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7. MODES DE CONDUITE ET ESPACEMENT

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On plante quoi?

On plante quoi?

Introduction

Par modes de conduite, on entend les méthodes qui donnent aux arbres une forme favorable à la production efficace de fruits de qualité. De nombreuses approches ont été créées et améliorées avec le temps; elles sont résumées dans ce chapitre1.

Choisir un mode de conduite pour un verger est une décision difficile à prendre, car la diversité proposée est impressionnante. Il est donc important de bien les comprendre et de connaître leur évolution. Le choix dépendra de la région, des contraintes de l’entreprise et des préférences individuelles. Une fois adoptée et suivie, la méthode favorisera la logique et la cohérence des interventions au fil des années.

La plupart des méthodes reposent essentiellement sur les mêmes principes physiologiques de base. On sait, entre autres, que le facteur le plus important pour la productivité d’un verger est l’interception de la lumière par le feuillage, le bois et les organes reproducteurs, alors que la distribution de la lumière dans le couvert végétal influence la qualité des fruits produits.

Depuis le début des années 2000, l’augmentation du coût de la main-d’œuvre agricole a favorisé l’adoption de modes de conduite à tiges centrales supportées en mur fruitier. Ces modes de conduite axés sur une production abondante de fruits de qualité permettent la mécanisation des opérations de taille, d’éclaircissage et de récolte.

Modes de conduite

Le mode de conduite choisi doit être bien adapté aux autres composantes du système de production (porte-greffe, sol, densité de plantation, main-d’œuvre, etc.). Aucun mode de conduite n’est parfait pour tous les sites, c’est pourquoi il existe plusieurs variations s’accordant aux particularités de chacun. Cependant, il ne faut pas perdre de vue les principes généraux, car la conduite d’un verger influence directement le potentiel de profit.

Les principaux modes de conduite sont les suivants (selon l’évolution des systèmes dans le temps)2 :

• arbres à port libre et à centre ouvert (p. ex. formation en vase ou en parapluie);

• arbres à port libre et à tige centrale forte (p. ex. cône de plein vent ou Central Leader);

• arbres à tige centrale supportée (p. ex. fuseau étroit ou Slender Spindle, super fuseau ou Super Spindle, axe vertical, arbre libre sans artifice ou SALSA);

• arbres à tige centrale ou multitiges supportées en mur fruitier (p. ex. Tall Spindle, multiaxes ou Multi-Leader, Bibaum®).

Arbres à port libre et à centre ouvert (moins de 350 arbres/hectare)

Avant l’avènement des porte-greffes nains, les variétés étaient greffées sur des francs (semis) et formaient des arbres très vigoureux et très lents à produire. La production était répartie sur une charpente imposante en forme de parapluie pour limiter la hauteur des arbres et favoriser la pénétration de la lumière (Figure 7.1). Plus de 15 ans étaient nécessaires pour obtenir des rendements optimaux. Ce mode de conduite nécessitait l’emploi de grandes échelles (jusqu’à 6 m) pour effectuer la récolte, la taille et les autres travaux horticoles.

1. Les explications données dans ce chapitre ne remplacent pas l’information plus détaillée présentée dans les documents techniques spécialisés sur la taille et la conduite des pommiers.

2. Cette liste est loin d’être exhaustive; il s’agit des principales catégories de formation des arbres.

Tableau

En raison de l’importante zone ombragée produite par les arbres, les fruits étaient de faible qualité. Ceux-ci ne pourraient plus répondre aux exigences du marché d’aujourd’hui.

Avantages et inconvénients Arbres à port libre et à centre ouvert à port libre et à tige centrale forte

Travail manuel intensif. Faible qualité des fruits. Arrivée en production très longue.

Travail manuel intensif. Qualité des fruits moyenne. Arrivée en production longue.

Coût d’établissement important. Maîtrise technique essentielle. Mécanisation possible.

Coût d’établissement très important et rentabilité difficile. Maîtrise technique essentielle. Mécanisation possible.

Maîtrise technique essentielle. Coût d’établissement élevé.

Arbres à port libre et à tige centrale forte (350 à 500 arbres/hectare) d’obtenir des rendements optimaux. La faible densité de plantation contribue également aux bas rendements des premières années. À maturité, l’arbre mesure entre 4 et 5 m, ce qui rend les travaux de taille et de récolte assez coûteux. Ce mode de conduite requiert beaucoup de taille pour maintenir la forme conique souhaitée. Une proportion relativement petite des fruits reçoit la lumière suffisante pour la production de pommes bien colorées.

Pour toutes les raisons décrites précédemment, les portegreffes semi-nains ont été adoptés dans les années 1960 et 1970. Ils furent plantés à ce qu’on appelait à l’époque la « haute densité », soit environ 350 pommiers/ha (4,5 m X 6 m). Les arbres étaient alors conduits avec une seule tige centrale forte qui soutenait des branches charpentières permanentes et réparties de façon à former un cône favorable à un éclairement plus uniforme. La tige centrale était renforcée par un rabattage régulier, ce qui permettait de ne pas utiliser de support et de contrôler la hauteur de l’arbre (Figure 7.2).

Arbres à tige centrale supportée

Les systèmes à tige centrale supportée par un tuteur ont été les plus utilisés dans les années 1980 et 1990. La tige centrale porte directement toutes les branches fruitières. Celles-ci sont permanentes dans la portion inférieure de l’arbre et renouvelées au tronc dans la partie supérieure. Les arbres ont une forme conique à conique étroite (Figure 7.3).

Le cône de plein vent (Central Leader) est une forme encore pratiquée avec les porte-greffes semi-nains. Les coûts d’établissement sont peu élevés en raison du faible nombre d’arbres par hectare et de l’absence d’un système de support. Les premières années, on cherche à maintenir la vigueur des arbres afin qu’ils comblent l’espace qui leur est alloué. En rabattant la tige centrale, on stimule la formation de branches charpentières en vue de créer 3 plateaux de production (en haut, au centre et en bas).

Le rabattage permet aussi de renforcer la tige centrale et d’éviter l’utilisation d’un support. Après quelques années, les tailles d’hiver et d’été viseront à conserver l’éclairement en empêchant que les têtes n’ombragent trop le bas des arbres.

Ce mode de conduite, combiné au choix de porte-greffes semi-nains, a le désavantage de retarder considérablement la mise à fruit en favorisant la croissance végétative les premières années. On doit attendre de 7 à 10 ans avant

Le système de tuteurage procure aux arbres un support permanent. Ainsi, moins d’énergie provenant de la photosynthèse est nécessaire pour la production du bois de la charpente, ce qui en laisse davantage pour la production de fruits. Les opérations de taille sont réduites au minimum, ce qui encourage une expression naturelle du pommier, propice à la mise à fruit hâtive. En effet, la meilleure façon de réduire la croissance végétative est de favoriser la production de pommes. La taille réduite des arbres est contrôlée par le porte-greffe, généralement de vigueur comparable à celle du M.9 (voir le Chapitre 6). Ces arbres nains sont plantés à une densité élevée (1000 à 4000 arbres/ha), ce qui permet d’obtenir des rendements appréciables dès les premières années de récolte. L’axe vertical et le fuseau étroit étaient déjà les plus communs en Europe dans les années 1970 et 1980. À la fin des années 1990, la hauteur de production du fuseau étroit ainsi que la densité de plantation de l’axe vertical ont augmenté. Ainsi, les deux systèmes sont de plus en plus similaires.

Fuseau étroit (1500 à 4000 arbres/hectare)

Le fuseau étroit (Slender Spindle) (Figure 7.3) a été développé en Hollande (Wertheim, 1968) pour favoriser une production de fruits précoce et l’efficacité des travaux horticoles. Grâce aux plus hautes densités de plantation et à la hauteur réduite des arbres, il était possible d’effectuer les tâches exclusivement à partir du sol (verger piétonnier). Ce mode de conduite a été adopté dans plusieurs régions de l’Europe dès les années 1970.

