NOUAVZEINAU E DE
LE MAG ET DU LA DEFENSEARIS GRAND P
#2
Le magazine d’information de La Défense et du Grand Paris
À LA UNE
LA DEFENSE
UNE MARQUE A VALORISER A BRAND TO BE DEVELOPED
URBA LA DALLE SENS DESSUS DESSOUS
SOCIÉTÉ HABITER LA DEFENS
E
PAROLE D’ÉLU
JoElle Ceccaldi-Raynaud
CULTURE
7,90 € Décembre 2013
LE MUSEE A CIEL OUVERT 2
L’ASSOCIATION DES UTILISATEURS DE LA DÉFENSE — Sauvegarder, développer, innover ce formidable patrimoine économique, architectural et culturel de manière ambitieuse et promouvoir son image internationale. L’Association des Utilisateurs de La Défense, créée en 2002 par les principales entreprises présentes dans le quartier d’affaires, participe à son développement en faisant entendre la voix du monde économique dans les débats et dans les réflexions portant sur son avenir. Cette initiative dépasse aujourd’hui Courbevoie, Nanterre et Puteaux, et concerne toutes les villes associées à l’expansion économique de l’ouest parisien. L’AUDE rassemble en 2012 plus de soixante-cinq entreprises représentatives des sociétés installées à La Défense au sens large. Connu pour la compétitivité de son secteur financier, ce centre économique réunit des leaders internationaux de l’énergie, de l’immobilier, du conseil, des NTIC et de l’industrie ainsi que des universités et des grandes écoles de premier plan. Il trouve sa force et son potentiel dans la pluridisciplinarité et dans la cohérence des filières qui y sont représentées. L’AUDE apporte une contribution constructive aux réflexions sur les principales problématiques du quartier d’affaires élargi, dont elle entend valoriser l’image au plan international et renforcer l’attractivité au bénéfice de l’ensemble de la région Île-de-France. La Défense doit être un vecteur puissant de « marketing urbain » anticipant les attentes et les contraintes à venir. Dans son rôle, l’AUDE attire l’attention des pouvoirs publics sur les préoccupations des entreprises pour qu’avec leurs partenaires et leurs salariés, elles trouvent sur le site les infrastructures et les services dont elles ont besoin pour se développer. Pour soutenir l’action de ses dirigeants, les commissions de l’AUDE, composées des représentants des entreprises, échangent régulièrement avec les partenaires du site sur des thématiques précises et sont force de proposition pour favoriser les échanges au sein du quartier d’affaires, améliorer les transports, accroître l’animation culturelle, renforcer l’offre commerciale et les services aux entreprises, ou répondre aux attentes des salariés en matière de logements… En défendant l’intérêt de ses membres, l’AUDE apporte un soutien décisif aux établissements publics du quartier d’affaires (Epadesa et DeFacto) pour qu’un projet ambitieux structuré autour du concept de centralité et au service des utilisateurs du site fasse de La Défense un atout majeur de l’Île-de-France dans la compétition entre les grandes métropoles européennes.
La nécessité du Grand Paris Après un premier numéro ayant porté haut les problématiques inhérentes au territoire de La Défense (la réinvention des tours, les quartiers d’affaires tendance, le musée à ciel ouvert, etc.), Centralités revient pour un numéro hivernal avec des sujets tout aussi inédits. Dans « La Défense : une marque à valoriser », c’est la valeur ajoutée par le nom même du quartier d’affaires qui est décryptée. Le dossier est traduit vers l’anglais, signifiant ainsi l’ambition de Centralités de toucher un public de décideurs internationaux. « La dalle sens dessus dessous » : l’urbanisme de dalle, si caractéristique de La Défense, passe à la loupe pour mettre en lumière les espaces cachés à mettre en valeur. Un focus sur les réalisations architecturales liant les différentes couches de ce véritable mille-feuilles prolonge la découverte. Le dossier sociétal aborde quant à lui la question du logement à La Défense. Fort des nouveaux projets portés par l’Epadesa, le dossier publie également la voix de la promotion privée avec Hermitage. Après Jacques Kossowski, maire de Courbevoie, c’est Joëlle Ceccaldi-Raynaud, maire de Puteaux, qui passe à la question pour aborder les rapports de La Défense avec les communes sur lesquelles le quartier d’affaires s’implante. « Le musée à ciel ouvert » ayant remporté un franc succès, nous avons décidé de laisser la parole aux artistes en publiant de nouveaux témoignages inédits.
À DÉCOUVRIR DANS LE PROCHAIN NUMÉRO SORTIE LE 10 mars 2014 à l'occasion du MIPIM : → À LA UNE : La DÉFENSE FACE À L'EUROPE → URBA : LA CENTRALITÉ DES ZONES AÉROPORTUAIRES → Société : L'immobilier durable à La Défense
Enfin, et parce que se situe là le vrai enjeu d’un quartier d’affaires qui ne peut plus rester isolé des autres centralités franciliennes, nous nous sommes entretenus avec Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris, chargé de Paris Métropole et des relations avec les collectivités territoriales d’Île-de-France, et Marie Deketelaere-Hanna, directrice de Paris Métropole. Ainsi est mise en lumière la nécessité pour La Défense de composer davantage avec le Grand Paris. Marc Sautereau, directeur de la publication
L’immobilier est une source de création de valeur Cushman & Wakefield est l’interlocuteur privilégié des entreprises françaises et internationales. 16 000 professionnels à votre écoute. Des solutions adaptées à vos objectifs stratégiques, opérationnels et financiers, en France et à travers le monde.
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Ludovic Delaisse Directeur du département Bureaux et du Pôle Développement 01 53 76 92 73 ludovic.delaisse@eur.cushwake.com
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SOMMAIRE
ACTUS LA DÉFENSE EN CHIFFRES À LA UNE LA DÉFENSE,
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8
UNE MARQUE À VALORISER A BRAND TO BE DEVELOPED
Yves Schwarzbach analyse les mécanismes de la faveur et de la défaveur d’un lieu et nous lance à la poursuite du cachet de l’unique quartier de tours en France.. / Yves Schwarzbach looks at the processes that work for and against a particular location, and explores the prestige of France's only skyscraper district.
URBA LA DALLE SENS DESSUS DESSOUS Delphine Désveaux soulève la dalle pour en découvrir les espaces cachés qui sauront redynamiser le quartier de La Défense.
FOCUS
SE JOUER DES DIFFÉRENCES DE NIVEAUX
SOCIÉTÉ HABITER LA DÉFENSE
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Contrairement à nos stéréotypes, La Défense n'est pas qu'un quartier d'affaires, elle est aussi un lieu de vie. Agathe Colin de Verdière nous présente ce territoire atypique.
PAROLE D’ÉLU Joëlle Ceccaldi-Raynaud, maire de Puteaux
PROMO IMMO JEAN-LUC POIDEVIN, Nexity VIE DES ENTREPRISES
ENTRETIEN AVEC Caroline Gin, AXA France
CULTURE LE MUSÉE À CIEL OUVERT 2 LA DÉFENSE & LE GRAND PARIS PARIS MÉTROPOLE Directeur de publication, éditeur : Marc Sautereau m.sautereau@bookstorming.com Direction artistique, maquette : Chloé Gibert-Sander c.gibertsander@bookstorming.com Coordinatrice éditoriale et secrétaire de rédaction : Solveig Placier s.placier@bookstorming.com Publicité : Cécile Diarra c.diarra@bookstorming.com
24 32
56 60
64 72 84
Diffusion : Voir la rédaction
Rédacteurs : Chloé Bardin, Agathe Colin de Verdière, Delphine Désveaux, Emmanuelle Graffin, Amanda Mofy, Alice Neurohr, Virginie Picon-Lefebvre, Solveig Placier, Catherine Sabbah, Yves Schwarzbach.
Imprimé en Belgique
Rédaction : Centralités 49, boulevard de la Villette, 75010 Paris Tél : 00 33 (0)1 42 25 15 58
Commission paritaire en cours
Prochaine sortie : 10 mars 2013
N°ISSN : 2265-9730
Centralités est publié avec le concours de l'AUDE.
Abonnement : Bulletin d’abonnement en page 96
Trimestriel. Le numéro : 7, 90 € Dépôt légal : à parution le 5 décembre 2013
Centralités est édité par Bookstorming Sauf mention contraire, tous les visuels sont crédités © Sepideh Chegini.
N°2 – décembre 2013 Le magazine décline toute responsabilité pour tous les manuscrits et photos qui lui sont envoyés. Les articles et photos publiés n’engagent que leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.
ACTUS Alice Neurohr
Les 101 mots des tours
Castle Light Un nouveau projet architectural à La Défense ! L'architecte Louis Paillard réalisera le bâtiment Castle Light, regroupant des logements et une résidence étudiante, pour Nexity. Agence Louis Paillard © Epadesa / Louis Paillard
« Quand l'art prend la ville » Présentant les œuvres d'une douzaine d'artistes travaillant selon différentes techniques telles que la photo, la vidéo ou l'installation, l'exposition « Quand l'art prend la ville » explore la manière dont l'artiste contemporain investit la ville, ainsi que les réflexions esthétiques qu'il y instille. Les propositions sont signées Andreas Angelidakis, Sara Conti, Shaun Gladwell, Jules L'Atlas, Patrick Mimran, Robert Montgomery, Laurent Sfar, Studio 21bis ou encore Vladilen Vierny. Entrée libre. Jusqu'au 30 janvier 2014. Defacto La Gallery – Métro Esplanade de La Défense Ouvert du mardi au vendredi de 13h à 19h et le samedi de 12h à 17h. Fermeture dimanche, lundi et jours fériés. www.ladefense.fr Robert Montgomery, Forgotten magic, 2012, bois de chêne, polymère, 12 LEDs, 3,4x2,7x1,8m, Courtesy Analix Forever, Genève
Paru chez Archibooks, Les 101 mots des tours nous emmène dans le monde fascinant des tours, la grande aventure architecturale des xxe et xxie siècles. De « Djedda » à « Empire State Building », en passant par « Sir Norman Foster » et « Renzo Piano », Philippe Chaix, ancien directeur général de l’Epadesa, nous rappelle que si les tours évoquent aujourd’hui la modernité, les quartiers d’affaires internationaux, les matériaux à la pointe de la technologie, les plus grands architectes et les ambitions les plus folles, il existe des fondements plus anciens comme la tour de Babel, les ziggourats mésopotamiennes ou encore les tours de San Gimignano… Janvier 2014, 88 pages. 12,90 euros ISBN : 978-2-35733-277-5 © Archibooks
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Prix Chorus Dans le cadre du festival Chorus se déroulant à La Défense au printemps, le Conseil général des Hauts-de-Seine lance un appel à candidature pour la 5e édition du Prix Chorus. Ouvert aux groupes et artistes de la France entière, il soutient la carrière de musiciens en offrant une aide financière et en permettant aux artistes sélectionnés de se produire sur scène durant le festival. Inscriptions jusqu'au 10 janvier 2014 ! Dossiers d'inscription et informations complémentaires sur le site blogchorus.hauts-de-seine.net et par téléphone au 01 47 29 30 48. © Conseil général des Hauts-de-Seine
Le marché de Noël de La Défense Pendant plus d'un mois et comme chaque année, venez retrouver au cœur de La Défense le plus grand village de Noël d’Île-de-France ! Un tapis rouge vous mènera aux nombreux chalets présentant des centaines de cadeaux à offrir, objets issus de la création artisanale ou produits d'exceptions pour garnir vos tables de fête. Entrée libre. Du 27 novembre au 28 décembre sans interruption, de 11h00 à 20h00. Fermé le 25 décembre. Également une tente restauration en bas des marches de la Grande Arche du 27 novembre au 1er janvier 2014 inclus, de 11h00 à 23h00. Fermée le 25 décembre. Soirée spéciale réveillon le 31 décembre, de 11h à 5h. Parvis de La Défense, 92800 Puteaux. www.ladefense.fr © Defacto
Les Forums défensiens Organisées par Defacto, l'établissement public du gestion du quartier d'affaire de La Défense, ces réunions trimestrielles invitent résidents et salariés du quartier à se retrouver pour poser des questions, formuler des demandes et donner leur avis en ce qui concerne les actions à venir en terme de travaux, de sécurité et d'animation du territoire de La Défense. Prochain forum défensien le 11 décembre. Inscription et informations sur le site www.ladefense.fr © Defacto
La Défense EN CHIFFRES
Ψ Ψ
4700
de bureaux
2 950 entreprises
@
950 000 m2 de logements
22
terrasses de cafés et de restaurants
de voiries dont
60 000 m2 couverts
180 000 salariés
C C 10 KM
50
90 000 m2
15 des 50 premières mondiales
places disponibles dans le parking du centre commercial des Quatre Temps, ce qui en fait le plus grand parking de La Défense
@
3 500 000 m2
rr
18 000
appareils d'éclairage installés dans les soussols. Il y a également
2 800 extincteurs et 500 ventilateurs
de réseau automatique et programmable d'arrosage pour les espaces verts
b b
Offres de commerces
245 000 m2 et 1000 magasins
2 600 chambres d'hôtel
ŮŮ 92
projets sur le site de La Défense
(réaménagements, construction de nouveaux bâtiments, etc.)
231 m
100 m
c'est la hauteur des premières tours construites à La Défense, réalisées entre 1965 et 1969
c'est la hauteur de la tour First, la plus haute de La Défense construite en 2011
2
2
7
50
années écoulées depuis que les premiers employés ont pris possession de la première tour construite à La Défense (1964)
JJ23
films ONT été tournés à La Défense
72 m
c'est la hauteur du plus petit gratte-ciel de La Défense (tour Exaltis, 2006)
Sources : Defacto, Epadesa, www.defense-92.fr/ leschiffresclef.html
La Défense, une marque à valoriser ou une marque valorisante ? Yves Schwarzbach, directeur de publication de la Lettre ITeM Info Immobilier - Territoires - Environnement - Mobilités revient sur les mécanismes de la faveur et de la défaveur d’un lieu et nous lance à la poursuite du cachet de l’unique quartier de tours en France.
Is La Défense a strong brand, or a brand that needs to be developed? Yves Schwarzbach, editor of Lettre ITeM Info - Immobilier - Territoires - Environnement - Mobilités looks at the processes that work for and against a particular location, and explores the prestige of France's only skyscraper district. Yves Schwarzbach
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À LA UNE
LA DEFENSE,
UNE MARQUE A VALORISER
LA DEFENSE A BRAND TO BE DEVELOPED
▶ Souvenez-vous. Le 12 avril 1992, Euro Disneyland s’ouvre au public aux portes de Paris, à Marne-la-Vallée plus précisément. Un lancement mitigé malgré les millions dépensés pour attirer Mickey, Donald et leurs amis. Aujourd’hui, oublié le parc américain aux confins d’une ville nouvelle. Vive Disneyland Paris, premier parc à thèmes d’Europe ! Un simple changement de nom, mais un trait de génie marketing. Et un rebranding qui démontre l’impact des marques territoriales. La compétition entre territoires sur une planète menacée et la rivalité entre les « villes-mondes » dont parlait Fernand Braudel en 1979 sont des défis majeurs. En quelques années, le marketing territorial a donc fait florès. Culture, éducation, qualité de vie, immobilier, tout est fait pour attirer entreprises et cadres. Quitte à accumuler les clichés, coiffes bretonnes et bretzels alsaciens, pour affirmer une identité qui peine à s’imposer par ellemême. Ce qui est sûr, c’est que la marque Paris et son triptyque tourisme – luxe – mode font rêver. Ils s’exportent au point d’être copiés : pas moins de trois répliques de la tour Eiffel, des milliards de contrefaçons des produits du Comité Colbert... Mais l’intelligence et la créativité sont-elles encore au rendez-vous dans le Grand Paris ? Comme me le faisait remarquer Ginette Baty-Tornikian, sociologue au CNRS et professeur à l’école d’architecture à Paris-La Villette, la nostalgie de Woody Allen dans Minuit à Paris nous guette dans les rues de la capitale. La création contemporaine dort-elle au Panthéon ? Sanctuarisée, la ville intra-muros n’est plus aussi attractive pour ses habitants ni pour ses entreprises qui se délocalisent. Qu’on le veuille ou non, le dynamisme des métropoles est périurbain. L’avenir se construit hors les murs, dans ces franges longtemps livrées à elles-mêmes. C’est en tout cas l’idée que je défendais à la Fédération des agences d’urbanisme qui préparait ses 34es Rencontres nationales. Articulation entre la zone centrale et la banlieue, La Défense joue un rôle capital dans la métropole mondiale qui se dessine. Alors, faut-il croire le site du tourisme des Hauts-de-Seine déclarant que « demain, avec l’audace architecturale des nouvelles tours de grande hauteur et leur concept de mixité, et aussi l’Aréna, le stadespectacle couvert de 40 000 places, La Défense sera le quartier qu’on viendra voir » ? Espoir, fantasme ou réalité
Let’s cast our minds back to 12 April 1992, when Euro Disneyland opened its gates to the public in Marne-la-Vallée on the edge of Paris. The launch was a qualified success, despite the millions that had been spent to lure Mickey Mouse, Donald Duck and friends across the pond. Today, the image of an American theme park on the edge of a new town has been forgotten. Long live Disneyland Paris, Europe’s largest theme park! It was a simple change of name, but a stroke of marketing genius and a rebranding initiative that demonstrates the impact of territorial brands. Competition between territories on a threatened planet and rivalry between what Fernand Bruadel referred to in 1979 as ‟villesmondes” (city-worlds) are major challenges. In just a few years, territorial marketing has really come into its own. In the fields of culture, education, quality of life and real estate, no effort is spared to attract companies and executives. This often involves rolling out tired clichés (Breton women in lacy headgear, Alsatian pretzels and so on) to shore up an identity that struggles to assert itself. One thing is certain, the ‟Paris” brand, with its three-pronged identity based on tourism, luxury and fashion, fires the imagination. It is exported and even copied: there are no less than three replicas of the Eiffel Tower and billions of counterfeit copies of French luxury products... But are intelligence and creativity still going strong in Greater Paris? In the words of Ginette Baty-Tornikian, sociologist at the CNRS and professor at the Paris-La Villette architecture school, the kind of nostalgia cultivated by Woody Allen in Midnight in Paris lurks in the city’s streets. Is contemporary creativity sleeping in the Panthéon? Central Paris has become ossified into a living museum that is losing its appeal both to residents and to delocalizing companies. Like it or not, the metropolitan dynamic is rooted in the periphery. The future is being built outside the city’s perimeter, in the outlying areas that were long left to their own devices. At least this was the idea I defended at the Fédération des Agences d’Urbanisme as it prepared for its 34th national congress. As a point of articulation between central Paris and the suburbs, La Défense plays a key role in the emerging world-class metropolis. So should we believe the Hauts-de-Seine tourism website when it says that ‟tomorrow, with the bold design of the new mixed-use skyscrapers and the Aréna, a covered 40,000-seat sports and entertainment stadium, La Défense will be a place people come to see”? Is this hope, fantasy, or reality in motion? Classified as a tourist zone in January 2009, the district attracted eight million visitors: more than the Eiffel Tower. But how can we tell business travellers apart from tourists attracted by the spirit of the place? Only 200,000 people visited the roof of the Grande Arche before it closed.
Classé zone touristique en janvier 2009, le quartier attirait alors huit millions de visiteurs. Plus que la tour Eiffel. Classified as a tourist zone in January 2009, the district attracted eight million visitors: more than the Eiffel Tower.
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la marque Paris et son triptyque tourisme – luxe – mode font rêver. Ils s’exportent au point d’être copiés : pas moins de trois répliques de la tour Eiffel. The “Paris” brand, with its threepronged identity based on tourism, luxury and fashion, fires the imagination. It is exported and even copied: there are no less than three replicas of the Eiffel Tower.
en mouvement ? Classé zone touristique en janvier 2009, le quartier attirait alors huit millions de visiteurs. Plus que la tour Eiffel. Mais comment différencier voyageurs d’affaires et touristes attirés par l’esprit des lieux ? Seules 200 000 personnes visitaient le toit de la Grande Arche avant sa fermeture. Les caractères qui rendent un territoire attractif peuvent être contradictoires selon les segments de clientèle. L’hôtel Hyatt Prestige de Mumbai insiste sur sa proximité avec l’aéroport ; c’est un hôtel d’affaires et non de tourisme. Au fond, ni les labels, ni le marketing, ni la communication ne permettent de s’affranchir des faits. Il ne suffit pas d’augmenter la taille d’un logo sur la calandre d’une automobile ni d’affirmer que sa qualité vaut celle de ses concurrentes allemandes pour en faire un modèle qui s’exporte. Ni de dire qu’une voiture de marque japonaise fabriquée en France est une auto française. N’en déplaise à McLuhan, Jacques Lacan distinguait les registres du symbolique, de l’imaginaire et du réel. À l’heure où le consom-acteur revient au produit et au bon vieux rapport qualité-prix, les symboles ne font pas tout. Si chaque marque est un état d’esprit, toute marque est une promesse. Accoler des mots à des espaces, labelliser des lieux, n’a de sens que si la représentation correspond à la réalité.
▶ The features that make an area attractive can be contradictory depending on customer segmentation. The Hyatt Prestige in Mumbai emphasises its proximity to the airport; it’s a business hotel, not a tourist establishment. When it comes down to it, no amount of labels, marketing and PR can free us from the facts. It’s not enough to enlarge a logo on a car bonnet or to state that its quality is equal to that of its German rivals to make it into a model that can be exported. Nor does it suffice to say that a Japanese car made in France is a ‟French car”. With all due respect to McLuhan, it was Jacques Lacan who described three distinct ‟registers”: the symbolic, the imaginary, and the real. At a time when the ‟responsible consumer” is focusing once more on the actual product and on good old value for money, symbols are not a panacea. A brand may be a state of mind, but it’s also a promise. Sticking words on spaces and labels on locales is only meaningful if the image they conjure up lives up to reality.
▶ La première perception est celle du territoire que l’on parcourt, avec ses continuités et ses ruptures. La Défense est-elle un quartier d’un Grand Paris tiraillé entre institutions1 et qui cherche sa cohérence ? Enjeu des prochaines élections municipales, la question laisse sans doute indifférent en Chine ou en Californie. En revanche, nul ne boude une situation privilégiée. L’urbanisme monumental en témoigne : la Grande Arche répond à l’Arc de triomphe et au Carrousel. La vision est évidente, même si cet axe n’est historique que parce que politique. Bien sûr, l’orientation nord-sud de la capitale correspond au cardo de l’antique Lutèce. Son axe est-ouest suit la rue des Écoles. Si on la prolongeait, on arriverait à Suresnes. La Défense atteste du projet politique poursuivi de Bonaparte à de Gaulle et Mitterrand. Mais la constance de l’État change-t-elle les représentations de la ville ? Je connais de vieux Parisiens qui considèrent que leur cité se résume aux six premiers arrondissements. « La Défense, ce n’est pas Paris ! », s’écrie une native du IXe. Parisianisme peut-être, que ne partage pas le reste du monde. Là où l’on pense Chardonnay sans distinguer entre Ardèche, Bourgogne et Champagne. Regardez l’image par satellite ou lisez l’article en anglais de Wikipédia via Google USA : vous verrez La Défense comme un (presque) quartier de la capitale. Soit, mais la rupture physique est réelle. Au-delà des périmètres territoriaux, que gomme superficiellement l’uniformité des équipements urbains, les tunnels et nœuds autoroutiers de La Défense n’ont rien à envier à ceux de la Porte de la Chapelle. Le boulevard circulaire n’est pas encore urbain. Destiné aux entreprises internationales qui souhaitent s’installer à La Défense, le site www. connecting-paris.com proclame qu’il suffit de dix minutes pour aller aux Champs-Élysées. Business Week écrit que le métro nous mène à Notre-Dame en onze stations – mais les transports sont saturés. Imperceptible entre la capitale et Neuilly, cet obstacle isole le quartier au moins autant que l’urbanisme sur dalle. Essayez d’aller du métro Les Sablons à La Défense à pied ou à vélo… Le visiteur vertueux qui s’y rend en transports publics se voit proposer deux prix différents selon qu’il emprunte le métro ou le RER, en voyageant sur le réseau du même Syndicat des transports d’Île-de-France. Et que dire de la Seine, grande oubliée de l’urbanisme de La Défense, alors que la continuité des quais structure avec bonheur la mise en scène de la ville depuis Bercy jusqu’au pont Mirabeau ? Un thème qui irrigue d’ailleurs l’étude « Seine à Seine 2030 »2. En attendant, ville dans la ville, La Défense a fort à faire pour sortir de son insularité.
1 Paris Métropole, la Société du Grand Paris, les Établissements publics de la région parisienne, la Région Île-de-France… 2 Commandée en 2008 par la Direction régionale de l’équipement d’Îlede-France.
