Griffonnier111 17mars2016

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No 111 - Jeudi 17 mars 2016

3000 exemplaires - gratuit

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Pavillon sportif Université du Québec à Chicoutimi

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Près du Cégep et de l’Université

Improvisation tous les mercredis Internet sans fil sur place

Photo : Ann-Élisabeth Pilote

Réflexions sur l'université pages 2 à 10 Conférence du 9 mars : les présidentes et présidents des syndicats de l'UQAC sont en désaccord avec le recteur page 2

Être moyennement compétent : la clé de la réussite page 3

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Vie étudiante

Jeudi 17 mars 2016 No 111 Journal Le Griffonnier

Conférence de presse du 9 mars

L’UQAC menacée?

Ann-Élisabeth Pilote Rédactrice en chef La tension était palpable le 9 mars dernier, dans l’aquarium de l’UQAC, où étaient réunis plusieurs professeurs, employées et employés, journalistes, quelques étudiantes et étudiants, ainsi que les présidentes et présidents des syndicats. Ce sont ces derniers qui ont animé la conférence de presse. Ils ont donné leur point de vue sur la situation qui prévaut actuellement dans notre établissement en ce qui concerne les coupes budgétaires, mais surtout, de la façon dont elles sont administrées. Ils nous ont parlé d'un temps où le sous-financement des uni-

versités était dénoncé par les recteurs des universités, mais ce temps est révolu. Pourtant, sous l’autorité rigide du régime libéral, nous avons assisté à une réduction considérable du budget – et par le fait même des ressources, donc de la qualité de vie – des Québécoises et Québécois. Le sous-financement des universités est passé de 475 millions de dollars à 750 millions de dollars, mais au lieu de s'indigner plus ardemment, la plupart des recteurs se taisent. Il faut préciser que des changements sont survenus depuis, à l’UQAC. Le recteur Michel Belley a été remplacé par le recteur Martin Gauthier qui lui, a embauché Dominique Bouchard, un ancien gestionnaire de Rio Tinto, comme vice-recteur aux ressources financières. Ce dernier est un « instrument de M. Gauthier », souligne M. Gilles Imbeau, et « une fois que le ménage sera fait, il est évident que M. Bouchard aura une heureuse retraite ». Ce changement est perçu par les présidentes et présidents

des syndicats comme une stratégie attaquant la nature même de l’université, transformant l’UQAC en entreprise lucrative où les programmes sont jugés selon leur rentabilité. Pour la première fois dans l’histoire, tous les salariées et salariés de l’UQAC sont entrés en consensus. Ces derniers déplorent l’amputation de budgets importants en recherche et en création, la surcharge de travail que subissent plusieurs professeurs, secrétaires, chargées et chargés de cours, le trop grand nombre d'étudiantes et d’étudiants dans certains cours, le fait que plus de 30 professeurs auraient dû être embauchés, mais ne l’ont pas été, les tensions entre collègues, le fait que 12 millions de dollars sont actuellement disponibles dans les fonds de L’International, que ces fonds sont utilisés par le recteur de façon arbitraire – par exemple pour l’École de langue française et de culture québécoise, puisque leurs revenus ont baissé –, et que cet argent pourrait être utilisé pour com-

penser les coupes budgétaires du gouvernement Couillard. Les présidentes et présidents des syndicats ne font pas confiance au recteur Gauthier en ce qui concerne la qualité académique de l’UQAC puisque selon eux, il a une vision « comptable » de l’établissement. Un comité d’autoaffirmation a été créé. Qui plus est, il y a un schisme au sein de la haute direction. En effet, le vice-recteur Mustapha Fahmi, un des seuls, dans la haute administration, qui croient que malgré les coupes, il faut protéger la recherche et la création, a été exclu du comité sur la pérennité financière par le recteur Martin Gauthier. On s’attaque à « la relève de demain », soutient M. Imbeau. Les demandes du regroupement des syndicats sont les suivantes : que le recteur retarde les travaux du Comité institutionnel sur la pérennité financière jusqu’à la remise du rapport du Comité d’autoaffirmation sur la pérennité financière, que le vicerecteur Mustapha Fahmi soit

présent au Comité institutionnel sur la pérennité financière, que le surplus de L’International soit utilisé pour pallier le manque de fonds dans les activités d’enseignement, la recherche et la création, que le recteur Gauthier dénonce toute nouvelle restriction du gouvernement Couillard et qu’il fasse preuve de transparence face à la communauté universitaire en ce qui concerne l’avenir de l’UQAC. Dans la période de questions, un étudiant a demandé : « Ne trouvez-vous pas que le fait de demander quelque chose est un signe de passivité ? », leur rappelant – en mentionnant le printemps érable – que parfois, il faut se défendre de façon plus radicale, ce à quoi les porte-paroles ont répondu qu’en effet, le verbe « demander » pourrait très bien être remplacé par le verbe « exiger », dans les points soutenus. Ce mois-ci, plusieurs journalistes ont teinté leurs textes de réflexions sur l’Université. Et nous nous questionnons : l’Université telle que nous la connaissons est-elle en péril?

À la recherche de votre esprit critique « Tu vas voir ma fille, ce sont les plus belles années de ta vie! » Marie-Pier Poulin Chroniqueuse Cette phrase entendue des tonnes de fois dans la bouche de tonnes d’adultes ne s’épuise pas durant les onze années d’écoles primaire et secondaire qui se succèdent, sans que ne prennent vraiment sens ces paroles « garrochées » à l’enfant que nous étions. Dès le secondaire 3, on commence à préparer nos choix de carrière répondant à divers tests d’aptitudes et l’on tâtonne sans savoir, on ébauche les possibilités, on épuise les choix. Et les choses se concrétisent rapidement lorsque, les deux dernières années s’étant écoulées le temps d’un clin d’œil, on passe de la parole à l’acte et l’on s’inscrit dans un programme d'études technique ou préuniversitaire. Jeunes adultes, grands de notre inexpérience du monde,

on s’échine à répondre à cette nouvelle question de l’entourage qui nous demandent, tous et sans cesse, ce qu’ « on va faire avec ça? », surtout lorsqu’on choisit des programmes moins concrets sur le plan technique comme l’histoire, les arts ou le programme général de sciences humaines (sans maths en plus! Non, mais qu'est-ce que tu vas faire???). Les gars de génie, les filles de diététique ou de soins infirmiers se demandent tous (ou à peu près), pourquoi, même au cégep, on doit encore suivre des cours obligatoires de français littérature ou de philosophie. Trônant au-dessus de toutes ces considérations, à quoi sert l’épreuve uniforme de français qui n’a, de prime abord, aucune utilité dans les programmes d’application technique et qui reste obligatoire à l’obtention d’un DEC?

