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Sylvain Abitbol, le conseil d'administration, nos bénévoles ainsi que toute l'équipe des professionnels de la CSUQ vous souhaitent Shana Tova ou Métouka 5774
LE MOT DU PRÉSIDENT Sylvain Abitbol
Chers amis, En tant que président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec, je tiens tout d’abord à vous adresser ainsi qu’à vos familles, mes meilleurs vœux pour une année 5774 pleine de bonheur, de succès et surtout de santé. C’est pour moi un immense privilège d’assumer la présidence d’une institution qui, depuis plus d’un demisiècle a fait sa marque, à travers ses réalisations, non seulement au sein de la communauté juive montréalaise mais également de la société québécoise et canadienne. Je suis conscient que succéder à un président du calibre de Marc Kakon représente un grand défi. Mon ami Marc, visionnaire et homme d’action, a su redonner à notre institution le coup de fouet nécessaire pour la positionner dans les « ligues majeures ». Il s’est investi pleinement dans toute une série de projets novateurs qui ont été menés à terme avec le succès que l’on connaît. Ceci étant dit, je prends l’engagement de persévérer dans cette voie qu’il a su si bien tracer et dont les axes principaux ont été de bien positionner la CSUQ au sein de la grande communauté juive de Montréal dont nous sommes une branche importante et d’ouvrir de nouvelles perspectives à nos jeunes afin que ceux-ci trouvent non seulement leur place au sein de nos institutions communautaires mais qu’également ils s’y impliquent. Nombreux sont ceux qui l’ont fait déjà, et je m’en félicite. Poursuivre le travail social entamé depuis plusieurs années envers nos plus démunis et ce, en collaboration étroite avec les agences de la Fédération et bien sûr de nos constituantes et d’autres organismes juifs de charité resteront mes priorités lors de mon mandat. Je tiens à souligner à propos de ceci que je m’engage également à travailler en étroite collaboration avec la Fédération CJA afin de réaliser ce rêve auquel nous aspirons tous ensemble, sépharades et ashkénazes, de former une communauté juive forte et unie capable de servir ses membres de manière optimale. Comme je l’ai dit dans mon discours d’investiture en juin dernier, mon vœu le plus cher c’est que dans deux ans, c'est-à-dire à la fin de mon mandat, le nouveau président de la CSUQ soit un ou une jeune appartenant à cette nouvelle génération née ici et qui a su si bien faire ses preuves dans tous les domaines si l’on en juge par les nombreuses réussites personnelles que l’on constate jour après jour dans les divers secteurs de la vie économique, académique, médicale et culturelle de notre métropole. Nous sommes l’exemple d’une des communautés les mieux intégrées dans le tissu social de ce pays qui nous a si généreusement accueillis il y a plus d’un demi siècle. Pour conclure, j’en appelle à l’ensemble de nos membres, quelles que soient leurs appartenances pour qu’ils s’impliquent davantage à tous les niveaux de la vie communautaire. Que ce soit en participant, comme ils le font si généreusement chaque fois qu’ils sont sollicités, lors de nos campagnes de financement pour aider les segments les plus fragiles de notre communauté, mais aussi en assistant nombreux à nos activités cultuelles, culturelles et sportives, sans oublier évidemment le soutien envers nos constituantes, nos écoles communautaires, Israël bien entendu et notre magazine LVS qui ne cesse de s’améliorer au fil des ans. Je les invite également à faire partie de nos divers comités d’action et de réflexion. Votre engagement renforcera, j’en suis convaincu, votre appartenance à une communauté vibrante qui a su maintenir, renforcer et transmettre son riche héritage et ses traditions sur le continent nord-américain. J’en appelle à votre engagement actif auprès de notre institution pour que celle-ci continue de grandir afin de mieux vous servir. Shana Tova ou Métouka.
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RELÈVE COMMUNAUTAIRE Entrevue avec Sylvain Abitbol, nouveau président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec Le nouveau président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec (CSUQ, Sylvain Abitbol, est un leader communautaire chevronné et très résolu qui a toujours aimé relever des défis de taille. Prendre les rênes de la CSUQ durant les deux prochaines années, ce sera certainement une autre grande gageure.
sépharade qui est en cours actuellement. Les Sépharades ne forment plus une communauté passive, mais, au contraire, une communauté proactive qui se mobilise désormais avec beaucoup d’entrain pour défendre sa Mémoire historique et ses droits fondamentaux, qui ont été bafoués dans le monde arabo-islamique.
Ancien Président de la Fédération CJA de Montréal, ex-coprésident du Congrès Juif Canadien, National, et actuel coprésident du Comité Justice for Jews from Arab Countries (JJAC) — Justice pour les Juifs originaires des pays arabes —, Sylvain Abitbol a à son actif un parcours communautaire très marquant.
LVS : Quelles seront vos grandes priorités communautaires ?
LVS : Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter la présidence de la CSUQ? Sylvain Abitbol : Après mûre réflexion, j’ai accepté de présider la CSUQ parce que je pense que mon implication pourra être bénéfique pour la communauté sépharade. Les défis que cette dernière devra relever au cours des prochaines années sont très grands. En scrutant le paysage de la communauté sépharade, j’ai essayé d’envisager où celle-ci sera dans une dizaine d’années ? Je suis arrivé à la conclusion que la communauté sépharade jouera un rôle important dans la communauté juive de Montréal parce qu’elle a atteint une certaine maturité. Aujourd’hui, la communauté sépharade peut s’enorgueillir de compter en son sein des jeunes adultes qui ont brillamment réussi sur le plan professionnel -médecins, chercheurs scientifiques, avocats, hommes et femmes d’affaires, chefs d’entreprises, ingénieurs, informaticiens, architectes, comptables, universitaires, éducateurs... — et qui sont parfaitement bien intégrés dans la société québécoise. C’est un immense atout non seulement pour la communauté sépharade, mais pour la communauté juive dans son ensemble. Nous devons absolument encourager ces jeunes professionnels très dynamiques à s’impliquer communautairement. Beaucoup d’entre eux le font déjà. L’implication de ces jeunes adultes n’est pas uniquement un signe prometteur en ce qui a trait aux perspectives futures de la relève dans notre communauté, c’est aussi une grande source de motivation pour tous les bénévoles de ma génération qui se soucient grandement de la pérennité du Séphardisme à Montréal, au Canada et en Amérique du Nord. Un autre de mes atouts: ayant été Président de la Fédération CJA, je connais bien les rouages de fonctionnement des institutions communautaires juives de Montréal. Je ne suis donc pas un inconnu dans le système communautaire juif montréalais. Par ailleurs, mon implication à titre de co-président du Comité Justice for Jews from Arab Countries (J.J.A.C.) m’a permis de prendre conscience de l’importance du renouveau 6 | magazine LVS | septembre 2013
S.A. : Je souhaite que la CSUQ travaille en plus étroite collaboration avec les différentes Agences de la Fédération CJA. Le partenariat fructueux instauré entre le Département des Affaires sociales de la CSUQ et l’Agence OMETZ de la Fédération CJA devrait servir d’exemple et de modèle. Ces deux entités collaborent collégialement dans le domaine des Affaires sociales. Ce partenariat a donné des résultats très concrets. Bon nombre de Sépharades sont réticents à recourir aux services offerts par l’Agence OMETZ craignant qu’on les considère comme des « assistés sociaux ». Culturellement, ils se sentent plus à l’aise dans la structure de la CSUQ Le Département des Affaires sociales de la CSUQ, dirigé par Sylvia Serruya, les oriente vers l’Agence OMETZ et s’assure que celle-ci leur prodigue les Services dont ils ont besoin. Les dossiers sociaux sont gérés conjointement par les deux entités. Ce système de coopération très efficace évite les dédoublements de services. Ce modèle de coopération très réussi devrait être étendu à d’autres Agences de la Fédération CJA, notamment au Centre Cummings pour Aînés. Pour notre communauté, la voie vers un avenir prometteur passe par ce type de collaboration entre la CSUQ et la FÉDÉRATION CJA. LVS : Les jeunes seront aussi une de vos grandes priorités communautaires ? S.A. : Absolument. Si les jeunes ne s’impliquent pas communautairement, les perspectives d’avenir de notre communauté seront bien sombres. Ma deuxième grande priorité communautaire sera d’encourager les jeunes Sépharades fréquentant des mouvements et des Synagogues ultra-orthodoxes à ne pas s’éloigner de la communauté institutionnelle juive de Montréal. Dans les communautés sépharades, on voit une tendance de plus en plus religieuse, beaucoup plus ostensible qu’il y a vingt ans. Bon nombre de Rabbins sépharades ont fondé leur Synagogue et leur Kollel et se sont peu à peu dissociés de notre communauté. Mon souhait est d’encourager ces derniers à revenir dans le giron communautaire. Nous voulons travailler étroitement avec eux et aider les membres les plus nécessiteux de leurs Synagogues. Dans ces groupes de sépharades ultra-orthodoxes vivant éloignés de notre
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communauté, il y a des personnes âgées qui pourraient bénéficier des nombreux programmes offerts par le Centre Cummings pour aînés de la Fédération CJA, des familles dans le besoin qui pourraient recevoir de l’aide du département des affaires sociales de la CSUQ ou de l’Agence OMETZ... Aujourd’hui, au niveau spirituel, des jeunes Sépharades orthodoxes, âgés de 25, 30 ou 35 ans, cherchent autre chose que ce qu’ils peuvent trouver dans leur milieu familial. Ils vivent dans un contexte communautaire et social très différent de celui dans lequel leurs parents ont évolué. Si nous ne faisons rien pour les rapprocher de notre communauté, je crains qu’à long terme leurs enfants n’aient plus aucune attache avec celle-ci. Ce serait fort regrettable. Jusqu’ici, la Fédération CJA n’a traité que les problèmes sociaux et la question capitale de l'éducation, la question religieuse a été négligée. Il est temps qu’on s’occupe aussi sérieusement de cette question, à mon avis, cruciale pour l’avenir de notre communauté. LVS : L'éducation est donc un dossier très prioritaire dans lequel vous comptez vous investir pleinement. S.A. : Oui. Aujourd’hui, la communauté sépharade a atteint un niveau d’éducation exceptionnel. Les jeunes Sépharades ont un niveau intellectuel et d’éducation phénoménal. On sent aussi dans la communauté sépharade une forte valorisation de la culture. Il est de notre devoir de continuer à soutenir les institutions éducatives sépharades dans leur quête incessante de l’excellence académique. Aujourd’hui, toutes les écoles juives de Montréal sont confrontées aux mêmes grands défis. Pour hausser leur niveau académique et atteindre leurs objectifs pédagogiques, ces écoles n’auront pas d’autre choix que de partager mutuellement leurs ressources pédagogiques. Pour soutenir concrètement les deux Écoles sépharades de Montréal, l’École Maïmonide et l’Académie Yéchiva Yavné, je suggère que la CSUQ crée une Fondation. Il est temps que les Sépharades se dotent d’une Fondation dont les intérêts générés annuellement serviront à financer des programmes éducatifs et culturels. La Fondation Communautaire Juive de Montréal est une excellente institution pour administrer ce genre de Fondation. Je crois qu’aujourd’hui, la communauté sépharade est mature pour avoir sa propre Fondation, qui aura pour mandat prioritaire de soutenir l'éducation. LVS : La Culture sera-t-elle aussi pour vous un dossier très important ? S.A. : Oui. Mais j’aimerais qu’on prenne un temps d’arrêt pour faire un bilan exhaustif du Festival Séfarad. Organiser chaque année une manifestation culturelle de l’envergure du Festival Séfarad, c’est une lourde tâche qui mobilise une grande partie des ressources de la CSUQ. Le Festival Séfarad a acquis une réputation notoire au niveau montréalais, national et international. Chaque année la barre est plus haute. Je crains qu’en organisant annuellement cette méga-manifestation culturelle, la qualité de la programmation proposée ne s’érode. Un bilan du Festival Séfarad s’impose. Au niveau financier, très rares sont les manifestations culturelles qui génèrent des profits. Nous devons nous assurer que le Festival Séfarad continuera à atteindre le seuil de rentabilité — break-even. Mais, il est impératif de mesurer l’impact que cette manifestation culturelle a auprès des membres de notre communauté et de la
population montréalaise dans son ensemble. Combien de personnes assistent aux différents événements programmés dans le cadre du Festival Séfarad ? Ce n’est pas la même chose une personne qui assiste à dix évènements du Festival Séfarad que dix personnes qui assistent à dix événements. Quel est le profil d’âge du public qui assiste au Festival Séfarad ? Combien de jeunes âgés de 25 à 35 ans sont-ils attirés par le Festival Séfarad ? Cette manifestation culturelle sépharade ne devrait-elle pas inclure dans sa programmation des événements spécialement destinés à des jeunes sépharades orthodoxes qui, généralement, ne fréquentent pas le Festival Séfarad —conférences données par des personnalités rabbiniques renommées, Shabbaton pour les familles... ? Un autre grand défi pour le Festival Séfarad : à l’instar du Festival du Monde Arabe, qui attire chaque année beaucoup de Québécois de toutes les origines culturelles, le Festival Séfarad devrait être aussi une passerelle pour bâtir des ponts, par le biais de la Culture, avec les autres communautés qui forment la riche mosaïque interculturelle montréalaise. Il faut rappeler que la communauté sépharade est un modèle d’immigration réussie. Cela m’a été plusieurs fois confirmé par différents ministres de l’immigration, aussi bien au niveau provincial que fédéral. Les Sépharades pourraient partager leur expertise éprouvée en matière d’intégration sociale et professionnelle avec les autres communautés culturelles vivant au Québec. Je souhaite ardemment que le Festival Séfarad soit une manifestation culturelle inclusive apte à attirer pas seulement les membres de la communauté juive, mais aussi des Montréalais issus de différents horizons culturels. C’est pourquoi un temps d’arrêt est nécessaire pour réévaluer les objectifs du Festival Séfarad. LVS : Y aura-t-il cet automne un Festival Séfarad ? S.A. : Aucune décision à ce sujet n’a été encore prise. Il faut revoir de fond en comble la programmation du Festival Séfarad. Au cours des dernières années, cette manifestation culturelle nous a présenté des spectacles musicaux et artististiques d’une très grande qualité. Mais est-ce que la culture sépharade doit se limiter uniquement à mettre en scène d’excellents chanteurs et humoristes ? Il existe aujourd’hui dans notre communauté un centre d'études juives francophones exceptionnel, ALEPH, dirigé par une femme universitaire tout aussi exceptionnelle, Dr Sonia Sarah Lipsyc, qui accomplit un travail intellectuel, pédagogique et de réflexion extraordinaire, très apprécié par beaucoup de membres de notre communauté. Il est temps de soutenir davantage des programmes éducatifs, tels que ceux proposés tout au long de l’année par le Centre ALEPH. Le Festival Séfarad et la CSUQdevraient aussi développer des partenariats avec des institutions culturelles réputées, comme le Centre des Arts de la scène Segal, afin de concocter de nouveaux programmes culturels, notamment pour les jeunes adultes. LVS : Partagez-vous la vision communautaire prônée par votre prédécesseur, Marc Kakon : bâtir à Montréal une seule communauté juive ? S.A. : Oui. Comme Marc Kakon, je crois aussi résolument qu’à Montréal, il ne doit y avoir qu’une seule communauté juive forte, unie et plurielle au niveau culturel. Sépharades et magazine LVS | septembre 2013 | 7
RELÈVE COMMUNAUTAIRE
Ashkénazes ont des différences culturelles et linguistiques, mais ils forment une seule communauté. Lorsqu’il y a un rallye pour soutenir Israël ou un attentat meurtrier à Tel-Aviv ou à Jérusalem, Sépharades et Ashkénazes exultent ou souffrent de la même manière. Nous sommes tous Juifs. Il y a beaucoup plus de choses qui nous rapprochent que de choses qui nous séparent. Ce qui nous sépare est une richesse inouïe que nous devons absolument préserver et partager respectivement. La communauté juive de Montréal est unique dans le monde. Les barrières culturelles qui séparent les Sépharades et les Ashkénazes s’estompent. Aujourd’hui, les jeunes Sépharades et les jeunes Ashénazes parlent couramment le français et l’anglais, se côtoient quotidiennement dans les mêmes collèges et universités ou dans le monde professionnel, se marient entre eux... Pour ces derniers, les barrières culturelles qui distançaient jadis leurs parents respectifs sont un problème en moins à régler. Aujourd’hui, dans la diaspora juive, les Sépharades et les Ashkénazes sont confrontés aux mêmes menaces : la recrudescence de l’antisémitisme, la diabolisation de l’État d’Israël.... Le destin d’Israël n’a jamais été aussi soudé au destin de la diaspora. Tous les Juifs partagent un destin commun. Les défis d’Israël sont aussi les défis des communautés juives de la diaspora, et vice-versa. LVS : Quel est votre bilan des cinq années de présidence de la CSUQ de Marc Kakon ? S.A. : Marc Kakon est un leader communautaire exceptionnel, très généreux -il a le coeur sur la main- et visionnaire qui adore mettre en branle des projets communautaires de grande envergure et les mener à terme fructueusement. Marc Kakon aime relever de grands défis. C’est un fonceur, un véritable « bulldozer » communautaire que rien n’arrête. Un de ses grands atouts est certainement son optimisme inébranlable. Marc Kakon est un leader communautaire chevronné résolument convaincu qu’on peut changer radicalement les choses quand on le veut. Une de ses grandes priorités communautaires a toujours été l’aide sociale aux personnes et aux familles les plus démunies de notre communauté. Marc Kakon est très sensible à la souffrance humaine. C’est une qualité humaine remarquable. Dans ce domaine-là, il a accompli un travail gigantesque et admirable en coordonnant d’une manière pointilleuse et plus structurée l’aide sociale qui est prodiguée par différents organismes communautaires sépharades à des familles de notre communauté dans le besoin. Durant ses cinq années de présidence de la CSUQ, il a réalisé des projets magnifiques, qui sont la résultante de son grand labeur. La Résidence Salomon pour les personnes âgées est le fruit de son travail. C’est l’une des grandes réalisations de la communauté sépharade institutionnelle de Montréal. Le legs communautaire le plus important de Marc Kakon : il nous a laissé une CSUQ dynamisée. Il a donné aux professionnels de la CSUQ de nouveaux mandats et les a motivés à suivre son rythme de travail effréné pour relever de grands défis. Le
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bilan communautaire de Marc Kakon est fort impressionnant. LVS : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la communauté sépharade du Québec ? S.A. : La communauté séphararade a beaucoup changé. 50 ans après son arrivée au Québec, la communauté sépharade est à une étape charnière, très importante, de son évolution. Les Sépharades se sont parfaitement bien intégrés dans les sociétés québécoise et canadienne. Beaucoup de jeunes Sépharades réussissent brillamment au niveau académique et dans le monde professionnel. Nous ne sommes plus une communauté d’immigrants. Les Sépharades doivent aussi faire leur part en contribuant à l’essor de la communauté juive de Montréal. Leur implication communautaire est fondamentale. LVS : Comment envisagez-vous l’avenir de la communauté juive de Montréal ? Le phénomène délétère de l’assimilation des jeunes Juifs vous préoccupe-t-il particulièrement ? S.A. : C’est une question fondamentale. Après avoir lu plusieurs livres sur l’histoire de l’immigration aux États-Unis et au Canada, j’ai réalisé qu’il y avait une constante socio-communautaire récurrente à l’oeuvre au fil des générations. La première génération d’immigrants établit ses pénates dans sa nouvelle terre d’accueil et est confrontée aux mêmes grands défis auxquels la vague d’immigration qui la précéda a dû aussi faire face : travailler très dur pour subvenir aux besoins matériels de la famille; les parents se démènent pour que leurs enfants reçoivent une éducation de qualité qui leur ouvrira la voie vers un avenir professionnel prometteur; les immigrants s’intègrent progressivement dans leur nouvelle société... La deuxième génération, elle, est en quête de ses racines. Elle a absolument besoin de retrouver ses repères identitaires. Des Juifs de la deuxième génération qui vivent éloignés de leur communauté ou ont tourné le dos à l’héritage spirituel et culturel que leurs parents leur ont légué renouent avec leurs racines identitaires. Je suis optimiste. Je suis convaincu que nos enfants et petits-enfants, qui seront indéniablement différents de leurs parents ou grand-parents, perpétueront les valeurs de base fondamentales qui ont toujours caractérisé un Juif. Peu importe qu’ils soient religieux ou non pratiquants, ces jeunes chériront et transmettront à leurs enfants ces valeurs cardinales, intégrées depuis plusieurs millénaires dans l’ADN des Juifs. L'éducation est l’une de ces valeurs fondamentales. Que l’on soit orthodoxe, réformiste, non observant, agnostique... L'éducation a toujours été une valeur très importante pour le peuple Juif. C’est l’unique capital que les Juifs ont pu emmener avec eux durant leurs 2 000 ans d’exil. L’éducation est la clé de la pérennité du peuple juif. C’est pourquoi on appelle les Juifs le peuple du Livre. Elias Levy
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LVS la voix sépharade
6 Relève Communautaire ■ Entrevue avec Sylvain Abitbol, nouveau président de la CSUQ 6
36 Judaïsme ■ Roch Hachana : D.ieu n'est pas que ta machine à sous ni que ton grand docteur 36 ■ Deux des trois femmes juives orthodoxes qui ont reçu leur diplôme, en juin 2013, de « guide en matière de loi juive, spiritualité et Torah » vivent à Montréal 38
40 Israël ■ François Bugingo aux commandes d’une nouvelle émission de télé sur Israël 40 ■ Les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient 41
42 N ouvelles
commmunautaires
■ L’école secondaire de St-Laurent aide à la réinsertion des jeunes et révèle des talents cachés 42 ■ Les orthodoxes et le département des services sociaux : être solidaires pour aider notre communauté 43 ■ Sefer Torah dédié à la mémoire de M. Hanania Derhy Z'L 44 ■ «Unzera Shtetl » : Les colons juifs des Laurentides 46
www.csuq.org 10 | magazine LVS | Septembre 2013
■ Le Centre Cummings 48
Septembre 2013
52 Services communautaires ■ Bénévolat autour de grandes causes 52 ■ Le Cercle 53 ■ BANAV et la Guerre des Clans : on pense déjà à la prochaine édition 54 ■ Club pour enfants de Petah Tikva, un succès grandissant 56 ■ Voyage d’échanges à Paris d'élèves du secondaire 3 de l’École Maïmonide 57 ■ Fun fun fun au Département jeunesse de l’été à l’automne 58 ■ Golf 2013, beau temps, mauvais temps ! 60 ■ Alexandre Abitan, le moment de la relève a débuté 63
66 Aleph 68 L e Bénévolat 78 Opinions sans Frontières 100 Culture ■ « Kanlica » un très beau roman de J. Erol Russo 100 ■ Raphaël Lévy nous présente son nouveau roman 101 ■ Hervé Teboul, concepteur d’un nouveau « Centre d’art et loisirs » pour la communauté 102 ■ De Marrakech à Montréal 103 ■ Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld, « qui se ressemble s’assemble » 105
106 Félicitations 111 Carnet
ÉDITORIAL
LES BÉNÉVOLES, PRÉCURSEURS ET BÂTISSEURS Joseph Amzallag
Avant de commencer cet éditorial, prélude au nouvel an 5774 et aux fêtes de Tishri, je me dois d’écrire quelques lignes pour évoquer un événement majeur qui restera dans les mémoires de ceux et celles qui y ont participé. Je veux parler ici de l’hommage exceptionnel qui a été rendu à notre président sortant M. Marc Kakon, lors de l’Assemblée générale de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec le 17 juin dernier. En effet après cinq années qui ont marqué un tournant décisif dans le style de gouvernance de notre institution, Marc a reçu un hommage chaleureux, spontané et surtout mérité qui venait droit du cœur. Tout d’abord de ceux et celles qui eurent le privilège de travailler avec lui dans les innombrables projets communautaires qu’il a su mettre en chantier et qu’il a mené à bon port et puis également de l’ensemble de la communauté sépharade si proche de ses préoccupations. Il a été en cela un leader bénévole hors pair qui a su tout au long de son mandat, s’investir pleinement afin de renforcer les bases de cette communauté sépharade qui depuis plus d’un demi siècle a imprimé sa marque dans la grande communauté juive de Montréal et dans le paysage montréalais, et également la projeter dans le 21ème siècle. Cette réflexion et le fait que notre magazine ait choisi de consacrer un dossier spécial au bénévolat, m’amènent à élaborer un peu plus sur le rôle déterminant qu’ont joué, depuis les premiers balbutiements de notre communauté organisée, des hommes et des femmes qui bien que fraîchement débarqués dans un nouveau pays et donc confrontés à de nombreux défis, n’ont pas hésité à s’investir corps et âme pour donner à cette jeune communauté naissante des structures solides et surtout durables et également de la doter d’institutions dispensant des services à la population. M. Salomon Benbaruk Z.l ne déclarait-il pas dans son livre « Trois quarts de siècle Pêle-Mêle : « Il ne faut surtout pas que tous ceux qui aujourd’hui jouissent des privilèges d’une communauté florissante pensent que cela s’est fait tout seul. Et il avait raison, car si cette communauté existe et continue de fleurir c’est toujours grâce aux centaines de bénévoles, les anciens bien sûr, ceux qui sont restés toujours fidèles au poste, mais également aux nouveaux venus, surtout nos jeunes adultes, cette nouvelle génération de professionnels nés au pays et hautement diplômés qui, en s’engageant dans nos divers comités, nous apportent leur dynamisme, leur savoir faire et surtout leur attachement indéfectible à nos traditions et à notre héritage et par-dessus tout une nouvelle vision. Lors de son discours d’investiture, notre nouveau président, M. Sylvain Abitbol déclarait sans ambages qu’il aurait préféré plutôt voir à sa place un jeune appartenant à cette nouvelle génération pour diriger les destinées de la CSUQ. Je suis, quant à moi, fermement convaincu que ce ne sera pas un vœu pieux et que, dans deux ans lors de la passation de pouvoirs, le président sortant pourra souhaiter la bienvenue à un de ces jeunes qui aura fait partie, pourquoi pas, de l’une de nos promotions de nos ambitieux programmes de leadership. Pour paraphraser le président des États-Unis avec son beau slogan « Yes we can », je pense que nous aussi nous avons le devoir de dire : Oui, nous le pouvons ! À vous et à nous de mener à bien notre projet. Je tiens, au nom de la directrice de la publication et de toute l’équipe de rédaction à vous souhaiter ainsi qu’à vos familles et à vos proches Shana Tova ou métouka dans le bonheur et la santé. Joseph Amzallag, Président de LVS
magazine LVS | septembre 2013 | 11
Consulat général d’Israël Le Consul Général Représentant permanent auprès de l’OACI
Consulate General of Israel The Consul General Permanent Representative to ICAO
הקונסוליה הכללית של ישראל הקונסול הכללי נציג קבוע של ישראל לארגון התעופה האזרחית הבינלאומי אלול תשע " ג Août 2013
Chers amis, Shalom, À la veille de la période la plus sacrée de notre calendrier, je suis heureux de pouvoir adresser mes voeux les plus sincères à chacun des membres des communautés juives de Montréal, de Québec et d'ailleurs pour l'année 5774. En ma qualité de consul général, je travaille sans relâche pour que les Québécois de tous horizons aient une meilleure compréhension de ce qu'est l'État d'Israël et son peuple. Depuis la dernière fête de Rosh Hashana, je me suis engagé avec les dirigeants de toutes les couches de la société civile à travailler main dans la main avec les organisations juives afin d'ouvrir de nouvelles percées pour Israël à l'échelle de toute la province. Au cours de l'année passée, Israël, notre État bien-aimé, a gagné du terrain dans le domaine public particulièrement en ce qui concerne la culture où Israël continue de briller en bénéficiant d'une importante couverture médiatique pendant de grands festivals et à la télévision à des heures de grande écoute. En effet, les meilleures personnalités de la culture pop québécoise ont consacré de nombreuses émissions au dynamisme de la vie israélienne. En restant fidèle au mandat de notre mission d'élargir la portée de nos activités de sensibilisation à l'extérieur de Montréal, Israël et le peuple juif ont eu la chance de se faire de nouveaux amis dans les endroits que j'ai visités tout au long de l'année, comme les villes de Québec, Rouyn-Noranda, Chicoutimi et Alma. Cet engagement que j'ai avec les Québécois de toutes les régions de la province continuera à se renforcer. Au fur et à mesure que je continuerais à visiter de nouvelles régions du Québec, je tisserais des liens plus profonds au niveau local. Je suis convaincu que ces missions en région permettront de renforcer les relations déjà solides entre Israël et le Québec pour le bien mutuel de nos deux peuples. Pour ce qui est d'Israël, notre population sur place, quant à elle, continue de suivre les événements qui se déroulent en Égypte, en Syrie et à travers toute la région dans l'espoir que de nouveaux changements positifs sur le terrain paveront le chemin de la paix dans un proche avenir. Nous souhaitons également que la nouvelle ronde de négociations avec nos voisins palestiniens aboutisse à une solution à notre conflit de longue date fondée sur le principe de deux États pour deux peuples avec la reconnaissance d'Israël comme État du peuple juif.
Comme vous savez, les Israéliens ont l'esprit toujours aussi créatif et innovateur voulant faire de leur État une nation des plus modernes et des plus prospères qui soit. C'est pourquoi votre appui et celui de votre communauté est plus important que jamais pour y parvenir. En tant que juifs, nous sommes à jamais liés les uns aux autres par notre histoire commune et le lien spirituel de cette terre où nos ancêtres et nos prophètes y ont vu le jour. Ce lien sacré qui nous a soutenu en exil pendant des millénaires est à l'origine de la force et du dynamisme de notre peuple. Que la solennité de cette période nous fasse faire une introspection sérieuse. Que nos voeux les plus chers soient exaucés et que nous restions à jamais fidèles à notre Terre sainte. Puissions-nous également abreuver nos âmes pour nous donner la force d'aller toujours de l'avant à l'aube de cette nouvelle année. Au nom de l'État d'Israël, je souhaite force et prospérité continuelles à votre communauté, ainsi que paix, santé et bonheur à chacun d'entre vous en 5774. Je vous réitère toute ma gratitude pour votre amour et votre soutien inconditionnels. Que vous soyez inscrits dans le Livre de la Vie. Amen! Shana Tova!
Joël Lion
1, Westmount Square #650, Westmount, H3Z 2P9, QC, Canada Tel: (514) 940-8500
C’est avec plaisir que je salue chaleureusement tous les lecteurs de La Voix Sépharade à l’occasion de Roch Hachana. Le Nouvel An juif constitue un moment privilégié, propice aux réjouissances. C'est également une période qui invite à l'introspection et à la réflexion sur les réalisations de l'année écoulée. Portées par un sentiment d'espoir et de renouveau spirituel, les communautés juives célèbrent avec joie cette tradition millénaire partout au pays. Par ailleurs, cette fête solennelle représente une merveilleuse occasion de se retrouver entre parents et amis afin d'échanger des souhaits chaleureux et des vœux de prospérité. Votre détermination à préserver votre riche patrimoine est admirable et contribue, sans aucun doute, à la vigueur et à l'essor du Canada. Au nom du gouvernement du Canada, je vous offre mes meilleurs vœux de santé, de paix et de prospérité pour cette nouvelle année.
Ottawa 2013
Stephen Harper, Premier ministre du Canada
À l'occasion du Roch Hachana de l’an 5774 du calendrier hébraïque, j'offre mes meilleurs vœux à l'ensemble des lecteurs et à l’équipe de La Voix Sépharade. Je souhaite que, pour vous, cette nouvelle année soit une promesse de joie à partager avec vos proches. Cette célébration nous offre l’opportunité de souhaiter à tous et toutes, le meilleur dans un monde en paix, toujours plus solidaire et accueillant.
Que ce Nouvel An vous apporte santé, bonheur et prospérité !
Lawrence S. Bergman
Bonne année!
Député de / M.N.A. for D’Arcy McGee Président de la Commission de la santé et des services sociaux Chair of the Committee on Health and Social Services
Laurent Blanchard Maire de Montréal
5800 Cavendish, #403, Cote St.Luc, QC H4W 2T5 Tel: (418) 528-1960, (514) 488-7028
הפדרציה הספרדית בקנדה
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FEDERATION SÉPHARDE DU CANADA CANADIAN SEPHARDI FEDERATION
Monsieur Moïse Amselem et son Conseil d’administration sont heureux de présenter leurs meilleurs vœux de santé, bonheur et prospérité à l’ensemble de la communauté juive du Canada à l’occasion de Roch Hashana. Que l’année 5774 apporte une paix juste et durable au peuple juif et à l’État d’Israël.
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PSB Boisjoli souhaite Bonne et Heureuse Année à la Communauté Sépharade Unifiée du Québec ! Nous profitons de cette occasion pour féliciter Ariel Sabbah qui a remporté le Prix du Leadership en reconnaissance pour son soutien à la Communauté.
Ariel Sabbah, CPA, CA
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« Ce qu’on ne peut réaliser en une vie se produit lorsqu’une génération rejoint l’autre. » H. Kushner
Que ferez-vous vous cette année pour léguer un
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Que transmettrez-vous aux générations futures? Que construirez-vous, qui éduquerezvous, où planterez-vous des semences? Roch Hachanah et Yom Kippour nous rappellent que seul l’instant présent nous appartient. Profitez de cet instant pour poser un geste bienveillant, partager vos valeurs profondes avec votre famille et construire quelque chose de durable. Nous pouvons vous aider à créer un héritage pour des générations à venir.
Vos rêves. Votre vision. Votre héritage. Hag Sameah! Le comité directeur et l’équipe de LA FONDATION COMMUNAUTAIRE JUIVE DE
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Judaïsme Roch Hachana Dieu n'est pas que ta machine à sous ni que ton grand docteur Il est curieux de relever qu’aucun des textes de liturgie de Roch Hachana, ni de toutes les prières que nous récitons dans cette journée solennelle du jour de l’an, il n’est fait mention de parnassa, subsistance ou de réfoua, guérison. Pour connaître l’objectif ou l’intention recherchée par nos maîtres dans la rédaction des prières, il faut se limiter au texte de la 'amida : la prière dite à voix basse. D’ailleurs seul le texte de la 'amida change dépendamment des jours de fête. Pareil, pour ce qui est des souhaits que nous formulons lors de la consommation des divers aliments de Roch Hachana, il n’est pas fait mention de souhait de parnassa ou de réfoua, subsistance ou guérison. Le Psaume 24 dit de la parnassa, lu en fin d’office, est un rajout rabbinique, fonds pour nos synagogues obligent. Faites un sondage auprès des fidèles : « Quels sont tes souhaits pour la nouvelle année ? » La plupart vous répondront : « Parnassa, parnassa, parnassa, réfoua, réfoua, réfoua ! » Jusqu’à quarante ans ils répondront dans cet ordre, au delà de quarante ans ils répondront dans l’ordre inverse. Nos rabbins qui ont compilé les prières, voient-ils les choses à l’envers ? Pourquoi n’ont-ils pas fait mention des souhaits les plus élémentaires de la communauté, parnassa et réfoua ?