Péniches sur la Seine à Paris entre le bois de Boulogne et Suresnes, La Défense à l'horizon / Seine river's péniches between Bois de Boulogne and Suresnes, La Défense in the back © Wikipedia / Pline
▶ Our initial perception of La Défense is of a territory whose continuities and discontinuities are clear as we move through it. Is it a district of Greater Paris, torn between various institutional bodies1 and in search of a sense of coherence? Although one of the key issues at stake in the forthcoming municipal elections, this question is doubtless of supreme indifference to people in China or California. On the other hand, the district’s privileged situation is not something to be sniffed at. Its monumental urban design reflects this: the Grande Arche echoes the Arc de Triomphe and the Arc du Carrousel. There is clearly a sense of vision here, even if the famous ‟historic axis” is only ‟historic” insofar as it is political. Of course, the north-south axis of Paris corresponds to the cardo, the main street of the ancient Roman town of Lutetia. Its eastwest axis follows the Rue des Écoles; if we extend it further, we arrive in Suresnes. La Défense attests to political initiatives, from Bonaparte to de Gaulle and Mitterrand. But does the constant intervention of the State change the way the city is represented? I know some old Parisians who think that the city is restricted to the first six arrondissements. ‟La Défense isn’t Paris!” says a native of the Ninth. But this Paris-centredness is not shared by the rest of the world, where people think ‟Chardonnay” without making the distinction between the Ardèche, Burgundy and Champagne regions where that grape variety is grown. Look at the satellite image or read the article on English Wikipedia via Google USA: you’ll see La Défense as (almost) a district of Paris. But the physical discontinuity is a reality. Beyond the territorial perimeters superficially erased by the uniformity of its urban facilities, the tunnels and motorway interchanges of La Défense rival those of the Porte de la Chapelle. The Boulevard Circulaire is not yet an urban freeway. Designed for international companies wishing to move to La Défense, the website www.connecting-paris. com states that it only takes ten minutes to get to the ChampsÉlysées. Business Week says that La Défense is eleven Metro stops from Notre-Dame – but public transport has reached saturation point. Imperceptible between Paris and Neuilly, this obstacle isolates the district at least as much as slab-based urban development. Try cycling or walking from the Les Sablons Metro stop to La Défense… The virtuous visitor who uses public transport to get here has to pay different fares on the Metro and the RER, despite travelling on the same network run by the Île-de-France transportation authority. And what about the Seine, the Cinderella of urban planning at La Défense, when the continuity of the riverside provides a fine structural focus that showcases the city from Bercy to the Pont Mirabeau? This is a central theme in the study entitled ‟Seine à Seine 2030” 2. Meanwhile, as a city within the city, La Défense is hard pressed to shake off its image of insularity. 1 Paris Métropole, Société du Grand Paris, Établissements publics de la région parisienne, Région Île-de-France, etc. 2 Commissioned by the Direction régionale de l’équipement d’Île-de-France in 2008.
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« Le seul site envisageable pour les Américains »
"The only possible location for the Americans"
Jean-Yves Durance
Jean-Yves Durance
Président du conseil d’administration de l’AUDE, président du comité consultatif de Defacto et président de la chambre de commerce et d’industrie des Hauts-de-Seine
Board chairman of AUDE, president of the Defacto advisory committee and president of the Hauts-deSeine Chamber of Commerce and Industry.
En quoi l’implantation d’une entreprise à La Défense peut-elle valoriser son image ?
How can the brand "La Défense" raise the profile of a firm? Jean-Yves Durance : Let me answer to this question with a little story. About ten years ago, when I was working for a major group whose head office is in New York, I experienced the grouping together of various French subsidiaries operating in five different places in the town of Levallois-Perret. We ended up choosing to set up at La Défense, after an extensive search taking in the entire Île-de-France area. La Défense was simply the only possible location for the Americans. They felt that it was a prestige location close to other major organizations (also their clients) whose offices were in the neighbouring towers. That's why I think that, for a number of international groups, La Défense still has a distinct edge over other business districts in the Greater Paris area.
Jean-Yves Durance : Permettez-moi de répondre à cette question par une petite histoire. Il y a environ dix ans, lorsque je travaillais pour un grand groupe dont la maison-mère se trouve à New York, j’ai vécu le rassemblement des différentes filiales françaises dispersées sur cinq sites à Levallois-Perret. Le choix du site s’est soldé par le désir de s’implanter à La Défense, après un examen poussé du territoire de l’Île-deFrance. La Défense était tout simplement le seul site envisageable pour les Américains. Il s’agissait pour eux d’un endroit de prestige, proche des autres grandes entreprises, alors leurs clients, installées dans les tours voisines. Je crois ainsi que pour un certain nombre de groupes internationaux, La Défense continue d’avoir un avantage déterminant sur les autres quartiers d’affaires franciliens. Qu’en est-il des groupes nationaux ? L’image est valorisante pour certaines entreprises, pour d’autres non. On assiste à des départs mais aussi à l’adoption de la structure « campus ». Je pense que l’on en reviendra parce qu’elle présente beaucoup d’inconvénients : on joue sur la concentration en s’implantant à La Défense mais on en perd directement les avantages et l’étalement architectural est consommateur de foncier. Vous remarquerez qu’AXA France, tout en ayant abandonné la tour et La Défense historique s'est installé à portée de pied de la Grande Arche.
Illustration du quartier de La Défense sur la page du Wikipedia américain /
Is it the same for French businesses? It is for some, but not for others. Some businesses are leaving and others are grouping in corporate campuses. But I think this may not last because of the drawbacks: when businesses move to La Défense, they are interested in the high density of the business district, but this advantage is lost in an architectural spread which is a big real estate consumer. Note that AXA France left La Défense’s historic centre and a high rise for other space a stone’s throw from the Grande Arche.
What challenges face planners to encourage businesses to stay and attract new ones? The first is obviously improving transportation. Until © Wikipedia Quels sont les défis à relever en tant qu’aménathis becomes efficient, until there is an RER A with two geur pour inciter les entreprises à rester et pour decks and the arrival of the Eole RER E, transportation en attirer de nouvelles ? will be the most important issue. But not all day, mainly Le premier challenge est bien sûr le transport. Tant qu’on n’aura pas in the mornings; in the evening, traffic is spread out over a longer period. des réalisations efficaces – un RER A avec des rames à deux étages et Second, the whole area needs to be re-planned so the negative aspects l’arrivée d’Eole – le transport restera le premier point noir. Pas toute la of the concourse areas can be corrected and the high-rise benefits put journée d’ailleurs, surtout le matin, le trafic étant plus étalé le soir. to better use. None of the land beneath the concourses is used, which is stupid. Signage needs to be reviewed to enhance security – as well as Le deuxième point est l'aménagement du quartier, de le réviser pour its corollary, the feeling of security. Last, leisure and cultural activities that corriger les méfaits de l’urbanisme de dalle, pour mieux utiliser les bénéfices de la verticalité. Aujourd’hui La Défense fonctionne comme sur le bring people together must be developed. toit d’un immeuble. Tout ce qui est sous la dalle est inutilisé, ce qui est stupide. La signalétique est à revoir. Il faut privilégier la sécurité et son Interview with Solveig Placier corollaire : le sentiment de sécurité. Il faut enfin favoriser l’émergence des loisirs, de la culture, du rassemblement. La Défense's picture on American Wikipedia
Propos recueillis par Solveig Placier
En conservant l’appellation des secteurs d’aménagement, le quartier a échappé aux rituels qui président au choix d’un nom de rue. By preserving the names of its development sectors, the district escaped the rituals that traditionally determine the choice of street names.
▶ La Défense n’est donc pas tout à fait Paris. C’est peutêtre heureux. Son extériorité, sa différence et son altérité ont du sens. Assez pour en faire une vraie marque ? Les attributs traditionnels d’une marque sont un nom, un positionnement, des valeurs et une éthique, associés à des services et à un prix. La marque se voit dotée d’une identité qui lui permet de se faire connaître et d’être reconnue. Support supposé d’une marque, le nom de « Défense » est un paradoxe pour un quartier international. Un nom qui sent la forteresse, avec redoutes et tranchées. Un nom régalien comme celui du ministère éponyme quand on a cessé de l’appeler ministère des Armées : institutionnel et normatif. Bien sûr, les patrons des multinationales en ignorent l’origine. Oublié le rond-point de Courbevoie où se dressait le bronze d’un sculpteur lui aussi sorti des mémoires, Louis-Ernest Barrias. Fondue en hommage aux défenseurs de Paris lors de la guerre de 1870, cette sculpture a depuis retrouvé sa place sur la dalle. Comme chacun de nous, La Défense a hérité de son patronyme pour le meilleur et pour le pire. Mais j’en connais qui souhaiteraient une appellation plus vendeuse. Quant à se situer, c’est une autre affaire. Autant que de mots-clés, la mémoire urbaine est faite de traces et de repères. S’orienter à La Défense reste compliqué. On va à La Défense 1, La Défense 2, La Défense 7, etc. On pense aux terminaux des aéroports, les 2B ou 4A. On se sent presque à New York en comptant les blocks. À La Défense, le GPS piéton aurait fait partie du kit de survie s’il n’avait été perturbé par les tours. Bien sûr, en conservant l’appellation des secteurs d’aménagement, le quartier a échappé aux rituels qui président au choix d’un nom de rue : pas de quartier des poètes ni des fleurs. Mais il reste délicat d’identifier une adresse, au sens immobilier du terme, une fois sorti du labyrinthe des parkings. Du moins jusqu’en janvier dernier. Defacto, l’établissement public qui gère les lieux, a déployé une nouvelle signalétique. « Désormais, quand vous irez place des Reflets, vous garerez votre voiture au parking des Reflets, dans le quartier des Reflets », déclare Patrick Devedjian. En matière de branding territorial, la toponymie fait beaucoup. Flâner rue du Pas-de-la-Mule, chiner au marché Biron, avoir rendez-vous dans la Presqu’île lyonnaise, grimper au Panier à Marseille, tout cela a du sens. Redonner des noms intelligibles, c’est déjà ajouter un peu d’âme aux espaces. Mais difficile de faire vibrer quand on parle de la « poire » pour désigner l’îlot central du quartier. © Behrang Fakharian
▶ So La Défense is not quite Paris. Perhaps that’s a good thing. Its exteriority, its difference and its ‟otherness” are all meaningful. But are they meaningful enough to support a real brand? The traditional attributes of a brand are its name, its position in the market, its values and its ethics, associated with the services it offers and the prices it demands. The brand is imbued with an identity that allows it to make itself known and recognized. As the putative basis for a brand, the word ‟Défense” is paradoxical for an international district. It’s a name that evokes a fortress, complete with battlements and a moat. It has a whiff of sovereign power about it; like the name ‟Ministère de la Défense” that replaced the former ‟Ministère des Armées”, it has an institutional, normative feel. Of course, the bosses of the multinationals are unaware of its true origin. The Rond-point de Courbevoie, where a bronze statue by a now obscure sculptor, Louis-Ernest Barrias, once stood, has long been forgotten. A tribute to those who defended Paris during the 1870 war, the sculpture has since been re-erected on the main concourse. Like all of us, La Défense has inherited its patronym for better or for worse. But I know people who would like it to have a punchier name. Finding your way around is another issue. Urban memory is not just made up of keywords; it relies on physical traces and landmarks. It’s still complicated to find your way around La Défense. You go to La Défense 1, La Défense 2, La Défense 7, and so on. It’s reminiscent of airport terminals, 2B and 4A. You could almost be in New York, counting the city blocks. At La Défense, a pedestrian GPS would have been part of everyone’s survival kit if the skyscrapers hadn’t interfered with reception so much. Of course, by preserving the names of its development sectors, the district escaped the rituals that traditionally determine the choice of street names: there are no areas named after poets or flowers. But it’s still hard to locate an address when you emerge from the maze of car parks – at least it was until last January when Defacto, the public body that manages the district, rolled out its new signage system. ‟From now on, when you want to go to the Place des Reflets, you’ll park at the Les Reflets car park in the area called Les Reflets”, announced Patrick Devedjian. Place names play an important role in territorial branding. Wandering down the Rue du Pas-de-la-Mule, hunting for antiques at the Marché Biron, arranging to meet someone on the Presqu’île in Lyon, climbing up to Le Panier in Marseille...it all has a meaning. Bringing back intelligible names adds a little bit of soul to a place. Referring to the central area of La Défense as ‟La Poire” (‟the Pear”) is hardly likely to fire the imagination.
An urban alternative for La Défense
Une offre immobilière alternative à La Défense ? Place de Belgique à la Garenne-Colombes, mais à proximité immédiate du quartier d'affaires, la SMABTP et SEFRI CIME s’apprêtent à livrer quelque 21 300 m2. Dessiné par l'agence Foster+Partners dans un esprit d’intégration urbaine, l’immeuble fait aussi preuve d’originalité architecturale, tout en courbes fluides. Achevé fin 2013, ce programme comporte principalement des plateaux de bureaux, mais intègre 1 200 m2 de commerces sur rue. De quoi dynamiser l’animation et la qualité de vie d’un quartier qui fait la jonction entre la ville ancienne et le cœur de La Défense. Avec en prime les labels HQE, BBC Effinergie, la classification BREEAM Very Good et la proximité du tramway. Y.S.
La Défense, version citadine
An alternative development for La Défense? On the Place de Belgique in the town of La Garenne-Colombes but in close proximity to the business district, SMABTP and SEFRI CIME are about to deliver a building offering some 21,300 square metres of new space. Conceived by Foster+Partners in a spirit of urban integration, the highly original design is entirely based on sequences of fluid curves. Completed at the end of 2013, the scheme mainly consists of offices but also includes 1,200 square metres of street-level shops. The development will enhance quality of life and bring a new dynamic to an area that forms a link between the old town and the heart of La Défense. As an added bonus, the building has been awarded HQE, BBC Effinergie, and "Very Good" BREEAM certifications, and stands next to the tramway. Y.S.
Le nouveau visage de la Place de Belgique par Foster + Partners / Place de Belgique's new aspect by Foster + Paterns © Foster+Partners
▶ Cela dit, m’admire-t-on quand je raconte que je vais à La Défense ? Une grande marque qualifie et valorise l’utilisateur. Le quartier se caractérise par le corporate et l’institutionnel : « La Défense, on y est tous ! », me glisse la chargée d’affaires de ma banque. De fait, le premier pôle d’affaires européen aligne trois millions de mètres carrés de bureaux sur 160 hectares. Détrônés le vieux QCA et les bureaux haussmanniens du Triangle d’or ! Parmi les mille cinq cents entreprises qui y travaillent, quatorze des vingt premières sociétés nationales et quinze des cinquante plus grandes compagnies mondiales. Du lourd et du sérieux. Un environnement professionnel de haute volée : banques, assureurs, auditeurs, énergéticiens ; information, communication et services. Des pôles d’enseignement et de recherche proches et de grande qualité, n’en déplaise aux adeptes du classement de Shanghai. Le top. « Your business class », annonce le site de la tour Prisma. Côté salariés, près de 170 000 personnes y travaillent et s’y sentent plutôt bien selon une enquête Defacto-TNS Sofres en février 2012. Mais ce sondage n’obtient que 10 % de réponses sur 30 000 questionnaires. Indifférence ou désintérêt ?
▶ Having said this, do I inspire admiration when I say I’m off to La Défense? A major brand defines its users and enhances their profile. The district is characterised by the corporate and the institutional: ‟We’re all here at La Défense!”, my bank’s business manager tells me. Europe’s leading business district has three million square metres of office space spread out over 160 hectares: offices that were once in the QCA [the city’s central business district] and the Haussmann-designed buildings of the Golden Triangle [around the Champs-Elysées]! Among the 1,500 firms that have offices here, there are fourteen of the twenty top French companies and fifteen of the fifty largest organisations in the world: these figures are not to be sneezed at. The district provides a prestigious professional environment: banks, insurance companies, audit firms, energy suppliers, information technology, communications and services. It has good teaching and research facilities nearby, with all due respect to aficionados of the Shanghai Classification. It could hardly be better. ‟Your business class”, says the Prisma Tower’s website. As far as employees are concerned, almost 170,000 people work here and feel good about it according to a Defacto-TNS Sofres survey carried out in February 2012. But of the 30,000 people asked, only 10 % responded to the questionnaire. Does this reflect indifference or lack of interest?
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L’offre tertiaire a progressé plus vite à La Défense que partout en Île-de-France. Tertiary development has grown faster at La Défense than anywhere else in the Île-de-France region.
▶ En tout cas, la traduction immobilière est claire. L’offre tertiaire a progressé plus vite à La Défense que partout en Île-de-France. Objets de benchmark et de contestation par la concurrence, la position de leader et la grande échelle, liée à la notion de taille critique, suffisent-elles à assurer un positionnement gagnant ? Il fut un temps où s’implanter à La Défense était synonyme de réussite. L’époque où l’on voyait grand en croyant que ce serait pour longtemps. Qu’en est-il aujourd’hui ? En France, où l’on sait mettre les petits plats dans les grands, on se réfère au grandiose, mais on aime le petit. La Défense s’est haussée au niveau des standards mondiaux, mais le Guide rouge est elliptique : pas de restaurant gastronomique à portée de fusil. Une lacune dans un pays où l’on traite les affaires autour d’un bon repas. Certes, les entreprises étrangères choisissent la proximité de Paris, dans une région Europe sans capitale hormis l’improbable Bruxstraslux3. Le Grand Paris reste moins cher que le Greater London. Ses aéroports peuvent se développer si on en croit Aéroports de Paris. Grandir encore ? N’a-t-on pas entendu : « Il s’agit d’en faire un Manhattan, plus grand qu’aujourd’hui », à l’annonce du plan de relance de 2006 ? L’avenir appartient-il aux grands projets ou au small is beautiful, au sustainable et à la slow economy ? 3 Bruxelles – Strasbourg – Luxembourg.
Un des nombreux parcs où se reposer à La Défense / One among many parks to rest in at La Défense
▶ Whatever the answer, real estate development clearly reflects the status quo. Tertiary development has grown faster at La Défense than anywhere else in the Île-de-France region. But although they create benchmarks and spark rival claims, are large scale (linked to the notion of critical height) and the position of leader enough to ensure success? There was a time when setting up at La Défense meant you’d really arrived. It was a time when people ‟thought big” and believed it would all last. What’s the situation today? In France, where we don’t like doing things by halves, we refer to the grandiose but we like what’s small. La Défense rose to the level of international standards, but it has barely a few lines in the Michelin Guide: there are no top-class restaurants in the vicinity. This is a significant shortcoming in a country where deals are clinched over a good meal. True, foreign companies like the fact that Paris is nearby, in a Europe devoid of a capital city (except the improbable ‟Bruxstraslux”3). Greater Paris is still less expensive than Greater London. The airports may grow, if we are to believe the Paris Airport Authority. More growth? Didn’t we hear people say: ‟We’re going to make this into Manhattan, even bigger than today”, when the 2006 development plan was announced? Does the future lie in mega-projects, or does it lie in a ‟small is beautiful” ethos, in sustainability, and in the slow economy? 3 Bruxelles – Strasbourg – Luxembourg.
Brasserie au pied de Cœur Défense / Brasserie at the foot of Cœur Défense Tower
La Défense available
422 000 mètres carrés, c’est la surface de bureaux qui, selon DTZ, serait aujourd’hui disponible à la location à La Défense. Le taux de vacance atteint 12 % contre 7,8 % en moyenne dans le Grand Paris et la demande placée baisse de 16 % au premier semestre 2013. Au plan régional, cette demande placée atteint 499 500 mètres carrés en Île-de-France, pour une vacance totale de trois millions de mètres carrés. Or, plus de 400 000 mètres carrés nouveaux ont été livrés en 2012. Conséquence, à La Défense, plus de 60 % des transactions se concluent en dessous de 400 euros le mètre carré alors que la moyenne du quartier oscille entre 450 et 470 euros dans les immeubles rénovés. Elle dépasse 500 euros dans le neuf. Si l’offre globale d’immobilier tertiaire reste stable dans la région et si certains opérateurs recommencent à lancer des opérations en blanc, la tendance des prochaines années s’annonce molle. En outre, la crise a renversé l’ordre des facteurs. Longtemps dominés par l’offre, les marchés seront de plus en plus régis par la demande. Une demande qui semble privilégier les surfaces moyennes, de l’ordre de 11 000 mètres carrés, et qu’impactent crise et restructurations d’entreprises. Les utilisateurs renégocient les baux et n’hésitent plus à quitter leur implantation. Pour La Défense, la concurrence se durcit. Une circonstance qui rend plus essentielle encore l’affirmation de sa marque. Et une diversification de son offre. Y. S.
La disponibilité à La Défense
According to DTZ, there are 422,000 square metres of office space available for rent at La Défense. The vacancy rate stands at 12 % compared to an average of 7.8 % in the Greater Paris area, and take-up fell by 16 % in the first half of 2013. At regional level, total take-up is 499,500 square metres in Îlede-France, with 3 million square metres of vacant space. On the other hand, over 400,000 square metres of new office space were delivered in 2012. Consequently, at La Défense, over 60 % of lease transactions are concluded at less than 400 euros per square metre, whereas the district average is between 450 and 470 for renovated buildings and 500 euros for new properties. Although the overall supply levels in tertiary real estate remains stable across the region, and although some developers are once again launching non-pre-leased building projects, the trend for the coming years is likely to remain sluggish. In addition to this, the recession has reversed the order of things: long dominated by supply, the markets are now set to be more and more demand-driven. This demand seems to favour medium-sized lots (around 11,000 square metres), under the influence of the recession and corporate restructuring. Users renegotiate their leases and no longer hesitate to relocate. Competition is becoming fiercer for La Défense, and this makes it even more vital to enhance its brand profile and diversify its offering. Y.S.
Un grand commercialisateur évoquait une entreprise de Neuilly qui allait se relocaliser à La Défense. ▶ Puisque nous parlons d’économie, nous voici face au juge de paix des marchés. Jusqu’où la marque justifie-telle un prix élevé ? « You get what you pay for », disent les Américains. En d’autres termes, « en avoir pour son argent ». Il y a quelques jours, un grand commercialisateur évoquait devant moi une entreprise de Neuilly qui allait se relocaliser à La Défense. Arguments du directeur immobilier : une hausse de loyer trop forte pour les locaux actuels ; une relocalisation assez bien acceptée par les salariés, qui ne quitteront pas de gaieté de cœur les facilités de leur ancien bureau. Il ne cite l’image de La Défense qu’en troisième rang, moins comme élément qui valoriserait la société que comme facteur qui ne la pénalise pas. Conclusion : l’adresse est une chose, son juste prix en est une autre. Dans le vieux trilemme « beau – vite – pas cher », le dernier terme pèse lourd. À La Défense, les locations de bureau ont reculé de plus de 30 % en 2012 [voir encadré ci-dessus]. La majorité des transactions est négociée en dessous de la moyenne du quartier. « La Défense fait partie des secteurs qui inquiètent, le quartier subit la crise depuis 2008 : avec la réduction d’emplois, les mètres carrés sont libérés », résume Cushman & Wakefield. La crise rebat les cartes et rend volatil le marché.
A major property agent told about a firm in Neuilly that was planning to move to La Défense. ▶ While we’re on the subject of economics, we find ourselves standing before the Grand Arbiter of the market, namely price. How far can the brand justify high prices? ‟You get what you pay for”, as they say. A few days ago, a major property agent told me about a firm in Neuilly that was planning to move to La Défense. The firm’s real estate manager cited an excessive rent hike for the current premises; the move has been fairly well received by the staff, who won’t be too thrilled to leave behind the amenities offered by their current offices. He cites the image of La Défense in third position, not so much as something that might raise the profile of the firm but as something that won’t penalize it. Conclusion: location is one thing, the right price is another. In the well-worn triumvirate ‟attractive – fast – cost-effective”, the third term carries a lot of weight. At La Défense, office rentals fell by more than 30 % in 2012 [see box]. Most deals are clinched below the district average. ‟La Défense is a sector of concern as the district has been suffering from the recession since 2008: the drop in employment has freed up a lot of office space”, explains Cushman & Wakefield. The recession deals everyone a new hand and makes the market volatile.
▶ Trop chère et trop typée, La Défense ? Peut-être bien, à voir se développer la concurrence des communes voisines. Qu’en sera-t-il demain ? Avec des investisseurs internationaux attentistes, qui redoutent la dette souveraine, la fiscalité et les rendements médiocres du marché français… La Défense est un marché corporate. L’arrivée ou le départ d’une entreprise se traduit brutalement dans les chiffres. Beaucoup de tours ont été louées en 2012, mais Cœur Défense4, le plus grand ensemble européen de bureaux, est à vendre. Surtout, les besoins et les attentes des utilisateurs évoluent. Le vrai secret du marketing est de savoir se mettre à la place du client. Clusters et campus ont la faveur des entreprises : SFR a annoncé son départ pour un village de petits bâtiments à Saint-Denis, comme GDF-Suez qui y étudie la construction d’un nouveau siège. Thales emménage sur un campus à Gennevilliers. La toute neuve Carpe Diem, les Eqho-Descartes et Majunga sauront-elles inverser la tendance ? Ou bien l’avenir estil à La Défense autrement, pour reprendre la campagne de Publicis sur les immeubles de Foster + Partners à La Garenne-Colombes ? Retrouver un couple marché/ produit vertueux incite à renouveler l’offre. Donc à imaginer des produits liés à une marque habilement déclinée et affichant des caractéristiques exclusives. 4 Près de 55 000 mètres carrés. Propriété d’un fonds de pension détenu par General Electric et Lehman Brothers.
