L’implantation d’un VERGER DE POMMIERS
2e édition
Planification, choix du site et mise en marché
Planification, choix du site et mise en marché
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FASCICULE 1
Chapitre 1. Planification de la plantation
Chapitre 2. Choix du site
Chapitre 3. Mise en marché des pommes au Québec
Glossaire
FASCICULE 2
Chapitre 4. Préparation du terrain
FASCICULE 3
Chapitre 5. Cultivars
Chapitre 6. Porte-greffes
FASCICULE 4
Chapitre 7. Modes de conduite et espacement
Chapitre 8. Plantation
FASCICULE 5
Chapitre 9. Tuteurage
Chapitre 10. Formation des pommiers
FASCICULE 6
Chapitre 11. Irrigation
FASCICULE 7
Chapitre 12. Économie de la plantation
Il est interdit de reproduire, de traduire ou d’adapter cet ouvrage sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) afin de respecter les droits d’auteur et d’encourager la diffusion de nouvelles connaissances.
Au moment de sa rédaction, l’information contenue dans le présent document était jugée représentative du secteur pomicole au Québec. Son utilisation demeure sous l’entière responsabilité du lecteur.
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Ce projet a été réalisé grâce à une aide financière du Programme de développement sectoriel, issu de l’Accord Canada-Québec de mise en œuvre du Partenariat canadien pour l’agriculture.
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© Gouvernement du Québec, 2023 - Suivant sa convention avec le MAPAQ, le CRAAQ est autorisé par le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation à publier les textes du personnel du Ministère.
© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada, 2023 - Suivant son entente avec Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), le CRAAQ est autorisé à publier les textes du personnel d’AAC.
© Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, 2023
PPOM0108-01
ISBN 978-2-7649-0688-0 (version imprimée)
ISBN 978-2-7649-0689-7 (PDF)
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives Canada, 2023
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023
Monique Audette, agr., consultante
Evelyne Barriault, agr., conseillère en arboriculture fruitière et viticulture, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)
Karine Bergeron, agr., conseillère en pomiculture et viticulture, secteur Est, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
Patrice Bouffard, agr., Institut de technologie agroalimentaire du Québec, campus de Saint-Hyacinthe
Jennifer Gagné, conseillère au développement et à la recherche, Les Producteurs de pommes du Québec
Serge Mantha, agr., M. Sc., conseiller en pomiculture, Club de production pomicole de la région de Québec (CPPRQ)
Laurence Tétreault-Garneau, agr., conseillère en pomiculture, Dura-Club
Stéphanie Tellier, agr., M. Sc., conseillère régionale petits fruits et arbres fruitiers, Direction régionale de la CapitaleNationale et de la Chaudière-Appalaches, MAPAQ (responsable du chapitre)
Lynn Bourassa, conseillère en transformation alimentaire, Direction régionale de l’Estrie, MAPAQ
Guillaume Breton, chargé de projets, CRAAQ
Claudia Caouette, agr., B. Sc. (Agroéconomie), chargée de projets aux Références économiques, CRAAQ
Noémie Gagnon-Lupien, M. Sc., biologiste, chargée de projet Arbres fruitiers biologiques et développement durable, CETAB+
Denis Giroux, agr., Réseau de lutte intégrée Bellechasse
Mathieu Gourdes-Vachon, agr., conseiller en agroenvironnement et producteur, Verger Passion Fruitée
Maude Richard, agr., conseillère en pomiculture, Agropomme
Monique Audette, agr., consultante
Catherine Blanchet-Gélinas, conseillère | Transformation alimentaire/Développement nordique/Affaires autochtones, Direction adjointe de l’aménagement du territoire et des marchés de proximité, MAPAQ
Jennifer Gagné, conseillère au développement et à la recherche, Les Producteurs de pommes du Québec
Serge Mantha, agr., M. Sc., conseiller pomicole, Club de production pomicole de la région de Québec (CPPRQ)
Jocelyn Trudel, conseiller en transformation alimentaire, Direction du développement stratégique de la transformation alimentaire, MAPAQ (au moment de la rédaction)
Stéphanie Tellier, agr., M. Sc., conseillère régionale petits fruits et arbres fruitiers, Direction régionale de la CapitaleNationale et de la Chaudière-Appalaches, MAPAQ (responsable du chapitre)
Gaétan Bourgeois, Ph. D., chercheur en bioclimatologie et modélisation, Centre de recherche et de développement de Saint-Jean-sur-Richelieu, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC)
Dominique Plouffe, B. Sc., assistante de recherche, Centre de recherche et de développement de Saint-Jean-surRichelieu, AAC
1. Auteurs de la 1re édition (2006) : Monique Audette et Jollin Charest
2. Auteur de la 1re édition (2006) : Jollin Charest
Monique Audette, agr., consultante
Jennifer Gagné, B. Sc., conseillère au développement et à la recherche, Les Producteurs de pommes du Québec
Serge Mantha, agr., M. Sc., conseiller pomicole, Club de production pomicole de la région de Québec (CPPRQ)
Jennifer Gagné, conseillère au développement et à la recherche, Les Producteurs de pommes du Québec (responsable du chapitre)
Lynn Bourassa, conseillère en transformation alimentaire, Direction régionale de l’Estrie, MAPAQ
Daniel Ruel, agr., directeur général, Les Producteurs de pommes du Québec
Guillaume Breton, chargé de projets
Barbara Vogt, chargée de projets aux publications
Danielle Jacques, M. Sc., chargée de projets aux publications
Nathalie Nadeau, graphiste
Monique Audette, Karine Bergeron, Claudia Caouette (page couverture), Josianne Caron, Jollin Charest, Serge Mantha, Véronique Michaud, Dominique Plouffe, Pixabay
Les auteurs et le CRAAQ remercient toutes les personnes et les organisations ayant contribué à la réalisation de cette publication.
La 2e édition du guide L’implantation d’un verger de pommiers est une initiative du Comité pomiculture du CRAAQ
Ces dernières années, le Comité pomiculture du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) s’est donné pour mission de poursuivre la diffusion d’informations sur l’implantation de vergers à haut rendement et de favoriser la production fruitière intégrée (PFI), en mettant l’accent sur la culture, la conduite (régie), la récolte, les opérations postrécolte, l’économie et la mise en marché. Son objectif : encourager la modernisation de la pomiculture au Québec.
Depuis la publication du guide L’implantation d’un verger de pommiers en 2006, les connaissances, les besoins du marché et les techniques de production ont grandement évolué. La rentabilité d’un verger est de plus en plus tributaire d’une implantation bien réfléchie, qui permet d’augmenter l’efficacité du travail et d’atteindre les objectifs de production tout en répondant aux besoins du marché. De plus, la rareté de la main-d’œuvre contraint les pomiculteurs à mécaniser leur production.
Afin de demeurer compétitif, le secteur pomicole québécois doit accélérer la modernisation des vergers. C’est pour transmettre les connaissances nécessaires à cette modernisation qu’un comité de travail issu du Comité pomiculture a été formé pour mettre à jour et publier les connaissances techniques et économiques de pointe essentielles à une implantation durable et répondant aux besoins et aux priorités du secteur.
Cette deuxième édition du guide L’implantation d’un verger de pommiers met l’accent sur :
• les nouvelles connaissances résultant des essais de cultivars et porte-greffes du Réseau d’essais de cultivars et porte-greffes de pommiers (RECUPOM);
• l’évolution des besoins du marché;
• les informations techniques favorisant la réussite de l’implantation de nouvelles parcelles à haute ou à très haute densité de plantation;
• des modèles d’implantation permettant de prendre en compte des nouveaux équipements et matériaux qui s’offrent aux pomiculteurs;
• les techniques modernes de conduite des pommiers permettant d’améliorer l’efficacité du travail et d’augmenter la mécanisation des opérations.
L’implantation d’un verger ou d’une parcelle résulte d’une réflexion globale dont le succès dépend de nombreux facteurs et nécessite un important investissement. Le comité de travail et l’ensemble des auteurs ont tenté de fournir les principales informations et les différentes options possibles pour réaliser une implantation réussie et faire les meilleurs choix qui soient pour assurer la rentabilité des projets d’implantation ou de replantation. Cette nouvelle édition pose un autre jalon pour la modernisation des vergers au Québec et pour le développement du secteur. Nous espérons qu’elle viendra faciliter la planification et la réalisation de tous les projets de plantation ou de renouvellement de parcelles entrepris par les producteurs et les conseillers.
Le Comité pomiculture souhaite dédier cet ouvrage à la mémoire de Paul Emile Yelle, qui nous a quittés en 2022. Source d’inspiration par son expertise, sa passion et son dévouement à transmettre les connaissances pour le secteur, Paul Emile est demeuré actif jusqu’à la fin de sa vie. Conseiller à la Direction régionale de la Montérégie du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) de 1975 à 2011, il s’est impliqué dans les activités du CRAAQ dès sa création, notamment au sein du Comité pomiculture qu’il a présidé pendant plusieurs années, et il a grandement contribué à la rédaction de la première édition du guide L’implantation d’un verger de pommiers.
« Nous sommes comme des nains assis sur des épaules de géants. Si nous voyons plus de choses et plus lointaines qu’eux, ce n’est pas à cause de la perspicacité de notre vue, ni de notre grandeur, c’est parce que nous sommes élevés par eux. », a écrit Bernard de Chartres (XIe et XIIe siècles). Paul Emile a certainement été un géant de la pomiculture québécoise.
Qu’il s’agisse d’implanter une nouvelle parcelle de pommiers ou de renouveler une parcelle existante, ce chapitre fournit les divers éléments à prendre en considération afin de réussir la plantation. Par où commencer pour s’assurer de bien démarrer? Par un plan d’intervention!
La première étape d’une plantation réussie consiste en effet à préparer un plan. Ce plan comprend toutes les étapes qui mènent à la création d’une nouvelle parcelle de verger. De préférence, ces étapes sont énumérées chronologiquement, ce qui aide à visualiser le déroulement des opérations dans le temps. Les opérations agricoles, le matériel et la maind’œuvre nécessaires à chaque étape sont ensuite ajoutés. Ce plan doit être réalisé de 2 à 4 ans avant la plantation. Le plan d’intervention s’avère aussi un outil indispensable à la planification financière qui accompagne la plantation.
Le plan d’intervention devrait cadrer avec une vision à long terme de l’entreprise. On doit chercher à maximiser l’efficacité des travaux pour générer la meilleure profitabilité possible. L’uniformité des plantations est un élément important à prévoir dès le début de l’implantation ou du renouvellement d’un verger de façon à éviter les pertes d’espace et de temps causées par un arrangement de parcelles mal planifié.
L’objectif de ce chapitre est d’orienter la réflexion du producteur afin qu’il soit en mesure de préparer un bon plan d’intervention. Les chapitres subséquents apportent les références et les conseils techniques nécessaires à toutes les étapes de la plantation.
Chaque exploitation possédant ses particularités, il revient donc au producteur de juger et de décider de ce qui convient le mieux à son projet. Afin d’effectuer des choix éclairés, il importe de réfléchir avec réalisme et lucidité à de nombreux éléments.
Avant toute chose, le site doit être propice à la production de pommes. Une analyse de la qualité du site devrait être la première étape à réaliser. Quel est le type de sol? Le site estil en pente? Quelle est l’orientation de la pente et comment influencera-t-elle la production? Quel est le nombre de jours sans gel sur le site? Etc. Tous ces éléments doivent être évalués avant d’investir de l’énergie dans le projet. Il faut aussi savoir qu’une parcelle de pommiers qui, jusque-là, pouvait convenir à une production extensive nécessitera des améliorations avant de pouvoir accueillir un verger intensif. Quelle que soit la densité de plantation, les pommiers exigent par ailleurs un drainage parfait du sol. Le site doit aussi posséder une source d’eau suffisante pour irriguer à n’importe quel moment pendant la saison. L’irrigation est essentielle pour les vergers de 1000 arbres et plus à l’hectare, car les pommiers nains possèdent un système racinaire superficiel et peu étendu. Il faudra probablement épierrer et niveler le terrain. L’installation d’une clôture de protection contre les chevreuils devra également être complétée avant la plantation des arbres dans les zones à risques. Conséquemment, il peut arriver qu’il soit impossible ou trop coûteux de replanter sur certains sites.
Il est pertinent de procéder à cette analyse avec un conseiller spécialisé en pomiculture (un conseiller de club ou privé, ou un conseiller du MAPAQ).
Voir les chapitres Choix du site, Préparation du terrain et Irrigation.
Le type de mise en marché principal doit être réfléchi en amont de la planification technique. En effet, ce choix a une influence sur l’aménagement de la ferme, et notamment sur la décision d’intensifier ou non la production.
Le producteur qui écoule sa production à la ferme directement aux consommateurs ou qui en fait lui-même la transformation (incluant le cidre) ressent peut-être moins le besoin d’intensifier sa production que le producteur qui vend ses fruits aux emballeurs. Or, la haute densité n’augmentera pas nécessairement ses ventes au kiosque, mais la clientèle adepte de l’autocueillette appréciera peut-être d’avoir accès à de beaux fruits sur des petits arbres. Aussi, les exigences de qualité sont telles sur le marché de gros que pour rester compétitif le pomiculteur se doit d’intensifier sa production. Pour survivre dans ce marché, il lui faut produire mieux à un prix moindre. La haute densité, grâce à la précocité de la mise à fruit des pommiers, permet de profiter des primes offertes sur certaines variétés nouvellement introduites sur le marché.
Voir le chapitre Mise en marché des pommes au Québec
Lorsque l’on choisit de transformer en partie ou en totalité sa production, il faut sélectionner et implanter des cultivars qui correspondent aux activités de transformation et de mise en marché.
La planification inclura donc aussi toutes les étapes propres au plan d’affaires d’une entreprise de transformation agroalimentaire, ainsi que des éléments très spécifiques dans le cadre de la fabrication de cidre.
Voir le chapitre Mise en marché des pommes au Québec et l’annexe Outils, ressources et références générales qui comporte de nombreuses références (organismes, sites Web, documentation et règlementation) utiles dans cette démarche.
Implanter un verger biologique demande-t-il une préparation particulière?
Bien qu’encore jeune, la production biologique de pommes au Québec est en plein essor. Il reste beaucoup de recherche et développement à faire dans ce domaine. Ce mode de production implique souvent l’utilisation de plusieurs techniques - ou encore l’expérimentation de nouvelles méthodes - pour relever les mêmes défis qu’en production non biologique. L’essentiel est de se renseigner et de s’assurer d’être bien outillé pour entretenir un verger biologique. Un suivi étroit et une bonne connaissance de la culture sont essentiels. Pour une culture pérenne, les erreurs commises au début ont souvent des répercussions sur plusieurs années, voire sur la totalité de la vie de la plantation.
On doit notamment porter une attention particulière aux points suivants :
• la préparation du sol : temps et techniques nécessaires afin d’atteindre des conditions optimales (structure, pH, teneur en éléments nutritifs);
• le choix des cultivars : cultivars peu sensibles aux maladies ou aux insectes, peu sujets à l’alternance;
• l’usage de techniques particulières : méthodes de lutte physique (piégeage, filets, etc.) contre les ravageurs ou les maladies;
• l’entretien et l’aménagement du verger : diminution de la prévalence de certains insectes ou maladies;
• la planification de la récolte : étalement de la cueillette et main-d’œuvre suffisante, car les régulateurs de croissance utilisés pour retarder la chute des fruits ne sont pas homologués en pomiculture biologique.
Des éléments d’information propres au mode de culture biologique sont discutés dans les chapitres Préparation du terrain et Cultivars.
La première question que se pose le pomiculteur est : « Quels cultivars devrais-je planter? ». Le choix des cultivars est primordial, car il est en relation directe avec les marchés visés. C’est d’abord la variété de pomme qui est vendue. Le pomiculteur doit bien connaître son marché pour choisir les cultivars qu’il souhaite offrir.
Parallèlement au choix des cultivars, le pomiculteur doit choisir la densité de plantation qui lui convient, c’est-à-dire le nombre de pommiers par hectare de verger. La densité de plantation exerce une influence sur presque tous les autres éléments du verger, une réflexion globale s’impose donc. La densité de plantation et le cultivar orientent la sélection du porte-greffe, du système de tuteurage et de la conduite. La densité de plantation influence le choix des équipements, la main-d’œuvre et le financement requis. Le choix de la densité de plantation doit donc s’intégrer à une vision à long terme de l’entreprise.
Le potentiel de production d’un verger est d’abord et avant tout influencé par la fertilité du sol et par le climat. Toutefois, toutes choses étant égales par ailleurs, la productivité d’un verger augmente avec la densité de plantation. Au Québec, les vergers étaient traditionnellement plantés à basse densité (80 à 400 pommiers/ha). Les pommiers étaient greffés principalement sur des porte-greffes issus de semis de McIntosh ou des clones tels que Robusta 5. Aujourd’hui, il n’est plus recommandé d’implanter des vergers à basse densité, car ceux-ci ne génèrent pas suffisamment de revenus pour couvrir les coûts d’exploitation. De plus, les pommes produites ne remplissent pas les critères de qualité actuels et peuvent difficilement concurrencer les pommes disponibles sur le marché. ll est plutôt conseillé de s’orienter vers les vergers à haute densité (> 1000 pommiers/ha) et d’utiliser des porte-greffes plus performants.
