Participer n°662

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Mars . Avril . Mai 2017 . Numéro 662

)Participer(

)Actualité(

)Enjeux(

Magazine des sociétés coopératives et participatives

Le développement est aussi à l’étranger

Présidentielles 2017 :

L’ESS fait des propositions aux candidats

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L’entrepreneuriat coopératif séduit les jeunes

13/03/2017 13:12


Sommaire p.4 Média Scop Vie du réseau p.6

)Enjeux Scop( p.12 Le développement est aussi à l’étranger

)Dossier(

Une dynamique en marche Notre Mouvement continue sa marche en avant. La mobilisation de toutes nos instances, unions régionales, Confédération, fédérations se confirme.

© Jean-Robert Dantou

Notre objectif de 70 000 emplois coopératifs apparaît comme un levier extraordinaire pour se poser les bonnes questions, mais aussi pour agir. Ainsi, la Direction nationale a tenu un séminaire stratégique avec les directeurs des unions régionales et des fédérations. Ce séminaire a été un moment important, très riche par la qualité des propositions et des échanges.

p.14 L ’entrepreneuriat coopératif

séduit les jeunes

)Actu( p.20 Présidentielles : L’ESS fait des propositions aux candidats

)Histoire( p.22 La Sapo fête ses 100 ans p.24 Pratique : Compte personnel d’activité : les points-clé

)Scop en action( p.26 AlternMobil, livreur petites distances mais avec de grandes ambitions p.28 Les salariés de Cabrol ont ferraillé pour garder leur outil de travail EvoSens, des solutions en optique, de la R&D à la fabrication p.29 Parcours p.30 Lectures Participer. Magazine des Sociétés coopératives et participatives 37, rue Jean Leclaire 75017 Paris - tél. : 01 44 85 47 00, fax : 01 44 85 47 10 • www.les-scop.coop Réalisation : Scopedit, 37, rue Jean-Leclaire 75017 Paris. Gérant : Jacques Landriot. Rédacteur en chef : Pierre Liret. Secrétariat de rédaction : Corinne Lefaucheux. Conception, réalisation, appui éditorial : Philem Despiney, Scop In Studio 4, Bruno Chambrillon. Impression : Chevillon Imprimeurs. Dépôt légal : 2e trimestre 2017. CPPAP 1115 T 87741 . ISSN 1264-949X. Abonnement : 1 à 3 abonnements souscrits : 26 € par abonnement, à partir de 4 abonnements 22 € par abonnement. Contact abonnement : 03 80 48 95 37

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La réflexion porte sur 7 thèmes : rayonnement et communication ; suivi, vie coopérative interne et formation ; développement et création ; développement et transmissions-reprises ; développement des coopératives existantes ; animation intercoopératives ; animation des structures du réseau. Toutes les idées issues des ateliers devront être validées par les conseils d’administration des UR Scop et par la Direction nationale le 24 mars. La décision finale sera prise lors de la Convention nationale de juillet. Guy Babolat, vice-président, et moi-même, rencontrons une à une les unions régionales incluant un temps d’échange avec les élus et les permanents pour présenter le projet de développement. Une attention toute particulière est portée à l’accompagnement de certaines unions régionales dans leur projet de fusion. Le processus est en effet complexe et nécessite de tenir compte de tous les facteurs, culturels, régionaux, financiers, humains. Il faut féliciter les UR Scop Auvergne et Rhône-Alpes qui fusionneront le 1er juin 2017. Nous travaillons également à la création du fonds d’investissement coopératif Coopventure qui vise à accompagner et financer les start-up numériques, notamment coopératives pour les entrepreneurs qui privilégient la création d’emplois et la pérennisation à long terme sur une revente rapide. Innovation, modernité, développement... Ces mots reflètent bien la dynamique de notre Mouvement et notre volonté d’agir ensemble.

Jacques Landriot Président de la Confédération générale des Scop

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)Enjeux Scop(

Le développement est aussi

De gauche à droite : l’Art chocolatier, ATEM et CitéCréation

Pas besoin d’être une PME importante pour créer une filiale à l’étranger. Bien des Sociétés coopératives et participatives le prouvent. Les motivations peuvent être très différentes, mais le bilan s’avère toujours positif. Et les retours sont parfois inattendus. Créer une filiale n’est pas l’apanage des grandes entreprises comme le prouvent trois exemples de PME coopératives qui confirment toutes l’accessibilité du dispositif, si tant est qu’on sait se faire accompagner par les bonnes personnes.

