PARTICIPER 671 Mieux répartir les richesses : l’expérience coopérative

Page 1

Juin . Juillet . Août 2019 . Numéro 671

)Participer( Magazine des sociétés coopératives

)Enjeux(

Succession du dirigeant : une étape-clé

)Rencontres(

Dossier

Pierre-René Lemas : « France Active prend sa part dans l’objectif des 70 000 emplois ! »

Mieux répartir les richesses : l’expérience coopérative


Sommaire p. 4 Média Scop

)Vie du réseau( p.5 L’Union régionale des Scop Occitanie Pôle Pyrénées reçoit la Fédération des coopératives de Catalogne p.10 Que pensent les Scop BTP de leur Fédération ? p.12 Le speed-dating des Scop de la communication à Toulouse

)Dossier(

p.14 Mieux répartir les richesses : l’expérience coopérative

)Rencontres( p.20 Pierre-René Lemas : nouveau président du financeur solidaire France Active

)Enjeux Scop( p.22 Succession du dirigeant, une étape-clé

)Zoom( p.24 Bilan chiffré 2018 : 3 311 coopératives actives !

)Scop en action( p.26 Quonex Alsatel, une jeune Scop de 70 ans avec de l’avenir p.28 L’Essor, 100 ans et pas une ride L’Accacia, un bâtisseur bois responsable

)Parcours( p.30 Marie Yuma, un parcours coopératif engagé Fabienne Baudon, de l’alternance à la présidence Participer. Magazine des Sociétés coopératives 30, rue des Épinettes 75017 Paris - tél. : 01 44 85 47 00, fax : 01 44 85 47 10 • www.les-scop.coop Réalisation : Scopedit, 30, rue des Épinettes 75017 Paris. Gérant : Jacques Landriot. Rédacteur en chef : Pierre Liret. Secrétariat de rédaction : Corinne Lefaucheux. Conception, réalisation, appui éditorial : Bruno Chambrillon, Éric Larpin, La Navette, Coopetic Photo de couverture : Stéphanie Tétu - Photographie : CG Scop / Stéphanie Tétu / La Company Impression : Chevillon Imprimeurs. Dépôt légal : 2eme trimestre 2019. CPPAP 1115 T 87741. ISSN 1264-949X. Abonnement : 1 à 3 abonnements souscrits : 26 € par abonnement, à partir de 4 abonnements 22 € par abonnement. Contact abonnement : 03 80 48 95 37

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019

Cap 70 000 : le développement se poursuit La Confédération générale des Scop a présenté le bilan de l’année 2018. Il est positif avec une croissance de l’emploi, du chiffre d’affaires et du nombre de Sociétés coopératives. Nous sommes très fiers d’annoncer des emplois en progression de 4,5 % entre 2017 et 2018 et qui représentent désormais 60 400 personnes. Depuis le lancement du Cap 70 000 emplois coopératifs, notre Mouvement affiche plus 7 000 emplois supplémentaires depuis 2017. Le chiffre d’affaires atteint quant à lui 5,5 milliards d’euros, soit une hausse de 6,2 % sur 1 an. Nous avons aussi cherché à cerner ce que représentent les filiales détenues majoritairement par nos coopératives et là, notre surprise fut grande : ces filiales pèsent 10 000 emplois et 1,5 milliards d’euros supplémentaires. Autrement dit, notre Mouvement représente aujourd’hui avec ces filiales 70 000 emplois et un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros ! Ces chiffres reflètent plus fidèlement le poids démographique et économique réel des Scop et des Scic aujourd’hui. En nombre d’entreprises, la progression par rapport à 2017 est de 3,8 %, ce qui porte le total à 3 311 Sociétés coopératives, dont + 14 % pour les Scic. La transmission d’entreprises saines, la croissance de nos coopératives, la transformation d’associations en Scop ou Scic, la création ex-nihilo et enfin la reprise à la barre du tribunal d’entreprise, sont les facteurs clés de ce développement. Le bilan à mi-mandat est donc plutôt positif. Cependant, rien n’étant gagné, le Bureau, et la Direction nationale ont souhaité faire le point sur les actions engagées et les investissements réalisés au cours d’un séminaire efficace et convivial. Nous avons pu avec les présidents et directeurs des unions régionales mettre en exergue les points forts et points faibles et aussi conforter ou infirmer nos actions. Avec ce séminaire, nous avons pu constater que notre Mouvement s’est ouvert au développement avec des méthodes nouvelles sans oublier nos adhérents. De plus, des outils financiers toujours aussi efficaces ont aidé nos Scop et Scic dans leur croissance ou les moments difficiles. Merci à tous pour ces résultats encourageants. Toutefois, le Cap 70 000 (hors filiales) n’est pas encore gagné : ne relâchons pas nos efforts.

Jacques Landriot Président de la Confédération générale des Scop

3


)Média Scop(

revue de presse

Les Scop intéressent les médias : télévision, radio, magazines, sites Internet, journaux, dans des reportages, des dossiers ou des articles. Cette revue de presse présente une sélection des retombées les plus récentes et les plus significatives. )La Tribune( « Les coopératives d’intérêt collectif à la rescousse des centres-villes » Sous ce titre, La Tribune a publié le 12 mai une interview de Jacques Landriot, président de la CG Scop et de Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France, à propos du partenariat entre les deux organisations pour redynamiser les cœurs de ville.

)La Gazette Santé-Social( Société à mission : prétexte ou avancée ? La Gazette Santé-Social d’avril a donné la parole à Jacques Landriot, président de la CG Scop, sur la loi Pacte. À propos des entreprises à mission, il estime que « par leur mode de fonctionnement et les valeurs qu’elles appliquent en pratique dans leur fonctionnement, les Scic mais aussi les Scop portent en elles tous les fondements. »

v u sur

les réseaux sociaux

Nouveau : Les Scop sont désormais sur Instagram Retrouvez toute l’actualité sur l’entrepreneuriat coopératif et les nombreux témoignages de coopérateurs, avec en prime des visuels travaillés et qui ont tout pour illustrer le bien-être dans les Scop et dans les Scic. Déjà 400 abonnés sur le dernier réseau social des Scop Entre photographies, verbatims et vidéos, la vie coopérative prend tout son sens sur un réseau social 100 % visuel.

Elles sont neuves, elles sont belles … tout juste imprimées, les plaquettes à destination des porteurs de projets sont déjà un énorme coup de cœur pour nos abonnés. 100 interactions en deux jours, qui dit mieux ?

)France Télévisions( )France Inter( Les Scop dans Carnets de campagne Fatima Bellaredj, déléguée générale de la CG Scop, était l’invitée de Philippe Bertrand dans Carnets de campagne du 18 mars sur France Inter. Et ce dernier d’introduire son émission : « Les coopératives sont de plus en plus nombreuses à voir le jour en France. Elles sont Scop ou Sic et elles présentent les atouts de ce qui en ferait des entreprises de nouvelle génération, synonyme d’une nouvelle

La famille Scop au grand complet Après les unions régionales, la fédération de la communication, celle du BTP a rejoint Twitter pour gazouiller. Bienvenue @fscopbtp !

Erwan Garcia Recio

ère économique, proches de l’humain, au contact des réalités sociales et soucieuses du bien-être de chacun dans un système géré démocratiquement. »

)Les Échos Business Entreprendre tout en étant salarié Les Echos Business du 5 avril donnent un coup de projecteur sur l’accompagnement apporté par une Coopérative

d’activité et d’emploi, à travers les témoignages de deux entrepreneurs salariés de la CAE francilienne Coopaname. « Quand on est indépendant, nous avons une visibilité de nos projets à deux ou trois mois, cela peut être difficile à vivre au quotidien. Coopaname permet de faire face à tous les temps d’hésitation et de doute », raconte Jean Robert. Corinne Lefaucheux

La reprise en Scop au JT Le journal de 13h a diffusé le 13 mai sur France 2 un reportage de plus de 2 mn sur la récente reprise en Scop par une centaine de salariés de l’usine de charcuterie alsacienne Maurer Tempé. «Si on aime son entreprise, on le fait », confie Christophe Dangel, associé de la Scop. L’usine de thés et d’infusions Scop Ti dans les Bouches-du-Rhône a également fait l’objet d’un reportage le 26 mars dans le JT du 19/20 sur France 3.

4

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019


)Vie du réseau(

actualités

)Inter-coopération(

L’Union régionale des Scop Occitanie Pôle Pyrénées reçoit la Fédération des coopératives de Catalogne Le 20 mai, l’Union régionale des Scop Occitanie Pôle Pyrénées, représentée par son président Rémi Roux et son directeur Cyrille Rocher, a reçu ses homologues catalans, Cristina Delgado, chargée de mission à la Fédération des coopératives de travailleurs de Barcelone accompagnée de Joseba Polanco, directeur de la Confédération des coopératives de Catalogne. Ce premier contact s’inscrit dans la perspective du déploiement de l’intercoopération entre les structures des deux côtés de la chaîne des Pyrénées. La Fédé-

ration catalane a manifesté un vif intérêt quant aux pratiques concernant la procédure de révision coopérative. Après une parenthèse d’une dizaine d’années, leur volonté de renouer avec les coopératives françaises a été largement exprimée et la révision coopérative sera l’occasion d’initier une série de rencontres de travail et d’échanges de pratiques. Un prochain rendez-vous est envisagé à Barcelone, et permettra à une délégation de Scop et Scic d’Occitanie de mieux connaître leurs homologues catalans.

PLAIDOYER Contribution collective du Mouvement au Grand débat national La Confédération générale des Scop a souhaité la participation de l’ensemble du Mouvement au Grand débat national. Nombreuses ont été les contributions aux différents espaces et événements proposés pour faire part de leurs propositions. Ces différentes initiatives ont permis à près de 350 coopératrices et coopérateurs d’échanger sur des axes de progrès et des propositions pour une économie plus humaine, des entreprises plus responsables socialement, plus respectueuses de l’environnement et des territoires, également plus démocratiques. Tous ont souligné la nécessité de valoriser la spécificité du mode d’entreprendre coopératif porteur de sens dont la gouvernance et le partage des profits sont des incontournables à porter au débat pour remettre les femmes et les hommes au cœur de l’entreprise.