Rabbin Yaacov Levy
Intentionnellement, en tête de l’année, nos rabbins remettent les pendules à l’heure. Par les prières de Roch Hachana, nos rabbins te rappellent la juste perspective du sens de la vie, et te dévoilent les véritables clefs du bonheur. Tout le long des prières de Roch Hachana, tu affirmes et réaffirmes la royauté de D.ieu sur terre. Toute la création, toutes les créatures chantent la royauté de D.ieu. Bon gré, malgré elles, au besoin D.ieu rectifie le tir ou recycle. Un vrai concert de toutes les créatures, chacune avec sa mélodie qui lui est propre. Le chef d’orchestre donne la mesure. Dans la création du monde, le chef d’orchestre c’est l’être humain. Tous les hommes, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique, sont concernés et impliqués dans ce noble projet d’installer la royauté de D.ieu sur terre. Peu importe qui tu es, où tu es et quelle est ta profession, intelligent peu ou beaucoup peu importe, tout ce que tu entreprends doit s’inscrire dans le projet divin : celui de faire de ce monde une demeure pour D.ieu. « Une demeure pour D.ieu », n’est pas un slogan spirituel ou théologique, une sorte de profession de foi.
36 | magazine LVS | septembre 2013
Judaïsme
« Une demeure pour D.ieu » ! Un bien grand mot. Je vais énumérer des évidences, au risque d’étonner mon lecteur. (Ce sont les évidences les plus évidentes que nous oublions le plus). « Une demeure pour D.ieu », c’est commercer honnêtement, avoir des projets, aller au bout de tes projets, matérialiser tes pensées les meilleures, respecter ta parole donnée, avoir une relation d’amour et surtout de respect avec ton conjoint, te soucier et surtout être prêt à des sacrifices pour assurer l’avenir et l’épanouissement de tes enfants tant sur le plan spirituel que matériel. Conseille, console, apaise, sécurise, aide, prête, partage, la liste est loin d’être exhaustive.
ver tous les obstacles qui empêcheraient notre épanouissement et nos réalisations. La deuxième constatation est que nous matérialisons nos pieuses pensées, en les formulant, en les entendant et même en les « mangeant » ! Une histoire de fou ! Nous sommes tous animés de bonnes et pieuses pensées, mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. « Je pense donc je suis », avec tout le respect pour Descartes, nous juifs pourrions continuer ce dicton : « donc je suis…idiot ». « Je pense donc je suis » ça ne veut rien dire comme se plaisait à dire Herbert Pagani z'l, voila deux mille ans qu’on pense et on n’existe toujours pas ! « Je deviens donc je suis » !
Les hommes acceptent de vivre toutes ces valeurs épanouissantes, valorisantes, vivifiantes, oui, mais sans D.ieu. La plupart ne connaissent D.ieu que dans la difficulté et dans la détresse. Ils ne retrouvent le chemin de la synagogue qu’en période de deuil, Kadish oblige. Ils ne prient qu’au gré de leurs besoins. D.ieu a créé l’homme à son image, l’homme le lui a bien rendu. Il s’est créé un D.ieu à son image, à la juste mesure de ses besoins, une sorte de veau d’or. Te viendrait-il à l’esprit de rendre visite à ton père ou à ta mère seulement dans la détresse et la difficulté? N’ont-ils pas le droit de partager aussi tes joies et ton bonheur ou tout simplement ton quotidien ? Ne méritent-ils pas d’avoir l’honneur de te guider et de te conseiller dans le quotidien de la vie ? Ne sont-ils que tes géniteurs ? Dans cette génération Kleenex, seule la facilité nous guide. On veut jouir vite et profiter sans efforts. En un mot, « une demeure pour D.ieu », c’est ressentir et comprendre (cœur et raison), que le plus grand et le plus noble de tous les bonheurs c’est le bonheur du devoir accompli.
C’est cela mon mot d’ordre cette année, pour ce Roch Hachana 5774 : Tu désires la parnassa, réfoua etc, les clefs sont dans tes mains. Les pèlerinages, les bénédictions des maîtres, pourquoi pas, mais n’oublie pas l’essentiel, « les cent ciels » c’est ton engagement et surtout ton engagement.
Cela est le 1er message de Roch Hachana 5774.
Shana Tova !
Le 2
ème
message :
Tu as des projets, et tu dois avoir des projets, ne les laisse pas en l’état, concrétise-les, réalise tes pieuses pensées. Il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas terminer ce qui est commencé. Désigner D.ieu roi de l’univers c’est se rappeler qu’un vrai roi exécute ce qu’il dit et promet. Nous aussi, à Son image, devons avoir ce mot d’ordre. « Barouh omer vehossé », « bénit soit celui qui dit et réalise » !
Rabbin Yaacov Lévy
À Roch Hachana, nous mangeons toutes sortes d’aliments et nous accompagnons cette nourriture de souhaits. Or le nom des aliments renvoie phonétiquement à l’objet de nos souhaits. J’en donne deux exemples : 1. Les blettes se disent sélek, ce mot sélek signifie aussi s’en aller. Le souhait : D.ieu ! Fais que nos ennemis s’en aillent. 2. La courge se dit krah, ce mot signifie aussi déchirer. Le souhait : D.ieu ! Fais que nos décrets soient déchirés. Comme nous l’avons signalé en tête de cette réflexion, aucune mention de parnassa ou de réfoua ne figure dans nos souhaits. Le résumé de ces souhaits consiste à demander à D.ieu d’enlemagazine LVS | septembre 2013 | 37
Judaïsme et questions de société
Deux des trois femmes juives orthodoxes qui ont reçu leur diplôme, en juin 2013, de « guide en matière de loi juive, spiritualité et Torah » vivent à Montréal
Scheir lors de l’annonce de l’embauche de la MaHaRaT Rachel Finegold, elle-même femme de rabbin et mère de trois enfants.
La MaHaRaT Ruth Balinsky Friedman étudiant dans la bibliothèque de Drisha. Photo Batya Ungar-Sargon.Tablet Magazine. Trois femmes suivant le cursus pour être MaHaRaT, acronyme de Manhiga Hilkhatit Rouh’anit Toranit, littéralement « Guide en loi, spiritualité et Torah », ont reçu leur diplôme en juin dernier, à New York. Elles ont été ordonnées MaHaRaT, notamment par le rabbin Daniel Sperber, au sein de la Yeshivat moderne orthodoxe MaHaRaT1 fondée par le rabbin Avi Weiss, à la tête, jusqu’à il y a peu, des Institutions Chovevei Torah. L’entrée en fonction officielle de femmes au sein du leadership religieux est l’une des évolutions importantes de l’orthodoxie moderne. Une MaHaRat ne diffère en rien, dans sa formation talmudique ou en loi juive de celle d’un rabbin, si ce n’est qu’elle ne peut, dans le courant orthodoxe, faire partie d’un « mynian » (quorum de dix hommes), diriger entièrement un office ou être membre d’un tribunal rabbinique. Cependant elle répond à toutes les questions portant sur la loi juive, fait des sermons ou des drashot, interprétations de la loi juive, en public, accompagne les familles au cours des divers événements de la vie juive (de la naissance aux funérailles). La première diplômée MaHaRaT de cette session, Rachel Kohl Finegold, 32 ans, a déjà été engagée comme « directrice de l’éducation et de l’enrichissement spirituel » à Montréal au sein de la congrégation orthodoxe « Shaar Shamayim », la plus importante de la ville puisqu’elle regroupe 1400 familles. « Si vous regardez bien, les femmes ont toujours été là. C’est juste maintenant que nous reconnaissons leur présence. N’est-il pas temps de créer un lieu afin que leurs voix se fassent entendre dans notre Beit Midrach (lieu d’études), de notre chaire (à la synagogue) et dans d’autres domaines de la vie traditionnellement perçus comme l’apanage des hommes ? »2 interrogeait le rabbin Adam 38 | magazine LVS | septembre 2013
Mme Finegold prendra régulièrement la parole en public dans la synagogue, s’occupera des classes d’études de la Torah, et de l'élaboration de programmes pour les jeunes et les jeunes familles. « Sa nomination est conforme à l’évolution de l’orthodoxie moderne » ont affirmé le rabbin Adam Scheier et le président Joseph Paperman de la congrégation Shaar Shamayim. La deuxième MaHaRaT nouvellement diplômée, Brown Scheir ne cherche pas d’emploi pour l’instant et poursuit son enseignement à Montréal au sein également de « Shaar Shamayim ». La troisième femme MaHaRat, Ruth Balinsky Friedman assumera le rôle d’assistante rabbin au sein de la communauté moderne orthodoxe « The National Synagogue ou Ohev Sholom Talmud Torah », la plus ancienne synagogue de Washington. Le rabbin de cette institution Shmuel Herzfeld précise : « elle enseignera la Torah, travaillera avec les gens, et tranchera des questions de droit juif. Elle a reçu une formation pour répondre aux questions de la loi juive (« halakha ») et a déjà commencé à répondre dans ce sens aux membres de notre communauté ». Rori Picker Neiss, encore en troisième année de son cursus de MaHaRaT, a déjà été engagée par la congrégation moderne orthodoxe « Beis Abraham » à Saint Louis (USA). Là aussi, elle assumera les fonctions de rabbin assistant. « La moitié de ma congrégation sont des femmes. Si nous avions embauché encore un homme rabbin, nous aurions senti qu’il manquait quelque chose » a déclaré le rabbin de cette congrégation Haim Schafner. « L’obtention du diplôme de MaHaRaT représente l’intégration de cette fonction au sein de l’orthodoxie » Dr Elana Maryles Sztokman, directrice exécutive de JOFA (forum orthodoxe et féministe très actif depuis 16 ans)3. Elle poursuit, « Il est important de voir des femmes aux postes de direction (…) Il y a une poignée de femmes qui ont assumé jusqu’à présent des rôles quasi rabbiniques. La différence c’est le caractère public (…) et la légitimité de ce mouvement (MaHaRaT) ». Sztokman fait sans doute référence à des femmes déjà à la tête de congrégations orthodoxes comme Lyne Kaye, adjointe au rabbin de la synagogue Sheratih Israël et Dina Najman-Licht à la tête de Orach Eliezer à New York mais elle a raison de souligner
Judaïsme et questions de société
Les trois femmes MaHaRaT avec Sarah Hurwitz lors de la remise des diplômes. Photo du site Forward.com que la « graduation » de ces trois femmes, après celle en 2009 de Sarah Hurwitz doyenne de MaHaRaT, et le fait qu’elles aient trouvé sans difficultés du travail, marquant un tournant dans l’accès des femmes au leadership religieux ainsi que comme guides de communautés. La cérémonie d’octroi du diplôme de MaHaRaT s’est déroulée en juin dernier à New York devant plus de 500 invités. L’une des diplômées a remercié les femmes qui leur avaient ouvert la voie notamment celles qui ont commencé à étudier et enseigner le Talmud dans des institutions orthodoxes comme Drisha à New York ou Matan à Jérusalem. Cette maîtrise des textes talmudiques par les femmes encouragées, il y a presque déjà cinquante ans par le rabbin Joseph Baer Soloveitchik (1903-1993) constitue, en effet, la genèse de cette évolution qui permet aux femmes d’être présentes au sein du leadership religieux. « L'enthousiasme dans la salle était visible (…). Le rabbin Jeffrey S. Fox, « Rosh yeshiva » (directeur de cet institut talmudique) a comparé les réactions actuelles parfois hostiles au sein de la communauté orthodoxe « at large » au tollé, suite au concert d'ouverture du « Sacre du Printemps », à Paris en 1913. « Des bagarres avaient éclaté et les gens ont été escortés hors du théâtre. Mais avec le recul, l'innovation d'Igor Stravinsky est maintenant appréciée et admirée de tous. Ainsi, en sera-t-il au sujet des femmes orthodoxes accédant à des postes au sein du rabbinat ».4 En effet, si les compétences et fonctions des MaHaRaT sont acceptées progressivement au sein du monde moderne orthodoxe, elles rencontrent encore quelques difficultés dans l’orthodoxie. La nomination de la première femme MaHaRaT, Sara Hurwitz, au
titre de Rabba par le rabbin Avi Weiss avait suscité une tempête en 2010.5 C’est pourquoi elle est jusqu’à présent la seule femme MaHaRaT à porter ce titre. Le rabbin Avi Weiss à l’issue de la cérémonie, appelant le public à se joindre à la bénédiction des diplômées, a déclaré : « C'est un moment de kiddusha, un moment de véritable sainteté »6. Nous sommes donc contemporains, qui plus est à Montréal, de l’accès des femmes à des postes de leadership religieux. Sonia Sarah Lipsyc La première version de cet article est paru sur le site « Judaismes et Questions de société » le 17.06.2013 (http://judaismes.canalblog.com/archives/2013/06/17/27451631.html)
1. http://yeshivatmaharat.org/ 2. L’ensemble des citations sont tirées de Batya Ungar Sargon, « Orthodox Yeshiva Set To Ordain Three Women. Just Don’t Call Them Rabbi » Tablet Magazine, 10.06.2013 et de Janice Arnold, « Montréal Orthodox shul hires first female clergy », CJN, 12.04.2013. 3. http://www.jofa.org/ 4. Anne Cohen « As First Maharats Graduate, Roles for Orthodox Women Take Leap Forward », Forward, 16.06.2013. 5. Batya Ungar Sargon, op cité 6. Anne Cohen, op cité
magazine LVS | septembre 2013 | 39
Israël François Bugingo aux commandes d’une nouvelle émission de télé sur Israël
Cela s’appelera « Mon Israël ». 13 épisodes de 1h, sur des thèmes variés, mettant en scène toute l’humanité que l’on retrouve en Terre Promise. En dehors des sentiers battus et des clichés, s’éloignant de la controverse et de la guerre, Israël, pays avec lequel le journaliste François Bugingo vit une longue histoire d’amour, sera dévoilé.
présenterons aussi un épisode où l’on découvre Jérusalem comme jardin d’épices et non comme ville de guerre. Et ceci ne sont que quelques uns des 80 sujets que nous présenterons au grand public!
LVS : Nous avons appris, grâce à votre attachée de presse, que vous avez tourné pendant plusieurs mois une série télé sur Israël pour Évasion. Pouvez-vous nous en dire plus ?
F.B. : Non, plutôt, un Israël très humain car c’est un pays aux histoires fascinantes et à l’humanité débordante.
F.B. : Pour avoir été des vingtaines de fois en Israël, je voulais montrer aux téléspectateurs tous les aspects positifs de ce pays, autres que la guerre. «L’autre Israël», celui des restos, du nightlife, des émotions, de l’audace, de la techWnologie et des histoires humaines fascinantes. Malheureusement, la plupart des gens ne connaissent que l’image caricaturale de ce pays… LVS : Quand sera diffusée cette série et à quoi doiton s’attendre ? F.B. : Dès le mois de janvier 2014, un épisode sera diffusé par semaine. Chaque émission durera une heure et nous aborderons 5 à 6 sujets par épisode. Des sujets des plus variés seront traités: des innovations technologiques, l’élection de Miss Shoah (car Hitler n’a pas tué la beauté du peuple juif), la vie culturelle et «underground». Nous raconterons comment Tel Aviv est une des villes les plus gay-friendly au monde. Au cours de nos périples, nous avons rencontré des femmes exnazies converties au judaïsme; nous avons assisté à un shabbat éthiopien; nous sommes allés à la rencontre de gens qui fabriquent du vin dans le désert où fleurit un superbe verger; nous avons mangé au fameux restaurant Taizu à Tel Aviv où l’on sert seulement les convives quand ils ont réussi une épreuve de jeu; nous avons visité un abri de guerre pour chiens, nous avons rencontré des taggeurs et des artistes locaux… Nous 40 | magazine LVS | septembre 2013
LVS : Une sorte « d’Israël insolite » ?
LVS : Que faisaient sur place, lors de l’un de vos voyages de tournage en juin dernier, des animateurs aussi connus que Herby Moreau et Isabelle Racicot ? F.B. : Nous avons invité Isabelle Racicot, Herby Moreau et Eric Salvail à se joindre à notre équipe de tournage en juin pour qu’ils découvrent cet autre Israël et qu’ils partagent cette découverte avec leur entourage. Ces animateurs « mainstream » ont le pouvoir d’approcher des gens qui ne connaissent pas nécessairement Israël et le peuple juif. Nous les avons donc invités à suivre mes pas et à partager mes trouvailles et coups de cœurs. Sur place, ils ont vu comment on vit bien en Israël, comment on s’y amuse et tout ce que l’on peut apprendre d’intéressant sur ce pays. De plus, ces animateurs célèbres au Québec, sont très actifs sur les réseaux sociaux, ils peuvent rallier le grand public et leur raconter comment est l’autre Israël. LVS : Quelle a été la réaction de vos animateurs-starsinvités après leur voyage ? F.B. : En une semaine, ils sont tous tombés amoureux du pays. Ma co-productrice Martine St-Victor a bien résumé le tout en disant : « Israel is where the world comes together, not where it falls apart ». Mon Israël, dès janvier 2014, sur Évasion : https://evasion.tv/ Emmanuelle Assor
Israël
Les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient Le printemps arabe a changé plusieurs donnes géopolitiques. Quels en sont les principaux enjeux en ce printemps 2013 ? Deux tendances majeures de l’islam s’affrontent depuis des siècles : celle des Sunnites et celle des Chiites. Les premiers sont majoritaires et bénéficient du prestige et du support de l’Arabie saoudite berceau de l’islam. Les seconds ne sont majoritaires qu’en Iran, pays qui tente Dr David Bensoussan d’effacer sa particularité chiite derrière l’appellation de République islamique afin de mieux asseoir son hégémonie dans la région. L’Irak est un pays dans lequel les composantes kurde, sunnite et chiite rivalisent, les Chiites subissant une influence non négligeable de la part de l’Iran. Dans la Syrie s’affrontent d’une part les Alaouites qui constituent une minorité religieuse syncrétique — considérée comme hérétique par les Sunnites et les Chiites — soutenus par les chrétiens et les Druzes, et de l’autre par la majorité sunnite. La guerre civile contre le pouvoir alaouite oppose également plusieurs tendances sunnites regroupées au sein du Conseil national syrien : celle des Sunnites qui sont las de la dictature alaouite dont la mouvance importante des Frères musulmans de même que des groupements de minoritaires. À ces derniers se greffent des radicaux anti-Chiites d’Al-Qaeda. Le Liban est un pays fictif dans lequel le mouvement chiite du Hezbollah soutenu et financé par l’Iran fait la loi avec sa propre armée et son propre agenda. La minorité chrétienne y dispose d’une marge de manœuvre limitée. L’Iran supporte les Alaouites de Syrie, le Hezbollah du Liban et le Hamas à Gaza. L’Iran entretient la tension avec Israël pour mieux s’implanter dans la région, quitte à affaiblir l’autorité palestinienne et repousser l’échéance des compromis réciproques nécessaires pour établir la paix. L’Égypte a connu un soulèvement pro démocratie, mais les Frères musulmans - qui ont abandonné la lutte armée pour atteindre leurs objectifs vers la fin des années 60 - y ont remporté les élections. Or, les ambitions dictatoriales du président Morsi ont découragé les libéraux égyptiens et l’Égypte devient de plus en plus ingouvernable. Bien que la sympathie naturelle du gouvernement égyptien aille vers les Frères musulmans de Gaza et de Syrie, la dépendance de l’aide des États-Unis et de l’Arabie saoudite l’amène à leur minimiser son appui et à maintenir la paix avec Israël. L’islam wahhabite prédomine en Arabie saoudite qui soutient les Sunnites syriens, mais sans avoir de sympathie particulière pour les frères musulmans et encore moins pour Al-Qaeda. Historiquement, la puissance financière de l’Arabie
Saoudite lui a permis d’acheter de l’influence sur les pays amis ou ennemis et l’Arabie saoudite se considère comme le porte-parole de l’islam sunnite. De façon générale, les Chiites sont écartés du pouvoir dans les émirats arabes. Le Qatar, pays de 1,8 million d’âmes — dont seulement 200 000 ressortissants sont des nationaux — devient très agressif sur la scène internationale, compte tenu de la puissance médiatique de la chaîne d’Al-Jazeera. L’Arabie Saoudite reproche au Qatar de soutenir aveuglément les mouvements des Frères musulmans et d’Al Qaeda en Syrie et soutient militairement les Sunnites qui se démarquent de ces deux mouvements. Tout comme l’Iran, la Turquie a joué la carte anti-israélienne, mais sans succès. Elle a misé sur la chute rapide du président Assad de Syrie lequel s’est montré être plus coriace que prévu. L’Iran a déclaré que l’installation par l’OTAN d’armement antimissile défensif en Turquie constituait une déclaration de guerre, car ces missiles pourraient protéger la Turquie des missiles syriens en cas de conflit déclaré. Cela vient mettre à vif la rivalité séculaire qui a prévalu entre l’Iran et la Turquie héritière de l’Empire ottoman. Par ailleurs, la Turquie souffre d’une guerre civile avec sa minorité kurde et ne veut rien savoir d’une affirmation nationale kurde dans la région. La ligue arabe regroupe un grand nombre de pays qui partagent un passé commun, mais qui ont de la difficulté à articuler une politique unificatrice et constructive. Par ailleurs, ses objectifs tiennent rarement compte des minorités non arabes tout comme les Berbères, les Coptes, les Kurdes ou les Juifs. Par le passé, l’Union soviétique a armé massivement l’Égypte, la Syrie et l’Irak, mais sans pouvoir défaire l’emprise américaine sur les pays producteurs de pétrole. Aujourd’hui, la Russie tient à conserver la base navale que la Syrie lui a cédée et soutient inconditionnellement le régime syrien d’Assad. La découverte de gisements gaziers importants en Méditerranée orientale augmente considérablement l’importance stratégique de cette base navale. De façon générale, les États-Unis soutiennent l’évolution démocratique des pays du Moyen-Orient, mais ferment les yeux sur les abus qui se tiennent en Arabie saoudite, pays qu’ils ne veulent guère aliéner afin d’assurer un approvisionnement vital du pétrole en Occident. Le dilemme auquel se confrontent les puissances qui veulent mettre fin à la guerre civile syrienne doit tenir compte des besoins humanitaires tout en ayant à l’esprit les efforts de déstabilisation émanant de l’Iran ou de la montée au pouvoir de mouvances radicales se réclamant de l’islam. Dr David Bensoussan L’auteur est professeur de sciences à l’Université du Québec
magazine LVS | septembre 2013 | 41
Nouvelles Communautaires
L’école secondaire de Saint-Laurent aide à la réinsertion des jeunes et révèle des talents cachés Les Affaires sociales de la CSUQ et Monsieur Lesly Phanor, instituteur à l’école secondaire de Saint-Laurent, ont relevé un défi ensemble. Ils ont aidé Kelly Obadia à retrouver confiance en elle et à suivre un enseignement combinant études et stage pratique pour éviter un décrochage scolaire, tout en révélant ses talents cachés. Monsieur Phanor témoigne pour exprimer sa fierté d’avoir permis à Kelly de se réinsérer dans la vie active et construire son avenir professionnel. Kelly Obadia est une jeune fille courageuse et volontaire qui a été soutenue par la CSUQ pour trouver une solution à son décrochage scolaire. Ses parents sont venus voir le département des Affaires sociales pour les aider à relever ce défi car ils savaient que le souci était la méthode principalement d’apprentissage. Grâce au soutien de Monsieur Lesly Phanor, qui a cru en ce projet sans précédent, et après une évaluation formelle du niveau de connaissances de Kelly, il lui a permis de suivre des études de secrétariat en parallèle d’un stage pratique dans une entreprise. Cette combinaison a eu l’effet escompté, puisqu’aujourd’hui, Kelly a retrouvé l’estime d’elle-même et a pu travailler en tant que réceptionniste à la CSUQ pour valider, avec fierté, l’obtention de son diplôme à l’École secondaire Saint-Laurent. Interview téléphonique de Monsieur Lesly Phanor, enseignant et responsable du stage de Kelly à l’École secondaire Saint-Laurent : LVS : Pourquoi avoir accepté de participer à ce défi ? Lesly Phanor : Ce fut une bonne expérience qui a bénéficié d’un encadrement hors pair de la part de Madame Sylvia Serruya qui s’est obstinée à encourager et accompagner Kelly pour qu’elle atteigne son objectif. Aujourd’hui, Kelly a validé son stage et obtenu son diplôme et, surtout, a retrouvé sa confiance en elle et en sa capacité à travailler dans un milieu de travail adapté à ses compétences mentales inférieures à la moyenne de la population active. Elle avait une peur profonde de communiquer au téléphone ou en public. Finalement, accompagnée de la patience et la motivation de Sylvia ainsi que de mon suivi hebdomadaire, elle a surpassé ses doutes et réussi à effectuer des tâches administratives, comme rentrer des données statistiques sur ordinateur et faire certains appels téléphoniques. 42 | magazine LVS | septembre 2013
De gauche à droite : Sylvia Serruya, Kelly Obadia, Lesly Phanor
LVS : Quelles sont les conclusions à tirer de cette expérience ? LP : Le souci du travail bien fait a permis à Kelly de réussir et le fait de croire en elle a fait toute la différence. Il faut aider la relève avec ses forces et ses faiblesses. L’essentiel est de trouver un milieu de stage approprié à la capacité professionnelle du jeune concerné. Notre encadrement permet de ne pas perdre l’enfant ou adolescent. Cette expérience me donne espoir de continuer à aider les jeunes à dévoiler leur potentiel quel qu’il soit.
Laëtitia Sellam
Pour tout renseignement supplémentaire sur les activités du département des Affaires sociales pour faire un don et/ou apporter un soutien bénévole, contactez Sylvia Serruya au 514-733-4998 poste 3150.
Nouvelles Communautaires
Depuis 2012, le département des Services sociaux a une obsession saine et persistante : celle d’aider les plus défavorisés de notre communauté. Or, certains cas ne sont pas décelés car une gêne ou une honte s’est installée progressivement et empêche des personnes à demander de l’aide. Celles-ci sont souvent connues de la communauté orthodoxe et des rabbins de chaque ville ou chabbad à Montréal. Cette année, une ouverture sans précédent s’est opérée pour trouver une voie et entamer un dialogue constructif et respectueux avec la CUSQ et OMETZ afin de multiplier les solutions. Une découverte mutuelle a révélé un champ d’actions potentiel incroyable qui était à l’étude depuis cinq ans. Certains jeunes issus du monde orthodoxe ont tendance à s’éloigner de la religion ou tradition juive et les rabbins qui les connaissent ont besoin de trouver un moyen d’éviter un rejet éventuel en considérant d’autres perspectives. Trois réunions se sont déroulées pour rassembler autour d’une table toutes les personnes* susceptibles d’avoir touché, de près ou de loin, cette population dans le besoin afin de mieux comprendre toutes les facettes de la situation, avec transparence et une ouverture d’esprit commune. Les interventions des professionnels, regroupés autour de la table de concertation, révèlent les forces, les compétences et les intérêts de la communauté et non les différences de chaque groupuscule. Il est notamment ressorti que « La reconnaissance de la diversité religieuse dans la communauté sépharade peut éliminer les phénomènes de repli communautaire et d’isolement social au profit d’une mise à disposition de toutes les ressources disponibles au mieux-être des membres de la communauté ». Un dialogue a commencé à se nourrir de l’expérience de chacun et a abouti à la découverte de services qui soulageraient les Rabbins pour conseiller au mieux les personnes dans le besoin qui ne s’adressent qu’à eux. Il s’est révélé qu’une étroite collaboration permettrait d’alléger certaines décisions et de construire un plan d’avenir plus solide dans certains cas grâce à l’utilisation de services comme l’atelier JEM, les services de l’agence Ometz, entre autres. De plus, ces organismes offrent leurs prestations en français, ce qui facilite également la compréhension et l’approche de certaines personnes d’origine sépharade. Le 13 juin dernier, la réunion s’est déroulée à « L’Atelier JEM Inc. » qui a été une découverte pour une partie de l’assistance. Cet atelier emploie un groupe choisi d’individus handicapés qui
Réunion du 25 avril 2013 avec les Rabbins des congrégations sépharades, tous les superviseurs et employés des différents départements des services sociaux de l'agence Ometz fournissent des services d’emballage de grande qualité à des prix concurrentiels dans différents domaines d’activités. Cette association permet de rendre ces personnes productives et plus heureuses dans un univers professionnel car elle se sentent considérées et utiles à la société suivant leur rythme et compétences. L’agence OMETZ regroupe une multitude de services pour aider les familles dans leur démarche sociale, familiale, administrative et professionnelle. Cet esprit d’accompagnement est en appui au département des Services sociaux de la CSUQ et serait également un soutien pour la communauté orthodoxe dont les demandes sont différentes suivant les situations spécifiques de chaque famille. Le dialogue, le respect et l’entraide sont les piliers de ce rapprochement incontournable aujourd’hui. Ce vaste projet est devenu un défi commun pour les institutions concernées afin de progresser dans une même voie et créer une communauté unifiée solide, intégrée et fière de la richesse de ses diverses origines.
*Les représentants du monde orthodoxe sont nombreux pour soutenir cette initiative : Rabbin Haim Nataf, Rabbin Yehuda Benoliel, Rabbin Abraham Abitbol,Rabbin Avraham Marouani, Rabbin Samuel Mellul, Rabbin Meyer Cremizi, Rabbin Yehiel Yeshouron et Rabbin Shmuel Toledano. Le département des Services sociaux de la CSUQ et des représentants d’Ometz étaient présents pour apporter leur expérience sur le plan de l’emploi, de l’immigration et des difficultés rencontrées par les familles quotidiennement (voir photos ci-dessous).
Laëtitia Sellam
Pour tout renseignement supplémentaire sur les activités du département des Affaires sociales, contactez Sylvia Serruya au 514-733-4998 poste 3150 ou pour tout service de l’agence Ometz contacter Madame Susan Kling Benaroche. magazine LVS | septembre 2013 | 43
Nouvelles Communautaires
Sefer Torah dédié à la mémoire de M. Hanania Derhy Z'L Le mardi 21 mai, a eu lieu l’accueil du nouveau Sefer Torah au Crowne Plaza Hotel, offert par Monsieur et Mme Armand Aflalo, ainsi que leurs enfants, pour honorer la mémoire de Monsieur Hanania Derhy Z'L. (au domicile de Mme. Derhy et ses enfants)
M. Serge Aflalo, fils de M. Armand et Mme Denise Aflalo et bénévole actif du comité Shaaré Hessed et nous tenons à le remercier pour cette belle initiative.
M. Armand (au centre) et son épouse, Mme Denise Aflalo (à ses côtés) voulaient honorer la mémoire de Monsieur Hanania Dehry Z'L, dont la vie n’a été qu’une succession de mitzvot et de bénédictions pour tous ceux qu’il a rencontrés sur sa route, des valeurs que Shaaré Hessed incarne aujourd'hui. Avec discrétion et humilité, il a eu un impact incommensurable sur des centaines d'individus. C’est pour cette raison qu’ils ont décidé d’introniser un nouveau Sefer Torah.
44 | magazine LVS | septembre 2013
Nouvelles Communautaires
Cet événement a connu un grand succès grâce à la généreuse participation des invités qui se sont sentis concernés par la cause de la Tzedaka. 375 personnes ont assisté à ce bel évènement. Les fonds de cette soirée sont directement centralisés au sein de la CSUQ (Shaare Hessed) et sont diligemment alloués aux individus et familles dont les besoins sont les plus criants et plus urgents.
Ce nouveau Sefer Torah a été offert et introduit à la synagogue Petah Tikva. Nous sommes fiers d’annoncer que la caisse d’entraide Shaaré Hessed sera désormais la relève de notre prochaine génération et visera à prolonger la sainte action de solidarité envers nos frères et soeurs qui a été initiée par M. Hanania Derhy Z'L.
Une fois de plus, un grand MERCI à tous les donateurs pour leurs généreuses donations dont vous nous avez si humblement gratifiés et plus particulièrement à M. et Mme Armand et Denise Aflalo ainsi que toute sa famille. magazine LVS | septembre 2013 | 45
NouvelleS COMMUNAUTAIRES
«Unzera Shtetl » : Les colons juifs des Laurentides Une entrevue avec le leader spirituel, Isaac Amouyal Qui d’entre nous aurait soupçonné la présence d’agriculteurs juifs dans les Laurentides et particulièrement à Sainte-Sophie, New Glasgow et Saint Lin ? Pour satisfaire notre curiosité, leur chef spirituel, un juif marocain de surcroît nous trace l’historique de cette communauté hors du commun. Isaac Amouyal est, c’est le moins que l’on puisse dire, un personnage Isaac Amouyal peu conventionnel. Né à Erfoud, la ville natale de Baba Salé, comme il aime à le rappeler, il a quitté le Maroc à 6 ans pour émigrer avec sa famille en Israël. Après des études dans des Yeshivot ashkénazes et le passage obligé dans l’armée, il fréquente l’Université et vient ensuite à Montréal pour effectuer des Études de psychologie, et d’études juives à l’Université McGill d’où il sort avec un baccalauréat en éducation. Il a enseigné l’hébreu et les études juives à Herzliyya et à l’École Maïmonide. Sa connaissance du monde ashkénaze font qu’il est approché par les dirigeants de cette colonie de fermiers juifs afin qu’il soit leur hazan et leader spirituel. Des fonctions qu’il exerce jusqu’à aujourd’hui spécialement lors des fêtes de Tishri. Il nous raconte qu’il y a cent ans, 50 familles de juifs venus de Russie et fuyant les pogroms tsaristes, émigrent à Montréal. Dans leur pays ils étaient agriculteurs métayers car n’ayant pas, en tant que juifs le droit de posséder la terre. La Société Baron de Hirsh leur achète des terres dans les Laurentides afin qu’ils s’y installent et s’adonnent à leur métier : l’agriculture. Attachés également à leur judaïsme, ces colons, construisent également trois synagogues sur leur domaine ainsi que des écoles et engagent même des rabbins pour garder vivantes leurs traditions. Il cite pour ces familles, cinq des plus importantes, les Murray, Gootz, Zaritzky, Polsky et Freemeth. En plus de cultiver la terre, ces agriculteurs font également de l’élevage de volailles et organisent même un service cachère d’abattoirs avec près de 100 employés locaux. Leurs synagogues sont également des centres sociaux où les gens se rencontrent et organisent des fêtes. Isaac Amouyal officie depuis 37 ans dans la colonie qui ne compte plus qu’une synagogue, le nombre de colons ayant drastiquement diminué (seulement une trentaine de familles sont restées sur place) la plupart d’entre eux s’étant installés à Montréal et dans ses banlieues. Ceux-ci tiennent cependant à préserver leur tradition et pour les fêtes de Rosh Hashana et de Yom Kippour ils se réunissent à Sainte-Sophie afin d’organiser les services religieux. Ceux-ci sont dirigés évidemment par Isaac Amouyal qui nous confie qu’il se sent à l’aise pour combiner la liturgie ashkénaze et sépharade. Il leur a appris justement 46 | magazine LVS | septembre 2013
des airs sépharades lors de certaines prières,Il a organisé également une inauguration d’un Séfer Torah. Son dvar Torah est en anglais, étant lui-même anglophone. Son kahal compte cent personnes. N’ayant pas le titre de Rabbin, il ne se sent pas en mesure de demander à ses ouailles un respect strict du Chabbat de même que d’autres restrictions propres à la Halakha. Pour lui l’essentiel réside dans le fait que ce groupe reste attaché à cette forme de judaïsme qui est également respectable à ses yeux. À titre anecdotique, il nous raconte que les cérémonies d’ablution du tachlich se font dans une rivière de la région qui porte le nom prédestiné de…Jourdain. Les riverains des alentours respectent ces colons juifs qui sont des francophones et qui se sont harmonieusement intégrés auprès des résidents de la région. Le 1er septembre prochain cette communauté si particulière et attachante, fêtera ses 100 ans d’existence. Le programme comportera en plus des festivités d’usage, un service religieux, des panneaux-affiches, des conférenciers invités ainsi que des visites guidées. Pour plus d’information allez sur www.jewishfarmers.myevent.com Elie Benchetrit
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NouvelleS COMMUNAUTAIRES
Le Centre Cummings Le bénévolat: la force motrice au cœur de notre institution
Les Programmes : Au coeur de la vie de nos membres.
