LE MAGAZINE D’INFORMATIONS DU GRAND PARIS
5,90 € Novembre 2016
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CENTRALITÉS DU GRAND PARIS #9
DOSSIER SPÉCIAL Saint-Denis, 21e arrondissement du Grand Paris PROMOTION IMMOBILIÈRE SPÉCIAL SIMI
À LA UNE Des projets pour le Grand Paris : pour un urbanisme durable LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS Édifier le Grand Paris
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ÉDITO
SIMI. L'immobilier vecteur de succès et d'innovation © SIMI2015
FABRIQUER UN MONDE DURABLE À l'occasion du Simi, Centralités choisit pour ce numéro de polariser sur le Grand Paris et ses villes qui poursuivent admirablement son édification, on retient Saint-Denis et son impressionnant dynamisme socio-urbain. Des villes en pleine mutation, à la manière de lieux devenant icônes. Mutation. Car nous assistons comme en de rares moments, à des modifications profondes de l'espace urbain, qui en appel à plusieurs facteurs agissant communément pour un effet global, pour un Grand Paris durable, pour une ville inventive. Et c'est bien davantage. Maîtres d'ouvrage et maîtres d'œuvre s'accordent dans les projets pour offrir des réponses intelligentes en matière de développement durable, avec certes des techniques de construction en particulier une réflexion sagace quant aux habitudes des utilisateurs. L'aménagement urbain est, et doit être bouleversé dans sa manière d'être pensé. Et les grands acteurs de l'immobilier tiennent un rôle dans ce pari ambitieux : celui de l'innovation, pour fabriquer un monde durable. Marc Sautereau, directeur de publication
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
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OURS Directeur de publication, éditeur : Marc Sautereau m.sautereau@bookstorming.com Conception graphique et mise en page : Adelyne Lefort a.lefort@bookstorming.com
N°9 – novembre 2016 Le magazine décline toute responsabilité pour tous les manuscrits et photos qui lui sont envoyés. Les articles et photos publiés n’engagent que leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.
Coordinatrice éditoriale et secrétaire de rédaction : Charlotte Guy c.guy@bookstorming.com
Prochaine sortie : Mars 2017
Relecture : Benjamin Guérault edito@bookstorming.com
© Stephane Kovalsky
En couverture Stade de France
Publicité : Sébastien Maschino s.maschino@bookstorming.com Paula Cornette p.cornette@bookstorming.com Eva Magnier e.magnier@bookstorming.com Oriane Forner o.forner@bookstorming.com Presse : Manuela Danescu m.danescu@bookstorming.com Rédaction : Centralités du Grand Paris 49, boulevard de la Villette, 75010 Paris Tél : 00 33 (0)1 42 25 15 58 www.centralites.com Abonnement : Bulletin d’abonnement en page 96 Diffusion : MLP en kiosques Le numéro : 5,90 € Dépôt légal : novembre 2016 Centralités du Grand Paris est édité par Bookstorming
OURS
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RÉDACTEURS Christine Blanchet Historienne de l’art Pierre Delohen Diplômé en lettres modernes et journaliste. Rédacteur en chef en presse quotidienne régionale, collabore au Moniteur spécialiste des travaux publics et du bâtiment à Lyon. Marlène Faivre Journaliste et spécialiste immobilier et nouvelles technologies Charles Gérard Journaliste Corinne Gruissard Journaliste spécialisée en urbanisme et architecture Béatrice Hébert Historienne de formation spécialisée dans les villes européennes Bertrand Lemoine Architecte, ancien directeur général de l’Atelier international du Grand Paris Virginie Picon-Lefèbvre Architecte dpg, urbaniste ENPC, elle enseigne à l’école nationale supérieure d’architecture Belleville, a enseigné à Harvard, à la Graduate School of Design et à l’école d’architecture de Versailles. Elle est membre fondateur d’un laboratoire de recherche le LIAT. Elle a écrit ou dirigé de nombreux ouvrages. Pierre Pech Géographe, LADYSS, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne Jean-François Pousse Journaliste et critique d’architecture. Rédacteur en chef de Techniques & Architecture la décennie 2000, il a aussi enseigné l’histoire des bibliothèques. Il publie régulièrement des ouvrages consacrés au monde de la ville et de l’architecture.
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SOMMAIRE
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SOMMAIRE P008
À LA UNE Des projets pour le Grand Paris : pour un urbanisme durable
P014
LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS Édifier le Grand Paris
P024
DOSSIER SPÉCIAL Saint-Denis, 21e arrondissement du Grand Paris
P036
PAROLE D’ÉLU Didier Paillard, Maire de Saint-Denis
P044
FOCUS URBANISME Campus SFR à Saint-Denis
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PROMOTION IMMOBILIÈRE SPÉCIAL SIMI L'immobilier vecteur de succès et d'innovation
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SMART DESK Une révolution du tertiaire 3.0
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DOSSIER SOCIÉTAL Qu'est-ce que la méthode BIODIB ?
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DOSSIER CULTURE La « villa » Médicis du Grand Paris
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DOSSIER URBANISME Campus Jussieu : les mutations d’une icône moderne
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
4 SOCIÉTÉS D’ÉCONOMIE MIXTE DES HAUTS-DE-SEINE ET DES YVELINES REGROUPées
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DES PROJETS POUR LE GRAND PARIS : POUR UN URBANISME DURABLE
P014 LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS ÉDIFIER LE GRAND PARIS
À LA UNE Par : Bertrand Lemoine
DES PROJETS POUR LE GRAND PARIS : POUR UN URBANISME DURABLE DANS LE COMPLEXE EMBOÎTEMENT D’ÉCHELLES QUE CONSTITUE AUJOURD’HUI LE GRAND PARIS (PARIS, LES DÉPARTEMENTS, LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS, LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE, L’AIRE URBAINE DE L’AGGLOMÉRATION, LA VALLÉE DE LA SEINE, ETC.), COMMENCE À SE PRÉCISER CE QUI VA CONCRÈTEMENT IMPRIMER UNE MARQUE TERRITORIALE SUR CETTE MÉGAPOLE. LA PRISE EN CONSIDÉRATION D’UNE ENTITÉ GÉOGRAPHIQUE, QUELLE QU’ELLE SOIT, ET DONC D’UN PÉRIMÈTRE, SUGGÈRE EN EFFET QUE CETTE ENTITÉ EST EN MOUVEMENT DANS SA GLOBALITÉ ET QUE TOUT SON ESPACE VA SE TRANSFORMER EN QUELQUE CHOSE DE DIFFÉRENT À UN HORIZON PLUS OU MOINS ÉLOIGNÉ. OR CETTE VISION COURAMMENT PARTAGÉE NE CORRESPOND PAS À LA RÉALITÉ DE CE QUI SE PASSE EN MATIÈRE DE DYNAMIQUES TERRITORIALES.
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Les territoires de projets du Grand Paris, soit environ 1600 sites. Source : IAU © Open street map
en cours / programmé / à l'étude / annoncé Projet mixte habitat / activités Projet à vocation principale d'habitat Projet à vocation principale économique Projet d'espaces ouverts Projet d'équipement (avec périmètre) Site à l'étude dont la vocation reste à définir ― Projets de transport en commun
La carte des projets d’aménagement sur la région Île-deFrance tenue à jour par l’IAU montre ainsi environ 1 600 opérations réparties sur tout le territoire. Cela ne correspond pas à la totalité des projets de construction. Ne sont recensés ici que les projets d’une certaine échelle : projets de plus de 70 logements en zone urbaine (40 en zone rurale), projets de plus de 5 000 m2 de surface de plancher, de plus d’un hectare d’emprise au sol, projets d’équipements de niveau métropolitain, grands espaces verts. N’apparaissent donc pas les immeubles isolés, le secteur diffus des maisons individuelles, les petites emprises commerciales ou tertiaires.
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
La carte des projets d’aménagement sur la région Île-deFrance tenue à jour par l’IAU montre ainsi environ 1 600 opérations réparties sur tout le territoire. Cela ne correspond pas à la totalité des projets de construction.
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Un archipel de projets Outre les réseaux de transport publics ou routiers en cours de réalisation ou planifiés, ce sont ces 1 600 projets qui forment le véritable corpus de l’évolution profonde du Grand Paris dans les 10 ou 20 prochaines années. La structure de la mégapole, agglomération porteuse de fonctions majeures de plus de 10 millions d’habitants, n’est donc pas homogène. C’est un archipel de projets discontinus surtout concentrés en petite et moyenne couronnes qui définit une armature de lieux où il va se passer quelque chose de significatif. Ces lieux sont plus ou moins reliés entre eux par des réseaux existants ou à venir mais ils sont aussi en connexion avec le reste de l’agglomération. On peut risquer une métaphore : les lieux de projets urbains sont comme les galaxies en pleine activité dans l’univers, dans un continuum rempli de matière noire et d’énergie sombre qui en constituent l’essentiel, sans pour autant interagir avec la matière visible. On peut tirer deux conséquences de cette appréhension de la dynamique de transformation de la mégapole. Ces 1 600 projets vont être les ferments de nouveaux quartiers voire de nouvelles centralités qui vont permettre d’articuler une configuration des territoires en phase avec la mutation des pratiques de la vie métropolitaine. C’est donc là qu’il faut consacrer l’essentiel de la réflexion urbaine et des investissements.
Outre les réseaux de transport publics ou routiers en cours de réalisation ou planifiés, ce sont ces 1 600 projets qui forment le véritable corpus de l’évolution profonde du Grand Paris dans les 10 ou 20 prochaines années.
Le reste du territoire du Grand Paris n’a donc pas forcément vocation à bouger beaucoup. Certes les gens vivent, se déplacent, les populations se renouvellent, le commerce s’adapte, les usages de l’espace également, les arbres poussent, les voitures se renouvellent, ça et là des constructions remplacent d’autres. Mais fondamentalement la morphologie urbaine de la plus grande partie du Grand Paris ne changera pas d’ici 20 voire 50 ans. Cela ne signifie pas qu’il n’y a rien à y faire : il faut continuer à gérer l’espace public, l’adapter aux modes de vie, le rendre plus confortable, plus sûr, aller vers une mixité accrue des habitants, leur offrir des services adéquats, etc., bref continuer à gérer la ville. Cela ne vaut pas que pour les espaces urbains denses, comme le sont désormais la quasi totalité des quartiers de Paris intra-muros, où seuls les faisceaux ferroviaires et quelques franges périphériques offrent de réelles possibilités de mutations urbaines. Cela vaut aussi pour quantité de territoires suburbains ou périurbains qui ne seront pas substantiellement modifiés dans les décennies à venir. L’enjeu est ainsi de passer d’un urbanisme d’expansion, de conquête et de croissance, celui du xxe siècle, à celui du recyclage, de l’adaptation et de la reconstruction de la ville sur elle-même, celui du xxie siècle.
À LA UNE
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Tout conserver On peut aussi aller plus loin. Un certain nombre de sites urbains, agricoles ou ruraux sont désormais sanctuarisés. Les évolutions qui peuvent s’y passer ne peuvent pas être radicales et elles sont étroitement contrôlées pour ne pas perturber leur équilibre fragile. C'est le cas de l’essentiel de Paris, des territoires des ZPPAU ou des AVAP, des sites classés, des abords des Monuments historiques, de territoires agricoles comme le plateau de Saclay, figés par la loi sur le Grand Paris, de sites naturels classé, etc. En réalité il y en a déjà beaucoup et les règles d’urbanisme incluses dans les PLU les renforcent encore. Mais on pourrait considérer que tout le territoire métropolitain est à protéger, sauf les 1 600 territoires de projets à court ou moyen terme déjà identifiés. Au xxe siècle, on pouvait construire ce que l’on voulait sauf là où c’était protégé. Au xxie siècle, on ne devrait pouvoir construire que d’une manière limitée sauf là où c’est libre.
Ces 1 600 projets vont être les ferments de nouveaux quartiers voire de nouvelles centralités qui vont permettre d’articuler une configuration des territoires en phase avec la mutation des pratiques de la vie métropolitaine.
Les sites « Inventons le Grand Paris »
© Société du Grand Paris
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Les 61 sites retenus pour la consultation « Inventons le Grand Paris ». Source : SGP © D.R.
Il s’agirait donc dans la quasi-totalité des territoires de mettre en place des règles simples mais efficaces qui ne permettent que des changements ponctuels (une dent creuse, un immeuble qui remplace un autre, une surélévation, des modifications d’usage, etc.). Dans les territoires de projet, d’autres règles, plus souples sans doute, sont à définir en fonction des objectifs poursuivis, avec une question essentielle à régler qui est celle de la hauteur des édifices, car elle empiète visuellement sur les territoires voisins. Donc tout conserver a priori sauf sur les territoires de projet bien identifiés, dont la définition pourrait d’ailleurs évoluer. Ce renversement de paradigme peut contribuer à fonder un urbanisme durable.
Une deuxième conséquence porte sur la nécessité de s’interroger sur la nature des nouveaux quartiers à construire. Quel type de ville souhaitons-nous vraiment ?
Une deuxième conséquence porte sur la nécessité de s’interroger sur la nature des nouveaux quartiers à construire. Quel type de ville souhaitons-nous vraiment ? Différentes morphologies se présentent, certaines éprouvées par l’usage, d’autres obsolètes, d’autres enfin qui correspondent à des modes de vie caractérisés par la séparation des fonctions urbaines et des populations. Il est certes illusoire ni même souhaitable que l’on développe les villes sur un seul modèle. Mais ceux qui se sont révélés suffisamment résilients ou robustes à l’usage pour offrir un cadre de vie apprécié par ceux qui y habitent devraient être davantage pris en considération. En simplifiant, on peut en distinguer trois, tous articulés sur le principe de la rue comme fondateur de l’espace public : la ville néohaussmannienne, dense mais avec des hauteurs limités de 5 à 11 étages ; le bourg composé de maisons de ville bâties en continu ; la ville pavillonnaire et ses maisons avec jardins. D’autres types essentiellement monofonctionnels continueront à subsister : le cluster de tours de bureaux type La Défense, les grandes zones commerciales ou agrégats de surfaces de vente uniquement accessibles en voiture etc. Mais veut-on vraiment de ces villes là ? Dans cette perspective, les initiatives « inventives » récemment présentées par différents acteurs parisiens ou métropolitains apparaissent comme un simple coup de projecteur porté sur une partie des 1 600 territoires de projet mentionnés. Ainsi « Inventons la métropole du Grand Paris » a retenu 61 sites dont 22 à proximité d’une gare du Grand Paris À LA UNE
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Express, et couvrant au total 225 hectares. De même les gares du nouveau réseau de transport rapide seront-elles pour une part autant d’occasions de projets d’envergure. Les éventuels Jeux olympiques ou Exposition universelle de 2025 en fourniront peut-être d’autres. Il y a donc urgence à clairement identifier les lieux qui ont vocation à être le support de projets urbains dans les 20 ou 30 années qui viennent et à sanctuariser le reste de la ville et des espaces naturels. C’est le sens d’un urbanisme durable, qui sait voir loin quant aux ressources foncières disponibles et qui préserve le reste dans un recyclage urbain constant et pérenne. En tous cas l’observation des dynamiques de mutations en cours montre bien ce processus de focalisation sur un nombre limité d’opérations et non sur la totalité du territoire.
Il y a donc urgence à clairement identifier les lieux qui ont vocation à être le support de projets urbains dans les 20 ou 30 années qui viennent et à sanctuariser le reste de la ville et des espaces naturels.
Paris, vue d'ensemble © D.R.
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS Par : Charles Gérard
ÉDIFIER LE GRAND PARIS LA NOUVELLE ZAC CRÉÉE EN 2011, UNE OPÉRATION D’ENVERGURE, CONFIÉE À LA SEMABA, SUR 10 ANS. FOCUS SUR LA VILLE DE BAGNEUX QUI S'ILLUSTRE COMME L'UNE DES PREMIÈRE PIERRE DE L'ÉDIFICATION DU GRAND PARIS.
