Le Griffonnier 133 - 17 janvier 2019

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No 133

Le journal étudiant de l'Université du Québec à Chicoutimi

Jeudi 17 Janvier 2019

Des étudiantes de l’UQAC font vibrer le monde culturel Stéfanie Tremblay Page 7

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Jeudi 17 Janvier 2019 No 133 Le Griffonnier

À propos de la nouveauté et du passé Photo : Pixabay.com

Un discours qui déculpabilise

Émilie Morin

Rédactrice en chef Janvier a cogné à notre porte et, comme à l’habitude, les résolutions du Nouvel An ont débarqué dans nos esprits saturés du temps des Fêtes. Alors que la famille nous souhaite santé et succès dans nos études, nous en venons nous-même à nous imposer ces aspirations, nombreux que nous sommes à nous précipiter au gym ou à jurer que nous passerons plus d’heures à la bibliothèque cette année. Les journées s’allongent tandis que le mercure descend; ce dernier emportera petit à petit cette belle motivation dont nous faisons tous preuve en ce moment. L’attrait de la nouveauté est puissant, mais court; d’ici quelques semaines, beaucoup d’entre nous aurons repris de vieilles habitudes.

Cette mode de l’actuel, du vent du fraîcheur, on la retrouve partout, jusque dans nos discours sociaux. Lorsque vient le temps d’honorer certains évènements, de mettre en valeur le patrimoine ou de commémorer certaines dates, nous nous servons de la nouveauté et du moderne pour pouvoir plus facilement oublier : « On est rendu en (2017, 2018, 2019…), quand est-ce qu’on va en r’venir? » Nous agissons pareil lorsque vient le temps d’instaurer nos résolutions : en 2019, nous sommes apparemment tous « revenus » de nos anciennes mauvaises habitudes! Nous semblons utiliser le discours de la nouveauté aux moments qui nous semble les plus opportuns, et ce, de façon bien aléatoire. Nous aimons la nouveauté… pourquoi donc attendre le 1er janvier pour l’instaurer dans nos vies? Si nous aimons la nouveauté au point d’en faire pâtir le passé, comment se fait-il que nous répétions des scénarios historiques et politiques vieux

de centaines d’années? 2019 sera l’occasion de célébrer, comme chaque année, de nombreuses dates commémoratives importantes. Le 27 janvier prochain, par exemple, sera la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, jour qui marque la libération du camp d’Auschwitz, en 1945. Comme d’habitude, de nombreuses personnes souligneront cette journée, pour des raisons qui leur sont propres. Parmi eux se retrouvent certainement des descendants des survivants des camps, des historiens, peut-être même des survivants de la Shoah. Comme d’habitude, ces évènements commémoratifs demanderont une certaine couverture médiatique. Inévitablement, nous lirons la phrase mentionnée plus haut, ou des variantes nous rappelant qu’il est important de ne pas vivre dans le passé, qu’il ne faut pas laisser l’Histoire ternir le présent, etc. On nous dira qu’honorer le passé, c’est oublier le présent. Mais qu’en est-il de l’oubli du passé au service du présent? Ne nie-t-on pas notre présent lorsque nous voulons oublier ce qui nous y a menés? Moralement, quel droit avons-nous de baliser la rela-

tion que d’autres ont au passé selon notre propre aisance à en entendre parler ou non?

Régler notre passé En 2019, nous devrions aspirer à régler notre passé afin d’en inspirer notre futur. Ce que nous ne réglons pas reviendra nous hanter, et nous serons condamnés à le répéter encore et encore. Les erreurs d’hier, si nous cherchons à les effacer plutôt qu’à les accepter, seront nos erreurs de demain. Le meilleur exemple de ce schéma est en train de se produire chez nos voisins du Sud en ce moment. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, qui aurait cru qu’un jour de nouvelles dictatures seraient en mesure de s’imposer dans le monde? Forcer l’oubli de l’Histoire, c’est une injure doublée d’une insulte : non seulement on manque de respect à ce qui nous a formé en tant que société, mais en plus, on répète les erreurs d’autrefois. Par ailleurs, le simple fait d’être incapable de s’inscrire dans de nouveaux schémas narratifs devrait être un argument suffi-

sant pour nous convaincre que le passé est aussi important que l’actuel. En 2019, la technologie est tellement avancée que les ordinateurs disposent d’algorithmes leur permettant d’apprendre de leurs propres erreurs. Nous préférons effacer nos erreurs en pensant que nous aurons de meilleures chances de réussir si nous commençons un nouveau livre chaque fois. Cependant, si nous écrivons deux, trois, quatre livres, et que, chaque fois, il s’agisse de la même histoire, car nous ne tenons pas compte du livre précédent, nous serons les premiers à croire que nous sommes fous.

Une page blanche « Demain est la première page d’une nouvelle histoire; assurez-vous d’en écrire une bonne. » C’est la citation qui a envahi les réseaux sociaux le 31 décembre 2018 (2017, 2016, 2015…). Effectivement, chaque 1er janvier, vous avez la chance d’écrire un nouveau livre. Assurez-vous simplement de ne pas oublier les tomes précédents!


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Violences à caractère sexuel : Une nouvelle politique adoptée Stéphane Boivin Rédactrice en chef

En décembre dernier, le Conseil d’administration de UQAC adoptait sa nouvelle Politique visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel. Elle répond ainsi aux exigences de la Loi 151 qui imposait aux institutions d’enseignement supérieur du Québec de redéfinir leurs politiques respectives avant le 1er janvier 2019. La politique sera implantée dès la rentrée 2019. La politique a été développée en collaboration avec l’ensemble des acteurs du milieu universitaire. Un exercice qui se serait en général effectué dans la collégialité et l’unanimité. Elle concerne l’ensemble des activités du campus mais également toute activité externe qui serait liée à l’université, que cette activité soit d’ordre pédagogique ou sociale. Les réseaux sociaux font également partie du champ d’action de la politique. Elle s’appliquera également à tout tiers externe de la communauté universitaire, par exemple aux contracteurs appelés à travailler sur le campus.

