Griffonnier125 18janvier2018

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125 - Jeudi 18 Janvier 2018

3000 exemplaires - gratuit

ceuc.ca

Dossier spécial : Intégration pages 4 à 7 Dossier jeux vidéo pages 12 et 13

DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI COOPSCO UQAC

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UQAC

Jeudi 18 Janvier 2018 No 125 Journal Le Griffonnier

L’UQAC au cœur du projet Accès libre de la STS Stéphane Boivin Journaliste

Le lancement officiel d’Accès libre a eu lieu le mercredi 10 janvier au Pavillon sportif de l’UQAC. L’événement a rassemblé les partenaires porteurs de cet ambitieux projet de mobilité urbaine, soit la Société de transport du Saguenay (STS), l’Université du Québec à Chicoutimi, le MAGE-UQAC ainsi que la Ville de Saguenay. À terme, Accès libre fera du campus de Chicoutimi un point névralgique de la réorganisation des transports en commun au Saguenay.

pointe, le long de ce corridor, le service sera offert à toutes les dix à quinze minutes, comparativement à trente minutes actuellement. Le campus de l’UQAC hébergera une nouvelle station multimodale qui sera au cœur de ce nouveau

Un financement assuré Le lancement de cette semaine vient confirmer la solidité de ce projet. Le président de la STS, Jean-Luc Roberge, a précisé que l’adhésion de la communauté étudiante lors du référendum sur le FIO n’est pas une condition à la réalisation d’Accès

Selon monsieur Roberge, cette somme n’est pas nécessaire à la viabilité d’Accès libre. Elle servirait plutôt à développer des approches et à bonifier les services en fonction des besoins des utilisateurs. « Si nous n’avons pas ces sommes, le projet continue,

Du côté du MAGEUQAC, on croit qu’une réponse positive à la consultation de février placerait la communauté étudiante au centre de ce projet de société, comme l’affirme Matthieu Cox, président de l’association :

Dans l’édition de décembre du Griffonnier, ainsi que sur CEUC.ca, nous vous avions présenté les grandes lignes de ce projet qui est en gestation depuis plus d’un an. Le lancement officiel d’Accès libre en ce mois de janvier a apporté quelques précisions supplémentaires. L’événement a également permis d’attirer l’attention du grand public et de marquer le début d’une période de consultation de la communauté étudiante. En effet, celle-ci sera appelée à se prononcer, du cinq au seize février prochains, sur l’établissement d’un frais institutionnel obligatoire (FIO) de quarante dollars par session. Cette cotisation offrirait un accès universel à des transports en commun améliorés ainsi qu’à des moyens de transport actifs. Cinq grands axes Accès libre se présente aujourd’hui à travers cinq initiatives. Chacune marque un grand changement de cap pour la STS, dont les services avaient peu évolué au cours des dernières décennies. Premièrement, la STS mettra sur pied un nouveau système de trajets autour d’un axe s’articulant le long du boulevard Talbot et incluant plusieurs pôles importants d’emplois et d’éducation. En heure de

l’ensemble de la population. La clientèle étudiante et celle des personnes âgées sont les principales utilisatrices des transports en communs. Les partenaires prennent le pari que la fréquentation des services de la STS augmenterait, même si aucun objectif précis n’a été fixé en ce sens.

Marc Pettersen, président de la STS, Josée Néron, mairesse de Saguenay, Jean-Luc Roberge, directeur de la STS, Matthieu Cox, président du MAGE-UQAC et Nicole Bouchard, rectrice de l’UQAC. Photo: CEUC

corridor. On y trouvera une quinzaine de vélos électriques en libre-service en plus de trois voitures électriques en libre partage qui seront aussi basées à cette station. La nature, l’emplacement sur le campus et l’apparence de la station restent à préciser. La STS veut en faire un lieu social au-delà de sa simple fonction. Des stationnements incitatifs seront établis dans des lieux stratégiques dans chacun des arrondissements de Saguenay. Le premier d’entre eux sera localisé sur le Boulevard Talbot, près de l’intersection avec l’autoroute qui relie les arrondissements. Enfin, en plus de la possibilité d’un accès universel offert à la communauté étudiante, Accès libre proposera des navettes gratuites lors des partys universitaires du jeudi.

libre. Au niveau des infrastructures, le projet se concrétisera donc, quelle que soit la décision des étudiantes et étudiants de l’UQAC. Accès libre est en effet déjà financé à raison de 85% par des mesures gouvernementales visant à encourager ce type d’investissement. Le projet global nécessitera des investissements de sept millions de dollars. Seul.es les étudiant.es fréquentant le campus de Chicoutimi seraient appelés à débourser les quarante dollars par session. Le projet exclu les inscrit.es aux centres hors campus comme le Pavillon Alouette de Sept-Îles ou l’École NAD de Montréal. On estime donc à environ 5000 étudiant.es concernés par la consultation, et à 200 000 dollars la somme recueillie par la STS par session.

c’est prévu dans les budgets de la STS. Ce projet-là ne peut pas être déficitaire. Les investissements en infrastructures ne sont pas liés aux quarante dollars que les étudiants verseraient. » L’importance du vote à l’UQAC Il est donc acquis que la STS entreprend avec Accès libre une refonte de sa philosophie et de ses infrastructures. Il s’agit, pour la Société et ses partenaires, d’entreprendre un changement à long terme dans les habitudes des citoyens, de montrer la voie vers un développement durable et moins orienté vers l’automobile. Si l’adhésion de la communauté étudiante n’est pas vitale, elle permettrait de montrer l’exemple à

« Les étudiants et les étudiantes sont des acteurs de changement. Ils sont souvent au front pour apporter et appuyer des projets visant à mener de l’avant notre société. Nous nous devons d’être un levier de changement, d’être un exemple pour d’autres qui, par la suite, suivront nos traces. » L’association fait valoir que ce frais obligatoire sera avantageux même pour ceux et celles qui possèdent un véhicule. L’accès universel pourrait éviter des frais de stationnement, les trajets en taxi lors de soirs de fête ou encore le temps perdu dans les bouchons de circulation. Sans compter l’opportunité de poser quotidiennement des gestes concrets au niveau environnemental. Pour la rectrice Nicole Bouchard, il n’est pas question d’appliquer des mesures de coercition pour pousser la communauté étudiante à accepter de participer au projet. « Ce projet est d’abord un projet d’éducation, donc il n’y aura pas de coercition. On va y aller par les convictions et les valeurs partagées. Et je pense que c’est la meilleure façon d’y arriver. »


Chronique linguistique

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Une langue pour tous Jessica Normandin Chroniqueuse Communiquer avec des locuteurs utilisant un dialecte différent du nôtre n’est pas toujours facile, surtout s’ils ne parlent pas un mot de français. Certains vous diront : « utilisez l’anglais, comme ça vous allez vous comprendre ». Or, apprendre la langue de Shakespeare n’est pas donné à tous. Si certains ont une aisance particulière à le faire, d’autres éprouvent des difficultés quant à l’apprentissage d’une nouvelle langue.

