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No 92 - Jeudi 5 décembre 2013
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Le Démantèlement
Arcade Fire page 14
pages 10 et11
page 13
publié par les Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi (CEUC)
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Joyeux temps des fêtes à toute notre clientèle!
Spécial Geek - Jeux vidéo Parlons du rétro gaming au Québec
Emmanuelle Melançon Journaliste Mais, que mange un rétro gamer en hiver? Commençons par le commencement. Le rétro gaming est l’action de jouer, de collectionner et d’entretenir de vieux jeux vidéo qui ne sont plus fabriqués, soit ceux datant de 1970 à 1990. Plusieurs de ces rétro gamers se rencontrent pour partager leur passion et nous en avons sélectionné trois, afin de les étudier d’un peu plus près : Sébastien, administrateur du groupe Facebook RétroGaming Québec, Guillaume Couture de la Web-série Je joue le jeu et Testeur Alpha (nom inconnu) de la Web-série du même nom. Sébastien, 30 ans, de Jonquière, a déjà tenu une boutique de collection rétro. Collectionneur depuis maintenant 17 ans, il possède dans sa résidence un atelier de réparation du parfait rétro gamer et est en train de se créer un guide de prix. À la question de comment orienter un nouvel adepte du rétro gaming, il nous a répondu : « Commencer une collection est un investissement personnel, de temps et d'argent. Il est mieux de se concentrer sur une seule console pour commencer, sinon c’est décourageant, et ça permet de trouver de plus belles pièces. Aussi, essayez d’informer vos proches de vos recherches, même ceux qui ne semblent pas être intéressés. De mon coté, simplement en parlant de ma passion, un ami est arrivé avec 400 $ de stock et me l’a offert. »
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Journal Le Griffonnier
Sébastien conseille également de ne pas commencer avec le site Internet Ebay. Il encourage les gens à commencer par Facebook, ou beaucoup de bons achats sont possibles. Avec le nombre de pages traitant le rétro, comme RétroGaming Québec, il est facile de faire des recherches et d’avoir des réponses. Il ne faut pas hésiter à demander à la communauté ou à une personne de confiance si le prix est bon, ou si le vendeur est fiable. La communauté est grande, mais les nouvelles vont vite : la plupart des vendeurs ont déjà une réputation. Finalement, Sébastien recommande de ne pas collectionner si vous n'aimez pas jouer aux vieux jeux : « Oui, ils risquent de prendre de la valeur. Mais vous risqueriez d’être déçu. » Guillaume Couture, 32 ans, de Montréal, notre deuxième rétro gamer sollicité, a étudié la théorie du jeu à l’Université de Montréal. Il a couvert la culture geek avec l'émission La Taverne sur les ondes de CIBL 101.5FM et est chroniqueur aux Nyctalopes sur CISM 89.3FM, où il parle fréquemment du côté insolite des jeux vidéo. Il possède aussi une série Web accessible via YouTube, Je joue le jeu, qui traite des jeux rétros importés. Pourquoi le rétro? « Peutêtre parce que je préfère avoir l'imagination stimulée par un jeu 8-bit aux graphiques qui demandent une interprétation, au lieu des récents hyperréalistes... Une chose est sûre : les jeux de l'époque ont une simplicité inégalée comparée aux jeux d'aujourd'hui qui se perdent souvent dans des mécaniques inutilement compliquées. » Et finalement, Testeur Alpha, 27 ans, de Montréal, tient une chaine YouTube au même nom que son pseudo et qui consiste à découvrir et à rire des jeux rétros qui ont énormément de défauts. Il les teste et produit par la suite une vidéo humoristique où il se fâche souvent, tellement les jeux sont mauvais. Il nous partage ainsi sa passion : « C’est principalement par nostalgie. Étant jeune, je n'avais que le Nintendo (NES) et les heures de plaisir avec mes amis sur cette console sont quelque chose de marquant. Une collection peut varier selon la
personne et ses intérêts. Pour ma part, je suis principalement un collectionneur de jeux NES et SNES. Les items les plus dispendieux sont les jeux très rares. Un jeu seul, sans boîte ni manuel, peut se vendre jusqu'à 1 000 $. » Et comme nous avons commencé avec le commencement, finissons par la fin. Le rétro gamer est tel un archéologue, à la recherche de trésors oubliés. Le rétro gaming, quant à lui, est l’art de collectionner et d’entretenir la nostalgie. C’est un monde, : http://www.recreavie.com/images/ pourtant pas si nouveau, qui Photo nes-console-with-controller5b15d.jpg prend de plus en plus d’ampleur. La NES, une console sortie tout droit de notre jeunesse.
Musique de Geek
Qu’est-ce qu’il fallait pour amener une Matante à parler de jeux vidéo? Lui parler de musique de jeux vidéo!
musique du jeu Journey, qui nous fait explorer un monde désertique et lumineux. Les amateurs de musique orientale trouveront leur compte dans la dépaysante bande originale de l’expansion Mists of Pandaria de World of Warcraft. Aussi, comment résister au très jazzy thème de Mario Bros? Même une nouvelle adepte des jeux vidéo comme moi n'a pu échapper pendant ses années de non-geekitude à Camille Perry sa musique. Jusqu’à ce qu’un Animatrice de jour j’essaie la série des Fable, Viens voir Matante dont la musique produit touà CEUCRadio jours chez moi une grande Permettez-moi d’abord bouffée de douce nostalgie. une confession : Matante est Jusqu’à que je mette de côté aussi une geek. Apprenti- ma crainte d’être mauvaise geek, certes, car je n’ai pas dans les shooter et que j’essaie touché à un jeu vidéo plus Fallout 3, avec sa bande origidéveloppé qu’Icy Tower (oui, nale rétro toute réconfortante le jeu un peu Yo sur lequel dans son contexte postapocaon a passé beaucoup trop de lyptique. Jusqu’à ce que, peu à temps au début des années peu, je devienne un peu geek 2000) jusqu’à l’âge de 17 ans. à mon tour. Si toi aussi, jeune Y, tu ressens le petit coup de nostalgie, sa- Ces derniers temps, c’est che qu’il est encore disponible Beyond Two Souls (dans lequel sur « les Internets ». Ellen Page joue et interprète même une chanson) qui m’a Au-delà de la très répéti- marquée avec sa bande sotive musique d’Icy Tower, il y a nore envoûtante. Il fallait à ce tout un monde musical auquel jeu, qui tient aussi beaucoup tendre l’oreille. Nous sommes du film interactif, une bande maintenant loin de la qualité sonore des premiers thèmes musicaux de Zelda (dont la qualité de composition est encore exceptionnelle, il faut le souligner). Les musiciens se lâchent dans les grandes orchestrations, comme Lorne Balfe dans son épique thème d’Assassin’s Creed III. Les contemplatifs apprécieront plutôt l’ambiance créée par la
sonore qui favorise l’empathie avec le personnage principal. Ni trop répétitive, ni excessivement variée, une musique de jeu vidéo doit immerger le joueur dans l’expérience. Chaque joueur développe un lien particulier avec la musique d’un jeu qu’il a aimé, qui lui rappelle de beaux moments de gaming. Parfois, c’est la musique elle-même qui le touche et améliore sa vision du jeu lui-même. Pour moi, un jeu est d’abord une expérience dans un univers donné, souvent inventé : la musique l’habite comme elle rend un film encore plus vivant. Il y a encore plein de jeux que j’ai hâte d’essayer, après avoir écouté leur musique : Bioshock Infinite, Swords and Sorcery, la série Metal Gear Solid, la série des Final Fantasy… Et j’attends avec beaucoup d’impatience la sortie de Fable Anniversary, pour retrouver ma série et ma musique de jeux vidéo préférées. Février est à notre porte, n’est-ce pas? Vous pouvez écouter le spécial Geek de Viens voir Matante en baladodiffusion sur www.ceuc.ca
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Photo : http://boulot-retro-dodo.fr/wp-content/ gallery/divers/musique_jeux_videos.jpg
Avez-vous une vieille console de jeux qui prend de la poussière et des toiles d’araignées au fond de votre garde-robe? Est-ce que vous vous êtes déjà posé la question de ce qui arrivait aux jeux vidéo et aux consoles désuets? Non, il n’existe pas de paradis pour ces pauvres consoles délaissées, hormis dans la demeure d’un rétro gamer!
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Spécial Geek - Animation japonaise L’anime : le reflet d’un peuple Combien d’amateurs de dessins animés japonais ont fait face à des regards levés au ciel ou à des soupirs d’agacement lorsqu’ils ont tenté de partager leur passion avec un pair? L’animation japonaise est en effet souvent l’objet de préjugés : les uns l’étiquettent uniquement destinée aux enfants ; les autres la caractérisent comme grossière, sexuelle et vulgaire. La mise en commun de ces deux pôles cause une réelle confusion! Pourtant, le monde du dessin animé japonais mériterait qu’on porte un regard approfondi sur ce qu’il renferme, car sa signification au Japon est très différente de celle que nous avons et renferme plusieurs nuances et richesses.
Laurie-Ann Garneau Gaudreault Journaliste En premier lieu, pour comprendre et définir l’anime, il faut s’arrêter sur l’importance qu’il a dans son pays d’origine. Plusieurs personnes seraient tentées de percevoir cette forme médiatique comme l’équivalent japonais de nos dessins animés québécois. Néanmoins, l’un et l’autre sont incomparables. L’animation japonaise présente une va-
riété de sujets s’adressant à un public très large. En effet, on y retrouve plusieurs genres, tels que des suspenses psychologiques, des fantaisies apocalyptiques, des drames historiques, des comédies pour enfant, et même des films pornographiques (appelés hentai). Sur ce point, il serait plutôt l’équivalent de l’industrie du film aux États-Unis. Pour cette raison, il faut faire attention lorsque nous choisissons un film ou une série d’origine japonaise. Il en revient au même que lorsque nous prenons le temps de sélectionner un film dans un club vidéo ou en ligne : plusieurs choix s’offrent à nous, dépendamment de notre humeur et de notre profil. Dans le même ordre d’idée, il faut redoubler de prudence et exercer notre jugement critique lorsque nous choisissons un film pour un enfant. Plusieurs parents, ignorant la diversité du monde de l’anime, louent des animations sans s’informer sur le contenu et ont de drôles de surprises une fois à la maison. Ils apprennent alors que ce n’est pas parce que le support est animé que le contenu qu’il a à offrir est approprié pour les yeux purs de leurs adorables chérubins! À mon avis, il serait donc important de s’instruire davantage sur ces nuances. Cela permettrait d’éviter des situations malaisantes et, d’un point de vue plus positif, permettrait de faire la promotion de plusieurs films et de séries. En deuxième lieu, en allant au-delà de l’association animation/enfants, nous pou-
vons nous concentrer sur le contenu des films et des séries animés japonais et découvrir plusieurs richesses. Comme cette forme de média est très importante au Japon, il n’est pas surprenant d’y retrouver le reflet de la culture de tout un peuple. Celui-ci peut se percevoir dans la présentation du mode de vie des habitants comme dans les valeurs transmises dans la série. Sakura chasseuse de carte est un exemple d’émission où nous pouvons avoir un aperçu du mode de vie d’une jeune fille japonaise de la société moderne. En effet, entre ses multiples péripéties surnaturelles, la jeune protagoniste évolue dans la ville de Tokyo et nous présente sa routine quotidienne. Ainsi, le téléspectateur apprend que la rentrée scolaire au Japon se fait le 1er avril, que les élèves ont des corvées à l’école, qu’ils participent à plusieurs sorties culturelles, etc. Les films d’Hayao Miyazaki, sont, de leur côté, des exemples d’œuvres présentant les valeurs associées à la culture japonaise. Chaque film est unique et projette un univers qui lui est propre (milieu rural, milieu urbain, univers parallèle, le passé, le futur, etc.). Par contre, une similitude est que chacun met en relation les humains et la nature. Des œuvres telles Princesse Mononoke et Naüsicaa et la vallée des vents sont des exemples où une relation tendue entre la société des hommes et la nature peut avoir des répercussions dramatiques pour tous. Dans le premier, le manque de respect envers la nature entraine une
catastrophe causant la destruction du territoire ; dans le deuxième, nous retrouvons les protagonistes dans un univers apocalyptique où les humains doivent survivre dans un monde empoisonné et dangereux. Néanmoins, le message reste le même : l’Homme et la nature sont interdépendants. L’anime est donc une source d’informations sur la culture d’une société et un moyen de transmettre des messages importants. Finalement, l’animation japonaise est le reflet d’un
peuple et offre un très large éventail d’œuvres s’adaptant à tous les goûts, à tous les âges et à tous les types de personnalités. J’invite donc les sceptiques à ravaler leur soupir d’agacement. En parcourant le registre, vous pourrez assurément trouver un film ou une émission à votre gout. Et si l’aspect de l’animation vous embête, voyez les choses ainsi : il n’y a aucun risque d’être agacé par un jeu d’acteur minable ou des effets spéciaux de qualité médiocre, car la beauté des animes est que tout y est possible!
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Dans Princesse Mononoke, le manque de respect envers la nature entraine une catastrophe causant la destruction du territoire. No
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Journal Le Griffonnier
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Opinion Édito de la rédact : Spécial Geek 555, boulevard de l’Université Chicoutimi (Québec) G7H 2B1 Local P0-3100, Casier #25
Téléphone : Télécopieur : Courriel :
418 545-5011 poste 2011 418 545-5336 redactionceuc@uqac.ca
En cette sortie du 5 décembre, tous les journalistes ont travaillé sous un même thème afin de vous offrir ce Spécial Geek. Nous souhaitons, à travers ces articles diversifiés, faire connaitre la culture populaire geek qui prend de plus en plus d’ampleur.
