P01
ÉDITO
Hong-Kong où se mêle nature originelle et urbanisation croissante. © Illustration de la couverture de Qu’est-ce que le développement durable pour les architectes ? Gaëtan Chevrier
À LA RECHERCHE DE L’INNOVATION Deux rendez-vous immanquables dans ce nouveau numéro de Centralités du Grand Paris : le SIMI (Salon de l’immobilier d’entreprise), présente la nouvelle offre en matière d’immobilier d’entreprise et la COP 21. En commun, la recherche de l’innovation. Présente, elle se constate à travers nombre de projets sortis de terre récemment - on pense au siège social FCBA à Paris, à l’îlot Hikari à Lyon, tant d’autres -, une certitude, elle doit se poursuivre sans relâche. Car l’innovation est une de ces choses toute faite d’espoir pour l’homme et la planète. Elle est aussi multiple, dans ces pages se détaille en architecture, en urbanisme, en promotion immobilière et dans la culture, à travers le travail exemplaire entrepris à La Maréchalerie de Versailles. Car l’innovation, c’est la création. Chaque m2 est devenu précieux, essentiel. Il faudra créer, produire, en tenant compte de l’environnement d’implantation, accorder notre occupation à l’existant, pour pouvoir durer. Marc Sautereau, directeur de la publication CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P02
OURS Directeur de publication, éditeur : Marc Sautereau m.sautereau@bookstorming.com Conception graphique : Adelyne Lefort a.lefort@bookstorming.com Mise en page : Stéphanie Alcindor graphisme@bookstorming.com Coordinatrice éditoriale et secrétaire de rédaction : Charlotte Guy c.guy@bookstorming.com Publicité : Sébastien Maschino s.maschino@bookstorming.com Paula Cornette p.cornette@bookstorming.com Eva Magnier e.magnier@bookstorming.com Rédacteurs : Christine Desmoulins, Alexandra Fau, Emmanuelle Graffin, Corinne Gruissard, Bertrand Lemoine, Frédéric Léonhardt, Arnaud Maïsetti, Virginie Picon-Lefèbvre et Yves Schwarzbach.
N°7 – décembre 2016 Le magazine décline toute responsabilité pour tous les manuscrits et photos qui lui sont envoyés. Les articles et photos publiés n’engagent que leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés. Prochaine sortie : Mars 2016 www.centralites.com En couverture Tour Majunga © Viguier Architecte Erratum Devant certaines imprécisions et obsolescences du dossier sur la ville d’Asnières-sur-Seine paru dans le numéro 6 de la revue Centralités du Grand Paris, la rédaction présente ses excuses à la ville ainsi qu’aux acteurs du projet urbain.
Rédaction : Centralités du Grand Paris 49, boulevard de la Villette, 75010 Paris Tél : 00 33 (0)1 42 25 15 58 www.centralites.com Abonnement : Bulletin d’abonnement en page 96 Diffusion : MLP en kiosques Le numéro : 5,90 € Dépôt légal : à parution le décembre 2016 CPPAP : 0615 T 92356 Centralités du Grand Paris est édité par Bookstorming
OURS
P03
RÉDACTEURS Christine Desmoulins Journaliste, critique d’architecture, l’auteure collabore à la rédaction d’archiSTORM, d’A, AMC et il Giornale di Architettura. Alexandra Fau Commissaire d’expositions, critique d’art et enseignante en histoire de l’art. Elle a organisé plusieurs expositions sur les relations entre art et architecture. Emmanuelle Graffin Architecte DPLG, auteur, journaliste et éditrice indépendante spécialisée en architecture et en paysage. Corinne Gruissard Journaliste spécialisée en urbanisme et architecture. Bertrand Lemoine Architecte, directeur de recherche au CNRS, ancien directeur général de l’Atelier international du Grand Paris. Frédéric Léonhardt Urbaniste, titulaire d’un DEA de projet architectural et urbain. Il a publié divers articles dans les revues Urbanisme, Ville, Rail et Transports et Études foncières et auteur du livre les 101 mots de la rénovation urbaine. Arnaud Maïsetti Auteur de roman, d’essai, de recueil de nouvelles, mâitre de conférence. Il est titulaire d’un doctorat en littérature, et alimente un journal en ligne et un site (écriture, lecture, photographie, fictions et interventions) depuis 2009. Virginie Picon-Lefèbvre Architecte dpg, urbaniste ENPC, elle enseigne à l’école nationale supérieure d’architecture Belleville, a enseigné à Harvard, à la Graduate School of Design et à l’école d’architecture de Versailles. Elle est membre fondateur d’un laboratoire de recherche le LIAT. Elle a écrit ou dirigé de nombreux ouvrages. Yves Schwarzbach Directeur de publication d’ITeM info, urbaniste et économiste, il est spécialiste des projets complexes, du changement et de l’innovation. Journaliste, auteur, blogeur, il est également enseignant et formateur.
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P04
SOMMAIRE
P05
SOMMAIRE P08
À LA UNE À la recherche du Grand Paris
P016
TRIBUNE URBANISME Écoquartiers les grands ensembles du xxie siècle ?
P022
DOSSIER SPÉCIAL SIMI 2015
P034
DOSSIER INTERNATIONAL La COP 21 et le Grand Paris
P048
LES MÉTROPOLES FRANÇAISE Marseille - Quai Ouest
P058
PROMOTION IMMOBILIÈRE Frédérique Monjanel - Directeur du développement immobilier de VINCI Construction France, pour sa filiale ADIM
P062
DOSSIER URBANISME Grand Paris Express « la ligne rouge »
P072
PAROLE D’ÉLU Manuel Aeschlimann - Maire d’Asnières-sur-Seine
P080
LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS Le quartier de La Défense en 2015, bilan à mi-parcours
P088
DOSSIER CULTURE Les rendez-vous de l’art contemporain à Versailles
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Découvrez de nouvelles opportunités et innovations pour votre activité immobilière : ❱ Le MIPIM Innovation Forum
AYEZ UN TEMPS D’AVANCE
❱ Les maquettes de projets internationaux sur les stands et les pavillons régionaux ❱ Le «Property Tech Day» qui verra se dérouler la toute première Startup competition de l’immobilier et du développement urbain.
15 -18 MARS 2016 CANNES, FRANCE
PALAIS DES FESTIVALS
❱ INSCRIVEZ-VOUS DÈS MAINTENANT EN LIGNE SUR MIPIM.COM
OU CONTACTEZ NOTRE ÉQUIPE COMMERCIALE : LAURIANNE.DICECCA@REEDMIDEM.COM
P08 À LA UNE
À LA RECHERCHE DU GRAND PARIS
P016 TRIBUNE URBANISME
ÉCOQUARTIERS, LES GRANDS ENSEMBLES DU xxie SIÈCLE
P022 DOSSIER SPÉCIAL SIMI 2015
P08
À LA UNE Par : Bertrand Lemoine
À LA RECHERCHE DU GRAND PARIS LE GRAND PARIS N’A PAS COMPLÈTEMENT DISPARU DES RADARS MAIS SA VISIBILITÉ EST DEVENUE FLOUE. TROIS ÉLÉMENTS ÉMERGENT CEPENDANT DU BROUILLARD DANS LEQUEL IL SEMBLE AUJOURD’HUI PLONGÉ, QUI TÉMOIGNENT À LA FOIS DE L’AVANCÉE DE CERTAINS ASPECTS MAIS AUSSI EN NÉGATIF DES INCERTITUDES QUI PÈSENT SUR LE PROJET.
À LA UNE
P09
Pour mémoire Le réseau d’infrastructures connu sous le nom de Grand Paris Express progresse indéniablement. Il avance au sud, sur le tronçon sud de la ligne n°15 entre Pont de Sèvres et NoisyChamps. Mais l’ouverture de la ligne vient d’être repoussée de 2020 à 2022. Les études sont plus complexes que prévues, la nature des sols difficile ce qui a conduit à enterrer encore davantage, non le projet mais certaines gares comme celle de Saint-Maur Créteil positionnée à 52,60 mètres de profondeur. Le prolongement de la ligne 14 devrait être opérationnel en 2019 mais jusqu’à…la marie de Saint-Ouen seulement. Il faudra attendre 2024 pour la voir prolongée jusqu’à Pleyel. Sinon l’ouverture des autres lignes devrait s’échelonner entre 2024 et 2030, avec un délai d’environ 9 ans entre le début des travaux et l’ouvertures des lignes. Certes le déploiement d’infrastructures nouvelles de cette ampleur – 205 km de nouvelles lignes – prend du temps. La Société du Grand Paris semble par ailleurs insuffisamment outillée en personnel pour conduire un tel projet avec la rapidité voulue. Mais plutôt que de réaliser le projet ligne CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Le calendrier de mise en service du Gand Paris Express © Société du Grand Paris
Val-d’Oise Val-d’Oise Val-d’Oise
Val-d’Oise
P010
Seine-St-Denis Yvelines YvelinesVal-d’Oise Yvelines HautsdeSeine
Yvelines
Paris
Val-de-Marne
Seine-St-Denis Seine-St-Denis Seine-St-Denis Paris Paris Paris HautsHauts-deHautsde-Seine Val-de-Marne Seine deVal-de-Marne Seine Val-de-Marne
Seine-St-Denis Paris Yvelines
HautsdeSeine
Seine-et-Marne Val-de-Marne
Seine-et-Marne
Essonne Essonne
Essonne
Essonne
Lepérimètre périmètrede delalamétropole métropoleduduGrand GrandParis Paris / les limites administratives Le / les limites administratives
ropole du Grand Paris / lesLe limites administratives périmètre la Paris métropole du Grand Paris / les limites administratives Métropole dude Grand Métropole du Grand Paris
Essonne
Le périmètre de la métropole du Grand Paris / les limites administratives
s
munes limitrophes)
ssible
s
de-France
Extension Extensionpossible possible(communes (communeslimitrophes) limitrophes) Métropole Grand Paris Métropole dudu Grand Paris Limite l’extension possible Limitedede l’extension possible Extension possible (communes limitrophes) Extension possible (communes limitrophes) Limite de l’extension possible Unité Unitéurbaine urbaine LimiteUnité deurbaine l’extension possible Limites Limitesde dedépartements départements Limites de départements Unité Limites urbaine de la région Ile-de-France Limites Limitesdedelalarégion régionIle-de-France Ile-de-France Limites de départements
Limites de la région Ile-de-France 0
0
10 km
10 km
10 km 10 km
0 0
Le périmètre de la métropole du Grand Paris / les limites administratives © AdCF
10 km
par ligne, ne faudrait-il pas avancer l’ensemble des lignes simultanément, au prix d’une mobilisation de ressources financières beaucoup plus intense ? Cela devrait être une priorité nationale. La Métropole du Grand Paris Le paysage institutionnel change également. La loi NOTRe du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale concerne l’ensemble de la France, par exemple en réduisant à 13 le nombre de régions, mais plusieurs de ses 136 articles portent sur la Métropole du Grand Paris instituée au 1er janvier 2016. Cette loi qui résulte de laborieux compromis est paradoxalement excessivement précise sur certains aspects, floue sur d’autres : par exemple l’intérêt métropolitain qui devra être invoqué pour justifier des opérations d’aménagement, de réserves foncières ou de zones d’activité menées par la Métropole du Grand Paris. La loi cherche à renforcer les intercommunalités en leur imposant un seuil de 15 000 habitants, met également en avant les régions et les métropoles sans toutefois trop réduire le rôle voire supprimer les départements, redéfinit les compétences et les modes À LA UNE
P011
de gestion des collectivités territoriales, supprime la clause de compétence générale pour les régions et les départements. De nouveaux documents apparaissent, tel que le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) et le schéma régional d’aménagement de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET). Remarquons que les SCOT et PLU devront être conformes à 17 documents préalables. Cela ne manquera pas de d’introduire un certain nombre de délais supplémentaires dans les opérations d’urbanisme ou le déploiement des réseaux, dans l’attente de l’élaboration et de l’approbation de ces documents. Douze établissements publics territoriaux (EPT) d’au moins 300 000 habitants vont se mettre en place dans la Métropole du Grand Paris*, qui couvre actuellement la petite couronne soit 124 communes, et 7 communes additionnelles de la grande couronne, Argenteuil, Paray-Vieille-Poste, Juvisy-surOrge, Savigny-sur-Orge, Morangis, Athis-Mons, Viry-Châtillon, qui ont délibéré en ce sens. Ils auront pour compétences les PLU, la politique de la ville, une partie de la gestion des équipements sportifs et culturels mais devront partager avec la Métropole du Grand Paris les compétences qu’elle a en propre, soit l’aménagement, le logement, le développement économique, social et culturel, l’environnement. Quatre EPT existent déjà en tant que tels : Plaine-Commune, Est Ensemble, Grand Paris Seine Ouest et la ville de Paris, qui conserve toutes ses prérogatives et souhaite même les étendre en intégrant une partie des compétences du département. On peut d’ailleurs déplorer une tendance à la ville de Paris à se refermer dans ses frontières et peiner à trouver de nouveaux territoires de projet, après la belle opération de communication sur « Réinventer Paris », où elle a fait travailler gratuitement 372 équipes de promoteurs et architectes. Les autres EPT résultent de la fusion d’intercommunalités existantes et de l’intégration des communes encore isolées. L’interaction entre les EPT et la Métropole ne sera donc pas facile à gérer et la définition de l’intérêt métropolitain promet de belles empoignades. La loi NOTRe reste en ce sens tout à la fois complexe et inachevée. Les Jeux Olympiques et de l’Exposition universelle Deux grands événements d’envergure mondiale pourraient être de nature à fortement relancer la dynamique métropolitaine, à accélérer certains projets et à conforter l’identité du Grand Paris. Une candidature pour accueillir les Jeux olympiques d’été en 2024 a été conjointement déposée en septembre dernier par * Les 12 EPT de la Métropole du Grand Paris : Paris, Sud-Hauts-de-Seine, Grand Paris Seine Ouest, La Défense, Boucle Nord, Plaine Commune, Territoire des aéroports, Est Ensemble, Grand Paris Est, ACTEP, Plaine Centrale Haut Val-de-Marne Plateau Briard, Val de Bièvre Seine Amont Grand Orly.
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Le réseau d’infrastructures connu sous le nom de Grand Paris Express progresse indéniablement.
P012
Conseil de la métropole
Conseils de territoires
présidents
président
Vice-présidents
Conseils municipaux désigne selon deux règles
Pour toutes Pour les communes les communes membres membres de + 25 000 hab.
Par tranche de 25 000 hab.
+1
© AdCF
À LA UNE
P013
le Comité olympique français et la Ville de Paris, face à celles de Budapest, Hambourg, Los Angeles et Rome, pour suivre les futurs jeux de Rio 2016 et de Tokyo 2020. Mais une ambigüité demeure. On ne sait pas si cet événement devrait avoir lieu à Paris – qui pourrait y organiser des épreuves à Bercy, au Grand Palais, au stade Jean-Bouin ou encore le marathon -, ou dans le département de Seine-Saint-Denis – avec le stade de France à Saint-Denis, la piscine olympique à Aubervilliers, le village des athlètes à Pleyel, le centre des médias à DugnyLe Bourget –, ou dans le département des Hauts-de-Seine – avec le vélodrome à Saint-Quentin-en-Yvelines ou l’Arena 92 à Nanterre –, ou dans la Métropole du Grand Paris ou encore dans la Région du Grand Paris ou même en France. Dans chaque hypothèse les interlocuteurs ne sont pas les mêmes et le risque est fort de les voir se bousculer voire se marcher sur les pieds, de la maire de Paris au président de la République. Une bonne partie des sites se trouvent de fait situés dans le périmètre de la Métropole. Il serait logique que ce soit cette nouvelle entité qui soit investie de la responsabilité de porter la candidature, en appui du monde sportif qui en est officiellement chargé. Les Jeux olympiques du Grand Paris pourraient d’ailleurs constituer une première action marquante de la Métropole. On saura en septembre 2017 quelle sera la candidature retenue. L’Exposition Universelle de 2025 est un autre enjeu important, qui pourrait être de nature à réinsuffler une énergie qui fait aujourd’hui défaut au Grand Paris. Une candidature sera officiellement déposée au nom de la France en avril 2016. Mais l’approche pour l’instant retenue privilégie des présentations numériques sur des sites multiples répartis dans le Grand Paris et dans les principales métropoles régionales, avec un grand village central numérique, matérialisé par un globe terrestre, et une douzaine de pôles thématiques. L’unité de temps et de lieu qui caractérise jusqu’à présent les expositions universelles est ici diluée au profit d’une répartition territoriale à l’échelle nationale et d’une dématérialisation des présentations. Il n’est pas évident dans ces conditions que l’Expo soit un catalyseur pour développer tel ou tel territoire du Grand Paris. Des territoires de projet Plutôt que de se focaliser excessivement sur l’architecture institutionnelle de l’agglomération parisienne et des répartitions de compétences et donc de pouvoirs, il semblerait plus urgent de focaliser l’attention sur les territoires de projet où va se jouer son avenir dans les prochaines décennies. N’en déplaise au sacro-saint principe d’égalité, tous les quartiers de l’agglomération ne vont pas évoluer de la même façon. Certains ne bougeront quasiment pas à l’exception de reconstrucCENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
L’Exposition Universelle de 2025 est un autre enjeu important, qui pourrait être de nature à réinsuffler une énergie qui fait aujourd’hui défaut au Grand Paris.