La filiale équitable L’Art chocolatier, une jeune Scop créée en 2007 par Stéphane Roux et son épouse, à Pertuis, à 15 kilomètres d’Aix-en-Provence, réunit cinq salariés permanents et deux saisonniers. Lors d’un voyage professionnel au Costa Rica, Stéphane et Géraldine Roux rencontrent une famille costaricienne qui dispose de 3,5 hectares de terre dont elle ne sait pas trop quoi faire. L’idée aussitôt germe : pourquoi

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pas une plantation de cacaoyers qui, à terme, pourrait approvisionner en partie l’Art chocolatier ? Pour mener ce projet à bien, une filiale est créée en 2015, détenue à 100 % par l’Art chocolatier. Pour Stéphane Roux, l’opération est exemplaire : « Je sais ce que j’ai planté, avec des engrais bio, et nos clients apprécieront que notre chocolat provient de notre propre finca (propriété). Mais au-delà de l’image de marque, c’est aussi une opération économique qui est gagnante pour la Scop comme pour l’agriculteur. Aujourd’hui les producteurs costariciens vendent directement aux coopératives environ 50 cents le kilo de fève de cacao qui en France se situera aux alentours de 3 à 7 dollars en fonction de la qualité... Avec Cacaodikla,

notre filiale, nous achèterons le kilo au producteur au cours de San José à 2,50 $ (cours actuel). Le producteur voit son gain multiplié par 5 et notre coût d’achat sera divisé par 2 et demi ! » Pour le moment, les plants poussent tranquillement... La première récolte aura lieu dans trois ans et les clients de l’Art chocolatier pourront alors se régaler de ce chocolat équitable made in la finca Dikla !

La filiale tête de pont La Scop ATEM, forte d’une soixantaine de salariés, spécialisée dans la maintenance industrielle, est installée à Marseille depuis 40 ans. Elle travaille ponctuellement à l’export, mais sans avoir cherché à s’implanter durablement à l’étranger.

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à l’étranger pection vers l’Afrique du Nord-Ouest. Et, dans cette stratégie, le Maroc nous sert de hub. »

Pourtant des opportunités commerciales existaient qu’il aurait été dommage de négliger. L’approche s’est faite à petits pas. Avec l’aide d’un cabinet de conseil spécialisé dans l’accompagnement à l’export, ATEM s’implante en 2010 au Maroc via un partenariat avec une entreprise locale. Au bout de deux ans, elle prend seule les rênes de l’affaire sous la forme d’un « bureau de liaison », une formule intermédiaire qui limite cependant son autonomie : « Nous ne pouvions par exemple pas immatriculer un véhicule ! Au bout de trois ans, nous avons donc créé une filiale détenue à 100 %. Les salariés sont marocains, ce qui facilite les relations avec nos clients sur place et nous permet un meilleur positionnement commercial. » Si l’antenne marocaine ne représente qu’un chiffre d’affaires de 200 à 300 000 € face aux 7 millions d’euros d’ATEM, l’expérience a permis d’établir une tête de pont en Afrique qui servira les projets de développement à venir : « Aujourd’hui nous avons une forte dynamique de pros-

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La filiale inspiratrice Internationalement reconnue dans l’art mural, CitéCréation, connaît l’export depuis longtemps. Active depuis 1978, la Scop a créé deux filiales. La première, MuraleCréation, en 2000 au Québec : « Nous n’avions pas le choix : à l’époque il y avait obligation d’avoir une société québécoise pour travailler au Québec », explique Halim Bensaïd, chef de projet associé de CitéCréation. Pour la création de la filiale allemande (DekorativeCity), en 2010, c’est une toute autre histoire : « C’est le marché qui nous a décidé. Nous travaillions beaucoup en Allemagne et avoir une entité allemande, avec un nom allemand et un directeur sur place facilite les choses. Et puis nous créons des objets qui restent dans le pays et à ce titre, pour le client c’est important d’avoir comme interlocuteur une structure nationale. La filiale signe les contrats et sous-traite ensuite la production à CitéCréation. » Pour Halim Bensaïd, la filiale ne s’impose que lorsqu’il y a dans un pays un potentiel pour plusieurs opérations. À contrario, comme à Barcelone en 1992, où ce n’était qu’un one shot, la filiale n’aurait pas été pertinente. « Mais ce qui est plus surprenant, explique Halim Bensaïd, c’est que notre filiale allemande nous incite aujourd’hui à repenser notre métier et à le faire évoluer. » Depuis deux ans CitéCréation amorce une trajectoire qui fait passer la Scop leader dans son domaine de la peinture murale au « design mural monumental ». Parce que la réglementation allemande sur l’isolation thermique des bâtiments est en avance sur celle de la France et que les bâtiments font l’objet de réhabilitations d’envergure, avec en particulier une isolation par l’extérieur (une seconde peau qui vient se coller sur les immeubles), le travail de la Scop en est transformé. « On ne travaille plus sur une surface à peindre, mais sur les 4 faces d’un immeuble