Toutefois, pour le bénéfice de la présente réflexion, il convient de préciser que plus on augmente la densité de plantation, plus les interventions horticoles doivent être précises et ciblées.
Densité du vergerNombre de pommiers/ha
Basse densité Moins de 700
Moyenne densité
Haute densité
Très haute densité
700 à 1600
1600 à 3500
Plus de 3500
1.L’espacement exact entre les arbres sur le rang et entre les rangs s’établit en fonction du cultivar, du porte-greffe, du type de sol et de l’équipement disponible (machinerie).
Un avantage important du verger à haute densité repose sur le fait qu’en augmentant le nombre d’arbres à l’hectare, on augmente le rendement en fruits de qualité. Chaque arbre doit produire, le plus tôt possible, un maximum de fruits de qualité et occuper un minimum d’espace en verger. C’est par la conduite, le contrôle de la charge, le tuteurage, l’irrigation et le désherbage des pommiers que le producteur atteindra les résultats escomptés. Un pommier nain atteint sa taille maximale et produit des fruits plus rapidement. Sa vigueur réduite et sa forme favorisent un ensoleillement optimal des feuilles et des fruits qui résulte en une production de haute qualité.
À maturité, les rendements à l’hectare des différentes densités de plantation sont assez comparables. Des études montrent cependant que le rendement cumulé sur plusieurs années des parcelles à plus haute densité est supérieur, surtout en raison de la production plus rapide de celles-ci.
Les pommiers nains facilitent grandement les travaux horticoles (taille d’hiver ou d’été, éclaircissage, récolte), car ceux-ci peuvent être mécanisés et réalisés en grande partie sans utiliser d’échelle. Une production de fruits précoce, une meilleure qualité des fruits et des coûts de production réduits constituent les avantages d’une augmentation de la densité de plantation. Par contre, la très haute densité demeure exigeante du point de vue technique et financier et constitue une façon relativement nouvelle de produire des pommes au Québec.
Une réticence à planter des pommiers nains persiste encore chez certains pomiculteurs parce que certaines parcelles n’ont pas donné les résultats escomptés par le passé. Les densités de plantation étaient souvent trop basses pour obtenir de bons rendements et les premières plantations de pommiers nains étaient trop souvent effectuées là où il restait de l’espace disponible ou pour remplacer des parcelles d’arbres peu productifs. Ces endroits correspondaient souvent à des sites peu propices (bas de pente, terrains plats, sols mal drainés, accumulation importante de neige, etc.). Des sites avec une accumulation de neige importante ont également donné de mauvais résultats, car les arbres étaient ébranchés lors de la fonte de la neige. On ne peut pas non plus s’attendre à de bons résultats sur un site qui, historiquement, a donné de piètres résultats. Avant de replanter, il importe d’identifier la cause des mauvais résultats et de corriger le problème, sinon planter ailleurs. Le choix du site revêt une importance capitale peu importe la densité de plantation choisie.
Voir le chapitre Choix du site.
La gestion du verger à moyenne densité, pratiquée depuis plus longtemps au Québec, exige moins d’interventions et son implantation s’avère moins coûteuse. L’utilisation d’un système de tuteurage et d’irrigation est recommandée, mais n’est pas indispensable comme pour les plantations à haute densité. Par contre, la période qui précède la mise à fruit des arbres est plus longue, la qualité des fruits est souvent moindre et les coûts de production sont supérieurs.
L’expérience montre que les vergers qui réussissent le mieux sont ceux où les producteurs effectuent des plantations régulièrement, cultivent un assortiment de cultivars adaptés au climat, au site et au marché visé et pratiquent un contrôle efficace de la charge de fruits afin de s’assurer d’une production annuelle de fruits de qualité.
Voir les chapitres Modes de conduite et espacement, Plantation,Tuteurage et Formation des pommiers
Les équipements nécessaires à l’implantation et à l’entretien d’un verger peuvent différer de façon importante selon la densité choisie. Il est important de prendre en considération tous les éléments du projet, soit la plantation, le tuteurage, l’irrigation, les outils mécaniques (tracteur, pulvérisateur, outils de désherbage et d’éclaircissage), l’équipement requis pour la taille ainsi que l’organisation de la récolte.
La première étape est la préparation du sol. Une large gamme d’équipements de travail du sol peut être utilisée. Les équipements lourds tels que les sous-soleuses permettent un travail en profondeur (environ 50 cm) tandis que les chisels travaillent dans les 15 à 20 premiers centimètres. Les équipements légers tels que les herses et les déchaumeuses travaillent le sol en surface. Pour faciliter les opérations subséquentes, une ramasseuse de pierres peut devoir être utilisée sur un terrain très rocheux et l’utilisation d’un broyeur de souches peut s’avérer judicieuse dans le cas d’une replantation. Les travaux de préparation du sol peuvent être exécutés à forfait par un contractant.
L’équipement requis pour la plantation dépend fortement de la densité visée. Généralement, pour les plantations à faible densité, une tarière manuelle à essence ou hydraulique est utilisée pour former la cavité accueillant le
Variété cultivée depuis longtemps au Québec. Bien adaptée à notre climat et bien connue des consommateurs. Le fruit se récolte vers la mi-août et doit être mis en marché sur-le-champ; il est très sensible aux meurtrissures. De plus, l’arbre alterne fortement.
Cultivar d’été très sensible à la tavelure et de courte conservation. L’arbre est moyennement vigoureux, très productif et de rusticité moyenne. Par contre, il nécessite un bon contrôle de la charge pour obtenir un fruit de bon calibre. Qualité des fruits passable.
C’est un semis de McIntosh, découvert à Ottawa. Bien connu au Québec, ce cultivar de maturité vers la miseptembre est généralement cueilli trop tôt pour ne pas nuire à la mise en marché de la McIntosh. Le fruit est de calibre moyen à gros. Chair blanche, très croquante, d’un goût acide et sucré. L’arbre est rustique, de vigueur moyenne et très productif. Alternance marquée. La Lobo est une variété populaire au Québec, mais elle a beaucoup été plantée. Son marché est limité. À diminuer.
Vieille variété très appréciée pour ses qualités cidricoles grâce à son contenu en sucre très élevé, mais bonne aussi pour la consommation en frais. Le fruit est de calibre petit à moyen, jaune verdâtre et son épiderme est recouvert partiellement de roussissure. L’arbre est peu rustique et très sensible à la brûlure bactérienne. Faible sensibilité à la tavelure; d’intérêt pour le marché bio. Récolte à la fin d’octobre et durée de conservation de 2 mois.
Beau type McIntosh. Le fruit est de calibre moyen. L’arbre est très productif et demande un éclaircissage sévère pour obtenir des fruits de qualité. Rusticité comparable à McIntosh. Conservation plus courte que McIntosh. Cette variété entre en compétition avec la McIntosh.
Époque de maturité Fin août
Rusticité Résistant au froid
Maladies Résistant à la tavelure
Entreposage 4 semaines
Époque de maturité Mi-septembre
Fruit
Maladies
Sensible aux meurtrissures. Calibre moyen à gros.
Résistant à la tavelure, au blanc et à la brûlure bactérienne. Sensible à la rouille et à la rouille du cognassier.
Entreposage 1-2 mois
Redfree
Époque de maturité Fin août début septembre
Fruit
Bicolore avec un rouge vif à maturité. Chair blanche, croquante et acidulée. Se détache difficilement à la cueillette.
Arbre L’arbre alterne fortement
Maladies
Résistant à la tavelure, à l’oïdium (modérément), à la rouille, à la rouille du cognassier (modérément)
Entreposage 4 semaines
Développée dans le cadre du programme PRI (Purdue University, Rutgers University, University of Illinois) aux États-Unis, cette pomme est issue d’un croisement multiple impliquant entres autres Délicieuse jaune, Red Rome, Melba et Jonathan.
Époque de maturité Fin septembre
Fruit
Arbre
Coloration rouge vif. Calibre moyen. Chair très croquante, sucrée et modérément acidulée.
Productivité moyenne, faible alternance
Rusticité Moyenne
Maladies
Résistant à la tavelure (oïdium et brûlure bactérienne jamais observés). Sensible au froid et à la brûlure bactérienne (source : Penn State Tree Fruit Production Guide)
Entreposage 5 à 6 mois en chambre réfrigérée
Cette variété a été développée au Québec.
Fruit
Arbre Port dressé, forte alternance
Rusticité Sensible au froid
Maladies La tache amère est souvent observée
Cette variété a été développée au Québec.
début octobre
Calibre moyen à gros. Sa coloration rouge foncé ressemble à celle de la Spartan. Chair blanche, très croquante et acidulée.
Topaz (voir fiche page 17)
Golden Russet (voir fiche page 19)
Fruit
Calibre moyen. Coloration rouge foncé assez uniforme. Chair blanche, croquante et très acidulée à la récolte. Son goût s’améliore au cours de la conservation
Arbre L’arbre est productif et alterne moyennement
Rusticité Rustique
Maladies
Résistant à la tavelure, à l’oïdium, à la rouille et à la rouille du cognassier (modérément). Peu sensible à la brûlure bactérienne. Sensible à la moucheture. Ce cultivar figure parmi les cultivars résistants à la tavelure les plus connus.
Entreposage 3 mois
Fruit
Calibre moyen. Couleur 80 % rayée rouge, sur fond jaune verdâtre, à points peu visibles.
Arbre Modérément vigoureux et productif, à port étalé
Rusticité Rustique
Maladies
Résistant à la tavelure, à l’oïdium, à la brûlure bactérienne (modérément) et à la rouille. Sensible à la rouille du cognassier.
Entreposage 2-3 mois
Époque de maturité Fin septembre
Fruit Calibre moyen à gros
Maladies Résistant à la tavelure
Entreposage 3 mois
Utilisations
Fruit sans brunissement pour la salade de fruits; peut être tranché et transformé (croustilles aux pommes séchées, cidre)
Époque de maturité Début octobre
Fruit
Gros calibre. Couleur 80-100 % rayée de rouge, sur fond jaune, à lenticelles bien marquées.
Arbre Très vigoureux, à port étalé
Rusticité Rustique
Maladies
Époque de maturité Mi-octobre
Fruit Chair rosée. Calibre petit à moyen.
Maladies Faible sensibilité à la tavelure et à la brûlure bactérienne
Trent
Époque de maturité Fin octobre
Fruit Calibre moyen à gros. Chair de couleur crème teintée de verdâtre.
Arbre Vigouteux et productif, à port dressé-étalé
Rusticité Rustique
Maladies Résistant à la tavelure. Faible sensibilité à la brûlure bactérienne.
Entreposage 6 mois
Résistant à la tavelure, à l’oïdium (modérément), à la brûlure bactérienne et à la rouille (modérément).
Entreposage 2 mois
Époque de maturité Début septembre à mi-septembre
Fruit Calibre moyen. Couleur rouge moyen sur 85 % de sa surface sur fond vert pâle. Avec des points espacés et très visibles.
Arbre Modérément vigoureux, à port étalé
Rusticité Très rustique
Maladies
Résistant à la tavelure. Sensible à la rouille et à la rouille du cognassier.
Entreposage 2-3 mois
September Ruby
Époque de maturité Mi-septembre à fin septembre
Rusticité Assez rustique
Maladies Résistant à la tavelure
Entreposage 4 semaines
Diva
Époque de maturité Mi-septembre et plus tard
Fruit Calibre moyen
Maladies Résistant à la tavelure
Entreposage 3 mois
Utilisation Fruit laissé dans les arbres pour le cidre de glace
Catégorie Douce amère
Époque de maturité Fin août
Époque de pressage Jusqu’à la fin de septembre
Fruit
Pommette de gros calibre. Chair ferme, croquante, juteuse, très sucrée, moyennement à très acidulée à la récolte, astringente et légèrement amère.
Arbre Faible vigueur, productivité moyenne à forte, rapidité de mise en production, peu d’alternance, fleurit avec Cortland
Rusticité Résistant au froid
Maladies
Bulmer’s Norman
Faible sensibilité à l’oïdium. Aucune sensibilité particulière à la tavelure n’a été observée jusqu’à maintenant (source : Jolicoeur, 2016). Fruit peu sensible aux champignons du sol (Phytophtora, Alternaria, Mucor).
Catégorie Douce amère
Époque de maturité Début septembre
Époque de pressage
Douce de Charlevoix
Jusqu’à la mi-octobre
Fruit Calibre moyen. Chair granuleuse, douce, très amère, s’oxyde rapidement.
Arbre Forte vigueur, productivité moyenne, rapidité de mise en production, pas d’alternance, fleurit avant McIntosh
Rusticité Résistant au froid
Maladies Peu sensible à la tavelure. Fruit très sensible aux champignons du sol (prudence, car assez souvent les pommes à cidre sont ramassées au sol) et à la pourriture lenticellaire.
Catégorie Douce amère
Époque de maturité Fin août
Époque de pressage
Jusqu’à la mi-octobre
Fruit Calibre moyen. Chair granuleuse à juteuse, douce, amère.
Arbre Vigueur moyenne, productivité faible, rapidité de mise en production, alternance prononcée, fleurit avec McIntosh
Rusticité Résistant au froid
Maladies Peu sensible à la tavelure (source : Jolicoeur, 2016)
Catégorie Amère
Époque de maturité Mi-septembre
Époque de pressage Jusqu’à la fin d’octobre
Fruit Calibre moyen. Chair granuleuse à sèche, sucrée, douce, très amère, légèrement parfumée.
Arbre Forte vigueur, productivité moyenne, rapidité de mise en production moyenne, peu d’alternance, fleurit avec Cortland
Rusticité Tolérant au froid
Maladies Moyennement sensible à la tavelure (source : Jolicoeur, 2016)
Catégorie Douce amère
Époque de maturité Mi-septembre
Époque de pressage Jusqu’à la mi-octobre
Fruit Petit calibre. Chair croquante, granuleuse, sucrée, légèrement astringente, amère.
Arbre Forte vigueur, productivité faible à moyenne, rapidité de mise en production, peu d’alternance, fleurit avec Cortland
Rusticité Peu sensible au froid
Maladies Peu sensible à la tavelure (source : Jolicoeur, 2016)
Catégorie Douce amère
Époque de maturité Mi-octobre
Époque de pressage Jusqu’à la mi-novembre
Fruit Petit calibre. Chair croquante, juteuse, douce, amère.
Arbre Faible vigueur, productivité moyenne, bonne rapidité de mise à fruit, peu d’alternance, fleurit avec McIntosh.
Rusticité Sensible au froid
Maladies Sensible à la tavelure, moyennement sensible à la brûlure bactérienne sur fleurs. Fruit sensible aux champignons du sol (source : IFPC, 2009).
Kermerrien
Catégorie Douce amère
Époque de maturité Début octobre
Époque de pressage Jusqu’à la mi-novembre
Fruit Petit calibre. Chair croquante, granuleuse à juteuse, sucrée, douce, amère, légèrement parfumée.
Arbre Vigueur moyenne, productivité moyenne à faible, rapidité de mise en production moyenne, fleurit avec Cortland
Rusticité Légèrement plus sensible au froid que Cortland et McIntosh
Maladies
Maréchal
Faible sensibilité à l’oïdium, faible à moyenne sensibilité à la tavelure, peu sensible à la brûlure bactérienne sur fleurs et pousses. Fruit moyennement sensible aux champignons du sol (source : IFPC, 2009).
Catégorie Douce amère
Époque de maturité Début octobre
Époque de pressage Jusqu’à la fin d’octobre
Fruit Calibre moyen. Chair croquante, juteuse, sucrée, acidulée, très amère, vitrescence répétée
Arbre Vigueur moyenne à forte, productivité moyenne à forte, rapidité de mise en production, alternance prononcée, fleurit avec McIntosh
Rusticité Nettement plus sensible au froid que Cortland et McIntosh
Maladies Peu sensible à la tavelure (source : Jolicoeur, 2016)
Catégorie Aigre amère
Époque de maturité Mi-octobre
Époque de pressage
Jusqu’à la fin de novembre
Fruit Petit calibre. Chair croquante, juteuse, sucrée, très acidulée, légèrement amère, vitrescence répétée
Arbre Vigueur forte, productivité moyenne, rapidité de mise à fruit, pas d’alternance, fleurit avec McIntosh
Rusticité Tolérant au froid
Maladies Peu sensible à la tavelure (source : Merwin, 2015)
Catégorie Douce amère Époque de maturité Fin septembre Époque de pressage Jusqu’à la mi-novembre
Fruit Petit calibre. Chair croquante, granuleuse à juteuse, douce, amère, légèrement parfumée.