Hommage à tous ceux qui ont déjà fait rire d’eux parce qu’ils jouaient à Buffy dans la cours d’école au primaire (oui, je parle de moi), hommage à ceux qui jouent à Magic sur un bout de table à la Tour à bières parmi les pichets, hommage à ceux qui auraient souvent dû travailler dans leurs livres au lieu de jouer à Diablo ou à League of Legends, ce journal couvre les différents intérêts des geeks d’aujourd’hui. J’en ai d’ailleurs profité pour gâter la geek en moi avec une page sur ma série préférée.
Marie-Ève Girard Rédactrice en chef
En passant des jeux de table aux jeux vidéo, des séries
Rédactrice Marie-Ève Girard en chef : Graphiste : Annie Jean-Lavoie Photo de la une : Courtoisie Correction : Marie-Ève Girard Annie Jean-Lavoie Journalistes : Paul Bégin-Duschesne Martin Bonneau Zacharie Bonneau Gabriel B.-LeCouffe Vincent Côté Frédéric Desbiens Gabriel Fortin Laurie-Ann G. Gaudreault Camille-L. Larouche Emmanuelle Melançon Camille Perry Ann-Élisabeth Pilote Lady Pikachu Philippe St-Yves Leïna T.-Lessard Dessinatrice : Chloé Merola Ce journal a été écrit selon les rectifications orthographiques de 1990 (nouvelle orthographe).
Impression Imprimerie le Progrès du Saguenay Tirage :
3 000 exemplaires
Les propos contenus dans chaque article n’engagent que leurs auteurs. - Dépôt légalBibliothèque Nationale du Québec Bibliothèque Nationale du Canada Le Griffonnier est publié par les Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi (CEUC).
Prochaine parution : Jeudi 23 janvier 2014 Tombée des textes : Vendredi 10 janvier 2014, 17 h Tombée publicitaire : Lundi 13 janvier 2014, 17 h
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Journal Le Griffonnier
« Allez voter sinon vous n'êtes pas en droit de vous plaindre. » Voilà à peu près l'argument qu'on nous sert élection après élection et qui, disons-le, finit par nous saouler. On risque de l'entendre encore puisqu’après les municipales, les provinciales ne devraient pas tarder. Je n'ai pas voté le 3 novembre dernier et j'ai davantage le droit de chialer que quiconque qui s'est rendu aux urnes. Paul Bégin-Duschesne Journaliste Pourquoi ? Suivez-moi bien ici. En restant chez moi, je n'ai même pas posé le début d'un geste pouvant donner une légitimité au système politique et à ses élus. À l'inverse, ceux qui votent donnent une pleine légitimité aux gens au pouvoir de décider à leur place. Je ne sais pas pour vous, mais je n'ai pas besoin qu'on décide pour moi. En politique, il y a une montée toujours plus grande du pouvoir vers le haut, vers les élites dirigeantes. Nous sommes les premiers responsables de ce glissement. Chaque quatre ans, en nous rendant voter, nous acceptons la délégation de notre pouvoir à quelqu'un d'autre. Et l'écart entre le citoyen et le pouvoir augmente à mesure que l'économie croît
télés aux animes japonais, aux bandes sonores musicales des jeux vidéo aux essais sur la cyberréalité, les journalistes ont tous plongé dans ce bel univers afin de vous offrir un journal bien spécial.
Les actualités saguenéennes et culturelles ne sont pas en reste avec un texte d’opinion sur la politique municipale, un tour du World Press Photo et la sortie du nouvel album d’Arcade Fire.
Une analogie entre zombie et société vous attend au détour et nos chroniqueurs vous parlent d’amour geek et de la perception de ce trait de personnalité. Si vous êtes offusqués par le manque d’article sur Star Trek ou Star Wars, sachez que vous pouvez vous joindre à notre belle équipe n’importe quand! Vous savez où nous trouver.
Un entretien avec Sébastien Pilote, réalisateur du film Le Démantèlement, et Gabriel Arcand, acteur, a été réalisé avec passion par un de nos journalistes. Les sportifs sauront également trouver leur compte avec un tour de la culture de la lutte et un profil d'athlète.
Bonne lecture!
L'illusion du choix
et se complexifie. C'est parce que le citoyen ordinaire est tellement occupé à travailler pour soutenir le système qu'il n'a pas le temps de s'occuper de politique. Ici, il faut citer Michel Chartrand : « Si tu ne t’occupes pas de la politique, la politique va s'occuper de toi. »
Il est là le mirage de notre démocratie. Ce n'est pas en allant voter tous les quatre ans qu'on s'occupe de la politique. À quoi bon voter dans un scrutin uninominal à un tour alors que dans notre système, un parti peut diriger avec moins de 50 % des voix exprimées et un taux de participation sous la barre des 50 % ? Peut-on parler de démocratie lorsqu'on dirige avec l'assentiment de si peu de gens ? Ce dont je parle vaut pour tous les paliers de gouvernement. À cela, il faut ajouter la politique partisane où, en votant, vous donnez votre appui à la totalité de la plateforme d'un parti. Bref, notre système politique se traduit par une véritable domination de la classe politique sur la base de la société. Quoi qu'en disent les annonces du DGEQ, votre opinion ne dépasse pas souvent la boite de scrutin. Les véritables initiatives venant de la base sont rares et c'est encore plus rare qu'elles tombent dans l'oreille du pouvoir.
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Opinion La course aux jouets
Il s'agit d'une comédie un peu ridicule dans laquelle un père, vraiment à la dernière minute, tente en désespoir de cause de dénicher le jouet rêvé à son fils unique (avec comme acteur principal Arnold Schwarzenegger). Le gars, dans son aventure palpitante, a plusieurs escarmouches avec un facteur qui lui aussi est dans la même situation. Les deux sont sans
pitié l'un pour l'autre et tout ce branle-bas de combat finit dans une scène épique ou notre cher Arnold se ramasse déguisé en superhéros favori de son fils. Je ne cherche pas ici à faire la critique de ce film, mais à vous faire part de certaines constatations (et frustrations) que je fais quand je déambule (ou plutôt cours) dans les magasins. Je suis dans le camp de ceux qui n'aiment pas particulièrement le magasinage. Pour moi, me taper les foules et les files d'attente dans le centre d'achats ou ailleurs, c'est une vraie corvée. Je fais un effort puisque je veux gâter ceux que j'aime avec les moyens dont je dispose. Je suis bien impatient de voir la réaction de mon neveu de 3 ans lorsqu'il déballera ses cadeaux. J'essaie de prendre de l'avance et d'avoir terminé
mes achats avant la fin du mois de novembre, mais inévitablement, je manque mon coup. Heureusement, cela ne fait pas comme l'année où j'ai été obligé de magasiner le 24 décembre.
ter la galerie. Les statistiques le démontrent année après année, l'endettement augmente de façon faramineuse pour la période des fêtes. Il me semble que ce n'est pas se
faire un cadeau que de ruiner son portefeuille pour les mois à venir. Il va sans dire qu'au moment où on se souhaite bonne année, la plupart d'entre sommes fauchés.
C'est censé être une belle journée, mais je n’ai jamais vu autant de monde stressé ou de mauvaise humeur au pouce carré qu'en ce jour fatidique ! En bonus, il a fallu que je me dépêche de tout emballer ça avant souper. Je suis un pied pour les envelopper et quand je constate qu’après m’être débattu pour en arriver à quelque chose de convenable, le cadeau est déballé quelques heures plus tard à peine, ouf !
Photo : http://www.myislamnetwork.net/wp-content/ uploads/2013/11/Christmas-shopping.jpg
Eh oui, le froid et la neige sont arrivés. Dans tout ce beau décor blanc immaculé, bien des gens s'affairent à magasiner les cadeaux de Noël. Tout un chacun vit cela d'une façon bien différente. Je ne sais pas si cela pourrait rappeler des souvenirs à certains d'entre vous, mais dans les années 90 a paru un film intitulé La course aux jouets. Martin Bonneau Journaliste
Cela va peut-être vous paraitre un peu cliché, mais contentez-vous simplement de faire plaisir à vos proches. Ne vous ruinez pas pour épa-
Ode à la grande gastronomie Pour rester dans le thème des fêtes, j'ai envie de vous parler de la fulgurante prolifération des émissions de cuisine. Je ne dis point qu'il s'agit d'un fléau, mais que le marché est sérieusement saturé. De mon côté, je suis loin d'être un virtuose de la cuisine. Je suis davantage un cancre qui n'est bon que pour couler son cours d'économie familiale au secondaire. Martin Bonneau Journaliste Je vis seul, et conséquemment, faire à manger s'avère une activité plus pratique qu'amusante. Je me contente donc, le plus souvent possible, de faire cuire quelque chose dans le four pour le manger une fois que c'est prêt (et ce n'est pas pour autant un gage de succès). Des fois, comme un peu tout le monde, je zappe et je tombe aléatoirement sur une émission dédiée à l'art culinaire, que ce soit un concours ou une démonstration. Est-ce que c'est juste moi ou on dirait que c'est commandité par des industries qui veulent nous faire dépenser des fortunes pour faire le repas parfait ? Et en plus, en tant que nullité sur deux pattes, je ne comprends pas grandchose à toutes les instructions données et je ne connais pas les trois quarts des ingrédients utilisés. Tout ça pour dire que je n'y vois vraiment aucun intérêt. On tombe encore dans
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une espèce de « mode glamour » ou tu ne vaux pas un clou si tu n'es pas capable de faire comme la vedette que tu vois dans l'écran. J'ai des lacunes, certes, mais je n'ai pas le même bagage que Monsieur ou Madame Sommité que je vois dans l'écran. Comble de sottise, on nous montre parfois des affaires dégueulasses.
l'équipe de production alors s'il y en a un qui est tombé malade, personne n'en a entendu parler. Ne venez pas me dire que ce clown a été obligé lui-même de faire ça pour ap-
prendre son art, Non, non et non! Il se payait un powertrip avec les réalisateurs. Il demeure le fait que des quantités phénoménales de nourriture sont gaspillées par les com-
merces et les ménages, mais je ne crois pas que c'était le message qu'il voulait lancer et en ce qui me concerne, ça coupait l'appétit plus qu'autre chose.
Un jour, j'ai visité une amie qui aime bien ce genre d'émission et il a fallu que je tombe sur Hell's Kitchen. Désolé, mais il y a des damnées limites. Pour pouvoir gagner une somme considérable afin de pouvoir ouvrir leur propre restaurant, les candidats sont sujets à toutes sortes de supplices. Celui que j'ai vu m'a jeté par terre : l'animateur les a obligés à fouiller pieds et mains nus dans des poubelles afin d'en extirper les résidus de nourriture et de les mettre dans une balance. Je me disais que si j'avais été à leur place, j'aurais dit ma façon de penser à ce grand spécialiste qu'est Gordon Ramsay et j'aurais pris la porte de sortie de la façon la plus épique possible. Ce n'est pas très sécuritaire non plus ; ce n’est pas long que tu peux marcher sur le couvercle d'une canne de conserve contaminé comme il se doit. Évidemment, le contrat qu'ils ont signé les empêchait de poursuivre quiconque dans
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Spécial Geek Docteur Qui ? Les geeks, les fans de science-fiction et de séries cultes ou même ceux qui ont eu le malheur de tomber dessus par hasard et qui ne savent plus comment s’en décrocher savent qu’avec ce titre, ce ne sera définitivement pas le sujet de la santé qui sera abordé. Doctor Who est une série télévisée britannique qui fête cette année ses cinquante ans. Hé oui, ses premières apparitions ont eu lieu sur des télévisions cathodiques, en noir et blanc. D’ailleurs entre 1967 et 1978, certains épisodes se sont perdus à jamais, car à cette époque, réutiliser les bandes magnétiques qui coutaient très cher était une pratique courante. Emmanuelle Melançon Journaliste En parlant de retour dans le passé, pour ceux qui ne connaissent pas cette série culte, en voici le synopsis. Le Docteur, un seigneur du temps, voyage avec ses compagnons à travers le temps et l’espace à l’aide de son TARDIS (acronyme de Time And Relative Dimension In Space) qui
a l’apparence d’une cabine téléphonique anglaise bleue. Les seigneurs du temps ont la capacité de se régénérer au moment de leur mort jusqu’à douze fois, ayant ainsi une espérance de vie très longue. À chaque régénération, ils changent leur apparence physique, leurs expressions et leurs gouts, mais restent les mêmes, conservant leurs souvenirs. Dans ses folles aventures, Dr Who peut se lier d’amitié avec Winston Churchill, premier ministre britannique durant la Deuxième Guerre mondiale comme se marier, de façon imprévue, avec la belle Marilyn Monroe. Défilent alors dans cette série plusieurs personnalités connues et plusieurs évènements marquants de l’histoire. Il y a beaucoup à apprendre du personnage principal, mais en cinquante ans, jamais nous n’avons connu son nom réel. Son surnom, le Docteur, découle peut-être du fait qu’il est probablement le remède à toutes les situations désespérées, sauvant ainsi plusieurs fois la planète sans qu’on ne le sache. Mais vous avais-je dit que les seigneurs du temps étaient en fait des extraterrestres à l’ap-
parence humaine, avec deux cœurs ? Autant l’émission se rattache à des faits historiques, autant il y a de l’invraisemblable tel que plusieurs races d’extraterrestres, dont les classiques : le Maître, les Daleks et les Cybermen. Durant toutes ces années, il y a eu 33 saisons pour nous partager les onze transformations du Docteur et ses 35 compagnons. Il y a ce que l’on appelle la première série et la nouvelle série. La seconde série a débuté en 2005 avec la neuvième incarnation du Docteur. Et le film qui fera la promotion des cinquante ans de Doctor Who se nomme « Le jour du Docteur ». Ce dernier était diffusé le 23 novembre dernier, alors que plusieurs chaînes, au niveau mondial, se sont entendues afin de le diffuser à la même heure à cette même date dans plusieurs langues. Au Québec, nous avons pu l’écouter au Canal Z en français. À quelques endroits, notamment à la ville de Québec et à Montréal, nous pouvions l’admirer en 3D dans certains cinémas. Avant sa sortie, personne ne connaissait le pourquoi du comment : dans
L'affiche officielle du prochain spécial de Noël de Dr Who. ce film, trois Docteurs étaient rassemblés simultanément. Sachant que la règle numéro un du Docteur était de ne jamais franchir sa ligne du temps pour en aucun cas se croiser lui-même, ce mystère en intriguait plus d'un. C’est seulement à l’automne prochain que nous pourrons voir à l’œuvre la nouvelle distribution pour la huitième saison de la nouvelle série, car le docteur présent depuis maintenant trois saisons (le
onzième) raccroche son Fez et son nœud papillon pour laisser la place à un acteur qui a déjà joué sur le plateau auparavant dans divers rôles dans la série Doctor Who ainsi que dans la série dérivée Torchwood. Ces rôles seront supposément pris en considération dans l’histoire du douzième Docteur, au grand plaisir des fans. Pour finir, une citation du dixième docteur qui, même dans la version originale, est aussi en français : « Allons-y ! »
Le G.I. Joe des temps modernes vez posséder une équipe composée de Wolverine se battant aux côtés de Thor aidés du Ghost Rider. Les figurines sont fixées sur un socle dont la base pivote, chaque point de pivot de la base étant appelé un « clix ». Chaque « clix » affiche quatre chiffres sur sa base, soit le nombre de cases de déplacement que le personnage peut effectuer, son bonus au toucher lors d’une attaque, sa défense ainsi que les dommages qu’il fait lors d’une attaque. À cela s’ajoute des couleurs autour des chiffres vous indiquant une habileté particulière expliquée sur une carte fournie avec la figurine.
