond au taux d’utilisateurs qui sont locataires à La Défense et qui ont déménagé tout en restant dans le quartier d’affaires. Ce taux est de 64 %. Ainsi, des entreprises comme ErDF, RTE, le Meeddat, Ernst & Young (EY) ont décidé de rester dans ce quartier d’affaires. Afin de comparer, Paris Quartier central des affaires présente un taux de rétention de 44 %. Les entreprises restent donc à La Défense, contrairement à ce qui est dit. Ensuite, nous mesurons le volume entre les entrants et les sortants. Depuis
2002, cela représente 480 000 m2 pour les nouveaux arrivants et 450 000 m2 pour ceux qui ont quitté le quartier. Le solde est positif en faveur de ceux qui s’implantent à La Défense. Vous avancez que 2014 va être l’année de La Défense, pourquoi ? Premièrement, les immeubles du plan de renouveau sont arrivés à maturité et vont attirer les utilisateurs par leurs performances. Deuxièmement, les immeubles de « seconde main » se sont adaptés aux nouvelles exigences et conditions économiques du marché global tertiaire. Par ce repositionnement, ces bâtiments vont représenter de vraies alternatives économiques par rapport à la première couronne. Le quartier, au regard de tout ce qui vient d’être dit et pour par exemple un différentiel de 10 % en termes de loyers économiques, apporte une plus-value très importante aux entreprises. L’utilisateur peut alors se poser la question. Il intégrera dans son calcul le bien-être au travail, l’accessibilité et l’attractivité du site pour les talents. Conséquence : on voit clairement une dynamique sur le marché de l’immobilier à La Défense.
UN TAUX DE RÉTENTION DE 64 % À LA DÉFENSE CONTRE 44 % À PARIS QCA.
CUSHMAN & WAKEFIELD
Fondé en 1917, Cushman & Wakefield est le premier groupe privé mondial en immobilier d’entreprise. Avec environ 250 bureaux répartis dans 60 pays et plus de 16 000 collaborateurs, Cushman & Wakefield conseille ses clients, tant utilisateurs que propriétaires ou investisseurs, et leur offre une gamme complète de services intégrés à l’échelle mondiale : transaction locative, investissement, service financier, audit et gestion de projet, gestion d’actifs immobiliers, expertise et études de marché. Le département Bureaux et Développement de Cushman & Wakefield accompagne les utilisateurs dans l’ensemble de leurs problématiques immobilières et leur propose une solution sur mesure permettant d’adapter au mieux l’outil immobilier à leur stratégie d’entreprise. Parce que toute décision repose sur une analyse précise des enjeux liés à votre stratégie d’entreprise et au contexte du marché, notre équipe de 40 professionnels vous conseille aussi bien dans l’audit de votre immobilier, la définition de votre schéma directeur, le management de la transaction, que la gestion du transfert de vos collaborateurs. Notre connaissance approfondie de chaque marché et de ses acteurs majeurs, associée à notre expertise internationale, nous permet d’identifier toutes les solutions qui correspondent à votre problématique tertiaire et de répondre à vos attentes en matière de conseil juridique, financier, fiscal, technique, environnemental et social. Par ailleurs, notre connaissance des opportunités foncières et notre maîtrise du développement des projets immobiliers font de nous le partenaire idéal et le guide incontournable pour la valorisation des terrains nus et bâtis et la détection de sites pour des clés en main utilisateurs.
LA FEUILLE DE ROUTE DU GRAND PARIS janvier 2014
Cécile Duflot, ministre de l’Égalité des territoires et du Logement, en charge du Grand Paris, a présenté en janvier en Conseil des ministres sa feuille de route pour le Grand Paris du logement et de l’aménagement durables.
Le Grand Paris du logement et de l’aménagement, qui vise à livrer 1,2 million de nouveaux logements d’ici à 2030, s’articule autour de trois axes principaux présentés ce jour par Cécile Duflot.
C’est un plan en faveur de l’aménagement et de la construction de logements dans le Grand Paris qui va être finalisé et mis en œuvre, dans l’objectif de faire du Grand Paris une métropole durable exemplaire et de contribuer à la résolution de la crise du logement qui frappe tout particulièrement les Franciliens.
L’Île-de-France, région la plus peuplée du pays et à l’importante croissance démographique, requiert un effort particulier. Les obligations de construction de logements sociaux y sont respectées de façon insuffisante et très inégale selon les communes, et moins de 40 000 logements y sont construits chaque année, alors que le nouveau Schéma directeur régional fixe un objectif de production de 70 000 logements par an.
Voies ferrées, ateliers de maintenance, gares de triage, dépôts de train ou de bus en déshérence sont appelés à disparaître progressivement du paysage urbain de l'Île-de-France. La SNCF, RFF et la RATP sont invités par le gouvernement à brader leur patrimoine pour contribuer à la lutte contre la pénurie de logements dans la région. Une liste de 40 sites, qui couvrent 70 hectares sur les huit départements, a été rendue publique et devront être vendus avec une décote par rapport à leur valeur foncière.
© Ateliers Lion associés d’après une photo d’Antoine Grondeau
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1
PREMIER AXE : CONSTRUIRE PLUS ET RÉDUIRE DURABLEMENT LE COÛT DU LOGEMENT, ce qui passe notamment par l’accélération de la construction de logements, l’application effective du passage de 20 à 25 % des obligations de construction de logements sociaux par commune, le développement d’une offre de logements intermédiaires, l’amélioration de la performance environnementale des constructions, la rénovation du parc existant et le développement d’une offre pour les plus démunis.
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DEUXIÈME AXE : AGIR RÉSOLUMENT SUR LE FONCIER. Il s’agit d’accélérer la libération d’emprises foncières mutables (« choc foncier ») et les projets de construction. L’État favorisera le recours, particulièrement opportun en région parisienne, aux dispositions relatives à la densification en milieu urbain et à la transformation de bureaux en logements. De nouvelles opérations d’aménagement seront lancées pour densifier les territoires desservis par les transports en commun, en particulier autour des gares du Grand Paris Express.
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TROISIÈME OBJECTIF : MOBILISER LES COLLECTIVITÉS LOCALES ET SOUTENIR LES MAIRES BÂTISSEURS. Le gouvernement travaille à une meilleure prise en compte de l’effort de construction dans la répartition des ressources des communes et intercommunalités, afin de permettre la bonne réalisation des équipements publics rendus nécessaires par les opérations d’aménagement. Les objectifs de construction seront contractualisés avec les collectivités, à l’image des contrats de développement territorial (CDT). Pour ce faire, les opérateurs de l’État seront modernisés, afin de les adapter au nouveau contexte urbain et institutionnel de l’Île-de-France et dans l’objectif d’une accélération de la production de logements et d’une plus grande mutualisation des moyens.
Dans une économie globalisée caractérisée par le rôle croissant des échanges, le raccourcissement des cycles de vie des produits et les exigences croissantes des consommateurs en termes de service, l’efficacité et la rapidité sont devenues des facteurs clés de la compétitivité économique. C’est l’une des raisons pour lesquelles le transport aérien joue un rôle croissant dans les nouvelles dynamiques territoriales. Au cœur de cette mutation, l’aéroport, véritable nœud de communication, se transforme en pôle multimodal international – un hub – qui s’impose à la fois comme un outil et un pôle de développement urbain ouvert à presque toutes les fonctions, créant ainsi de nouvelles centralités dans le processus de métropolisation. Delphine Désveaux
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URBA
AEROPORTS
ET DYNAMIQUE DES TERRITOIRES
27 La ville aéroportuaire « Où que vous alliez, un grand aéroport s’accompagne aujourd’hui d’une gare ferroviaire et d’un réseau de transport urbain », précise François Cangardel, directeur de l’immobilier chez Aéroports de Paris (ADP). S’opère ainsi une véritable mutation morphologique des abords métropolitains. La ville se rapproche de l’aéroport et l’aéroport devient ville. Non plus isolé en périphérie, l’aéroport constitue une nouvelle tête de pont dotée d’une réelle force d’attraction qui se répercute sur la dynamisation des activités économiques locales qui viennent s’agréger – bureaux d’entreprises, hôtels, résidences services, commerces, gares de fret, hangars de maintenance, entrepôts de logistique… « tous produits immobiliers attendus par les gens qui ont besoin d’être près de l’aéroport et qui contribuent à former ce qu’on appelle aujourd’hui la ville aéroportuaire », reprend François Cangardel, c’est-à-dire une ville sans logements. Nous y reviendrons. Transformée en centre d’activités tertiaires, la ville aéroportuaire devient un système autonome, une centralité qui
Ci-contre : Portes d'Orly. Le futur quartier de la Gastronomie Paris-Rungis DR Ci-dessous : Vue extérieure du Terminal OrlySud avec Orlyval © Philippe Cibille pour Aéroports de Paris
s’insère dans un réseau de fonctionnalités et d’échanges complémentaires. Reste à la rendre conviviale, urbaine et humaine… pour ne pas ressembler à ces « non-lieux » tels que les définit le sociologue Marc Augé1. « Les Hollandais de Schiphol sont pionniers en matière de ville aéroportuaire car ils ont réussi à réaliser des quartiers agréables où l’on peut se promener à pied, précise M. Cangardel. ADP a noué une alliance globale avec Schiphol qui sert notamment au plan immobilier à développer Roissypôle et Cœur d’Orly sur ce mode. Nous y associons également toutes les parties prenantes : riverains, collectivités locales, entreprises… En effet, on ne saurait réaliser de développements harmonieux sans dialogue et adhésion à nos projets. » 1 Marc Augé, Non-Lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité, Le Seuil, 1992. Un « non-lieu » est un espace interchangeable où l’être humain reste anonyme : moyens de transport, grandes chaînes hôtelières, supermarchés, aires d’autoroute sont des espaces inappropriables qui relèvent d’une relation de consommation.
LA VILLE SE RAPPROCHE DE L’AÉROPORT ET L’AÉROPORT DEVIENT VILLE.
Cette fonction de hub international multiplie les activités économiques et l’emploi. C’est pourquoi, aux activités aéroportuaires historiques d’ADP (le groupe perçoit des redevances en échange de ses prestations aux compagnies aériennes) se sont greffés des métiers de services, de commerce en aérogares et d’immobilier. Ainsi, ADP ambitionne de devenir LE référent du travel retail en matière de mode, de beauté, de gastronomie (place de la Madeleine, terminal ouest d’Orly) et de culture (Espace Musées du hall M, terminal 2E de Roissy). Ouvert en 2012, le hall M du terminal 2E de Roissy est à l’échelle des meilleurs standards internationaux et se présente comme un vaste espace consacré aux commerces et à la détente, avec notamment un espace muséal présentant des œuvres originales.
À l’automne 2013, le centre commercial Aéroville développé et exploité par Unibail-Rodamco a été inauguré, entre Roissy et Villepinte, c’est-à-dire entre ParisNord et Compiègne. Ouvert le dimanche, véritable ville en soi et doté d’un multiplexe dernier cri, son rôle est de « renouer avec une dynamique sociale » en offrant des services et des commerces de proximité aux 120 000 salariés de la plateforme de fret, aux touristes et aux utilisateurs de l’aéroport. Douze millions de visiteurs sont attendus par an…
Vers une fonctionnalité urbaine des aéroports
L'IMMOBILIER CHEZ AÉROPORTS DE PARIS AÉROPORTS DE PARIS AMBITIONNE DE DEVENIR LE RÉFÉRENT DU TRAVEL RETAIL.
Depuis près d'une dizaine d’années, l'activité immobilière d’ADP s'est structurée. Disposant d'un important patrimoine foncier, le gestionnaire des aéroports parisiens développe une palette élargie des compétences immobilières – aménagement, développement, investissement, gestion d'actifs. Son chiffre d’affaires, 253 M€ en 2012, en fait le troisième métier du groupe ADP. Propriété foncière : 6 685 ha dont 1 310 ha dédiés à l’activité immobilière et 416 hectares de réserves foncières immédiatement disponibles. Objectif de développement sur la période 2011-2015 : 320 000 m2 à 360 000 m2.
À gauche : Charles-de-Gaulle, Buy Paris Duty Free à l'entrée de l'Avenue, zone sous douane des commerces de la liaison AC © Mikaël Lafontan et Olivier Seignette pour Aéroports de Paris
Vue de Paris depuis la Tour First
L’IMMOBILIER
MULTICANAL
Altarea Cogedim est un acteur de référence de l’immobilier. A la fois foncière de commerce et promoteur, il est présent sur les trois principaux marchés de l’immobilier : commerce, logement, bureau. Il dispose pour chacun de l’ensemble des savoir-faire pour concevoir, développer, commercialiser et gérer des produits immobiliers surmesure. En rachetant RueduCommerce, un des leaders du e-commerce en France, Altarea Cogedim devient la 1ère foncière commerce multicanal. Présent en France, en Espagne et en Italie, Altarea Cogedim gère un patrimoine de centres commerciaux de 4 milliards d’euros au 31 décembre 2012. Coté sur le compartiment A de NYSE Euronext Paris, Altarea affiche une capitalisation boursière de 1,5 milliard d’euros au 31 décembre 2013.
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Mercedes-Benz France (78)*
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Aéroville, zone aéroportuaire de RoissyCharles-de-Gaulle © Jean-PhilippeMesguen
AÉROVILLE EN ORBITE
En arrivant depuis la capitale par la bretelle d’autoroute dans la zone aéroportuaire de Roissy-Charles-deGaulle, plusieurs boîtes à la peau de verre tatouée de lettres – à la façon d’un flagship monogrammé – épellent désormais sur 1432 mètres linéaires A.É.R.O.V.I.L.L.E. Vu du ciel depuis les avions au décollage, ce tout nouveau centre commercial de onze hectares prend des airs de gigantesque station orbitale – aux modules enfin recombinés les uns aux autres – s’étant posée dans la Plaine de France.
De haut en bas : Portes d'Orly, la façade urbaine de la RD7 © EPA ORSA Cœur d'Orly, centre commercial, entrée © ArteFactoryLab
Portes d'Orly, le futur quartier de la Gastronomie, Paris-Rungis DR
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LA TRANSFORMATION DE LA MORPHOLOGIE URBAINE Entretien avec Jacques Touchefeu, directeur général de l’Établissement public d’aménagement Orly-Rungis – Seine Amont (EPA ORSA) Propos recueillis par Delphine Désveaux
L’aéroport de Paris-Orly s’inscrit dans le territoire dont vous avez la charge. Quel rôle joue Orly dans la stratégie d’aménagement ? Comment évolue la morphologie du pôle aéroportuaire ? Peut-on parler d’une nouvelle centralité ? Jacques Touchefeu : Bien sûr, l’aéroport joue un rôle important dans le développement du sud-est francilien, mais je voudrais rappeler que le pôle d’Orly-Rungis est également constitué du marché international de Rungis, de l’emprise logistique de la SOGARIS, du parc d’activités de la SILIC et du centre commercial Belle-Épine. Au sein de ce secteur, l’aéroport d’Orly est un formidable attracteur économique, notamment en termes d’emplois, de transports et de zone de chalandise. À la différence de Roissy, c’est un aéroport urbain (10 km de Paris). Cette situation géographique combinée à sa rapidité de fonctionnement en fait une destination très attractive pour les compagnies aériennes internationales. C’est pourquoi ce pôle intermodal va encore se renforcer : depuis fin 2013, il accueille déjà le tramway T7 ; à un horizon plus lointain, ce seront la prolongation de la ligne 14, plusieurs gares du réseau Grand Paris Express et une future gare TGV. Le développement du réseau de transport contribue à construire le futur. On est donc sur un haut lieu de la construction économique francilienne et c’est une satisfaction pour les élus, les habitants, les salariés et tous les partenaires qui s’attachent à développer et à aménager ce site. À quelles problématiques l’EPA ORSA est-il confronté ? L’approche qui a fondé ce territoire il y a une quarantaine d’années était hyper fonctionnaliste avec des entités au service de la métropole mais connectées par des autoroutes et tournées vers leurs propres performances, si bien que les fonctions de service – réparation de camions, stockage de bennes… – étaient positionnées dans leurs périphéries, aux interfaces avec le territoire, ce qui ne contribue guère à créer des espaces urbains accueillants. Comment fabriquer de la ville sur ces bords ? Comment transformer ces espaces « d’arrières » en vitrines urbaines tournées vers les espaces publics de la ville ? Comment fabriquer de l’espace urbain sur les traces d’infrastructures ? Comment les transformer en lieux de
vie attractifs, en lieux de destination de la métropole ? Comment inscrire des quartiers à habiter pour les actifs du pôle et de la métropole ? Voilà à quoi nous nous attelons en partenariat avec ces grands acteurs économiques.
