Griffonnier128 12avril2018

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No 128 - Jeudi 12 avril 2018

3000 exemplaires - gratuit

ceuc.ca

pages 8 et 9

Dossier spécial: succès - pages 4 à 7

DE L’UNIVERSITÉ DU DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI QUÉBEC À CHICOUTIMI COOPSCO UQAC COOPSCO UQAC

IDÉES CADEAUXRENTRÉE POUR PÂQUES! COOP

Bienvenue!

L’ENDROIT IDÉAL POUR L’ACHAT DES LISTES D’ARTICLES CHOCOLAT LULU, NOUVEL ASSORTIMENT DE LIVRES ET SCOLAIRES (PRIMAIRE – SECONDAIRE) COFFRETS SUR LE–CHOCOLAT ET LE– TEMPS SUCRES ACHAT EN MAGASIN TÉL.: (418) 545-5009 FAX: (418) DES 545-8664 – COOPUQAC@UQAC.CA

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Nouvelles

Jeudi 12 avril 2018 No 128 Journal Le Griffonnier

Merci CEUC! Vincent Côté Coordonateur de CEUC

à l'importance et à la force des médias universitaires.

Depuis mon arrivée en septembre 2010, j'ai eu le plaisir et la chance de travailler avec des collègues passionnés qui ont su se démarquer et bonifier de leur touche personnelle les productions des Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi.

Je remercie spécialement toutes les journalistes et animatrices ainsi que tous les journalistes et animateurs qui ont participé avec autant d'entrain au succès des médias de CEUC. Chacune et chacun de vous êtes responsables de l’ascension de CEUC dans l’univers des médias universitaires. Sachez qu’il n'y a pas de sous-implication. Que vous écriviez un texte en trois années d'études ou participiez aux huit parutions du Griffonnier en plus d'écrire pour ceuc.ca, que vous enregistriez une capsule d'information pour CEUCRadio ou animiez une émission hebdomadaire pendant cinq années, l'essentiel c'est de participer et d'avoir du plaisir!

Je ne peux m'empêcher de penser à la mise en place du nouveau studio de CEUCRadio dans le centre social qui a été rendu possible grâce à la participation (au dévouement) de plusieurs membres du personnel de l'UQAC. En sept ans, j’ai vu CEUC s'associer à plusieurs organisations communautaires, festivals et activités culturelles de la région. Ces associations ont pu être menées à bien grâce à l’implication des participants qui ont cru

Avec le recul, je me rends compte que cette

implication permet de se démarquer. Cette implication, souvent bénévole, c’est un investissement pour l'avenir. Un placement qui nous profite deux fois. Une première joie nous habite lorsqu’on pose le geste et qu'on s'aperçoit de l'importance de cette action pour la communauté. Puis, une seconde joie se présente, un peu plus tard dans notre vie professionnelle, au moment où l'on prend conscience que ce que nous avons vécu à CEUC nous a beaucoup apporté sur le plan personnel. En conservant cette idée en tête et en gardant le cap sur vos idéaux, vous réaliserez vos rêves. J'ai toujours souhaité travailler pour Radio-Canada et aujourd'hui j'en ai la possibilité. Évidemment, je quitte CEUC avec un petit pince-

ment au coeur, mais j'ai la certitude que Le Griffonnier, CEUCRadio et ceuc.ca atteindront de nouveaux sommets grâce au dévoue-

ment de l'équipe actuellement en poste.

Noémie Simard Rédactrice en chef

étudiant.e.s de l’UQAC comme il se doit et leur ressembler. Je remercie donc le conseil d’administration des Communications étudiantes, ainsi que toute l’équipe de journalistes, sans qui Le Griffonnier n’a pas de raison d’être. Merci également à la petite équipe de CEUC, qui a apporté aide et idées afin d’amener le journal à l’endroit où il est aujourd’hui (Stéphane, Vincent, Joëlle, Jessica). Vous m’avez fait grandir autant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Finalement, merci à vous, fier lectorat du Griffonnier, pour vos commentaires et vos impressions après chaque parution. Sans vous, notre travail perdrait de son sens!

Bonjour à toutes et à tous, lecteurs/lectrices fidèles du Griffonnier! Ça fait déjà deux ans que je suis entrée à CEUC au poste de rédactrice en chef. J’ai connu une trentaine, voire une quarantaine de journalistes, j’ai dirigé un total de seize parutions. J’ai travaillé avec une formidable équipe, le cœur de CEUC. Aujourd’hui, je pars parce qu’une nouvelle étape de ma vie commence, mais je regarde ces deux années passées avec fierté et joie (comme le dirait avec entrain Vincent Côté, coordinateur). Tout ce que je peux souhaiter de plus, c’est que CEUC continue sa belle mission dans le milieu universitaire : informer les

Joie! ;~J

À bientôt, Noémie :)

Des étudiant.es roué.es de coups par une milice fasciste Adrien Guibert-Barthez Journaliste Dans la nuit du jeudi 22 mars dernier, un groupe d’environ dix à quinze hommes cagoulés, armés de bâtons, de tasers et de gants renforcés seraient entrés dans un amphithéâtre de l’Université de Montpellier, dans le sud de la France, afin de déloger les étudiants qui occupaient le lieu et tenaient une assemblée. Nombreuses sont les images de violences entre manifestants et policiers. Bien que difficile à accepter, la violence utilisée par les policiers est légale et acceptée par une majorité de la population. Là où ça choque davantage, c’est quand la violence est utilisée par un autre que l’État. Que s’est-il passé exactement ? Résumé des faits et rumeurs :

• Le 22 mars était une journée de mobilisation nationale des grandes associations étudiantes contre le « Plan Étudiants ». Les étudiant.es de la Fac de droit de Montpellier y participent localement. • En soirée, des étudiant.e.s occupent un amphithéâtre, aussi pour manifester contre le « Plan Étudiants ». • Vers minuit, un groupe d’hommes armés et cagoulés font irruption. Les étudiantes et étudiants sont frappés, bousculés, plaqués à terre et certains trainés jusqu’à l’extérieur. • Un règlement interdisant aux policiers de rentrer dans les universités sans l’accord de la direction, les policiers et pompiers présents ne sont pas rentrés pour protéger les étudiant.es.

• Trois étudiant.es partent en ambulance, certain.es ayant de graves lésions à la tête. • Le lendemain, le doyen de la faculté de droit démissionne, mais dément toute participation aux événements. Les rumeurs sont encore plus graves : • Selon les étudiant.es présent.es, le doyen lui-même aurait ouvert une porte barrée à clé pour laisser entrer le groupuscule. • Le doyen aurait été jusqu’à pointer les étudiant. es à cibler par les hommes armés. • Le doyen aurait essayé de fermer la grille sur les étudiant.es pour les empêcher de sortir.

• Un professeur de droit aurait aussi participé aux évènements. Il a avoué avoir été présent, non-cagoulé, et d'avoir donné des coups (pour se défendre dit-il). La police et le ministère de l’Éducation nationale ont ouvert une enquête, personne ne sait officiellement qui était le groupe armé. Cependant, tout laisse à croire qu’il s’agirait d’un des nombreux groupes fascistes en France. Le vieux continent est victime depuis près de vingt ans d’une montée du fascisme, avec l’apparition ou la résurgence de nombreux groupes tels que la Ligue du Midi dans le sud, l’Action Française, le Bloc Identitaire, etc. Ce n’est pas le premier affrontement entre fascistes et étudiant.es ou immigrant.es et malheureusement probablement pas le dernier.

Les tensions sont fortes alors que la France est toujours en État d’urgence et que des attentats terroristes sont commis de manière ponctuelle à travers la France. À quelques jours des événements de Montpellier, un terroriste se disant rattaché au groupe État Islamique a fait quatre morts près de Carcassonne et deux étudiantes ont été assassinées à la gare de Marseille l’automne passé. Le « Plan Étudiants » est une réforme des universités faisant l’objet de contestations, notamment sur la création de frais de scolarité dans les universités publiques (entre 60 et 150 euros en fonction du diplôme), sur la fin d’un processus d’égalité des chances dans l’acceptation aux universités et sur un durcissement de la sélection pour accéder aux universités.