À LIRE
Les 101 mots du Grand Paris Bertrand Lemoine Édition Archibooks, Paris
P014
Région Départements de grande couronne Métropole Départements de petite couronne
Territoires Communes
© AdCF
BIMBY « Build in My Back Yard » Le projet BIMBY vise à la définition, à court terme, d’une nouvelle filière de production de la ville, qui soit capable d’intervenir là où les filières « classiques » sont incapables d’intervenir : au sein des tissus pavillonnaires existants, qui représentent la grande majorité des surfaces urbanisées en France et certainement en Europe. L’hypothèse centrale du projet BIMBY est la suivante : c’est la capacité des acteurs de l’urbain (habitants, techniciens, élus) à mobiliser le foncier des tissus pavillonnaires existants qui permettra de financer le renouvellement et la densification progressive de ces quartiers. source www.bimby.fr
tions ponctuelles ou de dents creuses. C’est par exemple le cas de la quasi totalité de Paris. Dans d’autres quartiers où le pavillonnaire semble bien ancré, une densification progressive peut y être encouragée. Ce genre de démarche type « Bimby » peut produire un flux non négligeable de logements au fil du temps. Mais en réalité le potentiel d’évolution est concentré sur une centaine de sites qu’il conviendrait de bien identifier. Beaucoup sont déjà inscrits dans des territoires de projets en cours de définition ou déjà opérationnels, par exemple aux abords de certaines gares. Enfin quelle est la bonne échelle pour situer ces territoires de projet ? Outre créer un effet de frontière nouveau et sans doute durable, la Métropole ne rassemble que 7 millions d’habitants sur les 12 qui habitent la Région. Par ailleurs une bonne partie du potentiel d’accueil de logements et d’activités économiques se situe en dehors des limites fixées à la Métropole. Sans doute une partie de cette capacité de création de nouveaux logements se trouve-t-elle dans la construction de maisons individuelles ou de quartiers à densité moyenne en périphérie, un mode d’occupation de l’espace certes dispendieux et générateur de déplacements excessifs mais qui correspond aussi à une aspiration d’une partie de la population qui n’a rien d’illégitime. De même le développement économique de l’Îlede-France a-t-il besoin du tissu des activités et des centres logistiques installés en périphérie, sans parler de sa capacité agricole. Travailler à l’échelle de la Région semble plus pertinent que de se focaliser sur le territoire de la petite Métropole du Grand Paris. La nouvelle gouvernance issue des élections régionales de décembre 2015 devra se saisir de cette question et affirmer ses compétences à l’échelle de son grand territoire. À LA UNE
DANS UN MONDE QUI CHANGE,
BNP Paribas Real Estate – SAS au capital de 383 071 696 € – Siège social : 167 quai de la Bataille de Stalingrad 92867 Issy-les-Moulineaux Cedex – 692 012 180 RCS Nanterre – SIRET 692 012 180 00174 – Code NAF 7010 Z. *Avec notre réseau d’Alliances.
L’ACCÈS AU MARCHÉ IMMOBILIER EUROPÉEN N’A JAMAIS ÉTÉ AUSSI FLUIDE.
VOTRE PARTENAIRE IMMOBILIER EN EUROPE
37 pays*, 6 métiers immobiliers, pour mieux servir la stratégie immobilière de votre entreprise.
www.realestate.bnpparibas.com
L’immobilier d’un monde qui change
P016
TRIBUNE URBANISME Par : Frédéric Léonhardt
TRIBUNE URBANISME
P017
ÉCOQUARTIERS, LES GRANDS ENSEMBLES DU xxie SIÈCLE ? DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES, LES COLLECTIVITÉS ONT LANCÉ DES OPÉRATIONS DE LOGEMENT SOCIAL « HAUTE QUALITÉ ENVIRONNEMENTALE ». ANALYSE DES NOUVEAUX ÉCOQUARTIERS ET DES SOLUTIONS CONSTRUCTIVES DURABLES ENTREPRISES.
Franck Faucheux, en charge du dossier de Préfiguration de l’Institut pour la Ville Durable responsable de la démarche Écoquartier au ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’énergie se souvient : « la question des quartiers durables commençait à monter, le mot écoquartier est apparu spontanément en France dans les conférences du Grenelle de l’Environnement en 2008. L’engagement numéro 49 invitait les collectivités françaises à développer des écoquartiers dans un délai de quatre années. Repris dans l’article 7 de la loi Grenelle 2, votée en juillet 2010, l’enjeu était de donner très rapidement un contenu à ce concept, alors même que le mot écoquartier entrait dans le langage courant. » Quelques années plus tard, on constate que le projet n’est pas une coquille vide, le concept n’est pas un abus de langage, bien que l’orthographe du mot ne semble pas tout à fait fixée, l’écoquartier existe et répond aux enjeux actuels. Rappelons la question fondamentale de la transformation des 5,5 millions de logeCENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Ginko, c’est un quartier qui tisse des liens avec l’existant, un archétype du quartier de la ville contemporaine. François Bertière, Président-directeur général de Bouygues Immobilier
P018
Ruches sur le toit du siège social de BNP Paribas Real Estate, Issy-lesMoulineaux © D.R.
L’architecte a réussi à la fois à prendre en compte les aspects environnementaux et à proposer une certaine légèreté d’un point de vue architectural alors que la densité était importante. Caroline Popot, directrice de programmes adjointe Eiffage Immobilier à propos de la ZAC des Bord de Seine
ments et des tissus urbains existants, au premier rang desquels les quartiers de grands ensembles hérités des années 1970 et dont l’intégration métropolitaine reste en question. Levier vers la ville durable, le label écoquartier permet d’encourager, d’accompagner et de valoriser des projets d’aménagement et d’urbanisme réellement durables, quels que soient leur échelle ou leur contexte. Il s’agit de promouvoir de nouveaux modes de vie, d’un développement territorial équitable et raisonné et d’une utilisation économe des ressources et de l’espace agricole ou naturel, dans les villes, grandes, petites ou moyennes, urbaines et rurales. Ces quartiers exemplaires témoignent qu’un urbanisme au service de projets intégrés, durables, conduit à un mieux-être social, à des modes de vie plus doux ou encore à une nature protégée et reconsidérée. S’ils ont le désir de changer le mode de vie, ces écoquartiers répondent aussi à des enjeux plus larges donc. Les écoquartiers s’articulent autour des notions de la densité, de la nature en ville, de l’anticipation et de l’adaptation au changement climatique, et visent à TRIBUNE URBANISME
P019
les mettre en œuvre harmonieusement. Un des objectifs des écoquartiers est de réduire les difficultés de chacun pour vivre, se loger, travailler, se divertir, rester en bonne santé, en promouvant des projets de mixité sociale et fonctionnelle, et en valorisant les atouts des territoires. Enfin dans le contexte particulier du Grand Paris et le soucis de production des 50 000 logements annuels - à savoir que le site territoires.gouv.fr annonce que depuis 2012, 32 opérations ont été labellisées écoquartier (19 en 2014 et 13 en 2013), soit 41 620 logements-, les écoquartiers apparaissent avec une nouvelle logique d’urbanisation, ils sont un levier pour le territoire car ils permettent d’utiliser pleinement son potentiel et d’enclencher une dynamique économique adossé donc au concept de développement durable : la volonté d’introduction de la nature, alliée à un discours sur un nouveau lien social généré par la forme urbaine et l’espace public, associée à l’innovation dans la conception des logements, voici pour partie les caractéristiques des écoquartiers qui voient le jour. Ainsi quant à la préoccupation écologique dans l’exemple de l’écoquartier à Issy-les-Moulineaux on retrouve sur le toit du siège de BNP Paribas Real State des ruches. Une manière d’intégrer la nature dans les entreprises pour participer à l’amélioration de la biodiversité. Un exemple : la ZAC des Bords de Seine a été initiée au début des années 1990 par la ville d’Issy-les-Moulineaux et la Sem 92 dans le but de reconquérir le front de Seine : soit prolonger la ville vers le fleuve en régénérant le tissu urbain, créer un quartier mixte, connecté avec un aménagement de qualité. En effet la qualité première d’un tissu urbain existant est de permettre, favoriser le changement. Il est plus que temps de penser enfin l’éco-métropole : inscrire dans le champ des politiques urbaines et d’habitat la transformation générale et universelle des établissements humains. Et on en peut que constater que c’est en bonne marche. Ginko, écoquartier du lac de Bordeaux, est, pour Nathalie Delattre, Maire-adjoint de Bordeaux CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Ruches sur le toit du siège social de BNP Paribas Real Estate, Issy-lesMoulineaux © D.R.
À LIRE
Ginko L’écoquartier du lac de Bordeaux Édition Archibooks, Paris
P020
Siège social de BNP Paribas Real Estate, Issy-lesMoulineaux © D.R.
TRIBUNE URBANISME
P021
et conseillère à la Communauté urbaine de Bordeaux « pionnier d’une nouvelle façon de vivre, durable, protégeant le bien-être de tous et de chacun. » Jour après jour depuis sa réalisation Ginko s’épanouit et devient une part entière du cœur de ville, il est relié à celui-ci. Rappelons que ces deux écoquartiers étaient pour l’un une friche industrielle, pour l’autre un marais qui s’étendait à perte de vue et de zone maraîchères. La ZAC des Bords de Seine vient se substituer à une usine de traitement de déchets des années 1960, un quartier moderne, vivant, commerçant, qui emporte l’enthousiasme de ses habitants et qu’ils s’approprient en retour. Les nouveaux écoquartiers se fondent sur des résultats : les opérations livrées sont vivantes. L’écoquartier, grand ensemble certes, mais qui réconcilie la ville, l’humanité et la sauvegarde – ou survie – de ce qui nous est le plus indispensable et précieux, une planète qui nous accueille, son climat et sa biodiversité.
Siège social de BNP Paribas Real Estate, Issy-lesMoulineaux © D.R.
L’îlot A ZAC des Bords de Seine : Siège social de BNP Paribas Real Estate
À LIRE
24 000 m2 de surface 1 300 salariés Architectes : SCAU Michel Macary et Aymeric Zublena Certifications HQE Exceptionnel
Issy-les-Moulineaux D’une friche industrielle à un écoquartier innovant en bord de seine Édition Archibooks, Paris CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P022
DOSSIER SPÉCIAL
P023
DOSSIER SPÉCIAL SIMI 2015 IMMOBILIER PROFESSIONNEL : ACCÉLÉRER LA DISRUPTION, INNOVER POUR L’HUMAIN Propos recueillis par : Yves Schwarzbach
RENDEZ-VOUS INCONTOURNABLE DES PROFESSIONNELS DE L’IMMOBILIER PROFESSIONNEL, LE SIMI EST CHAQUE ANNÉE L’OCCASION DE FAIRE LE POINT MAIS AUSSI DE PORTER LE REGARD VERS L’AVENIR. ENSENSÉE PAR UNE RÉPUBLIQUE QUI DEVIENT PEU À PEU NUMÉRIQUE, LA FRENCH TECH A LE VENT EN POUPE. AUTANT DE RÉUSSITES INSPIRANTES POUR L’INDUSTRIE IMMOBILIÈRE QUI, POUR N’ÊTRE PAS EN RESTE EN MATIÈRE D’INNOVATION, AURAIT AVANTAGE ET PEUT-ÊTRE PLAISIR À SE TOURNER VERS LE GRAND GAGNANT DE LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE : LE CLIENT.
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P024
FCBA
© Atelier 4+
DOSSIER SPÉCIAL
P025
Si « nous visons dans un monde où le futur est obsolète » comme le soutient le philosophe catalan Pepe Subiros, quel point commun entre un parking-silo à Montpellier Saint-Roch, le siège social en bois de la FCBA à Champs-sur-Marne et un projet de tour jumelles à La Défense ? Comment réimaginer la relation entre l’industrie et la ville, le commerce et la cité ? Comment concevoir les espaces de travail des leaders créatifs et des managers fractals de la génération Y comme ceux des slasheurs nomades de l’entreprise libérée ? À l’heure où les objets connectés s’installent à domicile et où des assistantes androïdes débarquent dans les amphis des universités, alors que des véhicules autonomes circuleront en 2016 dans les rues de Toronto avant de rouler sur les « Wattways » des autoroutes françaises, voies photovoltaïques développées par Colas, sans compter les IGH en bois Comment réimaginer que nous promet pour bientôt la construcbio-sourcée, l’innovation est plus que la relation entre tion jamais nécessaire dans un secteur durel’industrie et la ville, ment affecté par la crise économique.
le commerce et la cité ?