À LA DIFFÉRENCE DE ROISSY, C’EST UN AÉROPORT URBAIN (10 KM DE PARIS). CETTE SITUATION GÉOGRAPHIQUE COMBINÉE À SA RAPIDITÉ DE FONCTIONNEMENT EN FAIT UNE DESTINATION TRÈS ATTRACTIVE POUR LES COMPAGNIES AÉRIENNES INTERNATIONALES. Quelles sont les avancées actuelles ? L’arrivée de trois nouvelles stations de la ligne 14 du métro jusqu’à Orly conduira à urbaniser ce système incroyablement complexe autour de la RD 7 (anciennement RN 7) transformée en avenue métropolitaine. Pour le moyen terme, nous sommes en train de préparer une opération de recyclage urbain au cœur du pôle, autour de la future station « Pont de Rungis ». Nous avons également lancé l’écoquartier Portes d’Orly, situé à Chevilly-Larue, c’està-dire à l’entrée nord du pôle, qui va remplacer un site de bord de nationale par un quartier moderne, mixte et dense, à côté de la future gare du MIN – Porte de Thiais qui desservira la future Cité de la gastronomie le long de la RD7. Ce faisant, on commence à tirer la ville par le nord qui n’est pas soumis aux nuisances sonores, tandis qu’ADP le fait depuis le sud avec Cœur d’Orly, un quartier tertiaire et commercial conçu comme un morceau de ville, ces deux quartiers étant reliés par la RD7 transformée en avenue urbaine.
VUE DE PRINCIPE DU FUTUR QUARTIER DE LA GASTRONOMIE PARIS RUNGIS Sur le site du plus important marché de produits frais du monde, le MIN de Rungis, personne, jusqu’ici, n’avait songé à créer un temple de la gastronomie. C’est chose faite, puisque la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires a retenu cette initiative dans le cadre de l’inscription du « repas gastronomique des Français » au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Restait à en choisir le lieu. Ce ne sera pas une ville, mais un réseau de cités gastronomiques représenté pour l’heure par Tours, Lyon, Paris-Rungis et Dijon qui sera chargé de promouvoir la culture gastronomique et valoriser la diversité des métiers de l’alimentation française. À Paris-Rungis, on trouvera ainsi : restaurants à thèmes, boutiques, jardins publics, centre de formation dédié aux métiers du marché et de la fraîcheur, ateliers cuisine, musée, etc. Le marché s’ouvrira également aux particuliers, chacun pourra venir faire ses courses de produits frais dans un magasin spécialisé, la Halle des trésors gastronomiques.
Architectes étude de faisabilité : F8 Architecture et Arképolis Maître d’ouvrage : Conseil général Délai : 2018-2020 Superficie : 10,6 ha
Les espaces de formation & la halle d'exposition
La halle des trésors gastronomiques
Le grand auditorium & les ateliers Paris-Rungis Le village d'entreprises & l'hôtel
Le centre de ressources et d'interprétation
Les restaurants
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À LIRE
Effervescence sur le MIN © EPA ORSA / Benoît Grimbert
Entre le développement de secteurs d’avenir, l’implantation de grandes entreprises, la présence d’infrastructures fortes et les ambitieux projets du Grand Paris, le Val-de-Marne possède des atouts considérables cultivés et enrichis chaque jour par une politique urbanistique pertinente. Si ce territoire joue déjà un rôle décisif dans le développement de la métropole du Grand Paris, c’est grâce à une identité forte et des projets avant-gardistes.
L’ENVOL D’UN TERRITOIRE LE VaL-DE-MaRNE DANIELLE BéNA
DANIELLE BéNA
Incursion proposée par Danielle Béna, ancienne responsable du département Développement territorial de la Chambre de commerce et d’industrie du Val-de-Marne, L’Envol d’un territoire nous entraîne au cœur des métamorphoses du département à travers ses différents projets-clés ainsi que les témoignages des acteurs à l’origine de ses transformations.
L’ENVOL D’UN TERRITOIRE / LE VAL-DE-MARNE
Danielle Béna, dans L'Envol d'un territoire, le Val-de-Marne Archibooks + Sautereau éditeur, Paris, 2014, ISBN 978-2-35733-299-7 21,90 €
ISBN : 978-2-35733-299-7 prix : 21,90 euros
Résidence hôtelière
Au pavillon de la marée, les poissons font la fête © EPA ORSA / Myr Muratet
De haut en bas : Terminaux 2ABCD et hôtel Sheraton depuis la tour de contrôle, Paris-Charles-deGaulle © LUIDER, Emile - LA COMPANY pour Aéroports de Paris
Roissypôle, vue de l'Est © ADP
ÉTUDE D’IMPACTS ÉCONOMIQUES DES AÉROPORTS PARIS-CHARLESDE-GAULLE, PARIS-ORLY ET PARIS-LE BOURGET Valeur ajoutée totale : 29,6 milliards d’euros, soit 1,7 % du PIB de la France
Emplois salariés totaux : 340 290, dont 115 416 emplois salariés directs, soit 2 % de l'emploi en France Surfaces commerciales : 50 000 m2, 391 boutiques, bars, restaurants Étude BIPE 2011 (chiffres 2010)
DANS LA MESURE OÙ L’ACTIVITÉ APPELLE LA CONNECTIVITÉ ET LE MAILLAGE DU TERRITOIRE, LES RÉSEAUX DE TRANSPORTS URBAINS SONT EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT.
37 Des mannes juteuses Rome ne s’est pas faite en un jour et le Grand Paris n’est pas le meilleur des mondes, on s’en doute. Des résistances sont à l’œuvre, arguant d’un renchérissement des coûts de la vie, à commencer par le foncier et l’immobilier, qui chasserait économiquement les plus faibles. Ou encore de l’augmentation du trafic, donc des nuisances. C’est à la fois juste et faux : dans la mesure où l’activité appelle la connectivité (cf. interview de J. Touchefeu p. 33) et le maillage du territoire, les réseaux de transports urbains sont en voie de développement. Les collectivités concernées, malgré les contraintes certaines, entendent bien en profiter. D’autant que les mannes sonnantes et trébuchantes, les retombées économiques indirectes et le pouvoir d’attractivité d’une plateforme aéroportuaire sont juteux (cf. étude BIPE dans l’encadré). « Les aéroports de Paris-CDG et d’Orly sont de puissants générateurs de dynamique économique : chaque million de passagers supplémentaire crée 355 M€ de valeur ajoutée et 4 100 emplois salariés au total, rappelle François Cangardel. Cela justifie de développer la ville pour accueillir ces salariés et répondre aux enjeux majeurs de la métropole. Le projet du Grand Paris est ainsi boosté par la présence des aéroports. » Quant aux logements, ils sont les grands absents des villes aéroportuaires en raison des nuisances sonores, même si les Airbus A380 sont, paraît-il, très silencieux. ADP gère, de son côté, l’aide à l’insonorisation des riverains.
Roissypôle, bâtiment Altaï © Jean-Marc Jouanneaux pour Aéroports de Paris
Un territoire voulant réduire son empreinte écologique doit suivre deux pistes pour ce faire : la diversification des sources d’énergie et la restriction de la demande. Lancé en 2006, le Plan de renouveau de La Défense a annoncé une dizaine de chantiers d’immeubles à très grande hauteur (ITGH) et la possibilité de rénover les tours existantes en les surélevant. Il prévoit une augmentation à parts égales (20 %) des bureaux et des logements à l’horizon 2015, neuf et restructuration cumulés, les projets devant suivre les normes environnementales les plus exigeantes. Virginie Picon-Lefebvre
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SOCIÉTÉ
Polymorphe (lieu d'habitat, de travail, de circulation), le Grand Paris est un territoire vivant par et pour ses habitants, fixes ou temporaires. Le territoire métropolitain se prête ici au jeu de l'analyse sociétale pour Centralités.
TRANSPORT, MIXITE ET ENERGIE : L’IMMOBILIER DURABLE A LA DEFENSE
Tour T1 © Gerald Morand
Dans ce cadre, l’Établissement public en charge de son aménagement (Epadesa) entend faire disparaître les ruptures avec les territoires proches ainsi qu’entre les deux parties historiques du projet, la zone A – La Défense, située entre le pont de Neuilly et la Grande Arche et la zone B – Seine-Arche, localisée à l’ouest sur la commune de Nanterre. Plusieurs sujets sont abordés simultanément pour favoriser un développement durable. La logistique apparaît comme une piste intéressante, on envisage ainsi l’éventualité de l’usage de petits véhicules électriques pour desservir le quartier à partir d’une plateforme intermodale sur un site en bord de Seine pour faire une jonction fleuve, rail, route et limiter l’usage des camions. En ce qui concerne les projets immobiliers nouveaux, ils se concentrent notamment autour des gares comme la gare Éole qui sera construite en 2020. Pour ce quartier, l’Epadesa envisage de mélanger des logements, des bureaux mais aussi des bâtiments industriels de services et de haute technologie pour favoriser l’implantation d’un tissu de PME au cœur du quartier. Autour de la gare qui dessert l’université, un important projet nommé « Cœur de quartier » est en cours pour relier les ensembles urbains sociaux enclavés, aider au développement économique et créer un nouveau centre avec des bureaux et des logements en relation avec le campus.
Les Groues © EPADESA Philippe Guignard
En ce qui concerne l’énergie, des études ont montré qu’avec les ombres portées des bâtiments, le photovoltaïque ne dispose pas de l’espace suffisant pour se développer sur le site ; en revanche, d’autres ressources sont disponibles et peuvent être combinées entre elles. Les prescriptions environnementales pour les opérations incluent ainsi un certain pourcentage d’énergies renouvelables (55 % sur l’ensemble des consommations pour Cœur de quartier phase 2). Si La Défense dispose déjà d’un réseau de chauffage et de froid collectif qui est mutualisé entre les différents usagers, la volonté des promoteurs de travailler sur l’économie énergétique de leur bâtiment ne remet pas en cause ce principe mis en place à l’origine du quartier.
PLUSIEURS SUJETS SONT ABORDÉS SIMULTANÉMENT POUR FAVORISER UN DÉVELOPPEMENT DURABLE. LA LOGISTIQUE APPARAÎT COMME UNE PISTE INTÉRESSANTE, ON ENVISAGE AINSI L’ÉVENTUALITÉ DE L’USAGE DE PETITS VÉHICULES ÉLECTRIQUES POUR DESSERVIR LE QUARTIER.
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La Défense et l'énergie en 1963 © Archives Defacto
QUESTION À THIERRY LAJOIE, PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'AFTRP
Cœur de quartier © Cœur de quartier Epadesa-Pixium
Le rôle de Grand Paris aménagement En transformant l'AFTRP en Grand Paris aménagement d'ici mi-2014, l'État veut créer un établissement public qui accroisse et accélère la production de logements, en initiant de grandes opérations d'urbanisme et d'aménagement. La métropole du Grand Paris gardera toujours le choix selon l'opération entre recourir à Grand Paris aménagement ou mettre en concurrence les opérations pour retenir l'opérateur de son choix ou mandater sa propre SPL.
À LIRE Collectif, sous la direction de l’Atelier international du Grand Paris, Systèmes métropolitains Archibooks + Sautereau éditeur, 2014, ISBN 978-2-35733-300-0
Cœur de quartier, incrustation avec phases © Pixium Infracom
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Cœur de quartier, façade lot 2 à droite, boulevard des Provinces-Françaises, décembre 2012 © Pixium
AUTOUR DE LA GARE QUI DESSERT L’UNIVERSITÉ, UN IMPORTANT PROJET NOMMÉ « CŒUR DE QUARTIER » EST EN COURS POUR RELIER LES ENSEMBLES URBAINS SOCIAUX ENCLAVÉS, AIDER AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET CRÉER UN NOUVEAU CENTRE AVEC DES BUREAUX ET DES LOGEMENTS EN RELATION AVEC LE CAMPUS.
Cœur de quartier, boulevard des Provinces-Françaises, lineaire commercial, décembre 2012 © Pixium
ENTRETIEN AVEC SERGE GRZYBOWSKI, PRESIDENT DIRECTEUR GENERAL D’ICADE Propos recueillis par Virginie Picon-Lefebvre
Comment la société Icade répond-elle à la demande de prise en compte du développement durable dans l’immobilier à La Défense ? Serge Grzybowski : Icade répond à une demande croissante de ses grands utilisateurs au travers de toutes ses expertises : en tant que foncière responsable, nous sommes très fiers d’avoir réalisé en 2013 la restructuration exemplaire de la tour Eqho, 80 000 m² de bureaux, labellisée BBC et HQE Rénovation, et certifiée BREEAM Very Good. En tant qu’asset manager, nous avons été les premiers à proposer à nos locataires l’annexe environnementale au bail, et nous procédons au comptage de toutes les énergies des locataires pour un usage optimum du bail vert. Notre intervention porte sur toutes les phases de leur projet immobilier, de la signature du bail à la gestion quotidienne. Enfin, en tant que property manager pour compte de tiers sur des immeubles comme la tour First ou la tour PB5, notre rôle est d’accompagner les locataires et de les aider au quotidien à réduire leur consommation d’énergie tout en leur garantissant une exploitation durable et maîtrisée de leurs locaux. Notre vision de l’immobilier durable à La Défense est donc globale, avec pour credo un bâti performant, innovant, des équipements de type smart building, couplés à une gestion quotidienne responsable. La clé de voûte de toute cette démarche de développement durable : l’alliance de la technologie dès la conception de l’immeuble et de la bonne maîtrise des fonctionnalités proposées.
LA CLÉ DE VOÛTE DE TOUTE CETTE DÉMARCHE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE : L’ALLIANCE DE LA TECHNOLOGIE DÈS LA CONCEPTION DE L’IMMEUBLE ET DE LA BONNE MAÎTRISE DES FONCTIONNALITÉS PROPOSÉES.
Les normes existantes sont-elles des freins à l’innovation ou au contraire des incitations ? Les normes ont pour vertu d’encadrer le principe de développement durable. Elles sont des incitations à l’innovation immobilière dès lors qu’elles laissent suffisamment de liberté de moyens pour arriver au résultat. D’un point de vue économique, ces normes qui visent à réduire la consommation d’énergie ont souvent une incidence sur le prix d’un immeuble, et finalement un impact financier sur le montant du loyer. C’est donc une approche globale loyer + charges que l’utilisateur doit avoir pour percevoir les bénéfices de cette démarche, qui finalement reste favorable au locataire. Est-ce une bonne chose de cumuler les normes techniques alors que l’on sait qu’il est au moins aussi important de modifier les pratiques des usagers ? Les normes techniques ont eu leur utilité pour faire progresser notre secteur vers la RT 2012 et le BBC (bâtiment basse consommation). Cette transition a été globalement bien absorbée par le marché car assez simple à mettre en place. Cependant, le passage à la RT 2020 visant à atteindre le BEPOS (bâtiment à énergie positive) s’annonce plus complexe, et doit encore entrer dans les mœurs. Il est aujourd’hui nécessaire de laisser le temps aux acteurs du marché de rendre compte de leur retour d’expérience sur les premiers immeubles BBC. Cela veut dire remettre l’humain et les usages au cœur de la performance énergétique – et nous devons effectivement faire de la pédagogie autour de l’utilisation de la technique.