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Jeudi 12 avril 2018 No 128 Journal Le Griffonnier

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Rémunération des stages : la paix à rabais Stéphane Boivin Journaliste

Le budget Leitao déposé le 27 mars compte une mesure qui attire particulièrement l’attention du mouvement étudiant québécois. Il s’agit de l’annonce d’une « compensation » financière du stage 4 en enseignement. Est-ce que cette annonce est une victoire dans la lutte pour la rémunération des stages, ou est-ce plutôt une façon de couper l’herbe sous les pieds d’une mobilisation plus globale. . Qualifié d’électoraliste par plusieurs observateurs à l’aune des élections d’octobre prochain, l’exercice budgétaire 2018-2019 concocté par le Parti libéral du Québec est à tout le moins stratégique. Les modalités de la compensation financière annoncée pour le stage 4 en enseignement restent à définir au moment d’aller sous presse. Il pourrait s’agir d’ajustements au programme de prêts et bourses, par exemple, mais pas nécessairement d’une rémunération proprement dite. En tout cas, le gouvernement annonce un investissement de 15 millions de dollars par année pour cette compensation.

Le stage 4… et les autres Lors du quatrième stage en enseignement, les étudiant. es assument en quelque sorte une pleine charge dans le système d’éducation. À l’instar de nombreux autres champs professionnels, les stagiaires jouent alors un rôle essentiel dans le fonctionnement des services publics. Plusieurs voix s’élèvent pour réclamer la reconnaissance de ce travail réel dans l’ensemble du système public, notamment par le biais de sa rémunération. La revendication de la rémunération du stage 4 en enseignement date de plus d’une décennie. On peut donc comprendre que la compensation annoncée dans le présent budget soit perçue comme une victoire par

une frange du mouvement étudiant, comme l’exprimait Simon Telles, président de l’Union étudiante du Québec (UEQ) : « Les étudiants mobilisés ont réussi à mettre de la pression. On est très heureux que les discussions des dernières semaines aient porté leurs fruits. »

Diviser pour mieux régler Or, ce discours est loin d’être unanime. Plusieurs associations étudiantes, notamment celles représentant des facultés d’enseignement, réclament une rémunération de tous les stages effectués au sein de l’appareil public. Lors de son passage à l’UQAC cet hiver, Emmanuelle Boisvert, responsable de la vie étudiante à l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’Éducation de l’UQAM (ADEESEUQAM), affirmait : « On ne pense pas qu’on mérite davantage un salaire que d’autres programmes. Peu importe le programme d’étude, on veut que tous les stages soient rémunérés, qu’on arrête d’accepter cette exploitation-là, qu’on reconnaisse que les étudiants et les étudiantes, même s’ils sont en formation, lorsqu’ils sont en stage accomplissent un travail. Ce travail-là doit être reconnu, doit être rémunéré. » Cette position a été réaffirmée le 28 mars, au lendemain du dépôt du dernier budget. Un communiqué signé par plus de 27 associations étudiantes et comités de mobilisation relatifs à la rémunération des stages répartis sur le territoire parle d’une « bien maigre avancée » plutôt que d’une victoire. « Cela a de quoi insulter une fois de plus le mouvement étudiant, qui réclame activement depuis deux ans la rémunération de tous les stages. »

Un nouveau comité à l’UQAC Parmi les signataires de ce communiqué, on retrouve le Comité pour la rémunération des stages nouvellement formé à l’UQAC ainsi que l’Association

des étudiants au baccalauréat en enseignement secondaire et professionnel (AEBESP-UQAC). Membre de cette dernière association, Haxän Bondu explique la position exprimée dans le communiqué : « C’est une porte qu’on ouvre. On comprend que pour la Campagne de revendication et d’actions interuniversitaires des étudiant-e-s d’éducation en stage (CRAIES), ce soit perçu comme une belle victoire. » Haxän Bondu croit toutefois que ce dénouement révèle un manque de solidarité envers les autres parcours professionnels. Elle souligne également que la compensation du stage 4 est encore très floue dans sa nature et qu’elle reste conditionnelle à l’élection du Parti libéral en octobre prochain. Le mouvement déplore enfin que rien de soit mentionné dans le budget à propos des normes du travail,

qui sont également un enjeu majeur puisque les stagiaires ne sont pas protégés comme des employés traditionnels.

Passe-passe La simplification inhérente aux médias et les stratégies de communication du gouvernement ont ignoré ces insatisfactions d’une très large frange du mouvement étudiant québécois. Le message d’une réponse soi-disant favorable du gouvernement aux revendications étudiantes a pu être relayé par des journalistes un peu pressés et a trouvé sa légitimation dans le discours victorieux de certaines associations. La division du mouvement étudiant autour de la rémunération des stages s’est actée au cours des derniers mois, alors que plusieurs associations s’étaient dissociées de la cam-

pagne de la CRAIES concentrée sur le stage 4 en enseignement. Peut-on penser que le gouvernement ait tablé sur cette division afin de miner la mobilisation qui se prépare pour la rémunération de tous les stages? Certainement. Mais le mouvement n’a pas dit son dernier mot, comme l’affirme le communiqué commun du 28 mars : « Face au mépris libéral, le mouvement pour la rémunération des stages poursuit sa marche vers une année 20182019 qui promet d’être riche en perturbations! (…) La Coalition montréalaise pour la rémunération des stages a adopté un mandat stipulant que, si le gouvernement refuse de satisfaire la revendication de rémunérer tous les stages, elle appellerait l’ensemble de ses associations membres à déclencher, dès l’hiver 2019, une grève générale illimitée des cours et des stages. »


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Jeudi 12 avril 2018 No 128 Journal Le Griffonnier

Effort, satisfaction et succès : un trio parfait remercie ses partenaires

« C'est dans l'effort que l'on trouve la satisfaction et non dans la réussite. » -Gandhi, Lettres à l'Ashram (1937) Photo : pixabay

puisque chaque individu possède ses forces, ses faiblesses, son vécu et ses Le succès fait partie peurs. La nature et l’inde ces termes difficiles tensité des efforts fournis à circonscrire puisqu’il diffèrent donc grandediffère d’un individu à ment d’une personne à l’autre. Néanmoins, le l’autre même dans les cas Petit Robert nous donne où les résultats sont simiune définition géné- laires. Chaque succès est rale du mot : « heureux unique et considérable, résultat (d’une décision, car il témoigne de coud’une entreprise, d’une rage et de persévérance. suite d’événements) – réussite. » Le dictionDans notre société, le naire précise qu’il s’agit succès se déploie sous du fait, pour quelqu’un, plusieurs formes : sucd’obtenir ce qu’il a cher- cès dans les études, sucché, de parvenir à un cès dans la carrière prorésultat souhaité. Cette fessionnelle, succès en définition est particuliè- affaires, succès en amour, rement intéressante, car etc. Tout le monde rêve elle soulève une notion de succès, que ce soit qui est, à mes yeux, aussi dans l’une ou l’autre de importante (sinon plus) ces sphères de la vie. que le succès lui-même : La réussite est souvent celle de l’effort. accompagnée d’un sentiment de satisfaction qui a Dans la grande majo- quelque chose de grisant, rité des situations, suc- car il est très agréable de cès et effort sont inva- voir que nos efforts ont riablement liés. La porté fruit. réussite résulte des efforts déployés, petits Toutefois, il arrive paret grands, à court et à fois que malgré notre perlong terme. En ce sens, sévérance et notre bonne on peut mesurer un suc- volonté, nos efforts ne cès par le niveau d’éner- soient pas récompensés gie qui a été déployé comme on l’aurait soupour arriver à ce résul- haité. Pour des raisons tat. La notion de réussite hors de notre contrôle, est toujours personnelle les efforts ne sont pas Jessica Lavoie Chroniqueuse