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Contexte Située à 3 kilomètres de Paris, la ville de Bagneux est un lieu attractif pour un grand nombre d’investisseurs. En effet ils ont perçu les qualités d'un territoire nécessaires pour lancer et développer des opérations mixtes d’envergure. Soit l'élévation d'immeubles de bureaux, commerces, logements, ce qui profite aux habitants de Bagneux et qui inscrit la ville dans le projet du Grand Paris de manière générale. La ville ainsi ne cesse ainsi de s'ouvrir aux investisseurs nouvelles entreprises, nouveaux commerces, nouveaux services plus grand –, selon Marie-Hélène Amiable, maire de Baigneux, en depuis plusieurs année la ville développe une politique d’accueil et d’accompagnement des porteurs de projets, des investisseurs, des entreprises et de leurs salariés. Un avantage aussi non négligeable est la connexion directe de la ville à la Métropole grâce à la ligne 4 du métro parisien et la ligne 15 du Grand Paris Express, une nouvelle centralité urbaine va s’y développer. Son dynamisme se renouvelle donc, dans les perspectives offertes parle Grand Paris. Alors que les terrains disponibles sont rares dans la petite couronne, la ville a su « inventer le foncier » en le libérant pour des projets de qualité, grâce à son plan local d’urbanisme (PLU). D’ici 2025, à l’échelle de la ville, ce foncier rendu disponible accueillera quelques 12 000 nouveaux emplois et plus CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
L'architecture ambitieuse signée SCAU © Codic
Un avantage aussi non négligeable est la connexion directe de Bagneux à la Métropole grâce à la ligne 4 du métro parisien et la ligne 15 du Grand Paris Express, une nouvelle centralité urbaine va s’y développer.
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La façade 100% vitrée double peau ventilée naturellement © Codic
de 7 000 nouveaux logements de tous types. Tous les projets urbains ont été conçus en concertation avec les habitants.
Résonance, première opération de la ZAC écoquartier Victor Hugo qui comportera, à terme, 122 000 m2 de bureaux et 75 000 m2 de logements, ce qui représente une mutation urbaine d’envergure avec la mixité des programmes.
Les ambitions du projet urbain sont de faire de la gare un point central du quartier, relier plus fortement les quartiers entre eux, pour ainsi favoriser la création d'emplois et le développement économique, mais aussi valoriser le végétal et structurer le quartier par une trame verte, marquer l'entrée de ville par un traitement architectural affirmé, favoriser une densité maîtrisée autour de la gare et favoriser la diversité des programmes et la mixité sociale, créer et rénover des équipements publics au service de tous et ainsi intégrer les préoccupations environnementales. L'immeuble Résonance s'inscrit parmi les succès notables de cette politique urbaine engagée sur le long terme, à l’image du parc d’entreprises Green Square et des immeubles de bureaux Aristide. Résonance, première opération de la ZAC écoquartier Victor Hugo qui comportera, à terme, 122 000 m2 de bureaux et 75 000 m2 de logements, ce qui représente une mutation urbaine d’envergure avec la mixité des programmes. Entrer en Résonance Sur la commune de Bagneux, l’immeuble Résonance, développé par CODIC, occupe une situation stratégique, sur l’axe majeur du Sud francilien, il est en connexion avec le cœur de Paris, ce qui représente un atout majeur pour les utilisateurs et les visiteurs. L’immeuble Résonance vient faire le lien entre un pôle de bureaux affirmé et la nouvelle gare multimodale de Bagneux. Iconique et connecté sont les maîtres-mots de l'immeuble Résonance. En effet on perçoit et les images démontrent sa forte identité visuelle, résultat d'une recherche architecturale ambitieuse signée par l’agence SCAU. Le hall d'accueil, ainsi que les 8 plateaux de 3 000 m2 constituent des espaces de volumétrie généreuse et importantes. La façade vitrée en double LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS
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CHIFFRES CLÉS 19 hectares 1 500 logements 25 000 m2 de commerces 110 000 m2
de bureaux
4 000 habitants supplémentaires 9 000 emplois créés 1 nouvelle école 1 crèche reconstruite et agrandie 1 équipement « multifonctionnel » de 4 000 m
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La façade vitrée en double peau ventile naturellement, elle respire. Ce procédé permet de limiter les apports de chaleur extérieurs, tout en offrant aux occupants 100 % de surfaces vitrées.
1 coulée verte pour les piétons et vélos au cœur de l’écoquartier
1 nouveau jardin public et de nouveaux espaces verts 1 rue nouvelle et les rues existantes réaménagées…
Résonance bénéficie de plateaux de 3 000 m2 © Codic
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peau ventile naturellement, elle respire. Ce procédé permet de limiter les apports de chaleur extérieurs, tout en offrant aux occupants 100 % de surfaces vitrées et plus de 80 % des surfaces en premier jours. La conception de l’immeuble permet, d’allier confort et respect de l’environnement, elle atteint un niveau de performance environnementale remarquable, distingué par la double certification HQE® / BREEAM et l’amélioration de 30 % des exigences de la règlementation thermique de 2012. Maxime Barbier et Luc Delamain, architectes associés de l’agence SCAU expliquent que « la singularité de l’immeuble de bureaux Résonance tient à la conception de sa façade en écailles. S’alliant à la forme originale du plan constitué de nombreux redans, elle laisse entrer la lumière naturelle et offre une variété d’orientations et de qualité de vues. En adéquation avec l’usage et l’adaptabilité permanente des technologies d’information et de communication en milieu professionnel, les espaces de travail constitués de plateaux en open-space facilitent les changements de configurations, créent du lien et favorisent les échanges. Cet environnement de travail privilégié a été pensé dès sa conception selon une démarche de haute qualité environnementale et dans un souci de performance énergétique élevée sans nuire au confort des utilisateurs. »
Résonance est agrémenté de terrasses et patios. © Codic
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Hall d’accueil aux volumes spectaculaires. © Codic
CALENDRIER DU PROJET 2012-2013 les 1ers travaux préparatoires (démolition, réseaux, etc.)
2014-2017 construction des 1ères opérations à l’arrière du théâtre et sur la rue de Verdun
2016-2020 aménagement des îlots entre Rolland/Courbet et sur la RD920
2018-2024 aménagement de l’îlot gare et ses abords
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Cet environnement de travail privilégié a été pensé dès sa conception selon une démarche de haute qualité environnementale et dans un souci de performance énergétique élevée sans nuire au confort des utilisateurs.
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Propos recueillis par : La Rédaction
Thierry Behiels © D.R.
THIERRY BEHIELS PRÉSIDENT DE CODIC FRANCE Notre métier est de bâtir l'avenir Dès 2007, ce lieu avait suscité, chez Codic, un intérêt particulier de par son emplacement stratégique en bordure d’un axe majeur, la Nationale 20, devenue par la suite la Départementale 920. Le sud de Paris nous semblait être un marché à potentiel, en plein essor. Nous nous voulons toujours avant-gardistes et créateurs de valeur sur des marchés en devenir, comme nous est apparu la ville de Bagneux. Nous avons identifié l'attractivité du territoire déjà en 2007, avec l'acquisition d'un premier foncier, puis d'un second en 2009. Nous avons ainsi décidé d’y développer un premier projet ambitieux, l’immeuble des bureaux Résonance ; d’autres projets tertiaires sont actuellement à l’étude dans le même secteur. Les mots d’ordre des prestations de Résonance sont : efficacité, qualité, services. En effet, la notion de services ressort de plus en plus dans les critères de choix des utilisateurs et pour laquelle nos équipes ont travaillé d’arrache-pied. Deux partenaires de renom : Sodexo pour la partie services avec la création d’une marque dédiée à l’immeuble « Résonance Services » et Schneider Electric pour la digitalisation et l’hyper-connectivité de notre immeuble, nous ont permis d’atteindre cet objectif de service optimal. Un premier occupant, Neopost, s’est installé dans l’immeuble en 2016. L’efficience des plateaux, leurs tailles, leurs modularités et l’architecture sobre et élégante ont été des critères de choix déterminants. Je suis très heureux et fier de Résonance, fruit du travail et de la qualité estampillés Codic.
DOSSIER INTERNATIONAL
FONCIÈRE DES RÉGIONS C0-créateur d’histoires immobilières
Foncière des Régions est engagée principalement aux côtés des entreprises Grands Comptes (Suez Environnement, Thales, Dassault Systèmes, Orange, Edf, IBM, Eiffage…) sur le marché des Bureaux. Le groupe déploie également son activité, de façon pionnière et pertinente, sur deux autres secteurs stratégiques que sont le Résidentiel en Allemagne et l’Hôtellerie en Europe. Avec un patrimoine situé sur les marchés porteurs que sont la France, l’Allemagne et l’Italie, Foncière des Régions est aujourd’hui le partenaire reconnu des entreprises et territoires, qu’elle accompagne dans leur stratégie immobilière avec un double objectif : valoriser le patrimoine urbain existant et concevoir l’immobilier de demain.
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– Crédits photo : O. Ouadah, Motel One, Bloom Images, Sauerbruch Hutton.
de patrimoine
Conception–réalisation :
18 Md€
Acteur de référence de l’immobilier tertiaire, Foncière des Régions a construit son développement et son patrimoine autour d’une valeur clé et caractéristique, celle du partenariat.
P024 DOSSIER SPÉCIAL
SAINT-DENIS, 21e ARRONDISSEMENT DU GRAND PARIS
P036 PAROLE D’ÉLU
DIDIER PAILLARD MAIRE DE SAINT-DENIS
P044 DOSSIER URBANISME
CAMPUS SFR À SAINT-DENIS
Grand Paris Express, perspective aérienne sur la future Gare Saint-Denis Pleyel - Société du Grand Paris © Agence Kengo Kuma and associates
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DOSSIER SPÉCIAL SAINT-DENIS, 21e ARRONDISSEMENT DU GRAND PARIS Par : Béatrice Hébert
L’HISTOIRE DE SAINT-DENIS EST DÉJÀ LONGUE, MAIS ELLE EST LOIN D’ÊTRE TERMINÉE. TOUR À TOUR VILLE DES ROIS, DES OUVRIERS, DES IMMIGRÉS ET DES COLS BLEUS, LA TROISIÈME PLUS GRANDE VILLE DE LA MÉTROPOLE (DERRIÈRE PARIS ET ISSY-LES-MOULINEAUX) VA AU-DEVANT D’UNE NOUVELLE PHASE DE MÉTAMORPHOSE. CELLE QUE L’ON CONNAISSAIT HIER ENCORE COMME CAPITALE DE LA BANLIEUE NORD EST AUJOURD’HUI LE FER DE LANCE DE LA CANDIDATURE DE PARIS À L’ORGANISATION DES JEUX OLYMPIQUES DE 2024. LIGNE APRÈS LIGNE, LE GRAND PARIS EXPRESS VIENDRA FAIRE ÉMERGER LÀ UN HUB QUI N’AURA RIEN À ENVIER À CEUX DE MONTPARNASSE OU SAINT-LAZARE. RICHE DE SA JEUNESSE, DE SA DESSERTE ET DE SES POTENTIELS FONCIERS, LA VILLE S’AFFIRME DE PLUS EN PLUS COMME UNE CENTRALITÉ MÉTROPOLITAINE.
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Le bourg et les faubourgs historiques de Saint-Denis sont encore là, et bien là, plus peuplés, plus denses et plus urbains que jamais. Mais depuis l’époque de la basilique, la nécropole des rois et reines de France a vu son territoire accumuler les témoignages de plusieurs siècles d’urbanisme. Usines, grands ensembles, quartier d’affaires et ZAC modernes cohabitent en une même commune. Reliquats du passé ou signes avant-coureurs d’une nouvelle renaissance, tous les quartiers de Saint-Denis sont à présent pris dans une nouvelle dynamique de mutation. Une gare clé pour le territoire Le Grand Paris Express sera sans doute le principal catalyseur de changement pour Saint-Denis. Car la ville est gâtée par le méga-projet de métro, qui lui consacre le rang de hub en faisant se rencontrer, à Pleyel, presque toutes les lignes du futur réseau. La 14 sera la première à être mise en service, à compter de 2019. Elle est peut-être la plus attendue car, desservant le cœur de Paris, elle promet de dé-saturer, enfin, l’infernale ligne 13. Suivront les lignes 16 et 17 – la première desservira les communes du grand Est parisien, et la seconde les pôles économiques promis dans le nord de la région – Le Bourget, EuropaCity, Charles-de-Gaulle… En 2027, la rocade sera bouclée : Saint-Denis et La Défense ne seront plus qu’à treize petites minutes l’une de l’autre. Projeter un nœud de transports est une chose, réussir son ancrage urbain en est une autre. Les projets qui fusent autour du nouveau pôle gare devront, forcément, s’écrire à de très nombreuses mains. À commencer par celles de la SGP, qui a missionné une signature mondiale, l’architecte Kengo Kuma, pour réaliser un objet-gare en origami venant délicatement réconcilier une topographie complexe. L’arrivée de cette nouvelle gare sera l’occasion de recoudre l’une de ces balafres infrastructurelles venues taillader le territoire dyonisien au xixe siècle. Le pôle d’échanges s’implantera en effet côté Ouest du rail, face à l’actuelle gare de RER D du Stade de France. Entre les deux, l’arrière de la Gare du Nord : un faisceau ferré de presque 50 voies, large de
Le Grand Paris Express sera sans doute le principal catalyseur de changement pour Saint-Denis. Car la ville est gâtée par le méga-projet de métro, qui lui consacre le rang de hub en faisant se rencontrer, à Pleyel, presque toutes les lignes du futur réseau.
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Franchissement des voies ferrées à Saint-Denis Pleyel, perspective aérienne
300 mètres. Une coupure qui demandera bien plus qu’une simple passerelle. C’est un colossal ouvrage de franchissement, déjà chiffré à quelques 600 millions d’euros, qui est envisagé pour enjamber ce vide urbain. Ici, c’est Plaine Commune qui est aux manettes, dans le cadre d’une co-maîtrise d’ouvrage l’associant à la SGP et à la SNCF, dont les voies seront impactées.
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© Ida+
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Groupe scolaire Taos Amrouche / Le Cordouan Atelier Novembre
© Aiman Saadellaoui pour la ville de Saint-Denis
Même si la clé de financement n’est pas encore tout à fait trouvée, Marc Mimram et Thomas Richez ont déjà été désignés comme architectes à l’issue d’un vaste concours. Leur programme : une passerelle pour les piétons directement branchée à la gare, et un pont greffée à la trame viaire existante, réconciliant espaces pour les cycles, les voitures et un site propre pour transports en commun. La prouesse technique est double : perturber le moins possible le fonctionnement ferroviaire, et épouser des niveaux de sols différents de part et d’autre, en étendant l’ouvrage bien au-delà du vide à surmonter pour trouver la pente la plus douce possible. Au pont et à la passerelle s’ajoute un troisième élément de structure, prévu pour porter un immeuble entier au-dessus des rails. Un programme immobilier qui viendra créer de l’animation sur le pont, devenu « habité », tout en le protégeant des grands vents… L’opération s’annonce emblématique, et se cherche d’ores et déjà promoteurs, investisseurs et concepteurs en rejoignant le grand appel à projets innovants « Inventons la Métropole ». Au passage, le nouveau franchissement doit jouer un rôle conséquent à une échelle bien plus vaste que le quartier, en recréant l’axe Est-Ouest qui manque aujourd’hui cruellement au territoire – il n’y a guère aujourd’hui que la rue du Landy qui assure cette fonction.
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Nouveau chapitre pour la Plaine C’est avant tout pour les secteurs au Sud du Canal que la nouvelle gare va changer la donne, comme le RER et le Stade de France en leur temps – et peut-être plus encore. Côté Est, le secteur de la Plaine était à Paris ce que East End fut à Londres : un immense secteur productif fait d’usines, de manufactures, de rails. Peut-être, dit-on, la zone industrielle la plus puissance de France. Sa reconversion a débuté dans les années 1980/1990 à travers le projet répondant au nom de code « Hippodamos ». L’idée d’alors était de faire passer le secteur d’une fonction majoritairement industrielle à une fonction majoritairement tertiaire. Autour du stade, indéniablement, le projet a pris. Chaque matin, chaque soir, la Place aux Étoiles voit arriver et partir les cols bleus qui travaillent dans les studios du Lendit ou dans les sièges sociaux qui ont fleuri ici. Parmi les adressages prestigieux : la SNCF, Vente Privée, ou encore, dernier en date, l’immense campus tertiaire de SFR. Plus au Sud, cependant, beaucoup reste à faire. Ces trois dernières décennies, les ZAC historiques comme celle de la Montjoie ont plusieurs fois fait les frais d’une conjoncture difficile. Aux bureaux qui se commercialisaient difficilement, on a finalement préféré les logements. Petit à petit, le Landy prend la forme d’un véritable quartier, tandis que commerces et équipements viennent absorber la croissance démographique du secteur : un groupe scolaire conçu par AAVP, bientôt un lycée BEPOS par Brénac & Gonzalez, et même une petite église construite par Patrick Berger et Jacques Anziutti. Années après années, de nouvelles voies s’ouvrent pour remailler les grandes parcelles industrielles. Confiantes dans le potentiel du secteur, les ZAC, elles, s’agrandissent pour ouvrir la voie à de nouvelles opérations. Côté Aubervilliers, on attend surtout l’arrivée du Campus Condorcet, récemment confié en PPP à Vinci Construction avec l’Agence TER. Le grand projet universitaire tout en longueur doit venir tirer un trait d’union entre le nouveau quartier construit autour de la Place du Front Populaire et du terminus de la ligne 12, et le Nord de la Plaine. L’ensemble universitaire sera construit le long de la rue des Fillettes, sur laquelle Plaine Commune aimerait faire étendre le tramway T8 pour le faire entrer directement dans Paris, via le projet de la Gare des Mines et jusqu’au nouveau pôle gare Rosa Parks.
