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117 - Jeudi 19 janvier 2017
Biere brassee sur place
4 a` 7
3000 exemplaires - gratuit
517, rue Racine Est, Chicoutimi 418-545-7272 Près du Cégep et de l’Université
ceuc.ca
Improvisation tous les mercredis Internet sans fil sur place
page 9
Photo : pixabay.com/photo-1296385/
Dossier spécial : la communication et les interactions en 2017 pages 2 à 12
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La communication et les interactions en 2017
La face cachée de Tinder
Noémie Simard Rédactrice en chef On ne peut parler des interactions et de la communication en 2017 sans discuter de la fameuse application de rencontresTinder. En effet, sa popularité semble toujours croitre; pourtant, elle s’est constitué une mauvaise réputation, et les gens qui ne l’utilisent pas jugent souvent ses utilisateurs. J’étais de ceux-ci, je trouvais son principe trop superficiel. De plus, comme tout le monde, je croyais qu’on ne pouvait trouver une relation durable sur cette application, qu’elle n’avait été conçue que pour trouver des histoires d’un soir. Puis, je l’ai essayée. Et la vision que j’entretenais à l’égard de celle-ci a totalement changé. Je m’étais toujours dit que jamais je ne m’inscrirais sur Tinder. Je critiquais l’application ouvertement, devant tous, utilisateurs ou non. Puis, mes amies m’ont dit que je ne pouvais avoir une opinion si tranchée sans l’avoir essayée de prime abord – j’étais totalement de leur avis. Alors, pour me donner raison, j’ai décidé de m’inscrire. Aussi, je dois dire qu’une partie de moi me disait que je ne pouvais tomber sur de pires spécimens que dans la réalité, où plusieurs de mes premières dates non tinderéenne s’étaient révélées désastreuses (notamment à cause d’un religieux intense et dépendant affectif, à cause d’un drogué si drogué que ça ne paraissait plus et aussi à cause d’un sadomasochiste à l’égo surdimensionné). Mes critères étaient élevés, je ne le cache pas. Le moindre défaut sur le profil d’un autre me faisait swiper à gauche. Ce que je condamnais, soit l’aspect superficiel de Tinder, j’y goûtais et je le pratiquais sans remords; après tout, juger arbitrairement l’autre sexe sur des points plus ou moins per-
tinents et très subjectifs était le fonctionnement primaire de l’application. D’ailleurs, je savais que la population masculine ne se gênait pas de traiter mon propre profil pareillement. Cependant, il faut préciser que les jugements que j'effectuais n’étaient jamais méchants, seulement il fallait suivre le fonctionnement de l'application. Ainsi, ils se basaient sur ce que je recherchais chez un homme, j’étais particulièrement difficile parce que je ne croyais pas rencontrer quelqu’un qui me plairait vraiment. Plusieurs de mes amies et amis avaient trouvé l’amour sur Tinder, mais pour ma personne, je n’y croyais absolument pas. Finalement, j’ai eu un coup de chance et j’ai rencontré quelqu’un d’extraordinaire qui voulait une relation sérieuse. Ça a cliqué tout de suite entre nous, pour diverses raisons, celles qui font qu'il y a une chimie entre deux êtres. Et ça m’a fait réfléchir, je suis revenue sur l’opinion tranchée et sans fondement que j’entretenais vis-à-vis de l’application de rencontres. Ainsi, bien que je condamne encore l’aspect très superficiel de Tinder, je crois qu’il remplit pourtant la tâche qu’il s’est donné de faire : créer des liens entre des gens qui, normalement, ne se seraient peut-être jamais rencontrés. Et c’est sou-
vent devant ce côté caché que les gens se fiant à sa mauvaise réputation passent sans s’en rendre compte. Les gens s’y rencontrent et, selon ce qu’ils recherchent, trouvent ce qu’ils veulent. Ce n’est pas Tinder qui organise des histoires d’un soir : ce sont ses utilisateurs, parce que c’est ce qu’ils désirent – et, croyez-moi, je dis cela sans jugement aucun, je l'expose et c'est tout. Il est seulement bon d’ajouter que ceux qui cherchent des histoires plus sérieuses y trouveront aussi leur compte, s’ils cherchent bien et qu’ils posent leurs limites devant ceux qui ne désirent que butiner. Est-ce que Tinder mérite sa mauvaise réputation? Est-ce que ceux s’y étant rencontrés devraient éprouver un malaise quant à la méthode utilisée? Non, je ne le crois plus. Rencontrer l’amour grâce à la technologie, c’est maintenant, en 2017, aussi normal que de le rencontrer dans un bar ou au travail. Au final, peu importe le médium utilisé : ce sont les partenaires qui créent la relation et qui l’entretiennent, et Tinder n’est qu’un moyen parmi tant d’autres pour trouver la personne qui en vaut le coup.
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Célibataire à la recherche de… l’amour!
Andréa Le Sieur Chroniqueuse Il y a toutes sortes de façons de trouver l’amour de nos jours. Dans les bars, à l’école, dans les clubs sociaux, etc. En 2017, un autre moyen est rendu très populaire : ce sont les sites de rencontres. Avec du recul, je peux vous dire qu’il y a du positif comme du négatif sur ce genre de sites. Je ne vais pas m’en plaindre – après tout, je serais hypocrite de le faire, puisque j’ai trouvé le prince charmant sur un groupe internet. Par contre, avant de trouver mon amoureux, j’en ai vu de toutes les couleurs. Souvent, les gens s’attendent à un idyllique féminin ou à un idyllique masculin. C’est facile de se représenter la personne idéale. Mais lorsqu’on est aussi colorée que moi, ce n’est pas facile de se faire une place dans cet univers de rencontres virtuelles. Je me considère comme une personne assez singulière et, physiquement et mentalement, je ne ressemble en rien au modèle de beauté véhiculé par la société et projeté dans les médias – d’ailleurs, j’en suis satisfaite. Être unique dans ce monde de moutons est une force. Même si, dans l’immédiat, les critiques
me portaient un coup dur, aujourd’hui je n’y porte plus attention. Ma personnalité n’en est ressortie que plus forte et mon couple n’en est que plus solide. Un de mes critères principaux était que mon partenaire devait avoir des affinités geeks. Puisque ma vie entière tourne autour de mes passions, je ne pouvais pas y faire exception. On me likait pour me critiquer. On me disait que je n’étais pas une vraie femme, que je voulais seulement attirer l’attention des gamers, qu’une fille geek ça n’existait pas, qu’être geek ce n’était pas sexy. Comme si être geek, c’était mettre un gros X sur la normalité de l’amour. Au contraire, c’est la force de ma personnalité et de mon couple aujourd’hui. Les sites de rencontres peuvent être aussi cruels que positifs, mais, au fond, le secret est de rester soi-même, de s’aimer et de trouver quelqu’un qui nous aime comme nous sommes vraiment. Ainsi, si vous vous sentez différents à travers cette foule d’hurluberlus qui cherchent l’amour, sachez que votre beauté réside dans cette différence. C’est si facile d’être pareil aux autres et d’avoir des besoins identiques à leurs besoins, que cette flamme marquant votre différence marque aussi ce qu’il y a de plus beau en vous. Soyons nous-mêmes sur les sites de rencontres et rayonnons tous de nos propres couleurs, loin des moutons stéréotypés de cette terre.
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Être une femme sur les sites de rencontres Ioana Brassard Chroniqueuse La technologie fait partie de nos vies. Connaissez-vous beaucoup de gens qui n’ont pas accès à un téléphone cellulaire? Je ne suis pas capable de vous en nommer une seule – du moins, dans mon entourage. Puisqu'on évolue avec la technologie, il n'est pas surprenant qu'elle nous serve également à entrer en contact avec des personnes qui nous intéressent, que ce soit pour de l’amitié ou de la séduction. En avril 2016, j’ai décidé de tenter une petite expérience pour savoir ce à quoi ressemblait le quotidien d’une femme sur les sites de rencontres.
