Impacts

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I M P A C T S responsabilité m i l i e u x r e s p e c t u r b a i n e x i s t a n t p u b l i c p r i v é c a d r e s considération v i e s e s p a c e s p e n s é e h u m a i n u s a g e s v i s i o n influence a r c hi t e c t u re RAPPORT D’ÉTUDES

MIQUET Colin 2012/2013 Sous la direction de Gilles Marty



Photos : Cédric DULOU, avec mes remerciements. Également à Daniel Prosii, Marion Domenech, Geoffrey Michel, Matthieu Lemarié, Gilles Marty et Shéryne Clément, qui ont fait de cette licence un moment agréable.


SOMMAIRE

INTRODUCTION : L’ENSAG, un cadre créateur d’architecte..........................................................................................6

I. L’ARCHITECTURE CRÉATRICE DE CADRES DE VIE............ 10

II. LE CADRE EXISTANT CRÉATEUR D’ARCHITECTURE.........18

CONCLUSION : L’équilibre espace public/architecture comme méthode de projet...............................24


11 ..........................................................................................................................................................................................Cadre de vie privĂŠ 13 ........................................................................................................................................................................................Cadre de vie public

19 ...........................................................................................................................................................................Milieu naturel, territorial 21 ....................................................................................................................................................................................Milieu urbain, humain

26...............................................................................................................................................................................................................Bibliographie


INTRODUCTION

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L’ENSAG, un cadre créateur d’architecte C’est lorsque je me suis demandé pour la première fois qui décidait de la forme, l’agencement et l’ergonomie de notre quotidien que j’ai réalisé le pouvoir de cette personne. Loin d’être attiré par ce pouvoir, c’est plutôt la responsabilité et l’impact de l’architecte sur la vie de tout un chacun qui m’a ébloui. Tout le monde est à tout moment confronté aux décisions et aux choix d’un architecte, lesquels influencent en profondeur sa vie, son quotidien, son humeur et la qualité de son existence. C’était alors selon moi le métier le plus important du monde, celui que je voulais exercer, qui concerne et influe sur la vie de toute personne. Si bien qu’en troisième, j’ai obtenu mon premier stage d’observation en cabinet, à l’agence Espace Gaïa à Grenoble. J’y ai observé qu’être architecte, c’était avoir la culture et les connaissances nécessaires à la pensée puis la construction d’un espace répondant à un besoin. En effet, ces architectes avaient eux-mêmes réhabilité leurs bureaux, créant un espace de travail particulièrement agréable, lumineux, et sur mesure. C’est cela qui m’a marqué : la découverte d’un espace fini, créé pour et par ses usagers. Ainsi, arrivé en terminale aux choix d’orientation, j’ai postulé à l’ENSAG, et grâce à un étudiant qui m’a formé au concours, j’ai pu réaliser mon rêve d’enfant en commençant mon cursus d’architecture. Dans un premier temps, je fus extrêmement séduit par l’enseignement de Patrice Doat et par la qualité de sa pédagogie. À l’opposé de la scolarité très cadrée du lycée, sa façon de nous confronter à différents problèmes en acceptant toutes les solutions m’a vraiment permis de m’épanouir dans ce milieu inconnu. Malheureusement, ça a aussi été le début d’une période de doute. Ma vision de l’architecture était déplacée. Il s’agissait d’une vieille envie que je n’avais jamais vraiment interrogé. Je n’avais aucun a priori sur l’enseignement de l’architecture, ainsi sans savoir quelles étaient réellement mes attentes et mes envies, je me sentais en décalage avec mes études. Était-ce ce que je voulais ? Avais-je ce qu’il fallait m’en sortir ? Il s’est avéré que oui. Je sais à présent que c’est l’ignorance de ce que je re cherchais dans l’architecture qui m’interrogeait autant. Ce que je cherchais, je l’ai trouvé dans les cours relatifs à la ville. Ceux de Céline Bonicco (La grande ville comme état d’esprit) ou de Catherine Maumi (Introduction à l’histoire de la ville puis Penser, représenter la ville, de la grande ville à la ville contemporaine) m’ont réellement intéressé. La construction des villes et leur histoire me fascinait. Une œuvre aussi homogène réalisée par des millions d’hommes sur des millions d’années, comment ne pas être curieux du processus de construction ? Surtout lorsque je me suis rendu compte que c’est depuis qu’on s’intéresse et qu’on tente de planifier la ville qu’on lui fait préjudice. Ce paradoxe me séduit beaucoup. En projet, le déclic a eu lieu au studio de Philippe Liveneau en deuxième année, et il s’est confirmé en studio Gilles Marty. Leur approche commune basée sur l’analyse de l’existant est 7