Les rangées étroites et les arbres coniques de très petite taille permettent des densités de plantation de 1500 à 4000 arbres/ha. Les porte-greffes de vigueur comparable à celle du M.9 sont requis : ils produisent des arbres d’environ 1,25 à 2 m de largeur et de 2 à 3 m de hauteur. Les rangées sont espacées de 3 à 4,5 m. Depuis les années 1980, la tendance veut que les arbres soient conduits de façon plus étroite et plus haute. Le support choisi peut être un tuteur individuel ou un système de palissage collectif. Des arbres de 2 ans bien ramifiés sont normalement utilisés pour la plantation. Le tiers de la tige centrale au-dessus de la plus haute ramification est enlevé pour favoriser le développement de nouveaux rameaux. Si des scions sont employés, ils sont rabattus à environ 90 cm au-dessus du sol pour stimuler la ramification. Les rameaux en dessous de 60 cm sont éliminés. Les branches de plus de 45 cm sont arquées sous l’horizontale et attachées de façon à pointer vers le pied de l’arbre voisin pour encourager la mise à fruit.

Pour réduire la croissance de l’arbre, la tige centrale est entraînée en zigzag sur le support; soit on rabat la tige centrale au-dessus d’une ramification attachée pour reformer une tête, soit on procède par pliage annuel à 45° d’un côté à l’autre du tuteur. Les branches fruitières trop basses doivent être attachées ou supportées pour éviter que les fruits ne touchent le sol, ce qui demande beaucoup de main-d’œuvre. Certains producteurs optent plutôt pour des ramifications à au moins 80 à 90 cm du sol en rabattant au tronc toutes les ramifications trop basses. Ce mode de conduite exige beaucoup de soins les premières années pour tailler, attacher et plier les ramifications. Toutefois, une fois celui-ci installé, plusieurs opérations peuvent être mécanisées (taille, éclaircissage, récolte) et le verger peut devenir très productif.

Super fuseau (4000 à 7500 arbres/hectare)

Le Super fuseau (Super Spindle) a été développé en Allemagne (Oberhofer, 1990). Ce mode de conduite suggère de planter de façon très rapprochée des arbres élancés dont la production se concentre directement sur l’axe central. La majorité de ces plantations sont constituées de rangées espacées de 3 m ou moins, avec un espacement de 45 à 80 cm entre les arbres; ceci permet d’établir des densités de 4000 à 7500 arbres/ha. Les porte-greffes utilisés sont de type nain ou semi-nain selon la fertilité du sol. On vise de hauts rendements très rapidement, mais les coûts d’implantation d’un tel système sont également fort élevés. Ce mode de conduite est particulièrement intéressant avec les nouveaux cultivars qui génèrent une prime sur le revenu. De façon générale, le Super fuseau se révèle moins profitable que les systèmes à densité moindre (Robinson, 2003).

Axe vertical (1000 à 2000 arbres/hectare)

Développé par Jean-Marie Lespinasse dans le sud de la France, l’axe vertical cherche à utiliser les effets naturels de la physiologie du pommier. Ce mode de conduite peut convenir aux arbres nains ou semi-nains. Pour les pommiers nains, les porte-greffes de vigueur comparable à celle du M.9 et du M.26 sont appropriés. La densité de plantation varie alors de 1000 à 2000 arbres/ha avec un espacement de 1,5 à 2 m sur le rang et de 3,5 à 5 m entre les rangs. Pour les arbres semi-nains, l’utilisation d’un porte-greffe de vigueur comparable à celle du MM.106 est recommandée. La densité de plantation est alors d’environ 450 à 600 arbres/ha, espacés de 3 à 4 m sur le rang et de 5 à 6 m entre les rangs. Les arbres doivent être tuteurés jusqu’à une hauteur de 3 m (Figure 7.4).

La dominance apicale doit être maintenue pour entraîner les arbres en axe vertical. Il ne faut donc pas rabattre la tige initiale (prolongement terminal). Le maintien de la dominance apicale permet une organisation naturelle des ramifications, ce qui est propice à une mise à fruit rapide. La taille doit être minimale et se limiter aux rameaux trop vigoureux. Toutes les branches doivent avoir un diamètre inférieur à celui du tronc; celles dont le calibre dépasse la moitié du diamètre du tronc sont éliminées. Les branches situées à moins de 90 cm du sol sont également enlevées. La fructification de la cime de l’axe est permise une fois que l’arbre atteint une hauteur de 3 à 4 m, et ce, afin de favoriser le blocage naturel de la croissance. Pour éviter une croissance excessive de la tête de l’arbre, la cime de l’axe peut être pliée ou rabattue au-dessus d’une branche fruitière latérale de faible vigueur. L’équilibre entre la vigueur et la production de fruits est obtenu grâce au raccourcissement des branches fruitières qui fléchissent sous le poids des fruits. L’axe vertical a été adopté en France dans les années 1980 et est devenu un système important au Québec et dans le monde dans les années 1990. Certaines variations sont maintenant utilisées pour répondre à différents besoins de production. Dans ce système, les branches sont permanentes, contrairement au Tall Spindle. L’axe vertical est bien adapté à la majorité des cultivars, sauf ceux à port érigé comme Ambrosia. Pour ce cultivar, le Tall Spindle ou le Super Spindle serait plus avantageux, comme dans sa province d’origine, la Colombie-Britannique.

Système d’arbre libre sans artifice (SALSA) (500 à 1500 arbres/hectare)

Le groupe technique français MAFCOT (Maîtrise de la fructification - Concepts et techniques) est à la base du concept SALSA, qui a été développé dans la région de Bordeaux (France).

Contrairement aux autres modes de conduite, cette méthode n’est pas une recette à suivre et aucune forme n’est imposée à l’arbre. La connaissance du mode de croissance naturel de chacune des variétés sur des arbres plus libres est à la base de ce concept. Le mode SALSA vise l’expression libre de la ramification (non contrainte dans l’espace). Il se base sur le comportement naturel de la variété, notamment la stratégie de mise à fruit de l’arbre, en observant en particulier sa distribution sur la ramification et le retour à fruit d’une année sur l’autre (régularité de la production).

Cette approche vise une pomiculture moins interventionniste (moins de manipulation des ramifications, moins de raccourcissement mécanique de la ramification). Lorsque l’arbre est moins contraint, ce qui suppose une densité de plantation moindre, il tend à optimiser son rendement. Toutefois, le calibre des fruits risque d’être plus petit et il y a un risque d’alternance.

En mode SALSA, on tente de garder le plus possible l’ensemble de la ramification (Figure 7.5). La proposition initiale consiste à ne pas intervenir, sauf sur les branches basses dont la hauteur ne permet pas le déroulement complet des branches fruitières. Dans ce concept, on compare souvent la branche fruitière au bras et à la main (Figure 7.6).

Alors que pour le solaxe3 on utilisait la stratégie GBL (gestion des branches Grosses, Basses et situées sur la Ligne, c.-à-d. le rang), en mode SALSA, on tend à s’en affranchir par une gestion opportuniste de l’arbre. Ainsi, la hauteur des premières ramifications varie pour chaque variété (p. ex. 0,8 à 0,9 m pour Empire et 1,2 m pour Cortland). Les départs inférieurs à ces hauteurs sont systématiquement supprimés, de préférence en vert. Ils sont enlevés au plus tard l’hiver qui suit leur développement.

Les branches fortes sont généralement conservées, sauf si elles sont perpendiculaires au rang (elles feraient obstacle au passage du tracteur). On peut éventuellement aplatir un peu l’arbre en palissant sur le rang (2, voire 3 axes).

