No
119 - Jeudi 16 mars 2017
Biere brassee sur place
4 a` 7
3000 exemplaires - gratuit
517, rue Racine Est, Chicoutimi 418-545-7272 Près du Cégep et de l’Université
Dossier spécial : liberté pages 2 à 6
ceuc.ca
Improvisation tous les mercredis Internet sans fil sur place
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Liberté
Jeudi 16 mars 2017 No 119 Journal Le Griffonnier
Les femmes sont-elles libres?
Jessica Lavoie Chroniqueuse Les femmes détiennent de plus en plus de place et de pouvoir dans notre société : elles ont accès à une éducation supérieure, elles occupent des emplois anciennement réservés aux hommes et elles s’impliquent et performent autant dans leur vie professionnelle et dans la communauté que dans leur vie familiale. Or, paradoxalement, il me semble que la société n’a jamais autant brimé leur liberté d’être elles-mêmes, naturelles et authentiques.
D’abord, la publicité ne cesse de mettre devant nos yeux des images de femmes au physique parfait, ce qui évidemment ne facilite pas l’acceptation de soi. Au fil du temps, chacune d’entre nous finit par enregistrer, volontairement ou pas, ce malheureux stéréotype comme étant la femme idéale, le modèle à suivre. Constamment confrontée à cette définition unique et hermétique de la beauté, il est difficile pour une femme de résister à tous les produits et traitements esthétiques qui existent pour la rendre « plus désirable » : crème antiride, régime minceur, remodelage, cosmétiques de toutes sortes, chirurgies, produits capillaires hors de prix, vêtements et accessoires, pour ne nommer que ceux-ci. Le pouvoir de la publicité est si puissant qu’il parvient à convaincre la gent féminine qu’elle a besoin de ces différents produits et traitements et qu’elle les mérite.
Dès l’adolescence, chaque jeune fille doit alors composer avec le cliché de la femme mince, jeune et belle qui lui pend toujours devant les yeux, et lorsqu’elle se regarde dans la glace la comparaison n’est que plus brutale. J’aimerais ajouter que les hommes semblent eux aussi de plus en plus affectés par les nombreux stéréotypes véhiculés par la société, mais comme je dispose de peu d’information concernant le point de vue masculin sur ce sujet, je préfère aborder uniquement celui des femmes. Ainsi, c’est la société qui indique à la femme ce à quoi elle doit ressembler. En outre, c’est aussi elle qui dicte à la gent féminine comment elle doit agir. Une femme « doit », par exemple, avoir des enfants. Peu importe sa carrière, son implication dans la communauté, ses désirs et ses projets futurs, on ne semble la juger qu’à la réponse qu’elle donnera à la question :
« C’est pour quand les enfants? » Malheur à celle qui répond de but en blanc qu’elle n’en veut pas! Son interlocuteur tentera alors de lui faire comprendre que ce n’est qu’une question de temps avant que les choses changent, exactement comme s’il remettait en question les désirs et les décisions de cette personne forcément dénuée de bon sens! Le combat n’est guère plus facile pour celles qui choisissent d’avoir des enfants puisqu’on attend d’elles qu’elles deviennent des « super mom », des « mères parfaites » dont la présence sur les réseaux sociaux est d’ailleurs de plus en plus importante. De même, avant que sa progéniture ait atteint l’âge de deux ans, la mère est assurée de se faire demander pour quelle date est prévu le deuxième enfant. De telles questions peuvent sembler banales en apparence, mais elles ont le pouvoir d’exercer une pression continue sur les femmes qui y sont souvent
confrontées. De toute façon, qui sommes-nous pour nous immiscer autant dans l’intimité des individus?
que nous puissions avoir une enfance à peu près libre et heureuse.
souvent répété lors de mon enfance. Avec le recul, je regrette de ne pas avoir cru à ces paroles. En réalité, si les adultes étaient aussi sévères avec nous, ce n'était que dans l'unique but de nous préparer doucement à l'emprisonnement social dans lequel nous devrions, un jour ou l'autre, évoluer. Ce pour quoi je ne peux que les remercier. Les remercier d'avoir tout pris sur eux afin que je puisse vivre une enfance sans tracas. Les remercier de m'avoir montré comment fonctionnait le monde des grandes personnes, mais surtout, les remercier d'avoir sacrifié une partie de leur liberté pour que je puisse en bénéficier, ne serait-ce que quelques années.
Bref, je crois que le rôle de la femme au sein de la société a grandement évolué, mais le rapport à la maternité a, quant à lui, peu changé. La femme a toujours sur ses épaules la pression de procréer. Peut-être même que celle-ci est pire qu’avant puisqu’elle est devenue insidieuse et qu’elle se fait sentir majoritairement dans les discours féminins. Les femmes sont-elles libres? Je pose la question parce que je ne connais pas la réponse. Je sais toutefois que le 8 mars est la Journée internationale des femmes et, qu’en cette occasion, on se doit de célébrer tous les progrès que nous avons faits, mais également ceux qu’il nous reste à faire.
Avoir dix-huit ans « J'ai hâte d'avoir dix-huit ans. » Jessica Normandin Chroniqueuse
Hélas, la réalité est tout autre.
Une phrase que nous avons probablement tous déjà dite au moins une fois pendant notre jeunesse, lorsque nos parents ou nos professeurs nous imposaient des activités ennuyantes ou des façons de faire que nous ne voulions pas adopter. « Rentre à telle heure, fait ci, fait ça, tiens-toi droit, exprime-toi comme il faut! » Toutes ces phrases nous donnaient la nette impression de ne pas être libres d'agir comme bon nous semble. Ainsi, l'entrée dans la vie adulte nous apparaissait comme une délivrance, une chance d'enfin être ce que nous sommes vraiment.