Que peut-on se dire là-dessus? Être en mesure d’argumenter, de défendre une idée (et de la comprendre), preuves à l’appui… N’est-ce pas stupide et inutile pour quiconque étudie dans un domaine d’enseignement concrètement utilisable d’un point de vue économique et social? Est-ce qu’une infirmière devrait être capable de bien écrire? Pourquoi mon électricien devrait-il philosopher sur la vie ou savoir ce qu’est un sophisme? Il ne s’agit pas que de s’en tenir au monde des astres ou de « pelleter des nuages » (comme le veut l’expression populaire) puisque les sciences sociales sont un moyen de développer l’esprit critique. Personne ici ne peut dire qu’il aime bien être l’Inuit qui se laisse vendre un réfrigérateur, mais personne ne peut dire non plus qu’il ne s’est jamais fait avoir. Encore faut-il en prendre conscience, mais même le

dernier des idiots s’en rendra bien compte. Ce qui fait la différence, c’est de savoir si l’on va se taire et oublier qu’au-delà du robinet de la salle de bain qui fonctionne mal se trouve une existence sociale et politique et que peu importe le domaine d’étude, on devrait tous être sensibilisés à cette éducation qui nous est, pour l’instant, offerte sur un plateau d’argent. Pourtant, on préfère s’assoir devant la télévision, regarder La Voix, se taire et chialer sur tout, sans comprendre les enjeux qui nous dépassent. Les années d’écoles primaire et secondaire nous montrent à apprivoiser notre langue, à en comprendre les ancrages et la structure, mais c’est, entre autres, avec des cours de philosophie ou de littérature que l’on parvient à développer l’esprit critique et comprendre une partie du monde. Ce monde nous habite et se révèle dans notre part d’humanité.

Dire non à l’éducation qui nous est offerte lorsqu’il s’agit de culture, c’est refuser la parole. Nous sommes, au final, les tyrans de notre propre culture. Comment se fait-il qu’au Japon, en septembre 2015, une vingtaine d’universités ferment leur département de sciences sociales et d’humanités, après une décision du Ministère de l’Éducation et sous prétexte que ces domaines ne sont pas « utiles à l’économie »? Comment se fait-il qu’une si grosse partie de la population (universitaire!) adhère à cette idée de répression et donne le droit au gouvernement de penser à sa place? C’est à nous de choisir qui nous sommes au final. Nous définissons-nous d’abord en tant qu’individus faisant partie d’un tout social ou bien sommes-nous réductibles à des catégories ouvrières dans le système capitaliste?


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Être moyennement compétent : la clé de la réussite

Andréanne Gagné Chroniqueuse « Rangez ces ouvrages compliqués, les livres comptables feront l’affaire. Ne soyez ni fier, ni spirituel, ni même à l’aise, vous risqueriez de paraitre arrogant. Atténuez vos passions, elles font peur. Surtout, aucune "bonne idée", la déchiqueteuse en est pleine. Ce regard perçant qui inquiète, dilatez-le, et décontractez vos lèvres – il faut penser mou et le montrer, parler de son moi en le réduisant à peu de chose : on doit pouvoir vous caser. Les temps ont changé. Il n’y a eu aucune prise de la Bastille, rien de comparable à l’incendie du Reichstag, et l’Aurore n’a encore tiré aucun coup de feu. Pourtant, l’assaut a bel et bien été lancé et couronné de succès : les médiocres ont pris le pouvoir. » Et l’université nous en donne un bon exemple. Ce dernier extrait est tiré de l’essai La Médiocratie (Lux Éditeur, 2015) d’Alain Deneault, docteur en philosophie. Dans son ouvrage, Deneault révèle que si la médiocratie génère et glorifie des citoyens et des travailleurs résolument moyens, il en va de même pour les agents du milieu universitaire, notamment chez les gestionnaires, qui encouragent cette attitude chez les étudiants, les professeurs, les chercheurs, etc. Mais comment des gens moyennement compétents ont-ils pu gravir de tels échelons? C’est à force de chapeautage, de passe-droits, de complaisance et de collusion. Comment font-ils par la suite pour demeurer au sommet et conserver le pouvoir? C’est en évinçant les parfaits incompé-

tents bien sûr, mais c’est surtout en écartant dans la marge les « super compétents » (la direction de l’UQAC ne nous en a-t-elle pas d’ailleurs donné un excellent exemple ce mois-ci en « écart[ant] le vice-recteur à l’enseignement, à la recherche et à la création, Mustapha Fahmi, d’un important comité devant se pencher sur la pérennité financière de l’UQAC », parce que « celui-ci ne partageait pas la vision administrative de la direction » (source : ici. radio-canada.ca).) Prière, gens brillants et cultivés, de ne point faire d’ombre aux médiocres en vous élevant au-dessus d’eux, sans quoi vous serez exclus de la partie. Laurence J. Peter et Raymond Hull notent, dans leur thèse publiée dans les années de l’après-guerre (comme quoi les médiocres ne sont pas nés hier), que pour maintenir le cap de la médiocrité, les institutions d’enseignement par exemple ne veulent pas d’un professionnel qui ignorerait tout de sa matière, mais ne veulent pas non plus d’un intellectuel (pour ne pas dire d’un rebelle) qui remettrait en cause les fondements du système et en modifierait les rouages. En d’autres mots, les institutions veulent des gens bons qui acceptent de se conformer, sans plus. Cela signifie qu’on n’attend plus des étudiants qu’ils réfléchissent, mais qu’ils reproduisent; des professeurs qu’ils éveillent les esprits, mais qu’ils les remplissent; des chercheurs qu’ils pensent, mais qu’ils produisent. Cette manière de penser (s’il en est une) les rôles découle aussi du fait que les institutions de recherche s’arriment avec les grandes entreprises et autres institutions de pouvoir qui les financent largement. En échange, les universités forment des étudiants dans le but de les vendre aux entreprises privées. En 2011, le recteur de l’Université de Montréal le confirme sans gêne : « Les cerveaux doivent cor-

Photo : http://www.telerama.fr/idees/en-politique-comme-dans-les-entreprises-les-mediocres-ont-pris-le-pouvoir,135205.php

respondre aux besoins des entreprises. » (Guy Breton, cité dans Deneault, 2015) Le recteur de l’UQAC et son équipe semblent partager le même avis, puisqu’ils « souhaitent conserver que ce qui est rentable au sein de l’université. » (ici.radio-canada.ca) Il parait dès lors qu’il n’y a plus de place pour les questions morales, politiques et culturelles. Par contre, les universités vont investir pour former « un ingénieur qui va confectionner un matériau qui est destiné à se briser, parce qu’on est dans l’ère de l’obsolescence et de la défaillance programmée » et « des pharmacologues qui vont concevoir des médicaments pour des malades imaginaires qui ont un pouvoir d’achat tandis que des indigents qui sont vraiment dans le besoin, eux, n’y auront pas droit » (Alain Deneault à l’émission Ce soir ou jamais). C’est cette tendance à la professionnalisation, qui lie les producteurs de savoirs et les détenteurs des capitaux, qui oriente les projets de recherches et qui en menace l’autonomie. Devant les résultats et les conclusions d’une recherche, il importe de se demander qui a financé le laboratoire ou encore qui a commandé l’étude, car comme le souligne Deneault, les universités sont devenues des cartes maitresses pour les

firmes de lobbyisme et les travaux des experts sont forcément orientés par les modes de financement. Et gare à vous si vous aspirez à plus de liberté ou que vous critiquez de l’intérieur l’institution qui vous abrite. Seize universitaires états-uniens et canadiens, dont les travaux de recherches n’ont pas plus à de « puissants acteurs sociaux et politiques », ont payé cher le prix de leur audace : harcèlement moral, licenciement, refus d’emploi, etc. Ils en témoignent dans un ouvrage dirigé par James L. Turk intitulé Academic Freedom in Conflict : The Struggle over Speech Rights in the University. Pour survivre, l’universitaire a donc intérêt à endosser les traits distinctifs du médiocre : « faire "comme il faut" selon les règles d’un comportement correct – sans remous ni scandale, dans le cadre des limites admises, en se rendant "vendable" et par-dessus tout présentable, apolitique, inexposé et "objectif". » (Edward Saïd, cité dans Deneault, 2015, p.15) Ne parlez plus d’innovation, de participation, de mérite et d’engagement; optez pour la fadeur, le gris, l’évidence et le normatif. Et puisque dans les universités l’accent est mis aujourd’hui davantage sur les subventions et les publications de prestige que sur la