Saguenay– Lac-Saint-Jean

Les propos contenus dans chaque article n’engagent que leurs auteurs. - Dépôt légalBibliothèque Nationale du Québec Bibliothèque Nationale du Canada Le Griffonnier est publié par les Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi (CEUC).

toujours couronnés de succès. Et ça fait partie de la vie. Je pense qu’on a tous en tête des moments où l’on a donné tout ce qu’on pouvait, où l’on a fait le maximum, mais où le résultat obtenu n’était pas celui escompté. On ne s’en rend pas compte immédiatement, trop déçu ou trop en colère contre soi-même, mais ces situations nous font grandir. Avec le temps, on réalise que ces moments nous forcent à nous remettre en question, à prendre le temps de nous autoévaluer pour voir si certaines choses auraient pu être faites autrement et à lâcher prise face à des éléments hors de notre contrôle. Lorsqu’on a le sentiment qu’on a fait de notre mieux dans une situation, nous éprouvons la plupart du temps une satisfaction, et ce, peu importe le résultat. Donc ces moments nous apprennent aussi que le succès ne représente pas tout dans la vie. On réalise que l’essentiel se trouve dans le sentiment de satisfaction que l’on ressent face à nos actions. La satisfaction de soi-même est, je pense, une clé du bonheur. Oui,

la réussite est honorable, mais elle n’empêche pas certaines personnes d’être malheureuses. La preuve est que nous avons tous déjà entendu parler de personnes qui jouissent d’un immense succès, mais qui sont habitées d’un vide et d’un mal-être que rien n’arrive à combler. La notion de réussite doit alors être liée à celle de fierté, de satisfaction et de paix intérieure. Je crois qu’il faut garder en tête que le résultat d’une action, positif ou négatif, inclut bien souvent la notion d’effort et que, de ce fait, il faut toujours être satisfait et fier de soi-même. Je ne peux terminer cette chronique qui traite d’effort et de réussite sans souhaiter le meilleur des succès dans tous ses projets à Noémie Simard, la rédactrice en chef du Griffonnier. Aussi travaillante qu’attachante, Noémie a été pour moi une rédactrice en chef parfaite : celle qui écoute, accueille les nouvelles idées, conseille, mais surtout celle qui donne envie d’écrire mois après mois. Bon succès pour la suite des choses Noémie!

Nous joindre Rédactrice en chef : Noémie Simard

Collaborateurs :

Graphiste : Joëlle Gobeil

Stéphane Boivin Ioana Brassard Vincent Côté Marc-Antroine Gilbert Adrien Guibert-Barthez

Coordonnateur : Vincent Côté

Courriel : redactionceuc@uqac.ca Téléphone : 418 545-5011 #2011 Télécopieur : 418 545-5400 /ceuc.ca

@ceuc_ca

ceuc.ca

Publicité : Christian Tremblay Correction : Noémie Simard

Marie-Ève Larrivée Jessica Lavoie Jessica Normandin Jessica Roy-Vachon Emmanuel Trotobas

Image à la une : http://bit.ly/2G87vQd

Prochaine parution : Jeudi 30 août 2018 Tombée des textes : Vendredi 17 août 2018, 17 h Tombée publicitaire : Lundi 20 août 2018, 17 h Impression : Imprimerie Le Progrès du Saguenay Tirage : 3 000 exemplaires


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Jeudi 12 avril 2018 No 128 Journal Le Griffonnier

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Le municipalisme : avoir le pouvoir de nos villes Jessica Normandin Journaliste

Qu’est-ce que le municipalisme?

Le 21 mars dernier s’est tenue une conférence à l’Érudit Café ayant pour titre « Le municipalisme en région : vers une nouvelle démocratie territoriale » organisée par le Groupe de recherche et d’intervention régionales (GRIR). Celle-ci avait pour invités Jonathan Durand Folco, professeur en philosophie à l’Université Saint-Paul et auteur du livre À nous la ville ainsi que Julie Dufour, conseillère municipale dans la ville de Saguenay. Cette conférence aura été l’occasion d’ouvrir une discussion sur la question du municipalisme en région. Est-ce que le municipalisme est possible au Québec, mais surtout, qu’est-ce que cela apporte aux citoyens?

Le municipalisme est un mouvement politique qui encourage les citoyens à être plus proches des décisions prises par leur municipalité. Le but de tout cela est de redonner un maximum de pouvoir aux citoyens, afin qu’ils puissent eux-mêmes être des acteurs importants des changements qui les concernent. Avec le municipalisme, on vise également une décentralisation du pouvoir. Bien que peu présent au Québec, ce mouvement prend de plus en plus d’importance en Europe et aux États-Unis. D’ailleurs, le professeur a cité en exemple lors de la conférence San Francisco et Chicago, qui se

sont fermement opposés à des décrets du président Trump et ont même proposé des solutions alternatives. Il nous apprend par ailleurs que du côté de l’Europe, il y a les autorités de la ville de Bruxelles qui ont accepté d’accueillir des réfugiés malgré l’interdiction du gouvernement.

Embûche au succès Également, Jonathan Durand Folco a expliqué divers éléments qui peuvent semer des embûches au municipalisme. La première barrière rencontrée serait le fait que les villes ne possèdent pas tous les droits. Bien que le projet de loi 122 (qui vise à reconnaître que les municipalités sont des gou-

vernements de proximité, augmentant ainsi leur autonomie et leurs pouvoirs) soit désormais en vigueur, certains aspects politiques ne relèvent pas du municipal. Ici, nous pensons notamment à l’éducation, à la santé ou à l’armée. Selon Jonathan Durand Folco, les villes auraient tout intérêt à se tenir debout, voire former un réseau entre les différentes villes, une « coalition de ville rebelle ». Le professeur souligne également le fait que les villes sont dépendantes des taxes foncières lorsqu’il y a des coupures. Par ailleurs L’un des plus gros obstacles reste la participation des citoyens. Pour qu’une ville puisse s’autogérer, l’implication citoyenne doit être mise à profit. Hélas, lors

des conseils de villes, on ne retrouve que très peu de citoyens; ce sont toujours les quelques mêmes personnes qui y assistent. Pourtant, comme le souligne le professeur, participer à la gestion de la ville accroît grandement le sentiment d’appartenance que l’on a pour celle-ci, ce qui rend le municipalisme grandement bénéfique pour le citoyen. Selon le conférencier, ce mouvement pourrait être possible au Québec si les villes mettent en place des budgets participatifs, comme l’a déjà expérimenté la ville de Saint-Basile-leGrand. De plus, certaines municipalités comme SaintCamille cogèrent leur ville en collaborant avec leurs citoyens.

Les différentes visions du succès Emmanuel Trotobas Chroniqueur

Les informations que j'ai recueillies ici et là sur le sujet du succès montrent qu'il y a plusieurs façons différentes de le percevoir. Si l'on prend l'approche de Ralph Waldo Emerson, selon lequel réussir sa vie semble prendre un angle holistique – c'est-à-dire qu'on peut réussir sa vie en riant souvent, sans restriction, en s’attirant le respect de gens intelligents, en sachant recevoir la critique, en voyant la beauté en soi et autour de soi, etc. – , on remarque être très loin de la conception selon laquelle le succès n'est que professionnel, soit qu'il est marqué par la réussite d'une carrière (ou d'examens pour les étudiantes et les étudiants). Par ailleurs, les examens arrivent bientôt et pour ceci il serait bien conseillé, outre s'imposer une bonne routine (manger sainement, boire beaucoup d'eau et bien dormir notamment), d'instaurer une pratique médi-

tative dans nos vies, qui peut facilement s'appliquer de façon extra scolaire et se continuer après la session, car tout dépend du point d'attention, du but que l'on se fixe… Jon Kabat-Zinn, professeur de médecine émérite à l'université du Massachusetts, docteur en biologie moléculaire, a fait connaître la méditation laïque, dite « de pleine conscience » (MBSR : réduction du stress par la pleine conscience) et l’a fait propager jusque dans les écoles de plusieurs pays, comme au Canada. En France, l’Éducation nationale fait de la résistance. Pourtant cette technique de méditation permet d’améliorer le bien-être et les performances scolaires des étudiantes et des étudiants, justement au temps où le mot « échec » a une connotation négative dans notre société. Le message véhiculé est qu’il faut être performant. Le manque d’entreprise personnelle provient en grande partie de notre crainte de ne pas réussir. Ne faut-il pas s’entraîner à être heureux?