L'euphorie faisant office de sa présence, nous ne nous rendons pas compte de la supercherie le jour de nos dix-huit ans. Évidemment, nous sommes beaucoup trop préoccupés par la joie de pouvoir s'acheter de l'alcool en toute légalité ou de pouvoir montrer fièrement nos papiers d'identité lorsque nous nous faisons carter en soirée. Toutefois, comme toutes bonnes choses ont une fin, notre lune de miel avec cette vie d'adulte vient à son terme. Les factures à payer, le travail, la pression sociale; l'image que l'on s'était faite
de l'adulte libre n'était qu'un tissu de mensonges, une utopie. Pire, une arnaque! Tout ce temps passé à rêvasser à notre liberté future aurait plutôt dû être consacré à profiter de ces quelques années de tranquillité. En fait, pendant que nous nous obstinions à croire que les enfants étaient les seuls à ne pas être libres, nos parents, quant à eux, travaillaient, veillaient sur nous, faisaient passer nos besoins avant les leurs, s'occupaient de la maison, s'assuraient que nous ne manquions de rien. Ils allaient même, pour certains, jusqu'à se ruiner la santé pour notre bonheur. Sans compter tous les sacrifices qu'ils ont dû faire afin
Et que dire sur la situation de nos enseignants? Ah, nos enseignants! Ils étaient peut-être très stricts avec nous, mais ils n'étaient pas beaucoup plus libres. Un programme imposé, des élèves parfois peu coopératifs, devoir faire de la discipline, gérer la colère d'un parent qui n'accepte pas que son enfant n'ait pas de bonnes notes, mais surtout, s'assurer que tous les élèves comprennent la matière enseignée afin de ne pas mettre leur carrière en danger. « Profites-en, ce sont tes meilleures années » m'a-t-on
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La liberté au féminin
Amira Ben Rejeb Journaliste D’après le sociologue français Pierre Bourdieu, être une femme implique d’avoir des qualités de « féminité » et de se soumettre, consciemment ou pas, à ce que les hommes attendent d'elle en tant que femme. Bourdieu étudie la question de la domination masculine dans la société… Mais faut-il être sociologue pour comprendre comment fonctionne la domination masculine? Quand on parle de « féminité », on s’entend bien qu’elle englobe une panoplie de qualités, autant morales que physiques. Ces qualités, analysées en profondeur, paraissent d’ordre subalterne dans la société d’aujourd’hui (et de toujours) basée sur l’action, l’intelligence et la vigueur. Autour de nous, au quotidien et dans les médias on peut voir qu’il existe un mode de différenciation relationnelle qui est à l’origine de la domination masculine, et qui est devenu tellement familier qu’il passe pour « naturel ». Et c’est ainsi que les propriétés corporelles arbitraires et non prédictives (comme le sexe et la couleur de peau) sont mises au profit d’un processus de socialisation du biologique et de biologisation du social. En acceptant ces qualités, il n’est pas étonnant que les femmes acceptent d’être traitées en objets d’échange dans ce que Bourdieu appelle le marché des biens symboliques, et ce, même dans les classes sociales censées être arrivées à un haut de degré d’émancipation. Les femmes sont confinées au domaine du privé, et elles n’y sont
que des objets et des instruments dans le marché des biens symboliques. L’institution matrimoniale est le dispositif central de ce marché; même dans la haute bourgeoisie, le mariage demeure l’espace qui permet d’augmenter et de conserver son capital social et symbolique à travers des alliances de prestige, réduisant les femmes à l’état d’objets d’exhibition ou de médiatrices. Elles sont exclues des valeurs d’honneur et de virilité qui constituent le principe de tout pouvoir dans la société patriarcale masculine. On s’attend à ce qu’elles aient des capacités comme l’intuition et la séduction qui exigent une attention et un dévouement absolus, et qui incombent au sexe faible et aux domestiques. Parmi les notions que Pierre Bourdieu décortique afin d’accéder aux prescriptions et proscriptions inscrites dans les attentes collectives (expression empruntée à Max Weber) on retrouve la notion de « vocation ». Il décortique la notion de « vocation » qui comprend une libido socialement sexuée en contact avec l’institution. On attend des femmes qu’elles travaillent, mais dans un cadre qui ne menace pas l’autorité masculine, elles peuvent être hôtesses, secrétaires, infirmières, etc., tout en restant dans des postes inférieurs. Bourdieu analyse l’idée même qui voue les hommes à des disciplines scientifiques, militaires, politiques et les femmes à des postes secondaires qui ne requièrent pas de valeurs « masculines » : La logique, essentiellement sociale, de ce que l’on appelle la « vocation » a pour effet de produire de telles rencontres harmonieuses entre les dispositions et les positions qui font que les victimes de la domination symbolique peuvent accomplir avec bonheur […] les tâches subalternes ou subordonnées qui sont assignées à leurs vertus de soumission, de gentillesse, de docilité, de dévouement et d’abnégation. (p. 64)
1 - Je cite l’article paru au Huffingtonpost Canada : http://quebec.huffingtonpost.ca/2016/03/10/sophie-gregoire-trudeau-en-lucian-matismichelle-obama-en-jason-wu-pour-le-diner-detat_n_9434938.html 2 - http://www.huffingtonpost.ca/2016/09/24/sophie-gregoire-trudeau-royal-tour_n_12173394.html
La séduction est une forme de reconnaissance de la domination qui renforce la domination symbolique. Du fait que les femmes sont habiles à séduire, elles sont considérées comme un corps-pour-autrui d’où résulte ce que Bourdieu appelle « les actes inconsciemment discriminatoires contre les femmes » comme, par exemple, la facilité du toucher et les remarques sur la coiffure ou la tenue vestimentaire de la femme. La violence symbolique engendre ainsi des actes qui contribuent à construire la position diminuée des femmes. Cette domination connue et reconnue par les femmes se somatise dans plusieurs actes inconscients comme l’embarras pour prendre la parole, le rougissement en public, etc. Bourdieu montre à travers le témoignage de J. Morris l’apparition d’une « impuissance apprise » mise en œuvre par le changement des dispositions consé-
cutives au changement de sexe. Dans le second chapitre, une sous-partie intitulée « l’être féminin comme être-perçu » peut mener à plusieurs analyses et recherches sur la représentation de la femme dans les médias, au cinéma, dans la littérature et même en politique. Quand Michèle Obama et Sophie Grégoire Trudeau font leur apparition lors de la rencontre des deux hommes politiques en mars 2016, les principaux articles1 concernaient les robes portées par les deux premières dames du Canada et des États-Unis. Et malgré les commentaires de féministes qui pensent qu’il y a bien plus important à commenter que les robes de haute couture, le phénomène a tout de même persisté dans la rencontre de Kate Middelton et Sophie G. Trudeau en septembre 2016. On retrouve un article dans le Huffington Post qui parle de la tenue des deux dames.2 Là, on
n’est plus dans la société kabyle, mais dans la sphère politique de deux pays qui ont depuis longtemps aboli les lignes de démarcation mystique entre les hommes et les femmes. Tout cela se résume dans la phrase clé de Bourdieu dans son ouvrage La domination masculine: « Tout dans l’habitus féminin […] concourt à faire de l’expérience féminine du corps la limite de l’expérience universelle du corps-pour-autrui ». (p. 70) Il y a parfois bien plus à comprendre à travers des situations qui ne théorisent pas, mais racontent ou transposent des situations réalistes. En prêtant attention à ce qui se produit tous les jours autour de nous, on peut reconnaitre qu’il existe bel et bien « une division sexuelle du travail de production et de reproduction biologique et sociale qui confère à l’homme la meilleure part. » (p. 39).
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Liberté
Jeudi 16 mars 2017 No 119 Journal Le Griffonnier
Le dernier songe Jean-Maxime Larouche Chroniqueur Suspendu sur le fil de minuit, scrutant le ciel qui m’appelle, un songe m’encombre. La rare beauté des astres qui m’entourent ne me rappelle qu’une seule chose : ses yeux. Hélas, le regret recouvre de son voile funèbre la joie que devrait m’inspirer ce souvenir. Si la splendeur des étoiles séduit nos yeux pour gagner notre cœur, tous ces
astres réunis ne sont rien devant la divine beauté que je voyais en elle. À présent, regrettant ce qui n’est plus, il ne me serait plus possible d’admirer tant de beauté. En fait, ce qui me tourmente, c’est le passé. Cette chose, qui n’étant plus, nous engouffre dans cette infâme culpabilité d’être et de ne pas avoir été. Aujourd’hui, mon visage est un désert de vieillesse et mes cheveux, blanchis par les hivers. Estce mon dernier moment? Probablement.