valeur de l’enseignement et le travail intellectuel, celui qui s’y inscrit pour pratiquer cette activité gratuite et désintéressée qu’est l’action de penser sera considéré, au mieux, comme un marginal (lire ici un mauvais investissement des fonds publics). De cette façon, il est préférable de choisir un programme de formation universitaire non pas en fonction de ses aspirations profondes, mais plutôt en fonction des éventuelles opportunités de moyens économiques (lire ici accepter une marge de crédit étudiante de 100 000 $ parce que les institutions financières vous font miroiter un salaire faramineux que vous ne gagnerez pas, mais auquel vous croyez). Mais surtout, asservissez-vous et conformez-vous aux autres. Alors, regardez votre voisin de droite, puis celui de gauche, et si vous n’arrivez pas à saisir l’unicité de votre personne, vous êtes médiocre. Félicitations. Dans nos démocraties libérales, « c’est le plus médiocre qui s’en tire » et « c’est la médiocrité qui paie », constate le personnage du barbouilleur dans Les hauteurs béantes, roman d’Alexandre Zinoviev paru clandestinement en 1976. Donc, soyez médiocre et tirez votre épingle du jeu. De toute façon, l’opportunisme est à la mode.


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Un peu de sauce sur vos pâtes les enfants?

Assoiffés de savoir Attention, ce texte pourrait contenir des nouvelles d'univers parallèles!

Zacharie Bonneau Chroniqueur Il semble que je sois la proie d’une punition karmique. Depuis deux jours, je multiplie les casses grippes en expulsant du mucus. Mais être devenu, de façon absolument lamentable, un incubateur du virus de la peste noire ne m’empêchera pas de répondre aux foudres qui me sont tombées dessus durant les dernières semaines. Notre digne rédactrice en chef me rapporte, en effet, nombre de plaintes à l’endroit des mots que j’ai eus dans ce journal. Aussi bien prévenir: que ceux qui s’attendent à des excuses interrompent leur lecture dès maintenant. Dans cette chronique où je prenais position contre la démocratisation de l’éducation supérieure, je racontais une anecdote véridique à propos d’un collègue étudiant en difficulté. Je reliais l’inefficacité académique et les origines modestes. C’est là, je pense, l’épicentre du courroux. Mais si je ne m’avoue jamais vaincu, je dois m’avouer déçu. Déçu par ce flagrant manque d’humour et de compréhension. Pour ceux qui n’auraient pas compris que mes allusions à la « pau-

Photo : https://imogenmaxwell.files.wordpress.com/2014/02/bear-grylls-born-survivor.jpg

Pour accéder au savoir, les candidats doivent être prêts à tout.

Photo : http://www.foodandwine.com/fwx/food/kraft-mac-cheese-ax-artificial-colors-and-preservatives-next-year

vreté » faisaient référence à la pauvreté intellectuelle, que l’on retrouve dans toutes les classes de la société, je n’ai rien à dire. J’ai le bec cloué. Je suis bouche bée devant tout le matériel que vous m’apportez sans que je vous le demande. Le texte qui a causé ce petit raz-de-marée s’intitulait « Les enfants du macaroni », et j’ai l’impression aujourd’hui de m’en être fait servir un plein bol. Plusieurs se sont physiquement rendus au bureau des communications pour revendiquer leur macaronisme, d’autres ont demandé à ce que l’on me censure. C’est là que je reconnais la force, la constance et la cohérence du discours de ce qu’il faut bien

appeler : l’universitaire moyen du vingt-et-unième siècle. Je fais mon deuil de ce que j’attendais des études universitaires. Peu importe les mots qui noirciront les pages des journaux, le macaroni a gagné. Je ne m’excuse pas, je me rends. Je penche la tête sur mes notes, et j’attends que tu aies fini de poser ta question, même si le prof y a répondu quatre fois dans les vingt dernières minutes.

Catherine Fortin Raconteuse Les compétitions pour accéder au droit d’entrer aux études universitaires sont maintenant démarrées à l’UQAC! Pendant près d’un mois, des participants provenant des différents cégeps de la région s’affronteront dans une lutte sans merci, dans le but d’étudier à l’université. En effet, le savoir transmis dans cet établissement doit être férocement gardé: il est hors de question que l’ensemble de la population puisse accéder à la sacro-sainte université. Dans une société où on valorise autant l’éducation, il est logique qu’on ne la laisse qu’à une élite dont les mérites ont été déterminés de manière arbitraire – et les candidats

remercie ses partenaires

Les propos contenus dans chaque article n’engagent que leurs auteurs. - Dépôt légalBibliothèque Nationale du Québec Bibliothèque Nationale du Canada Le Griffonnier est publié par les Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi (CEUC).

présents sont bien conscients d’en faire partie. Un des concurrents ne se cache pas pour le dire: « Dès mon enfance, mes parents m’ont habitué aux raviolis farcis au canard. La subtilité, c’est de famille! » Sur un ton moqueur, un autre candidat énonce : « Si tu démarres pas ta journée avec du caviar, on devrait même pas te laisser vivre en société, sérieux », pour ensuite rouler des yeux d’un air exaspéré. Incroyable, mais vrai: ces participants sont également ceux qui ont le mieux performé, académiquement parlant, dans leur établissement respectif. En fait, on recommande habituellement aux candidats d’avoir déjà acquis tous les savoirs qu’ils survoleront durant leurs études universitaires : ce n’est pas comme s’ils étaient là pour apprendre, de toute façon! Tous les étudiants de l’UQAC sont fortement invités à venir humilier publiquement les candidats ayant le moins bien performé lors de la cérémonie finale qui débutera le 17 mars prochain, à 20 h, au pavillon sportif.

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Rédactrice en chef : Ann-Élisabeth Pilote

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Amira Ben Rejeb Zacharie Bonneau Samuel Deschênes Catherine Fortin Andréanne Gagné Françis Guay Marilou LeBel-Dupuis Valérie Lefebvre

Administration et vente : Henri Girard Correction : Catherine Fortin Valérie Lefebvre Ann-Élisabeth Pilote

Marc-Antoine Mailloux Ann-Élisabeth Pilote Marie-Pier Poulin Guillaume Ratté Jessica Roy-Vachon Maxim Tremblay Emmanuel Trotobas

Prochaine parution : Jeudi 14 avril 2016 Tombée des textes : Vendredi 1er avril 2016, 17 h Tombée publicitaire : Lundi 4 avril 2016, 17 h Impression : Imprimerie Le Progrès du Saguenay Tirage : 3 000 exemplaires


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À celui qui a dit : « Je suis né intelligent, mais l’éducation m’a ruiné. »1

Hommage à Einstein!