L’expérience Ça fait un an et demi que je suis en couple. Je n’ai jamais eu recours aux sites
et aux applications de rencontres. Je me demande à quoi ça ressemble. Avec la permission de mon chum de l’époque, je deviens Félicia, 25 ans, étudiante au certificat en journalisme de l’Université de Montréal. Mes photos seront utilisées pour ne pas usurper d’identité. Je resterai trois mois sur le site de rencontres choisi en me laissant aborder. Dès la première semaine, je reçois plus de cinquante messages. La plupart sont inoffensifs et sont de simples salutations, mais elles arrivent si vite que je ne peux répondre à tout le monde dans un délai auquel on s’attend normalement à recevoir une réponse. C’est au cours de la semaine suivante que les choses commencent à se gâter pour Félicia : comme elle n’a pas le temps de répondre à tous les messages qu’elle a reçus, certains hommes lui
réécrivent pour lui reprocher de ne pas avoir répondu. Certains vont même jusqu’à l’insulter, parce qu’elle a supposément le devoir d’entretenir une conversation avec eux. Puis, elle reçoit plusieurs messages à caractère sexuel, sans avoir d’abord consenti à ce jeu. Elle reçoit beaucoup de dickpics également, toujours sans que l’envoyeur ait pris le temps de lui demander s’il pouvait lui envoyer ce genre de photos. Je ressens un gros sentiment de dégoût. Plus les mois passent, plus les messages font peur. On offre même à mon personnage 2000 dollars « faits facilement » pour payer ses frais de scolarité. Quelques personnes demeurent quand même cordiales et ont de bonnes intentions envers Félicia. Malgré cela, j’ai mis fin à l’expérience après trois mois et je me suis mise à réellement comprendre mes
amies lorsqu’elles disaient qu’elles préféraient éviter les sites de rencontres. Or, je suis convaincue que ce n’est pas une majorité d’hommes qui ont ces comportements, mais le genre de messages que mon personnage a reçus est certainement ce qui rend les femmes plus craintives et moins enclines à répondre.
la personne ne répond pas, insister n’amènera pas plus de réponses.
Je suis aujourd’hui séparée, mais je n’ai pas l’intention de m’inscrire sur l’un de ces sites. Il n’y a aucun mal à vouloir entrer en contact avec quelqu’un, mais disons qu’il y a des manières plus sympathiques de le faire. Je doute que les hommes qui envoient des photos non désirées de leur organe ou qui demandent délibérément du sexe à une étrangère puissent s’attendre à recevoir une réponse. Bien qu’il soit décevant de passer du temps à briser la glace, si
Bref, il n’y a pas que des prédateurs sur les sites de rencontres, mais il est important de reconnaitre leur existence ainsi que le problème qu'ils posent quant au respect que méritent les femmes. Pour la nouvelle année, je souhaite à tous – aux femmes, aux personnes non binaires et aux trans – que l’on trouve des solutions pour faire cesser ces comportements déplacés, et ce, pour qu’ils et qu'elles puissent trouver l’âme sœur sans devoir se sentir comme un morceau de viande.
Il est important de rappeler que le phénomène du sexisme en ligne ne se produit pas que sur les sites de rencontres, et il serait important de trouver un moyen afin que cela cesse.
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Le travail d’équipe à distance : être plus efficace et productif Laura Landry Journaliste Les groupes Facebook sont légion lorsque vient le temps d’organiser nos équipes, mais voici d’autres moyens de bien travailler en équipe et à distance, moyens qui évitent notamment de se renvoyer vingt-cinq fois un document Word modifié. Croyez-le ou non, il existe d’autres moyens de communiquer.
Travail collaboratif virtuel Teamwork.com : C’est un site internet facilement accessible où l’on se crée une adresse internet pour un projet d’équipe. Le tableau de bord vous invite à créer votre projet d’équipe en trois étapes : créer le projet, créer votre profil et inviter vos collègues. Vous y retrouvez des onglets pour tous les aspects essentiels d’un travail d’équipe :
Photo : https://www.wimi-teamwork.com/fr/travail-collaboratif/
Malgré l’omniprésence des technologies de l’information dans tous les aspects de la vie universitaire, force est de constater que la majorité des étudiants s’en tiennent aux moyens de communication avec lesquels ils ont grandi pour réaliser leurs travaux d’équipe. Or, ce ne sont pas toujours les plus efficaces. De plus, sur le marché du travail, les outils de travail d’équipe en ligne sont monnaie courante : on ne peut donc qu’y gagner à commencer à les utiliser maintenant.
Quelques outils
téléchargement de fichiers, clavardage, calendrier et distribution des tâches. Bref, tout le monde est sur la même page! De plus, il possède une interface facile d’utilisation et il se met facilement dans la langue de votre choix.
multiples envois de fichiers via courriel ou autres. Cette façon de faire peut très bien être utilisée alors que tous sont ensemble, assis avec leur portable autour d’une table, ou encore alors que chaque coéquipier est seul, assis confortablement dans son salon.
Google Docs : Très facile d’utilisation, il permet d'écrire des commentaires et il sauvegarde en direct. Il faut cependant que tous les coéquipiers possèdent une adresse courriel Gmail.
Écrire un travail en temps réel
La rédaction en temps réel sur un même espace permet à tous les coéquipiers d’être en mesure de toujours retrouver la dernière version du travail en ligne, et ce, peu importe qui y a écrit le dernier.
Framapad : Un logiciel gratuit alternatif qui permet le clavardage en direct, l’identification de chacun des utilisateurs par une couleur ainsi que la sauvegarde et la restauration d’anciennes versions du document.
Il existe une panoplie de sites et de logiciels gratuits pour écrire des travaux en simultané, car la rédaction de travaux en temps réel est fort utile et évite les
remercie ses partenaires
Les propos contenus dans chaque article n’engagent que leurs auteurs. - Dépôt légalBibliothèque Nationale du Québec Bibliothèque Nationale du Canada Le Griffonnier est publié par les Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi (CEUC).
Seulement quelques logiciels, gratuiciels et sites internet de travail collaboratif sont présentés ici, mais n’hésitez pas à taper dans un moteur de recherche pour faire des découvertes intéressantes qui rendront vos travaux d’équipe plus agréables et productifs. Alors, il ne vous reste plus qu’à faire le plus dur du travail maintenant… convaincre vos collègues de délaisser les groupes Facebook! Bonne chance et bonne session.
Saguenay– Lac-Saint-Jean
Nous joindre Rédactrice en chef : Noémie Simard Graphiste : Alexandre Girard
Courriel : redactionceuc@uqac.ca Téléphone : 418 545-5011 #2011 Télécopieur : 418 545-5400 /ceuc.ca
@ceuc_ca
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Administration et vente : Henri Girard Correction : Noémie Simard
Collaborateurs : Stéphane Boivin Zacharie Bonneau Ioana Brassard Ninon Jamet Roxanne Labrecque Andréa Le Sieur
Laura Landry Marie-Ève Larrivée Jessica Normandin Guillaume Ratté Jessica Roy-Vachon Emmanuel Trotobas Noémie Simard
Prochaine parution : Jeudi 16 février 2017 Tombée des textes : Vendredi 3 février 2017, 17 h Tombée publicitaire : Lundi 6 février 2017, 17 h Impression : Imprimerie Le Progrès du Saguenay Tirage : 3 000 exemplaires
La communication et les interactions en 2017
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La cyberviolence amoureuse Marie-Ève Larrivée Chroniqueuse Dans le cadre d’un cours la session passée, j’ai eu la chance de faire un travail d’équipe avec cinq autres personnes sur la cyberviolence amoureuse (CVA). Cet article est donc un peu un résumé des recherches effectuées afin de vous renseigner sur le sujet. Subséquemment, vous avez peut-être vu passer notre site internet qui a été populaire au début décembre. Si ce n’est pas le cas, vous trouverez le lien à la fin de cet article. Il démontre huit façons dont la CVA peut être perpétrée. Vous avez même l’occasion de me voir la binette dans le vidéo de la dernière situation.