Malgré tout, lorsque vient le moment d’échanger avec une personne parlant une autre langue, on essaie quelque chose. On baragouine un anglais approximatif, accompagné de quelques signes avec les mains et on espère que le message passe. Après quelques froncements de sourcils incertains, on met un terme à la discussion en songeant aux probabilités que notre interlocuteur n’ait pas compris un seul mot de ce qu’on lui a dit.

Communiquer en 1500 mots

anglais soutenu peut faire naître chez lui un complexe Avec le globish, seule- d’infériorité linguistique. De ment 1500 mots sont utilisés. ce fait, ne voulant pas monGrâce à ces derniers, il est tout trer ses faiblesses, il aura parà fait possible de discuter fois tendance à faire semblant avec autrui sans pour autant qu’il a tout compris, même si compromettre le sens de la ce n’est pas forcément le cas. phrase. Le principe est d’épurer au maximum la langue Somme toute, bien que anglaise afin de n’en garder le globish amène une facilité que l’essentiel. Ainsi, le dis- d’apprentissage aux novicours qui est dit rejoint plus ces de la langue anglaise, il de locuteurs qui ne sont pas reste tout de même désaanglophones. vantageux lorsqu’il est utilisé auprès d’un anglophone. Cependant, réduire la De ce fait, certains croient quantité de mots utilisables qu’il vaudrait mieux favoriser signifie que l’on devra en une langue qui n’engendre augmenter le nombre pour aucune inégalité. Seulement, exprimer une seule idée, afin une telle langue peut-elle que ceux-ci puissent décrire exister? au mieux ce que l’on veut partager. Jean-Paul Nerrière, Une langue d’espoir dans son article « Parlez-vous English ou Globish? » donne Certaines langues ont un exemple avec le mot été construites dans le but « rusé ». Littéralement, « rusé » de favoriser les échanges devrait être traduit par « cun- internationaux. C’est le cas ning ». Or, utiliser ce mot risque de vous faire perdre une partie de votre auditoire, qui ne le comprendra peut-être pas ce mot. De ce fait, il sera recommandé d’utiliser les termes « wise », « very organized » et « hard to trust » afin d’améliorer les chances d’être compris par vos interlocuteurs. Ces derniers ne comprendront pas nécessairement tous les mots, mais ils parviendront probablement à en saisir certains.

Cependant, vous arrivet-il parfois d’avoir l’impression de mieux comprendre l’anglais de certaines personnes alors que vous éprouvez habituellement des difficultés à le faire? La cause de cette soudaine facilité est bien simple : celui qui Inconvénient pour vous parle utilise un vocales anglophones bulaire basique, accessible aux débutants de la langue Bien que l’on puisse croire anglaise. que les échanges internationaux sont plus faciles pour les L’ingénieur Jean-Paul anglophones, il n’en est rien! Nerrière appelle ce langage Ayant un vocabulaire beaude base « globish », qui est coup plus riche, il sera difficile un mélange des mots global pour l’anglophone d’adapter et english. En quelques mots, son niveau de langage pour le globish est une simplifica- un interlocuteur qui a du mal tion de l’anglais, le rendant à suivre le flot de ses paroainsi facile à apprendre et les. Plusieurs mots lui seront accessible à tous. Par ailleurs, incompréhensibles, et reforJean-Paul Nerrière dissocie muler le propos d’une autre d’une certaine façon le glo- façon ne vient pas toujours bish de l’anglais puisque ce de façon spontanée. dernier s’en retrouve beaucoup trop appauvri pour être De plus, pour celui qui ne considéré comme du vérita- maîtrise pas l’anglais, discuble anglais. ter avec quelqu’un qui a un

de l’espéranto, une langue aux sonorités hispaniques qui s’inspire de plusieurs autres langages déjà existants. Elle fut inventée en 1887 par le docteur Ludwik Lejzer Zamenhof. Vivant dans une communauté multinationale où les différentes ethnies ne s’adressaient pas la parole, il décida de créer une langue qui permettrait à tous de communiquer pacifiquement.

donc en –o au singulier et en –j lorsqu’il est marqué du pluriel. Par exemple, le mot jour s’écrit tago au singulier et tagoj au pluriel. L’adjectif, quant à lui se terminera en –a. Évidemment, les exceptions aux règles sont proscrites.

L’espéranto continue d’évoluer. En 2017, on estime que trois à cinq millions de personnes ont appris l’espéranto dans plus de 130 pays différents. Par ailleurs, on L’espéranto est un idiome compte environ mille personsimple et accessible ; seule- nes pour qui l’espéranto est ment quelques mois suffisent une langue maternelle. à son apprentissage. Tout ce qui peut être complexe Bien qu’elle ne soit pas à apprendre dans les autres devenue la langue internalangues est évité. Celle-ci tionale, l’espéranto possède possède entre autres une une communauté qui contigrammaire régulière et un nue de croître. Cette langue, alphabet phonétique (un son à priori neutre et égalitaire, représente une lettre). Les pourrait-elle, un jour, devenir fins de mots s’adaptent en le principal moyen de comfonction de la nature de ces munication entre les diverderniers. Le nom se termine ses nations?

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Intégration

Jeudi 18 Janvier 2018 No 125 Journal Le Griffonnier

Squats et graines de chia remercie ses partenaires

Jessica Lavoie Chroniqueuse

Qui dit nouvelle année dit nouvelles résolutions : aller au gym, passer moins de temps devant les écrans de ce monde, diminuer notre consommation de ramens, de chips, de café, d’alcool, de sacs en plastique, de contenants non réutilisables, d’huile de palme, de produits testés sur des animaux, etc.

Saguenay– Lac-Saint-Jean

En janvier, tout semble possible. On achète le dernier livre de Cuisine futée, parents pressés, on se promet de faire nos propres barres protéinées et d’éviter le rayon des mets préparés chez IGA pour la prochaine année. On commence un sport à la mode : la course à pied ou l’entraînement au gym. Si autant de gens les pratiquent, pourquoi pas nous? On s’équipe en vêtements et en accessoires sportifs pour augmenter notre motivation : de belles espadrilles, des vêtements de toutes sortes, des bas de compression, une montrechronomètre, des ceintures d’hydratation. Ces objets nous donnent une raison de plus pour passer à l’action, car 600 dollars dépensés chez VO2 ou Sport Expert, il faut bien que ça serve! Les premiers mois de l’année, tout se déroule comme on l’espérait : on mange plus sainement, on bouge plus, on se sent mieux. C’est seulement au printemps que la machine s’essouffle et se dérègle pour plusieurs personnes. Les gyms se vident de leur clientèle, les espadrilles amassent la poussière au fond de la garde-robe. Les coupables : le manque de temps et de motivation. Qui a dit que l’intégration de saines habitudes de vie à son