Arbre Faible vigueur, faible productivité, rapidité de mise à fruit, alternance moyenne, fleurit avec McIntosh
Rusticité Sensible au froid
Maladies Sensible à la tavelure, sensible à la brûlure bactérienne sur fleurs (source : Merwin, 2015)
Tableau 5.3 Caractéristiques de 12 cultivars de pommes à cidre recommandés pour le
Le choix des variétés est une décision qu’il ne faut pas prendre à la légère. Il importe d’obtenir un maximum d’informations avant de passer une commande et de s’y prendre 1 à 2 ans à l’avance selon le type d’arbre et le type de porte-greffe désirés. Le producteur ne doit pas hésiter à aller plus loin que ce guide et à questionner ses acheteurs, sa clientèle, son conseiller et ses collègues avant de décider des variétés à planter. Il est prudent de planter plusieurs cultivars pour répondre à la demande.
Il est conseillé de consulter d’autres références comme Our Apples/Les pommiers de chez nous, un livre produit au Québec par Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui présente une description détaillée de 250 variétés de pommiers cultivés dans le centre et l’est du Canada. Plusieurs pépiniéristes canadiens et américains décrivent aussi leurs variétés dans leur catalogue de production. De plus, le site Agri-Réseau (www.agrireseau.net/documents?a=1&r=RECUPOM) et la base de données du RECUPOM (https:// producteursdepommesduquebec.ca) publient régulièrement de l’information sur les nouvelles variétés de pommiers en expérimentation dans les parcelles.
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Mantha, S. et M. Audette. 2019. Rapport final du Réseau d’essais de cultivars et de porte-greffes - Parcelles producteurs 2010-2018. CRAAQ. 57 p.
Mantha, S. et M. Audette. 2019. Résultats du Réseau d’essais de cultivars et de porte-greffes 2018. CRAAQ. 126 p.
Mantha, S. et M. Audette. 2016. Résultats du Réseau d’essais de cultivars et de porte-greffes 2015. CRAAQ. 83 p.
Mantha, S. et M. Audette. 2006. Résultats du Réseau d’essais de cultivars et de porte-greffes 2005. CRAAQ. 60 p.
Mantha, S. et M. Audette. 2005. Résultats du Réseau d’essais de cultivars et de porte-greffes 2004.CRAAQ. 75 p.
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Un porte-greffe de pommier est une variété de pommier ou de pommetier sur lequel on greffe un cultivar (greffon). Le porte-greffe devient alors le système racinaire et le support pour le cultivar. Occasionnellement, une pièce intermédiaire est greffée entre le porte-greffe et le cultivar, on parle alors de porte-greffe complexe.
Parmi les facteurs qui influencent la réussite d’une plantation de pommiers, le choix du porte-greffe est capital. En effet, en plus de servir de support et de système racinaire pour le cultivar, le porte-greffe est aussi impliqué dans la répartition de la vigueur entre la croissance végétative et la mise à fruit. La rapidité de la mise en production (précocité) et la productivité (ratio entre le volume de récolte par arbre et l’espace occupé en verger) sont les principaux facteurs d’intérêt dans le choix d’un porte-greffe. Parmi les autres facteurs importants figurent la tolérance au froid, la résistance aux maladies comme la brûlure bactérienne et la pourriture du collet, la résistance aux insectes comme le puceron lanigère, l’absence de développement de faux-broussins et de drageons ainsi que la tolérance à la sécheresse et à l’excès d’eau.
Le porte-greffe n’affecte pas le cultivar, mais a des impacts directs et indirects sur tous les autres facteurs de la plantation. La densité de plantation, le tuteurage, la méthode d’entraînement, la taille, la récolte et les autres travaux
Classification
Les porte-greffes peuvent être répartis en 3 classes (nains, semi-nains, vigoureux), selon la vigueur qu’ils confèrent aux pommiers à maturité comparativement à celle des pommiers de taille standard. Il faut toutefois noter que la taille finale d’un arbre ne dépend pas seulement du porte-greffe : elle est aussi grandement influencée par le type de sol et sa fertilité, le cultivar et le mode de conduite utilisé (taille, tuteurage, etc.).
manuels, la survie à l’hiver, la résistance à certaines maladies, le volume et la qualité de la production sont tous influencés par le choix du porte-greffe. Bien que la densité de plantation ait généralement le plus d’impact sur le rendement des premières années, les porte-greffes nanisants favorisent une production précoce des arbres. En outre, ils permettent de maintenir les arbres dans l’espace restreint imposé par la densité de plantation. Une haute densité de plantation combinée avec l’utilisation d’un porte-greffe précoce et productif permet d’augmenter considérablement la production des 5 à 10 premières années de la plantation.
Les techniques de greffage sont connues depuis très longtemps. Les Chinois les pratiquaient 1000 ans av. J.-C. et on a trouvé une description de cet art dans les écrits d’Aristote (384-322 av. J.-C.). Historiquement, on utilisait des pommiers issus de pépins comme porte-greffes et le greffage était utilisé comme méthode de multiplication végétative de façon à perpétuer les cultivars présentant des caractéristiques désirables. Les porte-greffes issus de pépins sont appelés « francs » et donnent des arbres de pleine vigueur (pommiers de taille standard).
L’utilisation des porte-greffes pour réduire la vigueur des pommiers est devenue une pratique courante en Europe dès la fin du XVe siècle, mais elle était utilisée principalement pour les arbres ornementaux. À la suite de la révolution industrielle, la production fruitière s’est de plus en plus développée et l’intérêt pour les porte-greffes nanisants s’est accru. Les porte-greffes issus de pépins ont alors été remplacés par des clones obtenus de croisements entre pommiers, ce qui a permis de réduire la vigueur des arbres. Dans les années 1920, Ronald Hatton, de la East Malling Research Station en Angleterre, a recueilli les porte-greffes de toute l’Europe, les a classifiés et a nommé la première série de porte-greffes Malling 1 à Malling 24 (M.1 à M.24), sans toutefois tenir compte de leur vigueur. Des croisements ont plus tard été effectués et ont permis le développement de nouveaux porte-greffes; les plus connus sont M.26 et M.27. Une collaboration avec un deuxième centre de recherche, le Jones Innes Institute of Merton, également situé en
Angleterre, a mené au développement de la série de portegreffes Malling-Merton (MM) résistants au puceron lanigère. Les porte-greffes MM.106 et MM.111 ont été utilisés partout dans le monde.
Avec le développement des porte-greffes nanisants, de nouveaux systèmes de production ont été mis en place en Hollande et en Angleterre. La hauteur des arbres a été réduite de 6-8 m à 4-5 m et la densité de plantation est passée de 70-100 arbres/ha à 250-300 arbres/ha. Les années 1960 ont vu apparaître des systèmes de production utilisant des porte-greffes semi-nains plantés à une densité de 300-500 arbres/ha (Figure 6.1). La taille réduite des pommiers facilitait les travaux et permettait une augmentation de la productivité. Depuis, les densités de plantation n’ont cessé d’augmenter dans toutes les régions productrices du monde grâce à l’adoption des porte-greffes nains. On parle maintenant de densités variant de 1000 à 4000 arbres/ha. Toutefois, depuis leur introduction, les porte-greffes des séries Malling (M) et Malling-Merton (MM) ont révélé leurs limites partout où ils ont été utilisés. Leur susceptibilité au froid, à la pourriture du collet et à la brûlure bactérienne, leur tendance au développement de faux-broussins et de drageons ainsi que le manque d’uniformité entre les individus sont leurs principales faiblesses.
de l’Angleterre (séries M, MM et AR), la Hollande (séries NAKB et Fleuren), la France (séries Pajam 1 et 2), les États-Unis (séries Cornell Geneva, Mac et Minnesota), le Canada (séries Ottawa, Vineland, SJ et KSC), la Russie (série Budagovsky), la Pologne (série P) et la Belgique (série RN). L’Allemagne, la Suède, la République tchèque, Israël, la Roumanie et le Japon ont également créé leurs séries de porte-greffes. Tous les programmes d’amélioration ont comme critères de sélection la productivité, la vigueur et la précocité de la mise à fruit. Certains pays ont aussi mis l’accent sur la facilité de multiplication et sur la résistance au froid, aux maladies ou aux insectes.
Par ailleurs, à l’échelle mondiale, on décompte actuellement plus de 30 virus qui affectent les fruits à pépins. Parmi ceux-ci, le virus des taches chlorotiques du pommier (Apple Chlorotic Leaf Spot Virus - ACLSV), le virus du bois strié du pommier (Apple Stem Pitting Virus - ASPV) et le virus du bois souple du pommier (Apple Rubbery Wood - ARW) affectent environ 80 % des variétés et porte-greffes de pommiers. La présence de virus aurait un impact sur la vigueur des porte-greffes, car on a observé une augmentation moyenne de 10 à 15 % de la vigueur chez les clones exempts de virus par comparaison avec les porte-greffes originaux infectés. Des travaux ont été réalisés pour éliminer les virus naturellement présents dans les porte-greffes afin d’uniformiser leur vigueur et leur production. Les premiers porte-greffes à avoir été partiellement nettoyés de ces virus sont le M.9, le M.7 et le M.2 qui ont ensuite été désignés M.9A, M.7A et M.2A. Par la suite, d’autres virus ont été éliminés. Tous les porte-greffes des séries M et MM sont maintenant certifiés exempts de virus et prennent le nom d’EMLA pour « East Malling and Long Ashton Research Station ». La Hollande a également introduit 4 clones de M.9 exempts de virus dont le NAKB T-337, un des porte-greffes les plus utilisés aujourd’hui. La France a suivi avec 2 clones de M.9 exempts de virus : Pajam 1 et 2. Plusieurs pays leur ont emboîté le pas et la plupart des nouvelles introductions sont maintenant certifiées exemptes de virus.
Des recherches sont en cours afin d’étudier l’absorption des éléments minéraux par les porte-greffes. En effet, ces derniers n’absorbent pas tous les éléments dans les mêmes proportions. Il sera éventuellement possible de choisir un porte-greffe qui privilégie l’absorption du calcium pour un cultivar très sensible à la tache amère comme Honeycrisp.
De nombreux programmes d’amélioration génétique ont permis le développement de nouveaux porte-greffes dans diverses régions du monde. Les plus importants sont ceux
De nombreuses parcelles de recherche ont été établies pour évaluer la performance des porte-greffes. Le réseau d’essais de porte-greffes NC-140 possède des sites d’évaluation aux États-Unis et au Canada. Au Québec, le Réseau d’essais de cultivars et porte-greffes de pommiers (RECUPOM) vérifie l’adaptation sous notre climat de porte-greffes prometteurs depuis 1995. Ces recherches permettent de comparer la productivité et les limitations des différents porte-greffes avec un témoin connu utilisé commercialement tel que la McIntosh. La productivité est évaluée en fonction du rendement de l’arbre par rapport à l’espace qu’il occupe en verger. En général, la productivité des porte-greffes nains est meilleure que celle des porte-greffes plus vigoureux.
Les principaux caractères recherchés chez un porte-greffe sont les suivants :
• rusticité;
• précocité de la mise à fruit;
• productivité;
• production de fruits de gros calibre;
• absence de développement de faux-broussins et de drageons;
• résistance aux maladies telles que la brûlure bactérienne, la pourriture du collet et la tumeur du collet;
• solidité du point de greffe;
• facilité de multiplication en pépinière.
Les porte-greffes décrits ci-après ne sont pas tous disponibles au Québec et ne sont pas nécessairement offerts par tous les pépiniéristes. Le cas échéant, on peut demander à ces derniers s’ils peuvent les commander.
Le porte-greffe de pommier le plus commun dans le monde est le M.9. Au Québec, les porte-greffes les plus plantés sont actuellement les suivants : B.9, M.9, M.26, MM.106 et, depuis peu, certains clones de la série Cornell Geneva, dont le G.41 et le G.935.
Il est à noter que les séries Cornell Geneva ainsi que certaines séries européennes telles que Pajam et Nic sont brevetées, donc protégées par la Loi sur la protection des obtentions végétales. Il est illégal de multiplier ce matériel sans autorisation. Par ailleurs, des redevances sont ajoutées au prix de l’arbre lors de l’achat. Ces redevances servent à financer les programmes de recherche pour la création de nouvelles variétés. Par contre, certains porte-greffes brevetés peuvent être multipliés avec permission, en s’acquittant des redevances.
Les résultats détaillés du RECUPOM, mis à jour annuellement, sont disponibles sur Agri-Réseau (www.agrireseau. net/documents?a=1&r=RECUPOM) et dans la base de données du RECUPOM : (https://producteursdepommesduquebec.ca)
Le M.9 est le porte-greffe le plus utilisé dans le monde. Il produit un arbre très nain (sa vigueur correspond à 40-45 % de celle d’un pommier de taille standard) adapté aux plantations à haute densité. Il est reconnu comme étant très précoce, très productif et favorisant la production de fruits de gros calibre. Il a longtemps été considéré comme peu rustique, mais les essais et l’expérience ont démontré qu’au Québec, il s’adapte bien à une grande variété de climats et de sols, à condition de l’utiliser dans les sites jugés favorables à la pomiculture. Le M.9, comme les autres porte-greffes de vigueur comparable, possède un système racinaire peu développé. Il doit absolument être tuteuré de façon permanente, car il ne peut supporter la charge des fruits qu’il produit. De plus, son système racinaire restreint le rend vulnérable à la sécheresse. Il est donc essentiel de l’irriguer pour bénéficier de son plein potentiel de productivité et minimiser les pertes hivernales. Ce porte-greffe est par ailleurs très sensible à la brûlure bactérienne et peut mourir s’il en est atteint.
Le M.9 est considéré comme le porte-greffe de référence auquel les autres porte-greffes sont comparés. Il existe au-delà d’une vingtaine de clones différents de M.9, lesquels présentent de légères différences de vigueur et de facilité de propagation, mais une productivité comparable. Les clones T-337 et Cepiland sont les plus disponibles au Québec. C’est pourquoi ils font l’objet d’une description détaillée dans ce chapitre. Fait intéressant toutefois, le M.9 original et le M.9 EMLA sont originaires de l’Angleterre. La Hollande a introduit le M.9 NAKB T-337, maintenant le plus commun des M.9, ainsi que les M.9 NAKB T-338, T-339, T-340 et, plus récemment, les M.9 Fleuren 25, 49, 56, 59 et 86. De la Belgique proviennent les clones M.9 Rene Nicolai 4, 8, 19, 25, 29 et 39; de l’Allemagne, les clones M.9 Burgmer 719, 751 et 984; enfin, de la France, les clones M.9 Pajam 1 (Lancep) et Pajam 2 (Cepiland).
Des études effectuées en Hollande ont permis de différencier les clones de M.9 en 3 groupes :
• groupe 1 (p. ex. Nic 29, Pajam 2, Fleuren 56) : clones présentant des caractères juvéniles, c’est-à-dire un tronc épineux et filiforme avec de nombreux anticipés (rameaux sur le bois d’un an) en pépinière, un enracinement facile, une faible aptitude à fleurir et une période de croissance tardive en automne. Ces clones produisent également plus de faux-broussins et de drageons;
• groupe 2 (p. ex. NAKB T-337, Burg 719, Burg 984) : clones intermédiaires présentant des caractères juvéniles et adultes;
• groupe 3 (p. ex. EMLA, NAKB T-338, Pajam 1, Burg 751) : clones présentant des caractères adultes, c’est-à-dire un tronc non épineux et trapu avec peu ou pas d’anticipés, un enracinement plus difficile, un cycle de végétation plus court et une aptitude à fleurir dès la plantation.
Bien que tous soient comparables sur le plan de la productivité, la vigueur des différents clones varie quelque peu. Les plus vigoureux produisent un calibre de tronc supérieur et un plus grand nombre d’anticipés en pépinière, ce qui se traduit en verger par un rendement supérieur par arbre et nécessite une plus grande distance de plantation. Les clones de M.9 les plus vigoureux sont le M.9 Cepiland et le M.9 Nic 29 qui, en termes de vigueur, se rapprochent du M.26 EMLA. Le M.9 Lancep et le M.9 EMLA présentent une vigueur intermédiaire. Le M.9 NAKB T-337 et le M.9 Fleuren 56 sont les moins vigoureux. Ces derniers sont surtout recommandés avec les variétés de forte vigueur comme McIntosh ou Spartan ou lorsque plantés dans des sols très fertiles. À l’inverse, les clones plus vigoureux sont associés à des cultivars plus faibles comme Empire ou Honeycrisp, aux sols pauvres ou aux sites de replantation.