Être bénévole au Centre Cummings, c’est vivre une expérience unique, une aventure extraordinaire à découvrir et à partager avec des amis. C’est également et surtout être au cœur de la vie communautaire : donner et recevoir.
Vous qui rêviez de programmes novateurs et de vous occuper de votre santé, de vous amuser enfin et de passer du bon temps avec vos amis, inscrivez-vous aux programmes du Centre. Imaginez plus de 200+ programmes pour les 50+ disponibles à partir de l’automne prochain.
Le bénévolat est la porte d’entrée dans l’univers du Centre Cummings, un centre qui dispense des services à 8000 personnes. Le rôle des bénévoles est central au cœur de l’institution. Il permet de faire découvrir au public les joies que procurent l’engagement communautaire et son importance pour faire la différence dans la vie des autres. Le département compte sur un effectif de mille bénévoles, dont l’âge varie entre des jeunes de l’âge de la Bar et de la Bat-Mitzva, et… cent ans!! Au Centre, la plupart des programmes sont intergénérationnels et l’on retrouve côte à côte, des aînés, des jeunes et des adultes. Parmi les diverses possibilités de faire du bénévolat : le team-chalom des préposés à l’accueil, la cafétéria, la boutique, le centre de bien-être, la popote roulante, le Centre des arts et l’Action sociale. En fait chacun peut trouver la place qui lui convient le tout dans le cadre d’un horaire souple. Le Centre travaille étroitement avec Sylvia Serruya, afin de faire connaître ses services à la population sépharade francophone. Pour plus d’informations appeler Lynn Gordon au 514-342-1234 poste 7240.
Au Centre Cummings, le service des programmes souligne l’importance d’offrir des programmes en français en fonction de la composante sépharade et francophone de notre communauté. Cette clientèle spécifique fréquente de plus en plus les activités du Centre. Parmi toute une gamme de choix possibles : •
Les cours d’ordinateur pour débutants (6 cours) les mardis du 8 octobre au 12 novembre de 14h à 16h.
•
L’intro au vitrail (8 cours) les lundis du 16 septembre au 11 novembre de 18h30 à 21h30.
•
La Danse de salon les mercredis 11 septembre au 30 octobre de 19h à 20h30. Si vous avez d’autres centres d’intérêt, n’hésitez pas à nous contacter. Nous sommes là pour vous servir avec des programmes et des événements spéciaux.
Pour plus d’informations contactez Claude Elbaz au 514-342-1234 poste 7325.
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Services Communautaires Bénévolat autour de grandes causes
Cette année, le deuxième gala des Bar Mitzvot a eu lieu le 12 juin à la synagogue Spanish & Portuguese. Cet évènement fut un énorme succès avec plus de 320 participants, le double de l’an passé pour le même événement. Co-présidée par Avraham Castiel, Dominique Benarroch et Perla Lévy et avec l’aide de 25 bénévoles qui travaillent sans cesse tout au long de l’année, cette superbe soirée avait pour objectif d’amasser des fonds pour organiser une cinquantaine de Bar Mitzvot à Beer Sheva en Israël. Lors de ce gala, les participants ont pu visionner un vidéo complet du programme de la Mission avec notamment les bénévoles dans différents centres à Beer Sheva ainsi que l’émouvante cérémonie de la journée des Bar Mitzvot au Kotel qui regroupe une cinquantaine d’enfants choisis par le département social de la Ville de Beer Sheva, jumelée à la Ville de Montréal .Ces enfants sont orphelins ou proviennent de familles défavorisées. Grâce à un partenariat avec le rabbin Or Benshoushan de Orot Israel, les enfants se préparent à leur Bar Mitzvah tout au long de l’année et attendent avec impatience ce jour mémorable. Lors de cette journée, les enfants arrivent au Kotel le matin avec un accompagnateur, on leur remet des tefillin, la cérémonie religieuse a lieu dans une synagogue de la vieille ville, les enfants vont ensuite se recueillir au Kotel et après une visite des lieux, une grande fête réunit les enfants et leurs familles heureuses. Ce projet a été choisi comme étant l’un des projets les plus importants pour l’équipe de bénévoles de Montréal car faire sa Bar Mitzva est un rite de passage de l’enfance à l’âge adulte essentiel pour tout Juif. Cette année, les montants amassés ont dépassé de loin les attentes et permettront de financer entièrement tout ce beau projet. La Mission de Solidarité 2013 aura lieu du 21 octobre au 4 novembre, un groupe d’une quarantaine de personnes partira en Israël dans le but d’aider les plus démunis, de contribuer acti52 | magazine LVS | septembre 2013
Les bénévoles du bazar 2013 vement à différents projets sociaux et de continuer à découvrir toutes les différentes richesses du pays. Au programme : bénévolat à Beer Sheva (au sein de garderies, soupe populaire Beth Moriah, centre Ilan pour handicapés…), des découvertes de lieux et de paysages impressionnants, des rencontres, mais surtout l’événement rassembleur des Bar Mitzvot qui aura lieu le 24 octobre. Quant au Bazar, qui a eu lieu les 23 et 24 juin dernier au Y, et présidé par M. Alain Mechaly avec l’aide d’un comité dynamique, il a servi à amasser des fonds pour une cause qui tient à cœur la communauté : venir en aide à ZAKA, organisation humanitaire qui sauve des vies lors d’incidents tragiques en Israël et qui aide des Juifs en danger en dehors du pays. Les profits récoltés serviront à l’achat d’une ambulance dans la région de Beer Sheva, dédiée à la mémoire d’Alexandre Bitton Z'L, décédé en Haïti lors des tremblements de terre de 2010. Un événement aux 3 ingrédients clés : de la marchandise neuve, une ambiance sympathique et des bénévoles exceptionnels. « Nous faisons cela car nous avons été très touchés par ce qui est arrivé à Alexandre Bitton Z'L mais aussi parce qu’on aime participer à cette levée de fonds importante pour la communauté. Cela donne du sens à notre engagement communautaire et nous sommes fiers de pouvoir aider ceux dans le besoin » affirme une des bénévoles interrogée sur place. Voilà qui résume bien le sentiment général des 50 bénévoles qui se sont dévoués à préparer cet événement de grande qualité pendant des semaines et surtout qui ont généreusement donné de leur temps et de leur enthousiasme. On les remercie bien fort car sans eux rien ne serait possible.
Emmanuelle Assor
ServiceS COMMUNAUTAIRES
Le Cercle
Depuis sa création Le Cercle n’a cessé d’évoluer pour mieux servir les jeunes de la communauté. Agissant à titre de lieu de rassemblement pour les jeunes âgés entre 20 et 40 ans, il est maintenant possible de louer le local du Cercle — formule clé en mains — pour des fêtes privées. Voilà une nouvelle vocation bien appréciée des jeunes qui réservent la salle pour y célébrer des anniversaires, pour se retrouver en groupe ou tout simplement pour des événements officiels, la salle étant équipée d’un projecteur, de matériel audiovisuel et de tout ce dont on a besoin lors d’un événement. Cela étant dit, Le Cercle continue d’organiser des activités pour son public cible de 25-40 ans mais l’emphase a été mise sur deux groupes distincts aux besoins différents : soit, les 20-30 ans (jeunes professionnels et étudiants) et 30-40 ans (aux carrières établies cherchant à socialiser et à réseauter). Pour l’été et l’automne, plusieurs activités sont au programme. La première d’entre elle, le « Art Show » le 26 juin, a réuni huit artistes de la relève, âgés entre 22 et 40 ans, un intéressant étalage de médias mixtes : des bijoux, de l’aquarelle, de la photo, un DJ et même un peintre qui a fait de la peinture sur place. L’événement rassembleur était gratuit pour tous et surtout pour les artistes à qui l’on offre une visibilité et une promotion hors pair. Une centaine de personnes ont participé à l’événement et même ArTv s’y est intéressée dans une émission (3 vidéos web) sur ce qui se passe d’intéressant à Montréal. La saison estivale a aussi été ponctuée de BBQs pour lancer la programmation des jeunes. Le 2 juillet a eu lieu un premier BBQ, derrière le local du Cercle sur la rue Earnscliffe. Avec une formule « tout inclus » à 10 $ offrant à chacun 2 hotdogs de la
Boucherie Amsellem, des chips et un drink. Le groupe d’une cinquantaine de jeunes réunis était ravi. Des jeunes de France et du Maroc se sont même joints au groupe d’habitués, le mot s’étant passé sur Facebook. Au nombre des nombreuses activités prévues tout au long de l’année : une autre soirée « Sushi Night » avec le super chef Marco Oiknine qui démontre tout son savoir-faire et une délicieuse dégustation de sushis après le cours… Suivi d’une série d’humour « Comedy Show » animée par notre Alex Fredo national et ses animateurs de la populaire émission « Les p’tites anecdotes ». Pour plaire au groupe des 20-30 ans, Alex Fredo s’est joint au Cercle pour concocter des soirées mémorables. Humour, musique et délires sont de la partie. Neev se joindra aussi aux activités quand son agenda bien chargé le lui permettra ! Des soirées « Open-mic » parsèmeront la saison et auront lieu au Bar Sans-nom situé sur l’Avenue du Parc, en plein cœur du branché Mile End. Lors de ces soirées, des jeunes seront invités à chanter, slamer, parler, rimer, le tout pendant 5 minutes au microphone. Super occasion de découvrir des nouveaux talents ou de se découvrir une passion inédite… À suivre… Enfin, un cycle de conférences débutera à l’automne sur des thèmes aussi variés concernant les jeunes tels que la gastronomie, le e-commerce, les voyages, le sport et la religion. L’idée des conférences est d’ouvrir des débats et de partager des idées, de permettre un « Straight Talk » comme on dit aux Etats-Unis.
Emmanuelle Assor
magazine LVS | septembre 2013 | 53
Services Communautaires
BANAV et la Guerre des Clans : on pense déjà à la prochaine édition Cela fait déjà 5 ans que le programme de leadership pour la continuité sépharade de la CSUQ bat son plein. Le dernier opus de ce programme, organisé par un comité, de levée de fonds « La Guerre des Clans », a remporté un vif succès en avril dernier et a suscité un rassemblement communautaire intergénérationnel comme jamais vu auparavant. À la manière du show télévisé « Family Feud », des familles et des groupes de gens de tous les âges se sont réunis pour jouer et lever des fonds pour une bonne cause. Cette cause-là, cette année, c’était BANAV, un organisme communautaire juif qui vient en aide aux familles ayant des enfants avec des problèmes d’apprentissage. Il y a deux ans, BANAV était méconnu au sein de la communauté. Depuis cette soirée, ce nom est sur toutes les lèvres. Ce projet, ce sont les jeunes qui l’ont choisi eux-mêmes car ils ont constaté l’importance de venir en aide aux enfants ayant des besoins spéciaux. Une superbe façon de s’impliquer dans des causes moins connues mais qui touchent plusieurs membres de la communauté. Mission accomplie ? Benjamin Bitton, coordonnateur du programme Leadership, constate que le succès attendu a été largement dépassé : « Je suis agréablement surpris de voir que le succès et les objectifs souhaités ont été grandement surpassés » dit-il. Plus de 400 personnes se sont déplacées pour cet événement, et la majorité d’entre elles était composée de jeunes adultes. Selon Benjamin, l’idée du départ, lancée par David Ohayon lors du voyage « Retour aux sources », dans le cadre du Programme de Leadership, était farfelue. Puis la créativité de l’équipe a pris le dessus, jusqu’au moment où le comité a réussi à obtenir l’intervention et la participation du célèbre animateur Luc Sennay, lui qui animait autrefois « La Guerre des Clans » sur TVA. De fil en aiguille, le projet a pris de l’ampleur. Huit équipes se sont formées, une magnifique campagne de marketing a eu lieu sur le web et les médias sociaux ont lancé l’événement. Grâce à toute cette dynamique, les jeunes ont été sensibilisés à cette cause et ont participé massivement à l’événement. Grâce à « La guerre des clans », des milliers de dollars ont été recueillis. Même l’équipe nommée « Old School » de Michaël Fhima et Eric Wazana, qui a remporté le grand prix de 5 000 $, a offert la quasi totalité de ce gain à BANAV !
54 | magazine LVS | septembre 2013
Les animateurs de la soirée, Luc Senay et Neev Bensimon entourée de nos « supers héros » — nos bénévoles Le secret de cette réussite : une superbe équipe de bénévoles qui a pris en charge le projet de A à Z comme de vrais experts. Les co-présidents Karen Aflalo, Muriel Alloune, David Ohayon et Steve Sebag ainsi que le comité organisateur ont mis tous les efforts nécessaires pour accomplir ce travail gigantesque. Avec leur enthousiasme et leur professionnalisme, rien n’a été laissé pour compte : le montage de la scène, la production, les préparatifs de la soirée, les annonces sur les médias sociaux, la publicité dans la communauté, la vente de billets. Tout a été concocté d’une main de maître et la participation du public a été mémorable. Éclats de rire et joie étaient au rendez-vous. « On a tellement ri et on s’est vraiment amusé, même si ce projet a mis plus de 6 mois à voir le jour » raconte Benjamin Bitton. « On a créé un événement vraiment original, une grande première, on est sorti de notre zone de confort et on s’en félicite» conclut-il. Et si l’engouement est encore palpable, on parle déjà d’une autre soirée du même genre. Pour ceux qui y ont assisté et en redemandent et pour ceux qui l’ont ratée et espèrent se reprendre. Mais pour l’instant, les yeux sont rivés sur la prochaine promotion des jeunes adultes, qui débutera avec la relève du programme de Leadership en septembre 2013. Ils auront toute une année pour apprendre les secrets de l’organisation d’une activité de levée de fonds réussie.
Emmanuelle Assor
Services Communautaires
J’aimerai, au nom de notre directeur exécutif monsieur Yossef Ifergan ainsi qu’au nom de notre conseil d’administration, remercier la CSUQ et son Programme de Leadership d'avoir organisé un événement si réussi. Le 10 avril 2013, a eu lieu la soirée « la Guerre des clans », un projet de collecte de fonds réalisé par les finissants de la première et de la deuxième session du Programme de Leadership de la CSUQ. Pour l’équipe du Programme de Leadership, l’objectif était avant tout de créer un événement de très haute qualité sur lequel s’appuyer pour croître dans les années à venir. En effet, cet événement, qui a attiré près de 400 personnes de la communauté juive de Montréal, a remporté un franc succès. D’emblée, nous tenons à mettre en évidence que le Programme de Leadership est composé de jeunes professionnels ayant activement participé à l’organisation de cet événement et demeurant à la fine pointe du professionnalisme. Ils ont accompli un travail exceptionnel. Toutes nos sincères félicitations ! Il importe, également, de remercier et de souligner la contribution essentielle des commanditaires qui ont rendu possible l’organisation de cet événement, ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin au succès de cet événement. Leur soutien est primordial pour la réussite de cet évènement et leur présence a été des plus appréciée. Finalement et principalement, l’événement a permis de sensibiliser la communauté juive de Montréal à la cause des « enfants qui ont aussi le droit d’apprendre et le pouvoir d’y arriver » et de mieux faire connaître les programmes BANAV et de ses services. Grâce à votre contribution, les profits amassés permettront de soutenir une classe BANAV pour l’année scolaire 2012-2013. Sincères remerciements, Nathalie Myara Ifergan, Ph. D. Professeure associée Chercheure régulier groupe de recherche DÉFI Accessibilité Département de psychopédagogie et andragogie Faculté des sciences de l’éducation Université de Montréal Présidente Centre d’Accomplissement LANAAR – BANAV 514 585 8464 – nmyara@sympatico.ca – www.IEP-PI
magazine LVS | septembre 2013 | 55
ServiceS COMMUNAUTAIRES
Club pour enfants de Petah Tikva, un succès grandissant
Sigalit Shabitai Petel
Biologiste de formation et spécialiste en intervention du langage auprès des enfants, Sigalit Shabitai Petel travaille auprès des jeunes depuis des années. Depuis quelques mois déjà, la communauté juive peut se féliciter d’avoir accès à son expertise et à ses services car Sigalit a ouvert les portes d’un club pour enfants au sein de Petah Tikva. Le but de ce groupe est de permettre aux parents de prier avec l’esprit tranquille les jours de shabbat et de fêtes pendant que leurs enfants s’amusent.
les enfants, organise des spectacles avec clowns et marionnettes, elle leur offre une collation, leur apprend à prier et leur lit des histoires liées à la Parashat de la semaine. Depuis sa création, le club ne cesse d’accueillir de nouveaux enfants car le mot s’est passé. Les parents sont simplement ravis et les enfants adorent ça. Pour l'inscription de votre enfant et pour plus de renseignements, contacter Sigalit Shabitai Petel par courriel à : sigalit@global-net.org Emmanuelle Assor
Tous les samedis de 9h15 à 12h30, le club reçoit une trentaine d’enfants, gratuitement, dans une superbe salle de jeux aménagée spécialement pour eux par Sigalit. Pendant ces quelques heures, Sigalit joue, prépare les célébrations des fêtes à venir avec
L'Agence Ometz Jami Liverman est un chef expert et qualifié qui dirige sa propre compagnie de traiteur. Il trouve néanmoins le temps de s’engager bénévolement de manière positive auprès de l’Agence Ometz. Tous les mardis soirs, Jami rencontre un groupe de jeunes âgés de 18 à 25 ans qui viennent à l’atelier d’apprentissage en cuisine. Ces jeunes gens étaient invités afin d’apprendre comment manger sainement avec leur budget limité. Mais, semaine après semaine, les rencontres ont pris un nouveau tournant. Les repas de Jami ne sont pas uniquement délicieux et réalisés avec des budgets abordables, ils ont facilité également la formation
d’un groupe homogène, se rencontrant sur une base régulière. Jami a su créer une atmosphère saine et agréable auprès de jeunes privés de leurs droits, mais qui peuvent partager leurs histoires et discuter de n’importe quel sujet de manière ouverte et sans préjugés. Sous la conduite de Jami, les jeunes organisent maintenant leurs rencontres hebdomadaires. Bien sûr, Jami y assiste régulièrement et continue à enseigner, à partager des techniques et surtout à être à leur écoute.
Les générations futures voudront savoir Partagez votre histoire
www.ometz150.ca BDH
56 | magazine LVS | septembre 2013
community foundation fondation communautaire
ServiceS COMMUNAUTAIRES
Voyage d’échanges à Paris d'élèves du secondaire 3 de l’École Maïmonide initié par l’Alliance Israélite Universelle Canada en partenariat avec l’École Maïmonide et l’École Georges Leven-Paris « Les voyages forment la jeunesse… ». Ce proverbe attribué à tort à Montaigne a suscité de nombreuses réflexions à l’époque des Lumières auprès d’intellectuels qui se sont interrogés sur la valeur éducative des voyages. Dans les différentes encyclopédies ou dictionnaires universels publiés, la même idée est reprise; à savoir que : « Les voyages sont nécessaires à la jeunesse pour apprendre à vivre dans le monde. » Ce projet s’est donc inscrit dans le cadre des objectifs de l’Alliance israélite universelle Canada qui visent à mettre en place des programmes d’échanges d’étudiants entre les établissements scolaires intégrés ou affiliés et ceux du réseau de l’Alliance. Cette première initiative est née, lors des célébrations du 150e anniversaire de l’AIU à Paris, durant un échange entre Mme Azoulay, directrice générale de l’École Maïmonide et Mme Sarrabia, directrice de l’école Georges Leven à Paris qui évoquaient la possibilité d’initier un voyage d’études entre les élèves des deux institutions. Deux années s’ensuivent où de nombreux aspects liés à la logistique sont discutés et des solutions apportées aux questions relevant du logement, de l’encadrement et du financement. La direction de l’École Maïmonide ainsi que ses administrateurs n’ont eu de cesse de veiller au succès de ce projet pilote. Un soin particulier est apporté à la programmation par les organisateurs qui se targuent de sortir des sentiers battus et d’offrir à nos élèves un souvenir impérissable de ce voyage. Le 4 février 2013 , 26 élèves de l’École Maïmonide de Montréal provenant des campus de Parkhaven et de Jacob Safra prennent l’avion à Paris pour une semaine, accompagnés d’Éric Mechaly, directeur de la Vie Étudiante, de Mme Muriel Benayoun, professeur de Français et de Karen Afflalo, bénévole de notre communauté impliquée dans de nombreux dossiers. Pour la majorité des élèves de l’École Maïmonide, ce voyage à Paris a été leur première incursion en Europe et ce voyage leur a offert une opportunité unique de s’ouvrir à d’autres horizons culturels. Nos élèves ne possèdent que peu de connaissances
Les élèves de l'École Maïmonide devant la pyramide du Louvre. du judaïsme français et leur connaissance de la communauté juive française se limite aux échos dont ils sont témoins par le truchement des médias. Ce voyage proposait aussi un volet pédagogique concocté conjointement entre la direction des deux écoles afin de créer une synergie entre les élèves autour de sujets d’intérêt commun : langue française; arts plastiques. Nos élèves sont francophones, mais ce voyage à Paris leur a permis d’être imprégnés au quotidien de culture française par le biais de pièces de théâtre, de visites de musées légendaires et ainsi de mieux appréhender l’importance et la vitalité de la langue et de la culture françaises. Au théâtre, ils ont assisté à la Comédie Française à une représentation du Malade imaginaire de Molière, pièce qui avait été étudiée durant le cours de Français; ainsi qu’à une représentation du Journal d’Anne Frank, pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt au théâtre de la Rive Gauche. Ils ont eu plusieurs visites guidées, dont celle du Musée du Louvre, du Mémorial de la Shoah, de Versailles. Ce voyage leur a aussi permis de visiter des sites touristiques : la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, la Place de la Concorde, le Jardin des Tuileries et une croisière sur la Seine en Bateau-mouche. Il est indéniable que les directions de l’Alliance israélite universelle et de l’école Georges Leven à Paris ont joué un rôle essentiel dans la réussite de ce projet et n’ont pas lésiné sur les efforts pour aplanir toutes les difficultés. Une bonne nouvelle ! Le projet est reconduit pour l’année 2014 et des pourparlers ont lieu pour que les élèves de Georges LevenParis viennent à Montréal poursuivre ce processus enclenché. Philippe Elharrar Directeur Général Alliance israélite universelle Canada philippe.elharrar@aiucanada.org magazine LVS | septembre 2013 | 57
ServiceS COMMUNAUTAIRES
Fun fun fun au Département jeunesse de l’été à l’automne Cette année, le département jeunesse a innové avec un Club Vélo, dès le mois de juillet. Ouvert à tous mais surtout aux jeunes ados et leurs parents, le nouveau club cycliste a pour objectif de réunir les jeunes autour d’une activité saine et distrayante : le cyclotourisme. Pas besoin d’être un grand athlète, il suffit d’avoir une bonne bicyclette pour se lancer dans cette aventure. Tous les dimanches, le club vélo arpente les sentiers moins connus de la Ville de Montréal et de ses alentours. On parcourt Oka, Châteauguay, Lachine, le chemin du Petit train du Nord, le Vieux Montréal et on découvre des petites routes de campagnes inconnues des automobilistes… L’inscription gratuite a attiré une vingtaine de participants intéressés par la promenade mais aussi par les baignades dans les lacs et piscines environnants, le tout encadré par le merveilleux guide Eric Choukroun ! Cette activité est bonne pour le corps et l’esprit mais surtout sécuritaire car les excursions suivent les parcours de pistes cyclables. Ce fut un véritable plaisir de faire du vélo en groupe alors que le vélo est souvent un plaisir solitaire. On a déjà hâte à l’an prochain…. Tous l'été, du 25 juin au 16 août, le camp Benyamin a battu son plein avec plus de 120 enfants par semaine. Direction : tous vents! Le camp bouge et va là où il y a le plus d’activités intéressantes pour les jeunes! Ainsi, les groupes ont pris d’assaut La Ronde, le rafting aux rapides de Lachine, les glissades d’eau à Saint Sauveur, le Zoo de Granby, Arbraska (accrobranches) à Rawdon pour défouler nos petits Tarzans et la liste est longue… Nouveauté cette année, le centre d’amusement « Fun au max » avec des personnages Nintendo au Collège Marie-Victorin a remporté un vif succès avec l’animation, les structures gonflables et la magnifique piscine sur les lieux. En résumé : que du « gros fun » et des enfants bien épuisés le soir… Cette année, le programme de jeunes leaders et communautaires (J.L.C) est en évolution. Il y a clairement un besoin car des jeunes du secondaire 3 sont venus bénévolement travailler au camp après avoir terminé le programme. Grâce à celui-ci, des jeunes acquièrent des outils de leadership et d’animation axés sur quatre principes fondamentaux : identité juive, engagement communautaire, leadership et Israël. Tout au long de l’année, plus précisément deux dimanches par mois, ils sont conviés à des ateliers, week-ends, escapades et shabbatons, dans le but de créer un noyau de jeunes qui seront actifs plus tard dans un contexte communautaire. Afin de rejoindre les jeunes, le département a commencé à utiliser les réseaux sociaux et le bouche à oreille continue de faire son chemin. Suivez de près nos activités pour ne pas rater l’inscription au programme leadership cet automne !
Emmanuelle Assor
58 | magazine LVS | septembre 2013
26 d ĂŠ c e m br e 201 3 a u 1 j a nv i e r 201 4 Information et inscription : Eric Choukroun, 514-733-4998, poste 8135
c s u q .o r g
ServiceS COMMUNAUTAIRES
Sylvain Abitbol, Président de la CSUQ, Alex Abitan, Président du Golf Swing 2014, Marc Kakon, Président sortant de la CSUQ et Raphaël Perez, Président du Golf Swing 2013
Golf 2013, beau temps, mauvais temps ! Le début de l’été 2013 aura été marqué par des changements climatiques assez majeurs ! Pluie, mauvais temps, soleil intense et humidité, on en aura vu de toutes les couleurs. Pourtant, même si le soleil a joué à cache cache tout le mois de juin, cela n’a pas refroidi l’ardeur des nombreux participants au tournoi de golf 2013 !
Après une belle partie de 18 trous, le clou de la soirée : un tirage au sort des prix intéressants comme un iPad, un iPod et un MAC, offerts par différentes compagnies commanditaires ainsi que de luxueux prix tels qu’un voyage sur un yatch, une loge privée pour 12 personnes (gracieuseté de la RBC) pour regarder un match des Canadiens, un superbe tableau du peintre Hervé Teboul…
A la veille du tournoi ayant lieu au Hillsdale Country Club le 27 juin, on annonçait 90% de probabilité de pluie, mais le tournoi a eu lieu et… le soleil s’est même montré le bout du nez !
Un grand succès grâce au travail acharné de toute l’équipe et grâce à la contribution hors pair du président d’honneur de la soirée, M. Raphaël Perez. « Il s’est dévoué à 100% à cet événement, il était totalement investi dans cette activité, toujours disponible pour nous. Il a pris à cœur ce tournoi et je sais déjà qu’il fera partie de l’équipe l’an prochain» a affirmé Benjamin Bitton, responsable du département de levées de fonds de la CSUQ. «Nous sommes satisfaits des résultats de cette activité grâce à laquelle nous pouvons financer divers projets du département jeunesse, tels les camps d’été et d’hiver pour les enfants issus de familles défavorisées » at-il ajouté.
Comme tous les ans, avant le coup d’envoi, les participants ont eu le plaisir de déguster un buffet traditionnel pour le petit déjeuner et pour reprendre des forces sur le terrain. Différentes stations de nourriture étaient installées pour eux : trois stations à BBQ; un kiosque de café (S&M Café) avec des machines haut de gamme servait des capuccinos et espresso à ceux qui le désiraient et des pâtisseries venaient agréablement accompagner le tout. Durant la journée, le commanditaire, Spa Van Hill présent sur les lieux, a offert des soins aux participantes (massages, pédicures et autres traitements), ce qui a ravi toutes les femmes présentes. Lors du cocktail dînatoire, tous les participants se sont retrouvés autour de la magnifique piscine du complexe Hillsdale. Le décor composé de petites bougies, de pétales de fleurs et de tentes gazebo avec bar a contribué à l’ambiance intimiste de la soirée. Golf et détente, voilà un forfait bien intéressant à refaire l’an prochain… Notons aussi le travail tant apprécié des bénévoles présents, ayant aidé au bon déroulement de toutes les activités. 60 | magazine LVS | septembre 2013
Le tournoi étant fini, tout comme l’été !, on pense déjà à préparer celui de l’an prochain. Un programme ambitieux : 36 trous, 2 terrains de golf et 288 joueurs. Pour chapeauter le tout, un nouveau président, Alex Abitan, membre du comité depuis quelques années, passera aux commandes. Du renouveau, c’est certain, car Alex attirera des jeunes de son âge et continuera de faire connaître le tournoi de golf à de nouvelles générations.
Emmanuelle Assor
COMMANDITE OFFICIEL DU TOURNOI • OFFICIAL TOURNAMENT SPONSOR
COMMANDITE PLATINE • PLATINUM SPONSOR
COMMANDITES ARGENT • SILVER SPONSORS
WORLD TRADE FINANCIAL GROUP
LIVRET SOUVENIR • SOUVENIR BOOKLET Altro Levy LLP Bench.ca Doris Hosiery Mills
KPMG Stikeman Elliott Porsche Prestige
Reitmans RSM Richter Salomon Oziel
Lapointe Rosenstein Marchand Melançon
COMMANDITES DE LA JOURNÉE • SPONSORS OF THE DAY AIM - The Black Family Autobus Seguin Boucherie Amsellem Celebrations
Club de golf Hillsdale Danielle Bitton Hector Larivée Holland Automotive
Marvid Poultry RBC Banque Royale S&M Services de pause café Sportech
Sysco Tomapure Van Hill Spa
TOMBOLA ET ENCHÈRE • RAFFLE & AUCTION Club de golf Hillsdale Daniel Assouline Danielle Bitton
Destination Design by Ove Distributeurs Iann Hervé Teboul
Optique le Cartier RBC Banque Royale S&M Services de pause café
SAC CADEAUX • GIFT BAGS Elpro Lavasoft
Metsuyan Sushi RBC Banque Royale
Report Collection S&M Services de pause café
MERCI POUR VOTRE SOUTIEN ET GÉNÉROSITÉ • THANK YOU FOR YOUR SUPPORT & GENEROSITY
Services Communautaires
Golf Swing 2013
62 | magazine LVS | septembre 2013
Services Communautaires
Alexandre Abitan, le moment de la relève a débuté Alexandre a toujours eu le sens de la famille et est attaché à l’esprit communautaire dans lequel il a baigné depuis son plus jeune âge. Responsable du département marketing et ventes dans l'entreprise familiale, MODEXTIL, à 27 ans, il affiche déjà une maturité et un élan visionnaire qui lui a valu d’être choisi par son entourage pour devenir le Président de Golf Swing 2014. La communauté a besoin de jeunes leaders comme Alexandre, comment voit-il cette nomination ? LVS : Quel est votre parcours en tant communautaire ?
Alexandre Abitan Président du Golf Swing 2014
Alexandre Abitan : Ma mère est promue à un haut poste à la Fédération CJA l’an prochain et mes parents ont toujours œuvré au cœur de la communauté en tant que bénévoles. J’ai donc baigné dans cet environnement de générosité depuis mon plus jeune âge et je me suis investi, il y a quelques années, dans des causes comme l’événement promis, qui récompense les jeunes entrepreneurs, ou, plus récemment, dans le projet FIX en tant que co-fondateur. Lorsqu’une cause me touche, je m’investis par envie pour diverses raisons. Ensuite, je prends à cœur le projet pour faire de mon mieux et faire une différence avec l’équipe du CA. Quatre co-fondateurs volontaires, une équipe motivée et le soutien de la Fédération CJA et de la CSUQ ont permis de rassembler 150 000$. Nous avons pu aider, pendant 18 mois, des adultes de notre communauté, dépendants de drogues ou autres produits, grâce aux professionnels d’OMETZ qui leur donnent l’espoir de décrocher et se réinsérer dignement. J’aime relever des défis qui aboutissent au bien-être des membres de notre communauté qui ne savent peut-être plus comment aller chercher des opportunités pour des raisons personnelles. Je suis franc et déterminé quand je suis engagé dans une cause et j’espère être bientôt entouré par d’autres jeunes leaders pour assurer la relève avec persistance. LVS : Quelle a été votre motivation pour accepter la présidence du Golf Swing 2014 ? Et quel est votre secret pour motiver une levée de fonds dans l’année ? A.A. : J’ai été sollicité par les anciens présidents du Golf Swing que je connais bien et j’ai voulu relever ce défi avec une vision transitoire. J’ai été fier d’être désigné comme un président potentiel et je trouve que cet événement est à la fois sympathique, sportif et productif. De belles personnalités répondent « présent » chaque année dans un esprit de fête qui facilite la bonne humeur générale et le réseautage éventuel du matin au soir. Tous les âges se côtoient, ce qui donne une bonne opportunité pour mélanger les générations et échanger des idées constructives, pour la communauté ou le développement d’affaires. Mon implication dans plusieurs CA me permet d’agir rapidement avec un esprit novateur afin de créer une transition souple, sans éliminer ce qui existe mais en le modernisant, notamment à travers d’autres moyens de diffusion d’informations ou une ambiance différente pour relancer l’image du Golf Swing et le faire davantage connaître dans tout Montréal. Je désire parler au nom d’une seule communauté afin de trouver de nouvelles sources de revenus.
