Griffonnier127 15mars2018

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No 127 - Jeudi 15 mars 2018

3000 exemplaires - gratuit

ceuc.ca

Photo : Luis Mendelez / Unsplash

Les étudiantes et étudiants en sciences infirmières parlent - page 5

Dossier spécial: énergie - page 5 à 10

IDÉES CADEAUX POUR PÂQUES! DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI COOPSCO UQAC

CHOCOLAT LULU, NOUVEL ASSORTIMENT DE LIVRES ET COFFRETS SUR LE CHOCOLAT ET LE TEMPS DES SUCRES

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Nouvelles régionales

Jeudi 15 mars 2018 No 127 Journal Le Griffonnier

La Noce dévoile une partie de sa programmation 2018 Stéphane Boivin Journaliste

L’événement La Noce tiendra sa deuxième édition sur la Zone portuaire de Chicoutimi du 5 au 7 juillet prochains. Au moment d’aller sous presse, on attend impatiemment la deuxième vague d’annonces concernant sa programmation. Fin février, une partie des artistes qui composeront la programmation 2018 a été dévoilée dans une nouvelle vidéo exotique du porte-parole de La Noce, Philippe Brach. Et c’est une liste préliminaire des plus alléchantes qu’on a rendue publique. La Noce (de coton) s’annonce encore une fois comme un événement incontournable de l’été au Saguenay.

Le retour de Karkwa Surprise surprise! Le mythique groupe québécois Karkwa se réunira cet été et comptera La Noce parmi ses engagements. Louis-Jean Cormier et ses collègues nous avaient laissés sans nouvelles depuis le début des années 2010. Un rendezvous qui devrait être prisé par les fans fervents de la formation. Le rappeur montréalais LOUD sera aussi de la patie. Anciennement membre de Loud Larry Adjust, LOUD s’est imposé comme une figure très respectée depuis la parution de l’album Une année record en novembre dernier. Les effluves hip-hop seront également suscitées par le très populaire Alaclair Ensemble, connu pour ses performances festives.

Altin Gun Photo :Étienne Mongrain

Laura Sauvage Photo :Coutoisie

Parmi les noms dévoilés, on compte également We are wolves, Random recipe, Laura Sauvage, Galaxie ainsi que l’étrange chansonnierpop Anatole. Cette liste à elle seule vaudra le coût du passeport. Et d’autres noms restent à être annoncés.

Volet international Le premier groupe d’artistes annoncés compte également une dimension

internationale. La formation de rock-folk-psychédélique turque Altin Gün fait en effet partie des invités à La Noce, où elle passera juste avant de se rendre au prestigieux Festival d’été de Québec (FEQ). L’an dernier, La Noce comptait exclusivement des artistes québécois ou canadiens. La correspondance des dates entre le FEQ et l’événement saguenéen nous réserve-telle d’autres rendez-vous à saveur internationale?

La Noce encore plus La première édition de La Noce s’était tenue sur une seule journée de juillet 2017. Les organisateurs annoncent cette fois-ci un événement sur trois jours, du 5 au 7 juillet 2018. Si, à l’instar de l’année dernière, la météo est au rendez-vous, La Noce promet encore cette année beaucoup de bonheur et de folie au public saguenéen.

Le Centre de solidarité internationale recrute Stéphane Boivin Journaliste

Le Centre de solidarité internationale (CSI) du Saguenay-Lac-Saint-Jean est présentement en période de recrutement pour un nouveau volet de ses stages de coopération internationale. Le Programme de stages internationaux pour les jeunes (PSIJ) se déploiera cet été en Équateur ainsi qu’au Sénégal. tenus avec leur directeur artistique Samuel Taillon Le PSIJ s’adresse aux diplômés âgé.e.s entre 19 et 30 ans. Les profils recherchés sont variés puisque les stages répondent à des mandats particuliers selon les communautés d’accueil. Cette année, les disciplines vont de l’entrepreneuriat au travail social, en passant par la psychologie, le développement communautaire et la médiation culturelle.

Les stages représentent à la fois une expérience de travail privilégiée ainsi qu’une occasion d’ouverture sur la solidarité internationale, comme l’explique Sabrina Ostré, chargée du programme PSIJ : « Le CSI a trois grandes missions qui sont l’éducation à la citoyenneté mondiale, l’appui à des projets de coopération internationale ou de stages pour les jeunes, et enfin tisser des liens autour d’initiatives innovantes au nord et au sud. » Une première cohorte s’envolera donc vers l’Afrique ou l’Amérique du Sud en juin prochain pour des stages d’une durée de six mois. En plus de fournir l’occasion d’agir en coopération internationale, les stages ont pour objectif de renforcer l’expérience professionnelle des participants, qui doivent détenir un diplôme de formation

postsecondaire. Ostré précise :

Sabrina

« On n’est pas obligés d’avoir une grande expérience professionnelle, du moment qu’on a un diplôme qui correspond au mandat pour lequel on applique. »

Encadrement du Centre de solidarité internationale Les stages du programme PSIJ profitent de l’encadrement et de l’expertise du CSI. Le Centre propose un encadrement matériel, culturel et humain du début à la fin du processus. Avant le départ, une formation intensive de dix jours prépare les participants. Cette formation aborde les réalités de la coopération internationale, du travail en contexte interculturel, ou encore les dimensions relationnelles, environnementales ou politiques qui seront utiles aux stagiaires.

« Ensuite, sur le terrain, les participants ont un référent au sein des associations partenaires. Nous aurons des représentants sur place. Au Québec, le Centre assure un lien direct avec le stagiaire en effectuant des suivis réguliers, que ce soit pour des questions professionnelles ou personnelles. » Suite aux stages, de retour dans la région, les stagiaires participeront à une formation touchant davantage l’employabilité, la mise en valeur professionnelle des expériences acquises lors du voyage. Si les stages ne fournissent pas de crédits académiques, ils représentent néanmoins des expériences inestimables, selon Sabrina Ostré : « Travailler en contexte interculturel donne une autre approche du travail par la suite. »

Le Centre de solidarité internationale prend également en charge l’ensemble des dépenses de transport, d’hébergement, de frais de visas ou d’assurance. Même la préparation médicale est prise en charge. Ainsi, les stagiaires qui participeront aux stages du programme n’auront rien à débourser. Pour la durée du stage, une allocation de subsistance est également fournie.

Intéressé.e? Pour plus d’information sur les conditions d’admissibilité au PSIJ, pour découvrir les mandats à combler et déposer sa candidature, on peut visiter la page du CSI à l’adresse centresolidarité.ca. Les candidatures peuvent être déposées jusqu’au 23 mars, pour une sélection au cours du mois d’avril. Le tout en vue d’un départ en juin prochain.


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Jeudi 15 mars 2018 No 127 Journal Le Griffonnier

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Totema Studio poursuit sa quête sur le marché indépendant Jessica Normandin Journaliste