Qu’est-ce que c’est? La cyberviolence fait référence à l’usage de différentes formes électroniques de communication telles que les réseaux sociaux, les téléphones cellulaires et leurs applications, les chatrooms, les réseaux de rencontres, etc. pour perpétrer des actes de violence (psychologique, physique, sexuelle, etc.). Elle est conceptualisée en majeure partie comme étant une violence psychologique. Dans cette problématique, l'agresseur a maintenant la possibilité de surveiller constamment son partenaire (par exemple, avec l’application « mes amis » sur les téléphones cellulaires).
Qu’est-ce que ça implique au niveau légal? C’est assez complexe à analyser, mais il peut y avoir des conséquences graves à la CVA. Le harcèlement, le chantage (l’extorsion), les menaces, l’intimidation, l’incitation au suicide, le slut-shamming, le libelle diffamatoire, l’usurpation d’identité et les contacts sexuels non désirés ou illégaux sont des actes criminels. Tout comportement portant atteinte à la vie privée est susceptible d’être puni par
la loi. Tous ces actes sont inscrits dans le Code criminel du Canada.
Quels sont les risques pour ma santé mentale? Être victime de CVA n’est pas quelque chose à prendre à la légère. Premièrement, il y a plus de risques qu’une victime expérimente la CVA dans ses futurs couples, et ce, en devenant l'agresseur. Il y a aussi des risques de développer des troubles mentaux, de nuire à sa santé physique et de développer des problèmes comportementaux. Les victimes sont d’ailleurs plus susceptibles de développer des dépendances à l’alcool et aux drogues (tabac, marijuana et autres), de développer des symptômes dépressifs et d’avoir des idéations suicidaires. La CVA peut aussi tout simplement amener la victime à la détresse psychologique et celle-ci peut en souffrir toute sa vie. Dans mon dernier article, je parlais entre autres de la dépendance affective fusionnelle. Dans les cas de CVA, l’agresseur devient certainement dépendant de l’autre. Toutefois, il faut faire attention : l’agresseur utilise la technologie non seulement pour surveiller sa fréquentation, mais aussi pour la contrôler ou encore pour l’abuser. L’agression hors-ligne est également présente. Il n’est pas rare d’associer la CVA à la violence amoureuse (VA). En conséquence, tous les risques évoqués plus haut valent aussi pour la VA.
Des résultats alarmants auprès des adolescents Près d’un adolescent sur cinq impliqué dans une relation amoureuse (22%) s’est fait demander de s’engager dans des relations sexuelles par téléphone cellulaire ou par internet alors qu’il ne le voulait pas (Picard, 2007). La victime de la CVA appréhende la fin de sa relation
par crainte que ce comportement se perpétue par la suite. Certains chercheurs spéculent que la CVA peut avoir un impact unique sur les adolescents séparés qui vivaient de l'abus psychologique, notamment en raison du nombre illimité d’accès à l’autre, même lorsque la relation est terminée (Draucker and Martsolf 2010). Malheureusement, un adolescent sur dix rapporte avoir été menacé physiquement par courriel, messagerie instantanée, etc.
La santé mentale avant tout Ce ne sont pas que les adolescents (même si aujourd’hui l’adolescence soit considérée comme terminée seulement à 24 ans!) qui vivent de la CVA. Je vous invite à aller voir nos exemples dans l’article ci-
dessous! Nos comportements affectent toutes les sphères de notre vie. Il est important de reconnaitre nos torts avant de vouloir changer ces comportements. N’essayez pas de changer quelqu’un s’il n’est pas motivé à changer. Toutefois, n’oubliez pas qu’il est important de consulter ou d’aller chercher de l’aide le plus tôt possible lorsque vous vous rendez compte que vos relations sont toxiques, et ce, afin de minimiser les impacts sur votre vie. Chaque personne est précieuse et chaque vie mérite d’être entretenue d’une façon saine. Votre santé mentale passe avant tout. C’est bien beau d'aimer l’autre, mais il faut savoir faire la différence entre l'amour réciproque et la violence amoureuse, parce que même si l’autre personne dit nous aimer, ce n’est pas nécessairement le cas…
N.B. Toutes les informations utilisées ont été vérifiées et sont appuyées par des sources fiables et valides. Vous pouvez me contacter pour connaitre les sources. https://medium.com/@ kevinsmith_53480/10signes-que-vous-vivez-de-lacyberviolence-amoureused0923deb6d45 P.S. : Si vous ne voulez pas écrire le lien au complet, inscrivez simplement 10 signes que vous vivez de la cyberviolence amoureuse sur Google. Puis, cliquez sur le lien medium.com s’intitulant 8 signes que vous vivez de la cyberviolence amoureuse de Kevin Smith. Tous les crédits vont à mes coéquipiers, Eliot Montambault, Philippe Lavoie, Joana Ouellet, Lindsay Ouellet et Kevin Smith.
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La communication et les interactions en 2017
Les médias sociaux, mais surtout Facebook Faut-il brûler Facebook? (Un article que j'ai trouvé sur Facebook!) : https://www.youtube.com/ watch?v=Mj1WeRStad0
Emmanuel Trotobas Chroniqueur Après le temps des Fêtes et tous ces vœux que nous nous souhaitons très souvent par le biais des médias sociaux, avec ces promesses que l'on entend par l'entremise de nos écrans, pourquoi ne pas, justement, parler de ces médias sociaux un petit peu? Pourquoi pas? Moi, je ne suis pas un expert, je ne vous ferai pas un portrait social en large et en travers de toute la situation. J'utilise beaucoup Facebook et je suis encore inscrit à Twitter et à LinkedIn. Je sais qu'il y en a bien d'autres, je pense notamment à Google+, Pinterest, etc. Je crois que Facebook est très utile durant les périodes politiques : il l’a été lors du printemps arabe et lors du printemps érable. Aussi, dernièrement, j'ai appris par Médiapart que lors des élections américaines, le parti politique de Donald Trump achetait des clics au Mexique pour avantager son parti. Ainsi, il faut se rappeler que derrière les algorithmes, il y a des gens. Du moins, c'est ce qu'affirme l’un des journalistes de Médiapart. Pour alimenter notre réflexion, je joins ci-dessous des liens d’articles intéressants que l'on trouve sur ces mêmes médias sociaux. Certains les critiquent, car il y a là derrière tout un système mercantile, et les libertés sont biaisées :
Sortir de Facebook? (Un autre article que j'ai trouvé par le biais de Facebook!) : https:// sortirdefacebook.wordpress. com/category/critique-defacebook/page/2/ Eh oui! Ces médias sociaux, bien plus que les courriels, nous permettent de trouver et de faire suivre des articles comme ceux-ci. Cependant, ils ne semblent pas se sentir menacés par les idéologies exprimées dans ces articles, même si l'on y dévoile leurs secrets, par exemple qu’ils orienteraient nos recherches avec leurs algorithmes. Nos vies privées sont en danger, et de parler de ce problème sans trouver de solution peut nous plonger dans l'inquiétude, si ce n'est dans la paranoïa. C'est peut-être répéter ce que je dis fréquemment, mais je renvoie ces sentiments aux conséquences de nos vies fragmentées, ainsi qu’à leur rythme effréné. Comme le disait si bien Isabel Brochu dans un article du 13 décembre 2016 paru dans La Presse, ne faudrait-il pas prendre du recul face au savoir? Ce retrait ne serait-il pas nécessaire face à tous ces phénomènes? Il faudrait prendre une pause de temps en temps, et même, comme je le suggérais, changer de système afin de vivre une vie plus saine. Selon la justice française, être amis sur Facebook ne confirme pas une réelle relation d'amitié (AFP/Justin TALLIS). Je suis bien d'accord, mais il arrive aussi que l'on se retrouve entre amis sur cette
plateforme. D’ailleurs, plusieurs fonctionnalités offertes par Facebook sont bien utiles pour entretenir les liens d’amitié entre deux ou plusieurs personnes. Par exemple, la création d’événements, qui permet d’organiser des rencontres et des soirées, fait partie de ces fonctionnalités pratiques. Ainsi, les médias sociaux sont des outils. Et, vous le savez, nous y trouvons « de tout et de rien ». La pertinence des informations est toujours remise en question. De plus, une même personne, quel que soit son niveau d'implication dans la société, peut avoir l'impulsion de publier sur son mur une vidéo de chats ou un article sur Standing Rock, comme elle peut publier des questions de société et donner ses opinions sur ces sujets. Je trouve encore étonnant de voir tous ces contacts Facebook qui publient des détails de leur vie privée, des photos de leurs enfants. Parfois, en ce qui concerne certaines situations, je comprends, mais il y en a d’autres qui relèvent de l’ineptie, comme de dire « J'ai eu la grippe », ou encore « Il va encore falloir pelleter ». Il n'y a pas si longtemps, je me suis laissé prendre à participer à un petit jeu proposé par une connaissance, mais cela a entrainé des réactions qui m'ont obligé à réagir et à dire que je ne donnerais pas de détails sur Facebook. Il y a des sujets trop délicats pour commencer à en débattre dans un lieu où l’on garde des traces de tout. Alors, j’ai décidé d’utiliser Facebook avec parcimonie, un peu comme j’utilise Twitter. Je préfère être prudent et utiliser les médias sociaux non pas pour m’exposer, mais pour avoir un accès facile à l’information.