Issu d’une sélection hollandaise, ce porte-greffe est le plus commun des M.9 dans le monde et il est notamment très utilisé sur la côte ouest américaine. C’est le plus petit des M.9 avec une vigueur correspondant à 25-35 % de celle d’un arbre standard. Il est très précoce et très productif. Ce porte-greffe possède une grande compatibilité avec la majorité des cultivars. Il serait particulièrement recommandé dans les sites les plus fertiles et avec des
Ce porte-greffe est issu d’une sélection française et fait partie des M.9 les plus vigoureux. Il est très précoce et très productif. Sa vigueur correspond à 30-40 % de celle d’un pommier standard. Il produit passablement de faux-broussins et de drageons. Il est très sensible à la brûlure bactérienne, donc la combinaison avec un cultivar
Issu de la série Budagovsky (programme de sélection génétique russe, Collège d’agriculture de Michurinsk), ce porte-greffe provient d’un croisement M.8 X Red Standard. Le B.9 est très précoce et très productif. Il possède une vigueur comparable aux plus petits M.9 avec environ 20-30 % de la taille d’un arbre standard (Figure 6.2). Le B.9 est plus rustique que n’importe quel autre porte-greffe de la série Malling, y compris le M.26, ce qui est très intéressant pour le Québec. Il a tendance à développer beaucoup de faux-broussins, mais produit peu de drageons.
Il est tolérant à la brûlure bactérienne et à la pourriture du collet, mais il est sensible à la maladie de la replantation et au puceron lanigère. Il doit absolument être irrigué et tuteuré étant donné sa très faible vigueur. Les sols sablonneux ne sont pas conseillés. Il est l’un des meilleurs choix de porte-greffe pour les producteurs intéressés à la plantation à haute densité, à condition de lui fournir les soins nécessaires et de le planter à des distances plus rapprochées.
variétés vigoureuses telles que McIntosh, Spartan, Gala et Ambrosia, entre autres. Il est très sensible à la brûlure bactérienne, à la maladie de la replantation et au puceron lanigère, mais il est résistant à la pourriture du collet. Par contre, certains facteurs tels que sa plus grande vulnérabilité à la sécheresse et à la surproduction le rendent plus sensible au froid.
très sensible tel Gala n’est pas recommandée. Ce portegreffe est également sensible à la maladie de la replantation et au puceron lanigère, mais résistant à la pourriture du collet. Comme le M.9 NAKB T-337, il peut bien s’accommoder à notre climat à condition de l’utiliser dans les sites favorables et d’en faire une gestion appropriée.
Un croisement M.16 X M.9 a donné naissance à ce portegreffe qui produit un arbre dont la vigueur représente 35 à 50 % de celle d’un pommier de taille standard. La vigueur de ce porte-greffe varie nettement selon le type de sol et le climat. Il est légèrement plus rustique que le M.9, mais il induit un aoûtement tardif des variétés à cause de son long cycle de végétation, ce qui peut favoriser le gel des arbres. Moins productif que le M.9, il est tout de même précoce.
Il est sensible à la brûlure bactérienne, à la maladie de la replantation et à la pourriture du collet, et il ne tolère pas les sols mal drainés. Il a tendance à développer beaucoup de faux-broussins. Ce porte-greffe doit être irrigué en sol léger et tuteuré pour garantir de bons résultats.
Très commun au Québec, il a souvent été entraîné sous la forme de cône de plein vent pour éviter l’utilisation de tuteurs. Toutefois, cela retardait sa mise à fruit et réduisait la qualité de sa production, ce qui s’est finalement révélé peu profitable économiquement. De plus, la présence de faux-broussins amène à l’enterrer jusqu’au point de greffe pour éviter certains problèmes, mais cela cause l’affranchissement de l’arbre et une perte de contrôle de la vigueur aux conséquences économiques désastreuses. Bien qu’encore utilisé dans les replantations, ce porte-greffe est de moins en moins recommandé, car des porte-greffes plus intéressants sont aujourd’hui offerts (p. ex. B.9, M.9 Cepiland, G.41, G.11 et G.935).
Ce porte-greffe semi-nain produit un pommier ayant 60 à 70 % de la vigueur d’un arbre de taille standard. Il est issu du croisement Northern Spy X Malling 1. Le MM.106 favorise une mise à fruit précoce et une bonne productivité pour un semi-nain. Selon le mode de conduite choisi, il peut être nécessaire de le tuteurer; le tuteur est essentiel pour la conduite en axe vertical, mais optionnel pour l’entraînement en cône de plein vent. Ce porte-greffe est très
sensible à la pourriture du collet et il doit absolument être planté dans un sol bien drainé. Il est également sensible à la brûlure bactérienne et à la maladie de la replantation. Il est sensible au froid, mais sa rusticité est supérieure à celle du M.7. Pour les producteurs souhaitant planter un portegreffe semi-nain, le MM.106 constitue actuellement un bon choix, mais sera probablement remplacé dans le futur par des porte-greffes de la série Cornell Geneva.
Tous les porte-greffes nains doivent être tuteurés et irrigués dès la plantation et de façon permanente. Le tuteurage et l’irrigation sont recommandés pour les porte-greffes semi-nains, selon le mode de conduite adopté. Se référer aux Chapitres 7, 10 et 11 pour plus de détails.
Plusieurs porte-greffes sont peu recommandés pour diverses raisons. Certains s’adaptent mal à nos conditions, d’autres donnent des résultats économiques décevants et, enfin, certains sont simplement moins connus ou peu disponibles. Certains sont également non admissibles dans le cadre du Programme de modernisation des vergers au Québec.
Obtenu d’un croisement Robin (pommetier rustique) X
M.9 en Ontario, ce porte-greffe nain confère une vigueur correspondant à 30-40 % de celle d’un arbre de taille standard, ce qui constitue un intermédiaire entre la vigueur du M.9 et celle du M.26. Il induit une production précoce, de bons calibres de fruit et une excellente productivité, souvent supérieure au M.9 et au B.9 dans les essais du RECUPOM. Il est très rustique sous notre climat. Comme les autres porte-greffes nains, il doit être irrigué et les
arbres doivent être tuteurés. Ce porte-greffe exhibe peu de faux-broussins et de drageons. Les travaux d’amélioration des séries Saint-Jean ont également permis de trouver un mutant de O.3, le O.3A, qui possède de meilleures caractéristiques de multiplication et une ramification (angle des branches sur le tronc) plus ouverte. Il constitue un choix très intéressant pour le Québec, mais sa production commerciale décline et il devient plus difficile à obtenir.
Malling 7 (M.7)
Ce porte-greffe semi-nain, bien connu partout dans le monde, possède une vigueur correspondant à 50-60 % de celle d’un arbre de taille standard. Moins rustique que le M.9, son système racinaire est très sensible au froid. Il s’adapte bien à une grande variété de sols. Il induit une mise à fruit tardive et une production de pommes de
Malling-Merton 111 (MM.111)
Issu d’un croisement entre Northern Spy et Merton 793, ce porte-greffe est plus vigoureux que le MM.106 avec 7075 % de la taille d’un pommier standard. Il est peu précoce, moins productif, mais plus résistant au froid que le MM.106. C’est un bon sujet comme porte-greffe complexe
Budagovsky 118 (B.118)
Ce porte-greffe est le résultat d’un croisement entre Moscow Pear et M.9 ou M.8 en provenance de Russie. Il serait très rustique, précoce, modérément productif et produit un arbre avec une vigueur correspondant à 85 % de celle d’un pommier standard. Il serait modérément résistant à la
petit calibre. Il produit beaucoup de drageons et peu de faux-broussins. Il possède une bonne tolérance à la brûlure bactérienne et à la pourriture du collet. Ce porte-greffe est maintenant peu recommandé en raison de sa sensibilité au gel et de sa faible productivité.
utilisé avec une pièce intermédiaire, puisqu’il s’adapte bien à divers types de sols. Le MM.111 est en perte de popularité en raison de sa vigueur excessive et de son manque de précocité et de productivité.
brûlure bactérienne et à la pourriture du collet. Ce portegreffe serait particulièrement recommandé dans les cas de replantation dans les zones plus froides ou sur sols très pauvres.
* Le M.26 EMLA est un porte-greffe nain. Il est présenté à des fins de comparaison.
Malus robusta 5 (R.5)
Ce porte-greffe de pleine vigueur (100 %) peut atteindre plus de 7 m de hauteur s’il n’est pas taillé. Bien qu’il ait une bonne résistance au froid, une période de températures douces au cours de l’hiver suffit pour lever sa dormance
Les francs sont obtenus à partir de la germination de pépins. Les pépins de McIntosh, Antonovka et Beautiful Arcade étaient les plus utilisés en raison de la rusticité des porte-greffes qu’ils produisent. Ils présentaient une grande variabilité (drageonnage, sensibilité aux maladies, etc.) d’un
et le prédisposer au gel lors du retour des températures froides. Ce porte-greffe n’est plus recommandé en raison de sa vigueur, de sa faible productivité et de sa forte sensibilité aux fluctuations de température en hiver.
arbre à l’autre, attribuable à leur caractère hybride. Les francs produisent des arbres très vigoureux de taille standard, très lents à induire la fructification, mais adaptés à une grande variété de sols.
Issu d’une sélection belge, ce porte-greffe se classe dans les M.9 moyens en termes de gabarit. Sa vigueur correspond à 25-40 % de celle d’un arbre standard. Il est très précoce et productif comme les autres M.9. Il est très sensible à la brûlure bactérienne et au puceron lanigère. Il est également sensible à la maladie de la replantation, mais il
Le G.11 résulte d’un croisement M.26 X R.5. Il possède une vigueur comparable au B.9. Ce porte-greffe est très précoce et très productif. Il est résistant à la brûlure bactérienne, mais n’a pas la résistance à toutes les souches de cette maladie. Il a une bonne tolérance à la pourriture du collet, en plus d’avoir une certaine tolérance à la maladie
possède une bonne tolérance à la pourriture du collet. Il forme une bonne combinaison avec des cultivars de faible vigueur. Sans être très rustique, ce porte-greffe peut bien s’accommoder à notre climat à condition de l’utiliser dans les sites favorables et d’en faire une gestion appropriée.
de la replantation. Il est sensible au puceron lanigère et sa rusticité est relativement bonne. Il est bien adapté à la majorité des sols. Cependant, il peut décevoir en sol léger s’il est greffé avec un cultivar faible. Il pourrait constituer un bon porte-greffe de remplacement pour le M.9.
1. Les porte-greffes Geneva constituent une série de nouveaux porte-greffes améliorés qui a été développée dans le cadre du programme de sélection de l’Université Cornell dans l’État de New York. Initiée en 1970 par Herb Aldwinckle et Jim Cummins, cette série a pour objectif principal de fournir des porte-greffes résistants à la brûlure bactérienne et à la pourriture du collet; son objectif secondaire vise la tolérance à la maladie de la replantation et au froid. Ces porte-greffes doivent également être précoces, productifs, exempts de faux-broussins et faciles à multiplier.
Ce porte-greffe de vigueur semblable à M.9 provient d’un croisement M.27 X R.5. Il induit une précocité et une productivité supérieures au M.9 ainsi qu’un bon calibre de fruit et des rameaux aux angles d’insertion ouverts. Il résiste très bien à la brûlure bactérienne, à la pourriture du collet et présente une bonne tolérance à la maladie de la replantation. Il n’est pas sensible au puceron lanigère et produit
Ce porte-greffe issu d’un croisement O.3 X R.5 est similaire au M.26. Il favorise des arbres à ramification ouverte et des fruits de bon calibre. Comme les autres porte-greffes de cette série, il est très résistant à la brûlure bactérienne, à la pourriture du collet et a une bonne tolérance à la maladie de la replantation. Il est sensible au puceron lanigère. Sa rusticité serait également comparable au G.41. Il est bien adapté à la majorité des sols. Ce porte-greffe pourrait
moins de drageons que le M.9. Il s’est montré rustique au rude hiver de 1994. Son union de greffe avec certaines variétés comme Gala peut présenter une fragilité. Il est donc fortement recommandé d’installer le système de palissage avant la plantation. Il est bien adapté à la majorité des sols. Ce porte-greffe pourrait potentiellement être utilisé en remplacement du M.9.
être utilisé en remplacement du M.26. Aux États-Unis, plusieurs nouvelles plantations sur ce porte-greffe ont subi un dépérissement soudain qui serait lié à une sensibilité à certains virus; des recherches sont en cours pour confirmer ce phénomène. On conseille aux producteurs de planter ce porte-greffe avec des variétés certifiées exemptes de virus. Un système de certification existe actuellement aux États-Unis, mais pas au Canada.
Ce porte-greffe est issu d’un croisement M.27 x Robusta 5 et produit un arbre légèrement plus vigoureux que le M.26. C’est le moins productif de tous les porte-greffes de la série Cornell Geneva, mais il est tout de même plus précoce et plus productif que le M.7 ou le M.26. Il résiste très bien à la brûlure bactérienne, à la pourriture du collet et
Ce porte-greffe semi-nain similaire au M.7 est issu d’un croisement O.3 X R.5. Sa productivité est supérieure au M.7 et serait comparable au M.9. Il résiste très bien à la brûlure bactérienne, à la pourriture du collet et au
au puceron lanigère, en plus d’avoir une bonne tolérance à la maladie de la replantation. Il est bien adapté à une majorité de sols et sa rusticité est bonne. En le combinant à un cultivar de faible vigueur, il pourrait constituer une alternative au M.26.
puceron lanigère, en plus d’avoir une bonne tolérance à la maladie de la replantation. Un système de palissage est nécessaire en raison de son système racinaire peu profond. Sa rusticité est bonne.
Ce porte-greffe semi-nain est issu d’un croisement O.3 X R.5. Légèrement plus gros que le M.7 en termes de gabarit, c’est le plus vigoureux des porte-greffes de la série Cornell Geneva. Il est plus précoce et plus productif que le M.7. Il résiste très bien à la brûlure bactérienne, à la pourriture du collet et au puceron lanigère, en plus d’avoir
Le programme de sélection de Vineland en Ontario a commencé à diffuser certains de ses porte-greffes qui possèdent les caractéristiques d’être peu sensibles à la brûlure bactérienne et plus rustiques que la série Malling. Ils sont issus de semis provenant de la pollinisation naturelle du pommetier Kerr (Dolgo X Haralson). Le V.3 a une vigueur et une productivité comparables au M.9 NAKB T-337. Le V.1 et le V.2 ont une vigueur et une productivité
une bonne tolérance à la maladie de la replantation. Il est bien adapté à une majorité de sols et de climats. Il serait l’alternative attendue au M.7 et au MM.106, avec l’avantage d’être plus rustique que ces derniers. Malgré sa vigueur, un système de palissage est conseillé afin de supporter sa production précoce.
comparables au M.26. Finalement, le V.4 et le V.7 possèdent la vigueur du M.7, mais sont plus rustiques. Les évaluations du RECUPOM ont montré de bonnes performances en ce qui concerne la résistance au froid, l’indice de faux-broussins, la précocité et la productivité. Selon ces essais, la sélection V.3 serait la plus prometteuse sous nos conditions. Le V.1 et le V.3 sont disponibles présentement.
Tableau 6.1 Classification des porte-greffes de pommier recommandés en verger en fonction de leur vigueur et de quelques caractéristiques d’intérêt
Légende :
- : faible, + : léger, ++ : moyen, +++ : élevé, ++++ : très élevé. Note : Les données proviennent d’observations subjectives et de résultats provenant de diverses sources, parfois contradictoires. L’information la plus constante est présentée.
Le succès d’un verger repose en grande partie sur le choix du porte-greffe qui convient au sol, au cultivar, au climat, à la densité de plantation et au système d’entraînement spécifique à la plantation. Si la combinaison de tous ces facteurs résulte en une vigueur excessive des pommiers, ils excéderont rapidement l’espace dont ils disposent et causeront des problèmes insurmontables sur le plan de la taille et de la qualité des fruits. À l’inverse, des arbres qui ne comblent pas l’espace qui leur est alloué sur le rang donneront des rendements décevants. L’utilisation de porte-greffes nains dans les plantations à haute densité permet une profitabilité maximale, mais elle peut s’avérer non rentable si le choix du
porte-greffe et la densité de plantation sont inappropriés. Le Tableau 6.2 suggère les densités à l’hectare et les espacements pour les porte-greffes les plus recommandés. Certains pomiculteurs utilisent des densités plus élevées, notamment en conduite Tall spindle (voir le Chapitre 7). Elles sont par contre adaptées à un nombre restreint de variétés (Honeycrisp et Ambrosia entre autres).
Un outil de calcul de la densité de plantation tenant compte notamment du porte-greffe et de la variété a été adapté pour le Québec.Voir le Chapitre 7 pour en savoir plus sur la densité de plantation et sur cet outil.
Tableau 6.2 Densité à l’hectare et espacements suggérés pour différents porte-greffes
Conclusion
1.Porte-greffes
2. Porte-greffes semi-nains
Le choix d’un porte-greffe précoce, productif, bien adapté au climat du site et planté dans un sol bien préparé permet d’obtenir une excellente croissance du jeune pommier et une mise à fruit rapide. Lorsqu’elles bénéficient de soins appropriés en ce qui a trait à l’irrigation, au tuteurage et à la fertilisation, les plantations à haute densité sont très productives et donnent des fruits de qualité tout en exigeant un minimum de main-d’œuvre.