Mesures phares Parmi les mesures phares de la politique, on retrouve une formation obligatoire pour tous les étudiant.es, pour tous les membres de la communauté qui sont en situation d’autorité ou de relation pédagogique tous commes lles représentants syndicaux ou étudiants. Ces formations seront réévaluées préiodiquement. Quant aux tiers qui proviennent de l’extérieur de la communauté, la formation pourra être dispensée en ligne. Telle que l’exigeait la loi 151, l’UQAC créera un Bureau de prévention et d’intervention (BPI), dont la mission sera de regrouper l’ensemble des services et des ressources en lien avec les violences

à caractère sexuel. Le bureau sera chargé de recevoir les signalements et d’accompagner les personnes impliquées, en plus d’organiser des activités de prévention et de sensibilisation. Le bureau sera situé dans un endroit facilement accessible. Auparavant, un.e plaignant.e devait se rendre au septième étage du Pavillon des Humanités, c’est-à-dire dans l’environnement administratif de l’université.

Protecteur universitaire, pourraient par exemple prendre la forme d’une modification d’horaire ou de tâches. La politique prévoit également des mesures pour éviter les représailles.

L’UQAC a lancé un processus d’embauche pour le poste de Protecteur universitaire. Cette personne sera entre autre responsable de conseiller le Conseil d’administration, d’émettre des recommandations et de produire un rapport annuel de ses activités.

Relations d’autorité

Par ailleurs, la politique définit un processus de traitement des plaintes très détaillé où sont prévues des mesures d’accommodement pour les victimes, de sorte à limiter les conséquences sur leur parcours académique ou professionnel. Ces mesures, proposées selon les cas par le BPI et le

Les sanctions applicables en cas de manquement à la politique peuvent aller jusqu’au congédiement ou à l'exclusion du campus.

La politique de l’UQAC proscrit toute relation à caractère sexuel, intime ou amoureuse entre un.e étudiant.e et une personne en situation d’autorité ou entretenant un rapport pédagogique. Cette mesure s’inscrit dans le mandat de l’université « d’offrir aux personnes étudiantes des conditions équitables dans le contexte de leur apprentissage, de leur développement personnel, de leur cheminement et de la réussite de leur formation ». La Loi 151 exigeait une définition de l’encadrement de

ces relations. Toutefois, le gouvernement du Québec ne pouvait les proscrire lui-même. Il revenait aux institutions de statuer sur ce point, ce qu’a choisi de faire l’UQAC. Cet aspect a été problématique dans certaines universités, notamment à l’Université de Montréal où le Syndicat général des professeurs et professeures (SGPUM) a opposé une certaine résistance. Nos informations indiquent cependant que cette mesure a été bien accueillie par l’ensemble des instances à l’UQAC.

Une refonte nécessaire L’UQAC avait adopté une politique contre le harcèlement et la violence en 2004. Celle-ci ne distinguait pas spécifiquement les violences à caractère sexuel, ce qu’exige la Loi 151. L’ancienne politique tenait sur une dizaine de pages. La nouvelle en compte plus du double. Elle est beaucoup plus précise et détaillée.

Nos sources indiquent qu’une seule plainte concernant des violences à caractère sexuelle aurait été traitée par l’université au cours des quatorze dernières années, ce qui ne signifie évidemment pas qu’un seul cas serait survenu. En effet, le rapport de recherche ESSIMU publié en décembre 2016 démontrait que 33% des répondants considéraient avoir subi au moins un événement d’harcèlement sexuel pendant leur parcours universitaire. Doit-on en conclure que l’ancienne politique n’offrait pas aux victimes un contexte favorable à la dénonciation ? Orientée vers la protection des victimes et sur la mise en place d’un processus de plainte bien encadré et facilitant, la nouvelle Politique visant à prévenir et combattre les violences à caractère sexuel de l’UQAC ne pourra qu’améliorer la situation face à une réalité particulièrement à risque de se reproduiredans les institutions d’enseignement supérieur.


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Jeudi 17 Janvier 2019 No 133 Le Griffonnier

Au chœur de l’UQAC Photo : Courtoisie

Pauline Caiado collaboratrice

Chanter sous la douche, c’est bien! Mais chanter à plusieurs voix, c’est encore mieux. Chorales, cours de chant, soirées entre amis, karaokés : nous sommes de plus en plus nombreux à chanter, pour le plaisir ou dans l'espoir de monter sur scène un jour. C’est dans cette dynamique que la chorale des étudiants de l’UQAC ouvre ses portes aux nouveaux membres pour la session d’hiver 2019. Voici 6 bonnes raisons d’intégrer la chorale des étudiants de l’UQAC :

Les propos contenus dans chaque article n’engagent que leurs auteurs. - Dépôt légalBibliothèque Nationale du Québec Bibliothèque Nationale du Canada Le Griffonnier est publié par les Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi (CEUC).

1. S’amuser

Nous allons à la chorale pour chanter, mais aussi pour nous amuser, rire et partager de bons moments.

2. Aucun niveau de chant n’est demandé Hé oui! tu n’as pas besoin de savoir chanter ou d’avoir déjà chanté dans une chorale pour venir à la chorale des étudiants de l’UQAC.

3. Booster son moral Pour se vider la tête après une journée stressante, rien de tel que le chant. En chantant, on prend du plaisir, et ça, c’est un antidépresseur naturel. Si ce n’est pas génial!

4. Améliorer sa mémoire

Dans la chorale des étudiants de l’UQAC, personne n’a de partitions. Très rapidement, on délaisse les textes pour chanter des chansons apprises par cœur, car c'est bien plus intéressant de se concentrer sur notre voix que sur les paroles.

5. S’ouvrir à d’autres styles musicaux Musique classique, médiévale, jazz, pop, contemporaine… tous les styles sont permis à la chorale.

6. Nouveaux amis S’inscrire à la chorale, c’est aussi faire de nouvelles connaissances, rencontrer des personnes vivant aux quatre coins du monde et échanger avec elles. Tu es maintenant prêt à rejoindre la chorale des étudiants de l’UQAC et à venir t’amuser en chantant. Les répétitions se déroulent les vendredis soir de 18 h à 21 h au Local P0-1030. Un montant participatif de 5 $ par session est demandé aux étudiants. Tu peux aussi rejoindre le groupe Facebook Chorale UQAC 2018-2019. Karl Tremblay, notre chef de chœur, et toute l’équipe de la chorale t’attendent!