Depuis la sortie de leur tout premier jeu Games of Thumbs en décembre 2016, c'est avec motivation que les membres de Totema studio poursuivent leur route dans l'industrie vidéoludique. Afin de savoir où en est l'équipe dans ses projets, nous nous sommes entretenus avec leur directeur artistique Samuel Taillon. À l’approche de la seconde édition du Saggeek, l’équipe de Totema Studio a créé plusieurs prototypes qui pourraient être essayés par les visiteurs lors du salon. Le but était de créer des jeux qui, sans être terminés, pourraient être agréables à jouer. Selon les avis des différents joueurs ayant essayé les prototypes, un titre en particulier semble avoir attiré l’attention plus que les autres : School Escape. C'est un beat’em all avec une légère touche de RPG où l’on incarne des élèves du secondaire devant combattre des extraterrestres qui tentent d’asservir la race humaine. Suivant leur désir

d’offrir aux joueurs une expérience multijoueur local, School Escape est un jeu coopératif qui se joue entre amis. « Aujourd’hui, on voit beaucoup de jeu multijoueur en ligne. Bien que j’aime jouer à l’occasion à des jeux en ligne, il reste tout de même que nous ne sommes pas réellement avec des gens. Une fois la partie finie, on est seul. Chez Totema studio, on souhaite ramener le plaisir de jouer avec des gens qui sont juste à côté de nous », confie Samuel Taillon. Afin de favoriser la coopération, tous les personnages jouables possèdent leurs propres caractéristiques et sont complémentaires entre eux. D’ailleurs, alors qu’il observait des gens jouer à School Escape, Samuel Taillon fut surpris de voir les stratégies qu’élaboraient les joueurs : « Au début, lors des cinq premières minutes de jeux, ils ne se parlent pas, puis ils meurent! Plus ça avance, plus ils coopèrent entre eux pour avancer. Et ils font parfois des choses que je n’aurais même pas cru possible de faire. C’est toujours difficile pour nous de ne rien

dire lorsqu’on les observe. C’est ça le vrai test : voir s’ils peuvent avancer d’eux-mêmes. »

Échange avec la communauté « Il y a beaucoup de gens qui aimeraient faire des jeux vidéo, mais ils n’ont pas vraiment de compétences en programmation ni en graphisme ou même en game design, mais ils ont plein de bonnes idées et ils aimeraient ça contribuer d’une certaine manière », souligne Samuel Taillon.

leur avais demandé quels clichés de l’école secondaire ils aimeraient voir chez les personnages du jeu et quelles capacités ces personnages devraient avoir. Les gens ont vraiment embarqué et plusieurs idées de personnages jouables nous ont été proposées. »

Une première expérience sur le marché

Pour répondre à cette demande, l’équipe de Totema studio ont créé une page Patreon où, en échange d’une contribution monétaire mensuelle, les internautes peuvent avoir accès à du matériel exclusif en fonction du montant donné. Entre autres, les donateurs auront droit à des accès anticipés des différents prototypes en création afin de les tester. Ils pourront ensuite donner leur avis et leurs suggestions.

Suite au lancement de leur première production Game of Thumbs, l’équipe jugeait qu’il était important pour eux de se réunir afin de faire le point sur leur expérience. Ainsi, ils ont pu mettre le doigt sur ce qu’ils ont bien fait, mais aussi sur ce qu’il y aura à améliorer dans leurs futures productions. Selon Samuel Taillon, l’objectif fixé par l’équipe est réussi : « L’objectif de Game of Thumbs était de faire un premier jeu, vivre l’expérience de la conception, trouver l’idée, la vendre sur les marchés dématérialisés, etc. »

« Souvent, j’essaie de leur demander ce qu’ils aimeraient voir dans notre jeu via notre groupe privé sur Facebook. Pour School Escape, par exemple, je

Même s’il est globalement satisfait de leur jeu, Samuel Taillon croit que certains aspects liés au processus de création sont à améliorer pour leur prochaine

production. Notamment en ce qui concerne la diffusion : « Je pense qu’on a eu du mal à le faire passer à un autre niveau que les médias locaux », affirme-t-il. De plus, après avoir discuté avec d’autres studios et lu sur le sujet, l’équipe de Totema studio a pris conscience de certains éléments importants qui n’ont pas été intégrés à la production. Samuel Taillon pense notamment au Mom test : « Le Mom test, c’est lorsque tu prends un jeu et que tu le mets entre les mains d’une personne qui n’est pas du tout dans la tranche d’âge ciblée par le jeu. Tu la laisses jouer, tu ne dis rien et tu regardes ce qui se passe. Normalement, si le jeu est bien construit et que ses contrôles sont faciles à prendre en main, la personne devrait arriver à comprendre le jeu. » Dans le cas de Games of Thumbs, la phase de test s’est surtout faite auprès de joueurs initiés, passionnés de jeux vidéo, ce qui les a fait passer à côté de potentiels problèmes qui peuvent être rencontrés par des néophytes. Depuis sa sortie, le jeu Game of Thumbs a atteint le palier des 1500 téléchargements.

Repenser les frontières avec la cohorte en éco-conseil Jessica Normandin Journaliste

y retrouve un aspect environnemental, mais aussi social.

Du 26 au 28 mars 2018 se tiendra l’évènement annuel organisé par La Chaire en éco-conseil de l’UQAC. L’évènement, qui est construit autour du changement socioécologique et du développement durable, vise à interpeller le public quant aux réalités et enjeux actuels liés à un thème choisi par les étudiants de la cohorte en éco-conseil.

« Après une longue réflexion sur le choix final du thème, on s’est accordé pour dire qu’on souhaite traiter de quelque chose qui touche très fortement la citoyenneté mondiale à l’heure actuelle. Ce qu’on peut voir dans les médias, c’est qu’il y a beaucoup d’enjeux qui sont liés au territoire. On peut penser à ce qui se passe en ce moment avec la présidence américaine, on peut parler en matière de contrôle des frontières, de l’immigration. On peut s’arrêter sur une catastrophe climatique qui frappe tellement de nations dans le monde et qui pourtant ne suivent aucune règle en matière de frontières nationales. Ou combien de fois on peut parler dans les médias

Cette année, c’est sous la thématique de « Repenser les frontières » que s’articuleront les diverses activités préparées par la cohorte en éco-conseil. Une thématique que l’on peut qualifier de transdisciplinaire puisqu’on

des tensions sociales qui sont liées à la migration. Toutes ces problématiques convergent vers une remise en question de l’usage que l’on fait des frontières », explique Anissa Duval, étudiante en éco-conseil.

Déroulement des activité Se déroulant sur une période de trois jours, l’évènement se divisera en deux axes : le climat et la culture. Les deux premières journées seront consacrées au climat. Différents ateliers participatifs qui porteront sur les bouleversements climatiques auront lieu. Ces bouleversements, qui rompent l’équilibre entre les populations humaines et leur environnement, sont à l’origine

de plusieurs débats quant à la migration. « Ces activités ont pour but de remettre en question la manière dont les frontières interfèrent avec les mesures d’adaptations et les initiatives permettant de lutter contre ces bouleversements », précise Quentin Thierry qui est également un étudiant du programme en éco-conseil. Ces activités seront ouvertes à tous et à toutes et se dérouleront dans le centre social de l’UQAC. La troisième journée prendra la forme d’un colloque où plusieurs conférences portant sur les frontières culturelles seront données. Les participants pourront y rencontrer des conférenciers de diffé-

rents horizons qui expliqueront comment les comportements culturels façonnent d’autres frontières que celles qui délimitent les contours d’un état, d’une région ou d’une communauté. Un prix d’entrée sera exigé aux participants pour cette troisième journée. Cela leur donnera accès à toutes les conférences, mais aussi à un repas sur l’heure du dîner. Afin de favoriser la participation des étudiant.e.s, un forfait leur sera offert. De plus, il est à noter qu’il s’agit d’un évènement écoresponsable, ce qui signifie qu’il sera organisé de façon à limiter au maximum les déchets, le gaspillage et les émissions de gaz à effet de serre.


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Nouvelles régionales

Jeudi 15 mars 2018 No 127 Journal Le Griffonnier

Pour la rémunération de tous les stages Revendications

tie sur la non-rémunération des stagiaires. « L'État se dit L'exemple des étudiantes que puisqu'on est obligés La rémunération des en physiologie évoqué de faire des stages, il ne nous stages est présentement plus haut représente bien paiera pas », affirme Charlesl'une des causes les plus la situation intenable que Antoine Gosselin. Stéphane Boivin Journaliste

importantes qui traversent le mouvement étudiant à l'échelle nationale et internationale. Nous avons rencontré deux membres de l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM (ADEESE) qui étaient de passage à l’UQAC récemment afin de décentraliser cette lutte.

représentent les stages non rémunérés. Aux nécessités académiques qui se poursuivent, il faut ajouter l'intensité et le stress du travail demandé par le stage. Il faut encore parfois concilier le tout avec un emploi rémunéré et assumer les dépenses inhérentes à ces horaires chargés. De plus, les stagiaires ne sont pas couverts par les normes du travail.