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Tête de Réseau AUC © D.R.
L’ambition olympique de Pleyel - Bords de Seine Une autre pièce maîtresse dans le puzzle de la recomposition dyonisienne se situera à l’Ouest du rail. La nouvelle gare du Grand Paris devra réussir à s’articuler au mieux (mais en surface uniquement) avec la ligne 13, au niveau du Carrefour Pleyel. Autour de ces deux stations, les urbanistes de l’AUC avaient déjà décelé plus de 500 000 m² de constructibilités lors de la rédaction du Contrat de développement territorial (CDT) « Territoire de la Culture et de la Création ». L’agence de Djamel Klouche poursuit ses études en vue d’une opération d’aménagement majeure à l’échelle du Grand Paris : un morceau de ville de plusieurs milliers de logements et bureaux, dans des formes de grande hauteur et favorable aux piétons. Encore un peu plus à l’Ouest, l’avenir de Saint-Denis est suspendu aux lèvres du CIO. Paris, candidate à l’organisation des Jeux Olympiques, a en effet, pour la première fois, proposé que ce soit la banlieue qui accueille le Village des Athlètes. Une alliance Paris / Seine-Saint-Denis couplée à un plan d’actions renforcé, susceptible d’activer au maximum l’effet levier que pourront avoir les Jeux sur le territoire. Pour le seul Village de Pleyel (le Village des Médias se situera au Bourget – La Courneuve), quelques 3 500 logements seront
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Une autre pièce maîtresse dans le puzzle de la recomposition dyonisienne se situera à l’Ouest du rail. La nouvelle gare du Grand Paris devra réussir à s’articuler au mieux (mais en surface uniquement) avec la ligne 13, au niveau du Carrefour Pleyel.
à construire par les opérateurs autour de la Cité du Cinéma, qui sera elle-même investie d’infrastructures temporaires, comme le restaurant des sportifs, ainsi que sur les communes voisines de l’ÎleSaint-Denis et de Saint-Ouen.
En cours d’études par Dominique Perrault et Finn Geipel, le Village s’organiserait en écoquartier autour de grands espaces publics. Il serait l’occasion pour les trois communes de retisser un lien avec leurs berges de Seine. Le fleuve est en effet le fil rouge de la candidature : toutes les berges deviendraient une longue « route des fans », tandis qu’Anne Hidalgo promet le retour de la baignade dans le fleuve pour accueillir des épreuves en eau libre. Une fois les Jeux terminés, le Village retomberait dans le droit commun de la ville résidentielle, avec revente des logements aux habitants et maintien des infrastructures culturelles et sportives. Les Jeux devraient également déclencher la réalisation d’un stade nautique olympique à Saint-Denis – l’un des seuls équipements à construire dans le cadre de la candidature. C’est finalement le site Engie du CRIGEN, directement adjacent au Stade de France, qui a été préféré au Fort d’Aubervilliers par le comité Paris 2024.
Paris 2024 © D.R.
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Site olympique GIP Paris 2024 © D.R.
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QUIGP : en quête de la jeunesse éternelle Saint-Denis aime à la rappeler : avec près de 50% de moins de trente ans, elle compte parmi les communes les plus jeunes de France. Les sites universitaires du département tournent à plein, à commencer par Paris 8 et Paris 13, ou encore le CNAM. Une vocation que le territoire renforcera avec l’ouverture du Campus Condorcet, regroupant les unités de sciences humaines d’une dizaine d’organismes fondateurs – la Sorbonne, le CNRS, l’EHESS… Cette nouvelle donne universitaire est stratégique pour Saint-Denis, qui voit là l’occasion de capter une nouvelle population jeune, formée, et susceptible de faire rayonner son territoire à l’international. Une prémonition saisie par l’EPA Plaine de France, qui planche depuis plusieurs mois à la préfiguration d’un vaste projet de Quartier Universitaire International du Grand Paris (QUIGP). Non pas une Cité universitaire concentrée comme celle de la Porte de Gentilly, mais un campus urbain de 5 000 logements répartis à travers tout le territoire de Saint-Denis, en interaction avec la ville et les habitants. Tandis que de nouveaux lieux comme le 6B placent de plus en plus Saint-Denis sur la carte mentale de la jeunesse métropolitaine, le QUIGP aura vocation à ne pas seulement accueillir des étudiants de passage, mais des étudiantsrésidents. Le métro permettra de venir à Saint-Denis, mais également d’en partir… Le risque serait que les nouveaux moyens de transports représentent une occasion de vivre ailleurs qu’à Saint-Denis. Pour conjurer ce phénomène, l’EPA Plaine de France planche à un concept attractif : des loyers très modérés, un positionnement résolument orienté vers les étudiants et chercheurs venus du monde entier, et une batterie d’équipements (salles de sport, Fab Lab, restaurant universitaire, coworking, learning center…), disséminés à travers la ville et, autant que faire se peut, mutualisés avec les habitants. Bref, de quoi faire de Saint-Denis un lieu d’intensité et de destination au long de l’année. Le projet se construit actuellement en dialogue continu avec Plaine Commune, mais également avec la Ville de Paris, partie prenante de l’initiative. Une preuve supplémentaire des synergies qui se créent entre la capitale et Saint-Denis.
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Saint-Denis Nord : la ville pour tous ? Le sud de Saint-Denis attire tous les re- Devant l’inévitable gards tant les reconversions annoncées phénomène de sont spectaculaires. Mais pour les quar- Brooklynisation, tiers historiques, au Nord, c’est un autre l’enjeu pour Saintjeu qui se joue. Après-guerre, l’explosive Denis sera de savoir croissance de la banlieue avait généré l’éclosion de bidonvilles, bientôt rempla- comment négocier cés par les grands ensembles de HLM sa gentrification, et les cités de transits pour travailleurs trouver ses grands migrants. Dans sa culture comme dans équilibres sociosa morphologie urbaine, Saint-Denis démographiques, reste aujourd’hui caractérisée par cette et faire profiter de histoire ouvrière et cosmopolite. Mais ce n’est pas parce que la Plaine se posi- son nouvel essor économique à toute sa tionne pour accueillir les très courtisées classes supérieures et classes créatives population. que la ville entend renoncer à son identité populaire. Devant l’inévitable phénomène de Brooklynisation, l’enjeu pour Saint-Denis sera de savoir comment négocier sa gentrification, trouver ses grands équilibres sociodémographiques, et faire profiter de son nouvel essor économique à toute sa population. Avec le Programme national de rénovation urbaine (PNRU), ce sont quelques 250 millions d’euros qui ont déjà été investis pour redresser les cités dyonisiennes. Au nord-est, en extension du Clos Saint-Lazare de Stains, le grand secteur Floréal-Saussaie-Courtilles repart pour la deuxième édition du PNRU. Idem pour les Francs-Moisins, construits au bord du canal pour loger en urgence la main d’œuvre de la Plaine. Réhabilitations, nouveaux espaces publics, désenclavement, éventuelles démolitions… Les cités vont poursuivre leur requalification sous l’impulsion de Plaine Commune – le contenu des projets doit être finalisé en 2017. Un nouveau périmètre a également été, pour la première fois, intégré au PNRU2. En plus de la cité Pierre Sémard, le projet « Grand Centre » permettra de renouveler un vaste secteur, englobant, l’habitat ancien et dégradé du centre-ville, ainsi que le quartier sur dalle de la Basilique. Cette ZAC des années 1980 conjugue enjeux de dysfonctionnements urbains et de patrimoine contemporain – c’est une collection d’architectures modernistes et brutalistes à ciel ouvert. Patrimoine moins contemporain, la basilique retrouve également de sa superbe. Après avoir fait peau neuve par une réfection
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des façades achevée en 2015, c’est à présent la reconstruction de sa « flèche » qui est à l’étude. Ville et agglomération cherchent actuellement à sécuriser des financements de mécènes pour recréer le clocher démonté au xixe siècle. L’occasion de rendre à la commune son emblème historique, à l’heure des grands développements urbains. Une renaissance qui démarre là où tout avait commencé.
Perspective 3D, la Basilique Cathédrale de Saint-Denis avec sa flèche
© WNS Studio Photo © Julie Guiches
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PAROLE D’ÉLU Propos recueillis par : La Rédaction
Didier Paillard
© Baptiste Lignel pour la ville de Saint-Denis
DIDIER PAILLARD MAIRE DE SAINT-DENIS
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LA rÉdaction : Une pétition est en ligne pour la rénovation et l’agrandissement de la gare de Saint-Denis. Qu'en attendezvous ? Y a t-il un enjeu quant au Grand Paris Express ? DP : Le quartier de la Gare de Saint-Denis est en pleine mutation. La fréquentation de la gare est aujourd’hui de 80 000 voyageurs par jour et ce sont 120 000 voyageurs qui sont attendus en 2020. S’y croise aujourd’hui une ligne de RER, deux lignes de tramway et plusieurs lignes de bus. Mais aujourd’hui, notre gare est complètement sousdimensionnée. Inaccessible aux personnes à mobilité réduite ou simplement chargées de bagages et elle présente un véritable danger en cas de grande affluence ou d’évacuation d’urgence. Si la première phase de mise en accessibilité de la gare est financée, deux éléments clés de notre projet ne le sont pas encore, et c’est le sens de notre interpellation en direction de la présidente de la Région. Nous souhaitons un projet de rénovation globale qui inclut également : • La rénovation du bâtiment voyageur existant sur le parvis est, côté canal • La création d’un nouveau bâtiment voyageur du côté ouest débouchant sur le quartier Confluence et sur L’Île-Saint-Denis Saint-Denis est aujourd’hui la deuxième ville de la Métropole du Grand Paris en termes de CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
population (après Paris). Il est inimaginable que nous ne disposions pas d’une gare digne de ce nom ! L’arrivée du Grand Paris Express à Pleyel et à la Plaine est prévue pour 2023. C’est une formidable opportunité mais l’échéance est encore lointaine pour les 80 000 voyageurs actuels et ces nouvelles dessertes ne changeront rien à l’augmentation de fréquentation de la gare RER de Saint-Denis – L’Île-SaintDenis. Lr : La Ville est vivement engagée dans la candidature de la Paris aux Jeux Olympiques. Des infrastructures vont voir le jour, que vont-elles apporter aux Dionysiens ? DP : Loin du faste d’autres olympiades, notre candidature repose sur l’utilisation maximale d’installations déjà existantes, comme le Stade de France qui accueillerait un tiers des épreuves. Deux équipements nouveaux verraient le jour : le village olympique et un centre aquatique qui manque cruellement. En parallèle, de nombreux aménagements sont adossés au projet pour pouvoir accueillir l’évènement comme il se doit et laisseraient une empreinte pérenne à Saint-Denis : enfouissement des lignes électriques, construction d’un mur anti-bruit, réalisation d’un échangeur complet pour l’A86 à Pleyel…
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Pour ces raisons, notre soutien est aussi enthousiaste qu’exigeant depuis près d'un an. Face aux besoins sociaux qui s’expriment sur notre territoire, l’accueil d’un tel évènement constituerait une opportunité unique pour accélérer les dynamiques sociales, écologiques, économiques et urbaines. Il est capital pour cela de travailler aux bénéfices durables en termes d’aménagement urbain, aux effets positifs sur l’emploi local et à la sobriété des installations olympiques ainsi qu’à leur reconversion.
Lr : Quel est le rôle de la Plaine Commune dans ce projet ? DP : La candidature de Paris 2024 est une candidature commune entre Paris et la Seine-Saint-Denis. Depuis l’arrivée du Stade de France et la coupe du monde de football en 1998, nous avons acquis ensemble une solide expérience en matière d’organisation de grands évènements. Je pense notamment aux championnats du monde d'athlétisme en 2003, à la coupe du monde de rugby en 2007 ou à l’EURO 2016 cet été. Plaine Commune fait partie intégrante de la candidature, PAROLE D’ÉLU
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Gare Neaucite
© Aiman Saadellaoui
car en cas de succès de celleci, le territoire accueillerait outre le village olympique, trois autres sites majeurs de compétition. Plaine Commune joue un rôle de pilote pour ce grand projet qui mobilise tous les échelons territoriaux. L’EPT a par ailleurs réaffirmé son engagement dans la candidature puisqu’il a confirmé récemment son investissement à hauteur de 35 millions d’euros. Lr : Saint-Denis 2025, vous préparez de nombreux projets, on en dénombre une quinzaine. Quels sont les CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
projets phares ? Comment vous entourez-vous pour mener à bien ces chantiers considérables ? DP : Il est vrai que les projets ne manquent pas dans notre ville. Tout d’abord nous nous sommes fixés comme l’un des objectifs prioritaires de ce mandat la requalification du centre-ville. L’ouverture et le renouveau du centre-ville doivent donner à tous les Dionysiens la possibilité d’être partie prenante du développement de leur ville et de contribuer au rayonnement de Saint-Denis dans la métropole.