bien plus concrète qu’en première année. Ainsi, un projet n’est pas qu’une intention, une forme ou un thème, mais un ensemble de contraintes définies par un contexte. Ces contraintes sculptent le projet, le cadrent et, en élaguant les possibles, une réponse se dessine. Ces « contraintes » deviennent alors autant d’arguments positifs qui propulsent un projet au rang d’espace de liberté vis à vis de ces contraintes. Par contraste, ces obstacles contextuels sont mis en avant, ainsi que les procédés qui en permettent l’affranchissement. C’est à cela que l’on reconnait la belle architecture : lorsque, à l’usage, on comprend comment l’architecte a joué avec les difficultés. Le tout rend l’architecture bien intégrée, l’usage naturel, l’usager accepté et l’architecte accompli. J’ai effectué mon stage de première pratique à l’agence MBAC Maison Bois Architecture Concept à Grenoble. Cette petite agence est spécialisée dans l’habitat individuel en bois : toujours le même projet, pour le même type de client qui veut la même chose. J’ai alors pris conscience que l’architecture, c’est aussi une entreprise à faire tourner, dans laquelle on ne choisit ni son projet ni son client. Avec le recul j’ai fini par accepter cette réalité du métier. Le client et son désir sont la contrainte ultime. À l’architecte de toujours surprendre le client en réinventant sans cesse l’interprétation de ses besoins. C’est notre métier mais aussi notre plaisir, car on ne s’accomplit pas en répondant simplement à une demande sans la dépasser. Ainsi, en évolution perpétuelle, autant morphologiquement que par la façon dont elle est perçue et construite, j’ai réalisé que la ville m’attire. J’y ai trouvé ce que je recherchais depuis le début : un impact sur la vie quotidienne des habitants, à travers l’espace public. Car justement, tout le monde est client, donc personne ne l’est. Il n’y a pas de consommateur : tout le monde est usager, on ne construit pas pour une personne et son désir. On construit pour permettre à tous ces « usagers » de se sentir acceptés et libres dans un même espace. Qu’ils ne soient pas considérés comme de passifs utilisateurs mais en faire des acteurs vivants de nos espaces. C’est donc la qualité du cadre de vie créé pour ces usagers qui m’importe. Cette qualité est directement liée à la façon de s’intégrer, en harmonie, en contraste ou en opposition, au contexte. Le rapport du projet avec celui-ci, et lorsqu’il est urbain, avec le quartier et la ville, est primordial. Parce qu’avant d’entrer dans un bâtiment, on en apprend l’existence, on passe devant, on le voit, on s’en souvient ou pas, on l’appréhende, on imagine ce qu’il contient et à quoi il sert. Et c’est par l’intégration au cadre existant, la prise de site, que passent toutes ces étapes. Avant de s’approprier un espace public, rue, place, jardin, on y circule, on le traverse et on l’utilise. Peu de ces espaces peuvent se vanter d’être à eux seuls des destinations. La meilleure utilisation d’un espace public est celle du momentané, de la fatigue de la journée, du rayon de soleil, du détour flâneur et de cet endroit qu’on a vu mille fois sans jamais le remarquer. Et c’est là que l’arrêt se produit. Que le moment se cristallise dans une mise en scène parfaite parce qu’éphémère. C’est l’instant qu’il faut toucher, et donc l’instinct. Les perceptions les plus profondes. Ce n’est pas la raison qu’il faut convaincre, mais l’inconscient. C’est donc l’équilibre entre l’espace public comme cadre de l’architecture, et l’architecture comme cadre de l’espace public, qui m’intéresse. Et j’ai réalisé l’importance qu’avait pour moi cette relation au terme de trois années à l’ENSAG qui m’ont apporté plus que je n’aurait pu l’imaginer. 8


P

L

A

N

I. L’ARCHITECTURE CRÉATRICE DE CADRES DE VIE

Cadre de vie privé Cadre de vie public

II. LE CADRE EXISTANT CRÉATEUR D’ARCHITECTURE

Milieu naturel, territorial Milieu urbain, humain

CONCLUSION : L’équilibre espace public/architecture comme méthode de projet

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I. L’ARCHITECTURE CRÉATRICE

DE

CADRES DE VIE

Au départ, pour moi, l’architecture était une fin en soi. Concevoir de l’espace pour répondre à une demande programmatique, et ce avec une certaine conscience esthétique. C’est dans cet esprit que je suis entré à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble. Et s’il y a bien une chose que mes études m’ont appris, c’est que l’architecture n’est certainement pas autocentrée. Lorsque l’on crée une architecture, on crée bien plus qu’une espace qui existe pour lui-même : on crée un cadre de vie particulier, à deux faces. La première, le cadre de vie privé, est le but direct de la construction. La réponse à la demande, la spatialisation du programme demandé : ce que le client attend de l’architecte. La seconde est le cadre de vie public. Tout projet architectural a forcément un impact sur l’espace public dans lequel il s’inscrit, et il tient à l’architecte de le prendre en compte ou non. Laisser ce cadre se créer de lui-même comme résidu de la réponse au programme, ou bien projeter cet espace de la même façon que le bâtiment. Et c’est bien sûr la seconde démarche qui est enseignée avec raison à l’ENSAG. 10


Cadre de vie privé Faire de l’architecture, c’est d’abord construire un espace en réponse à une demande particulière. Cet espace doit donc répondre à un programme spécifique d’usages, de surfaces et de fonctions. C’est un intérieur qui est créé, un espace délimité, un volume qui est la propriété du client et à son usage. C’est donc la conception d’un espace fini, restreint, cadre d’effets architecturaux, de jeux de lumière, de volumes, d’usages : le cadre d’une vie. C’est sur la notion de simple espace défini que nous avons travaillé en première année. J’ai été introduit au processus de conception par des projets comme Masse et Ossature (fig. 1) qui avaient pour seule contrainte une surface approximative. Les architectures ainsi créées possédaient un aspect sculptural très fort, presque purement artistique. Ce fut donc l’occasion de s’ouvrir très librement à l’architecture. Un premier exercice de conception sans prise en compte des contraintes programmatiques qui m’a introduit à un processus qui sera celui de ma vie.