Au Québec, les actions se sont jusqu'ici surtout concentrées à Montréal, à Sherbrooke ainsi qu'en Outaouais. Emmanuelle Boisvert et Charles-Antoine Goulet, respectivement responsable de la vie étudiante et secrétaire général de l’ADEESE, sont venus rencontrer un nouveau comité rémunération au sein du mouvement étudiant saguenéen. En plus d'informer les responsables locaux, ils ont pu constater les enjeux spécifiques à la région, comme l'explique Charles-Antoine Gosselin :

Par ailleurs, le mouvement étudiant considère que les stagiaires accomplissent un travail réel et martèle que tout travail mérite rémunération. Emmanuelle Boisvert précise :

« On ne veut pas que ce soit Montréal qui impose sa vision de la rémunération des stages. On veut que ce soit décentralisé, que ce soient les régions qui prennent en compte leurs enjeux locaux. (…) Tout à l'heure, des étudiantes en physio nous disaient que pour faire un stage, elles doivent se rendre à Sept-Îles ou à Baie-Comeau. Elles nous disaient que des gens avaient deux appartements, un ici et un là-bas. » Les propos contenus dans chaque article n’engagent que leurs auteurs. - Dépôt légalBibliothèque Nationale du Québec Bibliothèque Nationale du Canada Le Griffonnier est publié par les Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi (CEUC).

« On ne veut pas isoler les différents domaines. Oui, on ne représente que des étudiants en enseignement, mais on travaille aussi avec des groupes qui représentent d'autres étudiants et étudiantes. On ne pense pas qu'on mérite davantage un salaire que d'autres programmes. Peu importe le programme d'étude, on veut que tous les stages soient rémunérés, qu'on arrête d'accepter cette exploitation-là, qu'on reconnaisse que les étudiants et les étudiantes, même s’ils sont en formation, lorsqu'ils sont en stage accomplissent un travail. Ce travail-là doit être reconnu, doit être rémunéré. »

Emmanuelle Boisvert renchérit : « C'est du travail gratuit. C'est sûr que l'État en profite. En ce moment, pour les infirmières et les enseignantes, il y a des pénuries parce que justement les conditions sont tellement mauvaises dans ces milieuxlà que les gens quittent ces professions. Donc ils utilisent encore plus les stagiaires comme main-d'oeuvre gratuite pour combler les manques de postes. Une infirmière va se présenter dans son milieu de stage, elle va travailler des heures et des heures pour continuer à faire rouler l'hôpital parce qu'il manque d'infirmières et de shifts de travail. Ça nous met dans des situations de précarité et de vulnérabilité. Quand on va travailler après, on sera encore plus faciles à exploiter si déjà on est morts de tout ce qu'on a à vivre pendant notre formation. »

Un exemple flagrant de l'opportunisme des institutions face à la non-rémunération des stages est la proposition de la Commission scolaire de Montréal de déplacer les cours des stagiaires les soirs et la fin de semaine afin de les rendre plus disponibles pour comLe système actuel des bler la pénurie d'enseistages, qui sont obligatoires gnant.es au préscolaire et et bien intégrés aux systèmes au primaire. Cette stratégie publics tels que la santé ou épuiserait les stagiaires qui l'éducation, est tenu pour devraient enseigner toute la acquis par le gouvernement. semaine et étudier les soirs Ce système repose en par- et la fin de semaine.

Photo : Aurélie Prévost / CRIS-UQO

Les représentants de l'ADEESE que nous avons rencontré croient que ce type de gestion à courte vue créera bientôt encore davantage d'épuisement et de pénurie de professionnels.

Moyens de pression En plus de journées de grève le 20 février et le 8 mars derniers, les membres de la Campagne sur le travail étudiant (CUTE), dont fait partie l'ADEESE, sont très actifs sur les réseaux sociaux. Ils comptent élargir la lutte pour la rémunération des stages à l'ensemble des régions du Québec par le biais de rencontres et d'actions de visibilité. Cette mobilisation nationale devrait atteindre son point culminant à l'hiver 2019, comme l'explique Emmanuelle Boisvert : « On va essayer que la mobilisation atteigne le même niveau dans toutes les régions principales, pour éventuellement faire des actions de perturbation plus grandes. Si toutes les régions embarquent, ça va avoir un impact, par exemple si on

parle d'une grève générale des stages. »

Stages et féminisme Les violences sexuelles et les luttes féministes sont d'autres causes importantes au sein du mouvement étudiant actuel. Ces deux causes sont plus liées qu'il n'y paraît à la lutte pour la rémunération des stages. Les stages non rémunérés touchent particulièrement des métiers pratiqués majoritairement par des femmes. Les domaines des soins (care), du travail social, de l'enseignement ainsi que certains stages en communication sont les plus concernés. Emmanuelle Boisvert souligne que « la société veut que ce soit naturel pour les femmes de prendre de soin des autres, le don de soi. Donc on doit faire du travail gratuit parce que de toute façon on aurait besoin de ça. Ce n'est pas parce que l'enseignement c'est ma vocation que je dois subir des conditions qui vont nuire à ma santé mentale et physique. On voit vraiment la lutte pour la rémunération des stages comme une lutte féministe. »

Nous joindre Rédactrice en chef : Noémie Simard

Collaborateurs :

Graphiste : Joëlle Gobeil

Stéphane Boivin Ioana Brassard Marc-Antroine Gilbert Laura Landry

Coordonnateur : Vincent Côté

Courriel : redactionceuc@uqac.ca Téléphone : 418 545-5011 #2011 Télécopieur : 418 545-5400 /ceuc.ca

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Jessica Lavoie Jessica Normandin Laurie Tremblay Emmanuel Trotobas

Publicité : Christian Tremblay Correction : Noémie Simard

Image à la une : http://bit.ly/2G87vQd

Prochaine parution : Jeudi 12 avril 2018 Tombée des textes : Vendredi 30 mars 2018, 17 h Tombée publicitaire : Lundi 2 avril 2018, 17 h Impression : Imprimerie Le Progrès du Saguenay Tirage : 3 000 exemplaires


Énergie

Jeudi 15 mars 2018 No 127 Journal Le Griffonnier

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Santé: des métiers moins attirants Jessica Normandin Chroniqueuse

Dernièrement, les médias ont été la scène de divers témoignages touchants : des cris du cœur d’infirmières épuisées, subissant des conditions de travail qui les poussent à leurs limites. Dans les médias, on s’attarde surtout au point de vue des infirmières professionnelles, mais qu’en est-il des infirmiers et infirmières en devenir? Comment les étudiants en sciences infirmières perçoivent-ils leur futur emploi dans le domaine de la santé à la vue des récents évènements? Les cours donnés les préparent-ils aux réalités qui les attendent? Afin de répondre à cette question, nous avons rencontré trois étudiants en sciences infirmières à l’UQAC. Deux d’entre eux, Guillaume Bourgeois ainsi qu’une étudiante qui désire rester anonyme, sont inscrits à la formation initiale alors que la troisième, Marie-Josée Emond, entreprend une formation de perfectionnement suite à ses études collégiales dans le domaine.