Laëtitia Sellam
magazine LVS | septembre 2013 | 63
JEUDI THURSDAY
26
June
juin
CLUB DE GOLF HILLSDALE GOLF & COUNTRY CLUB
2014
LA TRADITION CONTINUE
THE TRADITION CONTINUES
LE 14E TOURNOI ANNUEL DE GOLF AU BÉNÉFICE DE LA • THE 14TH ANNUAL GOLF TOURNAMENT TO BENEFIT THE
COMMUNAUTÉ SÉPHARADE UNIFIÉE DU QUÉBEC
YAHAD 2014 Du 1 au 22 juillet 2014 Voyage en Israël pour les 15 à 17 ans Yahad est un programme de visites organisées à travers tout le pays qui permettront de découvrir les principaux sites touristiques d’Israël, de Jérusalem en passant par la Galilée et du Golan vers le Negev, ainsi que quelques jours de volontariat dans la région de Beer Sheva. Le voyage comprend le vol aller-retour, les trois repas par p jour, l’hébergement et toutes les activités.
Info : 514-733-4998, poste 8135 Eric Choukroun www.csuq.org
ALEPH
CENTRE D’ÉTUDES JUIVES CONTEMPORAINES dirigé par SONIA SARAH LIPSYC
Programmation Aleph 2014 Le judaïsme contemporain résonne à travers l'apprentissage, l'étude et l'ouverture. La programmation d'ALEPH a pour objectif de combiner différentes facettes du judaïsme, à la fois pour un apport personnel mais aussi pour mieux appréhender notre environnement à travers des lectures talmudiques régulières. Toujours soucieuse de créer un dialogue riche et constructif accessible à tous, Sonia Sarah Lipsyc privilégie la réflexion personnelle et l'interactivité. Apprendre l'hébreu, étudier le Talmud, s'enrichir de l'histoire du judaïsme et du savoir des intervenants sont les chemins offerts par ALEPH pour que cette année soit un guide, à la fois spirituel et pragmatique, accessible à chacun.
sonnes plus âgées, des Juifs affiliés et non affiliés à la communauté, des Juifs inscrits dans une congrégation et d'autres qui ne le sont pas, des Juifs orthodoxes et non orthodoxes, et des non Juifs participer à cette étude ! C'est le propre de ALEPH. Ma joie est encore plus prononcée lorsque j'entends des personnes dire, après que la problématique de l'étude ait été exposée : voici ce que je pense de ce que dit Rachi ou je suis d'accord avec Nahmanide, etc.… Entendre alors les noms de ces illustres commentateurs dans la bouche de ces participants qui se les approprient l'espace d'une réflexion est encore l'un des objectifs que ALEPH s'était fixé. »
Les cours d'initiation à l'Hébreu* sont renouvelés et le nombre de participants a augmenté au cours des mois. Sous forme d'une série de 10 cours, de la mi octobre à la mi décembre, vous apprenez à lire l’hébreu grâce à la méthode inédite du Rabbin Samuel Mellul, professeur et pédagogue hors pair qui a mis au point un apprentissage simple et efficace pour tout un chacun(e). Débutants ou faux débutants qui désirent lire un verset de la Torah, dire des prières ou s’initier aux bases de l’hébreu avant d’apprendre à le parler sont les bienvenus. « Nous visons l’autonomie des élèves dans leur apprentissage du judaïsme et ne leur demandons qu'une heure de révision par semaine. L'objectif est d'avoir accès à ce qui leur appartient déjà : les textes majeurs de notre tradition juive afin de les aider dans leurs connaissances ou cheminement de vie personnel », précise Sonia Sarah Lipsyc.
— Réaction de Sonia Sarah Lipsyc sur sa page Facebook.
Une fois par mois, du mois d'octobre à juin, l'Atelier talmudique est une source d'enseignement fondée sur le principe du « Beth Hamidrach », maison d’études, lieu pour étudier à deux ou trois ou en groupe, les textes du Talmud de manière interactive. La dernière séance, par exemple, de l'année 2013 a réuni 25 personnes de tout âge, horizon, femmes, hommes, affiliés ou non affiliés à la communauté et même quelques personnes d’autres traditions intéressées par la culture et les textes juifs. Daniel Glassman, talmudiste et chercheur au Nouveau Beth Hamidrash de Côte Saint-Luc, applique une approche pédagogique totalement en phase avec le concept d'Aleph : énoncer une problématique en respectant, à la fois, les textes et en suscitant un dialogue ouvert, sans préjugé, avec l'assistance afin que toute personne puisse intervenir. « La réussite de cet atelier tient notamment au fait que chacun(e) instruit un rapport personnel aux textes. Quelle joie pour ma part de voir des femmes et des hommes, des jeunes et des per-
66 | magazine LVS | septembre 2013
Dans les mois à venir, deux nouveaux programmes vont prendre forme et auront pour thème : « Le judaïsme contemporain : ses problématiques et penseurs » et un cycle de conférence échelonné sur 2 ans : « Judaïsme de A à Z pour adultes et jeunes adultes » qui sera une introduction aux principaux personnages de la Bible, aux moments majeurs de l'histoire juive, aux fêtes juives et livres traditionnels commentés par divers intervenants. « Les rendez-vous du Café littéraire » seront de retour dès la rentrée 2013, et mettront en valeur, une fois par trimestre, les ouvrages francophones touchant de près ou de loin à la culture juive en mettant l’emphase sur les publications au Québec. ALEPH et l'AIU continueront leur partenariat en 2014 dans le cadre du Cycle « De l'humain dans l'homme, droits de la personne dans la tradition biblique et juive » organisé par l’AIU ou d’autres projets. À bientôt !
Laëtitia Sellam
*150$ pour les 10 cours d'Hébreu et 10 livres pédagogiques offerts à chaque séance.
Pour tout renseignement sur les activités d'ALEPH et assister aux conférences et ateliers au cours de l'année, contactez Sonia Sarah Lipsyc au 514-733-4998 poste 3160, par courriel slipsyc@csuq.org, ou sur www.csuq.org.
ALEPH
Café littéraire avec Lise Ravary en avril 2013 avec, de gauche à droite, Sonia Sarah Lipsyc, Lise Ravary, Maurice Chalom et Arnaud Nobile à l’accordéon.
Atelier talmudique ALEPH du 19 juin 2013 avec Daniel Glassman.
Café littéraire avec Lise Ravary en avril 2013 avec, de gauche à droite, Elias Levy, Sonia Sarah Lipsyc, Lise Ravary.
Hommage à Gérard Etienne le 29 avril 2013, de gauche à droite, Dr Henri Paratte, Natania Etienne, Dr Sonia Sarah Lipsyc, Dr Simone Grosmann, Franz Voltaire, et Dr Simon Harel. magazine LVS | septembre 2013 | 67
LE BÉNÉVOLAT SoMMaire 69 Le BéNéVoLaT, UN doN de Soi iNéViTaBLe SeLoN SYLVaiN aBiTBoL
DOSSIER SPÉCIAL 68 | magazine LVS | septembre 2013
70 10 ChoSeS QU’oN
deVraiT ToUS SaVoir SUr Le BéNéVoLaT
72 QUaNd Le BéNéVoLaT
iGNore LeS BarriÈreS
74 KareN aFLaLo : UNe
BéNéVoLe SaNS FroNTiÈreS
76 MoNTréaL MéGa MiSSioN eN iSraËL : L’aVeNTUre UNiQUe d’UNe Vie
Dossier spécial
Le bénévolat, un don de soi inévitable selon Sylvain Abitbol Dans le cadre de notre dossier spécial sur le bénévolat, nous avons rencontré le nouveau président de la CSUQ, M. Sylvain Abitbol. Il nous a fait part de sa vision unique sur les raisons pour lesquelles les Juifs donnent de leur temps et s’impliquent autant dans leur communauté.
LVS : Quelle est votre vision du bénévolat ? Sylvain Abitbol : Je crois qu’il fait partie de l’essence de l’être juif car la force de notre peuple réside dans l’entraide et l’unité. Nous nous soucions les uns des autres, c’est à la base de nos enseignements. L’implication sociale est essentielle pour tout Juif. Nous sommes tous responsables les uns des autres, c’est une responsabilité mutuelle. C’est cet élément fondateur qui a assuré la perennité du peuple juif, peu importe où les aléas de notre histoire nous ont transportés. Chez nous, le groupe est responsable de l’individu. Voilà ce qui explique, par exemple, pourquoi l’armée israélienne se soucie de chacun de ses soldats. Dans notre religion, s’occuper de libérer un Juif quand il est pris en otage est une mitzva. Un autre exemple de comment notre communauté se soucie de chacun de ses membres : nous nous mobilisons pour nous occuper de nos personnes handicapées, de la naissance à la mort. L’envers de la médaille s’applique aussi : l’individu juif est responsable vis à vis de la collectivité. Il doit apporter quelque chose au groupe. Ceci est la prémisse même de mon implication communautaire. LVS : Pourquoi vous impliquer autant que vous le faites ? S.A. : Quand je parle de bénévolat, je parle en connaissance de cause! Mais dans ma vie d’homme d’affaires, je n’ai jamais autant de satisfaction que lorsque je m’implique communautairement ! En tant que nouveau président de la CSUQ, je pense que toutes les responsabilités de ce poste sont importantes et surtout, je crois que c’était le bon moment pour moi pour faire ce saut. Comme on dit : « Si vous voulez qu’une chose soit faite, demandez-la à une personne qui est occupée ! » (rires). Quand on m’a proposé ce poste, je me suis demandé : quels en sont les enjeux et qu’est-ce que je peux y apporter ? J’ai réfléchi longuement et j’ai accepté ces nouvelles responsabilités car je pense avoir quelque chose à apporter à ma communauté.
LVS : Comment motiver les jeunes par rapport au bénévolat et à l’implication communautaire ? S.A. : La tâche la plus importante d’un leader est de préparer la relève. Pour les jeunes, nous élaborons des stratégies avec les outils dont nous avons besoin pour conquérir ce segment de population. Cela étant dit, je voudrais souligner que nous avons une jeunesse exceptionnelle! Je suis émerveillé par eux, par cette génération vraiment magnifique, structurée, éduquée, intelligente et dynamique. Nous, nous étions les premiers et pour les jeunes, il existe déjà des structures communautaires bien établies. Il est certain que la motivation change avec les circonstances, l’âge et les générations, mais la relève est là. Le rôle de chaque Juif est de montrer le bon exemple à ses enfants. Car la vie ce n’est pas juste de travailler, de s’amuser et de penser à soi. Il faut redonner aux autres. Quand les enfants prennent la relève, c’est magnifique, c’est que l’on a rempli notre rôle. LVS : Le mot de la fin (pour cette fois-ci) ? S.A. : Le bénévolat est une responsabilité qui incombe à chacun. Pour moi, c’est une responsabilité parmi tant d’autres. Je suis aussi co-président de l’organisation «Justice pour les Juifs des pays arabes» et je suis impliqué auprès de l’Université Ben Gurion. Oui, je suis un homme occupé mais je m’arrange avec tout cela. Je n’en ai pas le choix! C’est le tikkoun olam, « la réparation du monde »… Emmanuelle Assor
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10 choses qu’on devrait tous savoir sur le bénévolat 01
70 pour cent des Canadiens affirment avoir fait du bénévolat pour un organisme caritatif au cours de la dernière année (sondage effectué dans le cadre de la Journée du bénévolat de BMO, le 4 juin 2013). Leurs motivations : le don de soi, la participation à une cause qui leur tient à cœur, l'importance du sentiment d'accomplir quelque chose, le désir de se sortir de l’isolement, de créer des liens, de réseauter pour un futur emploi, de mettre leurs compétences au service d’une cause qui « donne du sens », ce qui n’est pas toujours le cas dans l’univers professionnel.
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Il existe un lien étroit entre la culture d’entreprise et le bénévolat : plus les entreprises favorisent l’engagement communautaire, plus les gens sont aptes à faire du bénévolat. Selon l’étude de BMO sur le bénévolat : « 90 pour cent estiment important que leur employeur encourage le bénévolat, mais seulement 35 pour cent affirment que leur entreprise a créé un programme en ce sens ». Selon les résultats de ce même sondage, pour une écrasante majorité de Canadiens, il est important que leur entreprise encourage une culture de « générosité envers la communauté » parmi ses employés. De plus, près d'un quart des répondants (23 pour cent) expliquent qu'ils seraient plus enclins à faire du bénévolat si leur entreprise posait plus de gestes pour les y encourager. « Les grandes entreprises du Canada ont un rôle à jouer en vue d'aider au développement des collectivités au sein desquelles nous vivons et exerçons nos activités », a expliqué M. Tripp. « Il ressort clairement de notre sondage que les Canadiens s'attendent à ce que leur employeur joue un rôle de premier plan en vue d'aider à la mise en place d'une culture du bénévolat au sein de notre société. »
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Contrairement aux idées reçues, les jeunes font du bénévolat : 80 pour cent des Canadiens de moins de 35 ans ont fait du bénévolat au cours des 12 derniers mois.
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Les stéréotypes subsistent ! Certains croient encore que les bénévoles sont des personnes de plus de 60 ans, ayant beaucoup d'argent et de temps libre. Même parmi les bénévoles, le cliché de la vieille dame qui occupe ses loisirs ou du retraité qui vient au secours des personnes moins nanties que lui, a toujours cours. Moi, un bénévole ? Certaines personnes qui font du bénévolat depuis des années n'ont jamais songé à s'apposer l'étiquette de bénévole ou n’aiment simplement pas cette appellation. On s'imagine que les gens décident de faire du bénévolat parce qu'ils ne savent pas comment occuper leur temps.
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Il n’y a pas de limite d’âge pour le volontariat : du plus jeune au plus âgé, votre temps et votre expérience seront appréciés. Vous avez une passion ? Sachez que plusieurs organisations seraient ravies de profiter de votre enthousiasme, peu importe votre origine, religion, âge et statut social !
Dossier spécial
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Il a été démontré que les bénévoles font d’excellents recruteurs auprès de leurs amis, famille et même inconnus car ils connaissent mieux que quiconque l’organisme auprès duquel ils se sont engagés. Il n’est pas rare non plus de voir des bénévoles changer de tâches et se découvrir de nouveaux talents dans une même organisation.
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Le bénévolat est une affaire de famille. Lorsqu’on a grandi dans une famille de bénévoles, on devient naturellement bénévole plus tard car ce sens de l’autre a été légué de parent à enfant. «Ayant grandi dans une famille de bénévoles, on en attendait pas moins de moi comme être humain» affirme une jeune bénévole rencontrée à la CSUQ.
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Faire du bénévolat est bon pour la santé cardiaque, et ce, même pour les jeunes, démontre une étude canadienne menée à l’Université de Colombie-Britannique, dont les résultats ont été publiés en février 2013. « Dans cette étude, les chercheurs ont mesuré l'indice de masse corporelle, le cholestérol et le degré d'inflammation de 53 élèves de la 10e année de Vancouver qui donnaient une heure par semaine de leur temps à des activités avec des élèves du primaire de leur quartier. Ils ont comparé les résultats de ce groupe avec un autre de 53 lycéens qui ne faisaient pas de bénévolat. (…) Ainsi, après dix semaines, les jeunes qui faisaient du bénévolat avaient un niveau de cholestérol et un degré d'inflammation des tissus plus bas que les autres et avaient également moins de graisse corporelle. Mieux encore, les participants qui avaient montré le plus d'empathie et d'altruisme dans l'accomplissement de leurs tâches étaient aussi ceux dont la santé cardiovasculaire s'était le plus améliorée. (Le détail de ces travaux est publié dans le Journal of the American Medical Association, JAMA, http:// archpedi.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1655500).
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Le bénévolat aide à garder notre cerveau en bonne forme, ce qui est un élément essentiel pour bien vieillir. En mettant à contribution le corps et l’esprit, le bénévolat aide à bien vieillir et à réduire les risques de développer des maladies liées au vieillissement, comme l’Alzheimer et les maladies apparentées. La rencontre de nouvelles personnes et la participation à de nouvelles activités ont pour effet de stimuler la sécrétion d’endorphines. Ces « neurones de bonheur » font travailler notre cœur, gardent notre esprit aiguisé et stimulent notre système immunitaire, en plus d’aider à réduire le stress. (http://www. alzheimermontreal.ca/impliquez/soyez_benevole.php)
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Le bénévolat est un espace de liberté et de choix. Et si certains choisissent le bénévolat par convictions religieuses, d’autres recherchent simplement un contact plus authentique. D’autres encore aident leurs prochains parce qu’ils ont eux-mêmes trouvé des mains secourables quand ils en ont eu le plus besoin. Leur point commun : une véritable démarche de développement personnel.
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Vous avez encore des doutes ? Just do it!
Emmanuelle Assor
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Quand le bénévolat ignore les barrières
Arlène Abitan
Steve Sebag
Nous savons tous à la communauté que le bénévolat représente un élément incontournable pour assurer le bon fonctionnement des organismes à but non lucratif. Nous sommes habitués à nos propres bénévoles et nous savons très peu ou pas assez des bénévoles sépharades qui œuvrent au sein de la Fédération CJA, toujours mus par ce désir de servir la communauté juive dans son ensemble. Pour en savoir davantage sur leurs motivations nous avons interrogé trois d’entre eux qui occupent des positions clé dans le réseau communautaire : Arlène Abitan, Steve Sebag et David Amiel. LVS : Quels sont les motifs qui vous ont poussé à vous engager à être bénévole au sein de la Fédération CJA et depuis combien de temps ? Arlène Abitan : C’est par hasard, il y a plus de vingt ans après avoir œuvré au Centre Saidye Bronfman quand j’ai traversé la rue pour découvrir la Fédération CJA. La première réunion où je fus invitée était dirigée par des femmes brillantes, fières de leur identité juive et motivées pour la campagne annuelle. Au fur et à mesure, je n’ai cessé de découvrir et apprendre en quoi consistait le travail de la Fédération CJA Steve Sebag : La tzédaka et la solidarité communautaire représentent des piliers du judaïsme; mon implication me permet de m’adonner à cette magnifique mitzvah quotidiennement. En vieillissant un peu, on réalise à quel point nous sommes chanceux. Je crois donc, que c’est notre devoir de venir en aide à ceux qui, pour une raison ou une autre, sont simplement moins chanceux. 72 | magazine LVS | Septembre 2013
David Amiel
Mon implication au sein de différentes organisations communautaires date d’environ 10 ans mais ça fait 4 ans que je suis activement impliqué auprès de Fédération CJA. David Amiel : J’ai été un bénévole actif à la Fédération CJA depuis 2008 après avoir participé à la Mission en Israël du Comité du jeune leadership. Être père de trois jeunes enfants m’a fortement motivé et m’a fait réaliser que j’étais le maillon d’une chaîne. Je suis le fils d’un immigrant juif marocain par mon père et d’une mère canadienne, convertie au judaïsme. Je suis né au Québec. Je réalise la nature de mes racines et je suis persuadé que je dois faire en sorte que mes enfants fassent également partie, plus tard, de la communauté juive montréalaise. LVS : Dans quels comités d’action êtes-vous impliqué et quelle est votre position ? A.A. : J’ai co-présidé plusieurs événements de levée de fonds reliés à la campagne annuelle des femmes. En 2001, j’ai présidé la campagne sépharade des femmes. J’ai très vite compris la nécessité de rapprocher les deux communautés de Montréal et c’est dans ce but que j’ai établi un programme de sensibilisation pour améliorer le dialogue entre sépharades et ashkénazes. En 2014, je présiderai la campagne générale des femmes. En parallèle, j’ai eu beaucoup d’autres implications communautaires : Le Musée de l’Holocauste, le Centre Mada, Migdal’Or, l’Hôpital Général Juif, Israel Cancer Research Fund (Women of Action 2007)
Dossier spécial
S.S. : J’ai l’honneur de présider la campagne des Jeunes Adultes (YAD) de CJA de 2013. Au cours des 4 dernières années j’ai, notamment, fait partie du comité exécutif de Imagine 2020, l’exercice de planification stratégique de Fédération CJA et je suis cofondateur de FIX, une organisation, fondée en partenariat avec la CSUQ et CJA et gérée par OMETZ, qui vient en aide aux personnes aux prises avec des problèmes de dépendances. D.A. : Je suis présentement actif dans un certain nombre de comités de la Fédération CJA et de ses agences affiliées. Je suis le président de YAD et membre du CA de la Fédération CJA et dans l’équipe de management du jeune leadership. Je siège également au CA de Hillel ainsi que dans d’autres organismes communautaires. LVS : Que ressentez-vous en tant qu’être humain et en tant que juif engagé dans une cause à laquelle vous croyez ? A.A. : C’est extrêmement bénéfique de faire du bénévolat…. agir avec des personnes qui partagent la même passion …c’est un travail d’équipe où chacun apporte son énergie dans le but d’améliorer le sort de son prochain. C’est aussi pratiquer la notion du tikun olam. Je suis très heureuse de mon implication à la Fédération CJA. S.S. : Je dirai trois mots : joie de pouvoir contribuer, un tant soit peu, au noble objectif juif de Tikun Olam, fierté de pouvoir accomplir mon devoir de citoyen engagé et reconnaissance à l’endroit de ma communauté et de CJA pour le travail colossal qu’elle accomplit pour aider nos frères et sœurs à Montréal et à l’étranger dans le besoin. D.A. : Être un bénévole communautaire m’a changé en tant que père, époux, ami et juif. Cela m’a donné une voix que je n’avais pas auparavant. Les moments les plus intenses que j’ai expérimentés furent lors de la naissance de chacun de mes enfants et qui m’ont inspiré à vouloir créer un meilleur monde pour eux. J’ai pris une décision réfléchie de donner l’exemple et de devenir un bénévole afin qu’ils héritent pour eux et pour leurs futurs enfants une communauté juive vibrante ici à Montréal et qu’également ils réalisent l’importance de s’engager. Mes parents et avant eux mes grands parents se sont investis et ont fait des sacrifices pour offrir de meilleures opportunités à leurs enfants. Être bénévole signifie pour moi faire la même chose pour mes enfants. LVS : Considérez-vous que faire du bénévolat peut changer votre vie et si oui expliquez de quelle manière ? A.A. : Le bénévolat a changé ma vie, j’ai connu des gens magnifiques, j‘ai nourri mon sentiment d’appartenance, je suis une juive universelle et j’ai besoin de me connecter aux différentes facettes de la communauté. Je pense qu’il vaut mieux miser sur nos similarités plutôt que sur nos différences pour le bien de la communauté.
S.S. : Je suis convaincu que l’implication caritative change l’existence d’un individu. Elle lui fournit un certain code de vie. Elle permet de réaliser à quel point nous sommes choyés et comment la quête de certains objectifs à tout prix, peut être futile. Elle offre la chance de faire preuve d’altruisme et de compassion; des valeurs que tout parent aspire à inculquer à ses enfants. Je reviens d’un fantastique voyage en Israël et en Éthiopie ou nous avons participé à l’une des dernières « aliyah » de juifs éthiopiens. Si on demandait à n’importe lequel des 9 autres montréalais qui m’ont accompagné si cette expérience avait changé, un tout petit peu, leur perspective de vie, leur réponse serait, j’en suis persuadé : « évidemment ». D.A. : Comme je l’ai déjà dit, prendre part à des projets en tant que bénévole actif afin d’aider à changer le monde, représente une occasion unique qu’il faut saisir. Réaliser que le travail que vous accomplissez, le temps investi et les ressources financières que vous donnez, peut avoir un impact aussi considérable, représente un sentiment incroyable. En fin de compte c’est celui qui donne qui est le plus récompensé. LVS : Que faut-il faire d’après vous pour inciter encore plus de jeunes à s’engager comme bénévoles dans la communauté ? A.A. : La relève s’impose. Perpétuer et sauvegarder l’identité juive chez les jeunes me tient beaucoup à cœur. Être un exemple pour ses enfants en faisant du bénévolat les motivera à s’impliquer. L’amour de la communauté et l’identité juive commence à la maison. Les femmes font bouger les choses, elles peuvent influencer leurs enfants à prendre un rôle dans le service communautaire, en leur démontrant qu’aider son prochain est le langage du cœur, et qu’en suivant son cœur, on vit beaucoup mieux ! S.S. : La perception que les plus âgés ne font pas de place aux jeunes et de moins en moins vraie. Je vois le changement se manifester tous les jours. L’implication des jeunes est non seulement souhaitée, elle est essentielle au bon développement de notre communauté. Il y a, par contre, encore beaucoup de travail à faire. Nous, les jeunes (et un peu moins jeunes!), voulons être pris au sérieux, bien comprendre où notre argent sera alloué, « voir et toucher » l’étendue des vastes services que la communauté offre, participer à des expériences de bénévolat concrètes, occuper des positions décisionnelles et interagir. D.A. : Je crois que la meilleure façon d’amener les jeunes juifs montréalais à s’engager communautairement réside dans le fait de leur parler, de les rencontrer et de les mettre en contact avec leurs pairs. Il ne faut surtout pas se leurrer et penser que parce que je suis engagé ils vont faire de même. Chaque membre de notre communauté est connecté et se préoccupe de la communauté juive à sa façon. La clé du problème réside dans le fait de leur offrir beaucoup de « portes d’entrée » afin de leur permettre l’accès à l’incroyable gamme d’activités qui sont offertes actuellement et leur permettre de choisir la voie qu’ils préfèrent.
Elie Benchetrit
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Karen Aflalo : une bénévole sans frontières Le bénévolat est la seconde nature de Karen Aflalo. Fleuron de la relève communautaire, elle est impliquée dans plusieurs comités au cœur de la communauté, autant à la CSUQ qu’à la Fédération CJA. Pour Karen, il n’y a ni clivage, ni préjugé valable quand on doit aider sa communauté au sens large du mot. Elle représente la nouvelle génération de juifs québécois motivés par le partage et soucieux de perpétuer la culture juive sous toutes ses facettes. Karen Aflalo nous apporte un témoignage rempli de sincérité et de passion. LVS : Quels sont les motifs qui vous ont poussée à vous engager à être bénévole et depuis combien de temps ?
Karen Aflalo
K.A. : Je suis issue d’un environnement familial qui m’a permis de baigner dans l’esprit communautaire. Mes parents ont beaucoup donné à la communauté puisqu’ils faisaient partie de la génération des pionniers arrivés il y a 40 ans. Cette fibre a grandi en moi et a bénéficié des encouragements de la CSUQ pour se développer. Salomon Oziel et Mark Kakon ont toujours soutenu et encouragé tous les projets que je proposais, même les plus osés, me permettant ainsi de m’épanouir et de me dépasser avec chaque nouveau projet. Je me suis ainsi, progressivement, retrouvée dans plusieurs comités, aussi motivants les uns que les autres, en plus de mon travail à plein temps. J’ai développé mon vrai sens de leader au cœur de la CSUQ et j’en suis très fière car j’ai pu participer et organiser des projets incroyables grâce à une équipe de professionnels compétente et dévouée à mes côtés afin d’assurer la réussite de ces projets. Cette implication communautaire est gratifiante car je crois en une communauté plus homogène où les aprioris s’atténuent avec la nouvelle génération. C’est pourquoi, je n’ai pas hésité à travailler en collaboration avec la Fédération CJA pour développer le projet FIX, un projet pour aider les jeunes à risque de dépendances sachant qu’ils avaient les ressources nécessaires pour subvenir aux besoins de ces jeunes-là. Par contre, certains projets naissent, se développent et se réalisent entièrement au sein de la CSUQ tels que notre dernière levée de fonds, la Guerre des clans, au profit de BANAV qui aide les enfants avec des difficultés d’apprentissage. Ce projet a pris naissance lors du dernier voyage « Retour aux sources » qui concluait le dernier Programme de Leadership dans lequel j’étais la co-présidente. Donc, pour moi, ce qui motive mon implication est essentiellement la cause ! LVS : Vous êtes à la fois impliquée dans le Programme de Leadership de la CSUQ et dans la Campagne YAD de la CJA. Êtes-vous la preuve vivante que le clivage entre sépharades et ashkénazes est de l’histoire ancienne ? K.A. : En fait, chaque projet est analysé indépendamment pour trouver le meilleur angle de réussite et le comité décide ensuite si les moyens devraient être communs ou pas. Ce sont les résultats qui font la différence à présent. D’origine ashkénaze ou sépharade ? Peu importe, la nouvelle génération est bilingue, fréquente les mêmes universités, les mêmes lieux de distraction et défend les mêmes causes au final. Je ne ressens plus le clivage connu par mes parents car la plupart des différences n’en sont plus. Seule la motivation d’aider notre communauté pour la faire perdurer est essentielle pour les bénévoles ou professionnels de la CSUQ et la Fédération CJA. Ma
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Dossier spécial
richesse héréditaire sépharade est une partie de moi et mon ouverture d’esprit me permet de naviguer entre tous pour créer une équipe cohérente qui suit le même objectif : aider la communauté juive à prolonger ses traditions culturelles quelle que soit l’origine de chaque famille. LVS : Que faut-il faire selon vous pour inciter davantage de jeunes à s’engager comme bénévoles dans la Communauté ? K.A. : Le programme du Leadership orchestré par Benjamin Bitton, est une magnifique occasion de rassemblement pendant l’année. La clôture du cursus par le voyage « Retour aux Sources » est une prise de conscience pour beaucoup qui se sont rendus compte du passé des Sépharades dans l’histoire juive. Je pense que c’est important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va et ce genre de voyage est un moyen de connaître profondément son identité. J’ai pu constater que pour motiver un jeune à la cause bénévole, il faut trouver un centre d’intérêt compatible avec une action bénévole et on peut ainsi révéler des traits de personnalité incroyables. Il faut trouver une porte d’entrée pour attirer les curieux ou ceux qui deviendront les futurs leaders sans le savoir au départ. Je sais les repérer et je les motive pour développer leur potentiel car c’est très important de penser à la relève. LVS : Que ressentez-vous en tant que femme juive engagée dans une cause à laquelle vous croyez ? K.A. : En tant que femme, je suis comblée et fière d’être un membre de la communauté à part entière. Il est évident que de plus en plus les femmes se rendent disponibles pour les causes qui leur tiennent à cœur. Je suis au milieu de cette évolution épanouissante et inspirante. Les bénévoles font vivre la communauté et grâce à eux de grands défis sont réalisés. Le plus motivant est de former et d’inspirer les futurs bénévoles. J’ai eu la chance de toucher à plusieurs disciplines dans les différents projets, je peux donc à présent les conseiller, créer des échanges d’idées, superviser avec recul pour laisser la place à la relève et les accompagner pour qu’ils apprécient le même épanouissement que j’ai pu connaître. Karen Aflalo en quelques lignes : • • • • • • •
Diététiste de formation et gestionnaire de territoire pour la force de ventes médicale chez Mead Johnson Nutrition. Présidente de la campagne YAD en 2014. Co-Présidente de l’initiative des Nouveaux Dons 2012-13. Conseillère senior du programme de Leadership 2013. Membre du comité exécutif et présidente de la programmation du Cercle Club Privée 2009-2012 Ancienne co-présidente du Programme de Leadership 2011. Co-présidente du projet FIX
Laëtitia Sellam
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Montréal Méga Mission en Israël : l’aventure unique d’une vie Mémorable, Marquant Magique La Fédération CJA a mis en place un projet novateur qui devrait combler de bonheur ceux et celles qui, tout en restant attachés à la communauté juive de Montréal, se sentent liés au destin d’Israël. Il s’agit d’une mission pas comme les autres qui, du 14 au 23 mai 2014, se propose de faire découvrir ou plutôt redécouvrir les multiples facettes d’un pays qui fait vibrer depuis des millénaires le cœur de tout juif de la diaspora indépendamment de ses convictions politiques, religieuses ou culturelles. Pour en savoir un peu plus sur cette nouvelle initiative nous avons posé quelques questions à Gail Adelson-Marcovitz et Jonathan Wener, coprésidents du projet. LVS : Comment est née l’idée de monter un projet aussi grandiose ? G.A. : Il y a des faits intangibles qui occupent la scène de la communauté juive montréalaise, nous nous trouvons en effet à une croisée des chemins au sein même de cette communauté. Nous avons pensé qu’il était nécessaire de mettre sur pied un projet spécial et lui donner un nouveau contenu. Nous avons tenu compte également du facteur temps et nous avons convenu que c’était le moment idéal pour nous lancer dans cette belle aventure communautaire et nous investir à fond pour l’organiser. Jonathan Wener
Jonathan-Nous avons constaté que les retombées de notre dernière mission collective en Israël il y a 18 ans, avaient laissé leurs traces au sein des participants et que c’était sûrement une expérience à refaire en créant un nouveau concept. L’autre fait important est qu’à l’heure actuelle, il y a l’émergence d’un nouveau leadership au sein de notre communauté de même qu’une forte connexion de la diaspora avec Israël. Le temps était donc propice pour nous de saisir cette opportunité de nous reconnecter à notre tour avec les nouvelles réalités israéliennes et de nous investir dans ce projet. Je dois ajouter que grâce à l’existence des médias sociaux, la réponse du public est de loin très positive et les ressources investies dans la diffusion du projet ont été moindres que celles d’il y a 18 ans. LVS : Quel est l’objectif principal de la Méga Mission ? Jonathan : Il faut comprendre que l’originalité de cette mission réside dans le fait qu’elle est conçue essentiellement comme une fragmentation de mini missions réunies en une seule, incluant des méga événements, et taillées au goût de chacun des participants afin de répondre à leurs goûts et à leurs attentes personnels. Ce concept novateur nous permet de mettre en place les ressources ainsi que des programmes fabuleux et inédits que l’on retrouve rarement dans une mission conventionnelle.
Gail Adelson-Marcovitz
Gail-Je dirais également que ceci est une mission individuelle au sein d’une méga mission, mais j’insiste également sur le fait majeur pour ce qui est de son objectif : elle représente un engagement indéfectible de la communauté envers la communauté et bien sûr envers Israël. LVS : Combien de participants prévoyez-vous et combien se sont-ils déjà inscrits ? Jonathan-Le chiffre idéal que nous visons est de 1000 participants, nous en avons déjà presque 500 d’inscrits. Je pense toutefois qu’avec 700 nous serions pleinement satis-
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Dossier spécial
faits. Lors de la mission menée en 1995, le nombre des participants était déjà de 700. Je tiens à affirmer que nous sommes très satisfaits de la réponse très positive de la communauté. LVS : Quels seront les points forts de cette mission ? Gail et Jonathan : Nous sommes d’accord pour dire que selon nous, le Méga événement de la Mission sera constitué par la « conquête de Massada » par nos participants lors d’une activité réservée essentiellement pour eux (le site de Massada a été réservé exclusivement pour nous lors de cette journée). Imaginez ce retour à l’histoire dans un des hauts lieux de la résistance juive à l’occupation romaine. Des centaines de juifs montréalais se rendant dans les hauteurs de la forteresse à la tombée du jour pour redescendre plus tard avec des flambeaux pour célébrer le Lag Ba’Omer à la belle étoile dans le désert de Judée. Peut-on imaginer quelque chose de plus grandiose et de plus émouvant? Sans parler évidemment du séjour dans Jérusalem, notre capitale éternelle. Nous mettrons également l’accent sur le concept des options personnelles au nombre de 25. Des choix aussi intéressants que variés comme la visite des vignobles pour les amateurs de bons vins, la visite des hauts lieux du HighTech israélien et des industries de pointe, les sites archéologiques, les innovations en matière d’agriculture etc.. Sans oublier l’événement de clôture que l’on promet inoubliable et plein de surprises. LVS : Quels sont les résultats escomptés ainsi que les retombées pour la communauté juive montréalaise ? Jonathan : Il s’agit en premier lieu surtout du développement du sentiment identitaire juif et également d’appartenance à la communauté. Nous sommes également convaincus que cette mission permettra d’ouvrir les portes à un nouveau leadership, un phénomène que l’on observe déjà. Le renforcement du lien puissant qui nous lie au destin de l’État d’Israël et last but not least la conviction que chaque participant reviendra changé et chargé de souvenirs impérissables après ce merveilleux périple sur la terre de nos ancêtres.