De la filiale au groupement L’article 29 de la loi ESS du 31 juillet 2014 permet la création de groupements de Scop, entre autres par la transformation de filiales en Scop. Ainsi une Scop détenant la majorité des droits de vote dans une autre société, qu’elle qu’en soit la forme, peut la transformer en Scop et conserver jusqu’à 51 % du capital et des droits de vote, sans limitation de temps.

dont la façade est par ailleurs modifiée ! Et c’est grâce à notre filiale que nous avons pris conscience de ce nouveau besoin qui impacte considérablement notre métier. » Comme quoi, exporter une technique par une filiale peut, en retour, provoquer l’importation de problématiques et de solutions qui, réglementation thermique obligeant, sont désormais les mêmes en France.

Facilité et souplesse Pour Thierry Modica, dirigeant d’ATEM, comme pour Stéphane Roux de l’Art chocolatier, créer une filiale ce n’est, administrativement, pas compliqué du tout. Halim Bensaïd, de CitéCréation, renchérit : « Au Canada vous créez une société en deux heures ! ». Lorsque les marchés sont mûrs ou fermés en France, il existe de nombreux leviers de croissance à l’étranger. Les Sociétés coopératives et participatives le démontrent au quotidien : ces marchés sont accessibles à tous, y compris aux TPE. L’export et la croissance externe à l’étranger sont un levier d’avenir pour pérenniser l’emploi local le plus durablement possible. Scop La Navette Contacts : www.art-chocolatier.fr www.atemmaintenance.com www.cite-creation.com

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© photo Vincent Zobler

L’ESS rajeunit ! C’est devenu aujourd’hui une réalité avec le départ à la retraite des « baby boomers » et avec l’envie toujours plus grande des nouvelles générations de donner du sens à leur travail.

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)Dossier(

L’entrepreneuriat coopératif

séduit les jeunes

L’ PARTICIPER Mars • Avril • Mai 2017

Pour des raisons très diversifiées, mais essentiellement tournées vers la quête de sens et de cohérence, les nouvelles générations marquent un intérêt de plus en plus prononcé pour l’entrepreneuriat coopératif. Galeries de portraits des jeunes coopérateurs et coopératrices.

ESS rajeunit ! C’est devenu aujourd’hui une réalité avec le départ à la retraite des « baby boomers » et avec l’envie toujours plus grande des nouvelles générations de donner du sens à leur travail. Une récente étude du CN Cres(1) évalue à 714 000 le nombre de retraités de l’ESS d’ici 2025, et à plus de 350 000 le nombre de recrutements extérieurs à venir. Et le tout aussi récent Baromètre de l’entrepreneuriat social KPMG-Mouves-France Active souligne que 59 % des jeunes de 18/24 ans souhaitent travailler dans l’ESS et que 45 % pensent même y créer leur activité. Ces tendances générales se vérifient sur le terrain par l’attrait des jeunes pour travailler ou entreprendre en Scop ou en Scic. Les Scop les plus importantes telles que le groupe Up, Acome, UTB, Sco-

pelec, Bouyer Leroux, etc., ont intégré depuis longtemps dans leur GPEC (Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences) le remplacement de leurs cadres expérimentés par des plus jeunes : il en va de la pérennité de l’entreprise et il s’agit aussi de repérer, parmi les sociétaires, les dirigeants de demain. Les Scop de taille intermédiaire ne sont pas en reste. Citba, une Scop béarnaise de chaudronnerie (130 salariés) a coopté l’été dernier deux trentenaires dans son directoire. Pour l’un d’eux, Christophe Houlbreque, esprit coopératif rime avec confiance aux jeunes : « une autre entreprise qu’une Scop n’aurait pas donné si vite une chance à des jeunes. Je suis arrivé chez Citba il y a onze ans, après des stages dans de grandes entreprises. J’ai été associé au bout d’un an, puis responsable du