Mais l’uberisation ne guette-elle pas l’immobilier ? Dans un monde qui rebat les cartes en permanence, qui sont les futurs GAFA du BTP, de l’architecture, de la promotion et de l’asset management ? Saint-Gobain ou Google ? Vinci ou Cisco ? Altaréa-Cogédim ou Airbnb ? Ce qui gagnent sont ceux qui innovent, créent et osent la différence. Chacun à sa manière, des architectes comme Michel Canac, concepteur du siège de la FBCA, chaleureux jeu de Kapla primé lors des Trophées du SIMI 2014 et dont la structure est une symbiose de bois, de métal et de béton, comme Carmen Santana, premier prix Futurs Possibles 2015 pour l’urbanisme relationnel de la ZAC Rouget-de-l’Isle à Vitry-sur-Seine et qui vient de livrer un parking 100 % mutable en commerces, bureaux et logements, comme Jacques Ferrier avec son projet mixte des tours Hermitage-Plazza, comme l’agence Valode & Pistre avec la magistrale rénovation de Beaugrenelle, qui fait enfin entrer la lumière naturelle dans un centre commercial, ou encore Thomas Richez, maître d’œuvre des nouveaux ateliers de maintenance de la future ligne 15 du Grand Paris Express à Champigny-sur-Marne apportent leurs réponses. Au delà de la singularité des écritures et des projets, quelques points communs les réunissent : la curiosité qui fait poser les bonnes questions, la modestie qui
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P026
pousse à désapprendre pour réapprendre, la simplicité qui découle d’une compréhension fine des attentes et des besoins, la certitude que la technique est au service de l’humain. Le goût de l’expérimentation aussi. Quitte à surprendre en quittant les sentiers battus et les rôles traditionnels, que l’on soit constructeur, financier ou exploitant. Gestionnaire de centres commerciaux et de retails parks, Hammerson finance ainsi la rénovation de commerces de centre ville parallèlement à la réalisation du centre commercial du Jeu de Paume à Beauvais. Un paradoxe apparent qui reflète un parti pris de proximité, qui vaut toutes les opérations de RSE. Et une intelligence relationnelle qui va à l’essentiel : prendre sa place dans la cité, écouter et tendre la main. La voie est tracée, encore faut-il l’emprunter ensemble. Oui, les « immeubles de bureaux et espaces de travail sont en effervescence », comme le déclarait l’an dernier Christian Cléret, président de l’Association des Directeurs immobiliers. Il ajoutait alors : « jusqu’à présent, les architectes ont porté davan-
FCBA
© Atelier 4+
DOSSIER SPÉCIAL
P027
tage d’attention au contenant qu’au contenu ». Une critique amicale mais non dénuée de fondement. Ceci étant, si les professionnels persistent à ne pas mieux écouter l’utilisateur, ils pourront parler de flexibilité ou de modularité des plateaux, multiplier les parkings à vélos, les conciergeries, les pop-up stores et les possibilimetTRe l’accent sur tés-de-réunions-informelles-au-coin-cale mieux-être, fé, les entreprises dépenseront encore des facteur millions en conduite du changement et en de performance pédagogie de la performance énergétique il s’agira de déménager. Sans résulcollective quand tat probant, d’ailleurs. Thierry Braunecker, président du cabinet de conseil Upgrade et ancien directeur général de Philips Lighting France puis d’Onduline, le sait bien, lui qui s’était engagé personnellement dès 2008 dans la démarche HQE® Exploitation du nouveau siège de la société à Surresnes, menée comme un véritable projet d’entreprise, impliquant la direction de l’entreprise, l’exploitant, les sous-traitants et l’ensemble du personnel. Une preuve de plus que le changement ne fait pas peur mais qu’il ne suffit pas de changer d’adresse pour changer la vie. Dans une France qui fait plus confiance aux machines et aux lois qu’aux hommes et aux femmes, l’actuelle mutation du travail recentre les préoccupations sur l’usage. Elle met l’accent sur le mieux-être, facteur de performance collective. En ce sens, la modernité responsable est un retour salvateur à l’humain, en lui restituant sa vraie place : au cœur de la vie et des échanges. Innover dans l’immobilier professionnel appelle ainsi à intégrer le changement radical de paradigme qu’apportent la disruption sociétale et la révolution numérique dans le design et le marketing des immeubles. Avec pour finalité première de faciliter la vie des utilisateurs. La partie n’est pas gagnée. Le BIM est un des plus puissants vecteurs de cette innovation. Mais il a mis du temps à trouver sa place en France. Inutile de stigmatiser les éditeurs de logiciels, de déplorer les chapelles et clochers du BIM institutionnel ou de brocarder l’attachement des architectes à la propriété intellectuelle. Ce serait injuste et surtout simpliste. La vérité est que, dans la vie, les rapides mangent toujours les lents, gros ou pas. Et que, dans un monde de réseaux, le lead appartient à ceux qui produisent et utilisent les données pour innover, pas à ceux qui les possèdent. À l’heure des im-
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P028
primantes 3D imperial size, la vraie question est d’apprendre à travailler ensemble. « Méfiance sur la production de chacun, ressaisie générale avec ses propres outils, ses solutions métiers, son système et sa base de données », regrette d’ailleurs François Amara, président de BIM France, qui observe cependant que « le BIM contraint les acteurs à un management collaboratif ». Mieux relier les hommes pour intégrer les Mieux relier les processus et améliorer les performances hommes pour intégrer collectives est donc le véritable enjeu de les processus la maquette numérique, à l’échelle du bâtiet améliorer les ment comme à celle de la ville. C’est aussi le meilleur moyen de redynamiser une performances chaîne de valeur qui en a bien besoin mais collectives qui, jusqu’à présent, se caractérise par ses silos étanches, ses procédures figées et ses crispations sur les clivages traditionnels de métiers obsolètes. L’avenir est pourtant à l’intégration des modèles économiques des constructeurs, promoteurs, gestionnaires de patrimoine et investisseurs ; et surtout à la prise de conscience que 75 % de la valeur immobilière se situe en aval de la construction. Que, mal nécessaire, l’immobilier est le deuxième poste de charges des entreprises après la masse salariale. L’avenir de l’immobilier professionnel passe donc par une vision collaborative de l’acte de construire. Avec à la clé une redéfinition des rôles et un repositionnement des intervenants, comme le pense Claude Labbé, professeur à l’ESTP et observateur acéré de la modernité architecturale. La carte Vitale du bâtiment reste à concrétiser dans l’immobilier tertiaire, commercial et industriel. Nous verrons peut-être fonctionner la Smart City avant elle, ville intelligente version Astainable, le laboratoire virtuel issu de la collaboration d’Eiffage, Egis et Engie, cité utopique comme celle où Mark Zuckerberg aimerait loger ses employés, ou ville expérimentale que la Pegasus Global Holdings envisage de construire au Nouveau Mexique, où on cherche vainement les vrais gens - ceux qui vivent et travaillent. Alors, pionniers, early users ou simples followers, les professionnels de l’immobilier d’entreprise ? Question d’âge numérique, comme le dirait Joël de Rosnay. Certes, le big data pointe son nez en immobilier. Ainsi Bouygues Immobilier et Bouygues Télécom ont croisé leurs expériences et leurs savoir-faire pour définir le plan de merchandising d’un projet présenté dans le cadre du concours « Réinventer Paris ». Gécina, Foncière des Régions ou Telmma diposent de solutions
DOSSIER SPÉCIAL
P029
pour gérer en temps réel les diagnostics obligatoires sur le patrimoine grâce aux tableaux de bord de Provexi, une PME basée à Troyes. Et Poste Immo forme ses inspecteurs de parc à la performance énergétique pour mieux conseiller les utilisateurs. Reste que l’industrie immobilière chère à François Payelle, président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers, doit muter. Cette rupture concerne d’abord la relation avec le client. Un client qui détient le chéquier, qui négocie ferme et dont l’empowerment est plus que proportionnel à une offre numérique qui suit pourtant la loi de Moore. Les agents immobiliers et les promoteurs l’ont bien compris, eux qui constatent que plus du tiers de leurs prospects du segment résidentiel viennent d’Internet et qui multiplient pour eux les applications, les visites virtuelles dignes d’un jeu en ligne et le marketing multicanal. Ou qui, comme le réseau Century 21, se demandent tout simplement comment les gens ont envie de vivre, avec ou sans réalité augmentée. Comparé à ce bouillonnement créatif, le marketing de l’immobilier professionnel, notamment les études qui orientent le design et le développement du produit, semble encore bien éloigné de la compréhension des attentes et des comportements des clients, alors qu’une des règles d’or du B2B est de mieux connaître le
Société du Grand Paris, © Richez Associés
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P030
client final que le donneur d’ordre lui-même, pour développer avec lui les solutions les plus pertinentes. Les constructeurs automobiles savent fabriquer plusieurs véhicules différents sur la même chaîne pour s’adapter à des marchés localisés. L’industrie de haute technologie associe l’utilisateur à tous les stades de la conception. Pourtant, on continue à produire des palanquées de bureaux banalisés, formatés pour les entreprises du CAC 40 d’avant l’affaire Enron, pas pour les PME/ PMI, ETI et autres TPE qui créent de la valeur et de l’emploi. S’il n’est pas simple de faire découvrir à quelques gamers privilégiés la version Béta d’un bâtiment tertiaire de 20 000 m2, on peut comprendre que cet immeuble représente plus que des fonctions, volumes et dimensionnements, et mieux qu’un assemblage de béton, de verre, d’acier, de fauteuils de bureau et d’euros. Un espace de travail est un condensé de ressentis humains. L’essentiel, c’est aujourd’hui de rencontrer les vrais
Société du Grand Paris, © Richez Associés
DOSSIER SPÉCIAL
P031
utilisateurs, d’observer leurs comportements quotidiens et de prêter attention à leurs émotions. C’est se préoccuper avant tout de l’ambiance de travail pour penser l’environnement profesL’essentiel, mieux sionnel et en déduire la conception des c’est aujourd’hui immeubles. Car les faits parlent d’euxde rencontrer mêmes. Selon l’ARSEG, dont les Trophées les vrais 2014 ont primé Axa pour un projet qui faiutilisateurs, sait la part belle à « l’homme au cœur du d’observer leurs réaménagement-déménagement vers un confortable, à l’écoute des besoins comportements site des salariés », 92 % des salariés déclarent quotidiens et de que leur environnement de travail impacte prêter attention directement la qualité de leurs résultats. à leurs émotions. Bien plus : 68 % des personnes travaillant dans un bureau disent que « l’ambiance est aux éclats de rire ». Une immense majorité (81 %) pense qu’un climat de détente permet de « faire avec » les contraintes et les ennuis du travail, tandis que 76 % rient et plaisantent avec leur manager. On est loin des clichés sur l’entreprise et plus loin encore des carcans fonctionnalistes. Nécessité vitale, innover dans l’immobilier professionnel ne serait donc, en quelque sorte, que revenir au réel. En acceptant la complexité, la diversité sinon la versatilité des humains, et pas seulement en synthétisant rationnellement des besoins abstraits, en jonglant avec les surfaces, les euros et les techniques. Une révolution du sens dans l’univers expert de la construction.
INFOS Palais des Congrès de Paris, Porte Maillot – Niveaux 1, 2 & 3 Mercredi 2 décembre 2015 : 9h00 à 19h00 Jeudi 3 décembre 2015 : 9h00 à 21h00 Vendredi 4 décembre 2015 : 9h00 à 17h00 Métro/RER : Station Neuilly – Porte Maillot – Palais des Congrès, Ligne C
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
FR.11.15 – Schindler S.A au capital de 8 594 520 € – R.C.S. Versailles B 383 711 678
Libérez votre créativité À vous de jouer ! Bienvenue sur le stand Schindler du salon Simi 2015 Hall Neuilly – niveau 1 – C21
Rendez-vous sur : www.espace-de-liberte.fr Tél. 01 30 70 73 21 infomarketing@fr.schindler.com
P034 DOSSIER INTERNATIONAL LA COP 21 ET LE GRAND PARIS
P048 LES MÉTROPOLES FRANÇAISES
MARSEILLE
DOSSIER INTERNATIONAL Par : Virginie Picon-Lefèbvre
LA COP 21 ET LE GRAND PARIS COP 21 SIGNIFIE : 21E CONFÉRENCE DES PARTIES DE LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES DE 2015. NOUS VOUDRIONS ICI REMETTRE EN PERSPECTIVE CETTE CONFÉRENCE, PAR RAPPORT À LA QUESTION DE L’ARCHITECTURE ET DE L’URBANISME ET PRÉSENTER UN EXEMPLE D’INITIATIVE LIÉE À LA COP 21 DANS LE CADRE DE L’ATELIER DU GRAND PARIS. EN EFFET DES INSTITUTIONS ET DES ORGANISMES COMME LA VILLE DE PARIS, OU L’ATELIER INTERNATIONAL DU GRAND PARIS S’INSCRIVENT DANS CETTE DYNAMIQUE ET DES DIZAINES, DE MANIFESTATIONS QUI PORTENT MAINTENANT LE SIGLE DE LA COP 21, DE MANIÈRE PLUS OU MOINS OPPORTUNISTE, SERONT ORGANISÉS À CETTE OCCASION DANS LA RÉGION PARISIENNE.
P035
© D.R.
La COP 21 est présentée comme une échéance cruciale puisqu’elle doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat applicable à tous. « Il n’y a pas de plan B », insiste le secrétaire général des Nations Unies, il faut agir maintenant pour maintenir une augmentation de la température à 2° sous peine d’une dégradation irréversible de nos conditions de vie sur terre. L’objectif semble ambitieux, car si sur le principe les pays sont d’accord pour maintenir le réchauffement mondial à 2°, certains pays demandent un objectif plus bas, alors que d’autres, comme les pays africains, disent ne pas pouvoir atteindre ces objectifs sans une aide des pays les plus riches. La conférence qui se tiendra au Bourget va rechercher un consensus au sein des Nations Unies et de l’Union Européenne, qui occupe une place importante dans les négociations sur le climat. La COP 21, enjeu de taille pour la diplomatie française a donc pour président, le ministre des Affaires Étrangères, Laurent Fabius. Les conséquences de l’élévation du niveau des températures vont de l’élévation du niveau de la mer, à l’augmentation de la sécheresse ou celle de la taille et de la fréquence des tempêtes et des ouragans. Par ailleurs les experts soulignent que ces catastrophes peuvent entrainer des conflits entre les pays. Ainsi la guerre en Syrie serait liée à l’augmentation de la sécheresse dans ce pays qui a exacerbé les tensions communautaires. L’élévation de la température du CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Le développement durable est un mouvement dans lequel nous sommes inscrits, quoi qu’il advienne. Alors l’interroger aujourd’hui sans en proposer une réponse technique ou législative, suppose de proposer un regard décalé. Nicolas Karmochkine (RDAI Architecture)
P036
L’essence du développement durable est de vouloir construire un environnement agréable en tant qu’être vivant. Le bâtiment sera à ce point intime aux gens qu’il se fondra dans leur vie de tous les jours. Kengo Kuma
globe résulte selon les scientifiques de l’augmentation des gaz à effet de serre. Pour Nicolas Hulot : « il va falloir passer des mots à des objectifs, mais la confiance, la crédibilité sera dans les instruments qui permettront à la conférence internationale d’atteindre ces objectifs. » Il rajoute : « Ceux qui souffrent de la crise climatique n’ont pas été à l’origine des phénomènes. » Il estime que la crise climatique pourrait entraîner le déplacement de 27 millions de personnes. Il s’agit donc pour les pays signataires de promouvoir des moyens pour limiter ces gaz qui résultent notamment de la combustion des énergies fossiles ; que ce soit les moteurs utilisant de l’essence ou les usines et les bâtiments qui consomment du fuel ou du gaz pour fonctionner. Pour ces raisons la limitation du réchauffement climatique a un impact direct sur les questions d’organisations urbaines, la mobilité comme celles des modes de construction ou encore la rénovation thermique des bâtiments. Ces questions impactent donc celles du développement et de l’organisation future du Grand Paris pour favoriser une croissance soutenable.
Les immeubles de la Zac Batignolles, non seulement sont plus économes en énergie mais prennent aussi des formes architecturales pour dire leur différence. © D.R.
DOSSIER INTERNATIONAL
P037
Comme une nouvelle figure de l’urbanité les toits produisent de l’énergie avec les panneaux solaires mais sont aussi isolés par une couverture végétale et beaux à voir. © D.R.
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P038
Les organisateurs de la conférence soulignent les difficultés qu’ils rencontrent, d’un côté les pays veulent réduire les aides à l’exploitation des énergies fossiles, de l’autre ils continuent à développer des centrales à charbon. En effet pour limiter à 2° l’augmentation des températures, il faut réduire de 40 à 70 % selon les pays, les émissions de gaz à effet de serre.
Le durable, c’est ce qui s’inscrit sur une chaîne courte de production. Il évite la délocalisation industrielle et utilise des matériaux de proximité avec des distances de tranports courtes. Admettons définitivement que, lorsqu’un édifice nécessite de gros besoins de main-d’œuvre, il réduit l’empreinte environnementale.
La problématique en soit ne date pas d’hier. Dès 1972, le premier rapport du Club de Rome avait souligné la nécessité de remettre en question la croissance illimitée dans la mesure où les ressources énergétiques allaient en s’épuisant. Il faut pourtant attendre 1987 pour voir apparaître la notion de développement soutenable. C’est à partir de cette date que se développe une prise de conscience sur la notion de développement durable, actée par le protocole de Kyoto en 1995 qui visait déjà à limiter les gaz à effet de serre. En France dès 1969, le ministère de l’Équipement avait créé l’Institut de l’Environnement. Son rôle était de promouvoir un renouvellement de l’enseignement des disciplines qui concourent à l’aménagement de l’environnement. L’architecture avait alors un peu disparu dans l’ensemble plus
Rudy Ricciotti
À LIRE
La halle Pajol Édition Archibooks, Paris DOSSIER INTERNATIONAL
P039
vaste de l’aménagement de l’environnement pour souligner la continuité entre extérieur et intérieur, habitat et nature. La première conférence des Nations Unies sur l’environnement organisé à Stockholm en 1972, avait pourtant trahi les intentions du mouvement hippy américain qui avait aidé à son organisation en niant les déséquilibres entre pays pauvres et pays riches, au profit d’une réflexion centrée sur les entreprises. Aujourd’hui le terme de protection de l’environnement a été remplacé par la notion plus large de développement durable qui reconnaît l’importance des questions sociales. La notion d’environnement a eu cependant un impact sur l’architecture dans la mesure où depuis cette date une réglementation de plus en plus stricte a contribué à diminuer les consommations énergétiques des constructions. En ce qui concerne Paris et le Grand Paris, les questions liés au développement durable déterminent des programmes à une échelle jamais atteinte jusque là. Ils entendent limiter l’utilisation de l’automobile, éviter l’étalement urbain, augmenter la densité urbaine, améliorer les mobilités douces, diminuer les déperditions énergétiques et pour les réalisations les plus emblématiques, produire de l’énergie. Les projets récents frappent par leur ampleur que ce soit le nouveau
L’enthousiasme suscité par ces nouvelles approches environnementales en ce qu’elles permettent de renouveler l’architecture elle-même. Jean-Paul Viguier
La halle Pajol, innove à la fois comme programme, comme architecture mais aussi comme mode de rénovation d’une structure existante. © D.R.