Les corps célestes descendent tranquillement du ciel comme les flocons d’une douce neige nocturne. Dès qu’ils atteignent mon visage, ceux-ci m’enivrent, au-delà du temps, dans mon histoire, dans mon passé, dans mon être.
Le tout s’accélère, je me vois lui parler durant de longues heures, m’engager avec elle, l’embrasser encore. Je me vois l’encourager dans ses buts et elle m'encourager dans les miens. Je me vois l’aimer et l’aimer encore. Je vois notre vie découler rapidement, telle une spéculation idéalisée de ce qu’elle aurait pu être.
craintes et mes angoisses pour vivre tout simplement. « Dum loquimur Aetas invida fugerit Carpe Diem Credula quam Minimum postero »
Revenant à la réalité, une larme coule sur mon visage. Si seulement j’avais eu la force, le courage. Si seulement j’avais mis de côté mes
Ne voulant plus refaire la même erreur. Pour la brève seconde qu’il me reste, couché sur le blanc duvet de l’hiver, je regarde le ciel pour une dernière fois. Je la revois et je souris. Ému aux larmes, je célèbre la vie. Je la remercie.
nous aurions pu aller nous louer un film.
tout en restant confortablement chez eux.
chaines de cinéma, mais des petits cinémas indépendants.
Et encore, la location de films nous offre aussi beaucoup de possibilités, parfois plus que les nouveautés offertes au cinéma.
Au final, autant de liberté et de choix pour écouter un simple film! Seulement, est-ce que c’est bien d’avoir autant de variété alors que nous tuons l’industrie du cinéma?
Il est important de les encourager et de faire des belles sorties. Les prix sont ahurissants, mais c’est justement parce que la population n’y va pas assez souvent qu’ils doivent les augmenter afin de pouvoir rester ouverts.
Je la vois se retourner, le visage riant, me regardant de son air amoureux. Sans peur, j’apaise ses craintes d’un seul regard. Un regard si puissant qu’il renferme à la fois l’amour et la liberté. Puis, je l’embrasse!
Trop de liberté?
Andréa Le Sieur Chroniqueuse L’autre jour, en voulant écouter un film avec mon amoureux, nous en sommes venus à une impasse.
Qu’est-ce qu’on devrait écouter?
À la suite de cette question, nous avons eu une longue discussion sur le trop-plein de choix de film, et nous en sommes venus à la conclusion que c’est peutêtre à cause de cela que les cinémas sont de moins en moins populaires. Mis à part le coût du cinéma, nous avons le choix de rester confortablement chez soi avec un bon film à portée de main. Bien sûr, nous avons beaucoup trop d'options. Ainsi, même si nous voulions faire changement,
Si le cœur ne nous en disait pas de sortir, nous aurions aussi pu pirater un film sur le web, car même si le piratage n’est pas une bonne option, on ne se cachera pas que c’est un moyen très efficace pour tous d’avoir accès à une grande quantité de séries et de films
Je crois fermement qu’il est important de continuer à encourager les cinémas locaux. On y retrouve des gens qui travaillent très fort et qui, parfois, vivent seulement de leur entreprise. Je ne parle pas ici des grandes
remercie ses partenaires
Les propos contenus dans chaque article n’engagent que leurs auteurs. - Dépôt légalBibliothèque Nationale du Québec Bibliothèque Nationale du Canada Le Griffonnier est publié par les Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi (CEUC).
En somme, toute cette liberté n’a pas que des effets positifs, mais pensons aux beaux moments passés au cinéma, qui constitue une si belle sortie, et allons-y!
Saguenay– Lac-Saint-Jean
Nous joindre Rédactrice en chef : Noémie Simard Graphiste : Alexandre Girard
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Coordonnateur et vente : Vincent Côté Correction : Noémie Simard Jessica Normandin
Collaborateurs : Amira Ben Rejeb Stéphane Boivin Zacharie Bonneau Ioana Brassard Jean-Maxime Larouche Catherine Lavoie
Jessica Lavoie Andréa Le Sieur Maude Pelletier Jessica Normandin Guillaume Ratté Marie-Ève Rochefort Emmanuel Trotobas
Image à la une : http://bit.ly/2mlGvRy
Prochaine parution : Jeudi 13 avril 2017 Tombée des textes : Vendredi 31 mars 2017, 17 h Tombée publicitaire : Lundi 3 avril 2017, 17 h Impression : Imprimerie Le Progrès du Saguenay Tirage : 3 000 exemplaires
Liberté
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La liberté de se découvrir
Marie-Ève Rochefort Chroniqueuse Vous est-il déjà arrivé de ressentir une pression à l’intérieur en réfléchissant à votre futur? D’angoisser à l’idée de ne pas trop savoir quoi faire de votre vie, du choix de carrière à privilégier? C’est un stress que l’on peut entretenir long-
temps et qui, pourtant, vient de nous. Ce que je veux dire, c’est que la société nous envoie peut-être une tonne de messages nous incitant à choisir un métier dès notre plus jeune âge (alors qu’on se connaît à peine), mais nous sommes en mesure de décider de prendre notre temps et d’apprendre à nous découvrir. Bien que bon nombre de personnes entrent sur le marché du travail dès la fin des études, cette réalité n’est pas la même pour tous. Beaucoup continuent de se chercher après le passage au secondaire, au collégial ou même à l’université! Pourquoi faudrait-il donc s’imposer un
stress de trouver une vocation le plus rapidement possible pour faire « comme tout le monde »? Ce n’est pas une tâche simple lorsque l’on est entouré d’amis déjà bien établis dans leur domaine et épanouis dans leur vie. Mais à quoi bon s’en faire si on arrive à décrocher de cette idée que l’on doit absolument trouver son métier dès la fin du secondaire? Il m’aura fallu 28 années avant d’être à l’aise avec cette perspective : ne pas savoir quoi faire de ma vie est en quelque sorte une possibilité extraordinaire pour moi d’être libre et d’essayer un nombre incroyable de
trucs. Vos amis ont une maison, des enfants, un emploi stable depuis quelque temps alors que vous, vous oscillez entre la maison familiale, un appartement à l’autre bout du Québec, des emplois passagers et différents domaines d’études? Plutôt que de paniquer devant ce néant, ne devrait-on pas en jouir et en profiter pour maximiser les expériences et les rencontres? C’est génial de trouver sa voie dans le marché du travail. J’ai même longtemps envié ces gens qui savent depuis longtemps ce qu’ils feront de leur vie. Cessons d’être envieux de leur certitude et apprenons à embrasser cet univers de possibilités qui s’offre
à nous. Le stress causé par cette continuelle recherche de nousmêmes peut devenir franchement étouffant. Il n’en revient qu’à nous de nous en libérer et d’apprécier les aspects positifs de cette quête personnelle. Je termine en vous proposant cette citation de John Lennon : « Quand j'étais petit, ma mère m'a dit que le bonheur était la clé de la vie. À l'école, quand on m'a demandé d'écrire ce que je voulais être plus tard, j'ai répondu "heureux". Ils m'ont dit que je n'avais pas compris la question, je leur ai répondu qu'ils n'avaient pas compris la vie. »
Liberté! Liberté? selon un article paru sur le blogue Rusty James news.