Fig. 1, projet Ossature (licence 1), P. Doat

Après cette introduction, Dominique Putz nous imposa un cadre plus sévère. Il fallait ici aménager un espace à vivre contenu dans une structure spatiale de 9 carrés (fig. 2) puis de 27 cubes. Bien que peu réceptif à l’exercice, je réalise avec le recul qu’il est particulièrement intéressant car pose des contraintes strictes de conception, impose un schéma qui est déjà spatial et dont découle une certaine forme de cadre de vie privé. Cette forme peut se décliner à l’infini mais en gardant une homogénéité programmatique, permettant de comparer de nombreuses interprétations d’un cadre de vie privé dont le fond comme la forme restent les mêmes. L’intérêt se trouve alors dans les détails de conception, les types d’agencement qui créent toutes sortes d’ambiances et donc diverses qualités de cadres de vie privés. Ainsi on prend conscience de la richesse que peut avoir l’architecture malgré un cadre commun très Fig. 2, projet 9 Carrés (licence 1), D. Putz rigide. Lorsque, en deuxième année, j’ai travaillé sur le projet habiter/habitat proposé dans le studio Liveneau, le processus de projet s’est concrétisé. En effet, il s’agissait de la conception de logements en contexte réel, donc riche de contraintes contextuelles et programmatiques. Le prisme des possibles s’est élargi par rapport à l’exercice de D. Putz : j’y ai trouvé une plus grande liberté de créativité mais suffisamment orientée par des contraintes réalistes. 11


Le cadre de vie privé ainsi créé peut être artistiquement riche tout en étant cohérent, et une bonne réponse à la demande. Le lieu de vie peut être agréable, hospitalier, esthétique mais également fonctionnel et pratique grâce à des principes architecturaux riches et des effets travaillés. L’architecture ainsi livrée est de qualité, j’ai donc aimé me confronter à la l’exercice de projet en cadre réel. En poussant au maximum la réflexion architecturale sur la conception d’un cadre de vie privé, on fait de l’architecture fonctionnaliste. Ce mouvement m’a été introduit par les cours de Sophie Paviol en première année, mais c’est en lisant Vers une architecture de Le Corbusier que j’ai pris conscience de l’extrémisme de cette démarche. Créer un cadre de vie qui cadre la vie, la contraint, certes spatialement mais aussi comportementalement, en induisant des modes de vie spécifiques par des agencements précis, ne m’intéresse pas. C’est le cadre de vie en termes de théâtre des événements quotidiens qui me parle. Ce cadre qui vient orienter un mode de vie sans l’induire, laissant une marge de manœuvre à l’usager qui lui permettra de se sentir à l’aise, en toute confiance, la liberté de vivre comme il l’entend et de s’approprier son espace à sa guise. À la manière d’une analyse contextuelle qui guide la conception d’un projet sans la brider, le cadre de vie privé doit encadrer l’existence de l’usager, lui donner une base appropriable de façon à lui accorder liberté et souplesse dans son mode de vie. L’architecture fonctionnaliste, en théorie, c’est aussi la réponse pure à un besoin, sans souci d’esthétisme, d’originalité ou d’appropriation d’un projet par son architecte. C’est ce que j’ai vécu lorsque j’ai été stagiaire à l’agence MBAC. Je travaillais sur des projets d’habitation en bois au stade de permis de construire que je corrigeais ou complétais. J’avais donc un aperçu varié du travail de l’architecte, sur un programme et un matériau constant. À l’opposé de l’exercice de Dominique Putz, ici tous les projets se ressemblaient (fig. 3). Toujours les mêmes principes constructifs, les mêmes plans et les mêmes formes, pour des clients qui, de Fig. 3, projets de l’agence MBAC (2009), D. Aitradi toute façon, voulaient tous la même chose. J’ai réalisé à ce moment-là que non, l’architecture n’était pas que la réponse à une demande. C’est la réponse à un besoin. Besoin qui est à l’architecte de déterminer, en fonction du client, de sa demande, mais aussi de l’ensemble des possibilités exploitables qui lui sont offertes. L’architecte doit jouer avec tous ces paramètres pour surpasser la demande et apporter plus qu’une réponse, mais de multiples perspectives d’appropriation. Car ce besoin est fondamental et le même pour tout le monde : un cadre de vie assez lâche pour permettre une grande liberté de meurs. Quelle que soit la demande, la réponse doit toujours la dépasser pour subvenir à ce besoin universel.