Une fois l’arbre établi, on prête attention à la pénétration de la lumière dans l’arbre, en procédant par élagage. On maintient une distance suffisante entre les branches, en surveillant particulièrement les branches superposées ou parallèles. Sur le rang, on limite l’interpénétration des arbres dans le but, là encore, d’assurer une diffusion adéquate de la lumière. Dès la 4e année (ou l’année de la première grosse mise à fruit), on enlève les petites ramifications et les coursonnes sur le tronc pour faire une cheminée (puits de lumière le long du tronc).

3. Mode de conduite pratiqué dans les années 1990-2000 visant à établir rapidement l’équilibre entre la fructification et la croissance végétative pour accélérer la mise à fruit. L’un de ses grands désavantages était le temps requis pour l’attachage et la courbure du bois de l’année afin de favoriser la mise à fruit.

Une règle est de toujours conserver le plus possible les branches fruitières dans leur intégralité. On évite de trop les simplifier pour ne pas les affaiblir. Si nécessaire, on procède par élagage complet de branches fruitières en intervenant au tronc.

La charge en fruits doit être soigneusement contrôlée pendant les années de formation de l’arbre. Ceci doit être ajusté selon la variété. Pour une description détaillée de cette opération, se référer à la documentation spécialisée.

Dès les premiers fruits (2e - 3e feuille), on veille à ajuster la charge des arbres. On supprime tous les fruits situés sur le haut de l’arbre (40-60 cm) pour prévenir l’affaiblissement du haut de l’axe et favoriser la croissance en hauteur.

Pour des arbres palissés, la densité proposée avec ce mode de conduite dépend de l’association variété/porte-greffe : • pour des plantations avec porte-greffes nains de vigueur supérieure ou égale à celle du M.9 : 1200 à 1500 arbres/ha;

• pour des plantations avec porte-greffes semi-nains : 500 à 600 arbres/ha.

Arbre à tige centrale ou arbre multitiges supportées en mur fruitier

Les modes de conduite en mur fruitier (ou haie fruitière) sont aujourd’hui les plus utilisés dans le monde. Développés à partir des systèmes à tige centrale supportée, ils visent à augmenter l’efficacité de la production en réduisant la main-d’œuvre et les intrants requis par volume de fruits produit.

Les pommiers hauts et étroits composent une haie uniforme sur le rang. Un axe ou plusieurs axes érigés dominent. Les ramifications secondaires sont courtes et renouvelées. Les fruits sont produits à partir de l’axe ou sur de courtes ramifications. La pénétration et la distribution de la lumière sont optimisées et la cueillette des fruits est simplifiée.

Tall Spindle (2250 à 3450 arbres/hectare)

Amalgame judicieux des principes du Super Spindle, du Slender Spindle et de l’axe vertical, le Tall Spindle a été introduit en 2006 par Terence Robinson et son équipe, à l’Université Cornell dans l’État de New York. Cette équipe de recherche a effectué une étude comparative des performances agronomiques et économiques des principaux modes de conduite utilisés dans le monde. Les résultats ont démontré que le Tall Spindle est l’option la plus économique par unité de production. Il permet d’améliorer les rendements ainsi que la qualité des fruits et facilite la mécanisation partielle ou complète des opérations (formation, taille, éclaircissage et récolte).

Ce mode de conduite est conçu pour une densité de plantation de 2250 à 3450 arbres/ha. C’est à cette densité que la rentabilité du système est optimale. Il est possible d’augmenter la densité, mais le coût des arbres amplifie d’autant le risque financier. La distance recommandée entre les rangs est de 3 à 4 m et celle entre les arbres est de 0,8 à 1,1 m. Il convient d’utiliser un porte-greffe de vigueur égale à celle du M.9, B.9 ou G.41.

À maturité les pommiers sont étroits, de forme légèrement conique et atteignent une hauteur de 3 à 3,7 m. L’axe central est dominant et les branches qui s’y rattachent sont renouvelées au tronc, simplifiées ou raccourcies (voir Figure 10.16). Il n’y a pas de branches permanentes. Les pommiers ainsi formés composent une haie fruitière.

L’atteinte des objectifs économiques de ce système est basée sur la production de fruits la 2e année (État de New York) ou la 3e année (Québec). À la plantation, les arbres devraient avoir une hauteur minimale de 1,5 m et posséder plusieurs anticipés à angle ouvert à partir de 70 cm du sol. L’utilisation de scions de qualité sans anticipés est possible, mais retarde la production des fruits à la 3e ou 4e année.

Les arbres ne sont pas taillés à la plantation, sauf pour enlever les anticipés dont le diamètre excède 50 % du diamètre du tronc. L’axe est tuteuré dès la mise en verger et tout au long de sa croissance. Il est de première importance que cet axe soit maintenu bien droit et qu’il ne soit pas rabattu avant l’atteinte de sa hauteur optimale. Les anticipés sont pliés sous l’horizontale dès la plantation et maintenus ainsi pendant la première année. Ces opérations encouragent la croissance soutenue de l’axe principal et sa dominance sur les ramifications secondaires ainsi que la production de fruits sur les anticipés.

La taille des arbres doit rester minimale pendant les 2 ou 3 premières années afin de favoriser une mise à fruit précoce. Tous les fruits sont enlevés pendant la 1re et la 2e année pour laisser le pommier remplir son espace en verger rapidement. La présence de quelques fruits peut s’avérer bénéfique la 2e année si la vigueur est forte.

La production des fruits au cours des 3, 4 et 5e années doit être strictement contrôlée afin de permettre au pommier d’atteindre sa hauteur et sa largeur optimales. Pour les variétés de faible vigueur et alternantes comme la Honeycrisp, il est recommandé de laisser 3 ou 4 fruits/cm2 de

TCA4, de la 3e à la 5e année, et 5 fruits/cm2 de TCA pour les variétés plus vigoureuses.

Une fois les arbres en production, il faudra enlever graduellement les branches dont le diamètre atteint 50 % du diamètre du tronc. On pourra laisser un moignon en biseau à la base de la coupe afin de permettre l’émergence de nouvelles ramifications de moindre vigueur. Chaque hiver, les ramifications fruitières seront simplifiées et raccourcies au besoin. La taille d’hiver sert 4 objectifs : améliorer la pénétration de la lumière, pratiquer un premier éclaircissage des bourgeons fruitiers, maintenir l’arbre dans son espace au sein du mur fruitier et faciliter un renouvellement des organes fruitiers. Une taille en vert pourra être réalisée à la fin du mois de juin afin de favoriser l’initiation de bourgeons fruitiers pour la saison suivante et de conserver la forme de la haie. Cette opération est effectuée mécaniquement.

Multiaxes (2200 à 5000 arbres/hectare)

La conduite multiaxes (Multi-Leader) a été développée en Italie, grâce aux travaux du chercheur Alberto Dorigoni. Elle consiste à former des murs fruitiers où la vigueur de chaque arbre est répartie sur plusieurs troncs, et sur lesquels on pratique une taille courte. Les principaux objectifs de ce mode de conduite sont de réduire les coûts d’implantation associés aux arbres, de maximiser l’interception lumineuse et la mécanisation des opérations afin de produire des fruits de haute qualité à moindre coût. Selon le chercheur, il est plus simple d’adapter la conduite des arbres à la mécanisation que l’inverse. L’unité de production devient alors la rangée plutôt que l’arbre individuel.

Dépourvus de structures secondaires (branches fruitières), les arbres forment de véritables murs fruitiers étroits, à deux dimensions. Avec un espacement étroit entre les rangées, on obtient un mode de conduite comparable à de très hautes densités malgré le nombre d’arbres moins important (Tableau 7.1). La production de fruits se fait près du tronc sur des coursonnes qui sont taillées mécaniquement. Une taille complémentaire est faite manuellement pour corriger et enlever les branches oubliées qui font concurrence à l’axe principal (Roche, 2013).