▶ So is La Défense too expensive and too distinctive for its own good? Maybe it is, when you look at how the competition is developing in neighbouring suburbs. What will tomorrow bring? With international investors adopting a ‟wait-and-see” approach, wary of sovereign debt, fiscal issues, and poor profitability on the French market… La Défense is a corporate marketplace, and the arrival or departure of a firm has a brutal effect on the figures. A lot of towers were leased in 2012, but Cœur Défense4, the largest office development in Europe, is for sale. Above all, the needs and expectations of users are changing. The real secret of marketing is knowing how to put yourself in the client’s shoes. Clusters and campuses are gaining favour with companies: SFR has announced that it is moving to a ‟village” of small buildings in Saint-Denis, where GDF-Suez is also planning to build its new headquarters. Thales is moving to a campus in Gennevilliers. Will the brand new Carpe Diem, Eqho-Descartes and Majunga towers reverse the trend? Or should the rallying call for the future be ‟La Défense Autrement” (‟A New La Défense”), to paraphrase the Publicis campaign for the buildings by Foster + Partners at La GarenneColombes? Restoring the relationship between market and product means offering something new, and this means designing products linked to a cleverly managed brand offering exclusive features. 4 Nearly 55,000 square metres. Belongs to a pension fund held by General Electric and Lehman Brothers.
La toute neuve Carpe Diem, les Eqho-Descartes et Majunga sauront-elles inverser la tendance ?
Will the brand new Carpe Diem, Eqho-Descartes and Majunga towers reverse the trend?
« S’implanter à La Défense n’est pas un hasard »
"Setting up at La Défense is not a matter of chance"
Philippe Chaix
Philippe Chaix
Préfet et ancien directeur général de l'Epadesa (La Défense) de 2008 à 2013, ancien animateur du Réseau international des quartiers d'affaires, Président de l'École d'architecture de Bretagne
Prefect and former director of Epadesa (La Défense) from 2008 to 2013, former coordinator of the International Business District Network, President of the École d'Architecture de Bretagne
Pourquoi s’implanter à La Défense ? Allez voir Ernst&Young qui s’est installé dans la tour First et qui s’en félicite tous les jours à haute voix ! Premièrement, les transports en commun. D’où que vous soyez en Île-de-France, vous êtes à La Défense en moins de quarante minutes, ce qui correspond au seuil de tolérance de chaque utilisateur du métro ou du RER. Deuxièmement, de grands bureaux, des hauteurs sous plafond conséquentes, des espaces bien conçus. Troisièmement, le développement durable et l’économie d’énergie. First est officiellement LEED Gold. Enfin, les aménités. Vous avez une course à faire entre midi et 14h, vous allez aux Quatre Temps ou au CNIT. Il n’y a pas beaucoup d’endroits à Paris où vous pouvez entrer dans un complexe comme les Quatre Temps. Vous bénéficiez également de centres médicaux, de salles de sport. Si les tours ont un taux de remplissage de 94%, ce n’est pas un hasard !
Why set up at La Défense? Ask Ernst&Young, who are delighted to have chosen the First Tower for their headquarters! First, you have public transport. Wherever you happen to be in the Île-de-France, you can get to La Défense in less than forty minutes, which is the tolerance threshold for Métro and RER users. Second, you get spacious, well designed offices with high ceilings. Third, you get sustainable development and energy savings: the First Tower has been awarded LEED Gold classification. Last but not least, you get great amenities. If you have to go shopping in your lunch hour, you can go to the Quatre Temps mall or the CNIT. There aren't many places in Paris where you can access a shopping complex like the Quatre Temps. You also get medical centres and sports complexes. It's no coincidence that the towers have a 94% occupancy rate!
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Cristal, le nouveau siège social de Thales à Gennevilliers par Art & Build / Cristal, the new head office of Thales in Gennevilliers by Art & Build © Art & Build
Les nouveaux bureaux de SFR à Saint-Denis par l’agence Jean-Paul Viguier et Associés / SFR's new offices in Saint-Denis by Jean-Paul Viguier et Associés © Jean-Paul Viguier et Associés
▶ C’est revenir à l’identité. En dehors des écoles d’urbanisme, peut-on réduire l’esprit d’un territoire à son économie ? Bien sûr, La Défense cherche à diversifier son image. Elle valorise son attractivité commerciale. Elle rappelle qu’elle est un espace de vie et de culture. Mais allez dire aux voyagistes chinois, japonais, russes et autres que les Quatre Temps sont le plus vaste quartier de shopping du Grand Paris ! Vont-ils programmer une demi-journée à La Défense alors que les Grands Magasins du boulevard Haussmann et le Faubourg Saint-Honoré font rêver ? Et que le café sous le dôme du Printemps et la caverne à chaussures des Galeries Lafayette sont des musts. Racontez aux amateurs d’art contemporain qu’on y trouve un musée à ciel ouvert, alors qu’il y a, au cœur de Paris, le Centre Pompidou, le Palais de Tokyo, la Fondation Cartier et le 104… « Combien de divisions ? », disait, paraît-il, Staline à propos du Vatican ; à La Défense, combien de lieux spectaculaires et porteurs de sens ? Le cube blanc de la Grande Arche, objet d’une consultation pour rénover sa paroi nord, est un vrai symbole identitaire, mais son socle et son toit sont désertés. À côté, le triangle mythique du CNIT5, œuvre du quatuor Camelot – de Mailly – Zehrfuss – Prouvé, reste une prouesse architecturale. « Depuis les grandes cathédrales gothiques, on n’a rien fait de semblable ! », déclarait André Malraux lors de son inauguration. Même si les promoteurs préfèrent la Porte Maillot ou le Palais des Festivals à Cannes pour leurs colloques, c’est le plus grand centre des congrès de France. Avec pour ambition d’être le « living-room de La Défense »6. La Défense deviendra-t-elle cosy ? 5 Centre des nouvelles industries et technologies, construit en 1958, rénové en 1998 puis en 2009. 6 Bertrand Julien-Laferrière, 2010.
▶ It means focusing on identity. Outside urban design classrooms, can we reduce the spirit of a territory to its economy? Of course, La Défense is seeking to diversify its image. It highlights its commercial allure and reminds us that it’s a place of life and culture. But try telling Chinese, Japanese and Russian travel agents that Les Quatre Temps is the largest shopping mall in Greater Paris! Will they include a half-day trip to La Défense in their tours when the department stores on the Boulevard Haussmann and the Faubourg Saint-Honoré are the stuff tourist dreams are made of? When the café under the dome at Le Printemps and the cavernous shoe department at Galeries Lafayette are ‟must-sees”? Try telling contemporary art buffs that there’s an ‟open-air museum” at La Défense, when in the heart of Paris they have the Pompidou Centre, the Palais de Tokyo, the Fondation Cartier and the 104… Stalin allegedly asked ‟How many divisions does the Pope have?” How many meaningful sights and attractions does La Défense have? The white cube of the Grande Arche, the renovation of whose north wall is at the planning stage, is a real symbol of identity, but its base and roof have long been deserted. Next door, the legendary triangle of the CNIT5, designed by Camelot, de Mailly, Zehrfuss and Prouvé, remains a feat of architectural prowess. ‟Nothing like this has been built since the great Gothic cathedrals!” exclaimed André Malraux when it was opened. Even if developers prefer the Porte Maillot of the Palais des Festivals in Cannes for their symposia, it’s still the largest conference centre in France. Its ambition? To be the ‟livingroom of La Défense”6. Could La Défense have such a ‟comfy-cosy” future? 5 Centre des Nouvelles Industries et Technologies, built in 1958, renovated in 1998 and 2009. 6 Bertrand Julien-Laferrière, 2010.
▶ C’est parler d’éthique et de valeurs. Qualité de vie et de travail, performance environnementale, autant de thèmes récurrents dans la littérature en ligne ou sur papier glacé qui vantent le quartier. Autant d’impressions intenses pour un passionné d’architecture. L’envol des tours structure l’image du quartier, mais leur modernité est ambivalente. Elle connote aussi la crise de la puissance financière et les failles de la mondialisation. Les Indignés ne s’y sont pas trompés en occupant la base de l’Arche à l’hiver 2011. N’en déplaise à Massimiliano Fuksas7, qui n’a toujours pas construit ses tours siamoises, l’architecture n’est pas une éthique, mais une pratique. Elle exprime des valeurs universelles par des formes identifiables par tous. Des formes élégantes, mais génériques et internationales. Quels attributs différencient-ils La Défense des autres pôles d’affaires mondiaux ? À quelles valeurs spécifiques faiton adhérer les managers internationaux ? On voudrait les rendre fans, mais fans de quoi, au juste ? Pourquoi Apple a-t-il ouvert son flagship à l’Opéra et situé son headquarter en France place d’Iéna ? Pourquoi Bouygues Telecom et Microsoft ont-ils leur siège à Issy-les-Moulineaux ? Pourquoi TF1 a-t-elle choisi la tour Eiffel comme magistral fond d’écran de ses journaux télévisés ? Et surtout, pourquoi les diplômés des business schools rêvent-ils de travailler chez Google8 ? La modernité contemporaine est portée par les inventeurs et les start-ups. Elle renvoie à un condensé d’innovation sociale et environnementale, à un foisonnement de technologies interactives au service de l’humain. Innover ? On cherche en vain trace de La Défense dans le classement « Best places for business » de Forbes Magazine. Idem pour son palmarès des villes innovantes, qui mentionne une seule ville française, Grenoble, d’ailleurs au cinquième rang mondial. La page Facebook La Défense renvoie à un groupe politique local. Où cliquer pour liker le quartier ? 7 IDEAT n° 76, mars-avril 2009. 8 Enquête Universum 2012 sur les 50 employeurs les plus attractifs du Vieux Continent, menée auprès de 85 000 jeunes diplômés dans dix pays européens.
▶ Ethics and values are also much talked-about topics. Quality of life and work and environmental performance are recurrent themes in on-line or printed literature singing the praises of La Défense: all very impressive to lovers of architecture. The soaring towers determine the image of the district, but their modernity is a doubleedged sword. It also hints at the demise of financial power and the shortcomings of globalisation. Les Indignés got it right when they occupied the base of the Grande Arche in the winter of 2011. With all due respect to Massimiliano Fuksas7, who still hasn’t built his twin towers, architecture isn’t a system of ethics, but a practice. It expresses universal values using forms that are universally identifiable: elegant forms, but generic, international ones. What are the attributes that set La Défense apart from other world business districts? What specific values are international managers being asked to embrace? We want to make them into fans, but fans of what, exactly? Why did Apple open its flagship store near the Opéra and locate its French headquarters on the Place d’Iéna? Why are the head offices of Bouygues Telecom and Microsoft in Issy-lesMoulineaux? Why has TF1 chosen the Eiffel Tower as the majestic backdrop for its TV news? And most of all, why do business school graduates dream of working for Google8? Contemporary modernity is driven by inventors and startups. It refers to a mass of social and environmental innovations and to a plethora of interactive technologies that serve human beings. Innovation? We search in vain for a mention of La Défense in the ‟Best places for business” list in Forbes Magazine. The same goes for its list of innovative cities, which mentions only one French town, Grenoble, ranked fifth in the world. The La Défense Facebook page links to a local political group, but where do we click if we want to ‟like” the district? 7 IDEAT n° 76, March-April 2009. 8 Universum survey in 2012 to find the 50 most attractive employers in Europe, canvassing 85,000 young graduates in ten European countries.
Les bureaux de Google à Tel Aviv / Google's office in Tel Aviv © Itay Sikolski
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CNIT, La Défense
▶ En ligne et dans les cœurs, il reste beaucoup à faire. Le voisinage avec Paris ne suffit pas à forger une identité de marque. Une marque raconte une histoire. La Défense possède la sienne, toujours renouvelée, qui affirme une identité vivante. La Défense est l’unique et authentique quartier de tours en France. L’un des plus originaux et des plus aboutis d’Europe. Elle possède une image exclusive dans notre pays, rare en Europe, compétitive au plan mondial. Lieu en soi, dirait un philosophe existentialiste. Mais quelles valeurs cette histoire, reflet de toutes les aventures immobilières des cinquante dernières années, nous enseigne-t-elle ? Volonté de se renouveler, capacité de transcender les aléas économiques ? Universalité à la française ? Identité de la force et du mouvement ? Où sont le désir et le plaisir, moteurs puissants de l’action humaine ? De quels bons plans les insiders parlent-ils ? L’esprit des lieux reste souverain. C’est lui qui, au-delà des critères rationnels, détermine l’envie de rencontrer et de raconter. Où dénicher l’âme et le cachet de La Défense ? L’attractivité de sa marque réside-t-elle dans son passé ou dans son avenir ?
▶ A lot remains to be done, both on line and in people’s hearts. Proximity to Paris is not enough to create a brand identity. A brand tells a story. La Défense has a constantly renewed narrative that asserts its living identity. It is the only authentic skyscraper district in France, and it’s one of the most original and well-designed in Europe. In France it has an exclusive image that is rarely found in Europe, and it has a competitive image internationally. It’s ‟a place in itself”, as the existentialists would say. But what values do we learn from this history, which reflects all the property development ventures of the last fifty years? The will to change and an ability to transcend economic vicissitudes? French-style universality? Identity in strength and movement? Where are desire and pleasure, those powerful drivers of human initiative? What ‟great ideas” are the insiders talking about? The spirit of place continues to reign supreme. Beyond rational criteria, it’s what makes people want to meet and tell stories. Where are the soul and the cachet of La Défense to be found? Does the allure of its brand lie in its past... or in its future?
La Défense est l’unique et authentique quartier de tours en France. L’un des plus originaux et des plus aboutis d’Europe. It is the only authentic skyscraper district in France , and it's one of the most original and well-designed in Europe.
Premier quartier d'affaires français où défilent chaque jour 140 000 salariés, La Défense est aussi un lieu de vie puisque 20 000 habitants y résident. Pour dynamiser ce « patrimoine économique » complexe, trop souvent mal perçu par le grand public, ce quartier regorge d’atouts méconnus pour entrer de plain-pied dans l’urbanisme du xxie siècle : mixités fonctionnelle, sociale et programmatique, développement durable, construction de la ville sur elle-même, aménité de l’espace public… Delphine Désveaux
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URBA
LA DALLE SENS DESSUS
DESSOUS
Oublions un peu les tours et les centres commerciaux : ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg. La dalle, qui constitue le sol de ce gigantesque espace public, est également le toit d’un autre monde souterrain : comme on peut s’y attendre, on y trouvera des parkings, des zones de livraison, des réseaux divers – voiries, échangeurs autoroutiers, RER, métro, gare routière, fluides, courants, énergies. Mais, plus méconnu, cette infrastructure regorge de galeries techniques et de salles gigantesques construites dans les années 1970-80 et laissées depuis quasiment à l’abandon. Ainsi, des dizaines de milliers de mètres carrés sont vides sous la dalle. Autant de potentialités pour redynamiser le quartier et redorer son blason.
Ausculter les dessous du quartier d’affaires et réfléchir à une programmation possible.
L'une des nombreuses passerelles du quartier d'affaires
Vides fonciers Car le vide, ce n’est pas rien. Defacto, l’établissement public de gestion de La Défense, a réalisé une étude pour valoriser cette ressource foncière inespérée et requalifier l’image du quartier d’affaires. Le groupement Enia (architectes), Egis (ingénierie) et CEI (économistes) a été chargé d’ausculter les dessous du quartier d’affaires et de réfléchir à une programmation possible. Des idées sont lancées : ouvrir l’atelier du sculpteur Moretti (voir p. 78) au public, consacrer une salle à l’organisation d’événements culturels, construire dans une autre un centre de traitement de données informatiques. On se prend même à rêver à des salles de sport, un complexe aquatique, un centre logistique… Les projets de Dominique Perrault pour l’université de Séoul en Corée et de Franck Hammoutène pour le site de l’hôtel de ville à Marseille ont prouvé la pertinence de bâtiments partiellement enterrés. D’ores et déjà, il est prévu que la première gare de métro de la ligne 1, désaffectée dès sa construction, accueillera la future station du Grand Paris Express qui reliera Nanterre à Saint-Denis à partir de 2027, selon le projet gouvernemental lancé en mars 2013.
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Souterrains du métro à La Défense
La passerelle Valmy de Dietmar Feichtinger architectes © Dietmar Feichtinger architectes
Porosité spatiale Ouvrir la dalle sur ses abords constitue également une perspective, à l’instar de la tour Carpe Diem qui est connectée à Courbevoie. Pour augmenter ses recettes, Defacto pense à la transformation de trois parkings situés en bordure de la dalle, surélevée par rapport au sol naturel des communes voisines. Pourquoi ne pas ouvrir ces façades aveugles, peu amènes, pour y loger des activités, voire des logements ? Bien sûr, cela suppose des aménagements conséquents, mais il y aurait là moyen de récupérer 10 000 m². Une vision stratégique de valorisation de l’espace inciterait à multiplier les liaisons intermédiaires, comme c’est déjà le cas avec deux ouvrages d’art : conçue comme une promenade suspendue épousant la courbe de la tour de la Société générale pour aller vers la tour Granite (Christian de Portzamparc), la passerelle Granite de Dietmar Feichtinger est un élément fort de liaison entre la partie ouest de La Défense et Nanterre. La passerelle des Bouvets de Marc Mimram constitue une autre liaison aérienne et piétonne qui ondule entre le parvis, les tours du quartier Valmy et les quartiers de logements de Nanterre et de Puteaux. Élégante avec son tablier en dalles de pierre bleue du Hainaut, ses garde-corps vitrés et son élégant éclairage incorporé dans la main courante en bois, elle garantit une déambulation sereine. À Hong Kong est apparu progressivement, dans le quartier d’affaires Central District, un réseau privé de passerelles couvertes, voire insonorisées et climatisées pour les plus récentes, se déployant au-dessus ou à côté des voies automobiles, et traversant à l’occasion les bâtiments. La passerelle des Bouvets de Marc Mimram © Agence Mimram et Ioana Burtescu
La passerelle des Bouvets de Marc Mimram Š Agence Mimram et Ioana Burtescu
31 Points d’acuponcture Pour marquer le renouvellement du quartier et articuler des territoires fortement séparés, certains bâtiments transforment la lisibilité de l’espace et en améliorent la perception. Posée en arche sur une section de la RN314, Basalte, la salle des marchés de la Société générale signée par les Ateliers 2/3/4/, a un impact particulièrement important et valorisant sur une parcelle urbaine déstructurée par la prédominance d’ouvrages d’infrastructures qu’elle vient occulter en partie. Last but not least, pour contribuer à animer la dalle et à créer des espaces publics plus chaleureux et conviviaux, Defacto soutient des initiatives de scénographes autour d’un mobilier urbain innovant adapté aux exigences et aux réalités contemporaines des usagers. De même, figure parmi les pistes à l’étude l’idée d’aménager les toits des galeries marchandes et des tours avec des terrasses, des jardins, des restaurants panoramiques dominant Paris. Une utopie n’est-elle pas une réalité en puissance ?
Marquer le renouvellement du quartier et articuler des territoires fortement séparés.
Basalte, la salle des marchés par les Ateliers 2/3/4/ © Julien Lanoo
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FOCUS
SE JOUER DES DIFFERENCES DE NIVEAUX Face à l’urbanisme de dalle constitutif de La Défense, les architectes tentent de jouer, de connecter, de faire interagir les différents niveaux praticables. Deux récentes réalisations, Basalte − la salle des marchés de la Société générale par les Ateliers 2/3/4/ et la passerelle des Bouvets par Marc Mimram architecte-ingénieur − lancent le mouvement. Alice Neurohr
BASALTE, La salle des marchés de la Société générale par les Ateliers 2/3/4/ Avec le bâtiment Basalte, les Ateliers 2/3/4/ installent une architecture atypique dans le quartier d’affaires de La Défense. Comme posée sur une partie de la RN 314, la nouvelle salle des marchés de la Société générale résiste à un paysage traditionnellement dominé par les ouvrages d’infrastructure. L’occultation de la route s’accorde avec l’envie de l’architecte Jean Mas des Ateliers 2/3/4/ de créer des liens étroits entre le bâtiment et son environnement le plus proche. Le traitement de la façade a par exemple été imaginé dans l’optique de favoriser les échanges entre l’espace public et l’intérieur de l’édifice et d’éviter les inconvénients des façades réfléchissantes, couramment utilisées à La Défense, qui tendent à isoler les bâtiments de la vie extérieure. Par ailleurs, l’aménagement de liaisons piétonnes et d’espaces verts accueillants ainsi que la proximité avec la nouvelle passerelle des Bouvets favorisent les rapprochements entre la salle des marchés et les quartiers de logements ou de bureaux voisins. Si le facteur humain et l’amélioration de la qualité de vie ont joué des rôles clés au moment de la conception du projet architectural, le souci du respect de la démarche « Haute Qualité Environnementale » (HQE) a également grandement orienté le projet vers un type d’architecture prenant en compte l’exposition solaire afin d’optimiser la consommation énergique du bâtiment. L’aménagement d’une terrasse végétale et de balcons conviviaux à chaque niveau s’inscrit également dans cette démarche. Par ailleurs, le bâtiment possède les multiples avantages d’un espace de travail de très grande envergure : tour allongée d’une dimension supérieure au centre Georges-Pompidou (160 mètres de longueur sur 35 mètres de largeur), il possède cinq niveaux et autant de salles de marchés, à chaque fois d’environ 3 900 m², pratiquement libres de tout obstacle et d’une hauteur variant de 3,50 à 5 m, ce qui permet l’aménagement de 600 à 700 postes de travail. En complément de ces salles de marchés, au cœur du projet architectural, sont associés des bureaux sur 370 m² environ dans la partie ouest et sur 230 m² environ dans la partie est. De nombreuses zones de restauration et de nombreux espaces dédiés aux services sont également aménagés au rez-de-dalle ainsi qu’au rez-de-chaussée.
Basalte Maîtrise d’ouvrage : Nexity (promoteur), Société générale (acquéreur) Maîtrise d’œuvre : 2/3/4/ Architecture et Jean Mas Paysagiste : Faubourg 2/3/4/ Superficie : 43 000 m² Livraison : juillet 2013 Hauteur : 50 m (5 étages)
© Julien Lanoo
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La passerelle des Bouvets
par Marc Mimram architecte-ingénieur Réalisée dans le cadre du « plan de renouveau de La Défense », la passerelle des Bouvets a été l’occasion de créer une liaison piétonne de qualité entre le parvis, les tours du quartier Valmy et les quartiers de logements de Nanterre et Puteaux, et d’ouvrir une nouvelle entrée à l’ouest de La Défense. Ouvert au public depuis le mois de mai dernier, l’ouvrage aérien se fraye ainsi un chemin le long de la tour Chassagne et de la tour Pacific avant de franchir le boulevard des Bouvets pour rejoindre en ondulant la salle des marchés Basalte. La configuration même du site de La Défense, où il est toujours délicat de construire un nouvel ouvrage en raison de ses nombreuses spécificités, a guidé l’installation de la passerelle et l’implantation de ses appuis : la présence de constructions souterraines liées aux tours voisines, l’existence d’un ovoïde profond en limite du boulevard des Bouvets ainsi que la limite des charges admissibles par les structures existantes ont imposé le transfert de la quasitotalité des charges vers un appui central. Le projet de l’architecte ingénieur Marc Mimram prend alors la forme d’une structure métallique haubanée par une nappe latérale de câbles à partir d’un mât central s’élevant à plus de 16 mètres de hauteur, lui-même ancré sur des fondations profondes constituées de pieux forés reliés en tête par une semelle poids en béton armé. La passerelle s’ancre par ailleurs aux ouvrages existants : du côté du cours Valmy, elle prend appui sur la dalle existante aux abords de la tour Chassagne, et elle profite du côté Basalte d’une poutre de rive réalisée à cette intention lors des travaux du nouveau bâtiment de la Société générale. Le cheminement du piéton sur l’ouvrage, d’une portée totale de près de 50 mètres, se déroule sur des dalles de pierre bleue du Hainaut posées sur une structure métallique secondaire ; les gardecorps sont vitrés de panneaux de verre courbe et des profilés LED, incorporés à la main courante en bois, assurant un éclairage fonctionnel. Avec la réalisation de cette passerelle, Marc Mimram parvient à créer un lien urbain léger et fonctionnel qui s’intègre parfaitement dans le paysage moderne de La Défense.