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Cadre de vie public Faire de l’architecture, c’est aussi avoir une influence sur un cadre existant : l’espace public. Ce cadre de vie ne concerne pas seulement le client de l’architecte, mais tous les usagers qui subissent l’impact du bâtiment sur leur chemin. Sa présence même influe sur la perception de l’espace et donc sur la qualité du cadre de vie public des habitants Cet impact peut être actif ou passif : libre à l’architecte de projeter ou non l’influence qu’a son bâtiment sur le cadre de vie public. Si l’architecte nie cette influence, l’impact de son projet est passif. La simple conséquence de l’existence du bâtiment qui n’est que la réponse à un programme et impose sa forme à son milieu. Les usagers subissent donc sans comprendre la présence d’un bâtiment qui n’a pas été pensé en les prenant en considération (fig. 4). Fig. 4, Grand’Place et son espace public délaissé (2008), SCAU Mais l’architecte peut aussi décider d’analyser le milieu d’implantation afin d’y intégrer au mieux sa construction. Considérer l’influence de son projet sur l’existant pour mieux la maîtriser et participer activement au cadre de vie public des usagers. Ceux-ci évolueront alors dans un milieu hospitalier où ils se sentiront libres et acceptés, en accord avec une architecture qui les a pris en considération. Ce que j’ai appris au long de ma licence d’architecture, c’est de ne pas autocentrer mon architecture sur elle-même mais de sans cesse la relier à tout ce qui lui précède : géographie, flux, topographie, typologies architecturales, enjeux sociaux, voiries, espaces publics... Respecter l’existant, savoir pourquoi il est ce qu’il est et comprendre en quoi il est important. Pouvoir ainsi le compléter et le développer en insérant le projet avec humilité dans le complexe systémique existant. L’introduction au travail de projet avec l’espace public s’est fait au début de ma seconde année. Le projet d’atelier lumineux prenait place dans un contexte réel, la rue des Bons Enfants à Grenoble, et sa construction modifiait la totalité de sa perception (fig.5). Prendre en considération l’impact du projet sur la rue et le cadre de vie public des Grenoblois ajoutait une nouvelle dimension à la conception, qui

Fig. 5, projet Atelier lumineux avec Rémi Bordet (licence 2), P. Liveneau

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m’a particulièrement intéressé. En analysant le quartier, son tissu, les typologies environnantes et sa place dans la ville, et surtout en s’imaginant traverser cette rue pour aller au cinéma le Club et se confronter à mon bâtiment, j’ai réalisé à quel point la projection s’en trouvait guidée. Ne serait-ce que le travail de maquette de site que nous avons réalisé m’a donné une nouvelle façon de voir la ville. Il suffisait d’y glisser notre projet pour contempler son influence sur l’ensemble du quartier. En même temps, je suivais le cours de Céline Bonicco La grande ville comme état d’esprit, qui abordait l’histoire de la perception de la ville depuis la révolution industrielle. J’ai réalisé tout l’intérêt que je portais pour la ville à ce moment-là, car à titre personnel, cela m’a vraiment touché. J’ai retrouvé mes propres perceptions urbaines dans ce cours, j’ai pu mieux les comprendre et surtout savoir quel rôle jouait l’architecture dans ces perceptions. Cela m’a conforté dans mes études, m’a permis de réaliser ce qui m’y intéressait. Et appliquer concrètement cet enseignement sous forme de projet fut réellement accomplissant pour moi. De façon plus personnelle, j’ai adoré ce cours aussi parce qu’il faisait écho à tous les univers de science-fiction qui j’affectionne. L’espace public est un moyen d’emprise sur les populations, permet d’influer sur leur cadre de vie, et donc la qualité de leur existence. Le peuple peut ainsi être maîtrisé, contrôlé, comme les travaux d’Haussmann l’ont fait pour empêcher les soulèvements contre Napoléon III. Ce pouvoir qu’a l’architecture sur l’espace public a une portée immense sur les habitants. Cette relation a été énormément étudiée, notamment par Walter Benjamin ou George Simmel, comme a pu nous en parler Céline Bonicco, mais fascine également les univers de fiction. Dans le film Metropolis de Fritz Lang, la hiérarchie sociale de la ville repose sur sa structure urbaine. Il y a la « ville haute », lumineuse, saine, où logent les riches et les puissants, et la « ville basse », sombre, étouffante, ou vivent les ouvriers et ceux qui travaillent pour faire vivre la ville. Cette dualité a été reprise dans Le roi et l’oiseau de Paul Grimault (fig. 6), l’un des films de mon enfance. Le meilleur des mondes de Huxley, 1984 de George Orwell ou Ravage de Barjavel décrivent autant de sociétés utopiques entièrement maîtrisées où l’espace public joue un rôle primordial Fig. 6, comparatif des univers de Metropolis (1927) et du Roi et l’oiseau (1980), F. Lang et P. Grimault. dans le contrôle de ces populations. En réalisant cela j’ai retrouvé ce qui m’avait attiré en premier lieu dans l’architecture : l’impact sur la vie quotidienne des habitants, sa qualité mais aussi leur liberté, leurs choix et l’expression de leur individualité. J’ai eu cette responsabilité pour la première fois au cours du projet de halle de marché. Il prenait place en contexte urbain théorique, et incluait un vrai travail sur l’espace public créé et impacté par la halle. Le cadre de vie public était donc directement projeté : au contraire de l’atelier lumineux où l’impact sur la rue était « collatéral », ici la place de la halle toute entière était déterminée par notre projet. Il participait activement à la perception de l’espace public et à la 14