ainsi un nouveau « clix ». Cela change la plupart du temps certain de ses pouvoirs ainsi que ses points de capacités. De plus, certaines habiletés sont indiquées directement sur la base grâce à de légères variations dans les dessins. Ainsi, un personnage pouvant voler aura une icône de bottes avec des ailes à côté du chiffre indiquant sa capacité de déplacement. Un personnage ayant atteint le « clix » affichant « KO » est retiré de la partie. Finalement, ces figurines évoluent sur une carte de jeu disponible à l’achat d’un ensemble de départ ou individuellement.
Leïna T.-Lessard Journaliste Pour ceux d’entre vous qui ne connaissez pas ce jeu, voici un court résumé du concept. La base consiste en de petites figurines dont la représentation peut varier grandement, mais est généralement basée sur des superhéros de Marvel ou DC Comics. Ainsi, vous pou-
Les capacités des personnages sont basées sur le concept du héros. Par exemple, Wolverine peut faire une « charge » qui lui permet de se déplacer et faire une attaque physique en une action. Chaque fois que le personnage reçoit des dommages, le joueur tourne la base du nombre de dommages reçus, révélant
Pour les parents qui liraient ces lignes, sachez cependant que ce très divertissant jeu sur table ne s’adresse pas aux enfants âgés de moins de six ans et est déconseillé, selon moi, aux jeunes enfants qui ne sauraient comprendre le concept et les variations du jeu. Ce jeu de société est intéressant pour les gamers et
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geeks en tout genre qui souhaitent découvrir une nouvelle activité. Vous pouvez vous procurer ces figurines dans toutes les boutiques de jeux de société, mais si vous cher-
chez une vraie spécialisation, adressez-vous au personnel de la boutique Aux deux légendes à Chicoutimi ou celui de la boutique Cartomanie à Jonquière. Photo : http://www.heroclixworld.com/hcw/Articles.aspx?ID=466A&P=3
Dans l’univers des jeux de table, plusieurs noms ont déjà fait leur place au sein de la communauté geek. Pour n’en nommer que quelques-uns : les cartes Magic, Emmerlaüs, le très célèbre jeu de rôle Donjons & Dragons, Munchkins et plus récemment des jeux coopératifs tels que « Pandémie ». Il existe cependant un jeu qui existe depuis plus longtemps que certains, mais qui a gagné une popularité fulgurante au courant de la dernière année : les Heroclix. Voici un survol léger de ce jeu qui est devenu, selon moi, le G.I. Joe des temps modernes.
Une figurine du jeu Heroclix, fixée sur un socle, prête au combat. Jeudi 5 décembre 2013
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Spécial Geek - Série télévisée Buffy The Vampire Slayer
Comment Joss Whedon a redéfini le genre
J’avais onze ans lorsque cette série passait en français à Vrak TV. Je n’avais regardé que quelques épisodes par-ci par-là, mais l’univers m’attirait grandement et en 2001, les histoires de vampire ne couraient pas les rues comme c’est le cas maintenant. À l’aube de mes vingt ans, je me suis décidée à replonger dans cette série. Au terme du marathon de 144 épisodes répartis sur sept saisons, l’inévitable s’est produit ; voici maintenant que Buffy était devenu ma série préférée de tous les temps. J'espère, dans cet article, donner envie aux néophytes de s’y aventurer.
Une série pour adolescents? Au départ, Buffy se définit comme une série pour adolescents. Les intrigues de la première saison, composée de douze épisodes, sont légères et entrent peu dans la réflexion. Les effets spéciaux y sont par moment atroces et ridicules. C’est au terme de cette saison que, lors de la finale, la série prend une tournure plus sérieuse et commence à jouer avec nos émotions. Joss Whedon, le réalisateur (il a également réalisé The Avengers et Firefly, notamment), confie que c’est lorsqu’il a vu Sarah Michelle Gellar jouer la scène où elle apprend sa mort future dans Prophecy Girl qu’il a su qu’il pourrait pousser plus loin afin de donner une toute nouvelle dimension à la série. L’évolution des personnages est effectuée avec brio.
Les évènements qui arrivent à l’écran ne sont pas là que pour divertir le temps de 45 minutes, ils auront aussi un impact important sur les personnalités des personnages. Comme dans la vraie vie, les gens à l’écran ne se sortent pas sans cicatrices de certaines épreuves. Buffy, personnage principal, change du tout au tout entre la première et la septième saison. Nous passons d’une jeune fille de 16 ans plutôt naïve et encore épargnée par la vie à une femme de 23 ans endurcie, que la vie a malmené, mais forte comme rarement des personnages féminins ont été portés à l’écran. Car oui, disons-le, Buffy The Vampire Slayer est une série foncièrement féministe. Là ou Bella Swan dans Twilight montre aux jeunes filles que sans l’amour vous n’êtes rien, Buffy enseignait aux adolescentes de l’époque qu’aucun homme ne vaut la peine de saccager son intégrité physique et mentale. Prenant les choses en mains, c’est en équipe avec ses coéquipiers masculins qu’elle se battait contre les forces obscures, et non en tremblant faiblement derrière un Edward scintillant. À travers toutes les épreuves qu’elle traverse, qu’il s’agisse de la mort de sa mère, du sacrifice obligé de son amoureux, de sa mort, ou encore de sa déroute financière, scolaire et professionnelle, Buffy est un modèle de force pour les jeunes filles. Malgré quelques moments de doute, elle revient toujours en force et ne se laisse jamais abattre.
Redéfinir le genre Joss Whedon, à travers ses innovations filmiques, a redéfini le genre de séries pour adolescents. Sortant des sentiers battus, il a offert aux téléspectateurs quelques petits bijoux à se mettre sous la dent, tels que The Body, Once More With Feeling et Hush. The Body est l’épisode où Buffy découvre sa mère, décédée dans le salon de leur maison à la suite de complications chirurgicales au cerveau. L’épisode, à la réalisation sobre et
dépouillée, est sans trame sonore. C’est dans le silence total que nous observons, en planséquence, la réaction de Buffy brillamment jouée par SMG, et l’impact que cette nouvelle a sur les autres personnages de l’histoire. Dans Once More With Feeling, c’est dans un épisode musical que s’est aventuré Joss Whedon. Fruit d’un an de travail, il s’agit de 45 minutes où les personnages ne peuvent s’exprimer qu’en chantant, suite à la malédiction d’un démon qui vient d’arriver à Sunnydale. Entièrement composées et écrites de la main de Joss, les chansons servent l’intrigue et rien n’y est présent sans raison. Les acteurs chantent réellement et quelques belles surprises nous attendent, dont notamment Amber Benson, dans le rôle de Tara, qui est dotée d’une superbe voix. Dans Hush, Whedon nous offre les monstres parmi les plus effrayants de la série avec les Gentlemen. Ces derniers volent leur voix à tous les habitants de Sunnydale et une grande partie de l’épisode est silencieux. En jouant avec différents paramètres, le réalisateur nous a offert des épisodes qui ont su surprendre et qui sont passés à l’histoire. Ce n’est pas seulement au niveau de la réalisation que Buffy The Vampire Slayer innove. La série, diffusée de 1996 à 2003, a été parmi l’une des premières à mettre en scène une relation homosexuelle entre deux femmes. La relation de Willow et de Tara est en effet une des histoires d’amour les plus touchantes de la série. Loin de vouloir tomber dans la facilité d’instaurer une tension sexuelle lesbienne et de jouer sur le fantasme stéréotypé de deux jolies filles ensemble, Whedon s’est plutôt concentré sur la dimension émotionnelle de la relation. Les deux actrices ne sont jamais vues en train de s’embrasser, sauf dans The Body, car ce baiser, moment de tendresse entre deux personnes désespérées, pouvait difficilement être sexualisé selon Joss. Plus
Un champ d’études a vu le jour à la suite de la présentation de la série, le Buffy Studies. No
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Jeudi 5 décembre 2013
Photo : http://i2.dailyrecord.co.uk/incoming/article1933743. ece/ALTERNATES/s2197/Joss-Whedon-1933743.png
Tout le monde connait Buffy, à un degré ou à un autre. Certains d’entre vous êtes surement fans de la série, mais je suis convaincue que pour la plupart, sans même l’avoir réellement regardée, vous l’avez reléguée au rang de série boboche et ridicule. Pourtant, ce classique de la culture geek où une jeune fille dotée de pouvoirs surnaturels combat les forces du mal gagne grandement à être connu. Marie-Ève Girard Journaliste
En jouant avec différents paramètres, Joss Whedon nous a offert des épisodes qui ont su surprendre et qui sont passés à l’histoire. tard, dans les deux dernières saisons, la tournure sadomasochiste que la relation entre Buffy et Spike prend en surprendra également plus d’un. Osant déconstruire son personnage principal, Whedon nous montre ici une Buffy perdue, au fond du baril, et qui ne se reconnait plus elle-même.
Le symbolisme dans Buffy Dans la série Buffy se cachent plusieurs doubles sens et énigmes, qu’il n’est possible de saisir qu’à la deuxième écoute. En effet, à la fin de la saison trois, Whedon nous parle déjà à double mot de ce qui se passera dans la saison cinq. Loin de s’en tenir simplement à ce qui est montré et dit, plusieurs énigmes et indices sont cachés un peu partout, et il est possible d’analyser en profondeur le symbolisme, très présent et riche, de la série. D’ailleurs, un champ d’études a vu le jour à la suite de la présentation de la série, le Buffy Studies. Quelques universités aux États-Unis ont offert et offrent des cours avec la série comme trame de fond, qu’il s’agisse de discuter le féminisme, la moralité, la sexua-
lité ou encore même certaines expressions linguistiques. Plusieurs livres d’essais sont d’ailleurs disponibles, dans lesquels des érudits (et aussi des moins érudits, dépendamment des livres), dissèquent joyeusement les moindres aspects de la série.
Une suite en bande dessinée Ayant eu un important impact sur la culture populaire et le monde des séries télévisées, Buffy The Vampire Slayer est un incontournable pour tout geek. Par contre, je vous conseille fortement de l’écouter en version originale anglaise si vous le pouvez, car la traduction française, du moins pour la saison un, est douloureuse pour les oreilles et pourrait à elle seule gâcher le plaisir d’une bonne écoute. Pour les fans, sachez que la saison huit est offerte en bande dessinée, et qu’elle est canon (c’est-à-dire, produite par l’auteur original, donc Joss Whedon, contrairement à fanon, c’est-à-dire produite par un fan). Certains suppléments sont également accessibles tels que Tales of the Vampires et Fray : Future Slayer. Journal Le Griffonnier
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Spécial Geek - Jeux vidéo Genia Brain Storm
Philippe St-Yves Journaliste La multitude de compétences acquises à la sueur de tes pouces ne pouvait pas toujours être exploitée dans ton quotidien, du moins jusqu’à ce jour! Genia Brain Storm est la solution. Il s’agit d’un jeu sorti en 2013, gratuit, disponible également en français, qui sollicitera ton cerveau de geek ! Le jeu se déroule dans un avenir terrestre où la connaissance est la forme d’énergie du futur. Vous êtes le dirigeant d’une ville-métropole où vous devez construire des bâtiments divers qui vous donneront accès à des experts qui iront recueillir pour vous les fragments de connaissance dispersés sur notre bonne
vieille terre. Les fragments sont les éléments de base du jeu et leurs sujets sont tous plus hétéroclites les uns que les autres. Certains portent sur les igloos, d’autres sur le bikini, la machine de Watt, l’eucalyptus ou Salvator Dali. Chaque fragment comporte six questions. Vous devez connaitre la réponse à trois de ces questions pour pouvoir vous vanter de maitriser la connaissance de ce fragment. Chaque bonne réponse donne une quantité d’énergie qui pourra être utilisée pour explorer d’autres régions du globe ou entamer l’acquisition d’un fragment par un de vos vaillants experts! Donc, trois questions à répondre sur six, ce n’est pas si compliqué. Enfin… presque! Certains fragments sont uniques ; après que cinquante personnes aient acquis le fragment, le gisement devient épuisé. C’est le cas par exemple de la tour Eiffel, de la statue de la liberté, du kremlin, etc. Là, je peux sentir votre esprit de compétiteur qui s’enflamme et vous vous répétez sans doute ce mantra en boucle « Attrapez-les tous, pok… les fragments! ». C’est à ce moment que le jeu acquière toute sa grandeur. Si des gens ont quelque chose que vous n’avez pas et que vous le voulez, que pouvez-vous faire sinon… attaquer! Le jeu pourrait se passer comme suit : vous avez
Photo : http://www.blogcdn.com/massively. joystiq.com/media/2013/04/brain.jpg
FPS, MMO, MOBA et RPG sont tes 4 groupes alimentaires quotidiens? OOM, AGGRO, MIA et MOB font partie de ton vocabulaire de tous les jours? Azéroth, une galaxie très, très lointaine ou une terre ravagée par un hiver nucléaire sont des lieux géographiques que tu connais comme le fond de ta poche? Mais quand est-il dans l’IRL1?