Les porte-greffes de vigueur comparable à celle du M.9 (G.41) sont utilisés en Europe et dans plusieurs autres régions du monde pour ce mode de conduite. La distance entre les racines et les axes sur le rang n’est pas forcément linéaire. Elle varie selon le nombre d’axes recherché (Tableau 7.2). Au Québec, des essais sont en cours avec les porte-greffes G.41 et G.935.

Ce mode de conduite requiert un système de palissage collectif très robuste muni de plusieurs fils (4 à 6) sur lesquels sont attachés les troncs. La mise en place est un défi pour les pomiculteurs, même les plus talentueux, puisqu’elle exige plus de temps et un suivi plus rigoureux les 2 ou 3 premières années. Idéalement, on doit sélectionner les axes dès la plantation et utiliser des tuteurs (bambou, fibre de verre, plastique ou métal) pour les orienter à la verticale. Toutes les bonnes pratiques agronomiques (fertilisation, irrigation, désherbage, etc.) doivent être mises à profit pour stimuler un fort développement végétatif afin que les arbres atteignent rapidement leur pleine hauteur (2,5 à 3,6 m). Chaque axe doit être attaché régulièrement (p. ex. tous les 10 jours) au palissage pour faciliter sa croissance. Il est recommandé d’éliminer immédiatement les branches qui pourraient être en concurrence avec les axes sélectionnés (leaders).

La formation d’un mur fruitier à deux dimensions facilite la mécanisation de plusieurs tâches, dont la taille, l’éclaircissage et le désherbage. Cela facilite aussi l’utilisation de pulvérisateurs tunnel ou d’un système de pulvérisation fixe ainsi que l’utilisation de filets multitâches (anti-grêle, antiinsectes) et ultimement de robots! Afin de profiter pleinement de ces avantages, on recherche l’homogénéité de la haie fruitière. Le palissage doit être droit et solide. L’entrerang doit être bien enherbé et sans ornières.

La mise en place du système est très exigeante en maind’œuvre qualifiée. Toutefois, les études montrent que les arbres conduits de cette façon atteignent rapidement un volume de production comparable à celui des plantations à haute densité et requièrent moins de travail une fois installés. Les essais réalisés en Italie ont démontré que, sur 8 ans, les rendements cumulatifs de la conduite à 2 axes étaient égaux pour la variété Fuji (très vigoureuse) par rapport à la conduite en Tall Spindle; les rendements s’avéraient légèrement inférieurs pour la variété Gala par rapport au Tall Spindle, mais les pommes étaient plus colorées.

Pour l’instant, l’approvisionnement en arbres Bibaum® de qualité est complexe au Québec, à moins de les multiplier en pépinière chez soi ou de les former en verger à partir d’arbres conventionnels. Il est alors plus difficile de profiter des avantages et du plein potentiel de ce mode de conduite. De plus, nous n’avons pas de données sur les conséquences du froid, de la courte saison de croissance et de la neige sur ce type d’arbre. C’est pourquoi ce mode de conduite devrait d’abord faire l’objet d’essais à petite échelle chez des pomiculteurs qui maîtrisent déjà la conduite en Tall Spindle ou en fuseau étroit avec la taille courte.

Distances de plantation

Espacement entre les arbres

Le choix de l’espacement entre les pommiers est fait en fonction du mode de conduite. Il est important de respecter les distances de plantation et les vigueurs de portegreffes recommandées pour chaque mode de conduite afin d’obtenir les résultats anticipés. Une fois le mode de conduite choisi, il faut tenir compte du sol et de la vigueur de la combinaison porte-greffe/cultivar pour déterminer l’espacement final de la plantation.

Un outil pour le calcul de la densité Comme il n’est pas toujours évident de décider des densités optimales de plantation, un calculateur de densité a été adapté pour la pomiculture québécoise à partir du calculateur Apple Scion/Rootstock selection and Planning for Michigan (Perry et coll., 2008) afin d’aider à planifier les nouvelles parcelles. Cette adaptation est basée sur des données et des observations sur le terrain. Pour déterminer les distances de plantation, le calculateur prend en compte les facteurs suivants : la vigueur du cultivar, la vigueur du porte-greffe, le type de sol, le type d’irrigation et le mode de conduite. Cette première version en français de l’outil n’a pas encore été validée au Québec. Une révision sera nécessaire dans le futur puisque des subtilités de certains cultivars et de certains porte-greffes seront mieux connues, sans compter l’avènement de nouveau matériel. Le Calculateur de densité est disponible au catalogue du CRAAQ (www.craaq.qc.ca).

La vigueur des porte-greffes est généralement bien connue (voir le Chapitre 6). Les pourcentages indiqués peuvent être utilisés pour calculer l’espacement d’un porte-greffe comparativement à un autre.

La vigueur des cultivars a également un impact sur la grosseur des arbres. La vigueur de McIntosh est utilisée comme référence pour l’espacement. De façon générale, avec les cultivars peu vigoureux (p. ex. Empire, Honeycrisp), l’espacement est réduit de 10 à 20 %. Pour les cultivars plus vigoureux, comme Gala, l’espacement peut être augmenté du même pourcentage. De l’information sur la vigueur des principales variétés est présentée au Chapitre 5.

Les sols riches, assez lourds ou possédant beaucoup de matière organique favorisent la vigueur des arbres. Dans de tels sols, l’espacement devrait être augmenté de 10 à 20 %. À l’opposé, les sols pauvres, légers, très rocheux et contenant peu de matière organique restreignent la vigueur des arbres. Il est alors conseillé de diminuer l’espacement de 10 à 20 %.

Espacement entre les rangs

L’espacement entre les rangs est nécessaire pour effectuer les travaux horticoles et maximiser la pénétration de la lumière. Il faut réduire le plus possible l’espacement, mais sans que cela affecte les fruits ou entrave la circulation de la machinerie adaptée à la haute densité de plantation. C’est donc l’équipement qui limite l’espacement entre les rangs. Cependant, il vaut mieux adapter l’équipement à la plantation plutôt que d’adapter la plantation à un équipement trop large.

L’espacement entre les rangs devrait mesurer entre 1,1 et 1,5 fois la hauteur des arbres à maturité. Un espacement plus étroit réduit la pénétration de la lumière dans le bas des arbres ainsi que la production de fruits. Les modes de conduite favorisant un arbre étroit permettent un espacement entre-rang plus étroit et une densité de plantation supérieure.

Hauteur de la production

Le potentiel de rendement est plus élevé là où les arbres sont plus hauts. On considère habituellement que l’on obtient une production de 10 tonnes de pommes pour chaque mètre de hauteur.

Le cas des arbres multiaxes ha

Les distances de plantation sont importantes pour former un mur fruitier uniforme. En France, Roche et Codarin (2017) recommandent un espacement de 1,2 à 1,3 m entre les arbres pour des biaxes d’une hauteur de 3,5 à 3,8 m. Dans tous les cas, les axes doivent être distancés d’au moins 30 cm et idéalement de 45 à 60 cm selon le nombre d’axes. En Italie, la hauteur de 2,5 m est souvent utilisée dans les modèles de vergers piétonniers. Les rangs sont alors espacés de 2,5 m. Le Tableau 7.2 présente les recommandations selon le nombre d’axes.

Ainsi, selon l’espacement entre les rangs, on obtient, avec un moins grand nombre d’arbres, des densités comparables à 4000 arbres/ha pour des rangs espacés de 3 m; en Italie, on observe jusqu’à 8000 arbres/ha, pour des rangs espacés de 2,5 m seulement. Enfin, le mur fruitier devrait former un trapèze d’une hauteur de production de 2,2 à 3,1 m et d’une largeur de 60 cm en haut et 80 cm en bas.