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)Dossier(

Citba, Scop de 130 salariés, a accueilli deux trentenaires dans son directoire

CHSCT, puis du processus qualité, puis j’ai été membre du conseil de surveillance. L’ancien dirigeant Michel Massey a eu la volonté de renouveler et de redynamiser le directoire pour que l’entreprise fasse de nouveaux projets. Je pense que l’industrie devrait plus compter sur les jeunes ! »

Renouvellement Rajeunir l’entreprise, tel était aussi l’enjeu pour Charente Idier Bois, située à Claix (Charente), dont les six salariés de 23 à 46 ans ont dû reprendre l’entreprise en septembre 2013. À tout juste 40 ans, la nouvelle gérante, Céline Lafont était pourtant la dernière arrivée dans l’entreprise en mars 2012, mais elle connaissait bien les coopératives pour avoir travaillé dans la Scop Sifac, pendant son BTS en alternance. « Mon maître d’apprentissage m’avait montré toutes les facettes techniques et juridiques de l’entreprise, indique Céline Lafont. J’ai vu qu’on pouvait être acteur de ce qu’on fait et récompensé pour cela. J’ai donc expliqué le système à mes collègues de Charente Idier Bois. L’âge des salariés a fait qu’on n’a pas hésité à se lancer dans l’aventure ! ». S’il y a un besoin structurel de rajeunissement dans les Sociétés coopératives et participatives comme dans toute l’ESS, les jeunes arrivent aussi dans le Mouvement avec de nouvelles revendications et motivations. La première d’entre elles est la qualité de vie au travail, qui s’envisage plus facile-

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ment dans un cadre collectif fondé sur une finalité d’épanouissement professionnel. Pour Thomas Vasseur, gérant de Motion Twin, une société de jeux vidéo sur Internet basée à Bordeaux, « L’identité de notre Scop est formée par les jeunes qui s’y investissent. Comme moi, qui suis arrivé en 2013, à 31 ans, ils acquièrent de l’expérience sans avoir le risque et l’angoisse de tout perdre, comme s’ils étaient auto-entrepreneurs. Nous avons une philosophie très jeune, avec une hiérarchie horizontale, inspirée par les fondateurs qui nous ont passé la main. On doit s’encadrer nous-mêmes et se responsabiliser. Quand je partirai à mon tour, je ne retravaillerai pas dans une autre entreprise vidéo, où les jeunes n’ont aucune initiative… »

Sécurisation collective Un autre enjeu pour les jeunes qui ont du mal à accéder au marché du travail est la sécurisation collective. Elle est dans l’ADN des coopératives d’activités et d’emploi, qui accueillent beaucoup de jeunes parmi les salariés-entrepreneurs. Rurban coop, à cheval sur l’Essonne et la Seine-et-Marne, compte ainsi un tiers de 25/30 ans sur les 54 salariés. « Pour un jeune qui veut se lancer, précise Céline Romain, la gérante qui a créé la Scop en 2011 à 28 ans, la CAE va lui permettre de se créer des droits sociaux. Clairement, ils viennent chercher un cadre sécurisant. Ils n’ont pas envie d’être tout seuls et on leur apporte un

statut qui fonctionne. » Céline Romain explique aussi que la présence des plus jeunes est due à l’évolution culturelle qui perçoit plus positivement l’entrepreneuriat coopératif. Elle y contribue en intégrant des porteurs de projet issus du Groupement des jeunes créateurs et aussi des jeunes aiguillés par les missions locales. Rurban coop accueille aussi des stagiaires de troisième et de BTS et participe à l’opération 100 000 entrepreneurs dans les lycées. Si les jeunes apportent leur énergie en se démultipliant pour faire avancer les idées coopératives, ils souhaitent aussi amener des idées nouvelles et sont nombreux à s’engager fortement pour promouvoir une économie à la fois plus innovante et plus solidaire. Pour les 18 jeunes sociétaires des Tilleuls, à Lille (28 ans de moyenne d’âge), la volonté est de pouvoir concilier le métier de SSII travaillant pour des grands comptes, avec le statut coopératif. « En 2011, nous avons créé les Tilleuls, parce que nous n’avions plus de travail comme indépendants, évoque Kevin Dunglas, le gérant. Nous avons voulu créer une structure qui mette en avant l’innovation sociale, un laboratoire d’expérimentation plus autogestionnaire, une entreprise libérée sur le mode de l’holocratie, qui remette l’humain au cœur de l’entreprise ! » Le militantisme n’empêche pas, et au contraire est ici le moteur de la réussite. Six ans plus tard, le modèle fonctionne durablement avec des développeurs de systèmes d’information de notoriété internationale et une croissance de 100 % par an. Comme les Tilleuls ou Motion Twin, les Scop et Scic positionnées sur le numérique et les nouvelles technologies font une place particulière aux jeunes, nés avec Internet, diplômés ou autodidactes, qui cherchent à tout prix à s’éloigner du modèle des grandes entreprises du secteur, façonnées par le Google Management, où le travail se confond avec la vie personnelle. Pour les jeunes coopérateurs, il est possible de faire autrement. C’est une certaine forme de saturation au travail dans les SSII où ils travaillaient qui a conduit Charles-Henri Sauget et Patrice Harel, 29 et 33 ans, à créer leur propre entreprise Scop It à Paris en 2013. « Il fallait qu’on crée une structure plus ouverte et plus transparente pour ses propres sala-