Emmanuel Trotobas Chroniqueur Nous serions en démocratie. Je vois ici et là des remises en question, des lettres de doléances, comme celle adressée au premier ministre. J'ai aussi vu l'enthousiasme pour la liberté de partager des graines et des semences. Sans oublier le rappel de la voiture à énergie libre. C'était en 1931,
La démocratie nécessiterait plusieurs critères, dont l'accès à l'information. Ce n’est pas évident d'entendre ça lorsqu’on croit qu'il suffit de voter pour dire que l’on est en démocratie. Pourtant, il ne s’agit pas que d’une question de vote. Voyons dans quel contexte nous votons et quelle est la valeur de notre bulletin de vote. Ce dernier ne nous permet apparemment pas de retirer un ancien élu d’un poste. Il est installé, et ce, à l'issue d'un mode de scrutin majoritaire à un tour. J'ai aussi vu la proposition d’un tirage au sort à la place d’un vote. J'imagine un jeu qui, à la suite d'une première démarche dans laquelle s'ins-
crivent des électeurs, pourrait être fait une seconde fois s'il y a défaut dans le bon fonctionnement des institutions par la faute des élus. Évidemment, tous les électeurs inscrits ne seraient pas forcément sélectionnés dans ce jeu-là. Il s'agirait d'un système où l’on évite la possibilité de la mise en place d'une oligarchie. Qui n'a pas entendu parler d'oligarchie? Nous serions en fait dans ce système-là en ce moment. Avezvous entendu parler de liberté de parole pour le citoyen ordinaire? En dehors des heures d'écoute des stations de radio… Ta liberté s'arrête là où commence la mienne? C'est drôle, mais je pense à un couple seul
ou à une famille avec de jeunes enfants dans le contexte d'une séparation, où chacun veut trouver sa place et faire respecter ses droits. Pouvoir voir les enfants et prendre des décisions pour leur bien-être, leur avenir. Ta liberté s'arrête là où commence la mienne? Mais que ne suis-je pas prêt à faire pour l'autre? Au nom de quoi j'arrête mes loisirs? Ou le fait de m'exprimer pour revendiquer mes droits qui concernent pourtant ma santé et mon éducation? Dans une province qui, tout le monde le sait, n'est pas vue de la même façon par beaucoup de gens, ou qui est plutôt vue
différemment par au moins deux camps. On relativise un peu la notion de liberté, non? Et on a besoin les uns des autres. Je vous recommande la lecture d'articles sur la psychologie des relations : Comment faire face à la manipulation?, la lecture d'essai comme Les taupes frénétiques de Jean-Jacques Pelletier, ou encore ceux de Noam Chomsky traitant de la propagande et dews médias. Il y a également de nombreux ouvrages sur le lâcher-prise. Enfin! Le sujet est très vaste. Merci d'avoir pris le temps de me lire.
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Marche pour la liberté?
Photos : Ioana Brassard
Ioana Brassard Chroniqueuse Le 4 mars dernier, la Meute ainsi que plusieurs groupes ouvertement racistes et xénophobes ont répondu à l’appel de la Canadian Coalition of Concerned Citizens (CCCC) pour des manifestations dans plusieurs villes du Canada. Les manifestants dénonçaient la motion 103, qui vise à interdire les discours islamophobes. Selon des groupes tels que La Meute et la Storm Alliance, cette motion nuira à leur liberté d’expression. Ils dénoncent également l’immigration musulmane, qui est, selon eux, une menace aux droits et liberté des Québécoises et Québécois. J’ai coorganisé une manifestation antifasciste qui se tenait le même jour et à la même heure. En voici le portrait. Nous sommes arrivés bien avant les groupes d’extrême droite. En attendant leur arrivée, nous nous sommes réchauffés en jouant au ballon et en riant. Il faisait -41 avec le facteur vent, mais ça ne nous a pas arrêtés. Le groupe de manifestants auquel nous nous sommes opposés est arrivé vers midi.
Nous avons marché sur le trottoir pendant qu’eux marchaient dans la rue, puis nous avons marché devant eux. La police n’est pas intervenue et aucune altercation n’est survenue pendant la marche. Cependant, alors que l’on se préparait, un homme est venu nous interroger et a commencé à nous insulter. Il devenait un peu plus violent dans ses propos, mais nous avons maitrisé la situation. Pendant que nous marchions, il était clair que l’attention était centrée sur nous puisque nous criions des slogans tels que « fascistes, racistes, assassins » et « liberté d’expression, mais ça dit ta gueule ». Un militant a même chanté le succès de Pink Floyd Another Brick In The Wall, causant des rires chez les manifestants antifascistes et accrochant au passage un sourire à un militant de La Meute. La police se mettait entre les manifestants antifascistes et entre les militants des groupuscules. Ils étaient armés de matraques, ce qui était plutôt désagréable pour les militants en avant de la marche. Alors que la marche tirait à sa fin, un agent de police a, sans le vouloir, fait savoir quelle était sa position en disant aux militants fascistes de disposer. Je le cite : « notre
manifestation est terminée, partez, pis si vous faites du grabuge on va procéder à des arrestations ».