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Centre ville marché
© Aiman Saadellaoui
D’ici 2020, nous avons défini nos priorités : • la résorption de l’habitat ancien insalubre ; • une plus grande diversité du commerce de proximité ; • le lancement de la rénovation du quartier Basilique ; • la modernisation des services publics pour un accueil amélioré ; • des lieux de culture mieux reconnus ; • un espace public mieux approprié, plus propre et plus sûr. Pour que tous en bénéficient, le centre-ville doit être plus facilement accessible, en transports en commun, à vélo et à pied. Sur ce point, nous en revenons à la première question : la requalification, la mise aux normes et l’agrandissement de la gare de Saint-Denis est une exigence impérative. Et puis, nous avons aussi des prouesses techniques
comme le franchissement des voies ferrées à Pleyel, des opportunités prodigieuses avec l’arrivée du Grand Paris Express et du Campus Condorcet et des symboles comme le remontage de la flèche de la Basilique. Cela fait beaucoup de projets simultanés mais ils sont surtout complémentaires. Le prolongement du tram T8, la gare du Grand Paris Express à Pleyel et le réaménagement de la gare de Saint-Denis (RER D) achèveront de désenclaver notre ville. Les projets de la Porte de Paris et le franchissement des voies ferrées à Pleyel la débarrasseront de ses fractures urbaines. Nous investissons des secteurs en jachère comme le secteur Confluence Nord (au Nord-Ouest), celui des Tartes (au Nord-Est). Nous complétons notre offre d’équipements publics à la Plaine (ZAC de la Montjoie) et PAROLE D’ÉLU
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Stade de France
© Stephane Kovalsky
nous accueillons de nouveaux lieux activité comme avec le Campus Condorcet. En parallèle, nous améliorons les lieux de vie existants, en centre-ville avec le plan de lutte contre l’habitat dégradé et avec la rénovation urbaine des secteurs basilique et Franc Moisin. Les chantiers monumentaux côtoient les améliorations continues de l’environnement des Dionysiens et l’implantation de nouveaux équipements pour répondre aux besoins immédiats des habitants. Nous construisons à Saint-Denis deux écoles par an (soit 20 ces dix dernières années). Pour mener tous ces projets de front, les agents communaux ne comptent pas leur peine et Plaine Commune joue un rôle essentiel. En 2000, nous avons bâti une communauté d’agglomération solide. Aujourd’hui territoire CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
du Grand Paris, c’est le partenaire idéal pour relever ces défis. Lr : Malgré des nouveautés, la ville détient un patrimoine, une histoire, et vous menez aussi des projets de rénovation ? Je fais référence à la basilique de Saint-Denis, pourriez-vous évoquer son chantier, et notamment son financement ? DP : Notre basilique est un chef d’œuvre et un haut lieu de l’Histoire de SaintDenis et de la France. Sa flèche, menacée par les intempéries, a été démontée pierre par pierre en 1846. Son remontage à l’identique, avec les techniques de l’époque, représente un formidable défi et un chantier exceptionnel, à l’image des bâtisseurs de cathédrales. Bien entendu, un tel projet est très coûteux et la ville, comme l’État, n’ont pas vocation à y engager des financements. Comment
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Groupe Scolaire Nikki-Saint-Phalle Petits Cailloux © Aiman Saadellaoui
financer un tel projet sans argent public ? Le mécénat joue bien entendu un rôle important et de nombreuses entreprises privées ont déjà manifesté leur intérêt. Mais surtout, nous avons envisagé d’en faire un chantier vivant et touristique. À l’instar du chantier médiéval de Guédelon ou de la frégate l’Hermione, ce sont les visites qui financeront le remontage. Lr : Enfin, comment voyez-vous la ville de Saint-Denis dans 20 ans ? DP : Pendant un demisiècle Saint-Denis s’est redessinée pour traverser la désindustrialisation. Notre « ville de banlieue d’hier » devient une centralité majeure du Grand-Paris. D’ici 10 ans, quartier par quartier, les projets impulsés seront arrivés à terme. Le quartier de la Plaine aura achevé sa mue. Le quartier Pleyel sera entièrement reconfiguré autour de la gare du Grand Paris Express (4 lignes de métro)
et du village olympique. Le quartier Confluence se sera transformé autour de la gare. Les dynamiques de renouvellement urbain dans les quartiers Franc Moisin et la Courtille auront abouti et le centre-ville sera entièrement rénové. Transports, habitat, équipements publics, nouvelles entreprises… dans tous les domaines de la vie des Dionysiens, le visage de SaintDenis aura profondément changé. Ce sera la fin d’un cycle mais l’histoire se poursuivra. Désenclavée, desservie en transports en commun, accueillant de nombreuses entreprises tout en offrant des logements accessibles à tous, notre ville sera la locomotive du Grand Paris. Avec la population la plus jeune de France et le dynamisme de ses acteurs associatifs et économiques, Saint-Denis est un vivier d’innovation et nous réserve des surprises. PAROLE D’ÉLU
FOCUS URBANISME Par : Jean-François Pousse
CAMPUS SFR À SAINT-DENIS APRÈS SON RACHAT DE NEUF CEGETEL, SFR A SOUHAITÉ REDÉPLOYER SES ACTIVITÉS EN LES RÉUNISSANT SUR UN SEUL SITE. LE CHOIX S’EST PORTÉ SUR UN CAMPUS DE 4,2 HA POUR IMBRIQUER ESPACES EXTÉRIEURS ET INTÉRIEURS DANS UN SEUL BÂTIMENT À FORTE IDENTITÉ SUSCEPTIBLE D’ACCUEILLIR D’EMBLÉE LES 8 000 SALARIÉS ET PLUS À TERME.
Le bâtiment déployé
© Jean-Paul Viguier
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Histoire du projet En 1989, SFR se rend acquéreur du terrain. Qui a tout pour déplaire. Et plaire aussi. Plat, étiré en longueur, il borde des friches et au sud des immeubles plutôt fermés sur euxmêmes, pour se prévenir du contexte encore de piètre qualité, alors que d’autres opérations s’annoncent, complétées par la réalisation d’un petit parc – mais sans certitude absolue. Contrainte de taille, au nord et à l’est, les deux autoroutes croisées à angle droit, l’A1 et l’A86, celle-ci en talus, à la circulation lourde et bruyante, forcent à s’en protéger. En revanche, leur connexion directe avec le Grand Paris et l’aéroport de Roissy, la proximité de deux stations de RER, d’une troisième possible pour plus tard, s’affichent en positif comme la présence de la grande figure toute proche du Stade de France. N’empêche, à l’époque il faut un certain culot pour décider de s’implanter dans ce no man’s land. Ou plutôt du flair et une vision stratégique. Car ce terrain sonne sans doute la fin prochaine des opportunités foncières d’une telle envergure au sein du Grand Paris dont l’hyper densité se profile déjà. CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
Situé en plein centre du quartier Landy-France à Saint-Denis, ce complexe procure une facilité d’accès indéniable. © Éric Sempé
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Cette infrastructure offre un cadre de vie édénique à ses employés sans tomber dans le luxe indécent. © Takuji Shimmura
Le programme architectural À l’issue d’un concours restreint, l’exacte adaptation de la proposition de Jean-Paul Viguier à ces exigences l’impose de soi. Pour la présenter, il emploie la métaphore de l’arbre. L’image en plan est effectivement parlante. Au nord, le long de l’A86 et de son talus planté, les façades s’étirent en zigzag et peuvent évoquer un tronc, symbole de force, de solidité, d’enracinement, son aspect un peu tourmenté soulignant sa capacité à s’adapter et à tenir face aux difficultés dans la durée. Vers le sud, des bâtiments en peigne perpendiculaires ou légèrement de biais se déploient telles des branches puissantes et variées à l’image des nombreux métiers de SFR. Des mots faciles qui prêtent à sourire ? Le « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » de Nicolas Boileau (1636-1711) tient toujours. Et toute proposition architecturale devrait pouvoir s’expliquer en quelques mots clairs et intelligibles. Que le projet réponde aussi à la stratégie d’assemblage et/ou de découpage en unités autonomes visée par SFR n’enlève rien à la pertinence du discours. D’autant que le thème de l’arbre renvoie consciemment ou non au développement durable, à cette nature à aimer et protéger. De la rue, impossible de ne pas remarquer son omniprésence, juste là, au-delà d’une grille discrète, respiration dans la ville aux antipodes de la logique bunker des immeubles voisins. Imbriquée à l’architecture, l’une et l’autre FOCUS URBANISME
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Le campus allie simplicité et modernité en gardant un aspect naturel et lumineux. © Takuji Shimmura
inséparables, imaginées ensemble dès les premières heures du projet, chacune se développe sur deux hectares. Les élévations de hauteurs changeantes (jamais plus de R+7) déclinent un même thème d’ouvrants verticaux de verre clair et de panneaux aluminium blanc et jaune pâle, décalés d’étage en étage de quelques dizaines de centimètres. De quoi signer l’identité de l’ensemble, son image générale vibrante, comme floutée, et introduire toutes sortes de déclinaisons selon les parties, comme pour les bâtiments du côté sud. Plus ou moins longs et découpés, ils sont creusés de balcons profonds, prolongés en terrasses et surplombs sur les étages inférieurs, parfois surlignés de couleurs primaires. Impressions de porosité, d’imbrication de l’espace public et semi-privé, d’accueil, avec en sourdine une forme d’aménité aux accents démocratiques. Que poursuit, sans rupture, le hall d’entrée vitré double hauteur. Un hall ? Plus que cela, car au-delà des portillons de sécurité d’usage, il se prolonge par un arsenal de rues intérieures, toutes en premier jour, juste séparées des jardins par de grandes vitres claires. Fluidité accentuée non par des artifices, mais par ces solutions qui disent mezzo voce le plaisir profond de concevoir l’architecture, de la nourrir, de la servir en l’enrichissant de détails aussi discrets qu’essentiels. Par exemple, dans des gorges ménagées dans les plafonds, des tubes fluo invisibles tracent des lignes blanches en zigzag comme celles du plan général, dynamisent les parcours, stimulés aussi par les jeux d’obliques des murs, des sols, des étrécissements suivis d’évasements, et encore le calepinage des matériaux. CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
À LIRE
Campus SFR, Jean-Paul Viguier et associés Jean-François Pousse Édition Archibooks, Paris, 2016
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Michel Moussa © D.R.
Propos recueillis par : Jean-François Pousse
ENTRETIEN MICHEL MOUSSA DIRECTEUR IMMOBILIER ET SERVICES AUX COLLABORATEURS - SFR J-FP : Pourquoi cette création d’un nouveau siège pour SFR ? MM : SFR comptait 6 000 collaborateurs. Après la fusion avec Neuf Cegetel en 2008, les effectifs grimpent à 9 000 avec une prévision de croissance à 12 000. Début 2009, la Direction décide de regrouper les deux entreprises dispersées un peu partout dans le Grand Paris, en particulier à La Défense où nous occupions plusieurs tours. Nous nous regroupons pour créer de la synergie, de la transparence, de la mixité, une enseigne identifiable par tous. Comme nous sommes un opérateur mobile, nous décidons d’offrir de la mobilité à l’intérieur et à l’extérieur de notre siège social. Un symbole. Mais pour travailler dans des lieux variés, il nous fallait des surfaces d’environ 120 à 130 000 m2. D’où l’idée d’un Campus développé sur 4 ou 5 hectares. J-FP : Comment avez-vous choisi ce terrain à côté du Stade de France au coeur de la Plaine Saint-Denis ? mm : Pas facile de trouver un terrain si vaste en région parisienne. Nous avons identifié 22 sites, retenu 12, puis 6, et au final une sélection de 3, dont celui choisi. Le COMEX (Comité exécutif de l’entreprise) fixait des priorités : la proximité d’une ou deux stations de transport public (RER et / ou métro) ; ne pas dépasser la grande couronne (zone 3) ; une bonne desserte routière ; un emplacement favorable demain dans le développement du Grand Paris. Le terrain de la SEM Plaine Commune était idéal. Avec un bémol de taille. Un promoteur – Vinci – l’avait déjà retenu avec une promesse de vente signée : un projet d’hôtel en IGH et d’un centre de conférences internationales. Saint-Denis voulait marquer l’entrée de Paris avec une tour le long de l’autoroute A1 et du stade. Par chance, si l’on peut dire, la crise a fait irruption et l’investisseur s’est retiré du projet. Situation assez étonnante : Plaine Commune avait un terrain mais plus de projet ; nous avions un projet et pas de terrain. Difficulté supplémentaire, nous devions quitter les tours de La Défense en fin 2013 au plus tard. Notre fenêtre de tir pour les FOCUS URBANISME
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travaux se réduisait à deux ans. Une gageure ! Un défi relevé grâce entre autres à Plaine Commune avec son président Patrick Braouzec (ancien député-maire de Saint-Denis). Leur professionnalisme, leur connaissance des dossiers économiques et techniques, leur efficacité nous a impressionné. Tous ont bataillé ferme pour trouver les solutions ad hoc, en temps et en heure. Tout comme Vinci et ses équipes qui ont réalisé un travail formidable avec une implication sans faille. Le coup de génie de Jean-Paul Viguier est d’avoir conçu un seul et même ensemble, unitaire, à très forte identité, et pourtant partagé en quatre bâtiments potentiellement indépendants avec quatre parkings, quatre restaurants, etc. J-FP : Qu’implique la volonté de diversifier les espaces de travail ? mm : Une révolution ! Nous avions décidé de réaliser des bureaux en open space. La hiérarchie spatiale des lieux de travail n’a pas plus de sens aujourd’hui. En plus, elle coûte cher, car elle gêne l’adaptation aux évolutions de l’entreprise. Mais personne n’aime les open space. Nous avons donc pesé le pour et le contre, puis proposé à nos collaborateurs de pouvoir travailler dans leur bureau bien sûr, mais aussi partout dans le bâtiment ! Facile à dire, mais pas à faire. En fait, une telle décision entraîne des développements logiques. L’architecte a anticipé nos attentes en multipliant les salons, les modules de salles, les « One to One » – sortes de kiosques à deux fauteuils face à face –, les cafétérias, les terrasses, les jardins, les restaurants, etc. Pour travailler en dehors de son bureau, il fallait un ordinateur portable. Les fixes ont été supprimés. Mais comment répondre au téléphone ? En l’intégrant au portable. Chacun le fait via un casque et peut aussi participer à une visio-conférence ou des « conf call », là où il se trouve. De fil en aiguille, la domotique s’est étendue. Travailler n’importe où impliquait de pouvoir agir sur son environnement où que l’on soit : chauffage, lumière, monter et descendre un store. D’où l’idée d’une même application pour tous. Objectif : faciliter la vie au quotidien. Elle donne les menus des restaurants, l’état du trafic routier, permet de signaler une moquette abîmée, une panne de climatisation. Un GPS interne indique comment aller à telle salle, la réserver, etc.
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Les grands prix SIMI cette année parrainés par GENERALI Real Estate, récompensent les immeubles de bureaux et logistiques les plus adaptés aux besoins, efficaces en énergie, flexibles, originaux. Les critères en sont le respect d'un cahier des charges, des délais, budgets, mis en regards avec la pertinence de la réalisation, la démarche environnementale mise à l'œuvre quant à la consommation énergétique, mais aussi la capacité de reconversion du projet et bien sûr sa qualité architecturale. Alain Bechade, président du jury surenchérit : « Les prix du SIMI savent distinguer les opérations immobilières qui font honneur à notre industrie. Les immeubles sont de qualité sans être forcément victimes d’une mode, les opérations satisfont les utilisateurs qui le confirment en occupant les immeubles, les critères techniques et normatifs sont à la pointe sans suivre un marketing forcé, le courage d’entreprendre est récompensé. » Le jury se compose exclusivement de directeurs immobiliers et de grandes entreprises françaises, en effet aujourd'hui nous ne sommes pas sans savoir que l'immobilier est un catalyseur de l'innovation, du changement, c'est ce que souligne ces prix : la réflexion ne s'arrête pas à la façade, elle est poussée à l'intérieur, c'est un travail de fond qu'on doit exiger, et qui est ici récompensé. L'année passée, Laennec (Paris) présenté par Allianz Real Estate France a reçu le prix spécial du jury des grands prix du Simi. Ce projet mixte de construction et de réhabilitation de 35 600 m² dont l'unique locataire est le groupe Kering, est une opération emblématique de restructuration d'un patrimoine historique, mais pas seulement. Ce projet illustre aussi le lien entre stratégie et immobilier, l'impact que ce premier peut avoir sur la réussite d'une activité. Longtemps considéré comme une fonction de support, l’immobilier devient un « objectif stratégique » qui ne se réduit pas à un choix simple entre propriété et location, et dont le pilotage doit s’appuyer CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
« Les prix du SIMI savent distinguer les opérations immobilières qui font honneur à notre industrie. »
Laennec, Paris Allianz Real Estate France © Vladimir Partalo
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Le SIMI, rendezvous business incontournable, oui. Le SIMI, rendez-vous aussi de l'innovation immobilière.
sur un suivi fin des indicateurs de rentabilité. Il représente, en effet, le deuxième poste des dépenses des entreprises après les salaires. L'espace de travail est un outil de stratégie et de management. Conscientes des retombées positives des sièges sociaux ou de bureaux durables, exemplaires et inspirants, un nombre croissant d’entreprises (Kering, SFR, etc.) font ainsi de leur projet immobilier un véritable projet d’entreprise, et voient dans la conception et l’aménagement de leurs espaces de travail un outil stratégique et managérial qui va bien au-delà de dimensions techniques, il s'agit bien d'une vitrine de l'entreprise, de sa culture, ses métiers et de ses savoir-faire. C'est aussi l'occasion pour la marque de mettre en scène son identité visuelle, l'immobilier est la scène de l'entreprise, le lieu de réunion des clients, des salariés, des prestataires, etc.
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Maxime Gille, lauréat du Prix junior de l'immobilier 2015 © SIMI2015
Eric Supplisson, qui présidait le jury des grands prix SIMI 2015, constatait déjà une transmutation fondamentale dans l'immobilier. Il complétait alors sa réflexion par les changements induits par la révolution numérique, aujourd'hui plus percevable encore : « Nous passons à une nouvelle génération d’immeubles tertiaires complètement connectés avec ses occupants mais aussi avec des services externes et la ville. C’est extrêmement intéressant de découvrir les innovations qui vont se déployer demain dans nos bâtiments ». L'Agua alors finaliste du grand prix SIMI « Immeuble de bureaux catégorie immeuble neuf - de 5 000 m² » s'illustre comme le précurseur d’une nouvelle génération de bureaux intelligents. Agua est monitoré et configuré en temps réel via le logiciel de pilotage des consommations du Groupe GA, Gapeo®. Connecté à environ 4 000 capteurs disposés dans le lieu, Gapeo® ne fait pas qu’exécuter, il est intelligent. Grâce aux 16 000 informations qu’il reçoit chaque seconde, il apprend du comportement des collaborateurs, intègre leurs habitudes et tient compte des prévisions météorologiques. Les collaborateurs disposent en outre d’une application smartphone, MyGapeo®, leur permettant de piloter les paramètres de leur confort en ajustant le chauffage et la lumière tout en contrôlant la qualité de l’air intérieur. Le SIMI, rendez-vous business incontournable, oui. Le SIMI, rendez-vous aussi de l'innovation immobilière. Parmi les prix et les trophées, n'oublions pas le Prix junior, qui récompense le mémoire d'un étudiant portant un regard novateur sur l'industrie immobilière et la construction de la ville. L'immobilier se pense, et le SIMI encourage ainsi la recherche. En 2015 dans Le crowdfunding à l’assaut de la promotion immobilière ! Maxime Gille mettait au jour le lien de plus en plus ténu en le secteur immobilier et le numérique via cette fois-ci la nouvelle économie qu'il implique, et qui donne de nouveaux moyens pour repenser l'organisation des métiers de la construction. CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
Parmi les prix et les trophées, n'oublions pas le Prix junior, qui récompense le mémoire d'un étudiant portant un regard novateur sur l'industrie immobilière et la construction de la ville. L'immobilier se pense, et le SIMI encourage ainsi la recherche.