Ou plutôt devons-nous être conscients de notre bonheur?

Pensons au concept de l'ikigaï : « Le mot japonais Ikigaï, qui peut être traduit par ‘’la raison d'être d'une personne’’, correspond au fait d'avoir un idéal de vie compatible avec le travail. » J’ai entendu le terme « hicks », ou l’expression « à la bonne place au bon moment » (en terme plus « occidental »), pour parler de ceux qui ont eu une opportunité de carrière. Le problème avec cette pensée de l’ikigaï est que, finalement, ce serait un luxe si tout le monde pouvait se permettre d’arranger ainsi sa vie en joignant sa passion à sa rémunération puis à ce dont le monde a besoin. Mais ce qui me semble le plus important est le fait d’orienter son quotidien dans un équilibre spirituel, ou encore d’équilibrer son quo-

Photo https://bit.ly/2EnD8To :

tidien. On peut alors discerner le sentiment de réussite dans son for intérieur, sentiment d’accomplissement où l’on s’épanouit, que ce soit par la réussite des examens ou par la réussite d’une carrière, comme dans Le Blues du businessman de Luc Plamondon. Ainsi, tout ceci nous fait revenir à une signification plus globale : réussir sa vie, même si cela nécessite des essais et des erreurs. On peut bien souvent entendre d’ailleurs que réussir sa vie n’est pas la même chose que réussir dans la vie. Comme le dit la chanson : il est où le bonheur? Les critères de

développement humain se sont diversifiés à juste titre. L’OCDE reconnaît maintenant le Bonheur Intérieur Brut. Si vous regardez le tableau de l’Indicateur du Développement Humain, vous constaterez que les pays au plus fort PIB ne sont pas forcément les mêmes que ceux au plus fort IDH. Et comme le dit Jiddu Krishnamurti, philosophe d’origine indienne : « Ce n’est pas un signe de bonne santé que d’être bien adapté à une société profondément malade.


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Jeudi 12 avril 2018 No 128 Journal Le Griffonnier

À chacun son Everest Ioana Brassard Chroniqueuse

Comment définit-on le succès? Pour plusieurs personnes, le succès se résume à avoir un bon emploi, à trouver l'amour et à avoir des enfants. Ça me fait penser un peu au rêve américain. Comme je le disais dans ma dernière chronique, c'est souvent la voie qui sera empruntée par la majorité des personnes que vous connaissez et côtoyez. Et si l'on voyait la définition du succès autrement? Je pense que chaque personne vient au monde pour avoir du succès dans quelque chose. Certains auront des succès plus fous, selon leurs convenances et leurs envies. Entre autres, je pense aux alpinistes qui font l'ascension du mont Everest, le plus haut sommet du monde culminant

à 8848 mètres au-dessus du niveau de la mer. Je n'ai pas de difficulté à croire que lorsqu'on arrive au sommet, le sentiment de succès doit être intense. Je me sens très fière lorsque j'atteins les sommets des MontsValin, imaginez donc l'Everest! J'ai écouté dernièrement la conférence de Gabriel Filippi s’intitulant « S'élever plus haut que l'Everest ». Ça m'a fait penser qu'on a tous notre Everest personnel. Pour certaines personnes, ce sera de surmonter leur timidité, de survivre à des événements traumatisants, d'obtenir un emploi, ou encore de terminer leur secondaire. On a beaucoup tendance à hiérarchiser les succès. Pour beaucoup de gens, avoir juste un cinquième secondaire, ce n'est pas très glorieux. Il faut cependant penser que si la personne a beaucoup de difficulté à l'école, ça doit être tout un succès. Dans mon cas, j'ai

une santé mentale très fragile. J'ai commencé à faire des randonnées en montagne dans les Monts-Valin et, lorsque j'arrive au sommet d'un nouveau pic aux deux semaines, ça a un effet positif considérable sur ma santé mentale. La santé mentale étant une cause qui me tient à cœur, je n'ai pas de difficulté à comparer le fait de se relever avec l'ascension d'une montagne. Il y a beaucoup d'obstacles et on doit arriver au sommet. Se relever d'une dépression, peu importe sa nature, c'est un succès pour la personne qui en souffre.

Avec l'actualité, je pense aux personnes en situation de déficience intellectuelle qui ont été remerciées par Walmart hier. Le programme qui leur permettait de s'intégrer au travail a connu une fin abrupte. Ces personnes ont vu leur succès, soit de s'intégrer au monde du travail, leur être enlevé. Imaginez être une personne qui a grandi dans une société qui lui enseigne qu'il est un fardeau et qui se fait enlever brusquement quelque chose qui lui prouve le contraire. On trouve tous un emploi un jour. C'est normal pour nous. Mais pour les personnes qui étaient dans

ce programme, c'était leur mont Everest. Ceci étant dit, je vous exhorte fortement à ne pas baisser les bras devant votre mont Everest. Ils ne font pas tous 8848 mètres, mais lorsque vous l'aurez vaincu, vous aurez toutes les bonnes raisons de célébrer. Il est plus que temps de cesser de se mentir et de se dire que tout le monde naît avec des difficultés qui les attendent. Dire la vérité aidera les plus jeunes à se préparer aux aléas de la vie. Leur dire qu'on sera leur partenaire d'ascension les aidera encore plus!

De quoi avons-nous besoin pour être heureux? Marie-Ève Larrivée Chroniqueuse Dans la société actuelle, la réussite scolaire est vue comme un gage d’avenir, de succès futur et d’une belle vie. La pression sociale est énormément axée sur le succès et la performance. Que l’on soit étudiant.e ou travailleur.euse, les croyances sont les mêmes : il faut réussir pour être heureux. Toutefois, lorsqu’on regarde les études qui ont été menées jusqu'aujourd'hui, on remarque que la réussite scolaire n’est pas considérée comme nécessaire à la satisfaction qu'a une personne de sa vie. Selon la théorie de l’autodétermination, on parle plutôt de trois besoins bien précis pouvant mener à une « belle » vie lorsqu'ils sont comblés : le besoin de se sentir compétent, le besoin d’autonomie et le besoin d’avoir des relations satisfaisantes avec autrui. Afin de réussir adéquatement, il faut aussi trou-

ver sa source de motivation. Il y en a deux qui existent, la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque.

1. La compétence Le sentiment de compétence se définit dans la littérature comme l’interaction efficace avec l’environnement et le sentiment de compétence en interaction. La fin du trimestre approche et nombreux sont ceux qui gradueront ce printemps. Malgré le diplôme universitaire, il est possible que l’emploi convoité ne soit toujours pas accessible. Il a été largement démontré que le sentiment de compétence s’obtient non seulement sur le plan de la réussite scolaire, mais également sur le plan des relations interpersonnelles, des tâches quotidiennes, des loisirs, etc.

2. L'autonomie Le besoin d’autonomie réfère à l’impression d’adéquation entre le soi et les choix

effectués, donc en quelque sorte d’être en contrôle de son comportement. « En quoi suis-je autonome si je ne travaille pas après avoir passé trois ans au baccalauréat? » vous demanderez-vous peut-être. Et bien vous l'êtes, autonome, et ce dans pratiquement tout. Vous réussissez à vous nourrir, vous avez une hygiène de vie et, par-dessus tout, vous avez fait votre baccalauréat seul. Personne d’autre que vous n’était devant vos examens. Vous seul avez réussi à accomplir ce que vous avez accompli. Vous êtes à l’origine, à la source de vos actions. Vous êtes donc autonome.