45 Sur quels aspects est-il le plus important de travailler pour Icade ? Icade a la particularité d’intervenir sur toute la chaîne de décision immobilière, il est donc indispensable pour nous d’être dans une démarche globale, de l’amont de la construction à la gestion de l’immeuble au quotidien. Cela commence par la mise en place de la charte « chantier vert », qui permet de maîtriser les nuisances de nos opérations. Cela se poursuit en faisant les choix techniques qui vont permettre de garantir une économie d’énergie pour l’utilisateur, que nous allons ensuite accompagner dans la prise en main de son immeuble en l’aidant à mettre en place une politique de bonnes pratiques. Cette compétence qui s’affirme d’année en année sur un portefeuille d’actifs de plus de 10 milliards d’euros est aussi mise à disposition du grand public au travers de nos activités de promoteur logement et d’investisseur tertiaire. Icade est donc investie sur tous les fronts en termes de développement durable.
ICADE
Est-ce une question de communication : s’agit-il d’être plus durable que les autres ? La communication en termes de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) est essentielle, a fortiori pour une société comme Icade. En effet, en tant que société cotée et filiale de la Caisse des Dépôts, nous avons un devoir de transparence auprès de nos interlocuteurs, qu’il s’agisse de nos partenaires élus locaux, de nos actionnaires, ou de nos clients grandes entreprises. Pour autant, cette communication doit rester concrète, quantifiable et basée sur un discours de preuves. C’est ainsi que nous pouvons montrer que notre démarche développement durable a du sens, qu’elle fonctionne et qu’elle progresse. Le classement Novethic qui évalue chaque année la performance RSE des acteurs de notre secteur nous a ainsi placés en première position des promoteurs immobiliers. Pour arriver à ce résultat, Icade a mis en place une politique de développement durable articulée autour de 12 engagements, sur laquelle elle a largement communiqué et rend des comptes régulièrement. Il s’agit davantage de convictions et de valeurs que d’une posture.
Société immobilière d'investissement cotée filiale de la Caisse des Dépôts, Icade bâtit les villes depuis plus de 60 ans. En 2013, Silic a rejoint Icade pour constituer la première foncière du Grand Paris.
Eqho © Icade
Avec 10 milliards d’euros de patrimoine, Icade est la première foncière de bureaux et de parcs d’affaires en Île-de-France. Icade est implanté sur l'ensemble du territoire : 7 directions territoriales et 24 implantations régionales.
Eqho © Icade
47 ▶ Ainsi les tours récentes comme Majunga, Carpe Diem et First sont-elles reliées de façon systématique au réseau collectif, même si elles possèdent des systèmes d’énergie complémentaires – comme la tour First qui possède une chaufferie à gaz et des pompes à chaleur pour la production du froid et Carpe Diem qui utilise du solaire pour chauffer l’eau et des pompes à chaleur. Cependant, des questions se posent sur la capacité des réseaux collectifs à s’adapter à une demande variable et sur le modèle économique à adopter pour répondre à des demandes plus difficiles à cerner et à prévoir. Réseau collectif qui par ailleurs doit être transformé pour utiliser davantage d’énergies renouvelables et nécessite donc des investissements importants. On peut aussi se demander si les contraintes du développement durable sont compatibles avec la crise économique, au moment où certaines sociétés ont quitté le quartier pour aller trouver ailleurs un foncier meilleur marché. En ce qui concerne La Défense, le niveau de service, la disponibilité de la main-d’œuvre, la desserte du site constituent sans aucun doute une valeur immatérielle qui doit être financiarisée pour mettre en avant les avantages du site. Selon l’Epadesa, 80 % des mètres carrés nouvellement loués en Île-de-France en 2013 sont des bureaux neufs ou entièrement rénovés, ce qui constitue une incitation forte pour les promoteurs à investir dans l’immobilier durable. Par ailleurs, les entreprises qui déménagent dans un territoire mal desservi et peu équipé doivent mettre en œuvre de nombreux services qui augmentent les coûts de manière importante. Avec son offre de services, sa desserte en transport en commun qui assure 85 % des déplacements et la variété des activités qu’elle propose, La Défense est très bien placée de ce point de vue en Îlede-France, si ce n’est en Europe.
ENTRETIEN AVEC OLIVIER CAUX, DIRECTEUR DE PROGRAMME CHEZ HINES FRANCE Propos recueillis par Virginie Picon-Lefebvre
Comment la société Hines répond-elle à la demande de prise en compte du développement durable dans l’immobilier à La Défense ? Olivier Caux : La qualité architecturale et l’optimisation des consommations énergétiques ont toujours fait partie de la culture du groupe Hines depuis sa création en 1957. Le développement durable fait partie de l’ADN du groupe qui en a fait une de ses priorités. Membre de nombreux programmes et institutions internationaux, tels que l’USGBC (US Green Building Council) ou l’ULI (Urban Land Institute), le groupe est particulièrement impliqué dans l’intégration du développement durable à toutes les phases des projets immobiliers. Aujourd’hui, il bénéficie d’une expérience mondiale dans tous les systèmes de certification LEED, Energy Star, BREEAM, HQE, DGNB. Notre première opération à La Défense fut l’opération PB6 en 1998, tour EDF, pour laquelle une démarche poussée d’optimisation des consommations avait été menée. Depuis, nous avons affiné cette démarche sur chacun de nos projets. C’est ensuite sous l’impulsion de notre client Aviva et dans le cadre du cahier des charges de l’Epadesa que l’application du développement durable a pu être menée de façon très ambitieuse sur la tour Carpe Diem. Cette tour est aujourd’hui la première tour IGH en France labellisée LEED Platinum, niveau de certification le plus élevé. Nous maintiendrons cette exigence sur notre prochaine opération à La Défense en visant une triple certification.
CARPE DIEM EST AUJOURD’HUI LA PREMIÈRE TOUR IGH EN FRANCE LABELLISÉE LEED PLATINUM, NIVEAU DE CERTIFICATION LE PLUS ÉLEVÉ. NOUS MAINTIENDRONS CETTE EXIGENCE SUR NOTRE PROCHAINE OPÉRATION À LA DÉFENSE EN VISANT UNE TRIPLE CERTIFICATION.
Le site constitue-t-il une contrainte ? Le site peut être une contrainte ou un atout. C’est d’ailleurs la première analyse à faire dans la conception du projet. Son accessibilité, sa situation par rapport aux transports en font un point essentiel dans la démarche de développement durable. Le site est déterminant dans la volumétrie de l’immeuble, son positionnement, son orientation mais aussi dans les options techniques envisageables – géothermie, réseaux urbains… Sur le projet Carpe Diem, le site prévoyait l’intégration d’un large escalier urbain permettant de relier la dalle de La Défense à la ville de Courbevoie. L’architecte Robert Stern a choisi de traiter finement la différence de niveau en prolongeant partiellement cet escalier à l’intérieur de la tour et en offrant à l’utilisateur des espaces d’accueil à deux niveaux différents. Est-ce une bonne chose de cumuler les normes techniques alors que l’on sait qu’il est au moins aussi important de modifier les pratiques des usagers ? L’un ne va pas sans l’autre. Mais c’est en offrant aux collaborateurs un outil performant que l’usage et les pratiques évoluent. C’est pour cette raison que nous développons avec nos clients des immeubles performants, en portant une attention particulière à la mesure des performances et à leur communication aux utilisateurs. Aujourd’hui, nous sommes capables d’offrir à l’utilisateur de gérer le confort de son espace de travail au moyen de son smartphone. Il revient aux maîtres d’œuvre de préconiser les systèmes les plus fiables prenant en compte l’ensemble des paramètres, dont celui du coût de maintenance, mais c’est surtout par la confrontation entre maître d’ouvrage, maître d’œuvre et entreprises que les bons arbitrages doivent être faits pour offrir le meilleur ratio efficience/ performance.
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HINES FRANCE
Sur quels aspects est-il le plus important de travailler ? Outre l’adéquation parfaite aux besoins de l’utilisateur et l’optimisation des consommations, deux points nous semblent aujourd’hui essentiels : la flexibilité du produit et sa pérennité. La flexibilité passe par des études très précises dans la conception des plans d’étages, l’optimisation des noyaux, la réduction de l’emprise des circulations protégées, mais aussi dans la conception des espaces de vie qui doivent s’adapter aux nouvelles et futures façons de travailler. Ainsi, quand le projet le permet, nous pensons que la pérennité passe notamment par des hauteurs sous plafond plus confortables. À titre d’exemple, la tour Carpe Diem, dont Aviva nous a confié la mission de maîtrise d’ouvrage déléguée, dispose d'une hauteur libre de 3 mètres. C’est un nouveau référentiel qui limitera l’obsolescence trop rapide du produit immobilier tertiaire. En ce qui concerne la problématique du bâtiment producteur d’énergie, vouloir produire de l’énergie à l’échelle du bâtiment ne remet-il pas en cause la production centralisée d’énergie à l’échelle du quartier qui était considérée comme un atout auparavant ? Production locale et production collective ne s’opposent pas. Ces deux systèmes sont complémentaires. Ils permettent d’offrir à l’utilisateur la meilleure énergie au meilleur moment, en la choisissant en fonction de ses besoins et de son coût, mais aussi de son cahier des charges. En effet, l’utilisateur a besoin à la fois d’autonomie, de sécurisation mais aussi de flexibilité en termes de capacité. C’est un équilibre coût/besoin qui doit être analysé afin d’optimiser les charges globales. Tendre vers une certaine autonomie énergétique contribue à l’atteinte des engagements des pouvoirs publics.
Filiale du groupe Hines fondé en 1957 par Gerald D. Hines présent dans 17 pays.
À son actif : 1 126 programmes réalisés dans le monde représentant plus de 42 millions de m2 de bureaux, logements, équipements publics, et représentant plus de 16 milliards d’€ d’actifs. Hines France, filiale française, est créée en 1995 et opère majoritairement dans l’ouest parisien.
La demande de prise en compte du développement durable est-elle « économiquement soutenable » aujourd’hui ? Elle ne peut être qu’économiquement soutenable, car aujourd’hui c’est ce que recherchent en priorité les utilisateurs et les investisseurs. C’est donc vital pour notre secteur d’activité. En intégrant très tôt ces critères dans le processus de conception avec des objectifs clairs et une approche raisonnée, il est possible d’en limiter les coûts et de les rendre acceptables sur l’économie du projet. En phase travaux, les entreprises ont depuis plusieurs années majoritairement intégré ces contraintes. Le futur de l’immobilier durable ? Il est aujourd’hui accepté, ancré et devenu incontournable dans notre secteur d’activité. Pour le futur, il y a deux axes : – répondre aux challenges de l’énergie positive, en particulier pour les IGH ; – créer les lieux de travail de demain qui devront assurer à la fois le bien-être des salariés et la performance de l’entreprise.
Carpe Diem © Thierry Lewenberg-Sturm Investisseurs Aviva Prédica
Carpe Diem © Thierry Lewenberg-Sturm Investisseurs Aviva Prédica
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SELON L’EPADESA, 80 % DES MÈTRES CARRÉS NOUVELLEMENT LOUÉS EN ÎLE-DE-FRANCE EN 2013 SONT DES BUREAUX NEUFS OU ENTIÈREMENT RÉNOVÉS, CE QUI CONSTITUE UNE INCITATION FORTE POUR LES PROMOTEURS À INVESTIR DANS L’IMMOBILIER DURABLE.
À LIRE
P. Chabard, V. Picon-Lefebvre, sous la direction de, La Défense, dictionnaire, Architecture et Politique, 1, Atlas, histoire et territoire, 2 Éditions Parenthèses, Marseille, 2012, 680 p, ISBN 978-2863642658 I. Nappi-Choulet, Les mutations de l'immobilier : De la finance au développement durable Éditions Autrement, Paris, 2009, 304 p., ISBN 978-2746713420
EDF © Gerald Morand
J.-L. Pissaloux et G. Orange, La ville durable après le Grenelle de l'environnement Éditions L'Harmattan, Paris, 2013, 262 p., ISBN 978-2336290355 M. Leloup, La Défense 2030, entretien avec Philippe Chaix Collection "L'Esprit du Lieu urbanisme" Archibooks + Sautereau éditeur, Paris, 2010, 80 p., ISBN 978-2357331143 L. Allard, C. Sabbah, Carpe Diem, Robert A.M. Stern Architects Archibooks + Sautereau éditeur, Paris, 2013, 120 p., ISBN 978-235733-2751
PAROLE D’ÉLU Parce que le Grand Paris est gouverné par plusieurs entités, l’un de ses élus nous donne sa vision des relations entre chaque territoire ainsi que ses perspectives d’avenir.
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PHILIPPE JUVIN MAIRE DE LA GARENNE-COLOMBES
Pour Philippe Juvin, maire de La Garenne-Colombes, La Défense reste un pôle d’activité économique important dont bénéficie sa ville. Il lui semble nécessaire que les partenariats soient renforcés avec les communes limitrophes. Celles-ci doivent toutefois conserver une certaine autonomie dans leur développement. Propos recueillis par Emmanuelle Graffin
Quelles sont aujourd’hui les attentes de La GarenneColombes quant à l’avenir du quartier d’affaires de La Défense ? Philippe Juvin : Le quartier d’affaires de La Défense est un important pôle d’activité économique et donc d’emploi, qui a un rôle crucial à jouer en cette période de crise économique et sociale. Il représente une vraie chance pour notre commune. Néanmoins, je souhaite à tout prix protéger l’urbanisme à taille humaine de La Garenne-Colombes. La collaboration avec l’EPADESA concernant la ZAC des Champs-Philippe a permis de rénover et d’embellir La Garenne-Colombes, lui offrant notamment une façade dynamique à vocation de bureaux, d’activités et de commerces le long du boulevard National. Je souhaite donc que nous poursuivions notre partenariat avec La Défense, qui doit continuer à se développer de manière progressive et en harmonie avec les quartiers environnants. En clair, nous voulons bénéficier du dynamisme de La Défense, et avoir notre mot à dire quant à son développement, tout en gardant notre spécificité urbaine. Quelles sont vos craintes quant à cet avenir ? Je suis serein quant à l’avenir du secteur de La Défense. Certaines rumeurs ont mis en doute le modèle économique du quartier, mais je peux vous assurer, en tant que membre du conseil d’administration de l’EPADESA, qu’il reste tout à fait viable. Plusieurs constructions d’envergure permettront de redynamiser la zone. S’il est vrai que le quartier d’affaires de La Défense, comme tous les centres d’affaires dans le monde, a souffert du ralentissement de l’économie mondiale depuis 2008, il est dans une phase de reprise de ses activités. Je pense que le vrai risque proviendrait d’un développement autarcique de ce quartier, qui doit au contraire rester ouvert sur l’extérieur. Rue Médéric © Christophe Taamourte – Mairie de La Garenne
Quelles sont vos craintes par rapport au projet du Grand Paris ? Le projet du Grand Paris représente une réelle menace pour les communes comme La Garenne-Colombes, dont le pouvoir central veut confisquer certaines prérogatives historiques. Je pense notamment à l’urbanisme, qui, si ce projet est mené à terme, deviendra une compétence de la métropole. La réalité est que ce système de gouvernance va déconnecter les citoyens de leurs élus locaux, et les priver de leurs interlocuteurs de proximité en les renvoyant vers des fonctionnaires anonymes dans les bureaux de la capitale. Jusqu’à présent, La Garenne a pu faire le choix d’un urbanisme maîtrisé ; qui s’opposera demain au bétonnage de la commune décidé par la métropole ? La problématique du logement sera la même. Les dossiers ne pourront plus être traités de manière individuelle par les mairies. L’attribution des places fera l’objet de procédures impersonnelles, sans égard pour la situation sociale ou familiale particulière des demandeurs. Les maires, qui sont pourtant les élus locaux préférés des Français, deviendraient de simples maîtres de cérémonie, sans pouvoirs réels. Vu la concurrence internationale (notamment en Europe avec Francfort), vous semble-t-il possible de renforcer l’attractivité du quartier d’affaires de La Défense ? Et comment ? Pour rendre compétitif le quartier d’affaires de La Défense par rapport aux autres centres d’affaires européens, il faudra poursuivre les consultations avec les élus locaux et renforcer les partenariats avec les communes limitrophes. Plus concrètement, les prix des droits à construire sont passés de 2 300 euros le m2, en moyenne, en 2007, à 1 700 euros en 2012. Cette baisse contribue à rendre attractif le quartier aux yeux des entreprises souhaitant s’y implanter. Dans le même ordre d’idées, depuis 2009, la gestion de la propriété des espaces publics, des équipements et des œuvres d’art de La Défense a été transférée à un établissement local de gestion et d’animation, nommé Defacto. Cette délégation permet à l’EPADESA de se concentrer sur sa mission première, à savoir attirer les investisseurs dans le quartier d’affaires de La Défense.