Elie Benchetrit
Elias Levy
Maurice Chalom
Luc Rosenzweig
Lise Ravary
Daniel Radford
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Bravo et merci à nos collaborateurs et collaboratrices… sans frontières ! Nous en sommes, déjà à notre 4ème édition de cette nouvelle section d’« Opinions sans frontières » initiée l’an dernier avec la participation d’imminents collaborateurs et collaboratrices d’ici et d’ailleurs qui, avec rigueur, professionnalisme et finesse dans leurs analyses, ont bien voulu participer à notre rubrique et ce, de manière bénévole, nous tenons à le souligner. Qu’ils en soient remerciés du fond du cœur pour la confiance qu’ils témoignent à notre magazine et pour le haut niveau de leurs réflexions sur les divers sujets qu’ils ont choisi librement de traiter. Dans ce numéro nous accueillons nos habitués, Elias Lévy bien sûr, avec une entrevue magistrale avec le Dr Khayat , cancérologue de réputation mondiale, sans oublier notre « mouche du coche », c’est ainsi que je l’ai surnommé ironiquement, notre ami Maurice Chalom qui, avec son franc-parler et sa verve légendaire se plait à bousculer avec délectation nos certitudes communautaires. Les nouveaux venus également avec la participation d’une grande figure du journalisme français, Luc Rosensweig ancien rédacteur en chef du Monde et écrivain de plusieurs ouvrages dont : La France et Israël, une affaire passionnelle (avec Élie Barnavi) Perrin, 2002. Lettre à mes amis pro-palestiniens, Éd. de la Martinière, 2005. Ariel Sharon, Perrin, 2006. Analyste chevronné des problématiques mondiales, Luc Rosenzweig nous décrit avec lucidité le rôle de plus en plus prépondérant des frères musulmans sur l’échiquier du monde arabo-musulman. Lise Ravary, ancienne rédactrice en chef de Chatelaîne, d’Elle Québec et d’En Route d’Air Canada, actuellement journaliste pigiste dans le Journal de Montréal et auteure du livre « Pourquoi moi ? Ma vie chez les juifs hassidiques » qui a, sans hésiter, accepté de collaborer à ce numéro en nous livrant un témoignage bien vivant de sa relation avec son nouveau crédo, le judaïsme et son vécu chrétien, spécialement lors de la fête de Roch Hachana. Nous sommes allés également à la rencontre d’une figure centrale du pas trop lointain « Printemps Érable » en la personne de Martine Desjardins, ancienne présidente de la Fédération Étudiante Universitaire du Québec, qui avec du recul, nous livre ses impressions sur cette période mouvementée que nous avons vécue le printemps dernier. Et last but not least, nous nous sommes assurés la collaboration d’une imminente figure du judaïsme juif français en la personne du Rabbin Daniel Radford, que nous avons eu l’occasion de découvrir lors de la populaire émission de Michel Drucker « Vivement Dimanche » et auteur de « L’homme des livres » (Édition du Châtelet 2012) Ce dernier a choisi de nous parler, nous qui ne cessons de rêver, de la place des rêves dans le judaïsme. Un beau programme pour marquer l’année nouvelle. Elie Benchetrit
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Les grands combats pour la vie du Dr David Khayat Une entrevue avec un éminent cancérologue et chercheur scientifique, le Dr David Khayat. d’honneur de l’Institut National du Cancer de France… le Dr David Khayat est aussi un écrivain à succès, auteur de plusieurs romans très remarqués, dont Ne meurs pas ! — adapté à la télévision, l’acteur Roger Hanin a interprété le rôle du personnage principal de ce roman autobiographique inspiré de la carrière médicale du Professeur David Khayat —; Le Coffre aux Âmes; La Vie pour s’aimer... Le Dr David Khayat est aussi l’auteur de plusieurs essais sur le cancer, dont Les chemins de l’Espoir : comprendre le cancer pour l’éviter et le vaincre; Des mots sur les maux du cancer; Le vrai régime anticancer... qui ont connu de grands succès de librairie. Son dernier livre : De larmes et de sang, paru dernièrement aux Éditions Odile Jacob. Ce cancérologue de renommée mondiale, né en 1956 dans une famille sépharade de Sfax, en Tunisie, a été aussi co-Président, avec Yehuda Lancry, ancien Ambassadeur d’Israël en France et à l’O.N.U., de la Fondation France-Israël.
Dr David Khayat « Nous ne devons pas capituler face au plus grand fléau de l’Histoire de l’humanité : le cancer » En l’an 2000, 10 millions de nouveaux cas de cancers ont été diagnostiqués dans le monde. Cette année-là, 6 millions de personnes décédèrent des suites de cette implacable maladie. A cette époque, l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) annonçait des statistiques effrayantes qui, malheureusement, sont en train de se confirmer: en 2020, il y aura 20 millions de nouveaux cas et 10 millions de morts. « Passer à côté de ce qui représente aujourd’hui le plus grand fléau auquel l’humanité ait jamais été confrontée dans son Histoire, le plus grand prédateur de l’homme, ce serait un aveu d’échec et de capitulation. La meilleur arme pour éradiquer le cancer reste la prévention, en particulier contre le tabagisme », explique le grand cancérologue français, le Dr David Khayat. Chef du Service de Cancérologie de l’Hôpital de La PitiéSalpêtrière de Paris, Professeur de Médecine à l’Université Pierre et Marie Curie de Paris et au M.D. Anderson Cancer Center de Houston, au Texas, initiateur, en l’an 2000, du Sommet Mondial contre le Cancer, fondateur et Président 80 | magazine LVS | septembre 2013
À travers ses ouvrages, le Dr David Khayat a développé une Philosophie de la vie préconisant une médecine humaniste qui tout en repoussant les limites de la mort confère une place prépondérante à la dignité du malade. « Guérir le corps est sans nul doute fondamental, mais veiller à ne pas blesser l’âme humaine est tout aussi important. C’est cela, selon moi, être médecin », nous a confié le Dr David Khayat au cours de l’entrevue qu’il nous a accordée. Rencontre avec un combattant de l’espoir passionné par la vie. LVS : Dans les cénacles médicaux, on ne cesse de claironner que les progrès dans le domaine de la cancérologie sont de plus en plus significatifs. Pourtant, en cette deuxième décade du XXIe siècle, les statistiques sont effrayantes : le cancer est devenu un grand fléau qui tue chaque année des millions de personnes dans le monde. Peut-on réellement parler de « progrès notoires » dans la lutte contre le cancer ? Dr David Khayat : Vous avez raison de poser cette question parce que chaque famille ayant perdu un proche atteint d’un cancer se la pose légitimement. Mais, en réalité, les progrès existent. Je les ai vus durant mes trente-cinq ans de pratique de la cancérologie. Quand j’ai débuté ma carrière médicale,
les chimiothérapies étaient effroyables et ne guérissaient personne. J’ai choisi le métier de cancérologue parce qu’en 1974, une amie très proche, chez laquelle on avait décelé un cancer lymphatique après son mariage, avait guéri. C’étaient les premières guérisons du cancer du lymphome et de la leucémie. À l’époque, ces guérisons étaient exceptionnelles, à tel point que dans le cas de cette jeune fille tout le monde a crié au miracle. Aujourd’hui, les statistiques sont très éloquentes: plus de la moitié des malades atteints du cancer du lymphome ou de la leucémie guérissent; le cancer des testicules est guéri à 100%… Quand j’ai débuté ma carrière de cancérologue, le seul traitement pour le cancer du sein était la mastectomie : on enlevait le sein, quelle que soit la taille du cancer. Les femmes atteintes d’un cancer du sein suivaient des chimiothérapies absolument terrifiantes. Et, malgré ces traitements, près de la moitié d’entre elles mouraient dans un laps de dix ans. En 2013, à peu près 85% des femmes ayant un cancer du sein bien traité -le problème, c’est l’accès à des soins de qualité- guériront, la majorité d’entre elles sans subir une ablation de leur sein. Aujourd’hui, on guérit 25% des malades atteints d’un cancer des poumons, 15% des malades atteints d’un cancer du pancréas… Quand j’ai commencé ma carrière, les gamins mouraient du cancer des os, après qu’on leur ait amputé la jambe. Aujourd’hui, on n’ampute plus les jambes des jeunes atteints d’un cancer des os et ils guérissent. Des progrès considérables ont été accomplis. Mais c’est vrai que ces progrès rendent encore plus inacceptables les derniers morts. On ne comprend pas le sens ni l’ampleur de ces progrès médicaux quand le cancer vient de faucher la vie à notre père, à notre femme, à notre fils, à notre meilleur ami… On a alors l’impression que le cancer continue à ressembler à une grande loterie: chacun tire un numéro, parfois c’est le bon, parfois c’est le mauvais! LVS : Donc, nous ne sommes pas à la veille de vaincre le cancer ? D.K. : Un jour nous vaincrons le cancer, mais je ne connaîtrai pas cette grande victoire de mon vivant. Nous avons cru que le cancer ne pouvait être éradiqué que si on trouvait un traitement global. Nous nous sommes trompés. Au début des années 90, nous avions beaucoup d’armes, beaucoup de médicaments, mais ceux-ci ne donnaient pas les résultats escomptés sur les différents types de cancer. Puisque nous avons 200 organes, nous avons conclu qu’il nous faudrait trouver 200 traitements différents pour soigner toutes les formes de cancer. Ce n’est qu’à la fin des années 90, grâce à la biologie moléculaire, que nous avons réussi à explorer exhaustivement l’intimité des cellules cancéreuses. Nous nous sommes alors aperçus que nous ne devions pas différencier
les cancers en fonction des organes sur lesquels ils s’étaient développés, mais en fonction de leur signature génomique. Aujourd’hui, nous nous apercevons que le combat contre le cancer doit être mené cas par cas, car les cancers réagissent tous d’une manière différente. Nous tablons sur de nouvelles thérapies ciblées. La thérapie basée sur la détermination de l’empreinte génétique nous permet de mettre en place une médecine beaucoup plus personnalisée. Désormais, nous pouvons comparer l’empreinte génétique d’un cancer à des centaines de milliers d’autres empreintes génétiques de patients souffrant de cette maladie. Nous pouvons ainsi établir des pronostics beaucoup plus sûrs. LVS : Selon vous, l’arme la plus efficace pour combattre le cancer est la prévention. D.K. : La meilleure façon de vaincre un jour le cancer, c’est évidemment de l’éviter. Je pense que nous ne travaillons pas assez sur la prévention. Cette prévention passe par la connaissance des différentes causes du cancer. Aujourd’hui, nous avons une idée plus précise de ces causes. Un tiers des cancers sont causés par le tabac. C’est pourquoi il est impératif d’accentuer nos politiques de lutte contre le tabagisme, notamment chez les jeunes. Un autre tiers est dû aux hormones, pour ce tiers nous ne pouvons malheureusement rien prévenir. Par contre, nous pouvons, par exemple, veiller à ne pas recommander les traitements hormonaux substitutifs après la ménopause. 20 % des cancers sont causés par une mauvaise alimentation, 5% sont héréditaires, 6 à 7 % sont les conséquences de maladies infectieuses -l’hépatite pour le cancer du foie, le virus HPV pour le cancer de l’utérus- et environ 3 à 4 % sont la conséquence de radiations, qu’elles soient naturelles ou consécutives à un accident nucléaire. Donc, agir sur toutes ces causes, c’est agir sur de multiples terrains très complexes. Faire de la prévention, c’est une tâche complexe et très exigeante. Mais c’est la seule voie qui nous permettra d’obtenir des résultats probants. LVS : Dans les milieux médicaux nord-américains, le médecin annonce souvent sans ambages à un patient atteint d’un cancer que sa mort est inéluctable, qu’il lui reste peu de temps à vivre. Cette approche médicale n’est-elle pas abrupte et dénuée d’humanisme ? D.K. : Il faut prendre en considération deux grands principes médicaux. Dans le monde anglo-saxon, particulièrement en Amérique du Nord, la culture prédominante, qui a façonné l’organisation sociale, est une culture protestante alors qu’en Europe la culture prédominante est judéo-chrétienne, catholique. Deuxièmement, en Amérique du Nord et en Europe, le rapport à la réalité et à la mort est très différent. Par ailleurs, magazine LVS | septembre 2013 | 81
aux États-Unis, depuis une trentaine d’années, la jurisprudence du malpraxis impose en première nécessité la vérité alors qu’en France et dans les pays de l’Europe du Sud, la pratique médicale est basée sur un fondement éthique : ne pas choquer le patient. Les Européens non anglo-saxons privilégient le serment d’Hippocrate : primum non nocere, d’abord et avant tout ne pas nuire aux patients. Aux États-Unis, quand un médecin s’adresse à son patient, c’est d’abord et avant tout la vérité qui doit primer. Quand j’ai travaillé en Amérique, j’ai assisté à des consultations où on parlait aux patients de l’aggravation de leur maladie en des termes extrêmement clairs, et souvent très crus. Je n’ai pas de jugement à porter parce qu’en France et dans les contrées de l’Europe du Sud, on n’a pas la même culture qu’en Amérique du Nord. Dans les pays européens non anglo-saxons, on s’adresse aux malades mourants avec des formes d’expression moins crues, moins claires, plus aménagées. On essaye de faire en sorte que les malades ne meurent qu’une fois et pas deux fois ! Ça ne sert à rien de les faire mourir une première fois après leur avoir annoncé une nouvelle dévastatrice et très terrifiante. LVS : Aujourd’hui, deux conceptions très opposées de la médecine, la médecine conventionnelle et les médecines parallèles, certaines appelées « douces », se concurrencient vivement. Ces deux types de médecine sont-ils antinomiques ? D.K. : Il y a aujourd’hui deux conceptions de la médecine. La première conception soutient que la médecine ne peut trouver son sens que quand elle est efficace, quand elle est un moyen pour améliorer sensiblement l’état de santé d’un patient gravement malade, quand elle maîtrise une technique médicale complexe. C’est cette médecine qui nous a fait croire que le cancer serait vaincu avant l’an 2000. La deuxième conception de la médecine, plus ancienne, d’essence hippocratique, renaît aujourd’hui à travers un certain nombre de pratiques, dont les médecines parallèles. Ces médecines plus traditionnelles ont comme principal fondement la compassion et la charité envers celui qui souffre. Je crois que ni l’une ni l’autre de ces conceptions antinomiques de la médecine n’est la bonne. La vraie bonne médecine est entre les deux. Ce que souhaite avant tout un malade, c’est de guérir. Mais, en même temps, qui est le malade atteint d’un cancer qui acceptera la lourdeur des traitements de chimiothérapie qu’il doit subir si ceux-ci ne sont pas accompagnés d’un minimum de compassion humaine ? Un malade a autant besoin de la médecine pure et dure que de la médecine de la main tendue. Il y a autant de sens quand je m’assieds au bord du lit d’un malade, quand je lui tiens la main et que je n’ai plus rien d’autre à lui apporter que quelques paroles douces, que quand je maîtrise les chimiothérapies les plus complexes ou quand je fais une greffe de la moelle.
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LVS : Êtes-vous croyant ? Si oui, comment conciliez-vous votre croyance religieuse avec la rationalité scientifique, c’est-à-dire le dialogue constant entre le « rationnel » et « l'empirique » que requiert la pratique de votre métier de cancérologue et de chercheur scientifique ? D.K. : Je crois en D.ieu, mais je ne suis pas pratiquant. Dans ma vie quotidienne, je suis un grand laïc. Je vis cet état existentiel, qui peut paraître très paradoxal, comme un schizophrène, c’est-à-dire : j’ai une double attitude et une double personnalité. Dans mon intimité, je crois en D.ieu, mais pour le médecin et le scientifique que je suis — j’ai un doctorat en médecine et un doctorat en sciences —, la vie s’explique par un mécanisme génétique, par le hasard des protéiques. Les guérisons ne relèvent jamais du miracle ! Je puise dans ma foi la force de croire en la puissance de la vie. À mes yeux, c’est cette foi inébranlable en la vie qui justifie le prix que je demande à mes patients de payer pour essayer de survivre. Quand je veux faire du bien, je fais forcément du mal. C’est dans la foi — qui dans ses fondements les plus originels définit le bien et le malque je vais chercher la conviction que ce que je fais est bien. Mais, en même temps, comme médecin, je crois profondément en la science. Aucune de mes pratiques médicales n’a jamais été inspirée par autre chose que la science. Par contre, ce que j’ai toujours défendu fougueusement, et qui a toujours été mon cheval de bataille, notamment quand, en l’an 2000, à la demande du président Jacques Chirac, j’ai élaboré un plan national de lutte contre le cancer, c’est qu’il n’y a pas de bonne médecine si celle-ci n’est pas empreinte d’humanisme. Derrière la maladie, non seulement il y a un malade, mais il y a aussi un être humain que la maladie ne résumera jamais. Donc, tout acte médical, aussi parfait soit-il en ce qui a trait à sa qualité technique, n’a aucun sens s’il n’est pas accompagné aussi d’un soutien spirituel. LVS : Donc, les traditions spirituelles ont une influence sur votre travail médical ? D.K. : Je suis très intéressé par toutes les lectures d’exégèse des grandes religions. La Kabbale, les écrits talmudiques et l’histoire juive me passionnent. Je m’intéresse aussi beaucoup au bouddhisme et aux philosophies orientales. Je suis à la fois un scientifique lucide et un croyant en D.ieu invétéré. Pour moi, cette schizophrénie est tout à fait acceptable. La science sait poser et répondre à la question du comment, mais elle n’a pas su répondre jusqu’ici à l’éternelle question du pourquoi ? La religion répond d’une manière qui me semble peu crédible à la question du pourquoi ? Par contre, la religion me rend confortable avec l’idée que la science ne peut pas poser la question du pourquoi ?
LVS : La Science et le judaïsme sont-ils concomitants ou antinomiques ? D.K. : La Science et le Judaïsme convergent parfaitement dans leur approche visant à démontrer la cohérence du monde. Il est vrai que le développement des Sciences et des Techniques s’est effectué le plus souvent dans une perspective matérialiste, voire franchement antireligieuse. La Torah et la Science ont l’une et l’autre le sens, peut-être plus aigu chez l’homme de Torah que chez l’homme de Science, de la valeur et de l’intérêt que présente en soi le monde. La Torah et la Science s’accordent parfaitement sur l’idée que le monde a une signification. La Torah ira plus loin, puisqu’elle exigera, au regard des lois du monde, au-delà de leur aspect cognitif, une conduite bien définie, souvent un véritable engagement. L’homme de Science observe, scrute, recense, essaie d’expliquer. Au-delà de cette compréhension, le principal objectif d’un scientifique est que ses recherches empiriques engendrent des résultats concluants. Au-delà des secrets de l’univers, un scientifique cherche à résoudre des problèmes complexes. Il désire certes expliquer et éclaircir, mais aussi préciser et trouver des solutions théoriques d’abord, pratiques ensuite. L’homme de Torah observe aussi mais ne désire nullement réduire le secret de la Création à un phénomène anodin, sans difficulté de compréhension. Il est conscient que l’existence et la Création sont difficiles à sonder. Nous retrouvons chez le scientifique une attitude de questionnement propre à la démarche de l’homme de Torah : « De tout phénomène élucidé jaillissent de nouveaux problèmes ». LVS : À force de côtoyer la mort quotidiennement, n’avezvous pas fini par la banaliser ? D.K. : Non, au contraire, la mort me hante, surtout la mort des êtres que j’aime. Pour le cancérologue que je suis, la mort est quelque chose de matériel, je la vois et je la touche tous les jours. La sérénité est incompatible avec mon métier. Ma mission, mon combat, c’est de combattre la mort. Je traite une maladie qui est impitoyable et mortelle. La mort est un cruel adversaire que je ne peux pas banaliser, sinon ma vie n’aura plus aucun sens. Je me bats pour la vie et par amour de la vie. Ma confrontation à la mort et mon compagnonnage avec la mort me font aimer la vie à outrance. Je suis un grand passionné de la vie. LVS : L’écriture vous permet-elle de transcender les expériences de vie très ardues auxquelles vous êtes confronté quotidiennement dans la pratique de votre profession de cancérologue? D.K. : Je ne suis pas un écrivain professionnel, dans le sens où mon style littéraire n’est pas impressionnant. Je raconte simplement des histoires qui sont dans ma tête et dans mon coeur. Depuis que j’exerce le métier de cancérologue, j’aurais pu recourir aux services d’un psychiatre pour arriver à oublier tous les patients atteints d’un cancer qui sont morts
près de moi. Depuis trente-cinq ans, j’ai accompagné tellement de personnes à la mort, j’ai tant espéré et cru qu’elles guériraient… et puis j’ai perdu. Je pratique une cancérologie du désespoir. Il faut donc que je trouve quelque part le moyen de croire encore à la guérison de chaque nouveau malade que je traite. Je le fais en sortant tout ce chagrin de ma vie parce que je n’arrive plus à parler de mon désespoir et de ma tristesse quotidiens à ma femme, à mes enfants, à mes amis, à personne. C’est comme un soldat qui a vu trop de gens mourir au front. Quand il retourne dans son village, il ne parle plus parce que personne ne peut partager avec lui les expériences atroces et indicibles qu’il a vécues et qui resteront gravées dans sa mémoire jusqu’à la fin de ses jours. Écrire relève pour moi de la thérapie. C’est salvateur, c’est un exutoire. Cela me permet de transcender ma tristesse et la détresse auxquelles je suis confronté tous les jours dans mon métier. C’est pourquoi je n’aborde dans mes livres que des thèmes graves ayant un lien avec la cancérologie. Je romance ensuite ces thèmes parce que dans la fiction littéraire, on peut guérir les personnes malades, nous sommes moins impuissants que dans la réalité. Pour moi, écrire, c’est vivre dans un monde où tout devient possible, contrairement à la réalité qui prévaut dans ma vie professionnelle où, malheureusement, le possible est très restreint. Elias Levy magazine LVS | septembre 2013 | 83
Engagez-vous, qu’ils disaient
« Il y a ceux qui, comme moi, ont essayé plusieurs formes d’appartenance. Arrivées enfants, ma sœur et moi, avec nos parents qui n’avaient pas les moyens de nous envoyer à l’école juive et sans baptistère pour l’école française, nous avons été scolarisées à la PSBGM malgré notre méconnaissance de l’anglais. Après l’école et les fins de semaine, nous fréquentions les scouts, comme tant d’autres de notre âge; le District répondant aux besoins de jeunes immigrants Marocains que nous étions. Du CEGEP à la fin de mes études universitaires, j’ai vécu ma première désillusion communautaire : mes besoins, plus intellectuels disons, ne trouvant guère satisfaction dans les structures séfarades de l’époque. Début de carrière, jeune mariée et nouvelle maman; j’ai cherché réponses dans l’observance des pratiques du judaïsme, mais je n’y ai trouvé qu’enfermement, manque de profondeur et croyances aveugles. De pseudos leaders spirituels préoccupés à mener leurs guéguerres de petits ayatollahs, sans vision aucune, accrochés à leur statut comme la moule à son rocher. Nouvelle désillusion donc, sauf pour ceux attirés par le mouvement Habbad. Ce fut Zuché, pour les Séfarades francophones et Benoliel, pour ceux déjà anglicisés, jusqu’à l’avènement des Breslev. Et pour ma part, repli sur ma carrière et mes jeunes enfants. 30-40 ans, nouvelle tentative d’implication communautaire autour d’un projet anti-drogue pour les jeunes. Le leadership laissant à désirer, rien ne se réalisa et le comité mourut de sa belle mort. Encore une désillusion, malgré ma disponibilité, mon implication et ma profonde conviction du bien fondé d’un tel projet. Désirant malgré tout poursuivre mon engagement, j’ai par la suite siégé trois ans au Canadian Jewish Congress Québec Region, à titre de représentante de la CSQ, où ma contribution fut des plus limitées : les Séfarades n’ayant pas encore la présence qu’ils auront plus tard au sein d’une organisation Ashké pur jus, hautaine et dédaigneuse envers nous. Nouvelle désillusion, double, cette fois. J’ai constaté que «Ma communauté à la une» n’était qu’un slogan vide de sens et de l’esbroufe pour la galerie, que les Séfarades n’étaient guère en odeur de sainteté au sein de cette importante institution et que représenter la CSQ, ça voulait dire – du fait que je sois une femme ? - se taire, écouter et faire rapport aux vrais décideurs : le Président et les membres du CA; les mêmes à se coopter depuis des lustres, à s’échanger titres et fonctions, uniquement intéressés de savoir ce qui se tramait au CJC concernant la CSQ. Très peu pour moi. 30-40 ans, c’est également l’époque de l’école juive pour mes enfants. Là, je peux dire que ce fut ma plus grande désillusion et l’arnaque du siècle ! D’abord, ça nous a coûté un bras, mais en plus, comme parents, nous n’avions pas voix au chapitre. C’était «paie et tais-toi». Mon aîné a été victime d’intimidation, à un point tel qu’il ne voulait plus aller à l’école.
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Chaque jour, deux élèves de sa classe lui taxaient son lunch, quand ce n’était pas les quelques dollars que je lui donnais pour sa collation. Jusqu’au jour où il est rentré avec un œil au beurre noir, le nez en sang et son blouson déchiré. Quand finalement il accepta de tout me raconter, j’ai contacté la dizaine de parents dont les enfants avaient également été victimes et décidé de porter plainte pour voies de faits. Convoquée par la directrice, celle-ci m’a carrément dit que cette école n’était pas faite pour mon fils. J’ai donc dû le changer d’établissement en cours d’année. Récemment, en parlant avec des parents beaucoup plus jeunes que moi, il semblerait que dans cette école l’intimidation ait encore cours, que le déni, la politique de l’autruche et le «paie et tais-toi» soient toujours pratiques courantes. C’est dur à dire, mais j’en ai soupé de l’implication et je ne veux plus rien savoir de la Communauté. Quand il m’arrive parfois d’assister à certaines manifestations ou événements, je constate que ce sont encore et toujours les mêmes qui sont aux commandes. Est-ce qu’un jour ça va changer ? Je vous regarde avoir encore foi en notre Communauté et, je l’avoue, je vous admire, vous, si «croyant» malgré tout. Je vous envie presque, mais je n’y crois plus. Je n’appartiens plus aux 18-25 ans depuis longtemps et pourtant, je suis aussi perdue qu’eux ! Je suis déçue de moi et de la Communauté. Je ne me sens ni d’ici ni de là-bas. Ni Marocaine ni Française. Ni Québécoise ni Canadienne… Simplement Juive. Et encore, il ne faut surtout plus me parler de religion. J’en ai une écoeurantite aigue. En fait, je me sens bien comme minoritaire. C’est entourée d’ethniques, d’immigrants, de Canadiens anglais ou de Québécois minimalement ouverts, que ma judéité s’exprime le mieux. Dans cette différence, je me sens libre de l’exprimer et de faire ce qui me plait de l’amalgame de mon vécu et de mon héritage. Peut-être qu’un jour, vous réussirez à me remettre sur la voie des volontaires encore optimistes. Comme le disait Churchill : l’optimisme, c’est de passer d’échec en échec et d’être encore enthousiaste. Ne lâchez pas !» Suite à la parution de ma chronique Le maillon faible, en mars dernier, j’ai reçu, à ma grande surprise, une quinzaine de courriels de la part de parfaits inconnus - ce qui prouve bien que les gens lisent LVS - me faisant part de leurs états d’âme, commentaires ou doléances. J’avoue mon étonnement. Pourquoi m’écrire, à moi qui ne suis ni leader ni rédac-chef, encore moins le grand patron de la revue ? Et dès lors, que faire de ces messages remplis d’attentes et de déceptions, dont certains expriment même amertume et colère ? Sans doute auriez-vous raison, amis lecteurs, d’affirmer qu’une quinzaine de courriels ne traduisent nullement une tendance, pas plus qu’une hirondelle fait le printemps. C’est exact. De même qu’il
est exact de dire que ces témoignages ne sont pas représentatifs de la Communauté et qu’il n’y a rien de scientifique ni de statistiquement significatif dans leurs propos. De surcroît, je ne suis ni météorologue ni ornithologue, pas même statisticien. Il n’empêche. Une quinzaine d’individus, qui prennent la peine d’écrire pour faire part de leurs états d’âme, ce n’est pas rien. Alors quoi ? Aurai-je dû appuyer sur la touche delete et faire comme si ces messages n’avaient jamais existé ? Comme à la grande époque des soviets, quand on gommait des photos officielles, le visage du dignitaire tombé en disgrâce et son nom des manuels scolaires. Pas trop le genre de la maison. Auraije dû faire copier coller et les envoyer «À qui de droit», mais à qui au juste, au risque que ces courriels se retrouvent dans la filière D.ieu ? Pas du tout ma tasse de thé. Je me suis dit que cela pourrait sans doute vous intéresser, fidèles lecteurs, et qu’à ma façon et bien modestement, je serai le relayeur de ces Séfarades lambda qui, chacun dans son coin, avaient pris la peine d’écrire quelques mots, quelques phrases avant de les expédier sur la Toile, telle une bouteille à la mer, en espérant, sans trop y croire, qu’elle arrivera quelque part. Je persiste à penser qu’une quinzaine d’individus qui, après avoir lu une chronique, décident de se mettre au clavier, cela n’a rien d’anodin. Quand on pense qu’à l’université, un étudiant a soutenu sa thèse de doctorat à partir d’un seul et unique récit de vie. Une thèse de doctorat ! Autant dire qu’avec ces courriels, j’ai de quoi écrire un livre. Mais bon, ne nous égarons pas et revenons à ces inconnus. LVS est tirée à 6.000 copies (voir en page 2 de la revue) et je me suis laissé dire que chaque exemplaire est lu par quatre personnes, voire plus. À peine LVS est-elle arrivée au domicile, qu’on se l’arrache. Certains, pour être tranquilles, la lisent aux toilettes, tandis que d’autres en font leur lecture shabbatique, en lieu et place de la Parashat hachavoua. Zapper la Parasha un samedi sur douze, ce n’est certainement pas la fin du monde et le Grand Architecte est compréhensif. Tout juste le temps de lire un premier article, qu’on se fait taxer LVS par l’époux-se, le fils, la fille ou la belle-mère. On finit par la récupérer et quand tout le monde vaque à ses occupations, on s’empresse de la lire de bout en bout, avant d’en discuter en famille, le shabbat midi, en savourant la dafina. N’ayons crainte de le clamer haut et fort : chaque parution de LVS crée le buzz. Imaginez le tableau «Elle a vraiment de la gueule avec son look design, son papier glacé, sa mise en page et toute cette pub : Il est temps d’en améliorer le contenu; T’as vu, encore un portrait de lui. C’est rendu qu’il fait parler de lui à chaque numéro; Je ne savais pas qu’Untel avait encore été honoré; Qui c’est
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ce type qui va prendre la Présidence de la Communauté ?; Miskin, il est mort alors que j’étais en Floride; Dommage que ça coûte si cher, j’aurais bien voulu aller le voir en spectacle; Dis à ta fille d’aller dans ce club privé, Il paraît qu’il y a plein de jeunes hommes de son âge; Encore lui !; Tu devrais inscrire tes enfants dans cette école, ils offrent un super tarif pour les 2 prochaines années; D’après l’article, il a reçu un prix, sauf qu’ils étaient plusieurs à l’obtenir. Pourquoi on ne mentionne pas les autres ?; Alors c’est lui le nouveau président de l’école. Qui l’a élu ?» C’est bon, vous me suivez ? LVS ne laisse personne indifférent et chaque livraison est objet de discussions dans les chaumières, à la synagogue, au centre d’achats, dans la rue et partout ailleurs. Bref, tout le monde en parle. Un buzz, je vous dis. Plutôt que de retranscrire tels quels ces messages, j’ai choisi - privilège du chroniqueur - et par souci d’économie d’espace, de vous les présenter sous la forme d’une lettre : une missive écrite de la main d’une femme. Par galanterie et amour des femmes, certes, mais aussi parce que depuis la nuit des temps, le propos tenu par la gent féminine a toujours été plus convaincant, sans pour autant être acrimonieux. Je vous assure, ce n’est pas du pipeau et non, je ne vous roule pas dans la farine. Souvenez-vous d’Ève, notre mère à tous, des Matriarches, de Déborah, d’Esther, de Ruth la Moabite, de Golda Meir, sans oublier ma douce moitié ! Convaincus ? Une missive féminine donc, épurée, par éthique journalistique, de tout excès et écart de langage, de médisances, méchancetés, outrecuidances et autres grossièretés. Voici pour la méthode. Quant au contenu, patience, j’y arrive. Mais avant de me lancer une Fatwa ne perdez pas de vue, amis lecteurs, que je ne suis qu’un simple chroniqueur/relayeur et souvenez-vous de l’adage : Quelles que soient les réponses; l’important, ce sont les questions. De l’enthousiasme au désenchantement Convenons que la Communauté ne laisse personne indifférent et qu’à son sujet, chacun a sa petite idée. Plusieurs défendent sa raison d’être avec vigueur, tandis que d’autres remettent en question sa légitimité. Bon nombre se reconnaissent en elle, mais ils sont légion à superbement la dénigrer. Certains la jugent en phase avec les enjeux actuels et futurs, alors que d’autres la considèrent comme le vestige d’une époque révolue. Que l’on soit pour ou contre, qu’on l’aime ou la déteste, qu’on la juge d’intérêt public ou parfaitement inutile; il n’en reste pas moins que la Communauté, après un demi-siècle d’existence, nous titille encore et encore, et «vient nous chercher» pour toutes sortes de raisons. Pourquoi ceux-là mêmes, séduits par elle et prêts à lui consacrer temps, énergie, talents et compétences, sont-ils déçus après quelques
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tentatives d’implication et ne veulent plus entendre parler de la Communauté ? Voir arriver des bénévoles enthousiastes et déterminés, et assister à leur départ, désenchantés et désabusés; cela ne suscite-t-il nul questionnement d’un mode de fonctionnement et d’un mécanisme décisionnel ? Comment ne pas déceler, dans ces désillusions, la remise en question d’un style de leadership, le symptôme d’un inconfort voire d’un dysfonctionnement dans la gestion de la « chose » communautaire ? Pourquoi la Communauté, censée représenter l’ensemble des Séfarades, est-elle perçue, et je dis bien perçue, comme étant l’affaire d’une clique sélecte de personnes, d’un groupe restreint d’individus inconnus de la quasi-totalité des quelques vingt-cinq mille Séfarades Montréalais ? Comment se fait-il que ce sont, à quelques exceptions près, ces mêmes « Illustres » que l’on retrouve à la tête des organismes constituant la Communauté et dans les pages de LVS ? À contempler les portraits officiels ornant les murs de la Communauté, on a le sentiment diffus que ce cartel de dirigeants a conçu le populaire jeu des chaises musicales. Est-ce à dire que, hors ces leaders d’exception, point de salut ? Sont-ils à ce point indispensables et incontournables pour être inamovibles et indéboulonnables ? Quelle légitimité peut-on accorder à la nomination et la cooptation, à moins de lui consentir un autre sens ? Dans notre jeune histoire communautaire, l’élection au suffrage universel à la Présidence de la Communauté, malgré la lourdeur et sa complexité d’exécution, fut une expérience novatrice et fort courue, mais qui hélas ne fut jamais reconduite. Pourtant, connaître la vision, le projet, les priorités et le plan de match de tel ou tel candidat ou candidate et de son équipe susciterait, me semble-t-il, l’intérêt, la mobilisation et l’adhésion de bon nombre des quelques vingt-cinq mille Séfarades lambda. Il devrait, ne serait-ce que par souci de cohérence, en être de même des différentes constituantes : écoles, synagogues et services communautaires. À divers titres et degrés, comme usagers, bénéficiaires, contributeurs à l’appel juif unifié, bénévoles, parents ou simples citoyens; l’éducation, le culturel, le socio-récréatif, le social, les relations avec le milieu ambiant et les autres communautés ethniques, l’ensemble de la communauté juive, Israël, entre autres sujets, font partie de nos préoccupations et de nos intérêts ou, à tout le moins, du paysage politico-médiatique et de notre environnement. Pourquoi donc ne pas réitérer l’expérience ? D’autant qu’avec les réseaux sociaux, les nouvelles plateformes et les bases de données existantes, il serait aisé de rejoindre les quelques vingt-cinq mille Séfarades. Serait-ce si compliqué, une fois convenu des modalités et amendements à apporter aux statuts de la Communauté, de solliciter de nouveaux talents et de
nouveaux profils de leaders bénévoles afin de jeter un regard neuf sur NOTRE Institution, lui donner un nouveau souffle, une seconde jeunesse et susciter enthousiasme et engouement pour la « chose » communautaire ?
la désillusion et du désabusement. Un simple appel d’air, sous forme d’un renouveau du leadership communautaire et d’une plus grande transparence, saurait le raviver. À quand le retour de flamme ?