© Agence Mimram et Ioana Burtescu
La passerelle des Bouvets Maîtrise d'ouvrage : EPADESA Maîtrise d'œuvre : Marc Mimram assisté de Nathalie Krieb, Ravzan Ionica, Aldo Turchetti, Laurent Becker, Sergio Pauletto, Nicolas Videgrain ; Marc Mimram ingénierie (bureau d'étude structure) ; D'ici là (paysagistes) ; Pixelum (éclairage) Entreprises : Bouygues TP, Zwahlen et Mayr Dimensions : 50 m de longueur, 3,5 m de largeur Livraison : 2012 Hauteur du mât : 16 m
Le bEton DANS TOUS SES ETATS:
Le béton donne sa forme futuriste à La Défense. Son esplanade, libre de la circulation automobile, intègre dans ses entrailles tous les réseaux. Aujourd'hui le quartier évolue et se densifie tout en augmentant de manière exponentielle ses performances énergétiques avec la rénovation de tours existantes (First), la construction de nouvelles tours (Majunga), dont certaines au bord du circulaire, pour améliorer les liaisons avec les quartiers voisins (Carpe Diem).
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Le bEton sens dessus dessous : des cathEdrales englouties au sommet de la tour First Virginie Picon-Lefebvre, architecte-urbaniste
Comme le souligne Cyrille Simonnet1, il y a trois sortes de béton à La Défense : celui que l’on voit, essentiellement le CNIT, la station Grande Arche et certains immeubles en béton brut comme la résidence Lorraine, le premier immeuble de logements construit à La Défense par l’architecte Robert Camelot, ou encore le fantastique immeuble de logements Vision 80. Celui sur lequel on marche, notamment les plaques de béton gravillonnées qui constituent une bonne part du sol de la dalle, et enfin le béton que l’on devine, situé derrière les structures de verre ou d’acier qui constituent les façades des immeubles et des tours. 1 Voir Béton, Dalle, Chantier, Verre, Zone A, dans P. Chabard, V. Picon- Lefebvre (dir.), La Défense, architecture et politique, un dictionnaire, Marseille, Parenthèses, 2012.
Il y a trois sortes de béton à La Défense : celui que l'on voit, celui sur lequel on marche et le béton que l'on devine, situé derrière les structures de verre ou d'acier.
© Sepideh Chegini
La Défense, qui, vue du bois de Boulogne ou encore du viaduc de l’autoroute A 15, semble construite en métal et en verre, est avant tout un gigantesque ouvrage en béton. On pourrait la qualifier de mégastructure. En effet, cette opération complexe empile à la verticale dans les soussols : une autoroute, deux lignes de train, une ligne de métro, de RER, une gare routière, des zones de livraison, des parkings. Sur le dessus de la dalle ont été construites de nombreuses tours depuis les années 1960 dont la plus haute de France, la tour First en 2011, et des logements pour environ 20 000 personnes. Commencée après guerre, elle utilise le matériau emblématique des Trente Glorieuses : le béton. Claudius-Petit, grand défenseur de l’architecture moderne et ministre de la Construction, la déclare d’intérêt national.
Si on suit les principaux ouvrages qui ont marqué l’histoire de La Défense, le béton apparaît comme un matériau privilégié mis en œuvre sous des formes diverses qui constituent autant d’expressions architecturales spécifiques. Le CNIT, inauguré en 1958, va durablement marquer l’image du site comme le lieu de la modernité architecturale et sociale. En effet, sa voûte spectaculaire de 238 m de portée va accueillir toutes les grandes expositions qui vont diffuser la culture populaire de la consommation de masse : du Salon nautique aux Arts ménagers ou encore celui de l’enfance. Le CNIT, une coque en béton engendrée par trois éventails lancés depuis les trois pointes d’un triangle équilatéral, sera un record mondial à l’époque pour la portée de sa voûte. Sous la dalle, la gare du RER constitue, en 1970, un autre ouvrage saisissant par ses dimensions. Les concepteurs de La Défense distinguent à l’origine les infrastructures – notamment les voies pour le transit, les livraisons et les lignes du métro et du RER – des superstructures situées sur la dalle que sont les tours et les immeubles de logements. En dessous, de grands espaces sont restés aujourd’hui encore en suspens, une gare de métro désaffectée, des réserves pour le passage de la ligne n° 1 qui sont autant de lieux potentiels pour insérer des salles de réunions ou des espaces culturels.
La Défense a été conçue sur le thème de la fluidité. Il s’agit de soumettre l’organisation urbaine à la gestion des flux. Le béton, matériau fluide par excellence, renvoie bien à cet imaginaire de l’efficacité urbaine. Il prend la forme de la voûte courbe du CNIT, comme celle des portiques de la gare du RER, et sa plasticité s’adapte à l’architecture des tours et à celle des œuvres d’art comme le Miró. Cette fascination pour la fluidité renvoie à l’inverse aux sentiments d’étouffement partagés par les différents acteurs à l’époque, face aux désordres de la ville ancienne. Sans doute le recours au béton est-il à la fois une métaphore pour une ville moderne et une réponse technique pour s’émanciper du modèle des tours américaines qui, comme chacun le sait, sont construites avec une structure en acier.
Sans doute le recours au béton est-il à la fois une métaphore pour une ville moderne et une réponse technique pour s’émanciper du modèle des tours américaines.
Vue de la tour Carpe Diem, au centre © 11h45
Si les premiers ouvrages, les tours notamment, étaient fondés sur le sol naturel, les suivants pourront être construits en pont au-dessus des ouvrages existants comme la maison d’Église de l’architecte Frank Hammoutène ou encore l’Arche, construite en béton comme un ouvrage d’art, recouverte de marbre, de verre et d’acier, posée au-dessus de la voie de chemin de fer sur des piles géantes glissées là où il reste de la place. La dalle en béton, l’ouvrage emblématique de La Défense, a permis d’inventer de nouveaux usages du sol libérés de la contrainte du croisement des circulations automobiles et de mettre en place un espace public au-dessus d’un système complet de desserte en transport en commun qui va être encore renforcé avec le projet Éole, la LGV vers Le Havre et le projet du métro du Grand Paris. Ses usagers la critiquent, dénoncent cet « univers du béton » mais l’apprécient pour son calme et ses dimensions, ses œuvres d’art, ses bassins et ses fontaines, ses plantations de gazon, d’arbres, de vigne même ! Dès qu’il fait beau, les cadres, les employés et les familles se pressent sur les marches de la Grande Arche, les touristes débouchent étonnés du RER, les jeunes des quartiers environnants l’utilisent comme un terrain de jeu libératoire. Plutôt que de vouloir la faire disparaître comme une erreur de conception qu’il faudrait effacer, il nous semble, bien au contraire, qu’il faut valoriser son caractère d’espace exceptionnel et lui donner un rôle comparable à celui de la terrasse du Trocadéro. C’est en « architecturant » l’infrastructure de la dalle que l’on résoudra l’équation de l’efficacité fonctionnelle de l’ouvrage, et celle du confort et de l’agrément de ses usagers.
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Patrick Sanchez ingénieur, directeur de projet pour Hines France
Carpe Diem, achevée en 2013, cumule les certifications environnementales grâce à sa faible consommation énergétique et à son impact carbone maîtrisé. Première tour construite pour relier la dalle et le sol naturel, d’une hauteur de 38 étages pour une surface de 47 600 m2, elle a un noyau décentré pour bénéficier au maximum de la lumière du sud.
Pourquoi avoir choisi de construire la tour Carpe Diem en béton ? Patrick Sanchez : S’il a toujours été certain que le noyau, véritable épine dorsale de la tour, serait en béton, la question s’est posée pour la réalisation des planchers et des poutres et poteaux de façade. En effet, les dièdres que l’on retrouve sur les façades nord et sud et la volonté architecturale de marquer ces volumes en gardant des poteaux parallèles aux façades impliquent l’apparition d’importants efforts horizontaux en traction dans les planchers qui ne peuvent être repris par le béton armé. Plutôt que de concevoir une ossature métallique, les architectes et le bureau d’études Structure ont préféré privilégier une ossature en béton armé, renforcée ponctuellement de bandes de béton précontraint permettant de reprendre ces efforts horizontaux en traction. Ce choix du « tout béton » s’est articulé autour des critères suivants : – l’ossature en béton est stable au feu deux heures alors qu’il aurait fallu revêtir une ossature métallique d’un parement coupe-feu ; – une solution métallique aurait impliqué la mise en œuvre de poutrelles métalliques reliant le noyau à la façade, ce qui aurait rendu plus difficile l’obtention d’une hauteur libre de 3 mètres, élément important de l’architecture intérieure de la tour ; – La solution en béton armé reste moins onéreuse que la solution métallique, ne serait-ce que parce qu’elle est réalisée en propre par les entreprises générales présentes à La Défense alors qu’une solution métallique sera sous–traitée à une entreprise spécialisée, ce qui implique une plus-value liée aux frais généraux de l’entreprise générale. Toute l’ossature de la tour est en béton, depuis les fondations jusqu’aux derniers niveaux en superstructure sauf la coiffe vitrée de 20 mètres de haut, réalisée en charpente métallique. Comment les questions environnementales sont-elles prises en compte dans la conception de la structure béton ?
CARPE DIEM
Propos recueillis par Virginie Picon-Lefebvre
Le premier aspect environnemental est la proximité de la production des différents constituants du béton. En effet, ciment, eau et agrégats proviennent de la région parisienne, ce qui diminue l’impact environnemental lié au transport. Les ciments à hautes performances qui ont été mis en œuvre sont obtenus à partir de matériaux recyclés (cendres volantes), ce qui a été comptabilisé dans le crédit Leed correspondant1. L’usage du béton à la tour Carpe Diem est-il différent de celui des autres tours ? La principale différence est l’utilisation de béton précontraint pour permettre les mouvements spectaculaires des poteaux en façade.Par rapport aux tours des années 19601980, on note l’amélioration des résistances à la compression des bétons qui sont passées de 25 MPa à 80 MPa selon la localisation des ouvrages ce qui permet de réduire sensiblement l’encombrement des structures et donc leur impact visuel à l’intérieur et à l’extérieur de la tour.
À quelle profondeur est fondée la tour ? Le noyau de Carpe Diem repose sur un radier en béton armé de 1,80 m d’épaisseur placé sous le niveau -2. Ce radier, ainsi que toutes les semelles isolées recevant les autres éléments porteurs, repose sur des pieux en béton de 1,28 m de diamètre et de 22 m de profondeur ancrés dans le calcaire. Les charges sont descendues à cette profondeur afin de trouver des sols avec des caractéristiques mécaniques satisfaisantes et également pour s’assurer qu’aucun effort ne soit exercé sur les constructions voisines existantes. La tour est donc désolidarisée de la dalle ? Il y a effectivement une désolidarisation entre la dalle de La Défense et la tour ; aucun parking privatif n’a été créé car des places sont réservées dans le parking public des Corolles relié par un accès direct à la tour Carpe Diem.
1 Le Leed est une norme environnementale américaine qui est calculée comme l’addition de points sur différents aspects de la conception, du chantier…
Jean-Marc Jaeger ingénieur structure BET SETEC, tour Majunga
La tour Majunga, encore en cours de travaux, s’élèvera à une hauteur de 203 m par rapport à son niveau de fondation. Elle comprendra 39 étages de bureaux et deux niveaux de locaux techniques. La surface de plancher construite est de 82 000 m2 pour une surface utile (SHON) de 69 500 m2. La tour est entièrement réalisée en béton à hautes performances qui est trois fois plus résistant que le béton usuel grâce à l’ajout de billes de verre micrométriques qui augmentent sa compacité. Sa masse de 97 000 tonnes de béton repose sur la couche calcaire qui sert de socle de fondation à la majeure partie des ouvrages de La Défense. En comparaison, les forces exercées par le vent semblent faibles. Déterminées en soufflerie, elles sont de l’ordre de 2 000 tonnes. Les dimensions en plan de la tour sont de 55 m par 33 m. Propos recueillis par Virginie Picon-Lefebvre
Comment les questions environnementales sont-elles prises en compte dans la conception de la structure béton ? Dans le contexte actuel de la crise et de la montée des questions environnementales, il est important d’être économe en matériau. Pour ce faire, nous adaptons la qualité (résistance) du béton aux efforts appliqués – pour utiliser au mieux ses performances en fonction du rôle structurel des différentes parties de l’ouvrage. Par exemple, les poteaux qui descendent des charges de quelques milliers de tonnes sont en béton hautes performances pour réduire leur encombrement, alors que les planchers sont en béton plus classique ou en structure mixte acier et béton. De même, le noyau de la tour se modifie en fonction de la hauteur et les épaisseurs de voile sont réduites lorsque l’on s’élève car les charges et les poussées diminuent. La tour Majunga met en œuvre les meilleures qualités de béton disponibles aujourd’hui : C80 pour les poteaux et C60 pour le noyau (C80 signifie qu’une éprouvette de béton peut supporter une contrainte de 80 mégapascals) – un béton classique est un C30. On recherche à économiser le matériau en étant très précis sur la nécessité d’utiliser tel ou tel béton et on cherche à réduire l’épaisseur des dalles de plancher en utilisant la précontrainte.
© L'Autre image
Pourquoi avoir choisi le béton pour construire la tour ? Jean-Marc Jaeger : Le critère numéro 1 de la conception d’une tour est d’assurer le confort de ses occupants. Pour ce faire, il faut limiter les mouvements sous vent. Une ossature centrale en béton (noyau central en béton) sera plus raide – à coût équivalent – qu’une ossature en acier et donc plus à même de garantir ce confort. Par ailleurs, pour les autres éléments porteurs, une simple comparaison montre qu’un poteau en béton coûte environ cinq fois moins cher qu’un poteau en acier dans le contexte français. La conception structurelle de la tour est classique, mis à part de nombreuses singularités dans les poteaux qui conduisent les charges jusqu’aux fondations. © Jean-Paul Viguier et Associés
Comment sont conçues les fondations ? La tour est encastrée dans le sol de fondation et elle est posée sur la dalle de calcaire à environ 20 m de profondeur. Pour ménager le passage d’Éole, sous la tour, les fondations sont séparées en deux parties et les poteaux sont inclinés pour permettre le report des charges sur le côté. Où le béton a-t-il été fabriqué ? Il est fabriqué dans les centrales à béton de Nanterre et ponctuellement à Gennevilliers, et transporté par camion toupie. Le béton, car on maîtrise parfaitement la production et la mise en œuvre, permet de réduire la durée du chantier et chaque étage est réalisé en une semaine. On cherche en effet à construire de plus en plus vite, pour minimiser les nuisances de chantier comme pour permettre de commercialiser la tour le plus rapidement possible. Pour les promoteurs, cet aspect est essentiel, car le temps du chantier coûte cher. Sur internet, on trouve une vidéo où on voit se construire en Chine une tour de 30 étages en quinze jours ! Dans ce cas, l’architecture est complètement sacrifiée ; sans arriver à cet extrême, nous savons que nous devrons à l’avenir mettre en œuvre des techniques susceptibles de diminuer encore la durée du chantier.
MAJUNGA
Jean-Pierre Paris
FIRST
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directeur de travaux, Bouygues Bâtiment Île-de-France rénovation privée
La tour First (à l’origine Axa) a fait l’objet d’une modification substantielle de sa forme et de sa hauteur, passant de 170 m à 230 m de haut, ce qui en fait la tour la plus haute de France. Inaugurée en 2011, elle incarne la possibilité de mener une rénovation en échange d'une augmentation de la surface utile. Sa conception technique et ses équipements permettent d’atteindre des niveaux de charges d’exploitation particulièrement bas, grâce à une enveloppe très performante (double façade) et un principe de multi-énergie pour son alimentation. Propos recueillis par Virginie Picon-Lefebvre
Quels sont les problèmes techniques posés par la rénovation de la tour Axa ? Jean-Pierre Paris : La tour était extrêmement bien construite et nous avons eu accès à tous les plans de ferraillage qui se sont avérés très précis. Cela nous a permis d’intervenir en scellant les nouveaux planchers sur les ferraillages des anciens. En revanche, l’opération s’apparente à de la microchirurgie car il faut percer le béton à chaque endroit où se fait la liaison. Par ailleurs, nous n’avons pas repris le système de précontrainte qui avait été utilisé pour les planchers de la tour Axa. En ce qui concerne le chantier, nous avons commencé par le haut, car il était prévu de démolir le noyau d’origine et donc tous les escaliers pour le reconstruire. Nous avons ainsi décomposé la tour en sous-parties de 3-4 étages pour la démolition comme pour la reconstruction. Les planchers ont été agrandis d’environ 1,50 m en périphérie en utilisant des tables fixées sur des rails à l’extérieur sur la façade existante. Quels types de béton avez-vous utilisés ? Nous avons utilisé des bétons classiques CB 25-CB 30. Nous nous sommes aperçus que la tour des années 1970 avait déjà optimisé l’usage des bétons et des ferraillages. Ainsi les poteaux en béton en façade qui se sont retrouvés à l’intérieur, dans la tour rénovée, étaient-ils évidés pour alléger la structure. Quels outils avez-vous utilisés pour la démolition ? La démolition a été faite avec des outils hydrauliques, pour minimiser les nuisances et accélérer l’évacuation des déchets en utilisant les gaines existantes que l’on avait renforcées. Comment les questions environnementales sont-elles prises en compte dans la rénovation d’une tour au moment du chantier ? Nous avons appliqué pour cette rénovation les techniques que nous avions expérimentées sur des chantiers de moindre importance. Un logiciel a été mis au point pour diminuer les nuisances du chantier et gérer en flux tendu l’approvisionnement du chantier comme l’évacuation des déchets avec une flotte de quarante camions par jour.
© Laurent Blossier
Qu’est-ce qu’habiter ? C’est se dévoiler en tant qu’être humain, se révéler et s’affirmer au regard des autres, par le biais d’un environnement choisi, qu’il soit insolite ou conformiste. L’homme peut devenir créateur d’audace en investissant des lieux qui ne se revendiquent pas de prime abord comme étant des espaces d’habitation, et c’est le cas avec le quartier d’affaires de La Défense. Dès lors, les habitants deviennent de véritables acteurs d’une mixité sociale qui est en marche. Agathe Colin de Verdière
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SOCIÉTÉ
Le quartier d'affaires de La Défense n'en est pas qu'un. Parce que de nombreuses personnes y résident de manière permanente, y vivent la journée ou y passent le soir, le territoire défensien se prête au jeu de l'analyse sociétale pour Centralités.
HABITER A LA DEFENSE
▶ À l’évocation du quartier de La Défense, vous pensez économie ou travail, pourtant, cette association d’idées pourrait bien changer avec la question de l’habitat sur ce territoire. Aujourd’hui, on remarque que la frontière entre lieux de résidence, de loisirs, de consommation et de travail s’estompe, on assiste à une continuité du tissu urbain qui met en valeur des mixités sociales, fonctionnelles et architecturales. On instaure un nouvel art de vivre dans les quartiers d’affaires, en y ajoutant ce « supplément d’âme » qui leur est indispensable. Le quartier de La Défense a bien compris cet enjeu et commence à faire parler de lui sur la problématique de l’habitat. La revalorisation du quartier de La Défense en un véritable espace de vie est un des principaux enjeux du Grand Paris. On parle ici de la rénovation du centre d’affaires et d’une nouvelle dynamique d’urbanisation intégrant les communes environnantes de Puteaux, Courbevoie et Nanterre.
La frontière entre lieux de résidence, de loisirs, de consommation et de travail s’estompe, on assiste à une continuité du tissu urbain qui met en valeur des mixités sociales, fonctionnelles et architecturales.
C’est avec le projet de La Défense Seine-Arche que l’idée d’intégrer de façon harmonieuse un territoire à proximité immédiate de La Défense a été établie. De manière concrète, il s’agit du prolongement de l’axe historique qui relie le Louvre à la Grande Arche de La Défense via l’Arc de triomphe. Ce dernier permet ainsi une diversité en termes de logements, de commerces, et de transports. La Défense se développe en alliant à la fois verticalité et horizontalité, un contraste architectural et urbanistique identitaire de ce territoire en mouvement. Le ton est donné sur un futur en rupture avec le passé, et le symbole physique en est la Grande Arche ; au-delà, on voit se développer en direction de la Seine une coulée verte d’immeubles de faible hauteur. De par ce nouvel axe, l’habitat se positionne au premier rang des intérêts, et ce sont des infrastructures comme l’Epadesa ou Defacto qui apportent des éléments tangibles sur la question des logements, mais aussi sur l’aménagement et le développement de cet espace en termes économique, sociable et durable. Avec le plan de La Défense Seine-Arche, le but est de constituer un terrain à vivre en offrant en termes d’offre résidentielle un panel de logements variés pour tous citoyens suivant leurs revenus. Pour cela, l’Epadesa, en accord avec les communes, impose un plafonnement des prix de vente pour une partie des logements en accession sociale ou encadrée bénéficiant de la TVA réduite à 5,5 % en 2011.
Balcons de l'Arche © Epadesa
Les Terrasses de l’Arche Cette première séquence des Terrasses s’étend sur 665 mètres de longueur entre la rue des Sorins et la place Nelson-Mandela et 124 mètres de largeur du boulevard des Bouvets au boulevard de Pesaro. À proximité de la Grande Arche et du quartier des Jardins de l’Arche, les Terrasses permettent une continuité entre mixité et dynamisme. On y retrouve divers aménagements : - le nouveau boulevard de Pesaro ; - la noue dont les eaux de pluie sont récupérées, stockées après filtrage et réutilisées pour l’arrosage des jardins publics ; - le jardin densément planté dont les essences ont été choisies pour leurs qualités : économes en eau, changeantes au fil des saisons (ports, fleurs, couleurs, feuillages, senteurs) ; - les terrasses s’étendant sur 30 mètres de largeur, coupées par des cheminements : « traverses » pour une circulation perpendiculaire ;
Jardins de l'Arche © Epadesa/AWP/Pixium
- les escaliers qui renforcent l’horizontalité de l’espace pour ainsi permettre un développement des commerces en rez-de-chaussée.
- une promenade piétonne proposant un double parcours le long des Terrasses et de chaque nouvel immeuble ;
Arche en Seine Livré le 4 avril 2011 Certification H&E « HABITAT & ENVIRONNEMENT » CERQUAL
Aux portes de la Grande Arche se situe Arche en Seine, conçu avec le souci de jouer la carte de la diversité. Lauréats du concours en 2005. - Aménageur : Epadesa - Maîtrise d’ouvrage: Icade-Capri, Vinci Immobilier et la SCI des Régions - Maîtrise d’œuvre : Ateliers 2/3/4/
Arche en Seine © Epadesa
Les Balcons de l’Arche Livré en juin 2011
Mixité du bâti : situé à la proximité de la Grande Arche, il amorce le tronçon des premières terrasses. Lauréats du concours en 2005. - Aménageur : Epadesa - Maîtrise d’ouvrage : BNP Paribas Immobilier, Office municipal d’HLM de Nanterre - Maîtrise d’œuvre : LLTR architectes Programme : - 126 logements en accession - 58 logements sociaux Rez-de-chaussée : - 1 520 m2 de bureaux et commerces/ pharmacie et restaurant/un pôle santé Surface : - 15 000 m2 SHON Coût des travaux : - 24 M€ HT
Pour l’agence d’architecture Ateliers 2/3/4/, « le logement n’est pas un simple produit de consommation, c’est le lieu essentiel de l’identification sociale ». Programme : - 158 logements dont 14 duplex, 160 places de parking et 4 commerces - 84 logements en accession (Icade/Vinci immobilier) - 39 logements sociaux (OSICA) - 36 locatifs libres (SNI/CDC) Rez-de-chaussée commercial : Supérette et restaurants Surface : - 12 678 m2 logements - 1 313 m2 commerces Total : 13 991 m2 SHON Coût des travaux : - 19,75 M€ HT (valeur 2007) Récompenses : - Prix Pyramide argent 2008 - catégorie esthétique architecturale
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Champs de l'Arche © Fabrice Dusapin Architecte/Olivier Wogenscky
Les Champs de l’Arche
▶ On dénombre environ 1 000 logements qui ont déjà été livrés sur l’ensemble de l’Opération d’Intérêt National (OIN) depuis 2008, 2 000 sont actuellement en chantier et autant sont à l’étude ou en projet. Au cours des prochaines années, La Défense accueillera pour la première fois depuis trente ans plusieurs programmes résidentiels comme la promenade de l’Arche ou encore les tours Hermitage Plaza. Sur le long terme, le secteur des Groues, l’une des premières réserves foncières de la petite couronne, offrira un potentiel d’environ 10 000 logements, avec des typologies variées (libres, encadrés ou sociaux) pour ainsi répondre à la demande d’un large public. La proximité avec le pôle universitaire de Paris Ouest Nanterre et la bonne desserte au niveau des transports ont permis également une réflexion sur la mise en place de résidences universitaires, que l’on estime pour l’instant au nombre de cinq. Au sein du quartier de La Défense, l’habitat est plongé dans un environnement singulier, le quartier apparaît comme un laboratoire d’innovations. Ce dernier se doit de se développer de manière subtile en assimilant une mixité qui se dessine aussi bien dans la programmation des édifices que dans une approche plus sociale avec notamment la diversité des logements proposés.