Nous joindre Rédactrice en chef : Émilie Morin

Collaborateurs :

Graphiste : Joëlle Gobeil

Stéphane Boivin Ioana Brassard Pauline Caïado Frédérique Laroche

Coordonnateur : Stéphane Boivin

Courriel : ceuc@uqac.ca Téléphone : 418 545-5011 #2011 Télécopieur : 418 545-5400 /ceuc.ca

@ceuc_ca

ceuc.ca

Publicité : Christian Tremblay Courriel : publicitieceuc@uqac.ca Correction : Émilie Morin

Marie-Ève Larrivée Émilie Morin Élise Pilote Emmanuel Trotobas

Photo Une: Stéphanie Tremblay

CEUC remercie ses partenaires :

Prochaine parution : Jeudi 14 février 2019 Tombée des textes : Vendredi 1er février 2018, 17 h Tombée publicitaire : Lundi 4 février 2018, 17 h Impression : Imprimerie Le Progrès du Saguenay Tirage : 3 000 exemplaires


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Participants au balados " La Bétonnière" Photo : Théâtre du Mortier

Stimuler la discussion grâce au théâtre Émilie Morin Journaliste

Joëlle Gobeil est une étudiante au baccalauréat interdisciplinaire en arts. Spécialisée dans le volet « médiation culturelle », elle apprend à établir un lien entre l’art et le public. Depuis quelques mois, elle a ajouté à ses projets le Théâtre du Mortier, une compagnie qui rejoint directement le propos de ses études. Cofondatrice du théâtre, Joëlle s’est assise avec nous pour nous en dire un peu plus à propos de cette nouvelle initiative. « Le Théâtre du Mortier, c’est quoi? » : voilà la première question que j’ai posée à Joëlle lorsque je me suis assise avec elle pour une courte entrevue il y a quelques jours. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à la naissance d’un théâtre, encore moins un théâtre né de la volonté et du travail d’une étudiante de notre université! Le Théâtre du Mortier, selon Joëlle, c’est « un organisme que nous (NDLR : elle et Keven Girard, son ami et associé) avons décidé de fonder parce que nous voulions que notre théâtre parle de sujets sociaux, qu’il fasse un lien entre notre œuvre et le public ». Quand elle parle de « [leur] œuvre », elle fait référence à la pièce travaillée en ce moment, iLove U, écrite par Keven. Elle ajoute : « Le projet est né d’une envie de discuter avec les gens, afin que l’art ne soit pas uniquement renfermé sur lui-même. »

Discuter pour créer… En effet, la discussion semble être au cœur des valeurs du Théâtre du Mortier. Non seulement cela a-t-il incité sa création, c’est aussi dans cette perspective que se déroulent toutes les activités du Théâtre. En ce moment, pour la pièce iLove U, Joëlle mentionne qu’ils ont « déjà commencé à discuter avec le public » : « On discute avec les milléniaux, parce que pour notre première production, c’est cette tranche d’âge qui est touchée par la pièce. Ça nous permet de recueillir leur opinion sur le texte. On pense que c’est autant bénéfique pour eux que pour nous, puisque l’œuvre devient ouverte et ça donne une occasion aux deux partis d’en discuter, d’apporter du sens à l’œuvre. »

…et créer pour discuter Parmi les méthodes pour inciter à la discussion, on dénote une utilisation judicieuse de la technologie. Balados et vidéos seront utilisés pour établir un lien avec le public, publiciser la pièce, mais surtout, pour stimuler la conversation et la garder bien vivante jusqu’au moment où elle sera jouée, en mai, au Côté-Cour : « On a créé des balados, qui sortiront à raison d’un par mois, pendant cinq mois. On a choisi cinq participants qui fittent dans la thématique de la pièce. Ils ont tous des opinions différentes et ils vont tous discuter de l’amour au temps des milléniaux! »

nous explique Joëlle avec enthousiasme. Elle poursuit : « On a enregistré un balado avec chacun d’eux, et ils nous tous donné une vision différente du sujet. Il y en a un premier qui est sorti le 7 janvier, le prochain sera mis en ligne le mois prochain, et ainsi de suite jusqu’à ce que le projet sorte officiellement en mai. Les participants ont également pris part à des capsules vidéos. Ils ont tous répondu aux mêmes questions, mais ça a donné des réponses vraiment différentes! On en a fait un montage, un peu dans le style de l’émission Code F et, ça aussi, ça sera dévoilé à raison d’une vidéo par mois. Les capsules vont fonctionner selon les thématiques que nous avons regroupées parmi les réponses de nos participants. Par exemple, la première capsule sera à propos des apparences, la deuxième sera à propos du couple, etc. »

Un rêve qui se réalise « Keven et moi, on est deux passionnés de théâtre. C’était comme un rêve qu’on avait, une vision commune du théâtre. On est deux médiateurs culturels, Keven travaille là-dedans en ce moment. Il écrit, c’est un auteur, et on a trouvé quelqu’un, Christine Rivest-Hénault, une élève de l’UQAC qui a fait un certificat en théâtre, pour nous aider avec la mise en scène. On est de la relève, on veut jouer, on veut être avec d’autres passionnés, on a vraiment décidé de se lancer! » nous explique Joëlle quant à la création du théâtre. Côté administratif, qu’est-ce que cela implique? « C’est compliqué, mais Keven est vraiment bon pour nous démêler », répond-elle en riant. « On veut s’officialiser le plus tôt possible, donc on a fait les démarches pour être recon-

Un nom significatif Le désir de provoquer des échanges constructifs se fait sentir jusque dans le nom du théâtre, que les deux fondateurs ont choisi avec soin, comme nous l’explique Joëlle : « On a pris ce nom-là parce que, pour nous, le théâtre a quatre définitions. » Cellesci nous indiquent on ne peut plus clairement la mission du Théâtre. Mortier, c’est le théâtre comme « ciment social », comme « canon », comme « remède » et comme « école ».

Keven Girard et Joëlle Gobeil Crédit photo : William Dion

nus comme un organisme à but non lucratif, pour éventuellement avoir des subventions. Pour être un OBNL, il faut avoir un conseil d’administration. Il y a donc deux autres personnes avec nous en ce moment. »

Et pour l’avenir? « Pour l’instant, on a déjà d’autres idées de productions en tête, qui seraient toujours liées avec des thématiques sociales importantes à nos yeux. Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, si on va jouer dans d’autres endroits au Québec, mais, par exemple, pour notre pièce iLove U, on aimerait jouer dans des Cégeps, parce que ça rejoint les jeunes. Éventuellement, je vois ça comme un but à très long terme pour le Théâtre d’avoir un lieu fixe, physique, de diffusion de nos pièces. Mais, ça, ça prend des sous! »


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Jeudi 17 Janvier 2019 No 133 Le Griffonnier

Liens à voir Stéphane Boivin Journaliste

Un nouvel espace d’échange, de mise en commun et de visualisation de données s’implante au cœur du Pavillon principal. Il s’agit du Labo Dataviz, une initiative de l’organisme LUM Design réalisée en collaboration avec plusieurs départements de l’Université.