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P040
J’essaye d’anticiper dans mes projets l’évolution des modes de vie par une architecture flexible et facilement transformable, ce qui évite les grands chantiers de transformation. Christian de Pontzamparc
À LIRE
Qu’est-ce que le développement durable pour les architectes ? Édition Archibooks, Paris
quartier des Batignolles, La Halle Pajol à Paris ou encore celui du réseau express du Grand Paris. Cependant la réglementation actuelle ne prend pas en compte les émissions de gaz à effet de serre, que ce soit la RT 2012 ou encore les immeubles à énergie positive. Pourtant il est avéré que la construction et l’exploitation des bâtiments est le deuxième secteur le plus émetteur de CO2. La réflexion s’est en effet concentrée sur la baisse des consommations énergétiques mais pas sur les émissions carbonées. Ainsi Michel Wilmotte souligne que grâce à la COP 21 on va rajouter un critère CO2 à la RT 2012 d’ici 4 ans. Cette nouvelle donne permettra de prendre en compte l’acte de construire dans sa globalité, en effet la production d’un grand nombre de matériaux isolants sont de grands producteurs de gaz à effet de serre.
DOSSIER INTERNATIONAL
P041
La Halle Pajol, Paris 18e © D.R.
C’est à l’échelle des territoires que la COP 21 entend agir. Pour cette raison, la maire de Paris, Anne Hidalgo et l’ancien maire de New-York, Michael Bloomberg ont organisé Le sommet des Élus locaux pour le Climat, le 4 décembre 2015. Témoignant de la force des villes, les élus vont siéger en marge de la conférence des Nations Unies pour proposer des plans concrets permettant d’atteindre les objectifs fixés par les pays signataires. 80 villes vont donc participer à ce sommet, représentant 260 millions d’habitants. Ces villes s’engagent à réduire leur émission de gaz à effet de serre de 70 % d’ici 2050. Anne Hidalgo veut porter cette ambition à l’échelle du Grand Paris, en inventant des solutions pour développer l’économie du durable, opposé au jetable ; on considère en effet que les bénéfices pour le climat de l’économie circulaire permettrait une réduction de plus de 14 % du total des émissions annuelles. CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Un bâtiment est durable lorsqu’il n’épuise pas le lieu qui l’accueille. Philippe Gazeau
P042
Carte de la métropôle des jeunes
© D.R.
PARIS LA COURNEUVE
LE GRAND PARI (S) DES JEUNES faire la métropole de demain avec les jeunes d’aujourd’hui
EVRY NANGIS Territoire à Energie Populaire CONTACT BMCA/Brès Mariolle et Chercheurs Associés info@tepop.fr/0143253283 www.tepop.fr
Le projet P P s’appuie sur des initiatives locales existantes et invite les habitants à s’impliquer dans la transformation de leur territoire, dans la fabrication de projets urbains et architecturaux.
Dans la métropole du Grand-Paris chacun trouve sa place, les habitants des quartiers populaires prennent la parole. Avec le P P l’énergie sociale se combine aux énergies renouvelables et met l’homme au centre des transformations écologiques.
La transition écologique nécessite une transformation de nos modes de vie, un changement de «climat».
DOSSIER INTERNATIONAL
P043 Projet de La Courneuve © D.R.
Projet 4000 Nord © D.R.
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P045
Propos recueillis par : Virginie PiconLefèbvre
ENTRETIEN AVEC BÉATRICE MARIOLLE ARCHITECTE ET URBANISTE MEMBRE DU CONSEIL SCIENTIFIQUE DE L’AIGP
VPL : Comment l’AIGP veut-il intervenir dans le contexte de la Cop 21 ? BM : La directrice de l’AIGP, Mireille Ferri et le président Pierre Mansat, nous ont demandé d’inscrire nos recherches pour 2015 dans le cadre de la COP 21 et de travailler sur des territoires en développant les thèmes de la métropole solidaire, de la mobilité des habitants et enfin de l’économie. Chacun des membres de l’atelier s’est positionné sur ces sujets, certains réfléchissent sur l’économie locale et la micro économie. Les thèmes proposés sont Métropole mondiale - Migrations et solidarités - Qualités et innovations urbaines et architecturales Mobilités et habitats - Gouvernance - Risques et résilience - Nouvelle économie. En ce qui me concerne au sein de l’agence BMCA, je me suis intéressée au thème de la métropole solidaire, à la gouvernance, en posant la question de la place des habitants dans le projet métropolitain. VPL : Comment avez-vous procédé ? BM : Nous avons décidé de travailler sur des territoires en situation métropolitaine contrastée, dans Paris, en première couronne, en ville nouvelle et dans le grand périurbain, en choisissant en priorité des quartiers ciblés par le PNRU (programme national pour la rénovation urbaine), dans le cadre de l’ANRU 2, qui concerne 58 quartiers en Îlede-France. Les premiers ateliers se sont déroulés à Nangis (à la Mare aux curés) et à la Courneuve (dans les 4 000 nord) Nous avons décidé de contribuer à la métropole de demain avec les jeunes d’aujourd’hui
CENTRALITÉ DU GRAND PARIS # 7
ENTRETIEN AVEC BÉATRICE MARIOLLE
P046
ARCHITECTE ET URBANISTE À L’ ATELIER INTERNATIONAL DU GRAND PARIS
VPL : Comment avez-vous choisi les jeunes qui ont travaillé avec vous? BM : Nous voulions des jeunes déjà investis dans des conseils ou des associations actives sur le terrain pour pouvoir établir un partenariat avec ces organisations. L’idée était de confronter des jeunes architectes avec une vingtaine de jeunes de 15 à 25 ans, habitants ces villes. Marie-Ange Jambu (agence Open-Ends) et Aurélia Beau (agence Beau-Bour), deux jeunes architectes, se sont tout particulièrement investies dans ce projet avec des jeunes stagiaires de l’agence. Nous avons également travaillé avec une association qui forme les jeunes à la radio « L’œil à l’écoute » qui a enregistré la restitution du projet devant le public et qui a retransmis l’édition sur Radio Campus Paris 93.9FM. VPL : Quel est le statut de ces jeunes ? BM : Certains vivent de petits boulots, d’autres sont étudiants ou encore collégiens ou lycéens. Ils étaient très étonnés et très excités que l’on vienne les voir pour travailler avec eux sur leur ville. Le travail portait sur trois types de question : celles relatives à l’énergie autour des notions d’économie faible, celles relative à la nature et en particulier à la question de l’eau. Enfin nous avions aussi un questionnement sur le recyclage. VPL : Avec quelles méthodes avez vous travaillé ? BM : Nous avons monté quatre ateliers dans chaque ville. Au début, il s’agissait de faire connaissance, de leur apporter des références et des outils. On a réalisé avec eux une grande carte de leur ville en essayant de ne pas tenir compte des échelles. Il s’agissait de comprendre qu’elle est la géographie de ces jeunes, qu’est-ce que voulait dire pour eux le Grand Paris ? Ce principe de carte ouverte leur permettait de parler de leurs déplacements, de leurs moyens d’accès aux villes limitrophes ou des quartiers qu’ils fréquentent à Paris. Pour les jeunes de La Courneuve, les filles vont aux Halles et les garçons vont aux Champs élysée ! Nous avons ensuite travaillé sur les lieux importants pour eux dans leur quartier. Ils nous ont montré l’importance des abris bus et de l’espace public dans lequel ils passent une grande partie de leur temps, du fait de logements souvent surpeuplés. Nous leur avions apporté des outils pour réfléchir, de la documentation sur les manières de produire de l’énergie avec le mouvement par exemple. A partir de ces références, après avoir dessiné leur carte du territoire, ils ont fait des projets de transformation de l’espace public sur une maquette avec des matériaux symbolisant des matières ou des textures. Dans le cas de la DOSSIER INTERNATIONAL
P047
Courneuve, ils sont partis d’une structure existante en forme de champignon qui sert d’abri et de point de ralliement. A cette structure existante, ils ont ajouté d’autres programmes et d’autres fonctions, les articulant l’une à l’autre, tout en les multipliant. Pour Nangis, le sujet retenu par les jeunes, a été celui des abris bus, dont certains sont situés en ville et d’autres à la campagne. Ces abris ont été le point d’ancrage de projets de transformations et d’utilisation de l’environnement et de mise en valeur des ressources que ce soit l’eau ou la terre arable. VPL : Qu’allez-vous faire des résultats de ces ateliers ? BM : Nous allons les faire connaître grâce à la diffusion de l’émission de radio et aussi les présenter aux élus qui ont été associés à ces projets. Dans un deuxième temps, nous allons les exposer dans le cadre de la manifestation organisée à la Villette sous l’égide de la COP 21 qui nous permettra de travailler à nouveau avec les jeunes et les étudiants de l’école d’architecture de Paris-Belleville. Nous allons aussi montrer les cartes de leurs territoires que nous avons réalisées à partir de leurs dessins et de leurs maquettes. D’un point de vue plus général, la démarche consiste à comprendre comment on peut réaliser un projet métropolitain à partir des territoires locaux, voire à partir de petites interventions, de petits objets significatifs dans la lignée d’un urbanism tactique ou des petits projets comme autant d’opportunités d’impliquer les habitants dans la transition écologique et de mettre en réseaux solidaires des actions innovantes et créatives (la métropole des small acts comme les nomme Fran Tonkis, du Cities Program à la London School of Economics.
CENTRALITÉ DU GRAND PARIS # 7
LES MÉTROPOLES FRANÇAISES Par : Arnaud Maïsetti
MARSEILLE, QUAI OUEST LA VILLE A VU EN UN SIÈCLE SA POPULATION TRIPLER ET S’ÉTEND COMME JAMAIS DANS SON HISTOIRE. LE SECOND EMPIRE VOIT LÀ UN LABORATOIRE DE SON PROPRE DÉVELOPPEMENT : SON QUAI POUR RECONQUÉRIR LE MONDE PAR LA FORCE DU COMMERCE. RÉINVENTER LA VILLE, C’EST INVENTER UN NOUVEAU PORT, LOIN DU « VIEUX » À L’ÉTROIT DANS SON ANSE. LES ÉTENDUES À L’OUEST APPELLENT AU NOUVEAU DÉPART.
P049
ÉDITO JEAN-CLAUDE GAUDIN MAIRE DE MARSEILLE SÉNATEUR DES BOUCHES-DU-RHÔNE Un nouveau pôle d’attractivité En l’espace de vingt ans, Euroméditerranée, la plus grande opération de rénovation urbaine d’Europe, portant sur 480 hectares, a renouvelé le visage de Marseille et grandement contribué à son essor économique. Le boulevard Euroméditerranée symbolise cette renaissance. Récompensé par le prix spécial du jury, le Salon international de l’immobilier de Cannes, cet axe structurant s’étire sur trois kilomètres du Mucem, du Fort Saint-Jean à la tour CMA-CGM, et réunit toutes les fonctionnalités de ce nouveau territoire, des affaires à la culture, de l’habitat au commerce dont le centre commercial Les Terrasses du Port constituent l’illustration la plus aboutie. C’est ici que le nouveau centre de Marseille retrouve son accès sur la mer avec un balcon de 260 mètres de long qui surplombe le port, offrant une vue imprenable sur la rade et ses îles. La création, par le groupe Hammerson s’inscrit dans une nouvelle dynamique d’attractivité commerciale de Marseille, de développement des croisières et du tourisme. Il répond à la fois aux attentes d’une clientèle marseillaise et touristique toujours plus nombreuse, et engendre des centaines d’emplois précieux pour l’économie locale. Propulsé par son statut de Capitale européenne de la culture en 2013, Marseille tend vers son prochain objectif : être Capitale européenne du sport 2017, qui confortera son rang de métropole euroméditerranéenne.
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P050
La skyline de la métropole euroméditerranéenne. © D.R.
Les Terrasses du Port
Avant - Février 2010
Pendant - Janvier 2012
Les Docks. À droite février 2010 À gauche janvier 2012 © D.R.
Les Docks - après la réhabilitation
© D.R.
Les quais rénovés donne accès à la mer et au port © D.R.
LES MÉTROPOLES FRANÇAISES
P051
Le front maritime du quai ouest de Marseille © D.R.
Sur ce front maritime qui était encore la campagne, on a soulevé de mer des bassins destinés à recevoir les marchandises de toute la Méditerranée : d’abord celui de la Joliette en 1853, auquel suivront le Lazaret et le bassin de la gare maritime en 1864. Si le seul élément qui peut arrêter le train est la mer, alors il faut en prendre possession, faire en sorte que la mer soit un hall de gare à perte de vue : c’est l’idée de génie de Talabot, qui s’empare de la Compagnie des docks et entrepôts de Marseille, fondée en 1856, et qui entre véritablement en service en 1860. La Compagnie achète à l’État pour 99 ans les 11 hectares sur les deux kilomètres le long du port. De 1858 à 1864 se construit un bâtiment multiple fait de 5 entrepôts gigantesques. L’ensemble vise à dominer le temps, pas moins. L’ensemble, gigantesque et rationnel, fourmille un siècle durant. Il traverse âges d’or et crises, changements de régime, dépressions, grèves, renouveaux. Mais la fin de la Seconde Guerre mondiale conduit aussi au déclin inexorable du poumon maritime. Les équilibres internationaux ont basculé ; des choix politiques sont faits ; Marseille tourne le dos à la mer. En 1955, les Entrepôts et Magasins généraux de Paris reprennent l’ensemble de la concession centenaire pour entreposer dans les hangars du papier et du blé, avant d’y aménager des bureaux. On oublie qu’ici fut la façade maritime de la ville. Désaffectés en 1988, les docks sont voués comme ces années-là à New York ou à Londres à la destruction. En 1991, la SARI prend alors possession des 11 hectares, fonde les « Grands Docks de Marseille » ; en 1995, la mairie lance un CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Le paysage portuaire ne peut et ne doit pas être isolé du monde urbain et de ses principales activités notamment le commerce.
Jean-Marc Forneri, président du Conseil de surveillance du Grand port maritime de Marseille
P052
Les Docks - avant la réhabilitation © D.R.
nouveau chantier de refondation du quartier près d’un siècle après sa levée de terre, pour refaire de ces quais un centre. Euroméditerranée renoue avec l’immense rêve de Talabot. L’architecte Éric Castaldi prend soin des Docks, réhabilités en grandes halles. En face, là où se tenaient les entrepôts proches de la mer, l’architecte Michel Petuaud-Letang conçoit un centre commercial comme une réplique majestueuse et légère des Entrepôts – mêmes courbures en sheds orientés au nord, mêmes lumières.
À LIRE
Les Terrasses du Port, Marseille Édition Archibooks, Paris
À la clôture du lieu répond l’ouverture infinie qu’il appelle : à la terminaison du bâtiment et dans sa hauteur, la reformulation d’un quai, mais suspendu. Pour Jean-Marc Forneri, président du Conseil de surveillance du Grand port maritime de Marseille : « Le paysage portuaire ne peut et ne doit pas être isolé du monde urbain et de ses principales activités notamment le commerce. » Là se dressent désormais ces Terrasses du Port, promontoire sur la mer tourné vers l’ouest où le soleil tombe sur la nouvelle skyline d’une ville verticale à l’horizon duquel le regard embrasse le nord : « Ce développement fait entrer Marseille Provence dans la cour des grandes métropoles internationales », constate Jacques Pfister, président de la Chambre de Commerce et de l’Industrie. Tout autour de ces quais, c’est donc une nouvelle ville, encore : les quartiers d’affaires et les docks autour des Terrasses du Port voudraient renouer avec le rêve urbain d’une ville où le LES MÉTROPOLES FRANÇAISES
P053
centre serait dans ses axes, cette faculté d’imaginer la ville comme un spectacle, et la mer comme son ouverture. Pour François Jalinot, Directeur général d’Euroméditerrannée : « La réunification de la ville et de son port est un objectif majeur d’Euroméditerranée. Le Mucem signe une première étape de la reconquête de la façade littorale. Il s’agit de créer de véritables quartiers de vie pour usager et habitants, de faire émerger de nouvelles centralités dans la ville, de favoriser la régénération économique en encourageant la diversification des activité. » Au lieu des arrivées et des départs, l’endroit d’une rencontre, l’espace privilégié de tous les échanges, « la pierre angulaire qui vient terminer le travail de réhabilitation du quartier, ce centre redonne un accès à la mer et au port », conclut Jean-Philippe Mouton, président de Hammerson - les Terrasses du Port.