PARITÉ Coup de projecteur sur les femmes du Mouvement Scop

)Nomination(

Pierrick De Ronne, nouveau président du réseau Biocoop À la suite de la démission de Claude Gruffat, à la tête du réseau de magasins bio durant 15 années, Pierrick De Ronne, dirigeant de la Scop Bionacelle d’Annonay et sociétaire Biocoop depuis 2009, s’est porté candidat à la présidence et a été élu le 27 mars dernier. L’enjeu principal pour Pierrick De Ronne sera notamment d’atteindre les 900 points de vente en 2025 (560 aujourd’hui) et de trouver des alternatives (e-commerce, corner shop) aux magasins Biocoop pour diversifier l’offre.

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019

La Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars dernier était l’occasion pour le Mouvement Scop de mettre en valeur les nombreuses femmes talentueuses, militantes et engagées pour le développement et l’atteinte d’un objectif commun : Cap 70 000 emplois ! Toutes, élues et salariées du Mouvement, œuvrent pour une société plus responsable, plus solidaire et plus coopérative que jamais.

5


)Vie du réseau(

actualités

HOMMAGE Disparition de Marcel Caron, fondateur de l’Artésienne et ancien président de l’UR Scop Hauts-de-France

)Auvergne Rhône-Alpes(

Meryem Yilmaz et Malik Selmi prennent la co-direction de l’UR Scop Aura

M

eryem et Malik ont été choisis pour prendre la direction tout en complémentarité, de l’Union régionale des Scop d’Auvergne Rhône-Alpes forte de 37 professionnels et 545 entreprises accompagnées. Ils prennent ainsi le relais de Michel Rohart qui quitte l’UR après 24 ans au service des Scop et des Scic. Après trois ans de conseil à Lille et Paris, Meryem a intégré le Mouvement coopératif

Marcel Caron, maire honoraire de la commune de Loos-en-Gohelle (62) est décédé le 15 avril 2019 dans sa 89e année. Président fondateur de la Scop l’Artésienne en 1967, première Scop du Pas-de-Calais, Marcel Caron fût également président de l’Union régionale des Scop Hauts-de-France. Le Mouvement des Scop présente ses condoléances à sa famille.

il y a treize ans car elle souhaitait travailler dans le développement économique local. Quant à Malik, il a rejoint l’UR Scop il y a onze ans dans le cadre de la recherche d’un stage pour son master de management opérationnel. Tous les deux attachés à leur cœur de métiers respectifs, la création/transmission d’entreprise et les affaires financières, ils projettent de doter l’UR Scop de quatre agences sur le territoire et de renforcer la proximité avec les entreprises adhérentes.

Marcel Caron

Affichez vos coopératives ! Abonnez-vous au valeurs magazine Participer ! Chaque trimestre, suivez l’actualité et les enjeux des Sociétés coopératives et participatives Merci de retourner ce bulletin d’abonnement dûment rempli accompagné de votre règlement à l’ordre de : Scop Edit - 12, rue du Cap-Vert - 21800 Quetigny Structure/organisme : ........................................................................... Nom : ............................................... Prénom : ........................................ Adresse : .................................................................................................... Code postal : .............................. Ville : ................................................... Tél : ................................................ E-mail : ..............................................

6

4 numéros par an

26 €

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019


)Vie du réseau(

actualités

)Auvergne Rhône-Alpes(

Une journée d’atelier sur les pratiques RH en coopérative

Disparition de Georges Martin, ancien dirigeant de la Coopérative Nouvelle d’Electricité Georges Martin, ancien PDG de la Scop CNE (Rhône), s’est éteint à l’âge de 86 ans. Coopérateur depuis 1954 au sein de la Scop CNE (L’Habitat à l’époque), Georges Martin fut également administrateur (1965) puis président (1994) de l’Union régionale des Scop Rhône-Alpes et administrateur de la Fédération des Scop du BTP jusqu’en 2008.

Parce que la fonction RH ne s’exerce pas en Scop ou en Scic comme dans une autre entreprise, l’Union régionale des Scop Auvergne-Rhône-Alpes convie chaque année les coopératives de la région à une journée d’atelier leurs permettant de prendre du recul sur leurs pratiques RH et s’inspirer de ce qui a été expérimenté ailleurs. L’édition 2019 a réuni 18 participants le 24 mai dans ses locaux de l’UR à Vaulx-en-Velin. Outre le travail collaboratif animé par l’UR, l’atelier a permis de présenter les conclusions d’une étude conduite par le consultant et ergonome Philippe Negroni, de la Scop A Fabrica Di L’Omu dans le cadre d’un projet mené par la CG Scop en partenariat avec l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration pour les conditions du travail)

et trois UR Scop. Sur le thème « l’impact des innovations managériales sur la qualité de vie au travail », 12 diagnostics ont été conduits sur la qualité de vie au travail, permettant de souligner les atouts du modèle coopératif en termes de sens au travail et pour favoriser la qualité de vie au travail et par conséquent la performance collective de l’entreprise. L’étude a également mis en avant certaines limites et enjeux à relever pour le management « Made in Scop ». En s’appuyant notamment sur les conclusions de l’étude qui a été présentée, les participants ont mené un travail collaboratif avec la méthode du co-développement. Chacun a pu s’exprimer sur ses priorités RH dans sa coopérative et nourrir sa problématique avec l’apport des autres participants.

Nommé président de la Scop en 1958 à l’âge de 21 ans, Georges Martin a su la pérenniser et lègue une coopérative en parfaite santé économique quand il passe la main en 1993 à Maurice Stellati. C’est tout naturellement qu’il fait partie des 27 co-fondateurs du Club des anciens coopérateurs en 2008 et qu’il témoigne de sa vie de coopérateur dans l’ouvrage de François Kerfourn et Michel Porta « Les Scop, nous en sommes fiers ! ». Il y partagera notamment sa fierté d’avoir réussi à mener ses missions grâce à sa rigueur technique et gestionnaire ainsi que sa confiance envers la solidarité de l’équipe coopérative.

Connaissez-vous le Club des Anciens Coopérateurs ? Fort de 170 membres aujourd’hui, le CAC a vocation à réunir les anciens des Scop, élus et permanents du Mouvement Scop qui souhaitent : • participer aux rencontres des adhérents organisées par le CAC. Et pour ceux qui le souhaitent : • accompagner, parrainer, tutorer les nouvelles Scop et celles qui sont dans le besoin. • travailler sur la rédaction d’expériences coopératives et l’histoire du Mouvement. Contact : Jean-Jacques Brunellière, président - jiji12@wanadoo.fr - www.les-scop.coop rubrique le réseau / CAC

8

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019


)Vie du réseau(

formation

)Hauts-de-France(

Les stagiaires d’INSTEP Formation ambassadeurs du PIC Les stagiaires de la Scop de formation INSTEP ont été invités à présenter leurs parcours et leurs projets auprès de la ministre du Travail Muriel Pénicaud lors de la signature du Pacte régional d’investissement dans les compétences en février dernier. Outre la ministre étaient présents Xavier Bertrand, président de la Région et Karine Charbonnier-Beck, viceprésidente en charge de la formation et des relations aux entreprises. La Région continue de se mobiliser pour gagner la bataille de l’emploi en formant plus, mieux et en continuant de financer de nouveaux parcours de formation vers un emploi durable. Les stagiaires du centre de formation de Tourcoing ont pu faire valoir la nécessité d’un accompagnement individuel lors des apprentissages de base, l’importance de l’obtention d’une reconnaissance officielle à travers le CQP inter-professionnel CLéA (socle de compétences et de connaissances de base) et l’accès en proximité aux sites de formation. La Scop INSTEP Formation avait déjà obtenu le label Grande école du numérique pour ses formations passeport digital : compétences numériques et conseil-

La table ronde INSTEP avec de G. à D. : trois stagiaires, D.D’Amore, directrice territoriale INSTEP, deux stagiaires, D.Desrumaux, formateur à Tourcoing, K.Charbonnier Beck , vice-président Région et debout le président Xavier Bertrand puis la ministre Muriel Pénicaud.

Prestataires formations en Scop ou Scic : faites-vous connaître Vous avez une expertise et une expérience de formateur/trice dans tel ou tel domaine de la gestion d’entreprise (production, qualité, commercial, stratégie, RH, coaching, accompagnement succession dirigeants, RSE, etc.) ou accompagnement des dirigeants et des équipes dans ces domaines. Vous avez des références en la matière auprès de PME et TPE et encore mieux de coopératives. Faites-vous connaître et envoyez vos références au service emploi / formation de la CG Scop :

formation@scop.coop

ler médiateur numérique en fin d’année 2018. Cette rencontre ministérielle est une nouvelle reconnaissance de son investissement dans la formation des plus éloignés de l’emploi de même que le fait d’avoir été reçue dans le lieu symbolique d’EuraTechnologies, lieu du développement d’une société de la connaissance en région Hauts-de-France.

)Managers coopératifs(

Formation coopérative à Paris-Dauphine 100% de satisfaits ! Il est encore possible de candidater pour rejoindre à partir du 26 septembre les 11 inscrits de la prochaine promo 9 de la formation managers coopératifs proposée par la CG Scop en partenariat avec l’Université Paris-Dauphine. Depuis 8 ans, cette formation recueille un taux de satisfaction incroyable de 100 %. D’une durée de 1 an, le parcours permet aux managers coopératifs de prendre du recul sur la stratégie de leur entreprise et échanger avec d’autres managers coopératifs. Certains stagiaires s’en trouvent transformés tant dans la vision de leur entreprise que dans leur posture personnelle. Histoire fantastique  : l’un des stagiaires avait démarré sa forma-

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019

tion avec une Scop en RJ et terminé la formation 11 mois après avec une entreprise spectaculairement redressée et bénéficiaire.

Plus d’information auprès de Pierre Liret : pliret@scop.coop. En savoir plus : www.business-management.dauphine.fr

9


)Vie du réseau(

btp

Que pensent les Scop BTP de leur Fédération ? En début d’année, la Fédération a lancé une grande enquête de satisfaction afin de connaître le point de vue de ses adhérents quant à l’offre et la qualité des services qu’elle propose. Une large majorité des Scop adhérentes a une image positive de la Fédération Scop BTP et est satisfaite par la qualité des services proposés.

76,4%

des Scop sont accompagnées et suivies par la Fédération. Celles-ci considèrent à 88,3% que cet accompagnement est positif

97%

de réponses positives des Scop pour la qualité du service en droit social

97,8%

de réponses positives des Scop pour la qualité du service juridique et technique

63,1% sont très satisfaites ou satisfaites

83,3%

de réponses positives des Scop de moins de 11 salariés ayant eu recours au soutien à la formation

66,6% sont très satisfaites ou satisfaites

56,7% très satisfaites

77,8%

48,9% très satisfaites

de réponses positives pour l’accompagnement proposé par la Fédération en matière de prévention, santé et sécurité

Points d’amélioration : L’accompagnement lors de la création des Scop (seuls 43,7 % l’ont été) Une plus forte sensibilisation en amont en faveur de la transmission/reprise sous forme coopérative (33,3 % l’ont été).