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LA GARENNE-COLOMBES (92)
Situation Superficie : 179 ha Nombre de communes limitrophes : 4 : Colombes au nord, Courbevoie au sud, Bois-Colombes à l’est et Nanterre à l’ouest
Démographie 28 636 habitants (population légale au 01/01/2014) 13 520 habitants au km2 434 naissances (personnes domiciliées en 2011, source INSEE) 137 décès (personnes domiciliées en 2011, source INSEE) % de femmes et d’hommes (2010, source INSEE) : 14 635 femmes (52,97 %), 12 993 hommes (47,03 %) Nombre de personnes par tranches d’âge (2010, source INSEE) : moins de 15 ans : 5 452, 15-19 ans : 1 473, 20-24 ans : 1 626, 25-39 ans : 7 108, 40-54 ans : 5 917, 5564 ans : 2 733, 80 ans ou plus : 1 112 Urbanisme et espaces verts 3 ha d’espaces verts publics 40 000 fleurs, 3 200 arbres 4 à 5 km2 de pelouse 10 parcs, squares et jardins et 10 haltes vertes Labels : Deux fleurs (**) au concours des villes fleuries Économie et emploi Nombre de salariés (2009, source INSEE) : 90,6 % (10 617 personnes) de l’emploi total (salarié et non salarié) au lieu de travail 1 585 entreprises artisanales et commerciales (au 01/01/2012) Répartition entre services, industries, éducation, santé, action sociale, commerces, construction, activités immobilières (en %) ; pour les établissements actifs au 31/12/2010 (source INSEE) : agriculture (0,2 %), industrie (3,1 %), construction (8,1 %), commerce, transport et services divers (76,2 %, dont 18,4 % de commerce et réparation automobile), administration publique, enseignement, santé et action sociale (12,3 %) Enseignement et scolarité 4 écoles maternelles publiques, 1 école privée catholique (maternelle et élémentaire) sous contrat d'association, 1 école maternelle/primaire bilingue (Rainbow School Paris, 7, avenue de Charlebourg), 1 école maternelle privée (Lechaïm, 10, rue J.-B.-Hyacinthe-Lafolie) 5 écoles élémentaires, plus l’école privée catholique (maternelle et élémentaire) 2 collèges 1 lycée d’enseignement professionnel Sports 4 complexes sportifs (dont un privé) avec une piscine, un skate-park, des terrains de tennis couverts et découverts Vie associative environ 300 associations sportives, culturelles, sociales, patriotiques, commerçantes… Vie culturelle 1 théâtre (inauguré début 2014) 1 médiathèque 1 maison-musée « Le Mastaba 1-La Garenne-Colombes » 1 foyer des Arts et Loisirs 1 foyer des Associations patriotiques, 1 foyer des Seniors (Bohn-Cantin)
Place du Général-Leclerc © Christophe Taamourte – Mairie de La Garenne
Quelles pistes proposez-vous d’explorer pour mettre le quartier de La Défense dans la course mondiale ? La Défense est d’ores et déjà dans la course mondiale pour des raisons objectives. C’est le premier quartier d’affaires européen par l’étendue de son parc de bureaux. Par ailleurs, sa localisation géographique, au carrefour de l’Europe du Nord et du Sud, en fait un site stratégique pour les entreprises souhaitant s’implanter en Europe. Enfin, les récents projets de construction qui ont été lancés dans le cadre du programme La Défense 2015 vont permettre de moderniser le quartier d’affaires et lui donner une dimension nouvelle. Les règles d’urbanisme, plus souples qu’à Paris même, doivent être valorisées, pour permettre à La Défense de mieux rayonner au niveau mondial en développant notamment ses activités financières. La question des transports est également primordiale. À cet égard, le gouvernement doit tenir ses engagements pris dans le cadre du Grand Paris et mettre en place les infrastructures pour mieux desservir La Défense et ses environs. Quel peut être l’impact d’une valorisation de La Défense sur votre commune ? Notre commune travaille en étroite collaboration avec l’EPADESA et le conseil général des Hauts-de-Seine. Cette coopération a d’ores et déjà permis de rénover et d’embellir en grande partie les Champs-Philippe et de redynamiser certains de nos quartiers. J’espère que nous pourrons continuer à travailler avec les acteurs locaux pour promouvoir une cohabitation harmonieuse entre La Défense et les communes voisines. La proximité géographique de La Garenne avec le quartier d’affaires est un atout de taille que nous devons valoriser.
NOUS VOULONS BÉNÉFICIER DU DYNAMISME DE LA DÉFENSE, ET AVOIR NOTRE MOT À DIRE QUANT À SON DÉVELOPPEMENT, TOUT EN GARDANT NOTRE SPÉCIFICITÉ URBAINE.
Green Office Meudon Š Bouygues Immobilier
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PROMO IMMO Actrice essentielle de la requalification du Grand Paris, la promotion immobilière passe ici à la question sur des thématiques variées : tissu urbain, acte architectural, développement des entreprises et de la vie économique de la métropole, mais aussi de sa vie sociale.
ERIC MAZOYER
DIRECTEUR GENERAL DELEGUE BOUYGUES IMMOBILIER
Directeur général délégué de Bouygues Immobilier, Éric Mazoyer développe une stratégie d'implantation en immobilier résidentiel et en immobilier d'entreprise qui se veut audacieuse et affranchie des projets du Grand Paris. Riche d'une longue expérience dans l'immobilier, il nous expose sa propre ligne de conduite et livre ici ses réflexions sur l'avenir d'un territoire en mutation permanente. Propos recueillis par Catherine Sabbah
L’hypothèse devenue projet du Grand Paris influencet-elle vos décisions ? Ce futur grand métro oriente-til vos choix fonciers, vos stratégies d’implantation en immobilier résidentiel ou en immobilier d’entreprise ? Éric Mazoyer : On ne peut pas répondre par l’affirmative. C’est étonnant, après cinq ans d’intenses cogitations, cinq ans après la présentation d’un projet qui semblait ambitieux et qui était porteur d’espoir, tout le monde s’est perdu dans des discussions sans fin. Certes, il existe aujourd’hui la Société du Grand Paris, certes, une loi précise comment le futur métro devra être financé, certes les acquisitions de terrains ont commencé, mais pour un résultat à quel horizon ? Il faut être visionnaire pour créer la ville, à condition que cette vision ne soit pas entravée par des rivalités politiques ou locales, des questions
Fort d'Issy, éco-quartier, Issy-les-Moulineaux © Bouygues Immobilier
de gouvernance qui freinent toute initiative. De plus, il est très difficile, dans le contexte économique que nous connaissons, de dresser des plans à long terme. Pour les entreprises comme pour les particuliers. Donc non, dans le choix des terrains que nous achetons, le Grand Paris ou le tracé des voies, ou l’emplacement des gares n’est pas encore le moteur principal de notre stratégie. Il faut espérer que ça le devienne.
Green Office Rueil, vue depuis la place Robert-Schuman © Bouygues Immobilier
Opération Access Design de Guignes © Nexity
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7 MILLIARDS DE FAÇADES...
Brown University Granoff Center for Creative Arts, Providence Rhode Island (USA) - Architecte : Diller Scofidio and Renfro - Crédit photo : Gilbertson Photography, Fotolia
www.vmzinc.fr
Parfois un visage accroche mieux la lumière que les autres. On évoque le grain de sa peau, la douceur de ses traits ou la force de son regard. Il y a des matériaux qui subtilement donnent à voir l’âme des batiments qu’ils recouvrent. VMZINC est matière d’architecture.
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Siège SMABTP © Bouygues Immobilier
Il semble difficile d’admettre qu’en tant qu’acteurs locaux, vous ne teniez aucun compte de ces modifications programmées de transport, de gouvernance… Nous ne les ignorons pas, mais nous traçons notre chemin à côté. On ne peut pas dire qu’il y ait eu une inflation du prix des terrains autour des futures gares, les projets sont trop peu avancés pour que nous plaquions par exemple sur le dessin du Grand Paris des projets qui sortiront dans trois ou quatre ans alors qu’aucune gare ne sera construite, ou très peu à ce moment-là. Depuis l’appel à projets et la présentation des premières idées en 2009, nous avons constaté deux grands courants : chaque maire, au nom de la mixité, a souhaité créer son quartier de logements, commerces, bureaux, ce qui a tendance à éparpiller les projets. Pour financer le Grand Paris, la redevance pour création de bureaux a été modifiée, elle a fortement augmenté dans certaines communes jusqu’à devenir si élevée en pourcentage des autres coûts que certains projets ne se feront pas. Voilà pour l’instant les effets tangibles du Grand Paris. Le dernier est plus récent, il date de la loi sur les métropoles qui met à bas les organisations en intercommunalités fabriquées depuis cinq ou six ans, qui avaient le mérite d’exister, pour confier la gouvernance à une métropole de 6 millions d’habitants, ce qui pourrait être considéré comme une nouvelle forme de centralisation. Tout ça à mettre en œuvre d’ici à 2017. En attendant, on fait quoi ?
Pensez-vous que les grands quartiers tertiaires soient encore nécessaires ? Au nom de la mixité et de la réorganisation des transports, le mélange logements, bureaux, commerces n’est-il pas une meilleure option d’aménagement du territoire ? Il me semble que quelques grands pôles demeurent nécessaires, permettant de satisfaire de très grandes demandes, sur lesquels on construit des immeubles de 20, 30, 40 000 m2. L’effet masse est indéniable et il permet aux entreprises de mutualiser des services, à la collectivité de mutualiser des infrastructures de transport qui coûtent très cher. Certains quartiers se sont en effet thématisés et deviennent des clusters. Les entreprises de télévision et de communications sont installées autour de Boulogne, ce n’est pas un hasard. Un pôle santé s’esquisse autour de l’hôpital Gustave-Roussy à Villejuif, c’est pour cette raison que Sanofi a par exemple choisi de développer son implantation à Gentilly. Il faudrait poursuivre dans cette voie.
BOUYGUES IMMOBILIER • Résultat net : 107 millions d'euros de résultat net part du groupe en 2012
Logements réservés : 10 516 logements réservés en France et à l'international Chiffre d’affaires : 2 396 millions d'euros en 2012 Chiffre-clé : 1 582 collaborateurs au 31 décembre 2012 dont 72,3% de cadres Diplômé de l’École spéciale des travaux publics (ESTP), Éric Mazoyer a débuté sa carrière comme conducteur de travaux chez Bouygues Bâtiment. En 1986, il rejoint Bouygues Immobilier en tant que directeur du développement résidentiel Paris. Il occupe ensuite successivement les postes de directeur général Grand Paris et directeur général Immobilier Entreprises. En 2003, il devient directeur général Île-de-France. Il est, au sein de Bouygues Immobilier, le spécialiste des grands projets. En 2006, il est nommé directeur général délégué. En 2007, il prend en charge les activités Tertiaire et Europe.
IL FAUT ÊTRE VISIONNAIRE POUR CRÉER LA VILLE, À CONDITION QUE CETTE VISION NE SOIT PAS ENTRAVÉE PAR DES RIVALITÉS POLITIQUES OU LOCALES, DES QUESTIONS DE GOUVERNANCE QUI FREINENT TOUTE INITIATIVE. Fort d'Issy, éco-quartier, Issy-les-Moulineaux © Bouygues Immobilier
IL ME SEMBLE QUE QUELQUES GRANDS PÔLES DEMEURENT NÉCESSAIRES, PERMETTANT DE SATISFAIRE DE TRÈS GRANDES DEMANDES, SUR LESQUELS ON CONSTRUIT DES IMMEUBLES DE 20, 30, 40 000 M2.
À PARAÎTRE C. Scémama, Green Office à Meudon, Quand l’architecture devient positive Archibooks + Sautereau éditeur, Paris, 2012, 112 p., ISBN 978-2357331631, 14 €
Il est admis par tous que l’architecture a un rôle à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique, et architectes et promoteurs se sont emparés de cette question. Bouygues Immobilier a imaginé Green Office® avec l’idée de proposer des immeubles de bureaux à énergie positive – qui consomment donc moins d’énergie qu’ils n’en produisent, à l’échelle globale d’une année – et qui cependant conservent tous les avantages, en termes de coût et de confort, d’immeubles plus classiques. Ce sont les Ateliers 115, sous la direction de Ion Enescu, qui ont conçu et réalisé ce premier projet, idéalement situé à côté de la forêt de Meudon, premier d’une longue lignée. Production d’énergie renouvelable et limitation des dépenses énergétiques ont déterminé la volumétrie du bâtiment, ses façades, souvent en partant d’idées simples et efficaces, utilisées depuis la nuit des temps, et en les complétant avec des technologies de pointe – entre autres, des systèmes de gestion des dépenses énergétiques qui permettent d’ajuster les consommations automatiquement ou selon la volonté et les besoins de l’utilisateur. Mais c’est la volonté de créer un univers de travail confortable, lumineux et chaleureux qui a surtout guidé les architectes. Un cadre qui donne envie à chacun de s’impliquer et d’agir à son échelle pour faire de ce bâtiment une réussite.
GREEN OFFICE® À MEUDON
Vous avez beaucoup misé sur la recherche autour du développement durable et l’expérimentation en grandeur réelle. Que donnent vos premiers essais ? Qu’en est-il du quartier du fort d’Issy-les-Moulineaux ? Nous aurons bientôt les résultats de la consommation énergétique réelle, toutes les dix minutes, d’un quartier où habitent et travaillent près de 10 000 personnes. C’est très précieux pour alimenter la recherche que nous menons sur la conception et le pilotage énergétique des quartiers. C’est aussi un exemple de collaboration que nous aimerions mener ailleurs. Nous avons travaillé avec la ville d’Issy-les-Moulineaux et une dizaine d’entreprises, pour beaucoup des champions dans leur domaine comme Microsoft, Steria, EDF, Erdf, Schneider Electric, Alstom, Total, Bouygues Telecom, Bouygues Energies et Services. À Issy-les-Moulineaux, nous avons appareillé un quartier existant. Nous cherchons à présent à réaliser un écoquartier en embarquant la question du pilotage de l’énergie dès la conception du projet. Mais nous sommes confrontés à des difficultés règlementaires, notamment avec la loi MOP qui nous interdit de répondre à un appel d’offres tout en étant à l’origine du cahier des charges. Ce qui serait le cas en matière de pilotage énergétique.