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Les Docks - après la réhabilitation © D.R.
La réunification de la ville et de son port est un objectif majeur d’Euroméditerranée. François Jalinot, directeur général d’Euroméditerranée
P054
Propos recueillis par : Emmanuelle Graffin
ENTRETIEN AVEC JACQUES PFISTER PRÉSIDENT DE LA CCI MARSEILLE PROVENCE
EG : À quels enjeux économiques répondent les Terrasses du Port ? JP : Un premier enjeu autour du développement économique et de l’emploi. En effet, plus de 2 000 emplois ont ainsi été créés sur notre territoire grâce à l’ouverture de plus de 160 boutiques et restaurants. Un deuxième enjeu autour de l’attractivité et du dynamisme commercial et touristique, en harmonie avec le centreville de Marseille qui constitue encore aujourd’hui le coeur de notre ville. Des actions d’animations ont ainsi été définies dans le cadre d’un travail partenarial entre Hammerson et la CCIMP, pour connecter les Terrasses du Port au centre historique. Aujourd’hui, les Terrasses du Port font partie intégrante des atouts de notre territoire. Dans un contexte économique difficile, il me semble qu’on peut dire que c’est une vraie réussite, qui participe à son renouveau. EG : Comment un tel projet peut-il faire changer le regard sur la ville de Marseille ? JP : Marseille est un territoire qui attire, qui interroge. Mais c’est aussi un territoire à révéler. La campagne « Si vous saviez tout ce qui se passe ici… » impulsée par les acteurs économiques de Marseille Provence Capitale européenne de la Culture 2013 – que j’ai eu l’honneur de présider – accompagne cette rupture positive que connaît la métropole. Et Les Terrasses du Port, équipement phare du front de mer, à la jointure entre la ville et le port, à proximité du MuCEM, de la Villa Méditerranée et de la tour CMA CGM, participent, de fait, à l’affirmation de l’attractivité territoriale métropolitaine, bien au-delà même des frontières marseillaises. Par l’architecture exceptionnelle du bâtiment en harmonie avec son environnement, son inscription dans le projet Euroméditerrannée, mais également par l’ambition portée : redonner à Marseille, ville-port, son image originelle de terre de commerces.
LES MÉTROPOLES FRANÇAISES
A Foundation For Beautiful Thinking*.
EDF 552 081 317 RCS PARIS, 75008 Paris – Photo : Rob Payne
EDF CONÇOIT LE FUTUR RÉSEAU DE RECHARGE AUTOMOBILE Nous déployons des réseaux de bornes de recharge et nous concevons des batteries plus performantes pour circuler autrement. D’ici 2015, 5 000 bornes de recharge électrique seront installées partout en France. En partenariat avec les constructeurs automobiles, nous faisons entrer le véhicule électrique dans la ville. collectivites.edf.com L’énergie est notre avenir, économisons-la !
P058 PROMOTION IMMOBILIÈRE
FRÉDÉRIQUE MONJANEL
DIRECTEUR DU DÉVELOPPEMENT IMMOBILIER DE VINCI CONSTRUCTION FRANCE, POUR SA FILIALE ADIM
P062 DOSSIER URBANISME
GRAND PARIS EXPRESS « LA LIGNE ROUGE »
P072 PAROLE D’ÉLU
MANUEL AESCHLIMANN MAIRE D’ASNIÈRES-SUR-SEINE
PROMOTION IMMOBILIÈRE Propos recueillis par : Christine Desmoulins
FRÉDÉRIQUE MONJANEL
DIRECTEUR DU DÉVELOPPEMENT IMMOBILIER DE VINCI CONSTRUCTION FRANCE, POUR SA FILIALE ADIM AVEC UNE PRÉSENCE ASSIDUE AUX QUATRE COINS DE L’HEXAGONE, ADIM DÉVELOPPE TOUTE LA PALETTE DES LIGNES DE PRODUITS DU LOGEMENT ET DU MULTIRÉSIDENTIEL, DE L’HÔTELLERIE ET DU TERTIAIRE EN PASSANT PAR DE GRANDS PROJETS D’OPÉRATIONS MIXTES. LES SYNERGIES ENTRE VINCI ENTREPRISES ET UN DÉPARTEMENT DÉVELOPPEMENT DIRIGÉ PAR L’ARCHITECTE FRÉDÉRIQUE MONJANEL SONT À L’ORDRE DU JOUR POUR SOLLICITER LES ARCHITECTES ET FAVORISER LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT SUR DIFFÉRENTS THÈMES.
ADIM, filiale de VINCI Construction France dédiée au développement immobilier, est présente sur l’ensemble du territoire national à travers ses onze agences et réunit toutes les compétences au profit du développement d’offres multi-produits et multifonctionnelles en partenariat avec les villes, les élus et les aménageurs. Chiffre d’affaires 2014 : 480 M€ Effectifs : 170 collaborateurs
P059
Frédérique Monjanel
© Augusto da Silva – Graphix images
CD : Quelle est la stratégie d’ADIM ? FM : ADIM accompagne les villes, les aménageurs et les territoires dans la production des villes sur tout type de programme immobilier : commercial, résidentiel, bureaux, activités de loisir, activités mixtes, commerces, hôtels. Avec une attirance particulière pour les projets complexes, elle répond avec de petites équipes de terrain à tous les types de projets. L’activité se décline dans de grands projets mixtes et structurants comme à Strasbourg, Reims, Bordeaux, Nice, Metz ou Nantes. Être adossé à Vinci permet de fonctionner en conception construction avec en amont une vision précise des coûts de construction ou d’autres questions relatives à la qualité des sols. C’est un atout, car tous les aménagements sont désormais réalisés sur des sols complexes, comme dans le quartier Brazza à Bordeaux où nous construisons sur micropieux en zone inondable. ADIM a pour vocation de générer du chiffre d’affaires à moyen et long terme pour l’entreprise de construction et les ventes de son immobilier sont généralement consolidées avant le lancement des travaux. CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
CD : Architecte, vous vous êtes orientée vers la maîtrise d’ouvrage privée, cela influence-t-il votre rôle de promoteur et vos relations aux architectes ? FM : Après quinze ans auprès de Jean Nouvel, j’ai souhaité contribuer à l’amélioration de l’architecture de l’immobilier privé en m’inspirant des développeurs néerlandais, pour qui « good design is good business ». Architecte partenaire pour Jean Nouvel de plusieurs opérations pour ING Real Estate à Prague, j’ai compris comment un maître d’ouvrage peut maintenir le cap de l’architecture avec un budget restreint tout en considérant l’intégration fine de typologies urbaines affirmées en site historique, en dialogue étroit avec les élus. Un premier poste chez ING Real Estate m’a donné le goût de la confrontation aux problématiques d’économie et de rendement de la ville « normale ». Chez ADIM, je continue à défendre l’architecture comme une valeur forte du projet en faisant travailler de bons architectes de renommée nationale dans le cadre d’une économie de projet maîtrisée et en montant des opérations avec des villes attirées par
P060
EPHAD Morangis
© 11h45, Montrer l’architecture
une démarche de qualité. Chez ADIM, la notion de production d’activité en réseau est porteuse de qualité. Des synergies s’instaurent dès la conception avec les architectes et la filiale de construction. Le développement immobilier permet à l’entreprise de construction de mieux prendre en compte les attentes et les règles des aménageurs et des investisseurs sur les divers marchés. Dans un cadre de conceptionconstruction, l’architecte est un acteur déterminant qui doit intégrer avec ADIM les logiques techniques et économiques de la fabrication du foncier, de l’immobilier et des contraintes multiples de l’aménagement. Le département recherche et développement de Vinci Construction France apporte aux opérations des solutions en écoconstruction dont ADIM est la vitrine. Mon rôle de maître d’ouvrage au sein d’ADIM est aussi, en tant
qu’architecte, de faire un lien entre les architectes concepteurs et l’ensemble des contraintes générées et gérées par la chaîne des acteurs du projet du développement. CD : Quel est le rayon d’action d’ADIM ? FM : Toutes les régions de France, la trentaine de grandes villes de plus de 100 000 habitants intramuros et les métropoles, mais aussi en périphérie des grandes villes. L’immobilier étant une question de territoire, ADIM est présent sur l’ensemble du territoire national. Le lien entre local et global est son ADN. CD : Faut-il des produits spécifiques pour s’adapter au développement de chaque territoire ? FM : Nous traitons les grandes questions nationales – besoin de logements, gestion de l’allongement de la durée de la vie, frilosité des investisseurs face à l’immobilier de bureau– , PROMOTION IMMOBILIÈRE
P061
À gauche Ilink
© BLOCK Architectes / guinée*potin / EXPLORATIONS ARCHITECTURE
À droite Angers intercity
© ANMA Agence Nicolas Michelin & Associés
Nouvelle Vague, Barre Lambot © Philippe Ruault
mais chaque territoire est spécifiquement lié au développement des villes et à la volonté des élus. Nous nous y adaptons en fonctionnant en mode « projet » avec une équipe dédiée et une forte volonté d’écoconstruction et de développement durable. Nous développons des procès de production de logements économiques. Pour répondre à la croissance du tourisme, nous promouvons l’hôtellerie au sein de projets mixtes à Lorient, Bègles, Alès, entre autres. Un hôtel fait vivre la ville jour et nuit et permet de mutualiser les parkings avec les bureaux. Parmi nos autres thèmes de recherche figurent le bureau économique, la résidence étudiant réalisée avec le procédé constructif « Habitat colonne » qui permet, entre autres, de raccourcir le délai de construction des ouvrages, ou encore la réversibilité du logement en bureau, grâce à notre procédé « Conjugo ». CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Nous travaillons aussi sur les e-services dans le logement : conciergerie, mise en réseau de services associés, laverie, commerces, coworking, etc. La filière bois est développée pour surélever du bâti existant en milieu dense et nous sommes en première ligne sur la biodiversité et les cultures hors sol avec des partenaires. CD : Quelle ville à l’horizon 2020 ? FM : Une ville exigeante de la mutualisation et des associations. La proximité entre habitat, travail et commerce dans une ville douce. L’écoconstruction. La gestion des énergies et des déchets. La gestion de l’eau, l’ergonomie, la lumière, la qualité de l’air sont les paramètres déterminants que l’architecte doit intégrer en amont. Une vie des urbains plus solidaire pour fabriquer un vivre ensemble via les smartgrids, les réseaux et les nouvelles technologies.
DOSSIER URBANISME Par : Yves Schwarzbach
GRAND PARIS EXPRESS « LA LIGNE ROUGE » TRENTE-DEUX KILOMÈTRES DE TUNNELS, SEIZE GARES, TRENTE-HUIT OUVRAGES ANNEXES, C’EST CE QUE PRÉVOIENT LA SGP ET LA RATP POUR LA FUTURE LIGNE 15, LA PREMIÈRE DU GRAND PARIS EXPRESS À VOIR LE JOUR. UNE RÉVOLUTION DANS UNE RÉGION TOUJOURS EN RETARD EN MATIÈRE DE MOBILITÉ COLLECTIVE, ET UNE NÉCESSITÉ POUR LA COMPÉTITIVITÉ ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DES TERRITOIRES. MAIS UNE RÉVOLUTION EN PANNE D’INNOVATION. CHRONIQUE D’UNE AVENTURE QUI DEVAIT CHANGER LA VILLE.
Citations extraites de la rencontre-table ronde vers une nouvelle architecture industrielle du xxie siècle ?, vendredi 18 septembre 2015 au MAC VALà Vitry-sur-Seine
P063
Noisy-Champs HiRes © D.R.
L’inconvénient du Grand Paris est que rien n’est vraiment proche. L’urbaniste Jean-Marc Offner le disait au forum À nous le Grand Paris : « on n’a pas inventé les grandes villes pour travailler en bas de chez soi ». Surtout si la périphérie concentre soixante-dix pour cent des emplois. Bref, la Société du Grand Paris (SGP) réalise enfin la liaison qui changera pour de bon la vie de neuf millions de Franciliens. On y croit donc à cette Ligne Rouge, à l’instar d’Alexia Fabre, directrice du MacVal à Vitry-sur-Seine, qui lui consacre une exposition mixant création artistique et maquettes (voir encadré) et pour qui « ce nouveau transport va transformer nos rapports aux territoires, la façon dont ceux-ci sont perçus et s’envisagent ». Sa rocade sud reliera le Pont-de-Sèvres à Noisy-Champs en moins de 37 minutes, top chrono. Fruit des cogitations de l’Atelier International du Grand Paris (AIGP) et de la SGP, le métro de la Métropole roulera tout seul. Comme sur la 14 depuis 1998, le conducteur rejoint le poinçonneur des Lilas au rayon vintage de notre histoire collective. Métro automatique mais construction chaotique pour une ligne a forts enjeux. Certes, ni ZAD ni rebelles au projet. On a sousestimé la difficulté de creuser des tunnels. Sérendipité ou pas, le futur reste imprévisible. Puisque la mémoire est sélective, le passé éclaire mal l’avenir. Oubliées, les mésaventures d’Eole, rue Papillon. « Il ne peut y avoir de risque zéro quand on s’aventure dans le mille-feuille géologique », expliquait à l’époque le directeur des travaux, surpris par une couche de marnes et de caillasses. Aujourd’hui, c’est CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Avec les sites de maintenance, nous avons voulu sortir de l’extraterritorialité des emprises industrielles, avec un travail lieu par lieu, tenant compte de la diversité des contextes. Et surtout grâce à la concertation et à un pilotage conjoint avec les territoires. Bernard Cathelain, membre du directoire à la société du Grand Paris
P064
Les nouvelles approches de la mixité fonctionnelle redonnent sa place à l’industrie dans la ville. Diversifier, bien sûr, rechercher une densité proche de 1 mais surtout apporter un voisinage apaisé entre l’usine et les habitants. Jacques Touchefeu, directeur général de l’EPA Orly Rungis - Seine Amont
la faute à l’argile verte, pleine de vertus cosmétiques mais trop plastique. Si les métros d’Alger ou de Cochin peuvent attendre, si les forces souterraines et les caprices du destin le permettent, la 15 fonctionnera en 2022. Deux ans de retard ajoutés aux cinq déjà pris pour boucler la boucle vers 2030. La planification des grands projets est un art délicat. La complexité technique, la convergence des acteurs et la gestion des procédures appellent autant de doigté que de prudence. Comme le dit Philippe Yvin, patron de la SGP : « c’est un vrai travail d’horlogerie ». Mais la loi de Murphy a bon dos quand on parle gouvernance et finances. Arrêtez-moi si je me trompe : 2022 c’est 2017 plus 5. Si je retire un quinquénat à 2017, j’obtiens 2012. L’arithmétique électorale induitelle l’arythmie des projets ? Si on comptait sur les transports pour doper l’économie régionale, autant prendre son mal en patience. Ne parlons pas du délabrement du réseau : « si des crédits supplémentaires ont été alloués tardivement [...], nous craignons que de nombreux projets ne soient pas financés [...] alors que leurs délais de réalisation sont jugés
Noisy-Champ HiRes © D.R.