10,80,82,55000

21,20,62,53333

31,50,52,52667

41,80,452,52222

Source : Dorigoni, 2016

Si on présume que la pénétration de la lumière est maximale, un arbre de 3,05 m (10 pi) de haut possède une canopée et un potentiel de rendement de 25 % plus importants que ceux d’un arbre de 2,44 m (8 pi), et ce, pour la même largeur à la base (Figure 7.13). Toutefois, la hauteur ne devrait jamais être supérieure à 0,9 fois l’espacement entre les rangs en raison des limitations quant à l’éclairement. Par ailleurs, augmenter l’espacement entre les rangs pour permettre la circulation de la machinerie n’est pas une option profitable s’il excède 1,5 fois la hauteur des arbres; en effet, les pertes de rendement associées à la diminution de la densité de plantation sont alors excessives.

Il est faisable de mécaniser sommairement la récolte avec des arbres à tige centrale supportée. Les pommes seront cueillies avec sac et échelle, puis déposées directement dans une benne placée sur un chariot mobile.

Une mécanisation plus complète des opérations avec un réel gain de productivité n’est envisageable qu’avec la conduite en mur fruitier. Le mur fruitier offre l’uniformité essentielle à l’utilisation combinée de la main-d’œuvre et de la machinerie. Les pommes doivent être réparties également dans tout le pommier de façon à permettre une récolte simultanée du haut et du bas de l’arbre.

Plusieurs systèmes de cueillette mécanisés existent sur le marché et certains producteurs fabriquent leurs propres systèmes. Ces systèmes sont composés d’une plateforme mobile et autonome ou d’un chariot tiré par un tracteur autonome. Les bennes vides placées sur le chariot sont remplies directement par des ouvriers installés soit sur la plateforme, soit au sol. Il est ainsi possible de récolter le haut et le bas des arbres en continu. Les déplacements, le port du sac de cueillette et l’utilisation de l’échelle sont éliminés. Ces systèmes peuvent être mis à profit pour la taille, l’éclaircissage manuel et la conduite des pommiers.

Mécanisation des opérations

Le coût de la main-d’œuvre représente environ la moitié du coût de production des pommes au Québec, si on inclut la rémunération des exploitants (CECPA, 2019). Aux États-Unis, la main-d’œuvre compte pour 60 % du coût de production (Singh et coll., 2010). Au Québec, la récolte des pommes est presque entièrement effectuée par une main-d’œuvre agricole étrangère temporaire et le coût de celle-ci est à la hausse. Dans ce contexte, il devient impératif pour les producteurs d’augmenter la productivité du verger en réduisant la main-d’œuvre requise par volume de pommes produit.

Les avancées technologiques des 25 dernières années permettent la mécanisation de la taille, de l’éclaircissage et de la récolte. Au cours des années futures, il deviendra possible de passer de la mécanisation à l’automatisation des opérations. Toutefois, la transition vers une diminution de la main-d’œuvre n’est possible que dans un verger structuré pour cela.

La conduite en mur fruitier permet également l’éclaircissage et la taille mécaniques à l’aide d’un fouet et d’un taille-haie verticaux portés et actionnés par un tracteur (voir le Chapitre 1). Ces opérations mécanisées et rapides réduisent le temps de main-d’œuvre, mais n’éliminent pas complètement l’éclaircissage chimique ou la taille manuelle.

Conclusion

Il n’existe pas de mode de conduite idéal applicable à toutes les situations. L’important est d’opter pour une méthode de production qui permettra d’obtenir des rendements précoces et d’utiliser un porte-greffe qui favorisera une mise à fruit hâtive. Un bon site, préparé avec soin, facilitera l’établissement rapide des arbres. Par ailleurs, le choix d’une conduite particulière n’est jamais aussi essentiel qu’une densité de plantation permettant une pénétration optimale de la lumière. Lorsqu’elles sont conduites de façon appropriée, les plantations à haute densité sont plus profitables que les systèmes de production traditionnels, et ce, quel que soit le mode de conduite choisi.

Références

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Introduction

Étant donné l’ampleur des coûts liés à l’implantation ou à la replantation de pommiers et le nombre d’années pendant lesquelles les arbres seront en production, l’implantation ou la replantation d’un verger de pommiers doit être faite suite à une réflexion approfondie et une bonne planification (Chapitre 1). Parmi les éléments à prendre en considération figurent non seulement le choix du site (Chapitre 2), la préparation du terrain (Chapitre 4), le mode de conduite choisi (Chapitre 7), mais aussi des éléments directement liés à la plantation, tels que la qualité et le type d’arbres qui seront plantés, leur disposition sur le site, la période et les techniques de plantation ainsi que les soins donnés aux arbres après la plantation. L’attention portée à tous ces éléments ainsi qu’à la formation des pommiers (Chapitre 10) permettra d’optimiser les rendements à long terme et de diminuer les risques de « mauvaises surprises » qui arrivent parfois.

Types d’arbres

De façon générale, chez les pépiniéristes, on peut se procurer :

• des arbres à racines nues d’un an appelés « scions » : pommiers pouvant être produits de diverses façons selon le type de greffe effectué (écussonnage, placage ou greffage sur table);

• des pommiers de 2 ans : arbres classiques;

• des pommiers multiaxes;

• des pommiers à œil dormant;

• des pommiers en pot.

Choix d’un arbre de qualité

La qualité des arbres constitue un facteur de succès de première importance pour toute nouvelle plantation ou replantation. Des pommiers de qualité permettront un établissement rapide des racines, une croissance vigoureuse et une mise à fruit précoce, entraînant ainsi un retour plus rapide sur l’investissement et une meilleure profitabilité. Tant le porte-greffe que la greffe variétale doivent être de qualité.

Critères de qualité

Bien qu’il n’existe pas de norme minimale officielle de qualité, on définit souvent la qualité d’un pommier de pépinière par le calibre du tronc au-dessus du point de greffe. Cela vaut autant pour les arbres à racines nues que pour ceux en pot, tout comme l’absence de maladies (chancres, tumeurs du collet, pourritures des racines, brûlure bactérienne, etc.), l’absence de blessures mécaniques ou de gel sur l’écorce et une certification « exempt de virus » pour le porte-greffe et le cultivar (fortement recommandée si possible) (CTL, 2018).

Outre ces critères, un arbre à racines nues de qualité devrait posséder les caractéristiques suivantes :

• la présence d’au moins 4 à 6 ramifications de plus de 20 cm de longueur, situées à plus de 60 ou 75 cm du point de greffe;

• un diamètre minimal du tronc de 1,3 cm au-dessus du point de greffe (plusieurs études ont démontré que ces arbres produisent de meilleurs rendements les 4 à 5 premières années comparativement aux arbres dont le calibre est inférieur);

• une hauteur minimale d’environ 1,5 m;

• des bourgeons en dormance, d’un bon calibre et non endommagés; un système racinaire bien développé présentant un chevelu (fines racines) en bon état et non desséché (Figure 8.1);

• un point de greffe situé à une hauteur minimale de 20 cm du plateau racinaire.

La présence de ramifications est favorable dans la mesure où celles-ci sont situées à une hauteur convenant au mode de conduite désiré et assez nombreuses pour ne pas déséquilibrer l’arbre. L’utilisation d’arbres ramifiés à la plantation raccourcit la période de formation, si et seulement si les ramifications sont de même vigueur et bien réparties autour du tronc; aucune ramification ne doit être en compétition avec l’axe principal. De plus l’angle entre le tronc et les ramifications doit être de plus de 60o et le diamètre de celles-ci doit être inférieur aux deux tiers du diamètre du tronc

Si un fouet « whip » (tige sans ramifications) est implanté, celui-ci devrait avoir :

• une hauteur minimale de 1 m;

• un diamètre de tronc au point de greffe d’au moins 7 cm;

• une écorce lisse;

• un système racinaire bien ramifié.

Le « fouet » se ramifie généralement au cours de la fin de la première année et pendant la deuxième année en verger. Le tronc a donc une année ou deux d’avance sur les ramifications latérales - contrairement aux ramifications anticipées qui poussent au cours de la même saison - et il est plus facile d’assurer sa dominance. Au moment de la plantation, la constance de la hauteur de tous les points de greffe est importante pour l’uniformité de la croissance future de la parcelle.