Genia Brain Storm se déroule dans un avenir terrestre où la connaissance est la forme d'énergie du futur. trouvé, à l’aide de vos satellites perfectionnés, la cible qui vous a lâchement volé VOTRE fragment. Vous sortez votre tempérament belliqueux et vous lancez une attaque énergétique sur la ville-métropole ennemie. Le rayon frappe le bouclier de défense qui est : la motoneige. Vous maitrisez déjà ce fragment, vous croyez que ce sera une partie de plaisir quand vous rencontrez soudainement une question que vous ne connaissez pas parfaitement et ça y est, c’est l’échec critique. Non seulement son bouclier a tenu, mais la personne récupère un peu de l’énergie que vous avez utilisé. Faites maintenant attention à la contre-attaque! Débité, vous vous faites une raison, vous sortez le Géniapédia et vous mémorisez les six réponses au sujet de la motoneige et plus tard vous aurez votre revanche, si c’est cette question qui sort sur son bouclier de défense…
Après avoir œuvré aussi longtemps pour acquérir ces fragments, vous vous demandez légitimement à quoi ils peuvent bien servir. La réponse est dans la Gestalt (principe de psychologie où le total est différent de la somme de ses parties, ex. : 1 + 1 = 3) ! Ces fragments font partie du tout, nommé les connaissances! Celles-ci exigent entre trois et six fragments pour les compléter et ce sont avec elles que vous ferez les points pour gagner la partie. Le jeu exige la coopération pour pouvoir vraiment compétitionner avec les autres. Dix joueurs peuvent se réunir pour créer une alliance qui créera un oracle (le bâtiment générateur de points) où les connaissances apprises par tous viendront se lier pour générer des points à l’heure. La quantité de points varie selon le niveau de maitrise de la connaissance, le niveau de la connaissance et le nombre de gens qui la possède.
En résumé, on a des fragments, qui donnent des connaissances, qui se lient à un oracle qui elle générera des points. C’est simple! Il faut juste rajouter une petite information… le temps! Une partie dure trente jours et c’est là que l’erreur coute cher si on ne gère pas bien toutes les ressources. La communication est la clé pour pouvoir se démarquer dans ce jeu. Jouer à ce jeu vous permettra d’acquérir un paquet de connaissances et ainsi vous pourrez épater la galerie par le puits d’informations que vous serez devenu. Il est de notoriété publique que les gamers sont plus intelligents que le commun des mortels. Es-tu game de le prouver ? IRL : In real life, expression qu’emploient communément les geeks, plus souvent en moment de jeux, afin de spécifier que l’on parle de la vie réelle et non de la vie virtuelle. 1
Harry Potter selon un Québécois Sans surprise, je vous apprends qu'il existe un jeu de cartes dédié au monde d'Harry Potter. Je serais peutêtre tenté de l'essayer, mais j'ai plutôt opté pour un jeu 100 % québécois. C'est le jeu en ligne de cartes sur table Emmerlaüs. Disponible en anglais sous peu, le jeu québécois distribué en français a fait son apparition dans l’Europe francophone depuis quelque temps. Martin Bonneau Journaliste Il s'agit d'un duel de magicien, où, bien sûr, le but est d'éliminer son adversaire (le faire descendre jusqu'à zéro point de vie). Cela pourrait vous faire penser à Magic The Gathering, à la différence que les joueurs, au lieu d'avoir leur
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Journal Le Griffonnier
propre deck, se partagent la pile de cartes dans laquelle ils doivent piger. Autre élément différent, il n'est pas nécessaire d'utiliser des ressources (appelées mana dans le jeu Magic) pour jouer ce que l'on a dans sa main. J'ai eu la chance de connaitre le jeu il y a plusieurs années alors qu'un ami l'avait reçu en cadeau et je ne m’en suis pas lassé. Avec la base du jeu, chaque magicien détient cinq cartes et en joue une par tour. Il y a différents types de cartes, tels que les cartes d’équipements, de répliques, d’attaques, de malédictions et de soins. D’autres types de sorts sont accessibles avec les différentes expansions du jeu. Pour chacune de ces dernières qui est ajoutée au jeu de base, le nombre de cartes en main
augmente de deux. Le nombre de points de vie au début de la partie est de cinquante par défaut, mais les joueurs peuvent en décider autrement. Le jeu est plein de rebondissements. Il ne faut jamais considérer un adversaire comme vaincu ou dans l'impossibilité de nuire, même s'il n'est qu'à un seul point de vie. Il peut te sortir un lapin de son chapeau assez vite, soit parce qu'il l'a conservé dans sa main ou parce qu'il vient de le piger. Je me suis fait avoir plus souvent qu'à mon tour (non sans en ressentir une certaine frustration). Par ailleurs, prendre le temps de connaitre le jeu avant d'y ajouter des éléments s'avère vraiment amusant. Cela permet de connaî-
tre les sorts, les règles du jeu et d'aiguiser sa stratégie. Je tiens aussi à mentionner qu'il peut s'adresser à un public assez large, malgré que son public cible puisse être plus spécifiquement ceux que l’on nomme les geeks. Pour ceux que cela pourrait intéresser, le jeu est accessible en ligne (voir encadré). L'interface est assez simple en ce sens qu'il n'y a pas d'effets graphiques et que l'on clique sur les cartes pour les jouer et voir leurs effets respectifs, mais je suis devenu accroc pendant un certain temps. Je pouvais jouer quand je voulais avec des
amis, d'autres joueurs aguerris ou non ainsi qu'avec des joueurs ordinateurs. Si vous avez des amateurs de jeux de hasard ou des gens qui aiment le fantastique dans votre entourage, il pourrait s'agir d'un beau présent. La base du jeu est peu dispendieuse et elle en vaut la peine. Elle fera son temps et elle génèrera d'autres idées-cadeaux. Par ailleurs, je me demande encore pourquoi je ne me le suis toujours pas procuré ou demandé en cadeau. Il semble que je sois obligé d'attendre à l'année prochaine...
www.emmerlaus.com - L'inscription ne prend que deux minutes. Afin de se familiariser avec le jeu, il est conseillé de faire des parties à vitesse normale qui allouent un délai de 60 secondes pour faire une action (jouer sa carte ou contre-attaquer). Il faut aller dans l'onglet profil en bas à droite une fois inscrit pour choisir ses paramètres. Jeudi 5 décembre 2013
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Spécial Geek - Jeux de rôles Donjons & Dragons
Leïna T.-Lessard Journaliste Étant une femme, je me suis souvent fait demander pourquoi je jouais à ces jeux que plusieurs ne comprennent pas ou ai été discriminée pour ce fait. Je tenterai donc ici de vous expliquer tout l’intérêt reposant dans cette activité. D’abord et avant tout, il faut comprendre que ces jeux ne fonctionnent pas comme ceux de notre enfance où la seule règle était l’image mentale que nous nous faisions de notre personnage ou ses capacités. Le joueur possède une certaine liberté quant à la création de son personnage et peut, s’il le désire, l’optimiser pour qu’il soit le plus puissant possible, mais cela tout en respectant certaines règles et limites imposées par le système. Le participant doit choisir une classe de personnage et s’y tenir, c’est-à-dire qu’un mage niveau un ne pourra pas maitriser le maniement d’une arme, mais il possèdera
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cependant un certain nombre de sorts. Ce système de règles est décrit dans nombre de volumes allant de quatre ou cinq pour les jeux les moins complexes à au-dessus de quinze volumes possibles pour offrir plus de possibilités aux joueurs en ce qui concerne les systèmes les plus complets. Qui plus est, le jeu est dirigé par une tierce personne dont le rôle est d’inventer une ligne directrice pour l’aventure. Ainsi, si un joueur ne respecte pas les règles ou fait quelque chose de dérangeant pour un autre participant, la personne que l’on appelle le « maitre de jeu » s’assure de rétablir la situation afin que chacun s’amuse. La création de ces péripéties demande un très grand effort d’imagination de la part du maitre de jeu autant que des joueurs avec lesquels il joue. Le tout est comme une partie d’improvisation ou une grande pièce de théâtre. Le contexte, les environnements ainsi que le tronc de l’histoire sont créés par le maitre de jeu tandis que les joueurs sont comme des acteurs dans ce sketch. Tout comme une pièce de théâtre dépend entièrement de ses acteurs, le jeu de rôle dépend du joueur. L’univers permet à chacun d’expérimenter des situations extrêmes, dangereuses ou des énigmes complexes sans avoir à se mettre réellement en danger. Le résultat est qu’on en retire tout le matériel mental, c’est-à-dire l’évaluation de la situation, l’élaboration de solution possible, la projection de ces solutions en action ainsi que la prise de décision, sans avoir à réellement subir les contrecoups d’une mauvaise décision. Imaginez que ce genre de situation se produit plusieurs fois dans une séance de jeu durant généralement quelques heures. Les participants sortent donc de chaque session avec une meilleure acuité de décision, des informations précieuses qui, bien que fictives, sont généralement transférables à des situations réelles et il aura passé plusieurs heures d’affilée à interagir avec d’autres personnes de manière saine et agréable pour tous.
Jeudi 5 décembre 2013
Photo : Courtoisie
Qui n’a jamais joué à être une princesse, un chevalier, un superhéros ou un agent secret en mission dans le garage du voisin ? Ces prouesses d’imagination étaient fortement encouragées par les parents et les enseignants. Pourquoi ? Parce que tous ces scénarios imaginaires aidaient au développement du cerveau et à un apprentissage sain et efficace. Bien évidemment, la majorité des jeunes cessent ces divertissements vers l’adolescence pendant que d’autres transitent vers un système plus complexe, mieux monté et soigneusement dirigé : les jeux de rôles. On ne parle pas ici des petits scénarios tels que l’infirmière et le médecin servant à pimenter la vie intime, mais bien des différents concepts de jeu sur table utilisant l’imagination comme outil central de l’activité.
Un univers d’imagination
Votre journaliste ainsi que tous les autres participants au GN Laëstrom 2013. À tout cela s’ajoute le concept selon lequel chacune des personnes s’immergeant dans cet univers en retire quelque chose de différent. Dans mon cas, c’est l’aspect d’interaction qui m’intéresse ; vivre plusieurs situations de communication différentes dans une même partie de jeu, comprendre pourquoi tel personnage agit de telle manière et créer des protagonistes très particuliers afin de simuler ses interactions. En somme, une activité qui demande autant d’acuité mentale et de faculté de réflexion ne peut être que bonne pour l’esprit dans le présent et l’empêcher de se dégrader dans le futur. Finalement, un petit survol des différents constituants du jeu de rôle et ses versions distinctes. Le premier, et le plus populaire de tous, est sans aucun doute Donjons et Dragons, mettant en scène des personnages allant du voleur rogue à la grande magicienne dans un univers médiéval. À l’inverse, nous avons Shadowrun où les joueurs peuvent incarner un pirate informatique ou un cyborg dans un monde futuriste contrôlé par des mégas corporations. Les grands amants de vampires et loups-garous pourront quant à eux se laisser tenter par World of Darkness. Cet univers possède toutes les caractéristiques de la réalité telle qu’on la connait, mais prête corps à l'existence de créatures surnaturelles dissimulées et secrètes. Pour les adeptes de la puissance allant dans l’irréel, il y a Scion ou Exalted, tous deux offrant la possibi-
lité de créer un personnage descendant d’une divinité lui ayant transmis de très grands pouvoirs. Ces derniers jeux se prêtent assez facilement à tout univers ainsi qu’à n’importe quelle époque.