Ce que j’en ai pensé. Je suis extrêmement heureuse de voir qu’autant de citoyens se sont mobilisés pour manifester leur refus des discours racistes et xénophobes. Ces discours sont teintés d’une ignorance totale, puisque les membres de ces groupes ne savent pas que les premières victimes du terrorisme sont les musulmans eux-mêmes. Ils répandent une peur de l’inconnu qui n’est pas légitime. Ils crient à la liberté d’expression, mais leurs propos sont souvent illégaux. La liberté d’expression a ses limites et on ne peut pas tout dire sous son couvert. On ne peut pas opprimer une partie de la population en invoquant la liberté d’expression. Notre contre-manif était nécessaire. Nous avons pu faire comprendre à une partie de ces gens que ce n’est pas tout le monde qui cautionne leur discours haineux. Je terminerai, fière de m’être levée contre l’extrême droite, avec cette citation de Pierre Falardeau : « Pour les lâches, la liberté est toujours extrémiste. »
Chronique
Jeudi 16 mars 2017 No 119 Journal Le Griffonnier
J’étais drôle avant
Zacharie Bonneau Chroniqueur C’est comme si c’était hier. Juste avant que je n’entre à l’université. Je prenais la vie à la légère, mes parents payaient tous mes comptes. Je devenais ami avec tous ceux que je rencontrais parce que je n’avais pas de standards. Si tu riais à l’une de mes blagues, tu étais du voyage. J’étais de toutes les fêtes, où j’avais toujours le bon mot, le bon ton, le bon beat. Je pouvais sortir trois soirs de suite et mes jambes tenaient jusqu’à la dernière Sambucca flambée directement dans ma gueule d’amour qui, elle, n’avait ni rides ni imperfections. Si le svelte et désinvolte garçon de 19 ans pouvait me voir la gueule dans une boule de cristal, il en ferait une dépression nerveuse. J’ai fait un bac, et mes parents ont jugé que je devais commencer à m’occuper de mes affaires. Alors je me suis trouvé des jobs ingrates et plates, à obéir à des gens à qui je n’aurais même pas adressé la parole avant. J’ai lu des millions de livres déprimants qui étaient sournoisement bien écrits et qui m’ont fait me rendre compte de millions de choses que finalement, j’aurais préféré ignorer. J’ai perdu mon beat, ma répartie, parce que j’ai commencé à réfléchir à ce que je disais. Réfléchir, mais pas encore
assez pour les gens de mon nouveau milieu, qui m’ont trouvé superficiel, gâté et méchant, parce que, ce que j’ai appris de plus important ces cinq dernières années, c’est que les intellectuels n’ont aucun sens de l’humour. J’ai commencé à faire la morale à toute ma famille durant les discussions politiques et j’ai commencé à la mépriser, comme ça, sans que je le voie venir, insidieusement. Je me suis rendu compte que les amies qui partagent vos passions ne partagent pas toujours vos valeurs. Je me suis rendu compte que c’était le fun de voir la vie en noir et blanc, parce qu’on peut toujours se tenir loin du noir. Mais là je suis comme pogné dans le gris. Pis j’ai toujours le maudit réflexe de commencer mes phrases par des formules d’atténuation, genre : « dans la mesure où… » ou « sous cet angle… » Pour un punch-line, y’a pas pire que ça. Quand j’étais au cégep, j’avais l’impression que chacune de mes amies était une entité unique au monde. Maintenant je vois sans cesse défiler la même brunette première de classe, comme le décor des Pierrafeu qui passe en arrièreplan. C’est pas la même, mais elles sont interchangeables. Voilà ce que je recherche maintenant. Des personnes irremplaçables, qui me font rire. Et j’en trouve.
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Θάνατος / Thanatos Jean-Maxime Larouche Chroniqueur Nous, qui ne sommes jamais décédés, mourrons un jour. C’est notre fatal destin, l’inévitable avènement de Μόρος (Moros). Rollo May parlait de cet instant comme de l’atteinte d’une ultime solitude, celle qui nous empoigne les entrailles, qui nous sépare de notre monde, de notre humanité. Il avait probablement raison. Ce jour-là, notre réalité s’éteindra, ceux que nous chérissons disparaitront et naitra un néant entre nous et autrui. Cette ultime solitude est, aux premiers abords,
synonyme de douleur. Indubitablement, l’homme est un animal social. Une socialisation découlant plausiblement d’un instinct de survie, mais plus précisément d’une volonté de distraction – du besoin d’un grand dérivatif permettant d’endurer un monde de souffrance. Pour cette tâche, rien n’est mieux que le divertissement suprême : l’être humain! La chaleur complexe de la relation humaine est l’une des plus douces et des plus rafraichissantes. Dans sa toute-puissance, tel un mirage, elle arrive même à nous en faire oublier la fin. La solitude est aussi éprouvée dans certaines
parties de l’existence. Hélas, l’isolement de l’existence n’est que fragment, une simple préparation au trépas, à Θάνατος (Thanatos). Par ailleurs, c’est en ce sens qu’il faut l’appréhender. Ce sentiment d’isolement, escorté de l’ennui, est tel un vent de noirceur illustrant notre prochain sommeil éternel. Malgré cela, il faut l’observer, et ce, même si cela fait l’effet d’un soleil flamboyant sur nos pauvres yeux. C’est là le seul moyen pour chérir la vie à son juste prix, pour partir reconnaissant et non pas regrettant – le seul moyen de vivre Sa vie en toute Liberté.
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Culture
Jeudi 16 mars 2017 No 119 Journal Le Griffonnier
Chocolat : promenade sur Mars Stéphane Boivin Journaliste La formation montréalaise Chocolat était de passage au Sous-Bois ce vendredi 3 mars. Le groupe est sans aucun doute l’un des projets les plus stimulants de la scène québécoise actuelle. Il a présenté une partie de son dernier album Rencontrer Looloo, un délire psychédélique d’une grande richesse, en plus de pièces plus anciennes de son répertoire. Exempt de nostalgie, Rencontrer Looloo renvoie à un âge d’or où le rock était encore perçu comme une forme d’art novatrice, complète et sophistiquée. Par sa présentation et son contenu, l’album n’est pas étranger à l’ère des albums concepts réalisés sans compromis. Un étrange récit de science-fiction fournit une homogénéité à une oeuvre diversifiée qui aurait pu s’éparpiller. En fait, la grande cohérence de Rencontrer Looloo est un tour de force mystifiant. Surtout lorsqu’on sait que cette surdose de rock provient de squelettes de chansons accouchées par Hunt sur une petite guitare classique. Le claviériste de la formation, Christophe Lamarche-Ledoux, ne saurait dire de quel magma culturel émerge l’album. « Ce serait difficile de vraiment retracer d’où tout ça est sorti. Ça vient d’une idée de l’histoire mal écrite d’anciennes civilisations perdues, de documentaires douteux sur Netflix ou Esoteric Tube. Ça sonne comme ça entre autres à cause de notre incapacité à faire exactement ce qu’on souhaitait faire, c’est-à-dire du hard rock un peu à la Black Sabbath ou Iron Maiden. C’est pas nous autres, mais c’était une tentative et ça a donné autre chose. » Si la base musicale et l’univers étrange émanent de Jimmy Hunt, chanteur et guitariste de la formation, Recontrer Looloo est le produit d’un travail collectif où chaque musicien trouve sa place dans un processus organique. On y trouve des hymnes rock extrêmement accrocheurs (Ah Ouin, Golden Age, Retrouver Looloo), des pièces plus éthérées (Koyaanisqatsi (Apparition), Le faucon, le chacal et le vaisseau
spatial), ainsi que quelques ballades mettant en valeur le talent de mélodiste de Hunt. Le tout est truffé de références et de citations sans sombrer dans la parodie ou l’imitation. « C’est vrai qu’il y a un attachement aux vieux sons, les amplis à lampes et l’enregistrement sur bobines, les imperfections. Mais en bout de ligne il y a plusieurs façons de se rendre là, et ce n’est pas nécessairement avec des guitares à 5000 $ construites en 1965. On a une façon un peu vintage de travailler, mais on ne cherche pas absolument à utiliser des instruments authentiques. On fait beaucoup de blagues avec ça. Aujourd’hui tu vas dans un magasin de musique et t’as des amplis neufs faits en usine qui ont un look vintage. On est à l’époque de la New Beetle, c’est comme acheter des jeans avec des trous dedans. Le serpent se mord la queue et tout le monde rit. » Chocolat tourne beaucoup hors-Québec. Ils passeront d’ailleurs le printemps sur les routes de France et de Belgique. Mais le groupe est l’un des rares exemples québécois à atteindre sans trop de difficulté d’autres cultures. Une tournée récente en Amérique latine et une certaine notoriété dans le monde anglophone en font foi. Selon Christophe Lamarche-Ledoux, Chocolat donne dans une niche musicale où l’exotisme et la mélomanie motivent avant tout les auditeurs. « Chocolat a eu la chance d’échapper à une certaine fermeture du réseau francophone. Le band est souvent étiqueté garage-psych et cette scène-là est très vivante. Beaucoup de groupes à travers le monde font ce genre de musique-là et ça ne tourne pas autour de la langue. Les gens consomment ce style peu importe d’où ça vient. C’est juste fresh et exotique que ça vienne d’ailleurs. » L’univers de Rencontrer Looloo est indissociable de l’esthétique visuelle signée Jonathan Robert. On lui doit non seulement la pochette, mais également le clip époustouflant pour la chanson Ah Ouin. Les fans seront heureux d’ap-
Photo : courtoisie
Chocolat (Chrispohe Lamarche-Ledoux au centre).