Depuis quelques années, il est possible de se procurer des pommiers en pot. La greffe est effectuée en serre aux environs du mois de mars ou avril et les plants sont prêts à être livrés dans des pots au mois de juin de la même année. Tout comme pour les arbres à racines nues, ceux-ci doivent posséder certains critères de qualité : diamètre du tronc, présence de ramifications, etc.

Les premières ramifications devraient se situer entre 75 cm et 85 cm du sol (pour les variétés retombantes comme Cortland). Généralement, 2 ou 3 ramifications vigoureuses n’augurent rien de bon. Elles doivent être attachées vers le sol dès le départ de la végétation, être enlevées complètement à la taille d’hiver, ou encore être raccourcies et/ou enlevées l’hiver suivant la plantation.

Il faut un excellent système racinaire pour que l’implantation d’un pommier ramifié réussisse bien. Il faut aussi planter très hâtivement tôt au printemps ou à l’automne (régions chaudes du sud du Québec). Le scion est un peu moins exigeant à l’implantation, mais nécessitera une année de formation supplémentaire.

Bien que le prix d’achat du pommier (variable selon l’âge, la variété, le porte-greffe, etc.) exerce une influence importante sur la rentabilité de la plantation, en particulier pour la très haute densité (plus de 2000 pommiers/ha), une mise à fruit retardée n’est pas une situation profitable, même avec des pommiers de moindre qualité et achetés au rabais. Attention, les retards dans l’établissement des pommiers causés par du matériel végétal de piètre qualité demeurent souvent impossibles à rattraper, car ceux-ci offrent un potentiel de croissance inégal et limité. Il vaut donc mieux attendre une année avant d’implanter pour s’assurer d’avoir les cultivars et porte-greffes désirés, le tout sur des arbres de qualité supérieure.

Le producteur a intérêt à travailler tôt (2 à 3 ans avant la plantation) en collaboration avec le pépiniériste pour obtenir les arbres du type et de la combinaison cultivar/portegreffes désirés. En plus de spécifier la variété, le porte-greffe, des racines nues ou des pots et le nombre d’axes souhaité, le producteur ne doit pas hésiter à exiger à l’avance le calibre ainsi que la hauteur du point de greffe et des ramifications des arbres achetés. L’acquisition d’arbres de qualité peut facilement permettre de sauver une année sur la mise à fruit. La planification adéquate de la commande d’arbres facilite le travail du pépiniériste et assure au producteur l’obtention de matériel végétal de qualité, élément essentiel pour le succès de la nouvelle plantation.

L’exercice financier visant à tenir compte du prix d’achat des pommiers peut être fait à l’aide de l’outil Profitabilité disponible sur le site du CRAAQ (www.craaq.qc.ca).

Production en pépinière

Pépinière au verger

La production d’arbres de qualité en pépinière au verger requiert des connaissances de pointe et de l’expérience. Une telle démarche ne s’improvise pas et la réduction des frais de replantation ne doit pas être le premier critère à considérer.

Bien qu’elle soit tentante, cette aventure n’est pas à la portée de tous. En effet, le producteur qui fait ce choix devra investir autant de temps, sinon plus, pour les pommiers en pépinière (afin d’en garantir la qualité future) que pour les pommiers en production. Cela implique d’avoir le temps de faire les deux.

Les pépinières au verger donnent souvent des résultats décevants. Leur rentabilité est compromise si la qualité des pommiers est inférieure à celle des pommiers provenant de pépiniéristes. Acquérir de l’expérience avant de produire ses propres pommiers, regrouper l’information sur les connaissances de pointe et s’entourer de personnes compétentes qui pourront répondre à plusieurs questions constituent les conditions gagnantes pour produire des pommiers de qualité.

Avant de se lancer dans cette double production (pépinière et pommes de qualité), il serait intéressant pour le pomiculteur de faire des « essais maison » et de comptabiliser le temps investi dans chacune des productions pour évaluer leur qualité et leur rentabilité. Par la suite, un choix plus éclairé pourra être fait pour les prochains travaux.

Multiplication des porte-greffes

Au Canada, les porte-greffes sont presque tous importés. Ils sont généralement multipliés par marcottage ou in vitro dans des pépinières spécialisées. La technique du marcottage est un mode de multiplication des végétaux qui favorise le développement racinaire d’une partie aérienne d’une plante afin de produire un nouveau plant.

En pépinière, des plants-mères sont plantés, couchés à l’horizontale près du sol et ensuite recouverts de sol, de copeaux ou d’un mélange des deux. Des pousses verticales émergeront de ces porte-greffes. La partie inférieure des pousses qui était recouverte de sol développe des racines. À l’automne, on coupera les nouvelles pousses tout juste au-dessus des plants-mères. Ces tiges enracinées sont classées selon leur grosseur et la qualité de leur enracinement. Elles sont par la suite vendues comme porte-greffes à racines nues. Plus rarement, certains portegreffes sont multipliés par bouture ou encore in vitro, puis enracinés en serre.

Si l’on désire vraiment produire ses propres pommiers, il est possible d’acheter des porte-greffes auprès de distributeurs spécialisés ou de les récolter soi-même à partir du matériel végétal présent au verger. Attention, certains porte-greffes et cultivars sont protégés par des brevets. La multiplication de matériel protégé est interdite à moins d’avoir acquitté des redevances. Il est parfois possible d’acquitter les droits de multiplication à la ferme auprès de certains pépiniéristes.

La liste des variétés de pommiers protégées par un brevet et toutes les informations reliées (nom et coordonnées des propriétaires de brevets, etc.) sont présentées sur le site de l’Agence canadienne d’inspection des aliments à l’adresse suivante : https://inspection.canada.ca/francais/ plaveg/pbrpov/cropreport/appf.shtml. Il est aussi possible de s’informer auprès de pépiniéristes compétents.

Techniques de production en pépinière

Il importe de comprendre les différentes techniques de production des arbres en pépinière pour connaître les avantages et les inconvénients des arbres offerts sur le marché.

Scion

Écussonnage et placage

Au printemps, le pépiniériste plante les porte-greffes à racines nues pour leur permettre de s’enraciner et de croître. Durant la saison, un bourgeon est prélevé sur un rameau d’un an du cultivar désiré et greffé sur le porte-greffe par écussonnage (greffe en « T ») (Figure 8.3) ou par placage, communément appelé chip budding (Figure 8.4). Ce bourgeon se fusionnera au porte-greffe, mais restera dormant pendant le reste de la saison végétative. Au printemps de la deuxième année en pépinière et avant le débourrement, le porte-greffe est coupé juste au-dessus du bourgeon greffé. Ce bourgeon aura une croissance végétative vigoureuse durant la saison grâce aux soins prodigués : fertilisation, irrigation, tuteurage, traitements antiparasitaires et parfois régulateurs de croissance. À l’automne, les arbres sont récoltés et entreposés en chambre froide pour l’hiver; ils sont prêts pour la vente au printemps suivant. Pour les pommiers, l’écussonnage se fait généralement avant le mois d’août (il est plus facile de décoller l’écorce). La technique de placage, quant à elle, peut être utilisée tout au long de la saison.

Le calibre des arbres écussonnés varie de 7 à 25 mm de diamètre. Certains peuvent présenter quelques anticipés1 selon les traitements culturaux (pinçage de feuilles) et régulateurs de croissance, mais ces ramifications sont souvent trop basses. Lorsqu’il n’y a pas de ramifications, ces arbres sont appelés « fouets » d’un an, sinon ils sont appelés « pommiers branchés d’un an », même si le porte-greffe a passé 2 ans en pépinière. Les scions écussonnés sont faciles à trouver sur le marché, car ils sont relativement simples à produire en pépinière.