Amira Ben Rejeb Chroniqueuse L’université n’est plus qu’une aire de transition où on vient se divertir et se faire dire quoi penser pour finalement entrer dans la plus grande Machine qu’est le marché du travail. Ce qu’on nous vend, en réalité, semble être : ce processus d’esclavage est bien fait : travailler, produire, payer des impôts, payer des dettes jusqu’à la fin de notre vie. (Ne pas prendre ces propos au premier degré, c’est à discuter bien sûr.) Einstein a échoué à son examen d’entrée plusieurs fois, le système éducatif étant rigide et inflexible. Comment peut-on mesurer l’intelligence? Toute la technologie du monde ne peut se mesurer à la complexité de la formule génératrice qui est au principe même de la création de l’être humain! Comment mesurer l’intelligence « esthétique » (émotionnelle) d’un artiste capable de transmettre avec du simple matériel des sensations et des sentiments inédits et profonds? Comment mesurer en termes numériques la curiosité innée d’une personne, cette qualité qu’Albert Einstein définit comme le vecteur puissant qui le pousse dans sa quête du savoir? L’esprit humain, on le sait, n’a pas de limites, voyez l’exemple d’Einstein : il y a moins d’un mois, la NASA a pu prouver sa théorie sur l’espace-temps et la possibilité de voyager dans le temps via les trous noirs. Pensezy, il a fallu de longues années

pour que la technologie puisse enfin se mesurer à la complexité d’une pensée dans un cerveau humain. Qu’avait Einstein comme moyens, au moment où il a développé cette formule? Rien! Aucun matériel, et encore moins un diplôme universitaire ornant le mur de sa chambre! L’université qui coute une fortune semble plutôt servir que de transition entre les années d’éducation de base et l’insertion dans le marché du travail, la vie productive, l’esclavage moderne. (J’exagère un peu!) Nous sommes nés intelligents, nous portons dans notre ADN la formule complexe qui fait que nous pouvons apprendre tout ce que nous voulons, mieux encore, nous pouvons établir des connexions entre plusieurs formes de savoirs acquis ou imaginables. De plus, les concepts et les valeurs peuvent migrer d’un champ d’études à un autre, ce qui ne fonctionne pas dans un domaine peut fonctionner dans un autre, il faut simplement une volonté, de la folie ou de la curiosité. Bref, un esprit vif, touche-à-tout, pour les faire migrer et voir les résultats splendides qui peuvent résulter de ces migrations « légales ». Sans cette capacité à changer les concepts d’un champ à l’autre, nous nous retrouverions dans un monde rigide, avec des concepts vides de sens. Pire encore, nous ne serions que des esprits étriqués qui auraient peur de s’aventurer hors de leurs spécialités, où le génie se trouverait aliéné et finirait par se poser la même question qu’Einstein : A question that sometimes drives me hazy : am I or are the others crazy? De plus, tout individu, peu importe sa capacité intellectuelle, peut apprendre un nou-

veau comportement, une nouvelle langue, ou même à jouer d’un instrument de musique, s’il peut y consacrer 20 heures2! Le tout est dans l’organisation et la détermination. Ça me fait subitement regretter toutes ces années universitaires durant lesquelles des personnes polyvalentes ont étudié une seule discipline et ont vu leurs autres intérêts ou talents s’estomper, faute de temps. Des talents perdus sur le long chemin de la quête d’un diplôme, puis d’un gagne-pain… Tout un processus pour se vider la cervelle afin d’y placer les outils nécessaires pour travailler uniquement dans un champ précis et répéter jusqu’à la fin de sa vie des choses apprises à coup de répétitions monotones. Une fortune dilapidée, celle du temps qu’on sacrifie durant les années de jeunesse, quand le cerveau est le plus avide d’apprendre. Je me demande si le système qui avait sanctionné Einstein plusieurs fois n’est pas celui qui est encore en vigueur. L’université, faute de pouvoir former des esprits libres qui pensent et innovent, donne des boites toutes faites de domaines d’études déconnectés du reste. Tout est prédéfini, on doit cocher des cases sans la possibilité d’en ajouter une ou deux. Accepte ce qui est et ne donne pas ton avis sur ce qui devrait être! Bref, l’université, comme on dit ici, ce n’est pas le fun. C’est une masse de problèmes qui viennent en cortège et t’assomment d’un coup, tu ne t’en sors (ou presque) que le jour où tu obtiens ce morceau de papier où on atteste que tu as bel et bien survécu. Certains tiennent bon et après l’obtention d’un premier diplôme, ils en entament un autre, par chance peut-être, par entêtement, par curiosité ou

Références : 1- http://www.brainyquote.com/quotes/authors/a/albert_einstein_3.html 2- Josh Kaufman, the first 20 hours, 2013, 274 pages. www.des-livres-pour-changer-de-vie.fr/les-20-premieres-heures/

simplement parce qu’ils n’ont pas trouvé d’emploi… Et à la maitrise, ils comprennent que le premier ne donne qu’une illusion d’avoir tout acquis, tout compris, si on s’arrête là, en pensant que le processus d’éducation s’est terminé. Plus on continue, plus on acquiert de la curiosité, on veut encore aller plus loin… Au doctorat, on comprend qu’on n’a rien appris encore, que l’éducation ne se termine pas à un stade précis de notre vie, que la vie est un long processus d’apprentissage. Tout ce qu’un doctorat peut offrir, c’est le droit et le luxe de s’engager sur un long chemin d’apprentissage et de recherches. Une fois que le gout de la recherche est acquis, on ne le perd plus. Et, arrivé au rang de professeur universitaire, j’imagine qu’on ne peut plus arrêter son esprit qui tente de chercher plus loin encore, mieux encore. Et peut-être y acquiert-on un

gout très noble : celui de vouloir transmettre à d’autres cette volonté de chercher, la passion de chercher. C’est au stade du doctorat, disais-je, que l’université nous apprend le vrai sens de la vie : un long processus où on ne finit jamais d’apprendre… On me demande ce que je veux trouver, je ne le sais pas, mon but est de continuer de chercher et de ne pas trouver pour ne pas m’arrêter. Un coureur peut s’essouffler, mais un esprit ne se fatigue jamais, il se nourrit des plaisirs de l’intelligence. Après de longues années, l’université peut m’offrir ce que je cherche : le plaisir et le luxe de chercher, la possibilité de donner libre cours à des excursions intellectuelles exquises. Mais pour ceux qui trouveraient que l’université est un problème, je vous conseille de faire comme Einstein : restez plus longtemps avec ce problème afin de mieux le comprendre!