unanimement très longs », grogne la FNAUT. Sans compter les dix ou quinze-mille emplois du BTP non délocalisables promis par les autorités et qui vont attendre que la France ait réglé sa dette. Autant dire : aux calendes grecques. DOSSIER URBANISME
P065
Pas facile, bien sûr, d’insérer des infrastructures gourmandes en espace et sources de nuisances. Mais quand donc les exploitants ferroviaires cesseront-ils de dicter leur loi aux territoires ? Quand verrons-nous urbanistes et ingénieurs privilégier le rapport des humains au sol et intégrer les infrastructures sans les enfouir ? La gare de Saint-Maur-Créteil sera paraît-il la plus profonde jamais creusée en France avec des quais à cinquante-deux mètres sous la rue. Moitié moins profond que le tunnel sous la Manche mais il faudra dix ascenseurs et trois minutes pour atteindre la ligne 15 et deux fois plus pour la correspondance du RER. Quand on parle de rupture de charge et d’accessibilité... Côté gouvernance, comment croire que la scintillante Métropole, la radieuse SGP, la brillante Région, les EPCI et autres astéroïdes de la galaxie institutionnelle graviteraient harmonieusement autour de l’Etat-Soleil ? « Toute la stratégie [...] de redressement de la compétitivité de la mégapole parisienne semble reposer sur la faisabilité de ce système de transport », déclaraient les équipes de l’AIGP lors de la présentation du rapport Auzannet. « Ceci nous rappelle amèrement que le transport dépend d’une organisation centralisée mais pas l’aménagement », ajoutaient les architectes. Voeu exhaussé. L’État revient avec la SGP, la RATP et une opération d’intérêt national multi-sites, qui réalisera les 70 000 logements oubliés en 2007. L’affaire sera pilotée par l’AFTRP, vieux bras armé rebrandé Grand Paris Aménagement. L’État centralise la métropole polycentrique, contradiction qui élude au passage la LOTI, la loi SRU et le règlement européen Obligations de Service Public de 2007, puisqu’il n’a jamais été question de mettre en concurrence les opérateurs. Le projet Métrophérique de Pierre Mongin s’est imposé contre les options de l’Île-de-France, pourtant autorité organisatrice légitime des transports. Je pense que beaucoup d’élus ont un avis sur la question, d’autant plus pertinent que, jusqu’à présent, le centralisme n’a pas prouvé sa performance. Gênant pour un ticket à cinq milliards et demi pour la seule ligne 15 sud et près de trente pour la double boucle. Et qu’en est-il des gares, puisque gares il y aura ? La sobre appellation de station ne semble plus au niveau des ambitions métropolitaines. L’anglais a beau le traduire par station, le terme de gare fait sérieux. Les mots ne manquent d’ailleurs pas pour les décrire, ces fameuses gares. Enjeu majeur pour la ville de demain, porte d’entrée au nouveau réseau de transport de la métropole, elles vont contribuer au développement des territoires desservis en devenant des lieux emblématiques du Grand Paris. C’est en tous cas ce qu’écrit la SGP, qui vise le top de ce qui se fait au plan mondial, comme le voulait Cécile Duflot. Au delà des gestes architecturaux, dont on appréciera la portée dans les années qui viennent, les mots font florès à défaut de faire sens. Au point qu’on ne sait plus qui dit quoi. CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Les passagers du Grand Paris Express Pour son dixième anniversaire, le MacVal accueillait l’exposition « Les passagers du Grand Paris Express », la première consacrée à la fabrique d’un métro qui doit changer la vie. Qu’en retiendra-t’on : les maquettes futuristes des gares de la ligne 15 ou le regard de grands photographes contemporains ? Occasion de découvrir les rythmes et les enjeux du projet, le propos est d’abord de donner à voir le paysage de demain et de rendre la parole à ceux qui s’en empareront. A commencer par les jeunes, voyageurs-acteurs du Grand Paris. Création donc, en croisant la vision sensible de Françoise Huguier, centré sur les habitants, le regard réflexif de Pierre-Olivier Deschamps sur la diversité des paysages et une installation exclusive d’Ange Leccia pour transporter les visiteurs vers d’autres ailleurs.
P066
Vous en doutez ? Alors un petit test : Question 1 : Qui a écrit sur son site internet : « des dispositifs au cœur des flux et des mobilités, pour répondre à différents objectifs de couverture puissante » ? Réponse A : la SGP Réponse B : un opérateur de téléphonie mobile Réponse C : la RATP Réponse D : la société Jean-Claude Decaux (Solution à la fin de l’article)
Société du Grand Paris
© Richez Associés
Soigneusement marketé, le discours exprime une promesse qui ressemble à celles des promoteurs du boom immobilier : « 90 % des Franciliens habiteront à moins de deux kilomètres d’une gare ». Vingt minutes à pied ; les Parisiens resteront privilégiés avec une station à cinq minutes. « Le temps de transport quotidien redeviendra raisonnable », espère donc la SGP, grâce à cette nouvelle génération de gares, faite de quatre familles : centre ville, nouvelles centralités, emblématiques du Grand Paris, portes de la Métropole. Le tout décline une charte d’architecture et de design, confiée à Jacques Ferrier, qui définit « les archétypes [des] gares de métro, en inventant une image propre aux gares du Grand Paris ». Au pied de l’Institut Gustave Roussy de Villejuif, Dominique Perrault imagine un cylindre spiralé, symbole de vie et de durée. Spirale aussi pour Jean-Marie Duthilleul à Noisy-Champs où « la nature descendra dans les gares ». « Havre pour recréer de la ville », la gare du Pont de Sèvres sera en « béton satiné, doux, diaphane qui soutient le fleuve ». Du béton diaphane ? À Maisons-Alfort, Denis Valode, qui propose une « transition DOSSIER URBANISME
P067
entre le monde souterrain et la ville », doit parler d’escalators. La maintenance suivra. Pour Créteil-l’Echat, ANMA souhaite que les 11 200 voyageurs en heure de pointe cheminent dans une succession de séquences apaisées. Mais il y a mieux. Au nord, à Clichy-Montfermeil, la lauréate, Benedetta Tagliabue, évoque un nid douillet pour que « le voyage soit une expérience très confortable, comme à la maison. J’aimerais que l’usager se sente comme dans un musée ou un lieu fantastique.» À quand le train-fantôme avec le Pass Navigo ? « À travers une séquence multi-sensorielle d’espaces, les nombreux déplacements stressants du quotidien (…) seront transformés en une expérience ouverte et interactive », renchérit Kengo Kuma, concepteur de la future gare de Pleyel. Comme si ce stress ne résultait pas des retards, annulations et grèves, légitimes ou moins, qu’imposent les transporteurs ? Qu’importe que seuls six Franciliens sur dix se disent satisfaits de leurs transports publics, surtout en banlieue ? Quel besoin de spoilers genre rabattements, desserte, horaires et correspondances ? À coups de story-telling, d’hyperonymes et d’oxymores, le métro devient un produit expérienciel. Le journaliste Olivier Razemon à propos des rares visuels dévoilés par la SGP note : « les moyens de transport sont notoirement absents. On ne voit nulle part ni voiture particulière, ni deux-roues motorisé, ni bicyclette (…). Les personnages sont tous piétons… et destinés à le rester ». Personnellement, j’aimerais entendre qu’on a prévu de convertir les places de voitures en parcs à vélos, que les batteries des autos stockeront l’énergie produite par les panneaux solaires de la gare et que son BEPOS contribuera à la rénovation énergétique du quartier. Avant de flatter leur imaginaire, parlons de la vraie vie des vrais gens, mamanstaxi du mercredi, personnes âgées ou jeunes des banlieues.
Le projet de Champigny occupe une combe et fait le lien avec un parc public. C’est une réussite d’intégration. Surtout, le projet nous apporte 450 emplois et c’est tout aussi vital pour notre territoire. Dominique Adenot, maire de Champignysur-Marne
Société du Grand Paris
© Richez Associés
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P068
AAKK © D.R.
AAKK © D.R.
En attendant, tunnels, voiles de béton et immenses verrières font bon ménage, sans trop savoir comment nos héritiers feront évoluer ces cathédrales semi-enterrées, dont le paradigme ressemble aux maisons-icebergs du très chic Kensington à Londres. J’aime la ville intense qui vit nuit et jour, cité étagée et métropole hybride, mais je la préfère évolutive et réversible. Même si je leur fais confiance, je vois mal comment les générations futures s’y prendront pour adapter tout ce beau béton à une vie que nous n’imaginons même pas. Quant à y créer d’authentiques lieux de vie, place bien sûr au commerce et aux services, surtout s’ils étaient solidaires, style Panniers Fraîcheur imaginés par Transilien et les AMAP ou PIMMS en gare, que la SNCF déploie depuis dix ans. Ou qui innovent comme le Pick Up Store de la Poste à Saint-Lazare DOSSIER URBANISME
P069
et les magasins éphémères My Popup Store, concepts réunis dans certains projets particulièrement innovants du concours Réinventer Paris. Comme le dit le philosophe Thierry Paquot, « les gares sont censées devenir nos nouveaux centres de gravité. Je les vois déjà, toutes bardées des mêmes enseignes franchisées. Résultat, le boulanger du coin et le tabac-journaux seront laminés. Et vous parlez de lien social ? » Les pros du travel retail l’ont compris avant les architectes : une gare est un lieu de passage. Autant capter le flux financier là où il passe. Comment innover en urbanisme et en architecture si les projets ne s’ancrent pas dans le futur ? La société change plus vite que sa forme urbaine. Les usages se diversifient mais les gares du Grand Paris suivent les modèles du siècle dernier. Érigées en bonnes pratiques à capitaliser et en principes vertueux à respecter, intermodalité, multimodalité, interopérabilité, interconnectivité relèvent du bon sens. Fondements du premier PDU d’Île-de-France, ces innovations fonctionnent avec succès depuis trente ans en Allemagne et en Suisse. Et même en Italie, en Espagne ou en Grande-Bretagne. Ici, l’urbanisme de la mobilité échappe à la fois à la loi de Moore et au principe de simplicité. Révolutionnaire, l’idée de faciliter les échanges entre les transports que nous alternons tous les jours ? Décoiffante, l’intégration de services numériques, quand un wifi et une appli suffisent à savoir si on risque ou pas l’infarctus à cause d’une panne du serveur qui gère les trains ? À Barcelone, ce wifi est gratuit dans le bus mais l’Îlede-France joue les suiveurs, pas les pionniers. Anne Hidalgo n’a pas tort de vouloir combler le retard numérique. Quant à la concertation tant vantée, elle se déroule à la française c’est à dire procédurière, routinière et à son train de sénateur. Certes, le fameux périmètre de quatre-cents mètres représente environ cent-quarante kilomètres carrés : quarante pour cent plus vaste que Paris. On imagine la foule de propriétaires à convaincre avant de voir surgir les immeubles qui densifieront ces quartiers. Côté ligne 15 sud, l’enquête publique a accouché d’une déclaration d’utilité publique en décembre dernier. Si tout va bien, les travaux démarreront fin 2015 à Champigny, Issy et Vanves. Mais la concertation est restée descendante : « les concertations ont montré que les attentes des populations sont à la hauteur de l’ambition » selon la SGP. Les populations… Selon Médiapart : « malgré les 20 000 visiteurs du site internet, contributeurs, auteurs de questions (…), il semble exagéré de dire que le citoyen de base ait pleinement trouvé sa place.» Un citoyen qui n’est souvent qu’un simple riverain, sans doute plus inquiet de ce qui se trame sous ses pieds qu’avide de la plus value latente de son pavillon. D’ailleurs, l’observatoire foncier de la SGP affiche un CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Construire l’usine de demain : belle, résiliente et mutable ? Nos prédécesseurs construisaient des bâtiments généreux, laissant une grande liberté pour des usages futurs. Je ne sais pas si la beauté est nécessaire pour caractériser l’écriture industrielle mais nous devons aujourd’hui parler d’intelligence constructive. Claude Labbé, directeur chez Terrell, chargé du développement, de l’action commerciale et de la communication
P070
AAKK © D.R.
encéphalogramme plat côté spéculation, du moins dans son rapport 2013, puisque l’opus 2014 n’est pas encore livré. Sur le terrain, les discussions semblent moins sereines qu’on ne le dit. À Clamart, « on sait qu’on va être démoli. Normalement tout devrait être vide au 31 décembre 2015. Maintenant, on n’a toujours rien reçu d’écrit », se plaignent des habitants dont les maisons vont disparaître. À côté, « la plupart des riverains ont reçu des offres avec des prix évalués sans beaucoup d’explications », constate Michel Benkemoun, président de l’Association des Riverains de la Gare, qui prévient : « si jamais il n’y a rien à négocier et qu’on ne peut pas discuter alors que l’on n’est pas d’accord, nous bloquerons le processus. S’il le faut, par les voies judiciaires ». Heureusement, force restera à la loi : la transition énergétique transformera l’acquisition des tréfonds en servitude d’utilité publique. Voilà qui est dit, avec ou sans argile verte.
PS : J’allais oublier. La bonne réponse au test est la dernière. Tirée de l’offre Urban style de l’afficheur, opérateur de Vélib’ et artisan des abribus qui fleurissent dans nos rues.
DOSSIER URBANISME
RENDEZVOUS DE LA MATIÈRE
Un rendez-vous professionnel consacré aux matériaux pour l’architecture, le design et l’aménagement intérieur
mardi 22 et mercredi 23 mars 2016 de 10h à 19h Partenaires
S
True Living of Art & Design
www.rendezvousdelamatiere.com
PAROLE D’ÉLU Propos recueillis par : Emmanuelle Graffin
MANUEL AESCHLIMANN MAIRE D’ASNIÈRES-SUR-SEINE
LA ZAC BORDS DE SEINE, À ASNIÈRESSUR-SEINE, ÉTAIT UNE OPÉRATION D’AMÉNAGEMENT URBAIN PRÉCURSEUR EN 2005, MENÉE PAR EIFFAGE AMÉNAGEMENT, ALORS QUE LE GRAND PARIS N’EXISTAIT PAS ENCORE. MANUEL AESCHLIMANN, MAIRE DE LA VILLE À CETTE ÉPOQUE ET RÉÉLU RÉCEMMENT, EN COLLABORATION AVEC VINCENT QUINTARD, DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT EN CHARGE DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET URBAIN, A ACCOMPAGNÉ CETTE MUTATION D’UNE FRICHE INDUSTRIELLE SITUÉE SUR LES BORDS DE SEINE EN UN NOUVEAU QUARTIER.
À LIRE
Asnières Quartier de Seine Édition Archibooks, Paris
P073
À gauche Manuel Aeschlimann
© Christophe Perrucon, Mairie d’Asnières-sur-Seine
À droite Vincent Quintard
© Christophe Perrucon, Mairie d’Asnières-sur-Seine
EG : Quelle est la genèse du projet de la ZAC Bords de Seine, initié en 2005 ? MA : En 2005, le territoire à l’est de la ville d’Asnières avait la particularité d’être une zone d’activités. La friche industrielle occupée aujourd’hui par ce nouveau quartier abritait une usine dont l’activité a cessé en 2002, laissant vacant environ 8 ha de terrain. Compte tenu de l’importance de ce secteur par sa situation géographie, sa desserte privilégiée grâce aux infrastructures routières et aux transports en commun, la Ville a saisi l’opportunité de la vacance du site pour envisager la création d’un nouveau quartier. Avec ce projet urbain baptisé ZAC Bords de Seine, elle a souhaité introduire une mixité de fonctions et amener une nouvelle population destinée à accéder au logement social, s’inscrivant par là pleinement dans la loi relative à la solidarité et renouvellement urbains (SRU). L’opération a été concédée à l’aménageur Eiffage Aménagement. Aujourd’hui, soit dix ans après, l’opération est quasiment achevée ; il en reste que quelques bâtiments à réaliser. La ZAC Bords de Seine compte environ 1 000 logements (dont 25 % de CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
logements sociaux), 60 000 m2 de bureaux, des commerces et différents équipements publiques indispensables à la vie du quartier. EG : Comment l’opération sera-elle connectée au Grand Paris ? MA : La Ville a imaginé ce nouveau quartier de manière à ce que, à terme, il soit relié à la ville à travers les réseaux viaires, notamment l’avenue des Grésillons et le quai Aulagnier. Plus largement, la proximité de la ligne C du RER (avec la station Les Grésillons) a permis de relier le quartier à Paris. L’anticipation de la prolongation de la ligne 14 à une station de celle des Grésillons, ainsi que l’implantation dans une dizaine d’années de la gare de la ligne 15 du Grand Paris Express reliée à la station de la ligne C du RER laissent entrevoir un développement futur de la ZAC Bords de Seine en l’inscrivant pleinement dans le Grand Paris. Car, Asnières aura la chance de voir se construire quatre gares du Grand Paris (les Grésillons, les Agnettes, Bois-Colombes et Bécon-lesBruyères) entre La Défense et Saint-Denis Pleyel, deux grands bassins d’emplois.
P074
Asnières, quartier des bords de Seine, le mail et l’école.