1. Prélèvement d’un « écusson » ou « greffon » sur le cultivar de pommier

2. Fente, ouverture en « T » sur le porte-greffe

3. Insertion de l’écusson, c’est-à-dire la variété à greffer, sur le porte-greffe

4. Protection de la greffe

5. Croissance du cultivar

1. Section d’écorce prélevée sur le porte-greffe

2. Prélèvement d’une section de rameau (cultivar) portant un bourgeon

3. Application de celle-ci sur le porte-greffe et protection de la greffe

Greffage sur table

Après la réception du porte-greffe à racines nues, le pépiniériste effectue une greffe sur table (bench graft). Il insère un greffon directement dans le tronc d’un porte-greffe de diamètre comparable par une greffe en biseau (greffe à l’anglaise) (Figure 8.5). Le greffon est une courte section de rameau prélevée sur le bois de l’année du cultivar désiré et qui compte de 2 à 3 bourgeons végétatifs. La greffe est recouverte de cire pour éviter la déshydratation. Par la suite, au printemps suivant, le porte-greffe et son greffon sont plantés en pépinière et la pousse la plus vigoureuse est sélectionnée pour la croissance de l’arbre. À l’automne, les arbres les mieux développés sont déracinés, entreposés et vendus le printemps suivant.

Les scions greffés sur table ont tendance à être de plus petit calibre que les scions écussonnés en raison de la période nécessaire à leur enracinement et à la formation de l’union de greffe au printemps. On ne retrouve pas d’anticipés sur ces arbres qui forment alors des fouets. Ces arbres sont souvent moins coûteux puisqu’ils ne nécessitent qu’une année en pépinière. Si les pommiers greffés sont trop petits pour être vendus la première année, ils pourront alors passer une deuxième année en pépinière. Ils seront par la suite vendus à des prix similaires aux arbres écussonnés. Le choix de la variété à greffer peut se faire plus tardivement.

Arbre classique

Dans le but d’obtenir des arbres présentant un meilleur calibre et un plus grand nombre de ramifications, les scions sont gardés en pépinière une année supplémentaire. Il s’agit parfois des pommiers d’un an, trop petits pour être vendus comme scions. Avant leur débourrement, lors de la saison additionnelle en pépinière, les arbres sont rabattus à environ 75 cm au-dessus du point de greffe. Lors du débourrement, les bourgeons supérieurs donnent naissance à de jeunes ramifications. Ces ramifications sont vigoureuses et présentent généralement un angle d’insertion fermé. Les branches trop érigées sont éliminées à l’exception de la branche la plus vigoureuse qui deviendra la tête. Ces arbres ont l’avantage d’avoir un bon calibre, des ramifications fortes et un système racinaire bien développé à la plantation, caractéristiques qui favorisent une mise à fruit plus rapide que les pommiers d’un an. Par contre, leur prix est plus élevé.

Pommier multiaxes

Cette technique de production relativement nouvelle au Québec, mais bien implantée en Europe, permet d’implanter des murs fruitiers. Ces derniers ont l’avantage de produire des fruits de très grande qualité et de faciliter la mécanisation de plusieurs opérations culturales dont la taille, l’éclaircissage et la récolte.

Afin d’obtenir les combinaisons porte-greffes et cultivars désirées et le nombre d’axes souhaité, les réservations devront être faites plusieurs années à l’avance auprès des pépiniéristes et le coût des arbres sera supérieur.

Des essais sont faits actuellement au Québec avec des pommiers à 2, 3 et 4 axes. Quelques années seront encore nécessaires pour en tirer des conclusions et faire des recommandations de plantation éclairées sur ces types d’arbres. Des validations seront aussi à faire en fonction des combinaisons variétés-porte-greffes et les plantations multiaxes. Le Chapitre 7 et le Chapitre 10 discutent de ces types plus en détail.

Pommier à œil dormant

Il s’agit d’une variation de l’arbre écussonné ou greffé sur table. Le porte-greffe nouvellement greffé est planté dans une pépinière au verger ou directement en verger. Pour un même investissement, cette technique a l’avantage de permettre l’établissement d’une plantation environ deux fois plus grande que la surface plantée de façon conventionnelle.

Par contre, elle a le désavantage d’accaparer du terrain non productif pendant une plus longue période, ce qui n’est pas nécessairement rentable. En effet, à cause du temps d’implantation nécessaire aux pommiers, la récolte sera retardée d’au moins 2 à 3 ans. Payer moins cher pour ces arbres implique aussi d’accepter les risques associés au débourrement des bourgeons dormants ainsi que la charge de travail reliée à la formation de l’arbre pendant la période correspondant à sa croissance en pépinière. Entretenir soimême les arbres pour leur développement en pépinière exige la planification de plusieurs éléments, dont l’irrigation, la fertilisation, le désherbage, la phytoprotection et la maind’œuvre – autant d’éléments nécessaires pour une croissance optimale des arbres fruitiers. Dans certains cas, les arbres produits sur place dans le verger s’établissent très bien alors que, dans d’autres cas, ils nécessitent une à deux années supplémentaires pour obtenir un diamètre équivalent aux arbres produits chez le pépiniériste. La plantation directe en verger est surtout intéressante pour les plantations de 1000 pommiers/ha et plus.

Pommier en pot

Depuis quelques années, les producteurs ont accès à un nouveau type de pommiers : les pommiers en pot produits en serre. La greffe y est effectuée aux environs du mois de mars ou avril et les plants sont prêts à être livrés au mois de juin de la même année (Figure 8.9).

Lorsque vient le temps de choisir le type de pommier que l’on souhaite planter, certaines caractéristiques des plants en pot, parfois fort différentes des pommiers à racines nues habituellement employés, doivent être considérées.

En premier lieu, il est primordial que le système d’irrigation soit fonctionnel dès que les arbres sont mis en terre. C’est également vrai pour les autres types de pommiers, mais encore plus important pour les pommiers en pot, puisque le pommier est déjà en « croissance active » lors de sa mise en terre et non dormant comme le pommier à racines nues. La plantation des pommiers en pot se fait généralement plus tard que les pommiers à racines nues, en été, lorsque les risques de gels sont passés, mais avant les périodes propices aux canicules. Une période d’acclimatation lors de la réception des arbres est à prévoir avant de les mettre en terre. Le système de tuteurage doit aussi être installé avant ou immédiatement après la plantation, car les tiges de ce type de plant sont beaucoup moins rigides.

Une attention particulière doit être portée à l’entretien de ces pommiers. Les soins à prodiguer ressemblent plus à ceux de pommiers en pépinière qu’à ceux d’une jeune plantation. Par exemple, les traitements herbicides doivent être appliqués avec précaution, vu la fragilité de la jeune écorce tendre (verte) et de la présence de feuilles parfois très bas sur le tronc. De plus, selon le type de pot, les opérations lors de la plantation seront à ajuster (type de plant moins adapté pour une planteuse). En effet, selon les fournisseurs, les arbres sont livrés dans un pot biodégradable, alors que d’autres sont livrés dans un pot de plastique, lequel devra évidemment être retiré avant la mise en terre. Cela ajoute des manipulations lors de la plantation et il faudra prendre soin de ne pas abîmer les racines et radicelles en retirant le pot. Les résultats préliminaires d’un essai réalisé au Michigan State University Horticulture Teaching and Research Center (Mertz, 2019) avec des plants cultivés dans une membrane biodégradable insérée dans un récipient de plastique ont permis de démontrer l’importance des radicelles pour l’absorption de l’eau et des nutriments. Ce type de contenant, qui laissait de l’espace et permettait aux racines de sortir, a permis une « taille plus naturelle » des racines et a stimulé la croissance des radicelles. Cela s’est traduit par une meilleure croissance des plants en pot que celle observée chez les pommiers à racines nues.