3. Les relations Et les besoins de relations… qu'est-ce que c'est? Il s’agit de la qualité des relations interpersonnelles et le sentiment de proximité avec les groupes d’appartenance qui vous sont importants. Plus simplement, ce sont les moments de détente que vous vous accordez avec vos amis ou avec

votre famille, ou encore c'est la courtoisie que vous avez eue en aidant l’homme en fauteuil roulant à entrer dans l’université. Le besoin de relations se définit donc par le sentiment de connexion avec les autres, par le support qu’ils nous apportent et par l’appartenance sociale que cela crée. Une analyse longitudinale a démontré que le soutien social prédit le bonheur global et que les événements positifs de la vie prédisent la satisfaction de vivre. Malgré toutes les difficultés rencontrées au quotidien, c’est pourquoi il est important de conserver des relations avec nos pairs et d’entretenir des liens sociaux. Même lorsque nous sommes très débordés, il est important de continuer d’être diverti par nos amis, par notre famille et par notre environnement social. Le pire gage d’échec est l’isolement. Sur le plan mental, rien n’est plus dommageable. Il a été démontré que le bonheur s’atteint seulement après des moments difficiles.

Être heureux dépend de votre façon d'affronter la vie, c'està-dire les moments négatifs comme les moments de gratification. Nous désirons constamment complexifier ce qui ne devrait pas l’être. Pour être heureux, vous n’avez pas besoin d’obtenir un emploi directement après la fin de vos études, vous n’avez pas besoin d’être fixé immédiatement, tout comme vous n’avez pas besoin de la dernière technologie à la mode pour l’être. Leonardo Da Vinci disait que la simplicité était la sophistication ultime. Nous avons des besoins biologiques qui forment nos façons de percevoir le monde, bien que les limites peuvent varier d’un individu à l’autre. La meilleure façon d’être heureux, c'est accepter d’être gratifié pour ce que nous accomplissons, accepter d’avoir des pauses et de prendre du temps pour nous et, finalement, accepter que nos apprentissages nous aient rendus autonomes et compétents.


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Jeudi 12 avril 2018 No 128 Journal Le Griffonnier

Quel type de motivation est gage de succès? Marie-Ève Larrivée Chroniqueuse

De nombreuses études ont été faites sur tous types de populations afin de déterminer ce qui cause, par exemple, les décrochages scolaires : en effet, qu’est-ce qui fait en sorte que l’être humain a tendance à se démotiver aussi facilement? Selon la théorie de l’autodétermination, il existe trois types de motivations : l’amotivation, la motivation extrinsèque et la motivation intrinsèque. L’amotivation Il s’agit de l’absence de motivation, autant extrinsèque qu’intrinsèque. Il s’agit en quelque sorte du facteur démotivant qui, lorsqu’entretenu, entraîne des actions qui sont effectuées avec un sentiment d’incompétence et de manque de contrôle, ce qui brime la satisfaction des besoins psychologiques de base chez l’être humain. Par conséquent, l’individu qui n’attribue pas d’importance à ses activités et qui n’espère pas de résultats n’engagera pas le comportement nécessaire au développement de la compétence individuelle dans l’activité. En somme, il s’agit d’un manque de volonté d’agir. C’est le cas par exemple d’un étudiant qui aurait été inscrit par ses parents dans un programme des sciences pures alors qu’il a toujours voulu être musicien. Inconsciemment, il démontrera à ses parents son amotivation en obtenant des résultats scolaires qui ne sont pas représentatifs de ses capacités cognitives.

tion extrinsèque va entreprendre une activité afin de répondre à un besoin extérieur à lui-même. En effet, cet individu entreprendra une action afin d’obtenir des récompenses ou afin d’éviter des punitions. Prenons par exemple un individu présentant un surpoids important et qui, sous les recommandations du médecin, devrait perdre du poids afin d’éliminer son cholestérol, son diabète ou tout simplement afin d’améliorer sa capacité cardiovasculaire. La motivation externe (le médecin) amène l’individu à perdre du poids afin d’éviter la punition (la crise cardiaque, l’hypercholestérolémie, etc.) ou afin d’être récompensé (réduction des risques de crise cardiaque, niveau de cholestérol standard, pas de diabète, etc.). De plus, il est important de spécifier qu’en cas de motivation extrinsèque, l’individu ne dégage pas forcément de plaisir dans la pratique de l’activité (ou action) qu’il est poussé à accomplir, car elle sera principalement menée par la pression externe. Cette sorte de motivation devient la source de motivation la plus pure de la motivation extrinsèque puisqu’elle provient de buts extrinsèques centrés sur des facteurs externes de valorisation qui permettent aux individus de contrôler davantage leurs actions. La motivation intrinsèque

Elle se définit principalement par l’intérêt que porte l’individu face à l’activité qu’il réalise. Il doit minimalement la trouver intéressante et obtenir un certain niveau de satisfaction ou de plaiLa motivation sir en l’effectuant. L’actiextrinsèque vité à elle seule devient une source de gratificaSimplement, l’individu tion. On observe cette qui présente une motiva- motivation lorsqu’un

individu va être curieux, va avoir envie d’explorer davantage sur le même sujet ou va viser de nouveaux défis toujours plus grands en lien avec cette activité. En résumé, l’activité doit partir d’un intérêt interne pour celui qui la pratique. Elle doit donc être effectuée de plein gré et constituer à elle seule une récompense. Le savoir, l’accomplissement et la stimulation seraient des reflets de la motivation intrinsèque.

lassante après un certain temps puisque la source provient de l’extérieur. Par exemple, comparons quelqu’un qui commence son baccalauréat parce que ses parents désirent que leur enfant obtienne un diplôme universitaire avec un étudiant qui a toujours rêvé de devenir neuropsychologue. Ils ont tous les deux les mêmes chances de réussites scolaires; toutefois, celui qui en rêve depuis toujours va certainement être plus persistant sur Vous l’aurez peut-être le long terme que celui deviné, ce type de motiva- qui a été poussé par ses tion est celui qui obtient parents, et ce, notamment le plus grand succès, dans le cas où tous deux principalement puisque ne seraient pas admis aux les individus pratiquent cycles supérieurs. Dans leurs activités par intérêt, une telle situation, le refus par curiosité et pour eux- ne serait pas vécu de la mêmes. La motivation même façon puisque la extrinsèque peut devenir motivation intrinsèque

est la meilleure source de motivation pour un projet qui s’étale sur une longue période de temps, favorisant notamment le sentiment de compétence, l’autonomie et le sentiment d’être liés aux pairs. En conclusion, choisir un métier en fonction de ce que nous aimons prend tout son sens avec cette explication des motivations. En poursuivant nos études tout en ayant une motivation intrinsèque, nous augmentons la satisfaction des besoins psychologiques fondamentaux de base, ce qui nous rend plus prêts à faire face à nos objectifs. Restons en contact avec nos motivations profondes, car elles sont le plus grand gage de succès.




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Culture Cinéma

Jeudi 12 avril 2018 No 128 Journal Le Griffonnier

La Bolduc : rencontre avec une femme d’exception Jessica Roy-Vachon Journaliste

Le nouveau film de François Bouvier, La Bolduc, sortait en salle le 6 avril dernier. On y raconte l’histoire d’une femme ordinaire, à la fois épouse et mère de famille qui devient par nécessité une chanteuse aimée et adulée par son public. Femme forte, Mary Travers devient alors La Bolduc. Vivant à une époque difficile, où l’Église est omniprésente et où la femme doit rester à la maison, La Bolduc est vite confrontée à la triste réalité de sa société. Son mari ayant perdu son travail, elle doit trouver un moyen de nourrir sa famille; c’est donc ainsi que, tranquillement, elle commence à jouer de la musique lors de soirées dansantes. Elle finit par se faire remarquer par un producteur et commence à écrire ses propres chansons, pour lesquelles elle s’inspire de sa vie et de ce qui se passe autour d’elle. À une époque où le travail se fait rare et où la femme commence peu à peu à s’émanciper, La Bolduc vient laisser sa trace dans le cœur des gens, mais aussi dans notre histoire. Interprétée par la comédienne Debbie Lynch-White, le personnage de La Bolduc est incroyable par sa force intérieure et par son courage face à l’adversité. Quant au film en général, il est excellent : les chansons sont bien interprétées et les comédiens et comédiennes jouent leur rôle avec brio. On ressent même le plaisir qu’ils ont à jouer leur rôle!