Pousser l’expérience plus loin Maintenant que les jeux de rôles sur table vous ont été démystifiés, certains d’entre vous pensent peut-être : « Oui, ça peut être bien un temps, mais c’est assez statique non ? ». Je suis tout à fait d’accord avec cette affirmation. C’est pourquoi il existe une activité qui vous permet de pousser l’expérience plus loin : les « grandeur nature ». Cette activité est un bienheureux mélange de camping, de jeux de rôle et d’activités sportives. Bien entendu, plusieurs garçons se seront déjà amusés à se batailler avec de petites épées en mousse achetées au magasin, et bien, ceci en est l’évolution. Tout comme pour le concept sur table, il y a des règles, plus simples, moins restrictives, mais tout de même rigoureusement respectées. L’activité est organisée par des personnes qui, tout au long de celle-ci, se promènent pour s’assurer qu’il n’y a pas d’abus, que personne ne se blesse et bien entendu que tous aient du plaisir. Cependant, étant donné l’ampleur de cette entreprise, vous devez nécessairement créer une partie de votre plaisir. Si vous attendez qu’il y ait des monstres (membres de l’équipe déguisés) ou qu’on vous donne
une quête, vous risquez fort de vous ennuyer. Tout comme le jeu de rôle sur table, le GN (grandeur nature) est une activité fortement sociale et il est encouragé de faire du role play, c’est-à-dire de discuter entre joueurs en gardant le « rôle ». L’équipement est également plus sophistiqué que de simples épées pour enfant du magasin. Deux options s’offrent à vous : vous pouvez fabriquer vous-même votre arme de grandeur nature ou en acheter une. La première option est sans conteste la moins couteuse! Tout ce dont vous aurez de besoin est d’un tuyau de bois ou de PVC, de la mousse provenant de tapis de yoga, isolant à tuyauterie ou autre, du ruban adhésif épais et solide ainsi qu’une très bonne dose de patience. Votre premier essai risque d’être très rustique, mais cette option ne vous aura couté tout au plus qu’environ 15 $ à 30 $. La seconde option se trouve très aisément chez une boutique médiévale ou spécialisée en GN, mais vous coutera un joyeux montant allant de 80 $ jusqu’à facilement 250 $ pour une arme vraiment à votre goût. Ainsi, le choix vous revient dépendamment de votre budget! Somme toute, j’espère vous avoir permis de mieux comprendre une activité que je porte profondément dans mon cœur et peut-être même vous avoir donné l’envie de tenter l’expérience lors d’une partie sur table ou dans un événement GN. Journal Le Griffonnier
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Cinéma Le Démantèlement
Une bonne lager faite avec de l’orge
Gabriel Fortin Journaliste
Entretien avec Sébastien Pilote
Griffonnier : Quelle est l’idée de départ qui t’a amené à écrire ce scénario ?
G. : Pourquoi Gabriel Arcand ?
S. P. : Au départ, je pensais à des grands acteurs améri G. : Tu as déjà dit que Le cains. J’ai ensuite pensé à GaDémantèlement se voulait un briel Arcand. Pour toutes sorfilm davantage grand public tes de raisons, c’est un acteur que Le Vendeur . Serais-tu qui se fait très rare au cinéma en train de vendre ton âme ? et à la télévision. Il a un regard unique, Ovide Plouffe est un S. P. : Médiatiquement, il personnage mythique qui a y a un fossé qui se creuse de habité mon enfance et marplus en plus entre un cinéma, qué le Québec en entier. Que disons plus grand public et un ce soit sur ses épaules que autre plus pointu, habituelle- mon film repose est quelque ment réservé aux cinéphiles chose qui m’enthousiasmait plus aguerris. Avec ce film- beaucoup. là, j’ai voulu m’asseoir entre deux chaises. Faire un travail G. : Comment dirige-t-on rigoureux teinté d’un certain des acteurs de la trempe de classicisme américain et en Gabriel Arcand ou Gilbert Simême temps toucher le plus cotte ? grand public possible, ce qui n’est pas facile aujourd’hui S. P. : Beaucoup de gens étant donné qu’il est de plus m’ont posé cette question. en plus paresseux et pris par Ça s’est plutôt bien passé, ce la main. Si tu nourris un enfant sont des professionnels qui au McDo toute sa vie et que connaissent leur art. Malgré le tu lui arrives avec du foie gras fait que c’étaient mes premiers plus tard, c’est certain qu’il va films, ils ne m’ont jamais fait trouver qu’il manque quelque sentir comme un débutant, chose. Le public est devenu même si eux ont une feuille de plus difficile dans ce sens-là, route plutôt impressionnante. il peut avoir tout cuit dans le Techniquement, je ne m’y suis bec, c’est la loi du moindre ef- pas pris autrement qu’avec fort. Il y a de l’éducation à faire. des non-acteurs. Le cinéma c’est quelque chose qui s’apprend. G. : Tu dresses un portrait plutôt déprimant de la Si on fait une analogie vie en région. Qu’est-ce que avec le monde de la bière, tu penses du phénomène de avec Le vendeur j’ai brassé la dévitalisation de ce que une bonne bière noire bien l’on peut appeler les régionscorsée tandis qu’avec Le Dé- ressources comme le Saguemantèlement, ce serait plus nay-Lac-Saint-Jean ? une bière blonde lager faite S. P. : Il faut justement que avec de l’orge. Ton mononcle qui boit juste de la Coors a les régions-ressources arrêtent plus de chances d’aimer une d’être des régions-ressources. Il faut qu’on se diversifie. Faut lager qu’une stout.
Photo : Annie Jean-Lavoie
Sébastien Pilote : J’ai voulu faire un film sur l’amour paternel, le sacrifice d’un père pour ses filles. Le démantèlement c’est non seulement le démantèlement d’une ferme, mais c’est aussi le Démantèlement de soi. C’est un personnage morcelé ; sa femme l’a quitté, ses deux filles se sont exilées à Montréal, il ne voit pratiquement plus personne et doit néanmoins continuer à faire rouler la ferme familiale. Dans un démantèlement, en une journée tout le travail d’une vie disparait. C’est com-
me des funérailles. Paradoxalement, je voulais aussi faire quelque chose qui soit lumineux et généreux.
Le Démantètement traite du monde paysan qui se désagrège, des fermes familiales qui disparaissent au profit de fermes plus industrielles. qu’on se développe afin d’attirer une certaine élite, des fois je trouve qu’on adopte plutôt des stratégies pour les faire fuir. Par chance qu’on a l’UQAC. Pour ce qui est des villages, ils sont en perdition, il va bientôt falloir se battre pour les garder intacts. Mon film traite de ce monde paysan qui se désagrège, de ces fermes familiales qui disparaissent au profit de fermes plus industrielles. C’est de moins en moins à échelle humaine. Ça a pris beaucoup de travail et d’énergie pour seulement acquérir la liberté d’être propriétaires terriens. Si on démantèle toutes les petites fermes, comme c’est présentement le cas, ça va être difficile de réacquérir le territoire par la suite. Le territoire doit appartenir aux gens et non à des compagnies ou à des banques. G. : La musique prend plus de place dans ton dernier film qu’auparavant. Peux-tu nous parler de ton rapport à la musique au cinéma ?
Gilles Renaud, Sébastien Pilote et Gabriel Arcand lors du point de presse à l'Hôtel Chicoutimi.
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Photo : Annie Jean-Lavoie
À l’occasion de la première du film Le Démantèlement qui a récemment eu lieu à Chicoutimi et à Alma, je me suis entretenu avec le réalisateur Sébastien Pilote et et Gabriel Arcand, l’interprète du personnage principal. Ancien étudiant de l’UQAC, Sébastien Pilote en est à son deuxième long métrage. Pratiquement deux ans jour pour jour après Le Vendeur, chronique d’un homme essentiellement défini par son travail de vendeur de voitures, il nous revient cette fois-ci avec le portrait d’un homme aux prises avec la difficile décision de démanteler la ferme familiale afin d’être en mesure d’aider financièrement sa fille. Entretien avec les deux intéressés.
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Journal Le Griffonnier
S. P. : J’ai tout simplement voulu être plus généreux. Je désirais prendre un peu le spectateur par la main. Pour moi, c’est du boniment, le film existe sans la musique. J’ai voulu faire plaisir aux gens.
G. : Pourquoi avoir choisi de tourner en pellicule ? S. P. : Premièrement parce que je n’aime pas le numérique. Le 35mm est mille fois plus beau que le numérique. Tourner en pellicule c’est aussi un processus plus rigoureux, il y a beaucoup de respect qui s’installe autour de la caméra. Les gens se taisent, ça devient comme sacré. On réfléchit aussi plus longtemps avant de se mettre à tourner. G. : Quel conseil donnerais-tu à un jeune réalisateur ? S. P. : Le conseil que je donne toujours c’est qu’il faut sortir de sa zone de confort. Il faut voir beaucoup de choses différentes. Il faut être curieux, à la limite boulimique. Il faut voir les vieux films et connaitre l’histoire du cinéma. Il faut aussi connaitre la philosophie, la musique et la littérature. Bref, tu dois avoir une bonne culture générale et lire beaucoup. Apprendre le cinéma n’est pas apprendre la technique. La technique s’apprend toute seule. Truffaut disait : « On devient cinéaste à la cinémathèque. On devient technicien de cinéma dans les écoles de cinéma ».
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Cinéma trouvent que la fille aînée, celle qui vient lui demander de l’argent, est ingrate. Moi je ne trouve pas. La qualité du scénario c’est qu’il ne prend Gabriel Arcand : Quand pas parti pour personne. Par j’ai lu le scénario, je me suis exemple, on a fait des visionrendu compte qu’un tiers rele- nements en France durant le vait plutôt du documentaire. Festival de Cannes dans les C’est-à-dire qu’un tiers du film communes avoisinantes. Pence serait la vie d’un éleveur de dant les discussions après le moutons, dans toutes les opé- film, on pouvait remarquer rations qui représentent sa que la salle était souvent divie avec son troupeau. Je me visée en deux. La moitié de suis dit : Pourquoi il demande la salle disait de mon personà un acteur de jouer ça ? Pour- nage : « Mon Dieu c’est un vrai quoi ne pas carrément faire perdant, c’est incroyable, il est un documentaire sur la vie vraiment pathétique. » L’autre des éleveurs de moutons ? moitié disait : « Vous ne comMon hésitation était par rap- prenez rien, c’est une délivranport à ça. Beaucoup des scènes ce pour lui. Il abandonne la de Gaby avec son troupeau terre que son père l’a obligée ont d’ailleurs été coupées au à garder. Il est en paix avec luimontage. Ce sont les distri- même. » buteurs et producteurs qui ont dit « Ça va, on comprend C’est le point de vue que que c’est un producteur je partage. Il (Gaby) ne m’apd’agneaux. C’est un film dra- parait pas désespéré, je pense matique qu’on fait, pas un do- que c’est un des bons élécumentaire sur les moutons ». ments du scénario que de ne pas prendre parti et de laisser G. : Quelles ont été les le spectateur penser ce qu’il réactions après les premiers veut de mon personnage. visionnements? Le film met quand même une situation G. : Malgré tout le drame délicate sur le plan moral. du film, la fin est positive…
més. Quand sa plus jeune lui dit, à propos de sa fille aînée, : « Elle t’a toujours manipulé. », il répond : « Je l’sais. Je l’ai mis au monde. » Donner est une délivrance pour lui. Par rapport aux relations père-fille, quand on était au Festival de Cannes j’ai fait une entrevue avec une journaliste mexicaine, charmante d’ailleurs. Je lui ai demandé si ça lui avait plus. Elle m’a répondu que oui, mais c’était une histoire impossible, ou en tout cas pas au Mexique.
G. A. : Contrairement à moi, beaucoup de spectateurs
G. A. : J’aime beaucoup les films qu’il a faits. Il a un
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G. A. : Je pense que ce sont tous des choix très assu-
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Là-bas le père va aider le fils, pas la fille. J’ai réalisé que le scénario était inscrit dans une culture très précise, québécoise et nord-américaine. G. : Le thème du père revient abondamment dans le cinéma québécois. Qu’en pensez-vous ? G. A. : Le cinéma québécois a toujours parlé du père, pas juste dernièrement. Très singulièrement, je ne connais pas de film qui ait traité du rapport entre un père et ses filles. G. : Que pensez-vous du travail de Sébastien Pilote ?
Photo : Annie Jean-Lavoie
Griffonnier : Pourquoi ne pas avoir accepté d’emblée le rôle que vous offrait Sébastien ?
Entretien avec Gabriel Arcand
« J’aime beaucoup les films qu’il a faits. Il a un regard très original et singulier sur la réalité et sur la vie. » - Gabriel Arcand, à propos de Sébastien Pilote. regard très original et singulier sur la réalité et sur la vie. Je me suis engagé pour Le Démantèlement bien avant d’avoir vu son premier long métrage, Le Vendeur. J’en avais vaguement entendu parler, j’ai beaucoup apprécié, mais je préfère quand même Le Démantèlement, pas par chauvinisme, mais parce que je trouve que c’est un film un peu plus lumineux.
Pas nécessairement plus optimiste, mais plus lumineux. Il y a plus d’éléments, les personnages secondaires sont plus étoffés. Travailler avec Sébastien a été quelque chose de très agréable, c’est un gars calme et posé, quelqu’un qui sait ce qu’il fait, il est très patient et a une très bonne oreille pour les dialogues. Toutes des qualités qui sont très utiles au cinéma (G. F.).