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Photos © Serge Mantha | En ordre : Orléans (La Pomme d’Orléans inc.), Rosinette (La Pomme de demai verger du niveau 2, Prime Gold, Honeycrisp.Le guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2e édition comporte 12 chapitres, regroupés en 7 fascicules, qui présentent tour à tour les nouvelles connaissances issues des essais de cultivars et porte-greffes du RECUPOM, l’évolution des exigences du marché, des informations techniques visant à faciliter l’implantation de parcelles en haute et très haute densité, de nouveaux équipements et matériaux ainsi que des techniques modernes de conduite des pommiers. Ce guide technique vise à contribuer à la modernisation des vergers québécois afin d’améliorer la rentabilité des entreprises par l’augmentation des rendements à l’hectare, de la qualité de la récolte et de l’efficacité du travail.
Dans ce fascicule, le chapitre Cultivars décrit notamment plus d’une cinquantaine de cultivars répartis en grandes catégories : cultivars commerciaux (marché conventionnel ou bio); cultivars prometteurs, pour essais ou d’intérêt limité; autres cultivars pour verger biologique ou pour la fabrication de cidre. Les caractéristiques présentées (époque de maturité, arbre, fruit, rusticité, résistance aux maladies, etc.) aideront les pomiculteurs à sélectionner les bons cultivars en fonction de la mise en marché visée et des impératifs de production.
Le chapitre Porte-greffes se veut quant à lui une revue complète de l’information disponible sur les portegreffes recommandés, d’un intérêt limité ou prometteurs pour le Québec. La vigueur des porte-greffes (nains, semi-nains et standards) et les caractéristiques de chacun (précocité, productivité, rusticité, drageonnage, faux-broussins et sensibilité aux maladies) permettront aux pomiculteurs de faire des choix éclairés et correspondant aux besoins de la pomiculture d’aujourd’hui.
4 Modes de conduite et plantation
FASCICULE 4
Chapitre 7. Modes de conduite et espacement
Chapitre 8. Plantation
FASCICULE 1
Chapitre 1. Planification de la plantation
Chapitre 2. Choix du site
Chapitre 3. Mise en marché des pommes au Québec Glossaire
FASCICULE 2
Chapitre 4. Préparation du terrain
FASCICULE 3
Chapitre 5. Cultivars
Chapitre 6. Porte-greffes
FASCICULE 5
Chapitre 9. Tuteurage
Chapitre 10. Formation des pommiers
FASCICULE 6
Chapitre 11. Irrigation
FASCICULE 7
Chapitre 12. Économie de la plantation
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© Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, 2023
PPOM0108-04
ISBN 978-2-7649-0694-1 (version imprimée)
ISBN 978-2-7649-0695-8 (PDF)
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives Canada, 2023
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023
Monique Audette, agr., consultante
Evelyne Barriault, agr., conseillère en arboriculture fruitière et viticulture, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)
Karine Bergeron, agr., conseillère en pomiculture et viticulture, secteur Est, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
Patrice Bouffard, agr., Institut de technologie agroalimentaire du Québec, campus de Saint-Hyacinthe
Jennifer Gagné, conseillère au développement et à la recherche, Les Producteurs de pommes du Québec
Serge Mantha, agr., M. Sc., conseiller en pomiculture, Club de production pomicole de la région de Québec (CPPRQ)
Laurence Tétreault-Garneau, agr., conseillère en pomiculture, Dura-Club
RÉDACTION
Monique Audette, agr., consultante (responsable du chapitre)
Evelyne Barriault, agr., conseillère en arboriculture fruitière et viticulture, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
Véronique Decelles, technologue, Dura-Club
Maude Richard, agr., conseillère en pomiculture, Agropomme
Karine Bergeron, agr., conseillère en pomiculture et viticulture, secteur Est, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ (responsable du chapitre)
Monique Audette, agr., consultante
Patrice Bouffard, agr., Institut de technologie agroalimentaire du Québec, campus de Saint-Hyacinthe
Véronique Decelles, technologue, Dura-Club
Serge Mantha, agr., M. Sc., conseiller en pomiculture, Club de production pomicole de la région de Québec (CPPRQ)
Laurence Tétreault-Garneau, agr., conseillère en pomiculture, Dura-Club
Guillaume Breton, chargé de projets
Barbara Vogt, chargée de projets aux publications
Danielle Jacques, M. Sc., chargée de projets aux publications
Nathalie Nadeau, graphiste
Monique Audette, Evelyne Barriault, Karine Bergeron, Claudia Caouette (page couverture), Jollin Charest, Tarek Djedjig, Véronique Michaud, Maude Richard, Marie Mansencal, Laurence Tétreault-Garneau
Les auteurs et le CRAAQ remercient toutes les personnes et les organisations ayant contribué à la réalisation de cette publication.
La 2e édition du guide L’implantation d’un verger de pommiers est une initiative du Comité pomiculture du CRAAQ
Par modes de conduite, on entend les méthodes qui donnent aux arbres une forme favorable à la production efficace de fruits de qualité. De nombreuses approches ont été créées et améliorées avec le temps; elles sont résumées dans ce chapitre1.
Choisir un mode de conduite pour un verger est une décision difficile à prendre, car la diversité proposée est impressionnante. Il est donc important de bien les comprendre et de connaître leur évolution. Le choix dépendra de la région, des contraintes de l’entreprise et des préférences individuelles. Une fois adoptée et suivie, la méthode favorisera la logique et la cohérence des interventions au fil des années.
La plupart des méthodes reposent essentiellement sur les mêmes principes physiologiques de base. On sait, entre autres, que le facteur le plus important pour la productivité d’un verger est l’interception de la lumière par le feuillage, le bois et les organes reproducteurs, alors que la distribution de la lumière dans le couvert végétal influence la qualité des fruits produits.
Depuis le début des années 2000, l’augmentation du coût de la main-d’œuvre agricole a favorisé l’adoption de modes de conduite à tiges centrales supportées en mur fruitier. Ces modes de conduite axés sur une production abondante de fruits de qualité permettent la mécanisation des opérations de taille, d’éclaircissage et de récolte.
Le mode de conduite choisi doit être bien adapté aux autres composantes du système de production (porte-greffe, sol, densité de plantation, main-d’œuvre, etc.). Aucun mode de conduite n’est parfait pour tous les sites, c’est pourquoi il existe plusieurs variations s’accordant aux particularités de chacun. Cependant, il ne faut pas perdre de vue les principes généraux, car la conduite d’un verger influence directement le potentiel de profit.
Les principaux modes de conduite sont les suivants (selon l’évolution des systèmes dans le temps)2 :
• arbres à port libre et à centre ouvert (p. ex. formation en vase ou en parapluie);
• arbres à port libre et à tige centrale forte (p. ex. cône de plein vent ou Central Leader);
• arbres à tige centrale supportée (p. ex. fuseau étroit ou Slender Spindle, super fuseau ou Super Spindle, axe vertical, arbre libre sans artifice ou SALSA);
• arbres à tige centrale ou multitiges supportées en mur fruitier (p. ex. Tall Spindle, multiaxes ou Multi-Leader, Bibaum®).
Avant l’avènement des porte-greffes nains, les variétés étaient greffées sur des francs (semis) et formaient des arbres très vigoureux et très lents à produire. La production était répartie sur une charpente imposante en forme de parapluie pour limiter la hauteur des arbres et favoriser la pénétration de la lumière (Figure 7.1). Plus de 15 ans étaient nécessaires pour
1. Les explications données dans ce chapitre ne remplacent pas l’information plus détaillée présentée dans les documents techniques spécialisés sur la taille et la conduite des pommiers.
2. Cette liste est loin d’être exhaustive; il s’agit des principales catégories de formation des arbres.
obtenir des rendements optimaux. Ce mode de conduite nécessitait l’emploi de grandes échelles (jusqu’à 6 m) pour effectuer la récolte, la taille et les autres travaux horticoles.
Tableau
En raison de l’importante zone ombragée produite par les arbres, les fruits étaient de faible qualité. Ceux-ci ne pourraient plus répondre aux exigences du marché d’aujourd’hui.
Avantages et inconvénients Arbres à port libre et à centre ouvert
Travail manuel intensif. Faible qualité des fruits. Arrivée en production très longue.
à port libre et à tige centrale forte
Travail manuel intensif. Qualité des fruits moyenne. Arrivée en production longue.
Coût d’établissement important. Maîtrise technique essentielle. Mécanisation possible.
Coût d’établissement très important et rentabilité difficile. Maîtrise technique essentielle. Mécanisation possible.
Maîtrise technique essentielle. Coût d’établissement élevé.
Arbres à port libre et à tige centrale forte (350 à 500 arbres/hectare)
Pour toutes les raisons décrites précédemment, les portegreffes semi-nains ont été adoptés dans les années 1960 et 1970. Ils furent plantés à ce qu’on appelait à l’époque la « haute densité », soit environ 350 pommiers/ha (4,5 m X 6 m). Les arbres étaient alors conduits avec une seule tige centrale forte qui soutenait des branches charpentières permanentes et réparties de façon à former un cône favorable à un éclairement plus uniforme. La tige centrale était renforcée par un rabattage régulier, ce qui permettait de ne pas utiliser de support et de contrôler la hauteur de l’arbre (Figure 7.2).
d’obtenir des rendements optimaux. La faible densité de plantation contribue également aux bas rendements des premières années. À maturité, l’arbre mesure entre 4 et 5 m, ce qui rend les travaux de taille et de récolte assez coûteux. Ce mode de conduite requiert beaucoup de taille pour maintenir la forme conique souhaitée. Une proportion relativement petite des fruits reçoit la lumière suffisante pour la production de pommes bien colorées.
Les systèmes à tige centrale supportée par un tuteur ont été les plus utilisés dans les années 1980 et 1990. La tige centrale porte directement toutes les branches fruitières. Celles-ci sont permanentes dans la portion inférieure de l’arbre et renouvelées au tronc dans la partie supérieure. Les arbres ont une forme conique à conique étroite (Figure 7.3).
Le cône de plein vent (Central Leader) est une forme encore pratiquée avec les porte-greffes semi-nains. Les coûts d’établissement sont peu élevés en raison du faible nombre d’arbres par hectare et de l’absence d’un système de support. Les premières années, on cherche à maintenir la vigueur des arbres afin qu’ils comblent l’espace qui leur est alloué. En rabattant la tige centrale, on stimule la formation de branches charpentières en vue de créer 3 plateaux de production (en haut, au centre et en bas).
Le rabattage permet aussi de renforcer la tige centrale et d’éviter l’utilisation d’un support. Après quelques années, les tailles d’hiver et d’été viseront à conserver l’éclairement en empêchant que les têtes n’ombragent trop le bas des arbres.
Ce mode de conduite, combiné au choix de porte-greffes semi-nains, a le désavantage de retarder considérablement la mise à fruit en favorisant la croissance végétative les premières années. On doit attendre de 7 à 10 ans avant
Le système de tuteurage procure aux arbres un support permanent. Ainsi, moins d’énergie provenant de la photosynthèse est nécessaire pour la production du bois de la charpente, ce qui en laisse davantage pour la production de fruits. Les opérations de taille sont réduites au minimum, ce qui encourage une expression naturelle du pommier, propice à la mise à fruit hâtive. En effet, la meilleure façon de réduire la croissance végétative est de favoriser la production de pommes. La taille réduite des arbres est contrôlée par le porte-greffe, généralement de vigueur comparable à celle du M.9 (voir le Chapitre 6). Ces arbres nains sont plantés à une densité élevée (1000 à 4000 arbres/ha), ce qui permet d’obtenir des rendements appréciables dès les premières années de récolte. L’axe vertical et le fuseau étroit étaient déjà les plus communs en Europe dans les années 1970 et 1980. À la fin des années 1990, la hauteur de production du fuseau étroit ainsi que la densité de plantation de l’axe vertical ont augmenté. Ainsi, les deux systèmes sont de plus en plus similaires.
Fuseau étroit (1500 à 4000 arbres/hectare)
Le fuseau étroit (Slender Spindle) (Figure 7.3) a été développé en Hollande (Wertheim, 1968) pour favoriser une production de fruits précoce et l’efficacité des travaux horticoles. Grâce aux plus hautes densités de plantation et à la hauteur réduite des arbres, il était possible d’effectuer les tâches exclusivement à partir du sol (verger piétonnier). Ce mode de conduite a été adopté dans plusieurs régions de l’Europe dès les années 1970.
Les rangées étroites et les arbres coniques de très petite taille permettent des densités de plantation de 1500 à 4000 arbres/ha. Les porte-greffes de vigueur comparable
à celle du M.9 sont requis : ils produisent des arbres d’environ 1,25 à 2 m de largeur et de 2 à 3 m de hauteur. Les rangées sont espacées de 3 à 4,5 m. Depuis les années 1980, la tendance veut que les arbres soient conduits de façon plus étroite et plus haute. Le support choisi peut être un tuteur individuel ou un système de palissage collectif. Des arbres de 2 ans bien ramifiés sont normalement utilisés pour la plantation. Le tiers de la tige centrale au-dessus de la plus haute ramification est enlevé pour favoriser le développement de nouveaux rameaux. Si des scions sont employés, ils sont rabattus à environ 90 cm au-dessus du sol pour stimuler la ramification. Les rameaux en dessous de 60 cm sont éliminés. Les branches de plus de 45 cm sont arquées sous l’horizontale et attachées de façon à pointer vers le pied de l’arbre voisin pour encourager la mise à fruit.
Pour réduire la croissance de l’arbre, la tige centrale est entraînée en zigzag sur le support; soit on rabat la tige centrale au-dessus d’une ramification attachée pour reformer une tête, soit on procède par pliage annuel à 45° d’un côté à l’autre du tuteur. Les branches fruitières trop basses doivent être attachées ou supportées pour éviter que les fruits ne touchent le sol, ce qui demande beaucoup de main-d’œuvre. Certains producteurs optent plutôt pour des ramifications à au moins 80 à 90 cm du sol en rabattant au tronc toutes les ramifications trop basses. Ce mode de conduite exige beaucoup de soins les premières années pour tailler, attacher
et plier les ramifications. Toutefois, une fois celui-ci installé, plusieurs opérations peuvent être mécanisées (taille, éclaircissage, récolte) et le verger peut devenir très productif.
Le Super fuseau (Super Spindle) a été développé en Allemagne (Oberhofer, 1990). Ce mode de conduite suggère de planter de façon très rapprochée des arbres élancés dont la production se concentre directement sur l’axe central. La majorité de ces plantations sont constituées de rangées espacées de 3 m ou moins, avec un espacement de 45 à 80 cm entre les arbres; ceci permet d’établir des densités de 4000 à 7500 arbres/ha. Les porte-greffes utilisés sont de type nain ou semi-nain selon la fertilité du sol. On vise de hauts rendements très rapidement, mais les coûts d’implantation d’un tel système sont également fort élevés. Ce mode de conduite est particulièrement intéressant avec les nouveaux cultivars qui génèrent une prime sur le revenu. De façon générale, le Super fuseau se révèle moins profitable que les systèmes à densité moindre (Robinson, 2003).
Axe vertical (1000 à 2000 arbres/hectare)
Développé par Jean-Marie Lespinasse dans le sud de la France, l’axe vertical cherche à utiliser les effets naturels de la physiologie du pommier. Ce mode de conduite peut convenir aux arbres nains ou semi-nains. Pour les pommiers nains, les porte-greffes de vigueur comparable à celle du M.9 et du M.26 sont appropriés. La densité de
plantation varie alors de 1000 à 2000 arbres/ha avec un espacement de 1,5 à 2 m sur le rang et de 3,5 à 5 m entre les rangs. Pour les arbres semi-nains, l’utilisation d’un porte-greffe de vigueur comparable à celle du MM.106 est recommandée. La densité de plantation est alors d’environ 450 à 600 arbres/ha, espacés de 3 à 4 m sur le rang et de 5 à 6 m entre les rangs. Les arbres doivent être tuteurés jusqu’à une hauteur de 3 m (Figure 7.4).