© Mathieu Ducros
EG : Comment le projet a-t-il évolué en termes environnementaux ? MA : Déjà en 2005, le projet était exemplaire en matière de gestion des eaux pluviales. Aucune canalisation ne devait être enterrée et des bassins de phytoremédiation devaient permettre d’épurer les eaux usées afin de les rejeter ensuite dans la Seine. De plus, tous les bâtiments répondaient à la RT 2005, puis ensuite à la RT 2010. Un des bâtiments de bureaux sur les bords de Seine a par la suite été transformé pour répondre aux normes BBC, conformément à la RT 2012. Par ailleurs, dès sa conception, le quartier devait bénéficier de pistes cyclables et de circulations douces. En définitive, même si la ZAC Bords de Seine n’est pas un écoquartier proprement dit, elle répond largement aux exigences du développement durable, notamment grâce à son accessibilité aux transports en commun, comme cela a été évoqué plus haut. EG : Comment cette opération s’inscrit-elle plus largement
par rapport aux autres ZAC qui l’environnent ? MA : En créant la ZAC Bords de Seine en 2005, la Ville avait alors anticipé l’aménagement des différentes friches environnantes, l’ensemble formant ce que nous appelons aujourd’hui le Quartier de Seine. À l’est, celui-ci comprend la ZAC PSA (ou ZAC Quartier Seine-Est), à l’emplacement de l’ancienne usine Citroën. Il s’agit d’un programme mixte comprenant environ 500 logements et 85 000 m2 de bureaux. En limite de Gennevilliers, ce quartier – dont l’aménagement a été confié à Nexity Villes et Projets – est en cours de réalisation, notamment en ce qui concerne la partie logements. Par ailleurs, la concertation en vue de la création de la ZAC Parc d’Affaires a été menée parallèlement au lancement de la ZAC Bords de Seine. Située à l’ouest de cette dernière, elle a été créée en 2009 et son aménagement confié en 2012 à la SEM 92. Il y a six mois, Celleci a lancé une consultation de PAROLE D’ÉLU
P075
groupements de promoteurs pour réaliser la partie nord de la ZAC. À terme, le Quartier de Seine comptera plus de 3 000 logements ainsi qu’un pôle tertiaire de 30 ha. Le marché actuel en immobilier d’entreprise rend cependant plus difficile la réalisation de certains immeubles de bureaux, notamment dans la ZAC PSA. EG : En quoi cette opération représente-t-elle une réussite ? MA : La réussite de cette opération et par extension du Quartier de Seine peut se résumer par « l’appétence » des opérateurs privés à venir construire des programmes de logements et de commerces dans ce secteur. Il y a dix ans, lorsque la ZAC des Bords de Seine a été créée, certains d’entre eux avaient encore des doutes sur la qualité du site et son attractivité, largement démentis aujourd’hui, comme ils le reconnaissent eux-mêmes après une commercialisation réussie. La ZAC Bords de Seine, première pierre de ce vaste projet d’urbanisme, en est la CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
démonstration. Les docks de Saint-Ouen, situés en face du Quartier de Seine, contribuent d’ailleurs à cette dynamique. Au regard du Grand Paris, la Ville d’Asnières-surSeine était précurseur en s’inscrivant déjà en 2005 dans le renouveau de la Grande Ceinture et en anticipant la connexion au Grand Paris. Et la chance du Quartier de Seine est d’être au pied des futures gares de la ligne 15 du Grand Paris Express. Les enquêtes publiques sont d’ailleurs en cours actuellement sur le sujet. Le prolongement de la ligne 14, dont le chantier devrait s’achever en 2019, participera pleinement au développement du quartier qui par ailleurs est irrigué par un excellent réseau routier donnant accès à l’A86, l’A15, l’aéroport de Roissy. Le Quartier de Seine dans lequel s’inscrit la ZAC Bords de Seine a beaucoup d’atouts aujourd’hui pour être attractif, et plus encore demain en rayonnant sur la totalité de la métropole parisienne grâce à la future ligne du Grand Paris Express.
P076
Logements.
© Mathieu Ducros
PAROLE D’ÉLU
P077
Asnières-surSeine, résidence étudiante par PIETRI Architecte © Mathieu Ducros
Asnières-sur-Seine (92) en chiffres Situation Superficie : 4,82 km2 Communes limitrophes : Clichy, Bois-Colombes et Levallois-Perret Démographie (chiffres 2012) Nombre d’habitants : 83 845 Densité : 17 395,2habitants/km2 Nombre de naissances (2013) : 1 677 Nombre de décès (2013) : 483 Répartition par sexe : 47 % d’hommes et 53 % de femmes Répartition par âge : 0-14 ans : 20,7 % ; 15-29 ans : 19,9 % ; 30-44 ans : 26 % ; 45-59 ans : 17,5 % ; 60-74 ans : 10,3 % ; 75 ans ou plus : 5,7 % Urbanisme et espaces verts Hectares de végétation : 485 Nombre de squares : 20
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Économie et emploi (chiffres 2012) Actifs : 78,6 % Dont personnes ayant un emploi : 69,8 % Dont demandeurs d’emploi : 8,8 % Emploi total (salarié et non salarié) : 23 075 Nombre d’entreprises (au 1er janvier 2014) : 8 589 Enseignement et scolarité Nombre d’écoles maternelles : 18 Nombre d’écoles primaires : 4 Nombre d’écoles élémentaires : 15 Nombre de collèges : 7 Nombre de lycées : 4 Vie associative Environ 600 associations Vie culturelle 3 théâtres, 2 centres socio-culturels, 1 conservatoire de musique, 3 médiathèques et 1 cinéma
E x P E Rt da n s l a c o n so l I dat Io n d E s so l s Pa R I n j E ct Io n d E R é s I n E E x Pa n sI v E
S I V A UE TECHNIQ
STB6 DU/C 15-79 N°3DITÉ JUSQU’AU VALI 2018 31 MARS
REPRISE EN SOUS-ŒUVRE
Une précision chirurgicale pour une efficacité optimale POUR TOUT TYPE D’OUVRAGES
Découvrez l’alternative aux techniques traditionnelles Rapide et économique
Respectueux de l’environnement
Propre et sans nuisance
Expertise et accompagnement durant le chantier
Intervention sans aucune interruption d’activités
Garantie décennale
UREtEK TV Intervention sur un immeuble Haussmannien
www.uretek.fr
contactez un conseiller UREtEK près de chez vous !
brevet européen n° ep 0851064
P080 LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS
LE QUARTIER DE LA DÉFENSE EN 2015, BILAN À MI-PARCOURS
P088 DOSSIER CULTURE LES RENDEZ-VOUS DE L’ART CONTEMPORAIN À VERSAILLES
LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS Par : Corinne Gruissard
LE QUARTIER DE LA DÉFENSE EN 2015, BILAN À MI-PARCOURS LA DÉFENSE EST L’UN DES PREMIER QUARTIER D’AFFAIRE EUROPÉEN MAIS C’EST AUSSI UNE VILLE À PART ENTIÈRE. À MI PARCOURS : BILAN ET PERSPECTIVES DU RENOUVEAU.
P081
Esplanade de La Défense © Lucie Una
Pour mémoire Le Plan de Renouveau initié en 2006, pour répondre à la compétition que se livrent les grands quartiers d’affaires mondiaux, comporte un important volet tertiaire. Il vise à la fois la transformation des immeubles obsolètes via des opérations de démolitions / reconstructions : les tours First, Carpe Diem, D2, etc. C’est aussi une rénovation au sens large, à savoir l’espace public, les tunnels, les routes, le boulevard circulaire. Il fallait encourager les investisseurs à bâtir, des lieux iconiques. Des opérations de constructions ont été achevé depuis, soit 300 000 m² de surfaces agréées de bureaux neufs dont la tour Majunga. Cette dernière a récent inauguré l’ouverture d’un Ecojardin en plein de terre de 2 300 m2. Cet espace de repos pour les salariés et les habitants ramène la présence de l’eau sur la « grande Dalle » et la présence d’une variété de végétaux et fleurs favorise l’installation d’insectes et d’oiseaux dans une logique de biodiversité, associé à une aire de jeux, cet espace complète le souci de bien-être désiré dans le projet - Philippe Chaix parlait en 2010 d’un effort « sur les coutures du territoires », soit faire en sorte que « les pieds des tours deviennent une composante de l’espace public ». Une nouveauté pour La Défense et son urbanisme sur dalle. Une réussite en train de se faire : par un [autre] tour de langue on se surprend à personnifier ces tours, elles s’adoucissent. CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Les pieds des tours deviennent une composante de l’espace public.
Philippe Chaix, Expert des grandes opérations immobilières et d’aménagement au Ministère de l’Intérieur. Ancien directeur général de l’Epadesa
P082
Skyline de La Défense © D.R.
Tour Majunga Vue de synthèse et réalisé
© Viguier Architecte
À LIRE
La Tour Majunga à La Défense, Jean-Paul Viguier et associées Édition Archibooks, Paris LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS
P083
Incrustation du projet « Hermitage Plaza »
© Groupe Hermitage / Foster+Partners
Confirmer l’ambition Les projets se poursuivent. Au mois de novembre dernier a eu lieu la pose de la première pierre de l’immeuble de bureaux e+ Ampère, une vaste opération de rénovation mené par l’EPADESA. Situé sur la commune de Courbevoie en bordure du Boulevard circulaire, il s’agit pour l’architecte Jean Mas (agence de 2/3/4) de restructurer 14 200 m2 de bureaux pour la fin de l’année 2016, date à laquelle le promoteur Sogeprom (filiale de la Société Général) installera son siège. e+ Ampère s’inscrit dans la lignée des nouvelles générations d’immeuble tertiaire en intégrant des outils de technologies innovants qui en font un bâtiment connecté - une partie de la gestion des services s’effectue via smartphone, mais aussi des fonctionnalités techniques (la climatisation ou l’éclairage). Et il reste à faire : en effet le quartier des Groues, considéré comme une friche ferroviaire de presque 80 hectares vient d’être l’objet d’une signature de partenariat entre l’EPADESA le Groupe SNCF : en 2016, la ZAC des Groues est amenée à voir le jour. L’objectif en lien avec la stratégie du Plan de Renouveau consistera à réaliser des logements sur 19 hectares, et à développer pour l’usage de la SNCF des bureaux répondant à ses besoins tertiaires (connectés, innovants) et des logements supplémentaires. La libération des emprises ferroviaires de la part de la SNCF ambitionne la construction d’un véritable morceau de ville en première couronne. Pour Hugues Parant, Directeur général de l’EPADESA, ce protocole était indispensable : « Les Groues seront un quartier où il fait bon vivre, hyper-connecté, suscitant la création, l’innovation et l’étonnement.» Sophie Boissard Directrice générale CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
Ce territoire a vocation à devenir le pôle majeur du Grand Paris avec une attractivité démultipliée pour les investisseurs, les entreprises, les chercheurs, les universitaires, les étudiants et toute une population qui doit se réconcilier avec La Défense.
Hugues Parant, directeur général de l’Epadesa
P084
Tour D2 Vue de synthèse et réalisé Photo © Mathieu Ducros / Opictures
À LIRE
La Tour D2 , Anthony Béchu / Tom Sheehan Édition Archibooks, Paris
de SNCF Immobilier surenchérit : « Le quartier des Groues est appelé demain à un fort développement.» En effet, un tel développement permettrait de mettre en place 6 000 emplois sur le secteur ce qui développerait le dynamisme économique, dynamisme accentué par l’arrivée du métro en 2025. En 2006 l’Epad constatait que plus de 400 000 personnes transitent quotidiennement par La Défense, Defecto note 500 000 personnes par jour accueillies par le biais de Cœur Transport. Pour faire face à cet accroissement, la question des transports et son développement doit être liée à celle des nouvelles constructions et des rénovations des sites : un quartier connecté aussi géographiquement. Et c’est la mission du Grand Paris Express que de développer pour ce pôle économique un réseau. La preuve par les actes, puisque avec la mise en service de na nouvelle gare Nanterre Université en décembre 2015 et confirmant son objectif de connectivité pour La Défense, LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS
P085
L’EPADESA et le promoteur Ynov, leader français des formations aux métiers du numérique, ont signé l’acte de vente marquant le lancement d’un campus numérique pouvant accueillir jusqu’à 1 800 étudiants et d’une résidence étudiante de 130 appartements. C’est l’agence Agence Suzel Brout qui aura pour mission d’aménager 10 400 m2 en un campus numérique et en 130 logements pour la rentrée de 2017. Yvon viendra ainsi compléter l’offre universitaire actuelle en informatique, design, management, audiovisuel et va poursuivre ainsi la profonde transformation du quartier tant au niveau urbain que plus encore dans et plus largement participer au dynamisme car c’est aussi un investissement pour les générations futures. sources : www.epadesa.fr www.ladefense.fr
Nous sommes plus des aménageurs à plat que des bétonneurs en hauteur [...]. Il nous faut dépasser le Boulevard circulaire, qui enferme le quartier historique, pour l’ouvrir sur ses communes voisines. Notre espace public doit servir à briser cette frontière. Notamment en reliant les deux rives de la boucle de la Seine, ce seront au total 400 hectares supplémentaires ajoutés à la dalle. Hugues Parant, directeur général de l’Epadesa
À gauche Tour First © D.R.
À doite Vue de synthèse de la Tour Carpe Diem © D.R.
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P086
LES TERRITOIRES CONSTITUTIFS DU GRAND PARIS
P087
Axonométrie © EPADESA
La Défense en chiffres 350 millions d’euros : coût estimé du projet 1 200 millions d’euros : recettes dégagées grâce aux possibilités accrues d’investissements 350 000 m² : surface démolie puis reconstruite 500 000 m² : surface concernée par de nouvelles opérations 200 000 salariés travailleront sur le site 160 hectares 150 000 salariés travaillent à La Défense 400 000 personnes traversent chaque jour le site 3 000 entreprises y sont installées 3 millions de m² de bureaux 600 000 m² de logements 200 000 m² de commerces Transports : 3 lignes SNCF, RER A, ligne 1 du métro, ligne 2 du tramway, 18 lignes d’autobus CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P089
DOSSIER CULTURE Propos recueillis par : Alexandra Fau
LES RENDEZ-VOUS DE L’ART CONTEMPORAIN À VERSAILLES AU CŒUR DE LA VILLE, SUR LE DOMAINE NATIONAL DU CHÂTEAU, L’ESPACE DE LA MARÉCHALERIE TIENT UNE PLACE SINGULIÈRE, ENTRE QUARTIER TOURISTIQUE ET SITE PATRIMONIAL PRESTIGIEUX.