Les propos contenus dans chaque article n’engagent que leurs auteurs. - Dépôt légalBibliothèque Nationale du Québec Bibliothèque Nationale du Canada Le Griffonnier est publié par les Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi (CEUC).

quotidien était facile? Personne. Mais personne n’a dit que c’était impossible non plus. Pour réussir, il faut être déterminé, mais aussi être réaliste et à l’écoute de soi-même. Les dernières années m’ont appris certaines petites choses sur le sujet et j’ai décidé de partager avec vous les quelques trucs qui m’ont permis d’intégrer de saines habitudes de vie à ma routine, de faire de mes résolutions un mode de vie. Comme quoi il ne faut jamais sous-estimer les projets qu’on formule en début d’année!

succès. Pratiquer un sport qu’on aime n’est jamais une corvée. Au contraire, l’activité physique permet de libérer notre tête des mille et une pensées qui l’assaillent et nous fait nous sentir mieux dans notre corps. Avec les années, la course à pied, que j’ai moi-même commencée pour faire un peu comme les autres (je l’avoue), est devenue m’a principale alliée contre le stress, les doutes, les peines et l’insomnie. Les belles espadrilles, les vêtements de toutes sortes, les bas de compression, la montrechronomètre et les ceintures

Photo : Publicdomainpictures.net

D’abord, en matière d’activité physique, il faut être conscient de ses intérêts, de ses besoins, de ses attentes et de ses disponibilités. Il faut cibler ses préférences : sport d’équipe ou individuel, sport d’intérieur ou d’extérieur, plusieurs courtes séances par semaine ou quelques séances plus longues – bref, qu’est-ce qu’on veut? On détermine aussi son budget. Ensuite, il faut arrêter son choix sur un sport qu’on aime ou qu’on souhaite réellement essayer. On devrait éviter de s’inscrire à un cours pour plaire uniquement à notre meilleur ami ou à notre sœur. La motivation est la principale clé du

d’hydratation sont au final l’un des meilleurs investissements de ma vie. Investissement qui, soit dit en passant, excepté les espadrilles de course, n’est pas forcément nécessaire pour qui veut commencer à courir. Je vous promets qu’en trouvant le sport qui vous anime et en respectant votre rythme et vos capacités vous adorerez l’expérience. Fixez-vous des objectifs réalistes pour vous aider à voir les résultats. Et, surtout, soyez fiers de vous. L’intégration d’une alimentation équilibrée à son quotidien est aussi un changement qui se fait progressivement. Les régimes

drastiques ont généralement peu de succès à long terme. Comme dans le sport, il faut opter pour des actions motivantes et des changements réalistes. Je pense que la première étape à franchir est celle d’intégrer plus de fruits et de légumes à sa routine : lors des repas, mais aussi comme collations. Au fil des mois, les fruits deviendront même des desserts sans supprimer, pour autant, le droit aux biscuits, au chocolat et à la crème glacée. On pourra ainsi trouver l’équilibre tant recherché. Progressivement, presque comme magie, on intégrera davantage les légumineuses, le tofu et les noix aux repas. On fera également des choix plus éclairés et sains lorsque viendra le temps de remplir le panier d’épicerie. On pourra alors apprécier pleinement tous les bienfaits et les richesses d’une alimentation équilibrée. J’espère que ces quelques conseils alimenteront votre réflexion sur l’intérêt et la pertinence d’adopter de saines habitudes de vie. Il ne faut jamais oublier que changer une habitude est un processus qui demande du temps, mais dont on retire les bénéfices chaque jour de notre existence. Le premier pas à faire pour amorcer un changement est souvent le plus difficile, puisqu’il nous force à sortir de notre zone de confort, à briser la routine, qui a quelque chose de rassurant. Toutefois, c’est uniquement en se donnant la chance d’essayer qu’on se donne la chance de réussir. Et le changement, bien souvent, nous surprend agréablement. Que les ambitions qui font briller vos yeux en ce début d’année se réalisent. Bonne année 2018!

Nous joindre Rédactrice en chef : Noémie Simard Graphiste : Joëlle Gobeil

Courriel : redactionceuc@uqac.ca Téléphone : 418 545-5011 #2011 Télécopieur : 418 545-5400 /ceuc.ca

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Coordonnateur : Vincent Côté

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Publicité : Christian Tremblay Correction : Noémie Simard

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Prochaine parution : Jeudi 15 Février 2018 Tombée des textes : Vendredi 2 Février 2018, 17 h Tombée publicitaire : Lundi 5 Février 2018, 17 h Impression : Imprimerie Le Progrès du Saguenay Tirage : 3 000 exemplaires


Intégration

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L’intégration des migrants – et si on en parlait ? une transition qui risque de désintégrer une partie de sa personne. Si partir, c'est un peu mourir, c'est aussi se désintégrer un peu si l'on pense qu'il s'agit de passer par un état de poussière, dans le vent. Désintégrer, pour se réintégrer. Et il ne faut Emmanuel Trotobas pas oublier l'assimilation, Journaliste parfois inévitable, comme si, en tant que migrant, On nous parle d'ac- on passait dans un tube cueillir des étrangers, des digestif et qu'on devait immigrants, des réfugiés être assimilés. politiques… Mais pensons un peu On critique aussi ces plus objectivement. gens, incluant ceux qui ont fait le choix délibéré À une échelle plus de venir ici, de changer humaine, l'individu resde pays; on critique ces sent différentes émoimmigrants de base, parce tions, doit répondre par qu'ils ne s'intègrent pas. différents registres selon les lieux et les contextes. J'ai essayé d'imagi- Comme ces parcours de ner le parcours de l'un fragmentation, comme d'eux, lequel passe par s'il fallait toujours se réin-

venter, mais plus rapidement qu'auparavant. Il faut s'adapter à une vitesse folle. C'est notre histoire à tous, car nous sommes tous reliés. Mais nous n'avons pas intégré les éléments de notre propre histoire, puisque nous répétons constamment les mêmes erreurs. Heureusement que nous avons la faculté d'oublier et de pardonner. Dans plusieurs cas, des migrants doivent recommencer des études ou au moins reprendre des cours pour parachever leur parcours, pour le parfaire, parce que leurs diplômes ne sont pas reconnus. Les exigences des administrations sont parfois différentes même si, au final, les personnes concernées possèdent les connaissances et les com-

pétences nécessaires. Il ne reste donc à l'individu qu’à s'adapter à une administration particulière, à des médicaments et à des posologies différentes. Et en même temps, il doit s'adapter à la météorologie ainsi qu'à la culture et à la vision du monde de son nouveau pays. Il aura à intégrer tout cela, alors que les gens de son nouvel entourage ne le feront pas pour lui, ne se forceront pas à connaître son histoire générale et personnelle, son passé et les caractéristiques de son pays d’origine. Ils n’essaieront pas de comprendre les enjeux qui ont mené cet immigrant à leurs côtés, dans leur pays à eux. L’intégration ne semble se faire que dans un sens… De plus, avec la spirale du fil d'actualité filtré par la vision du

monde des médias, même l’information devient quelque chose de difficile à saisir. Dans une telle société, dans un monde où l'on se dit prêt à intégrer des migrants et où des migrants ne demandent qu’à s'intégrer, ne faudrait-il pas davantage repenser à intégrer notre propre culture et notre propre histoire? Seronsnous, alors, plus disposés à les accueillir dans un premier temps?