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Obligation sociale Jessica Normandin Chroniqueuse Ce n'est un secret pour personne : Facebook est de plus en plus présent dans notre quotidien. Que ce soit dans notre vie personnelle ou professionnelle, ce réseau social est devenu un outil indispensable au cours des dernières années. Bien que certaines personnes réussissent encore l'exploit de s'en passer, d'autres, comme moi, ne peuvent le faire sans sacrifice. J'ai tenté l'expérience il y a quelques années. J'étais parvenue à quitter Facebook « pour de bon ». Cependant, c'est au bout de quelques mois que je me suis aperçue qu'en fait, j'étais privée de plusieurs interactions sociales depuis que j'étais partie du cocon facebookien. La plupart de nos interactions se font maintenant à l'aide de ce site. Que ce soit pour inviter des gens à un anniversaire, pour planifier un travail d'équipe ou tout simplement pour discuter avec ses amis, tout se passe sur Facebook. Plusieurs employeurs créent d'ailleurs des groupes fermés afin de contacter plus facilement leurs employés. Jusque-là, vous me direz qu’il n'y a rien de problématique. Après tout, ces procédés ne font-ils pas que faciliter la communication avec autrui? Oui et non, en fait. Le problème, c'est que certains oublient que nous avons une vie en dehors d'internet, que nous ne pouvons pas être constamment connectés. Au sein de mon entourage, il n'y a que très peu de personnes qui prennent la peine d'appeler chez moi lorsqu'il y a une urgence; on préfère me laisser
un message sur Facebook. Or, si je ne suis pas connecté pour x raisons, la logique veut que je ne voie pas ce message au moment où il aurait été essentiel que j'en prenne connaissance. Cela me vaudra ensuite une vague de colère de la personne qui ne comprendra pas pourquoi je ne lui ai pas répondu. Ce à quoi j'ai envie de lui répondre : « Pourquoi ne m'as-tu pas appelée, alors? » C'est comme si le simple choix de ne pas être connectée m'avait isolé du reste des gens. De plus en plus, nous entendons « rejoignez-nous sur notre page Facebook pour plus de nouvelles ». C'est comme si le simple choix de ne pas être connectée nous isolait d'une partie du monde. Ainsi, nous finissons presque tous par succomber un jour ou l'autre. On finit par se sentir obligé d'adhérer aux réseaux sociaux. Ce n'est pas forcément un mal. Seulement, j'ai l'impression que nous nous laissons tranquillement dominer par ce monde virtuel. Souvent, nous sommes présents sans vraiment l'être puisqu'en plus de nos obligations réelles, nous avons aussi nos obligations dans ce petit univers informatisé. Nous discutons avec quelqu'un en face de nous, mais nous sentons, dans notre poche, que notre cellulaire vibre. Une nouvelle notification est arrivée. Nous ne savons pas si c'est important ou non, alors on hésite à regarder. Et finalement, ça nous démange trop et on se jette sur notre portable. Malgré ses inconvénients, nous ne pouvons pas nier que Facebook facilite notre quotidien sur bien des points. Simplement, son utilisation ( ou sa non-utilisation ) ne doit pas nous nuire dans notre vie réelle.
La communication et les interactions en 2017
Jeudi 19 janvier 2017 No 117 Journal Le Griffonnier
Communiquer « réellement » en 2017, est-ce encore possible?
Jessica Roy-Vachon Journaliste Je sais, je sais, en lisant ce titre, vous vous dites : « Ben oui, on communique encore, on se parle, il y a encore interaction entre les gens! » En êtes-vous sûr? Parce que pour ma part, depuis un temps, je trouve que les gens osent de moins en moins se dire les choses en face. Ainsi, les cellulaires et les fameux textos prennent de plus en plus une part extrêmement importante dans nos vies. En effet, on ne peut pas aller quelque part sans voir des gens en train de texter sur leur téléphone cellulaire. Le pire, c’est quand on voit des gens assis face à face au restaurant et qu'ils textent au lieu de se parler. C’est bien beau le cellulaire, mais si on ne se parle plus, ça devient un problème. Le but d’aller manger au restaurant en amoureux, c'est d’être ensemble et de communiquer. Où
est le plaisir, où est l’intérêt d’aller manger ensemble si chacun reste de son côté? Aussi bien rester chez soi, non? Si tu passes une soirée avec tes amis, mais que tu envoies constamment des messages à quelqu’un d'autre au lieu de profiter du moment avec ta gang, c’est la même chose. Personnellement, j’aime l’utilité que m’apporte mon cellulaire, j'aime le fait de pouvoir texter mes amis quand je veux leur parler. Cependant, je préfère encore leur téléphoner et ainsi entendre leur voix. Parce que je trouve que les textos, c’est froid. Ça manque d’émotions : on ne peut pas vraiment savoir si notre interlocuteur est fâché, s'il plaisante, s'il n'éprouve rien de particulier… C’est bien beau les émoticônes, mais rien ne vaut les différentes intonations que la voix humaine laisse percevoir selon les sentiments de la personne de laquelle elle provient. Dernièrement, en discutant avec des amies, je me suis également rendu compte que les textos permettaient de se cacher derrière un écran pour dire ce que nous n’avons pas le courage de dire en face. C’est si facile de dire des méchancetés ou le fond de notre pensée quand on se cache derrière l’écran de notre téléphone. C’est
En conclusion, je dois dire que oui, certaines personnes se parlent encore, mais j’ai l’impression que lorsqu'il est temps de dire les vraies choses, beaucoup de gens se cachent derrière leurs écrans. Alors, pensons aux impacts négatifs que cela peut produire sur nos interactions au quotidien. Sur ce, je vous souhaite de bonnes discussions, réelles comme virtuelles!