La première tranche de travaux étant achevée du côté de l’Arche, l’aménagement des Terrasses de Nanterre se poursuit avec l’avancement de la construction de programmes de logements et de bureaux, notamment avec le projet « Les Champs de l’Arche ». Situés aux abords de la place de la Croisée et des Terrasses au sud, les premiers niveaux des immeubles abritent des commerces et un bureau de poste. L’emplacement unique de la résidence en fait l’emblème des Terrasses dont elle constitue l’entrée avec son escalier monumental menant vers les jardins en belvédère. L’architecte Fabrice Dusapin exploite cette situation exceptionnelle en proposant un immeuble qui respire le bon vivre. Grâce à une alternance de volumes et de retraits, les habitants auront accès à des vues remarquables sur les Terrasses et la Grande Arche. Un projet qui a dû prendre en compte la complexité du site marqué par le passage d’infrastructures en sous-sol avec l’autoroute A 14 et le RER A. Ouverture prévue à partir de fin 2013 - Aménageur : Epadesa - Maîtrise d’ouvrage : Crédit Agricole Immobilier - Maître d’œuvre : Architecte Fabrice Dusapin Programme : - 166 logements dont : - 70 logements sociaux (ICF la Sablière) - 96 logements en accession - 1 178 m2 de commerces et services dont un bureau de poste, une boulangerie, un coiffeur, un pressing, un opticien
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Cette deuxième séquence est comprise entre les Terrasses de l’Arche et celles de la Seine. Le projet joue sur une implantation dissymétrique des nouveaux bâtiments par rapport à l’axe historique et au nouvel espace public. L’élément singulier de ce lieu est son orientation : sud/sudouest, une opportunité exceptionnelle dans le traitement
Résidence Pesaro
Les Terrasses de l'Université
architectural des façades et des aménagements se situant en rez-de-chaussée des logements. Sur l’ensemble de ces trois terrasses, la végétalisation est importante, constituée de séquences végétales et minérales qui permettent de circuler au cœur des jardins vivaces. Les Terrasses de l’Université offrent un jeu d’échelles et d’ambiances singulières.
Résidence Pesaro © Epadesa
Livré en septembre 2012
Cette résidence peut être qualifiée de trait d’union d’architecture, elle met en relation un extérieur et un intérieur de manière ingénieuse. Une double peau de verre sérigraphié permet une utilisation des surfaces intermédiaires en serre l’hiver et en espace ventilé l’été. Quant aux toitures, elles accueillent des jardins potagers et sont accessibles aux habitants. - Aménageur : Epadesa - Maîtrise d’ouvrage : Logipostel et Toit & Joie - Maîtrise d’œuvre : Agence X’TU Programme : - 164 logements dont : - 36 en accession encadrée commercialisés par Logipostel - 128 logements sociaux dont 48 gérés par l’OMHLM et 80 par Toit & Joie - locaux en RdC destinés au Conseil d’architecture et d’urbanisme des Hauts-de-Seine Surface : - 15 800 m2 SHON Coût des travaux : - 23 M€ HT
Progressivement, l’habitat est en train de devenir une des pierres angulaires du quartier de La Défense.
49 ▶ C’est dans cette mouvance de mixité et de polarité que s’illustrent les Jardins de l’Arche : un projet identitaire et phare de la dynamique de l’Epadesa. Ce projet s’affirme comme étant un véritable point névralgique entre divers espaces : La Défense, les Groues, le faubourg de l’Arche, le parc André-Malraux et les Terrasses. Le stade de l’Arena Nanterre La Défense se fera le moteur d’une animation de qualité pouvant recevoir jusqu’à 40 000 personnes. Le stade s’intégrera dans un espace de mixité fonctionnelle mêlant des programmations diverses, hôtel, habitations et rez-de-chaussée à usage de commerces et d’équipements de proximité, visant ainsi dès 2016 un lieu possédant tous les éléments d’un quartier hybride et vivant. Un parvis permettra de traiter l’axe des jardins, reliant le premier tronçon des Terrasses et l’Arena Nanterre La Défense à la dalle de La Défense. Le but de cet espace est de devenir un véritable pôle au quotidien, qu’il soit fréquenté en journée, en soirée, durant la semaine ou pendant le week-end. Sur ce territoire de huit hectares, l’initiateur de ce développement urbain est bien le stade de l’Arena Nanterre La Défense ; ayant donné la première impulsion, divers projets ont suivi comme : l’hôtel de Valmy qui prévoit 4 600 m² dédiés à l’hôtellerie et 1 000 m² de commerces, l’Arche Horizon qui envisage des logements en accession (11 880 m²), des résidences étudiantes (2 730 m²) et des commerces (600 m²), et pour finir la promenade de l’Arche qui accueillera une résidence étudiante et 80 logements (11 200 m²), une école d’enseignement supérieur privé (8 900 m²) et des commerces et loisirs (3 700 m²).
Progressivement, l’habitat est en train de devenir une des pierres angulaires du quartier de La Défense, mais il se doit d’être épaulé par l’ensemble des infrastructures qui permettent aux habitants d’avoir accès aux diverses commodités procurant un cadre de vie agréable. De cette réalité, le quartier des Terrasses est un exemple probant. Au sein de ce territoire longitudinal, l’idée est de développer un trait d’union entre l’espace public et privé et de jouer la carte de la diversité en termes de logements et de bureaux et commerces se situant en rez-de-chaussée. L’association de ces programmes participe à l’animation de l’axe et à la rencontre de divers profils entre résidents, travailleurs et commerçants. Ce concept a vu le jour notamment sur la première séquence des Terrasses qui est attenante au quartier des Jardins de l’Arche, avec des constructions comme l’Arche en Seine ou encore les Balcons de l’Arche qui sont les preuves tangibles de cette mixité urbaine, humaine et fonctionnelle. On y retrouve un large choix de commerces de proximité qui se mêlent à des espaces publics agréables et ingénieux. Les Terrasses offrent aux passants une parenthèse inattendue au sein de ce territoire et s’imprègnent de l’identité des quartiers qu’elles traversent. L’ensemble de ces interventions permet de repenser ce territoire dans sa « marchabilité » (tout ce qui peut se faire à pied peut être un gain de temps, mais aussi un plaisir), on favorise ainsi une mobilité douce. Les résidents appréhendent ainsi l’espace urbain à une échelle plus concrète et palpable. Ce type de mobilité redonne une place à la nature au sein de ce quartier d’affaires et à ses alentours, car cette dernière est un puissant vecteur de bien-être, et l’intégrer dans des quartiers tels que La Défense apparaît comme salvateur. L’organisme Defacto mène cette politique au sein du quartier, et on ne compte pas moins de onze espaces verts de différentes formes au sein de La Défense, sans compter ceux qui sont en lien avec la construction des nouveaux logements. Entre jardins vivaces ou simple promenade, ces espaces sont pensés pour articuler avec subtilité l’urbain et l’humain.
▶ Aujourd’hui, avec ces nouveaux projets et politiques sur le logement, habiter à La Défense c’est être précurseur de son temps, avoir l’envie de bousculer les a priori et d’habiter différemment. Ceux qui avaient amorcé l’idée bien en amont sont les habitants de la tour Défense 2000, ayant un dénominateur commun : la passion du lieu et de son environnement. Aujourd’hui, on y trouve toujours des résidents investis dans leur habitat. Venant de tous horizons, ils ont créé une véritable cohésion, une sorte de famille des « grandes hauteurs ». Actuellement, on recense quelques 25 000 résidents au sein du quartier et on peut estimer un fort accroissement dans les prochaines années. La Défense peut être qualifiée d’espace de rencontre et de recouvrement de la métropole dite « aisée » du sud-ouest à la métropole dite « populaire » s’étendant au nord. Les habitants s’approprient ce nouvel espace urbain, et on assiste à un brassage social et culturel. Récent et cosmopolite, ce quartier n’est pas alourdi par sa propre mémoire, il permet aux habitants d’être de véritables acteurs urbains de leurs lieux de vie.
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▶ En pleine mutation urbanistique et architecturale, La Défense a su se rendre compte des enjeux pour la ville de demain en mettant en avant l’humain et son cadre de vie dans ces décisions. Avec pas moins de 92 projets à son actif, le quartier de La Défense s’affirme avec justesse sur la problématique de l’habitat, et les nouvelles habitations se greffent avec subtilité au quartier d’affaires, ne se cantonnant pas seulement à cet espace mais investissant les communes aux alentours. Et si cet essor de constructions
est essentiel pour le quartier de La Défense, il ne faut pas oublier la possibilité de reconversion de certains bureaux en logements. Ces mutations en termes de programmations permettent de répondre de façon ingénieuse à la problématique de la pénurie de logements. Dans le futur, La Défense se doit de continuer l’élaboration de cette matrice urbaine et de persévérer sur la question délicate de l’habitat pour devenir ainsi un des premiers centres financiers où coïncideront des identités multiples.
Résidence Lilas Sun © Epadesa
Résidence Lila Sun En construction
Programme : - 150 logements dont : - 61 logements locatifs sociaux - 39 logements en accession encadrée - 50 logements en accession libre - 1 500 m2 de locaux d’activités
Situé sur la Terrasse 10, ce projet allie mixité et haute performance énergétique. L’immeuble est constitué de quatre volumes blancs de neuf étages jouant sur la diversité des volumes et leurs positionnements. La découpe du bâti permet de multiples orientations et libère une belle profondeur pour les terrasses. De plus, cet ensemble répond à des objectifs énergétiques et environnementaux ambitieux, lui permettant une qualification de « Bâtiment à Basse Consommation ».
Rez-de-chaussée : avec locaux d’activités : 2 sociétés de service informatique, cabinet d’orthodontie, boulangerie (163 m2), agence de télésurveillance, styliste, agence d'intérim
- Aménageur : Epadesa - Maîtrise d’ouvrage : Groupe Arc - Maîtrise d’œuvre : Agence Nicolas Michelin & Associés
Coût des travaux : - 19,695 M€ HT
Surface : - 12 720 m2 SHON
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Entretien avec M. Emin Iskenderov, Hermitage Propos recueillis par Agathe Colin de Verdière
Quel est votre rôle au sein du quartier de La Défense ? Emin Iskenderov : Notre projet Hermitage Plaza sera le premier immeuble de très grande hauteur à offrir, dans un cadre d’urbanité verticale, une mixité d’usages : habitations, bureaux, commerces, hôtel, arts et divertissements. L’Hermitage Plaza, haut de ses 320 mètres, se situera à l’entrée du quartier d’affaires La Défense et deviendra le générateur d’un nouveau développement de ce territoire au bord de la Seine. Grâce à l’aménagement urbain créé dans le cadre du projet, c’est l’ensemble du quartier d’affaires qui s’ouvrira pour la première fois vers le fleuve, ses berges et ses connexions. Pourquoi La Défense ne marche-t-elle plus aujourd’hui ? En ne développant que des bureaux, elle a saturé les transports aux heures de pointe et elle n’offre pas le cadre de vie et les services nécessaires à son positionnement. La réponse à ces problèmes se trouve dans le développement de la mixité de fonctions (bureaux, logements, toute la gamme de commerces, restaurants et services), pour une vie de quartier animée 7jours/7, dans des tours très perfor-
mantes en termes d’écologie, de durabilité et de charges compétitives. Ces tours participent à l’aménagement de leurs abords (espaces verts, services ouverts à tous, qualité de vie), créent de l’activité sur place et utilisent au mieux les infrastructures de transport existantes (habitants des tours travaillant eux-mêmes à La Défense ou allant travailler à contre-flux aux heures de pointe). L’idée est de proposer un panel d’activités entre restauration, détente, animation, commerces, répondant ainsi aux besoins des usagers sur place, et créant ainsi des flux de transport répartis tout au long de la journée. D’un quartier centré sur le travail, nous contribuons à évoluer vers un quartier centré sur l’homme et la qualité de son environnement. Par la conception de son environnement, Hermitage Plaza va mettre à la disposition du public des espaces paysagers avec fontaine, jardins, de véritables places et lieux de convivialité et avec accès à la Seine, permettant ainsi de
© Foster + Partners
55 créer une nouvelle destination touristique parisienne. La nouvelle place accueillera des cafés et des restaurants qui resteront ouverts jusqu’au milieu de la nuit. Avec son centre d’art contemporain et sa salle polyvalente de spectacle, Hermitage Plaza a pour ambition de séduire également un public amateur d’événements culturels. L’espace public trouvera sa prolongation à l’intérieur de chaque tour. Quel est votre avis sur la question du logement au sein du quartier de La Défense, et plus particulièrement sur l’idée de mixité sociale que vous mettez en œuvre au sein de vos tours ? Sans aucun doute, le parc de logements de La Défense est aujourd’hui vieillissant. Si vous cherchez à louer ou acheter à La Défense, soit vous tombez sur un appartement dans un immeuble vieux de 40 ans et pas forcément bien entretenu, soit vous êtes obligé de vous éloigner de l’axe central. Par ailleurs, l’offre de logements n’est pas assez développée. C’est un problème d’ensemble, il faut d’autres services et offres commerciales que celles destinées seulement aux bureaux. La notion de mixité fait partie intégrante de notre modèle social, cette dernière est une chance de renouveau pour le quartier de La Défense. Cette mixité d’usages permet la cohabitation du résidentiel, des bureaux et des services. Une exclusivité en Europe, les tours mixtes Hermitage Plaza se veulent annonciatrices des quartiers « nouvelle génération ». Les deux tours mixtes dessinées par l’architecte Sir Norman Foster seront composées de 540 logements avec service hôtelier, de 135 logements sociaux étudiants, de bureaux de classe A, de boutiques, d’un centre commercial, d’un hôtel 5 étoiles, de cafés et de restaurants ou encore de salles polyvalentes (sport, détente, soins, spectacles, projections). Le concept de tours mixtes participant à l’aménagement de leur espace pourrait répondre aux attentes de la population en faveur d’un lieu nouveau, agréable, lumineux et chaleureux à la fois, que ce soit en semaine ou durant le week-end. On peut parler d’une sorte de Central Park à la française, avec la création d’une vaste place publique de 2 ha, offrant pour la première fois aux habitants et aux usagers de La Défense un accès à la Seine.
© Foster + Partners
L’originalité du projet Hermitage Plaza réside également dans le fait qu’il permet la multiplication des espaces publics tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des tours. Fait unique en Europe, tout le monde, quel que soit son statut : travailleurs, habitants, locataires, sportifs, badauds, aura le même droit d’accès aux tours. En somme, elles accueilleront une population diverse et non exclusive. Toutes les études d’opinions récentes confirment la conviction partagée par la population vivant ou travaillant à La Défense, l’idée de favoriser l’essor d’une vraie « vie de quartier ». Cette mixité est également synonyme de créations d’emplois autres que ceux de bureaux (de l’ordre de 3 000 nouveaux emplois permanents) dans les équipements publics (écoles, crèches), les commerces de proximité, les services à la personne, la résidence des étudiants. Pour vous, quelles seraient les perspectives en termes de logements pour le quartier de La Défense ? Avec les projets à venir, j’espère voir les habitants s’installer à La Défense grâce à la nouvelle qualité de vie du quartier.
« UNE CLIENTÈLE INTERNATIONALE » Jean-Yves Durance Président du conseil d’administration de l’AUDE, président du comité consultatif de Defacto et président de la chambre de commerce et d’industrie des Hauts-de-Seine Je suis intéressé par l’éventuelle réussite du projet de tour Hermitage. Si elle est au rendez-vous, alors on aura une clientèle essentiellement internationale. Si vous avez en plus un hôtel de très bonne qualité type 4 étoiles +, alors on pourra peut-être voir apparaître des restaurants haut de gamme.
PAROLE D’ÉLU Parce que La Défense est gouvernée par plusieurs entités, l’un de ses élus nous donne à chaque numéro sa vision des relations entre le quartier d’affaires et les territoires adjacents ainsi que ses perspectives d’avenir.
JoElle CECCALDIRAYNAUD
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MAIRE DE PUTEAUX Vice-PrEsidente de la CommunautE d'agglomERAtion Seine Arche DEfense
« Encourager l'Emergence de synergies entre les entreprises putEoliennes et celles de La DEfense » Pour le maire de Puteaux, rendre complémentaires les forces économiques des territoires putéolien et défensien est primordial. Le respect de l’esprit « village » de la commune est à cultiver. Propos recueillis par Solveig Placier
Quelles sont aujourd’hui les attentes de Puteaux quant à l’avenir du quartier d’affaires de La Défense ? Joëlle Ceccaldi-Raynaud : Puteaux a toujours cultivé l’esprit « village ». La proximité est essentielle pour stimuler la vitalité du territoire. L’une des spécificités de Puteaux émane de la très grande diversité de ses 6300 entreprises, dont 87% sont des PME PMI et artisans comptant moins de 10 salariés. Au moment où La Défense se connecte au Grand Paris, il est important de préserver les équilibres, cet esprit village et d’encourager l’émergence de synergies entre les entreprises putéoliennes, tout particulièrement les PME et celles de La Défense, pour dynamiser le bassin d’emploi et notre tissu économique, mais aussi pour renforcer notre complémentarité. C’est l’enjeu du club Seine Défense Entreprises, lancé en octobre avec Courbevoie. 68 % des 13800 entreprises de notre communauté d’agglomération sont situées en dehors du quartier d’affaires, les entreprises qui y sont implantées concentrent 66 % des emplois. La Défense recèle de potentialités. C’est un pôle d’échanges et de connexions, un lieu d’expériences et de défis. Des liens peuvent se tisser entre entreprises, mais aussi avec l’université, la recherche et stimuler la compétitivité des entreprises. Avez-vous des craintes ? Je suis de près le projet de loi d’affirmation des métropoles qui prévoit des transferts de compétences vers la Métropole du Grand Paris. Les sénateurs, qui représentent les territoires, l’ont bien compris. Dans un monde de plus en plus virtuel, il est indispensable de préserver l’équilibre des territoires en élaborant des politiques publiques au plus près des habitants. Il faut donc veiller à renforcer les compétences des maires et maintenir les intercommunalités existantes. Si la Métropole du Grand Paris absorbait les compétences municipales en matière de logement, d’urbanisme et de finances, la physionomie des villes changerait. Je suivrai avec d’autant plus d’attention les débats parlementaires que le transfert de compétences à la Métropole pénaliserait en premier lieu les Franciliens eux-mêmes.
Est-il encore possible de renforcer l’attractivité du quartier d’affaires ? Et comment ? Oui, c’est la belle ambition portée par le Plan de renouveau initié en 2006. Les premiers projets qui éclosent démontrent l’attractivité renouvelée du premier quartier d’affaires d’Europe, portée par une architecture novatrice et le développement d’un urbanisme responsable et durable. Cette nouvelle ère a été inaugurée avec Carpe Diem, la première tour en France à recevoir la certification LEED avec la mention Platinium, que l’on doit à Robert A.M. Stern et Joëlle Chauvin, Président d’Aviva France. D’autres projets avant-gardistes, comme la tour Majunga, incarnent la nouvelle attractivité de La Défense, un centre d’affaires qui répond à la demande des investisseurs du monde entier.
Dans un monde de plus en plus virtuel, il est indispensable de préserver l’équilibre des territoires en élaborant des politiques publiques au plus près des habitants. Il faut donc veiller à renforcer les compétences des maires et maintenir les intercommunalités existantes.
59 Théâtre des Hauts-de-Seine (THS) © Mairie de Puteaux
Puteaux (92)
Situation Superficie : 3,19 km2 Nombre de communes limitrophes : 3 (Suresnes, Courbevoie et Saint-Cloud) Démographie 45 093 habitants (recensement en 2010) 14 135 habitants au km2 786 naissances en 2008 228 décès déclarés 51% de femmes, 49 % d’hommes 0-14 ans : 8000, 15-29 ans : 9900, 30-44 ans : 11500, 45-59 ans : 7900, 60-74 ans : 4300, 75 ans ou plus : 2500. Urbanisme et espaces verts 55 hectares de végétation 3200 m2 de massif fleuri 26 hectares de pelouse 26 squares 3 parcs 6 jardins Label « Trois fleurs » des Villes et Villages fleuris
Si La Défense reste fidèle à sa finalité première, être au service de l’entreprise, c’est aussi un lieu habité par 20000 personnes, dont 5000 Putéoliens. Un lieu de vie qui possède un potentiel prodigieux d’innovations architecturales, urbanistiques, environnementales, un lieu de culture et de mouvement pensé pour répondre aux attentes qualitatives de ses utilisateurs. Lorsque je présidais l’Epadesa, ma volonté fut de faire de ce pôle d’envergure international du Grand Paris qu’est La Défense un lieu où l’homme demeure placé au cœur de tout. Comment gommer les méfaits de l’urbanisme de dalle quant à la frontière Puteaux/La Défense ? C’est l’un des enjeux du renouvellement urbain engagé par la municipalité, dont l’une des priorités fut de lancer la réalisation de la ZAC des Bergères. La requalification du boulevard circulaire, mis en service en 1971, en est une autre. Pour sa partie sud, il s’agit de gommer la césure entre Puteaux et La Défense, pour établir des liaisons incluant les circulations douces et piétonnes. Les travaux ont débuté fin novembre. De nombreuses réunions sont organisées sur le réaménagement du secteur de la Rose de Cherbourg, un projet signé Jean Nouvel qui prévoit une promenade verte entre Boieldieu et La Défense et la rénovation du quartier Boieldieu. Ce quartier sera séparé de l’avenue du Général de Gaulle par un espace non constructible, le principal objectif étant le renforcement de la qualité de vie des Putéoliens.
Économie et emploi 150 000 salariés 6 300 entreprises Services (70%), industries (8,5%), éducation, santé, action sociale (10,5%), commerces (9%), construction, activités immobilières (2%) Enseignement et scolarité 11 écoles maternelles 8 écoles primaires et élémentaires 3 collèges 2 lycées Sports 29 équipements sportifs Vie associative 135 associations Vie culturelle 1 théâtre 1 palais culturel 1 conservatoire de musique 3 médiathèques 1 cinéma 1 musée 1 artothèque 1 atelier automobile 1 structure d’éducation à l’environnement Sources : Ville de Puteaux, 2013 – www.puteaux.fr Puteaux et la Défense © Mairie de Puteaux
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PROMO IMMO Actrice essentielle du renouveau de La Défense, la promotion immobilière passe ici à la question sur des thématiques variées : tissu urbain, acte architectural, développement des entreprises et de la vie économique du quartier, mais aussi de sa vie sociale.
Jean-Luc Poidevin
Nexity
Jean-Luc Poidevin est directeur général délégué du groupe Nexity. Il a créé en 2004 Villes et projets, la branche aménagement de cet ensemblier urbain. Habile à négocier avec les collectivités, il puise son expérience dans le début de sa carrière : il a été successivement directeur de l’aménagement de l’Établissement public pour l’aménagement de la région de La Défense (EPAD), puis directeur général de l’Établissement public d’aménagement du Mantois-Seine-Aval (EPAMSA). Propos recueillis par Catherine Sabbah
Malgré les incantations du gouvernement, le nombre de logements construits en France n’augmente pas, les prix ne baissent pas ou peu dans le neuf. Comment expliquez-vous cet immobilisme ? Jean-Luc Poidevin : D’une façon générale, les prix ne baissent pas, mais des villes de plus en plus nombreuses parviennent à imposer des prix maîtrisés sur certaines parties de leurs territoires. Par le simple mécanisme du marché, les prix des terrains privés environnants commencent à marquer le pas. Pour l’instant, c’est le seul levier vraiment efficace, qui suppose une forte implication des collectivités. Si l’on parle de politique nationale, la solution radicale et peut-être efficace pour faire diminuer les prix des logements consisterait sans doute à mettre à plat tous les dispositifs de soutien et les aides au secteur du logement accumulés depuis trente ans. L’actuel gouvernement a fait comme les autres, en remplaçant le « Scellier » par le « Duflot », un autre système de défiscalisation, un peu plus contraignant pour les investisseurs, et a reconduit globalement le PTZ. Pour l’instant, les pouvoirs publics ne sont pas allés plus loin. La loi sur le foncier public n’a rien donné car l’État est schizophrène : d’un côté, il réclame beaucoup de logements et des logements abordables, de l’autre, il fait monter les prix en vendant ses terrains au plus offrant.
L’échelle de décision est-elle la bonne ? Non, et tout le monde s’accorde à le dire. Les communes seules n’ont pas les moyens de leur développement urbain, comme elles n’ont pas les moyens de leur politique de transport, d’assainissement… Il est évident qu’une politique du logement doit se penser à l’échelle d’un bassin de vie ou d’un bassin d’emploi, tout en privilégiant la proximité. Entre Toulouse et Lille, les besoins, les demandes, les modes d’habiter, quoi qu’on en pense, ne sont pas identiques. Le PLU doit être intercommunal, ce vers quoi l’on se dirige vraisemblablement avec la loi sur la décentralisation. En revanche, les décisions concernant la métropole parisienne sont plus inquiétantes. Le projet du Grand Paris supprime les échelons intermédiaires (les agglomérations) entre la métropole englobant quatre départements et la commune.