Que les choses soient claires et le propos univoque. Loin de moi de préjuger, ne serait-ce qu’un seul instant, de la sincérité et de l’engagement de nos présents leaders et dirigeants. Dieu seul sait combien l’implication communautaire exige abnégation et un authentique don de soi. Un quasi sacerdoce. Pour les côtoyer, j’en témoigne : la Communauté est inscrite dans leurs gènes et coule dans leurs veines. Elle leur tient à cœur et leur colle à la peau. Ceci étant dit, et je prends les précautions d’usage, d’où le conditionnel, il se dégage un sentiment diffus, un inconfort, voire un malaise, comme quoi les choses seraient organisées avec le gars des vues; que le choix de la Présidence se ferait en vase clos, derrière des portes tout aussi closes; que les orientations et les enjeux communautaires se définiraient, en partie, en fonction des centres d’intérêts des dirigeants en place; que transparence et reddition de comptes seraient étrangères à sa culture organisationnelle. Difficile donc, pour les simples mortels que nous sommes, de comprendre où la Communauté s’en va. Même si cela est infondé, ce qui est sans doute le cas, l’impression, voulant qu’elle vogue au gré des désirata de ses dirigeants, demeure.
D’ici là, fidèles lecteurs, je vous souhaite, à l’aube de l’an 5774, une Shana Tova Oumétouka et la santé pour vous et les êtres qui vous sont chers. Puissiez-vous vivre toute l’année dans la joie, le rire et l’allégresse. Maurice Chalom
Pour dissiper impression et malaise, la Communauté aurait tout à gagner à mieux communiquer et faire connaître le rationnel de ses orientations, de ses choix et de ses décisions. Sans aller jusqu’à parler de déficit démocratique, elle aurait intérêt, sans pour autant se la jouer Primaires à l’américaine, PQ, PLQ ou PS, à revoir le mode d’élection de sa Présidence, le fonctionnement de son conseil d’administration et de son directoire. Cinquante ans plus tard, les vingt-cinq mille Juifs, qui constituent la communauté séfarade du grand Montréal, ont le droit de choisir qui sera à la tête de leur destinée collective, fondée sur quelle vision, enjeux et défis. Droit à la consultation, devoir de transparence et obligation de résultats. Au cours des dernières années, l’avenir s’est décliné sur le mode des racines, du passé et de la continuité. Soit. N’est-il pas venu le moment de conjuguer ce même avenir au temps du futur et d’une vitalité renouvelée ? Sans doute. À relire les messages de ces anonymes, à entendre les attentes exprimées envers la Communauté de la part de connaissances ou d’inconnus croisés au gré des rencontres, l’intérêt pour la Communauté est toujours aussi prégnant. Qu’il s’agisse d’éducation juive, de culture, de solidarité et que sais-je encore; cet intérêt est partagé par bon nombre de nos coreligionnaires âgés de 18 à 88 ans. Cependant, sans doute l’air du temps, il couve, étouffé sous les cendres du cynisme, de
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Les réflexions d’une leader du « Printemps érable » Avec Léo Bureau-Blouin et Gabriel Nadeau-Dubois, Martine Desjardins a été l’une des personnalités les plus médiatisées lors du « Printemps érable ». Elle était alors présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), une association regroupant 125.000 membres, le plus grand groupe étudiant au Québec. Le 30 avril 2012 marquait la fin de son mandat et également la fin d’un chapitre de l’histoire d’une femme militante, dotée d’une forte personnalité mais qui sait rester simple et surtout réaliste quand il s’agit de porter un regard lucide sur une période assez mouvementée de l’histoire du Québec. Martine est titulaire d’une maîtrise en Sciences de l’éducation de l’Université de Sherbrooke et elle était inscrite au programme de doctorat dans cette même discipline à l’UQAM. Martine a accepté de nous rencontrer afin de mener une conversation à bâtons rompus portant sur son analyse du mouvement étudiant lors de la crise, de la situation et des défis que connaissent les universités au Québec ainsi que sa vision d’avenir. LVS : Comment se sent-on après avoir été au centre d’un mouvement étudiant qui a marqué la scène sociale et politique québécoise pendant de longs mois ?
Martine Desjardins
Martine Desjardins : Je pense que je vais célébrer ma retraite. Avec le recul, je peine à réaliser comment tout ce mouvement s’est orchestré. J’ai été confrontée, comme tous les jeunes d’ailleurs, à un quotidien très émotif, les rencontres avec les médias, les montées d’adrénaline, le feu de l’action. Je veux dire par là que tout le monde a été touché de près ou de loin par ces journées, et cela va prendre d’après moi des années pour s’en séparer. Je considère que ma position a été extrêmement intéressante au sein du mouvement, mais maintenant je suis devenue une simple citoyenne, une situation que je ne regrette pas. Pour la petite histoire je suis devenue, par ennui, vice- présidente au cycle supérieur en éducation à l’UQAM et un an plus tard j’ai été élue présidente de la FEUQ. Ceci a causé un contrecoup au niveau familial. Le moment est venu de faire le point et d’aller vers autre chose. LVS : Quel bilan établissez-vous après toutes ces longues négociations, très ardues avec le gouvernement libéral de Jean Charest d’abord, plus souples ensuite avec le gouvernement péquiste de Pauline Marois qui s’est contenté d’annuler la hausse des droits scolaires et de la remplacer par une indexation. Est-ce le verre à moitié plein ou plutôt à moitié vide ? M.D. : Sans hésitation je répondrais que c’est le verre à moitié plein. En effet si toutes nos demandes n’ont pas été acceptées, je pense que le problème central tournait autour de l’annulation de la hausse décrétée
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par le gouvernement libéral et qui fut à l’origine de la contestation et du vaste mouvement étudiant que nous avons vécu et auquel se sont greffées d’autres préoccupations d’ordre sociétal. C’est vrai qu’il n’y a pas eu de gel des frais de scolarité comme nous le souhaitions, des positions que nous avons défendues depuis 15 ans. À la fin de mon mandat je considère que j’ai pu rayer certaines prises de position qui figuraient dans nos demandes initiales. Je ne sais pas si nous sommes capables d’avoir un vrai débat d’idées plutôt qu’un débat idéologique et de refléter ce que pense la majorité. LVS : Comment envisagez-vous l’avenir de l’Université au Québec ? M.D. : Nous nous trouvons actuellement dans un changement de paradigmes. C’est une sorte de confrontation entre deux conceptions de l’éducation supérieure de l’université publique face à une hypothétique université privée comme on en voit aux États-Unis et dans d’autres pays. À mon avis tout va se jouer au cours des 5 prochaines années. En ce qui me concerne je considère que c’est une bonne chose qu’au Québec nous n’ayons pas d’université privée, nous aurions alors un enseignement supérieur à deux vitesses. Je remarque également que le public en général ne comprend pas encore pleinement le rôle de l’Université ni son système de financement. LVS : Ne pensez-vous pas que la gratuité, que certains syndicats étudiants réclament à corps et à cri, constitue la panacée à la revendication exprimée par un grand nombre d’étudiants et de citoyens de l’accessibilité universelle à l’université ? M.D. : Le problème tel que je le conçois, réside dans une accessibilité géographique à l’Université pour ceux qui résident en dehors des grands centres universitaires où l’on constate la plus grande concentration de professeurs. Je suis plutôt favorable à un juste milieu. Ceci dit, il y a des choix à faire comme par exemple doit-on à tout prix mettre toutes ses énergies dans le Plan Nord ou au contraire investir plutôt dans l’éducation? La tendance a été de gérer ce problème à « la petite semaine ». En fait on ne parle pas de l’éducation comme d’un bien commun. Quant au problème du financement des universités, les recteurs sont là pour administrer les fonds publics or les fonds collectés ou dépensés ne sont pas portés à l’attention du public.
LVS : On s’est entendu dire souvent que l’Université n’avait plus pour mission d’éduquer les étudiants mais surtout de les former pour satisfaire la demande du marché du travail. Partagez-vous cette opinion ? M.D. : Un fait est certain, les ordres professionnels au Québec on tendance à avoir une influence beaucoup plus grande que les dirigeants d’université. Il est à noter également que l’absence de culture générale est flagrante ce qui me laisse penser que l’on apprend aux jeunes à devenir des techniciens destinés à remplir une fonction bien déterminée dans les rouages économiques de la société. LVS :Ne pensez-vous pas que les mouvements étudiants se font systématiquement récupérer que ce soit par les syndicats ou par les partis politiques ? M.D. : C’est la première fois que nous assistons à une victoire aussi éclatante d’un mouvement étudiant par le biais d’une immense mobilisation. Les syndicats, c’est compréhensible, veulent apprendre de cette expérience. Des conférences ont été tenues à ce sujet. Quant aux partis politiques, ils visent le pouvoir et c’est évident qu’un « success story » est récupéré à son profit. Notre mouvement étant un groupe de pression, il doit demeurer indépendant et veiller surtout à se définir lui-même. LVS : Et si le Printemps Érable était à refaire, comment l’aborderiez-vous en tant que leader et quels enseignements avez-vous tiré de cette expérience que vous avez vécue ? M.D. : J’espère qu’il ne sera plus à refaire. Les conditions qui on existé à ce moment là étaient particulières et j’inclus parmi tant d’autres le climat qui a facilité la participation. Ce sont des éléments qu’on ne peut pas déterminer à l’avance. Nous avons fait face à un gouvernement en fin de règne. Pour agir il faut savoir attendre qu’un certain nombre d’éléments soient en place. Mais par dessus tout il faut toujours chercher à dialoguer. Elie Benchetrit
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Les Frères Musulmans, fossoyeurs des Printemps arabes Le 4 janvier 2011, Mohammed Bouazizi, un vendeur de légumes ambulant s’immolait par le feu à Sidi Bouzid, en Tunisie, pour protester contre les tracasseries de la police, qui l’empêchait systématiquement de pratiquer son petit commerce. Ce sacrifice déclenche un mouvement populaire d’une ampleur sans précédent, prenant pour cible le gouvernement despotique et corrompu de Zine el-Abidine Ben Ali, qui est contraint, dix jours plus tard, de se réfugier en Arabie Saoudite. Cette victoire d’un mouvement populaire spontané, animé au départ par des militants se réclamant de la démocratie, de la laïcité et des droits de l’homme donna, le signal à d’autres soulèvements dans des pays arabes : en l’espace de quelques mois, des dictateurs réputés inamovibles furent chassés du pouvoir : Hosni Moubarak en Egypte, Mouammar Kadhafi en Libye, Ali Abdallah Saleh au Yémen. D’autres révoltes populaires se heurtèrent à la résistance acharnée des tyrans en place : à Bahrein, la dynastie régnante d’obédience sunnite écrasa, avec l’aide de l’Arabie Saoudite, la contestation d’une population majoritairement chiite. En Syrie, où la révolte populaire contre le dictateur alaouite Bachar el Assad se transforme en une sanglante guerre civile à forte connotation religieuse (la majorité des insurgés appartiennent à la branche sunnite de l’Islam). Dans les autres pays de la région, les pouvoirs en place parviennent à contenir les mouvements de protestation, en satisfaisant provisoirement les besoins matériels de la population, comme en Algérie, ou en associant les mouvements islamistes au pouvoir, comme au Maroc et en Jordanie. Ces « printemps arabes », comme on les dénomma bucoliquement en Occident, furent salués comme une sorte d’équivalent oriental de la chute du mur de Berlin en 1989 : ils devaient conduire, par étapes, des pays dévastés par la dictature, la corruption et la misère de la plus grande partie de la population vers la démocratie et le développement économique. Quelque mois plus tard, le tableau est notablement différent : en Tunisie et en Egypte, le verdict des urnes consacre la victoire des courants islamistes radicaux, animés par les Frères musulmans et les salafistes, encore plus rigoristes dans leur interprétation littérale de la religion du Prophète. Les forces laïques et démocratiques, qui avaient été les moteurs des révoltes populaires, sont dépossédées de leur révolution, et tentent, sans succès jusqu’à présent de s’opposer à l’instauration progressive de théocraties despotiques. En Libye et au Yémen, sociétés fortement tribalisées, le chaos s’est installé à la place des dictatures militaires, laissant libre cours aux jihadistes se réclamant d’Al Qaïda d’établir dans ces pays des bases à partir desquelles ils s’efforcent de déstabiliser les régimes en place dans le Sahel et la péninsule arabique. Ces groupes extrémistes jouent également un rôle non négligeable en Syrie (Al Nosra) et en Irak, où les affrontements sanglants entre factions n’ont pas cessé après le retrait des forces américaines. 90 | magazine LVS | septembre 2013
Au sein de cette nébuleuse islamiste, les Frères Musulmans apparaissent comme la force politique et idéologique la plus organisée, capable de jouer, quand il le faut, le jeu démocratique, sans pour autant dévier de son objectif ultime : l’instauration d’un Califat islamique dans l’ensemble du monde arabo-musulman d’abord, et à l’échelle de la planète ensuite. Cette confrérie a été fondée en 1928 en Egypte, par Hassan el Banna, en réaction à l’occidentalisation du pays qui commençait à s’instaurer sous la domination britannique qui avait remplacé, en 1919, la tutelle ottomane. A la différence d’autres mouvements révolutionnaires arabes de l’époque, comme le Baas syro-irakien, les Frères musulmans ne visaient pas seulement à la libération nationale des peuples soumis à la tutelle coloniale, mais à une restauration des valeurs de l’Islam telles qu’ils les concevaient, dépourvues de toute compromission avec la modernité occidentale : primat des libertés individuelles sur la loi du groupe, opposition à l’égalité entre les hommes et les femmes et à la laïcité de l’Etat. La Charia, corpus juridique issu du Coran, suffit pour eux comme fondement de la Constitution, et fait office de code civil et pénal. Sévèrement réprimés, d’abord par les puissances coloniales, puis par les régimes nationalistes militaires leur ayant succédé, les Frères musulmans incarnèrent pendant un longue période la résistance à des régimes despotiques et corrompus, qui avaient entrainés leurs peuples dans des guerres désastreuses contre Israël, et accaparé au bénéfice d’une caste politico-militaire l’essentiel des richesses des pays qu’ils régissaient d’une main de fer. Le succès de la Confrérie au sein des populations démunies était lié aux actions sociales (hôpitaux, écoles, aide alimentaire) qu’elle mettait en œuvre, avec l’appui financier des monarchies pétrolières, et la bénédiction des principales puissances occidentales. Celles-ci, notamment les Etats-Unis, voyaient dans ces mouvements des partenaires contre des régimes ayant choisi l’alliance militaire et politique avec le bloc soviétique. Ce choix, quelques décennies plus tard, s’avéra désastreux : les régimes nationalistes, privés du soutien communiste, se lézardent et finissent, pour quelques uns d’entre eux, par s’écrouler, mais ceux qui leur succèdent sont loin d’adopter les critères démocratiques et libéraux espérés. Aujourd’hui au pouvoir à Gaza, en Égypte et en Tunisie, ils ne se sont pas mués en gestionnaires modérés de démocraties libérales. Certains observateurs des « printemps arabes » — bien naïfs
en dépit de leurs compétences universitaires — avaient pronostiqué que les Frères musulmans, arrivés au pouvoir allaient se convertir au pragmatisme, à l’image du parti islamiste turc AKP. Ils allaient, selon ces « experts » se transformer en partis islamo-démocrates, pendant musulman des partis conservateurs chrétien-démocrates européens, respectueux des libertés publiques et soucieux du bien-être économique de leurs peuples. Hélas, on est en train d’observer que c’est l’inverse qui se produit : le régime turc de Recep Tayyip Erdogan est en train de se durcir notablement, comme on a pu le voir dans la répression des manifestations de la place Taksim à Istanbul, et d’accentuer l’emprise de la religion sur l’Etat laïc fondé par Mustafa Kemal Atatürk. L’épreuve décisive viendra lorsque les dirigeants Frères musulmans seront amenés à remettre en jeu leur mandat devant le peuple. Leur incapacité à gérer l’économie des pays qu’ils gouvernent actuellement devraient, en bonne logique, être durement sanctionnée lors des prochains scrutins. Mais cette philosophie de l’alternance démocratique est absente du logiciel de la Confrérie : tenant leur mandat d’Allah, il ne voient aucune nécessité de s’en départir sans un ordre venu du ciel. Jusqu’à ce que le Califat universel soit instauré, leur mot d’ordre caché restera : « one man, one vote, one time ». Luc Rosenzweig
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C’est dans l’temps du jour de l’An Adopter une nouvelle religion assure au converti que le reste de sa vie se transforme en perpétuel festival de la Découverte et de l’Étonnement. Quand j’ai entrepris mon voyage spirituel vers le judaïsme, qui m’a menée au mikvé il y a 15 ans, je ne me doutais nullement de la richesse et de la diversité des connaissances que j’allais acquérir au fil des ans. Bien sûr, je savais qu’on m’apprendrait de nouvelles prières, de nouvelles règles alimentaires, comment « faire shabbat », mais jamais je ne me serais doutée qu’on allait m’enseigner comment attacher mes chaussures, l’importance de remercier Hashem après une visite au petit coin et la bonne manière de laver la laitue ! L’immersion dans le mikvé n’efface pas la mémoire vive du converti même si elle possède l’inouï pouvoir de reprogrammer son âme. Je l’avoue, la période de Noël, du jour de l’An, de Pâques, constitue un défi renouvelé à chaque année. Pas parce que je ressens un élan vers la religion de mes ancêtres, mais parce que ces fêtes évoquent des ancrages émotifs implantés au plus profond de soi, depuis la plus tendre enfance : Noël marque l’amour des parents pour leurs enfants. Pâques représente l’espoir et la vie nouvelle et le jour de l’An est synonyme de célébrations, de plaisirs et d’excès. La Fête des Fous Les Chrétiens du Moyen-Âge célébraient l’arrivée du Nouvel An par le festum fatuorum, ou Fête des Fous. Tout ce que la religion interdisait le reste de l’année était permis pendant les quatre jours que durait la fête. Le philosophe juif anglais Alain de Botton, dans son livre « Petit manuel de religion à l’usage des mécréants », raconte que les membres du clergé jouaient aux dés sur l’autel, brayaient comme des ânesses en chaleur au lieu de répondre « amen » pendant la messe — en l’honneur de l’âne qui a mené Jésus à Jérusalem —, prêchaient l’Évangile selon l’Ongle du gros orteil de Saint Luc, sans compter ceux qui urinaient du haut des clochers. Ces comportements étonnants chez des Catholiques, une « parodia sacra », étaient non seulement permis mais encouragés par les plus hautes autorités ecclésiastiques. En 1445, des érudits de la faculté de théologie de Paris ont expliqué aux évêques français que de se comporter comme des fous
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pendant quelques jours permettait aux croyants de respecter avec plus de zèle les enseignements de l’Église le reste du temps. Autrement dit, il fallait leur permettre de ‘lâcher leur fou’ pour qu’ils ne deviennent pas fous. La tradition s’est perpétuée en France jusqu’au 17e siècle. Victor Hugo y fait référence dans Notre-Dame de Paris. Même si les célébrations du Nouvel An, qui marquent en réalité la brit milah de Jésus, se déroulent plus sobrement aujourd’hui, il n’en demeure pas moins qu’elles demeurent joyeuses, même plus joyeuses encore que Noël qui a conservé une partie de son caractère religieux. Pas le Nouvel An. Personne au Québec de moins de 50 ans ne sait que le 1er janvier a été une fête judéo-chrétienne avant de devenir un gros party. Souvenirs d’enfance Enfant, j’anticipais avec bonheur le Nouvel An car nous allions réveillonner chez une tante que j’adorais et dont j’admirais le chic fou, en tout. Une femme d’une grande beauté, elle savait impartir aux plats qu’elle préparait, à la décoration de sa maison, aux robes du soir qu’elle cousait elle-même, une élégance hollywoodienne, malgré des moyens financiers limités. Pour la nuit du Nouvel An, son 3 1/2 au cœur d’HochelagaMaisonneuve était transformé en château, le temps d’une nuit glamour et d’un festin gargantuesque. Du moins, aux yeux de la fillette que j’étais. Les femmes buvaient des Tom Collins, les hommes du Canadian Club, et les enfants, du 7Up avec du sirop de grenadine et trois cerises au fond de nos verres de cristal en plastique. Chaque année, ma tante préparait son célèbre six-pâtes, une sorte de cassoulet dont il existe autant de recettes qu’il y a de villages au Québec. Certains l’appellent ‘tourtière du Lac Saint-Jean’. Gibier, viandes, volailles, patates et oignons, entre six rangs de pâte, mis à cuire pendant 12 heures, un délice. En écrivant ces lignes, je me dis que rien dans la cacheroute ne m’interdirait de servir un « six pâtes » ou « cipaille », à Rosh Hachana. Un mélange de bœuf, veau, poulet cacher conviendrait très bien.
Une fête déroutante
Un rituel sacré
J’avoue que je n’ai jamais été capable de trouver en moi le bon ton pour célébrer Roch Hachana. Si l’arrivée d’une nouvelle année constitue une bonne nouvelle en soi, j’ai vite fait de découvrir que le Nouvel An juif, tout sucré soit-il, possède aussi une dimension sacrée qui fait défaut au nouvel an de mon enfance.
Par contre, un de mes rituels juifs préféré est sans contredit le Tashlikh, que j’accomplis chaque année, après le repas du midi, le premier jour de Roch Hachana. J’ai été « élevée » dans la communauté ashkénaze, après tout. (Mes amis disent que je lis l’hébreu avec un accent polonais) J’habite tout près de la Rivière-des-Prairies où je me rends pour vider mes poches des miettes qui pourraient s’y trouver et « envoyer au fond de la mer tous mes péchés », comme le suggère le Livre de Michée.
Tout d’abord, l’arrivée de Rosh Hachana marque la fin de Elul et le début du cycle des prières de selichot et de la récitation des 13 attributs de Dieu. Bien que ma pratique religieuse pourrait se définir comme irrégulière, Elul n’a jamais été un mois comme les autres pour moi. J’ai toujours ressenti son pouvoir d’incitation à l’introspection. Et il s’en est passé des choses pendant Elul dans l’histoire juive : la troisième ascension du Sinaï par Moïse, la première publication du Shulhan Aruch, la fin du déluge, la naissance du Baal Shem Tov et le premier jour de la création, le 25 d’Elul. Sans oublier le shofar qui se fait entendre à ce temps de l’année, pas exactement une sonnerie qui évoque la joie. Pas plus que la liturgie de la fête elle-même qui exclut le Hallel, considéré comme trop joyeux pour un moment aussi solennel que le Jour du Jugement. Chez les haredim qui m’ont accompagnée vers la conversion, il était interdit à la table de Roch Hachana de parler d’autre chose que de la Tora. Les époux ne devraient pas avoir de relations sexuelles pendant Roch Hachana. Tout un party !
Le Nouvel An juif ne portera jamais les couleurs vives du Nouvel An de mon enfance. Il éclaire ma vie d’une lumière plus subtile. Par contre, Roch Hachana me rappelle que j’ai choisi une tradition spirituelle qui donne à l’humour une place centrale. Imaginez mon ahurissement, quand, sérieux comme un pape, mon rabbin m’a expliqué qu’on devait accomplir le rituel de Tashlikh devant un bassin d’eau courante contenant des poissons car, « comme D.ieu qui voit tout, leurs yeux ne se ferment jamais. » Vous ne pouvez pas savoir à quel point j’aime le judaïsme, même si laver la laitue en préparation des repas de fête, c’est long, c’est long ! Shana Tova. Lise Ravary
Lorsque je souhaite Shana Tova à quelqu’un, je ne sais jamais si je dois froncer les sourcils, prendre une tête d’enterrement ou sourire de toutes mes dents. Après tout, ma vie et la vie des gens que j’aime sont placées dans la balance jusqu’au jour du Grand Pardon. Dieu seul sait ce qui va se passer au terme des dix jours de pénitence avant Yom Kippour. Y’a pas de quoi rigoler, en effet. J’exagère un peu, quand même, mais le Nouvel An juif pour moi sera toujours une fête mi-sucrée, mi-salée, même si le miel remplace le sel sur la table à cette occasion.
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Comme à travers un verre dépoli Le judaïsme et l’interprétation des rêves « Bar Hedya était interprète de rêves. A celui qui donnait un paiement, il interprétait son rêve de façon favorable. Mais à celui qui ne lui donnait pas de paiement, il l’interprétait de façon défavorable. Une fois Abayé et Rava ont tous les deux vu le même rêve. Abayé lui a donné un zouz tandis que Rava ne lui en a pas donné. Et ils lui ont dit : dans notre rêve on nous a lu le verset : ton bœuf sera égorgé sous tes yeux etc. mais tu ne mangeras pas de sa chair. A Rava Bar Hedya a dit : ton affaire va s’effondrer et tu n’auras aucun plaisir, à cause de l’immense tristesse de ton cœur. Et à Abayé il a dit : ton affaire va fructifier et tu n’auras aucun plaisir à manger en raison de la joie de ton cœur » (Talmud, Berahot 56.a). Selon les recherches scientifiques les plus récentes, un homme de soixante dix ans aura rêvé durant cinq années consécutives. Si le sommeil tient dans un tiers du vécu de l’homme, vingt-cinq pour cent de ce temps-là serait habité par le rêve : un douzième de temps de la vie. Et peut-on étant donné l’importance du sujet, réduire ce temps de vie, car c’est bien de cela qu’il s’agit, et de son interprétation, à une pièce de monnaie. Le rêve n’est-il pas le vécu le plus secret et peut-être selon la vision freudienne le plus impudique car il est sans contrainte ? Il révèle par des symboles à peine cachés « une forêt touffue, une tour et des maisons, une gourmandise »…D’ailleurs, durant l’Inquisition, quiconque parle de ses rêves et essaie de les analyser ainsi que ceux d’autrui, est condamné comme hérétique. Il n’est pas jusqu’aux moines qui se lèvent tôt le matin et se couchent tard dans la nuit, qui ont dans leur charte une interdiction absolue de rêver. Et sous Napoléon 1er une loi est créée, qui sera amendée en 1992, (R34 7 du Code Napoléon) : une amende est prévue pour tous ceux qui font métier de deviner, de pronostiquer et d’expliquer les songes. Deux heures par nuit, nous nous habillons avec les symboles et les refoulements de ce que fut notre existence diurne. Sigmund Freud — à la fois petit-fils de rabbin et féru de la mythologie grecque — ne s’écrie-t-il pas : l’interprétation des rêves est « la voie royale pour parvenir à la connaissance de l’âme ». Plus tard il affinera sa théorie : l’analyse onirique est complexe, lente, pour ne pas dire approximative, même pour le rêveur ; le patient allongé confortablement sur le divan durant le temps de cette détente-absence trouvera le chemin le plus rapide pour accéder aux nœuds gordiens de son existence comme une manière de rêve éveillé où il se raconte, se dit, se contredit et dégage une émotion sur les sujets qu’incidemment il traverse, fait cette longue ascension du temps, chute, parfois, se ressaisit et au fond est tout seul à s’analyser simplement suivi par l’oreille du Maître. Pour Freud, le rêve de chaque individu, est la porte de son désir refoulé, « des excitations qui tendent à troubler le sommeil et auxquelles le dormeur réagit par les rêves », symptômes névrotiques — souvenirs marquants — même pour les bien-portants. Un de ses élèves, Jung, voit à travers la symbolique des songes un corpus universel qui dépasserait de loin le refoulement individuel de l’être, l’activité psychique nocturne, répondrait à un Adam originel et à un inconscient collectif : la frontière du rêve pour Freud s’arrête au rêveur et à son vécu plus ou moins ancien (exemple : « on fit sentir à un homme pendant son sommeil de l’eau de Cologne : il rêva qu’il se trouvait au Caire dans la boutique de Jean-Marie Farina, fait auquel 94 | magazine LVS | septembre 2013
se rattachait une foule d’aventures extravagantes; où il voit un pied l’écraser et devra chercher dans sa toute petite enfance le pied de sa mère le berçant près de son couffin). Jung, en revanche, estime que dans le rêve peut s’introduire une histoire collective, qui serait aussi vieille que le monde et vivre des visions, bien qu’extérieures, aussi réelles que s’ils les avaient vécues personnellement : l’inconscient collectif. Comme le raconte aussi cette histoire chinoise de Zhuang Zi (« Mong zi de mong », « Le rêve du papillon ») : est-ce moi qui rêve que je suis un papillon ou est-ce le papillon qui rêve qu’il est moi ? Ainsi, l’homme est-il un buvard ancestral qui reproduit les éléments qu’il traverse ? L’Egypte interprétait les rêves comme prémonitoires. Freud nous raconte que lorsqu’Alexandre le Grand entreprit son expédition de conquête, il avait dans sa suite les interprètes de songes les plus réputés. Les scribes, les oniromanciens et le pouvoir se pliaient à ces visions. Il n’est pas jusqu’aux Indiens d’Amérique du Nord qui fondaient toute leur liturgie (leur culte) sur les rêves et le Chamane, tout à la fois homme de science, médecin et interprétateur qui ordonnait les guerres, les chasses. Et la philosophie bantoue (Congo), pour laquelle les rêves sont essentiellement la route qui mène aux disparus et qui permet au rêveur, par une cohorte de symboles et de mythes, d’accéder à un message. L’Orient extrême n’est pas exempt du bien-fondé du rêve. Le bouddhisme tibétain et ses transmigrations (l’initié, pendant son sommeil, émet une aura et a la sensation de quitter son corps) font que le rêveur veut atteindre le visionnaire. Du Talmud à toutes les visions universelles, nous sommes tous d’accord : le rêveur s’imagine et rejoint un niveau insoupçonné de lui-même. Et si on lui interprète son rêve, ou s’il en décode les symboles, il atteindra une dimension, un envol supérieur dans le vécu. Pour reprendre l’expression de nos sages, on voit le rêve comme à travers un verre dépoli. Qu’en est-il du judaïsme ? Le roi David et Ahitophel (son conseiller qui le trahira) donnent le « la », « au Juste pas de bon rêve, au méchant point de mauvais » car le rêve est un enseignement, un chemin. Celui qui fait des rêves agréables, heureux, aura tendance à se relâcher et se prendra pour quelqu’un de bien et la faute sera tapie à sa porte. Quant à celui qui fait des rêves malheureux, à l’instar du roi David, ce dernier sera toujours aux aguets de la moindre faute, du moindre manquement et ainsi son rêve sera le plus grand des éducateurs.
En cheminant avec les sages du Talmud, des interprétations se dégagent, souvent par analogie en référence aux textes bibliques — un exemple, rabbi Hanina a dit : celui qui voit une source dans son rêve, voit la paix, car il est dit : « et les serviteurs d’Isaac ont creusé dans la vallée et ont trouvé là-bas une source d’eau-vive » ; ainsi le puits symbolise en quelque sorte la paix et donc l’harmonie, la source de vie ! Nous trouvons un nombre incalculable de rêves dont le Talmud énonce l’interprétation comme une connaissance immuable. La langue hébraïque est pour l’interprétateur une mine inépuisable. Jeu de consonnes dans le récit de Gédéon, lors du combat contre les Madianites. Le chef des armées ennemies rêve qu’un pain d’orge roule dans le camp et détruit tout sur son passage. L’ennemi en déduit que Gédéon va gagner la guerre. L’hébreu qui se fixe par les consonnes va jouer avec ces mots : de hlm découle halom (rêver), la racine hlm est commune au pain d’orge (lehem) et au combat (lhom)… Par une fuite de Mots signifiants Gédéon sut que le rêve fécondait la réalité. Quelqu’un rêve de boire du lait ? De manger de la viande ? Attrape un coq ? Voit un cygne ou un pélican ? Voit des abeilles ? Met les Tefillins ? Entend un roi qui s’irrite contre lui ? Tous ces rêves ont des clés qui se dressent comme un dictionnaire, une oniromancie juive notamment compilée par le kabbaliste Rav Schlomo Almoli (entre Istanbul et Constantinople, de 1490 à 1542). Il semblerait que le rêve ait bien ses codes et ses réponses. Et pourtant, Bar Hedya pour un zouz faisait la différence entre Abayé et Rava. Le Talmud conclut qu’au fond le rêve va selon l’interprétateur. Il dit aussi que la bonne lecture du rêve est lorsque le rêveur se reconnait. Rabbi Banaha l’Ancien nous raconte, par la voix de ses disciples, qu’il est allé voir pas moins de 24 interprètes de rêves qui lui donnèrent 24 visions différentes et il convient à notre grande surprise que les 24 sont vraies. Ne sont-elles pas en correspondance avec les 24 livres qui fondent la Bible, chaque livre est différent et ils sont tous vrais. Et il conclut : « Tous les rêves vont après la bouche ». Sans doute, tant qu’Israël se trouve en exil, il ne peut que rêver une vie et comme nous vivons la Torah comme un rêve et une promesse que D.ieu a faite à Abraham, qu’il a confirmée à Isaac et à Jacob, nous attendons de retourner dans notre terre pour peut-être réaliser comment Rabbi Banaha a pu marier les 24 interprétations pourtant différentes comme les facettes d’un diamant.