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Amanda Knox de Rod Blackhurst
Une vie gâchée par les médias
beaucoup plus difficile de le dire en face et de voir le mal que l’on peut faire à quelqu’un. Il y a peu de temps, deux de mes amies se sont fait laisser par textos… Non seulement cela montre un manque de respect envers la personne que tu as aimé et qui t'a aimé en retour pendant un temps, mais cela démontre aussi que le monde est beaucoup trop axé sur les technologies. Oui, c’est plus facile de laisser quelqu’un par texto, parce que tu n’as pas à voir la peine que tu lui fais et tu peux décider de l'éviter en ne lui répondant plus. Seulement, si tu te soucies vraiment de la personne concernée, c’est la moindre des choses de prendre la peine de lui parler en face et de lui dire réellement, et non virtuellement, ce que tu as à lui dire.
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Guillaume Ratté Critique On sait tous que les médias aiment s’emparer des moindres petits faits afin de faire la une et d’être les premiers à rapporter des nouvelles. Alors, lorsque l’affaire Amanda Knox s’est présentée, tous se sont jetés dessus. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que cela allait gâcher la vie de la femme, et ce, dans des proportions inimaginables.
Ce documentaire-choc est un véritable hymne aux effets nocifs de la surmédiatisation sur une personne. L’enquête se serait sûrement déroulée normalement si toute cette médiatisation n'avait eu lieu. Amanda Knox est maintenant connue partout dans le monde et jugée par tous comme étant une criminelle obsédée sexuelle. Alors qu’elle essaie de vivre normalement, tout le monde l’arrête dans la rue et la harcèle avec cette histoire. Elle est troublée à vie par tout ce qui arrive. Du fait que certains journalistes voulaient faire la une des journaux, cette jeune fille ne pourra même plus marcher tranquille dans la rue. C’est un documentaire à voir absolument afin de se rendre compte de l’injustice de ce monde.
Le documentaire raconte l’histoire de l’enquête portant sur le meurtre de Meredith Kercher. Cette dernière était la colocataire et une bonne amie d’Amanda Knox. Amanda et son copain sont les principaux suspects de l’affaire parce que, selon certains, ils agissaient étrangement. De plus, leur ADN a été trouvé sur la scène de crime. Par contre, à cause des médias qui s’arrachent les dernières découvertes sur l’affaire, les autorités veulent trouver le coupable au plus vite. Ils n’hésitent donc pas à inventer des preuves et oublier des pistes afin d’avoir leur coupable.
La Gaga Dance ou « la communication par la danse »
Ninon Jamet Journaliste Ohad Naharin est un chorégraphe et un danseur né en Israël en 1952. Après une enfance heureuse au kibboutz, le jeune prodige part aux États-Unis en 1975. Là-bas, il commence tardivement une formation en danse contemporaine et classique, et ce, dans de grandes écoles, telles que la Juilliard School, l’école de
Martha Graham, le studio de Kazuko Hirabayashi, ou encore celui de Maurice Béjart (Bruxelles). Ohad Naharin danse depuis sa plus tendre enfance, même lors de son service militaire : il était membre de l’ensemble de musique et de divertissements des troupes. Jusqu’à ses vingt ans, il est autodidacte et a déjà développé son propre style. En 1980, il commence à signer ses propres chorégraphies et monte sa compagnie, qui prendra différents noms au fil des années. En 1990, il retourne en Israël avec son épouse, la célèbre danseuse Mary Kajuwara. Il accepte alors l’invitation à prendre la direction de la Batsheva Dance Company, dont il est toujours le directeur aujourd’hui.
À force d’utiliser son corps de manière extrême, le danseur se voit presque paralysé et subit des opérations. Après de longs mois de rééducation, Ohad Naharin recommence miraculeusement à danser et développe alors ce qu’il appelle la « Gaga Dance ». Avec son corps meurtri, il réapprend à danser avec des mouvements particuliers. Il veut faire de la danse et de son corps un outil de communication singulier et efficace, un outil allant au-delà des méthodes traditionnelles. Aujourd'hui, des classes de danse « Gaga » sont organisées partout à travers le monde, où des gens de tous les âges peuvent danser ensemble. Pour en savoir plus : voir le documentaire Mr Gaga de Tomer Heymann.
Photo : http://bgabriel.com/portfolio/ohad-naharin/
La Batsheva Dance Company est en tournée au Canada : Ottawa : Last Work 19:30 / 11-12.01.2017 Centre National des Arts,53 Elgin St, Ottawa, ON K1P 5W1, Canada Toronto : Decadance 20:00 / 14.01.2017 Sony Centre for the Performing Arts,1 Front St E, Toronto, ON M5E 1B2, Canada
Québec : Last Work 20:00 / 17.01.2017 Grand
Theatre
Du
Quebec,269
Boulevard René-Lévesque E, Ville de Québec, QC G1R 2B3, Canada Montréal : Last Work 20:00 / 19.01.2017 - 21.01.2017 Danse Danse Place des Arts,175 Rue Sainte-Catherine, Montréal, QC H2X 1Y9, Canada
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La communication et les interactions en 2017
Jeudi 19 janvier 2017 No 117 Journal Le Griffonnier
Itinéraire d’une radicalisation
AP Photo / Tamas Kovac Source: https://sputniknews.com/europe/201603061035860581-uk-eu-brexit/
Le processus de radicalisation.
Stéphane Boivin Journaliste Adolescent, Maxime Fiset a ressenti un certain malaise social. Sa découverte fortuite des idéologies néo-nazies, à la fin de son secondaire, l’a engagé sur la pente de la radicalisation. Devenu militant d’extrême droite, le jeune adulte de Québec a fondé la Fédération des Québécois de Souche (FQS). Cet engagement l’a éventuellement mené au bord du gouffre. Après avoir frôlé l’irréparable et connu des démêlés avec la justice, Maxime a décidé de faire marche arrière. Il témoigne aujourd’hui de son expérience dans la radicalisation et du chemin parcouru pour en sortir. Maxime Fiset accompagnait le professeure Aurélie Campana lors de sa conférence sur le terrorisme et la radicalisation, organisée à l’UQAC par le CELAT. La raison de sa présence était de témoigner de cette réalité de l’intérieur. Ce genre de témoignage est une nouveauté pour l’étudiant en Sciences politiques qui débute une collaboration avec le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV). Pour lui, la radicalisation prend sa source dans un malaise social et dans une souffrance ressentie par le radicalisé en devenir. Tout jeune, il était préoccupé par des questions d’éthique et de philosophie. Élève brillant cherchant des réponses à ses inter-
rogations, désirant comprendre pourquoi le monde était si loin de son idéal, il a trouvé dans les idéologies d’extrême droite un prêt-à-penser accessible qui lui a permis, temporairement, de résoudre son malaise. « Ces questions m’ont amené à trouver des réponses qui sont inacceptables en société, mais qui étaient disponibles, faciles, et qui cadraient idéologiquement avec le milieu nationaliste, indépendantiste et classe moyenne dont je suis issu. Dès que le malaise et les questions sont là, tout dépend des réponses qu’on trouve. C’était très séduisant comme idéologie parce que c’est simplificateur, très manichéen, et ça répondait de manière très claire et affirmée à des questions qui n’ont probablement pas de réponse. » La personnalité de Maxime ne cadrait pas dans le rôle du skinhead de rue, pratiquant la violence littérale au quotidien, désignée par l’euphémisme « action directe ». Ceux-ci se méfiaient plutôt de cet intellectuel. Il a donc trouvé sa place dans l’organisation, le discours, la propagande. C’est ce qui l’a mené à fonder, au milieu des années 2000, le forum FQS, dont l’objectif était de fédérer sur une même plateforme la pléthore de groupuscules d’extrême droite au pays et ailleurs. Dans la foulée de la Commission BouchardTaylor sur les accommodements raisonnables, le site a connu une exposition médiatique qui a eu
pour conséquence l’arrestation de Maxime Fiset pour propagande haineuse. « La Sûreté du Québec, escouade de la lutte contre le terrorisme, a obtenu un mandat d’arrestation. Ils sont venus me chercher à l’école et en plus, j’avais un poing américain dans mes poches. À l’école. Ce qui en dit long sur la violence de la mentalité d’extrême droite, même si elle ne s’affiche pas comme telle. Ça a été un énorme vecteur de radicalisation pour moi. » En effet, cette arrestation a imposé des situations qui ont eu pour effet de l’isoler davantage. Les portes se fermaient, les dos se retournaient. L’accès à internet lui était interdit et il a dû quitter son emploi. La FQS est passée entre d’autres mains. Dans cette isolation, ses idées ont trouvé une réverbération qui a contribué à accélérer le processus de sa radicalisation. « Quand on tourne le dos au reste du monde, nos propres idées nous semblent plus claires, plus intelligentes et profondes. Chaque petit événement vient prouver que tu as raison. Jusqu’au point où j’étais profondément déprimé et où j’envisageais de poser un acte violent pour mettre fin à ma vie et à celle d’autant de personnes que possible que j’aurais jugé coupable de crime contre la nation, ou de n’importe quelle niaiserie comme ça. »
Pour Maxime Fiset, cette étape de la radicalisation est comparable à un gouffre. Il faut en avoir entrevu le fond pour ressentir un déclic. Vient un moment où il faut choisir entre plonger tout au fond ou reculer. S’il n’arrive pas à identifier le moment où il a décidé de se désengager de cette pente dangereuse, Maxime a néanmoins entrepris un processus de déconstruction idéologique. Pour ce faire, il n’existe pas de solution miracle, d’approche globale. Il faut continuer à questionner le malaise qui est à l’origine du processus de radicalisation, mais en augmentant les sources d’information et les paramètres de réflexion. Surtout, selon Maxime Fiset, il faut éviter les sophismes.