qualité du cadre de vie public des habitants. Pour moi, c’est cet équilibre la vocation de l’architecture. Par la construction d’un cadre de vie privé, créer un cadre de vie public qui concerne tous les usagers, y compris ceux pour qui le projet n’a pas été directement conçu. Cet équilibre, j’ai eu la chance de pouvoir continuer à le travailler pendant ma troisième année. Gilles Marty nous a enseigné qu’un projet était constitué à 50% de réponse au programme et 50% d’apport à l’espace public. Je me suis donc trouvé dans mon élément dans son studio, et j’ai passé une année très enrichissante. Le projet du premier semestre, un incubateur social, avait un programme particulièrement intéressant. Il s’agit d’un lieu où brassent artistes, chercheurs, particuliers, professionnels de tous les milieux et d’où émergent et mûrissent des innovations. L’ensemble permet leur prototypage grâce à un fablab, puis leur exposition, vente, et enfin échange et amélioration grâce à des cycles de conférences et le principe d’open Fig. 7, projet Incubateur urbain avec Geoffrey Michel et Yassine Hamimi (licence 3), G. Marty source. Ce programme très riche devait être particulièrement lié à son milieu, à toutes les échelles possibles : c’est là qu’intervient la notion de prise de site. Enseignée par Gilles Marty, issue du milieu paysagiste, il s’agit de l’appropriation d’un site dans toute sa globalité et à toutes les échelles, de façon systémique. Le considérer comme un vaste réseau physique mais aussi social, virtuel, urbain, naturel et économique, où les habitants et leurs activités évoluent. En s’implantant sur une place du quartier Berriat, et après une longue analyse de son rôle dans le quartier, la ville, la région et la France, nous avons pu créer une structure en lien avec la totalité des fablabs du monde, ainsi qu’un programme de production labellisée en lien avec la structure scolaire à proximité. Avec ce projet j’ai énormément appris sur la conception d’un espace en pleine considération de ses utilisateurs, mais également des usagers de l’espace public impacté par ce bâtiment. J’y ai appris à analyser un site au-delà des données physiques, architecturales et urbaines, mais également sociales, à l’échelle de l’habitant et du quartier et de ses activités existantes, pour réaliser une prise de site totale. J’étais alors désireux d’en savoir plus sur la théorie de la ville, la perception de l’espace public et sa critique à travers l’histoire. Je suis fasciné par cet aspect de l’urbanisme : les critiques négatives de l’espace public ne concernent que celui créé depuis qu’il fait l’objet d’une discipline. Tandis que l’on considère les Anciens comme les maîtres intouchables, qui, sans cet outil qu’est l’urbanisme, concevaient les espaces publics les plus admirables. Lorsque Juliette Pommier nous a demandé d’écrire un article théorique sur une notion d’architecture, j’ai tout de suite choisi l’évolution de la perception de l’espace public depuis le XIXe siècle. Mon corpus s’est donc constitué de L’art de bâtir les villes, Collage city et Junkspace, 15


qui m’ont tous vivement intéressé. Suivre chronologiquement ces différentes lectures de l’espace public sur deux siècles m’a permis de remettre en perspective ce que je connaissais de l’histoire des villes, de mieux comprendre l’évolution de sa pensée et donc de sa construction. Au second semestre, nous avons travaillé un projet à Lama, un village corse. Il s’agissait d’une demande de la municipalité : petit bourg médiéval pittoresque, le maire devait faire face à une grande quantité d’acheteurs qui désiraient faire construire leur maison à Lama. Comment répondre à cette demande sans dénaturer le village ? Lors du workshop sur place, nous avons pu réaliser les réels enjeux de ce village vide. Nous avons donc pris les devants sur la demande du maire pour fournir une stratégie de développement globale, plutôt que des réponses formelles à un problème d’insertion de logements. Ça a été une expérience unique de se voir formuler une demande, de la comprendre, se l’approprier, d’en saisir les tenants et aboutissants pour la surpasser et apporter plus qu’une réponse, mais subvenir à un besoin. Avec mon groupe nous avons travaillé sur le centre historique à la plus haute valeur patrimoniale. Nous avons proposé trois interventions d’ordre économique, patrimonial et culturel, afin d’apporter une activité et un dynamisme qui manquent à Lama. Ne vivant que par le tourisme et l’habitat secondaire en été, nous avons donné une vie à ce centre-ville et ses habitants, tout en magnifiant l’espace public patrimonial et le mettant en valeur (fig. 8). Fig. 8, projet à Lama avec Geoffrey Michel et Matthieu Lemarié (licence 3), G. Marty Ce projet a donc été un accomplissement total pour moi. Nous maîtrisions la totalité de l’impact de notre architecture sur le cadre de vie public des habitants du village de Lama. Habitants que nous avions rencontré, écouté, dans un village que nous avions vécu et dont nous avons pu réaliser les besoins. Une expérience des plus enrichissantes qui m’a conforté dans mon choix de vouloir travailler en ville, avec la ville, pour la ville et surtout, ne pas cesser de la remettre en question.