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Musique Arcade Fire Après avoir été moussé par une campagne de promotion haute en couleurs impliquant réseaux sociaux, graffitis d'inspiration haïtienne dans les rues de plusieurs grandes villes et concert VIP à la Salsatheque, Reflektor nous était enfin livré, le 28 octobre dernier. Je m’affairai aussitôt à une écoute intensive de la version électronique du double, en attendant de recevoir microsillons et disques compacts par la poste. Plus d'un mois s'est écoulé depuis la sortie du quatrième album de la formation montréalaise et le moins qu'on puisse dire c'est qu’il fait danser. Gabriel BrochuLeCouffe Journaliste On peut supposer que Spraw II (Mountains Beyond Mountains) présent sur The Suburbs était un avant-gout de la nouvelle tangente que
le groupe allait prendre. En effet, si ce titre nous avait surpris par son aspect dance et glam, Reflektor en est complètement imprégné. Soulignons que l’album a été coproduit par James Murphy, ancien leader de LCD Soundsystem, ce qui peut expliquer certaines choses. Si on retrouve sur ce nouvel album beaucoup de sonorités disco et new wave, il n’en est pas moins d’une extrême richesse musicale. Apportant, entres autres, des éléments du punk, du reggae et du dub, Arcade Fire nous a concocté, comme à l’habitude, un amalgame tout à fait unique et fort efficace. On ressent bien l’influence qu’ont pu avoir les rythmes des îles sur Win Butler, suite à un voyage en Haïti. Alors que Here Comes The Night Time évoque une Compagnie Créole complètement déjantée et électrique, Normal Person accroche immédiatement par son riff endiablé et Afterlife, hymne
Reflektor puissant, donne le gout de crier pour expulser l’angoisse de vivre. Certains s’ennuieront probablement de la sensibilité des instruments acoustiques qui nous avait charmés sur les premiers albums du groupe. Ici, les synthés et drum machines sont omniprésents et un peu envahissants, mais permettent cependant de créer des ambiances surréelles, où les nappes synthétiques qui flottent en arrière-plan contrastent merveilleusement bien avec les lignes de basse à la Giorgio Moroder.
Une thématique spirituelle Très travaillé conceptuellement et agrémenté d’une imagerie lyrique inspirée du mythe d’Orphé et d’Eurydice, Reflektor traite de la vie et de l’après-vie, du paradis et de l’enfer, de l’humain et de sa relation avec l’âme et l’au-delà. Une thématique inspirée n’est cependant pas garante d’une
Le Mouvement Desjardins est très fier d’être partenaire du DÉFI SANTÉ 2013 organisé par les étudiants du Département d’enseignement de l’éducation physique et à la santé, qui se déroulera le 6 décembre.
En appuyant le Défi Santé, Desjardins souhaite favoriser l’engagement de chacun de nous, et particulièrement des jeunes, à adopter de saines habitudes de vie et à créer ainsi des communautés plus fortes et en santé.
Desjardins s’est joint au Défi santé cette année, parce que nous croyons en l’importance de valoriser et de mobiliser les jeunes à adopter de saines habitudes de vie. La promotion de la santé et de l’acquisition de saines habitudes de vie est une valeur importante pour le Mouvement Desjardins.
Pour une 11e fois, le Défi Santé rassemblera des jeunes du premier cycle au secondaire de toute la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. En effet, un total de 13 écoles secondaires prend part à la compétition le 6 décembre prochain en apportant un total d’environ 150 jeunes.
Sur la photo, de haut en bas de gauche à droite : Sandra Savard (étudiante), Jérémie Renaud (étudiant), Félix Gauthier (étudiant), Dave Bard (CSSS), Sue-Hélène Belisle (DESJARDINS), Myriam Moreau (étudiante), Frédérique Côté (étudiante) et Tigresse (mascotte, éducation physique) alias Jonathan l. Boily (étudiant)
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bonne transmission de l’émotion. On ressent effectivement un certain détachement dans la voix de Win, comme si la musique avait eu priorité sur l’intensité de la poésie, alors que les deux s’équivalaient parfaitement sur les précédents albums. La voix sublime de Régine Chassagne, trop peu présente, fait toujours plaisir à entendre et les rares inclusions de français dans les paroles nous rappellent que le groupe n’est pas encore entièrement anglophone. D’une durée de 75 minutes, Reflektor comporte plusieurs forces et quelques faiblesses. Le dernier morceau est une balade amoureuse qui s'atermoie pendant de trop longues minutes dans des tergiversations électroniques et nous laisse un peu sur notre faim. On en aurait voulu plus… ou plutôt juste un peu moins, mais sur un seul CD. Les membres d’Arcade Fire sont
Reflektor, le dernier album d'Arcade Fire, est sorti le 28 octobre dernier. bons, très bons et ils le savent parfaitement. Et ils savaient que Reflektor serait bon alors ils ont rajouté une couche de paillettes pour nous en mettre plein la vue et l’ouïe. Les sonorités synthétiques sont très en vogue pour le moment et Arcade Fire a su les apprêter avec finesse. Espérons que sous cette couche de paillettes iridescentes se cache encore la vulnérabilité d’un groupe qui pourrait se perdre dans la présomption.
Dessin de Chloé Merola Étudiante à la maitrise en arts Jeudi 5 décembre 2013
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Art World press photo Les salles sont silencieuses, mais chargées de drame et de sens. Nous sommes projetés dans le monde entier. Les photos nous montrent les conflits dont nous avons entendu parler aux nouvelles, mais que nous ne comprenions visiblement pas avant d’y avoir jeté un œil. Ici, notre sensibilité est mise à l’épreuve, mais nous découvrons aussi de la joie et des cultures étrangères, des lieux hétéroclites dont nous n’avions jamais entendu parler, des regards qui prennent au cœur, des réalités qui piquent, des sourires et peut-être même des larmes. Pablo Picasso s’est un jour demandé « Qui voit la figure humaine correctement? Le photographe, le miroir ou le peintre ? » En
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Novembre en photo
sortant de l’exposition, on est certain que c’est le photographe. C’est de la poésie visuelle, rien de moins. Ann-Élisabeth Pilote Journaliste Pour la quatrième année à la Pulperie, nous avons reçu le World Press Photo, l’évènement mondial le plus prestigieux de la photographie de presse. Plus d’une quarantaine de pays y ont participé et l’exposition a rassemblé les photos (incroyables et intenses) des photographes gagnants ainsi que celles du Zoom Photo, un festival de la région dans lequel les femmes photojournalistes étaient à l’avant-plan cette année. Ailleurs dans la ville, le festival s’est étendu à la bibliothèque de Chicoutimi
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(exposition d’Édouard PlanteFréchette), au centre des arts et de la culture (exposition d’Ivanoh Demers), au complexe Cegerdev (exposition de l’homme et l’environnement), à la galerie d’art La Corniche (exposition l’Ami Vitale), à la zone portuaire (plusieurs photographes féminines), au Cégep de Jonquière (exposition du prix Antoine-Désilets FPJQ), au pavillon des croisières (exposition du Canadian Geographique), à l’Atrium (principalement des photographes masculins), au centre culturel du Mont Jacob (exposition d’Arielle Elkrief ) et au théâtre Banque Nationale. Ajoutons à cela plusieurs conférences et aussi des projections. En- Idi Amma, à gauche, une réfugiée afghane de Erat dans core une fois, la ville est à la le quartier Ghoussabad à Quetta, au Pakistan, Septembre hauteur au point de vue culturel. 2001. Photo d'Alexandra Boulat / VII.
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Spécial Geek - Cyberréalité La suture entre le moi virtuel et le moi réel
Camille-L. Larouche Journaliste À l’ère des technologies informatiques et du bombardement du cerveau par les images de représentation, la spatialité du moi acquiert une nouvelle dimension. Si l’enjeu de l’image projetée n’est pas une préoccupation qui date d’aujourd’hui, le 21e siècle lui fournit cependant un nouveau support. La réalité virtuelle s’additionne à celle physique, et elle s’y greffe. Dédoublement de la personnalité, excroissance de la conception de soi, l’image idéalisée de nous disponible sur Internet est le reflet d’un certain désir de prise de contrôle sur notre identité aux yeux des autres. Il s’agit de se marquer, d’inscrire (plus ou moins métaphoriquement) dans notre individu ce que nous aimerions être et ainsi diriger la manière dont nous serons perçus. Parallèlement, ce désir d’intervenir dans l’image projetée de l’identité et d’exercer un veto sur nous-mêmes emprunte d’autres formes. Le tatouage et l’art peuvent en être des exemples.
Un système en autarcie Le dialogue entre la vie et la technologie est constant. Intrinsèquement liés, ils ont une influence l’une sur l’autre qui les rend indissociables. Les concepteurs des produits qui nous sont offerts réfléchissent l’objet/l’application en s’inspirant des besoins et de la demande de leur clientèle. Cela rend la clientèle confortable, elle sent qu’on se soucie d’elle. Mais ils la prennent de
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vitesse. Transcendant l’idée du raccourci le plus efficace afin d’arriver au produit le mieux adapté au besoin, ils développent jusqu’à créer une nouvelle façon de penser l’action en cause. Les raccourcis, alors, trouvent leur sens à l’intérieur de la logique de l’objet et de son concept. Cela devient une sorte de paradigme matériel. Les téléphones cellulaires deviennent omnipraticiens, ils deviennent modulables, ils deviennent la jugulaire de toutes les actions numériques qui nous sont quotidiennes. L’interface portable nous devient un outil essentiel qui nous permet d’effectuer des actions que nous aurions pu faire autrement, mais en offrant une accessibilité et une rapidité qui nous semblent rapidement nécessaires. À partir d’une logique développée sur la demande, la technologie évolue dans un système qu’elle s’est elle-même créé et elle pousse dans ce sens à mesure que les besoins de la clientèle s’adaptent à la manière dont il fonctionne. Comme l’art et sa tendance à parler de lui-même, la technologie a, dans sa manière d’avancer, elle aussi ses aspects autoréférentiels. C’est lorsque les produits, se succédant, surenchérissent sur eux-mêmes que le processus se renverse. La demande du consommateur n’est plus à la base de la recherche : le produit n’est plus un complément à la vie que mène l’individu, il est l’élément déclencheur d’une nouvelle manière de vivre. Et cette nouvelle manière de vivre deviendra l’objet d’autres recherches, visant à répondre à la nouvelle demande, l’amenant toujours plus loin.
Le jour où je pourrai améliorer mon téléphone cellulaire en y incluant une caméra 7D et où je pourrai même y brancher ma sécheuse, il me semblera logique et pratique de le faire. dans une dialectique incessante. Le jour où je pourrai améliorer mon téléphone cellulaire en y incluant une caméra 7D et où je pourrai même y brancher ma sécheuse, il me semblera logique et pratique de le faire. Les avancées technologiques et la manière dont sont réfléchis les concepts se rapportant au numérique comportent, en eux-mêmes et/ ou à cause des réalités socioéconomiques qui les portent, des mécanismes semblables à ceux de l’art conceptuel et post-conceptuel. Semblables au processus de la régénération des cellules d’un organisme. L’humain fait se bousculer ses inventions, les inventions bousculent ses conventions et son rapport au monde. La manière dont il s’outille le redéfinit, influe sur les frontières de ce qu’il est et n’est pas, sur ses capacités physiques, sur la manière dont il se percevra et vivra son rapport à lui-même.
dans la foulée, bouleversé lui aussi. Dans le monde virtuel, il s’agit d’une série de choix conscients qui détermine ce dont on aura l’air. On peut m’observer vivre à mon insu, à des moments où mes gestes n’auront rien de calculateur et où la spontanéité ne sera pas faussée par la conscience d’un regard extérieur. Mais si je ne m’inscris pas sur Facebook, si je ne mets pas de photo de profil et que je ne publie rien du tout, personne ne peut me stalker et se faire une idée de ma personne via Internet.
L’individu qui choisit de se présenter sur une telle plateforme a ainsi le choix de la manière dont il se fera exister. Cette image est certes fausse et léchée, mais il demeure qu’elle a une dimension réelle. Parce que les ob-
servateurs extérieurs iront la voir et y accorderont une valeur de réalité, ce qui lui confère de la crédibilité. Parce qu’ils l’associeront avec l’image qu’ils ont du sujet et l’y superposeront. Parce que le fait de choisir de projeter une image plutôt qu’une autre en dit déjà long sur le sujet, et que cela fait aussi partie de ce qu’il est. C’est d’ailleurs à cet endroit que le mot « suture » prend son sens. Si la personnalité virtuelle de quelqu’un est en quelque sorte une version décollée du moi (déchirure), elle s’y greffe néanmoins par le fait même d’exister, en étant partie intégrante de la spatialité du moi (suture). À la fois scission et recollage entre les deux entités, la dimension virtuelle colle à la peau de l’individu, intervient dans son identité. Agissant comme un tatouage, comme une marque, cette couture c’est comme une broderie en fils noirs dans une peau.
Fusion de personnalités Il s’opère une distanciation entre la personnalité réelle d’un individu et celle qu’il entretient virtuellement. Les deux espaces proposent des contextes différents, ne contraignent pas aux mêmes limites, changent la manière dont l’autre sera abordé et jugé. Le rapport à soi en est,
Photo : http://www.emptykingdom.com/ featured/ana-teresa-barboza/
L’expérience du corps passe par l’altération qui peut en être faite. La spatialité du moi, espace où se meut le corps tel que fantasmé par le sujet, trouve sa genèse dans l’enfance. Le siècle auquel appartient un individu influence complètement la manière qu’il aura de développer la notion du moi.