CEUC a rencontré les comédiennes Debbie Lynch-White (La Bolduc) et Laurence Deschênes (la fille de La Bolduc), ainsi que le réalisateur François Bouvier afin d’obtenir plus de détails sur la production du film. Voici donc quelques questions/réponses qui répondront sûrement à plusieurs de vos interrogations! CEUC Se prépare-t-on différemment pour jouer un personnage qui a réellement existé ? Debbie Lynch White Honnêtement, personnellement, je dirais que c’est sensiblement le même travail, mais l’avantage avec un personnage réel c’est que j’ai plus de matériaux, plus de références. Je peux écouter sa musique (évidemment j’ai écouté sa musique), j’ai rencontré sa fille Fernande qui m’a parlé d’elle, j’ai lu sur elle, je suis allée à Newport visiter le musée; j’ai donc pu recueillir plein d’informations qui m’ont nourrie énormément, au lieu de juste partir de zéro. Et il y a la vision du réalisateur, le scénario. Alors que quand on crée un personnage fictif, on part de tous les indices que le scénario nous donne, de la vision du réalisateur, de comment il va nous diriger, qu’est-ce qu’il a envie de donner comme couleur au personnage. CEUC Comment en êtes-vous venue à jouer La Bolduc ? D.L.-W. En fait, j’allais auditionner pour un petit rôle dans un film, chez Lucie

D.L.-W. Robitaille qui est l’agente Au début, oui, il y avait de casting, et juste avant mon audition elle me dit : un petit vertige, quand « Viens me voir après, j’ai même. Je me demandais : des chansons à te donner, « par où je prends ça? Par j’ai une grosse audition quel bord je rentre dans pour toi qui s’en vient, La cette madame-là, dans Bolduc, le film sur sa vie. » cette histoire-là? » Et très Et là je fais « Oh my god », vite, ce qui m’a beaucoup c’est à moi cette affaire-là. rassuré, c’est François, le C’est pour moi! Évidem- réalisateur, qui m’a dit : ment, le petit rôle, je ne l’ai « C’est notre interprétapas eu, tu devineras que je tion de La Bolduc. Faut pas n’étais pas là mentalement. essayer de jouer La Bolduc. Elle me donne les choses à La Bolduc y en a une pis préparer pour l’audition, ça adonne que c’est pas je suis allé à l’audition et nous! » Moi tout ce que je là je me demandais qui pouvais faire, c’était jouer d’autre pourrait audition- MA Bolduc et La Bolduc que ner pour ça, on se connait François et que Frédéric, le pas mal tous entre nous. scénariste, voulaient raconFinalement je suis allé ter. On a assumé que c’était auditionner, je ne connais- notre interprétation de La sais pas François Bouvier, Bolduc. On se questionnait le réalisateur. L’audition a sur plein de choses, sur l’acduré deux heures, ce qui cent par exemple : dans ses est très long pour une chansons elle a un accent, audition : d’habitude, ça quand elle parle, elle doit dure quinze minutes à peu en avoir un, en fait elle près. Quand j’ai su que roule ses « r » quand elle j’avais le rôle quelques parle, etc. Ce sont tous des semaines plus tard, j’ai choix artistiques qu’on a dû su aussi que j’avais été la faire. seule à auditionner. Donc, ils m’avaient dans la mire, CEUC mais ils voulaient quand Les chansons de La même me tester pour voir Bolduc ont-elles constitué si j’avais les reins assez un défi d'interprétation? solides pour un rôle de cette envergure. D.L.-W. Oui! C’est sûr que c’était CEUC un défi, à cause de la turEst-ce intimidant d’in- lute évidemment. Je n’avais terpréter une si grande jamais turluté avant. Donc, femme ? à ce niveau-là, ça a été un

défi. Aussi au niveau du souffle, ça je n’en ai pas parlé souvent, mais La Bolduc avait une longueur (c’est très technique), elle avait une longueur de souffle incroyable, elle avait un coffre incroyable, mais naturel. Non seulement j’ai travaillé ça, mais il y a des chansons comme

Le bouton sur le bout de la langue dans lesquelles il y a des endroits précis où je dois respirer, et si j’oublie de prendre mon souffle, je ne me rends pas au bout de la phrase.

L.D. J’avais des pièces de piano à apprendre, parce que même si les morceaux étaient déjà enregistrés, j’essayais de les apprendre pour ne pas faire n’importe quoi à l’écran. Donc, ma préparation s’est faite plus en piano.

CEUC Un peu plus tôt, vous disiez que votre rôle consistait à jouer une fille très mature pour son âge et que vous vous reconnaissiez en elle. CEUC s’est également On dit souvent que les entretenu avec la jeune enfants qui commencent Laurence Deschênes, qui à faire de la télévision tôt interprète la fille de La Bolduc. acquièrent rapidement une certaine maturité CEUC parce qu’ils se retrouvent Pourquoi avoir décidé dans un milieu d’adultes. d’interpréter la fille de La Est-ce que vous croyez Bolduc ? que ça vous a aidé pour votre rôle d’avoir comLaurence Deschênes mencé si tôt à côtoyer le Denise Bolduc est vrai- milieu artistique? ment une petite fille très allumée et très ouverte L.D. d’esprit qui admire sa mère, Je pense que oui, qui voulait la suivre, partir parce que dans le monde avec elle en tournée, écrire du cinéma, bien que tu des chansons avec elle. n’es pas laissé à toi-même, C’est une petite fille avec il faut tout de même que une très grande maturité tu sois à ton affaire pour déjà et je trouvais qu’elle apprendre tes textes et était un peu comme moi. être à l’heure. C’est sûr que tu développes une matuCEUC rité et je pense que ça m’a Comment vous êtes- aidé parce que je fais ça vous préparée pour ce rôle ? depuis que j’ai sept ans.


Cinéma Culture

Jeudi 12 avril 2018 No 128 Journal Le Griffonnier chanteuse, on ne fait pas un film sur une chanteuse qui était aussi mère de famille et épouse. » Alors, on a voulu représenter le personnage de cette femme-là, au quotidien avec son mari et avec ses enfants dans un cadre historique bien précis. Évidemment, c’était une époque aux temps durs, c’était la crise, caractérisée par l’oppression du clergé et par la montée du féminisme avec madame Thérèse Casgrain. Alors en s’appuyant sur ce que vivent ces personnages à cette période-là, on est dans l’émotion : on construit un film sur une histoire à raconter, avec des personnages qui éprouvent des émotions. CEUC Sur le plan des costumes et des décors, avec qui avez-vous travaillé?

Finalement, CEUC a pu également poser réalisateur du film, François Bouvier. CEUC Pourquoi avez-vous décidé de réaliser un film sur La Bolduc? Francois Bouvier D’une part, ce n’est pas moi qui l’ai décidé, mais quand on me l’a proposé, j’étais en tournage avec André Rouleau, je faisais le film Paul à Québec. André Rouleau avait deux nouvelles à m’annoncer, une mauvaise et une bonne. Il m’a donné la bonne en premier : on me proposait de faire le film sur La Bolduc. Mais moi, il y a plusieurs années, je m’étais posé la

question suivante : « Si je fais un film sur un personnage historique un jour, ce sera sur qui? » Et là je me disais que j’aimerais bien en faire un sur Maurice Richard, mais quelques années plus tard le film s’est fait, alors j’ai mis une croix là-dessus. J’avais eu la même idée pour Louis Cyr, mais le film s’est fait aussi, j’ai donc dû faire une croix là-dessus aussi; mais il y avait en plus La Bolduc, qui est pour moi un personnage incontournable, une femme d’exception. Quand André m’a proposé ça, je me suis dit : « My god, ça fait par-

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un travail colossal. C’est titanesque ce qu’ils ont fait. Parce qu’on travaille quand même sur trois décennies, alors les costumes d’une décennie ne sont pas les mêmes que l’autre, même chose pour les coiffures. Il y a un travail de recherche extraordinaire et une application de cette recherche dans ce que les gens ont créé. En ce qui concerne les décors, on avait des archives qui nous montraient le Montréal de ces années-là, sauf que ça n’existe plus. Même si on trouve des maisons qui ont été construites dans les années 20, il n’ya pas une fenêtre qui est restée pareille, et les balconse sont différents car ils sont en plastique et plus en bois. Certains décors intérieurs ont été refaits, ont été construits. Quand on a fait les extérieurs, on a eu recours à une équipe des effets spéciaux CGI. Le tramway qui passe, c’est des effets spéciaux, il n’existe pas. Il y a un gros, gros travail de création, et ensuite, il y a le travail d’effacer,c’està-dire que si on travaillait sur une rue et qu’on voyait une coupole, il fallait tout effacer. Alors toutes ces équipes-là font un travail immense.