LES NOMINÉS DU SIMI 2016
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CATÉGORIE IMMEUBLE DE BUREAUX NEUF + 5 000 M²
qui récompense un immeuble neuf de bureaux de plus de 5 000 m², situé en France, livré entre le 30 septembre 2015 et le 30 septembre 2016. (Bertrand JASSON, Directeur de l’Immobilier du Groupe ORANGE et Éric SUPPLISSON, Directeur Immobilier Groupe, THALÈS, n’ont pas pris part au vote pour cette catégorie)
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1Éco campus (CHATILLON – 92), présenté par NEXITY © devisubox 2Tour Incity (LYON – 69), présenté par SOGELYM DIXENCE © Gilles Aymard photographe 3Camps Thalès (MÉRIGNAC – 33), présenté par GA Smart Building © Graphix Images Augusto Da Silva 4Siège Crédit Mutuel Loire-Atlantique Centre Ouest (NANTES – 44), présenté par AIA ASSOCIÉS © Luc Boegly PROMOTION IMMOBILIÈRE
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LES NOMINÉS DU SIMI 2016 CATÉGORIE IMMOBILIER LOGISTIQUE
qui récompense un immeuble neuf ou rénové, situé en France, livré et exploitable entre le 30 septembre 2015 et le 30 septembre 2016. (Luc MONTEIL n’a pas pris part au vote en sa qualité de Directeur Immobilier, BOLLORÉLOGISTICS)
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5Plate‑forme logistique de ROYE (80), présentée par POSTE IMMO © 11h45 6Centre de distribution Île‑de‑France Est AUCHAN (SERRIS – 77), présenté par BARJANE © Barjane 7Hub UB BOLLORE LOGISTICS ROISSY (ROISSY EN FRANCE – 95), présenté par BOLLORÉ LOGISTICS © Bollore Logistics
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
LES NOMINÉS DU SIMI 2016
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CATÉGORIE IMMEUBLE DE BUREAUX RÉNOVÉ
qui récompense un immeuble rénové de bureaux de plus de 5 000 m², situé en France, livré entre le 30 septembre 2015 et le 30 septembre 2016
8 9
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8Carré Saint-Honoré (PARIS – 75), présenté par ARCHIBUILD © Sebastion d'Halloy 9Citylights (BOULOGNE-BILLANCOURT – 92), présenté par BNP PARIBAS IMMOBILIER PIE © Vincent Fillon 10Lemys (ISSY LES MOULINEAUX – 92), présenté par BOUYGUES IMMOBILIER © Graphix Images Augusto Da Silva 11Magasins Généraux (Pantin – 93), présenté par NEXITY IMMOBILIER D’ENTREPRISE © Hervé Abbadie PROMOTION IMMOBILIÈRE
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LES NOMINÉS DU SIMI 2016 CATÉGORIE IMMEUBLE DE SERVICES
qui récompense un immeuble de Services (Hôtellerie, résidence de Services, medico‑sociale ou sanitaire ou Commerces), neuf ou rénové, situé en France, livré entre le 30 septembre 2015 et le 30 septembre 2016.
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12Hôpital privé des Côtes-d'Armor & Maison de consultation (PLÉRIN – 29), présentés par AIA ASSOCIÉS © Frederic Baron 13Hôtel Marriott Renaissance République (PARIS – 75), présenté par PITCH PROMOTION © PITCHPROMOTION 14Palais de la musique et des congrès de Strasbourg, présenté par EUROMÉTROPOLE DE STRASBOURG © Bruno Klomfar
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Marc Dubiez © D.R.
Marc Balaÿ © D.R.
Propos recueillis par : Pierre Delohen
FOCUS SUR LA TOUR INCITY MARC BALAŸ ET MARC DUBIEZ SONT DIRECTEURS DÉLÉGUÉS DE SOGELYM DIXENCE. SELON LA PHILOSOPHIE DU GROUPE, ORGANISÉ EN BINÔME, ILS ONT CONDUIT LE PROJET INCITY DE BOUT EN BOUT, INTERLOCUTEURS ET DÉCISIONNAIRES PRIVILÉGIÉS D’UN PROJET AU LONG COURS (2006 - 2015).
Tour Incity
© photographies Gilles Aymard
PROMOTION IMMOBILIÈRE
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PD : Racontez-nous l’histoire d’Incity. MD : Rappelons que sur le même site – l’ex-tour UAP – nous étions déjà sous compromis à la fin des années 1990 pour un projet de tour de 100 mètres pour 18 000 m2 destinés à un siège bancaire d'après une conception de l'agence Valode & Pistre. Alors que nous avions déposé le permis de construire et malgré les investissements initiaux, nous l’avons repris à la demande du Grand Lyon, désireux de démarrer par l’îlot R à la Part-Dieu. Appelé « l'îlot maudit » avec sa quinzaine de projets antérieurs avortés, Sogelym Dixence y bâtit pourtant la tour Oxygène. MB : Qui croyait encore aux tours après les attentats du 11 septembre de New-York ? Pourtant Sogelym Dixence a bâti Oxygène grâce à sa créativité et son innovation par des inflexions fortes. Nous avons notamment abandonné la construction de l’hôtel un moment imaginé, conception en rupture avec l’urbanisme de dalle habituel, et consenti à un positionnement claire de l'agrandissement du centre commercial contigu. Pour Incity, l’histoire est tout aussi complexe, c'est ce qui rend la gestion du risque de ce type d’opération très délicat. Mais en 2006, les conditions sont plus favorables : Axa lance un concours pour se libérer de la charge foncière d’une tour ex-UAP murée depuis 19 ans sur 33 années d’existence ! Douze candidatures sont enregistrées malgré la complexité du dossier avec l’absence de clauses suspensives « amiante » et « pollution des sols », et une rentabilité aléatoire, voire inexistante pour 10 000 m2 seulement avec des plateaux de 500 m2. Sogelym-Dixence termine deuxième sur douze concurrents. Le groupe l’emportera finalement : en effet, le vainqueur ne finalise pas son projet. Le matin du 21 août, j’ai la confirmation de l’acceptation de notre offre suite au désistement du premier classé ; Sogelym Dixence dispose d’une heure, pas une minute de plus, pour confirmer son intérêt par écrit. Faute de pouvoir joindre Jean-Claude Condamin dans ce temps imparti, et dans le cadre d’une délégation bien comprise, la proposition est ajustée et envoyé sans son aval formel. Je lui apprendrai notre victoire dans la soirée… Un beau cadeau pour son anniversaire ! PD : Comment procédez-vous suite à votre victoire ? MD : Nous commençons par composer notre équipe, l'agence Valode & Piste associé à AIA puis Bouygues nous rejoignent. Il s'agissait d'instaurer une dynamique de réflexion, de dialogue constant, afin d'initier des interactions, cela dans une grande liberté d’action. Aucune piste ni solution ne sont à exclure alors. MB : Les échanges avec Areva, comme locataire potentiel principal de la Tour, nous confirment combien un immobilier performant à l’image forte peut être un enjeu majeur pour toute entreprise qui souhaite attirer de nouveaux talents. Surtout si elle s’installe à Lyon. Dans l’agglomération, nous recensons une quinzaine de grands groupes éclatés en multiples sites dont la surface des plus grands ne dépasse pas 10 000 m2. À la Part-Dieu, EDF dispose de 113 000 m2 divisés en dix immeubles hétérogènes. Notre projet mûrit avec pragmatisme : nous confirmons notre idée qu’il faut proposer aux grands utilisateurs une solution immobilière d’environ 40 000 m2 de bureaux en un seul immeuble doté d’une image forte pour attirer leurs talents. La tour Incity sera la solution pour les utilisateurs qui souhaitent s’installer ou rester en centre ville dans un lieu hyper connecté aux transports en commun et proche des services publics, des commerces et des lieux de culture et loisirs. CENTRALITÉ DU GRAND PARIS # 9
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PD : Vous avez beaucoup voyagé, seuls ou en équipes pour faire parfaire votre réflexion. MB : Nous avons étudié et observé partout dans le monde. Au Moyen-Orient, nous avons admiré cette capacité à construire en abondance des tours. À NewYork, nous avons constaté que la tour Bank of America était pour un tiers en exploitation, pour un deuxième tiers en finition, et pour un dernier tiers au gros œuvre ! Une méthode de réduction des frais financiers qui grèvent fortement les projets immobiliers de plus de 24 mois de construction. Nous avons vu des choses passionnantes en matière de développement durable, de management de chantier, etc. Nous étions fascinés par ce que nous voyions mais gardions à l'esprit qu'il ne fallait pas céder aux effets de mode et que la force de notre projet dans le temps serait sa pertinence contextuelle. Il n’est pas toujours aisé de maintenir une ligne directrice sur plusieurs années, de la conception à la livraison, entre les évolutions technologiques, les impératifs réglementaires, les ajustements de prestations ou les techniques constructives. Outre-Rhin, nous avons compris que même les systèmes les plus efficaces et les plus simples ne fonctionnaient que si les utilisateurs et le propriétaire étaient convaincus par la qualité de leur équipement à l’usage du temps. Nous avons aussi appris de nos confrères de nouveaux modes de raisonnement en matière de développement durable. La différence notable entre la conception allemande et française est que la première a à cœur « de faire naturel », la question économique est d'importance secondaire ; en France, il s’agit avant tout d’économiser l’énergie pour faire des économies de coûts.
PROMOTION IMMOBILIÈRE
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PD : Vous « vendez » de la réalité et non du « rêve »… MD : … évidemment. La conduite d’Incity jusqu’au succès prouve notre capacité à « vendre » un projet, une ambition, et non seulement des mètres carrés. Nos propositions trouvent leur force dans notre capacité à rompre avec les habitudes. Prenons ce seul exemple mais il y en aurait beaucoup d’autres : avec la suppression des parkings en infrastructure, nous gagnons du temps et de l’argent : pas de trou, pas de paroi moulée, etc. Le besoin de stationnement ne nécessitait pas une réponse de ce type, quand on a constaté le nombre de places laissées libres autour du site et cela l'année durant. Ainsi nous avons proposé un partenariat avec les gestionnaires de parking à proximité de la tour : les salariés d’Incity peuvent s’y garer tout au long de l’année, 400 places sont disponibles, cela au meilleur coût pour leur entreprise. Dans une tour un parking peut peser jusqu’à 20 % du loyer, charges non comprises, Incity est une tour sans parking, mais pas sans stationnements pour ses usagers. PD : Quelle anecdote illustre le mieux la conduite de ce projet ? MD : Deux dates illustrent ce que nous sommes, notre capacité à synthétiser et à conduire de front des projets complexes. Le même jour, le 8 février 2013, Sogelym Dixence signe le bail avec la SNCF, le montage financier, l’ordre de service des travaux, et la déclaration d’ouverture de chantier. Et en une même journée encore, le 10 décembre 2015, le groupe signe la mise à disposition à la SNCF, la vente à la CERA, la réception des travaux, et leur achèvement en mairie. La preuve de notre capacité à conduire de front des dossiers complexes !
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SMART DESK Par : Marlène Faivre
UNE RÉVOLUTION DU TERTIAIRE 3.0 EN TISSANT UN VASTE RÉSEAU D’ESPACES FLEXIBLES ET CONNECTÉS, ICADE, LE SPÉCIALISTE DE L’IMMOBILIER 3.0, PRÉSENTE SMART DESK : CE NOUVEAU CONCEPT DIRECTEMENT INSCRIT DANS L’OFFRE TERTIAIRE DÉVELOPPE UNE VÉRITABLE COMMUNITÉ DE SMART WORKERS. START-UP, TPE, GRANDS COMPTES… SMART DESK INTERVIENT DANS TOUS LES SECTEURS DE L’ÉCONOMIE.
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Emmanuelle Baboulin © D.R.
ENTRETIEN EMMANUELLE BABOULIN DIRECTRICE FONCIÈRE TERTIAIRE CHEZ ICADE Marlène Faivre : Comment définiriez-vous l'immobilier 3.0 ? EB : Avec l’immobilier 3.0, nous avons inventé une offre immobilière qui répond aux besoins de toutes les typologies d’entreprises, pour faire de notre communauté d’utilisateurs une pépinière de talents. L’immobilier 3.0 se caractérise par une grande flexibilité des espaces de travail et des modes de contractualisation ainsi qu’une offre de services mutualisés. Elle accompagne les entreprises dans leur parcours résidentiel avec l’appartenance à un écosystème entrepreneurial dynamique, agile et connecté. Cette nouvelle offre constitue un formidable terrain de jeu pour développer de nouvelles technologies qui vont profondément contribuer aux nouveaux usages de la ville. Ce parcours résidentiel d’entreprise regroupe trois briques : la Maison des start-up by Icade, inaugurée en novembre 2015 sur le Parc des Portes de Paris — une seconde MDSU ouvrira très prochainement sur le Parc Paris-Orly-Rungis ; Smart Desk, le bureau nomade by Icade destiné aux travailleurs nomades, aux télétravailleurs et aux équipes projet qui souhaitent ponctuellement travailler en dehors du cadre de leur entreprise ; et enfin, Work’up, le bureau agile by Icade pour les entrepreneurs, les TPE/PME, mais également les ETI recherchant des solutions flexibles de bureaux annexes à mettre à la disposition de leurs salariés, avec une première expérimentation sur le Parc des Portes de Paris. MF : De quel constat social et culturel est né le projet Smart Desk ? EB : L’organisation du travail et des espaces professionnels est en pleine évolution. Aujourd’hui, 93 % des jeunes actifs ne veulent plus d’un bureau classique (source : enquête Actineo/CSA, 2014) : le lieu de travail est devenu protéiforme. Les nouveaux modes de collaboration sont désormais une réalité : 85 % des Français pensent que le coworking est une idée innovante (chiffres Hiscox, 2016), et plus de 100 000 salariés travaillent ou ont déjà travaillé dans un espace de coworking. En parallèle du développement des nouveaux usages CENTRALITÉ DU GRAND PARIS # 9
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collaboratifs dans les entreprises, la qualité de vie au travail est devenue l’une des premières attentes des salariés : 45 % des Français considèrent que la qualité de vie au travail est un élément important au quotidien, devant la rémunération. Cette attente est encore plus exprimée par les nouveaux entrants sur le marché du travail : pour 40 % des jeunes, l’espace de travail est déterminant dans le choix du futur employeur. MF : Avec Smart Desk, Icade signe un concept de bureau nomade. De quelle manière cette innovation correspond-t-elle aux usages contemporains et aux nouveaux modes de travail ? EB : Nous avons pensé Smart Desk, le bureau nomade by Icade pour les travailleurs nomades, les télétravailleurs et les équipes projet qui SMART DESK
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souhaitent ponctuellement travailler en dehors du cadre de leur entreprise. Pour renforcer la qualité de vie au travail, nous mettons à disposition des entreprises et de leurs salariés un Smart Desk Manager chargé d’animer et de faire vivre ces espaces au quotidien. Accessible via une plateforme et une application mobile dédiée, Smart Desk est d’ores et déjà disponible dans 5 implantations à Paris, La Défense, Nanterre, Rungis et Villepinte. MF : Favoriser les échanges et les nouvelles technologies : quels atouts majeurs présente Smart Desk ? EB : Pour les smart workers, les atouts sont multiples : accès à des espaces flexibles, connectés et personnalisables ; accès à des services communs, dédiés au business (salles de réunions, auditorium, office management, réception…), accès à une communauté : un réseau physique (espaces d’échanges) et virtuel (réseau social) mettant en relation les travailleurs et favorisant les opportunités de business. En effet, adhérer au Smartdesk, c’est évoluer au sein d’une communauté à fort potentiel. Start-up, TPE, grands comptes, tous les secteurs de l’économie sont représentés et se retrouvent dans les Smart Desk.