Opération Access Design de Guignes © Nexity
N’y a-t-il pas autre chose à faire ? Intervenir sur le « produit » logement plus tôt ou en même temps que sur son financement ? Bien sûr, la fabrication des logements demeure un métier artisanal, fait de chantiers uniques sur lesquels sont développés à chaque fois des prototypes. En une décennie, les coûts de construction ont été multipliés par deux, sous l’influence du prix des matières premières, des normes, de l’intégration des innovations liées au développement durable, parce que nous construisons dans des milieux urbains denses… Toutes les entreprises de promotion cherchent à industrialiser leur production, mais pour l’instant les résultats ne sont pas toujours probants. Il est impossible de fournir la même chose partout, l’industrialisation ne peut se faire pour le moment que sur des séries assez limitées. Dire ou faire le contraire reviendrait à nier la diversité des programmes, l’insertion dans le contexte urbain, l’architecture… Nos commandes de matériaux ou de pièces entières (les salles de bains par exemple) préfabriqués ne sont donc pas très intéressantes pour les industriels du bâtiment. Sans parler des grands fournisseurs de béton qui n’ont pas tellement intérêt à se priver d’un marché sur lequel ils continuent d’écouler très bien leurs produits.
NEXITY
• 816 000 lots résidentiels en gestion dans les Services immobiliers aux particuliers au 31 décembre 2012. Cette même année, les équipes ont également mené à bien 4 811 ventes et 31 548 locations de biens immobiliers résidentiels. • 11,8 % de part de marché pour l'immobilier résidentiel en 2012 sur l'ensemble du territoire • 11 600 000 de m2 gérés : immeubles de bureaux (86 %), parcs d'activité, de commerces et de bâtiments logistiques • 1 059 000 m2 de projets d'opérations en cours d'études ou de réalisation en portefeuille, dont 689 400 m2 en cours de travaux ou en cours de développement au sein de l'immobilier d'entreprise
Jean-Luc Poidevin est Président de Nexity - Villes et Projets depuis janvier 2004. Titulaire d’une maîtrise de droit public (1980) et d’un DESS de droit et d’administration des collectivités locales (1982), il commence sa carrière à la Sari-Régions successivement comme adjoint au directeur du développement (novembre 1988 à décembre 1990), directeur du développement et de l’aménagement (de janvier 1991 à janvier 1992), directeur de la filiale commerciale Sari-Régions conseil (de juin 1992 à juin 1993), et directeur général adjoint de Sari-Régions (de janvier 1992 à juin 1993). De 1993 à 2000, il occupe le poste de directeur de l’aménagement de l’Établissement public pour l’aménagement de la région de la Défense (EPAD), puis, en septembre 2000, il est nommé directeur général de l’Établissement public d’aménagement du Mantois-Seine-Aval (EPAMSA).
Opération Home+ à Saint-Ouen (93) © Nexity
Si l’on parle de politique nationale, la solution radicale et peut-être efficace pour faire diminuer les prix des logements consisterait sans doute à mettre à plat tous les dispositifs de soutien et les aides au secteur du logement accumulés depuis trente ans.
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VIE DES ENTREPRISES La Défense constitue l’eldorado des grandes entreprises françaises et internationales. Comment vivent-elles au quotidien dans le premier quartier d’affaires européen ?
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AXA FRANCE
A Nanterre AXA France innove en s'installant derrière la Grande Arche, sur les Terrasses de Nanterre, et dans un bâtiment dit « campus ». Outre ce parti pris architectural, AXA France est en constante réflexion sur des pratiques de travail inédites visant un mieux-être pour ses salariés.
© bikeriderlondon - Shutterstock
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Entretien avec Caroline Gin CHARGÉE DE COMMUNICATION D'AXA FRANCE
Les Terrasses de Nanterre visent à prolonger l’Axe historique qui s’étend du Louvre à la Grande Arche de La Défense. Derrière cette dernière se déploie ainsi un vaste parterre accueillant logements, commerces et entreprises. C’est là qu’a décidé de déménager AXA France, signifiant ainsi un parti pris en faveur du campus et se doublant d’une véritable réflexion sur le télétravail. Propos recueillis par Solveig Placier
Dans le contexte du débat tour/campus, quelle est votre position ? En quoi votre récente implantation sur les terrasses de Nanterre change-t-elle les habitudes de travail de vos collaborateurs ? Caroline Gin : Nous avons quitté un monde vertical lorsque nous sommes passés de la tour AXA (maintenant devenue la tour First), à une tour « couchée » de 400 mètres de longueur sur huit étages à savoir les Terrasses de Nanterre. La tour AXA, construite en 1974, nécessitait d’importants travaux et sa maintenance technique devenait assez lourde. Ces contraintes nous ont conduits à choisir de déménager. Cela nous a également donné l’occasion de créer un autre environnement de travail plus convivial et mieux adapté à l’évolution de nos métiers. Dès le début du projet, avec la Direction des Ressources Humaines et la Direction de la Communication, nous avons pris régulièrement la parole devant les collaborateurs concernés pour expliquer l’objectif et les modalités de ce déménagement. Une lettre mensuelle, Cap Ouest, a été spécialement créée et a déroulé, de façon très chronologique, les différentes étapes du projet (de la pose de la première pierre jusqu’à l’emménagement). Nous avons ainsi détaillé les moyens de transport, l’environnement extérieur de notre future implantation, l’organisation des espaces intérieurs, le choix du mobilier, les restaurants, etc. Enfin, nous avons installé un stand au sein des espaces de restauration pour illustrer concrètement ce que seraient les nouveaux espaces de travail avec une prélocalisation des différents métiers sur le site. Le jour J, chaque collaborateur savait où aller et ce qu’il trouverait sur le site.
Les locaux d'AXA France sur les Terrasses de Nanterre © AXA France
AXA en chiffres
• 10 250 collaborateurs salariés • 3 760 collaborateurs du réseau épargne & protection • 3 400 agents généraux • 10 000 collaborateurs d’agence • 920 agents généraux prévoyance et patrimoine • 1 140 agents mandataires • 1 200 conseillers en gestion de patrimoine indépendants • 2 140 courtiers
AXA s’engage en faveur du télétravail, pouvez-vous nous expliquer votre démarche ?
Notre prochain objectif est que 500 collaborateurs soient en télétravail d’ici fin 2015.
Le télétravail s’inscrit dans la démarche menée par AXA France en faveur du bien-être au travail. Ce mode d’organisation du travail est une réponse apportée à nos collaborateurs qui, notamment, sont confrontés quotidiennement à des conditions de transport difficiles ou à des déménagements de leur équipe.
Pendant les deux expérimentations, deux formules hebdomadaires étaient proposées : les collaborateurs pouvaient être soit deux jours, soit trois jours en télétravail.
Avant que le premier accord ne soit signé avec nos organisations syndicales en février 2013, le télétravail a fait l’objet de deux expérimentations : - la première menée dans le cadre des accords GPEC 20072009 avec 25 collaborateurs ; - la seconde dans le cadre des accords GPEC 2010-2012 avec 200 collaborateurs. Ces phases d’expérimentation nous ont permis de tester le télétravail sur différents métiers qu’ils soient opérationnels ou fonctionnels. Ils nous ont aidés à appréhender les problématiques techniques des postes de travail (postes informatiques et solutions de téléphonie) et, surtout, ont été décisives pour la suite car les retours positifs des collaborateurs et des managers nous ont incités à mettre en place un accord.
Suite au retour d’expérience, nous avons ajouté une nouvelle formule dans l’accord ; il s’agit d’une formule flexible permettant à des collaborateurs cadres d’être en télétravail quatre jours par mois. Ce temps à domicile est réservé aux travaux d’études et de réflexion. Il est important d’accompagner les managers et les collaborateurs dans ce nouveau dispositif. Travailler et manager à distance ne s’improvise pas. Maintenir un dialogue permanent permet d’avoir les bonnes alertes. La DRH a, dans ce cadre, un rôle primordial à jouer. Le mode d’organisation présente des avantages pour l’entreprise et les collaborateurs. C’est une réponse à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Cela favorise également l’évolution de la culture d’entreprise en renforçant l’autonomie des collaborateurs et le management par objectifs.
Le télétravail s’inscrit dans la démarche menée par AXA France en faveur du bien-être au travail.
Le déménagement d’AXA France en chiffres • 4 200 postes de travail installés dont 3 000 en 3 jours • 300 personnes impliquées chez AXA France et ses prestataires lors du déménagement • 300 personnes pour assurer la connectique (informatique et téléphonique) 24 h/24 pendant 3 jours • 120 tonnes de déchets divers dont 90 tonnes de papier recyclé ont été collectées au cours des journées dédiées : « Trions malin, jetons utile » • 300 semi-remorques pour la livraison du contenu (mobilier, aménagement, matériel informatique)
• 2 000 tonnes transférées en un week-end
© AXA France
• 300 camions de déménagement pour le transfert des mobiliers, des documents, des unités centrales…
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ART LEASE Valoriser son espace de travail, sublimer son environnement, exprimer sa philosophie, communiquer ses valeurs Propos recueillis par Élodie Fusain
Pascal Godingen, vous êtes le PDG et créateur de la société Art Lease. Vous participez depuis plusieurs années au SIMI. Quelle est l’offre d’Art Lease auprès des entreprises ? Pascal Godingen : Nous participons depuis 7 ans au SIMI (Stand E93). Art Lease fêtera ses 20 ans en avril prochain. Notre savoirfaire historique consiste à installer des œuvres d'art dans les entreprises et à proposer des conseils en acquisition d’œuvres en vue d'une constitution de collection. Nous venons, par exemple, d’installer pour le groupe Gecina Le Grand Mobile de Xavier Veilhan dans l’atrium du nouveau centre Beaugrenelle. Le choix des artistes n’est pas limité à notre catalogue. Nous permettons à nos clients d’accéder, en leasing, à l’ensemble des œuvres du marché. Nous établissons des contrats de 24 à 60 mois, dont les loyers mensuels sont calculés en fonction de la valeur des œuvres. Art Lease prend aussi en charge l’assurance, la livraison et l’installation des œuvres et permet de les acquérir en fin de contrat. La charge d’investissement se répartit sur plusieurs années et les loyers sont déductibles, sous certaines conditions. Vous avez élargi et enrichi votre offre en introduisant le mobilier. Suivant le même principe que pour les œuvres d’art, Worklease est un concept de location longue durée de mobilier et de matériel audiovisuel. Nos clients sont libres de compléter leur équipement en fonction de leurs besoins par voie d’avenant et de l’acquérir en fin de contrat pour un montant pré-défini.
Pascal Godingen – PDG de Art Lease © Stéphane Dalens
Le Grand Mobile – Xavier Veilhan Centre Beaugrenelle – Paris
Qu’est-ce que le Marketing Suite, de la location de mobilier pour les espaces témoin ? C’est bien plus complet que du simple aménagement d’espaces témoin. Depuis dix ans et entourés de grands designers et fabricants de mobilier, nous proposons aux professionnels de l’immobilier d’entreprise, propriétaires, commercialisateurs, asset managers, properties, des aménagements « in situ » parfaitement adaptés et dynamiques. Les clients se projettent dans des lieux entièrement aménagés et décorés. Des fournitures et objets accessoirisent les bureaux, des œuvres d’art valorisent les lieux et facilitent leur commercialisation. Les conditions sont simples et les avantages financiers non négligeables. Nous offrons également des services annexes qui maximisent le confort des propriétaires, comme un service ménage, et pouvons éditer des outils de communication mais aussi organiser des évènements, cocktails, conférences.
STAND SIMI E93 Mobilier Élise Burgel-Perrot
www.artlease.fr Espace témoin immeuble « Espace Seine Generali » – Levallois-Perret © Thierry Lewenberg-Sturm
Œuvres d’art Frédérique Mattei contact@artlease.fr
DES SERVICES DEDIES AUX ENTREPRISES DEFACTO
Entretien avec Olivier Dubosc, directeur des services aux entreprises et de l’animation du territoire, Defacto Propos recueillis par Emmanuelle Graffin
© 11h45
71 L'Axe historique de nuit © 11h45
Pourquoi Defacto a-t-il souhaité engager une politique de services à destination des entreprises ? Olivier Dubosc : La Défense est un territoire particulier et spécifique qui accueille nombre d’entreprises et d’établissements d’enseignement supérieur. Jusque-là, le territoire a fondé son attractivité sur l’offre immobilière et celle de transports. Aujourd’hui, face à la compétition accrue des territoires et au contexte économique difficile, cette attractivité ne peut plus être uniquement fondée sur ces deux piliers. Il a donc fallu trouver d’autres modèles de développement et d’autres avantages concurrentiels afin que le premier quartier d’affaires européen conserve son leadership. Defacto s’est donc engagé dans un programme visant à rendre le territoire plus compétitif et plus attractif, en proposant notamment une offre de services à destination des entreprises. Quelle action vous semble prioritaire ? Comme évoqué précédemment, La Défense ne peut se reposer uniquement sur ses avantages compétitifs structurels, c’est pourquoi Defacto souhaite faire de La Défense un territoire qui offre une valeur ajoutée immatérielle aux entreprises implantées. Cette valeur ajoutée repose en grande partie sur la capacité du territoire à favoriser le développement des synergies entre les acteurs présents par la mise en place d’actions collectives. Le territoire doit ainsi devenir en quelque sorte le catalyseur de ces dynamiques collectives.
Defacto s’est donc engagé dans un programme visant à rendre le territoire plus compétitif et plus attractif, en proposant notamment une offre de services à destination des entreprises.
En quoi consistent concrètement ces actions collectives ? Nous proposons par exemple un plan de déplacements inter-entreprises que nous développons en partenariat avec la CCIP. Ce réseau mobilité rassemble actuellement une dizaine d’entreprises et plus de 20 000 salariés. Dans ce cadre, un plan d’actions a été proposé pour permettre, notamment, la création de plates-formes de co-voiturage. Deux réseaux à destination des PME ont également été créés. L’un propose des petits déjeuners thématiques organisés régulièrement autour de problématiques spécifiques. L’autre, le réseau Plato, propose un tutorat de responsables de PME par des cadres dirigeants de grandes entreprises.1 Quels autres services proposez-vous aux entreprises ? À côté de ces actions collectives, Defacto développe aujourd’hui un bouquet de services qui améliore le premier contact des entreprises et de leurs salariés avec le territoire : un livret d’accueil, une signalétique spécifique pour l’arrivée des collaborateurs, des visites guidées permettant de mieux appréhender le site... Defacto souhaite également simplifier le quotidien des entreprises installées à La Défense en mettant à leur disposition un interlocuteur unique répondant aux diverses problématiques rencontrées dans l’espace public (entretien, signalétique, événements, propreté…). 1 Defacto vient de lancer le recrutement pour la constitution du réseau PLATO. Vous êtes cadre dirigeant d’une grande entreprise et souhaitez apporter votre expérience et vos conseils à des responsables de PME ? Vous êtes une PME et souhaitez vous développer et bénéficier de conseils ? Prenez contact avec Defacto : Isabelle Debernard idebernard@defacto.fr ou par téléphone au 01 46 93 23 52.
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Un nouveau guide disponible !
Defacto édite pour la première fois cette année un guide d’accueil des utilisateurs de La Défense. Il recense l’ensemble des services et commerces du quartier d’affaires, l’offre de transports en commun, des informations pratiques et des bons conseils pour mieux vivre La Défense. Téléchargez la version numérique sur le site internet www.ladefense.fr.
La Défense, territoire polymorphe, profite d’une vaste politique culturelle. Centralités analyse les aspects marquants et les temps forts de l’animation du quartier d’affaires.
CULTURE
LE MUSEE A CIEL OUVERT Avec le projet de musée à ciel ouvert, Defacto apporte cette identité culturelle forte qui manquait au quartier de La Défense. Le parcours reflète une recherche de cohérence et de visibilité pour les 67 œuvres de la collection jusqu’ici éparpillées sur la grande dalle bien connue des habitués.
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Après une première visite enthousiaste, Centralités retrouve le musée à ciel ouvert pour de nouvelles rencontres et de nouvelles excursions parmi les nombreuses œuvres qui habitent La Défense. Photographies de Behrang Fakharian
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Amanda Mofy et Chloé Bardin ont contacté de nombreux artistes ayant pratiqué leur art à La Défense. Parfois présentée par les ayant droits des plasticiens, la genèse des œuvres est narrée avec passion.
Attila Biro, dit Atila Créer pour un espace moderne Au début des années 1970, des amis architectes ont indiqué à Atila ce qui était alors un grand chantier de renouvellement architectural. L’artiste se sentait bien à Paris et sans doute l’idée lui a-t-elle plu de créer pour La Défense, espace qui reste extrêmement lié à la capitale. De plus, c’était un artiste qui se plaisait dans l’architecture moderniste, et, avec ce projet, il avait l’opportunité de créer une décoration monumentale – 4,68 m de hauteur et 10,90 m de longueur –, une des premières à La Défense, pour un espace entièrement moderne. Ce mur en lave émaillée est une collaboration avec d’autres mosaïstes, dont Michel Rivière qui a réalisé l’œuvre, et les architectes qui ont piloté l’intervention. « Je suis un peintre solaire, cosmique » (Antinomies, Atila, 1983) Comme en témoigne Le Sculpteur de nuages, la couleur est omniprésente chez Atila, c’est par là qu’il commence : « Je ne suis pas un dessinateur ; le dessin vient automatiquement avec la couleur », soutient-il (cité dans Atila ou la Peinture d’un grand seigneur barbare et cultivé, Pierre Brisset, 17 février 1988, dépliant de la galerie d’art de l’hôtel Astra, Paris). Les couleurs, celles de l’arc-en-ciel, lui permettent d’exprimer une tension entre une extrême violence et une vision plus sereine, plus lyrique, l’artiste associant l’arc-en-ciel avant tout au « symbole de l’alliance céleste » (Antinomies, Atila, 1983). Il met ainsi en évidence les multiples facettes des hommes et renvoie le spectateur à sa propre humanité. Il voit également dans ces couleurs le moyen de créer un univers artificiel, dans lequel s’intègrent parfaitement ses figures mythiques et mythologiques, figures qui sont toujours associées à « la découverte d’espaces nouveaux », comme le souligne Lila Atila-Biro, sa veuve, dans des entretiens avec Jean-Pierre Arnaud le 18 et 23 octobre 2011. De par son nom, par les motifs circulaires qui le composent, on retrouve dans Le Sculpteur de nuages ces thématiques récurrentes de l’aspiration à « l’envol », au « mouvement », à la « transformation », selon les mots de Lila Atila-Biro dans ce même échange avec Jean-Pierre Arnaud.
Né en 1931 à Budapest, Atilla Biró, dit Atila, s'installe en France en 1958 après s'être enfui de son pays à la fin de la Seconde Guerre mondiale puis après avoir obtenu son diplôme d'architecture à l'Université de Stuttgart. Il se consacre alors davantage à la peinture, pour laquelle il a une véritable passion. Reposant sur la lumière et la couleur, son travail privilégie l'intégration des arts plastiques dans un contexte urbain et insiste sur l'apport des couleurs dans l'architecture. Il meurt à Meudon en 1987, à l'âge de cinquante-six ans.
Le Sculpteur de nuages, Atila
Un architecte avec des yeux d’enfant Hongrois d’origine, Attila Biro s’est réfugié en Allemagne, puis a commencé des études d’architecture à Paris, qu’il a terminées à Stuttgart. Du fait de sa formation, il a toujours gardé à l’esprit que la peinture moderne ne pouvait s’exprimer qu’en lien avec l’urbanisme. Il était très attentif aux lieux, à leurs structures et à leurs fonctions. « Il avait l’ambition permanente d’intégrer l’architecture dans ses toiles », dit Lila Atila-Biro. L’art dans l’espace public avait donc une réelle importance pour lui. C’est pourquoi il aurait sûrement été favorable à l’idée de musée à ciel ouvert. Néanmoins, l’artiste selon lui ne doit pas chercher à tout calculer comme un architecte, il doit garder un certain regard d’enfant et trouver quelque chose de ludique dans la peinture. Peindre doit être avant tout considéré comme un jeu. Ce regard d’enfant se traduit notamment par un univers onirique, poétique, qui lui est propre et qui est toujours présent dans ses œuvres. Cette atmosphère, créée notamment par ses couleurs, lui permet de poser en toute simplicité la question de la place de l’Homme dans l’univers. Propos recueillis par Chloé Bardin auprès de M. Jean-Pierre Arnaud, dépositaire du droit moral de l’artiste Atila. Toutes les citations viennent de l’ouvrage Atila, le Soleil des Métamorphoses, Hervé de Charette, Jean-Pierre Arnaud. Maison de l’Europe Angers et Maine-et-Loire, France, avril 2012.
75 Pourquoi avoir accepté de travailler sur l’espace de La Défense ? Quels étaient les enjeux ? Claude Torricini : D’abord, il y a là un public. Il suffit de se promener un jour de beau temps sur l’esplanade pour le rencontrer. Placer une œuvre en ce lieu offre l’opportunité de la faire voir. Tout auteur souhaite trouver des lecteurs, tout comédien des spectateurs, tout sculpteur ou peintre des amateurs. Voilà donc un bel enjeu : comment capter l’attention de l’inconnu promeneur ou employé et le faire entrer dans son monde ? Et il y a un défi. Lorsqu’il a été fait appel à moi, il y a plus de trente ans, le quartier de La Défense avait pour l’essentiel son visage actuel : les tours le dominaient et des sculptures monumentales telles que le Stabile de Calder et les grands personnages de Miró étaient déjà en place. On se sent alors David devant Goliath. Pour toute arme, on n’a pas même une fronde, pas même un caillou mais un petit objet de sa création, tout rond, sans pointe ni « défense ». Et puis il y a une raison qui m’est très personnelle. Je partage ma vie avec Michel Moritz, architecte, qui avait alors mission d’aménager l’esplanade de La Défense. À ce titre, sous l’autorité de l’EPAD — Établissement public d’aménagement du quartier de La Défense –, sa mission le conduisait à faire appel non seulement à des ingénieurs, des jardiniers, des éclairagistes mais aussi à des artistes. C’est donc tout naturellement qu’une collaboration a pu s’établir entre nous. Était-ce un challenge différent des autres ? Est-ce que vous avez dû adapter votre méthode de travail ? La différence essentielle avec d’autres créations personnelles résidait dans les particularités suivantes : - d’une part, il s’agissait d’une commande passée pour un lieu déterminé – une sorte de clairière au milieu des platanes de l’esplanade – avec un programme précis : réaliser une fontaine ; - d’autre part, cette commande offrait l’opportunité de travailler en équipe. Loin d’être une contrainte cette donnée – pouvoir alterner le travail solitaire dans son atelier, irremplaçable, et un travail en commun avec le concepteur du lieu – était source d’épanouissement.
Claude Torricini, née à la Martinique, réside et travaille aujourd’hui à Paris. De son enfance nomade, elle a gardé le goût de l’exploration et le refus des frontières. Son œuvre est fait d’ouverture et de diversité : travaillant la pierre, le bois, le bronze, l'argile, le carton ou les plumes, elle sculpte des formes animales ou humaines, métamorphoses épurées et équilibrées, qui investissent malicieusement notre environnement urbain.
La Grenouille fontaine à boire, Claude Torricini
Claude Torricini La Grenouille fontaine à boire est une sculpture réalisée en bronze d’environ 1,50 mètre de hauteur placée au milieu d’un banc circulaire en granit. Un jet d’eau potable sort (sortait) de la bouche d’une petite grenouille placée dans la bouche ouverte d’une grande grenouille. Ici, au milieu des immeubles de bureaux réalisés avec de riches matériaux – verre, acier, granits polis –, il a paru intéressant de prolonger par une présence de nature celle amorcée par les plantations d’arbre et de fleurs en faisant surgir de l’eau. Pourquoi une fontaine à boire ? Dans le quartier d’affaires où tout fait l’objet de commerce il était heureux de pouvoir donner. Don bien modeste : de l’eau potable mais don quand même. Pourquoi une grenouille ? Pourquoi un petit animal ? Souvenezvous du tableau de Mantegna La prière au jardin des oliviers (celui de la National Gallery, à Londres). Qu’y voit-on ? Dans l’angle droit du tableau un chemin tortueux monte vers une ville splendide, Jérusalem céleste. Sur le chemin quelques brins d’herbe et quelques petits lapins. C’est là presque une métaphore de La Défense : à côté de l’esplanade créée sur l’« axe triomphal », sur la perspective ouverte sur Paris, « capitale », « ville lumière », il existe un lieu un peu écarté où un petit animal, une grenouille, peut trouver sa place. Et puis la relation entre l’eau et cet animal aquatique est évidente. De plus cet animal familier est sympathique. De là à concevoir une grenouille qui « voulait devenir aussi grosse qu’un bœuf », il n’y avait qu’un pas. C’était en quelque sorte mon cheval de Troie. Une manière d’entrer par ruse dans la forteresse Défense, mais sans guerriers cachés dans son ventre. Une grosse grenouille, cela fait un beau volume, bien plein, amusant à modeler et à mettre en lumière. Une grosse grenouille que l’on peut toucher, qu’il est même recommandé de toucher – on n’est pas ici dans un musée (bien que l’on parle de musée en plein air). (Hélas ! L’eau a cessé de couler, peut-être pour des raisons autant économiques que sanitaires, dénaturant le propos de l’œuvre originale.) Propos recueillis par Amanda Mofy.