Archibooks
Prix de vente : 14,90 euros ISBN : 978-2-35733-163-1
Campus-Val-de-Bievre, Sanofi © Bouygues Immobilier
GREEN OFFICE® À MEUDON Quand l’architecture devient positive
BAROMETRE DEFACTO :
DEFACTO
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9 SALARIES SUR 10 SATISFAITS DE LA DEFENSE DEFACTO VIENT DE PUBLIER LA PREMIÈRE ÉDITION DE SON BAROMÈTRE ANNUEL D'OPINION DES UTILISATEURS DU SITE
« Aujourd’hui, les équipes de Defacto sont constituées et notre plan d’action a été défini. Il nous est apparu que le moment était venu de mesurer la perception et le niveau de satisfaction des utilisateurs de La Défense. Afin de mieux appréhender les attentes des utilisateurs du site et de pouvoir mieux répondre à leurs demandes, Defacto a décidé de mettre en place un baromètre d’opinion annuel de tous les utilisateurs qu’ils soient salariés, habitants, étudiants ou touristes. Pour garantir la fiabilité et la crédibilité à cette étude essentielle, nous en avons confié la réalisation à BVA. Et les résultats sont plus qu’encourageants. À la question "êtes-vous satisfaits du quartier de La Défense ?", 89% des salariés et 92% des habitants répondent positivement. Ces chiffres toutefois doivent nous laisser modestes et lucides. Cette grande confiance, il nous faut rester plus que vigilants pour la maintenir et tout mettre en oeuvre pour en améliorer les points faibles. » Patrick Devedjian, président du conseil d'administration
QUELLE MÉTHODOLOGIE ? 2 156 utilisateurs du quartier d’affaires, répartis en 5 cibles, ont été interrogés entre le 7 et le 19 octobre 2013. Les salariés, touristes d’affaires, touristes de loisirs et étudiants ont été interrogés par le biais d’interviews réalisées en face à face. Les habitants ont quant à eux été interviewés par téléphone.
LES ENSEIGNEMENTS Améliorer et faciliter les déplacements et l’accès au quartier d’affaires Bien que La Défense soit perçue comme un lieu où il fait bon travailler, pour les salariés du quartier, la fluidité du trafic routier aux abords de La Défense et la signalétique restent des points à améliorer. Les premières améliorations seront développées en 2014. Faire de La Défense un lieu de vie à part entière Les utilisateurs du site, et particulièrement les habitants, ont fait part de leur souhait de voir développée l’offre en matière d’espaces verts, d’animations et d’activités sportives. Rendre plus qualitatifs les espaces publics situés sous la dalle En matière d’entretien, on constate de manière très marquée et commune à l’ensemble des populations interrogées, un véritable hiatus entre les espaces situés sur la dalle, perçus comme qualitatifs et bien entretenus, et les espaces souterrains et liaisons mécaniques (escalators, ascenseurs...), nécessitant une réelle amélioration. Dès cette année, la rénovation de l'entrepont Corolles apportera une amélioration notable. Renouveler et sécuriser pour rassurer Malgré de très bons résultats en matière de sécurité, le sentiment d’insécurité persiste dans certains espaces du quartier d’affaires, à l’instar des espaces souterrains, et la nuit.
LES CHIFFRES
89 % des salariés sont globalement satisfaits du quartier d’affaires.
80 % des habitants estiment que La Défense est un quartier où il fait bon vivre. 88 % des salariés se sentent en sécurité dans le quartier d’affaires. 91 % des touristes de loisirs voient La Défense comme un lieu innovant. 90 % des salariés sont globalement satisfaits de l’entretien du quartier d’affaires. 93 % des touristes d’affaires et des étudiants se sentent en sécurité à La Défense. DEFACTO JANVIER 2014 Réalisé par Defacto, l’Établissement public de gestion du quartier d’affaires de La Défense. www.ladefense.fr Crédits photos : 11h45 pour Defacto
Granite, Chassagne Š Laurent Blossier
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VIE DES ENTREPRISES Constitué de plusieurs pôles économiques forts dont La Défense, le Grand Paris constitue l’eldorado des grandes entreprises françaises et internationales. Comment viventelles au quotidien dans la métropole parisienne ?
LA SOCIETE GENERALE La Société générale cultive depuis longtemps l’innovation architecturale. Implantée dans trois tours emblématiques du quartier d’affaires de La Défense, l’entreprise continue à s’étendre avec l’immeuble Basalte, non loin des tours, un immeuble qui se déploie horizontalement, à l’instar du campus de Val-de-Fontenay en cours de construction.
ENTRETIEN AVEC JEAN-MARC CASTAIGNON DIRECTEUR DE L’IMMOBILIER DE LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE
Propos recueillis par Emmanuelle Graffin
Basalte © Julien Lanoo
La Société générale a-t-elle choisi de s’implanter uniquement dans des tours, ou a-t-elle fait aussi le choix des campus ? Jean-Marc Castaignon : Nous présentons les deux cas de figure. Nous sommes implantés sur La Défense, quartier d’affaires par excellence, dans trois tours : Chassagne et Alicante construites en 1995 par Andrault et Parat, et Granite, édifiée par Christian de Portzamparc en 2008. Nous venons de terminer l’immeuble Basalte, un bâtiment horizontal, conçu par l’Atelier 2/3/4/ et qui abrite la plus grande salle des marchés d’Europe. Nous construisons par ailleurs un ensemble immobilier de 90 000 m2 à Val-deFontenay dont l’architecte est Anne Démians et devant accueillir bureaux et services. La livraison est prévue début 2016.
De plus, le quartier est attractif en termes de transports en commun. Ceux-ci, à mon sens, devraient être toujours améliorés. Par exemple, faire venir Éole à La Défense représenterait un atout majeur pour le quartier. De même, nous attendons avec impatience que la boucle du Grand Paris se fasse pour ces mêmes raisons. Donc, l’accessibilité en transports en commun est fondamentale pour nous. Cela a par ailleurs été un critère de choix pour le site de Val-de-Fontenay.
Qu’apportent les tours en termes d’usages à l’entreprise ? C’est en premier lieu La Défense qui apporte quelque chose. Il s’agit d’un quartier d’affaires présentant un marché immobilier important. Celui-ci propose des produits contemporains attractifs qui répondent parfaitement aux besoins des grandes entreprises et notamment à leurs façons de travailler en constante évolution. Les tours ont l’avantage d’offrir des espaces de travail banalisés où tous les salariés sont logés à la même enseigne. Par conséquent, les modifications organisationnelles sont plus faciles. Des grands groupes comme la Société générale sont en perpétuelle évolution en fonction des différents projets, et l’espace doit s’adapter à ces derniers. Pour vous donner un ordre d’idées, nous réalisons 11 000 déménagements par an.
D. Désveaux, M. Leloup, Cache-cache (ou fées et gestesCache-cache d'Anjou) Anne Demians Architecte Nouveau campus de Fontenay-sous-Bois Archibooks + Sautereau éditeur, Paris, 2012, 32 p, ISBN 978-2357331761, 12,90 €
Anne Démians
À LIRE
(ou fées et gestes d’Acajou)
On dit d’ces choses…
On dit que pour faire un projet d’architecte, il faut l’accompagner d’une inspiration qui le détache du champ rétréci des constructions banales. On dit aussi que pour défricher un territoire propice à l’inspiration, il faut souvent regarder du côté de l’art, de l’histoire de l’architecture, de l’étranger ou de la littérature. Ces chemins sont appelés communément les « sources d’inspiration naturelles de la création en architecture ». Mais, il existe, au moins, une autre manière de porter un projet dans une sur/dimension et de le plonger dans un univers qui le disculpe de tout : les assemblages assonants.
Fiche technique du nouveau Campus de Fontenay-sous-Bois Nom projet : Nouveau Campus de Fontenay-sous-Bois Programme et surface : 89 000 m² Shon Bureaux (76 000 m² Shon) Services associés (13 000 m² Shon)
Les assemblages assonants sont des montages abrégés de situations apparemment sans point commun, à l’origine, mais qui, mis dans un ordre précis, se réunissent pour former un projet. Loin du « cadavre exquis » des surréalistes, où l’énoncé final est imprévisible, l’assemblage assonant (ou consonant) a quelque chose de plus méthodique et de plus structuré.
(ou fées et gestes d’Acajou)
Maître d’ouvrage : Société Générale. Maître d’ouvrage mandataire : Sogeprom
Réalisé en partenariat avec l’État, la Ville de Marseille, le Conseil général des Bouches-du-Rhône et le Conseil régional ProvenceAlpes-Côte-d’Azur, le MuCEM offre un regard sur la Méditerranée, ISBN 978-2-35733-176-1 son histoire et son patrimoine. Le bâtiment construit selon les plans Prix de vente 12,90 euros de l’architecte Rudy Ricciotti, associé à Roland Carta, se présente sous une forme de cube minéral bordé de douves. Il est enserré par une résille de béton fibré issu des dernières recherches de l’industrie française et de façades brise-vent qui laisseront passer la lumière, l’air et les odeurs d’iode. Le bâtiment d’une surface de 15 000 m² accueillera deux plateaux d’expositions, des espaces dédiés aux enfants, un auditorium, une librairie et un restaurant doté d’une terrasse panoramique. Sorte de casbah verticale reliée au fort Saint-Jean et au quartier du Panier par deux passerelles, le MuCEM est parfaitement intégré au site.
C. Sabbah, La Salle des marchés de la Société générale, Ateliers 2/3/4/ Collection "L'Esprit du Lieu" Archibooks + Sautereau éditeur, Paris, 2014, 80 p, ISBN 978-2357333024, 12,90 € Pôle des Langues et Civilisations, Ateliers Lion associés
Le Théâtre 95 à Cergy-Pontoise, GPAA (Gaëlle Péneau Architectes Associés)
La Grande École du « Business Development », AS.Architecture-studio Institut de physique du Globe de Paris, Ateliers Lion associés
Montpellier International Business Incubator, Emmanuel Nebout
Le lycée Pierre-Mendès-France de Montpellier, Cregut | Duport Architectes
LAM, le musée d’Art moderne de Lille Métropole, Manuelle Gautrand architecture
archibooks
Le Palais des sports de Rouen, Dominique Perrault architecte
L’Esprit du Lieu - Architecture
Cette collection a pour volonté de sélectionner les bâtiments pertinents qui honorent l’architecture contemporaine. Retracer les étapes majeures de leur édification, c’est raconter la genèse des nouveaux espaces.
MuCEM
Le MuCEM Anne Démians
L’École nationale supérieure d’architecture de Strasbourg, Marc Mimram architecte ingénieur
Collection L’ESPRIT DU LIEU Architecture
Architecte mandataire : Anne Démians
Cache-cache
Ici, la source, moins émotive, est plus scientifique, plus biologique. Plus près de la structure d’une molécule que d’une œuvre de Dali ou de Johnson, c’est « une nouvelle façon de faire » qui s’appuie sur la mise en place de parallèles entre une construction biologique (ou physique), ses transferts et ses interprétations. Les assemblages fortuits faisant le reste.
Dans la même collection
Équipe Architectures Anne Démians Directeurs de projet : Martin Mercier, Philippe Monjaret Collaborateurs Architectures Anne Démians : Alain Sabounjian, chef de projet concours, Adriana Cavagna, Chen Cong, Maxime Decaudin, Ignacio Echevarria, Maël Esnoux, Arnaud Housset, Félix Millory, Elie Moutel, Gabriel Ober, Hyoran Park Perspectives : Martin Mercier, Cong Chen, L’autre image Maquettes : International model
Cache-cache (ou fées et gestes d’Acajou) Anne Démians Architecte
LA SALLE DES MARCHÉS DE LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ATELIERS 2/3/4/
Texte par Catherine Sabbah
Le lycée Élisa Lemonnier (Paris), Léonard | Weissmann Dans le bois : halle de sport à l’INSEP (Vincennes), François Leclercq Le siège social de Bouygues Immobilier (Issy-lesMoulineaux), Christian de Portzamparc
La Tour de Jussieu (Paris), Thierry van de Wyngaert L’UFR de chimie Paris VII (Paris), X-TU
Archibooks
12,90 E
ISBN 978-2-35733-269-0
Archibooks
Collection L’ESPRIT DU LIEU Architecture
Quelles sont les qualités des tours en termes environnementaux ? La tour Granite est la première tour labellisée HQE en France. Nous avions défini des prototypes HQE avec le CSTB. Nous appliquons également un label Exploitation. En effet, nous devons respecter au quotidien un certain nombre de process pour démontrer que nous conduisons le bâtiment dans des normes de qualité environnementale. De même, nous pilotons les tours Chassagne et Alicante en termes de qualité énergétique, de plus en plus finement, même si ces tours ne sont pas labellisées HQE, label qui n’existait pas encore à l’époque. Ainsi, la Société générale cultive depuis longtemps l’innovation architecturale. L’immeuble Basalte est aussi très innovant, que ce soit d’un point de vue constructif ou environnemental. La salle des marchés, par exemple, ne comporte pas de poteaux intermédiaires. La structure de base est en béton et la superstructure en charpente métallique. Nous avons, de plus, travaillé sur l’épaisseur et l’éclairage naturel.
Collection L’ESPRIT DU LIEU Architecture
Calendrier : Concours 2011 Études 2012 Chantier 2013-2015
Françoise Arnold Architecte de formation, peintre, ancienne journaliste de la presse professionnelle (Architecture Intérieure - Créé, AMC, d’Architecture, Le Moniteur, Pages paysages, La Feuille du paysage, etc.), auteure des ouvrages Le Logement collectif (éditions du Moniteur, en 1995 et 2004), L’Art dans les règles (éditions Picard et Pavillon de l’Arsenal, 2000, accompagnant une exposition dont elle fut le commissaire) et du roman photo Meurtre chez les Modernes (éditions de l’Epure, 2000), Françoise Arnold est aussi cinéaste et productrice et a créé en 2005 la société de production de film Les Productions du Effa avec le désir de comprendre les formes en remontant à la source de la pensée qui les produit.
LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CULTIVE DEPUIS LONGTEMPS L’INNOVATION ARCHITECTURALE.
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Basalte Š Laurent Blossier
Comment les salariés vivent-ils leur travail dans une tour ? Quels sont les modes de management spécifiques à ce type de bâtiment ? Une tour permet une grande proximité entre les salariés. C’est son principal avantage. La génération actuelle des tours, par rapport à la génération précédente, présente des espaces ouverts plus agréables. On obtient des plateaux de 1 000 à 1 200 m2 environ, ce qui représente une centaine de postes de travail. Les trois tours regroupent ainsi 11 000 salariés. La particularité d’une tour, c’est aussi l’attention portée à tout ce qui concerne l’air. Mais autrement, les aménagements dans un immeuble bas et une tour sont identiques. En termes de services proposés, nous aurons accès à une salle de sport dans l’immeuble Basalte. Nous mettons également à disposition une offre de restauration très large puisque nous avons cinq restaurants d’entreprise et plusieurs offres de restauration rapide. Quant au quartier, il propose un vaste éventail de commerces. La facilité en termes de transports n’est pas non plus négligeable. Mais une des qualités premières du quartier réside à mon sens dans le fait que les espaces publics sont entièrement piétonniers. Ils abritent quelques espaces verts, surtout du côté Seine, mais il va y en avoir de plus en plus, notamment avec les Terrasses de Nanterre. De plus, avec l’arrivée du stade Arena, le quartier va encore changer. Par ailleurs, beaucoup de manifestations culturelles ou sportives sont organisées sur l’esplanade de La Défense. C’est un quartier très vivant.