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II.

LE

CADRE

E X I S TA N T CR É ATEUR D’ARCHITECTURE En entrant à l’ENSAG, je voyais l’architecture comme un geste purement artistique, peut-être un peu gratuit mais qui, pour moi, représentait la plus-value d’un architecte par rapport à un ingénieur. L’architecte était un constructeurartiste, qui répondait à une demande programmatique avec une démarche artistique. L’architecture est certes un art, mais également le fruit d’une analyse. On construit dans un milieu qu’il faut respecter, qui induit des contraintes à prendre en compte, éviter ou intégrer dans le projet. Car si l’architecture crée un cadre de vie, privé pour son client et public pour les usagers de l’espace public, un autre cadre lui préexistait avant. Le milieu dans lequel s’inscrit une architecture est primordial : pour créer un cadre de vie public dans le respect des usagers, il est nécessaire de prendre en compte l’existant pour s’y intégrer en toute humilité. Le respect de ce cadre existant et la prise en compte de ses contraintes peuvent prendre différentes formes. Ce milieu peut être dominé par deux forces majeures à traiter différemment : l’humain ou le naturel. Lorsque le cadre est humain, c’est celui de la ville, de l’urbain, du bâti et du maîtrisé, de l’espace public et de l’architecture. Cependant, la présence humaine s’efface parfois, et il s’instaure alors un dialogue direct entre l’architecture et le territoire. 18


Milieu naturel, territorial Lorsque l’on projette dans un milieu naturel, les contraintes à prendre en compte sont de l’ordre du territorial. Le climat, les orientations, l’ensoleillement, les vents, la topographie sont autant de critères qui cadrent la projection architecturale. En choisissant une démarche bioclimatique, ces informations deviennent autant d’outils guidant la conception, permettant de s’implanter en toute considération du site en plus de respecter l’environnement. Ce sont les cours de Thomas Jusselme en deuxième année qui m’ont ouvert à cette notion, mais surtout la conférence de Jean-Philippe Charon de l’agence Cr&on qui m’a marqué. Sensible au respect de l’environnement, et curieux des façons de tirer le meilleur parti d’une situation, la démarche bioclimatique a été une véritable découverte. En analysant les paramètres naturels d’un site, en utilisant des principes logiques il est possible d’exploiter ces caractéristiques pour subvenir aux besoins les plus primaires de l’homme. J’aime cette façon de penser l’architecture, et c’est pour moi une grande aide de trouver dans le site même d’implantation des indices menant à la composition d’une forme. En effet je suis toujours à la recherche de meilleurs justifications pour mes choix architecturaux, ainsi comme chaque site possède des caractéristiques environnementales particulières, c’est une base de premier choix pour élaguer le champ des possibles. J’ai pu appliquer ces principes en priorité lors d’un projet de logement en milieu rural, en deuxième année (fig. 9). Loin des contraintes urbaines, ce projet m’a permis de concevoir des habitations pensées prioritairement en fonction de mes premières notions de bioclimatisme. L’espace public étant très effacé sur ce projet, il s’agissait d’un dialogue direct entre les caractéristiques naturelles du site et le cadre privé conçu. Un objectif, et un seul paramètre qui rentre en compte : l’environnement naturel. L’occasion donc de s’investir à fond dans ces Fig. 9, projet Habiter/Habitat avec Rémi Bordet (licence 2), P. Liveneau contraintes pour en extraire un projet influencé au maximum par son milieu. Ça a été la première fois que je m’investissais autant dans les contraintes environnementales, malgré mes faibles connaissances ça a été un excellent moyen d’entrer en matière. Lorsque Nicolas Tixier nous a demandé de faire le bilan thermique d’une maison déjà construite, ça a été la démarche inverse : analyser un milieu naturel et le confronter à une stratégie d’implantation de projet existant. J’avais choisi une vieille maison des années 60 à Échirolles, et il a été vraiment intéressant de constater les décalages avec une stratégie qui semble évidente 19