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Motion Twin accueille des jeunes diplômés et autodidactes

riés, disent-ils en chœur. Nous étions frustrés de ne pas participer plus que ça aux décisions de nos entreprises. La Scop nous donne la force de son statut. Elle nous oblige à avancer. On s’est par exemple posé des questions sur l’éventail des salaires, mais une grille des salaires resserrée n’empêche pas de recruter de bons ingénieurs ». Quatre ans après sa création, Scop It compte déjà huit salariés et va bientôt déménager.

Un statut cohérent Les jeunes qui entreprennent ont aussi une autre motivation : trouver un statut juridique cohérent avec leur objet social

La benjamine de la Scop Rurban coop est Mélanie Courtois, 22 ans

et leur secteur d’activité. Pour Marc Mazelin, 29 ans, gérant d’Eco-Paysages à Haussy (Nord), qui travaille sur des aménagements innovants (mare écologique, toiture végétalisée, jardin thérapeutique), le choix d’un statut collectif était une évidence. Cette toute jeune société née en 2013 a fait le choix de la Scop en adhérant à des valeurs partagées de l’économie sociale. « La Scop nous a fait accélérer, se réjouit Marc Mazelin. Elle nous a aussi permis d’accéder à des financements de la Région Hauts-de-France. Nous avons eu une subvention Jeunes créateurs, sous réserve de créer 5 emplois en trois ans. » La société a déjà trois sala-

riés en début d’année et compte bien se développer, avec les forts besoins écologiques de la région. Cohérence et engagement sont aussi le fil rouge d’Arnaud Gayral, associé de la Scop Café Michel, à Bordeaux. « Il y a une résonance entre le commerce équitable et le statut solidaire coopératif. L’alliance des deux renforce la crédibilité du projet », note le développeur de 32 ans, diplômé de l’ESC Rouen et passé auparavant par la Scop Ethiquable. « De plus en plus de jeunes cherchent des débouchés professionnels dans des coopératives, parce qu’ils veulent construire quelque chose de plus solide que l’associatif, poursuit Arnaud

Cap jeunes Cap jeunes est un dispositif de France Active à destination des jeunes de moins de 26 ans en situation de chômage. Cap jeunes permet à ce public de bénéficier d’un accompagnement et d’une prime de démarrage de 2 000 euros. Il faut s’adresser aux fonds territoriaux de France Active. www.franceactive.org

Pépite Pépite (Pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat) a été instauré par le ministère de l’Education nationale et celui de l’Economie. Il ouvre droit au statut d’étudiant-entrepreneur. Une trentaine de pôles sont actifs dans les universités. Il est ouvert à tous les étudiants au-delà du Bac et peut déboucher sur le D2E (diplôme d’étudiant-entrepreneur). www.pepite-france.fr

Aides spécifiques pour les jeunes Voici les aides et bonnes adresses à connaître pour créer et pérenniser votre Société coopérative et participative.