Éthique et philosophie Avec le recul, Maxime Fiset réalise à quel point les idéologies d’extrême droite reposent sur des sophismes souvent volontaires. Maintes fois démontés, leurs arguments ont la vie dure et continuent à se répandre même s’ils sont tronqués. Par exemple, s’il témoigne aujourd’hui, c’est entre autre pour démentir la perception que la violence politique soit associée aux musulmans. À ses yeux, les groupes d’extrême droite qu’il a fréquenté sont largement plus violents et dangereux. Mais leurs actes ne sont pas nécessairement identifiés comme crimes haineux. À plusieurs reprises pendant son passage au Saguenay, comme il l’avait fait à la Confé-
rence de l’UNESCO sur le terrorisme tenue à Québec au début novembre, Maxime Fiset a prôné un enseignement éthique et philosophique dès l’école primaire. Une telle approche permettrait à des jeunes vivant un malaise social de trouver des réponses ailleurs que dans les sophismes des idéologies extrémistes, de se défendre face à la propagande et au mensonge. Toute la société, toutes les interactions bénéficieraient selon lui d’une telle formation à l’esprit critique. Il travaille présentement à définir ce projet avec le CPRMV. Après être retourné aux études et avoir connu la paternité, Maxime Fiset espère devenir une force positive. Il constate qu’il était très confortable de s’isoler des autres cultures et des autres idéologies. Mais aussi que la vraie force se trouve dans l’ouverture et le vivre-ensemble.
Photo : Courtoisie
Maxime Fiset
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Jeudi 19 janvier 2017 No 117 Journal Le Griffonnier
Créer ou « renouer avec soi-même » Roxanne Labrecque Chroniqueuse L’expression de soi – de ses idées et de ses sentiments – ne se fait pas uniquement par la communication verbale. Même si presque tous les êtres humains sont doués de parole, ils sont pourtant peu à savoir manier les mots avec justesse pour se révéler, aux autres comme à eux-mêmes. Il y a en nous une certaine pudeur quand vient le temps de se « découvrir ». Le jugement des autres à notre égard ainsi que notre propre jugement nous taraudent quand nous ne portons pas de masque destiné à répondre aux horizons d’attentes des gens. Inévitablement, certains me diront qu'ils se fichent du jugement des autres. Certes, mais il est difficile de rester indifférent aux regards de ceux qui ont une importance dans notre vie. Cela m’amène à croire que les gens, qu'ils soient importants à nos yeux ou non, constituent parfois un moyen de se jauger, puisqu’ils sont des miroirs qui nous révèlent à nous-mêmes, pour le meilleur et pour le pire. Ainsi, entrer en relation avec son essence pure semble être une chose complexe de nos jours, surtout lorsqu’on a tendance à s’associer à une ou à des catégories qui nous « définissent ». C’est ce que j’appelle se faire subir la violence de l’étiquette. Pourtant, chaque être humain porte en lui des paradoxes, et nier cela serait quant à moi une erreur qui conduirait tout droit au refoulement de soi. Je ne dis pas cela dans le but de vous parler des
théories freudiennes sur l’inconscient. Non! En fait, je veux vous parler de l’art, qui s’avère être pour moi l’un des moyens d’expression par excellence pour se construire et renouer avec son essence. L’art, c’est le fait d’entrer en relation avec soi pour mieux entrer en relation avec autrui. Évidemment, le message qu’on transmet par le biais de nos créations n’a pas de sens univoque, c’està-dire qu’il est de nature polysémique. En ce sens, si certaines œuvres d’art sont signifiantes pour certains parce qu’elles révèlent en eux des traits de leur personnalité modulés par leur vécu, elles ne le seront pas forcément pour d’autres, puisque ceux-ci ne les interprèteront pas à l’aide des mêmes référents personnels et culturels. De ce fait, qu’est-ce que « créer » en terme de médium visant à entrer en relation avec soi et avec les autres? Je me lance à l’essai… À priori, je pense que créer, c’est laisser tomber ses masques pour se laisser habiter par notre voix intérieure qui, étrangement, est à la fois familière et nouvelle. Créer, c’est se construire et s’immortaliser, car l’acte créateur va au-delà de l’utilitarisme au nom duquel on souhaite nous éduquer pour répondre aux exigences de la société. Créer, c’est en quelque sorte un instinct naturel se traduisant souvent par la pensée divergente qui, malheureusement, est étouffée chez l’enfant dès qu’il se retrouve sur les bancs d’école. Faute d’insécurité, l’être humain réalise bien tôt que, pour survivre en société (tant socialement, physiquement et mentalement), il
devra adhérer à des conventions, et ce, au risque d’être condamné à la violence de l’étiquette. Par crainte, les gens rejettent les pairs qu’ils ne peuvent pas « saisir ». En fait, la différence provoque à la fois fascination et rejet, ce qui peut rendre les interactions difficiles. En mode de survie, la peur inhibe toute pensée rationnelle et fait de cet Autre une menace pouvant détruire notre haute tour fondée sur des croyances culturelles donnant un sens et un équilibre à notre existence. Pourtant, si l’on sortait de cette individualité qui nous sert de château fort, cela permettrait de découvrir des horizons mettant en lumière des perspectives nouvelles afin que le monde puisse s’épanouir et jouir de toute la diversité humaine. Donnez la chance aux êtres humains de s’exprimer, de créer, et ils réaliseront des merveilles. Or, pour réaliser de telles choses, il faut que le moteur même de la création puisse démarrer. Cela dit, sans confiance en ses propres capacités, la motivation d’entreprendre quelque chose devient difficile, voire impossible. On se perd. Créer est aussi un plaisir subjectif qui tend à faire jaillir de soi le trop-plein qui nous submerge. La création peut se faire dans la plénitude, sous le coup de la colère, de l’indignation, ou encore sous le coup de la passion. Elle est vive, ce qui assure à celui qui crée sous l’influence de pulsions de mort une source de fluidité le maintenant en vie. D’ailleurs, Pablo Picasso disait à ce propos que « [t]out acte de création est d’abord un acte de destruction1 »,