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Pour certains, l’université serait simplement une affaire d’argent

Emmanuel Trotobas Chroniqueur S'entendre avec les autres est d'une importance si vitale que je ne comprends pas pourquoi l'université ne consacre pas de vrais cours à ce domaine. – Groucho Marx Là-dessus me vient tout de suite une réflexion sur la nécessité ou non de cours pour s'entendre, aussi bien que pour créer : dans les relations humaines comme en création littéraire par exemple, ce n'est pas parce qu'on suit un cours qu'on devient forcément talentueux. Il est des gens très talentueux qui n'ont pas eu besoin d'aller à l'université. Ah! L'université! Ce n'est pourtant pas seulement un endroit pour se former, où aller se chercher des diplômes qui nous ouvrent des portes. Les formations donnent des outils. Il existe, bien sûr, des formations en dehors des universités. Heureusement, car tout le monde n'a pas accès à cet établissement, financièrement et intellectuellement. De plus, les universités ne reconnaissent pas tous les diplômes entre elles. Par exemple, un site nous invite à étudier en Suède ainsi : « étudier en Suède ne présente presque que des avan-

tages : les études supérieures sont entièrement gratuites pour les étudiantes et étudiants européens, de nombreux programmes, Bachelor ou Master, sont enseignés en anglais et plusieurs universités suédoises figurent en bonne place dans les classements internationaux. » Un autre nous rapporte des avantages sur le fait d’étudier aux États-Unis : « Les universités et les collèges des ÉtatsUnis cherchent à répondre aux besoins de multiples catégories d’étudiants. Il en résulte qu’ils offrent un grand nombre de programmes différents. Pour chaque type de programme, vous avez à remplir des conditions particulières. Toutefois, il existe une sorte de seuil commun applicable à toutes les universités des États-Unis. Mais arrêtez vos démarches si vous ne remplissez pas le minimum exigé, en ce qui concerne: les ressources financières, la formation scolaire et universitaire, et bien sûr, la connaissance de l’anglais. » À l'Université du Québec à Chicoutimi, on peut croiser un bon nombre d'étudiantes et d'étudiants étrangers. Ils trouvent certainement des avantages à venir étudier ici : double diplôme, expérience à l'étranger pendant une ou deux sessions... avec des projets au retour, à moins que l'étudiant ne soit tombé sous le charme de la région, du pays, ou autre... malgré les probables difficultés pour en arriver là (démarches multiples, couts,

devoir s'adapter à la culture, au langage, etc.). Ce sont des expériences humaines intéressantes, qui le sont également, je suppose, pour les simples étudiants québécois qui étudient dans leur région après le Cégep. Cela fait partie des choix importants dans une vie. Étudier est difficile, cela demande des efforts. Les étudiant(e)s le savent bien : il ne s'agit pas d'un emploi de neuf à cinq. Et peut-être que cela les amènera à un emploi de neuf à cinq, peutêtre à partir à l'aventure ou à travailler dans le tourisme d'aventure. Il se peut aussi qu’ils étudient parce que la recherche les intéresse. S'ils sont intéressés et compétents pour la recherche, ils sont au bon endroit. Souvenez-vous des premières universités et des premières encyclopédies! Maintenant, ces données-là circulent beaucoup plus facilement et les travaux se font plus rapidement qu'aux débuts de la Sorbonne ou de la rédaction des ouvrages de Diderot. Bien sûr, je pourrais rappeler la nécessité de l'équilibre mental de l'étudiant, du bon fonctionnement de son intellect. Les cours font beaucoup appel à cela. C'est exigeant. Et il y a le monde extérieur... Bien sûr, je pourrais rappeler que l'université ne donne pas accès à toutes les informations dont le monde a besoin. Elle ne nourrit pas complètement l'étudiante ou l'étudiante – même celui qui bénéficie sur des prêts et bourses, car il y a d'autres nourritures qu'il trouvera ailleurs.

Cela dit... Voici quelques phrases qu'on pourrait entendre : « il y a tout un monde en dehors de l'université, constitué de gens très intuitifs qui ont également réussi dans la vie », « l’université a formé des gens qui ont rapidement changé de domaine », « l'université, ça coute cher! », « et puis, ça sert à quoi? » L'université, en parlant de l'établissement en général, on le sait, est utile, et ne coute pas la même chose pour tout le monde. L'accès n'est pas le même pour tous. Qui ne sait pas ce qui s'est passé au Québec en 2012? Le gouvernement voulait augmenter les frais de scolarité. Combien a-t-on eu de manifestations pour contrer cette décision? Et pendant ce temps, combien y a-t-il eu de manifestations, de réactions, vis-à-vis des exactions, des menaces sur l'environnement? Et combien de procès pour séparations à cause de mauvaises compréhensions, malentendus, frustrations, etc.? Et combien de bouches mal nourries, de ventres à peine rassasiés? Combien d'humains se questionnent sur le sens de leur vie? Oui, l'accès à l'université est important. Des livres ont été écrits sur le sujet. Les études pourraient être gratuites, comme les transports en commun. Un revenu minimum garanti pourrait même être donné. On ne regarderait pas qui le mérite. Il me semble que c'est trop facile de dire que « tout a un cout »

pour justifier qu'il faut forcément payer individuellement. Il y a aussi l'argument qui nous dit que dans une société, nous pouvons trouver ceux qui peuvent payer et ceux qui sont compétents, et volontaires pour exécuter la tâche à effectuer. C'est un fait : il y a des couts pour un cours, comme pour un verre d'eau potable, ou un livre. Parce que le système est ainsi fait. Et il me semble que ce n'est pas parce qu'un cours est plus cher qu'un autre qu'il sera meilleur, et pareillement pour un verre d'eau, ou un livre. Dans le cas du cours d'université, il faut prendre en compte les locaux, le professeur... Dans le cas du verre d'eau aussi, il faut tenir compte des installations, des salaires, de divers éléments pour qu'une eau potable arrive jusque dans notre évier. Et pour un livre aussi, il y a des étapes. Pour qu'un livre soit réalisé, publié, il y a la vérification orthographique, syntaxique, l’étape de l'impression, et de la mise en marché. Pour finir, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, adopté sous l’égide du HautCommissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme stipule simplement que « l’enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés et notamment par l’instauration progressive de la gratuité. »


Vie étudiante

Jeudi 17 mars 2016 No 111 Journal Le Griffonnier

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L'impact du nombre d'élèves

Jessica Roy-Vachon Journaliste Lors de mon enfance et mon adolescence, les gens autour de moi m'ont souvent dit à quel point l'école est importante. Ils avaient raison, mais quand j'allais à l'école primaire, les classes n'étaient pas si bondées. Au primaire, les enseignantes et enseignants avaient du temps pour nous, ils connaissaient nos forces et nos faiblesses, ils avaient le temps d'apprendre à nous connaitre et à faire des activités qui stimulaient nos apprentissages. Je peux encore nommer le nom de chacune de ces fabuleuses personnes. Au secondaire, nous étions plus nombreux, mais nous avions encore la chance de pouvoir discuter avec nos enseignantes et enseignants. Malheureusement, les choses ont changé... mais pas pour le mieux.

Aujourd'hui, dans notre belle société où l'austérité règne, on ne met plus l'accent sur la relation que l'enseignante ou l'enseignant peut développer avec ses élèves, mais plutôt sur comment économiser de l'argent. Et comment économise-t-on dans l'éducation? En remplissant les classes et en coupant des postes, du primaire à l’université. Une classe qui était normalement constituée d'une trentaine d'élèves se voit maintenant pourvue d'une soixantaine d'élèves et plus. Mais qu’est-ce que cela change qu'il y ait plus ou moins d'élèves? C'est ce que je suis allé vérifier en questionnant les gens. Après ma petite enquête, je me suis vite rendu compte que les répercussions sont indéniablement plus négatives que positives. En effet, le fait d'augmenter le ratio d'élèves dans une classe peut entrainer certains effets. En voici quelques-uns qui m'ont été ramenés par les personnes questionnées sur le sujet. — En ce qui concerne les apprentissages, au primaire,