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La Scop Les Tilleuls accueille des jeunes qui souhaitent s’éloigner du modèle des grandes entreprises du secteur

Gayral. Être sociétaire, c’est forcément s’intéresser à plus de choses que son domaine. La formation est donc importante pour les jeunes qui entrent dans une coopérative, les formations du réseau, comme la formation que j’ai pu suivre à Dauphine. Je crois que les jeunes sont plus imprégnés de l’idée qu’ils devront se former tout au long de la vie. » Enfin, même lorsqu’on n’a pas connu d’autres expériences de travail, l’entrepreneuriat en Scop ou un Scic présente

un atout-clé pour les jeunes : trouver un réseau d’entraide qui va les aider à franchir les étapes. En septembre 2013, David Blanchard, 26 ans, et trois autres salariés d’Allonnes (Sarthe) ont décidé de créer leur Scop ES BPC Electricité sur les bases de leur ancienne entreprise liquidée. « Nous avons été soutenus par l’UR Scop de l’Ouest, explique David Blanchard. Leur appui, ainsi que l’aide du Conseil régional Pays de la Loire nous a permis d’aller voir les banquiers en étant pris au sérieux,

même si nous étions jeunes » Ce que David a trouvé dans sa coopérative résume bien le cœur de ce qu’y cherchent les jeunes de sa génération : pouvoir construire son propre emploi, pouvoir travailler en autonomie tout en n’étant pas seul, et in fine avoir le sentiment de vivre librement le travail plutôt que le subir. Éric Larpin

Coopératives jeunesse de services Les coopératives jeunesse de services sont nées en France sur le modèle du Québec. Elles constituent une façon d’initier les 16/18 ans à l’entrepreneuriat coopératif, sous la forme d’une coopérative de travail, dont ils s’occupent pendant tout un été. Le réseau Coopérer pour entreprendre assure le pilotage du programme. www.cooperer.coop/les-cooperatives-jeunesse-de-services/

Groupement de jeunes créateurs Ce dispositif, né en 2000 en Seine-etMarne, aide des jeunes déscolarisés à créer leur activité. Pour cela, ils ont un triple accompagnement : social (via des missions locales), économique (via des couveuses, des coopératives d’activités, le réseau BGE, etc.) et universitaire (via un diplôme universitaire à la création d’activités). Il existe une quinzaine de groupements en activité. www.groupement-de-createurs.fr

Accre L’Accre (Aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise) a des volets qui s’adressent spécifiquement aux jeunes âgés de 18 à 26 ans. Ils peuvent bénéficier d’exonérations de cotisations sociales, obtenir un prêt à taux zéro et avoir un accompagnement (parcours Nacre). Il faut se rapprocher des centres de formalités des entreprises pour y avoir droit. http://travail-emploi.gouv.fr/emploi/ developpement-de-l-emploi/nacre

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(1) CN Cres : Conseil national des Chambres régionales d’économie sociale et solidaire

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« Il faut arriver à une meilleure représentativité » Philippe Caseiro, membre de la Direction nationale Quel est votre rôle au sein de la Direction nationale du Mouvement Scop ? À l’occasion du renouvellement de la Direction nationale l’automne dernier, j’ai accepté d’être le référent « Jeunes ». Cadoles, la Scop d’informatique, dont je suis issu (11 salariés de 26 à 46 ans), s’inscrit dans cette question de la représentativité des jeunes. Pour nous, le statut coopératif porte des valeurs et on veut s’investir dans le Mouvement coopératif pour que d’autres jeunes s’y intéressent. Notre vision sur les coopératives a un prisme différent : on fait attention prioritairement aux relations de travail, à la qualité de vie et au fait d’être partie prenante dans les décisions. Comment améliorer la place des jeunes dans le Mouvement ? C’est d’abord une décision du dernier Congrès que d’améliorer cette place. C’est donc positif ! Pour arriver à une meilleure représentativité dans les instances, il faut aussi que les jeunes se motivent. Je pense en particulier au Mouvement des jeunes coopérateurs, qui développe des idées avec lesquelles je suis en accord. Nous devrions faire émerger des jeunes élus de ce Mouvement. Plus concrètement, il faut que nous trouvions des lieux de dialogue, à l’échelon local. Il faudrait aussi avoir un référent « Jeunes » dans chaque union régionale.

Philippe Caseiro

Par quels canaux mieux faire connaître les Scop et les Scic auprès des jeunes générations ? Si nous souhaitons rassembler nos forces avec le Mouvement des jeunes coopérateurs, c’est précisément pour construire des outils de communication et un argumentaire. Dans les coopératives, nous avons déjà des jeunes de 20 et 30 ans qui peuvent témoigner de leurs expériences professionnelles. Un trentenaire peut expliquer à un autre trentenaire comment la coopérative a changé sa vie. Il sait à qui il parle et comment lui parler. Pour se faire connaître, il faut aussi utiliser les moyens d’informations préférés des jeunes, que sont les réseaux sociaux.