Granite, Chassagne © Laurent Blossier
UNE TOUR PERMET UNE GRANDE PROXIMITÉ ENTRE LES SALARIÉS.
LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE EN CHIFFRES
Acteur de l’économie réelle depuis 150 ans, Société générale emploie plus de 154 000 collaborateurs, présents dans 76 pays, et accompagne au quotidien 32 millions de clients dans le monde entier. En Île-de-France, ce sont 25 000 collaborateurs Société générale répartis entre La Défense (20 000) et Val-de-Fontenay (5 000).
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Basalte Š Julien Lanoo
Le Grand Paris, territoire polymorphe, profite d’une vaste politique culturelle. Centralités analyse les aspects marquants et les temps forts de l’animation de la métropole.
CULTURE
LES PEPINIERES ARTISTIQUES DU GRAND PARIS Avec le projet de musée à ciel ouvert, Defacto apporte cette identité culturelle forte qui manquait au quartier de La Défense. Le parcours reflète une recherche de cohérence et de visibilité pour les 67 œuvres de la collection jusqu’ici éparpillées sur la grande dalle bien connue des habitués.
Le Grand Paris tel qu’il se dessine défend dès à présent une offre culturelle pointue et variée qui fait dire à certains que « la banlieue est une friche bénie pour l’art contemporain1 ». Plusieurs centres d’art ou apparentés développent une programmation exigeante, destinée en premier lieu à un public local (habitants, scolaires, associations) et parisien. Tous les mois, l’association TRAM incite à partir à la découverte de ces territoires d’Île-de-France à la créativité insoupçonnée. Alexandra Fau
1 Emmanuelle Lequeux, « La banlieue est une friche bénie pour l’art contemporain », article publié dans Le Monde du 26 septembre 2011.
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Lionel Estève, Vivre en pensée, vue de l'exposition, Les Églises centre d'art contemporain de la Ville de Chelles, 12 janvier - 09 mars 2014 Coproduction de l'artiste et de la Ville de Chelles © Aurélien Mole
Partant du credo que « si le public ne vient pas à l’art, c’est l’art qui viendra à lui », certaines municipalités ont fait très tôt le pari de développer un pôle culturel fort pour reconstruire leur image. En 2003, le MAC/VAL émerge d’entre les tours de Vitry. Aujourd’hui, le musée d’Art contemporain du Val-de-Marne, qui multiplie les partenariats avec les institutions parisiennes (exposition Boltanski au Grand Palais, Renaud Auguste-Dormeuil en partenariat avec la Fondation Ricard), en ferait presque oublier la galerie municipale Jean-Collet (créée en 1982 dans d’anciens bains-douches transformés), toute proche.
L’attention médiatique accordée à ces territoires à l’accès et au caractère parfois difficiles est-elle si limitée qu’elle ne laisse pas de place à la concurrence ? De fait, les lieux doivent s’assurer une visibilité et redoubler d’efforts pour capter le public, le fidéliser et tisser des liens avec le milieu éducatif. Pour cela, les différentes structures inventent des formats, coproduisent des pièces ou coréalisent des expositions (« Architectures d’urgence » à la Maison des Arts de Malakoff, à la Maréchalerie de Versailles, au pavillon Vendôme (Clichy) associés à l’école d’architecture de Versailles et les étudiants de 4e année en avril 2014).
Éric Degoutte, président de l’association TRAM et directeur du centre d’art Les Églises à Chelles, résume avec ironie que « dès lors que l’on quitte la ville, on braconne mieux ». Loin des grosses machineries parisiennes, les structures à l’économie fragile impliquent une approche créative et foisonnante. Claire Le Restif, directrice du Crédac (Ivry-sur-Seine), salue quant à elle l’arrivée de jeunes commissaires d’expositions bien formés et aguerris, capables de tisser des réseaux et des connexions. Cette nouvelle génération contribue largement à la diffusion des projets auprès d’institutions hors du Grand Paris, voire même hors de France. Le commissaire Okwui Enwezor, auteur de la Documenta 11, n’a d’ailleurs pas hésité à associer les Laboratoires d’Aubervilliers à la Triennale du Palais de Tokyo (2012).
CERTAINES MUNICIPALITÉS ONT FAIT TRÈS TÔT LE PARI DE DÉVELOPPER UN PÔLE CULTUREL FORT POUR RECONSTRUIRE LEUR IMAGE.
LES ÉGLISES CENTRE D'ART CONTEMPORAIN DE LA VILLE DE CHELLES Direction : Éric Degoutte Programmation initiée en 2005 rue Eterlet, 77500 Chelles t +33 (0)1 64 72 65 70 leseglises@chelles.fr http://leseglises.chelles.fr/
Didier Courbot, Via Ferrata, vue de l'exposition, Les Églises centre d'art contemporain de la Ville de Chelles, 11 décembre 2010 - 27 février 2011 Coproduction de l'artiste et de la Ville de Chelles © Yann Bohac
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Emilie Pitoiset, en collaboration avec Jean-Max Colard et Catherine Robbe-Grillet, Vous arrivez trop tard - Cérémonie, vue de l'exposition, 1er avril - 20 mai 2012, Les Églises centre d'art contemporain de la Ville de Chelles Coproduction des artistes et de la Ville de Chelles © Aurélien Mole
De haut en bas et de gauche à droite : Fabrice Gygi, vue de l'exposition, Les Églises centre d'art contemporain de la Ville de Chelles, 24 mars - 12 mai 2013 Coproduction de l'artiste et de la Ville de Chelles © Aurélien Mole Les Églises centre d'art contemporain de la Ville de Chelles, 2013 © Aurélien Mole
Simon Boudvin, Anastyloses et reconversions, vue de l'exposition, Les Églises centre d'art contemporain de la Ville de Chelles, 13 mars - 30 avril 2011 Coproduction de l'artiste et de la Ville de Chelles © Aurélien Mole
LA GRAINETERIE PÔLE CULTUREL MUNICIPAL ET CENTRE D'ART Réhabilitation en 2009 27, rue Gabriel Péri, 78800 Houilles t +33 (0)1 39 15 92 10 pole.culturel@ville-houilles.fr http//lagraineterie.ville-houilles.fr Elle accueille tous les deux ans la Biennale de la jeune création, espace de diffusion et de rencontres de l'art contemporain émergent.
9e Biennale de la jeune création Artistes : Maxime Brygo, Vincent Chevillon, Pierre Feller et Mélanie Vincent © Rebecca Fanuele
9e Biennale de la jeune création Artistes : Marie Lancelin, Benoît Pype et Laure Vigna © Rebecca Fanuele
Exposition Les infiltrés « Greenhouilles », Julien Gardair © Ville de Houilles
9e Biennale de la jeune création Artistes : Maxime Brygo, Vincent Chevillon, Pierre Feller et Mélanie Vincent © Rebecca Fanuele
75 ▶ Si la programmation semble faire l’unanimité auprès du cercle restreint du monde de l’art, qu’en est-il pour les habitants de banlieues à qui ces œuvres sont destinées en priorité ? Maud Cosson, directrice de la Graineterie de Houilles, se souvient qu’à son arrivée en 2006 « il fallait créer une envie autour de l’art contemporain ». Tout l’enjeu du projet culturel repose alors sur la médiation menée à travers des visites, des ateliers pédagogiques, voire des « ateliers-visites » aux Églises de Chelles dirigés par des plasticiens qui invitent les visiteurs à produire dans la continuité de la pensée de l’artiste. L’objectif est d’inciter le public à « aiguiser son sens et son regard critique », comme le souligne Claire Le Restif. Pour les artistes eux-mêmes, ces lieux sont une chance, voire un tremplin. Toujours à l’affût de nouveaux talents, les directeurs de centres d’art n’hésitent pas à inviter de très jeunes artistes (Jean-Marc Appriou à la galerie Édouard-Manet de Gennevilliers), parfois pour la première fois. Son directeur à l’œil exercé, Lionel Balouin, a fait acquérir par le biais du Fonds municipal d’art contemporain de la Ville de Gennevilliers des œuvres d’artistes aujourd’hui reconnus sur le marché de l’art. À côté de ces missions de prospection artistique menées par les directeurs et/ou les commissaires d’expositions étrangers invités (La Galerie de Noisy-le-Sec), il est possible de découvrir le travail récent d’artistes de renom. L’invitation de Mathieu Mercier au Crédac en 2012 venait pallier l’absence d’expositions personnelles en France après celle du musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2007.
8e Biennale de la jeune création Artistes : Audrey Frugier, Ji-Yeon Sung © Ville de Houilles
9e Biennale de la jeune création Artistes : Morgane Fourey, Alexandre Giroux © Rebecca Fanuele
POUR LES ARTISTES EUXMÊMES, CES LIEUX SONT UNE CHANCE, VOIRE UN TREMPLIN (…) C’EST UNE CHANCE INESPÉRÉE DE PRODUIRE DES ŒUVRES SPÉCIFIQUES.
Pour les artistes, c’est une chance inespérée de produire des œuvres spécifiques. Michel Aubry a ainsi réalisé sa pièce durant plusieurs semaines dans l’ancienne Manufacture des œillets à Ivry qui accueille désormais le Crédac. Didier Courbot a construit directement aux Églises à Chelles en 2011 une installation de 15 mètres de long tandis que Melik Ohanian a occupé les lieux en y hibernant avec ses étudiants. Si cette ancienne église restaurée par Martin Szekely et Marc Barani est un cadre exceptionnel, la physionomie du lieu et son histoire peuvent avoir une incidence sur la manière de voir. À l’abbaye de Maubuisson, Vincent Lamouroux a préféré ensevelir en partie l’architecture de la salle du Chapitre, sous le sable, de même couleur que les pierres du site d’origine. Sa démarche fait abstraction de l’histoire de l’abbaye pour se concentrer sur ses volumes, ses résonances, son pouvoir d’incitation à la méditation.
Friedrich Kunath, vue de l’exposition A Plan to Follow Summer Around the World, Centre d’art contemporain d’Ivry – le Crédac, 2014. Au centre, We Are Nowhere and It’s Now, 2013. Matériaux divers. Au second plan, If I Were Tree Among Trees (Si j’étais arbre parmi les arbres), 2009. DVD couleur, son. Photo : André Morin / le Crédac. Courtesy de l’artiste et Blum & Poe, Los Angeles ; BQ, Berlin ; Andrea Rosen Gallery, New York ; White Cube, Londres.
Friedrich Kunath, vue de l’exposition A Plan to Follow Summer Around the World, Centre d’art contemporain d’Ivry – le Crédac, 2014.
Photo : André Morin / le Crédac. Courtesy de l’artiste et Blum & Poe, Los Angeles ; BQ, Berlin ; Andrea Rosen Gallery, New York ; White Cube, Londres.
L’OBJECTIF EST D’INCITER LE PUBLIC À « AIGUISER SON SENS ET SON REGARD CRITIQUE. »
CENTRE D'ART CONTEMPORAIN D'IVRY LE CRÉDAC Directrice : Claire Le Restif Créé en 1987 La Manufacture des Œillets 25-29 rue Raspail, 94200 Ivry-sur-Seine t +33 (0)1 49 60 25 06 contact@credac.fr www.credac.fr
LA MARÉCHALERIE CENTRE D’ART CONTEMPORAIN ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE VERSAILLES
a posteriori
exposition
LA MARÉCHALERIE fêTE sEs 10 ANs ! ExPOsITION jusqu'Au 22 MARs 2014
Avec cécile BArt, JeAn-Luc BichAud, Michel BlAzy, KArine BonnevAL, Jennifer cAuBet, chArLotte chArBonneL, DiDier courBot, FrAnçois dAireAux, Anne De nAnteuil, dector & dupuy, Vincent GAniVet, JAKoB GAuteL, christiAn GonzenBAch, Gusto, clAire-JeAnne Jézéquel, JAcques JuLien, JAson KArAïnDros, tAdAshi KAwAMAtA, JAn Kopp, perrine Lievens, stéphAne MAGnin, vincent MAuGer, lucy et JorGe ortA, LAurent pAriente, DAViD sAltiel, eMMAnueL sAuLnier, oliVier séVère, LAurent sFAr, felice VArini, eMMAnueLLe viLLArd.
exposition
LA MARÉCHALERIE CENTRE D’ART CONTEMPORAIN ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE VERSAILLES EN PARTENARIAT AvEC LE PAvILLON vENDôME CENTRE D'ART CONTEmPORAIN DE CLICHy LA MAIsON DEs ARTs DE mALAkOff
architectures d'urgence Avec à LA MAréchALerie une exposition d'AlAin Declercq Exposition du 9 avriL au 14 juin 2014 VERNISSAGE mARDI 8 AVRIL — 18H
La Maréchalerie – centre d’art contemporain de l’école nationale supérieure d'architecture 5 avenue de Sceaux — 78000 Versailles T. +33 (0)1 39 07 40 27 http://lamarechalerie.versailles.archi.fr/ lamarechalerie@versailles.archi.fr Retrouvez La maréchalerie sur facebook et Twitter
Accès par la place des manèges, face à la gare Versailles Rive-Gauche (RER C) ou par le 5, avenue de Sceaux Ouvert du lundi au samedi de 14h à 18h et le matin sur rendez-vous fermé les dimanches et jours fériés et du 21 au 27 avril 2014 Entrée libre
preview, Organisation SAFI, filiale des Ateliers d’Art de France et de Reed Expositions France
6 -13 SEPT. 2014
www.parisdesignweek.fr
Un événement An event
LES LABORATOIRES D’AUBERVILLIERS
Direction collégiale : Alexandra Baudelot, Dora Garcia, Mathilde Villeneuve Créés en 1994 41, rue Lécuyer, 93300 Aubervilliers t +33 (0)1 53 56 15 90 info@leslaboratoires.org www.leslaboratoires.org
LA MAISON DES ARTS MALAKOFF Directrice : Aude Cartier Créée en 1993 105, avenue du 12 février 1934, 92240 Malakoff t +33 (0)1 47 35 96 94 maisondesarts@ville-malakoff.fr http://maisondesarts.malakoff.fr/
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CAC BRÉTIGNY CENTRE D’ART CONTEMPORAIN DE BRÉTIGNY Directeur : Pierre Bal-Blanc Espace Jules Verne, rue Henri-Douard, 91220 Brétigny-sur-Orge t +33 (0)1 60 85 20 76 info@cacbretigny.com www.cacbretigny.com
De haut en bas et de gauche à droite : Tadashi Kawamata, Gandamaison, 2008 – Cagettes en bois, attaches plastiques. Dimensions variables. Installation in situ à la Maréchalerie, centre d’art contemporain de l’ENSA Versailles. © Laetitia Tura, La Maréchalerie
Vincent Mauger, Sans titre, 2012 – Briques cuites. Dimensions variables. Installation in situ. Exposition Super Asymmetry à la Maréchalerie, centre d’art contemporain de l’ENSA Versailles. En partenariat avec la briqueterie Bouyer Leroux. © Aurélien Mole. courtesy de l’artiste et Galerie Bertrand Grimont.