L’animation du réseau : 67,6 % favorables à la création de réseaux de mandataires au niveau national, 23,8 % seulement ont participé à des groupes réseaux.

Le taux de réponse a été significatif et la Fédération des Scop du BTP remercie tous ses adhérents pour leurs réponses aux nombreuses questions abordant tous les champs de l’action fédérale.

10

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019


)Vie du réseau(

communication

)Made in Scop(

À savoir Mutualisation

Le speed-dating des Scop de la communication à Toulouse

Le 13 juin a eu lieu le Rendez-vous Made in Scop #7 au cœur de la ville rose avec un nouveau format  : un speed-dating pour favoriser les rencontres fructueuses et valoriser les talents du réseau. 10 Scop de la communication étaient présentes pour recevoir les participants sur leurs mini-stands,

Le 6 mai dernier, la Fédération des Scop de la communication lançait sa plateforme de consultation des Scop de la communication pour booster toutes les occasions de mutualisation entre adhérents. Portée par Consult’Vox, la plateforme se présente sur 2 volets d’appel à idées : « mes envies à partager » et « mes galères OFFRE OFFREde à limiter », à destination des adhérents SPECIALE SPECIALE la Fédération qui peuvent poster leurs idées, POUR échanger sur différents sujets etPOUR indiquer OFFRE COOPADEV leurs idées favorites. COOPADEV SPECIALE Rendez-vous sur Scop-mutualisation. consultvox.co pour partagerPOUR vos envies et COOPADEV trouver des solutions pour limiter vos galères !

présenter leurs activités et nouer de belles coopérations avec les entrepreneurs des régions Occitanie et Nouvelle Aquitaine. Pour clôturer l’événement, les participants se sont réunis autour d’un apéro dînatoire pour célébrer l’intercoopération et les valeurs de l’ESS !

)Achats mutualisés(

Un nouveau référencement Coopadev dédié aux Scop & Scic : les offres du Groupe Up En vous connectant à la plateforme de votre centrale d’achat Coopadev www.coopadev. coop, bénéficiez de remises allant de 70 % à 76 % sur vos commandes de chèques déjeuner, chèques domicile, chèques cadeau et chèques culture.

Achats mutualisés des Scop avec Coopadev Tout le réseau des Scop bénéficie de remises significatives permanentes sur les achats de services généraux (avec des tarifs « grand compte » pour toutes les Scop et Scic, quelle que soit leur taille) en passant par le site de Coopadev, la centrale d’achat du Mouvement Scop. Pour découvrir les offres et obtenir ces réductions, rendez-vous sur www.coopadev.coop (Demandez vos codes d’accès à njammes@fdcom.coop).

12

ASSUREZ AU QUOTIDIEN LE BIEN-ÊTRE ASSUREZ AU QUOTIDIEN LE BIEN-ÊTRE & LA PERFORMANCE VOS SALARIÉS BIEN-ÊTRE AVEC DES SOLUTIONS ASSUREZ AUDE & LA PERFORMANCE DEQUOTIDIEN VOS SALARIÉSLEAVEC DES SOLUTIONS EXONÉRÉES DE COTISATIONS SOCIALES FISCALES & LA PERFORMANCE DE VOS SALARIÉS AVEC DESET SOLUTIONS EXONÉRÉES DE COTISATIONS SOCIALES ET FISCALES EXONÉRÉES DE COTISATIONS SOCIALES ET FISCALES

Chèque Déjeuner Chèque Déjeuner Déjeuner UneChèque vraie pause déjeuner

pause déjeuner Une Une vraievraie pause déjeuner > Dès 1 salarié > Dès 1 salarié Dès 1 salarié + >Exonération jusqu’à + Exonération jusqu’à + 5,43€ Exonération / jour jusqu’à / salarié 5,43€ / jour / salarié 5,43€ / jour / salarié

Cadhoc Cadhoc Le cadeau Cadhoc Le cadeau

Chèque Domicile Chèque Chèque Domicile Un meilleurDomicile équilibre de

qui offre tout

Unmeilleur meilleur équilibre de Un équilibre de vie pro/perso vie pro/perso pro/perso vie > Accessible aux TNS Accessible aux aux TNS > >Accessible TNS et PL + exonération PL + exonération etetjusqu’à PL + exonération 830€/an jusqu’à 1 1830€/an jusqu’à 1 830€/an

Le qui cadeau offre tout qui offre tout > Le plus grand réseau multi > Leenseigne plus grand réseau multi + exonération > Lejusqu’à plus grand réseau multi/ enseigne + /exonération 166€ bénéficiaire enseigne + exonération événement URSSAF jusqu’à 166€ / bénéficiaire / jusqu’à 166€ / bénéficiaire événement URSSAF / événement URSSAF

Kalidea PME

Kalidea PME Kalidea PME Des réductions

Des réductions Des réductions cinéma & loisirs cinéma & loisirs cinéma & loisirs

> Jusqu’à 80% de

> >Jusqu’à 80% de de Jusqu’à réductions et80% promotions réductions et promotions

réductions et promotions

Chèque ChèqueCulture Culture L’accès à Culture toute Chèque L’accès à toute

la culture L’accès à toute la culture la culture > Aucune limite de plafond > Aucune ni limite de plafond d’exonération d’événement >d’exonération AucuneURSSAF limiteni de plafond d’événement d’exonérationURSSAF ni d’événement URSSAF

+ COMMENT FAIRE POUR EN BÉNÉFICIER ?

COMMENTFAIRE FAIREPOUR POUREN ENBÉNÉFICIER BÉNÉFICIER?? ++COMMENT PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019


)Dossier(

Bouyer Leroux, leader français des matÊriaux de construction en terre cuite.


)Dossier(

Mieux répartir les richesses : l’expérience coopérative

L PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019

Dans les coopératives, chacun tire les fruits de son travail. En premier lieu les sociétaires et les salariés, mais d’abord et avant tout l’entreprise elle-même qui a pour but de pouvoir proposer ses services et des emplois dans la durée pour plusieurs générations.

e partage de la richesse est au cœur des principes coopératifs. C’est même le troisième principe de l’Alliance coopérative internationale qui définit la participation économique de ses membres : celle-ci implique à la fois une ristourne en fonction de l’activité réalisée avec la coopérative (temps et qualité de travail dans les Scop et Scic) et une rémunération limitée du capital (parts sociales), mais une rémunération tout de même. Les coopérateurs n’ont donc pas attendu les récents débats sur les inégalités et le partage des richesses pour organiser au sein de leur entreprise une répartition équitable de la valeur créée, qu’elle prenne les formes légales de la ventilation par tiers des résultats ou bien d’autres objectifs, tels que le droit à la formation pour tous, l’accès à des avantages sociaux ou l’égalité salariale. « Nous avons toujours besoin de faire de la pédagogie sur la répartition de la ri-

chesse, affirme Roland Besnard, PDG de Bouyer Leroux, à La Séguinière (Maineet-Loire). En assemblée générale, j’insiste toujours auprès des sociétaires sur le fait que la richesse ne doit pas se voir seulement sous l’angle économique, mais aussi par rapport au bien-être au travail, à l’émulation des équipes et à l’inscription de l’entreprise dans la durée. Le partage de la valeur économique n’est que la conséquence de ce qu’a pu produire un groupe humain. »

Répartition par tiers Bouyer Leroux, leader français des matériaux en terre cuite et une des Scop industrielles les plus importantes, peut aisément mettre ces postulats en application, portée qu’elle est par de bonnes années de croissance. Les excédents nets de gestion se répartissent entre 50 % vers les réserves, 40 % pour la participation aux bénéfices (soit 7 millions

15


)Dossier( l’an dernier) et 10 % sur la rémunération du capital. « Pour la répartition, nous avons un principe simple, complète Roland Besnard. Nous constatons le résultat tel qu’il est et nous le redistribuons aux salariés. C’est notre manière de répartir la richesse. Contrairement aux entreprises d’actionnaires, on ne cherche pas d’artifices comptables pour redéfinir le résultat et économiser de la participation ! » Toujours dans une logique d’explication sur le partage de la valeur créée, Bouyer Leroux a aussi modifié récemment son accord d’intéressement. Celui-ci est versé (directement ou dans le plan d’épargne entreprise) à une autre période que la participation et les inté-

L’Union des Forgerons

Bouyer Leroux

rêts sur parts sociales (équivalent des dividendes) pour bien le différencier des autres sources de rémunération. Il est fondé sur des critères opérationnels et pas sur des critères financiers. L’an dernier, le partage de la richesse ne s’est pas arrêté là, puisqu’une prime de 200 euros a été versée en fin d’année aux 900 salariés, devançant même la prime Macron ! « Le format Scop est adapté à tous ces objectifs de partage des richesses », conclut Roland Besnard et ce n’est pas Jean-Léry Lecornier, son homologue de l’Union des Forgerons à Méréville (Essonne)

qui le démentira. La Scop compte aujourd’hui plus de 100 salariés, qui bénéficient tous également de la richesse créée : 10 % de croissance du chiffre d’affaires l’an dernier. « La redistribution aux salariés se fait classiquement par la participation et l’intéressement, souligne le PDG. L’an dernier, cela a représenté 4 mois de salaires supplémentaires, l’intéressement ayant en particulier bénéficié de l’exonération de charges sociales qui s’élevaient à 20 %. Quand l’entreprise gagne de l’argent, le pouvoir d’achat des salariés s’améliore automatiquement. »

Le partage des richesses dans l’entreprise : définitions Épargne salariale Contrairement à ce que le nom indique, ce sont des dispositifs de rémunération qui ne peuvent pas se substituer au salaire, mais qui permettent d’associer les salariés aux résultats de l’entreprise. L’épargne salariale peut prendre la forme de la participation, de l’intéressement ou d’abondements de l’entreprise. Elle est placée dans des plans d’épargne salariale. Les plus courants sont les plans d’épargne entreprise (PEE) et

16

les plans d’épargne retraite collectifs (PER-CO), qui doivent avoir une offre de plusieurs fonds de placement d’épargne, dont obligatoirement un fonds d’épargne solidaire. Forfait social Cotisation patronale prélevée sur toutes les rémunérations salariales. Mais les conditions du forfait social ont changé depuis le 1er janvier 2019. Le forfait social est supprimé sur la participation et l’abondement

employeur pour les entreprises de moins de 50 salariés et sur l’intéressement dans les entreprises de moins de 250 salariés. Intéressement Complément de rémunération facultatif, négocié dans un accord dit d’intéressement. Ces primes sont liées à la réussite d’objectifs selon des critères définis à l’avance. Elles peuvent être versées dans l’année (et alors soumises à l’IR) ou placées

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019


)Dossier(

Scoprobat

Moins de turn-over Pour une entreprise comme l’Union des Forgerons, un des gros employeurs de son bassin d’emploi, la richesse qui se transmet est aussi celle des savoirfaire et des compétences. Forgerons et tourneurs-fraiseurs assurent euxmêmes comme tuteurs et compagnons la transmission du savoir qui garantit la durabilité de l’entreprise. Pour JeanLéry Lecornier, un autre effet positif de la redistribution, c’est le faible turnover : « une entreprise qui redistribue les richesses intéresse les salariés et les fidélise. L’engagement des salariés est rému-

dans un plan d’épargne salariale (et alors exonérées) ou dans un compte épargne-temps. Part travail Dans les coopératives, une « part travail » est attribuée aux salariés associés ou non (minimum : 25 % mais globalement 40 % en moyenne). Cette part peut tenir lieu de réserve spéciale de participation dans le cadre d’un accord de participation, avec blocage pendant 5 ans.