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4e édition
rendez-vous de la matière L’événement professionnel consacré aux matériaux innovants pour l’architecture et le design les mardi 21 et mercredi 22 mars 2017 Entrée sur invitation de 10h à 19h Bookstorming - 49, boulevard de la Villette, 75010 Paris
www.rendezvousdelamatiere.com
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P070 DOSSIER SOCIÉTAL
QU'EST-CE QUE LA MÉTHODE BIODIB ?
P080 DOSSIER CULTURE
LA « VILLA » MÉDICIS DU GRAND PARIS
P090 DOSSIER URBANISME
CAMPUS JUSSIEU : LES MUTATIONS D’UNE ICÔNE MODERNE
DOSSIER SOCIÉTAL Par : Pierre Pech
QU'EST-CE QUE LA MÉTHODE BIODIB ? LA FABRIQUE DE LA VILLE DURABLE REPRÉSENTE UN OBJECTIF ET UN ENJEU DES POLITIQUES PUBLIQUES D’AMÉNAGEMENT URBAIN. ENTRE DIAGNOSTIC SOCIAL, ARCHITECTURAL ET ÉCOLOGIQUE, FOCUS SUR LES NOUVELLES PERCEPTIONS URBAINES : LA MÉTHODE BIODIB
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À l’image de son plan biodiversité qui vient en renouvellement après une décennie de mise en place, les autres collectivités territoriales du Grand Paris développent des programmes de construction ou de rénovation qui intègrent des projets de développement de la nature en ville, sous la forme de parcs, de jardins mais aussi de murs et de toitures végétalisés.
© Olivier Jeudy
Cet objectif de ville durable, foisonnant et complexe dans ses composantes, intègre la qualité environnementale comme vecteur de la rénovation urbaine. Dans le cadre des impératifs de prise en compte de la biodiversité, c’est la question des services rendus par la nature en ville qui s’invite plus globalement parce qu’ils semblent répondre à ces objectifs environnementaux. Ces stratégies concernant la prise en compte de la biodiversité semblent incontournables aux échelles territoriales régionales, avec les différents schémas régionaux, et aux échelles locales dont les politiques environnementales ont été renforcées par les lois Grenelle. La métropole du Grand Paris qui s’établit officiellement à partir de janvier 2016 bénéficie d’un élan initié par certaines communes, au premier rang desquelles se trouve évidemment la Ville de Paris. À l’image de son plan biodiversité qui vient en renouvellement après une décennie de mise en place, les autres collectivités territoriales CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
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La fabrique de la ville durable représente un objectif et un enjeu des politiques publiques d’aménagement urbain (Jégou, 2011).
du Grand Paris développent des programmes de construction ou de rénovation qui intègrent des projets de développement de la nature en ville, sous la forme de parcs, de jardins mais aussi de murs et de toitures végétalisés. Dans ces conditions, l’ingénierie territoriale environnementale se doit d’envisager de quelle façon faire adhérer les habitants. Dans le cadre d’un atelier du master Bioterre, nous avons mis en place une méthode permettant non seulement d’établir le niveau d’acceptabilité des habitants mais aussi les potentialités de renaturation d’îlots au sein de quartiers et de projets d’aménagement du territoire du Grand Paris. Les enjeux de l’acceptabilité de la végétalisation urbaine dans le cadre du Grand Paris La fabrique de la ville durable représente un objectif et un enjeu des politiques publiques d’aménagement urbain (Jégou, 2011). Cet objectif, foisonnant et complexe dans ses composantes, intègre la qualité environnementale comme vecteur de la rénovation urbaine. Cela se matérialise par la recherche de l’amélioration de la qualité de vie (Blanc et al., 2007), en particulier la santé publique (Lawrence, 2004), par la lutte contre les pollutions (Neirotti et al., 2014), mais aussi par la lutte contre les effets du réchauffement climatique, en y associant ainsi la lutte contre la précarité énergétique. Enfin, dans le cadre plus récent des impératifs de prise en compte de la biodiversité, c’est la question des services rendus par la nature en ville qui s’invite plus globalement parce qu’ils semblent répondre à ces objectifs environnementaux. Au moins à partir de 2000, avec la loi SRU et celles qui la complètent depuis, ces stratégies environnementales semblent incontournables aux échelles territoriales régionales, avec les différents schémas régionaux. Elle l’est également aux échelles locales dont les DOSSIER SOCIÉTAL
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politiques environnementales ont été renforcées par les lois Grenelle. La métropole du Grand Paris, qui s’établit officiellement à partir de janvier 2016, bénéficie d’un élan initié par certaines communes, au premier rang desquelles se trouve évidemment la Ville de Paris. À l’image de son Plan biodiversité, en renouvellement après une décennie de mise en place, les autres collectivités territoriales du Grand Paris développent des programmes de construction ou de rénovation qui intègrent des projets de développement de la nature en ville : espaces verts, parcs et jardins, mais aussi murs et toitures végétalisés. De ce fait, l’ingénierie territoriale environnementale se doit d’envisager de quelle façon faire adhérer les habitants. Dans le cadre d’un atelier du master Bioterre, nous avons mis en place une méthode permettant non seulement d’établir le niveau d’acceptabilité et d’attente des habitants mais aussi les potentialités de renaturation d’îlots au sein de quartiers et de projets d’aménagement du territoire du Grand Paris.
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Integration entrée
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Avant/après Immeuble OPAH © D.R.
La méthode BIODIB La recherche d’un protocole d’analyse applicable à l’ensemble des immeubles a abouti à la création d’une méthode nommée BIODIB, acronyme des mots en anglais BIOdiversity Diagnostic Inhabitants and Buildings. Elle se compose de trois axes : le diagnostic social, le diagnostic architectural et réglementaire, et le diagnostic écologique. Le diagnostic social par les entretiens Ce premier point du diagnostic consiste à analyser le contexte sociologique du bâti. L’équipe va directement à la rencontre des usagers – habitants, salariés, étudiants – afin de connaître leurs attentes et leurs motivations en termes de projets de végétalisation. Pour cela un questionnaire a été constitué sur quatre parties : DOSSIER SOCIÉTAL
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1. La perception de la nature Cette partie permet de cerner si l’enquêté est sensible à la nature et, si oui, à quel degré. Il est également questionné sur la pratique du jardinage. 2. La perception du bâtiment Dans cette partie, l’objectif est de savoir si l’enquêté est satisfait de son environnement de vie ou de travail. Comprendre quels sont les problèmes rencontrés permet de trouver des solutions efficaces pour améliorer le cadre de vie. Le projet de végétalisation doit, dans la plupart des cas, pouvoir répondre à un besoin (cultiver des plantes comestibles, apporter de l’ombre, fleurir l’espace…). 3. L’implication des occupants Il est nécessaire que les usagers d’un bâtiment s’impliquent pour le bon fonctionnement d’un espace vert, que cela soit par son financement ou son entretien. Les occupants sont questionnés sur ce qu’ils souhaitent mettre en place, En outre, il leur est demandé d’imaginer leur espace en précisant les espèces et les supports à végétaliser. La capacité de financement pour la mise en place d’un projet ainsi que pour son entretien est également abordée. 4. Les connaissances La mise en place d’un nouvel espace vert au sein d’une structure bâtie est un projet ambitieux. Il est nécessaire d’informer sur les éléments gravitant autour de ce projet, comme par exemple les systèmes de récupération d’eau de pluie ou le compostage. Ce questionnaire dure entre 30 min et une heure mais peut être réduit, notamment si le nombre de personnes à interroger est important comme c’est le cas en entreprise (au-delà de 15 personnes). Aucune connaissance spécifique en biodiversité ou en écologie n’est requise pour répondre aux questions. L’importance donnée à l’aspect social du diagnostic s’explique par la conviction que la mise en place d’un projet de végétalisation, et sa pérennité, ne sont possibles que si l’implication des usagers est assurée. La sensibilisation est une étape primordiale dans l’acceptation du projet et la participation permet de se l’approprier. Lors des enquêtes, l’équipe rencontre un maximum de personnes et très souvent des idées reçues concernant la nature urbaine ressortent. Il est donc indispensable d’accompagner les usagers pour que chacun comprenne l’importance de la végétalisation ainsi que la nécessité d’y intégrer un aspect écologique, et non pas seulement esthétique. Il faut expliquer que la nature ne va pas au même rythme que nos envies, ou que la venue de pollinisateurs est quelque chose de positif. L’enjeu est donc à la fois de sensibiliser les citadins sur les bienfaits de la nature en ville, mais également de leur démontrer que ces bienfaits sont corrélés à leur bien-être. CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
À LIRE
Paysages urbains [parisiens] et risques climatiques Sous la direction de Olivier Jeudy, Yann Nussaume, Aliki-Myrto Perysinaki Édition Archibooks, Paris, 2016
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Au sein du milieu urbain, BIODIB est également un outil de diagnostic réglementaire et environnemental du bâtiment qui permet la préconisation d’aménagements paysagers.
Le diagnostic architectural et réglementaire Au sein du milieu urbain, BIODIB est également un outil de diagnostic réglementaire et environnemental du bâtiment qui permet la préconisation d’aménagements paysagers. Il prend en compte le contexte de l’immeuble à l’échelle du quartier et à l’échelle de la parcelle. Il ressort ainsi une vision plus globale de la situation spatiale de l’immeuble et de ses dynamiques environnementales. Sont recensés, entre autres, la distance aux espaces verts dans la perspective de création de corridors écologiques, l’ensoleillement, ou encore la végétation, plantée ou de manière spontanée dans les espaces libres de la parcelle ou accrochée aux balustrades. Organisée en trois parties, le diagnostic architectural et réglementaire révèle de manière synthétique et graphique les caractéristiques techniques de tous les éléments bâtis pouvant avoir un rôle dans un projet de végétalisation. Il s’agit notamment des fenêtres, des balcons, des murs, des cours intérieures et dans certains cas des toitures. Il faut noter que toutes les descriptions constructives du diagnostic reposent sur une étude, par l’équipe, de l’architecture des parements, des volumes et des surfaces construites. Aucun relevé structurel n’est prévu dans cette étape d’évaluation qui précède les recommandations. Elles répondent également aux principales caractéristiques selon la période de construction et la typologie architecturale de l’immeuble étudié. Ces trois outils permettent ainsi aux habitants de comprendre le potentiel de végétalisation de leurs immeubles grâce à des supports simples et ludiques constitués de schémas, de graphiques interprétatifs, de photos et de dessins d’architecte. Éléments de génie écologique / bilan écologique La composante écologique est intégrée dès le stade de diagnostic du bâti. La fiche technique détaille ainsi l’environnement naturel et les enjeux de conservation autour de la parcelle. Plusieurs sources sont mobilisées afin d’être aussi exhaustif que possible puisque la démarche intègre l’écologie de l’environnement proche, mais également la fonctionnalité à plus large échelle. La consultation d’acteurs locaux investis dans la préservation de la nature est primordiale : il s’agit d’affiner la connaissance des enjeux et de connaître les démarches en cours auxquelles le projet pourrait éventuellement se raccrocher. Suite à cet état des lieux, les propositions de végétalisation, et plus largement d’insertion de la nature au sein du bâtiment, sont adaptées aux enjeux écologiques locaux. En effet, il s’agit de favoriser la transparence de l’îlot pour garantir les déplacements nécessaires aux espèces de l’écosystème. Enfin, la méthode BIODIB aboutit à des recommandations d’aménagement.
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e Mairie du 3 > le logogotype > Logotype pour document en quadrichromie sur fond blanc (ou clair) DESCRIPTION: > le « 3e » est noir > le texte d’accompagnement est orange (C:0, M:65, J:100, N:0) > le bandeau vertical est de cette même couleur
>Logotype pour document en quadrichromie sur fond couleur DESCRIPTION: > le « 3e » est blanc > le texte d’accompagnement est noir > le bandeau vertical est de cette même couleur
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SARAH,
présiDEnte DE sa copro
La Ville de Paris a confié l’animation de l’opération au PACT ParisHauts de Seine, association spécialisée dans l’amélioration de l’habitat. Sa mission est d’informer, conseiller et accompagner les propriétaires dans la démarche d’amélioration thermique et environnementale de leur immeuble. Pour conduire cette opération, le PACT a constitué une équipe de spécialistes : un bureau d’études thermiques et deux agences d’architectes (l’une spécialisée dans la maîtrise d’œuvre de projets de réhabilitation énergétique, et l’autre spécialisée dans la rénovation Paris du patrimoine historique).
Plaquette de l'OPAH © Ville de
JULIE,
FATOU,
Le périmètre DE l’OPAH 2d2e
directrice
fleuriste
C’EST VOUS, C’EST CHAQUE PROPRIÉTAIRE OU HABITANT DU QUARTIER RÉPUBLIQUE QUI DÉCIDE DE S’ENGAGER POUR AMÉLIORER LA QUALITÉ ENVIRONNEMENTALE ET THERMIQUE DES IMMEUBLES ET FAIRE DES ÉCONOMIES D’ÉNERGIE, LA VILLE DE PARIS LANCE L’OPAH 2D2E* POUR VOUS ACCOMPAGNER. *Opération programmée d’amélioration de l’habitat Développement Durable et Économies d’Énergie
Les résultats Les exemples d’application de la méthode correspondent à deux projets concrets, l’un dans le cadre d’une OPAH, Opération programmée d’amélioration de l’habitat effectuée autour de la place de la République dans Paris et l’autre dans le cadre de la rénovation d’une école de design, Strate, située à Sèvres dans les Hauts-de-Seine. OPAH Feuille de Ville a travaillé en partenariat avec l’OPAH 2D2E1 afin de diagnostiquer la place de la nature pour les habitants d’une copropriété située dans le secteur de la place de la République à Paris. Six copropriétaires ont été interrogés afin de rendre compte de leur rapport à la nature, connaître leurs attentes et évaluer leurs motivations ainsi que leur capacité d’investissement temporel et financier. La cour intérieure de la copropriété CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
CONTACTEZ LE PACT PARIS-HAUTS DE SEINE : opah2d2e@pact75-92.org Permanences d’accueil du public : • Sans rendez-vous de 9h à 12h du lundi au vendredi à la mairie du 3e 2, rue Eugène Spuller – 75003 Paris • Sur rendez-vous en dehors de ces horaires, mairies du 10e et 11e.
Tél. : 01 42 77 85 93 Site Internet : www.paris2d2e.fr MAIRIE DE PARIS DIRECTION DU LOGEMENT ET DE L’HABITAT
Illustrations : Thinkstock –
Illustrations : Thinkstock –
MARC,
ARchitecte
C’EST V RÉPUBLI ENVIRONN ÉCONOM VOUS ACC
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Cette école peut jouer un rôle dans le renforcement des continuités écologiques entre les différents milieux remarquables protégés et les réservoirs de biodiversité, notamment la conservation des bois morts et de son entomofaune.
est déjà végétalisée par des plantes en pots. L’entretien de ces plantes est actuellement assuré par une seule personne. Les résultats d’enquêtes démontrent toutefois que l’ensemble des enquêtés souhaitent augmenter les espaces végétalisés, notamment avec de nouveaux supports comme les murs ou la cage d’ascenseur visible de l’extérieur. Certains désaccords freinant la prise d’initiative ont été identifiés. L’aménagement actuel de la cour ne convient pas à tous. En mettant en lumière les points de blocage, il devient plus facile de proposer un projet correspondant aux différents usages des habitants. Toute proposition doit impérativement prendre en compte les déplacements, l’emplacement des vélos ou encore les bacs à poubelles. Ces éléments du cadre de vie sont intégrés dans les préconisations lors des recommandations. L'école Strate La méthode BIODIB a fait l’objet d’une application dans le cadre d’une collaboration avec l’école de design Strate (Sèvres dans les Hauts-de-Seine) afin d’intégrer au mieux cette école dans son environnement. En effet, elle est entourée de quatre zones à enjeu écologique. Cette école peut jouer un rôle dans le renforcement des continuités écologiques entre les différents milieux remarquables protégés et les réservoirs de biodiversité, notamment la conservation des bois morts et de son entomofaune. L’objectif est également d’améliorer le bien-être des usagers, salariés ou étudiants, grâce à une nature vécue autant que perçue. L’isolation phonique mais surtout visuelle du voisinage est une priorité, et il est également nécessaire d’apporter de l’ombre pour toute la partie plein sud de l’école. Des espaces de détente ont été préconisés via l’implantation de végétation. Un effort de sélection a été demandé, notamment vis-à-vis de l’implantation de faune au sein de l’école. Durant les entretiens, beaucoup d’usagers ont fait part de leur envie de voir la
École de design Strate (Sèvres dans les Hautsde-Seine) © École Strate
DOSSIER SOCIÉTAL
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La méthode BIODIB répond au besoin de préservation de la biodiversité sur le territoire en favorisant la mise en place de végétalisation au sein des espaces privés.