Vue de l’exposition collective A POSTERIORI à la Maréchalerie, centre d’art contemporain de l’ENSA Versailles. © Aurélien Mole
L'ONDE THÉÂTRE & CENTRE D'ART Directeur : Lionel Massétat Créé en 2003
CENTRE D'ART CONTEMPORAIN LA MARÉCHALERIE
8 bis, avenue Louis-Breguet, 78140 Vélizy Villacoublay t +33 (0)1 34 58 03 35 www.londe.fr
Directrice : Valérie Knochel Abecassis La Manufacture des Œillets 5, avenue de Sceaux, 78000 Versailles t +33 (0)1 39 07 40 27 lamarechalerie@versailles.archi.fr lamarechalerie.versailles.archi.fr
▶ Chaque lieu possède sa propre spécificité ; de l’école d’art municipale attachée à une galerie à l’image de ce que Bernard Point mit en place à Gennevilliers en 1968, au centre d’art adossé à un Centre dramatique national ou à un théâtre. Soumises aux mêmes tutelles (Ville, Conseil général, Drac IDF), ces différentes structures sont appelées à collaborer sur différents projets et à créer des passerelles entre les disciplines à l’image de l’installation sonore d’Emmanuel Lagarrigue avec L’Onde de VélizyVillacoublay (2010).
Aujourd’hui, le dispositif créatif ne cesse de se déployer ; du lieu d’exposition au lieu de production, de résidence, école, ateliers de discussion et de réflexion lors de workshops, de rencontres et de débats… Pour tous les acteurs culturels qui se prêtent à ces échanges, le territoire du Grand Paris est une réalité concrète qu’ils éprouvent et façonnent au quotidien.
Parc de l'abbaye de Maubuisson © Catherine Brossais
Les œuvres produites questionnent le territoire et au-delà. Directrice du centre d’art L’Onde à Vélizy-Villacoublay, Sophie Auger, dans une exposition collective intitulée « Projections constructives » (2009), a revisité les utopies architecturales en prenant pour modèle urbain la ville. Avec la résidence de création lancée dans le cadre de la Biennale de la jeune création, la Graineterie à Houilles invite depuis 2009 « un(e) artiste en ville ». L’artiste Sophie Gaucher est ainsi intervenue dans plusieurs écoles de la ville où elle a réalisé des œuvres in situ. La Maison des Arts de Malakoff a inauguré en 2013 son programme de résidence avec Élodie Brémaud, auteur des « Manifestations solitaires », actions menées dans la ville. Le CAC de Brétigny développe quant à lui une politique engagée et militante à l’image des collectifs invités (Studio 21 bis).
L'ABBAYE DE MAUBUISSON SITE D'ART CONTEMPORAIN Créé en 2000
avenue Richard-de-Tour, 95310 Saint-Ouen-l'Aumône t +33 (0)1 34 64 36 10 www.valdoise.fr
CES DIFFÉRENTES STRUCTURES SONT APPELÉES À COLLABORER SUR DIFFÉRENTS PROJETS ET À CRÉER DES PASSERELLES ENTRE LES DISCIPLINES.
Vincent Lamouroux, Sculpture de sable, salle des religieuses, 2012 © Typhaine Louargant
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Vincent Lamouroux, Sculpture, salle du parloir, 2012 Š Typhaine Louargant
LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS Dans le contexte de reconfiguration de Paris et de sa banlieue, chaque territoire composant cette zone constitue une force vive. Chaque numéro de Centralités analysera l’un d'eux.
Les Villages Nature : Promenade sur le Lac aux abords des Jardins suspendus © T. Huau/Interscène ; Jean de Gastines Architecte ; Agence Kreaction
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Charles de Gaulle
La Seine NE
LIG
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TGV
Le Bourget TGV
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Paris
St-Michel N-Dame
Châtelet
Clichy-sous-Bois Montfermeil
E
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La St-Lazare Défense
RER
NE LIG
Saint-Denis Pleyel
Nanterre
Mairie des Lilas RER
LIGNE 11
Chelles
Noisy-Champs
A
A4
ne La Mar Pôle touristique international Ecoquartiers
Pôle Innovation urbaine
Satory
RER
Versailles Chantiers
C
LIGNE 15
NE
LIG
Villejuif Institut G. Roussy
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Bry-Villiers Champigny
Marne-la-Vallée
LIGNE 18
Orsay Gif
MassyPalaiseau
TGV
Orly
Projet liaison TGV
MARNE-LAVALLEE « Tirer son épingle du jeu », expression datant du xve siècle faisant écho de manière ingénieuse au xxie siècle, beau programme me direz-vous ? C’est la ville de Marne-la-Vallée qui manie cette expression à bon escient en permettant à son territoire d’être sans cesse en mouvement et fort de nouveaux développements. En quelques années, cette ville a réussi à jouer la carte de la diversité et de l’attractivité dans de nombreux domaines qui font foi pour notre société à l’instar du tourisme, du secteur tertiaire ou encore en donnant des éléments de réponse concrets sur la question du « construire mieux et vivre mieux ». Laissez-vous embarquer à la découverte d’un territoire francilien qui est en marche… Agathe Colin de Verdière
Carte transport © Epamarne
Véritable laboratoire d’innovations et d’expérimentations urbaines, Marne-la-Vallée est un point d’ancrage essentiel dans le cadre du développement du Grand Paris et c’est en 2009 qu’elle a été choisie par l’État comme pôle d’excellence. Cette ville détient une réelle vocation métropolitaine et est investie dans les enjeux d’aujourd’hui et de demain en termes d’urbanisme durable et d’initiatives novatrices. Elle se positionne au cœur des problématiques stratégiques de la région Île-de-France. Située à l’est de la capitale, la ville s’étend sur un vaste territoire d’une vingtaine de kilomètres, allant des communes d’agglomération de Noisy-le-Grand à Chessy. Sa proximité et sa connectivité avec la capitale en font aujourd’hui un moteur de croissance. Marne-la-Vallée, dite « ville nouvelle », voit le jour dans les années 1960, époque de la mise au point du premier Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) confiée à Paul Delouvrier. La particularité de Marne-laVallée consiste dans son développement urbain. En effet, elle s’organise non pas autour d’un seul centre d’agglomération créé de toutes pièces, mais plutôt autour de nombreux centres urbains, reliés entre eux par le RER et l’autoroute A4, qui sont les deux axes de la ville nouvelle. C’est dans un souci de logique et de praticité que l’urbanisation s’est dessinée d’ouest en est sur la base de quatre secteurs d’aménagement : Porte de Paris, ValMaubuée, Val de Bussy et Val d’Europe. Les quartiers les plus anciens de la ville nouvelle sont donc situés dans les secteurs 1 et 2 (Porte de Paris et Val-Maubuée), et quant aux secteurs 3 et 4, ils sont actuellement en plein essor.
Les Villages Nature © Epamarne
Le territoire de Marne-la-Vallée ne correspond donc pas à une entité administrative mais au périmètre du projet d’aménagement de la ville nouvelle, ce dernier étant mené par les établissements publics d’aménagement créés respectivement en 1972 pour Epamarne et 1987 pour Epafrance, qui gèrent à eux deux 27 communes sur un territoire de 17 100 ha. Ils ont pour but de planifier et d’impulser le développement de Marne-la-Vallée tout en gardant en tête l’idée de ville nouvelle, une mission qui s’avère être complexe car elle requiert des interventions dans des domaines et qui, de plus, se doit de donner une vision à long terme.
MARNE-LA-VALLÉE DÉTIENT UNE RÉELLE VOCATION MÉTROPOLITAINE ET EST INVESTIE DANS LES ENJEUX D’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN EN TERMES D’URBANISME DURABLE ET D’INITIATIVES NOVATRICES.
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De haut en bas et de gauche à droite : Ambiance du parc du Génitoy dans le centre ville de Bussy Saint-Georges © Epamarne / Paysagiste : J. Osty / photo : Émile Luider
Le quartier du Lac à Serris dans le centre urbain du Val d’Europe © Epamarne / Paysagiste : Agence Sosson / Architecte : Hertenberger / Photo : Émile Luider
Les Lodges, 35 maisons innovantes à Chanteloup-en-Brie Label « Bâtiment exceptionnel d’Île-de-France » décerné par l’ADEME © Groupement Bouygues Immobilier, AW² (architecte), Jean-Philippe Rameau (paysagiste), Pouget Consultants (AMO DD), InfraServices (BET infrastructures) et Ossabois (construction bois)
My Bussy, futur programme de 78 500 m² comprenant logements, commerces, bureaux et équipement sportif situé à l'entrée de ville de Bussy Saint-Georges © Les Nouveaux Constructeurs / SCAU, Brenac et Gonzales
Future Gare du Grand Paris Express de Noisy-Champs - Cité Descartes © Ateliers Lion associés
Le cluster Descartes : pôle d’innovation urbaine Actuellement, la ville nouvelle est en train d’évoluer vers une autre appellation, celle de « ville durable ». En effet, Marne-la-Vallée a bien intégré que construire, vivre, acheter et travailler durable sont autant d’actions qui illustrent les nouveaux comportements de notre société, et c’est dans cette optique qu’elle se doit de se développer. Cette nouvelle mouvance en qualité d’innovation se traduit au sein de la ville par de nombreux projets d’aménagement, en particulier avec le cluster Descartes, pôle d’excellence du Grand Paris dédié à la ville et à la construction durable. Ce lien vertueux entre enseignement supérieur, recherche et entreprise a pour objectif de favoriser la diffusion des innovations et de développer une stratégie de filière qui répondra aux défis des villes de demain. Le cluster permet ainsi la création de nouvelles activités liées à l’écoconstruction, la mobilité douce ou encore l’efficacité énergétique, vecteurs de croissance et créatrices d’emplois d’avenir. Cette concrétisation s’acte aujourd’hui avec la réalisation de plusieurs projets emblématiques et structurants, à l’image du Pôle de recherche scientifique et technique de Paris-Est, projet architectural conçu par l’architecte Jean-Philippe Pargade. Ce bâtiment-paysage crée un espace public majeur dans la ville de demain, il est pensé comme un prolongement de la trame verte du campus universitaire. Cette architecture s’approprie le concept d’ondulation avec subtilité, et crée le contraste avec la surface plane du site. Ici, on constate une parfaite synergie entre l’architecture et l’environnement, ce dernier étant en totale adéquation avec la programmation du lieu. Cette construction s’inscrit dans une démarche de Haute Qualité Environnementale (HQE) et vise la certification Bâtiment Basse Consommation (BBC). Cet espace est spécialisé dans l’ingénierie du développement durable, traite des questions liées à la ville de demain dans sa mise en place et contribue à la mise en œuvre des engagements du Grenelle Environnement. Dans cette même optique, on retrouve Coriolis, un bâtiment qui se veut exemplaire en matière de construction durable au sein de ce pôle. Il détient une particularité et non des moindres : sa consommation est prodigieuse, il produit plus d’énergie qu’il n’en consomme, une politique durable qui a nécessité la conception de volumes compacts et simples. Ce dernier est organisé autour d’un vaste jardin suspendu, à l’ombre d’une toiture productrice d’énergie.
De haut en bas : La Cité Descartes à Champs-sur-Marne & Noisyle-Grand © Epamarne / Photo : Éric Morency Pôle de recherche scientifique de Paris-Est, architecte : Jean-Philippe Pargade © Luc Boegly Pôle de recherche scientifique de Paris-Est, architecte : Jean-Philippe Pargade, vue intérieure © Luc Boegly
87 ENPC/Coriolis est l’aboutissement d’une longue réflexion menée en interne par l’Atelier Thierry Roche & Associés. Ce lieu que l’on pourrait qualifier de « complexe » mélange adroitement trois notions clés : l’enseignement, la formation et la recherche. Pour le maître d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage, il s’agissait de créer autant un outil performant en matière énergétique qu’un véritable lieu de vie. On note que le cluster Descartes est un espace qui accueille de nombreuses structures plus innovantes les unes que les autres et donne une impulsion qui se veut prometteuse. Pourtant, malgré ses actions positives, il rencontre quelques difficultés dans son taux de fréquentation en soirée et au cours du week-end. Si le cluster Descartes est un espace vivant durant la journée, on remarque que la ruche de Marne-la-Vallée est bien moins active quand vient le soir, et quand le week-end s’installe, l’endroit est alors désert. À l’image du quartier de La Défense, ce lieu rencontre les mêmes problématiques : comment faire vivre cet espace 24 h/24 et lui permettre d’acquérir une vie urbaine qui ne se fasse pas par intermittence ? Dans cette optique et en jouant la carte du territoire attrayant, les Ateliers Lion associés ont été sélectionnés pour mettre en place, au sein du cluster Descartes, un nouveau quartier au large potentiel. Il s’agit ici d’attirer des entreprises mais aussi de nouveaux habitants en offrant des services et des commerces qui assureront une grande qualité de vie. Une programmation qui se voudra mixte, permettant ainsi de créer et de renforcer un lien social et durable. S’étendant sur 1 500 hectares, les architectes ont développé le concept de « nature intense » donnant une Descartes, architecte : Atelier Thierry Roche & Associés © Renaud Araud photographe
trame urbaine. L’expérimentation est un des moteurs de cet espace en devenir avec notamment une architecture expérimentale ou encore avec la mise en place de quartiers « zéro carbone », respectueux de l’environnement. L’objectif de ce nouvel aménagement urbain est de dynamiser la croissance du site en travaillant sur l’économie, le social et le durable. Cet aménagement urbain situé à proximité de la nouvelle gare de Noisy-Champs s’intégrera et dialoguera avec cette dernière par le biais des flux humains. Les Ateliers Lion ont pensé cet espace sur une problématique essentielle aujourd’hui : les infrastructures et la mobilité, des éléments qui s’appuient sur les espaces naturels qui constituent la valeur ajoutée du site. Les architectes explorent à fond les nouvelles solutions de la ville durable, en jouant sur divers tableaux, et ont à proposer un projet qui repousse les limites de l’innovation. Ces projets en devenir vont permettre au cluster d’être à terme l’un des pôles majeurs de la métropole francilienne et un quartier d’affaires dit « développement durable » d’avenir. La démarche du cluster permet de donner une vraie crédibilité à Marne-la-Vallée, en donnant des éléments de réponse crédibles et possibles tout en gardant le concept de l’innovation en ligne de mire. Le cluster permet de créer une disponibilité d’espace dans l’accueil des entreprises tertiaires en lien avec les activités développées. Il structure son territoire avec des projets novateurs qui répondent à une vraie demande et intègre les diverses énergies renouvelables de façon juste et pertinente. Le cluster Descartes se veut terrain d’expérimentations mais n’oublie pas pour autant les réelles préoccupations des riverains en termes de logements et commerces.