Juin • Juillet • Août 2019

néré. D’un autre côté, quand il y a moins de redistributions, il faut aussi pouvoir l’expliquer. » La question du pouvoir d’achat est réapparue de manière très forte avec les « Gilets jaunes » et les questions posées dans le Grand débat. Les contributions apportées par le Mouvement Scop insistent sur « la participation comme répartition juste des bénéfices (…) en améliorant le pouvoir d’achat des salariés tout en lui offrant de véritables leviers de pérennisation et de développement grâce à la souscription de parts sociales par les salariés et par la provision pour l’inves-

Participation Droit reconnu aux salariés de percevoir des fruits des résultats de l’entreprise, au travers d’un accord dit de participation, obligatoire pour les entreprises d’au moins 50 salariés. Elle est calculée en fonction du bénéfice net de l’entreprise. La participation peut être versée immédiatement (et alors soumise à l’IR) ou placée dans un plan d’épargne salariale (et alors exonérée).

tissement ». Car bien sûr, le système coopératif de répartition de la richesse n’est pas adapté qu’à de grandes coopératives industrielles, mais bien aussi aux Scop et Scic qui emploient des publics qui peuvent être touchés par la précarité dans leur parcours professionnel, comme les entreprises d’insertion ou les entreprises d’intérim.

Où va l’argent ? « Pendant le Grand débat, on a bien vu que les gens disaient ne pas comprendre où va l’argent des grandes entreprises et comment il est utilisé, insiste Mathieu

Ristourne Une coopérative qui fait des excédents peut ristourner - c’est-à-dire redistribuer/ reverser - une part de ses excédents à ses membres. Cette ristourne est calculée sur un principe d’équité en fonction des apports d’activité des membres à la coopérative. Pour les salariés dans les Scop et les Scic, la ristourne est donc fonction du travail apporté (quantité, qualification, etc.). En Scop et en Scic, la ristourne est appelée « part travail » (voir plus haut). Sources : Ministère du Travail, Bpifrance création, CG Scop

17


)Dossier(

Scoprobat

Henni, PDG de Scoprobat, Scop d’insertion de Strasbourg. Dans une coopérative, les comptes sont transparents et les clés de répartition de la richesse sont bien claires. Chez nous, la moitié des résultats est affectée aux réserves et l’autre moitié à la participation, ce qui fait un mois de salaire en plus pour les salariés en insertion (pour 54 postes conventionnés). Par ailleurs, quand Scoprobat fait des gros achats de matériel pour l’entretien des espaces verts ou la propreté, les salariés en insertion sont associés à la prise de décisions pour comprendre que l’investissement a un coût, mais que cela garantit la durabilité de l’entreprise. » Comme les salariés ne peuvent rester qu’un maximum de 24 mois dans l’entreprise, les permanents font feu de tout bois pour qu’ils puissent rebondir à la sortie. Scoprobat consacre ainsi 9 % de sa masse salariale à la formation pour que les gens obtiennent des certifications et participe au financement de la mutuelle, pour que les salariés puissent se soigner pendant ces deux ans. Pour les intérimaires, la Scop présente aussi des atouts dans la répartition des richesses par rapport à une entreprise ordinaire. « Classiquement, on retrouve chez Chronos Intérim, une répartition par tiers, détaille Philippe Oriol, son

18

Coopaname

directeur général à Moulins (Allier). Dans celle-ci nous privilégions les 2 000 intérimaires, car nous considérons que ce sont bien eux qui créent la richesse de l’entreprise. Sur la part travail, 99 % des bénéfices vont aux intérimaires, au prorata de la durée de leurs missions. Car côté part capital, ils ne peuvent pas pour le moment accéder au sociétariat. Mais la création d’un CDI intérimaire va nous inciter lors de la prochaine AG à entamer la réflexion sur les salariés intérimaires associés. »

Corriger les inégalités La question du pouvoir d’achat et de la répartition des richesses se pose aussi fortement dans les Coopératives d’activité et d’emploi. « Le principe de base demeure que chaque entrepreneur salarié reçoit une fiche de paie en fonction de l’activité qu’il développe au sein de la CAE, indique Noémie de Grenier, une des co-gérantes de Coopaname (Paris). Comme ils sont intégrés dans une entreprise collective, ils vont aussi recevoir de la participation et de l’intéressement. L’intéressement est indexé sur les résultats de chaque activité et la participation vient après répartition du résultat. Plus les salariés se paient, plus ils touchent en participation. C’est pour nous un élément

de correction des inégalités, sachant qu’ils peuvent en utiliser une partie pour acquérir des parts sociales. » Mais évidemment la richesse d’une CAE, c’est aussi celle qui se crée dans un collectif par les échanges et les idées qui naissent entre porteurs de projet et qui leur permettent de se créer une protection mutuelle.

Musique équitable Mieux répartir les richesses dans une chaîne de valeur complexe, c’est aussi l’objectif assumé de la Scic stéphanoise 1D lab, qui a inventé un système équitable de rémunération des artistes. « Ceux-ci sont rémunérés grâce à la contribution créative territoriale, qui est versée à la Scic par les médiathèques qui achètent nos abonnements pour mettre les titres musicaux ou les vidéos à la disposition gratuite de leurs adhérents, précise Éric Petrotto, directeur d’1D lab. Ils reçoivent une part fixe et une part variable (qui tient compte du volume d’écoute et de la nouveauté des produits). Notre modèle économique de répartition est fait pour fonctionner à partir d’une certaine échelle. Malheureusement, il a été amputé l’an dernier d’une subvention européenne. Cette année, nous allons relancer notre modèle autour de la musique et du livre. »

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019


)Dossier(

« Les inégalités aujourd’hui, c’est la persistance d’écarts de revenus dans un contexte d’insécurité » Louis Maurin est le directeur de l’Observatoire des inégalités, qui publie tous les ans un rapport sur le même thème Quels sont les indicateurs les plus pertinents de la répartition des richesses ? La répartition des richesses est un élément des inégalités parmi d’autres. À niveau équivalent de richesses par pays, on peut avoir un rééquilibrage avec des systèmes scolaires différents, des systèmes de protection sociale différents. Mais de toute manière, dans une société marchande, avoir des revenus conséquents aide à maintenir son niveau de vie. On voit bien qu’en France les 10 % les plus riches captent le quart des revenus créés, ce qui est source d’inégalités. On a bien documenté aussi le fait que 5 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté et que 2 millions de personnes vivent dans des logements dégradés. Quelles sont les évolutions des inégalités dans les dernières décennies ?

La répartition des richesses créée peut enfin se faire à partir d’une base égalitaire parfaite, notamment lorsqu’il existe une certaine homogénéité de profils, d’expérience et de niveau de qualification entre les membres de l’équipe. C’est le cas à Bordeaux de la Scop Motion Twin. « L’égalité salariale et la redistribution égalitaire des résultats sont inscrites dans nos statuts, remarque le gérant Pascal Péridont. Nous avons une sorte d’usage qui fait qu’on a tous le même salaire, une sorte de Smic Motion Twin ! On l’a baissé tous ensemble en 2010, lors d’une période de ralentissement de l’activité et les dix salariés spécialistes des jeux vidéo ont tous touché un treizième ou un quatorzième mois lors des retours à meilleure fortune. Tout le monde accepte des salaires qui permettent de maintenir notre pouvoir d’achat et de pouvoir vivre à Bordeaux. » De plus en plus souvent comme pour Motion Twin, plus-values financières et plus-values sociales contribuent de concert au développement conjoint des coopératives et de leurs membres : la performance de l’entreprise récompense équitablement les salariés et associés et inversement, la satisfaction et la motivation individuelles nourrissent la performance collective. Éric Larpin

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019

L’inégalité des revenus en particulier est difficile à qualifier et dépend pour beaucoup de l’échelle de temps utilisée. Les Trente Glorieuses ont connu une hausse des inégalités, qui s’atténue dans les années 1970-1980. Elles remontent dans les années 1990, pour aboutir dans les années 2000 à un enrichissement des plus riches. Sous les présidences Sarkozy et Hollande, ceux-ci ont été plus lourdement taxés, ce qui a un peu contribué à réduire les écarts de revenus. D’une manière générale, le modèle social français évite les grosses fluctuations. Pourquoi la question de la répartition des richesses revient-elle dans l’actualité fin 2018, avec les Gilets jaunes, puis le Grand Débat ? Les pauvres demeurent pauvres, même s’il n’y a pas un réel décrochage. Les riches restent riches et continuent même de s’enrichir. Mais ce qui compte pour les classes moyennes, situées entre les deux autres, c’est que les mêmes règles, notamment fiscales, doivent s’appliquer à tous. Ceux qui manifestent sur les ronds-points réclament l’universalisme de l’effort. Car il faut bien comprendre qu’aux inégalités, qui existent donc depuis des décennies, s’ajoutent désormais de nouvelles insécurités : bas salaires, flexibilité des emplois, faible couverture sociale. Au travers du Rapport sur les inégalités, on considère que 8 millions de personnes sont insécurisées, nombre de Gilets jaunes, des personnes qui ne peuvent pas payer logement ou transports, des travailleurs pauvres. On assiste donc à la persistance d’écarts de revenus dans un contexte d’insécurité. Les gilets jaunes ont permis de faire entendre des voix que l’on entendait que très peu auparavant. Pensez-vous que des entreprises comme les coopératives jouent un rôle dans la répartition des richesses ? S’il est certain que la participation des salariés à la prise de décisions est une bonne chose pour atténuer l’opposition capital/travail, le modèle coopératif demeure trop peu répandu. Quand il est utilisé pour créer de la valeur comme toute entreprise, c’est en effet un facteur de rééquilibrage au profit des salariés.