La dominance apicale doit être maintenue pour entraîner les arbres en axe vertical. Il ne faut donc pas rabattre la tige initiale (prolongement terminal). Le maintien de la dominance apicale permet une organisation naturelle des ramifications, ce qui est propice à une mise à fruit rapide. La taille doit être minimale et se limiter aux rameaux trop vigoureux. Toutes les branches doivent avoir un diamètre inférieur à celui du tronc; celles dont le calibre dépasse la moitié du diamètre du tronc sont éliminées. Les branches situées à moins de 90 cm du sol sont également enlevées. La fructification de la cime de l’axe est permise une fois que l’arbre atteint une hauteur de 3 à 4 m, et ce, afin de favoriser le blocage naturel de la croissance. Pour éviter une croissance excessive de la tête de l’arbre, la cime de l’axe peut
être pliée ou rabattue au-dessus d’une branche fruitière latérale de faible vigueur. L’équilibre entre la vigueur et la production de fruits est obtenu grâce au raccourcissement des branches fruitières qui fléchissent sous le poids des fruits. L’axe vertical a été adopté en France dans les années 1980 et est devenu un système important au Québec et dans le monde dans les années 1990. Certaines variations sont maintenant utilisées pour répondre à différents besoins de production. Dans ce système, les branches sont permanentes, contrairement au Tall Spindle. L’axe vertical est bien adapté à la majorité des cultivars, sauf ceux à port érigé comme Ambrosia. Pour ce cultivar, le Tall Spindle ou le Super Spindle serait plus avantageux, comme dans sa province d’origine, la Colombie-Britannique.
Système d’arbre libre sans artifice (SALSA) (500 à 1500 arbres/hectare)
Le groupe technique français MAFCOT (Maîtrise de la fructification - Concepts et techniques) est à la base du concept SALSA, qui a été développé dans la région de Bordeaux (France).
Contrairement aux autres modes de conduite, cette méthode n’est pas une recette à suivre et aucune forme n’est imposée à l’arbre. La connaissance du mode de croissance naturel de chacune des variétés sur des arbres plus libres est à la base de ce concept. Le mode SALSA vise l’expression libre de la ramification (non contrainte dans l’espace). Il se base sur le comportement naturel de la variété, notamment la stratégie de mise à fruit de l’arbre, en observant en particulier sa distribution sur la ramification et le retour à fruit d’une année sur l’autre (régularité de la production).
Cette approche vise une pomiculture moins interventionniste (moins de manipulation des ramifications, moins de raccourcissement mécanique de la ramification). Lorsque l’arbre est moins contraint, ce qui suppose une densité de plantation moindre, il tend à optimiser son rendement. Toutefois, le calibre des fruits risque d’être plus petit et il y a un risque d’alternance.
En mode SALSA, on tente de garder le plus possible l’ensemble de la ramification (Figure 7.5). La proposition initiale consiste à ne pas intervenir, sauf sur les branches basses dont la hauteur ne permet pas le déroulement complet des branches fruitières. Dans ce concept, on compare souvent la branche fruitière au bras et à la main (Figure 7.6).
Alors que pour le solaxe3 on utilisait la stratégie GBL (gestion des branches Grosses, Basses et situées sur la Ligne, c.-à-d. le rang), en mode SALSA, on tend à s’en affranchir par une gestion opportuniste de l’arbre. Ainsi, la hauteur des premières ramifications varie pour chaque variété (p. ex. 0,8 à 0,9 m pour Empire et 1,2 m pour Cortland). Les départs inférieurs à ces hauteurs sont systématiquement supprimés, de préférence en vert. Ils sont enlevés au plus tard l’hiver qui suit leur développement.
Les branches fortes sont généralement conservées, sauf si elles sont perpendiculaires au rang (elles feraient obstacle au passage du tracteur). On peut éventuellement aplatir un peu l’arbre en palissant sur le rang (2, voire 3 axes).
Une fois l’arbre établi, on prête attention à la pénétration de la lumière dans l’arbre, en procédant par élagage. On maintient une distance suffisante entre les branches, en surveillant particulièrement les branches superposées ou parallèles. Sur le rang, on limite l’interpénétration des arbres dans le but, là
3. Mode de conduite pratiqué dans les années 1990-2000 visant à établir rapidement l’équilibre entre la fructification et la croissance végétative pour accélérer la mise à fruit. L’un de ses grands désavantages était le temps requis pour l’attachage et la courbure du bois de l’année afin de favoriser la mise à fruit.
encore, d’assurer une diffusion adéquate de la lumière. Dès la 4e année (ou l’année de la première grosse mise à fruit), on enlève les petites ramifications et les coursonnes sur le tronc pour faire une cheminée (puits de lumière le long du tronc).
Une règle est de toujours conserver le plus possible les branches fruitières dans leur intégralité. On évite de trop les simplifier pour ne pas les affaiblir. Si nécessaire, on procède par élagage complet de branches fruitières en intervenant au tronc.
La charge en fruits doit être soigneusement contrôlée pendant les années de formation de l’arbre. Ceci doit être ajusté selon la variété. Pour une description détaillée de cette opération, se référer à la documentation spécialisée.
Dès les premiers fruits (2e - 3e feuille), on veille à ajuster la charge des arbres. On supprime tous les fruits situés sur le haut de l’arbre (40-60 cm) pour prévenir l’affaiblissement du haut de l’axe et favoriser la croissance en hauteur.
Pour des arbres palissés, la densité proposée avec ce mode de conduite dépend de l’association variété/porte-greffe : • pour des plantations avec porte-greffes nains de vigueur supérieure ou égale à celle du M.9 : 1200 à 1500 arbres/ha;
• pour des plantations avec porte-greffes semi-nains : 500 à 600 arbres/ha.
Les modes de conduite en mur fruitier (ou haie fruitière) sont aujourd’hui les plus utilisés dans le monde. Développés à partir des systèmes à tige centrale supportée, ils visent à augmenter l’efficacité de la production en réduisant la main-d’œuvre et les intrants requis par volume de fruits produit.
Les pommiers hauts et étroits composent une haie uniforme sur le rang. Un axe ou plusieurs axes érigés dominent. Les ramifications secondaires sont courtes et renouvelées. Les fruits sont produits à partir de l’axe ou sur de courtes ramifications. La pénétration et la distribution de la lumière sont optimisées et la cueillette des fruits est simplifiée.
Amalgame judicieux des principes du Super Spindle, du Slender Spindle et de l’axe vertical, le Tall Spindle a été introduit en 2006 par Terence Robinson et son équipe, à l’Université Cornell dans l’État de New York. Cette équipe de recherche a effectué une étude comparative des performances agronomiques et économiques des principaux
modes de conduite utilisés dans le monde. Les résultats ont démontré que le Tall Spindle est l’option la plus économique par unité de production. Il permet d’améliorer les rendements ainsi que la qualité des fruits et facilite la mécanisation partielle ou complète des opérations (formation, taille, éclaircissage et récolte).
Ce mode de conduite est conçu pour une densité de plantation de 2250 à 3450 arbres/ha. C’est à cette densité que la rentabilité du système est optimale. Il est possible d’augmenter la densité, mais le coût des arbres amplifie d’autant le risque financier. La distance recommandée entre les rangs est de 3 à 4 m et celle entre les arbres est de 0,8 à 1,1 m. Il convient d’utiliser un porte-greffe de vigueur égale à celle du M.9, B.9 ou G.41.
À maturité les pommiers sont étroits, de forme légèrement conique et atteignent une hauteur de 3 à 3,7 m. L’axe central est dominant et les branches qui s’y rattachent sont renouvelées au tronc, simplifiées ou raccourcies (voir Figure 10.16). Il n’y a pas de branches permanentes. Les pommiers ainsi formés composent une haie fruitière.
L’atteinte des objectifs économiques de ce système est basée sur la production de fruits la 2e année (État de New York) ou la 3e année (Québec). À la plantation, les arbres devraient avoir une hauteur minimale de 1,5 m et posséder plusieurs anticipés à angle ouvert à partir de 70 cm du sol. L’utilisation de scions de qualité sans anticipés est possible, mais retarde la production des fruits à la 3e ou 4e année.
Les arbres ne sont pas taillés à la plantation, sauf pour enlever les anticipés dont le diamètre excède 50 % du diamètre du tronc. L’axe est tuteuré dès la mise en verger et tout au long de sa croissance. Il est de première importance que cet axe soit maintenu bien droit et qu’il ne soit pas rabattu avant l’atteinte de sa hauteur optimale. Les anticipés sont pliés sous l’horizontale dès la plantation et maintenus ainsi pendant la première année. Ces opérations encouragent la croissance soutenue de l’axe principal et sa dominance sur les ramifications secondaires ainsi que la production de fruits sur les anticipés.
La taille des arbres doit rester minimale pendant les 2 ou 3 premières années afin de favoriser une mise à fruit précoce. Tous les fruits sont enlevés pendant la 1re et la 2e année pour laisser le pommier remplir son espace en verger rapidement. La présence de quelques fruits peut s’avérer bénéfique la 2e année si la vigueur est forte.
La production des fruits au cours des 3, 4 et 5e années doit être strictement contrôlée afin de permettre au pommier d’atteindre sa hauteur et sa largeur optimales. Pour les variétés de faible vigueur et alternantes comme la Honeycrisp, il est recommandé de laisser 3 ou 4 fruits/cm2 de
TCA4, de la 3e à la 5e année, et 5 fruits/cm2 de TCA pour les variétés plus vigoureuses.
Une fois les arbres en production, il faudra enlever graduellement les branches dont le diamètre atteint 50 % du diamètre du tronc. On pourra laisser un moignon en biseau à la base de la coupe afin de permettre l’émergence de nouvelles ramifications de moindre vigueur. Chaque hiver, les ramifications fruitières seront simplifiées et raccourcies au besoin. La taille d’hiver sert 4 objectifs : améliorer la pénétration de la lumière, pratiquer un premier éclaircissage des bourgeons fruitiers, maintenir l’arbre dans son espace au sein du mur fruitier et faciliter un renouvellement des organes fruitiers. Une taille en vert pourra être réalisée à la fin du mois de juin afin de favoriser l’initiation de bourgeons fruitiers pour la saison suivante et de conserver la forme de la haie. Cette opération est effectuée mécaniquement.
La conduite multiaxes (Multi-Leader) a été développée en Italie, grâce aux travaux du chercheur Alberto Dorigoni. Elle consiste à former des murs fruitiers où la vigueur de chaque arbre est répartie sur plusieurs troncs, et sur lesquels on pratique une taille courte. Les principaux objectifs de ce mode de conduite sont de réduire les coûts d’implantation associés aux arbres, de maximiser l’interception lumineuse et la mécanisation des opérations afin de produire des fruits de haute qualité à moindre coût. Selon le chercheur, il est plus simple d’adapter la conduite des arbres à la mécanisation que l’inverse. L’unité de production devient alors la rangée plutôt que l’arbre individuel.
Dépourvus de structures secondaires (branches fruitières), les arbres forment de véritables murs fruitiers étroits, à deux dimensions. Avec un espacement étroit entre les rangées, on obtient un mode de conduite comparable à de très hautes densités malgré le nombre d’arbres moins important (Tableau 7.1). La production de fruits se fait près du tronc sur des coursonnes qui sont taillées mécaniquement. Une taille complémentaire est faite manuellement pour corriger et enlever les branches oubliées qui font concurrence à l’axe principal (Roche, 2013).
Les porte-greffes de vigueur comparable à celle du M.9 (G.41) sont utilisés en Europe et dans plusieurs autres régions du monde pour ce mode de conduite. La distance
entre les racines et les axes sur le rang n’est pas forcément linéaire. Elle varie selon le nombre d’axes recherché (Tableau 7.2). Au Québec, des essais sont en cours avec les porte-greffes G.41 et G.935.
Ce mode de conduite requiert un système de palissage collectif très robuste muni de plusieurs fils (4 à 6) sur lesquels sont attachés les troncs. La mise en place est un défi pour les pomiculteurs, même les plus talentueux, puisqu’elle exige plus de temps et un suivi plus rigoureux les 2 ou 3 premières années. Idéalement, on doit sélectionner les axes dès la plantation et utiliser des tuteurs (bambou, fibre de verre, plastique ou métal) pour les orienter à la verticale. Toutes les bonnes pratiques agronomiques (fertilisation, irrigation, désherbage, etc.) doivent être mises à profit pour stimuler un fort développement végétatif afin que les arbres atteignent rapidement leur pleine hauteur (2,5 à 3,6 m). Chaque axe doit être attaché régulièrement (p. ex. tous les 10 jours) au palissage pour faciliter sa croissance. Il est recommandé d’éliminer immédiatement les branches qui pourraient être en concurrence avec les axes sélectionnés (leaders).
La formation d’un mur fruitier à deux dimensions facilite la mécanisation de plusieurs tâches, dont la taille, l’éclaircissage et le désherbage. Cela facilite aussi l’utilisation de pulvérisateurs tunnel ou d’un système de pulvérisation fixe ainsi que l’utilisation de filets multitâches (anti-grêle, antiinsectes) et ultimement de robots! Afin de profiter pleinement de ces avantages, on recherche l’homogénéité de la haie fruitière. Le palissage doit être droit et solide. L’entrerang doit être bien enherbé et sans ornières.
La mise en place du système est très exigeante en maind’œuvre qualifiée. Toutefois, les études montrent que les arbres conduits de cette façon atteignent rapidement un volume de production comparable à celui des plantations à haute densité et requièrent moins de travail une fois installés. Les essais réalisés en Italie ont démontré que, sur 8 ans, les rendements cumulatifs de la conduite à 2 axes étaient égaux pour la variété Fuji (très vigoureuse) par rapport à la conduite en Tall Spindle; les rendements s’avéraient légèrement inférieurs pour la variété Gala par rapport au Tall Spindle, mais les pommes étaient plus colorées.
Pour l’instant, l’approvisionnement en arbres Bibaum® de qualité est complexe au Québec, à moins de les multiplier en pépinière chez soi ou de les former en verger à partir d’arbres conventionnels. Il est alors plus difficile de profiter des avantages et du plein potentiel de ce mode de conduite. De plus, nous n’avons pas de données sur les conséquences du froid, de la courte saison de croissance et de la neige sur ce type d’arbre. C’est pourquoi ce mode de conduite devrait d’abord faire l’objet d’essais à petite échelle chez des pomiculteurs qui maîtrisent déjà la conduite en Tall Spindle ou en fuseau étroit avec la taille courte.
Le choix de l’espacement entre les pommiers est fait en fonction du mode de conduite. Il est important de respecter les distances de plantation et les vigueurs de portegreffes recommandées pour chaque mode de conduite afin d’obtenir les résultats anticipés. Une fois le mode de conduite choisi, il faut tenir compte du sol et de la vigueur de la combinaison porte-greffe/cultivar pour déterminer l’espacement final de la plantation.
Un outil pour le calcul de la densité Comme il n’est pas toujours évident de décider des densités optimales de plantation, un calculateur de densité a été adapté pour la pomiculture québécoise à partir du calculateur Apple Scion/Rootstock selection and Planning for Michigan (Perry et coll., 2008) afin d’aider à planifier les nouvelles parcelles. Cette adaptation est basée sur des données et des observations sur le terrain. Pour déterminer les distances de plantation, le calculateur prend en compte les facteurs suivants : la vigueur du cultivar, la vigueur du porte-greffe, le type de sol, le type d’irrigation et le mode de conduite. Cette première version en français de l’outil n’a pas encore été validée au Québec. Une révision sera nécessaire dans le futur puisque des subtilités de certains cultivars et de certains porte-greffes seront mieux connues, sans compter l’avènement de nouveau matériel. Le Calculateur de densité est disponible au catalogue du CRAAQ (www.craaq.qc.ca).
La vigueur des porte-greffes est généralement bien connue (voir le Chapitre 6). Les pourcentages indiqués peuvent être utilisés pour calculer l’espacement d’un porte-greffe comparativement à un autre.
La vigueur des cultivars a également un impact sur la grosseur des arbres. La vigueur de McIntosh est utilisée comme référence pour l’espacement. De façon générale, avec les cultivars peu vigoureux (p. ex. Empire, Honeycrisp), l’espacement est réduit de 10 à 20 %. Pour les cultivars plus vigoureux, comme Gala, l’espacement peut être augmenté du même pourcentage. De l’information sur la vigueur des principales variétés est présentée au Chapitre 5.
Les sols riches, assez lourds ou possédant beaucoup de matière organique favorisent la vigueur des arbres. Dans de tels sols, l’espacement devrait être augmenté de 10 à 20 %. À l’opposé, les sols pauvres, légers, très rocheux et contenant peu de matière organique restreignent la vigueur des arbres. Il est alors conseillé de diminuer l’espacement de 10 à 20 %.
L’espacement entre les rangs est nécessaire pour effectuer les travaux horticoles et maximiser la pénétration de la lumière. Il faut réduire le plus possible l’espacement, mais sans que cela affecte les fruits ou entrave la circulation de la machinerie adaptée à la haute densité de plantation. C’est donc l’équipement qui limite l’espacement entre les rangs. Cependant, il vaut mieux adapter l’équipement à la plantation plutôt que d’adapter la plantation à un équipement trop large.
L’espacement entre les rangs devrait mesurer entre 1,1 et 1,5 fois la hauteur des arbres à maturité. Un espacement plus étroit réduit la pénétration de la lumière dans le bas des arbres ainsi que la production de fruits. Les modes de conduite favorisant un arbre étroit permettent un espacement entre-rang plus étroit et une densité de plantation supérieure.
Le potentiel de rendement est plus élevé là où les arbres sont plus hauts. On considère habituellement que l’on obtient une production de 10 tonnes de pommes pour chaque mètre de hauteur.