La pelle t’appelle? Tout individu fréquentant le milieu universitaire et ayant emprunté les accès menant aux divers pavillons de l’UQAC pourra le confirmer : l’hiver offre son lot de difficultés lorsque vient le temps de se déplacer. Pour les individus en situation de handicap physique, ceci n’est pas de tout repos. Les zones piétonnières sont fréquemment enneigées et l’accès à ces dernières devient problématique dès que quelques centimètres de neige les recouvrent. De même, le stationnement devient bien souvent impraticable.

Partant de ce constat, nous, étudiants de l’UQAC, avons décidé de faire deux journées de sensibilisation aux difficultés vécues par les individus à mobilité réduite. Pendant ces journées, vous pourrez faire l’expérimentation de déplacements en fauteuil roulant dans la neige. L’activité se déroulera entre le pavillon principal et le stationnement.

Deux fauteuils roulants seront alors mis à votre disposition afin de mieux comprendre la problématique observée. Par la suite, le Service des immeubles et équipements de l’UQAC mettra à votre disposition des pelles afin de favoriser la bienveillance et l’entraide indirecte ayant un impact réel sur l’accessibilité sur le campus de l’UQAC.

Ces deux auront lieu :

Nous vous attendons en grand nombre.

évènements

- le 23 janvier 2019 de 10 h 30 à 13 h - le 24 janvier de 7 h à 9 h

Érica Boivin, Marie-Ève Larrivée, Eliot T-Montambault & Gabrielle Côté

Le Labo Dataviz (pour visualisation de données) est une installation interactive et évolutive qui sera mise à la disposition de la communauté universitaire. Il s’agit d’un matrice malléable qui pourra s’adapter aux projets soumis par des membres de la communauté, étudiant.e.s, professeur.e.s ou chaires de recherche. Le laboratoire est situé près de l’entrée est du Pavillon principal, dans le hall d’entrée complété l’année dernière. Pour sa première incarnation, le Labo Dataviz mise sur le tactile et les matières concrètes pour établir un portrait visuel de la communauté de l’UQAC. Grâce à des fils de couleur tendus par l’utilisateur à travers le dispositif, l’installation produit une cartographie visuelle sur des enjeux importants relatifs à l’université : « Comment êtes-vous venus à l’UQAC aujourd’hui? », « Combien de temps passez-vous sur le campus chaque semaine? » ou encore « Comment procéder pour prendre des décisions importantes? ». C’est à ce type de

questions que la communauté est invitée à répondre par des moyens ludiques. Une deuxième installation succèdera à celle-ci ce printemps. L’objectif des conceptrices de LUM Design est que le Labo Dataviz concrétise deux projets issus de la communauté chaque session. Les projets pourront être proposés par appels d’offres, qui seront lancés au courant de la session. Le projet est fondé sur l’aspect collectif de cet équipement, ainsi que sur le concept de « commun » : participation inclusive, mise en commun des idées et des ressources, propriété partagée des installations sont des principes directeurs du Labo Dataviz. Ainsi, chaque projet réalisé viendra enrichir le dispositif, faisant en sorte que les possibilités se multiplient à l’usage. Si la forme inaugurale du Labo Dataviz est matérielle et concrète, le dispositif prévoit déjà la possibilité d’y intégrer de nombreux éléments technologiques. L’utilisation, la fonction et les buts des projets qui investiront le laboratoire ne sont limités que par les idées de la communauté. Il sera donc très intéressant de voir évoluer cet équipement au fil des mois, comme un reflet de l’ingéniosité développée au sein de l’UQAC. Une première installation issue de la communauté via un appel de projets devrait se concrétiser à la rentrée d’automne 2019.

Photo : Ceuc - Stéphane Boivin


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Jeudi 17 Janvier 2019 No 133 Le Griffonnier

Birdbox : vrai hit ou phénomène viral? Émilie Morin Journaliste

C’est bien connu, tout produit cinématographique se voyant apposer l’étiquette Netflix Originals est en proie à devenir un succès à la fois critique et commercial. Après Stranger Things, 13 Reasons Why et The Haunting of Hill House, Birdbox est le dernier né de cette série de réalisations encensées par les médias traditionnels et sociaux. À voir la folie qui entoure le plus récent film de Netflix, Birdbox, il est difficile de penser que

quiconque n’en connaît pas déjà la trame narrative : une femme aux yeux bandés doit naviguer sur une rivière, poursuivie par une force inconnue qui la forcera à se tuer au premier contact visuel. De prime abord, on se croirait face au Basilique d’Harry Potter et la Chambre des secrets. Cependant, comme la mode est à The Witch et à It Follows, la force dont il est question dans Birdbox n’a aucune forme monstrueuse. C’est un retour à l’horreur simplifié, dénué de monstres ou de créatures effrayantes. Les effets spéciaux sont minimes ; la peur se trouve plutôt dans l’imaginaire et dans l’évocation. Après tout, qu’y a-t-il de plus ter-

rifiant que ce que nous sommes en mesure d’imaginer? N’est-il pas dans notre nature de s’attendre au pire? Dans Birdbox, rien n’est plus terrifiant qu’une pupille dilatée, un œil vitreux, étrangement scintillant. On délaisse la peur de ce que l’on voit pour s’attarder à la peur de ce qu’on ne voit pas. Ici, le tueur, habituellement caché dans l’ombre, prend toute la place. C’est plutôt Malorie, le personnage interprété (brillamment!) par Sandra Bullock, qui est dans le noir, entourée par une force meurtrière qui, elle, est libre de se déplacer au gré du jour. Le paradigme s’inverse, comme

on le voit souvent ces derniers temps à Hollywood, habituée de faire du neuf avec du vieux. Birdbox est, sans contredit, un bon film. Les acteurs y sont excellents et le scénario, bien que manquant parfois d’originalité, nous présente un contexte qui n’avait pas encore été exploité. Toutefois, est-ce que le film mérite vraiment toute l’attention qui y a été accordée? Est-ce que, sans ce sceau d’approbation préapposé, ce fameux Netflix Originals, son succès aurait été le même? Les articles à propos de Birdbox parlent du nombre de

personnes ayant vu le film, plutôt que de son contenu. Netflix eux-mêmes ont contribué à ce phénomène, mentionnant que le film avait été vu par près de 45 millions de spectateurs, un chiffre qui fait sourciller bien des gens. À l’ère de la diffusion de l’information sans source, quoi de mieux pour créer un buzz que d’inventer un buzz? Oui, Birdbox est un bon film. Mais c’est avant tout un film produit par une compagnie qui est passée maître dans l’art de la commercialisation et du marketing, qui a défini sa marque de façon à ce qu’elle concorde le mieux aux modes du moment, qu’elles définissent l’horreur ou un autre genre.