Louis Leygue L’art monumental de Louis Leygue Élève de sculpteurs tels que Robert Wlérick, Jules Coutan ou Paul Landowski, Louis Leygue travailla et sculpta les matériaux les plus divers, le plus surprenant étant l’emploi qu’il fit du cuivre, matière moins onéreuse que le bronze mais tout aussi pérenne et nécessitant beaucoup moins d’intervenants. Pour la réalisation de la fontaine Les Corolles du jour, il découpa, forgeât et martelât lui-même d’immenses plaques de cuivre rouge qui, lors de leur mise en place, furent adaptées, soudées et rivetées sur une armature dont l’ensemble atteint des dimensions gigantesques pour un tel matériau : 4,40 m × 8,63 m × 5,06 m. Créée en 1971 suite à une commande de l’EPAD, cette sculpture fait partie des premières œuvres installées à La Défense. C’est également le premier ouvrage en cuivre rouge à avoir été réalisé à une si grande échelle en France.
Un précurseur : adapter l’œuvre à son milieu Louis Leygue fut le premier à intégrer la sculpture à l’architecture et à adapter l’œuvre à l’espace dans lequel elle s’inscrit. Avant lui, on se contentait de choisir une œuvre conçue dans l’atelier d’un artiste et on l’installait sans prendre en compte son environnement. Ce ne fut pas le cas pour cette fontaine. Louis Leygue choisit le cuivre rouge pour sa couleur, que le temps enlumine et dont l’éclat contraste avec les constructions alentour, et pour son potentiel modelable. Par ses asymétries et ses niveaux successifs aux facettes multiples, il souhaitait assouplir l’architecture qui l’enserre. Le regard, tout en s’élevant, embrasse et découvre cette fontaine aux courbes et ruissellements apaisants qui s’intègre parfaitement à l’architecture environnante. Contraire et cependant harmonieuse union, Les Corolles du jour devient un objet précieux, niché entre les tours verticales et anguleuses de La Défense. Pour décrire son œuvre, Louis Leygue employait les mots suivants : « Trois larges plateaux incurvés communicant par des raccordements sinueux offrent une déclivité d’ensemble propice au ruissellement continuel qui anime la base des tours Aquitaine et Europe. » La toreutique La fontaine Les Corolles du jour est l’aboutissement magistral et titanesque des recherches et découvertes de Louis Leygue sur l’utilisation et le renouveau de l’art, oublié mais prestigieux, de la toreutique appliquée à l’art monumental moderne. Nul autre sculpteur, faute sans doute d’être également forgeron, ne le réalisa dans de telles dimensions avant lui. Dans un numéro de la revue Plaisir de France paru en 1954, René Barotte écrit que « la toreutique, art de ciseler, déjà connue des anciens, peut apporter une véritable révolution dans la technique contemporaine. Leygue n’a plus besoin d’un fondeur ou d’un praticien, il fait tout le travail lui-même. Il a inventé une sculpture qui n’est plus ni modelée dans la glaise, ni taillée dans le marbre, mais construite dans l’espace. » Propos recueillis par Chloé Bardin auprès de France Cruège de Forceville, expert spécialisé des œuvres de Louis Leygue. www. louis-leygue.fr.
S'intéressant très tôt à l'art roman puis à l'art baroque, Louis Leygue, né en 1905 et mort en 1992, apprend la technique des sculptures de grande dimension à l'École nationale des beaux-arts de Paris sous la direction de François Léon Sicard. En relation étroite avec son époque, il cherche à concilier modernité et tradition en travaillant notamment sur l'intégration de la sculpture dans l'architecture. Il s'intéresse par ailleurs au mouvement et développe une réflexion sur le plein et le vide en art.
Les Corolles du jour, Louis Leygue
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Sylvie Sandjian d’autres œuvres du même architecte : Paul Chemetov. Mes interventions sur l’architecture se conçoivent dans un dialogue avec les acteurs du projet global : maître d’ouvrage et surtout maître d’œuvre. C’est avec eux que je définis la mesure et la place à donner aux ornements que je réalise dans leurs projets.
Que représente pour vous La Défense ? Sylvie Sandjian : La Défense est le quartier moderne de Paris. Peu familière de ce quartier, j’ai découvert ses qualités (espace, monumentalité, lumière, calme piétonnier…) à l’occasion de la commande que j’avais eu la chance d’obtenir en 1995. Pourquoi avoir accepté de travailler sur cet espace ? Quels étaient les enjeux ? À La Défense, La Jetée est implantée sur un site magnifique, lié à la Grande Arche, marqué par l’histoire puisqu’il prolonge l’axe historique qui s’accroche au Louvre et s’ouvre sur l’infini. C’est un site à forte dimension géographique, dans les proches (les différentes collines sur lesquelles on a vue) et les lointains (l’embouchure de la Seine si l’on prolonge sur une carte l’axe est-ouest), et fortement marqué par la présence des deux cimetières que La Jetée surplombe. Mon objectif est de réaliser un ensemble cohérent et porteur d’imaginaire qui se situe à une place exacte dans le projet qui l’intègre. Une œuvre dans l’œuvre. Un détail, durable, de l’ensemble, qui renvoie au Tout. C’est ce que j’ai fait aussi à La Défense, à l’occasion de cette réalisation. Il s’agit d’inscriptions à caractère poétique. Leur rôle est de situer les bâtisses qui les portent et dont elles constituent la modénature, dans leur contexte, territorial ou symbolique. Leur fonction est emblématique. Était-ce un challenge différent des autres ? Cela a été un challenge notamment par le très bref délai dont j’ai disposé : une seule année pour la création et l’exécution de ce travail, et j’ai dû commencer à produire les bronzes alors que la composition de l’ensemble n’était pas achevée. Cela a été rendu possible par le fait que l’œuvre est fragmentée. Extrêmement motivée par cette création, j’ai été soutenue dans ce travail (qui m’a laissée épuisée) par l’énergie donnée par la dimension de l’enjeu, et la disponibilité dont ont fait preuve tant la maîtrise d’œuvre que la maîtrise d’ouvrage (à l’époque l’EPAD). Disponibilité également de mes collaborateurs. Cette conjonction quasi miraculeuse ne serait plus possible aujourd’hui.
Que pensez-vous de ce musée à ciel ouvert à La Défense ? Je pense beaucoup de bien de l’idée de musée à ciel ouvert : l’un des rôles de la sculpture me semble être l’embellissement des villes, créer des repères matériels ou symboliques pour le citadin, caractériser l’architecture ou l’espace qui la porte. Pour ce qui concerne précisément les incrustations de M, en tant qu’elles ponctuent régulièrement les 400 mètres de la main courante de La Jetée, elles créent un rythme à la promenade, accompagnant le pas et la rêverie du promeneur. J’ai d’ailleurs eu le plaisir de recevoir des petits mots d’usagers inconnus appréciant cette compagnie poétique dans leurs déambulations sur La Jetée. On trouve sur la Toile quelques sites de photographes qui font preuve d’appréciation. Que représente pour vous l’art dans l’espace public ? Je dois dire qu’il est difficile, et même douloureux, de devoir accepter la destruction par les vandales, et l’indifférence de la maîtrise d’ouvrage actuelle. Une autre de mes réalisations dans l’espace public (une table d’orientation sur le belvédère d’un parc à Champigny) avait également été, par le passé, partiellement abîmée, et je ne vous cache pas que cette répétition remet en question mon exercice dans l’espace public. Propos recueillis par Amanda Mofy.
Née en 1953 à Villefranche-sur-Saône, Sylvie Sandjian est diplômée d'architecture. Elle exerce en tant que plasticienne depuis 1985 tout en gardant un lien étroit avec l'architecture : travaillant la sculpture, l'écriture, le collage et la peinture, elle intervient souvent directement sur les bâtisses, à travers la création d'ornements intégrés notamment. Elle a ainsi travaillé avec les architectes Borja Huidobro et Paul Chemetov, et l'on retrouve ses œuvres dans plusieurs lieux importants comme le ministère des Finances ou le Muséum national d'histoire naturelle à Paris.
Est-ce que vous avez dû adapter votre méthode de travail ? Ma démarche est de créer des ornements pour l’architecture, intégrés à celle-ci, inspirés de l’esprit des lieux. Elle n’a donc pas été différente d’autres créations que j’ai pu réaliser pour La Jetée, Sylvie Sandjian
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Niels Diffrient remplace un mĂŠcanisme complexe avec la loi de la physique.
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Raymond Moretti commence très jeune la peinture : à seize ans, le Niçois né en 1931 de parents italiens réalise sa première œuvre, exposée au musée de l'Université de Jérusalem. Au cours de son parcours artistique, il nouera des amitiés complices avec Jean Cocteau et Pablo Picasso. Illustrateur de la Une du Magazine littéraire pendant plus de vingt ans, il est passionné par le jazz et vit dans le quartier de La Défense. Il disparaît le 3 juin 2005.
Raymond Moretti La Défense comme refuge En 1971, la sculpture de Raymond Moretti Le Monstre est expulsée des Halles et trouve refuge dans les sous-sols de La Défense, où l’artiste établit son atelier. Il devient dès lors un artiste incontournable du quartier, tout d’abord parce qu’il est le premier à y être présent, même si son ouvrage n’est pas visible. Il s’attache à ce lieu, se liant d’amitié avec Jean Millier, le président du conseil d’administration de l’EPAD. L’artiste œuvre beaucoup pour mettre ce site en valeur, il fait notamment des affiches pour promouvoir cet espace et crée plusieurs œuvres d’art, dont le Pendule pour les Quatre Temps, inauguré par Raymond Barre. Il est à ce point incontournable à La Défense qu’à sa mort un centre culturel est créé et nommé Raymond-Moretti. Mais il est débaptisé deux ans plus tard, au grand étonnement de sa famille, qui a ressenti un sentiment d’injustice. La Cheminée, une représentation partielle de Raymond Moretti ? La Cheminée en elle-même est très représentative de l’œuvre de Raymond Moretti : dès la campagne d’affichage pour Air France, on retrouve les lignes de différentes couleurs, en hommage au Concorde, au fuselage des avions. Les couleurs avaient une réelle signification pour l’artiste. La Cheminée étant un moyen de transformer le chaud en froid, d’évacuer et d’aérer, Raymond Moretti a mêlé les couleurs chaudes et froides pour rester dans la thématique du conduit d’aération. C’était un challenge technique car l’œuvre était monumentale et donc très coûteuse. Il a largement dépassé le budget qu’il avait et par conséquent a offert son œuvre à La Défense, révélant ainsi sa générosité.
La difficulté venait également du matériau choisi : la fibre de verre. Pour son Monstre, Raymond Moretti s’était intéressé à de très nombreux matériaux, il s’était renseigné sur les nouveaux, avait essayé les anciens. Étant curieux, il a beaucoup cherché, s’est beaucoup documenté et a découvert la fibre de verre, qui a la particularité d’être résistante au temps. Le travail était d’envergure car cette fibre de verre devait être découpée au laser avec beaucoup de précision. Cette Cheminée révèle donc à la fois certaines caractéristiques de l’artiste, attaché aux lignes et aux jeux de couleurs, mais aussi quelques-unes de l’homme, curieux et généreux, si tant est qu’on puisse dissocier l’homme de l’artiste. Raymond Moretti, un artiste de rue Il était le premier à dire que l’art devait être dans la rue. Il a également été le premier à être autorisé à « peindre sur les murs », selon l’expression du peintre de rue Jérôme Mesnager. En effet, en septembre 1979, Raymond Moretti réalise sa fresque de 46 mètres de longueur et 4,5 mètres de hauteur, fresque commandée par la ville de Paris pour embellir Les Halles. Jérôme Mesnager avoue aujourd’hui avoir été fasciné par l’artiste, au point d’avoir percé le mur en bois de l’atelier du peintre pour regarder l’état d’avancement de sa fresque ! De plus, Raymond Moretti a réalisé de très nombreuses affiches, qui avaient pour but d’être placardées. C’était donc un véritable artiste de rue. Propos recueillis par Chloé Bardin auprès de Sophie Litras. Fille de cœur de Raymond Moretti, elle a travaillé avec lui et a fondé l’association des Amis de Raymond Moretti. Elle en est aujourd’hui la secrétaire générale.
Kiko Lopez Un cristal qui reflète la société Quand on m’a proposé de créer pour La Défense, et plus particulièrement pour les Quatre Temps, j’ai compris que je pouvais réaliser un projet très intéressant. C’était un véritable challenge parce que la structure est très imposante, très lourde et il fallait trouver les moyens de l’installer en hauteur en toute sécurité. J’ai donc dû m’adapter à l’espace dans lequel je créais, mais je considère que c’est mon métier, c’est une nécessité que je rencontre à chaque projet. On ne peut pas créer pour l’espace public si on ne prend pas en compte les singularités de chaque lieu, singularités qui exigent qu’on s’adapte. J’ai beaucoup aimé travailler ces 30 000 pampilles et cette centaine de fruits soufflés en cristal, symboles de l’abondance de notre société, mais également de sa diversité, de toutes les différences qui la composent. La mosaïque de notre monde se retrouve dans ce mélange de couleurs et dans ces variations de dimensions. Une œuvre qui reste associée à un bon souvenir La « pluie » de cristal a été installée alors que le centre commercial était encore en travaux et tout le monde travaillait jusque très tard – 4 heures du matin – pour livrer le centre en temps voulu. Une fois que l’œuvre a été posée, je commençais à m’éloigner quand j’ai constaté que beaucoup d’ouvriers qui étaient présents prenaient des photos de ce que j’avais fait. J’ai beaucoup apprécié ce moment d’émulation, ce lien que créait immédiatement mon installation entre les gens qui la regardaient.
Né à San Juan sur l'île de Porto Rico en 1962, Kiko Lopez a grandi et étudié aux États-Unis à la prestigieuse école RISD (Rhode Island School of Design). Il y apprend l'architecture et le design industriel et y crée ses premières pièces en verre soufflé main. Sensible aux jeux de lumière, inspiré par les puissants contrastes lumineux de son pays natal, il s'illustre comme créateur de verre et est aujourd'hui spécialisé dans la conception, la fabrication et la mise en place d'installations monumentales associant verre, cristal et lumière. Il vit et travaille actuellement en France.
Art for the biggest range : L’art pour une majorité de personnes Quand j’ai commencé mes études, je pensais que l’art était réservé à l’élite, mais ma mère m’a soutenu le contraire. Aujourd’hui, il est important pour moi de créer dans un espace public parce que c’est le moyen de toucher « the biggest range », « le plus grand éventail de personnes ». Mon œuvre a un sens profond et je suis heureux lorsque le spectateur le comprend, mais, pour moi, c’est déjà beaucoup lorsque celui qui regarde trouve cela beau, quand il éprouve simplement un plaisir esthétique, sans chercher nécessairement à comprendre la signification de l’œuvre. Propos recueillis par Chloé Bardin auprès de Kiko Lopez.
Ropion et Mathieu-Bachelot
Une œuvre d’art à l’histoire rocambolesque Quand il a été créé, le vitrail Traits d’union était en un seul tenant, placé dans la grande salle d’échange de La Défense. Avant que la Grande Arche ne soit construite, la zone actuelle avec les escalators qui y conduisent était fermée par une verrière recouverte de plastique. Le projet de la Grande Arche n’existant pas, la RATP a décidé de créer une belle ouverture pour embellir la salle d’échange, lui redonner un peu de vie. Il fallait un projet qui puisse laisser passer la lumière et en même temps qui soit suffisamment solide pour supporter la proximité des voitures qui se garaient derrière. On a alors eu l’idée du vitrail renforcé par du béton. Le projet a été confié au graveur Hervé MathieuBachelot, qui me connaissait un petit peu, et il s’est adressé à moi. De fait, nous avons tous les deux été convoqués par la RATP, qui demandait un projet technique et artistique. Hervé Mathieu-Bachelot m’a laissé le projet, à condition que je m’inspire de ses gravures pour dessiner le vitrail, tout en y important ma propre personnalité. J’ai présenté trois esquisses et le protocole de réalisation à la RATP, qui a validé. L’œuvre a été finie, installée, inaugurée. Mais le projet de la Grande Arche est apparu, et la RATP a voulu récupérer l’espace où était le Mur lumineux pour y mettre les escalators que nous connaissons aujourd’hui. L’œuvre a donc été enlevée et entreposée dans un des espaces de la RATP. Très peu de temps après, pendant les finitions de la gare RER, les architectes ont cherché un moyen d’embellir cette arrivée à La Défense-Grande Arche. Et ils ont pensé à notre œuvre. Il y avait néanmoins un problème : elle était trop grande. Il fallait donc la diviser en deux. Nous avons réfléchi et nous avons fini par accepter, parce que, même si nous pensions que c’était un peu absurde de trancher l’œuvre en deux, elle continuerait à vivre malgré tout, et qu’il valait mieux la couper en deux que l’enfermer dans des cartons. Avant de le réinstaller, en 1995, j’ai dû restaurer le Mur lumineux, abîmé par les voitures, par les travaux de la Grande Arche, par les déplacements qu’il a subi… Donc, aujourd’hui, cette œuvre se trouve en deux parties, de chaque côté du quai du RER. Je regrette seulement qu’elle ait perdu l’éclairage naturel qu’elle avait avant d’être déplacée, car les mouvements du soleil animaient davantage l’œuvre que l’éclairage au néon.
Né à Paris en 1945, Hervé MathieuBachelot est reconnu comme coloriste, sculpteur et graveur émérite. Conseiller artistique à la RATP, il réalise en parallèle de nombreuses œuvres pour des espaces urbains de la ville de Paris et en banlieue. Il est ici associé à André Ropion, artisan et expert en restauration et création de vitraux et mosaïques. Il a notamment réalisé un ensemble de vitraux pour la basilique de Paray-le-Monial en 1984.
Traits d'union, Ropion et MathieuBachelot
Le calme et la tempête L’œuvre se trouvait dans la salle d’échange, lieu où il y avait une agitation constante. C’est pourquoi une partie du vitrail est désorganisée, agitée. En même temps, ce vitrail dégage un grand calme, rendu par ces bandes noires parallèles. Le but est de montrer que, malgré une agitation extérieure, il est possible de trouver un calme intérieur, un apaisement. Le choix des couleurs était lié à l’exposition sud de l’œuvre. J’avais proposé deux camaïeux : un dans les tons froids et un dans les tons chauds. Les couleurs chaudes ont été rejetées, car l’on craignait que cela soit trop « brûlant », trop lumineux et donc peu agréable à regarder quand le soleil viendrait l’éclairer. Nous avons donc préféré les tons froids que nous voyons aujourd’hui, qui participent peut-être aussi de cette impression de calme. L’art dans les lieux publics, ou le souci du spectateur Mon métier veut que je sois favorable à l’art dans les lieux publics. Depuis le XIe siècle, le vitrail est public. Il sert à transformer la lumière pour créer une ambiance plus spirituelle dans les églises, mais il sert aussi à raconter des histoires. Il servait à enseigner l’histoire de la Bible, des saints et des martyrs aux gens du peuple qui, pour la plupart, ne savaient ni lire ni écrire. La dimension didactique est ancrée dans l’histoire et la nature du vitrail, qui n’existe que pour les lieux publics. C’est pourquoi il était important de m’adapter au lieu dans lequel je créais, car il fallait penser le rapport de ce grand panneau de 70 m2 avec la grande salle d’échange. Il a fallu penser aux gens qui arrivaient de l’autre bout de cette salle et qui devaient voir et comprendre l’œuvre de là où ils étaient. De ce fait, les figures devaient être simples et suffisamment compréhensibles pour être vues par tous. L’enjeu était de garder cette dimension didactique du vitrail alors que je créais à une échelle beaucoup plus grande. Propos recueillis par Chloé Bardin auprès d’André Ropion.
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Béatrice Casadesus
Déplacements d’emplacements ou une œuvre menacée L’œuvre Les Points de mire du cinéma a été inaugurée en 1981 sur la façade du centre commercial des Quatre Temps. Elle avait été commandée, comme d’autres œuvres, par la société qui gérait l’espace de ce centre. Elle couvrait les cinémas qui se trouvaient derrière et habillait le mur d’un grand couloir, d’un grand déambulateur. Mon travail était donc visible depuis l’esplanade, mais également depuis l’intérieur. C’était très stimulant d’investir un lieu contemporain en pleine transformation. Il y a cinq ou six ans, le centre commercial a été entièrement reconfiguré, les cinémas déplacés, et mon œuvre a dû changer de place. J’ai voulu rester dans le même espace que celui où était initialement mon travail, et, aujourd’hui, il se trouve au coin de la façade des Quatre Temps. Il a fallu le restaurer car il avait été abîmé dans son ancien emplacement, étant accessible à tous. Aujourd’hui, des designers voudraient peut-être réinvestir la façade avec des points lumineux, empiétant sur l’œuvre et menaçant de la rendre presque invisible. Car je n’ai pas voulu faire quelque chose de trop voyant, de provocateur. Mon objectif était que l’œuvre soit visible tout en étant discrète. C’est pourquoi j’ai choisi de travailler avec un bas-relief blanc sur du béton blanc, afin de faire jouer l’ombre et la lumière pour donner un aspect presque fantomatique, comme une apparition qui s’évanouit aussitôt. Mais l’environner de lumière artificielle aurait pour conséquence que l’on verrait à peine l’œuvre.
Un hommage à l’image Étant donné que je créais sur des murs de cinémas, je voulais que mon œuvre rappelle le 7e art. Le plus évident est de rappeler que ma réalisation représente des figures emblématiques du grand écran. À cette époque, j’étais alors une toute jeune artiste, je travaillais à partir d’images tramées, ici des photos d’acteurs, que je reproduisais avec des points et des trames. J’ai trouvé que cette façon de faire correspondait parfaitement au cinéma. En effet, lorsque le spectateur regarde un film, il n’est pas question d’être collé à l’écran. Le film se décompose alors en pixels et il est impossible de savoir ce qu’ils représentent. Le cinéma a besoin d’espace. De la même manière, pour mon œuvre, lorsque l’on est au plus près de l’image, on ne peut voir que la trame, les points qui la composent. Ce n’est qu’en prenant du recul et de la distance que les figures se dessinent, que le tableau prend forme. J’ai toujours été fascinée par la relation de l’œuvre à l’espace et plus particulièrement la relation de l’œil à l’œuvre dans l’espace. Je joue sur le fait que l’œil ne peut pas tout appréhender, et qu’il y a toujours quelque chose qui lui échappe, du fait de l’espace. Prenons l’exemple des jardins de Kyoto et du temple Daitoku-ji. Même si le site n’est pas très grand, l’œil ne peut pas tout voir, ne peut pas appréhender toutes les pierres présentes. L’espace est pour moi un élément essentiel à prendre en compte. Grâce aux carreaux, aux dalles de béton qui composent mon ouvrage, j’ai pu remonter plus loin dans le temps, revenir à la base du cinéma : l’image. Par ce carrelage, je rappelle la mise au carreau, cette méthode d’agrandissement des œuvres qui était utilisée jusqu’au début du XXe siècle. Les œuvres étaient ainsi quadrillées afin de faciliter leur agrandissement. C’était un moyen pour moi de rappeler le temps qui a passé. Un challenge technique C’était une commande importante. Elle représentait entre 500 m2 et 600 m2. Il m’a fallu trouver une méthode qui permette de couvrir une grande surface et d’assembler à La Défense. J’ai dû travailler avec des dalles numérotées pour que l’œuvre soit transportable et qu’elle puisse être montée sur place. J’ai fabriqué des moules en polystyrène détourés à la main et à la flamme. Ces moules étaient inversés : pour créer un vide, un creux, le moule devait être en relief. Propos recueillis par Chloé Bardin aupès de Béatrice Casadesus.
Issue d'une famille de musiciens et d'acteurs, Béatrice Casadesus est née à Paris en 1942. Après avoir étudié la peinture puis la sculpture aux Beaux-Arts de Paris, elle voyage en Malaisie, Birmanie, Thaïlande, Indonésie, au Japon ou encore en Chine ; elle revendique d'ailleurs l'influence de l'art extrême-oriental et l'idée que tout n'est pas donné à voir d'emblée. Béatrice Casadesus crée une oeuvre contemporaine tout en subtilité, où se mêlent les forces attractives de l’architecture, de la peinture, de la gravure et de la photographie.