F.B. Avec une gang extraordinaire. Les décors, c’était avec Normand Sarrazin, un grand directeur artistique qui avait commencé la production avec nous et qui avait fait toute la préparation et la préproduction deux semaines. Il a quitté (et ça, c’est malheureux) parce qu’il avait un mal de dos épouvantable, puis j’ai appris qu’il était Photo : www.imdb.com/title/tt6768558/ décédé. C’est Raymond La Bolduc est présenteDupuis qui a pris la relève. ment en salle dans les cinéquelques questions au Tous les départements mas près de chez vous. artistiquessont composés de gens qui ont fait Bon cinéma! tie de mon top trois. » Bizarrement, quand on a proposé le projet aux institutions qui financent, on a appris qu’il y avait deux autres projets de film pour La Bolduc. Et c’est le nôtre qui a été choisi. CEUC Est-ce difficile de réaliser un film sur une femme comme La Bolduc? F.B. Tous les films sont difficiles à faire, mais moi je disais toujours à Debbie : « On fait un film sur une mère de famille, une épouse qui est devenue

Photo : https://bit.ly/2EobFkg


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Chronique

Jeudi 12 avril 2018 No 128 Journal Le Griffonnier

Parce que nous sommes plusieurs Marc-Antoine Gilbert Chroniqueur

La démarche de Pierre Bayard dans son dernier livre L’Énigme Tolstoïevski a de quoi faire sourciller. En considérant comme un seul et même auteur les deux mastodontes de la littérature russe du XIXe siècle que sont Léon Tolstoï et Fiodor Dostoïevski, l’écrivain français s’emploie à éclairer la complexité psychique des protagonistes chez ces deux romanciers, fusionnant ainsi le corpus de l’un et de l’autre. La psychanalyse et la psychologie sont ici convoquées afin d’expliquer les brusques changements de comportements et les sentiments contradictoires qui animent les personnages de ce Tolstoïevski. La thèse qui traverse le livre est sur-

BAYARD, Pierre. L’Énigme Tolstoïevski, Paris, Les Éditions de Minuit, 2017, 166 p. (coll. « Paradoxe »).

prenante : c’est seulement en admettant que ses personnages habitent des personnalités multiples — une condition psychologique bien réelle — que la déconcertante pluralité de leurs actions et de leurs pensées contradictoires peut vraiment se comprendre. La littérature « dispose de moyens privilégiés »

pour « mettre en scène les manifestations » de nos « divisions internes », ce qui nous conduit à réfléchir sur les « actes qui ne semblent pas commis par nous-mêmes mais par d’autres êtres logés en nous. » Bayard ajoute : « Si nous admettons que nous sommes plusieurs à l’intérieur d’un même corps qui nous donne l’illusion d’être unique nos comportements les plus singuliers s’expliquent plus aisément. » La ruse de Pierre Bayard est telle qu’un lecteur mal informé disposant de connaissances littéraires lacunaires pourrait légitimement croire à l’existence de ce LéonFiodor Tolstoïevski. Au lieu de se contenter d’une étude comparative, Bayard fusionne deux écrivains et donne à son ouvrage théo-

rique une tournure originale. On peut cependant regretter la facture académique plutôt classique du livre. Cela dit, il s’agit d’une contrainte présente à dessein, car elle soutient efficacement la crédibilité et la vraisemblance recherchées par l’auteur. Habituellement, l’étude d’un texte littéraire n’a rien d’ésotérique : on lit le texte en question et on l’analyse selon un certain point de vue, en utilisant des outils théoriques divers tels que la sociologie, la narratologie, la sémiologie, etc. Bayard va plus loin. Il s’adonne, pour reprendre son vocabulaire, à de la « critique interventionniste », une méthode qui cherche à exploiter les failles des textes ou à réinterpréter l’histoire littéraire établie. Bayard va notamment

démontrer qu’Hercule Poirot n’a pas coincé le bon criminel dans le roman d’Agatha Christie Le Meurtre de Roger Ackroyd , et il mène ainsi une contreenquête pour trouver le véritable meurtrier (Qui a tué Roger Ackroyd?, 1998). Il va aussi soutenir que certains auteurs s’inspirent d’œuvres qui ne paraîtront que plusieurs dizaines d’années plus tard (Le

Plagiat par anticipation,

2009), ou encore expliquer le fonctionnement de la « non-lecture »

(Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?, 2007). Il est clair que cette posture analytique exige une dose de créativité supplémentaire et une lecture particulièrement attentive des textes, d’où le caractère à la fois rigoureux et ludique des « fictions critiques » de Pierre Bayard.

Le chiac : un langage hybride Jessica Normandin Chroniqueuse

Bien que le français soit une langue spécifique avec ses codes et ses règles, il existe plusieurs types de francophonies. Au cours des dernières éditions, nous avons beaucoup parlé du français québécois; toutefois, on ne s’est pas encore penché sur l’un des français canadiens : le français acadien. Plus précisément, c’est sur le chiac que l’on se penchera. Résultat de l’isolation du peuple acadien en territoire anglophone, le chiac est un mélange entre le français et l’anglais. Ainsi, on peut retrouver des phrases

comme « a t’tente tu d’aller watcher un movie? » au lieu « d’aller voir un film » ou « j’viens right back » à la place de « je reviens bientôt ». On retrouve principalement le chiac dans les villes franco-anglaises de l’Acadie, dont Moncton. Bien que l’on parle souvent de franglais lorsqu’il est question du français québécois (le joual) associé à l’anglais, ce dernier ne peut être associé au chiac. La différence entre les deux est bien distincte : dans le joual, on retrouve certes une part d’anglais, mais il ne s’agit que de quelques anglicismes. Le chiac, quant à lui, ne se résume pas qu’à l’infiltration de certains anglicismes, mais

à la fusion des deux langues. Principalement parlé par des locuteurs bilingues (dont le français est la langue maternelle), le chiac utilise l’anglais et le français simultanément. Par ailleurs, le chiac n’est pas considéré comme une langue, ni même comme un dialecte. Plutôt reconnu comme un hybride linguistique par ses locuteurs, le chiac est un idiome de groupe qui n’est parlé que par les Acadiens francophones. De plus, il est difficile de l’exemplifier puisque celuici est beaucoup trop semblable au français pour être nettement démarqué. En effet, le chiac reprend principalement la syntaxe

française, mais arbore un vocabulaire et des expressions anglophones. Le chiac n’est pas courant chez les Acadiens anglophones puisque ces derniers ne sont généralement pas bilingues. Cela peut d’ailleurs apporter une certaine insécurité chez les locuteurs du chiac; parlant une langue trop différente du français pour être considérée comme telle et incompris des anglophones, ces derniers se retrouvent isolés, ne se comprenant qu’entre eux. Que ce soit par les anglophones ou les francophones, le chiac est généralement perçu comme une mauvaise façon de parler : un hybride impur.