prendre que cette collaboration fidèle devrait se poursuivre au cours des prochains mois avec deux nouveaux clips.
Chocolat en concert Ce soir-là, la première partie était assurée par Yokofeu. Le quintette montréalais livre une excellente performance avec sa musique conçue sous le signe de la fusion entre le rock progressif et le jazz. Son charismatique chanteur Francis Rose (auteur du roman S’en aller aux éditions Leméac) est appuyé par des musiciens créatifs flirtant avec la virtuosité. Bientôt, l’attraction principale monte sur scène. Avec son kimono à la Yoko, ses montures de lunettes qui flashent de temps en temps et une certaine générosité pilaire, on ne résiste pas à voir en Jimmy Hunt une sorte de John Lennon québécois. Un John Lennon québécois… n'importe quoi. Traitezmoi de sénile, mais il n’y a pas de mal à voir un peu de mythe dans un artiste actuel. J’en ai besoin, de mythe, autant que de rythme.
insérés comme des clins d’œil ici et là. Le groupe ne laisse aucun repos à l’assistance, assez clairsemée en cette soirée polaire. Retrouver Looloo, Les Géants et Looloo montre un groupe au sommet de sa forme : parfaitement rodé, mais apte à s’écarter des enregistrements studio pour mieux s’éclater, et nous éclater. Emmanuel lance des lignes et des motifs magnifiques sur sa Rickenbaker en se touchant le bout du nez, comme si de rien n’était. Ysaël est en fusion comme une vraie pochette d’Offenbach, sa basse Gretsch s’avérant être l’un des principaux ingrédients du mélange. Christophe assure le confort du voyage avec ses lignes de saxophone et les sonorités infinies de son clavier. On sort de ce spectacle avec l’impression d’avoir profité du meilleur de notre époque musicale.
En 1975, c’eût été un privilège de vous voir d’aussi près. En 1975, tu serais riche comme le Rocket, Chocolat. Je voudrais donc que tout le monde le sache.
ÉCOUTEZ NOTRE
ENTREVUE INTÉGRALE
AVEC CHOCOLAT
SUR
CEUC.CA &
Le chanteur filiforme entame quelques pièces du répertoire antérieur. Le groupe installe l’ambiance avec les mesures insistantes et les longues envolées tirées de l’album Tss Tss. Ils joueront une large part de ce magnifique album. Retenons les versions inoubliables et énergiques de Fantôme, Apocalypse ou de Méfiez-vous du Boogaloo. Ce n’est qu’après ce « réchauffement » qui nous avait déjà mis à genoux que Chocolat aborde le répertoire de Rencontrer Looloo. Les pièces les plus rock sont privilégiées. Certains thèmes plus doux sont
Photo : Jonathan Robert
La couverture de Rencontrer Looloo est une création de l’artiste Jonathan Robert
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Vivez l’expérience du photomaton
Personne n’est à l’abri du soleil, même pas vous! Maude Pelletier Journaliste Quel bonheur que de se retrouver sur une plage, le soleil frappant sur notre peau! En effet, le soleil a un effet euphorisant et est une source de bienêtre, il fait du bien! Toutefois, les rayons du soleil qui frappent notre peau viennent avec leurs lots de conséquences, souvent invisibles à l’œil nu. Quels sont ses impacts? Pourquoi la peau brunit-elle? Comment outrepasser ses effets négatifs? Des réponses pour vous à ne pas manquer, le 21 mars. Plus précisément, les étudiants de dernière année en Sciences infirmières ont organisé pour vous une expérience haute en couleur, celle du photomaton. Cette activité aura lieu au centre social entre 10 h et 14 h et vise à vous sensibiliser sur les effets nocifs des rayons UV sur votre peau.
Mythes et réalités du bronzage L’idéal de beauté a nettement changé au cours des décennies. De nos jours, l’industrie de la mode et de la beauté tend à prôner fortement le teint foncé au teint pâle. Ainsi, le bronzage est rapidement devenu attrayant et synonyme de beauté. En effet, un sondage réalisé en 2013 montre que 42 % des jeunes de 15 à 24 ans croient fermement qu’une personne parait mieux si elle a le teint foncé. De ce fait, ¾ des jeunes de cette tranche d’âge se font bronzer volontairement, 13% fréquentent les salons de bronzage et seulement 30% utilisent parfois des mesures de protection (Société canadienne du cancer, 2016-2017). Puisque l’exposition aux rayons puissants du soleil fait partie des facteurs de risque
Source : Société canadienne du cancer, 2017
modifiables du cancer de la peau, ces constats expliquent la hausse des cas de ce cancer chez les jeunes adultes et le fait qu’il soit le plus diagnostiqué des cancers chez les Canadiens. Dans le même ordre d’idée, le mélanome, un type de cancer de la peau grave et mortel, figure au quatrième rang des cancers les plus importants chez les jeunes hommes de 15 à 29 ans et le troisième chez les femmes du même groupe d’âge. Bref, considérant que le risque de cancer de la peau est proportionnel à l’importance de l’exposition aux rayons du soleil et qu’il est évitable dans la plupart des cas, il est important que la jeune population soit informée et sensibilisée avant que les dégâts soient déjà considérables et irréversibles (Société canadienne du cancer, 2016-2017).
Pour en savoir plus… Au sein de l’activité, en plus d’avoir la possibilité de recevoir une analyse personnalisée de votre peau et de précieux conseils, vous pourrez, sur une base volontaire, approfondir certains thèmes en vous dirigeant vers des kiosques informatifs. Notamment, vous pourrez en apprendre plus sur les effets nocifs des rayons du soleil sur la peau. En effet, ces derniers entrainent de nombreuses conséquences, entre autres, du point de vue esthétique. Vous pourrez connaitre les différents
Le 21 mars, c’est un rendez-vous!
Il est de retour de David Wnendt
Et si Hitler ressuscitait du jour au lendemain?
télévision, au point d’en faire un film et d’écrire un deuxième roman afin d’attiser la population.
