Côte Nord Magazine No 134

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50 ANS D’INDÉPENDANCE

Si le tourisme nous était conté...

Paul Jones : « Maurice est sur la bonne voie mais il faut continuer à s’ouvrir » S’il y a une personne encore en activité dans le secteur du tourisme qui peut parler de son évolution après l’indépendance de Maurice, c’est bien Paul Jones. Ancien directeur du Saint Géran, il a contribué à l’expansion du groupe Sun Resorts, puis est resté avec Sol Kerzner après la scission avec le One&Only. De retour à Maurice après 10 ans passés à Londres, il prend en main les rênes de Naïade Resorts, qu’il transforme en LUX* Resorts avec une nouvelle vision du tourisme qui porte la destination au-delà des rives de l’océan Indien. Animé d’une énergie et d’une passion sans égales, il a toujours mené à terme ses missions et se déclare infiniment reconnaissant envers tous ceux qu’il a croisés et surtout envers l’île Maurice qui l’a accueilli et changé sa vision du monde.

Paul Jones et Sir Gaëtan Duval.

Avant de venir à Maurice en 1975, Paul Jones avoue n’avoir jamais entendu parler de l’île. Après être né et avoir grandi en Angleterre, il débarque en Afrique du Sud à la demande de son père qui travaillait pour la compagnie McAlpine. Il a 19 ans et vient juste de terminer ses études de gestion hôtelière. L’industrie touristique était à ses balbutiements et il trouve du travail facilement dans un petit hôtel. Puis en 1972, il se joint au groupe Southern Sun de Sol Kerzner. Après trois ans dans l’hôtel phare du groupe à Johannesburg, ce dernier lui demande de venir travailler comme numéro 2 du Saint Géran qui ouvrait en octobre de la même année. Paul Jones découvre un pays différent de ce qu’il connait jusqu’ici. « C’est une île Maurice très rurale. Mais je me suis très vite familiarisé avec les villages de l’est, Poste de Flacq, Flacq, Quatre Cocos, Trou d’eau Douce. J’appréciais et tissais des liens bien vite avec les habitants. Toutefois, la barrière de la langue fut ma première difficulté. Je pris des cours avec Daniel Lebon, pour apprendre le français. J’ai alors pu plus facilement intégrer le créole ». N’ayant pas d’attache familiale à cette époque, il investit beaucoup de son temps et de sa personne dans cet hôtel qui devient une référence pour l’accueil mauricien. « Les visiteurs témoignent tous qu’ils n’avaient jamais reçu un tel accueil chaleureux de la part des employés et des résidents. Ces derniers partagent leurs cultures avec les clients ; des liens se tissent ; les clients forment partie de la famille des employés, ils assistent aux mariages, aux cérémonies ; certains aident pour les soins. C’est le tourisme que j’ai toujours professé, pas vraiment le luxe des murs d’un hôtel, mais plutôt la valeur des gens. For me, Mauritius is all about the people »

Cependant, Southern Sun est un groupe sud-africain et le contexte politique de l’époque apporte de la résistance en raison du régime de l’apartheid qui existe à cette époque en Afrique du Sud. « Pour la conférence de l’Organisation de l’unité africaine, aujourd’hui Union africaine, on parlait même de convertir l’hôtel en hôpital », déclare l’ancien directeur du Saint Géran. Il se rappelle les campagnes du principal parti de l’opposition d’alors, le Mouvement Militant Mauricien (MMM) de Paul Raymond Bérenger tout en reconnaissant qu’il comprenait cela dans le contexte post-colonial. Paul Jones affirme toutefois que Bérenger va évoluer au fil du temps pour accorder tout le soutien nécessaire au tourisme notamment quand il fut Premier ministre entre 2004 et 2005. Cependant, il, rappelle que « c’est Gaëtan Duval qui allait permettre l’émergence du tourisme en facilitant l’accès aux terres ». C'est ainsi qu'il avait facilité l'acquisition des terrains appartenant à la famille Eynaud pour la construction du Saint Géran. Paul Jones se souvient que le Premier ministre de l’époque, Sir Seewoosagur Ramgoolam était aussi très favorable, même s’il était très proche d’Amédée Maingard, du groupe Rogers, propriétaire du concurrent, Beachcomber. Il n’oublie pas le ministre des Finances Sir Veerasamy Ringadoo, parenté d’ailleurs à Cyril Vadamootoo, ancien directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority, Sir Kher Jagatsingh, ancien ministre de l’Éducation et Sir Harold Walter, ancien ministre des Affaires étrangères. Le souvenir de Sir Gaëtan Duval reste le plus poignant. « Il était un ami proche de Sol Kerzner. Flamboyant et très impliqué dans le tourisme, il voulait que Maurice croisse grâce au tourisme, nous lui

CÔTE NORD Nº134 - AVRIL / MAI 2018

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