comme si le processus de création constituait un cycle qui consistait à mourir puis à revivre. En d’autres termes, créer, c’est en quelque sorte renaitre de ses cendres après l’incendie… c’est se réinventer, tout simplement. Créer, disait à son tour Camus, « c’est vivre deux fois2 ». Deux fois, selon moi, parce qu’on s’inspire de notre rapport au monde pour faire de la fiction. La fiction, elle, est le reflet d’un scénario différent illustrant ce que pourrait être la réalité autrement, sans ses contraintes gouvernées par les forces de la nature et les forces des idéologies sociétales. À travers nos œuvres, quelles que soient leurs formes, on répond à nos fantasmes, avec ardeur, dans l’espoir de les réaliser, de les (re)vivre, et ce, même s’il faut n'en jouir que par notre esprit. Par conséquent, créer, c’est se donner la possibilité d’illustrer une pensée abstraite sous forme tangible pouvant être explorée par soi ou par autrui. Ainsi, peut-on considérer que si la création existe en elle-même et pour ellemême, sans référent absolu à la réalité, son créateur ne devient plus responsable de ce que l’autre en comprend? En fait, il semble exister une autre forme de création : celle qui est destinée à un destinataire bien ciblé. En ce sens, ce qui implique un destinataire implique forcément aussi la transmission d’un message; et pour que ce message soit bien entendu par le récepteur, ce dernier doit être clair. Or, ce qui semble poser un problème de discordance dans ce casci, c’est dans la mesure où
1 - Citation de Pablo Picasso tirée du site Web suivant : http://evene.lefigaro.fr/citations/mot.php?mot=creation&p=4 2 - Citation d’Albert Camus tirée du site Web suivant : http://evene.lefigaro.fr/citations/mot.php?mot=creation&p=4
l’on considère que l’art doit laisser place à l’interprétation. Ce principe s’opposerait dans bien des cas à celui de la communication efficiente, selon les préceptes de la linguistique… Certes, par l’entremise de son œuvre, l’artiste peut avoir pour intention de semer la controverse, la confusion. Il peut même, par révolte, vouloir engager un groupe d’individus dans une cause qu’il défend en suscitant leurs émotions. Son message, également, peut être empreint d’amour dans le dessein de tenter de se rapprocher spirituellement, cognitivement et physiquement de l’être aimé. Néanmoins, qu’en estil des œuvres étant créées à titre de commande, c’est-àdire des œuvres créées en fonction des attentes d'un « client »? L’artiste est-il forcé de s’effacer au profit de celui qui acquerra son art, en le rémunérant ou non, afin de répondre à des exigences données par ce dernier? Cela inhibe-t-il son élan créateur en imposant de nouvelles contraintes à la création dite « en elle-même et pour ellemême »? Poser la question, c’est tenter de cibler ce qui pourrait « étouffer » la pensée divergente nécessaire à la création et, par le fait même, le contact avec soi-même. Prenons en exemple une enseignante qui donnerait à un enfant de maternelle une consigne qui consisterait à dessiner de façon méthodique une maison en y incluant un carré, un triangle et un rectangle. Nous pourrions alors nous questionner à savoir si cette enseignante restreindrait de la sorte l’élan créateur de ce dernier. Et si cet enfant avait envie de dessiner autre chose, disons,
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quelque chose de plus abstrait, ne serions-nous pas en train de le sanctionner pour avoir réalisé quelque chose pouvant être tout aussi judicieusement fait, sinon mieux, et ce, au nom d’un « programme »? Enfin, le paradigme de l’éducation actuelle illustré simplement dans l’exemple précédent illustre bien les dangers de se conformer aux exigences données, cela pouvant nuire à l’acte créateur. Cependant, si créer est de l’ordre de la subjectivité, que fait-on des créations collectives, c’est-à-dire de celles étant le fruit de la mise en commun des inspirations propres à deux ou à plusieurs personnes? Ont-elles la même valeur? À bien y penser, nous pouvons bien leur accorder la même valeur que
celle accordée aux œuvres réalisées par un seul créateur, car les œuvres collectives rendent bien compte de la diversité humaine, ce qui leur attribue une grande richesse. Seulement, pour réaliser une œuvre collective, il semble essentiel qu’il y ait une certaine chimie entre les artistes, voire une complémentarité, afin que le génie créateur de tous soit mis en lumière. Par ailleurs, ce qui semble intéressant avec les créations collectives, c’est qu’elles permettent de rendre compte d’un processus de pensée complexe et propre à chacun des artistes. De surcroit, ce qui s'avère particulièrement intéressant avec elles, c’est l’hybridation des couleurs des artistes mises en relief ainsi que l'exposition du fruit de leurs relations, de leurs inte-
La communication et les interactions en 2017
ractions, de leurs décisions communes. Enfin, il me vient à penser à une autre forme de création qui, cette fois, concerne la vie elle-même. « Deux personnes, par leur désir, peuvent créer une chose plus puissante que celle que chacune peut créer toute seule3 », soit un enfant. Il est vrai que les femmes ont cette chance inouïe de porter la plus fascinante création existant ici-bas et de lui donner naissance. Leurs gestes, leurs mots, leurs ressentis ont une incidence sur le fruit de leurs entrailles. D’ailleurs, ce qui est prodigieux dans ce cas-ci, c’est que la création ne s’arrête pas au moment où l’enfant nait, puisque les parents ont une incidence sur la manière dont ce dernier appréhendera le monde. De
ce fait, lorsque nous créons une œuvre, pouvons-nous en quelque sorte nous définir comme étant le père ou la mère du produit engendré par notre imagination, et ce, au même titre que lorsque nous engendrons un petit être humain ou, au contraire, devons-nous nous définir comme étant son « propriétaire », puisqu’elle nous appartient selon le principe de la propriété intellectuelle? À bien y penser, lorsque nous donnons naissance à un enfant, ce dernier ne nous appartient pas de la même manière qu’un objet tangible peut nous appartenir. En fait, cet enfant se transforme et évolue au contact de ses parents et des autres êtres humains, ces miroirs dont j'ai déjà parlé, tandis qu’une œuvre, elle, reste figée dans le temps et dans une forme
3 - Citation de Paul Auster tirée du site Web suivant : http://evene.lefigaro.fr/citations/mot.php?mot=creation&p=4
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(en théorie). L’enfant interagit donc avec les autres et modifie même la perception du monde de ceux qui l’ont vu naitre par son essence qui lui est propre. Quant à l’œuvre, interagirait-elle avec celui qui la regarde, la touche, l’écoute, la sent, et ce, dans la mesure où elle lui évoque un concept, une idée, une réalité? Somme toute, la création, artistique ou non, semble être un moyen d’entrer en relation avec soi et avec autrui. En revanche, ce concept ne semble pas se laisser si facilement « saisir ». C’est peut-être parce que, comme l’individu, il est difficile de le théoriser et de l’enfermer dans la description d’un cadre conceptuel, son sens étant si polysémique, si subjectif!
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La communication et les interactions en 2017
Jeudi 19 janvier 2017 No 117 Journal Le Griffonnier
Totema Studio à deux doigts du succès a déjà atteint cette marque, ce qui est fort encourageant. La promotion destinée aux marchés internationaux suivra dans les prochains mois.
Photo: courtoisie Totema Studio
Les trois co-fondateurs du studio saguenéen : Samuel Taillon, Gabriel Le Breton et François Dessureault.