Viens prendre ta photo UV! En collaboration avec la Société canadienne du cancer, les étudiants de Sciences infirmières vous offrent la chance de visualiser, de façon amusante, les effets qu’ont les rayons du soleil sur votre propre peau. En effet, lorsque les rayons agressent le corps, ils tendent à altérer nos cellules. Ainsi, vous serez invités à prendre une photo avec un appareil bien particulier. Ensuite, une copie en couleur de votre photo UV vous sera remise. Sur celleci, vous pourrez voir visuellement les endroits de votre peau qui ont été altérés par les rayons du soleil au fils du temps, et ce, en quelques minutes seulement. Bref, grâce à cette photo, il est possible de voir les conséquences, invisibles à l’œil nu, de ce fameux soleil, tellement agréable en surface, mais insidieusement nocif. Venez, vous verrez!
types de cancers de la peau et les facteurs de risques de ceuxci. En effet, quoique l’hérédité et l’âge influencent le risque de cancer, il existe d’autres facteurs sur lesquels il est facile d’agir. Finalement, des méthodes de protection contre le soleil et des alternatives possibles au bronzage seront présentées. En effet, il n’y a pas que le soleil qui bronze la peau, des moyens plus sécuritaires et sans conséquences existent (Société canadienne du cancer, 2016-2017).
Guillaume Ratté Critique Nous sommes dans une ère de technologie où tout est facile, où chacun a droit à la liberté d’expression. Jusqu’où peut-on dire ce que l’on pense sans se faire censurer? Hitler est de retour pour nous donner une bonne idée de la réponse! L’histoire du film débute alors qu’Hitler, on ne sait comment, réapparait soudainement en Allemagne. Lui-même ne sait pas comment il a fait. Il se croit encore à son époque durant la guerre, jusqu’à ce qu’il se rende compte, par un commis vendeur de journaux qui l’a rescapé, qu’il est en 2014. Tous croient qu’il est un humoriste déguisé en Hitler et il devient une vedette sur le net. Il apprend à manipuler les médias modernes et se sert de sa popularité pour tenter de corrompre les gens par des moyens plus modernes qu’à l’époque. Ainsi, on se rend compte que, même 70 ans plus tard, il y a encore des gens qui trouvent son discours d’actualité et qui l’encouragent. Il se retrouve partout à la
Ce film est une vraie réussite et fait véhiculer un message assez perturbant. Si on laisse la liberté totale de parole à n’importe qui, surtout à une époque aussi portée sur les médias, cela peut avoir un effet assez dévastateur. Si quelqu’un est écouté par un large public et se met à énoncer des propos xénophobes, il y a des risques que ces gens commencent à avoir le même discours. Ce film est une comédie, mais il a aussi pour but de faire réfléchir. Il y a assez de passages humoristiques pour ne pas tomber dans le trop étouffant. Ce n’est évidemment pas un film qui est fait pour tout le monde, mais il vaut la peine d’être vu au moins une fois.
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La vaccination : ce n’est pas seulement pour les autres
Photo : https://pixabay.com/photo-1719334/
Catherine Lavoie Journaliste Le 21 mars prochain, les étudiantes en Sciences infirmières tiendront un kiosque d’information sur la vaccination, plus spécifiquement sur la vaccination pour les virus du papillome humain (VPH) ainsi que la vaccination pour le zona. Pourquoi s’y attarder? En quoi est-ce que cela vous concerne? En fait, toute personne doit s’en préoccuper, car le VPH fait partie des affections qui sont le plus répandues sur la planète selon le gouvernement du Québec. Pour ce qui est du zona, toute personne ayant eu la varicelle est sujette à le contracter un jour ou l’autre, d’où l’importance de s’y attarder. La prévention est donc de mise afin d’éviter d’être infecté par ces virus aux conséquences douloureuses et potentiellement mortelles.
VPH La famille des virus du papillome humain compte plus d’une centaine de types de virus, dont plus de 40 sont transmissibles sexuellement. Le gouvernement du Québec (2016) indique qu’au cours de leur vie, la plupart des hommes et des femmes qui ont une vie sexuelle
auront une infection à un VPH. De plus, il est même possible qu’une personne soit infectée par plus d’un type de VPH. Selon le gouvernement du Québec (2016), malgré le fait que l’utilisation du condom diminue les risques de transmission, cela ne les enraye pas complètement puisque celui-ci n’empêche pas le contact avec les zones infectées non couvertes tels le scrotum et la vulve. En effet, les VPH peuvent se transmettre lors de relations orales, vaginales, anales, par contacts entre les organes génitaux et par le partage de jouets sexuels. Toujours selon le gouvernement du Québec (2016), l’infection par un VPH est souvent asymptomatique, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune manifestation, donc une personne pourrait être infectée sans le savoir. Cependant, il est possible que des condylomes, verrues qui se manifestent sous forme de petites bosses sur la peau, le scrotum ou les muqueuses, soient présents lors d’une infection par un VPH. Il est important de noter que, la majorité du temps, le système immunitaire élimine par lui-même ces infections au bout de quelques mois. Toutefois, il peut arriver que celles-ci persistent plus de deux ans et causent des lésions au col
de l’utérus, lésions qui peuvent se manifester par des saignements vaginaux anormaux lors des relations sexuelles. Certaines complications peuvent survenir suite à l’infection, entre autres la présence de très gros condylomes, et les lésions peuvent évoluer vers un cancer de l’utérus, du pénis, de l’anus et de la gorge. Pour toute personne active sexuellement, le gouvernement du Québec indique que la vaccination est le meilleur moyen de protection contre les infections par le VPH et leurs nombreuses complications. Au Québec, ce vaccin est disponible gratuitement pour les filles âgées entre neuf et dix-sept ans, et pour les femmes âgées entre dixhuit et vingt-six ans ayant un système immunitaire affaibli. De plus, depuis le 3 décembre 2016, l’INSPQ indique que les garçons et les hommes âgés entre neuf et vingt-six ans dont le système immunitaire est affaibli ainsi que les hommes âgés de 26 ans et moins ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes sont maintenant admissibles afin de recevoir gratuitement ce vaccin. Au final, si vous croyez avoir eu des relations sexuelles avec une personne infectée, ou si vous avez des condylomes, consul-
tez immédiatement un médecin ou une infirmière.