Propos recueillis par Éric Larpin Troisième rapport sur les inégalités en France, Sous la direction d’Anne Brunner et Louis Maurin, éd. Observatoire des inégalités, juin 2019, 9 €. Disponible uniquement sur www.inegalites.fr

19


)Rencontres(

Pierre-René Lemas : « France Active 70 000 emplois de la CG Scop ! » Pierre-René Lemas vient d’être nommé président du financeur solidaire France Active après avoir été directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Nous l’avons rencontré pour un entretien. Que représente aujourd’hui France Active, dont vous avez pris la présidence l’an dernier ? Depuis trente ans, fêtés l’an dernier, nous sommes devenus un des principaux acteurs de la création d’entreprises sociales et solidaires, au travers d’outils de financement. Depuis l’origine, notre objectif principal est la création d’emplois dans les territoires, en soutien de ceux que nous appelons des entrepreneurs engagés. Parmi ces entreprises, on trouve bien sûr de nombreuses Scop et Scic. L’an dernier, un tiers de nos financements sont allés vers les coopératives ; en trois ans, cela représente une croissance de 24 % dans le total de nos engagements. Je pense qu’on peut dire que France Active prend sa part dans l’objectif des 70 000 emplois de la CG Scop ! Pour compléter le tableau, France Active a aidé l’an dernier 7 500 entreprises sociales, sur un montant de plus de 300 millions d’euros.

© Jimmy Seng Tristao

Quels sont les outils qui peuvent être mobilisés par les coopératives ? Comme toutes les entreprises de l’économie sociale, elles peuvent nous solliciter sur trois grandes familles d’outils : France Active Investissement, France Active Garantie et France Active Financement. Via France Active Investissement, nous investissons en fonds propres dans les entreprises (y compris en titres participatifs pour les Scop), grâce à de l’argent issu majoritairement de l’épargne salariale solidaire. Depuis 2015, nous avons une convention avec la CG Scop, qui nous permet de financer spécifiquement les coopératives ; il existe également une convention avec Coopérer pour entreprendre, en soutien des Coopératives d’activité et d’emploi. Deuxième outil :

20

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019


prend sa part dans l’objectif des

France Active Garantie pour dérisquer les banques (à hauteur de 20 % à 80 % de leur participation). Là aussi, nous déclenchons des garanties en particulier pour les projets portés par des entrepreneuses et pour des structures d’insertion ou du handicap, dont certaines sont aussi des coopératives, comme Alter Eos. Enfin, France Active Financement nous permet de proposer des prêts à taux zéro, notamment au profit de l’Adie et d’Initiative France.

Comment expliquez-vous la présence de très nombreuses coopératives dans votre portefeuille ? Les experts de France Active ne regardent pas d’abord le statut, mais quand des entreprises se consacrent à des sujets comme la transition écologique, la proximité ou la gouvernance collective, elles croisent forcément le statut Scop ou Scic. Nos statistiques démontrent aussi une particulière efficacité du modèle. À 3 ans, le taux de pérennité des coopératives qu’on accompagne est de 85 %, contre 80 % pour tous les entrepreneurs aidés par France Active, ce qui est déjà très élevé par rapport au chiffre de 60 % pour la création globale des entreprises en France. Concernant le statut, nous aidons beaucoup plus d’entreprises que celles qui ont le simple agrément ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale), mais dès cette année, nous allons soutenir concrètement les Direccte pour faciliter l’accès de tous à ce label. Vous avez largement évoqué les aides financières, mais France active, ce n’est pas que cela ? En effet, la dimension d’accompagnement des créateurs au plus près du terrain est fondamentale. L’étude des dos-

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019

siers et le suivi sont menés par nos 600 salariés et par un réseau de bénévoles, anciens cadres d’entreprise, dans les 42 associations territoriales qui maillent la France entière. Jusqu’à un certain seuil d’investissement et de niveau de garantie, ce sont les fonds territoriaux qui prennent directement les décisions, sans regard de la tête de réseau de France Active à Montreuil. Notre grille d’investissement, redéfinie l’an dernier, leur permet de valider des projets à la fois sur leur viabilité économique et sur leurs plusvalues sociales et environnementales. Dans notre tâche d’accompagnement, nous sommes aussi en lien avec les UR Scop, qui sont généralement présentes dans la gouvernance de nos associations territoriales.

n Bio express Avant de prendre la présidence de France Active à la suite de Christian Sautter, Pierre-René Lemas, 68 ans, était le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Dans ca carrière de haut fonctionnaire, il a également été préfet de la Corse et de la Région Lorraine et secrétaire général de l’Elysée sous la présidence de François Hollande.

Quels sont les prochains objectifs de France Active ? Nous avons vocation à couvrir l’ensemble des besoins de financement des entrepreneurs engagés, de l’idée au changement d’échelle. Nous venons ainsi de lancer il y a un mois la Place de l’émergence (anciennement fonds de confiance), qui permettra à de futurs créateurs de se confronter à la réalité de la vie de l’entreprise dans des structures déjà existantes de l’économie sociale et solidaire. Nous finançons en outre l’amorçage, le développement, le changement d’échelle et le rebond. Nous avons aussi une attention particulière aux reprises d’entreprises en Scop, comme la librairie les Volcans en Auvergne.

énormes. Cela tombe bien. Les ressources du secteur devraient s’accroître, avec la progression de l’épargne salariale et l’arrivée des nouvelles options solidaires dans les assurances-vie et les livrets, options pour lesquelles France Active s’est battue au travers de la loi Pacte. Par ailleurs, la visibilité du secteur devrait aussi s’améliorer, avec la mise en œuvre du French Impact ; France active est en train de constituer le premier fonds d’amorçage voulu par le haut-commissaire à l’Économie sociale et solidaire et à l’Innovation sociale. Pour ce qui concerne encore très directement France Active, nous restons à l’écoute d’un rapprochement possible avec le réseau Initiative France. Comme eux, nous avons l’objectif de favoriser les entreprises, petites ou grandes, qui créent de l’emploi. Propos recueillis par Éric Larpin

L’environnement politique et règlementaire est-il favorable aux entrepreneurs engagés ? Nous pensons en effet que les besoins dans la création d’entreprises restent

1 L’Adie est l’Association pour le droit à l’initiative économique. 2 Initiative France est un réseau associatif de financement des créateurs/ repreneurs d’entreprise

21


)Enjeux Scop(

Succession du dirigeant : une Passer le relais de la direction en entreprise est toujours un enjeu essentiel et délicat. Plus encore en coopérative compte tenu des enjeux plus humains que patrimoniaux. Illustration avec trois coopératives qui ont relevé le défi en 2018. Malgré leurs différences, toutes témoignent du même impératif : anticiper et accompagner ce changement.

2

ans. C’est le temps qu’il a fallu à Macoretz Scop, l’entreprise de construction, leader dans son domaine en Loire-Atlantique, pour réussir le passage de la direction entre Serge Boureau, co-fondateur de la Scop en 1986, dirigeant depuis 18 ans, et Xavier Lebot qui lui a succédé en mars 2018. 2 ans. C’est aussi le temps qu’il a fallu à Iter, spécialisée dans les questions de mobilité et de transport, entre le moment où Géraud Acquier a décidé de passer la main après 17 ans de gérance et celui où Jean-Jacques Robin et Rémi Saillard ont repris ensemble la co-gérance. « 2 ans ? Bien plus ! Dès que j’ai été nommé gérant en 2009, j’ai commencé à réfléchir à ma succession. » C’est Christian Corsin, ancien gérant de l’entreprise d’électricité SN2E, qui parle. En 2018, Benoît Berthaud vient de lui succéder.

Point de retraite ! Point commun entre les trois entreprises : les anciens managers n’ont pas cédé la place pour partir en retraite ou voguer vers d’autres horizons. Ils restent dans leur Scop. Serge Boureau, co-fondateur de Macoretz, est désormais directeur général adjoint char-

Iter

22

gé des ressources humaines tout en conservant ses responsabilités extérieures (il est en particulier président de l’UR Scop de l’Ouest). Géraud Acquier reste consultant au sein de l’équipe d’Iter. Quant à Christian Corsin, il reste à SN2E et travaille largement en tandem avec son successeur. Ces changements, dans les trois cas, ne correspondaient donc pas à un vide annoncé ou un départ programmé, mais à une volonté de faire vivre une dynamique coopérative qui, à chaque fois, sonnait comme une réponse à un enjeu qui allait au-delà de la simple question de la transmission. Régulation d’un possible conflit de pouvoir entre deux fortes personnalités à Macoretz ; nécessité de donner un nouveau souffle dans le management chez Iter ; volonté d’éviter l’inertie et de tendre vers l’harmonie au sein de SN2E. La transmission de la direction à chaque fois, questionne au-delà des individus, la capacité d’un collectif de travail à se regarder fonctionner, à repérer ses failles éventuelles, à anticiper des solutions. Vaste chantier qui implique de regarder en avant. Dans ces trois histoires, le passage de relais n’a jamais eu des allures de retraite, mais plutôt celles d’une offensive.