« La proximité générationnelle crée de l’élan » Nicolas Duracka, 32 ans, enseignant-chercheur à l’IUT de Vichy, Métiers du multimédia et de l’internet Beaucoup de jeunes se tournent aujourd’hui vers l’économie sociale et solidaire. Pourquoi ? Je pense que la raison première, c’est l’idée de rupture. Cette génération ne croit plus au marché de l’emploi et guère plus au travail et au salariat. Ce qu’elle veut, c’est bien vivre dans des structures entrepreneuriales plus souples. La proximité générationnelle crée de l’élan. L’autre raison, peut-être paradoxale, c’est que ces jeunes veulent s’impliquer, dans des projets, dans la gouvernance de leurs entreprises, dans leur territoire. Parmi eux, il faut distinguer ceux qui veulent entrer dans des mouvements plus alternatifs et plus citoyens et ceux qui travaillent dans les entreprises collaboratives, où la gouvernance est certes différente, mais le métier très proche de ce que font les entreprises du secteur 100 % lucratif… Côté entrepreneurs citoyens, on trouve les jeunes coopératrices et coopérateurs… Les jeunes générations sont en effet déjà très mobilisées. On les sensibilise aussi aux formes coopératives dès le plus jeune âge : coopératives scolaires, coopératives jeunesse de services, projets solidaires du réseau Animafac. Pour eux, le statut coopératif n’est pas compliqué, et au contraire attractif. Ils en connaissent déjà les valeurs et ils savent qu’ils seront entourés. Sur les aspects concrets de la création d’entreprise, les UR Scop le font très bien. Sur les aspects théoriques, les universitaires peuvent les aider à s’outiller. Dans la tradition de recherche-action de l’économie sociale, comment vous êtes-vous impliqué dans le soutien à des initiatives étudiantes ? Il y a quatre ans, nous avons participé à la création de Genies (Germoir pour une évolution notable des initiatives étudiantes solidaires), avec d’autres acteurs de l’ESS, pour aider des projets collectifs à émerger au sein de l’Université de Clermont-Ferrand. Nous essayons d’instiller le sens coopératif auprès des étudiants. Comme dans Lieu’topie, un autre projet de la fac de Clermont, monté par les étudiants, pour développer une épicerie sociale, un jardin partagé, des paniers bio, etc. Lieu’topie devrait devenir une Scic cette année.

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Nicolas Duracka

Propos recueillis par Éric Larpin

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)Actualité( Présidentielles 2017 :

L’ESS fait des propositions aux candidats L’élection présidentielle se tient les 23 avril et 7 mai prochains. Les acteurs de l‘ESS sont bien décidés à y faire valoir leurs propositions. La CG Scop met en avant la réponse qu’apportent les Scop et les Scic aux transitions économiques et sociales de notre pays. L‘Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire publie un « manifeste pour une économie citoyenne » et Coop FR engage une campagne de sensibilisation de l’opinion publique et de la classe politique au modèle entrepreneurial coopératif.

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ans le débat présidentiel, la CG Scop fait valoir les nombreux atouts du modèle coopératif avec en premier lieu la création et le développement d’entreprises : « 300 Scop et Scic sont créées chaque année ». Autre atout : la transmission de PME aux salariés grâce à l’accompagnement des unions

régionales « pour éviter de trop nombreuses fermetures d’entreprises ». La Confédération met aussi en avant l’évolution des parcours professionnels et la force du modèle des Scop et Scic pour les parcours de formation pouvant aller jusqu’à la direction de l’entreprise. Enfin, elle avance l’idée que l’innovation sociale est au service du dévelop-

Les 7 propositions du réseau des Scop Développer l’actionnariat salarié et les transmissions reprises d’entreprises #1 Doper les plans d’épargne investis dans l’entreprise #2 Encourager les souscriptions au capital des PME et ETI #3 Préserver les emplois pour les reprises d’entreprises en difficultés

Engagements

Innover sur les nouvelles formes d’économie #4 Créer des start-up coopératives #5 Proposer une alternative sécurisée à l’auto-entreprenariat #6 Encourager les projets entrepreneuriaux impliquant les parties prenantes #7 Vers une Recherche & Développement en innovation sociale