aujourd’hui. Ce fut donc un exercice très enrichissant, puisqu’en faisant le bilan thermique d’une construction non bioclimatique, je me suis vraiment rendu compte de la plus-value énergétique d’une telle démarche, finissant de me convaincre de son intérêt. Une autre façon de se confronter à la nature est le dialogue avec le paysage. Mon dernier projet de deuxième année a été un hôtel au mont St Eynard. Soit entre un paysage grandiose et un monument de patrimoine national, le fort St Eynard. L’exercice consistait à insérer un hôtel de luxe entre ces deux forces de la nature. Et ce sont elles qui ont guidé le projet de A à Z, des orientations à l’implantation en passant par les matérialités. C’était vraiment enrichissant de voir son projet se construire de Fig. 10, projet d’hôtel au mont St Eynard (licence 2), P. Liveneau lui-même selon les simples paramètres liés au site d’implantation. Ainsi j’ai vraiment réalisé le poids que pouvait prendre le rapport au contexte dans la conception d’un projet (fig. 10). Le projet de redynamisation du village de Lama constituait l’alliance de ces deux démarches, paysagère et environnementale. La municipalité souhaitait la construction d’un écoquartier, le cadre naturel était grandiose et le patrimoine précieux. Lorsqu’en plus nous avons décidé d’apporter une réponse globale aux problèmes du village, ce fut l’occasion d’opter pour une stratégie environnementale dans le respect du patrimoine et du paysage à l’échelle de tous les projets du studio. Ainsi Fig. 11, projet à Lama avec Geoffrey Michel et Matthieu Lemarié (licence 3), G. Marty chaque groupe d’étudiant concevait dans un secteur différent du village, avec les mêmes enjeux et selon les mêmes contraintes. Ce fut un projet des plus riches : en plus de manier une grande quantité de paramètres très variés, nous étions tous en parallèle sur le même masterplan. Nous avons donc travaillé en partenariat avec de très nombreux projets différents (fig. 11), et collaborions entre architectes. J’ai donc appris à considérer le travail de mes collègues en plus de la somme des paramètres liés au cadre exceptionnel de Lama, le tout de façon systémique. Tenir compte des travaux de l’ensemble du studio, pour un travail en groupe à grande échelle, afin de proposer la réponse la plus cohérente possible. Avec G. Marty ça a donc été une année très riche en rapport au milieu. Prendre en compte le cadre existant et lier l’ensemble aux autres projets du studio fut une expérience formidable qui m’a énormément apporté sur ma vision de l’exercice de l’architecture. 20


Milieu urbain, humain Lorsque ce cadre est à dominance humaine, on est en milieu urbain. La ville, le bâti, l’espace public constituent le cadre d’implantation de l’architecture. Les paramètres bioclimatiques sont bien sûr toujours présents, mais passent au second plan derrière les paramètres sociaux. C’est la société qui est à prendre en compte en priorité : les habitants, leurs habitudes, les activités humaines existantes, les équipements présents, les qualités de l’espace public, les circulations, les usages... Le cadre de vie public existant est la donnée primordiale à prendre en compte, et pour une insertion dans le respect et la considération une analyse urbaine et sociologique est incontournable. Comme les critères naturels, ces critères urbains représentent autant d’outils qui cadrent la conception du projet. Ils donnent des directives de projection qui permettre d’élaguer le champ des possibles : comment mon programme complète les usages existants, comment mon bâtiment s’insère dans l’espace public, comment les habitants vont le vivre au quotidien... Ainsi, combinés aux paramètres bioclimatiques, les données de départ sont très nombreuses et l’angoisse de la feuille blanche disparaît. Au contraire, la feuille est déjà remplie de paramètres qu’il suffit alors de trier et faire concorder à un système constructif et un programme pour un déduire une forme. Sans qu’elle ne suive purement la fonction, et tomber dans le rationalisme, cette multitude de paramètres sont autant de cadres à la liberté de la forme, mais qui laissent suffisamment de marge de manœuvre à la créativité, la guident sans la brider. Si l’atelier lumineux m’a introduit à l’impact de mon projet sur le cadre de vie public, il m’a aussi fait découvrir l’impact du cadre de vie public sur ma conception architecturale. Ici l’exercice consistait à apporter autant de lumière naturelle que possible dans un espace très restreint. Bordé de masques urbains importants, la place des contraintes urbaines n’allaient pas jusqu’aux enjeux sociaux, mais la prise en compte du tissu alentour constituait une très bonne introduction. Mais c’est en travaillant sur la halle de marché (fig. 12) que j’ai réalisé l’importance que prenaient ces paramètres sur la conception. En me confrontant à un projet qui influençait directement la qualité de l’espace public, j’ai réalisé la richesse d’une implantation urbaine et à quel point le milieu influait sur mon projet. Comparé aux exercices de première année beaucoup plus libres, où la conception formelle tenait plus du geste artistique, ça a été libérateur pour moi de pouvoir compter sur des données concrètes, guidant ma plume vers une conception respectueuse des usagers.

Fig. 12, projet Halle de marché (licence 2), P. Liveneau

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L’aspect social de la conception en milieu urbain m’a été introduit en théorie en deuxième année, mais a pris son importance pratique à partir de la troisième année. Le projet d’incubateur urbain, puis le projet à Lama avaient tous deux une volonté de trouver leur place dans le système social complexe de leurs milieux d’implantation. Pour ces deux projets la phase d’analyse était très conséquente, au point même de prendre plus d’importance que la conception formelle du projet, comme pour dire : quelle que soit la forme, si le projet s’inscrit bien dans le cadre humain existant il sera accepté par les habitants. Cette dernière année tient donc une place particulièrement importante pour ma pensée d’architecte, car c’est elle qui m’a mené vers ma vision actuelle de la place de l’architecture dans la ville. À nouveau, mes lectures m’ont été précieuses pour déterminer ma conception de l’architecture. L’art de bâtir les villes m’a appris pourquoi il fallait s’émerveiller des espaces publics des Anciens. Collage city m’a prouvé qu’une cohabitation entre tissus anciens et modernes était possible. Junkspace m’a montré la nécessité de continuer à défendre ces valeurs. Celles d’une entente entre les différentes façons de faire de l’architecture en milieu urbain. Tous trois revendiquent une mixité de typologie urbaine pour une ville appropriable par tous, y compris en considérant avec respect mais esprit critique l’existant avant les premières esquisses de conception architecturale. Car construire en ville, c’est répondre à la demande d’un programme, mais également aux besoins des habitants du quartier, et de la ville en général. Trop souvent aujourd’hui les architectures sont bâties pour elles-mêmes, de façon Fig. 13, Collage City de Colin Rowe, 1978 autocentrées, pour la simple performance formelle ou technique et sans prendre en compte leur impact sur l’espace public. Ce sont les Bignesses de Rem Koolhaas, qui engendrent des Junkspaces, des espaces gaspillés par l’irresponsabilité de ces architectes. Car depuis que le traitement de l’espace public a sa discipline, l’urbanisme, les architectes lui sous traitent sa conception, comme si elle pouvait se penser de façon séparée de l’architecture. L’espace public cadre l’architecture, et l’architecture cadre l’espace public. Construire en ville signifie autant impacter qu’être impacté. Cet équilibre ne doit pas être ignoré.