La santé: un domaine moins arttirant « C’est sûr que ce n’est pas attrayant! », lance immédiatement l’étudiante anonyme lorsqu’on lui demande comment elle percevait le milieu infirmier. « Si ce n’avait pas été du fait que j’ai déjà un emploi en CHSLD avec de bonnes

conditions, j’aurais sûrement abandonné », a-t-elle poursuivi, rebutée par les horaires imposés par les hôpitaux. Ayant déjà fait un stage en milieu hospitalier, celle-ci le perçoit comme étant austère : « L’ambiance n’était vraiment pas bonne, les gens sont assez froids. » Marie-Josée Emond nous confie qu’elle ne souhaite pas non plus travailler en milieu hospitalier. De son côté, Guillaume Bourgeois n’est pas trop effrayé par les conditions de travail difficiles des infirmiers. Ayant déjà travaillé dans le milieu de la restauration, il est plutôt habitué d’être dans un milieu stressant. Néanmoins, cela ne l’empêche pas de ressentir certaines réticences quant à son futur emploi : « Ma crainte ne se situe pas par rapport aux heures supplémentaires ou à l’épuisement au travail. Ce qui me fait peur, c’est de ne pas pouvoir prendre bien soin des patients par manque de temps. »

Des cours et des stages non représentatifs Unanimement, les trois étudiants affirment que leurs cours à l’université ne reflètent pas la réalité du milieu. Cela représente une certaine déception pour Guillaume Bourgeois : « C’est vraiment un très beau métier, et j’ai l’impression que ce qu’on nous apprend, on ne pourra pas le pratiquer plus tard. On a des stages, mais la charge de travail qui nous est donnée est minime comparé à ce qu’on

fait une fois nos études terminées. À cela s’ajoute toutes les tâches administratives que certaines infirmières font et ne devraient pas avoir à faire. » Par ailleurs, l’étudiante anonyme se rend bien compte d’une différence notable entre les stages et le marché du travail. Cette dernière, qui effectue actuellement un stage dans un CHSLD, doit lever quatre patients en une matinée alors qu’au CHSLD où elle travaille le soir en tant que préposée bénéficiaire, elle doit en coucher trentecinq. « Lors de mon stage, j’apprends à bien faire ma job. Je peux prendre plus mon temps. Au travail c’est différent. Je dois aller vite. Passer à côté de certaines étapes qui auraient dû être faites, mais que je ne peux pas faire si je veux m’occuper de tous les patients. J’ai l’impression d’être plus rude avec eux. C’est plate à dire, mais lorsqu’on arrive sur le marché du travail, il faut tout réapprendre ce qu’on a déjà appris. À l’école, on apprend à bien faire notre job. Au travail, on apprend à la faire tout croche pour sauver du temps. » Ayant déjà été inscrite au sein d’un programme intensif au cégep de Chicoutimi, un cursus d’un an et demi où la matière est survolée rapidement, l’étudiante anonyme consent que ce genre de programme est plus adapté au marché du travail actuel. Toutefois, elle ne le conseille à personne : « Quant à moi, ce type de programme devrait être aboli. Tu vois la matière trop rapidement. Tu n’as pas le temps de l’assimiler. Oui, ça te prépare mieux aux réalités

du marché, mais les conditions d’études sont inhumaines. Ça demande énormément d’études par semaine puisqu’on a constamment des examens. Si tu as un travail à côté, c’est encore pire. » Marie-Josée Emond croit également que les cours du Cégep donnent un meilleur aperçu du milieu : « Au cégep, ce qu’on voit représente mieux le milieu. Cependant, à l’université, on t’explique mieux ce que tu dois faire, mais surtout, pourquoi tu dois le faire. » Quant à ses stages, il s’agit d’une autre dynamique que pour les deux autres étudiants. Ayant déjà un diplôme d’études collégiales en soins infirmiers, les stages qu’elle doit effectuer dans le cadre de sa formation universitaire se révèlent plutôt chargés. « Comme nous avons déjà de l’expérience dans le domaine, on nous en demande plus. Et nos stages ne se déroulent pas comme, par exemple, ceux des étudiants en enseignement. Nos stages et nos cours se font en même temps, ce qui nous fait des semaines très chargées. » De plus, du temps supplémentaire lui est parfois imposé. Au moins, les professeurs de l’université se montrent plutôt conciliants par rapport à cela : « Ils sont conscients de cette réalité et ils comprennent », affirme-t-elle.

Un avenir peu rassurant Nos deux étudiantes interrogées ont de la famille proche qui pratique le métier d’infirmière. Lorsqu’elles ont

Saguenay– Lac-Saint-Jean

remercie ses partenaires

décidé de poursuivre leurs études dans le domaine, le même scénario s’est produit lorsqu’elles l’ont annoncé à ces personnes : celles-ci ne se sont pas montrées très enthousiastes vis-à-vis de ce choix de carrière et les ont mis en garde d’un possible regret dans le futur. « Lorsque j’ai annoncé cela à ma sœur, elle a essayé de me décourager », confie l’étudiante anonyme. Celle-ci nous fait également part de ses craintes par rapport aux congés maladies : « De plus en plus d’infirmières partent en congé maladie à cause de leur épuisement. Ça devient un cercle vicieux. Plus il y a d’infirmières qui tombent malade, plus les autres ont du travail, plus elles sont épuisées et ainsi de suite. Ça, ça fait vraiment peur pour l’avenir. » Pour sa part, Guillaume Bourgeois s’exprime quant à la réforme du ministre de la Santé Gaétan Barrette : « Je comprends le gouvernement de vouloir donner des fonds aux médecins et de les encourager à avoir le plus de patients possible, mais il ne faut pas tout mettre notre argent dans ce bas-là. En ce moment, ça a fait un tollé parce qu’on leur en a trop donné. » Il conclut sa réflexion en nous faisant part d’une caricature de l’artiste Ygreck, publiée dans Le Journal de Québec : « On y voit Barrette qui dit ‘’J’ai fini ma nouvelle réforme’’ et tu vois derrière l’hôpital qui est détruit et le médecin qui part avec l’argent. C’est une image qui porte à réfléchir. »


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Jeudi 15 mars 2018 No 127 Journal Le Griffonnier

Rester énergique au mois de mars? Oui, c’est possible! C’est bien connu, le mois de mars et celui d’avril ne sont pas les plus faciles lorsqu’on est étudiant. La motivation diminue alors que la fatigue augmente considérablement. On commence à ressentir les effets du stress, des repas pris sur le pouce entre l’école et le travail et des nuits écourtées par l’étude et la rédaction des travaux. On rêve à la fin de la session, au moment où l’on pourra enfin prendre du repos. Heureusement, il n’est pas nécessaire d’attendre la fin du mois d’avril pour remettre un peu d’équilibre dans notre vie! Voici donc quelques trucs que vous pourrez appliquer dès aujourd’hui pour augmenter votre niveau d’énergie :

Jessica Lavoie Chroniqueuse

1. Dormir suffisament Ça va de soi et nos parents nous le rappellent constamment, le sommeil est primordial pour être en forme. Malheureusement, lorsque le temps manque, c’est souvent le premier élément amputé. On ne devrait pourtant pas négliger son importance et ses bienfaits sur notre corps et notre tête. Après une bonne nuit de sommeil, on est plus apte à affronter une longue journée en classe.

2. Bien manger Encore une fois, tout le monde connaît la corrélation entre l’alimentation et l’énergie. Plus on mange santé, mieux on se sent. Les vitamines et les protéines jouent un rôle clé dans l’augmentation de notre niveau de productivité. Si le fast-food a parfois comme effet de nous endormir, les aliments sains nous donnent, quant à eux, une bonne dose d’énergie pour passer au travers de la journée. La fréquence des repas est également importante. Tous les nutritionnistes le disent : il faut éviter de sauter un repas. Pour avoir vécu quelques fois l’expérience, les repas qu’on ne prend pas finissent bien souvent par des collations achetées de manière compulsive et qui sont loin d’être santé.

3. Faire de l'activité physique

Personne n’est surpris de voir l’activité physique figurée dans cette liste. Le lien entre le spor t et le niveau d’énergie est indé niable. Le spor t est béné fique autant pour le corps que pour la tête. Non seulement il nous permet de faire travailler notre cœur et nos muscles, mais il augmente également la capacité de concentration et le sentiment de bien-être. La cerise sur le gâteau : il favorise le sommeil! Cer taines personnes soutiennent que les saines habitudes de vie sont une question de mathématique. Je crois qu’elles n’ont pas tor t. 1 + 1 = 2.