Photo : pixabay.com


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Intégration des étudiantes et étudiants internationaux à l’UQAC Jessica Normandin Journaliste Saviez-vous que l’UQAC accueille cette année plus de 1200 étudiants internationaux? Bien qu’à une certaine époque, le taux d’inscription était beaucoup moins élevé, la communauté internationale prend une place beaucoup plus importante au sein de l’université aujourd’hui. Cela nous emmène à nous questionner quant aux services qui leur sont offerts. L’université fournit-elle le nécessaire afin de favoriser l’intégration de ces nouveaux arrivants? Nous avons rencontré deux étudiantes membres de l’Association des étudiants internationaux de l’UQAC (AEI UQAC), Imene Benkalaï et Léa Schmit, afin de discuter des réalités que vivent les étudiants internationaux.

Des services souvent ignorés

beaucoup moins élevé, bien qu’existant. Selon l’AEI UQAC, ce problème est toujours d’actualité à l’UQAC. « Le problème, c’est que ces informations se retrouvent souvent dans des courriels administratifs de l’université. Par conséquent, les étudiants passent souvent à côté de tout ça, parce que ce genre de courriel ne les intéresse pas. Qu’il s’agisse d’étudiants québécois ou internationaux, peu d’entre eux prendront l’habitude d’ouvrir ce genre de message », souligne Imene Benkalaï. Il ne s’agit toutefois pas de la seule variable qui entre en jeu. On précise également qu’il s’avère difficile pour un.e nouvel.le arrivant.e de s’orienter lors de ses premières semaines ici. Certains peuvent se promener pendant des heures avant de trouver ce qu’ils recherchent. De plus, quérir de l’information n’est pas aisé puisqu’ils ne savent pas à qui s’adresser et les réponses fournies peuvent être difficiles à saisir pour quelqu’un qui ne maîtrise pas le français.

Il existe maintes ressources destinées à aider les étudiantes et étudiants internationaux. Qu’il s’agisse d’activités favorisant leur intégration, d’aide quant à l’apprentissage de la langue française ou de services pouvant les aiguiller dans différentes sphères de leur quotidien, plusieurs moyens sont mis en œuvre afin que les nouveaux arrivants apprécient leur séjour ici.

Il est difficile de déterminer les raisons pour lesquelles un.e étudiant.e est amené à s’isoler. « Ceux qui s’isolent ne viennent malheureusement pas nous voir », dit Imene Benkalaï.

Toutefois, un problème de taille subsiste depuis longtemps : les étudiant.e.s ignorent souvent que ces ressources sont à leur disposition. D’autant plus que plusieurs d’entre eux ne savent tout simplement pas où aller pour avoir accès aux informations les concernant. D’ailleurs, un rapport fait par le MAGE-UQAC en 2008 estimait déjà que plus de la moitié des étudiants internationaux ne connaissaient pas l’activité sur l’adaptation culturelle. Les autres activités connaissaient cependant un taux d’ignorance

La langue est évidemment un élément qui constitue une barrière de taille pour une partie des étudiantes et des étudiants internationaux. Devoir utiliser la langue française au quotidien alors que l’on est en plein apprentissage relève d’une véritable gymnastique. Hélas, plusieurs en seront complexés et s’empêcheront d’interagir avec des Québécois pour cette raison. Cette barrière linguistique peut aussi avoir des conséquences sur le rendement scolaire. L’étudiant.e n’osera pas forcément poser des

Des facteurs causant la démotivation et l’isolement

L'arrivée de nouveaux étudiants internationaux questions au professeur lorsqu’il n’aura pas saisi la matière et la communication lors de travaux d’équipe ne sera pas des plus aisée. Certain.e.s étudiant.e.s seront même mis de côté par leurs pairs, ceux-ci étant effrayés à l’idée de voir leur moyenne baisser s’ils font équipe avec un étudiant qui éprouve des difficultés avec la langue. Le froid se trouve également être un facteur de démotivation chez les étudiantes et étudiants internationaux. Bien qu'ils sachent qu’ils devront affronter un hiver glacial en venant ici, peu d’entre eux y sont réellement préparés. « Il y a une différence entre le savoir et le vivre », affirme Imene Benkalaï. Plusieurs viennent de pays où il fait plutôt chaud, ce qui, par conséquent, les amène ici sans vêtements adaptés à l’hiver québécois. Heureusement, une distribution de vêtements d’hiver se fait au sein de l’université. Malgré tout, le froid aura raison de certain.e.s étudiant.e.s, qui abandonneront leur voyage pour retourner chez eux, où la température est plus clémente. Par ailleurs, la méconnaissance du pays fait de la communauté internationale une cible idéale pour les arnaqueurs. Loyers exorbitants, contrats douteux, difficile de

définir le bon du mauvais lorsque nous ne savons pas comment une société fonctionne. De plus, une session leur coûtera beaucoup plus cher que celle d’un étudiant québécois. Certains, plus chanceux, auront droit à une bourse, mais d’autres devront tout payer eux-mêmes, pouvant ainsi les amener à développer une insécurité financière. Le bureau de l’international a déjà offert un programme de jumelage pour les étudiantes et étudiants internationaux. Malheureusement, peu de Québécois s’inscrivent en tant que parrains ou marraines pour ce genre d’activité. Des solutions alternatives ont été tentées pour parer ce problème, comme aller chercher des étudiant.e.s des CÉGEPS. Imene Benkalaï, qui avait été jumelé à deux cégépiens, nous confie avoir gardé un mauvais souvenir de ce programme Hélas, ces derniers n’étaient avec qu’elle que dans le but de faire un travail scolaire : « Notre rencontre s’est résumée à un interrogatoire sur moi après lequel ils m’ont simplement dit qu’ils n’avaient plus besoin de moi et que je pouvais partir. » Évidemment, ce n’est pas toustes les étudiantes et tous les étudiants internationaux qui affirment avoir vécu une mauvaise expérience avec ce programme.