Les couleurs propres de Stéfanie Tremblay Stéphane Boivin Journaliste

C’est à Stéfanie Tremblay que la Galerie l’Oeuvre de l’Autre a confié d’ouvrir l’année 2019 avec l’exposition True Colors (and that’s why I love you). Jusqu’au 6 février, on pourra y fréquenter un univers pop où se côtoient nostalgie kitsh et anxiété publicitaire. L’artiste saguenéenne, détentrice d’une maîtrise en arts de l’UQAC, a développé une pratique cohérente et reconnaissable dans laquelle s’inscrit la présente exposition. Les couleurs pastel, les images de teen idols en déchéance, la propreté et son contraire continuent de porter le travail de Stéfanie Tremblay. Ses œuvres faussement désinvoltes ont atteint un perfectionnement qui happe l’habitué autant que le nouveau venu. « À cause des couleurs et du côté pop, ce sont des œuvres accessibles dans lesquelles les

gens peuvent se reconnaître facilement. Je suis obsédée par les stars qui meurent de manière tragique, mais j’adore la musique aussi et je veux que ce soit la première chose qu’on ressente quand on entre dans la galerie. » Il en résulte des œuvres qui séduisent rapidement. Elles amusent, mais elles inquiètent aussi. Fascinée jusqu’à l’obsession par les réseaux sociaux, mais aussi férue d’édition, l’artiste se situe à un croisement qu’elle résume en une formule : « Imprimer l’Internet. » Stéfanie Tremblay sent toutefois un appel de la matière qui lui fait penser que True Colors (and that’s why I love you) entame la fin de ce cycle. « J’ai une relation d’amourhaine avec le web. (…) Je sens que ça tire à sa fin. J’ai envie de travailler avec la matière mais je suis tellement coincée avec mon ordi, avec Photoshop et InDesign et internet... On dirait que j’y reviens tout le temps mais il faudrait que je fasse quelque chose de mes mains! »

D’ailleurs, l’exposition présentée ce mois-ci accorde beaucoup d’espace au texte. Par le biais d’une rédaction automatique, Stéfanie Tremblay a voulu donner accès à la nature à la fois virtuelle et charnelle qui caractérise son travail. C’est aussi pour elle l’occasion de faire un bilan sur une démarche qu’elle creuse avec succès depuis de nombreuses années déjà. « Le texte contient ce que je vivais et ce à quoi je pensais en concevant cette exposition. Je n’ai pas d’atelier physique, mon atelier c’est mon Mac. Ça parle de ma relation avec les écrans, écrans d’ordinateur ou de Karaoke. Je pense qu’on a rarement l’occasion de rentrer autant dans la tête de l’artiste. Je ne me suis pas censurée. » En discutant avec Stéfanie Tremblay, on perçoit son bonheur d’exposer dans son alma mater. Ses œuvres remplies d’humour, faites d’une poésie insoupçonnée, vous attendent à l’Oeuvre de l’Autre jusqu’au 6 février.

Photo : Stéphanie Tremblay




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Arts et culture Culture

Jeudi 17 Janvier 2019 No 133 Le Griffonnier

2019 : une année d’espoir Emmanuel Trotobas Collaborateur

Selon les chercheurs de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques), « la réelle ampleur de l'extinction de masse qui touche la faune a été sous-estimée : elle est catastrophique ». Comme le dit l’altermondialiste Jon Palais : « Le système n’est pas durable. Il dysfonctionne de tous les côtés. On pollue tout, les injustices se creusent, les démocraties sont en crise, on commence à être impactés par les catastrophes écologiques, la finance part en vrille et une nouvelle crise économique se prépare. Donc une chose est certaine, ça ne va pas rester comme ça. » Cette année 2018 fut celle de la sortie du film Anthropocène. Cette année

2018, où l’on découvrait de l’eau liquide sur Mars, où l’on apprenait la démission du ministre français de la transition écologique, Nicolas Hulot, a été celle du lancement du Pacte pour le Climat, initié par Dominic Champage, et de la Déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique, signée par plusieurs villes au Québec. Cette année 2018 parut un certain rapport du GIEC. D’après les chiffres, la pauvreté, la mortalité infantile, la malnutrition infantile et l’analphabétisme reculent dans le monde. Les secteurs des énergies renouvelables progressent, faisant diminuer la proportion des secteurs des énergies fossiles. Un projet ambitieux visant à sauver la Grande Barrière de Corail verrait le jour. Le mouvement des villes en transition prend de l’ampleur. La production d’hydrofluocarbure, fort gaz à effet

de serre, est en réduction grâce à un accord. Cela contribue à la fermeture du trou dans la couche d’ozone, phénomène observable depuis plusieurs années. On parle de transition : des villes comme Londres ou Oslo font d’énormes avancées sur le plan écologique. On observe, en effet, des défis relevés, des événements marquants pouvant porter vers l’espoir.

La problématique du plastique La Dominique, petite île qui cultive une image écotouristique, a pris une série d’initiatives pour préserver l’environnement, comme de restreindre l'importation de contenants non biodégradables afin de limiter leur distribution dans les magasins. Cette île est devenue, en 2018, le premier pays au monde – avant même ceux de l’Union

Européenne - à prohiber les pailles, les plaques et les couverts en plastique, ainsi que les tasses et récipients en polystyrène. Dans une déclaration publiée au début juin 2018, plus de 40 organismes environnementaux canadiens, dont la Fondation David Suzuki, ont uni leurs voix pour réclamer l’interdiction des plastiques nocifs et non recyclables : « À l’heure actuelle, le Canada recycle moins de 11 % de ses déchets de plastique. Tout le reste aboutit dans nos sites d’enfouissement et nos rivières, lacs et océans », déplore Ashley Wallis, directrice de programme de l’organisme Environmental Defence. Même ici, toutefois, il y a de l’espoir. En effet, malgré des problèmes techniques, la machine à ratisser le plastique des océans a progressé. Le concept du « zéro déchet » prend de l’ampleur. De plus en

plus de boutiques proposent des produits sans emballages.