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Nous nous trouvons à la croisée de deux chemins : l’un nous révèle que le rêve a un corpus d’interprétation regroupé notamment dans la Guemarra berahot, sans parler de la vision nocturne où D.ieu dit au prophète : « Dans un songe je lui parlerai » (cette même Guemarra de nous annoncer que dans tout rêve il y a un soixantième de prophétie de même que dans le sommeil il y a un soixantième de la mort). L’autre direction nous conseille (rabbi Yehuda) de ne raconter nos rêves qu’à des amis ou à des gens bienveillants car c’est l’interprétation qui donnera réalité au songe. Il n’est pas jusqu’à Rabbi Meïr (130 environ) qui s’écrie pourtant suite à un rêve réalité : « les rêves n’ont aucune signification » (horayot 13 b), et il n’en tint aucun compte, ou, Schmuel lorsque son rêve était bon, disait : D.ieu m’a parlé en songe et quand il était mauvais, « les rêves n’ont aucune signification ». Se pose alors la question de Joseph, ses rêves furent-ils prophétiques et ainsi ceux, relatés dans le premier livre de la Bible, qu’il fit vis-à-vis du grand échanson et du panetier. Le Talmud de répondre, la réalisation du rêve va immanquablement selon son interprète : élément fondamental. Et peut-être par l’échelle de Jacob (les anges montent et descendent), D.ieu au dessus de lui, par les rêves de Daniel
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(le colosse à la tête d’or et aux pieds d’argile qui représente l’empire babylonien), atteignent le prophétique en émanant de l’immense qualité spirituelle de celui qui les interprète. L’inconscient devient « sur-conscience », conscience aiguë de la réalité, car la Bible et son étude offrent notamment à l’homme des possibilités insoupçonnées de vision, de prise de hauteur qui permettent une connaissance pénétrante du paysage humain. Comme l’écrit Maïmonide (Guide des Egarés, chap.48 t.2) « L’enchevêtrement de l’action humaine et de l’action providentielle est tel que nul être vivant ne peut en déceler le merveilleux mécanisme ». Aujourd’hui, la neurologie confirme que le sommeil et le rêve ont une fonction thérapeutique. Il n’en est pas moins vrai, en dépit des difficultés que chacun de nous lors du passage d’un rêve, éprouve à mettre en forme l’image émotionnelle ressentie sur l’instant, que le rêve devient peut-être comme une lettre qui n’a pas été ouverte (suivant Rav Hisda, qui vécut vers 300) et qui a besoin pour sa lecture d’un regard aiguisé car n’oublions pas que le rêve est aussi nécessaire que l’air que l’on respire, à l’équilibre biologique et mental. Il est une soupape, un révélateur des désirs, pour épouser la thèse de Freud, que nous n’osons pas toujours nous avouer. Daniel Radford
Menahem Lousky Analyste Actuariel À mon arrivée au Canada à l’âge de 15 ans et n’étant pas bilingue, ayant été scolarisé dans la langue Hébraïque, l’Académie Yavné m’a permis de relever ce défi et leur éducation a représenté un atout important dans mon cheminement scolaire. En effet, nous n’étions pas très nombreux dans les classes et de ce fait nous avions obtenu un enseignement personnalisé et chaleureux. Mes professeurs étaient disponibles pour répondre à mes questions et naturellement cela a augmenté mes chances de réussite. En revanche, leurs niveaux des connaissances thoraniques m’ont permis d’atteindre moi-même un niveau appréciable dans l’étude Talmudique. En effet les textes du Talmud présentent un caractère d’une logique et d’une compréhension telles que cela m’a permis de comprendre aisément le sens des mathématiques abstraits. L’apport de cette fabuleuse étude d’une part, et d’autre part leur respect constant par rapport à mes valeurs personnels ont engendré un renforcement de ces dernieres. Pour parler du domaine des loisirs dans l’enceinte de cette institution, leurs voyages organisés par leurs soins en Israël ont été l’objet d’un séjour extrêmement profitable en tout point de vue et j’en garde un souvenir unique et très heureux. Et pour relater mon activité actuelle, après avoir complété mon DEC en Psychologie, j’ai découvert une attirance envers la Théorie des Statistiques et de la Probabilité. J’ai gradué de l’Université Concordia avec un Bac en Actuariat et finance. J’ai également complété les 5 examens préliminaires de la Société des Actuaires. Vers la fin de mes études universitaires j’ai eu l’opportunité de travailler dans une compagnie qui offre des solutions actuarielles en matière de régime de retraite, et ce jusqu’à ce jour. Parallèlement à cela, je continue d’écrire les examens afin d’obtenir le titre de ‘’Fellow’’ de la Société des Actuaires. Je saisis cette occasion pour remercier tous ceux qui ont contribué à mon éducation dans votre école.
Daniel Attias, Promotion 2010 J’ai effectué presque toute ma scolarité à Yavné et j’ai le mur de ma chambre tapissé de tous les beaux souvenirs de mon parcours. Équipe de basket, sorties, shabatons, graduation à New York, etc. Ce que je retiens le plus de mes années à Yavné, c’est le dévouement de tous les intervenants et bénévoles pour nous donner toujours les meilleures conditions dans le respect de nos valeurs et de la Halacha. Le fait d’avoir eu des classes un peu plus petites (puisque les garçons et les filles sont séparés) m’a permis de créer des liens d’amitié très forts avec mes camarades. Il y a deux ans, après avoir gradué, j’ai décidé de combiner le meilleur des deux mondes comme à Yavné, soit Kodech et Hol. Je terminerai donc en juin si Dieu veut, un Bachelor en Administration à FDU (Fairleigh Dickenson University) au New Jersey, qui m’a permis
© Made in Yavné ישיבה יבנה
YAVNÉ Moshe Chalom Dahan Promotion 2009 Dès l’âge de la maternelle j’ai débuté ma vie d’étudiant à Yavné ; nous etions une petite classe et sommes restés une famille soudér. Ce fut une grande source d’inspiration pour moi où on m’a inculqué des valeurs inestimables. En mettant les choses en perspective, je peux maintenant dire que Yavné a été un pilier pour ma réussite et m’a permis de développer cette passion innée pour l’étude de la Torah. Les rabbins à Yavné on su me guider par leur encouragement et leur façon exemplaire de vivre la Torah au quotidien. Les souvenirs que j’ai de ma jeunesse sont parsemés de moments de joie en classe avec mes camarades avec qui je suis encore en contact aujourd’hui et avec qui j’ai développé des relations solides. Les cours étaient bien balancés entre le Chol et le Kodesh, ce qui nous a permis de nous instruire de connaissances nécessaires à la vie de tous les jours. En tant que jeunes garçons nous étions stimulés intellectuellement et aussi actifs physiquement. À Yavné le potentiel de chaque élève a toujours été pris en considération afin de l’aider à s’élever spirituellement pour grimper chaque échelon avec Emunah. Après avoir vécu une expérience comme Yavné, j’ai fait un choix éclairé d’aller à la Yeshiva en Israël où je suis resté 5 ans. Je suis présentement à Lakewood (BMG) où j’ approfondie mon étude de la Torah et du Dereh Erets. Je ne sais pas où je serai aujourd’hui si je n’avais pas eu cette éducation; une chose est certaine c’est que je suis sur le bon chemin et très reconnaissant envers mes parents , mes professeurs et bien sur mes Rabbanim qui m’ont poussé dans cette voie de Torah. Merci pour cette magnifique Yeshiva sépharade religieuse à Montreal et pour ces belles années d’apprentissage. suite à une entente avec la Yeshiva Tiferet Thora de faire créditer une bonne partie des cours suivis à la Yéshiva. Pour les autres cours universitaires spécifiques à ma concentration, mes années à Yavné m’ont très bien préparé à y faire face puisque j’ai été admis sur le “Dean’s list”. Mes autres camarades qui ont choisi une année de Kodech en Israël sont tous revenus l’an dernier et termineront avec brio leur première année de CEGEP en juin. Je remercie donc Yavné pour toutes ces belles années et j’encourage tous les parents soucieux de combiner la réussite académique et spirituelle à envoyer leurs enfants à Yavné.
Inspirer...... Apprendre...... Réussir...... pour bâtir l’avenir
Hanna Benarroch Promotion 2010 En tant qu’ancienne élève de la Yeshiva Yavné je tiens à vous exprimer ma satisfaction face à l’enseignement que j’ai reçu, bien que nuls mots ni expressions peuvent dégager les valeurs que cette école m’a inculqués : en matière Hol comme en Kodech. Plus je grandis, plus je réalise que La Yeshiva Yavné est l’essence de ma motivation dans tous les domaines. Elle m’a non seulement enseigné la rigueur et le savoir-faire, mais aussi des valeurs qui me suivront au fil de mon avenir. Elle m’a montré comment distinguer la carrière professionnelle du spirituel. La Yeshiva Yavné n’a pas joué le rôle d’une école ordinaire, mais plutôt celui d’une deuxième famille. Aujourd’hui, la plupart des jeunes ont tendance à hésiter sur le chemin vers lequel ils devraient se lancer, mais la Yeshiva Yavné m’a pleinement évité ce doute. Cette école a su me guider dans le meilleur des avenirs qu’une Bat-Israel pourrait avoir. L’école Yavné m’a appris à être fière de ma culture et de mes traditions tout en imprégnant en moi la volonté de suivre le chemin de nos ancêtres: celui de la Torah. Mes Morot m’ont non seulement enseigné la Torah avec amour, mais elles ont surtout su transmettre cet amour pour la Torah et les Mitzvot, ce qui a donné naissance à des valeurs qui ne se détacheront jamais de ma Néchama. Après mes études secondaires, j’ai été inspirée à passer un an au séminaire Bnos Chava à Jérusalem. J’ai maintenant gradué du CEGEP Dawson et je peux certainement dire que j’ai très bien été préparée pour réussir dans le domaine des sciences de la santé, que j’étudie actuellement. La confiance que Yavné a insufflée en moi et la émouna que j’ai héritée de mes Morot sont le moteur de ma réussite. Aujourd’hui je reconnais et j’apprécie tout le travail qui a été fait afin d’assurer la réussite des élèves à tous les niveaux. Je tiens à remercier tout le personnel de la Yeshiva Yavné pour leur courage et leur dévouement vers l’épanouissement de tous ses élèves.
Mikhal Benisty Soussan Promotion 2009 Je suis fière finissante de la Yéshiva Yavné, autrement connue pour la première promotion de filles à graduer. L’éducation inoubliable qui m’a été transmise aussi bien au niveau académique que spirituel n’est pas comparable. Jusqu’à présent, je continue à grandir et à m’épanouir grâce aux principes que mon
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YAVNÉ Myriam Amselem Promotion 2011 En tant que finissante de la Yéshiva Yavné, je tiens à exprimer ma gratitude envers cette merveilleuse école qui a contribué à mon éducation tant spirituelle que séculaire. Mes années à l’école Yavné se sont passées comme une nuit de sommeil avec une multitude de beaux rêves. Je me réveille et me voilà déjà quitter mon école, mes amies et mes professeurs pour franchir une nouvelle étape dans ma vie. Les jeunes filles avec lesquelles j’ai eu la chance de grandir étaient comme des sœurs à mes yeux et tous ses merveilleux souvenirs que nous avions partagé resteront à jamais graver dans ma mémoire. Nous nous encouragions mutuellement à surmonter les épreuves quotidiennes. Toutes ses années de travail acharnées et toutes ses nuits blanches que nous avions passées dans un cadre saint et religieux ont toujours été accompagnées de plaisir et de complicité. C’est un équilibre que très peu d’école peuvent se vanter d’atteindre. Par ailleurs, Yavné s’adapte efficacement aux besoins de chaque élève individuellement. Après mon secondaire, j’ai parcouru mes études au collège Dawson et je peux affirmer fièrement que Yavné m’a donné les bases nécessaires pour réussir dans le domaine des sciences de la santé. Aujourd’hui, je reconnais que Yavné m’a fourni les outils essentiels pour surmonter les obstacles qui surviennent dans ma vie de tous les jours. Mes morot m’ont non seulement enseigné des connaissances fondamentales mais aussi transmis un amour pour la Tora et des valeurs indispensables. Je tiens d’ailleurs à remercier profondément tout le personnel qui s’est impliqué dans l’éducation et dans l’épanouissement de tous ses élèves. Avec l’aide d`Hashem, je compte entreprendre mes études en science biopharmaceutique à l’Université de Montréal ou en ergothérapie à McGill. Yavné représente non seulement ma deuxième famille mais aussi l’essence de ma réussite.
école m’a enseignés. Mon école m’a permis de poursuivre mes études en sciences de la santé ainsi que de valoriser l’importance de la Torah. En ce moment, je me trouve à Lakewood où mon mari étudie au Kollel et où j’enseigne les maths, les sciences et l’histoire. Merci Yavné de m’avoir rendue la femme que je suis aujourd’hui.
Excellence académique dans un environnement de Torah
Culture « Kanlica » un très beau roman de J. Erol Russo de Fred Günsburg dans le Québec des années 60, où on lui confie le poste très prisé d’assistant Chef de l’Orchestre Symphonique de Montréal; son terrible accident de voiture, qui faillit lui coûter la vie, sur une route enneigée et très verglaçante des Cantons de l’Est; sa longue et pénible convalescence dans un Hôpital montréalais… Kanlica est un roman fascinant qui conjugue habilement des secrets enfouis sous les cendres d’un passé funeste, des tourments de l’Histoire, une ode vibrante à la musique classique, des réflexions politiques perspicaces sur l’Israël contemporain et une intrigue terrifiante. Un récit poignant mené tambour battant par Joseph Erol Russo. Ce roman est-il une auto-fiction, c’est-à-dire une œuvre fictive recelant des passages autobiographiques ?
Jacob Erol R. Russo Kanlica — qui se prononce Kanlidja en langue turque — est une petite et somptueuse baie sise au milieu du Bosphore, à quelques encablures d’Istanbul. Cet ancien village de pêcheurs tire son nom des yali —terme turc signifiant une demeure construite à proximité de l’eau — de couleur sang (Kan en langue turque) qui parsèment la côte des deux côtés du majestueux Pont de Mehmet le Conquérant — le deuxième pont longeant le détroit du Bosphore. Le village de Kanlica est aussi connu pour ses fameux yogourts, que l’on mange de préférence sucrés, au miel ou avec de la confiture. Un vrai délice ! Ce n’est pas par hasard que Joseph Erol Russo a intitulé Kanlica le très beau roman qu’il vient de commettre. Le personnage principal de ce récit très enlevant, le grand Chef d’Orchestre Fred Günsburg, Juif natif d’Istanbul, est depuis sa tendre enfance subjugué par la beauté indicible de ce bourg turc. Quarante ans après son départ de son pays natal, Fred Günsburg, devenu depuis un musicien et un Chef d’Orchestre de renommée mondiale, décide de retourner à Kanlica. Des souvenirs de jeunesse rejaillissent alors avec force. Des réminiscences très touchantes relatées avec brio par Joseph Erol Russo : l’initiation au monde de la musique; l’enfance dans un quartier d’Istanbul jouxtant une Mosquée; les 400 coups avec les petits copains dans des ruelles exotiques et cacophoniques; la Turquie des années 60; le coup d’État militaire qui renversa le gouvernement alors au pouvoir à Ankara; la passionnante Saga historique des Juifs de Turquie; l’arrivée 100 | magazine LVS | septembre 2013
« Certainement, répond Joseph Erol Russo sur un ton posé. J’ai laissé aller mon imagination, mais plusieurs épisodes relatés dans ce roman sont des faits réels que j’ai vécus. Né à Istanbul, dans une famille juive traditionaliste — son père était Sépharade et sa mère Ashkénaze —, Joseph Erol Russo émigra au Canada en 1964. Peu de temps après son arrivée au Québec, il fut victime d’un grave accident de voiture qui faillit lui faucher la vie. C’est à l’hôpital, dans un état quasi comateux, qu’il vivra une expérience métaphysique qui le bouleversera profondément et changera radicalement le cours de sa vie. Une expérience — existentielle qui l’a profondément marqué, le retour à la vie après avoir franchi le seuil de la mort, qu’il a racontée dans un livre autobiographique très poignant publié en 2005, Ailleurs. Joseph Erol Russo est aussi un artiste-peintre très talentueux. Le roman Kanlica est en vente dans plusieurs Librairies de Montréal, notamment dans les Librairies Renaud-Bray et à la Librairie Olivieri sise sur la Rue Côte-des-Neiges. Le Numéro ISBN de cet ouvrage est : 978-2-9808976-1-0. Joseph Erol Russo www.erol-art.com On peut contacter Joseph Erol Russo à l’adresse courriel : erol.r@videotron.ca et voir ses œuvres au www.erol-art.com Elias Levy La première version de cet article est parue dans la « Canadian Jewish News »
Culture
Raphaël Lévy nous présente son nouveau roman Raphaël Lévy n’est pas un inconnu dans notre communauté. En effet cet artiste et romancier nous avait déjà initié à sa prose poétique lors de son premier roman « L’homme qui voulait changer le monde » (Éditions Michel Brûlé, Montréal, 2009). Sa deuxième œuvre prend une direction originale en se penchant sur un personnage emblématique de la Bible, le Roi David. « La vie fabuleuse du berger devenu roi d’Israël* », tel est le titre du Roman Raphaël A. Lévy qu’il vient de publier aux Éditions Coups de Cœur, Montréal 2013. Pour en savoir plus sur les motivations de l’écrivain, La Voix Sépharade lui a posé quelques questions : LVS : Quelles ont été les raisons qui vous ont poussé à vous intéresser de près au personnage de David devenu deuxième Roi d’Israël après la mort de Saül et combien de temps avez-vous consacré à cet ouvrage ? Raphaël Lévy. : Le personnage d’un berger, le plus jeune de la fratrie de Yishay, que Samuel va oindre pour devenir Roi d’Israël, méritait qu’on lui consacre une histoire basée non seulement sur la fiction, nécessaire à tout roman, mais également sur des faits attestés par l’histoire elle-même. Je voudrais préciser que ceci est un projet dont je rêvais depuis dix ans. LVS : Quelles ont été les sources principales dans vos recherches ? R.L. : La lecture des textes sacrés, particulièrement la Bible (traduction du Rabbinat de France) Les deux livres de Samuel, Les Rois, les Chroniques, les Psaumes évidemment a été pour moi la source de mes recherches sur le personnage, J’y ai découvert une logique historique structurée. Je peux affirmer que les auteurs des textes bibliques ont accompli en quelque sorte un vrai travail de journalisme de par leur style et également de par la précision du détail dans le récit. Je voudrais également préciser que je n’ai pas voulu me lancer dans les textes du Midrash en raison des contradictions que l’on trouve, le récit biblique se suffit à lui-même. D’autre part il est important de signaler que l’on ne trouve point de favoritisme dans le récit biblique. Les personnages sont décrits tels qu’ils sont, c'est-à-dire avec leurs forces et leurs faiblesses. LVS : Pouvez-vous décrire quelques traits de ce personnage qui vous l’ont rendu si attachant au point d’en faire le héros de votre roman ?
fascine et qui, dans le contexte de son époque, est largement en avance sur son temps. Roi unificateur, il transforme Jébu, une modeste bourgade, en une capitale, Jérusalem, pour son royaume. Il a su créer la diplomatie dans un environnement difficile vis-à-vis des nations qui l’entouraient. Et surtout il sait rester humble, un trait de caractère dont il est fait peu mention, car ce modeste berger n’avait point l’ambition de devenir roi d’Israël. J’ai pris pour référence trois épisodes de la Bible : Tout d’abord il est oint par le prophète Samuel, on y trouve donc l’inspiration divine. En deuxième lieu il n’y avait pas urgence car Saül était toujours sur le trône et David le vénérait comme un père et considérait son fils Jonathan comme son frère. Lors de l’accession au trône, David est plébiscité par les douze tribus. Enfin nous retrouvons tout au long de son règne cette indéfectible et étroite relation avec D.ieu à travers les Psaumes. Un Roi guerrier, diplomate, poète et musicien. Comment ne pas être séduit et fasciné par un tel personnage ? LVS : C’est également un roi qui est en proie à des tragédies. R.L. : En effet celles-ci ont été nombreuses depuis la mort de son meilleur ami Jonathan, puis de son fils conçu avec Bethsabée, en passant par la révolte de son fils Absalon et la mort tragique de ce dernier qui le marque profondément, puis le viol de sa fille Tamar par le demi-frère de celle-ci. Il reste pour moi un personnage Racinien mais également pragmatique car il reste avant tout humain. LVS : Avez- vous rencontré des difficultés spécifiques lors de vos recherches ? R.L. : Quelques unes, surtout au niveau des noms bibliques qui ont tendance pour certains à se ressembler un peu trop, dans ces cas là j’ai pris la liberté de les transformer. Du point de vue style, la chronique ne fait pas dans le détail, alors j’ai fait appel à mon imagination surtout pour la description des us et coutumes et des paysages. LVS : Une définition en quelques mots du personnage. R.L. : Son génie était à la mesure de son humilité. Elie Benchetrit * Points de vente : Librairie Oliviéri, Librairie Outremont, Chapter Indigo, Renaud Bray, Victoria Gift Shop
R.L. : Le Roi David, tel que je l’ai découvert à travers mes recherches, reste avant tout un personnage humain qui magazine LVS | septembre 2013 | 101
CULTURE
Hervé Teboul, concepteur d’un nouveau « Centre d’art et loisirs » pour la communauté Beaucoup de gens connaissent l’œuvre aux accents méditerranéens du peintre Hervé Teboul, niçois sépharade ayant choisi Montréal comme terre d’accueil. Depuis son arrivée à Montréal il y a 17 ans, Hervé n’a pas chômé. Il a ouvert plusieurs galeries et écoles d’art, il a offert des cours dans des écoles et dans la communauté, vendu ses toiles aux plus grands amateurs d’art, dissipant à tous vents sa passion pour la peinture.
LVS : Il paraît que vous recevez ici des groupes du camp Benyamin. De quoi s’agit-il ? H.T. : Depuis le mois de juin, chaque semaine, le centre reçoit des groupes de 30 à 50 enfants âgés de 6 à 9 ans. Ils suivent un cour d’initiation à la peinture de deux heures, en partenariat avec la CSUQ jusqu’à l’automne. C’est une belle expérience de groupe pour tous. LVS : Qu’est-ce qui vous pousse à en faire autant dans la vie ?
Rencontre avec celui qui a la tête pleine de projets mais les pieds bien sur terre.
H.T. : J’aime partager ma passion et mon expérience artistique de plus de 20 ans. Mon désir est de rendre accessible à tous l’art, pour les bienfaits que cela procure. Ici, des gens de tous horizons se découvrent des talents et ce, dans un contexte non académique. Nous touchons toutes les tranches d’âge : en partant de petits de 3 ans à des personnes de l’âge d’or.
LVS : Parlez-nous de votre nouveau projet, le Centre d’art et de loisirs.
LVS : Comment se fait-il que vous qui êtes artiste soyez aussi un homme d’affaires ?
Hervé Teboul : En juillet 2012, après avoir passé quatre ans à donner des cours au YMHA à des adultes et à des enfants, j’ai décidé de monter un centre d’art et de loisirs. Je trouvais qu’il y avait un besoin pour un lieu artistique original desservant la communauté, avec en plus un espace casher et la possibilité d’y organiser des anniversaires d’enfants. Comme je voulais rester dans le quartier CDN-NDG près des familles, en octobre, avec mon équipe, nous avons ouvert nos portes sur la rue Queen Mary. Le concept : un espace avec plusieurs zones à aires ouvertes. Dans ce même lieu : une école de peinture pour adultes et enfants, une section bistro où l’on peut luncher le midi et prendre un café (tout est casher, la nourriture salée provenant du bistro Exception et les pâtisseries du délicieux traiteur Mimi Melon), une section a été aménagée pour les fêtes d’enfants où l’on peint des héros de films d’animation en regardant un film (technique d’arrêt sur image) et on mange un gâteau sur le même thème, sans lait ni noix pour personnes allergiques. Notre espace a aussi été pensé pour recevoir des gens qui veulent essayer une expérience en peinture mais ne veulent pas nécessairement s’engager dans un long processus de cours. Pour eux, nous avons créé le « café-peinture » où ils peuvent venir peindre pendant 2 heures, guidés par notre équipe, et repartir avec leur toile. Cela peut aussi devenir une activité familiale parent-enfant, pour 32$ par personne, matériel inclus ! Nous organisons aussi des vernissages dans notre espace aux immenses murs. Nous louons à des organisations, avec service de traiteur casher, soit en version buffet ou service aux tables. Ceci plaît bien aux différentes associations de la communauté.
H.T. : J’ai toujours eu une fibre artistique, ce qui s’est naturellement greffé à une formation commerciale. Avant d’arriver au Canada, j’étais directeur général d’un centre de thalassothérapie dans le Sud de la France. Et puis l’art m’a rattrapé avant ma retraite. Je n’ai pas choisi ma vocation, c’est elle qui m’a choisi voilà presque 20 ans ! (Rires)
Hervé Teboul
LVS : Votre opinion du Québec et du milieu de l’art ici ? H.T. : Au Québec, il y a beaucoup à faire dans le milieu artistique et peu d’artistes se lancent en affaires. Moi, j’ai la chance de pouvoir m’exprimer ainsi et d’essayer des nouvelles choses. Au Canada, nous avons la facilité de communiquer sans hiérarchie, une simplicité de vie, de l’espace, des possibilités en affaires et la confiance des gens. LVS : Pourquoi avoir misé cette fois-ci sur ce projet en particulier ? H.T. : Ceci est mon projet le plus complet, en liaison avec ma communauté… et quel plaisir ! Il touche tous les âges et toutes les classes sociales car tout le monde peut débourser une trentaine de dollars pour apprendre quelque chose de nouveau et repartir avec un rêve. Emmanuelle Assor Centre d’art et loisirs Signature Hervé Teboul Tel : 514-733-7776 et 514-947-4002 4978 rue Queen Mary (presqu’en face du métro Snowdown) Facebook : signatureherveteboul
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CULTURE
De Marrakech à Montréal Dans son livre de Marrakech à Montréal, Fiby Bensoussan rend hommage à une vie aussi imparfaite que touchante, ancrée au Maroc, nourrie de superstition et de chaleur humaine. Le livre se présente comme une collection de récits qui racontent, autant par son expérience personnelle que par des anecdotes amicales et des leçons talmudiques, un parcours auquel peuvent s'identifier de nombreux membres de la communauté séfarade de Montréal. Bien qu'elle y ait présenté un lexique des termes exotiques pour la compréhension du lecteur non-initié, il s'agit surtout d'un récit familial, au sens communautaire du terme. Fiby Bensoussan raconte à ceux qui peuvent se rappeler, comme autour d'un feu la nuit, les petits détails de leur existence, tantôt difficile, tantôt sublime. On se situe surtout dans l'enfance marocaine de Fiby Bensoussan, qui voit passer dans le Mellah dans lequel elle évolue un ivrogne musulman connaissant toutes les prières juives, des vieilles servantes pliées en deux, une chleue érudite et forte, un rabbin aveugle qui bénit les malades, ainsi que de nombreux autres personnages, colorés, typiques à un espace et à une époque, mais finalement universels.
Se dresse dans cette collection de récits une notion très forte de la communauté. Une petite communauté, tissée serrée, unie autour du judaïsme et de l'amour pour Israël, amour si fort qu'il marque tous les événements, autant heureux que malheureux. Même lors d'une présentation de théâtre avec sa troupe du Bel-Âge, qui se fait dans le bonheur et dans un esprit de jeunesse, Fiby Bensoussan se demande ce qui se passe en Israël, troublé régulièrement par des guerres et des agressions dans la région. Lorsque Fiby raconte son inquiétude, on sent évidemment que celle-ci est partagée par tous ses confrères et toutes ses consoeurs. On peut se demander si ce livre est accessible à tous. Bien que le lexique final puisse aider à comprendre certains termes, il semble évident que les idées, les expériences et les émotions s'adressent à un public particulier, ce qui n'est pas sans mérites. L'expérience de migration de Fiby s'ancrera dans le coeur de nombreux membres de la communauté séfarade du Québec, qui connaissent un rapport assez spécial avec la terre : terre d'origine au Maroc, terre d'accueil au Québec, et terre près du coeur en Israël. De Marrakech à Montréal, c'est une expérience spécifique, marquante, parfois difficile, qui inspire chez Fiby Bensoussan poésie, rire et solidarité. Bensoussan, Fiby, De Marrakech à Montréal, Éditions du Marais, 2009, 171 pages. Joseph Elfassi
Culture
Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld, « qui se ressemble s’assemble »… On peut facilement imaginer que Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld se connaissent. En effet, ces deux humoristes se sont rencontrés il y a quelques années et sont amis depuis. Mais que fait Jerry Seinfeld depuis que « Seinfeld », son émission culte a pris fin ? Il fait du stand up et il s’amuse. Avec «Comedians In Cars Getting Coffee», son récent projet web, il invite des stars américaines telles que David Letterman, Alec Baldwin, Larry David à boire un café et se balader avec lui en voiture d’époque. Cette fois-ci, l’invité était nul autre que Gad Elmaleh, et la voiture, c’était une 2 CV. Le résumé de l’émission ? En 17 minutes trop courtes, on a droit à une visite éclair du New York « français », une rencontre entre amis, des rires, des baguettes de pain croquées sur le vif et une dégustation de frites dites « French Fries » qui ne sont pas si françaises que ça… Petite séance de questions pour en savoir plus sur ce sympathique projet. LVS : Comment avez-vous rencontré Jerry Seinfeld ? Gad Elmaleh : On s'est rencontrés quand j'ai fait la voix française d’un des personnages de son film d’animation « Bee Movie ». De là est née une belle amitié et une grande complicité.
Jerry Seinfeld et Gad Emaleh LVS : Qu’est-ce qui vous lie tous les deux ? Un même humour des deux côtés de l'Atlantique, malgré la différence d'âge et de culture ?
Je pense que nous partageons le même goût, voire la même obsession pour l'observation des gens et des choses. C'est lui qui a décidé de m'inviter à son émission web « Comedians in Cars getting Coffee » (CCC). Comme d’habitude il n’invite que des humoristes américains, j'étais très touché d'être sur la liste des gens qui l’intéressent et le font rire !
G.E. : Il est vrai que nous venons de deux cultures différentes, lui étant Juif new-yorkais et moi Juif marocain. Mais je crois en l'universalité de l'humour. On se comprend et on partage les mêmes délires. J'adore sa façon de disséquer le quotidien et de le mettre en scène. Je crois qu’on peut aisément dire que nous sommes complices. D’ailleurs, plusieurs personnes qui ont vu le show on dit que l’on se ressemble. Qu’on a la même démarche, dans tous les sens du terme !
LVS : Comment s'est passé le tournage ?
LVS : Quelle est la suite de cette collaboration ?
G.E. : J’étais déjà à New York au printemps pour ma tournée nord-américaine alors c'était l'occasion rêvée pour le tournage...On a passé une superbe journée ensemble et en fait, je ne réalisais pas qu'on était filmés. Je passais juste du bon temps avec un ami que j'admire et qui me fait rire.
GE : Je suis très reconnaissant de cette invitation. Pour moi, c'est une manière formidable d'être présenté au public américain. C'est une opportunité que j’ai saisie et j’ai déjà hâte de revenir aux Etats-Unis.
LVS : Quel est l’incident le plus comique qui est arrivé pendant que vous étiez ensemble ? G.E. : Pendant le tournage, la voiture 2 chevaux tombait tout le temps en panne et Jerry était très agacé. Moi j'étais un peu gêné et je ne savais pas comment réagir… Mais en fin de compte, c’était assez comique !
LVS : Vos projets d’avenir en Amérique du Nord ? G.E. : Je joue en anglais dans le cadre d’un gala de Just for Laughs avec Eddie Izzard, le 25 juillet 2013 à la Place des Arts. Les 10, 11, 12 octobre 2013, je présenterai mon nouveau spectacle « Sans tambour » au Théâtre St Denis. J’adore Montréal et suis toujours content d’y revenir. Pour voir l’émission complète : http://comediansincarsgettingcoffee.com/gad-elmaleh-nolipsticks-for-nuns Emanuelle Assor magazine LVS | septembre 2013 | 105
Félicitations Daniel Benlolo, récipiendaire du Prix du Gouverneur Général pour l'entraide
Son Excellence le très honorable David Johnston, Gouverneur général du Canada et le Cantor/Chazan Daniel Benlolo Crédit photo: Cpl Roxanne Shewchuk, Rideau Hall © Office of the Secretary to the Governor General (2013)
Cantor, chazan, directeur de la chorale de sa congrégation Beth Shalom à Ottawa, co-fondateur d’un conseil « inter-religieux », bénévole dévoué auprès des aînés et de personnes handicapées, récipiendaire de divers prix pour son dévouement envers sa communauté, il n’est pas surprenant d’apprendre que Daniel Benlolo s’est mérité Le Prix du Gouverneur général pour l'entraide, lors d’une cérémonie le 25 avril 2013, à Rideau Hall, Ottawa. Questions et réponses d’un grand homme qui ne finira jamais de nous surprendre. LVS : Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs le prix que vous venez de recevoir ? D.B. : Vous savez, dans notre communauté, beaucoup de choses passent sous le radar! Je ne savais même pas que j’allais recevoir un prix de ce genre jusqu’au moment où j’ai reçu un appel me l’annonçant. En fait, plusieurs personnes influentes avaient proposé ma candidature pour ce prix, une reconnaissance émanant du Bureau du gouverneur général du Canada. J’étais un des seuls Juifs le jour de la cérémonie et j’ai même eu droit à un repas cacher spécial pour ma famille et moi. Ce fut tout un honneur.
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Divers
LVS : D’après vous, pourquoi avez-vous mérité ce prix, vous qui en faites tant pour votre communauté ?
en espagnol, ladino et hébreu, préparer des Bnei-Mitzvah de jeunes, de personnes âgées et même handicapées.
D.B. : Depuis quelques années, je siège dans un conseil «inter-religieux» à Ottawa où je réside, et tous les ans nous allons au Parlement chanter avec mes confrères de toutes les religions. Notre message est que nous sommes unis et que nous avons établi un dialogue. Je suis aussi souvent invité à performer lors de réceptions dans les différentes ambassades à Ottawa. Dans ma congrégation, j’organise des activités et des dîners avec des jeunes de toutes origines car ces jeunes ont quelque chose à dire. Mais ce prix, je l’ai surtout reçu pour saluer le travail que je fais avec ma chorale pour personnes handicapées.
LVS : Quels sont vos projets actuels avec la chorale de TAMIR ?