4. Être positif L’attitude que nous avons face à la vie joue aussi, selon moi, pour beaucoup sur notre degré d’énergie. Il me semble que lorsque nous voyons les choses du bon côté, tout est plus agréable et facile à gérer. Les émotions et les pensées positives peuvent même nous donner de l’énergie! Je suis consciente qu’il faut parfois faire un effort pour voir le positif d’une situation, mais c’est un effort qui rapporte et qui deviendra un automatisme au fil du temps.

Ces quelques conseils de base nous aideront peut-être à rester énergiques dans les semaines et les mois à venir. Nous serons alors en forme lorsque le printemps cognera enfin à nos portes!

5. S’éloigner des personnes toxiques

Je regroupe dans cette catégorie les gens négatifs, les manipulateurs et ceux qui maîtrisent l’art de tout compliquer, même les choses les plus simples. J’aimerais préciser que ce qui est toxique pour une personne ne l’est pas forcément pour une autre. Donc chaque individu classe dans cette catégorie ce qui lui convient. Bref, les personnes toxiques sont celles qui par leurs paroles, par leur attitude et parfois uniquement par leur présence contaminent notre bonne humeur et notre équilibre intérieur. Sans qu’on s’en aperçoive, les émotions négatives que provoquent en nous ces gens grugent nos batteries internes à un rythme inquiétant, ce qui peut être dévastateur à long terme. Lorsque c’est possible, il est donc préférable de garder ses distances de ces individus. Notre état d’esprit s’en portera beaucoup mieux! Photo :Pexels.com

Le conformisme consume de l'énergie Ioana Brassard Chroniqueuse J'ai eu 24 ans en septembre dernier. J'habite toujours chez mes parents, je suis célibataire et je viens de commencer un certificat en marketing. La plupart des femmes de mon âge ont acquis leur première propriété, ont eu des enfants et sont sur le marché du travail. Aux dires de certaines personnes et de la société, je suis donc mal partie dans la vie. Pourquoi ne suis-je donc pas « en voie » de réussite? À cause du conformisme. Comment s'insère le conformisme dans la société? En définissant un modèle de vie que

tout le monde devrait suivre sans se poser de questions à savoir si ça nous va. Va à l'école. Travaille. Trouve l'amour. Achète une maison. Consomme! Beaucoup de gens mettent énormément d'énergie pour se conformer à ce modèle de vie. La santé mentale étant quelque chose pour laquelle je lutte, ça me brise le cœur de voir de jeunes personnes déprimer parce qu'elles sont, par exemple, encore célibataires à 25 ans. Réussir à obtenir tout ce que j'ai nommé plus haut, ça demande beaucoup d'efforts et de temps. Bien que plusieurs finissent par y parvenir, la réalité est tout autre pour certaines personnes qui, par exemple,

ne parviennent pas à trouver un emploi. D'autres ont été oubliées par Cupidon, ou elles ont tout simplement des plans divergents dans la vie. Ceux qui en sont déprimés peuvent mettre beaucoup d'énergie à se conformer, mettant à risque leur santé mentale. Par le biais de cette chronique, je tiens à vous dire que même si vous n'atteignez pas le modèle de conformisme, vous êtes des personnes valables qui méritent le respect. Combien d'années ai-je passées à me demander si j'étais normale parce que je n'étais « pas rendue loin » dans la vie? La vie a eu d'autres plans pour vous ou

vous en avez eu d'autres, et c’est tout à fait valable. J'ai réalisé que ça se pouvait qu'on n'ait pas le contrôle sur tout. Des imprévus peuvent survenir dans la vie. La société a, selon moi, un rôle important à jouer dans la santé mentale de la population, et elle devrait commencer par cesser de mentir aux jeunes. Ça se peut que vous ayez de la difficulté à vous placer après vos études. Ça se peut que l'amour frappe tard à votre porte ou, plus rarement, qu'il ne frappe pas du tout. Ça se peut que vous préfériez acheter un condo plutôt qu'une maison ou que vous décidiez que la location vous plaît assez pour en faire une finalité. Ça se

peut que vous ne désiriez pas devenir parents. Bref, j'aimerais qu'on nous dise qu'il est normal de rencontrer des obstacles et de changer de chemin. Tout simplement. Cependant, je ne dis pas que suivre la voie proposée par la société est mal. Si c'est ce dont on a envie et qu'on peut le réaliser, alors tant mieux! Il faut seulement prendre conscience du fait qu'il existe toutes sortes d'alternatives et de routes possibles dans la vie. Si on cessait de juger ceux et celles qui choisissent de vivre autrement, et ce, quelles que soient leurs raisons, moins de gens verraient leur énergie et leur santé mentales consumées par le conformisme.


Énergie « 7

Jeudi 15 mars 2018 No 127 Journal Le Griffonnier

Alerte! Je suis débordé.e et je ne sais plus quoi faire! Marie-Ève Larrivée Chroniqueuse Le titre t’a interpellé? Tu te sens au bout du rouleau? Tu manques d’énergie pour accomplir tout ce que tes profs, tes patrons, te demandent de faire? Nous vivons dans une société où la performance devient essentielle au sentiment d’efficacité. Et si tu rajoutais le sport à ton quotidien, qu'est-ce que ça aurait comme impact? Les bienfaits apportés par le sport sont connus et ont été prouvés depuis belle lurette. J’entends déjà certains d’entre vous penser « oui, mais je n’ai pas le temps de faire du sport. » Je suis passée par là moi aussi et il n’y a pas lieu de s’inquiéter : c’est une réflexion tout à fait normale.

Mon expérience personnelle La session dernière, j’étais très impliquée dans la rédaction de mon mémoire de maîtrise, ce qui m’a amenée à être constamment devant mon ordinateur ou assise à mon bureau avec des participants. J’ai développé des problèmes au niveau musculaire qui m’ont amenée à avoir de la difficulté à marcher. J’étais tellement axée sur l’école que j’en avais oublié l’essentiel : ma santé. Paradoxalement, mon étude parle de la sédentarité. J’ai fini par aller voir en novembre dernier une physiothérapeute, ce qui m’a permis d’améliorer ma condition graduellement. En janvier, il y avait déjà eu énormément de progrès. J’ai décidé de m’inscrire à des cours de Power Yoga au pavillon sportif de l’UQAC. Je savais que ma session allait être très chargée avec les demandes au doctorat et le début des évaluations dans mon projet de recherche. Je n’arrêtais pas de lire sur le fait que le sport était bénéfique sur l’énergie et sur la manière dont le yoga et la méditation apportaient plus de concentration. Bref, sans réellement avoir d'attentes, je me suis lancée en y allant deux fois par semaine. Ce qui est

plaisant à l’UQAC, c’est qu’avoir le titre d’étudiant à temps plein nous permet d’avoir accès à une foule d’activités sportives à moindre prix. Depuis que j’ai commencé le Power Yoga, j’ai non seulement pu observer des améliorations du côté musculaire, mais également du côté de ma concentration, de mon énergie et de mes réflexes cognitifs. J’ai en effet plus de logique, mes questions sont plus réfléchies et je prends des décisions plus éclairées parce que j’ai l’énergie pour le faire.