Le cas des arbres multiaxes
Les distances de plantation sont importantes pour former un mur fruitier uniforme. En France, Roche et Codarin (2017) recommandent un espacement de 1,2 à 1,3 m entre les arbres pour des biaxes d’une hauteur de 3,5 à 3,8 m. Dans tous les cas, les axes doivent être distancés d’au moins 30 cm et idéalement de 45 à 60 cm selon le nombre d’axes. En Italie, la hauteur de 2,5 m est souvent utilisée dans les modèles de vergers piétonniers. Les rangs sont alors espacés de 2,5 m. Le Tableau 7.2 présente les recommandations selon le nombre d’axes.
Ainsi, selon l’espacement entre les rangs, on obtient, avec un moins grand nombre d’arbres, des densités comparables à 4000 arbres/ha pour des rangs espacés de 3 m; en Italie, on observe jusqu’à 8000 arbres/ha, pour des rangs espacés de 2,5 m seulement. Enfin, le mur fruitier devrait former un trapèze d’une hauteur de production de 2,2 à 3,1 m et d’une largeur de 60 cm en haut et 80 cm en bas.
ha
10,80,82,55000
21,20,62,53333
31,50,52,52667
41,80,452,52222
Source : Dorigoni, 2016
Si on présume que la pénétration de la lumière est maximale, un arbre de 3,05 m (10 pi) de haut possède une canopée et un potentiel de rendement de 25 % plus importants que ceux d’un arbre de 2,44 m (8 pi), et ce, pour la même largeur à la base (Figure 7.13). Toutefois, la hauteur ne devrait jamais être supérieure à 0,9 fois l’espacement entre les rangs en raison des limitations quant à l’éclairement. Par ailleurs, augmenter l’espacement entre les rangs pour permettre la circulation de la machinerie n’est pas une option profitable s’il excède 1,5 fois la hauteur des arbres; en effet, les pertes de rendement associées à la diminution de la densité de plantation sont alors excessives.
Il est faisable de mécaniser sommairement la récolte avec des arbres à tige centrale supportée. Les pommes seront cueillies avec sac et échelle, puis déposées directement dans une benne placée sur un chariot mobile.
Une mécanisation plus complète des opérations avec un réel gain de productivité n’est envisageable qu’avec la conduite en mur fruitier. Le mur fruitier offre l’uniformité essentielle à l’utilisation combinée de la main-d’œuvre et de la machinerie. Les pommes doivent être réparties également dans tout le pommier de façon à permettre une récolte simultanée du haut et du bas de l’arbre.
Plusieurs systèmes de cueillette mécanisés existent sur le marché et certains producteurs fabriquent leurs propres systèmes. Ces systèmes sont composés d’une plateforme mobile et autonome ou d’un chariot tiré par un tracteur autonome. Les bennes vides placées sur le chariot sont remplies directement par des ouvriers installés soit sur la plateforme, soit au sol. Il est ainsi possible de récolter le haut et le bas des arbres en continu. Les déplacements, le port du sac de cueillette et l’utilisation de l’échelle sont éliminés. Ces systèmes peuvent être mis à profit pour la taille, l’éclaircissage manuel et la conduite des pommiers.
Le coût de la main-d’œuvre représente environ la moitié du coût de production des pommes au Québec, si on inclut la rémunération des exploitants (CECPA, 2019). Aux États-Unis, la main-d’œuvre compte pour 60 % du coût de production (Singh et coll., 2010). Au Québec, la récolte des pommes est presque entièrement effectuée par une main-d’œuvre agricole étrangère temporaire et le coût de celle-ci est à la hausse. Dans ce contexte, il devient impératif pour les producteurs d’augmenter la productivité du verger en réduisant la main-d’œuvre requise par volume de pommes produit.
Les avancées technologiques des 25 dernières années permettent la mécanisation de la taille, de l’éclaircissage et de la récolte. Au cours des années futures, il deviendra possible de passer de la mécanisation à l’automatisation des opérations. Toutefois, la transition vers une diminution de la main-d’œuvre n’est possible que dans un verger structuré pour cela.
La conduite en mur fruitier permet également l’éclaircissage et la taille mécaniques à l’aide d’un fouet et d’un taille-haie verticaux portés et actionnés par un tracteur (voir le Chapitre 1). Ces opérations mécanisées et rapides réduisent le temps de main-d’œuvre, mais n’éliminent pas complètement l’éclaircissage chimique ou la taille manuelle.
Il n’existe pas de mode de conduite idéal applicable à toutes les situations. L’important est d’opter pour une méthode de production qui permettra d’obtenir des rendements précoces et d’utiliser un porte-greffe qui favorisera une mise à fruit hâtive. Un bon site, préparé avec soin, facilitera l’établissement rapide des arbres. Par ailleurs, le choix d’une conduite particulière n’est jamais aussi essentiel qu’une densité de plantation permettant une pénétration optimale de la lumière. Lorsqu’elles sont conduites de façon appropriée, les plantations à haute densité sont plus profitables que les systèmes de production traditionnels, et ce, quel que soit le mode de conduite choisi.
Agri-Réseau. 2014. Pour estimer le nombre de fruits à laisser dans un pommier (TCA) - Instructions d’utilisation de la jauge d’éclaircissage de l’Université Cornell. www.agrireseau.net/reseaupommier/documents/87615/pour-estimer-le-nombrede-fruits-a-laisser-dans-un-pommier-tca?a=1&r=TCA
Audette, M. 2020. Les vergers d’aujourd’hui et de demain. L’évolution de la pomiculture au Québec, un incontournable pour assurer la pérennité et la productivité des entreprises. Assemblée générale annuelle, Les Producteurs de pommes du Québec, 23 janvier.
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Étant donné l’ampleur des coûts liés à l’implantation ou à la replantation de pommiers et le nombre d’années pendant lesquelles les arbres seront en production, l’implantation ou la replantation d’un verger de pommiers doit être faite suite à une réflexion approfondie et une bonne planification (Chapitre 1). Parmi les éléments à prendre en considération figurent non seulement le choix du site (Chapitre 2), la préparation du terrain (Chapitre 4), le mode de conduite choisi (Chapitre 7), mais aussi des éléments directement liés à la plantation, tels que la qualité et le type d’arbres qui seront plantés, leur disposition sur le site, la période et les techniques de plantation ainsi que les soins donnés aux arbres après la plantation. L’attention portée à tous ces éléments ainsi qu’à la formation des pommiers (Chapitre 10) permettra d’optimiser les rendements à long terme et de diminuer les risques de « mauvaises surprises » qui arrivent parfois.
De façon générale, chez les pépiniéristes, on peut se procurer :
• des arbres à racines nues d’un an appelés « scions » : pommiers pouvant être produits de diverses façons selon le type de greffe effectué (écussonnage, placage ou greffage sur table);
• des pommiers de 2 ans : arbres classiques;
• des pommiers multiaxes;
• des pommiers à œil dormant;
• des pommiers en pot.
La qualité des arbres constitue un facteur de succès de première importance pour toute nouvelle plantation ou replantation. Des pommiers de qualité permettront un établissement rapide des racines, une croissance vigoureuse
et une mise à fruit précoce, entraînant ainsi un retour plus rapide sur l’investissement et une meilleure profitabilité. Tant le porte-greffe que la greffe variétale doivent être de qualité.
Bien qu’il n’existe pas de norme minimale officielle de qualité, on définit souvent la qualité d’un pommier de pépinière par le calibre du tronc au-dessus du point de greffe. Cela vaut autant pour les arbres à racines nues que pour ceux en pot, tout comme l’absence de maladies (chancres, tumeurs du collet, pourritures des racines, brûlure bactérienne, etc.), l’absence de blessures mécaniques ou de gel sur l’écorce et une certification « exempt de virus » pour le porte-greffe et le cultivar (fortement recommandée si possible) (CTL, 2018).
Outre ces critères, un arbre à racines nues de qualité devrait posséder les caractéristiques suivantes :
• la présence d’au moins 4 à 6 ramifications de plus de 20 cm de longueur, situées à plus de 60 ou 75 cm du point de greffe;
• un diamètre minimal du tronc de 1,3 cm au-dessus du point de greffe (plusieurs études ont démontré que ces arbres produisent de meilleurs rendements les 4 à 5 premières années comparativement aux arbres dont le calibre est inférieur);
• une hauteur minimale d’environ 1,5 m;
• des bourgeons en dormance, d’un bon calibre et non endommagés; un système racinaire bien développé présentant un chevelu (fines racines) en bon état et non desséché (Figure 8.1);
• un point de greffe situé à une hauteur minimale de 20 cm du plateau racinaire.
La présence de ramifications est favorable dans la mesure où celles-ci sont situées à une hauteur convenant au mode de conduite désiré et assez nombreuses pour ne pas déséquilibrer l’arbre. L’utilisation d’arbres ramifiés à la plantation raccourcit la période de formation, si et seulement si les ramifications sont de même vigueur et bien réparties
autour du tronc; aucune ramification ne doit être en compétition avec l’axe principal. De plus l’angle entre le tronc et les ramifications doit être de plus de 60o et le diamètre de celles-ci doit être inférieur aux deux tiers du diamètre du tronc
Si un fouet « whip » (tige sans ramifications) est implanté, celui-ci devrait avoir :
• une hauteur minimale de 1 m;
• un diamètre de tronc au point de greffe d’au moins 7 cm;
• une écorce lisse;
• un système racinaire bien ramifié.
Le « fouet » se ramifie généralement au cours de la fin de la première année et pendant la deuxième année en verger. Le tronc a donc une année ou deux d’avance sur les ramifications latérales - contrairement aux ramifications anticipées qui poussent au cours de la même saison - et il est plus facile d’assurer sa dominance. Au moment de la plantation, la constance de la hauteur de tous les points de greffe est importante pour l’uniformité de la croissance future de la parcelle.
Depuis quelques années, il est possible de se procurer des pommiers en pot. La greffe est effectuée en serre aux environs du mois de mars ou avril et les plants sont prêts à être livrés dans des pots au mois de juin de la même année. Tout comme pour les arbres à racines nues, ceux-ci doivent posséder certains critères de qualité : diamètre du tronc, présence de ramifications, etc.
Les premières ramifications devraient se situer entre 75 cm et 85 cm du sol (pour les variétés retombantes comme Cortland). Généralement, 2 ou 3 ramifications vigoureuses n’augurent rien de bon. Elles doivent être attachées vers le sol dès le départ de la végétation, être enlevées complètement à la taille d’hiver, ou encore être raccourcies et/ou enlevées l’hiver suivant la plantation.
Il faut un excellent système racinaire pour que l’implantation d’un pommier ramifié réussisse bien. Il faut aussi planter très hâtivement tôt au printemps ou à l’automne (régions chaudes du sud du Québec). Le scion est un peu moins exigeant à l’implantation, mais nécessitera une année de formation supplémentaire.
Bien que le prix d’achat du pommier (variable selon l’âge, la variété, le porte-greffe, etc.) exerce une influence importante sur la rentabilité de la plantation, en particulier pour la très haute densité (plus de 2000 pommiers/ha), une mise à fruit retardée n’est pas une situation profitable, même avec des pommiers de moindre qualité et achetés au rabais. Attention, les retards dans l’établissement des pommiers causés par du matériel végétal de piètre qualité demeurent souvent impossibles à rattraper, car ceux-ci offrent un potentiel de croissance inégal et limité. Il vaut donc mieux attendre une année avant d’implanter pour s’assurer d’avoir les cultivars et porte-greffes désirés, le tout sur des arbres de qualité supérieure.
Le producteur a intérêt à travailler tôt (2 à 3 ans avant la plantation) en collaboration avec le pépiniériste pour obtenir les arbres du type et de la combinaison cultivar/portegreffes désirés. En plus de spécifier la variété, le porte-greffe, des racines nues ou des pots et le nombre d’axes souhaité, le producteur ne doit pas hésiter à exiger à l’avance le calibre ainsi que la hauteur du point de greffe et des ramifications des arbres achetés. L’acquisition d’arbres de qualité
peut facilement permettre de sauver une année sur la mise à fruit. La planification adéquate de la commande d’arbres facilite le travail du pépiniériste et assure au producteur l’obtention de matériel végétal de qualité, élément essentiel pour le succès de la nouvelle plantation.
L’exercice financier visant à tenir compte du prix d’achat des pommiers peut être fait à l’aide de l’outil Profitabilité disponible sur le site du CRAAQ (www.craaq.qc.ca).
La production d’arbres de qualité en pépinière au verger requiert des connaissances de pointe et de l’expérience. Une telle démarche ne s’improvise pas et la réduction des frais de replantation ne doit pas être le premier critère à considérer.
Bien qu’elle soit tentante, cette aventure n’est pas à la portée de tous. En effet, le producteur qui fait ce choix devra investir autant de temps, sinon plus, pour les pommiers en pépinière (afin d’en garantir la qualité future) que pour les pommiers en production. Cela implique d’avoir le temps de faire les deux.
Les pépinières au verger donnent souvent des résultats décevants. Leur rentabilité est compromise si la qualité des pommiers est inférieure à celle des pommiers provenant de pépiniéristes. Acquérir de l’expérience avant de produire ses propres pommiers, regrouper l’information sur les connaissances de pointe et s’entourer de personnes compétentes qui pourront répondre à plusieurs questions constituent les conditions gagnantes pour produire des pommiers de qualité.
Avant de se lancer dans cette double production (pépinière et pommes de qualité), il serait intéressant pour le pomiculteur de faire des « essais maison » et de comptabiliser le temps investi dans chacune des productions pour évaluer leur qualité et leur rentabilité. Par la suite, un choix plus éclairé pourra être fait pour les prochains travaux.
Au Canada, les porte-greffes sont presque tous importés. Ils sont généralement multipliés par marcottage ou in vitro dans des pépinières spécialisées. La technique du
marcottage est un mode de multiplication des végétaux qui favorise le développement racinaire d’une partie aérienne d’une plante afin de produire un nouveau plant.
En pépinière, des plants-mères sont plantés, couchés à l’horizontale près du sol et ensuite recouverts de sol, de copeaux ou d’un mélange des deux. Des pousses verticales émergeront de ces porte-greffes. La partie inférieure des pousses qui était recouverte de sol développe des racines. À l’automne, on coupera les nouvelles pousses tout juste au-dessus des plants-mères. Ces tiges enracinées sont classées selon leur grosseur et la qualité de leur enracinement. Elles sont par la suite vendues comme porte-greffes à racines nues. Plus rarement, certains portegreffes sont multipliés par bouture ou encore in vitro, puis enracinés en serre.
Si l’on désire vraiment produire ses propres pommiers, il est possible d’acheter des porte-greffes auprès de distributeurs spécialisés ou de les récolter soi-même à partir du matériel végétal présent au verger. Attention, certains porte-greffes et cultivars sont protégés par des brevets. La multiplication de matériel protégé est interdite à moins d’avoir acquitté des redevances. Il est parfois possible d’acquitter les droits de multiplication à la ferme auprès de certains pépiniéristes.
La liste des variétés de pommiers protégées par un brevet et toutes les informations reliées (nom et coordonnées des propriétaires de brevets, etc.) sont présentées sur le site de l’Agence canadienne d’inspection des aliments à l’adresse suivante : https://inspection.canada.ca/francais/ plaveg/pbrpov/cropreport/appf.shtml. Il est aussi possible de s’informer auprès de pépiniéristes compétents.
Il importe de comprendre les différentes techniques de production des arbres en pépinière pour connaître les avantages et les inconvénients des arbres offerts sur le marché.
Scion
Au printemps, le pépiniériste plante les porte-greffes à racines nues pour leur permettre de s’enraciner et de croître. Durant la saison, un bourgeon est prélevé sur un rameau d’un an du cultivar désiré et greffé sur le porte-greffe par écussonnage (greffe en « T ») (Figure 8.3) ou par placage, communément appelé chip budding (Figure 8.4). Ce bourgeon se fusionnera au porte-greffe, mais restera dormant
pendant le reste de la saison végétative. Au printemps de la deuxième année en pépinière et avant le débourrement, le porte-greffe est coupé juste au-dessus du bourgeon greffé. Ce bourgeon aura une croissance végétative vigoureuse durant la saison grâce aux soins prodigués : fertilisation, irrigation, tuteurage, traitements antiparasitaires et parfois régulateurs de croissance. À l’automne, les arbres sont récoltés et entreposés en chambre froide pour l’hiver; ils sont prêts pour la vente au printemps suivant. Pour les pommiers, l’écussonnage se fait généralement avant le mois d’août (il est plus facile de décoller l’écorce). La technique de placage, quant à elle, peut être utilisée tout au long de la saison.