> Etre acteur sur le terrain, avec nos unions régionales, de la dynamique entrepreneuriale > Accompagner la montée au sociétariat des salariés et la dynamisation de la vie coopérative > Déployer les Scop d’amorçage et les groupements de Scop dans toutes les régions > Mettre en place le fonds evergreen CoopVenture qui vise à accompagner et financer les start-up numériques, BtoB ou BtoC préférant la création d’emplois et la pérennité long terme, à une revente rapide

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pement économique et que Scop et Scic apportent des solutions nouvelles à l’économie numérique « avec des plateformes coopératives respectueuses de l’intérêt des utilisateurs et des travailleurs » ou à la transition énergétique, « par le développement d’offres d’électricité renouvelable avec l’implication des citoyens producteurs/consommateurs ». Scop et Scic sont des entreprises indépendantes, au service de leur territoire et non délocalisables. Ce sont des entreprises performantes qui affichent un taux de pérennité à 5 ans de 65 % supérieur à celui de la moyenne nationale des entreprises françaises (50 % selon l’Insee). Elles inscrivent l’humain au cœur de leur projet d’entreprise et pour ce faire, répartissent équitablement les résultats, donnent leur voix à chacun de leurs salarié.e.s et 91 % des français.e.s pensent que les Scop permettent de donner du sens à son travail selon un sondage de l’institut Ifop en septembre 2016. Un précédent sondage révèle l’excellente image des entreprises coopératives auprès des Français : 91 % les perçoivent positivement, 82 % se sentent proches de leurs valeurs, 90 % prêts à consommer des produits issus ou commercialisés par elles et 75 % déclarent être prêts à y travailler. Pour toutes ces raisons, la CG Scop appelle les candidats à inclure dans leur programme l’appui au développement des Sociétés coopératives et participatives et formulent des propositions et des engagements (voir encadré).

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)Actualité(

La course à l’Élysée (notre photo) pour cette élection présidentielle mobilise plus que jamais les acteurs de l’ESS qui veulent mettre en avant leurs propositions pour contribuer au progrès économique et social

Les entreprises coopératives s’engagent Au-delà des Scop et des Scic, Coop FR, organisation représentative de l’ensemble des familles coopératives françaises (agriculture, commerce, banques, artisanat, etc.) publie le manifeste « Les entreprises coopératives s’engagent » pour sensibiliser les candidats de la présidentielle au modèle de l’entreprise coopérative. Coop FR fait valoir l’ancrage par nature des coopératives dans le développement local et les territoires. Les coopératives s’engagent à soutenir la création d’entreprises porteuses de croissance, qui innovent, accompagnent les nouveaux modes de vie, font vivre la démocratie dans leur gouvernance et font entendre la voix de la France sur le plan international. Coop FR plaide pour un appui des pouvoirs publics, un renforcement de la reconnaissance institutionnelle des coopératives, la mise en place de règles adaptées, un soutien sur la création de coopératives, une égalité de traitement dans

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l’accès aux outils financiers des PME et l’intégration du modèle dans les programmes scolaires, professionnels et universitaires.

Les propositions de l’Udes et d’ESS France Au titre des 70 000 entités de l’économie sociale et solidaire qu’elle représente - dont les Sociétés coopératives et participatives - et qui réunissent plus de 1,1 million de salariés, l’Udes, Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire, formule aussi 60 propositions pour les candidats à l’élection présidentielle autour de 8 thématiques. Parmi elles : une commande publique socialement responsable ou une meilleure sécurisation des employeurs et des actifs. Pour son président Hugues Vidor, l’enjeu majeur tourne autour des nouvelles formes du travail « entre des salariés en CDI et les précaires qui peinent à s’insérer durablement dans l’emploi ». L’Udes invite les candidats à une réflexion de fond sur le statut de l’actif tournant

autour d’une sécurisation des parcours professionnels. Enfin, sur le plan social, l’Udes soutient l’idée d’une réflexion avancée « sur un revenu de base, gage d’une refondation du contrat social », financé par l’impôt sur le revenu étendu à tous les contribuables. L’Udes souhaite aussi un resserrement des liens entre l’école et l’entreprise et de la réelle prise en compte des aspirations des jeunes. Le 28 février, ESS France a également présenté ses propositions pour l’élection présidentielle 2017. L’objectif : placer l’Économie sociale et solidaire au centre des politiques publiques, co-construire les politiques sociales nationales et territoriales, accompagner les nouveaux modes de vie, garder un haut niveau de protection sociale, ou encore participer à une consommation responsable. ESS France souhaite améliorer la représentation de l’ESS en France, mais aussi agir en Europe et dans le monde. Bruno Chambrillon

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