Un nouveau guide alimentaire Nous observons aussi des réévaluations. La modification du Guide alimentaire canadien, utilisé comme référence pour tous les Canadiens, mais aussi pour préparer les repas des milliers d'écoles, hôpitaux et autres établissements publics du pays, bouleverserait aussi bien la production des produits en question à travers le pays et le monde que le transport des denrées telles que les noix. Cela ne touchet-il pas aussi la souveraineté alimentaire et notre culture gastronomique? L’agriculture est effectivement un domaine qu’il est nécessaire de réfléchir dans son ensemble, en tenant compte du fait de la catégorisation d’activités. Nos spécialisations pour consacrer du temps à une activité en particulier contribuent à la modification de notre relation à la Terre. Après avoir inspiré des jeunes dans le monde entier, l’adolescente suédoise Greta Thunberg a rencontré, le 3 décembre dernier, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à Katowice, en Pologne, à l’ouverture de la conférence mondiale pour le climat (COP24). Elle a interpellé les adultes : « Votre silence est presque pire que tout. Le futur des générations qui viennent repose sur vos épaules. Ceux d’entre nous qui sont encore des enfants ne pourront pas changer vos actions actuelles quand ils seront suffisamment âgés pour faire quelque chose. » Oui, ça bouge. Au-delà de notre région, où plus d’un aimerait voir un réel renouveau démocratique, ça bouge. Le renouveau est possible.


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Culture

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Chronique littéraire

Jeudi 17 Janvier 2019 No 133 Le Griffonnier

présente... Frédérique Laroche est étudiante à la maîtrise en lettres, où elle rédige un mémoire de création centré sur l’écriture de séquences descriptives. Elle s’est jointe au Griffonnier afin de présenter ses œuvres aux autres étudiants.

L’Artiste

La Haine Frédérique Laroche Collaboratrice

La nuit était tombée depuis longtemps. Elle était dans son lit, mais il lui était impossible de s’endormir. Elle se retournait depuis des heures. Une boule s’était logée dans son ventre et ne semblait pas prête à la quitter. Elle fermait les yeux, tentant de réguler sa respiration, espérant que ça ralentirait les battements incontrôlables de son cœur, qui lui faisait presque mal. Elle se rendit compte qu’elle serrait les poings et elle essaya de se détendre. Chaque fois qu’elle réussissait à penser à autre chose, les souvenirs de ce qui l’avait mise dans cet état lui revenaient. Il s’était moqué d’elle ouvertement et gratuitement devant tout le monde. Dans le couloir, pendant que plein d’autres élèves passaient. Plusieurs avaient ri, certains s’étaient contentés de la regarder, mais, bien sûr, personne ne lui était venu en aide. Même ses amies lui disaient de ne pas s’en faire, que c’était probablement juste pour attirer son attention. Et puis, au moins le gars le plus populaire de l’école lui parlait. Son sourire arrogant, insupportable, s’était gravé derrière ses paupières. Elle ne voyait que ça quand elle fermait les yeux. Ça et ses yeux bleus perçants, dans lesquels brillait une étincelle qu’elle n’avait jamais compris, mais qu’elle associait à de la

Tu aimerais qu’on publie l’une de tes nouvelles?

cruauté, quand il la regardait. Il était venu la voir, un peu plus tard. Elle se rappelait ses cheveux blonds qui flottaient dans la brise, alors qu’il s’avançait vers les estrades, vers elle. Il portait cet ensemble ridicule des joueurs de football qui lui faisait des épaules beaucoup trop larges pour son corps. Il avait beau être admiré par tout le monde, son corps était mince pour celui d’un sportif. Mais il était grand, ça compensait. Il s’était excusé. Comme si elle allait le croire. Il lui avait caressé la joue. Quel culot! Elle se retourna de nouveau en lâchant un soupir agacé. Elle ne voulait plus penser à tout cela. Depuis plusieurs années, maintenant, qu’il était désagréable envers elle tous les jours et voilà que tout d’un coup, il venait se repentir. Elle rabattit la couverture sur sa tête, dans une vaine tentative de chasser ces pensées indésirables. La simple idée de devoir le revoir, dans quelques heures, lui donnait la nausée. Son cœur ne s’était toujours pas calmé et elle se demanda même si ce n’était pas dangereux qu’il batte aussi fort, aussi longtemps. Elle posa ses deux mains sur sa poitrine, sachant que ça ne changerait rien. Elle sentit des larmes de rage lui monter aux yeux. Pourquoi fallait-il qu’elle se laisse atteindre autant par tout ça? Il avait gagné, d’une certaine manière. Il était logé dans sa tête, comme un parasite. Elle le détestait. Elle le détestait, parce qu’au fond, elle le désirait.

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Frédérique Laroche Collaboratrice

L’artiste contemplait l’œuvre sur laquelle il avait travaillé toute la nuit. Par la fenêtre, les rayons du soleil levant, orangés, venaient teinter son tableau, se mêlant au blanc laiteux, à l’écarlate, au noir profond qui le composaient. Ce canevas marquait un renouveau pour lui, car il différait de tout ce qu’il avait pu faire auparavant. Des couleurs plus vives, un relief plus marqué, des traits plus fins. Il en était fier, il pouvait maintenant aller se reposer, avant de poursuivre sa création. Dans le lavabo de la salle de bain, le rouge qu’il avait utilisé pour peindre se mêlait à l’eau claire, glaciale, qui engourdissait le bout de ses doigts. Doigts qui, depuis quelques années déjà, avaient commencé à se flétrir. Le rouge, tenace, se logeait dans les plis de ses mains, et il dût frotter longtemps pour le faire disparaître complètement. Il n’avait pas mangé depuis des heures. Le réfrigérateur était pratiquement vide. Il prit une pomme, bien verte, luisante, et y planta les dents, laissant le goût acidulé, légèrement sucré, envahir sa bouche. Ses lèvres minces se pinçaient légèrement alors qu’il mâchait tranquillement. Ses dents étaient devenues plus sensibles. Son repas était plus que maigre, mais il n’avait pas le temps, ni même la volonté, d’aller faire des courses. Pas tant que son œuvre serait inachevée. Il s’assit dans son fauteuil usé, qu’il faisait balancer malgré les grincements que cela provoquait. Grin-