le fait d'avoir un nombre trop élevé d'élèves fait en sorte qu'il est plus difficile pour l'enseignante ou l'enseignant de donner l'attention nécessaire à un élève ayant des difficultés. En effet, lorsqu'on se retrouve avec trente jeunes enfants et qu'on a (et c'est sûr qu'on en a) des élèves avec des difficultés, il est important de passer du temps de qualité avec eux. Avec un moins grand nombre d'élèves, il est plus facile de passer du temps avec chacun et d'avoir plus de moments, d'attention à

donner à ceux qui en ont plus besoin. Au primaire comme à l'université, plus le nombre d'étudiantes et étudiants présents dans une classe est élevé, moins l'enseignement sera personnalisé. Il sera plus axé sur la réussite du groupe. — À l'université, puisque les cours pratiques de certains domaines ont disparu, on retrouve beaucoup plus de cours théoriques. C'est bien, mais c'est encore mieux si l'élève peut mettre en pratique

les théories acquises. Donc, lorsqu'il y a moins d'élèves dans les classes, l'apprentissage est facilité par la mise en pratique. Bref, l'augmentation du nombre d'élèves, peu importe où, n'est pas une bonne chose. Malheureusement, c'est ce qui se produit en ce moment. Si à notre âge, nous pouvons tenter de nous en accommoder, rappelons-nous que pour les enfants, c'est beaucoup plus difficile.




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Vie étudiante

Jeudi 17 mars 2016 No 111 Journal Le Griffonnier

Le SNOWJAM, un prédateur!

L’Université Marc-Antoine Mailloux Poète Autrefois à une époque où des vieux cadavres pourris pouvaient avoir l’air encore vivants On fréquentait des lieux on échangeait des opinions en même temps qu’on se plaisait à ne pas être d’accord avec autrui Dans l’enceinte du savoir à conquérir que l’on tentait d’ériger, on prenait le temps de prendre le temps et tout était important plus que l’argent Quelle époque Mais est-ce naïf de se dire qu’on se plaisait à être inutile autrefois à être inutile pour mieux apprendre sur l’homme et ses tourments à être inutile parce que ce n’est pas grave

Samuel Deschênes Journaliste Aussi vite venu que parti, le SNOWJAM s’est une fois de plus attaqué à la cour intérieure de l’UQAC cette année. Une quarantaine de participantes et participants ainsi que d’innombrables spectatrices et spectateurs en ont été les proies, les 17 et 18 février 2016. La compétition s’est déroulée dans notre parc à neige mobile grâce aux étudiantes et étudiants du Baccalauréat en Intervention plein air et quelques autres bénévoles. Plusieurs prix ont été gagnés, et ce, pas uniquement par les compétitrices et compétiteurs de

ski/planche à neige, mais aussi par celles et ceux qui ont participé aux activités en périphérie. Parmi ces dernières, on compte la descente farfelue, le bain de neige, une persévérance accrue à l’ensemble des jeux, etc. Un animateur hors pair ainsi que trois juges de la boutique Homies ont prêté main-forte pour encadrer cet évènement, tout comme l’ont fait d’autres compagnies cachées derrière leurs pancartes. Un gros merci à Echo Sports, Methodex, Échafaudage Industriel et Passion café. Finalement, pour s’assurer que tous finissent bien

« achevés », le groupe de musique Sweet Grass s’est exprimé au P.U. SNOWJAM. Ce groupe de musiciens, au son doux, berçant et très certainement mélodieux, est composé de : Alexandrine Rodrigue (voix et guitare), Johannie Tremblay (voix, flûte traversière et harmonica), Pierre-Antoine Tanguay (voix et contrebasse), Ovide Coudé (banjo, mandoline et accordéon), Pascal GagnonGilbert (percussions). Si vous avez manqué cette saison de chasse, ne ratez pas celle de l’année prochaine!

Catégories

Prix

Gagnants

Planche à neige / Hommes

Planche à neige (Echo Sports)

Xavier Boudreault

Ski / Hommes

Casque de ski (Homies)

William Bégin

Planche à neige + Ski / Femmes

Lunettes de ski (Homies)

Rachel Arseneault

Persévérance

Gants de ski (Homies)

Alexandre Beaumont-Vachon

Roi de la montagne

Tuque (Homies)

Pierrot Lessard

Aujourd’hui à l’université tout était accessible fixe et bien peu de gens s’obstinaient bien peu de cerveaux luttaient pour apprendre à vivre Aujourd’hui à l’université ça ne ressemblait pas à un film américain ou à un roman parisien Tout le monde était mort-vivant les regards sentaient l’absence et les rires étaient jaunes C’était loin d’être un idéal, mais pour certains un trou de bouette est pittoresque et pour d’autres la lune un cadeau médiocre C’était loin d’être l’idéal, mais j’avais le droit d’être seul et de rêver pendant que d’autres étaient là pour grandir Désormais à l’université c’est la dégénération et demain ne se rappelle plus d’hier


Culture

Jeudi 17 mars 2016 No 111 Journal Le Griffonnier

L'échec de la raison ou l'ère de l'ignorance volontaire

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Et si les étudiants préféraient l’anarchie? Photo : http://itc.ua/news/donald-tramp-myi-zastavim-applesobirat-ih-chertovyi-kompyuteryi-gadzhetyi-v-ssha/

Nous n'avons jamais eu aussi facilement accès à l'information, et nous n'avons jamais été autant connectés les uns aux autres à travers le monde; notre savoir et nos capacités avancent exponentiellement, et chaque jour amène son lot de découvertes. En principe, on se dit qu'autant de progrès se traduirait par des progrès dans les mentalités, par l'avancement des attitudes et des perceptions. Pourtant, en vue des récents développements dans l'actualité, il semblerait qu'une part non négligeable de nos semblables choisit de tourner le dos à tout ce savoir et à ce pouvoir d'empathie.

qui dispose déjà de trop de visibilité médiatique – je m'abstiens de le nommer, mais vous savez de qui je parle. Comment une part non négligeable des électrices et électeurs américains envisage de voter pour ledit candidat me sidère complètement. Les parallèles entre cet homme et Hitler s'accumulent, me faisant atteindre le point Godwin1. Par contre, ici, la comparaison n'est pas injustifiée, loin de là. Parmi les signes alarmants, on note : un nationalisme exubérant (« make America great again »), une volonté à contrôler les médias (en rendant les poursuites pour diffamation plus faciles, entre autres), la peur des immigrantes et immigrants et des minorités religieuses, une transformation en ridicule des voix dissidentes, notamment en les intimidant, la mégalomanie, le contrôle étroit de l'armée, et finalement, la célébration de l'ignorance. Ce n'est pas une blague : il dit adorer les gens peu éduqués, et on comprend qu'il s'agit de son public cible.

Je mentirais si je vous disais que cette réflexion ne découlait pas des récents avancements d'un certain candidat à l'investiture républicaine chez nos voisins du Sud et

Penser que des gens éduqués voient en cet homme le prochain chef d'État me jette par terre. Pourtant, il s'agit d'une réalité. C'est surtout ces gens-là que

Marilou LeBel-Dupuis Chroniqueuse

Note : 1-

je dénonce dans cette chronique : ils ont tous les outils nécessaires afin de prendre une décision éclairée, mais ils choisissent d'ignorer la raison, les signes évidents d'un fascisme annoncé, qu'ils connaissent pourtant pour l'avoir étudié. Ils choisissent la xénophobie et l'intolérance au lieu de la coopération, ou encore un état policier et militarisé plutôt qu'un état reposant sur les droits et les mêmes chances pour tous. Bravo pour le manque d'empathie, et bravo pour l'absence de jugement critique, vous êtes de vrais champions. Il ne reste plus qu'à croiser les doigts et espérer des Américaines et Américains un choix plus sensé... La rapide ascension de cet homme près des sphères du pouvoir est le parfait exemple de l'ignorance volontaire, pratiquée individuellement, mais à si grande échelle qu'elle en devient globale. Penser que le phénomène se produit seulement chez nos voisins du Sud est naïf. Espérons seulement que la tendance puisse être inversée. Il serait temps de lâcher la famille Kardashian et autres contenus insipides pour de la vraie information. Peut-être arriverons-nous à quelque chose, alors...