Qu'est-ce que le sport amène concrètement? Commencer un sport quand on n’en a jamais vraiment fait peut parfois s'avérer effrayant. Se remettre au sport après une longue pause amène chez certains individus des craintes en ce qui concerne la performance. Selon plusieurs études, le sport est bénéfique non seulement pour l’énergie et la concentration, mais également pour la santé, pour la gestion du stress, pour la motivation et pour l’alimentation. L’énergie est produite par le corps selon nos habitudes de vie. Ainsi, la sédentarité amène l’ensemble des organes vitaux à créer moins de « stockage » d’énergie dans les cellules par non nécessité en terme de dépense énergétique. L’énergie est non seulement fournie par les carburants comme la nourriture, mais également par nécessité énergétique. Le corps assimile les composantes nécessaires à la distribution d’énergie selon ce qu’il doit fournir comme effort dans une journée. Lorsqu’on a besoin de plus d’énergie, le corps s’alimente par les stockages nutritionnels de glucose, de glycogène et de triglycérides. Le glucose produit de l’énergie rapidement, le glycogène (pas directement utilisable par les cellules) est formé par plusieurs molécules de glucose attachées ensemble qui approvisionnent le corps en énergie pour vingt-quatre heures (par glycogénolyse). Quant aux triglycérides, elles s’obtiennent

par les lipides et le glucose et se stockent sous forme de graisses qui alimentent le corps pour plusieurs semaines. La relation entre l’activité physique et la concentration est relativement simple à comprendre. Il semblerait que l’exercice ait un effet stimulant, antidépresseur et épanouissant, ce qui permettrait au cerveau d’augmenter la durée, l’intensité ou la complexité des tâches à effectuer. Le sport aurait un impact direct sur la chimie du cerveau. Les neurotransmetteurs et les neurohormones produites sont principalement la dopamine (l’attention, la motivation et le plaisir), la sérotonine (l’humeur, l’estime de soi, l’apprentissage) et la norépinephrine (l’éveil, l’attention, l’humeur). Le sport augmenterait également la plasticité cérébrale en renforçant les connexions synaptiques, ce qui aurait

pour effet de développer une meilleure neurogenèse et d’améliorer le métabolisme du cerveau et les fonctions vasculo-cérébrales. Comme on entend souvent, le sport protège des risques d’hypertension ou de maladies cardio-vasculaires.

Où, quoi, quand, comment? Comment choisir une activité physique qui vous convient? Tout dépend de ce qui est désiré comme type d’exercice. L’aérobie (l’endurance) permet la régénération des cellules cérébrales. Des sports comme la danse et les arts martiaux permettent de développer la coordination et le cardio. L’entrainement musculaire en salle ou en solitaire à la maison permet de développer les muscles. Les sports d’équipes sont également des possibilités pour intégrer l’as-

pect social à l’exercice. Varier les types d’exercice permet d’éviter l’ennui et de varier les plaisirs obtenus. Quand intégrer le sport dans une journée? Il est reconnu que faire de l’activité physique en début de journée augmente l’activité cérébrale, diminue l’accumulation de stress et augmente la concentration face à des situations plus complexes. Aller au sport en cours de journée permettra de mobiliser le corps et d’éviter la fatigue. Planifier des plages horaires d’entrainement, de sport ou d’activité physique permet d’apprendre à mieux s’organiser et d’éviter la sédentarité. Pour conclure, peu importe le type d’activité physique que vous choisirez d’effectuer, la meilleure sera celle qui vous procurera du plaisir du début à la fin.


OFFRE D’EMPLOI

RÉDACTEUR/RÉDACTRICE EN CHEF

Le journal étudiant de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Le Griffonnier, est présentement à la recherche d’une personne pour occuper le poste de rédacteur/rédactrice en chef.

Description du poste Le rédacteur ou la rédactrice en chef travaille sous l’autorité directe du coordonnateur et du conseil d’administration de CEUC. Son rôle est de planifier chacune des huit parutions annuelles du Griffonnier, de corriger les textes ainsi que d’entretenir des liens tant avec les journalistes bénévoles qu’avec les divers acteurs avec qui le journal fait affaire.

Principales tâches Voir au maintien d’une forte équipe rédactionnelle et veiller au recrutement de journalistes; S’assurer de la qualité du contenu journalistique; Voir à la qualité langagière du journal et à l’éthique linguistique des articles; Répondre devant le conseil d’administration d’un manquement à l’éthique journalistique; Assurer le respect des échéances des articles; Participer aux activités de promotion et de recrutement de journalistes; Planifier et animer la rencontre de production mensuelle; Toutes autres tâches reliées au poste.

Exigences et conditions de travail Être étudiant.e à l’Université du Québec à Chicoutimi pour l’année scolaire 2018-2019; Bien maîtriser la langue française au parler et à l’écrit; Scolarité : études collégiales en Techniques de communication dans les médias (Art et technologie des médias), études universitaires en communication ou l’équivalent; Statut du poste : contractuel à temps partiel; Nombre d’heures : minimum de 40 heures par mois; Salaire : à discuter.

Veuillez faire parvenir votre curriculum vitæ à l’attention de Monsieur Stéphane Boivin Par courriel : ceuc@uqac.ca En personne : Local P0-3100 Information : 418 545-5011, poste 2011 Date limite : le vendredi 13 avril 2018, 17 h



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Culture Énergie

Jeudi 15 mars 2018 No 127 Journal Le Griffonnier

Et pourtant elle tourne Emmanuel Trotobas Chroniqueur « En imaginant demain, ce qu’apparemment aucune espèce animale ne sait faire, nous avons donné valeur au présent. » -Albert Jacquard

« Énergie » : le mot magique dans Star Trek pour la téléportation. Comme quoi cela pourrait être simple de changer notre rapport au monde. Imaginez si on se faisait téléporter individuellement dans une terre étrangère, et que l’on devrait y redécouvrir son identité par la confrontation à l’autre, en constatant encore que l’identité se renouvelle. Et l’énergie de celui qui s’est ainsi déplacé? Subit-il une sorte de décalage horaire? Il serait passé d’une terre où les ressources sont limitées à un monde tout autre… Imaginez maintenant que cette téléportation soit autre : le mouvement se ferait collectivement. Où que ce soit. Nous risquerions de reproduire notre quotidien d’après nos manières de faire collectives habituelles, ancrées. Revenons-en! Divers groupes de chercheurs et de militants essaient simplement de se projeter dans un avenir prometteur malgré les données présentes qui n’annoncent rien de bon pour le monde (par exemple les deux degrés d’augmentation des changements climatiques, les indices de développement humains, la hausse des inégalités et la dégradation de l’environnement à un rythme effrayant). Avec la connaissance de leurs identités (ce qui inclut leurs valeurs, leurs idéologies, leurs comportements), ces chercheurs se permettent d’imaginer ce qui serait probable dans un avenir rapproché, avec en tête des actions concrètes qu’ils pourraient poser ensuite. On parle d’ancrage dans le

réel, si l’on reprend ce que disait Albert Jacquard. Par ailleurs, un article du Monde diplomatique nous explique que « la ‘’croissance verte’’ est un mythe si l’on postule, en accolant ces deux termes, une croissance compatible avec la finitude des ressources matérielles (combustibles fossiles, minerais, terres arables, forêts, eau...) et avec une stricte limitation des risques climatiques et autres dommages causés aux océans, à la biodiversité, etc. » Un autre chercheur de l’institut Molinari a l’air de répliquer, rappelant que les ressources ne se limitent pas aux ressources naturelles; idée pertinente, mais il faut aussi tenir compte de la créativité humaine. Mais bon, revenons encore à la nécessaire limitation de l’utilisation des ressources disponibles sur cette planète pour survivre, et au fait que nous sommes tous interreliés. Le capitalisme, avec l’idée de l’économie néolibérale, déracine les gens de leur culture, de leur terre, remodelant leur identité au détriment de la souveraineté des États et du pouvoir autonome des nations. Aujourd’hui, même faire fonctionner des énergies renouvelables suppose l’extraction de ressources rares. La question de l’empreinte écologique est toujours à l’ordre du jour. Comment imaginer une société à visage humain quand on reçoit autant de ce qui nous paraît être de la propagande issue d’une hégémonie sur laquelle je ne voudrais pas m’étendre ici? Quand on critique le néolibéralisme et qu’on rappelle la notion d’empreinte écologique, on peut être pointé du doigt en tant que réactionnaire, reven-