Le rôle de l’université Lors du Festival des cultures, organisé par le service aux étudiants, le professeur Jacques Cherblanc a soulevé des questionnements quant au rôle que devrait occuper l’université dans l’intégration des nouveaux arrivants. Devrait-elle se contenter d’agir sur le plan académique ou devrait-elle également aider les étudiants dans leur intégration sociale? Léa Schmit s’exprime à ce sujet : « Je ne crois pas que l’on peut tout mettre sur les épaules de l’université. Il faudrait davantage sensibiliser les profs quant aux réalités que vivent les étudiants internationaux. Les outiller afin qu’ils puissent venir en aide aux étudiants qui ont tendance à s’isoler dans leur cours. » Avec les années, l’intégration des étudiantes et étudiants internationaux semble aller mieux qu’à une certaine époque, notamment grâce au taux d’inscription qui a largement augmenté : « À l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’étudiants internationaux. Plusieurs arrivaient ici seuls. Maintenant, c’est plus rare qu’un étudiant soit le seul de son pays à venir ici. De ce fait, ils peuvent être entre eux et se sentir moins seuls », explique Imene Benkalaï.


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Troisième édition du Salon de l’emploi pour l’ADUQAC Jessica Normandin Journaliste

recruter des gens », explique Samuel Taillon.

« En tant qu’association des diplômés, le plus beau cadeau que l’on puisse faire à un finissant ou à un diplômé, c’est de lui offrir une carrière, une possibilité de trouver l’emploi de ses rêves. Un milieu de travail stimulant qui lui ressemblera, mettant en valeur le bagage académique obtenu à l’Université », souligne Samuel Taillon, agent de liaison de l’ADUQAC.

Toutefois, afin de maintenir l’intérêt de la population pour l’évènement, les organisateurs ne ménagent pas leurs efforts afin d’instaurer un grand nombre d’activités au programme. On y retrouve, entre autres, une variété de conférences organisées pour l’heure du dîner.

C’est motivé par cet objectif que l’ADUQAC organise pour une troisième année consécutive le Salon de l’emploi qui aura lieu le mercredi 7 février au centre social de l’UQAC. Sous la présidence d’honneur de Julie Dufresne, entrepreneure et fondatrice de la plateforme emploiretraite. ca, et en partenariat avec RBC Banque Royale, l’édition 2018 du Salon de l’emploi prévoit un programme bien chargé.

Ce sera près de 50 entreprises issues, entre autres, des secteurs de l’ingénierie, de la santé, de l’informatique, de l’enseignement et des finances qui tiendront un kiosque et attendront les CV. Des activités de réseautages ciblées sont aussi prévues : le « salon thé des affaires » pour les étudiant.e.s en comptabilité ainsi que l’activité de réseautage qui se déroulera la veille du salon pour les étudiant.e.s en ingénierie.

L’évènement est l’occasion idéale pour les étudiant.e.s, mais aussi pour la population régionale, d’entrer en contact avec de potentiels employeurs afin de trouver un emploi qui leur convient.

Le Salon thé des affaires, qui a lieu le soir de l’évènement, est présent pour une troisième année. Organisée par des étudiants en comptabilité de l’UQAC, on y offre l’opportunité de rencontrer, autour d’une dégustation de thé, les représentants de diverses entreprises en comptabilité dans une ambiance décontractée.

« Avec le contexte actuel, le rapport entre les recruteurs et les chercheurs d’emploi a beaucoup changé. Comme il y a un plus grand besoin de main-d’œuvre, les recruteurs sont vraiment là pour

Les étudiants en ingénierie pourront eux aussi, la veille du Salon, rencontrer les entreprises ayant fait le voyage pour les rencontrer lors d’une soirée organisée par l’équipe de la formule SAE.

Samuel Taillon se dit d’ailleurs satisfait de l’initiative qu’ont eue les étudiants de créer ces activités de réseautages. Il espère que des étudiants d’autres champs d’expertise manifesteront ce même intérêt dans les années à venir. De plus, la présidente d’honneur Julie Dufresne organise une toute nouvelle activité au Pavillon

sportif de l’UQAC : la marche des recruteurs. Le concept, qui reprend les bases du speed dating, est de jumeler un employeur à la recherche de main d’œuvre et une personne à la recherche d’emploi. Ceux-ci pourront discuter ensemble le temps de deux tours pistes, après lesquels ils changeront d’interlocuteurs. Par ce procédé, Julie Dufresne souhaite que les personnes à la recherche

d’emploi puissent vendre leur qualité auprès d’un employeur dans un contexte moins angoissant que celui où l’on se retrouve assis face à face dans un bureau. Plus d’informations sont à venir dans les semaines précédant l’évènement. Nous vous invitons donc à surveiller la programmation sur le site de l’ADUQAC.




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Culture Chronique littéraire

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« La réalité est à l’extérieur du langage? Qu’est-ce que j’entends par ’’réalité’’ ? C’est pas une question si simple. Je ne crois plus trop au concept de ‘’choses en soi’’. »

Zviane, Ping-pong, Québec, Éditions Pow Pow, 2015, p. 236.

Source image : http://ulostcontrol.com/ping-pong-zviane/

Ping-pong, une pensée en mouvement Marc-Antoine Gilbert Chroniqueur La charmante folie de la bédéiste québécoise Zviane s’exprime à travers des propositions diverses, allant du récit mélancolique et intimiste (Apnée) aux projets franchement drôles et décomplexés (la série L’ostie de chat, Le bestiaire des fruits). Ping-pong se classe certainement au sein de cette dernière catégorie. Au départ, c’est une B.D. que l’auteure a éditée elle-même en novembre 2014. Environ un an plus tard, une version commentée paraît aux Éditions Pow Pow. Il s’agit d’un ouvrage qui relève de l’essai, dans lequel Zviane s’adonne à un véritable jeu intellectuel qui rend possible, pour reprendre les mots du texte mis en exergue, « un espace

commun de réflexion où tout le monde se renvoie la balle. »

considérations sur la musique et sur les conventions qui la régissent. À la différence de Scott McCloud, Zviane ne tente pas de dresser des typologies ou des règles d’ensemble. Elle choisit plutôt de questionner constamment leur validité : « Quand j’adopte un modèle d’analyse pour regarder une œuvre, c’est pas pour la comprendre : c’est pour la percevoir d’un certain point de vue. » Zviane prend ainsi ses distances par rapport aux typologies conventionnelles. Elle est sensible au fait que ce sont avant tout des outils de travail, des constructions, et non des systèmes immuables applicables en tout temps.