cements qui meublaient le silence pesant de la maison dans laquelle il vivait seul depuis que sa femme était partie. La solitude ne le dérangeait plus, il la préférait à la présence de quelqu’un d’autre. Il alluma la télévision. Le volume n’était pas assez élevé pour qu’il comprenne ce que le présentateur disait, mais il ne l’augmenta pas. Ses yeux lourds se fermaient petit à petit alors qu’il fixait les pixels qui bougeaient sur l’écran devant lui. Il se réveilla en sursaut, alors que la nuit était tombée. Il était temps de retourner dans son atelier. Il y travaillerait encore de nombreuses heures. Au lever du soleil, de nouvelles couleurs s’étaient ajoutées aux autres. Du bleu, qui tirait sur le violet, un peu de jaune, du rouge plus foncé. Ces nouvelles couleurs contrastaient le blanc, qui semblait presque translucide. L’eau glacée nettoya de nouveau ses mains, après qu’il les eut frottées suffisamment. Il essuya l’évier, pour effacer toutes les traces de rouge. Une dernière pomme l’attendait dans le réfrigérateur, mais ce n’était pas grave. Le lendemain, il pourrait aller faire les courses, il le savait. Comme la veille, il avait un peu de mal à mâcher cet aliment acidulé, mais cela ne l’empêcha pas de le déguster en entier. Il s’écrasa dans son fauteuil grinçant, ralluma la télévision et, au bout de quelques minutes, s’endormit. Il se réveilla dans la nuit. Un bruit l’avait sorti de son sommeil. Il était temps de retourner dans son atelier.


Santé « 13

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Favoriser sa santé psychologique en 2019 NDLR : Élise Pilote est une étudiante au baccalauréat en psychologie. Elle s’est jointe à l’équipe du Griffonnier afin de faire profiter les autres étudiant.e.s de ses apprentissages. Ayant un diagnostic de TSA de niveau 1, de trouble de personnalité limite et de trouble anxieux, elle espère que son expérience de la vie saura inspirer d’autres personnes. Vice-présidente aux affaires administratives de la REPSY-UQAC, elle est également coordonnatrice du programme de parrainage pour les étudiants internationaux. Élise Pilote

Collaboratrice Après la fameuse tourtière et les réunions familiales viennent habituellement les résolutions du Nouvel An. Voici quelques conseils pour mieux se préparer à l’année qui commence.

Prendre du temps pour soi C’est dans la nature de l’être humain d’être emporté par le tourbillon de la vie. Cependant, une bonne santé psychologique passe par le temps qu’on prend d’abord pour s’occuper de soimême. Nous avons besoin de ce ressourcement. Il nous permet de remettre nos priorités en place et de reposer notre esprit. Le mental aussi a besoin de repos, comme le corps physique. Vous pouvez, par exemple, vous habituer à prendre des bains. Cela détend non seulement votre corps, mais aussi votre esprit.

Établir ses priorités Cette démarche se passe en deux étapes. La première, c’est écrire sur papier toutes les priorités qui nous sont importantes. C’est semblable à un brainstorming! La deuxième étape consiste à les classer par ordre de priorité dans le temps, comme suit :

Photo : Pixabay

But à court terme : Finir ma session

But à moyen terme : Finir mon baccalauréat But à long terme : Devenir neuropsychologue et chercheuse Pour finir, on accroche nos objectifs bien en vue!

Respecter ses limites Le respect des limites est un thème que j’affectionne tout particulièrement. Il est important de savoir dire non. Il est facile de se sentir emporté.e par le tourbillon de la vie, mais le mental a ses limites. Les étudiant.e.s sont particulièrement à risque de développer des problèmes mentaux en raison des exigences du milieu universitaire. Pour respecter nos limites, il faut, avant tout, savoir qui nous sommes (c’est un bon moment pour tester le conseil numéro 1 !). Prenez le temps, en 2019, d’apprendre à vous connaître. Apprendre à connaître ses forces et ses faiblesses est un bon début. Par exemple, si une personne sait qu’elle est plus productive le matin, elle doit tenir compte de cela lorsqu’elle établit un horaire d’étude. En améliorant sa productivité lors de périodes données, il deviendra plus facile de relaxer pleinement lors des moments de repos choisis. À l’université, plusieurs ressources sont disponibles pour les étudiant.e.s. Parmi celles-ci, on compte le service de pairsaidants, la Clinique universitaire de psychologie et l’aide psychosociale des Services aux étu-

diants. Vous avez l’embarras du choix, et il est très important de ne pas hésiter à vous prévaloir des ressources mises à votre disposition.

Le mur des succès J’ai instauré cet exercice en septembre 2018. J’avais un mur qui était vide en face de mon lit. Je me suis dit que je pourrais en faire un mur où tous mes succès seraient accrochés, afin de me motiver. Comment ça marche? On peut tout simplement imprimer des éléments de notre vie qui nous rendent fièr.e.s, par exemple des médailles, des affiches scientifiques, des phrases écrites dans différentes langues que nous maîtrisons, des valeurs que nous apprécions, etc. La liste est longue, il suffit d’un peu d’imagination. Après, on accroche tout cela au mur, et on contemple les succès de notre vie. Après avoir fait cet exercice, je me suis rappelée que je ne suis pas qu’une fille qui a des échecs. J’ai beaucoup de succès et je vois le positif dans ma vie. Beaucoup de personnes ont tendance à oublier ce point, et cette pratique est une solution simple et efficace.

Améliorer son estime de soi Selon le grand dictionnaire terminologique (2012),

l’estime de soi fait référence à la « capacité d’éprouver un sentiment favorable à son endroit, lequel naît de la bonne opinion que la personne a d’elle-même et de la valeur qu’elle se donne ». Premièrement, l’amélioration de notre estime passe par l’appréciation des choses que nous sommes capables de réaliser. Créer un mur des succès et se questionner par rapport aux choses qui nous rendent fièr.e.s sont des façons d’augmenter l’estime de soi. Quand nous prenons conscience de notre capacité à faire ceci ou cela, nous sommes capables d’avancer plus facilement dans la vie. Il est important de comprendre notre valeur en nous accomplissant toujours davantage. Deuxièmement, l’amélioration de notre estime de soi passe par l’acceptation de nos forces et de nos faiblesses, et donc par l’acceptation de notre mental tel qu’il est. Il s’agit ici de reconnaître la nature de l’être humain et de comprendre que nous sommes tels que nous sommes, ni plus, ni moins. Cela passe aussi par l’acceptation de notre corps physique. Il est important de lui parler, de le rassurer et de lui rappeler que nous l’aimons comme il est. J’espère que ces petits conseils vous permettront de passer une agréable session, remplie de bonheur et de réussite sur les plans scolaire et personnel!