L'énergie du changement diquant un particularisme s’éloignant de ce que voudrait être la collectivité; mais la collectivité se redéfinit. Mais où est le bien commun, si on s’écarte ici de l’idée de propriété, priorisant celle du bienêtre collectif ? Il y a là un équilibre délicat en ce qui concerne le sens de la marche de notre humanité. La quantité d’énergie que l’on met dans un projet en vautelle la peine? Combien de glands perdus en terre avant qu’un chêne ne pousse et n’atteigne la maturité? Il en faut peu pour que la célèbre citation d’Albert Einstein « tout est relatif » soit utilisée à des fins postmodernistes où « tout se vaut bien ». La roue tourne. Cent fois sur le métier. Les civilisations se construisent sur des acquis des civilisations antérieures… Les civilisations se construisent et se remodèlent au prix de remises en question. On doit placer son énergie à la bonne place. Il y a quelques semaines paraissait un article sur l’épuisement de militants : on a beau avoir des idéaux, avec de beaux projets, il faut prendre soin de soi, trouver où et comment renouveler son énergie (physique, émotionnelle, mentale, spirituelle), se respecter, se retrouver. Comment se régénère-t-on alors que les civilisations évoluent aussi de génération en génération ? La roue continue de tourner. La Terre continue de tourner. Que l’on trouve ça plate, ou que l’on s’en émerveille.

Laura Landry Chroniqueuse Depuis le début de l’hiver, il y a un air de changement qui flotte sur notre ville et sur notre université, et ça sent bon. Les petites vagues qui portent ces changements viennent frapper nos bateaux; cependant, puisque tout le monde ne vogue pas dans le même sens, il y a certaines personnes qui n'apprécient pas ces vagues qui auront des effets qu’on le veuille ou non. On a donc deux choix : orienter sa barque dans le même sens que les autres ou redoubler d’efforts pour ramer à contre-courant.

En fin d’année 2017, la mairie de Saguenay (ou plutôt les anciens de la mairie) s’est fait brasser le sapin, il y en avait des vertes et des pas mûres qui tombaient. Un bien gros ménage s’est fait et, à première vue, c’était pour le mieux. On restait bouche bée, mais agréablement surpris d’entendre des élus au premier conseil municipal de la nouvelle administration mentionner devant l’assemblée qu’ils appréciaient avoir le droit de parole en pré-conseil, ou encore de voir défiler une parade de citoyens qui félicitaient et remerciaient la nouvelle mairesse de ses actions. Sans tergiverser plus longuement sur l’ancien maire et ses acolytes, la culture politique qui sévissait à la Ville de Saguenay était plutôt opaque et bien assise dans ses habitudes. Par ailleurs, le fait que les citoyens aient été maintenus dans l’ignorance apportait aussi un désintérêt grandissant pour la politique municipale depuis plusieurs années. Ce changement de mairie est certes un vent de fraîcheur, redonnant espoir et confiance en nos institutions démocratiques qui, à la base, ont le devoir de servir équitablement les citoyens.

Le changement d’administration apporte aussi des idées nouvelles qui se rapprochent plus des valeurs des jeunes générations; comme le développement durable, avec des concepts comme le compost et la mobilité durable. Il y avait un léger rattrapage à faire, si on se compare avec plusieurs autres villes du Québec. Heureusement, mieux vaut tard que jamais. Il y a un désir à la Ville de Saguenay d’une modernisation au plan social et environnemental et nous l’avons vu avec la collaboration qui s’est établie entre notre association étudiante et la ville afin de mettre sur pied un projet innovateur de mobilité durable. Cette énergie du changement semble aussi avoir eu des effets au sein des murs de notre université : en effet, l’acceptation du projet Accès libre par la communauté étudiante démontre une volonté de changement, de modernisation quant à notre façon de nous déplacer. Elle est un exemple montrant que nous sommes plus conscientisés à l’environnement et à la viabilité de notre ville que ce que les rumeurs populaires laissaient entendre. Les termes « collectivités viables », « villes intelligentes » et « nouvel urbanisme » ne sont plus seulement des concepts flous de grande métropole, nous nous les sommes appropriés dans notre région lointaine et semi-rurale : il y a de quoi être fiers. Chers et chères universitaires, nous sommes les citoyens de demain, ceux qui décideront de l’avenir de nos villes. Il y a une espèce de douce et positive tempête qui prend forme dans notre milieu universitaire et je m'adresse à tous les citoyens de Saguenay quand je dis : sautez sur vos planches de surf et faites partie de cette vague de changement!


Chronique linguistique Culture

Jeudi 15 mars 2018 No 127 Journal Le Griffonnier

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Localisation des jeux vidéo : est-ce une bonne chose? Jessica Normandin Chroniqueuse

Récemment, il m’a été donné de jouer à un excellent J-RPG : Persona 5. En prenant part à ce véritable chef-d’oeuvre vidéoludique, force m’a été de constater le soin apporté à la direction artistique du jeu, mais surtout le travail effectué sur la localisation du jeu, soit le processus qui consiste à adapter linguistiquement et culturellement chaque aspect d’un jeu (audio, textes, visuels, etc.) pour qu’il soit accessible à un nouveau marché. L’histoire, les personnages et l’univers étant particulièrement ancrés dans la culture japonaise, la traduction de cette pépite d'or – en anglais seulement – n’a pas dû être une mince affaire. Comme bien des jeux du même genre d’ailleurs! Seul petit regret : il n’y a aucune traduction française! C’est d’ailleurs un bémol qui aura déçu plusieurs joueurs européens, rebutés à l’idée de devoir s’arracher les cheveux avec la langue de Shakespeare. Le jeu étant écrit dans un anglais assez poussé, le joueur n’étant pas à l’aise avec l’anglais peut très rapidement se retrouver largué. Ce problème, présent dans plusieurs jeux, provoque beaucoup moins de remous au Québec. Du moins chez la clientèle adulte. Habitués aux expériences vidéoludiques exclusivement anglophones, nombre d’entre eux ont dû terminer des jeux qu’ils ne comprenaient qu’à moitié, si ce n’est pas du tout, lors de leur enfance. À l’exception de quelques rares jeux qui étaient traduits en français, le monde du jeu vidéo ne pouvait être exploré qu’en anglais pour l’enfant québécois de l’époque. Pourtant, depuis quelques années, de plus en plus de jeux débarquent

Photo : http://bit.ly/2DiQnnN

au Québec avec une traduction française. Plus précisément, grâce à une entente entre l’Office québécois de la langue française (OQLF) et l’Association canadienne du logiciel de divertissement (ESA) faite en 2007, tous les nouveaux jeux vendus pour ordinateurs et pour consoles au Québec doivent avoir une traduction française s’il en existe une quelque part dans le monde. De plus, chaque emballage et manuel de jeu devront être également traduit en français. Une bien bonne nouvelle pour les novices en anglais; cependant, ces traductions sont-elles à la hauteur?

Des yeux qui saignent Alors que certaines traductions sont d’une remarquable qualité, d’autres, en revanche, ont tenté lamentablement de s’inscrire dans notre culture québécoise, perdant ainsi toute leur crédibilité. C’est le cas de plusieurs jeux signés Nintendo, dont plusieurs Mario et plusieurs Zelda, dont un qui m’a particulièrement marqué :

The legend of Zelda Phantom Hourglass!