Au Québec, il faudra probablement attendre encore un peu avant de tirer des conclusions quant à la croissance et l’utilisation de pommiers en pot, les quelques implantations effectuées étant plutôt récentes. Les observations réalisées ici, sous nos conditions, sur un nombre de plantations plutôt restreint ne correspondent pas nécessairement à ce qui a été observé au Michigan et ailleurs. De plus, certaines variables comme la date de livraison, la hauteur et le diamètre du tronc des arbres, l’entretien, les températures observées durant la saison, etc. influencent les résultats potentiels. Enfin, ce type de pommier pourrait très bien convenir à la façon de faire et aux méthodes culturales d’une entreprise, mais moins bien à une autre. Il pourrait alors être pertinent de faire un essai en verger sur une plus petite superficie et évaluer le tout en pratique, afin de tenir compte de la réalité de chaque entreprise.

Par ailleurs, bien que l’on ne puisse baser le choix du type d’arbre à planter sur ce seul critère, un fait intéressant concernant les pommiers en pot est la gestion des risques de la brûlure bactérienne. En effet, dans un verger où l’historique de cette maladie est important, les pommiers en pot, qui ne fleurissent pas l’année de leur plantation, permettront de retarder d’une saison les manipulations contribuant à prévenir les risques de brûlure bactérienne, comme la taille des fleurs ou l’application d’un antibiotique ou d’un bactéricide.

Dans un autre ordre d’idées, le court délai nécessaire à la production de ce type de pommier peut faciliter la planification des nouvelles plantations. En effet, leur mode de production offre une plus grande flexibilité, contrairement aux plants à racines nues. Le délai entre le choix du cultivar, qui peut être fait, par exemple, à l’automne, et la livraison des plants, au mois de juin suivant, est raccourci. Ceci diminue aussi les coûts de production, ce qui se traduit par un plus faible coût par arbre à l’achat. En effet, les pommiers en pot coûtent environ 40 % moins cher que les arbres à racines nues. Il ne faut toutefois pas oublier de considérer les frais de transport (puisque l’on ne peut mettre autant de pommiers en pot dans une remorque que de pommiers à racines nues) et les frais de manipulation lors de la plantation.

Disposition des arbres

Plusieurs facteurs sont à considérer au moment de planifier la disposition des arbres sur le terrain : la règlementation (sources d’eau, immeubles protégés, etc.), la mise en marché des fruits (vergers commerciaux ou autocueillette), la largeur de la machinerie disponible, l’espacement entre les rangs et sur les rangs (la densité), l’orientation des rangs (pour maximiser la quantité de lumière reçue par les pommiers), la pente du terrain, les vents dominants, etc.

Règlementation

Des vérifications doivent être faites auprès des municipalités avant d’implanter ou de replanter des pommiers, même pour des vergers dont les parcelles sont en place depuis très longtemps. En effet, les périmètres urbains changent avec le temps et pour optimiser la quantité et la qualité de la récolte, tant en production biologique que conventionnelle, des produits antiparasitaires devront être appliqués. Selon le Code de gestion des pesticides, des distances doivent être respectées en fonction de la présence des sources d’eau (fossés, étangs d’irrigation, puits, etc.) et des immeubles protégés (maisons voisines, parcs, écoles, etc.) à proximité des parcelles à implanter.

On doit tenir compte aussi des zones tampons (zones sur lesquelles il ne doit pas y avoir d’application de pesticides, mentionnées dans le texte des étiquettes des produits antiparasitaires). L’orientation des rangs de pommiers par rapport aux immeubles protégés, l’utilisation de buses antidérive et la présence d’une haie brise-vent figurent parmi les options qui peuvent aider à réduire les distances séparatrices. Ces zones limitatives doivent être planifiées et incluses dans les travaux de plantation.

Mise en marché des fruits

Une parcelle dédiée uniquement à l’autocueillette pourrait ne pas être disposée de la même façon qu’une parcelle dédiée à une production commerciale. Généralement, les arbres des parcelles pour l’autocueillette sont plus espacés, sont tuteurés individuellement et de plus gros calibre pour être « plus solides » (pommiers semi-nains) afin de supporter les interventions de la clientèle. En production commerciale, on vise des arbres rapprochés, de petit calibre, voire des murs fruitiers uniformes afin de pouvoir mécaniser le plus possible les travaux de tuteurage, de taille, d’éclaircissage et de récolte.

Orientation des rangs

Idéalement, la meilleure orientation devrait être celle qui permettra aux pommiers de bénéficier du maximum de lumière dans une journée (orientation nord-sud) et qui favorisera l’écoulement de l’air froid (orientation dans le sens de la pente) (Figure 8.10). Cette configuration n’étant pas possible partout, il faut donc faire en sorte d’avoir le plus d’éléments favorables aux pommiers. Par souci d’efficacité, les rangs sont parfois orientés dans le sens de la longueur du champ, sans prendre en considération l’optimisation de l’ensoleillement.

Si la pente est trop abrupte, l’orientation perpendiculaire à celle-ci diminuera les problèmes d’érosion sur le rang. Il importe aussi de considérer la direction des vents dominants. L’orientation perpendiculaire aux vents est favorable pour les pulvérisations, car la bouillie est ainsi déplacée sur les rangées voisines plutôt qu’au sol. En hiver, par contre, cette orientation favorise l’accumulation de la neige, ce qui peut être problématique dans les régions où le poids de la neige peut arracher des branches au moment de la fonte et retarder les travaux de taille. Par contre, cela peut s’avérer favorable dans les régions où il est difficile d’obtenir une couverture minimale de neige pour isoler le sol. L’implantation d’une haie brise-vent est une solution à considérer (voir le Chapitre 4).

La présence de vent est tout de même souhaitée dans un verger afin d’aider à la pollinisation, de favoriser l’assèchement du feuillage et ainsi diminuer les conditions favorables au développement de maladies telles la tavelure et la brûlure bactérienne.

Pollinisation

Une bonne pollinisation est essentielle pour la production de fruits de qualité. À cet égard, certains facteurs sont à considérer lors du choix et de la disposition des arbres dans la parcelle.

Afin de produire commercialement des fruits de qualité qui se conserveront longtemps, les fleurs du pommier nécessitent une pollinisation croisée (pollen de cultivars différents). Le niveau d’autopollinisation des variétés est variable. Il est donc préférable de toujours s’assurer de la présence de différentes variétés à proximité pour favoriser un mélange des pollens. Quatre conditions sont nécessaires pour obtenir une pollinisation croisée satisfaisante :

• la floraison des variétés doit être synchronisée et abondante;

• le pollen doit être diploïde et viable;

• le pommier pollinisateur doit être situé à proximité du cultivar à polliniser;

• des insectes pollinisateurs doivent être présents et actifs durant la floraison.

De façon générale, les variétés hâtives fleurissent plus tôt que les variétés tardives. Pour favoriser la pollinisation croisée, la pleine floraison de deux cultivars ne devrait pas être espacée de plus de 2 jours, bien que les variétés hâtives soient souvent plus autofertiles que les variétés plus tardives. Il faut cependant se méfier des variétés dont l’alternance est élevée; durant les années de repos du pollinisateur, les variétés adjacentes auront tendance à devenir bisannuelles en raison du manque de pollinisation croisée. Pour faciliter la réussite de la pollinisation, il importe de bien planifier comment seront implantés les différents cultivars en tenant compte du moment de leur pleine floraison (Tableau 8.1).

Afin d’assurer une pollinisation croisée efficace, il est recommandé de planter au maximum 4 rangées consécutives d’un même cultivar. De plus, les lignées d’une même variété ne doivent pas être utilisées comme pollinisateurs entre elles. Certains producteurs préfèrent cependant implanter des

Tableau 8.1 Écart entre le stade pleine floraison de divers cultivars et celui du cultivar McIntosh

Cultivars Nombre moyen de jours avant (-) ou après (+) la pleine floraison du cultivar McIntosh

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