Lorsqu'une référence au nazisme est faite lors d'une discussion ou d'un débat, sans toutefois que le sujet s'y rattache : généralement, lorsqu'une personne atteint ce point, c'est qu'il est à court d'arguments. Dans le présent texte, par contre, le sujet s'y rattache; paradoxalement, il ne s'agit donc pas d'un point Godwin!

Guillaume Ratté Chroniqueur Ce n’est pas tous les étudiantes et étudiants qui sont assez bons pour entrer à l’université, mais ces derniers ont parfois des talents que d’autres n’ont pas. Qu’est-ce qui arrive à ces jeunes dans ce cas? On les laisse croupir à un emploi comme caissier dans un fast-food le reste de leur vie? Et si les élèves devenaient leurs propres professeurs? C’est avec cette mentalité que le film Accepté de Steve Pink propose une réponse avec humour à cette question. Bartleby, qui se voit refusé dans toutes les universités auxquelles il a fait ses demandes, tente de dissimuler le tout à ses parents afin de ne pas les affoler. Avec ses amis qui sont dans le même pétrin que lui, ils créent

leur propre université à partir d’un asile abandonné et envoient de fausses lettres d’acceptation. Leur cauchemar commence alors qu’une centaine d’étudiantes et étudiants découvrent le site, sur lequel il est écrit que tous sont acceptés, et s’inscrivent à l’université. Ensemble, ils décident de créer l’université de leur rêve avec leurs règlements, jusqu’à ce que la grosse université de la région se mette dans leur chemin. Ce petit bijou d’humour sur le thème des étudiants renferme des réflexions intéressantes à propos des exigences de la société. On voit une grosse différence entre l’université normale, qui met beaucoup de pression sur les étudiants, ces derniers ont de la misère à retenir toute la matière qui leur est transmise et dorment en classe puisqu’ils sont épuisés, et l’université créée par les jeunes, qui est plus libre, qui leur permet d’apprendre sur ce qui les intéresse réellement et d’y mettre beaucoup d’énergie, sans stress. Le tout est très drôle. Pour un film qui date de dix ans, il a très bien vieilli. En plus, on reconnait la musique pop-rock qu’on écoutait lorsqu’on était plus jeune.


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Culture

Jeudi 17 mars 2016 No 111 Journal Le Griffonnier

Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles. – William Shakespeare, Comme il vous plaira

Les mauvaises herbes

À chacun sa récolte mais qui se retrouve, bien malgré elle, enrôlée dans l’aventure de Simon, qui s’avère être « un projet noble, un peu bancal ».

Valérie Lefebvre Journaliste Le film de Louis Bélanger Les mauvaises herbes est une comédie touchante à en pleurer, tantôt de rire, tantôt de tristesse. L’histoire est celle de Jacques Sauvageau (Alexis Martin), un acteur de théâtre au pris avec des problèmes de jeux. Afin de fuir son créancier, Patenaude (Luc Picard), Jacques embarque dans le premier autobus qui le mène à la campagne, où il se retrouve seul et perdu en plein milieu d’une tempête de neige. Simon (Gilles Renaud), un fermier du coin, lui vient en aide et l’héberge sous son toit. Cette rencontre est le début de toute une aventure, d’une histoire d’amour, de haine, de redevance, de rédemption, mais surtout une grande leçon de vie. Ayant appris les problèmes de Jacques, Simon lui propose de travailler pour lui sur sa plantation de cannabis. Le marché est fort simple: au terme de la récolte finale, Simon s’engage à payer la dette de Jacques. Celui-ci, en échange, l’aide à accomplir son projet ; amasser, avec la vente du cannabis, une somme d’argent assez grosse pour léguer à son fils une terre. Entre temps, s’ajoute un personnage féminin, Francesca (Emmanuelle LussierMartinez) une jeune femme, travaillant pour Hydro Nord, venue vérifier le compteur d’électricité de la maison,

Le triangle que forment les trois personnages représente trois générations distinctes et donc, trois perspectives différentes quant aux enjeux qui sont discutés. Simon représente une certaine sagesse qui s’acquiert avec l’âge. Il permet aux deux autres personnages de se questionner sur « leur projet de vie », car selon lui, « la vie c’est ce qu’on en fait ». Jacques, c’est le comédien qui se cherche à travers ses personnages, la campagne, la solitude, mais surtout, les liens tissés avec Simon le ramènent à l’essentiel, à cette vie qui grouille dehors, loin des machines à sous et des feux de la rampe. Finalement, Francesca est cette jeunesse qui se cherche, mais surtout qui se questionne. Ses idées plus modernes quant aux différents chemins empruntés pour trouver sa place sur cette grande scène de la vie se confrontent à celles de Simon et de Jacques, mais se recoupent aussi puisque chacun a un désir ardent de vivre et de laisser sa trace, à sa façon. L’histoire des personnages, c’est celle de toute une vie : se définir en tant qu’être humain et se tenir à cette définition pour être heureux. Quel beau souffle de vie que cette comédie, qui nous rappelle qu’au fond, nous sommes les seuls metteurs en scène de cette grande « comédie humaine » où chacun joue sa vie à chaque instant! Merci Louis Bélanger!

Nadeshicon 2016

Françis Guay Journaliste Au mois d'avril prochain, le club d'anime de l'Université Laval à Québec est fier d'organiser une convention annuelle portant sur le thème du Japon, de l'anime, du manga et des jeux vidéo. Nadeshicon en est déjà à sa quatrième année et

devient de plus en plus gros au fil du temps. De plus en plus de gens s'intéressent aux conventions portant sur la thématique asiatique, et ce, depuis 1994. L'année dernière, deux participantes à la mascarade de World Cosplay Summit ont gagné un voyage au Japon afin de représenter le Canada en tant que cosplayers, et ce sont deux personnes vivant actuellement à Québec. Vous ne saviez pas que cet univers était devenu si grand? Ce n'est pas pour rien que depuis peu, l'émission Les Héros du Cosplay est diffusée sur les ondes de Musique plus. L’évènement aura lieu aux pavillons Alphonse-Desjardins et Maurice-Pollack du 1er au 3 avril. Des

invités spéciaux tels que Aimee Blackschleger, chanteuse d'opening d'anime, Darkarnival Butler, Nienna Surion, Miss Messy Mia et Niq Cosplay, des cosplayers reconnus mondialement, Ryoko Itabashi, musicienne traditionnelle, Ryunosuke Yamazumi, jongleur ainsi que Luduc, youtuber, feront partie de l’évènement. Pour tous les admirateurs de cosplay, de mode japonaise, de karaoké, d’arts martiaux, de nourriture japonaise et de vedettes, c'est une convention à ne pas manquer! Pour plus de détails sur le Nadeshicon, il est possible de vous renseigner sur leur site Internet (www. nadeshicon.ca) ou tout simplement sur leur page Facebook.