Évidemment, il n’est pas question de critiquer la qualité de cet opus qui est globalement bon, mais celle de sa traduction. Ayant été traduit spécialement en français pour le marché québécois, Phantom Hourglass arbore une localisation des plus douteuses. N’assumant le parler québécois que le tiers du temps, le jeu passe

constamment d’un français universel à un français typé européen pour ensuite, à l’occasion, nous sortir de nulle part une phrase en joual comme « Il fait frette » au lieu de « Il fait froid ». Et c’est sans compter les nombreux « toé » et « moé » qui parasitent constamment les séquences de dialogues, ou encore les mots auxquels on ajoute plusieurs fois une même lettre pour démontrer que le personnage est euphorique. Plu-

tôt agressant, on ne s’attend pas vraiment à un style linguistique aussi pauvre dans un jeu Zelda. Évidemment, il est bien que les joueurs québécois puissent avoir accès à des jeux traduits. Et bien sûr, certaines traductions sont excellentes. Hélas, beaucoup de jeux s’adressant à un jeune public connaissent des traductions comme celle de Phantom Hourglass. Il est

d’ailleurs important de préciser qu’il s’agit ici de traduction écrite et non pas de doublage, où le tout pourrait être plus pardonnable. Or, montrer un français écrit aussi pauvre aux jeunes est-il une bonne chose? Cela ne risque-t-il pas de les encourager à négliger leur façon d’écrire, surtout en cette ère où les réseaux sociaux nous contraignent à ne pas faire attention à notre orthographe?


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Cinéma

Jeudi 15 mars 2018 No 127 Journal Le Griffonnier

La chasse aux monstres Marc-Antoine Gilbert Chroniqueur La voûte de Netflix renferme son lot de surprises. Une série populaire comme Stranger Things, qui joue à fond la carte de la nostalgie racoleuse, peut à elle seule accaparer beaucoup d’attention. Or, on retrouve aussi, au détour d’un clic, des propositions plus nichées et audacieuses (mention spéciale à Dark, diffusé récemment). L’une de mes plus belles découvertes est sans doute Mindhunter, une série passionnante qui nous plonge dans la psyché des pires criminels. 1977, États-Unis : les forces de l’ordre sont de plus en plus confrontées à des actes odieux qui dépassent l’entendement. Le mobile de ces crimes est flou, le simple appât du gain ne suffit plus à les expliquer. Dans un tel contexte, les agents Holden Ford et Bill Tench (épaulés plus tard par la brillante Wendy Carr, excellent exemple d’un personnage féminin fort) vont faire équipe et créer une petite unité au FBI qui utilisera la psychologie comme outil d’investigation pour mieux comprendre

les comportements déviants et la pulsion meurtrière. Grandement inspiré de l’ouvrage Mindhunter : Dans la tête d’un profileur de Mark Olshaker et John E. Douglas, la série raconte les balbutiements de ce qui

serait dommage de s’arrêter à ces quelques bémols, car l’intérêt principal de cette série, ce qui la rend réellement captivante, ce sont les entretiens que les agents sont amenés à faire avec des meurtriers. Ces derniers

marge dangereuse. Les entretiens sont tendus et se transforment en joutes qui conduisent à dégager des dénominateurs communs chez ces meurtriers et à développer des techniques d’investigation efficaces.

Photo : http://bit.ly/2FxHloU

deviendra le profilage criminel et l’avènement de la notion même de « tueur en série ». Malgré la très grande qualité de l’ensemble, il faut avouer que le premier épisode est loin de constituer une entrée en matière convaincante : il y a des longueurs, des maladresses. Ce

sont des manipulateurs hors normes, gagner leur confiance n’est pas chose aisée. Toutefois, afin de décortiquer leur psyché, Ford et Tench (auxquels on s’attache rapidement) n’ont pas d’autre choix que de jouer leur jeu et d’installer une proximité avec les tueurs qu’ils interrogent. Ce faisant, ils franchissent une

On assiste à une véritable science du dialogue, tout est finement écrit et réglé au quart de tour. La réalisation très clinique, qui utilise allègrement des couleurs froides et des ambiances oppressantes, fait corps avec cette écriture ingénieuse. Il y a clairement du David Fincher là-dessous.

Mindhunter impose un rythme autre, différent en tout cas de ce qu’on pourrait retrouver ailleurs. Loin du suspense parfois contrefait que les séries policières conventionnelles distillent, avec un grand méchant à trouver d’ici la fin de l’épisode ou de la saison, Mindhunter adopte plutôt un rythme lent où il n’y a pas qu’un tueur, mais toute une galerie, ouverte et propice à la fascination. D’ailleurs, à la fin des épisodes, il n’y a que très rarement un « cliffhanger » qui cherche à stimuler artificiellement la curiosité. J’avais l’impression que j’étais en train de visionner une série qui, au lieu de me prendre pour un âne prêt à mordre à la moindre carotte, s’adressait à mon intelligence. Cette production de Netflix joue sur la fascination que peuvent exercer les tueurs en série, une corde usée, disons. L’intérêt est ici de voir lentement émerger un savoir à leur sujet, un savoir souvent pris pour acquis dans des séries comme Criminal Minds, entre autres. L’investigation qui en découle prend la forme d’une aventure psychologique qui ne peut laisser indemne celui qui s’y adonne

Le déraillement de Kenneth Branagh Le Crime de l'Orient-Express (2017) Laurie Tremblay Critique

Ceux qui sont des fans de romans policiers savent que Le Crime de l'OrientExpress, l'une des œuvres les plus célèbres d'Agatha Christie, a encore une fois été portée à l'écran. Hercule Poirot reprend du service quarante-trois ans après une première adaptation réalisée par Sidney Lumet, pour laquelle Ingrid Bergman a gagné l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Kenneth Branagh (vous vous rappelez le professeur

Gilderoy

Lockhart dans Harry Potter et la Chambre des secrets?) est celui qui a assuré la production et la réalisation du film récemment présenté sur nos grands écrans, en plus d'y jouer le rôle du célèbre détective belge. Aux côtés de certains des plus célèbres acteurs hollywoodiens (Daisy Ripley, Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Judy Dench, Penélope Cruz, Willem Dafoe et Josh Gad, pour ne nommer que ceux-là), Branagh réussit (à sa façon) à rendre justice au fameux roman.

Pour commencer, le film semble être le one-man-show de Kenneth Branagh. Malheureusement, le talent inépuisable de la distribution fabuleuse est quelque peu éclipsé par la place démesurée que prend le personnage de Poirot. Même si le film est plutôt représentatif du roman d'Agatha Christie, Branagh s'est également permis quelques libertés (par exemple, certains personnages du roman ne se retrouvent pas dans le film). Pourtant, il semble qu'il soit toutefois pos-

sible d'apprécier l'extravagance et la grossièreté de la mise en scène. L'intrigue extrêmement bien ficelée et accompagnée d'une ambiance tout à fait énigmatique nous amène à nous questionner jusqu'au bout (si, comme moi, vous n'avez jamais lu le roman, évidemment!). Les costumes caractéristiques de l'époque et la finale surprenante ne font qu'ajouter au charme de l'œuvre cinématographique. Au final, le spectateur vit une immersion

totale : il entre dans le train, rencontre les personnages aux côtés d'Hercule Poirot et mène l'enquête. Le film est donc divertissant et délicieusement étonnant, malgré le fait que nos chères vedettes hollywoodiennes soient mises au second plan.


Création littéraire « 13

Jeudi 15 mars 2018 No 127 Journal Le Griffonnier

Queue de cerise Laurie Tremblay

Dans un bar ou sous la pluie des néons rouges Accoudée à la sueur et la boisson Autour de moi dans le noir les corps qui bougent Je suis nue sous dentelle, armée de frissons La fièvre et les ondes de choc dans mes os Comme un vrai débordement électrique L’inconnu rôde sur les tuiles de mon dos J’entends sa sourde décadence ludique La queue de cerise tourne dans ma bouche Ma peau dans ma main, délicate J’ai tous les sens qui me touchent Mais la voix me dit que tu es psychopathe J’aspire à un avenir soigneux Es-tu imprudente ou bien spectatrice? Fusent les sordides questions, mais toi tu veux Confier un secret au creux de mes cuisses Photo : Pixabay.com

Sudokus Médium

Difficile


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Jeudi 15 mars 2018 No 127 Journal Le Griffonnier

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