École de design Strate (Sèvres dans les Hautsde-Seine) © École Strate
mise en place d’un poulailler ou encore d’un potager sur le toit. Pour des questions de logistique, ces derniers n’ont pas été retenus et Feuille de Ville a centré ses recommandations sur plus d’ombre et d’espaces verts, pour la détente et la fraîcheur. Conclusion L’accroissement des exigences environnementales de la part des citadins et la multiplication des réglementations aux différentes échelles spatiales font écho à l’urgence d’apporter des solutions face aux enjeux environnementaux et nous imposent une évolution dans notre façon de penser l’aménagement urbain. La méthode BIODIB répond au besoin de préservation de la biodiversité sur le territoire en favorisant la mise en place de végétalisation au sein des espaces privés. Elle y participe également en favorisant l’atteinte des objectifs des pouvoirs publics, et notamment de la fabrique de la ville durable du Grand Paris, visant à diminuer l’impact environnemental. Son ambition de sensibilisation répond aux enjeux environnementaux qui doivent nécessairement être abordés sur le long terme. Article sous la direction de Pierre Pech, assisté de Bienenfeld Béatrice, Bouzique Coline, Guenoux Charlotte, Montus Marie, Peres-Pereira Micael, Villanueva Dena du bureau d'études Feuille de Ville. In, Paysages urbains parisiens et risques climatiques, actes de colloque, éd. Archibooks, 2016. CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
Horizon de Chloé Moglia © Grégoire Perrier
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DOSSIER CULTURE Par : Christine Blanchet
LA « VILLA » MÉDICIS DU GRAND PARIS EN ATTENDANT L’OUVERTURE DE LEUR LIEU EN 2023, L’ÉQUIPE DE MÉDICIS-CLICHY-MONTFERMEIL EST DÉJÀ À L’ŒUVRE DANS LA MISE EN PLACE DE SON GRAND PROJET ARTISTIQUE, CULTUREL ET ARCHITECTURAL. CRÉÉ EN 2015 ET IMPLANTÉ ENTRE CLICHY-SOUS-BOIS ET MONTFERMEIL, CET ÉTABLISSEMENT PUBLIC DE COOPÉRATION CULTURELLE (EPCC), AU CROISEMENT DE LA CRÉATION INTERNATIONALE ET DE SA TRANSMISSION AU PUBLIC LE PLUS LARGE, A POUR VOCATION DE CONSTITUER UN ESPACE OÙ S’INVENTE LA CULTURE DE DEMAIN. Médicis-Clichy-Montfermeil : un label d’excellence « Pourquoi les cités, la banlieue, en particulier Clichy-Montfermeil, n’auraient-elles pas droit au meilleur ? » La réponse s’incarne dans l’objectif déclaré en 2009, au moment de l’annonce de sa création par Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture et ancien directeur de la Villa Médicis, de redonner à ce territoire durement éprouvé socialement, et encore sous le choc des émeutes de 2005, une autre image portée par un nouvel élan culturel et social. En effet, le souhait de créer une Villa Médicis en accueillant des artistes internationaux et transdisciplinaires participe de cette volonté politique, à la fois ministérielle et locale, d’offrir la possibilité « d’occuper » et de projeter ce terrain autrement, sans repli identitaire et en l’ouvrant au monde artistique d’ici et d’ailleurs. Un projet très ambitieux car il s’agit là de concevoir le pendant de la Villa Médicis à Rome, résidence artistique française depuis 1803 dont la notoriété dépasse largement nos frontières. CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
C’est un projet qui parle avec la population. Le but est de rassembler des artistes et la population du quartier.
Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois
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Répétition publique : Hourvari de Yoann Bourgeois © Ugo Casablanca
Forts de cette perspective prestigieuse pour leur commune, Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois et Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, se sont engagés pleinement dans ce programme Médicis dans lequel ils souhaitent vivement que les habitants et les différents acteurs du monde associatif soient entièrement parties prenantes. Médicis-Clichy-Montfermeil est donc un Établissement public de coopération culturelle créé par l’État, l’Établissement public territorial Grand Paris Grand Est et les Villes de Clichy-sous-Bois et Montfermeil qui se veut avant tout un laboratoire artistique et un lieu de monstration à travers des expositions et des spectacles. Un lieu en devenir C’est dans la tour Utrillo, rachetée par le ministère de la Culture pour cette occasion, qu’était initialement prévue l’installation de l’équipement et de la résidence Médicis-Clichy-Montfermeil. À l’origine, cet immeuble de bureaux érigé en 1976 au cœur du quartier des Bosquets, sur le plateau de Clichy-sous-Bois/Montfermeil, avait été abandonné au fil des années. Après sept ans de réflexions et moult revirements, la décision de détruire la tour en 2016 s’est finalement DOSSIER CULTURE
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imposée pour y bâtir à la place un autre édifice d’envergure, d’une superficie de 12 à 17 000 m2, qui réunira aussi, au-delà de ses aspirations culturelles, des espaces tels ceux de co-working, de restauration ou encore une La tour Médicis, c’est halte-garderie. pour le département Son emplacement, à proximité de la gare Clichy-Montfermeil du métro Grand Paris Express (ligne 16) signée par l’agence Miralles Tagliabue EMBT, est en passe de devenir un lieu phare du futur pôle culturel de la Métropole du Grand Paris.
de la Seine-SaintDenis, le Louvre à Lens ! Xavier Lemoine, maire de Montfermeil
En attendant 2023… Il est apparu nécessaire, pour les différentes autorités dont dépend le projet, que l’équipe Médicis-Clichy-Montfermeil soit constituée pour débuter une programmation et assurer une présence sur place. Sous la conduite de son directeur Olivier Meneux, nommé en 2015 par la ministre de la Culture Fleur Pellerin, l’équipe œuvre à la mise en place des premières festivités mais aussi à l’outil essentiel de la préfiguration Médicis-Clichy-Montfermeil : l’ouverture en 2017 du pavillon du projet, lieu éphémère de diffusion et de rencontres à travers des ateliers de création et d’échanges. Trois objectifs ont été ainsi fixés : faire vivre le projet « avant les murs » avec des actions artistiques et l’accueil d’artistes associés ; dialoguer avec les habitants et partenaires pour engager des dynamiques de projets pérennes avec les acteurs locaux et territoriaux ; élaborer le projet de manière progressive. Les premiers rendez-vous de la saison culturelle, ouverts à tous et gratuits, ont débuté avec Les Temps suspendus#1, spectacles et promenades animées par des artistes et les associations locales. Une invitation qui s’est prêtée, du 13 septembre au 6 octobre, à une ré-exploration de la ville par l’imagination, l’ivresse de l’apesanteur, la poésie et l’histoire. La participation du public assure sans nul doute les premiers succès du programme en attendant les nouvelles interventions du mois de décembre pour finir l’année en beauté. LE TEMPS SUSPENDU #2 Du 6 au 17 décembre 2016
INFOS www.medicis-clichy-montfermeil.fr CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
Le second Temps suspendu sera placé sous le signe de la voix, du souffle, du récit – et de quelques fortes personnalités féminines. Avec les compagnies de Jean-Michel Rabeux (Peau d’âne, le 6/12) et Eva Doumbia (Afropéennes, d’après Léonora Miano, le 11/12), la flûtiste Naïssam Jalal et ses Rhythms of Resistance (9/12), et la riche programmation du Cinémobile (du 12 au 17/12).
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Olivier Meneux © Ciclic-2014
ENTRETIEN OLIVIER MENEUX DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’ÉTABLISSEMENT PUBLIC DE COOPÉRATION CULTURELLE Olivier Meneux consacre l’essentiel de son engagement professionnel à l’émergence artistique, à la transmission et à l’éducation culturelle depuis plus de vingt ans. Il a ainsi été à l’initiative de la création d’autres institutions culturelles de référence (ACAP, Pôle Image, Région Hauts-de-France ; CICLIC – Agence régionale de l’image, du livre et de la culture numérique – Région Centre-Val de Loire) et piloté des politiques publiques dans le champ artistique au ministère de la Culture et de la Communication ou à la direction de la culture du département de la Seine-Saint-Denis. Christine Blanchet : Comment est né le projet « politique » de votre établissement ? OM : Après les tensions sociales de 2005, les villes de Clichy-sous-Bois et Montfermeil souffraient d’une image négative. L’ambition forte portée par les maires était de désenclaver leurs villes et de changer les regards portés sur leurs territoires perçus comme des territoires de relégation. Ils ont dès lors plaidé pour que leurs habitants puissent aussi avoir le droit au meilleur, notamment à travers un projet culturel d’envergure inspiré de la Villa Médicis de Rome. En 2011, le ministère de la Culture a fait l’acquisition d’un bâtiment au cœur d’un quartier en rénovation. Le projet a été relancé par Fleur Pellerin, puis confirmé par Audrey Azoulay en 2015. En effet, le ministère de la Culture et de la Communication souhaite interroger son modèle d’intervention publique au travers d’une nouvelle génération d’établissement dont Médicis-Clichy-Montfermeil préfigure le développement.
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CB : Votre proposition culturelle se veut avant tout ouverte sur le lien avec les habitants de ces territoires, Montfermeil et Clichy : quelles sont vos actions pour réaliser vos objectifs artistiques et comment amenez-vous les artistes à y participer ? OM : Le projet est appelé à se déployer de manière innovante et progressive, selon un calendrier de long terme. Une phase de préfiguration jusqu’à la construction et l’ouverture du futur équipement et de la nouvelle gare, prévues en 2023, permet de faire vivre Médicis-Clichy-Montfermeil « avant les murs », de l’ancrer dans son territoire et de l’élaborer par une expérimentation in situ qui offre le temps de la construction progressive du projet scientifique, culturel et architectural. La fonction centrale de la structure sera de soutenir la création en accueillant des artistes en résidence, et de porter un projet culturel fondé sur le partage, le dialogue et la formation. La transmission est au cœur de notre projet. De nombreuses actions seront portées par Médicis-Clichy-Montfermeil en lien avec les partenaires territoriaux : diffusions de petites formes, résidences en milieu scolaire, travail avec les centres sociaux, actions culturelles liées à la programmation. En plus de la participation de l’établissement à différents projets métropolitains, des rencontres seront organisées avec les habitants. Des actions sont mises en place de manière régulière depuis juin 2016 et trouvent déjà leur public, comme le « Cinémobile » ou le premier « Temps suspendu » – moment fédérateur qui se répétera trois fois par an autour d’un thème spécifique. CB : Quels sont vos critères pour construire votre programmation ? OM : Tout ce qui nous relie au territoire, à ses habitants, comme à ses partenaires, s’inscrit dans une représentation de formes et d’interactions qui s’inventent et fondent notre récit, notre programmation. Créer un lieu de référence national, dédié à l’invention culturelle et aux émergences artistiques au cœur de la République, et ce en 2017, constitue notre feuille de route. Cette feuille de route pose des questions fortes : faire lieu, traduire, représenter, transmettre, interagir… Schématiquement, ces interrogations centrales guident l’ensemble de nos projets. « Faire lieu, prendre place » constitue notre point de départ, notre fil conducteur, au cœur d’un territoire dont l’espace public vécu, subi et rêvé nourrit toutes les représentations, les fantasmes, les assignations. C’est une manière pour nous de nous inscrire, au sens propre, comme au figuré, dans le paysage. Une nouvelle façon de penser un projet au XXIe siècle.
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DOSSIER URBANISME Par : Virginie Picon-Lefebvre
CAMPUS JUSSIEU : LES MUTATIONS D’UNE ICÔNE MODERNE L’UNIVERSITÉ SITUÉE EN BORD DE SEINE A ÉTÉ PENSÉE PAR SON ARCHITECTE ÉDOUARD ALBERT COMME UN QUARTIER MODERNE DESTINÉ À L’ÉDUCATION DES ENFANTS DU BABY-BOOM ET CET OBJECTIF A RENCONTRÉ LE SUCCÈS, COMME EN TÉMOIGNE LE CLASSEMENT ACTUEL DE L’UNIVERSITÉ PAR RAPPORT À SES CONCURRENTES EUROPÉENNES.
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Tour Zamanski (à droite), TVAA © Laurent Ardhuin
Une œuvre d’art 3 dimensions Le projet d’un nouvel ensemble universitaire de très grande taille avait tout d’abord été confié à des architectes renommés à l’époque, même s’ils sont tombés depuis dans l’oubli : Urbain Cassan, René Coulon, Roger Séassal et Louis Madeline. Ils dessinèrent, pour répondre à la demande du ministère de l’Éducation nationale, une série de barres identiques de 160 m de longueur sur 70 m de hauteur qui s’étageaient depuis la Seine jusqu’à la place Jussieu. Seule la barre en forme de L d’Urbain Cassan fut construite en 1958, le long du quai Saint-Bernard et de la rue Cuvier. Pour des raisons à la fois politiques et esthétiques, ce projet fut abandonné lorsqu’André Malraux décida en 1962 de confier la réalisation du nouveau campus à Édouard Albert, un architecte, professeur aux Beaux-Arts et adepte des structures tubulaires. Ce dernier accepte à condition de pouvoir s’associer dès la conception avec des artistes parmi les plus célèbres à l’époque, comme Georges Braque ou encore Fernand Léger. Il imagine un projet architectural simple et volontairement en retrait pour mettre en valeur des œuvres d’art monumentales financées par le 1 % artistique qui doivent faire partie du projet de manière indissociable. CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 9
Édouard Albert imagine un projet architectural simple et volontairement en retrait pour mettre en valeur des œuvres d’art monumentales financées par le 1 % artistique qui doivent faire partie du projet de manière indissociable.
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Axonométrie
© Reichen et Robert
Le projet d’Albert pour Jussieu ne sera jamais achevé, l’ensemble des 21 cours prévues à l’origine ne sera pas réalisé et seules quelques œuvres d’art s’installent dans les 12 cours construites, dégradées au cours du temps faute d’entretien.
Dans ces cours régulières, on aurait dû pouvoir admirer les différentes œuvres prévues par l’architecte qui devaient donner à chacune une ambiance différente. Placé devant l’impossibilité de mettre en œuvre son projet pour des raisons budgétaires, Édouard Albert se retire et meurt d’une crise d’asthme en 1968 avant la fin du chantier. Malgré le désaveu qui frappe son œuvre, le ministère de la Culture classera sa tour du XIIIe arrondissement en 1994, au moment où un projet de rénovation en menace l’intégrité, ce qui témoigne de la reconnaissance de son talent par les spécialistes du patrimoine, si ce n’est par le public, encore trop souvent indifférent si ce n’est hostile à son esthétique. Le projet d’Albert pour Jussieu ne sera jamais achevé, l’ensemble des 21 cours prévues à l’origine ne sera pas réalisé et seules quelques œuvres d’art s’installent dans les 12 cours construites, dégradées au cours du temps faute d’entretien. Pendant des années, de 1972 à 1997, le campus souffre en effet d’un entretien très insuffisant et se voit violemment critiqué par ses utilisateurs pour son inconfort et son caractère inhumain. Il incarne aussi pour le public le saccage des perspectives parisiennes, selon un manifeste publié par les jeunes étudiants en urbanisme de Vincennes dans la foulée de Mai 68 sous l’égide de Pierre Merlin et Françoise Choay.