L’oeuvre de l’artiste Ana Teresa Barboza
Le pensée modulée par les objets L’objet se perfectionne, en cohérence avec lui-même, et la demande s’y rallie. L’individu s’habitue à la manière de fonctionner proposée, il change ses réflexes, il adopte des manières de faire. L’humain, d’une certaine façon, se domestique lui-même ; il crée des objets à son image, mais qui finissent par, insensiblement, le rendre à leur image à eux. Dans ce processus auto poétique, les notions de technologie et de société s’agitent
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Chroniques de geeks À M-A Gilbert, geek au charme indéniable
Zacharie Bonneau Journaliste
Marilyn Monroe a dit un jour: « L’argent chez un homme est comme la beauté chez une femme. Vous ne choisirez pas une femme que pour sa beauté, mais, mon dieu, cela n’aide-t-il pas un peu!? » Bien sûr que cela aide. Et n’allez pas croire que je tourne le dos à l’amour. L’amour est un sentiment magnifique qui, croyezmoi, prolifère cent fois mieux dans des draps de coton égyptien, dans une maison de campagne sur la plage ou dans une robe Balenciaga. Alors je dis: les geeks, faites attention à eux, vous ne les trouverez pas dans des Civic montées, vous ne les trouverez pas au gym. Ils sont derrière leur ordinateur, en train de faire quelque chose qui, malgré ce que vous préjugiez, pourrait être vraiment utile au monde qui les entoure. Quand on aime quelqu’un, on veut en être fier. Et, traitezmoi de pourri-gâté ou de matérialiste, ma fierté s’arrête à un bungalow en région et à des avantages sociaux. Pourquoi être fier de ce que tout le
monde peut faire ? Avouez-le, je vous en donne la permission, vous voulez être fier de l’homme qui a inventé le IPad, vous voulez vous trimbaler avec le gars qui a eu l’idée des Pokémon, et, plus que tout, vous voulez embrasser le gars qui était dans l’équipe de développement du mascara waterproof (oui ,oui, c’était un gars ça).
Pensons-y sérieusement quelques instants. De la masse musculaire, ça se gagne, une garde-robe au gout du jour, ça s’acquiert. Mais un esprit bien aiguisé, une détermination et une imagination, sont des choses qu’on a ou qu’on n’a pas. Aussi bien prendre parti auprès d’un homme qui les possède déjà! Aussi les geeks ne seront pas toujours ce qu’ils sont, comme ils ne sont plus ce qu’ils ont déjà été. Pourquoi vous priver d’un homme intelligent, mystérieux, à l’humour moins évident et au charme plus complexe ? Et les geeks sont comme tout le monde: chacun est unique. Qu’il soit amateur d’in-
Photo : http://sydneyquanon.files.wordpress.com/2012/01/mr_geek1.jpg
Il est bizarre, je vous l’accorde. Il n’a pas la gueule d’acteur du gars qui étudie en éducation physique (ni ses bras format familial). Il a des lunettes, une chemise qui sort de… (d’où ça peut bien sortir ça ?) et des bas de laine dans ses espadrilles en toile. Il a une beauté étrange, des traits fins, des cheveux en broussaille. Il n’est pas le mâle alpha auquel s’attendrait la princesse que vous êtes. Mais voilà le hic: une princesse, ça coute cher. Voilà l’autre hic: avant de devenir Steve Jobs, Bill Gates, Mark Zuckerberg, Barack Obama ou Donald Trump, ils ont tous été les rats de bibliothèque de leur classe.
Vous dites geek, je dis mari
formatique, de bouquins, de musique ou de poésie, un vrai geek se fout d’être un geek, parce qu’il sait pertinemment qu’il s’agit d’une étiquette, et que, lui, il ne cherche qu’à vivre ses passions, sans tenir compte d’une quelconque pression sociale. Alors voilà, vous dites geek, je dis mari. Enfin, je dis au moins mari potentiel. Je dis d’essayer.
Peut-être les pectoraux de Hulk Hogan et la capacité langagière limitée vous manqueront-ils, mais je dis d’essayer.
Souffler dans la cassette : comment oublier un geek en quelques étapes faciles Je me cachais des sensations fortes dans une couverture à face de loup. J'ai fait ça tout le printemps passé, et tout l'hiver d'avant, et une partie de l'automne aussi. Quand je sortais de mon armure de polar, c'était pour aller faire semblant (me convaincre) que je trippais sur les beaux gars qui arbitraient l'impro. C'était bel et bien l'année des grandes découvertes : j'avais découvert auparavant que les blonds ne méritaient ni ma confiance ni mon amour, que je ne me ferais jamais au gout de la betterave et que les soutiens-gorge sans armatures promettraient toujours à tort un galbe bien rond. Lady Pikachu Journaliste Mais bon. J'avais construit ma carapace selon la logique des jeux vidéo : pour me protéger des attaques venant de
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l'extérieur. J'avais cru, bien naïvement, qu'il me suffisait de rester bien emmitouflée à la maison pour éviter de succomber à la tentation de courir après l'amour comme on pourchasse des papillons armée d'un filet, l'été. Loin de moi l'idée que quelques petits sentiments auraient pu s'immiscer tranquillement, doucement, entre les murs blancs de mon trois et demi. Entre deux pas dans un vieux jeu plateforme au Nintendo. Entre des Pop! Pop! Pop! de Facebook, des conversations qui gazouillent de plus en plus, des paroles pop-corn au fond des ventres. Une fleur avec de gros pixels carrés, apparents et vintage, qui pousse sur le tapis gris de mon salon. Tu sais, le jeu de mémoire entre les tableaux dans Mario Bros? Je t'ai trouvé exactement de la même façon. Un beau match, avec plein de
sourires en bonus. Et quelques balles de feu dans nos ventres, pour les soirées froides cet automne. Tu m'as donné envie d'échanger mes cartes de Pokémon. Peut-être pas mon Charmender, mais les autres. J'connais pas mal de passages secrets dans le premier Mario Bros, sauf celui qui se rend directement à toi. Un gros tuyau vert en vinyle vers toi, toi entouré de cennes ou juste toi tout seul, parce que t’es un trésor assez sweet comme ça. Toute petite, j'fais pas le meilleur des guerriers, mais j'écarterais toutes les carapaces de tortues qui pourraient bloquer ton kart dans la poursuite de la Hapiness Cup. Be with me, qu'on se fasse des LAN de love dans le salon. 24 heures de cuteness et de hugs en réseau.
çait un peu froide, dans l'air climatisé mal réglé de l'université, avec mon opinion un peu tiède et un peu peureuse des coeurs, des sourires et de tout ce qui peut être heureux et de tout ce qui peut mal finir. J'avais prévu passer à nouveau Banjo et Kazooie dans mes temps libres, t'as un peu changé le scénario. T'as soufflé dans la cassette pour vrai. T'as rendu la sorcière moins difficile et t'as ajouté quelques sourires, quelques étincelles. Quand l’amour perd toutes ses vies. Quand il ne reste
plus que des grosses lettres pixélisées formant GAME OVER. La tristesse grand format sur ma télé 42 pouces, haute définition pour rendre l’échec encore plus net. Quand il ne reste que quelques petits pixels rouges à mon cœur, mais qu’il bat toujours de tout son petit contour blanc. Il ne reste qu'à souffler dedans, comme un vieux ballon d'anniversaire dégonflé, comme les cassettes-mastodontes grises du SNES, en espérant qu'il fonctionne à nouveau. Tu restes imprimé dans mes souvenirs comme les passages secrets des premiers Mario.
T'as un peu soufflé dans la cassette des projets que j'avais. Ma session s'annonJeudi 5 décembre 2013
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Le coin des écrivains Un monde dead
(La fois où j’ai chialé contre l’humanité) Ann-Élisabeth Pilote Journaliste Vous vous réveillez un mardi martin ou un mercredi, peu importe, quet’part en milieu de la semaine, en plein cœur de vos habitudes. Pénard, vous ouvrez la télé, pis bin fatigué vous mangez vos céréales tout en écoutant d’une oreille les infos. Votre indifférence au monde est à son apogée. Vous savez que peu importe ce qui aura pu se passer s'a planète, ça va être à des kilomètres de votre nombril. Trop loin de vous-même pour que ça vous fasse quoi que ce soit. Si y’avait pu eu de lait pour vos céréales, là ça aurait été quelque chose. Mais y’a du lait en masse fait que vous êtes relaxe pis satisfait. Les ouragans peuvent dévaster des villages aux Philippines, c’est bin correct. Pour la mise en situation, c’est à peu près ça, vous vous en crissez. C’est un reportage en direct. Y’a eu des émeutes, on sait pas trop où ni pourquoi, pis là tout à coup, la journaliste qui parlait se fait attaquer par quelqu’un dans la foule, se fait mordre au coup, pisse le sang pis plein de gens commencent à la dévorer. La caméra coupe. Vous êtes là à regarder ça dans votre petit pyjama de Noël, la bouche grande ouverte, les yeux ronds comme des losanges pis c’est dégueu parce que y’a plein de céréales qui retombent dans votre bol. Jubilation. Des foutus zombies. Vous êtes stressé, mais super excité. Tout de suite après, le pape se revire de bord : Dieu aurait finalement dit « mange ton prochain ». Pendant que vous fouillez dans Bible, Michel Viens se transforme en direct à RDI pis bouffe ses techniciens. Ça fait une grosse controverse pis le gouvernement fait tout de suite fermer les bureaux de Radio Canada. Mais si on ne peut plus se fier au téléviseur, alors à qui ? Faut bin que quet’chose ait raison quet’part. Alors tout le monde se met à écouter TVA qui concentre son activité journalistique sur des faits divers pis qui dit pas pantoute comment survivre. Ça prend même pas trois jours que tout le monde
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est mort sauf peut-être quelques survivants paranos qui s’étaient déjà préparés bin avant qu’on en parle. Imaginez. Pour eux. Pu de problème de stationnement ou d’embaumement. Ni de trop plein de monde au Costco le dimanche. Pu de trafic, de consommation ou de pollution. Pu de criminalité, de pervers, de voleurs, de violeurs. Pu d’enfants qui crèvent de faim en Afrique. Juste une belle grosse gang de cannibales. Les usines abandonnées. Les gros tas dévorés. Sédentarisation désamorcée. La zombification dans sa justification. Mais blâme à ceux qui étaient déjà morts. Parce que le monde était déjà deep, le monde était déjà fucking lost and deep. Sur Wikipédia ça dit qu’« un zombie désigne communément une personne ayant perdu toute forme de conscience et d’humanité, qui adopte un comportement violent envers les êtres humains et dont le mal est terriblement contagieux. Le terme zombie qui vient de la culture haïtienne qualifie aussi les victimes de sortilèges vaudou permettant de ramener les morts à la vie ou de détruire la conscience d’un individu afin de la rendre corvéable à merci. » Ne sommes-nous pas tous déjà victimes d’un sortilège vaudou qui nous assujettit l’esprit, qui nous fait devenir des consommateurs cons ? Des réceptacles à information devant leur télé le dimanche après-midi ? L’état mental de celui qui ne fait qu’exister et qui se laisse gaver, ça doit pas être bin loin d’un zombie. De celui qui s’évache et se complait dans son ignorance. De celui qui n’a pas le temps de lire, mais qui connait par cœur le nom des candidats d’Occupation Double. De celui qui passe sa journée à errer au centre d’achat. De celui qui vote pour Jean Tremblay. Je parle de l’Américain sale. Il existe, l’Américain sale. Il se multiplie, l’Américain sale.
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Et les saints penseurs sont rares. On est libre? Pffffffffffff. Libre d’être con que je dis. Libre de s’abrutir au profit des multinationales qui nous vendent des hosties de patentes qu’on n’a pas besoin qu’un enfant de cinq ans a faite dans leur hostie d’usine à patentes qui fait plein d’argent parce que les enfants sont mal payés genre une piasse par six mois. Des patentes qui passent à tévé dans des annonces connes qu’on trouve même pu connes parce qu’on est trop habitués à se faire brainwasher. Pis personne ne va venir faire son finfinaud ici, on l’a toute acheté le crisse de Shamwow, pis plein d’autres patentes pas rapport dont on s’est jamais servi. Bref, notre esprit s’est abruti. La conscience collective fait dure. J’te règlerais toute ça à grands coups de morts qui mordent. Pis manger les autres, l’Amérique le fait depuis déjà un méchant boute. J’vois pas vraiment c’que ça changerait de mettre la métaphore au sens propre. Zombifions l’humanité pour de vrai tant qu’à être rendu là. Ça règlerait la connerie humaine pis les problèmes environnementaux. Parce que la planète, on va se le dire, on chie dessus en hostie. C’est de la violence ça, me semble. Non ? Engloutir le globe, sacrer, pis même pas en avoir assez. Les consommateurs sont sales.
Car la rhétorique a implosé. Et pour les cerveaux crétins, Un fléau dans un monde éteint. La fin justifie les moyens. Psychologiquement, les zombies représentent ce qu’il y a de plus noir dans la condition humaine. Je crois que la condition humaine fait plus peur encore. Et c’est exactement à partir de ce genre de réflexion qu’on commence à avoir des rêves apocalyptiques. Morosité.
L’individualisme nous aura tués. Mais n’ayez crainte, les saints d’esprits de ce monde sont sûrement déjà partis en jeep dans un endroit isolé du nord, se sont barricadés avec des années de provision depuis que le monde s’est imbécilisé et guettent l’horizon avec leur AK47. Ils tirent quand ils jugent qu’un anthropophage s’approche trop près de leur cache. Ils nous tireraient sans doute dessus parce que pour le reste, on est déjà contaminés.