Un comité de gouvernance « Macoretz, c’est un peu le bébé de Serge, confie Michaël Gouraud, administrateur. Lorsque Xavier a manifesté son intérêt pour le poste de PDG, on a pressenti un besoin d’accompagnement par un cabinet extérieur dans un premier temps, puis en interne. C’est alors que nous avons créé une nouvelle instance au

sein de notre Scop, un comité de gouvernance, composé de 5 personnes, toutes membres du conseil d’administration (qui compte 11 personnes) et toutes salariées de la Scop. L’idée était de créer un organe de régulation où chacun des acteurs concernés par la transmission pouvait exprimer son ressenti, pour que chacun trouve sa place et garantir ainsi la continuité et la pérennité de la Scop. » En 2017, Serge Boureau est élu PDG pour 4 ans, mais avec l’engagement de démissionner à mi-mandat pour céder la place à Xavier Lebot qui est lui-même rentré dans le CA à cette époque. Une période de tuilage en quelque sorte avec des réunions mensuelles du comité de gouvernance et un point hebdomadaire entre les deux hommes. Avec, explique Michael Gouraud, « beaucoup de bon sens et de bienveillance ». Après cette expérience, le bilan du comité de gouvernance a été jugé très positif. « À tel point que nous avons décidé de le

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019


© ÉQUIPE CASACO SCOP

étape-clé

conserver pour continuer à gérer tout ce qui tourne autour des postes à responsabilité au sein de Macoretz. »

Gérant : un nouveau métier Tandis que Macoretz a choisi de gérer ce passage de témoin en interne (« Ça nous ressemblait plus que de faire appel à un intervenant extérieur »), Iter a préféré se faire accompagner dans cette période délicate. C’est l’UR Scop qui a joué ce rôle. Une série d’échanges individuels avec la plupart des sociétaires a eu lieu sur la manière dont ils voyaient l’entreprise aujourd’hui et demain, ce qui pourrait être amélioré dans la gérance, comment chacun pouvait s’envisager gérant ou voir quelqu’un occuper ce rôle. Deux-trois noms ont fini par émerger de ce travail collectif qui a duré plusieurs mois. « C’est à ce moment-là que Jean-Jacques et moi avons proposé notre candidature commune comme co-gérants, explique

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019

Macoretz existe depuis 1986 : deux ans pour réussir la succession.

Rémi Saillard. Ni l’un ni l’autre n’est « entrepreneur » de métier et ni l’un ni l’autre ne se voyait seul dans le rôle de gérant. » Une période de six mois de co-gérance à trois avec le gérant partant a permis de ménager une phase de transition. « Dans notre cas, l’enjeu le plus fort a été de passer de la position de producteur au sein de la Scop à celle de décideur. Il y a un véritable enjeu de formation qu’il ne faut pas négliger et qui demande du temps. Il faut s’en donner les moyens : nous apprenons en fait un nouveau métier ! »

Anticipation À SN2E, le processus de transmission a été beaucoup plus long : « Le temps passe vite. 10 ans de gérance, c’est à la fois long et court ». Le fait qu’aucun profil n’ait été identifié en interne pour succéder un jour à Christian Corsin pousse celui-ci

à rechercher rapidement une personne à l’extérieur de l’entreprise : « L’anticipation dans une structure comme la nôtre est vitale. L’intégration puis la préparation à la succession prennent du temps. » On se souvient d’un ancien stagiaire passé dans la Scop six ans plus tôt qui pourrait avoir le bon profil. On l’embauche avec une petite idée derrière la tête. On le lui laisse percevoir dès le début. Les choses mûrissent lentement mais tout est fait pour préparer un passage en douceur d’un gérant à l’autre. Benoit Berthaud, en fonction depuis septembre 2018, résume les défis de cette transmission réussie : « Pérenniser ; ne pas créer de rupture mais accompagner les évolutions dans le temps ; garder les bons contacts avec les clients historiques ; conserver la dynamique d’entreprise avec l’humain au milieu de l’organisation. » La Navette

Cartes d’identité Macoretz existe depuis 1986 Activité : construction traditionnelle, construction bois et agencement intérieur, sous trois marques : Macoretz construction, Macoretz bois et Macoretz agencement Chiffre d’affaires : 22, 5 M € 210 salariés, 110 salariés sociétaires Localisation : Loire-Atlantique Site : www.macoretz.fr

Iter existe depuis 1978 Activité : conseil en mobilité Chiffre d’affaires : 1,3 M € 18 salariés, 13 salariés sociétaires Localisation : Toulouse Site : www.iternet.org

SN2E reprise en Scop par ses salariés en 1993 Activité : installations électriques Chiffre d’affaires : 3 M € 19 salariés, 7 salariés sociétaires Localisation : Mâcon

23


)Zoom(

communication

Bilan chiffré 2018 : 3 311 coopératives actives ! En 2018, le Mouvement des Sociétés coopératives atteint 60 400 emplois, poursuivant sa lancée vers le cap des 70 000 emplois coopératifs à horizon 2020. Les effectifs ont augmenté de 4,5 % dans l’année, et de 12,9 % depuis fin 2016. 3 311 coopératives sont désormais actives sur le territoire français, générant un chiffre d’affaires agrégé de 5,5 milliards d’euros, en progression de 6,2 % sur un an.

D

epuis fin 2016, le nombre de Sociétés coopératives a augmenté de 10 % pour s’établir à un total de 3 311 Sociétés coopératives actives en France à fin 2018. En 2018, la croissance nette du nombre de Sociétés coopératives est relativement moins élevée par rapport à 2017 (+ 3,8 % en 2018, contre + 5,8 % en 2017). Toutefois, la dynamique de création de coopératives se maintient autour de 300 nouvelles créations(1) par an. Fin 2018, les coopératives nouvellement créées ont engendré près de 1 900 emplois supplémentaires (+ 18 % par rapport aux créations de 2017). Par ailleurs, la croissance des emplois au sein des coopératives existantes antérieurement à 2018 reste soutenue avec un solde net des emplois avoisinant 2 300 en un an. Toutefois, 1 600 emplois ont été perdus cette année en raison des disparitions de coopératives. Au final, la croissance nette des effectifs s’élève à + 2 600 emplois.

Les transmissions d’entreprises saines, génératrices d’emplois Si les créations ex-nihilo avoisinent les 70 % du nombre total de créations de coopératives en 2018, celles-ci ne génèrent que 20 % des emplois issus des créations de l’année. En 2018, près d’un emploi sur deux engendrés par les créations nouvelles provient de transmissions saines en coopérative, soit 920 emplois consolidés en coopérative. Les transformations d’associations représentent 11 % des créations de coopératives de l’année et 21 % des emplois nouveaux. Les reprises d’entreprises en difficulté sont relativement moins nombreuses avec néanmoins près de 200 emplois sauvés.

24

Chiffres clés À fin 2018 Scop Scic Autres (coopératives 47…) TOTAL

Nombre de coopératives 2 369 868 74 3 311

Salariés 52 429 7 769 201 60 399

En comptabilisant les salariés qui travaillent dans les filiales non coopératives en France et à l’étranger, détenues majoritairement par les Scop et Scic en 2018, les effectifs globaux atteignent 68 800 emplois

Dynamique de création d’emplois en 2017 par origine de création Emplois créés et disparus en 2018 Emplois créés par création ex-nihilo Emplois consolidés par une transmission saine Emplois sauvés par une reprise en difficulté Emplois consolidés par une transformation Évolution des emplois au sein des coopératives existantes (net) Emplois bruts créés Emplois supprimés par la disparition des coopératives Emplois nets créés

Au sein de la population totale des Sociétés coopératives fin 2018, les tendances se confirment avec la part croissante des emplois dans les coopératives issues de transmissions d’entreprises saines (20 %), sachant que plus de 50 % des effectifs sont toujours ancrés dans des coopératives qui ont été créées ex-nihilo.

Dynamiques sectorielles À l’instar de l’ensemble du tissu économique français, le secteur des services reste le plus dynamique en termes d’entreprises avec 46 % des coopératives créées en 2018. Près de 140 coopératives ont vu le jour dans ce secteur, dont plus de la moitié créées sous statut Scic. Ce secteur voit ses effectifs augmenter

375 920 190 402 + 2 282 4 169 1 584 + 2 585

de presque 700 emplois dans l’année et son chiffre d’affaires de + 6,5 %. La plus forte progression annuelle en termes d’effectifs s’observe dans le secteur de l’éducation, santé et action sociale : ce secteur compte en effet quelques 850 emplois supplémentaires en fin d’année. Sont à l’origine de cette forte croissance 28 créations nouvelles, dont 18 Scop et 10 Scic créées en 2018, mais aussi le développement des coopératives existantes. Le chiffre d’affaires des coopératives de ce secteur croît de 7,9 % au cours de l’année. Le secteur du commerce affiche une belle progression de son chiffre d’affaires (+ 25,5 % en 2018). Les coopératives s’y sont développées de façon si-

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019


72% 58%

85%

75% 85% 82%

Proportion de Sociétés coopératives bénéficiaires par région, exercice comptable 2017

76%

82%

81%

72%

79%

70%

73% 85%

gnificative avec 44 coopératives créées dans l’année, à part égale sous statut Scop et statut Scic. Le solde net des emplois coopératifs du commerce représente 500 emplois supplémentaires à la fin de l’année (+ 23,5 %). Le secteur de l’industrie poursuit sa croissance régulière avec le renforcement de ses effectifs de 370 emplois (+ 3,9 % en un an), du nombre de coopératives de 3,1 % et de son chiffre d’affaires de 3,5 %. Une centaine d’emplois augmentent les effectifs des Scop et Scic de la construction dont le chiffre d’affaires est en hausse de 5,1 %, le nombre de coopératives dans ce secteur restant stable.

Solidité économique et financière En hausse de 6,2 % sur l’année, le chiffre d’affaires net agrégé des coopératives du Mouvement passe à 5,5 milliards d’euros, soit 5 milliards réalisés en Scop et 420 millions en Scic. Si l’on comptabilise également les 1,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires généré par les filiales non coopératives détenues majoritairement par les Sociétés coopératives en France et à l’étranger, le chiffre d’affaires total s’élève à 6,8 milliards d’euros. 77 % des Sociétés coopératives sont bénéficiaires(2), ce ratio variant significativement en fonction de la taille des

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019

entreprises : 89 % des coopératives de 50 salariés et plus affichent un résultat net comptable positif, 81 % pour celles ayant 10 à 49 % salariés et 73 % pour les moins de 10 salariés. Le taux de coopératives bénéficiaires est le plus élevé dans l’industrie (81 %) ; pour tous les autres secteurs, ce taux varie peu, allant de 73 % dans les transports à 77 % dans la construction. Les différences dans la proportion de coopératives bénéficiaires sont davantage marquées d’une région à l’autre. Dans les Scop, les richesses créées profitent principalement aux salariés et au renforcement des réserves des coopératives. Depuis 2016, la part significative venant consolider les réserves des Scop a augmenté régulièrement, s’élevant à près de 46 % des excédents nets de gestion (ENG) en 2018. La participation allouée aux salariés atteint 42 % des ENG, en léger repli par rapport à 2017, au bénéfice d’une hausse relative des intérêts aux parts sociales (13 % des ENG). Autre signe de bonne santé des Sociétés coopératives, le taux de pérennité à 5 ans progresse d’un point de pourcentage, s’établissant à 68 % en 2018. Les coopératives issues de transmissions d’entreprises saines et de transformations d’associations sont les plus

pérennes, avec un taux de pérennité à 5 ans de 75 % et 82 % respectivement. Cette année encore, Scop et Scic affichent une pérennité significativement supérieure à la moyenne nationale des entreprises puisque selon l’Insee (2017), le taux de pérennité à 5 ans des entreprises françaises hors régime de l’autoentrepreneur est de 60 %.