Descartes, architecte : Atelier Thierry Roche & Associés © Renaud Araud photographe
89 Un secteur tertiaire au cœur d’une croissance pérenne Si le cluster Descartes est un acteur essentiel dans le développement de Marne-la-Vallée aujourd’hui, cette dernière détient encore plus d’une corde à son arc, car si elle est légitime sur la question de l’innovation durable, elle l’est aussi sur la question du secteur tertiaire. Sa force, elle la construit non pas en partitionnant les différents pôles qui la composent mais au contraire en les faisant interférer, créant ainsi des associations prometteuses. C’est avec cette vision que Marne-la-Vallée excelle dans le secteur du tertiaire, la ville ayant réussi à intégrer avec subtilité « le penser durable » en plaçant les entreprises de son territoire dans une optique de croissance et de compétitivité. Marne-la-Vallée a su se rendre identifiable dans ce domaine, sa proximité immédiate avec la capitale et ses importantes infrastructures de transports (aéroport de Roissy accessible en 10 min, 1er hub TGV en France et 2 lignes de trains RER A et E) en font aujourd’hui le troisième pôle tertiaire d’Île-de-France Actuellement, Marne-la-Vallée comptabilise 1,6 million de mètres carrés de bureaux développés ainsi que 17 000 entreprises et a déjà créé 136 000 emplois. Le rythme d’implantation des entreprises est soutenu au sein de cet espace, et il en découle une croissance économique solide avec 2 000 emplois créés, autant de facteurs qui permettent à Marne-la-Vallée d’approcher du taux d’un emploi pour un actif résident. Ce territoire francilien présente pour les entreprises des atouts majeurs en termes d’économie, d’environnement et d’accessibilité, divisé en plusieurs pôles économiques
majeurs dont le quartier d’affaires de Noisy-le-Grand, ceux de la Cité Descartes, Bussy-Saint-Georges et Montévrain-Val d’Europe. Ces derniers ont réussi à se rendre attractifs avec des standards de qualité et de performance énergétique à la pointe des savoir-faire. Si aujourd’hui cette attractivité tertiaire est sans précédent, sa mise en place fut un travail de longue haleine qui s’échelonne sur une vingtaine d’années. L’élément fondateur fut l’ouverture d’un certain parc à thème ayant pour mascotte une petite souris noire fort sympathique, Disneyland Paris, qui a permis à Marne-la-Vallée de se voir propulser au-devant de la scène internationale en termes de loisirs. Progressivement, la ville nouvelle s’est imposée sur le terrain et dans les esprits comme étant un espace attrayant permettant aussi bien aux grands groupes qu’aux TPE d’entrevoir leurs champs des possibles en proposant des zones d’activités adaptées à tous les profils et exigences. Ces entreprises réalisent un véritable coup de maître en termes d’image et de croissance économique en s’intégrant dans ce territoire du Grand Paris. Elles ne jouent pas seulement la carte de la rentabilité économique mais y ajoutent la carte du durable et améliorent sensiblement leur image auprès de leurs clientèles respectives. Aujourd’hui, on peut estimer que ce territoire possède un potentiel de 5 milliards d’investissements publics et privés et continue sa « course de séduction » auprès d’autres acteurs économiques. Le secteur tertiaire s’allie de manière intelligente au cluster Descartes en proposant la création d’éco-activités innovantes liées à la construction, la mobilité durable ou encore en termes d’efficacité énergétique ; ces éléments sont de véritables vecteurs de croissance et permettent d’entrevoir un avenir plus certain.
M Campus, futur immeuble de 25 000 m² bureaux HQE à la Cité Descartes © Les Nouveaux Constructeurs / Architectes : Colboc Franzen et associés
MARNE-LA-VALLÉE EXCELLE DANS LE SECTEUR DU TERTIAIRE, LA VILLE AYANT RÉUSSI À INTÉGRER AVEC SUBTILITÉ « LE PENSER DURABLE » EN PLAÇANT LES ENTREPRISES DE SON TERRITOIRE DANS UNE OPTIQUE DE CROISSANCE ET DE COMPÉTITIVITÉ.
Des écoquartiers proposant une nouvelle façon de penser et d’habiter la ville Marne-la-Vallée associe le durable dans les différents domaines qui la composent, tous forts d’enjeux enrichissants pour l’avenir. La nouvelle ville se sent proche de ses habitants et met en place des habitats qui sont en adéquation avec leurs attentes et les politiques environnementales. La ville a adopté le concept d’écoquartier à grande échelle. En 2009, Epamarne signait deux conventions « écoquartier » formalisant un partenariat avec l’État et les communes pour le développement de deux projets d’écoquartiers à Montévrain et à Bussy Saint-Georges. Intéressons nous à l’écoquartier de Montévrain, qui se situe au sud de la commune du même nom, et sur une surface de 153 hectares. Ici, la problématique se dessine dans la cohérence engagée entre les nouveaux quartiers du Val d’Europe et le centre-bourg historique. La réponse ne s’est pas fait attendre avec la création d’un cœur agrourbain qui permet d’implanter une agriculture de proximité. Cette dynamique s’inscrit parfaitement dans une logique territoriale durable. Conçu par l’architecte Philippe Madec autour d’un parc de 21 hectares, le parc du Mont-Evrin, et d’un cœur agro-urbain, aux abords desquels viennent s’insérer des habitations, des équipements, des activités économiques et de loisirs, l’écoquartier accueillera à terme 2 500 logements familiaux et 450 logements spécifiques ainsi que 385 000 m² de bureaux, d’activités, de services et commerces. Le projet est aujourd’hui à mi-parcours avec 1 300 logements familiaux et 300 logements spécifiques livrés, ainsi que 890 chambres d’hôtels et de résidences services.
La stratégie de développement de mise en œuvre de cet écoquartier se veut exemplaire en matière de développement durable et novateur avec notamment la réalisation de ce cœur agro-urbain qui permet de promouvoir la ville durable. Ce projet repose sur l’idée que l’agriculture doit tisser un lien privilégié et immédiat avec la ville. On ne voit plus la parcelle de l’agriculteur comme un espace qui serait obligatoirement dédié à l’urbanisation, il s’agit plutôt de lui redonner sa gloire d’antan et d’en faire un élément essentiel de l’environnement qui participe à l’évolution de la ville de demain. Avec cet écoquartier, on pressent toute l’importance de sa genèse : comprendre cette relation étroite entre l’histoire et la géographie du lieu, qui constitue le point de départ d’un processus souhaitant s’enraciner dans son territoire. Il s’agit donc d’intégrer un levier entre la vallée de la Marne et le plateau de Jossigny comme une donnée primordiale de l’aménagement en devenir. L’atout de la mise en place d’une activité agricole au sein de ce territoire permettra d’avoir une bonne lisibilité du site. Sur une surface d’une vingtaine d’hectares, le projet de cœur agro-urbain aura donc vocation à accueillir une agriculture de proximité pour les habitants de la commune, mais également des autres habitants aux alentours. L’enjeu sera de privilégier le vrai contact, celui de l’humain, par une interconnexion entre producteur et acheteurs, établissant une relation étroite entre les divers protagonistes. L’écoquartier de Montévrain se veut acteur durable et donc agit localement pour un développement général par la suite. Avec l’ensemble de ces projets et interventions, Marne-laVallée privilégie le lien social et durable, une mixité sur la question de la programmation des projets, la réinvention du collectif et la mise en suspens de l’individualisme. Marne-la-Vallée est en train de réussir avec brio l’élaboration d’une nouvelle manière de penser et de vivre la ville, un territoire qu’il faut suivre avec le plus grand intérêt dès à présent.
Écoquartier de Montévrain, Agence Folléa-Gautier Paysagistes DPLG - Urbanistes © Agence Folléa-Gautier Paysagistes DPLG - Urbanistes
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De haut en bas et de gauche à droite : Écoquartier de Montévrain, Agence Folléa-Gautier Paysagistes DPLG - Urbanistes, lisière urbaine Chemin © Agence Folléa-Gautier Paysagistes DPLG - Urbanistes
L. Guilpain, S. Jean Loyer, A. Rapin, T. Schaefer, J. Stablon, S(t)imulation pavillonnaire ENSMV, Epamarne et Archibooks + Sautereau éditeur, Paris, 2014, 224 p., ISBN 978-2357333109
Marne-la-Vallée
EAV&T
À LIRE
DSA d’architecte-urbaniste
Écoquartier de Montevrain : verger de pommiers dans le parc du Mont Evrin (cueillette raisonnée) © Epamarne / Paysagiste : Urbicus / Photo : Éric Morency
s(t)imulation pavillonnaire
Stimulation pavillonnaire
Parce qu’ils sont considérés comme immuables, les quartiers pavillonnaires sont généralement oubliés dans le processus de fabrication de la ville contemporaine. Leur transformation est cependant possible en revisitant la manière de faire l’urbanisme. Commencer par la stratégie projectuelle avant le règlement urbain, négocier avec son voisin, intégrer les démarches individuelles comme politique urbaines, les méthodes
fait valorisation, de la parcelle à la commune.
s(t)imulation pavillonnaire
Simulation pavillonnaire
À partir de 12 histoires d’habitants et de 12 projets de transformations des terrains et maisons en résultant, dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, cette étude propose de montrer la capacité d’absorption des tissus pavillonnaires et leur véritable potentiel foncier.
s(t)imulation pavillonnaire
Laureline Guilpain Simon Jean Loyer Aurore Rapin Tiemo Schaefer Jérôme Stablon
DSA d’architecte-urbaniste École d’architecture de la ville et des territoires à Marne-la-Vallée
Écoquartier de Montévrain, Agence Folléa-Gautier Paysagistes DPLG - Urbanistes © Agence Folléa-Gautier Paysagistes DPLG - Urbanistes
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t des par le rôle croissan exigences caractérisée et les ie globalisée vie des produits té et la rapidité Dans une économissement des cycles de service, l’efficaci raccourc en termes de ique. C’est l’une échanges, le les consommateurs de la compétitivité économ croissant dans clés croissantes des joue un rôle t, s des facteurs sont devenue lesquelles le transport aérien de cette mutation, l’aéropor dal des raisons pour ues territoriales. Au cœur pôle multimo transforme en outil et un pôle nouvelles dynamiqde communication, se comme un s, créant véritable nœud hub – qui s’impose à la fois toutes les fonction lisation. – un international ouvert à presque s de métropo ement urbain dans le processu de développ s centralités ainsi de nouvelle désveaux delphine
pORtS aERO NaMiQUE
Le cluster Descartes : pôle
Nom, prénom .............................................
d’innovation urbaine
Actuellement, la ville nouvelle est en train d’évoluer vers une autre appellation, celle de « ville durable ». En effet, Marne-la-Vallée a bien intégré que construire, vivre, acheter et travailler durable sont autant d’actions qui illustrent les nouveaux comportements de notre société, et c’est dans cette optique qu’elle se doit de se développer. Cette nouvelle mouvance en qualité d’innovation se traduit au sein de la ville par de nombreux projets d’aménagement, en particulier avec le cluster Descartes, pôle d’excellence du Grand Paris dédié à la ville et à la construction durable. Ce lien vertueux entre enseignement supérieur, recherche et entreprise a pour objectif de favoriser la diffusion des innovations et de développer une stratégie de filière qui répondra aux défis des villes de demain. Le cluster permet ainsi la création de nouvelles activités liées à l’écoconstruction, la mobilité douce ou encore l’efficacité énergétique, vecteurs de croissance et créatrices d’emplois d’avenir. Cette concrétisation s’acte aujourd’hui avec la réalisation de plusieurs projets emblématiques et structurants, à l’image du Pôle de recherche scientifique et technique de Paris-Est, projet architectural conçu par l’architecte Jean-Philippe Pargade. Ce bâtiment-paysage crée un espace public majeur dans la ville de demain, il est pensé comme un prolongement de la trame verte du campus universitaire. Cette architecture s’approprie le concept d’ondulation avec subtilité, et crée le contraste avec la surface plane du site. Ici, on constate une parfaite synergie entre l’architecture et l’environnement, ce dernier étant en totale adéquation avec la programmation du lieu. Cette construction s’inscrit dans une démarche de Haute Qualité Environnementale (HQE) et vise la certification Bâtiment Basse Consommation (BBC). Cet espace est spécialisé dans l’ingénierie du développement durable, traite des questions liées à la ville de demain dans sa mise en place et contribue à la mise en œuvre des engagements du Grenelle Environnement. Dans cette même optique, on retrouve Coriolis, un bâtiment qui se veut exemplaire en matière de construction durable au sein de ce pôle. Il détient une particularité et non des moindres : sa consommation est prodigieuse, il produit plus d’énergie qu’il n’en consomme, une politique durable qui a nécessité la conception de volumes compacts et simples. Ce dernier est organisé autour d’un vaste jardin suspendu, à l’ombre d’une toiture productrice d’énergie.
Et DY OiRES DES tERRit
ENPC/Coriolis est l’aboutissement d’une longue réflexion menée en interne par l’Atelier Thierry Roche & Associés. Ce lieu que l’on pourrait qualifier de « complexe » mélange adroitement trois notions clés : l’enseignement, la formation et la recherche. Pour le maître d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage, il s’agissait de créer autant un outil performant en matière énergétique qu’un véritable lieu de vie.
On note que le cluster Descartes est un espace qui accueille de nombreuses structures plus innovantes les unes que les autres et donne une impulsion qui se veut prometteuse. Pourtant, malgré ses actions positives, il rencontre quelques difficultés dans son taux de fréquentation en soirée et au cours du week-end. Si le cluster Descartes est un espace vivant durant la journée, on remarque que la ruche de Marne-la-Vallée est bien moins active quand vient le soir, et quand le week-end s’installe, l’endroit est alors désert. À l’image du quartier de La Défense, ce lieu rencontre les mêmes problématiques : comment faire vivre cet espace 24 h/24 et lui permettre d’acquérir une vie urbaine qui ne se fasse pas par intermittence ? Dans cette optique et en jouant la carte du territoire attrayant, les Ateliers Lion associés ont été sélectionnés pour mettre en place, au sein du cluster Descartes, un nouveau quartier au large potentiel. Il s’agit ici d’attirer des entreprises mais aussi de nouveaux habitants en offrant des services et des commerces qui assureront une grande qualité de vie. Une programmation qui se voudra mixte, permettant ainsi de créer et de renforcer un lien social et durable. S’étendant sur 1 500 hectares, les architectes ont développé le concept de « nature intense » donnant une
Descartes, architecte : Atelier
Thierry Roche & Associés © Renaud
Araud photographe
83 trame urbaine. L’expérimentation est un des moteurs de cet espace en devenir avec notamment une architecture expérimentale ou encore avec la mise en place de quartiers « zéro carbone », respectueux de l’environnement. L’objectif de ce nouvel aménagement urbain est de dynamiser la croissance du site en travaillant sur l’économie, le social et le durable. Cet aménagement urbain situé à proximité de la nouvelle gare de Noisy-Champs s’intégrera et dialoguera avec cette dernière par le biais des flux humains. Les Ateliers Lion ont pensé cet espace sur une problématique essentielle aujourd’hui : les infrastructures et la mobilité, des éléments qui s’appuient sur les espaces naturels qui constituent la valeur ajoutée du site. Les architectes explorent à fond les nouvelles solutions de la ville durable, en jouant sur divers tableaux, et ont à proposer un projet qui repousse les limites de l’innovation. Ces projets en devenir vont permettre au cluster d’être à terme l’un des pôles majeurs de la métropole francilienne et un quartier d’affaires dit « développement durable » d’avenir. La démarche du cluster permet de donner une vraie crédibilité à Marne-la-Vallée, en donnant des éléments de réponse crédibles et possibles tout en gardant le concept de l’innovation en ligne de mire. Le cluster permet de créer une disponibilité d’espace dans l’accueil des entreprises tertiaires en lien avec les activités développées. Il structure son territoire avec des projets novateurs qui répondent à une vraie demande et intègre les diverses énergies renouvelables de façon juste et pertinente. Le cluster Descartes se veut terrain d’expérimentations mais n’oublie pas pour autant les réelles préoccupations des riverains en termes de logements et commerces.
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De haut en bas : La Cité Descartes à Champs-sur-Marne & Noisyle-Grand © Epamarne / Photo : Éric Morency
Pôle de recherche scientifique de Paris-Est, architecte : Jean-Philippe Pargade © Luc Boegly Pôle de recherche scientifique de Paris-Est, architecte : Jean-Philippe Pargade, vue intérieure © Luc Boegly
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