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CO N CLUSIO N

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L’équilibre espace public/architecture comme méthode de projet Au terme de ces trois années d’études, ma vision de l’architecture n’a cessé de s’élargir pour mieux préciser ma pensée. Mon idée première du métier d’architecte a été confrontée à la réalité des études pour devenir plus concrète. Ce rite de passage n’a pas été sans embûche, mais une fois surmontées, toutes ont été d’une grande aide pour apprendre à me connaître et savoir quel architecte je voulais devenir. Pour moi, l’architecture ne peut se considérer sans son milieu. Le contexte qu’elle crée est dépendant du contexte préexistant : concevoir en milieu urbain signifie autant l’impacter qu’en être impacté. C’est pourquoi j’envisage le métier d’architecte comme bien plus que la conception et la construction, mais un travail d’analyse et de recherche. On ne peut, selon moi, se passer d’une appropriation totale du site en question avant les premiers traits d’esquisse. Car l’architecture n’est pas qu’un volume construit, elle est une implantation, une interprétation du site et de ses besoins, et surtout elle est une composante de l’espace public. À une époque où la ville concerne une majorité toujours plus grande de la population, on ne peut concevoir une architecture qui ne planifie pas l’espace public qu’elle génère. C’est pourquoi je considère que l’architecture ne s’envisage pas sans la ville. Urbanisme et architecture sont complémentaires, et par conséquent l’architecte que je veux devenir est un architecte urbain. Pas au sens d’un architecte qui travaille en ville, mais au sens d’un architecte acteur de la ville. Angoissé par la feuille blanche, j’aime lorsque je suis guidé dans mes projets. Quand justement, la feuille est déjà pleine de données avant de commencer. C’est donc pour moi particulièrement naturel de laisser l’analyse m’orienter au cours du processus créatif. Lorsqu’on projette dans l’espace public, ce contexte est très riche, autant spatialement que socialement, culturellement et humainement. Ainsi le maintient de l’équilibre conceptuel entre espace public et architecture, architecture et espace public, peut devenir une véritable méthode de projet à part entière. Et c’est cette démarche que j’ai retrouvé lors de la présentation du master de Hania Prokop. Une démarche basée sur l’analyse, l’expérimentation et le choix d’idées directives, le tout concentré sur le projet urbain. Ce sont pour moi les élément primordiaux de tout projet architectural, et j’estime avoir encore beaucoup à apprendre en la matière. Pourtant, j’aime aussi l’idée que le master, loin d’être une spécialisation absolue pour sa vie professionnelle, est l’occasion de se confronter à autre chose, une autre méthode, une autre échelle et d’autres projets. C’est pourquoi je suis également intéressé par le master Architecture et culture constructive. Je trouve que le travail sur matériau et le détail constructif manque au cursus de licence, et comme je suis très peu bricoleur, c’est un pan de l’architecture que je suis avide de découvrir.

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BIBLIOGRAPHIE Culture architecturale :

KOOLHAAS Rem, Junkspace - repenser radicalement l’espace urbain, Paris, Payot & Rivage, 2001.

Le Corbusier (1923), Vers une Architecture, Paris, Flammarion, 1995.

ROWE Colin (1978) et Fred Koetter, Collage City, Paris, In Folio, 2002.

SITTE Camillo (1889), L’art de bâtir les villes - l’urbanisme selon ses fondements artistiques, Paris, Le Seuil, 1996.

Culture personnelle :

BARJAVEL René (1943), Ravage, Paris, Gallimard, 1972.

GRIMAULT Paul, Le roi et l’oiseau, production Les films Paul Grimault et Antenne 2, 1980.

HUXLEY Aldous (1932), Le meilleur des mondes, Paris, Pocket, 2002.

LANG Fritz, Metropolis, production UFA, 1927.

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© Colin MIQUET 2013 27


S T C A P M I ét i l i b a s n o p s er x u e i l i m t c e p s e r n i a b r u t n a t s i x e c i l b u p é v i r p s e r d a c n o i t a r é d i s n oc s e i v s e c a p s e e é s n e p n i a m u h s e g a s u n o i s i v ecneulfni er u t c e t ih c r a SEDUTÉ’D TROPPAR

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