Ping-pong entretient une certaine filiation avec un ouvrage comme Understanding Comics de Scott McCloud. Publié en 1992, ce livre ingénieux s’emploie à théoriser le neuvième art sous la forme d’une bande dessinée. Le fond rejoint ainsi la forme de façon très pertinente et créative. Pour sa part, Zviane propose également une réflexion sur la bande dessinée. Plus précisément, elle interroge ses propres pratiques et développe les questionnements qui peuvent émerger lorsqu’on tente de maîtriser un art. Le propos du livre dépasse donc À la lumière de ces le domaine de la B.D., car remarques, on pourrait l’auteure greffe aussi des penser que Ping-pong est un livre bien sérieux. Ce serait mal connaître Zviane et son sens de l’hu« Quand j’adopte un modèle d’anamour. Elle s’autoreprésente lyse pour regarder une œuvre, c’est pas volontiers dans tous ses états, multipliant mimipour la comprendre : c’est pour la perques caricaturales, aneccevoir d’un certain point de vue. » dotes comiques et blagues irrévérencieuses, et ce, à

l’aide d’un dessin souvent simple et schématique, au service d’une démarche vulgarisant certaines notions pointues. On touche à ce qui fait la force de ce livre : on sent qu’au fond, Zviane prend la création artistique au sérieux sans cependant se prendre elle-même trop au sérieux. Voilà une nuance très fine. Cette posture, à même de capter la bienveillance du lecteur, constitue en fait une stratégie apportant beaucoup de légèreté à son parcours intellectuel. Ainsi, Ping-pong manie plusieurs traits de l’essai littéraire. Il faut préciser que le discours de l’essayiste est normalement plus « relâché », il ne cherche pas à adopter la rigueur de la pensée philosophique, et cela permet les contradictions ou les sujets triviaux. Il ouvre un espace à une rhétorique qui relève de la conversation, ce qui va de pair avec une posture moins empesée. Le dialogue, Zviane cherche à le créer à sa manière grâce à la version commentée de cette B.D. Aux planches de l’ouvrage original sont ajoutés, encrés en vert, des commentaires portant sur les idées qu’elle a développées à l’époque. Elle les détaille plus longuement ou les rectifie, comme lorsqu’elle revient sur des concepts fondamentaux. Elle écrit : « La réalité est à l’extérieur du langage? Qu’est-ce que j’entends par ’’réalité’’ ? C’est pas une question si simple. Je ne crois plus trop au concept de ‘’choses en soi’’. » Elle construit un dialogue avec elle-même, une autoréflexivité qui prend la forme d’un « ping-pong dans le temps. » Zviane donne même la parole à d’autres bédéistes à la fin de

son ouvrage : Jean-Paul Eid, Pascal Girard, Lewis Trondheim, Réal Godbout, Jimmy Beaulieu et bien d’autres sont tous amenés à réagir, à leur façon, aux idées avancées dans le livre et à parler de leurs méthodes de création. La rhétorique conversationnelle de l’essai atteint ici son sens plein. Une place est implicitement laissée au lecteur, il ne lui reste qu’à se commettre et à sauter à son tour dans l’arène. Au sein de cercles académiques de bon goût, l’essai littéraire a pu être considéré comme un cousin bâtard, un « non-genre, quatrième case d’une typologie générique primitive où l’on rejette du côté de l’essai tout ce qui n’est pas prose narrative, théâtre ou poésie » comme l’exprime bien René Audet dans son article « Tectonique essayistique : raconter le lieu dans l’essai contemporain ». Et est-il vraiment nécessaire de rappeler la conception qu’un certain lectorat pouvait avoir (et qui est encore susceptible de perdurer) au sujet de la B.D. ? Après tout, comme le mentionne Thierry Groensteen dans son ouvrage Bande dessinée et narration, il « était tenu pour acquis que ses personnages étaient des sortes de pantins, constitutionnellement privés d’épaisseur et qui s’épuisaient dans le mouvement, l’action, le bruit. » Allier essai et bande dessinée ne peut que créer une œuvre singulière qui rendrait perplexe plus d’un bibliothécaire soucieux de ranger convenablement sa collection. La B.D. semble en somme être un support propice à l’illustration d’une prose d’idées, celle qui exprime, à la manière de Ping-pong, une pensée en mouvement.


Cinéma Culture

Jeudi 18 Janvier 2018 No 125 Journal Le Griffonnier

Hochelaga: Terre des Âmes

Photo : cinoche.com

Ioana Brassard Critique

c’est de la région de Montréal dont le film traite.

Hochelaga : Terre des Âmes est le dernier projet de François Girard. Il est le film officiel du 375e de la ville de Montréal. Il a aussi été choisi par Téléfilm Canada pour représenter le pays à la cérémonie des Oscars pour la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Comme le titre l’indique,

Baptiste Asigny (Samian) fait un doctorat en archéologie à l’Université de Montréal. Pendant ses études, des matchs de football interuniversitaires ont lieu au stade Percival, situé au pied du Mont-Royal. Lors de l’un de ces matchs, une partie du sol s’affaisse sous le poids des joueurs et l’un d’eux est avalé par le trou créé. Après que le décès du joueur eut été constaté, Baptiste entre dans le trou afin de l’explorer. Il fera alors une découverte qui en dira très long sur l’histoire de Montréal, sur les rencontres qui y ont été

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faites et sur les âmes qui y sont passées. Bref, cette découverte de Baptiste nous emmènera 750 ans dans le passé. Il est préférable de vous avertir : vous aurez besoin de quelques mouchoirs pour regarder ce film. Le récit est centré sur les Premières Nations et permet aux spectateurs de mieux comprendre leur histoire, car chaque personnage possède un vécu bien à lui. Personnellement, j’ai beaucoup aimé comment Montréal est montrée, sans tabou et sans censure. Le film ne se veut pas un spot publicitaire pour la ville : il raconte

tout simplement son histoire. Histoire qui a fait des victimes, certes. Un autre point positif pour le long-métrage est qu’il se concentre sur l’histoire des Mohawks; en effet, souvent, les autochtones sont oubliés au niveau de la représentation. Ainsi, ce film permet à tout le monde de comprendre leur réalité. Bref, Hochelaga : Terre des Âmes offre des images qui sont dures à voir, mais celles-ci sont essentielles à la société québécoise, lui permettant de mieux comprendre son histoire et d’enfin se réconcilier avec les Premières Nations, dont la résilience est incroyable. À voir!

Le stagiaire de Nancy Meyers

Un film réconfortant Guillaume Ratté Critique

Obtenir un nouvel emploi peut parfois être difficile au début, surtout si on est une personne âgée dans un milieu de jeunes. Deux générations peuvent avoir des mentalités très différentes, et cela peut donner un mélange assez surprenant – dans le bon sens du terme.

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Ben est un homme âgé de 70 ans à la retraite qui s’ennuie. Il décide donc de postuler pour un poste dans une entreprise de commerce en ligne en tant que stagiaire sénior et il l'obtient. Jules, la présidente de l’entreprise, ne le prend guère au sérieux et ne lui donne que de petites tâches, mais découvre vite ses talents cachés. Il réussit à l’aider alors que l'entreprise, qui a grandi trop vite, échappe un peu aux mains de Jules. Il l’épaule et lui permet de

gagner plus d’expérience par ses conseils.