Le calibre des arbres écussonnés varie de 7 à 25 mm de diamètre. Certains peuvent présenter quelques anticipés1 selon les traitements culturaux (pinçage de feuilles) et régulateurs de croissance, mais ces ramifications sont souvent trop basses. Lorsqu’il n’y a pas de ramifications, ces arbres sont appelés « fouets » d’un an, sinon ils sont appelés « pommiers branchés d’un an », même si le porte-greffe a passé 2 ans en pépinière. Les scions écussonnés sont faciles à trouver sur le marché, car ils sont relativement simples à produire en pépinière.
1. Prélèvement d’un « écusson » ou « greffon » sur le cultivar de pommier
2. Fente, ouverture en « T » sur le porte-greffe
3. Insertion de l’écusson, c’est-à-dire la variété à greffer, sur le porte-greffe
4. Protection de la greffe
5. Croissance du cultivar
1. Section d’écorce prélevée sur le porte-greffe
2. Prélèvement d’une section de rameau (cultivar) portant un bourgeon
3. Application de celle-ci sur le porte-greffe et protection de la greffe
Après la réception du porte-greffe à racines nues, le pépiniériste effectue une greffe sur table (bench graft). Il insère un greffon directement dans le tronc d’un porte-greffe de diamètre comparable par une greffe en biseau (greffe à l’anglaise) (Figure 8.5). Le greffon est une courte section de rameau prélevée sur le bois de l’année du cultivar désiré et qui compte de 2 à 3 bourgeons végétatifs. La greffe est recouverte de cire pour éviter la déshydratation. Par la suite, au printemps suivant, le porte-greffe et son greffon sont plantés en pépinière et la pousse la plus vigoureuse est sélectionnée pour la croissance de l’arbre. À l’automne, les arbres les mieux développés sont déracinés, entreposés et vendus le printemps suivant.
Les scions greffés sur table ont tendance à être de plus petit calibre que les scions écussonnés en raison de la période nécessaire à leur enracinement et à la formation de l’union de greffe au printemps. On ne retrouve pas d’anticipés sur ces arbres qui forment alors des fouets. Ces arbres sont souvent moins coûteux puisqu’ils ne nécessitent qu’une année en pépinière. Si les pommiers greffés sont trop petits pour être vendus la première année, ils pourront alors passer une deuxième année en pépinière. Ils seront par la suite vendus à des prix similaires aux arbres écussonnés. Le choix de la variété à greffer peut se faire plus tardivement.
Arbre classique
Dans le but d’obtenir des arbres présentant un meilleur calibre et un plus grand nombre de ramifications, les scions sont gardés en pépinière une année supplémentaire. Il s’agit parfois des pommiers d’un an, trop petits pour être vendus comme scions. Avant leur débourrement, lors de la saison additionnelle en pépinière, les arbres sont rabattus à environ 75 cm au-dessus du point de greffe. Lors du débourrement, les bourgeons supérieurs donnent naissance à de jeunes ramifications. Ces ramifications sont vigoureuses et présentent généralement un angle d’insertion fermé. Les branches trop érigées sont éliminées à l’exception de la branche la plus vigoureuse qui deviendra la tête. Ces arbres ont l’avantage d’avoir un bon calibre, des ramifications fortes et un système racinaire bien développé à la plantation, caractéristiques qui favorisent une mise à fruit plus rapide que les pommiers d’un an. Par contre, leur prix est plus élevé.
Cette technique de production relativement nouvelle au Québec, mais bien implantée en Europe, permet d’implanter des murs fruitiers. Ces derniers ont l’avantage de produire des fruits de très grande qualité et de faciliter la
mécanisation de plusieurs opérations culturales dont la taille, l’éclaircissage et la récolte.
Afin d’obtenir les combinaisons porte-greffes et cultivars désirées et le nombre d’axes souhaité, les réservations devront être faites plusieurs années à l’avance auprès des pépiniéristes et le coût des arbres sera supérieur.
Des essais sont faits actuellement au Québec avec des pommiers à 2, 3 et 4 axes. Quelques années seront encore nécessaires pour en tirer des conclusions et faire des recommandations de plantation éclairées sur ces types d’arbres. Des validations seront aussi à faire en fonction des combinaisons variétés-porte-greffes et les plantations multiaxes. Le Chapitre 7 et le Chapitre 10 discutent de ces types plus en détail.
Pommier à œil dormant
Il s’agit d’une variation de l’arbre écussonné ou greffé sur table. Le porte-greffe nouvellement greffé est planté dans une pépinière au verger ou directement en verger. Pour un même investissement, cette technique a l’avantage de permettre l’établissement d’une plantation environ deux fois plus grande que la surface plantée de façon conventionnelle.
Par contre, elle a le désavantage d’accaparer du terrain non productif pendant une plus longue période, ce qui n’est pas nécessairement rentable. En effet, à cause du temps d’implantation nécessaire aux pommiers, la récolte sera retardée d’au moins 2 à 3 ans. Payer moins cher pour ces arbres implique aussi d’accepter les risques associés au débourrement des bourgeons dormants ainsi que la charge de travail reliée à la formation de l’arbre pendant la période correspondant à sa croissance en pépinière. Entretenir soimême les arbres pour leur développement en pépinière exige la planification de plusieurs éléments, dont l’irrigation, la fertilisation, le désherbage, la phytoprotection et la maind’œuvre – autant d’éléments nécessaires pour une croissance optimale des arbres fruitiers. Dans certains cas, les arbres produits sur place dans le verger s’établissent très bien alors que, dans d’autres cas, ils nécessitent une à deux années supplémentaires pour obtenir un diamètre équivalent aux arbres produits chez le pépiniériste. La plantation directe en verger est surtout intéressante pour les plantations de 1000 pommiers/ha et plus.
Depuis quelques années, les producteurs ont accès à un nouveau type de pommiers : les pommiers en pot produits en serre. La greffe y est effectuée aux environs du mois de mars ou avril et les plants sont prêts à être livrés au mois de juin de la même année (Figure 8.9).
Lorsque vient le temps de choisir le type de pommier que l’on souhaite planter, certaines caractéristiques des plants
en pot, parfois fort différentes des pommiers à racines nues habituellement employés, doivent être considérées.
En premier lieu, il est primordial que le système d’irrigation soit fonctionnel dès que les arbres sont mis en terre. C’est également vrai pour les autres types de pommiers, mais encore plus important pour les pommiers en pot, puisque le pommier est déjà en « croissance active » lors de sa mise en terre et non dormant comme le pommier à racines nues. La plantation des pommiers en pot se fait généralement plus tard que les pommiers à racines nues, en été, lorsque les risques de gels sont passés, mais avant les périodes propices aux canicules. Une période d’acclimatation lors de la réception des arbres est à prévoir avant de les mettre en terre. Le système de tuteurage doit aussi être installé avant ou immédiatement après la plantation, car les tiges de ce type de plant sont beaucoup moins rigides.
Une attention particulière doit être portée à l’entretien de ces pommiers. Les soins à prodiguer ressemblent plus à ceux de pommiers en pépinière qu’à ceux d’une jeune plantation. Par exemple, les traitements herbicides doivent être appliqués avec précaution, vu la fragilité de la jeune écorce tendre (verte) et de la présence de feuilles parfois très bas sur le tronc. De plus, selon le type de pot, les opérations lors de la plantation seront à ajuster (type de plant moins adapté pour une planteuse). En effet, selon les fournisseurs, les arbres sont livrés dans un pot biodégradable, alors que d’autres sont livrés dans un pot de plastique, lequel devra évidemment être retiré avant la mise en terre. Cela ajoute des manipulations lors de la plantation et il faudra prendre soin de ne pas abîmer les racines et radicelles en retirant le pot. Les résultats préliminaires d’un essai réalisé au Michigan State University Horticulture Teaching and Research Center (Mertz, 2019) avec des plants cultivés dans une membrane biodégradable insérée dans un récipient de plastique ont permis de démontrer l’importance des radicelles pour l’absorption de l’eau et des nutriments. Ce type de contenant, qui laissait de l’espace et permettait aux racines de sortir, a permis une « taille plus naturelle » des racines et a stimulé la croissance des radicelles. Cela s’est traduit par une meilleure croissance des plants en pot que celle observée chez les pommiers à racines nues.
Au Québec, il faudra probablement attendre encore un peu avant de tirer des conclusions quant à la croissance et l’utilisation de pommiers en pot, les quelques implantations effectuées étant plutôt récentes. Les observations réalisées ici, sous nos conditions, sur un nombre de plantations plutôt
restreint ne correspondent pas nécessairement à ce qui a été observé au Michigan et ailleurs. De plus, certaines variables comme la date de livraison, la hauteur et le diamètre du tronc des arbres, l’entretien, les températures observées durant la saison, etc. influencent les résultats potentiels. Enfin, ce type de pommier pourrait très bien convenir à la façon de faire et aux méthodes culturales d’une entreprise, mais moins bien à une autre. Il pourrait alors être pertinent de faire un essai en verger sur une plus petite superficie et évaluer le tout en pratique, afin de tenir compte de la réalité de chaque entreprise.
Par ailleurs, bien que l’on ne puisse baser le choix du type d’arbre à planter sur ce seul critère, un fait intéressant concernant les pommiers en pot est la gestion des risques de la brûlure bactérienne. En effet, dans un verger où l’historique de cette maladie est important, les pommiers en pot, qui ne fleurissent pas l’année de leur plantation, permettront de retarder d’une saison les manipulations contribuant à prévenir les risques de brûlure bactérienne, comme la taille des fleurs ou l’application d’un antibiotique ou d’un bactéricide.
Dans un autre ordre d’idées, le court délai nécessaire à la production de ce type de pommier peut faciliter la planification des nouvelles plantations. En effet, leur mode de production offre une plus grande flexibilité, contrairement aux
plants à racines nues. Le délai entre le choix du cultivar, qui peut être fait, par exemple, à l’automne, et la livraison des plants, au mois de juin suivant, est raccourci. Ceci diminue aussi les coûts de production, ce qui se traduit par un plus faible coût par arbre à l’achat. En effet, les pommiers en pot coûtent environ 40 % moins cher que les arbres à racines nues. Il ne faut toutefois pas oublier de considérer les frais de transport (puisque l’on ne peut mettre autant de pommiers en pot dans une remorque que de pommiers à racines nues) et les frais de manipulation lors de la plantation.
Plusieurs facteurs sont à considérer au moment de planifier la disposition des arbres sur le terrain : la règlementation (sources d’eau, immeubles protégés, etc.), la mise en marché des fruits (vergers commerciaux ou autocueillette), la largeur de la machinerie disponible, l’espacement entre les rangs et sur les rangs (la densité), l’orientation des rangs (pour maximiser la quantité de lumière reçue par les pommiers), la pente du terrain, les vents dominants, etc.
Des vérifications doivent être faites auprès des municipalités avant d’implanter ou de replanter des pommiers, même pour des vergers dont les parcelles sont en place depuis
très longtemps. En effet, les périmètres urbains changent avec le temps et pour optimiser la quantité et la qualité de la récolte, tant en production biologique que conventionnelle, des produits antiparasitaires devront être appliqués. Selon le Code de gestion des pesticides, des distances doivent être respectées en fonction de la présence des sources d’eau (fossés, étangs d’irrigation, puits, etc.) et des immeubles protégés (maisons voisines, parcs, écoles, etc.) à proximité des parcelles à implanter.
On doit tenir compte aussi des zones tampons (zones sur lesquelles il ne doit pas y avoir d’application de pesticides, mentionnées dans le texte des étiquettes des produits antiparasitaires). L’orientation des rangs de pommiers par rapport aux immeubles protégés, l’utilisation de buses antidérive et la présence d’une haie brise-vent figurent parmi les options qui peuvent aider à réduire les distances séparatrices. Ces zones limitatives doivent être planifiées et incluses dans les travaux de plantation.
Une parcelle dédiée uniquement à l’autocueillette pourrait ne pas être disposée de la même façon qu’une parcelle dédiée à une production commerciale. Généralement, les arbres des parcelles pour l’autocueillette sont plus espacés, sont tuteurés individuellement et de plus gros calibre pour être « plus solides » (pommiers semi-nains) afin de supporter les interventions de la clientèle. En production commerciale, on vise des arbres rapprochés, de petit calibre, voire des murs fruitiers uniformes afin de pouvoir mécaniser le
plus possible les travaux de tuteurage, de taille, d’éclaircissage et de récolte.
Idéalement, la meilleure orientation devrait être celle qui permettra aux pommiers de bénéficier du maximum de lumière dans une journée (orientation nord-sud) et qui favorisera l’écoulement de l’air froid (orientation dans le sens de la pente) (Figure 8.10). Cette configuration n’étant pas possible partout, il faut donc faire en sorte d’avoir le plus d’éléments favorables aux pommiers. Par souci d’efficacité, les rangs sont parfois orientés dans le sens de la longueur du champ, sans prendre en considération l’optimisation de l’ensoleillement.
Si la pente est trop abrupte, l’orientation perpendiculaire à celle-ci diminuera les problèmes d’érosion sur le rang. Il importe aussi de considérer la direction des vents dominants. L’orientation perpendiculaire aux vents est favorable pour les pulvérisations, car la bouillie est ainsi déplacée sur les rangées voisines plutôt qu’au sol. En hiver, par contre, cette orientation favorise l’accumulation de la neige, ce qui peut être problématique dans les régions où le poids de la neige peut arracher des branches au moment de la fonte et retarder les travaux de taille. Par contre, cela peut s’avérer favorable dans les régions où il est difficile d’obtenir une couverture minimale de neige pour isoler le sol. L’implantation d’une haie brise-vent est une solution à considérer (voir le Chapitre 4).
La présence de vent est tout de même souhaitée dans un verger afin d’aider à la pollinisation, de favoriser l’assèchement du feuillage et ainsi diminuer les conditions favorables au développement de maladies telles la tavelure et la brûlure bactérienne.
Une bonne pollinisation est essentielle pour la production de fruits de qualité. À cet égard, certains facteurs sont à considérer lors du choix et de la disposition des arbres dans la parcelle.
Afin de produire commercialement des fruits de qualité qui se conserveront longtemps, les fleurs du pommier nécessitent une pollinisation croisée (pollen de cultivars différents). Le niveau d’autopollinisation des variétés est variable. Il est donc préférable de toujours s’assurer de la présence de différentes variétés à proximité pour favoriser un mélange des pollens. Quatre conditions sont nécessaires pour obtenir une pollinisation croisée satisfaisante :
• la floraison des variétés doit être synchronisée et abondante;
• le pollen doit être diploïde et viable;
• le pommier pollinisateur doit être situé à proximité du cultivar à polliniser;
• des insectes pollinisateurs doivent être présents et actifs durant la floraison.
De façon générale, les variétés hâtives fleurissent plus tôt que les variétés tardives. Pour favoriser la pollinisation croisée, la pleine floraison de deux cultivars ne devrait pas être espacée de plus de 2 jours, bien que les variétés hâtives soient souvent plus autofertiles que les variétés plus tardives. Il faut cependant se méfier des variétés dont l’alternance est élevée; durant les années de repos du pollinisateur, les variétés adjacentes auront tendance à devenir bisannuelles en raison du manque de pollinisation croisée. Pour faciliter la réussite de la pollinisation, il importe de bien planifier comment seront implantés les différents cultivars en tenant compte du moment de leur pleine floraison (Tableau 8.1).
Afin d’assurer une pollinisation croisée efficace, il est recommandé de planter au maximum 4 rangées consécutives d’un même cultivar. De plus, les lignées d’une même variété ne doivent pas être utilisées comme pollinisateurs entre elles. Certains producteurs préfèrent cependant implanter des
Tableau 8.1 Écart entre le stade pleine floraison de divers cultivars et celui du cultivar McIntosh
Cultivars Nombre moyen de jours avant (-) ou après (+) la pleine floraison du cultivar McIntosh
Le guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2e édition comporte 12 chapitres, regroupés en 7 fascicules, qui présentent tour à tour les nouvelles connaissances issues des essais de cultivars et porte-greffes du RECUPOM, l’évolution des exigences du marché, des informations techniques visant à faciliter l’implantation de parcelles en haute et très haute densité, de nouveaux équipements et matériaux ainsi que des techniques modernes de conduite des pommiers. Ce guide technique vise à contribuer à la modernisation des vergers québécois afin d’améliorer la rentabilité des entreprises par l’augmentation des rendements à l’hectare, de la qualité de la récolte et de l’efficacité du travail.
Le chapitre Économie de la plantation fournit des pistes pour élaborer le plan financier d’une nouvelle plantation et décrit les principaux facteurs qui influencent la rentabilité d’une parcelle, notamment la densité de plantation et la mise en marché de la production. Il discute de la rentabilité de différents modèles d’implantation et de certains éléments à considérer pour le verger biologique et le verger de pommes à cidre. Exemples à l’appui, il compare la profitabilité de 4 densités de plantation, telle que calculée avec l’outil Profitabilité. Enfin, bien que l’achat d’équipements ne soit pas inclus dans le calcul, quelques considérations en lien avec ces investissements sont présentées, car ils ont un impact sur la rentabilité de l’entreprise.