ZONA Le zona est une maladie contagieuse causée par la réactivation du virus de la varicelle. La réactivation implique que la personne a préalablement été infectée par le virus de la varicelle plus ou moins tôt au cours de sa vie et que ce dernier, en état de dormance dans le corps, se réveille et cause une seconde infection appelée le zona. Le gouvernement du Québec mentionne que cette infection touche plus particulièrement les adultes, les personnes âgées ainsi que les personnes immunodéprimées. Le zona se manifeste par des éruptions douloureuses d’un seul côté du corps qui suivent le trajet d’un nerf. Ces éruptions rougeâtres ressemblent à de petites cloques qui crèvent et deviennent croûtées. Ces manifestations peuvent durer de deux à trois semaines. La varicelle est transmissible par contact direct avec les lésions cutanées de la personne atteinte de zona. Diverses complications ont été identifiées par le gouvernement du Québec : la présence de cicatrices, l’infection
des vésicules, la présence de douleur pendant plusieurs mois sur le trajet du nerf atteint, une atteinte de la vue (si le zona est localisé dans le visage), une infection généralisée de tout le corps et même le décès. La vaccination a été identifiée par le gouvernement du Québec et du Canada comme étant le meilleur moyen de protection contre cette maladie et ses complications. Ce dernier est recommandé aux personnes de soixante ans et plus. L’efficacité de celui-ci est estimée à 65% pour prévenir le zona, et lorsque ce dernier survient malgré la vaccination, le risque de douleur sur le trajet du nerf atteint diminue de moitié. Ce vaccin est considéré comme étant sécuritaire, dans la plupart des cas il ne provoque aucune réaction. Celles qui sont le plus souvent rapportées sont de la douleur, une rougeur et un gonflement au site d’injection et, parfois, des démangeaisons et de la chaleur, toujours au site d’injection. Pour tout renseignement supplémentaire sur le vaccin, n’hésitez pas à vous rendre au kiosque prévu à cet effet le 21 mars prochain.
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La linguistique à l’UQAC, une porte d’entrée vers l’orthophonie Jessica Normandin Journaliste Qu’ont en commun Mélanie Boivin, Catherine Simard, Nadia Bolduc, Karel Potvin, Amélie Labeaume, SophieHélène Chamberland et MarieClaude Dufour? Elles sont orthophonistes et elles pratiquent avec passion leur profession dans leur région natale, le SaguenayLac-Saint-Jean. Elles pratiquent soit dans le milieu de la santé (hôpital, centre de réadaptation, CLSC, centre de l’audition) soit dans le milieu scolaire, soit en clinique privée. Elles font des interventions soit auprès de jeunes enfants âgés entre 0 et 5 ans, soit auprès de jeunes de 5 à 12 ans, soit auprès d’adolescents, soit auprès d’adultes. Leurs interventions sont variées et touchent des personnes présentant toutes sortes de troubles liés au langage : dysphasie, bégaiement, problèmes de lecture et d’écriture, troubles d’articulation, déglutition atypique, retards de langage, déficiences motrices, difficultés liées à un traumatisme crânien.
Mais n’ont-elles pas autre chose en commun? Eh oui!! Elles sont toutes passées par le programme de baccalauréat en linguistique et langue française de l’UQAC avant d’accéder à la maitrise en orthophonie! C’est d’abord sa passion pour la langue qui a incité Mélanie Boivin à s’inscrire au baccalauréat en linguistique de l’UQAC à la fin des années 90. Mais au fil du temps et au contact d’une cousine aux prises avec un problème de surdité, Mélanie se découvre un intérêt pour l’orthophonie. Par un heureux hasard, elle se rend compte que sa formation en linguistique peut lui ouvrir les portes de l’orthophonie! Orthophoniste depuis 2005, Mélanie confirme que sa formation en linguistique lui a permis d'acquérir des bases solides pour le métier qu'elle pratique maintenant. « Mon principal outil de travail, c'est la langue », précise-t-elle. Détenant un diplôme d’études collégiales en Art et
lettres, Catherine Simard s’est inscrite en linguistique dans l’espoir de travailler en recherche, ce qu’elle a eu la chance de faire dès ses premières années au baccalauréat. Toutefois, ses projets de vies ayant changé, elle examine alors d’autres débouchés à sa formation en linguistique. Un jour, lors d’un midi-conférence, deux orthophonistes viennent parler de leur parcours en linguistique. C’est le déclic! Lorsqu’elle a commencé ses études en linguistique, Nadia Bolduc ne savait pas que l’orthophonie existait. C’est au cours de son baccalauréat qu’elle découvre, par l’entremise de ses collègues de classe et professeurs, que sa formation pouvait la mener vers cette profession. Elle décide donc de faire les cours préalables nécessaires à la maitrise. C’est au début de ses études collégiales que Karel Potvin se sent interpellée par la vocation d’orthophoniste. Ne remplissant pas les conditions d'admissibilité requises pour le baccalauréat en orthophonie, elle se tourne d'abord vers le baccalauréat en psychologie. Cependant, c'est en suivant des cours complémentaires obligatoires en linguistique qu'elle se réoriente finalement vers ce programme d'études. Karel considère aujourd’hui que ce changement de parcours lui a été grandement bénéfique. Bien qu’elle n’ait pas toujours su qu’il s’agirait de sa future vocation, Amélie Labeaume souhaitait, depuis le secondaire, travailler dans le domaine de la santé afin d’aider les gens. Cette envie s’est affinée lors de ses études collégiales, et c’est à ce moment qu’elle décide de se diriger vers l’orthophonie. Elle tente d’abord sa chance au baccalauréat en orthophonie de l’UQAM. Ayant essuyé un refus, elle se tourne vers la linguistique « temporairement », se disant qu’elle retenterait sa chance à l’UQAM l’année suivante. Mais après une année en linguistique, elle avait l’impression d’être restée sur sa faim. Elle décide donc de compléter sa formation. Alors qu'elle est étudiante au baccalauréat en linguistique de l'UQAC, Sophie-Hélène Chamberland constate que
plusieurs de ses collègues de classe souhaitent se diriger vers l'orthophonie après leurs études. Intriguée par leur intérêt pour l'orthophonie, elle finit par envisager ce choix de carrière de façon plus sérieuse. Grâce à la linguistique, Sophie-Hélène considère avoir une base solide en français qui lui procure une approche inédite de langue parlée et écrite. Diplômée initialement en musique, Marie-Claude ne détenait pas les préalables pour accéder au baccalauréat en orthophonie. Elle décide donc de s’inscrire au baccalauréat en linguistique dans le but de devenir orthophoniste, un métier dont elle rêve depuis la cinquième secondaire. En cours de route, elle décide finalement de faire ses cours préalables en sciences nature au cégep afin d’aller, par la suite, au baccalauréat en orthophonie à l’UQAM. Bien qu’elle n’ait pas complété sa formation, Marie-Claude Dufour
Photo : Jessica Normandin
L'orthophoniste, Catherine Simard.
ne regrette pas son passage au baccalauréat en linguistique. Elle le perçoit plutôt comme une préparation à ses futures études en orthophonie. Elle considère que c’est dans le programme de linguistique qu’elle a appris les bases du métier. Depuis l’hiver 2016, Mélanie Boivin supervise des étudiantes de l’UQAC dans le cadre du cours Activité de formation pratique dans le milieu de l’orthophonie. En plus d’avoir la chance d’observer Mélanie en pleine action, les stagiaires développent du
matériel pédagogique susceptible d’aider Mélanie dans sa pratique quotidienne. Les stagiaires acquièrent une expérience de l’orthophonie tout en acquérant des crédits universitaires; Mélanie, de son côté, est en train de constituer une banque d’activités pertinentes qu’elle met à la disposition de toutes ses collègues orthophonistes! Le programme de linguistique et langue française de l’UQAC peut indéniablement ouvrir les portes de l’orthophonie!
Emmanuelle Melanรงon Journaliste