Pis là je chiale bin trop pis ça pas de bon sens chialer de même, mais pour justifier la mort de sept milliards d’humains, y faut bin les désapprouver à quet’part. Des reproches en veux-tu, en v’là. Tout le monde se crisse de tout le monde. Les gens marchent dans les rues et ne se regardent pas. Le regard vide, la vie vide. On regarde la foule et on y voit des regards blasés, désabusés, désenchantés. Le teint livide à force d’exister et de se faire dicter quoi penser. On regarde la foule et on les trouve insignifiants. On regarde la foule et on est en plein dedans. L’Amérique s’est décomposée, Journal Le Griffonnier
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Sport La lutte professionnelle autour du monde
Frédéric Desbiens Journaliste Adoré par certains, détesté par d'autres ce divertissement sportif a plusieurs éléments clés. Il y a celui que tout le monde connait sans exception : l’issue du match est préalablement décidée. Il y en a d'autres comme les personnages colorés (ou gimmick dans le jargon de la lutte) tels que The Undertaker , « Macho Man » Randy Savage, le légendaire Hulk Hogan et « The Rock » (maintenant connu sous le nom d'un certain Dwayne Johnson). On parle aussi de promos hautes en couleur, de coups de chaise (maintenant illégaux lorsque donnés sur la tête due à la forte concentration de commotions cérébrales, la mort de nombreux lutteurs avant même d'avoir atteint l'âge de cinquante ans et la tragédie de Chris Benoit) et de costumes flamboyants. Mais vous êtes-vous déjà demandé s’il y avait des coutumes différentes pour la lutte professionnelle dépendant de l'endroit où vous êtes ? Est-ce que les lutteurs au Japon performent de la même manière et ont les mêmes règles qu'au Mexique ? Est-ce que les lutteurs hardcore nordaméricains font les mêmes prouesses folles sur le ring que la lutte classifiée comme Deathmatch du Japon ? Non ! La lutte bénéficie de sa propre culture.
Le Puroresu C’est le style principal du Japon avec des origines remontant vers la lutte professionnelle américaine (celle que vous voyez à la télé). La ressemblance entre les deux genres est l'esprit de compétition, mais avec beaucoup moins d'emphase sur les histoires (parfois très théâtrales) des opposants. Malgré cela,
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le Puroresu a su se former une identité propre avec sa présentation et sa psychologie. La différence principale d’avec le style nord-américain est que les athlètes et les fans traitent le combat comme étant un combat légitime, mais avec certaines restrictions. C'est-àdire que les lutteurs se frappent avec des vrais coups d'avant-bras et des coups de pieds et les prises d'étranglement sont tolérées (il n'est pas rare qu'un combat se termine par un K.O.).
la compétition pour le top 3, l'Espagne. Chaque personne a sont toujours aujourd'hui très au moins, une fois dans sa vie, vu un masque de lutteur mexipopulaires. cain. Porté fièrement comme Selon la tradition de cer- un masque de guerrier, les taines promotions, lors de luchadors et la lucha libre en la finale, les autres lutteurs général sont un incontournan'ayant pas été capables de se ble pour la population et pour qualifier pour la finale descen- n'importe quel touriste visident s'asseoir autour du ring tant ce pays. Le masque est si afin de regarder les deux fina- important que l'enlever ou se listes et le gagnant remporte, le faire enlever par un advergénéralement, un gigantes- saire (généralement, c'est le que trophée. Gagner un tour- méchant, aussi appelé rudos, noi donne de l'importance qui retire le masque) est consiau lutteur et mène souvent déré comme l'insulte suprême vers un règne avec la ceinture et peut même mener la foule Au Japon, le Puroresu est principale de la compagnie. à commencer une émeute si considéré comme un sport Peu de Nord-Américains ont le luchador en question est exde combat, comme la boxe et gagné la ceinture principale trêmement populaire. la MMA. D'ailleurs, il n'est pas d'une des trois compagnies Lorsqu'il y a une rivalité rare de voir des combats de principales au fil des ans. Les lutte et de MMA sur la même lutteurs nord-américains sont entre deux lutteurs masqués, carte. L'histoire racontée, gé- appelés « Gaijin ». Il est par- de temps en temps, lorsque néralement durant le combat, ticulièrement difficile pour la foule est sur la pointe des est la persévérance d'un des un lutteur nord-américain de pieds, le conflit se règlera adversaires à venir à bout de percer au Japon, car souvent, dans un Luchas de Apuestas, l'autre ou, comme les Japonais le lutteur en question est trop un match avec paris où les l'appellent, le Fighter's Spirit habitué au style plus doux lutteurs doivent parier quel(l'esprit du combattant). Ce tel que celui de la WWE et ne que chose soit leur masque, leur chevelure ou leur carrière. style de lutte peut également réussit pas à s'adapter. être appelé comme de la lutte shoot (dans le jargon, cela veut dire un évènement qui est survenu durant un match et qui n'était pas prévu). Les coups de poing à mains fermées ne sont pas tolérés, mais les coups de paume le sont. Ce style a commencé à prendre de l’ampleur dans les années 50 avec Rikidozan qui fut la première mégavedette de lutte au Japon (il a le même statut que quelqu'un comme Hulk Hogan aux États-Unis ou El Santo au Mexique). Photo : http://superradnow.wordpress.com/2012/03/05/viva-el-santo/
La lutte professionnelle, un des plus vieux sports de l'histoire l'humanité, est encore pratiquée partout autour du monde aujourd'hui. Tout le monde en a déjà regardé au moins une fois, que ce soit par curiosité, par passion ou simplement parce qu'il n'y avait rien d'autre à la télé ce jourlà.
Après son décès dans les années 60 (il fut assassiné), la lutte au Japon a pris énormément d'expansion et plusieurs promotions avec différents styles (dont un que nous verrons plus loin) sont nées. Le Puroresu est le style principal du Japon, mais il n'est pas pratiqué dans toutes les promotions. La AJPW (All-Japan Pro Wrestling), NJPW (New Japan Pro Wrestling) et la NOAH (c'est bel et bien son nom) sont les trois principales promotions dans le pays du soleil levant. Des lutteurs comme Giant Baba, Mitsuharu Misawa, Kenta Kobashi et Jushin « Thunder » Liger deviennent de véritables vedettes et les promotions plus indépendantes, c'est-à-dire les organisations trop petites pour être considérées comme de
El Santo (Gauche) et Blue Demon (droite) jouant ensemble dans un film. La lutte féminine occupe Le perdant devra enlever son également une place de choix masque ou se raser complètedans le Puroresu, car contrai- ment la tête s’il ne porte pas rement à la lutte télévisée en de masque. Lorsqu'un lutteur Amérique du Nord, les fem- est démasqué, il ne peut pas mes ont leurs propres pro- remettre son masque d'origimotions et n'occupent pas un ne. Il devra soit lutter avec un endroit précis sur une carte masque différent et un perd'un évènement où figurent sonnage différent ou ne plus principalement des hommes. jamais en porter. Lorsqu'un Certaines rivalités féminines luchador populaire perd son télévisées furent parmi les masque, il peut être très diffiprogrammes télévisuels les cile pour lui de redevenir aussi plus regardés dans l'histoire populaire qu'avant. Deux des du pays tous programmes plus grandes légendes de la lucha libre au Mexique, El Sanconfondus. to (Le Saint) et Blue Demon, Lucha libre n'ont jamais perdu leur masque et étaient tous les deux Il s’agit d’un style tradi- les vedettes de plusieurs films tionnel utilisé au Mexique et où ils portaient leurs masques dans d'autres pays comme respectifs. Les deux sont en-
core aujourd'hui des icônes de la culture populaire mexicaine et, quant à El Santo, il un symbole de justice pour le citoyen moyen.
Deathmatch Wrestling Ce style de lutte plus underground est principalement utilisé au Japon et à quelques endroits aux États-Unis. Développé au début des années 90 avec la FMW (Frontier Martial-Arts Wrestling) de Atsushi Onita, ce style met complètement à l'arrière l'athlétisme et la technique en faveur de la violence et du sang. Il s’agit bel et bien ici de choquer le spectateur et de lui en mettre plein la vue avec des matchs dingues aux noms trop longs à prononcer. En Amérique du Nord, les fans regardaient les lutteurs qui, de temps en temps, se frappaient à la tête avec des chaises ou passaient au travers d'une table . La FMW a décidé d'aller plus loin. Pourquoi avoir un simple match sans disqualification quand il est possible d’organiser un NoRope Barbed Wire Exploding C4 Deathmatch ? Oui oui, enlevez les cordes, remplacez-les par des barbelés et attachez-y de petites charges de C4 pour qu'ils explosent lorsqu’un lutteur entrera en contact avec ceux-ci. Ce style qui attire une petite partie des fans de lutte eut beaucoup de succès durant les années 90 et début 2000. Les rivalités se terminent toujours dans un match encore plus cinglé que le précédent. Les carrières des lutteurs réguliers de ces organisations deathmatchs sont relativement courtes en raison de nombreuses coupures, de brûlures et de chutes sur le ring. La lutte, selon ses styles, regorge parfois d’un peu trop de violence qui pourra choquer les plus sensibles et semer la controverse. Néanmoins, il s’agit d’un sport qui soulève les foules depuis toujours et que vous aimiez ou pas, une chose est sûre, c’est qu’il faut en avoir écouté au moins une fois dans sa vie et si après un spectacle vous voyez pourquoi les fans aiment cela, tant mieux. Sinon, les fans se débrouillent très bien sans vous.
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Profil d’athlète Olivier Audet, un exemple d'implication
Le mardi 26 novembre avait lieu le 28e gala de la Fondation de l’athlète d’excellence à l’hôtel Sheraton à Laval. En cette occasion, le capitaine de l’équipe de badminton des Inuk, Olivier Audet, a remporté le prix Emmanuel-Constant du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) pour son engagement communautaire, son leadership et son implication au développement du badminton dans la région en plus d’une bourse de 2 000 dollars.
Vincent Côté Journaliste
Griffonnier : Olivier, qu’est-ce que tu aimes dans ce sport? Olivier Audet : Bien, en fait, même si c’est un sport peu connu du côté québécois, c’est un des sports les plus populaires dans le monde. C’est un sport très violent au niveau de la dynamique, un sport très rapide. Comme j’aime bouger, ça me permet de bien me dépenser sur un terrain. G. : Est-ce que pour toi, le sport universitaire est un tremplin vers le sport professionnel?
G. : En quoi est-ce que le sport d’excellence profite à tes études? O. A. : Le sport d’excellence, ça me profite dans le sens que ça me permet de faire mon activité quotidienne tout en étant dans une équipe qui est vraiment extraordinaire encore une fois cette année. Cette année, je suis capitaine des Inuk et je n’ai jamais eu autant de plaisir en six ans avec l’équipe. Ça m’apporte beaucoup côté personnel et, en même temps, ça me permet de m’investir dans quelque chose d’autre et de penser à autre chose que les études. G. : Tu es capitaine de l’équipe, est-ce que ça arrive des fois au capitaine de se lever le matin puis d’avoir le gout de tout abandonner? O. A. : Je ne peux pas dire tout abandonner, mais c’est certain qu’à la fin de l’année passée, je m’étais beaucoup investi, j’en avais donné beaucoup. Vers la fin je me disais
« Woohoo j’en ai peut-être trop pris. » Par contre, quand ça a été terminé, je m’étais dit que plus jamais je ne vais en reprendre autant. Le lendemain de la compétition, le championnat provincial était terminé et j’ai commencé à me planifier une nouvelle année et j’ai même repris un tournoi provincial de plus. Je ne le regrette pas du tout finalement. C’est sûr que c’est difficile parfois, mais c’est tellement avantageux. Ça fait tellement du bien de redonner au sport ce qu’il t’a donné avant. G. : Comment est-ce que tu fais pour te motiver?
O. A. : Je fonce, je ne regarde pas vraiment en arrière. Je regarde en avant. À chaque fois que j’atteins un objectif, j’essaie de m’en fixer d’autres.C’est quelque chose qui me tient à cœur et j’aimerais le montrer aux gens dans ma future profession. G. : Tu as gagné une bourse au gala de la Fondation de l'athlète d'excellence du Québec en raison de ta grande implication l’an dernier. Audelà de l’implication, qu’est-
ce que ça prend pour être un athlète qui réussit?
O. A. : Beaucoup de volonté. Se lever le matin pour aller s’entrainer, revenir pour étudier et s’impliquer dans la même journée ça fait un horaire assez chargé. C’est vraiment de la volonté, de bien planifier, d’aimer ce qu’on fait. Si je n’aimais pas ce que je fais, je n’aurais jamais fait ça non plus. Donc, c’est surement la passion qui nous conduit là aussi. G. : Tu parles d’aimer ce qu’on fait, depuis quand joues-tu au badminton? O. A. : En fait j’ai une histoire un peu tardive avec le badminton. J’ai commencé au secondaire, mais seulement pour m’amuser sur l’heure du diner et je n’avais pas vraiment d’entraineur. J’ai vraiment commencé à jouer pour les compétitions à l’université il y a six ans. G. : En six années de sport-études, quelle a été ta plus belle réalisation? O. A. : C’est justement le prix que j’ai reçu cette semai-
Saviez-vous que le mot badiste désigne un joueur de badminton? ne, même si j’ai quand même réussi de belles performances du côté sportif cette année. J’ai réussi à apporter beaucoup à mon équipe, mais le prix que j’ai reçu, c’est beaucoup d’heures d’implication, d’heures d’entrainement. C’est aussi la maitrise qui avance à vue d’œil, beaucoup de sacrifices. Un prix comme ça, ça fait du bien de regarder un peu en arrière, de regarder qu’estce qu’on a fait pour l’avoir, la chance qu’on a eue. G. : Pour la prochaine année, qu’est-ce que tu souhaites? O. A. : Terminer ma maitrise. Maintenant c’est de remettre les priorités aux bonnes places. Je vais axer ça sur ma maitrise un peu pour la terminer au moins avant le mois de mai, et après ça je vais aller au doctorat.
Photo : Dominique B. Gagné
O. A. : Pour moi, le sport universitaire a été un tremplin;
pas vers le sport professionnel, mais vers mes études. Sans le sport, je n’aurais jamais fait de bac, ni de aitrise et je n’aurais pas continué au doctorat plus tard. Ça m’a juste amené à apprécier ce que je faisais à l’école et à trouver une bonne voie.
Nom : Olivier Audet Domaine d’études : Médecine expérimentale Sport : Badminton
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Jeudi 5 décembre 2013
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