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Une longue série de projets Le projet de la rénovation, dont on célèbre l’achèvement cette année, a commencé dans le contexte de l’interdiction de l’utilisation de l’amiante à partir de 1997. Jussieu, au moment du démarrage du désamiantage, fait donc l’objet de très nombreuses critiques récurrentes depuis son ouverture, qui auraient pu entraîner sa destruction pure et simple. En résumé, on dénonce la tour de 85 m de haut visible sur les perspectives de Notre-Dame, une réalisation inachevée, laissant voir des pignons en attente côté Seine, une dalle trop lumineuse par beau temps et battue par les vents lorsqu’il pleut. À ces défauts d’origine s’ajoute le mauvais état d’entretien des locaux à l’intérieur comme à l’extérieur. Par ailleurs, un certain nombre de projets avortés émaillent l’histoire du campus, de l’ouverture de l’université en 1972 aux travaux de désamiantage qui commencent en 1996. Notamment le concours de 1992 pour deux bibliothèques, qui va voir s’opposer les défenseurs de l’achèvement du projet Albert, comme Jean Nouvel et Architecture-Studio, et ceux qui comme Rem Koolhaas, soutenu par Jack Lang, veulent le remettre en cause, en proposant une figure pleine, un cube, pour s’opposer aux vides de la grille initiale...
L'une des cours intérieures du Campus © Laurent Ardhuin
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Les projets de rénovation vont se dérouler dans des contextes spécifiques et selon des procédures différentes.
Un processus de rénovation qui s’est enrichi au cours du temps Quoi de commun entre le premier projet consacré au désamiantage et le dernier qui comporte la création de deux bibliothèques, un espace pour les événements culturels et un auditorium ? Tous ces projets ont posé la question de l’architecture des bâtiments et de la protection au feu des structures métalliques ainsi que celle de l’éclairage naturel des espaces situés dans la dalle. Des questions liées à la circulation, aux usages, aux liens avec la ville ont été également posées aux architectes. La valeur de l’écriture de l’architecture n’a cessé d’être réévaluée au long de ce processus. Les projets de rénovation vont se dérouler dans des contextes spécifiques et selon des procédures différentes. Le premier projet, pensé comme une proposition technique, entraîne la suppression des poteaux en façades. La délicate structure qui part des poteaux sur la dalle pour s’élancer sur les façades a donc été perdue dans cette partie du projet, et cette altération n’est compensée par aucune qualité supplémentaire. Après avoir constaté l’impossibilité de tenir les délais tels qu’ils avaient été prévus, la maîtrise d’ouvrage découpe le campus en plusieurs chantiers à mener de manière successive. Deux concours furent tout d’abord organisés pour la tour et les îlots situés à l’ouest, le dernier remporté par l’agence Reichen. Le projet pour la rénovation des bâtiments adopte une solution de doublement des poteaux afin de conserver l’aspect des façades. Mais la principale modification concerne le creusement de la dalle pour créer des patios et aménager une circulation au niveau bas, le long de nouveaux bâtiments, les « barrettes », dont l’esthétique s’inspire de l’architecture des années 1960, mais dont la hauteur, DOSSIER URBANISME
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Pour l’université, il s’agissait aussi de poursuivre le nouveau projet de circulation estouest amorcé par le projet Reichen, ainsi que de construire de nouveaux équipements nécessaires et d’aménager la cour d’honneur.
L'une des bibliothèques du campus Jussieu © Laurent Ardhuin
malheureusement, ferme la transparence d’une cour à l’autre. Les volumes qui en résultent semblent assez sombres. Le dernier concours est remporté en 2008 par ArchitectureStudio. En réalité, cela fait trente-cinq ans que l’agence travaille sur ce site, depuis la construction de l’Institut du monde arabe et le concours pour les bibliothèques ; elle a donc acquis au fil du temps une bonne connaissance des enjeux et des défis qu’il pose. Pour l’université, il s’agissait aussi de poursuivre le nouveau projet de circulation est-ouest amorcé par le projet Reichen, ainsi que de construire de nouveaux équipements nécessaires et d’aménager la cour d’honneur. Le projet d’Architecture-Studio avec Michel Desvigne en 2015 a été de végétaliser le parvis et de le raccorder en pente douce à la place Jussieu.
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Bernard Dizambourg © D.R.
Propos recueillis par : La Rédaction
ENTRETIEN BERNARD DIZAMBOURG UNIVERSITAIRE, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ D'UNIVERSITÉS ET ÉTABLISSEMENTS UNIVERSITÉ PARIS-EST DE 2013 À 2015 LR : Quel a été votre rôle au sein de l'établissement public d'aménagement universitaire d'Ile-de-France (EPAURIF) ? bD : J'ai présidé l'établissement public de 1997 à 2003. François Bayrou, alors ministre de l'Éduction et de l'Enseignement supérieur m'avait proposé ce poste. J'avais jusqu'alors mené une carrière d'universitaire. C'était d'ailleurs un tel profil qui était recherché pour la présidence de l'EPAURIF. En effet, il fallait rendre politiquement faisable ce projet et il paraissait plus que nécessaire qu'il y ait, à la tête de ce chantier, une personne connaissant bien le monde universitaire. À mes côtés, Philippe Grand, Ingénieur des Ponts, a été nommé directeur de l'établissement. LR : Quelle a été l'utilité d'un établissement public dans le cadre de ce projet ? bD : Il y avait bien d'autres solutions juridiques mais toutes paraissaient insatisfaisantes. L'État aurait pu mener directement ce chantier ou encore le rectorat, mais la difficulté était d'avoir les équipes nécessaires pour affronter un projet particulièrement complexe. Il s'agissait vraisemblablement de la première grande opération de désamiantage en France ; toutes les techniques n'étaient donc pas encore éprouvées et toutes les normes n'avaient pas encore été adoptées à ce sujet. Par ailleurs, nous devions mener ce chantier en site occupé... qui plus est occupé par trois entités différentes : Paris VI, Paris VII et l'Institut du Globe. LR : Pourquoi avoir privilégié un chantier en site occupé ? bD : Nous avions une autre option, à savoir celle de relocaliser toutes les universités ailleurs. Nous nous confrontions alors à plusieurs problèmes. Le principal était celui du foncier : où trouver, à Paris, une surface suffisante pour accueillir l'ensemble des activités de Jussieu ? Il n'y avait, intra-muros, presque aucune possibilité et, hors-les-murs, nous nous serions confrontés à celles et ceux qui militaient pour le DOSSIER URBANISME
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maintien de Jussieu en centre-ville. Une solution intermédiaire aurait été de morceler l'université et de la répartir sur différents sites. Cet éclatement aurait été, à mes yeux, préjudiciable, d'autant plus quand nous pouvons voir ce que Jussieu représente aujourd'hui ! LR : Quelles difficultés a entraîné ce choix ? bD : Qui dit projet en site occupé, dit chantier phasé. Il nous a fallu, en conséquence, penser à des relocalisations temporaires. Nous avons trouvé des locaux de desserrement sur place mais aussi à l'extérieur de Jussieu, dans le 15e arrondissement ou encore Ivry-sur-Seine. Notre rôle a également été de gérer quantité de déménagements... LR : Vous avez participé au jury ayant sélectionné le projet de l'agence Reichen et Robert. Quelle qualité aviez-vous trouvé à leur dessin ? bd : Jean Nouvel avait reçu, de la part du cabinet de Jacques Lang, ministre de l'Éducation, une mission pour la conception d'un schéma d'ensemble. Il avait été alors proposé une réflexion sur un grand campus muséal, de culture et de science. Il s'agissait de créer des perméabilités avec l'environnement extérieur mais aussi de créer de nouvelles perspectives. Enfin, Jean Nouvel avait appelé au respect de l'architecture d'Édouard Albert. Cette étude avait été versée à l'appel à candidature. Forte de ces préconisations, l'agence Reichen et Robert s'est avérée proposer l'approche la plus fine. Elle avait
Parvis de la Tour Jussieu © Laurent Ardhuin
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parfaitement pensé la relation de Jussieu à la ville. En plus d'un traitement soigné de la dalle, du socle et de ses abords, Reichen et Robert proposaient la création de cours couvertes mais aussi d'une vaste colonnade rue des Fossés-Saint-Bernard. lR : L'établissement public avait-il imposé le respect du parti d'origine ? bd : La structure externe et les façades laissaient craindre aux pompiers une faible résistance au feu de l'ensemble universitaire. Aussi, lors de la restructuration de la première barre, les poteaux métalliques, si caractéristiques de l'architecture d'Édouard Albert, ont été placés à l'intérieur de la façade. Nombre d'architectes ont réagi à ce parti pris et, tant la famille d'Édouard Albert que le ministère de la Culture se sont montrés critiques. Reichen et Robert qui avait à cœur de préserver l'architecture du site avaient donc été invités à penser un dispositif structurel à même de répondre aux inquiétudes des pompiers. In fine, deux points esthétiques ont été particulièrement observés : le respect du rythme des poteaux et la création de fenêtres à coulissant vertical. Pour ce faire, nous avons du doubler les piliers à l'intérieur de chaque barre pour renforcer la structure et travailler sur de nouvelles allèges. Si à l'époque d'Édouard Albert, toutes étaient en marbre, elles sont aujourd'hui, pour des raisons techniques, dans un matériau verrier relativement proche de l'effet d'origine.
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À droite vue sur l'une des cours intérieures du Campus, le Tipi © Laurent Ardhuin
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LE MAGAZINE D’INFORMATIONS DU GRAND PARIS
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS
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DOSSier SPéCial mIPIm PIP HOuRA ! Par : Jean-philippe Hugron
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« LE MIPIM ? MOI, JAMAIS ! » C’ÉTAIT IL Y A QUELQUES ANNÉES ENCORE ; BIEN DES ARCHItECtES FAISAIEnt MOntRE d’UnE MOUE MépRISAntE À lA SIMplE éVOCAtIOn dE L’ACRONYME. « UN SALON DE L’IMMOBILIER ? TRèS PEU POUR MOI… ». TOUTEFOIS, C’ÉTAIT AVANT... BIEN AVANT LA CRISE. AUJOURD’HUI, LE DÉDAIN EST REMISÉ AU PLACARD. IL LAISSE PLACE À LA CURIOSITÉ ET À L’ATTENTE ; LE RENDEz-VOUS EST DÉSORMAIS INCONTOURNABLE. ORGANISÉ GénéRAlEMEnt MI-MARS dAnS lE pAlAIS dES FEStIVAlS dE CAnnES, À QUElQUES pAS dE lA CROISEttE, l’éVénEMEnt RéUnIt pEndAnt QUAtRE JOURS pRESQU’AUtAnt d’ARCHItECtES QUE L’INAUGURATION DE LA MONDAINE BIENNALE D’ARCHITECTURE DE VENISE.
tribune urbanisme Par : François de mazières
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Millefeuille, le scandale de la métropole du Grand paris VÉRITABLE ABERRATION, LES MOTS SONT FORTS, LE TITRE CHOC. QUELQUES JOURS APRèS LA CRÉATION dE lA MétROpOlE dU GRAnd pARIS lE 1ER JANVIER 2016 , FRANÇOIS DE MAzIèRES LIVRE CETTE TRIBUNE, IL EN APPELLE À NE PAS S’ÉCARTER DE L’AMBITION PREMIèRE DU PROJET : MAIntEnIR lE CAp pOUR l’IntéRÊt GénéRAl, NE PAS SE PERDRE DANS LES STRATES. Le nouveau scandale du millefeuille administratif a pour nom : Métropole du Grand Paris. D’un projet ambitieux et simplificateur, l’absence de continuité dans le pilotage politique du projet a conduit à une réforme inutile, politicienne et coûteuse. Rappelons-en la genèse : en septembre 2007, lors de l’inauguration de la Cité de l’architecture et du patrimoine, Nicolas Sarkozy lance une consultation internationale d’équipes pluridisciplinaires. Leur feuille de route : comment doter Paris des atouts d’une métropole de niveau mondial intégrant les exigences du développement durable ? Les résultats des travaux sont présentés un an et demi plus tard, en mars 2009. La presse y fit un très large écho et le Grand Paris est alors devenu, par la mobilisation conjointe de l’appareil gouvernemental et des collectivités territoriales, une réalité. La démarche de l’État, résolument pragmatique, utilisait les structures administratives existantes, le cœur du dispositif étant le métro et ses 68 nouvelles gares (ndlr : voir dans le numéro 7 de Centralités du Grand
MIpIM 2015
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dossier spéCial
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Vue aérienne
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La déMarche de L’état, résoLuMent praGMatique, utiLisait Les structures adMinistratives existantes, Le cœur du dispositif étant Le Métro et ses 68 nouveLLes Gares.
Centralités du grand paris # 8
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111 <- Vue de l'exposition � Installation du collectif UVA (united Visual Artists)
ARCHITECTURE & DESIGN Jusqu’au 8 janvier 2017 Fondation Cartier pour l'art contemporain 261, boulevard Raspail 75014 Paris
art & architEcturE
Grandeur nature
EN KIOSQUES 8,90 €
du mardi au dimanche de 11h à 20h
Texte : Maxime Gasnier Photos : Luc Boegly Présentée à la fondation cartier et inspirée par l’œuvre du bioacousticien bernie krause, l’exposition « Le Grand Orchestre des animaux » tisse une fable expérientielle, mêlant images et documentaires sonores. Une véritable encyclopédie artistique.
en rassemblant plus de quarante années de recherches, la fondation cartier pour l’art contemporain accorde à bernie krause la possibilité d’exposer une biodiversité qui transcende l’archétype de la nature animale. exprimée à l’état sauvage, l’acoustique de cette dernière est mise sur piédestal pour révéler avec précision diverses mélodies capturées dans l’environnement naturel. né en 1938, le chercheur américain bernie krause a d’abord collaboré avec l’industrie musicale et cinématographique – du fameux groupe The Doors au film Apocalypse Now, – dès les années 1960, avant de se destiner à capturer les extraits sonores offerts par la nature. Passionné par la signature acoustique de chaque animal, krause a enregistré plus de 4 500 heures de sons issus de 15 000 animaux différents ; la fondation cartier en sublime un échantillon, à travers une volonté apologique qui invite les bruits de la vie sauvage à la manière d’un « art d’écouter de tout notre être ». car la rhétorique du « Grand Orchestre des animaux » s’impose parmi les préoccupations environnementales et écologiques, dans les flux représentatifs de l’humanité et de l’animalité. au-delà d’une scénographie enveloppante signée Taller de arquitectura, l’orchestration de l’exposition est notamment signifiée par l’entrecroisement des médiums. Médiums considérés comme médias au sens contemporain du terme puisque la scénographie accorde une vaste place aux technologies numériques et digitales, mises au
service d’une esthétique visuelle en mouvement, rejointe par la musicalité des espèces qui sublime les sujets exposés. L’expérience proposée aux visiteurs s’articule, dès l’entrée, par une confrontation avec la monumentale fresque de l’artiste chinois cai Guo-Qiang, White Tone, créée spécialement pour l’exposition. au verso du mur, photographies et vidéos de Manabu Miyazaki se complètent à travers des décompositions de mouvements à la Muybridge, où mammifères et oiseaux s’animent le temps d’un regard. Sans négliger l’aspect quasi scientifique du règne animal, les salles de l’étage inférieur nous mènent à une polyphonie contemporaine, entre échelles microscopique (à voir, les Chroniques du plancton) et macroscopique – l’installation du collectif UVa, développant sur les murs un panorama radiographique de la ville au rythme des vocalisations de la nature). agnès Varda, raymond Depardon, JP Mika ou encore Pierre bodo… L’exposition mobilise une sélection riche en talents contemporains, pour une monstration plurielle, exubérante et énigmatique à la fois. et, comme l’annonce très justement bernie krause : « c’est la base de ce que nous entendons dans les régions encore sauvages aujourd’hui et il est probable que tous les morceaux de musique qui nous procurent du plaisir et toutes les paroles que nous prononçons procèdent, dans une certaine mesure, de cette voix collective. il fut un temps où il n’y avait pas d’autre source d’inspiration acoustique. »
réalisation 2
POLYcLiniQUe SainT-rOch À MOnTPeLLier blézat architectes associés Texte : Carol Maillard Photos : Régis Bouchu Pour bâtir un centre hospitalier nouvelle génération répondant aux attentes de la direction, du personnel et du public, il faut savoir mener une synthèse complexe entre l’intégration des divers besoins et les dernières technologies médicales. rompue à cet exercice périlleux, l’agence d’architecture blézat a réalisé avec maîtrise la polyclinique Saint-roch à Montpellier.
réalisation 3
LYcÉe inTernaTiOnaL De L'eST PariSien À nOiSY-Le-GranD ateliers 2/3/4/ Texte : Emmanuelle Graffin Photos : Luc Boegly Le lycée international de l'est parisien s'exprime dans sa matérialité et sa simplicité : béton, brique et verre, partition géométrique épurée. Une volonté des architectes de rendre pérenne ce bâtiment imaginé comme une « place forte » sur un site paysager qui surplombe le Grand Paris.