D’ailleurs, les locuteurs du chiac, en grandissant, se dirigeront souvent vers un français correspondant beaucoup plus à la norme. Heureusement, malgré que certains soient complexés par cet idiome, plusieurs artistes acadiens tentent de faire du chiac un symbole de culture collective. Nous pouvons ici citer les groupes Radio Radio et 1755 qui font usage du chiac dans leur chanson. De plus, plusieurs écrivains du NouveauBrunswick essaient d’imposer le chiac dans la littérature, dont Jean Babineau, qui est celui à aller le plus loin dans cette pratique.


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Jeudi 12 avril 2018 No 128 Journal Le Griffonnier

L’historien derrière Assassin’s creed Jessica Normandin Journaliste Maxime Durand, un jeune historien diplômé de l’Université de Montréal en 2010, pratique un métier bien particulier : il est consultant historique chez Ubisoft Montréal. Plus précisément, il est responsable de la dimension historique que l’on retrouve dans la célèbre série de jeux vidéo Assassin’s Creed. Dans le cadre d’une conférence organisée par le Groupe de recherche et d’interventions régionales (GRIR), l’historien nous parle avec passion de ce métier qu’il occupe depuis plusieurs années déjà. C’est à la fin de son cheminement au baccalauréat en histoire que Maxime Durand est interpellé par l’offre d’emploi d’Ubisoft : « À l’époque, l’offre d’emploi était passée par le département d’histoire de l’université. Ça disait qu’il fallait avoir une très bonne connaissance de la révolution française et anglaise. C’était justement une période que j’avais beaucoup étudiée lors de mon cursus. »

Un travail de recherche « Mon rôle est de pouvoir fournir l’information historique aux développeurs lorsqu’ils ne sont pas en mesure de la trouver eux-mêmes », explique l’historien. « C’est beaucoup de recherche! », admet-il ensuite. Les recherches sont généralement approfondies par des voyages d’immersions qui permettent à l’équipe d’explorer les endroits qu’ils devront recréer. De plus, il leur sera parfois offert d’assister à des reconstitutions historiques afin d’en apprendre davantage sur l’époque du jeu. Par ailleurs, l’équipe collabore avec certains historiens

Afin de mieux reproduire les environnements, les développeurs font appel à des cartes géographiques des zones qu’ils doivent modéliser. Toutefois, pour certaines d’entre elles, le travail s’avère plus complexe : « Dans le cas de Rome, par exemple, ça a été assez facile de recréer la zone à partir de la carte. Mais si on prend le cas de Boston, ça a été beaucoup plus difficile. Avec les années, l’endroit Un souci de crédibilité a beaucoup changé, ce qui fait en sorte qu’on ne peut pas Les lieux présents dans se baser que sur la carte. Par la série Assassin’s Creed exemple, il peut arriver qu’une sont majoritairement repro- montagne qui existait avant duits de façon à être le plus ne soit plus là aujourd’hui. » fidèles possible à la réalité de l’époque. Cependant, cerDe plus, il n’y a pas que tains choix doivent parfois les lieux qui sont reproduits être faits : « Lors du déve- avec fidélité, mais aussi les loppement de Assassin’s personnages : « On veut offrir Creed Origins, l’équipe a le plus de variété possible. De dû me trouver énervant ce fait, je dois faire beaucoup puisque je leur pointais sou- de recherche sur les diffévent des détails qui ne cor- rents métiers qui existaient à respondaient pas à la réalité l’époque. D’autant plus qu’il de l’époque. Toutefois, il faut faut rester crédible en fonction parfois faire des choix et des classes sociales des gens. » savoir mettre de l’eau dans son vin », confie l’historien. Par ailleurs, avec les progrès techniques du jeu vidéo, En effet, bien que les le travail de Maxime Durand développeurs aient un souci se complexifie de plus en de recréer le plus fidèlement plus au fil des opus : « Dans possible l’époque historique les premiers Assassin’s Creed, où se déroule le jeu, certains on ne pouvait afficher qu’une changements doivent être vingtaine de personnages à apportés afin de faciliter l’écran. À présent, on peut en le gameplay. Par exemple, afficher beaucoup plus, et chaafin de rendre un monument cun possède sa propre intelliplus visible pour le joueur, gence artificielle. De ce fait, j’ai celui-ci sera plus surélevé beaucoup plus de recherche à que dans la réalité. Outre faire afin que l’on puisse offrir les changements structu- une grande variété de personraux, l’historien mentionne nages d’époque. » un autre détail qui diffère de Un outil à l'éducation la réalité dans Origins, soit le fait de pouvoir librement En février dernier, un visiter les pyramides : « À nouveau mode de jeu a été l’époque, on ne laissait pas entrer n’importe qui dans les ajouté à Assassin’s Creed pyramides. Il y avait des gens Origins : le Discovery Tour. Il qui surveillaient les entrées. s’agit d’une version éducative Pour le jeu, nous avons du jeu où des visites guidées préféré laisser la liberté au de l’Égypte sont proposées aux joueurs. Cette version, joueur de le faire. » et professeurs d’université, mais aussi avec diverses communautés présentes dans le jeu, comme la nation des Mohawks (présents dans le troisième opus de la série), qu’ils ont rencontrés afin de s’immerger dans leur culture et leur histoire. « Cela nous permet d’échanger et d’avoir de nouveaux points de vue sur l’histoire », précise Maxime Durand.

offerte gratuitement aux joueurs possédant déjà le jeu, peut être achetée individuellement par toutes les personnes qui s’intéressent à l’histoire de l’Égypte. Récemment, des recherches ont été effectuées dans les écoles afin de jauger la pertinence d’intégrer ce jeu dans les cours d’histoire au secondaire : « Évidemment, le jeu ne pourra jamais remplacer un professeur. Mais il a été démontré que grâce à celui-ci, les élèves peuvent quand même apprendre des choses de façon interactives. D’autant plus que plusieurs développeurs sont très fiers de ce Discovery Tour, puisque cela leur permet enfin de faire découvrir l’un de leurs projets à leurs enfants. »

Photo : Capture d’écran d’Assassin’s Creed Origins Crédit: Ubisoft/Steam


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Jeudi 12 avril 2018 No 128 Journal Le Griffonnier

OFFRE D’EMPLOI

RÉDACTEUR/RÉDACTRICE EN CHEF Photo : pixabay

Le journal étudiant de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Le Griffonnier, est présentement à la recherche d’une personne pour occuper le poste de rédacteur/rédactrice en chef.

Description du poste Le rédacteur ou la rédactrice en chef travaille sous l’autorité directe du coordonnateur et du conseil d’administration de CEUC. Son rôle est de planifier chacune des huit parutions annuelles du Griffonnier, de corriger les textes ainsi que d’entretenir des liens tant avec les journalistes bénévoles qu’avec les divers acteurs avec qui le journal fait affaire.

Principales tâches Voir au maintien d’une forte équipe rédactionnelle et veiller au recrutement de journalistes; S’assurer de la qualité du contenu journalistique; Voir à la qualité langagière du journal et à l’éthique linguistique des articles; Répondre devant le conseil d’administration d’un manquement à l’éthique journalistique; Assurer le respect des échéances des articles; Participer aux activités de promotion et de recrutement de journalistes; Planifier et animer la rencontre de production mensuelle; Toutes autres tâches reliées au poste.

Exigences et conditions de travail Être étudiant.e à l’Université du Québec à Chicoutimi pour l’année scolaire 2018-2019; Bien maîtriser la langue française au parler et à l’écrit; Scolarité : études collégiales en Techniques de communication dans les médias (Art et technologie des médias), études universitaires en communication ou l’équivalent; Statut du poste : contractuel à temps partiel; Nombre d’heures : minimum de 40 heures par mois; Salaire : à discuter.

Veuillez faire parvenir votre curriculum vitæ à l’attention de Monsieur Stéphane Boivin Par courriel : ceuc@uqac.ca En personne : Local P0-3100 Information : 418 545-5011, poste 2011 Date limite : Le mercredi 18 avril 2018, 17 h



PPMB2018-PubGriffonnier-10,18x12,5po_FINAL.pdf

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Emmanuelle Melanรงon Journaliste

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