De plus en plus de membres associés Le sociétariat salarié au sein du Mouvement augmente de 2,6 % en 2018 et totalise plus de 33 000 coopérateurs. 85 % des salariés associés travaillent dans les Scop et 15 % dans les Scic. Le taux de sociétariat médian en 2018 reste constant par rapport à l’an passé : 75 % des effectifs au global, 75 % dans les Scop et 67 % dans les Scic. Par ailleurs, le sociétariat total, salariés et autres, poursuit sa progression (+ 3,3 % en 2018). Cette croissance est principalement portée par les coopératives multi-sociétaires qui comptent désormais 65 200 associés (+ 6,4 %). Catherine Friedrich Égalité professionnelle Comme en 2017, les femmes représentent 33 % des effectifs du Mouvement. Notons toutefois la progression d’un point de la part des femmes dirigeantes de Sociétés coopératives : en 2018, 27 % des dirigeants d’entreprises sont des femmes, contre 26 % en 2017. (1)

Créations brutes Panel de 1 987 coopératives sur la base de l’exercice comptable au titre de l’année 2017. (2)

Méthodologie Ce bilan chiffré concerne l’ensemble des Scop et des Scic en France, adhérentes ou non à la Confédération générale des Scop. Les éléments démographiques, économiques et financiers relatifs aux coopératives du périmètre sont arrêtés au 31 décembre 2018, un retraitement des données manquantes ayant été réalisé en dernière année connue. Dans ce document, le Service des études confédéral a réactualisé les statistiques des années précédentes pour tenir compte des données désormais disponibles ; aussi, les résultats au titre des bilans antérieurs peuvent quelque peu varier.

25


)Scop en action(

© STÉPHANIE TÉTU

L’équipe de Quonex Alsatel réunie.


Quonex Alsatel, une jeune Scop de plus de 70 ans avec l’avenir devant elle Quonex Alsatel conçoit « les systèmes qui relient les hommes ». Spécialiste des réseaux et télécommunications au sein des entreprises, c’est une société à la pointe de la technologie mais pour qui l’humain prime. Son histoire le montre et son slogan l’affiche clairement : « Les Hommes. Les technologies. Dans cet ordre. Au service d’une région. » De rachat en rachat Alsatel est née en Alsace en 1947, avec l’émergence des télécoms et des besoins nécessaires à la mise en place des réseaux dans les sociétés. En 2007, le groupe Eiffage rachète cette entreprise familiale qui n’a cessé de se développer, avec l’idée de créer un Pôle Télécom national. Mais la crise économique passe par là et les intentions de départ du grand groupe restent un vœu pieu. Faute d’investissement et de stratégie de développement, en 2016, Eiffage cède l’entreprise (devenue Eiffage Energie Communications, Réseaux et Sécurité) ainsi qu’un homologue parisien à un fonds d’investissement qui crée ainsi Quonex. La transaction impose qu’aucun licenciement n’intervienne pendant 18 mois. Mais la structure est clairement surdimensionnée et l’antenne parisienne ferme ses portes en décembre 2017. Dans le Grand Est, conscients que la situation ne pouvait pas durer, mais convaincus du potentiel de leur structure, des salariés menés par Enis Muslic et Julien Leroy, respectivement responsable commercial et responsable technique, s’interrogent sur les suites possibles et rêvent d’une nouvelle structure qui serait aux salariés. Salariés motivés Lorsque survient la cessation de paiement et la mise en redressement judiciaire, ils ne peuvent être réellement candidats à leur propre reprise, faute de disposer du capital nécessaire. Mais motivés et résolus, ils proposent tout de même un dossier qui présente leurs envies et ce qu’ils estiment né-

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019

cessaire pour maintenir et développer cette entreprise dont ils estimaient la valeur à 400 000 euros. Ce projet reprendrait 42 personnes (et un potentiel à terme de 51). Face à cette motivation et suite à des échanges, le seul repreneur ayant proposé un dossier, un autre grand groupe qui lui prévoyait de reprendre 31 personnes et estimait la valeur de la société entre 35 et 40 000 euros, se retire. Ce qui laisse l’opportunité aux salariés de nouer des contacts avec des partenaires locaux et de peaufiner leur plan d’action. Ils découvrent alors que la forme d’entreprise dont ils rêvent existe : la Scop. Accompagnés et conseillés par l’UR Scop Grand Est, ils ont donc « mis tout le monde dans la boucle ». Enis Muslic, actuel PDG de la Scop s’en réjouit « Tout le monde a été inclus. Tout s’est ensuite fait naturellement entre ceux qui voulaient rester dans l’aventure et la société et ceux qui ne le souhaitaient pas. » C’est ainsi que lorsque la société s’est retrouvée en liquidation judiciaire, ils ont été, collectivement, en mesure de présenter un plan de reprise. Les juges ne s’y sont pas trompés et, face aux deux propositions alternatives, ont donné l’avantage à ceux qui non seulement connaissaient parfaitement le secteur et le marché, mais se battaient pour préserver leurs emplois. La Scop Quonex Alsatel a donc vu le jour à l’automne 2018 via un montage juridique très complexe en plusieurs phases. Celui-ci leur a notamment permis d’utiliser des fonds provenant des indemnités de licenciement pour abonder au capital.

Perspectives Au prix d’un investissement de chacun dans cette période délicate, les clients sont restés fidèles et les perspectives sont bonnes. Aujourd’hui, Quonex Alsatel peut se consacrer à son cœur de métier : fournir des solutions de communication et de nombreux services associés à ses clients. Et, moins d’un an après sa reprise en Scop, elle tient ses objectifs. Il faut dire qu’au rythme où évoluent les technologies en télécommunication et les usages, les besoins des entreprises à être accompagnées dans leur digitalisation sont très grands. Et Quonex Alsatel a plus de 70 ans d’expérience dans ce secteur en perpétuelle innovation. Pour répondre à ses clients, la jeune Scop a d’ores et déjà embauché 3 nouvelles personnes et ils sont désormais 47 salariés répartis sur 4 agences (Strasbourg, Mulhouse, Nancy et Metz). Mais Enis Muslic est lucide : « il faut prévoir d’embaucher trois ou quatre personnes en plus afin d’atteindre un rythme de croisière, et ne pas être en sur-régime ». La Navette

En chiffres 47 salariés 39 associés 7 M€ de chiffre d’affaires

27


)Scop en action(

L’Essor, 100 ans et pas une ride !

Installée à Paris intra-muros dès sa création, L’Essor est une entreprise de peintures, décorations et ravalement de façades. Créée en 1919 à l’initiative de compagnons peintres, la société a toujours été une coopérative, spécialisée dans la restauration du bâti ancien en Île-de France. Elle a su évoluer avec son temps, tout en gardant ses valeurs d’origine. « Nous essayons de conserver le même état d’esprit, de rester une coopérative à taille humaine avec des salariés qui font carrière chez nous, entre 5 à 20 ans d’ancienneté pour la majorité », explique Xavier Noblot, le PDG

actuel (16 ans dans la société à son actif). « Nous sommes toujours dans les mêmes locaux. Cette position centrale, rue du Faubourg-Saint-Martin à Paris nous permet une réactivité accrue et une habitude de travailler dans la capitale », poursuit-il. Attachée au patrimoine parisien, la Scop développe deux types d’activités : 50 % concerne les ravalements de façades et 50 % les peintures et revêtements intérieurs (variant quelque peu en fonction des années). « Nous pouvons avoir une activité pérenne et régulière grâce à notre ancienneté et à la fidélité de nos clients », se réjouit-il. Leurs principaux chantiers sont des bâtiments

publics (mairies d’arrondissements, équipements sportifs, écoles, ministères, facultés, etc.) ou privés (banques, bailleurs sociaux, immeubles de copropriétés, syndics, etc.). La mutualisation, pour répondre aux marchés publics, fait aussi partie de leur pratique. « Nous avons à cœur de faire connaître les coopératives, leur modèle économique et leur fonctionnement. Il est ainsi tout naturel pour nous de nous associer avec d’autres, comme la société Le Travail, 2e coopérative du BTP, spécialisée peinture en Île-de-France », indique-t-il. Leurs savoirfaire, le fait d’être en coopérative (avec 17 salariés) leur permet de répondre à la plupart des demandes et d’assurer une qualité d’exécution. « Le fait d’avoir 100 ans est notre meilleure publicité », argumente le jeune gérant de 36 ans. La soirée d’anniversaire, qui s’est déroulée au Musée des arts forains en mars 2019, a permis de rassembler leur grande famille (180 invités environ, des clients, des fournisseurs, des partenaires et d’anciens salariés). La Navette

En chiffres Création en février 1919 9 sociétaires CA 2018 : 2,3 millions d’euros

L’acacia, un bâtisseur bois responsable Bâtisseurs de maisons et d’extensions en bois, L’acacia est soucieuse de son environnement. Mais les valeurs de la Scop finistérienne s’affirment bien audelà de l’utilisation de matériaux écologiques et durables. Suite à la fermeture d’une entreprise de construction bois nommée L’acacia, un ancien salarié et des amis, bien décidés à ne pas laisser perdre le savoir-faire déjà bien identifié sur la commune en la matière, ont créé cette Scop en mai 2013. Dès le départ, l’humain et l’environnement ont été mis au cœur de ce projet et, aujourd’hui encore, il s’agit de valeurs fortes que la Scop défend. Elle compte désormais 9 salariés : 7 sociétaires en CDI, un CDD et un apprenti. La gérance est partagée, les grandes décisions sont prises en commun et les postes sont polyvalents : on peut être un jour au bureau et le lendemain sur un chantier. L’équipe est soudée et se considère large-