Chronique

Jeudi 17 mars 2016 No 111 Journal Le Griffonnier

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Pas de brassière, la robe de chambre pis le café

La chronique de l’étudiant mêlé Maxim Tremblay Chroniqueur Bon, là, j’vous vois déjà venir, vous vous dites : c’est un gars pis y’a écrit le mot « brassière », what the fuck? Je vous réponds, Terriens, que mes bourrelets aiment ça le bacon pis mes boules aussi, j’ai tu le droit? Oui? Bon. Fait que c’est ça qui est ça, bon matin pis tchin-tchin de café. Aujourd’hui, j’ai le gout de vous parler de féminisme, donc je vais vous en parler. Alors, first, je me suis demandé c’était quoi, exactement, ce mot-là, féminisme. Plusieurs personnes se mélangent et pensent à tort et à travers que c’est la domination des femmes sur les hommes. Ouain, j’pense qu’on va faire une petite mise à jour claire et précise sur le sujet parce que c’est loin d’être ça. En réalité, le féminisme est une philosophie qui priorise l’égalité entre les hommes et les femmes. Straight de même, point final. Tous les humains, peu importe leur genre, leur orientation sexuelle, leur couleur, leur origine, leur handicape, leur profession, ou leur religion ont le droit de vivre de façon égalitaire sur la planète. Mouais, je sais, discuter de ce que l’être humain devrait ou ne devrais pas être, c’est vraiment complexe parce que chacun a le droit de penser ce qu'il veut. Ouf, c’est lourd tout ça, donnez-moi un beigne. Bon, beigne à part, voilà, j’ai décidé de vous partager une légère entrevue faite avec une humaine aux cheveux gris et aux yeux bleus perçants, pour vous faire comprendre la réalité vécue par une femme d’antan et les répercussions de cette génération. Pour vous mettre en contexte, je lui ai simplement demandé quelle était la réalité des femmes dans son jeune temps. Donc, c’était un lundi aprèsmidi. La grisaille emmitouflait le mois de janvier devant les vitrines du restaurant où je travaille et la neige flottait dans les rafales de vent lorsqu’on m’a dit

que dans les années soixante, les femmes en bavaient sur un moyen temps. « Tu dois obéissance à ton mari, qu’y m’a dit, le prêtre, le jour de mon mariage. Obéissance! Ça part ben. J’avais tu le gout, moi, d’y torcher ses bobettes pour l’amour et jusqu’à la mort? Non. Mais j’y ai dit oui! Y’était quand même ben fin même si fallait que j’fasse toute dans maison. J’ai suivis des cours de couture pis de cuisine pis ben, j’ai tenu maison! Y’était jamais là, y travaillait dans l’bois. Le seul moment que j’étais obligée de l’avoir d’in pattes, c’était pour faire des enfants, quand lui y décidait. Pis en plus y’était pas tant bon. En téka, j’vais te l’dire juste à toi mon p’tit garçon, quatorze enfants ça te ramollit c’te région-là comme une pâte à tarte », dit la dame en ricanant. « Genre en plus, le sexe, c’était même pas d’un commun accord? Tabouère! », lui répondis-je. Lorsque j’ai versé le café dans la tasse de cette femme, j’ai réalisé qu’elle était allée à la guerre. Une puissance terrestre remarquable. Comme si son âme était ancrée au sol, ayant affronté ciel et mer pour que les femmes aient enfin leur liberté d’exister à leur juste valeur. Elle mit un sucre diète dans sa tasse de café, puis me balança : « J’essayais de rentrer dans taverne, un samedi soir, pour aller chercher les clefs de la voiture parce que l’bonhomme avait laissé l’fils embarré dans l’char en plein hiver. L’portier voulait pas me laisser entrer! Y’a fallu qu’j’appelle le frère! C’est tu pas terrible, ça, rien qu’un peu! » « Ça s’est produit dans la vraie vie là, pas dans les filles de Caleb? », m’étonnais-je. « Est-ce que les femmes pouvaient respirer sans demander la permission à leurs maris? » « Non », qu’elle m’a répondu. « Tu faisais le ménage, t’élevais tes enfants pis tu fourrais dans l’nouère, pas d’orgasme. »

« Être un objet comme un couteau suisse genre, right? », chuchotai-je. « Mais j’me demande là, vous avez fait comment pour avoir vos droits? Votre Mari, lui, y’a réagi de quelle façon? » « Ah, mon petit gars, ça ne s’est pas fait du jour au lendemain! Ça a commencé par en jaser un peu partout : à la télévision, à la radio, dans les journaux, y’en a même qui on écrit des livres! On a crié haut et fort qu’on n’était pas des deux de piques pis des tas de merde. Tu peux croire qu’on les a engueulés nos maris, et qu'on s’est inscrites à l’école, qu'on a fait moins de p’tits pis qu'on a travaillé! C’est dommage qu’on fasse encore le ménage, par exemple! » « C’est fou tous ces efforts! J'comprends pas pourquoi, c'est pas naturel chez l'humain, la volonté d'égalité. Mais je sais que j’vois trop la vie d’une façon utopique. Enfin, voulez-vous, madame, que je vous fasse un petit résumé de ce que les femmes peuvent être aujourd’hui, grâce à vous? Parfait, j’vous dit ça tu suite, mon ménage est fait pis y’a pas d’autres clients. »

J’ai une amie coquette qui flatule la senteur lilas. J’vous l’jure, c’est ce qu’elle dit. J’ai une amie douce et cochonne qui parle tout le temps de sexe : c’est son moteur d’existence et on se respecte mutuellement. J’ai une amie existentialiste qui parle tout le temps, la gueule y arrête jamais pis c’est plaisant. J’ai une amie mère poule qui crie dans les manèges, mais qui fait de succulents muffins au pot. C’est une rockeuse en flanalette. J’ai une amie « aidante naturelle » qui est relaxante et qui mange des Squittles tous les jours, elle peut parfois être gossante, mais on s’attache facilement à elle. J’ai une amie qui a des melons d’eau à la place des seins et une volubilité remarquable. J’ai une amie droguée prodigieuse, c’est une des personnes dans ma vie, et sur la terre, qui a le plus de bonté. J’ai une amie homosexuelle qui est mère et qui élève un petit

bonhomme ouvert d’esprit et créatif, plein d’ambition. J’ai une amie populaire qui a des cheveux de feu. Pis un kit fleuri trop chill. J’ai une amie laide, un peu comme Gollum. C’est la plus forte. J’ai des amies grosses : « fuck my life pis mes bourrelets, donnemoi une pointe de pizza », qu’on dit régulièrement. J’ai deux sœurs, une mère, des grand-mères et des tantes qui s’épanouissent aujourd’hui et qui peuvent être qui elles veulent en se battant encore tous les jours pour perpétrer l’importance de la valeur des femmes en société, grâce à vous. Grâce à toutes les femmes de la planète qui désirent humblement et humainement que tous les humains soient heureux égalitairement. « Mais voilà, j’ai d’autres clients qui arrivent, merci, ce fut un plaisir. Je vous souhaite beaucoup d’amour et la santé, bonne journée là! » Maxim J xx




Emmanuelle Melanรงon Journaliste


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