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Sports

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L'escalade de glace Ioana Brassard collaboratrice

Pendant les fêtes, j'en ai profité pour essayer quelque chose de nouveau. Les gens qui me suivent sur les réseaux sociaux savent que je suis passionnée de montagnes et que je souhaite gravir l'Everest un jour. Pour ce faire, il y a plusieurs étapes à passer afin de favoriser la meilleure préparation possible pour un jour atteindre le sommet du toit du monde. L'escalade de glace, une discipline issue de l'alpinisme, est un bon moyen de commencer cette préparation. J'ai fait ma première ascension des glaces au Parc de la Chute-Montmorency le 29 décembre dernier.

L'escalade de glace, c’est quoi? Il s'agit d’une ascension au cours de laquelle on grimpe

sur glace à l'aide de crampons, piolets à traction (dits techniques), de harnais, de cordes, de casques, d'assureurs et de broches à glace. Dans mon cas, les glaces en question étaient adjacentes à la majestueuse chute Montmorency. L'approcher à ce point est d’ailleurs une expérience assez impressionnante (je conseille vivement cette activité aux photographes).

Le déroulement Notre guide, FrançoisGuy Thivierge, nous attendait au stationnement du parc, car il y a une petite marche à faire avant d'arriver au lieu d'escalade. On commence par mettre le casque, ensuite le harnais, les bottes et les crampons, et on apprend les techniques pour gérer la corde. François-Guy est un alpiniste et grimpeur aguerri. Il a atteint le sommet de l'Everest

en 2008 et est propriétaire de Roc Gyms-Ville de Québec . Je n'avais aucune crainte à être assurée par lui et me suis sentie en sécurité tout au long de l’activité, puisqu'il enseigne l'escalade de glace au Parc de la Chute-Montmorency depuis 1985. Il est important de préciser que vous ne grimpez pas directement la chute, mais bien la glace qui se trouve juste à côté. Instinctivement, vous planterez vos piolets et crampons dans le but de monter jusqu'à l'endroit où se trouvent le relais et les ancrages de votre corde. C'est un exercice qui sollicite beaucoup les jambes! Je n'ai malheureusement pas pu me rendre jusqu'en haut, ma botte étant mal attachée, mais j'étais satisfaite de ma performance, surtout qu’il s’agissait d’une première pour moi! Je compte bien continuer à pratiquer ce sport. C'est une expérience unique où le défi et le dépassement sont à l'honneur.

Photo : Courtoisie

La parole à François-Guy Mon guide, François-Guy, a tenu à transmettre ce message aux étudiant.e.s : « Il y a cette flamme de la passion qui brûle en moi depuis toujours. Je suis très déterminé à transmettre ma passion au plus de personnes possible (Note de

l'autrice : il m'a contaminée et rendue encore plus accro que je ne l'étais déjà!). Pour ceux qui débutent, je vous conseille de bien pousser vos jambes et de garder votre équilibre. Ne tirez pas sur les bras et assurezvous que vos pieds soient bien ancrés. Si vous tenez à expérimenter cette aventure unique, il me fera plaisir de vous guider et enseigner ma passion! »


Culture

Jeudi 17 Janvier 2019 No 133 Le Griffonnier

Photo : Courtoisie

La condition environnementale prone l'urgence... Prise de conscience! Le cercle environnemental est un regroupement de plusieurs étudiants de l’UQAC qui ont à cœur la protection de l’environnement. C’est un lieu où ils peuvent s’exprimer, échanger et agir au sein de leur établissement d’enseignement sur les enjeux environnementaux. Les buts du comité sont principalement de promouvoir la conscience environnementale dans l’université et de sensibiliser la communauté étudiante sur ces enjeux. Toutes les étudiantes et tous les étudiants de l’UQAC peuvent s’impliquer dans ce comité, assister à ses assemblées générales et, bien entendu, participer aux activités organisées par celui-ci. Le mardi 13 novembre, le comité environnemental diffusa Demain, un documentaire sur le thème de l’environnement et, plus largement, sur la condition humaine, ses problématiques et leurs solutions. La projection fut suivie d’un débat constructif sur les actions imaginables qu’il serait possible de mettre en place à l’échelle de l’Université. Cet événement eut lieu au sein de l’UQAC. En 2012 fut annoncé,

par une vingtaine de scientifiques, qu’une grande partie de l’humanité pourrait disparaitre d’ici 100 ans. C’est de ce constat que fut mis en oeuvre le projet du documentaire Demain. Ainsi, plusieurs personnalités du cinéma se sont réunies afin de trouver des solutions aux problèmes de l’humanité pour les générations futures. C’est dans cette optique qu’ils partirent explorer le monde, à la recherche d’expériences dans divers domaines qui permettraient de changer la tendance. Ainsi sont abordés les sujets de l’agriculture, de l’énergie, de l’habitat, de l’économie, de la démocratie et de l’éducation. Le comité environnemental a donc voulu diffuser ce documentaire qui se différencie des autres qui exposent une catastrophe imminente sans donner de solution. Demain, à l’inverse, propose des solutions concrètes et réalisables qui transmettent aux spectateurs espoir et motivation. Le public fut accueilli avec du café et du thé dans une ambiance chaleureuse. Une cinquantaine de personnes (étudiants ou non) sont venues assister à la pro-

jection. À la suite des deux heures de film a eu lieu un débat auquel a participé une vingtaine de personnes. Le débat se concentra sur le questionnement suivant : « Que peut-on faire ici, par nous-mêmes et à notre échelle? » Ce fut un instant de partage d’histoires de vie et de connaissances, ainsi que d’apprentissage sur les actions déjà mises en place au sein de l’UQAC ou du Saguenay. De la discussion ont découlé plusieurs idées de projets, comme la création de sites de covoiturage pour les étudiants, l’installation de bacs de plantation dans les locaux de l’UQAC, ce qui pourrait être un prolongement de la forêt nourricière, ainsi que la prise de démarches visant à s’assurer que les finances de l’Université ne soient pas placées dans le pétrole. Ce sont des projets qui seront proposés et étudiés par le comité environnemental. Ainsi, à la suite de cette rencontre, Adrien GuibertBarthez, étudiant à l’UQAC depuis 5 ans et engagé dans la vie sociale, a proposé une réunion dans le but d’expliquer le fonctionnement administratif de l’Université et, plus précisément, com-

ment monter un projet au sein de celle-ci. Cela aidera le comité environnemental à organiser ses actions, ses projets, comme le diner végane qui aura lieu en janvier 2019.

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60 entreprises Des centaines de postes à combler Une seule journée Mercredi 13 février de 9 h à 15 h au centre social de l’UQAC

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