Stéphane Boivin Journaliste On dit que les nouvelles technologies nous éloigneraient les uns des autres. Tous connectés certes, mais individuellement. Et si les téléphones intelligents et autres tablettes nous rapprochaient plutôt, comme un bon vieux jeu de table? C’est à partir de cette intuition que la boite saguenéenne Totema Studio s’est lancée avec enthousiasme dans la conception de jeux vidéo. Né en 2013 de l’initiative de trois amis, dont deux diplômés en arts et en informatique de l’UQAC, le studio indépendant dévoilait en décembre dernier sa première production. Game of thumbs, un jeu de rythme des plus accessibles, se base sur le principe du multijoueur à portée locale. Les joueurs s’affrontant en duel doivent en effet être en présence l’un de l’autre, chacun à son extrémité d’un écran tactile. Si le principe n’est pas nouveau, il offre un vaste champ d’expérimentation et d'innovation. Samuel Taillon, directeur artistique chez Totema, parle de l’approche de la petite équipe. « Ce qu’on voulait faire, c’était des jeux multijoueurs à portée locale. C’est-à-dire
des jeux qui vont permettre aux gens de se rassembler physiquement pour avoir une expérience de jeu. On s’inspire plus d’un jeu de société, ou même d’un bon vieux jeu de cartes qu’on sort après le souper chez grandmère. Mais tout ça sur support numérique. On pense que le cellulaire peut devenir l’interface d’un jeu dont l’expérience se passe entre les personnes. » Ce métissage entre le jeu physique traditionnel et la dimension technologique permet à l’équipe de Totema de s’inspirer de principes ludiques universels. Le studio compte exploiter les spécificités des nouvelles technologies afin de cultiver le plaisir de se regrouper pour jouer. L'équipe a intégré à Game of thumbs un bref mode solo, mais le jeu prend réellement tout son sens en compagnie d'adversaires.
tout du désir d’apprendre, d’innover et de s’amuser. Game of thumbs, conçu sur une période de trois ans et produit à peu près à coût zéro, a été une occasion d'acquérir de l’expérience et de se confronter aux écueils de la création de jeux. L'application est pourtant très professionnelle. Elle est distribuée sur les grandes plateformes telles que Google Play ou l’App Store du géant Apple. La production en région n’est pas un obstacle aux yeux des fondateurs. Les garçons voient grand!
D’ici là, l’équipe de Totema Studio se posera un peu pour évaluer le travail accompli sur Game of thumbs. Aux yeux de Samuel Taillon, c’est une étape cruciale avant d’entreprendre un nouveau projet. Les idées en développement ne manquent pas, mais il convient de faire le bilan des apprentissages avant d’aller plus loin. Le studio compte profiter de l’expérience acquise avec Game of thumbs pour consolider son équipe, explorer de nouvelles stratégies afin de générer des revenus et identifier le projet dont la conception leur procurera un maximum de plaisir. Une chose est certaine : Totema Studio poursuivra l'exploration de l'heureuse fusion entre le jeu traditionnel et le divertissement numérique.
« Les marchés dématérialisés sont internationaux. Ça n’empêche pas un petit studio à Saguenay de pouvoir viser gros, de viser la Chine. Game of thumbs est un jeu de rythme et on sait que ces jeux ont, historiquement, une bonne popularité en Chine. Donc on a fait traduire le jeu en chinois. »
Small is beautiful
Consolidation
Totema Studio est avant tout une entreprise amicale. Au trio d’origine, composé de Gabriel Le Breton, de François Dessureault et de Samuel Taillon, se joignent sporadiquement des collaborateurs spécialisés. Jusqu’ici, l’équipe travaille bénévolement, à domicile, parallèlement aux carrières respectives de ses membres. Ses artisans se nourrissent avant
Le lancement de décembre dernier a, jusqu’à maintenant, été orienté vers le marché local. Il s’agissait pour l’équipe d’une phase de mise à l’épreuve du jeu. Des statistiques révèlent que les deux tiers des applications lancées n’atteignent pas les 1000 téléchargements. Sans promotion dans le marché anglophone, Game of thumbs
Game of thumbs, Totema Studio
ÉCOUTEZ
NOTRE
ENTREVUE
AVEC
SAMUEL TAILLON SUR
CEUC.CA &
Chronique
Jeudi 19 janvier 2017 No 117 Journal Le Griffonnier
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Pour A-E, A., M-P et J.
De l’amitié vent été fier. Je suis exigeant et intransigeant. Impitoyable, vous diront certains.
Zacharie Bonneau Chroniqueur Ma propre mère m’a toujours conseillé de ne jamais avoir d’enfants. Plusieurs personnes m’ont avoué qu’ils travailleraient pour le diable avant d’être sous mon autorité. La plupart de mes amies vous diront qu’elles en sont parce qu’elles ne voudraient pas être mes ennemies. Je n’ai jamais nié cet aspect de ma personnalité. Je ne l’ai jamais dissimulé. J’en ai même sou-
Tous ces attributs travaillent de mon côté, dans le bon sens des choses, quand il faut affronter les gens, quand vient l’heure d’aller au front. Mais il semble que ces armes dont je dispose pour me défendre, je ne les maitrise pas tout à fait quand viennent les trêves et le moment de soigner les blessés dans les tranchées alliées. Il semble que la diplomatie m’échappe. Pourtant, la compassion est bien là, l’amour aussi. Le sentiment de devoir les protéger est un des symptômes de ces sentiments. Pourtant, j’échoue toujours. On m’a rétrogradé de mon rang de général de ma petite armée pour ces motifs, dernièrement. Si je suis un excellent combat-
tant, je suis un piètre gardien. Et celui qui sait se battre sans aimer adéquatement la raison pour laquelle il se bat est un vulgaire chien de garde. L’amitié est un concept très abstrait, à mes yeux. Là où je conçois avoir été dur, j’en vois la nécessité. Là où j’entrevois mon agressivité, je n’arrive pas à trouver d’autres moyens. Là où j’entends ma colère, je ne trouve rien pour la remplacer. Il semble que j’aie été sculpté pour servir les desseins d’un mercenaire solitaire. Mes amies me sont chères. Elles bénéficient d’un amour inconditionnel, auquel je n’ai pas droit moi-même. Les droits et les devoirs des deux camps sont alors forcément divergents. Les définitions du même mot finissent par être si différentes qu’elles paraissent tirées de deux dialectes inconnus. De
l’amitié, j’ai peine à parler. Je ne suis pas un expert en la matière. Ce que ma pugnacité me fait gagner, elle me le fera toujours perdre de ce côté. De l’amitié, rien à signaler. Je me débrouille seul, depuis un moment. De l’amitié, impossible de raconter. Certaines histoires sont vilaines et dépourvues de sens. Je pense pouvoir être mon propre soldat et ma propre cause. Parce que ce sera nécessaire, bien sûr, mais aussi parce que c’est ainsi que les autres fonctionnent. Je pense pouvoir
utiliser la force qui m’a fait maltraiter les miens pour avancer seul à travers champs. Je pense pouvoir me battre pour ce en quoi je crois et ce que je pense être juste. Cette leçon ne passera pas sous le radar. L’amitié, peut-être, se trouvera au bout du voyage.
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Création
Jeudi 19 janvier 2017 No 117 Journal Le Griffonnier
À l’aube de l’idéal Noémie Simard Poète
À l’aube.
MOI, piéton, dans un désert… de neige. Dans un village de fantômes endormis.
Il y a…
La trace de mes pas dans l’étendue immaculée de la pureté. Les lampadaires : mes phares.
Une continuité.
L’éclat des ombres sur l’éphémère blancheur du sol. Les chants traditionnels dans un silence tambour. (TAMBOUR) Les chênes gris, soldats tordus et rangés : mes phares.
Une transformation.
Le temps, voleur de traces.
Du blanc effacé par du blanc.
La noirceur SUPPLANTÉE.
Une révélation.
À l’aube d’un monde idéal,
je n’existe plus.
Emmanuelle Melanรงon Journaliste