LA DÉFENSE ET LE GRAND PARIS Dans le contexte de reconfiguration de Paris et de sa banlieue, La Défense doit elle aussi muter. Chaque numéro de Centralités analysera l’un des points d’ancrage du quartier d’affaires dans le Grand Paris.
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PARIS METROPOLE
Paris Métropole ? Un syndicat d’étude qui milite pour la métropolisation de Paris et de sa banlieue depuis maintenant une dizaine d’années. Un engagement que Centralités souhaite présenter à travers les entretiens menés auprès des figures majeures de l’institution : Pierre Mansat, adjoint au Maire de Paris, chargé de Paris Métropole et des relations avec les collectivités territoriales d’Îlede-France et Marie Deketelaere-Hanna, directrice de Paris Métropole.
« La DEfense est un quartier absolument essentiel au dEveloppement Economique mEtropolitain »: Entretien avec Pierre Mansat
adjoint au Maire de Paris, chargé de Paris Métropole et des relations avec les collectivités territoriales d’Île-de-France Propos recueillis par Solveig Placier et Marc Sautereau
Quelle est la genèse du projet de métropolisation de Paris ? Pierre Mansat : Tout démarre lorsque Bertrand Delanoë est élu maire de Paris en 2001. On est alors face à un constat : les relations entre Paris et les collectivités territoriales d’Île-de-France ne sont pas satisfaisantes, et parfois même assez tendues. Paris et « sa » banlieue s’ignorent, se tournent le dos, traduisant une certaine forme d’indifférence, voire de mépris réciproque. À travers la mise en œuvre d’un projet politique novateur visant à déminer les relations conflictuelles entre ce qui était alors clairement identifié à l’époque comme un centre et sa périphérie, le maire de Paris tente de renouer les échanges avec ses voisins et d’atténuer cette coupure fortement ancrée dans les esprits. Ce n’est qu’à travers des actes de coopération concrets que la métropole du Grand Paris commencera à émerger, rompant ainsi avec des décennies de relations bilatérales ambiguës. Est alors mis en évidence le fait métropolitain, traduisant l’idée selon laquelle on ne se situe plus dans une relation unilatérale de Paris vers sa banlieue, mais dans des relations d’échange et de partage bilatéraux. En 2005-2006 est impulsée une réelle dynamique, à travers la mise en place d’une conférence métropolitaine, lieu informel de débats et d’échanges entre élus franciliens de « bonne volonté ». La libre participation des collectivités définit d’elle-même un périmètre, et sont abordés les problèmes de la métropole : logement, développement économique, transports… En 2007, l’enjeu métropolitain devient national, à travers l’accaparement du sujet par le nouveau gouvernement en place. En affirmant que « le Grand Paris doit être la tête de pont de la France dans la compétition mondiale » entre les grandes métropoles que sont Tokyo ou New York, Nicolas Sarkozy souhaite rompre avec plusieurs décennies de désengagement du gouvernement envers la capitale. Une visibilité internationale est donnée à travers le lancement
par le gouvernement, avec le soutien de la Ville de Paris, de la consultation internationale sur « le Grand Pari(s) de l’agglomération parisienne », donnant lieu à un travail conjoint d’une dizaine d’équipes d’architectes. La prise de conscience et le sentiment d’appartenance à la métropole du Grand Paris s’ancrent davantage dans les esprits, avec l’émergence du projet du Grand Paris Express. Sur ce fonds politique, nous proposons de faire évoluer la conférence métropolitaine en lui donnant une forme politique et institutionnelle. En 2009 est ainsi créé le syndicat mixte Paris Métropole, scène centrale de coordination des politiques publiques visant à consolider la culture métropolitaine et à faire émerger toujours davantage de projets partagés. Paris Métropole, qui compte aujourd’hui plus de 200 collectivités adhérentes, s’élargit aux centralités aéroportuaires, au site de La Défense et aux villes nouvelles.
Nous avons mis en évidence quelque chose d’extrêmement central : la dimension métropolitaine de Paris.
87 Vous utilisez les termes « non appropriée » pour caractériser la mise en évidence du fait métropolitain. Non appropriée à la nomenclature des collectivités ? Exactement, les collectivités sont des catégories devenues inadaptées. Dans les années 30 ou 40, elles fonctionnaient. Toutefois, les années 60 voient apparaître le fait métropolitain. Ce n’est pas pour rien que l’on développe alors un quartier en dehors de Paris, La Défense. La métropole doit dépasser le rapport ville-centre – dominante – et périphérie. Notre métropole est profondément multipolaire. Il fallait comprendre comment tout cela fonctionnait, quels liens nouaient ces pôles, comment ceux-ci se nourrissaient. Avec La Défense, nous sommes au cœur du sujet.
PIERRE MANSAT
Pierre Mansat est adjoint au maire PCF de Paris depuis 2001. Il est en charge de Paris Métropole et des relations avec les collectivités d’Île de France. Il est élu au conseil de Paris depuis 1995 et fut l'un des artisans de la conquête du 20e arrondissement par la gauche la même année. Il fonde en 1999 le réseau Paris Métropole ouverte qui développe les relations entre Paris et les communes limitrophes. Il est élu le 7 mars 2011 à la tête de l’Atelier international du Grand Paris (AIGP), un groupement d’intérêt public, qui porte la réflexion sur l’avenir de la région capitale grâce aux travaux de 10 équipes issues des meilleurs cabinets d’architecture et d’urbanisme au monde. www.ateliergrandparis.fr www.pierremansat.com
Le temps des collectivités est long. Il n’y a qu’à voir le temps qu’ont pris les communautés urbaines à se constituer. Certaines d’entre elles arrivent désormais, après cinquante années d’existence, à fonctionner dans des conditions satisfaisantes. On a pu nous dire que notre action était lente, mais il ne faut pas oublier que nous avons mis en évidence quelque chose d’extrêmement central : la dimension métropolitaine de Paris, sa place dans l’économie mondiale, la nature des échanges, aussi bien intra-métropolitains qu’européens ou mondiaux. Cette mise en évidence a réussi son pari : subvertir les positions habituelles quant au rapport Paris-banlieue. Tout ce processus a remodelé de façon extrêmement profonde la vision de cet ensemble qu’est la métropole du Grand Paris.
Que dire de la gouvernance à La Défense ? Les relations qui se sont forgées au sein de l’ensemble des collectivités, les rapports que ces dernières entretiennent avec la sphère privée étaient pour une part obsolètes et ne rendaient plus compte de la réalité de la métropole, de son dynamisme. Notamment parce que les frontières de cette métropole ignorent les limites politico-administratives. Il fallait aborder cette question-là et on l’a fait par le biais de la gouvernance. Interrogeons les pratiques qui ne fonctionnent pas dans les relations entre les conseils régionaux et les communes, entre les communes et les départements, entre les intercommunalités et la région, etc. On aurait pu initier le débat autrement et formuler la question suivante : « Abordons la question du gouvernement démocratique de la métropole », ce qui est en train de se passer d’ailleurs. Le projet de loi actuellement en discussion au Sénat institue un gouvernement métropolitain par la création de la métropole et par la création du Conseil métropolitain. Voyez-vous une simplification dans les institutions gouvernant La Défense ? L’État détient une part essentielle des administrateurs de l’Epadesa, et un élu doit présider le conseil d’administration. À l’occasion de la fusion de l’Epad et de l’Epasa, Paris a failli disparaître du CA. La ville a dû insister pour y rester. Le CA de l’Epadesa ne peut plus rester le terrain réservé des collectivités locales concernées, il faut que la gouvernance soit métropolisée. La période qui s’ouvre à nous va sans doute favoriser une meilleure représentation du conseil régional, par ailleurs déjà représenté au sein du conseil d’administration. La métropole du Grand Paris devra également y être représentée. Cela modifiera de façon assez démocratique la gouvernance du site de La Défense. Quelle place pour La Défense dans cette nouvelle configuration ? Que peut-elle apporter à la métropole ? La Défense est un quartier absolument essentiel au développement économique métropolitain. Cela nous ramène à la nécessité de la penser et de l’analyser dans son rapport avec les autres centres économiques de la métropole qui ne doivent pas fonctionner de manière concurrentielle mais complémentaire. Pour moi, La Défense n’existe que dans son rapport à Paris. D’ailleurs, dans le quartier central des affaires
parisien, il reste encore beaucoup d’activités financières, de cabinets d’affaires et d’avocats : il y a donc un lien organique évident entre La Défense et le cœur des affaires de Paris. La Défense se développe de façon métropolitaine. Elle a fait surgir des activités relevant de la finance à Cergy, à Poissy, à Rueil-Malmaison, voire des back-offices à Pantin ou à Fontenay-sous-Bois. La Défense est un élément central et participe pleinement à l’irrigation de l’économie métropolitaine. Le quartier ne se referme pas sur lui-même. C’est pourquoi, du point de vue de sa gouvernance, il ne peut pas rester réduit au périmètre des communes qui l’accueillent. Je suis personnellement favorable à un renforcement de l’intervention de la région Île-de-France à La Défense. Il faudra aussi s’interroger sur l’intervention de la future métropole du Grand Paris dans la gouvernance du site, à côté des communes déjà représentées au sein du conseil d’administration. Que dire des projets relatifs au transport à La Défense ? Le système a pour principal objectif de désaturer les transports qui desservent La Défense : la ligne 1 du métro et la ligne A du RER. Il y a un réel problème d’urgence à résoudre : répondre aux besoins des usagers qui sont en difficulté pour accéder à La Défense. Il faudra, au-delà, interroger son développement continu : est-il pertinent
de continuer à développer La Défense ? Il faut ouvrir un débat qui ne soit pas que local, qui s’ouvre aux autres quartiers. Si l’on est d’accord avec le fait que La Défense est un quartier irriguant et produisant du développement bien au-delà de ses limites territoriales, il faut ouvrir un débat à l’échelle métropolitaine sur son évolution. Continue-t-on de le développer ? Si oui, dans quelles conditions ? Quels rapports entre l’habitat et les bureaux ? Quelles conditions de transport ? Le projet de TGV, le lien direct La Défense-Roissy implique des investissements très lourds. Interrogeons la pertinence d’investissements aussi importants au service de ce développement-là. Avez-vous une vision concernant le logement à La Défense ? La Défense ne peut pas continuer à se développer en ne misant que sur son caractère unique de quartier d’affaires. Il faut penser son lien avec le reste du territoire, qui est fait d’habitats et de bureaux, mais qui ne prennent pas la même forme que les tours à proximité. Il faut retisser le lien de La Défense avec Puteaux et Courbevoie, et penser celui d’avec Nanterre. Les terrasses produisent une forme urbaine différente. Les bureaux ne prennent pas la forme de tours mais de bâtiments de moins grande hauteur, mixés avec de l’habitat. L’avenir de La Défense passe par cette question : quel rapport entre l’habité et le tertiaire ?
45 INTERCOMMUNALITÉS ADHÉRENTES AU 31 MARS 2013
Intercommunalité adhérente Unité urbaine de l’INSEE
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25
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100 km
Réalisation : Ville Ouverte
(périmètre potentiel de Paris Métropole)
11-14 MARS ANS
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PARIS MÉTROPOLE Syndicat mixte d’études, Paris Métropole inscrit son action autour de quatre axes prioritaires : développement et solidarité, déplacements, logement et projets métropolitains. Ces travaux, à dimension stratégique ou plus opérationnelle, rassemblent ses collectivités membres et associent le plus largement possible les acteurs du territoire. UNE MISE EN RÉSEAU DES PRATIQUES Afin de trouver des réponses concrètes aux défis métropolitains, chacun de ces axes est développé dans une commission thématique associant élus et experts. Plus limités dans le temps, les groupes de travail se saisissent de sujets d’actualité spécifiques à certains secteurs du territoire. UN SYNDICAT MIXTE D’ÉTUDES OUVERT Syndicat mixte, Paris Métropole réunit les collectivités de l’agglomération parisienne : les communes et leurs groupements, les départements et la région. Syndicat ouvert, il associe à ses travaux un Comité des partenaires économiques et sociaux institué en juillet 2010.
Est-ce que le modèle du CBD est obsolète ? Je pense que ce modèle est obsolète en raison de l’irrigation économique d’un quartier et de son lien aux autres polarités et centralités. Le caractère unique du développement d’un quartier doit être interrogé en regard des enjeux du développement durable et de la nature des activités qui vont y être menées.
PARIS MÉTROPOLE ET LE GRAND PARIS La conscience du fait métropolitain grandit progressivement. Plusieurs démarches de nature différente ont été mises en place pour répondre à ces enjeux spécifiques. Dès sa création, Paris Métropole a montré son attachement à un projet novateur pour la capitale qui ne saurait s’instaurer sans un copilotage entre élus locaux et citoyens et sans un partenariat ambitieux et efficace avec l’État. Ainsi la loi Grand Paris du 3 juin 2010 fixe que Paris Métropole soit consulté autour des questions de transports et des pôles de développement territorial. Paris Métropole s’appuie sur le modèle coopératif pour fédérer le plus largement possible : des élus et services des collectivités membres aux acteurs socio-économiques. www.parismetropole.fr
Continue-t-on de développer le quartier de La Défense ? Si oui, dans quelles conditions ? Quels rapports entre l’habitat et les bureaux ? Quelles conditions de transport ?
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« "CentralitEs" est l’un des maitres mots de Paris MEtropole. »:
Entretien avec Marie Deketelaere-Hanna directrice de Paris Métropole Propos recueillis par Solveig Placier et Marc Sautereau
Quel avenir pour le quartier de La Défense au sein du Grand Paris ? Marie Deketelaere-Hanna : La Défense doit complètement jouer la carte du Grand Paris car le monde s’emplit de quartiers d’affaires formidables, en Chine, en Amérique latine, en Arabie. En revanche, ces quartiers me semblent relativement isolés de leur environnement, comme La Défense avait tendance à l’être. Selon moi, la clé réside dans le rôle de pôle majeur que La Défense doit incarner au sein du Grand Paris parmi d’autres grands centres. Elle doit se situer en complémentarité intelligente avec les autres territoires. Complémentarité s’opposant finalement au terme de centralité ? Non, car comme l’indique le pluriel du nom de votre revue, le Grand Paris est parcouru de nombreuses centralités et pas d’une centralité unique. « Centralités » est l’un des maîtres mots de Paris Métropole. Il reflète l’idée majoritaire chez nos élus qu’il faut développer le polycentrisme. Paris intra-muros est la centralité même, mais elle ne doit pas rester seule. Pour Paris Métropole, il faudrait une vingtaine de centralités qui coopèrent et dont la concurrence serait régulée dans le domaine des mètres carrés de bureaux ou de l’attraction des investisseurs étrangers, par exemple. On constate aisément le rôle bénéfique que joue dans ce dernier cas l’Agence régionale de développement, qui travaille à faire venir des investisseurs en Îlede-France. En fonction de leurs projets, de leurs budgets et des moyens dont ils disposent, ils peuvent se répartir sur plusieurs territoires, sur plusieurs centralités : La Défense, Saint-Denis ou Clichy-Montfermeil, par exemple. Au-delà du caractère historique de La Défense et de son rôle de premier quartier d’affaires français et européen, quelle est la valeur ajoutée de ce territoire pour vous ? La Défense ne doit pas souffrir d’un complexe de supériorité, mais je crois que cela est réglé car les gens qui travaillent à La Défense ont une culture mondiale et savent
bien sur quel plan se situent les autres métropoles. Si l’on garde en mémoire la vision traditionnelle du quartier d’affaires, la Chine va faire mieux, c’est certain. Alors que San Francisco, Shanghai et bien d’autres conçoivent des écoquartiers d’affaires splendides dont les critères techniques répondent aux dernières normes du développement durable, La Défense doit trouver une originalité. Sa valeur ajoutée est évidemment l’excellence, mais elle est gagnée : regardez les entreprises qui y sont implantées, la logique de cluster qu’elle développe ou ses liens avec le pôle de compétitivité Finances Innovation. Dans la finance, par exemple, La Défense est en coopération et en compétition avec le quartier central des affaires de Paris, une relation que l’on retrouve également dans le lien entre université et entreprises, ce qui est intéressant. Un élément caractéristique de La Défense est que, par définition, il n’y ait pas beaucoup de PME « en direct » mais beaucoup de sous-traitants PME. La question de la chaîne de sous-traitants et de tous les problèmes de relations entre les grands groupes, les PME et les start-ups est majeure. L’autre originalité de La Défense réside dans l’environnement qu’elle constitue pour ses 20 000 habitants. Quand on pense aux quartiers d’affaires américains ou chinois, on ne voit pas beaucoup les gens y habiter. Il faut donc penser l’idée d’une ville intégrée, dépasser le modèle des bureaux allumés le jour et la nuit ou des bâtiments coloriés pour arranger les choses. Enfin, il faut se pencher sur les liens – le futur réseau de transport va beaucoup aider, autour de Paris – avec les autres territoires. On développe les transports à La Défense, ce qui est bien, mais on constate bien sûr une saturation. La Défense doit s’adosser au Grand Paris Métropole et se dire contributeur, car je ne crois pas aujourd’hui à une entité qui se développe hors sol. C’est le cas de le dire avec l’urbanisme de dalle si typique de La Défense.
Marie Deketelaere-Hanna Née en 1956, administratrice civile (hors classe), titulaire d’une licence de mathématiques et d’un DESS de traduction, Marie Deketelaere-Hanna a exercé différentes responsabilités au sein de l’État et des collectivités territoriales : inspectrice des impôts et représentante des personnels au ministère de l’Économie et des finances, elle a ensuite été responsable de l’action européenne et internationale à la direction du personnel, de la modernisation et de l’administration de ce ministère, puis en charge des affaires technologiques européennes au ministère de l’Industrie.
Elle fut nommée adjointe au directeur de l’Institut de la gestion publique et du développement économique, avant de rejoindre le cabinet du président du Conseil régional d’Île-de-France, en tant que conseillère pour le développement économique et la formation professionnelle.
Devenue directrice générale adjointe des services, elle était notamment en charge pour la Région de la négociation avec la Commission européenne du programme opérationnel du Fonds Européen de Développement Régional 2007-2013 et de la réalisation du pavillon Paris-Île de France à l’Exposition universelle de Shanghai de 2010. Elle est, depuis 2010, directrice de Paris Métropole.
La Défense doit trouver une originalité. Sa valeur ajoutée est évidemment l’excellence, mais elle est gagnée
Paris Métropole a mené en 2010 un groupe de travail sur le thème « Métropoliser La Défense » et a notamment dressé trois constats : des taux de logements sociaux très diversifiés entre chaque commune constitutive du territoire de La Défense, la forte opposition habitat privé/habitat collectif et un manque d’espaces verts. Allez-vous prolonger votre réflexion ? Malheureusement non, car nous sommes trop pris actuellement par d’autres travaux. Il serait très intéressant d’actualiser, de questionner à nouveau ce qui s’est dit. Nous avons néanmoins le sentiment que les choses bougent et qu’elles vont dans le bon sens. La question du logement est majeure et exacerbée sur un territoire comme La Défense, à cause des écarts incroyables qu’il y a et qui correspondent à la vision caricaturale de la métropole. Sans parler des sans-abri réfugiés dans les sous-sols de La Défense. La volonté d’y remédier existe pourtant : prenons pour preuves les quartiers qui se construisent à Nanterre, les projets de Contrats de développement territorial, l’intelligence des élus membres de Paris Métropole qui agissent sur le territoire constitutif de La Défense. On sent que si les réponses ne sont pas là, les enjeux sont toutefois pris très au sérieux. Pouvez-vous nous en dire plus sur les Contrats de développement territorial ? Ils sont conclus entre les collectivités et l’État et concernent un projet de développement sur quinze ou vingt ans. C’est une innovation dans le système français. Il y a eu un accord majeur entre l’État – sous le gouvernement précédent et actualisé par le gouvernement actuel – et la Région pour se mettre à niveau en ce qui concerne le réseau de transports qui était très performant dans les années 1970 – prenons La Défense et son RER – mais qui n’a pas été entretenu, ce qui crée aujourd’hui des conditions de transport très difficiles. Les Contrats de développement territorial travaillent donc à la fois sur l’amélioration de l’existant et sur cette vision de la polycentralité, de la grande boucle qui ne passe plus par Paris pour relier les grands territoires économiques et sociaux. Court terme dans l’amélioration de l’existant, moyen terme dans la construction de lignes, sur lesquelles il y aura un ou des arrêts à La Défense. Les bénéfices de ce travail sur le transport impacteront l’aménagement, les logements, l’économie, la culture, l’environnement, etc. Est venue l’idée, proposée par l’État, de créer des Contrats de développement territorial autour des gares. Ce n’est pas le tout de construire des gares, il faut également en faire des leviers de développement durable. Au départ, l’approche visionnaire et très resserrée qui à l’époque était celle de Christian Blanc, alors secrétaire d’État chargé du Développement de la région capitale, a essaimé auprès des élus, a été débattue à Paris Métropole. Maurice Leroy, qui avait succédé à Christian Blanc, le préfet Canepa auprès de lui et les élus ont travaillé ensemble et ont fait le constat que ces contrats pourraient s’étendre à d’autres domaines que le transport. Cette idée a grandi très vite, au point qu’aujourd’hui l’objectif est d’avoir vingt ou vingtdeux contrats de développement territorial sur le Grand
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152 COMMUNES ADHÉRENTES AU 31 MAI 2013
Commune adhérente Unité urbaine de l’INSEE
0
25
50
100 km
Réalisation : Ville Ouverte
(périmètre potentiel de Paris Métropole)
95 Paris, autour des grandes stations du réseau de transport, mais pas seulement focalisés autour de la gare, il leur faut être rayonnants. Aujourd’hui, il y en a une dizaine très avancée et une autre dizaine en cours d’élaboration. Parmi ces derniers, deux concernent La Défense, ce qui semble problématique du point de vue de la gouvernance. La Défense peut être un atout formidable si elle se place dans une répartition intelligente Paris-La Défense/Grand Paris Métropole et réciproquement, les atouts des territoires devant être considérés comme des complémentarités. C’est l’idée de « coopétition », regroupant coopération et compétition. Le développement des campus universitaires, des pôles de recherche et d’enseignement, la formation continue : retrouve-t-on ces perspectives d’avenir dans d’autres pôles ? Prenons un exemple hors de La Défense : la plaine SaintDenis, le territoire de Plaine Commune à l’histoire économique importante – au xixe siècle, le plus grand territoire industriel d’Europe ! Il dépassait ceux de la Grande-Bretagne et l’Allemagne en termes de production et de richesse. On imagine le désastre économique et social quand les usines ont fermé, et l’impact de ces industries polluantes sur l’environnement. Les élus, avec les habitants, ont relevé ce territoire : pensons au Stade de France, à la Coupe du monde de football, à la couverture de l’autoroute A1. Ce pôle est maintenant très attractif pour les investisseurs, pour les entreprises, pour les grands groupes, pour les PME également. La première partie de la reconversion est gagnée, mais pas la seconde. En effet, il y a beaucoup de créations d’emplois, mais ceux-ci ne concernent pas directement, pour la plupart, les habitants de la plaine Saint-Denis. Ces emplois sont dédiés aux salariés des entreprises déménagées. Il s’agit souvent d’emplois destinés à des gens très qualifiés dans des filières très spécifiques. Il y a heureusement un volontarisme de l’action publique qui fait qu’un certain nombre de jeunes et de personnes plus âgées appartenant à ce territoire sont embauchés, dans le cadre de chartes emplois, parce que les entreprises doivent s’y engager pour s’implanter. Cependant, l’on constate le besoin de plus en plus grand de formation permanente, pour les gens non qualifiés comme pour les gens très qualifiés, car les métiers bougent. De plus, il faut des cycles de formation permanente pour que les habitants accèdent aux postes qui sont offerts. Imaginez la frustration que peut ressentir la population face aux beaux bâtiments qui se construisent, aux emplois qui se créent, sans pouvoir y prétendre ! Il est primordial de mettre en place des filières de formation continue, voire initiale au lycée, avec l’apprentissage, pour faire le lien, pour combler l’écart entre le niveau de qualification et la nature des compétences de toute une partie de la population et le niveau requis pour intégrer ces entreprises.
Ce qui rejoint aussi les préoccupations de développement durable qui sont de rapprocher les territoires et les lieux de travail pour éviter les déplacements que l’on connaît en Île-de-France et ainsi diminuer l’effet cité-dortoir versus lieux de travail. Le concept de centralité ne doit pas simplement s’entendre par rayonnement, mais par le fait qu’à partir d’un certain moment et le plus vite possible les habitants d’un territoire vont se rapprocher de la centralité et vont être parties prenantes du développement de l’endroit où ils vivent, où ils travaillent.
Les atouts des territoires doivent être considérés comme des complémentarités. C’est l’idée de « coopétition », regroupant coopération et compétition.
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