28

ment autant comme des amis que comme des collègues de travail. D’ailleurs, toute l’équipe est impliquée lors du recrutement d’une nouvelle personne, le bien-être au travail faisant partie des fondamentaux de l’entreprise. On retrouve ces mêmes valeurs sociales dans le choix de ses partenaires. Ainsi, la ouate de cellulose isolant leurs constructions est produite à proximité, à Morlaix, par une entreprise employant des salariés handicapés tandis

que la gestion des déchets plastiques et cartons est également confiée à un ESAT. La gestion des autres déchets est prise tout autant au sérieux : revalorisation directe en bois de chauffage ou sous forme de copeaux pour toilettes sèches par exemple… Bref, une entreprise qui a à cœur ce qu’elle transmet aux générations futures : un environnement de qualité, des savoir-faire et un bien-être au travail. Et le jury du Club Célia (Club des entreprises LégendesIroise-Aber) ne s’y est pas trompé puisque, au début de l’année, il a décerné à L’acacia le trophée de la responsabilité sociétale et environnementale. La Navette

En chiffres Création en Scop en mai 2013 7 sociétaires CA : 790 000 €

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 20199


)Parcours( > ALSACE

Marie Yuma, un parcours coopératif engagé Marie Yuma est une coopératrice qui n’a pas de limites. Ou en tout cas, elle aime les franchir avec succès. Étudiante en licence d’histoire à Strasbourg, elle poursuit ses études en développement et aménagement des territoires, option tourisme à Paris. À la fin de ses études, Marie démarre son activité professionnelle à Paris dans une association de tourisme social. « Je voulais travailler dans un secteur en adéquation avec mes valeurs. En plus, j’ai été amené à collaborer avec plusieurs Sociétés coopératives au cours de cette expérience. C’était important d’évoluer dans un environnement auquel je m’identifie ». Au bout de 4 ans, Marie a l’occasion de retourner sur ses terres d’origine. Elle retourne à Strasbourg et rejoint la Scop Ginkgo Espaces Verts en tant qu’assistante administrative. Ginkgo Espaces Verts est une entreprise paysagiste qui réalise des prestations d’entretien d’espaces verts dans toute l’Alsace. Arrivée en janvier 2014, elle comprend rapidement que la structure est en stagnation et qu’il convient d’influer une nouvelle dynamique. Pour cela, Marie démarre en septembre 2014 le diplôme universitaire en Business Mana-

gement à Paris Dauphine pour se préparer à reprendre la gérance. « J’étais vraiment enthousiaste à l’idée des perspectives qui se présentaient. Il y avait un véritable challenge à relever dans ce changement. Et le parcours Paris-Dauphine m’a aussi conforté car il est complet et a permis de structurer mon rôle et ma démarche. Je ne peux que recommander ce dispositif. » Le statut Scop répond parfaitement aux attentes de Marie : « le statut est essentiel et vertueux : il permet d’asseoir le dévelop-

pement et la pérennité de l’entreprise tout en assurant un bien-être au travail. La redistribution de la valeur créée par tous est une notion importante ». Et elle n’oublie pas de préciser que Ginkgo Espaces Verts est aussi une entreprise adaptée (c’est-à-dire qu’elle permet l’accès à l’emploi de personnes en situation de handicap) et que les valeurs coopératives sont dans les gênes de l’entreprise. « Nos confrères dans le secteur n’ont pas les mêmes résultats que nous, et c’est très certainement le fonctionnement participatif qui fait la différence ». Fin 2018, Ginkgo Espaces Verts a fêté ses 10 ans et ambitionne de poursuivre son développement améliorant toujours plus les conditions de travail des salariés de la Scop. « L’objectif principal est la pérennité de l’entreprise et cela passe notamment par de gros efforts d’investissement permettant d’améliorer toujours plus la qualité et le professionnalisme tel que le démontre notre triple certification ISO sur la qualité, la sécurité et l’environnement ». Afin de valoriser sa démarche dans une politique de développement durable, l’entreprise sera évaluée en juillet 2019 sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) selon référentiel AFAQ 26000. Erwan Garcia Recio

> PAYS DE LA LOIRE

Fabienne Baudon, de l’alternance à la présidence Présidente et directrice financière de la Scop Mateloc, à Cholet, Fabienne Baudon a toujours évolué dans un univers d’hommes et a su y trouver sa place. Après un BTS comptabilité, sa carrière démarre en alternance dans une entreprise de BTP, puis dans le groupe Brangeon, spécialisé dans la logistique. En recherche de plus de contact avec l’externe, d’une vision plus globale de l’entreprise, elle rejoint en 2007 Mateloc qui loue et vend du matériel pour le BTP. Ce qui la marque le plus, c’est la place de l’humain, « on sent de la proximité avec les salariés associés » et également beaucoup de transparence « pas seulement sur les chiffres, mais dans la manière de fonctionner en interne, et qui rend le modèle économique et social de la Scop intéressant. »

30

En 2013, Fabienne intègre la formation managers coopératifs à Paris-Dauphine, « une expérience extraordinaire » qui lui servira dès 2015 lorsqu’on lui propose de prendre la présidence alors que la Scop traverse une période difficile. Elle pilote aujourd’hui l’entreprise en binôme avec Dominique Laurence, directeur général. Elle a pu s’appuyer

sur son réseau de dirigeants dans le Mouvement et en dehors (CJD) pour « prendre du recul par rapport à ce qu’on a pu vivre dans cette période de crise, se sentir moins seul, échanger avec d’autres et avoir plus de perspectives ». À son tour, elle donne du temps à d’autres membres du réseau dans lequel elle est très impliquée. Aujourd’hui, Mateloc a bien consolidé sa stratégie et a de beaux jours devant elle. « On est en veille sur nos trois activités qui se portent bien et se développent ». La Scop travaille également sur le bien-être et l’épanouissement des salariés, en mettant l’accent sur les formations et montées en compétences de chacun. « La Scop donne du sens à notre travail par le biais de valeurs. Nous sommes fiers d’être coopérateurs, et voulons donner du sens à notre entreprise, ensemble. » Chloé Bigou

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 2019


)Scop en action(

L’Essor, 100 ans et pas une ride !

Installée à Paris intra-muros dès sa création, L’Essor est une entreprise de peintures, décorations et ravalement de façades. Créée en 1919 à l’initiative de compagnons peintres, la société a toujours été une coopérative, spécialisée dans la restauration du bâti ancien en Île-de France. Elle a su évoluer avec son temps, tout en gardant ses valeurs d’origine. « Nous essayons de conserver le même état d’esprit, de rester une coopérative à taille humaine avec des salariés qui font carrière chez nous, entre 5 à 20 ans d’ancienneté pour la majorité », explique Xavier Noblot, le PDG

actuel (16 ans dans la société à son actif). « Nous sommes toujours dans les mêmes locaux. Cette position centrale, rue du Faubourg-Saint-Martin à Paris nous permet une réactivité accrue et une habitude de travailler dans la capitale », poursuit-il. Attachée au patrimoine parisien, la Scop développe deux types d’activités : 50 % concerne les ravalements de façades et 50 % les peintures et revêtements intérieurs (variant quelque peu en fonction des années). « Nous pouvons avoir une activité pérenne et régulière grâce à notre ancienneté et à la fidélité de nos clients », se réjouit-il. Leurs principaux chantiers sont des bâtiments

publics (mairies d’arrondissements, équipements sportifs, écoles, ministères, facultés, etc.) ou privés (banques, bailleurs sociaux, immeubles de copropriétés, syndics, etc.). La mutualisation, pour répondre aux marchés publics, fait aussi partie de leur pratique. « Nous avons à cœur de faire connaître les coopératives, leur modèle économique et leur fonctionnement. Il est ainsi tout naturel pour nous de nous associer avec d’autres, comme la société Le Travail, 2e coopérative du BTP, spécialisée peinture en Île-de-France », indique-t-il. Leurs savoirfaire, le fait d’être en coopérative (avec 17 salariés) leur permet de répondre à la plupart des demandes et d’assurer une qualité d’exécution. « Le fait d’avoir 100 ans est notre meilleure publicité », argumente le jeune gérant de 36 ans. La soirée d’anniversaire, qui s’est déroulée au Musée des arts forains en mars 2019, a permis de rassembler leur grande famille (180 invités environ, des clients, des fournisseurs, des partenaires et d’anciens salariés). La Navette

En chiffres Création en février 1919 9 sociétaires CA 2018 : 2,3 millions d’euros

L’acacia, un bâtisseur bois responsable Bâtisseurs de maisons et d’extensions en bois, L’acacia est soucieuse de son environnement. Mais les valeurs de la Scop finistérienne s’affirment bien audelà de l’utilisation de matériaux écologiques et durables. Suite à la fermeture d’une entreprise de construction bois nommée L’acacia, un ancien salarié et des amis, bien décidés à ne pas laisser perdre le savoir-faire déjà bien identifié sur la commune en la matière, ont créé cette Scop en mai 2013. Dès le départ, l’humain et l’environnement ont été mis au cœur de ce projet et, aujourd’hui encore, il s’agit de valeurs fortes que la Scop défend. Elle compte désormais 9 salariés : 7 sociétaires en CDI, un CDD et un apprenti. La gérance est partagée, les grandes décisions sont prises en commun et les postes sont polyvalents : on peut être un jour au bureau et le lendemain sur un chantier. L’équipe est soudée et se considère large-

28

ment autant comme des amis que comme des collègues de travail. D’ailleurs, toute l’équipe est impliquée lors du recrutement d’une nouvelle personne, le bien-être au travail faisant partie des fondamentaux de l’entreprise. On retrouve ces mêmes valeurs sociales dans le choix de ses partenaires. Ainsi, la ouate de cellulose isolant leurs constructions est produite à proximité, à Morlaix, par une entreprise employant des salariés handicapés tandis

que la gestion des déchets plastiques et cartons est également confiée à un ESAT. La gestion des autres déchets est prise tout autant au sérieux : revalorisation directe en bois de chauffage ou sous forme de copeaux pour toilettes sèches par exemple… Bref, une entreprise qui a à cœur ce qu’elle transmet aux générations futures : un environnement de qualité, des savoir-faire et un bien-être au travail. Et le jury du Club Célia (Club des entreprises LégendesIroise-Aber) ne s’y est pas trompé puisque, au début de l’année, il a décerné à L’acacia le trophée de la responsabilité sociétale et environnementale. La Navette

En chiffres Création en Scop en mai 2013 7 sociétaires CA : 790 000 €

PARTICIPER Juin • Juillet • Août 20199


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.