Le stagiaire est un petit film qui redonne le sourire. Il fait changement des films hollywoodiens. Il démontre que les personnes âgées que l’on met de côté peuvent nous apprendre beaucoup avec leurs nombreuses expériences de vie et qu’il faut parfois les écouter. Ce n’est pas parce qu’ils sont âgés qu’ils sont nécessairement inutiles. Robert De Niro est parfait

Le trip à 3 Ioana Brassard Critique

Photo : cinoche.com

Le Trip à 3 est la nouvelle comédie des Fêtes québécoise. Il met en vedette Mélissa DésormeauxPoulin et Martin Matte, qui jouent le rôle d’un couple ordinaire. Ils sont parents d’une préadolescente et occupent un emploi

dans son rôle de papy gentleman et gagne le cœur de tous. Le lien entre les deux générations est très bien traité et, contrairement à plusieurs œuvres, montre que les deux se rejoignent très bien et se complètent. Si vous voulez une petite soirée relaxante après une dure journée, c’est le film à voir.

http://bit.ly/2AUljJO

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tous les deux. Lors de leur déménagement, Estelle (Mélissa DésormeauxPoulin) trouve quelque chose qu’elle n’aurait jamais imaginée dans les affaires de son conjoint (Martin Matte). Cela l’amène à se poser des questions sur ellemême, sur son existence et sur… sa vie sexuelle! Ce sera le début d’une longue quête pour pimenter un peu sa vie ennuyeuse.

le monde peut s’y reconnaître. Il nous permet, de manière humoristique, de réaliser que nous ne sommes pas les seuls à nous poser des questions existentielles sur les différents aspects de la vie, à tenter des choses folles pour la pimenter un peu ou encore – et surtout – à subir une certaine pression. De plus, si certains clichés sont présents (la patronne castratrice, la Ce qui est vraiment sœur d’Estelle montrée bien avec ce film, c’est comme incomplète en que pratiquement tout raison de son célibat) et

peuvent faire rire jaune, la douceur et l’authenticité d’Estelle les font vite oublier. Le film est bien sûr déconseillé aux moins de 13 ans, en raison du langage vulgaire et du sujet de la sexualité. Si vous désirez voir ce film, préparezvous à faire la connaissance de personnages qui, comme vous, se posent des questions existentielles, mais, surtout, qui font beaucoup de blagues cochonnes!


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jeux vidéo

Jeudi 18 Janvier 2018 No 125 Journal Le Griffonnier

Trois jeux géniaux de 2017 L’année 2017 aura été pour moi l’occasion de vivre une multitude d’expériences vidéoludiques passionnantes. Bien que plusieurs jeux vidéo aient été là pour m’accompagner lors de mes temps libres, certains m’ont particulièrement touchée. Voici donc trois de ces jeux qui, à mon sens, valent le détour. tôme que l’on affronte avec Shovel Knight dans la campagne originale. Sous les ordres de l’Enchanteresse, qui est l’ennemie principale du jeu, Specter Knight doit réunir huit nobles du royaume afin de former l’Ordre des Sans-Quartiers, le groupe auquel s’oppose Photo : Shovel Knight: Specter of Torment Shovel knight lors de son périple. Les motivations de Shovel Knight : Specter of Torment PC, PS4, ONE, Switch, Wii U, PS3, 3DS, Vita, Mac, Linux Specter Knight sont simples : s’il obéit aux ordres, la le studio indépendant Yacht vie lui sera redonnée. Specter of Torment est Club Games, Shovel knila deuxième extension de ght et ses extensions arboCette extension, gral’excellent jeu de plate- rent une esthétique rétro tuite pour les propriétaiforme Shovel Knight. et un gameplay similaire res du jeu de base, proà Mega Man et Zelda II. pose une nouvelle manière Brièvement, Shovel Knight d’aborder les différents est un jeu où l’on doit incarSpecter of Torment est niveaux parcourus initianer Shovel Knight, un petit un antépisode à l’aventure lement avec Shovel Knight chevalier muni d’une pelle de base. On y incarne Spec- pour une durée de jeu presen guise d’arme. Créés par ter Knight, un chevalier fan- que similaire.

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Photo : Fire Enblem Echoes: Shadows of valencia

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Fire Emblem Echoes: Shadows of Valentia 3DS

Jessica Normandin Journaliste

Shadows of Valentia est le remake de Fire emblem Gaiden, sorti uniquement au Japon en 1992. Comme on dit, mieux vaut tard que jamais! Grâce à ce remake, les joueurs occidentaux peuvent enfin découvrir ce jeu de rôle tactique d’une grande qualité. Contrairement aux autres opus de la série, le joueur sera amené à diriger non pas une, mais deux armées vers la victoire : celle de Célica et celle d'Alm. Deux amis d’enfance ayant choisi une voie différente afin de ramener la paix au sein de leur royaume : celle du cœur, puis celle de la guerre. Le scénario alternera donc entre les deux

histoires, qui, évidemment, se rejoignent de temps à autre. Une multitude de personnages, tous plus attachants les uns que les autres, pourront être recrutés dans votre armée. Cependant, attention à vos décisions prises lors d’une bataille : la mort d’un personnage est définitive (à moins de jouer en mode facile)! Bien que les combats tactiques soient toujours au cœur du gameplay, celui-ci se voit enrichi par des phases d’exploration dans des donjons. Une particularité, déjà présente dans Fire emblem Gaiden, unique à cet épisode.

Photo : The Legend of Zelda: Breaeth of the Wild

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The Legend of Zelda : Breath of the Wild Switch, Wii U

Attendu de pied ferme par les amateurs de la licence depuis 2011, Breath of the Wild est l’un des jeux ayant fait le plus de bruit cette année. Récipiendaire de trois récompenses aux Games Awards, dont celui de jeu de l’année, nul doute que ce nouveau Zelda va se placer au palmarès des classiques à ne pas manquer.

Un incontournable Né d’un désir de renoupour tous les amateurs de veau au sein de leur licence jeux de rôle tactiques.

phare, Nintendo n’a pas ménagé les efforts fournis sur leur jeu. Promettant un monde ouvert avec une liberté absolue, on ne peut dire que les développeurs n’ont pas respecté leurs engagements : dans ce jeu, on peut aller partout! Link, le protagoniste, peut aussi bien se balader sur une plaine que grimper aux montagnes. Dès que la première zone du jeu, qui est en quelque sorte un tuto-

riel, est quittée, le monde entier devient accessible. Le joueur crée sa propre trame au gré de son humeur, ce qui promet une multitude d’aventures différentes. Le seul hic étant l’histoire qui, au profit de l’exploration, est très peu développée. Ce qui peut s’avérer très décevant si l’on se fie aux autres opus de la licence. Des combats dynamiques juxtaposés à un monde complètement ravagé, riche en secrets à découvrir, voilà ce qui attend les joueurs qui entameront un périple au cœur de ce chef d’œuvre. Considéré comme surcoté par certains, Breath of the Wild s’est mérité une note parfaite pour plusieurs presses spécialisées. Au vu de ce pari réussi haut la main, cette note est somme toute largement méritée.