40 soleils, 2015 Tubes fluorescents de luminothérapie, moteurs. Installation in situ. Vue de l’exposition Centrale Spirale à La Maréchalerie, centre d’art contemporain de l’ENSA Versailles © Aurélien Mole
La récente invitation faite par le château de Versailles à l’artiste anglais Anish Kapoor d’origine indienne ravive une fois n’est pas coutume l’esprit à controverses des Versaillais. Pétition à l’appui, une association s’insurge du caractère sexué du « Dirty Corner » placé dans l’axe central de la grande perspective. Même le miroir renversant suscite la critique du journaliste du Monde Philippe Dagen qui y voit plus une attraction qu’une création « dont on ne doute pas qu’elle ravisse les touristes qui pourront ainsi s’admirer et s’immortaliser en groupe sur fond de château ou de parc ». Quelque soit la proposition, tout est sujet à polémiques. Même les sculptures en acier de Bernar Venet pour le moins consensuelles n’y ont pas échappé. C’est sans doute pour calmer les critiques les plus véhémentes que l’intervention contemporaine se trouve désormais circonscrite aux jardins. Lors des éditions précédentes, Jeff Koons, Tadashi Murakami, Joana Vasconscellos s’étaient frottés aux ors des salons. En 2013, Guiseppe Penone investit le bosquet de l’Étoile de ses arbres fichés de pierres, comme tombées du ciel. Jusqu’au 1er novembre, Anish Kapoor y installe un cube noir transpercé de part en part de toile tendue rouge vif, opaque à l’extérieur, translucide à l’intérieur, vision réduite de précédentes propositions (Monumenta 2011, Melancholia, 2005). En dépit des réticences de certains habitants, l’expression contemporaine tente depuis une dizaine d’années de trouver sa place à Versailles. Moins grand public, le centre d’art contemporain de
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P090
La Maréchalerie fait un travail de veille sur des problématiques transverses : art, architecture, environnement, territoires. C’est à l’initiative du directeur de l’école d’architecture (ENSA-V) Nicolas Michelin, qu’un tel projet voit le jour en 2004. L’exposition Avant travaux (janvier 2003) préfigure la mise en œuvre du chantier de réhabilitation
Vue de l’exposition de préfiguration Avant travaux à La Maréchalerie, 2003 © Hélène Orlati
des bâtiments désaffectés de l’architecte Jules Hardouin-Mansart (fin XVIIe siècle). La jeune agence composée d’Aldric Beckmann, de Françoise N’thépé, et de Franck Vialet, métamorphose la Forge et La Maréchalerie, soit 3 500 m2 d’extension pour l’ENSA-V qui occupait uniquement la Petite Écurie. Nicolas Michelin profite de ces nouveaux espaces pour imaginer un espace dédié aux artistes, là où beaucoup aurait préféré une galerie d’école, apte à recevoir des projets tout désignés, clés en main. Le directeur, architecte et urbaniste, affirme avec force son point de vue : « une école d’architecture doit être un observatoire sur le monde - un lieu ouvert à toutes formes d’expression - car enseigner l’architecture c’est aussi faire comprendre aux étudiants les composantes de la société contemporaine ». La directrice de La Maréchalerie Valérie Knochel réaffirme l’importance du « regard de jeunes architectes en devenir porté sur l’œuvre ». La nomination en 2010 du nouveau directeur de l’énsa-v, Vincent Michel, aurait pu laisser entendre un changement de cap. Mais la pertinence du projet de centre d’art et son profond enracinement dans l’école en font un instrument pédagogique essentiel reconnu de tous. Chaque nouvelle invitation est l’occasion pour les étudiants de se confronter à d’autres champs artistiques, de participer au montage aux côtés d’une équipe professionnelle, d’acquérir l’expérience de chantier, d’exercer leur sens critique et même de s’essayer à la médiation des œuvres. Les workshops organisés par les artistes offrent une vraie synergie de travail menée par petits groupes. Emmanuel Saulnier a ainsi partagé ses réflexions durant près de six mois avec les étudiants de l’énsa-v pour sa commande DOSSIER CULTURE
P091
Tadashi Kawamata. Vue de l’exposition Gandamaison à La Maréchalerie, 2008 © Laetitia Tura
publique à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif (2003). Tadashi Kawamata leur a insufflé l’idée d’un grand corps-robot (Gandamaison, 2008) composé de cagettes récupérées sur les marchés environnants. Pour ses dix ans, La Maréchalerie réaffirme son soutien aux artistes de la première heure. L’exposition et l’édition A posteriori (2014) les accompagnent dans leur démarche et leurs orientations actuelles. Elle démontre aussi son attachement à la jeune création. Pour les jeunes artistes « comme Charlotte Charbonnel ou Perrine Lievens, il s’agit d’un tremplin, d’un moyen d’expérimenter quelque chose qui va se densifier dans l’avenir ». Pourtant la configuration du lieu d’exposition (112,5 m2 d’exposition au total) haut de six mètres sous plafond, dépourvu de cimaises et largement ouvert sur l’extérieur pourrait en faire trébucher plus d’un. C’est justement ce goût du risque qui rend les interventions si réussies. Avec Super Asymmetry (2012), le sculpteur Vincent Mauger tente une double perturbation spatiale ; il comble les différents niveaux du centre d’art par un sol de briques à la tranche bien visible et vient déliter cet univers orthonormé en son cœur comme il le fait de la série de dessins Extrait d’une série de dessins numériques (2006-2013). La Maréchalerie logée dans les petites écuries du Roy apparaît alors comme un terrain de jeu inédit. Cependant, l’envie de vouloir pousser les murs et investir la rue reste forte. De ses cercles vermillon dessinés sur la partie extérieure du centre d’art côté place des Manèges et sur la coupole de la Petite Écurie, Felice Varini révèle les strates successives des différents bâtiments patrimoniaux (Arcs, cercle imbriqués, 2013). Ce projet de grande ampleur a été rendu possible grâce au financement de l’ENSA-V et d’un sponsor privé (Entreprise Knauf). À défaut d’autres contributions financières, La Maréchalerie dispose du soutien moral de la ville et des différents acteurs culturels CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
P092
Syphonie pour orgue 1/8, 2013. Vue de l’exposition A posteriori – 10 ans d’art à La Maréchalerie, 2014 © Aurélien Mole
Vincent Mauger. Vue de l’exposition Super Asymmetry à La Maréchalerie, 2012 © Aurélien Mole
(Albanel, Aillagon et Catherine Pégard) dont elle s’est rapprochée pour certains évènements ponctuels. Sous l’impulsion du commissaire d’exposition actuel directeur du Musée Picasso à Paris, Laurent Le Bon, pour le parcours off de Versailles en octobre 2005, la gypsothèque, salle des moulages du Département des antiquités étrusques, grecques et romaines du Musée du Louvre s’est vue accueillir des œuvres d’art contemporain. Jakob Gautel et Jason Karaïndros y ont placé leur « Détecteur d’anges ». Ces rapprochements témoignent de la reconnaissance de la programmation artistique du centre d’art qui n’a ni les moyens ni l’ambition de rivaliser avec celle du château. L’actuelle présidente Catherine Pégard se montre d’ailleurs extrêmement conciliante à l’égard des projets artistiques émanant de La Maréchalerie. Ainsi, Pascal Broccholichi a-t-il pu faire ses prises de son hydrophoniques dans les bassins de Versailles. En 2010, sous Jean-Jacques Aillagon, Laurent Sfar avait également pu installer une guérite à l’échelle 1 en toile de cerf volant dans les allées du parc. La Maréchalerie étend ainsi peu à peu son territoire en profitant aussi de la visibilité des artistes. Les frères Chapuisat élaborent Le culte de l’archipendule à La Maréchalerie en même temps que la sculpture DOSSIER CULTURE
P093
Laurent Sfar. Les arpenteurs {horizon 1}, 2010
© Caroline Sebilleau
monumentale (Magna Mater) dans les jardins des Tuileries pour la FIAC 2014. Valérie Knochel développe parallèlement des collaborations avec différents centres d’art limitrophes (Micro-onde à Vélizy ou La Maison des Arts de Malakoff). Le centre d’art profite également de la nouvelle impulsion de l’Institut de la création qui fédère les forces pédagogiques, le matériel et les moyens de trois écoles (École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles, École Nationale Supérieure d’Arts de Paris Cergy). Preuve s’il en est que l’Ouest du Grand Paris ne résiste pas tant que cela à l’art contemporain.
INFOS
À LIRE
La Maréchalerie 5, avenue de Sceaux 78000 Versailles Tel : 01 39 07 40 27 Tous les jours sauf le lundi et les jours fériés, de 14h à 18h et le matin sur RDV Entrée libre www.lamarechalerie.versailles.archi.fr CENTRALITÉS DU GRAND PARIS # 7
A Posteriori 10 ans d’art à La Maréchalerie La Maréchalerie, Versailles
P094
Felice Varini
© André Morin
ENTRETIEN VALÉRIE KNOCHEL DIRECTRICE DE LA MARÉCHALERIE - CENTRE D’ART CONTEMPORAIN La rédaction : L’emplacement de la Maréchalerie interroge la place de l’art contemporain dans les circuits touristiques. Quelles place Paris occupe-t-elle selon vous sur cette scène, et quel doit être le positionnement du Grand Paris ? VK : La Maréchalerie est membre du réseau Tram qui réunit 31 structures engagées dans les enjeux de production et de diffusion de la création artistique contemporaine sur la Région Paris – Îlede-France, et participe donc à son rayonnement sur le territoire francilien. Le centre d’art contemporain est en premier lieu rattaché à l’école nationale supérieure d’architecture de Versailles qui a créé en 2012 l’Institut de la création, avec l’Ecole de paysage de Versailles et l’Ecole nationale supérieure d’art de Paris Cergy. Également membre de la COMUE Université Paris-Seine, qui rassemble des établissements d’enseignement supérieur et de recherche localisés sur l’axe stratégique Paris – Le Havre, à proximité de la métropole parisienne et de la porte d’entrée de la vallée de la Seine, l’école se positionne comme pôle structurant de ce territoire en matière d’innovation et de créativité. Dans ce contexte, et aux côtés des autres membres de l’association Tram, La Maréchalerie a, à son échelle, l’ambition de soutenir et de révéler la vitalité de la création artistique. La création contemporaine est encore trop exclusivement connue, perçue et reconnue par le public à travers les programmes menés en particulier sur le territoire intra-muros de Paris, par de grandes institutions, musées, fondations, galeries, qui accueillent des artistes de renommée internationale. Soit elle réjouit le visiteur séduit par les paillettes, soit elle le rebute par sa capacité à se positionner comme inaccessible, soit elle l’effraie par sa facilité à soulever des capitaux démesurés. Je ne souhaite pas tout mélanger et je n’exclue pas la qualité du travail de grands lieux parisiens, et ces artistes de renom constituent pour partie, le patrimoine artistique de demain. Toutefois, l’art ne peut pas se résumer aux grands noms, aux marchés et à un outil de communication. Et il n’est pas circonscrit aux élites. Le DOSSIER CULTURE
P095
public doit avoir accès à l’art sous toutes ces formes, des plus inattendues, au plus bouleversantes et expérimentales. Et c’est souvent dans des espaces méconnus, entre autres dans les centres d’art contemporain de la périphérie parisienne, que des artistes incroyables, souvent peu diffusés, prennent des risques, œuvrent, révèlent au public l’expérience de leur travail, et posent la question d’enjeux sociétaux, environnementaux, économiques. Dans le cadre de la métropole du Grand Paris, tous ces acteurs au fort potentiel de soutien à la création et qui réalisent au quotidien un travail de sensibilisation et de médiation auprès du public, doivent être identifiés. Aux côtés de l’État, des initiatives associatives et individuelles ou du mécénat, les politiques, en particulier, ont la responsabilité d’accompagner ces lieux de création, souvent modestes et expérimentaux. Rendre visible le travail de ces artistes qui participent, tout autant qu’une start-up, à l’attractivité nationale et internationale de ce territoire, ou qui offrent tout simplement aux visiteurs un peu d’inattendu ou de poésie. Le Grand Paris doit participer à la lisibilité de ces lieux-laboratoires , constitutifs de sa carte géographique, et pourquoi pas à l’émergence de nouveaux espaces de création. Lr : On perçoit le rapport entre une production in situ pour un artiste et la réflexion quant à la manière d’investir l’espace avec la question de la densité urbaine. Vous mettez en place un programme pédagogique en lien pour le étudiants en architecture, les futurs concepteurs de nos villes, ne faut-il pas aussi « éduquer » ou éveiller les consciences des usagers ? Est-ce possible ? VK : Concevoir une œuvre in situ, dans le contexte très spécifique de l’espace d’exposition de La Maréchalerie, constitue le terrain d’échanges de points de vue transversaux sur des questions communes aux artistes et aux architectes autour du sujet de l’espace et de la notion de projet. Par les productions d’œuvres, et le programme d’expositions qui en découle, il s’agit de créer du débat entre artistes et architectes sur des enjeux communs, comme terrains possibles de projets généreux et innovants. Le débat n’est cependant pas limité et cloisonné au contexte de l’école d’architecture et des jeunes architectes futurs concepteurs de la ville. Il est ouvert à tous, chaque jour, à l’occasion de la médiation des expositions réalisée par des étudiants de l’école, et lors des rencontres, conférences ou débats programmés tout au long de l’année. En outre un travail spécifique est mené à l’attention du public scolaire en partenariat avec l’Inspection académique et le Rectorat, par l’accueil de groupes de jeunes en cours de scolarité dans les établissements du premier et du second degré, pour des visites accompagnées des expositions, des ateliers de création et des PEAC (projets artistiques et culturels). Des expériences inédites sont également conduites avec le SPIP – service pénitentiaire d’insertion et de probation - qui propose à des groupes de détenus volontaires des ateliers de sensibilisation et de création réalisés par un artiste. La Maréchalerie, comme chaque centre d’art contemporain, mène un programme de médiation dont l’ambition est de favoriser la découverte de projets artistiques inédits auprès du public qu’il soit professionnel ou simple curieux attentif à son environnement. CENTRALITÉ DU GRAND PARIS # 7
LE MAGAZINE D’INFORMATIONS DU GRAND PARIS
CENTRALITÉS DU GRAND PARIS ABONNEZ-VOUS ! 1 AN : 4 numéros 21,90 € 2 ANS : 8 numéros 39,90 €
AUTORISATION DE PRÉLÈVEMENT Titulaire du compte à débiter Nom, prénom ................................................................................................................... Adresse ............................................................................................................................... Code postal ...........Ville ................................................................................................
NOUVEAU !
Optez pour le prélèvement mensuel pour 5 € / mois
Établissement teneur du compte à débiter Nom .....................................................................................................................................
Règlement
Mes coordonnées Nom, prénom ........................................................................... Adresse ....................................................................................... Code postal ..............................................................................
Par carte
Adresse ............................................................................................................................ Code postal ...........Ville .............................................................................................
Numéro .....................................................................
N° national d'émetteur : 607046
Date d’expiration ................................................
J’autorise l’établissement teneur de mon compte à effectuer sur ce dernier les prélèvements établis à mon nom qui seront présentés par l’organisme créancier Bookstorming, 49 boulevard de la Villette, 75010 Paris. Important: joindre un relevé d’identité bancaire ou postal et remplir ci-dessous
Ville .................................................................................................
Cryptogramme visuel (3 derniers chiffres) ...............................................
Pays ................................................................................................
Signature ................................................................. Par chèque à l’ordre de Bookstorming
Compte à débiter Code établissement
Code Guichet
Numéro de compte
Clé RIB
Autorisation de prélèvement (pour l’offre illimitée, à remplir ci-contre)
Date ..................................................................................................................................... Bulletin à détacher et à retourner à l’adresse suivante :
Everial - service abonnement Archistorm B1353 60643 Chantilly cedex
Signature (obligatoire)
137 <- Endless column, 1992, techniques mixtes © Anish Kapoor
ARCHITECTURE & DESIGN ART & ARChITECTuRE
Kapoor dans les entrailles de Le Corbusier Texte : Christine Blanchet Photographe : Laszlo Horvath
dossier sPéCial
« Ce couvent de rude béton est une œuvre d’amour. Il ne se parle pas, c’est de l’intérieur qu’il vit. C’est à l’intérieur que se passe l’essentiel. » Nul doute que l’artiste indo-anglais Anish Kapoor, loin du tumulte versaillais, fait sienne cette citation de Le Corbusier sur son ouvrage en y installant ses œuvres en dialogue.
LAISSEZ (ENfIN)
–^ 220 Aluminium Mirror, 2011, aluminium, 70 x 234 x 234 cm
© Anish Kapoor
—> Non-Object (Door), 2008, acier inox, 281 x 118 x 118 cm
© Anish Kapoor
Perché à flanc de colline du côté de l’Arbresle, le couvent de La Tourette, bâti entre 1953 et 1960 par Le Corbusier, est devenu un lieu patrimonial incontournable du xxe siècle. Commandé et toujours habité par les Dominicains, l’édifice nous frappe par la puissance de son austérité même si les jeux de lumière ou les taches colorées (portes, tuyauteries, etc.) contrastent harmonieusement avec le dépouillement du lieu. Conçu pour être un lieu d’études pour les jeunes novices dominicains, le bâtiment est devenu aujourd’hui luimême un sujet d’étude pour les architectes du monde entier. Cependant, pour dépasser la forte historicité du couvent et l’inscrire dans la vie contemporaine artistique, la communauté des dominicains invite depuis 2009, sous l’impulsion du frère Marc Chauveau, des
artistes tels François Morellet, Vera Molnár ou encore Alan Charlton qui ont relevé le défi de se confronter à l’architecture corbuséenne. Le génie du lieu Fortement impressionné par son œuvre Le Léviathan en 2011 au Grand Palais qui nous immergeait dans les entrailles de la bête, Marc Chauveau a pressenti avec justesse Anish Kapoor pour l’inscrire dans l’actualité de la 13e Biennale de Lyon. Ainsi, le sculpteur avait su instaurer un dialogue sensible entre l’œuvre et ce lieu de caractère. Face au Corbu, Kapoor semble étonnement plus impressionné, sans doute pour les affinités qu’il ressent pour l’architecte qui, rappelle-t-il, « avait pensé le couvent dans les mêmes années qu’il construisait Chandigarh ».
bERLIN SE CONSTRUIRE ELLE-MêME, OU pOURQUOI fAUT-IL pRIvILÉGIER LE « COMbI » AU pAQUEbOT Texte : Guillaume Richaud
RéAlIsATION 1
LE MUSÉE PICASSO : HISTOIRE D’UNE RÉHABILITATION Bodin & Associés Architectes Texte : Simon Texier La récente rénovation du musée Picasso constitue un cas de figure original, quasi unique mais probablement appelé à se développer : l’intervention dans un édifice au caractère patrimonial double.
Berlin depuis le pont Schillingbrück © Guillaume Richaud