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Jeudi 18 Janvier 2018 No 125 Journal Le Griffonnier

En voyage avec Super Mario Odyssey

Photo : Super Mario Odyssey

Jessica Normandin Journaliste Annoncé lors de la présentation de la Nintendo Switch en janvier dernier, Super Mario Odyssey s’annonçait déjà comme un jeu plein de promesses. Depuis le 27 octobre, ce nouvel opus tant attendu se laisse enfin découvrir. Une fois de plus, la firme japonaise montre son savoir-faire dans le domaine vidéoludique en pondant un chefd’œuvre qui marquera sans doute les esprits.

Une expérience de jeu inédite sur un fond classique Nous y sommes maintenant habitués : Bowser a, pour une énième fois, capturé la princesse Peach. Il a cependant cette fois-ci un but bien précis : lui passer la bague au doigt! C’est donc à bord d’un vaisseau nommé l’Odyssée que Mario parcourra le monde afin d’empêcher cette union pour le moins absurde. Bien que le scénario soit assez classique, l’expérience de jeu n’en reste pas moins rafraîchissante. Ce qui retiendra en premier notre attention dans cet opus est très certainement le nouveau compagnon de Mario, un chapeau baptisé Cappy, qui remplace la traditionnelle casquette

qu’il a pour habitude de porter. Grâce à ce nouvel ami, Mario aura accès à une panoplie d’actions inédites, donnant une variété de gameplays au jeu. Il pourra par exemple lancer son chapeau afin de l’utiliser comme plateforme pour atteindre des zones inaccessibles. Mais, surtout, il pourra prendre possession du corps de certains ennemis ou de certains personnages si ceux-ci ne portent pas de couvre-chef. Chaque transformation possède ses propres spécificités, un peu à la manière des costumes disséminés dans les blocs des précédents volets. Et c’est là que l’on voit l’effort d’innovation par rapport aux autres volets de la franchise, où nous n’avions que quelques costumes. Notre protagoniste aura cette fois-ci accès à 52 transformations.

Une difficulté presque absente Depuis plusieurs années maintenant, on remarque que la difficulté dans les jeux vidéo tend à diminuer. C’est malheureusement le cas de ce Mario, où nous pouvons noter une courbe de difficulté presque inexistante. Les niveaux, en ligne droite, se font à une vitesse fulgurante et il est à peine exagéré de dire que l’on peut affronter les boss avec

une main dans le dos. Lors de combats nous opposant aux Broodals, une bande de lapins aidant Bowser dans les préparatifs de son mariage, la facilité est ahurissante et on ne peut que souligner la répétitivité de ces affrontements. Cependant, ces sbires mis à part, d’autres boss, malgré leur facilité, méritent une mention d’honneur. Ces derniers ne manquent pas d’ingéniosité et mettent à profit les différents gameplays apportés par le jeu. À titre d’exemple, nous pourrions citer l’un des tout premiers boss. Avec l’aide de Cappy, nous devons prendre possession de l’une de ses mains afin de le frapper. Heureusement, le jeu se complexifie grâce à la recherche des lunes éparpillées à travers les divers mondes. Bien que certaines soient très faciles à trouver, la plupart sont bien cachées et demanderont un bon sens de l’observation. Un monde à lui seul peut en compter plus d’une soixantaine, sans compter toutes celles qui se déverrouillent après la fin du jeu. En somme, il nous faudra trouver des centaines de lunes si l’on espère terminer le jeu à 100%.

Une durée de vie honnête Bien que la trame principale se termine assez rapidement, il faut compter plusieurs dizaines d’heures pour terminer le jeu dans son entièreté. À la manière d’un Mario 64 ou d’un Mario Sunshine, le joueur évoluera dans des mondes ouverts qu’il devra explorer de fond en comble afin d’y collecter des lunes et des pièces. Après avoir affronté le boss final, de nouvelles lunes apparaîtront dans les précédents mondes déjà explorés et de nouveaux mondes seront à découvrir. Bref, on se rend vite compte que la fin du jeu n’est en fait qu’un nouveau départ.

Une direction artistique impeccable Dès la première bandeannonce de Super Mario Odyssey, les joueurs ont été happés par un environnement auquel ils n’avaient jamais été habitués dans la série : la ville. Il est en effet curieux de voir le plombier évoluer dans un centreville rempli de voitures, de gratte-ciels, mais surtout de personnages ayant une apparence des plus normales À ce moment, on ne peut que remarquer à quel point notre personnage contraste avec ce qui l’entoure. Bref,

nous sentons que Mario n’appartient pas à ce monde. Pourtant, même si l’on pourrait croire que cette démarcation constitue un défaut, on constate qu’elle vient en fait renforcer cette idée d’épopée que nous propose le jeu. Dans Super Mario Odyssey, on a vraiment l’impression de voyager dans des contrées éloignées et d’y découvrir de nouvelles cultures. En dehors de cette ville, les autres environnements se marient davantage à l’univers habituel de Mario. Toutefois, nous n’avons pas d’impression de déjà-vu par rapport au reste de la série. Chaque monde est original et empreint d’une ambiance envoûtante qui donne envie de les visiter de fond en comble.

Un pari réussi Somme toute, Super Mario Odyssey, malgré ses quelques soucis techniques, amène un vent de fraîcheur que nous n’avions plus eu depuis Super Mario Galaxy. Il s’agit là d’une épopée grandiose, d’une invitation au voyage et à la découverte. On ne peut que se réjouir de voir un titre aussi long et prenant débarquer sur la nouvelle console de la firme, qui voit son catalogue s’étoffer au fil des mois!


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Jeudi 18 Janvier 2018 No 125 Journal Le Griffonnier

Le transport collectif accessible, la mobilité réinventée. Un projet de mobilité durable créé en collaboration avec l’UQAC et ses étudiant(e)s.

Accès Libre, c’est :

Une nouvelle ligne de transport directe qui desservira l’axe centreville, le CIUSSS, le Cégep, l’UQAC, la Zone Talbot à toutes les 10-15 minutes aux heures de pointe

Des stationnements incitatifs gratuits au cœur des arrondissements pour favoriser la mobilité provenant des arrondissements

Une station intermodale à l’UQAC se voulant un nouveau lieu de rencontre et un « hub » de transport actif

Un système d’auto-partage de vélos et d’autos électriques

Des navettes gratuites vers différents points stratégiques lors des partys universitaires

Un accès libre complet et illimité à tous les services de la STS pour tous les étudiants grâce à une cotisation prélevée sur les frais d’inscription au campus de Chicoutimi

Pour question ou commentaire : acceslibre@stsaguenay.com


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