LVS : Parlez-nous plus en détail de cette chorale et de votre travail bénévole auprès d’elle. D.B. : Tout a commencé avec mon implication en tant que « conseiller aux questions juives » pour l’organisme TAMIR s’occupant de personnes souffrant de déficiences intellectuelles et physiques. J’ai décidé de créer une chorale pour eux. Au fil des ans, ceci est devenu ma passion et maintenant je les amène partout : en Israël, en Floride, à Montréal, à Toronto, à Calgary… C’est un rassemblement incroyable de 22 hommes et femmes dont certains ne chantent même pas mais sont là pour le plaisir. LVS : Pourquoi être constamment en mouvement comme vous l’êtes ? D.B. : Dans la vie, il ne faut pas s’arrêter. Pleins de choses me tiennent à cœur: chanter dans des hôpitaux pour des personnes atteintes de maladies graves, faire connaître la chorale de TAMIR, créer des liens entre des gens de différentes confessions, ne pas oublier d’où l’on vient, chanter
D.B. : En ce moment, nous travaillons sur un projet qui s’intitule « True Colors ». Comme son nom l’indique, notre intention est de montrer au public qui nous sommes réellement. C’est incroyable de voir ce que cette chorale est capable de faire! Ils veulent constamment se dépasser, ce sont des gens vraiment dévoués. Et la réaction du grand public est fantastique : à la fin des spectacles, ils sont debout, émus. Actuellement, nous sommes en train de préparer un clip avec Ellen Degeneres et la chorale. Détails suivront… LVS : Qu’est-ce qui sous-tend toutes vos actions ? D.B. : Mes actions sont motivées par un esprit de partage. Je voudrais que les Ashkénazes connaissent mieux les Sépharades du Maroc. En éduquant les gens par le biais de notre culture, nous pourrons bâtir des ponts. Nous avons une connexion et si je devais livrer un message, je dirais que nous sommes très proches. LVS : Au-delà des honneurs, quel est le sens de ce prix que vous avez gagné ? D.B. : Pour moi, les prix, les distinctions, les titres, ce n’est pas ce qui compte. Ce qui est incroyable pour moi, c’est de vivre et donner de soi! J’aime voir le fruit de mon travail. Je suis touché quand les membres de ma chorale me disent « Look, I made it! ». Ceci me donne un ancrage dans la vie. Comme pour tout, je saisis le moment présent et je sens que j’accomplis quelque chose. Emmanuelle Assor
Félicitation à Raphael Mamane, le récipiendaire de la Bourse Moïse et Gladys Amselem De gauche a droite : Simon Bensimon, Directeur des amis canadiens de l'université hébraïque de Jérusalem à Montréal, Raphael Mamane, étudiant de premier cycle en mathématiques et physiques et récipiendaire de la bourse Moise et Gladys Amselem 2013, Lewis Dobrin, Membre du conseil d'administration des amis canadiens de l'université hébraïque de Jérusalem à Montréal.
magazine LVS | septembre 2013 | 107
FÉLICITATIONS
Joseph Elfassi, journaliste de LVS, lauréat du prix de la relève journalistique des Lys de la diversité culturelle Jeudi le 25 avril 2013, le premier gala des Lys de la diversité a eu lieu au Théâtre Outremont devant une salle bondée. Plus de 300 personnes de toutes origines, dont des journalistes connus et des artistes issus de diverses communautés culturelles, participaient à cet événement qui souligne l’excellence journalistique sous le thème de la diversité. Au cours de cette soirée colorée et joyeuse, une dizaine de prix ont été remis et des artistes dont le succès n’est plus à faire, tels Lynda Thalie et Boucar Diouf, se sont produits sur scène. Au nombre des lauJoseph Elfassi réats, Joseph Elfassi, notre chroniqueur livres (et bien plus !), s’est mérité le prix de la relève journalistique. Surpris et heureux de cette récompense, Joseph a bien voulu se prêter au jeu de l’entrevue, pour le plaisir de nos lecteurs.
j’ai dit. J’étais stressé, puis soulagé. En fait, j’aurais pu dire «Shalom» et remercier mes parents! Gagner un prix de la diversité culturelle, c’est une façon d’être encouragé malgré les obstacles que l’on vit lorsqu’on n’est pas tout à fait reconnu par l’establishment.
LVS : Vous avez reçu un prix pour votre travail journalistique, dans le cadre des Lys de la diversité culturelle. De quoi s’agissait-il ?
J.E. : Je ne pense pas qu’il y ait un avenir pour les médias traditionnels mais je serais ravi d’y participer (rires) !
Joseph Elfassi : J’avais soumis trois exemples de mon portefolio — un article de La Voix Sépharade « 100 jours plus tard », la grève étudiante, un vidéo web pour Petit Petit Gamin et une entrevue audio avec Mathieu Bock Côté — pour participer à ce concours. Et j’ai gagné le prix de la relève journalistique pour mon texte « Crise étudiante — 100 jours plus tard » publié dans la Voix sépharade en juin 2012. LVS : Est-ce que vous pensiez qu’il était possible de gagner le prix de la relève journalistique ? Que signifie pour vous la « diversité culturelle » ? J.E. : Honnêtement, je ne pensais pas que j’allais gagner, voyant surtout des journalistes consacrés comme Rima Elkouri être félicitée pour son travail dans le cadre du concours! Sur place, les prix remis remerciaient des journalistes bien établis de La Presse et de Radio-Canada et il me paraissait improbable d’être choisi. D’autant plus que je me sens comme un journaliste pas assez mainstream et à la fois ne faisant pas vraiment partie d’une minorité. Selon moi, je ne suis pas défini par mon héritage culturel mais j’en suis enrichi. LVS : Quelle a été votre réaction ce soir-là d’apprendre que vous avez gagné le prix de la relève journalistique ? J.E. : C’était un moment génial. Mais je n’avais pas envie de faire un discours comme les autres alors j’ai un peu improvisé ce que 108 | magazine LVS | septembre 2013
LVS : Quel a été votre cheminement dans l’univers médiatique ? J.E. : Depuis toujours, j’ai créé mon emploi dans le monde des médias. C’est difficile parfois mais il faut profiter de cette occasion de s’inventer constamment : les coûts sont réduits avec le web, il n’y a pas de ligne éditoriale, tu gères toi-même ton contenu, ton édition, ta diffusion, ta publicité… Je fais tout avec YouTube! Je suis mon propre diffuseur, mon propre C.A, mon magazine web. Je n’attends pas que Châtelaine ou L’Actualité me demandent d’écrire sur un sujet qui me plaît, je le fais moimême. Cela étant dit, un prix comme celui que j’ai gagné, est un coup de pouce très apprécié pour des jeunes qui essaient d’entrer dans un monde médiatique petit et hermétique. Cela m’a permis de faire de belles rencontres, de réseauter, d’élargir mon bassin de connaissances. LVS : Quel avenir selon vous pour les médias ?
LVS : Comment votre héritage juif, québécois, montréalais a défini votre identité et vous a mené là où vous êtes aujourd’hui ? J.E. : Depuis que je suis jeune, ce qui m’intéresse le plus, c’est de développer une pensée critique et rigoureuse. Etre juif ne me définit pas mais me donne une certaine sensibilité. Je suis né à Boston, j’ai vécu à Paris 6 ans puis à Rouyn-Noranda pendant 5 ans où j’ai fait mes études secondaires et mon CEGEP, pour atterrir à Montréal pendant 7 ans et tenter ma chance à Toronto pendant quelques mois, le temps d’un contrat à la télévision. Mais je me définis comme un Montréalais. LVS : Parlez-nous de vos projets d’avenir. J.E. : Je travaille sur un show d’humour avec mon ami Dave Morgan, dans le cadre du Zoofest en juillet 2013. Mon expérience avec Toronto est terminée et je reviens à Montréal pour faire du stand-up et en quête de nouveaux contrats dans le vaste domaine des communications : que ce soit la radio, le web, la télé, le web social, la presse écrite… J’aimerais aussi écrire un livre d’autofiction car écrire un livre est ma plus grande aspiration. Dans la vie, c’est simple : « I want to do it all! »
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CARNET Naissances Nous avons le plaisir d’annoncer la naissance de Meir Baroukh, né le 18 juillet 2013, à Montréal. Un grand Mazal Tov est adressé aux heureux parents Ariella et Marc Oiknine, ainsi qu’à leurs adorables filles Leah et Elisheva . Au nom de toute l’équipe de la CSUQ, nous adressons toutes nos félicitations à notre cher collègue Charles Oiknine et sa femme Sylvia, ansi que Mme Marcelle Azoulay, qui profiteront pleinement de leur rôle de grands-parents. Mazal Tov !
Madame Josette Berdah a l’immense joie d’annoncer la naissance de son petit-fils Noah Eli, né le 28 mars 2013, fils de Laurent et Anita Chriqui et frère de Samuel. Un grand Mazal Tov !
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CARNET
Décès Nous avons le regret de vous annoncer le décès de Mme Fany Azoulay Z'L mère de notre chère collègue et amie Chantal Ouaknine, survenu le 16 avril, 2013 à Montréal.
C’est avec une immense tristesse que nous vous faisons part du décès de M. Joseph Assayag Z'L, survenu le 28 mai, 2013 à Montréal. Il était un grand communautaire et responsable de l’Appel Juif Unifié.
Nous avons la tristesse d’annoncer le décès de Monsieur Avraham Levy Z'L, le père du Rabbin Yaacov Levy, de la Synagogue Beth Rambam à Côte St-Luc.
C’est avec une immense tristesse que nous vous faisons part du décès de Madame Berthe Serfaty Z'L bat Vida, sœur de M. Judah Castiel, Président de L’institut de la Culture Sépharade et de Mme Lisette Eljarrat.Son décès est survenu à Madrid, samedi 15 juin 2013.
C’est avec tristesse que nous vous faisons part du décès de Madame Myriam Sabbah Z'L, mère d’Ariel Sabbah, Président de la congrégation Or Hahayim.
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fbngp.ca Financière Banque Nationale est une filiale en propriété exclusive indirecte de la Banque Nationale du Canada qui est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA : TSX). Financière Banque Nationale est membre du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE).
LE MOT DU PRÉSIDENT Sylvain Abitbol
Chers amis, En tant que président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec, je tiens tout d’abord à vous adresser ainsi qu’à vos familles, mes meilleurs vœux pour une année 5774 pleine de bonheur, de succès et surtout de santé. C’est pour moi un immense privilège d’assumer la présidence d’une institution qui, depuis plus d’un demisiècle a fait sa marque, à travers ses réalisations, non seulement au sein de la communauté juive montréalaise mais également de la société québécoise et canadienne. Je suis conscient que succéder à un président du calibre de Marc Kakon représente un grand défi. Mon ami Marc, visionnaire et homme d’action, a su redonner à notre institution le coup de fouet nécessaire pour la positionner dans les « ligues majeures ». Il s’est investi pleinement dans toute une série de projets novateurs qui ont été menés à terme avec le succès que l’on connaît. Ceci étant dit, je prends l’engagement de persévérer dans cette voie qu’il a su si bien tracer et dont les axes principaux ont été de bien positionner la CSUQ au sein de la grande communauté juive de Montréal dont nous sommes une branche importante et d’ouvrir de nouvelles perspectives à nos jeunes afin que ceux-ci trouvent non seulement leur place au sein de nos institutions communautaires mais qu’également ils s’y impliquent. Nombreux sont ceux qui l’ont fait déjà, et je m’en félicite. Poursuivre le travail social entamé depuis plusieurs années envers nos plus démunis et ce, en collaboration étroite avec les agences de la Fédération et bien sûr de nos constituantes et d’autres organismes juifs de charité resteront mes priorités lors de mon mandat. Je tiens à souligner à propos de ceci que je m’engage également à travailler en étroite collaboration avec la Fédération CJA afin de réaliser ce rêve auquel nous aspirons tous ensemble, sépharades et ashkénazes, de former une communauté juive forte et unie capable de servir ses membres de manière optimale. Comme je l’ai dit dans mon discours d’investiture en juin dernier, mon vœu le plus cher c’est que dans deux ans, c'est-à-dire à la fin de mon mandat, le nouveau président de la CSUQ soit un ou une jeune appartenant à cette nouvelle génération née ici et qui a su si bien faire ses preuves dans tous les domaines si l’on en juge par les nombreuses réussites personnelles que l’on constate jour après jour dans les divers secteurs de la vie économique, académique, médicale et culturelle de notre métropole. Nous sommes l’exemple d’une des communautés les mieux intégrées dans le tissu social de ce pays qui nous a si généreusement accueillis il y a plus d’un demi siècle. Pour conclure, j’en appelle à l’ensemble de nos membres, quelles que soient leurs appartenances pour qu’ils s’impliquent davantage à tous les niveaux de la vie communautaire. Que ce soit en participant, comme ils le font si généreusement chaque fois qu’ils sont sollicités, lors de nos campagnes de financement pour aider les segments les plus fragiles de notre communauté, mais aussi en assistant nombreux à nos activités cultuelles, culturelles et sportives, sans oublier évidemment le soutien envers nos constituantes, nos écoles communautaires, Israël bien entendu et notre magazine LVS qui ne cesse de s’améliorer au fil des ans. Je les invite également à faire partie de nos divers comités d’action et de réflexion. Votre engagement renforcera, j’en suis convaincu, votre appartenance à une communauté vibrante qui a su maintenir, renforcer et transmettre son riche héritage et ses traditions sur le continent nord-américain. J’en appelle à votre engagement actif auprès de notre institution pour que celle-ci continue de grandir afin de mieux vous servir. Shana Tova ou Métouka.
magazine LVS | septembre 2013 | 5
RELÈVE COMMUNAUTAIRE Entrevue avec Sylvain Abitbol, nouveau président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec Le nouveau président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec (CSUQ, Sylvain Abitbol, est un leader communautaire chevronné et très résolu qui a toujours aimé relever des défis de taille. Prendre les rênes de la CSUQ durant les deux prochaines années, ce sera certainement une autre grande gageure.
sépharade qui est en cours actuellement. Les Sépharades ne forment plus une communauté passive, mais, au contraire, une communauté proactive qui se mobilise désormais avec beaucoup d’entrain pour défendre sa Mémoire historique et ses droits fondamentaux, qui ont été bafoués dans le monde arabo-islamique.
Ancien Président de la Fédération CJA de Montréal, ex-coprésident du Congrès Juif Canadien, National, et actuel coprésident du Comité Justice for Jews from Arab Countries (JJAC) — Justice pour les Juifs originaires des pays arabes —, Sylvain Abitbol a à son actif un parcours communautaire très marquant.
LVS : Quelles seront vos grandes priorités communautaires ?
LVS : Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter la présidence de la CSUQ? Sylvain Abitbol : Après mûre réflexion, j’ai accepté de présider la CSUQ parce que je pense que mon implication pourra être bénéfique pour la communauté sépharade. Les défis que cette dernière devra relever au cours des prochaines années sont très grands. En scrutant le paysage de la communauté sépharade, j’ai essayé d’envisager où celle-ci sera dans une dizaine d’années ? Je suis arrivé à la conclusion que la communauté sépharade jouera un rôle important dans la communauté juive de Montréal parce qu’elle a atteint une certaine maturité. Aujourd’hui, la communauté sépharade peut s’enorgueillir de compter en son sein des jeunes adultes qui ont brillamment réussi sur le plan professionnel -médecins, chercheurs scientifiques, avocats, hommes et femmes d’affaires, chefs d’entreprises, ingénieurs, informaticiens, architectes, comptables, universitaires, éducateurs... — et qui sont parfaitement bien intégrés dans la société québécoise. C’est un immense atout non seulement pour la communauté sépharade, mais pour la communauté juive dans son ensemble. Nous devons absolument encourager ces jeunes professionnels très dynamiques à s’impliquer communautairement. Beaucoup d’entre eux le font déjà. L’implication de ces jeunes adultes n’est pas uniquement un signe prometteur en ce qui a trait aux perspectives futures de la relève dans notre communauté, c’est aussi une grande source de motivation pour tous les bénévoles de ma génération qui se soucient grandement de la pérennité du Séphardisme à Montréal, au Canada et en Amérique du Nord. Un autre de mes atouts: ayant été Président de la Fédération CJA, je connais bien les rouages de fonctionnement des institutions communautaires juives de Montréal. Je ne suis donc pas un inconnu dans le système communautaire juif montréalais. Par ailleurs, mon implication à titre de co-président du Comité Justice for Jews from Arab Countries (J.J.A.C.) m’a permis de prendre conscience de l’importance du renouveau 6 | magazine LVS | septembre 2013
S.A. : Je souhaite que la CSUQ travaille en plus étroite collaboration avec les différentes Agences de la Fédération CJA. Le partenariat fructueux instauré entre le Département des Affaires sociales de la CSUQ et l’Agence OMETZ de la Fédération CJA devrait servir d’exemple et de modèle. Ces deux entités collaborent collégialement dans le domaine des Affaires sociales. Ce partenariat a donné des résultats très concrets. Bon nombre de Sépharades sont réticents à recourir aux services offerts par l’Agence OMETZ craignant qu’on les considère comme des « assistés sociaux ». Culturellement, ils se sentent plus à l’aise dans la structure de la CSUQ Le Département des Affaires sociales de la CSUQ, dirigé par Sylvia Serruya, les oriente vers l’Agence OMETZ et s’assure que celle-ci leur prodigue les Services dont ils ont besoin. Les dossiers sociaux sont gérés conjointement par les deux entités. Ce système de coopération très efficace évite les dédoublements de services. Ce modèle de coopération très réussi devrait être étendu à d’autres Agences de la Fédération CJA, notamment au Centre Cummings pour Aînés. Pour notre communauté, la voie vers un avenir prometteur passe par ce type de collaboration entre la CSUQ et la FÉDÉRATION CJA. LVS : Les jeunes seront aussi une de vos grandes priorités communautaires ? S.A. : Absolument. Si les jeunes ne s’impliquent pas communautairement, les perspectives d’avenir de notre communauté seront bien sombres. Ma deuxième grande priorité communautaire sera d’encourager les jeunes Sépharades fréquentant des mouvements et des Synagogues ultra-orthodoxes à ne pas s’éloigner de la communauté institutionnelle juive de Montréal. Dans les communautés sépharades, on voit une tendance de plus en plus religieuse, beaucoup plus ostensible qu’il y a vingt ans. Bon nombre de Rabbins sépharades ont fondé leur Synagogue et leur Kollel et se sont peu à peu dissociés de notre communauté. Mon souhait est d’encourager ces derniers à revenir dans le giron communautaire. Nous voulons travailler étroitement avec eux et aider les membres les plus nécessiteux de leurs Synagogues. Dans ces groupes de sépharades ultra-orthodoxes vivant éloignés de notre
RELÈVE COMMUNAUTAIRE
communauté, il y a des personnes âgées qui pourraient bénéficier des nombreux programmes offerts par le Centre Cummings pour aînés de la Fédération CJA, des familles dans le besoin qui pourraient recevoir de l’aide du département des affaires sociales de la CSUQ ou de l’Agence OMETZ... Aujourd’hui, au niveau spirituel, des jeunes Sépharades orthodoxes, âgés de 25, 30 ou 35 ans, cherchent autre chose que ce qu’ils peuvent trouver dans leur milieu familial. Ils vivent dans un contexte communautaire et social très différent de celui dans lequel leurs parents ont évolué. Si nous ne faisons rien pour les rapprocher de notre communauté, je crains qu’à long terme leurs enfants n’aient plus aucune attache avec celle-ci. Ce serait fort regrettable. Jusqu’ici, la Fédération CJA n’a traité que les problèmes sociaux et la question capitale de l'éducation, la question religieuse a été négligée. Il est temps qu’on s’occupe aussi sérieusement de cette question, à mon avis, cruciale pour l’avenir de notre communauté. LVS : L'éducation est donc un dossier très prioritaire dans lequel vous comptez vous investir pleinement. S.A. : Oui. Aujourd’hui, la communauté sépharade a atteint un niveau d’éducation exceptionnel. Les jeunes Sépharades ont un niveau intellectuel et d’éducation phénoménal. On sent aussi dans la communauté sépharade une forte valorisation de la culture. Il est de notre devoir de continuer à soutenir les institutions éducatives sépharades dans leur quête incessante de l’excellence académique. Aujourd’hui, toutes les écoles juives de Montréal sont confrontées aux mêmes grands défis. Pour hausser leur niveau académique et atteindre leurs objectifs pédagogiques, ces écoles n’auront pas d’autre choix que de partager mutuellement leurs ressources pédagogiques. Pour soutenir concrètement les deux Écoles sépharades de Montréal, l’École Maïmonide et l’Académie Yéchiva Yavné, je suggère que la CSUQ crée une Fondation. Il est temps que les Sépharades se dotent d’une Fondation dont les intérêts générés annuellement serviront à financer des programmes éducatifs et culturels. La Fondation Communautaire Juive de Montréal est une excellente institution pour administrer ce genre de Fondation. Je crois qu’aujourd’hui, la communauté sépharade est mature pour avoir sa propre Fondation, qui aura pour mandat prioritaire de soutenir l'éducation. LVS : La Culture sera-t-elle aussi pour vous un dossier très important ? S.A. : Oui. Mais j’aimerais qu’on prenne un temps d’arrêt pour faire un bilan exhaustif du Festival Séfarad. Organiser chaque année une manifestation culturelle de l’envergure du Festival Séfarad, c’est une lourde tâche qui mobilise une grande partie des ressources de la CSUQ. Le Festival Séfarad a acquis une réputation notoire au niveau montréalais, national et international. Chaque année la barre est plus haute. Je crains qu’en organisant annuellement cette méga-manifestation culturelle, la qualité de la programmation proposée ne s’érode. Un bilan du Festival Séfarad s’impose. Au niveau financier, très rares sont les manifestations culturelles qui génèrent des profits. Nous devons nous assurer que le Festival Séfarad continuera à atteindre le seuil de rentabilité — break-even. Mais, il est impératif de mesurer l’impact que cette manifestation culturelle a auprès des membres de notre communauté et de la
population montréalaise dans son ensemble. Combien de personnes assistent aux différents événements programmés dans le cadre du Festival Séfarad ? Ce n’est pas la même chose une personne qui assiste à dix évènements du Festival Séfarad que dix personnes qui assistent à dix événements. Quel est le profil d’âge du public qui assiste au Festival Séfarad ? Combien de jeunes âgés de 25 à 35 ans sont-ils attirés par le Festival Séfarad ? Cette manifestation culturelle sépharade ne devrait-elle pas inclure dans sa programmation des événements spécialement destinés à des jeunes sépharades orthodoxes qui, généralement, ne fréquentent pas le Festival Séfarad —conférences données par des personnalités rabbiniques renommées, Shabbaton pour les familles... ? Un autre grand défi pour le Festival Séfarad : à l’instar du Festival du Monde Arabe, qui attire chaque année beaucoup de Québécois de toutes les origines culturelles, le Festival Séfarad devrait être aussi une passerelle pour bâtir des ponts, par le biais de la Culture, avec les autres communautés qui forment la riche mosaïque interculturelle montréalaise. Il faut rappeler que la communauté sépharade est un modèle d’immigration réussie. Cela m’a été plusieurs fois confirmé par différents ministres de l’immigration, aussi bien au niveau provincial que fédéral. Les Sépharades pourraient partager leur expertise éprouvée en matière d’intégration sociale et professionnelle avec les autres communautés culturelles vivant au Québec. Je souhaite ardemment que le Festival Séfarad soit une manifestation culturelle inclusive apte à attirer pas seulement les membres de la communauté juive, mais aussi des Montréalais issus de différents horizons culturels. C’est pourquoi un temps d’arrêt est nécessaire pour réévaluer les objectifs du Festival Séfarad. LVS : Y aura-t-il cet automne un Festival Séfarad ? S.A. : Aucune décision à ce sujet n’a été encore prise. Il faut revoir de fond en comble la programmation du Festival Séfarad. Au cours des dernières années, cette manifestation culturelle nous a présenté des spectacles musicaux et artististiques d’une très grande qualité. Mais est-ce que la culture sépharade doit se limiter uniquement à mettre en scène d’excellents chanteurs et humoristes ? Il existe aujourd’hui dans notre communauté un centre d'études juives francophones exceptionnel, ALEPH, dirigé par une femme universitaire tout aussi exceptionnelle, Dr Sonia Sarah Lipsyc, qui accomplit un travail intellectuel, pédagogique et de réflexion extraordinaire, très apprécié par beaucoup de membres de notre communauté. Il est temps de soutenir davantage des programmes éducatifs, tels que ceux proposés tout au long de l’année par le Centre ALEPH. Le Festival Séfarad et la CSUQdevraient aussi développer des partenariats avec des institutions culturelles réputées, comme le Centre des Arts de la scène Segal, afin de concocter de nouveaux programmes culturels, notamment pour les jeunes adultes. LVS : Partagez-vous la vision communautaire prônée par votre prédécesseur, Marc Kakon : bâtir à Montréal une seule communauté juive ? S.A. : Oui. Comme Marc Kakon, je crois aussi résolument qu’à Montréal, il ne doit y avoir qu’une seule communauté juive forte, unie et plurielle au niveau culturel. Sépharades et magazine LVS | septembre 2013 | 7
RELÈVE COMMUNAUTAIRE
Ashkénazes ont des différences culturelles et linguistiques, mais ils forment une seule communauté. Lorsqu’il y a un rallye pour soutenir Israël ou un attentat meurtrier à Tel-Aviv ou à Jérusalem, Sépharades et Ashkénazes exultent ou souffrent de la même manière. Nous sommes tous Juifs. Il y a beaucoup plus de choses qui nous rapprochent que de choses qui nous séparent. Ce qui nous sépare est une richesse inouïe que nous devons absolument préserver et partager respectivement. La communauté juive de Montréal est unique dans le monde. Les barrières culturelles qui séparent les Sépharades et les Ashkénazes s’estompent. Aujourd’hui, les jeunes Sépharades et les jeunes Ashénazes parlent couramment le français et l’anglais, se côtoient quotidiennement dans les mêmes collèges et universités ou dans le monde professionnel, se marient entre eux... Pour ces derniers, les barrières culturelles qui distançaient jadis leurs parents respectifs sont un problème en moins à régler. Aujourd’hui, dans la diaspora juive, les Sépharades et les Ashkénazes sont confrontés aux mêmes menaces : la recrudescence de l’antisémitisme, la diabolisation de l’État d’Israël.... Le destin d’Israël n’a jamais été aussi soudé au destin de la diaspora. Tous les Juifs partagent un destin commun. Les défis d’Israël sont aussi les défis des communautés juives de la diaspora, et vice-versa. LVS : Quel est votre bilan des cinq années de présidence de la CSUQ de Marc Kakon ? S.A. : Marc Kakon est un leader communautaire exceptionnel, très généreux -il a le coeur sur la main- et visionnaire qui adore mettre en branle des projets communautaires de grande envergure et les mener à terme fructueusement. Marc Kakon aime relever de grands défis. C’est un fonceur, un véritable « bulldozer » communautaire que rien n’arrête. Un de ses grands atouts est certainement son optimisme inébranlable. Marc Kakon est un leader communautaire chevronné résolument convaincu qu’on peut changer radicalement les choses quand on le veut. Une de ses grandes priorités communautaires a toujours été l’aide sociale aux personnes et aux familles les plus démunies de notre communauté. Marc Kakon est très sensible à la souffrance humaine. C’est une qualité humaine remarquable. Dans ce domaine-là, il a accompli un travail gigantesque et admirable en coordonnant d’une manière pointilleuse et plus structurée l’aide sociale qui est prodiguée par différents organismes communautaires sépharades à des familles de notre communauté dans le besoin. Durant ses cinq années de présidence de la CSUQ, il a réalisé des projets magnifiques, qui sont la résultante de son grand labeur. La Résidence Salomon pour les personnes âgées est le fruit de son travail. C’est l’une des grandes réalisations de la communauté sépharade institutionnelle de Montréal. Le legs communautaire le plus important de Marc Kakon : il nous a laissé une CSUQ dynamisée. Il a donné aux professionnels de la CSUQ de nouveaux mandats et les a motivés à suivre son rythme de travail effréné pour relever de grands défis. Le
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bilan communautaire de Marc Kakon est fort impressionnant. LVS : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la communauté sépharade du Québec ? S.A. : La communauté séphararade a beaucoup changé. 50 ans après son arrivée au Québec, la communauté sépharade est à une étape charnière, très importante, de son évolution. Les Sépharades se sont parfaitement bien intégrés dans les sociétés québécoise et canadienne. Beaucoup de jeunes Sépharades réussissent brillamment au niveau académique et dans le monde professionnel. Nous ne sommes plus une communauté d’immigrants. Les Sépharades doivent aussi faire leur part en contribuant à l’essor de la communauté juive de Montréal. Leur implication communautaire est fondamentale. LVS : Comment envisagez-vous l’avenir de la communauté juive de Montréal ? Le phénomène délétère de l’assimilation des jeunes Juifs vous préoccupe-t-il particulièrement ? S.A. : C’est une question fondamentale. Après avoir lu plusieurs livres sur l’histoire de l’immigration aux États-Unis et au Canada, j’ai réalisé qu’il y avait une constante socio-communautaire récurrente à l’oeuvre au fil des générations. La première génération d’immigrants établit ses pénates dans sa nouvelle terre d’accueil et est confrontée aux mêmes grands défis auxquels la vague d’immigration qui la précéda a dû aussi faire face : travailler très dur pour subvenir aux besoins matériels de la famille; les parents se démènent pour que leurs enfants reçoivent une éducation de qualité qui leur ouvrira la voie vers un avenir professionnel prometteur; les immigrants s’intègrent progressivement dans leur nouvelle société... La deuxième génération, elle, est en quête de ses racines. Elle a absolument besoin de retrouver ses repères identitaires. Des Juifs de la deuxième génération qui vivent éloignés de leur communauté ou ont tourné le dos à l’héritage spirituel et culturel que leurs parents leur ont légué renouent avec leurs racines identitaires. Je suis optimiste. Je suis convaincu que nos enfants et petits-enfants, qui seront indéniablement différents de leurs parents ou grand-parents, perpétueront les valeurs de base fondamentales qui ont toujours caractérisé un Juif. Peu importe qu’ils soient religieux ou non pratiquants, ces jeunes chériront et transmettront à leurs enfants ces valeurs cardinales, intégrées depuis plusieurs millénaires dans l’ADN des Juifs. L'éducation est l’une de ces valeurs fondamentales. Que l’on soit orthodoxe, réformiste, non observant, agnostique... L'éducation a toujours été une valeur très importante pour le peuple Juif. C’est l’unique capital que les Juifs ont pu emmener avec eux durant leurs 2 000 ans d’exil. L’éducation est la clé de la pérennité du peuple juif. C’est pourquoi on appelle les Juifs le peuple du Livre. Elias Levy
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LVS LA VOIX SÉPHARADE
6 RELÈVE COMMUNAUTAIRE ■ Entrevue avec Sylvain Abitbol, nouveau président de la CSUQ 6
36 JUDAÏSME ■ Roch Hachana : D.ieu n'est pas que ta machine à sous ni que ton grand docteur 36 ■ Deux des trois femmes juives orthodoxes qui ont reçu leur diplôme, en juin 2013, de « guide en matière de loi juive, spiritualité et Torah » vivent à Montréal 38
40 ISRAËL ■ François Bugingo aux commandes d’une nouvelle émission de télé sur Israël 40 ■ Les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient 41
42 NOUVELLES
COMMMUNAUTAIRES
■ L’école secondaire de St-Laurent aide à la réinsertion des jeunes et révèle des talents cachés 42 ■ Les orthodoxes et le département des services sociaux : être solidaires pour aider notre communauté 43 ■ Sefer Torah dédié à la mémoire de M. Hanania Derhy Z'L 44 ■ «Unzera Shtetl » : Les colons juifs des Laurentides 46
www.csuq.org 10 | magazine LVS | Septembre 2013
■ Le Centre Cummings 48
Septembre 2013
52 SERVICES COMMUNAUTAIRES ■ Bénévolat autour de grandes causes 52 ■ Le Cercle 53 ■ BANAV et la Guerre des Clans : on pense déjà à la prochaine édition 54 ■ Club pour enfants de Petah Tikva, un succès grandissant 56 ■ Voyage d’échanges à Paris d'élèves du secondaire 3 de l’École Maïmonide 57 ■ Fun fun fun au Département jeunesse de l’été à l’automne 58 ■ Golf 2013, beau temps, mauvais temps ! 60 ■ Alexandre Abitan, le moment de la relève a débuté 63
66 ALEPH 68 LE BÉNÉVOLAT 78 OPINIONS SANS FRONTIÈRES 100 CULTURE ■ « Kanlica » un très beau roman de J. Erol Russo 100 ■ Raphaël Lévy nous présente son nouveau roman 101 ■ Hervé Teboul, concepteur d’un nouveau « Centre d’art et loisirs » pour la communauté 102 ■ De Marrakech à Montréal 103 ■ Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld, « qui se ressemble s’assemble » 105
106 FÉLICITATIONS 111 CARNET
ÉDITORIAL
LES BÉNÉVOLES, PRÉCURSEURS ET BÂTISSEURS Joseph Amzallag
Avant de commencer cet éditorial, prélude au nouvel an 5774 et aux fêtes de Tishri, je me dois d’écrire quelques lignes pour évoquer un événement majeur qui restera dans les mémoires de ceux et celles qui y ont participé. Je veux parler ici de l’hommage exceptionnel qui a été rendu à notre président sortant M. Marc Kakon, lors de l’Assemblée générale de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec le 17 juin dernier. En effet après cinq années qui ont marqué un tournant décisif dans le style de gouvernance de notre institution, Marc a reçu un hommage chaleureux, spontané et surtout mérité qui venait droit du cœur. Tout d’abord de ceux et celles qui eurent le privilège de travailler avec lui dans les innombrables projets communautaires qu’il a su mettre en chantier et qu’il a mené à bon port et puis également de l’ensemble de la communauté sépharade si proche de ses préoccupations. Il a été en cela un leader bénévole hors pair qui a su tout au long de son mandat, s’investir pleinement afin de renforcer les bases de cette communauté sépharade qui depuis plus d’un demi siècle a imprimé sa marque dans la grande communauté juive de Montréal et dans le paysage montréalais, et également la projeter dans le 21ème siècle. Cette réflexion et le fait que notre magazine ait choisi de consacrer un dossier spécial au bénévolat, m’amènent à élaborer un peu plus sur le rôle déterminant qu’ont joué, depuis les premiers balbutiements de notre communauté organisée, des hommes et des femmes qui bien que fraîchement débarqués dans un nouveau pays et donc confrontés à de nombreux défis, n’ont pas hésité à s’investir corps et âme pour donner à cette jeune communauté naissante des structures solides et surtout durables et également de la doter d’institutions dispensant des services à la population. M. Salomon Benbaruk Z.l ne déclarait-il pas dans son livre « Trois quarts de siècle Pêle-Mêle : « Il ne faut surtout pas que tous ceux qui aujourd’hui jouissent des privilèges d’une communauté florissante pensent que cela s’est fait tout seul. Et il avait raison, car si cette communauté existe et continue de fleurir c’est toujours grâce aux centaines de bénévoles, les anciens bien sûr, ceux qui sont restés toujours fidèles au poste, mais également aux nouveaux venus, surtout nos jeunes adultes, cette nouvelle génération de professionnels nés au pays et hautement diplômés qui, en s’engageant dans nos divers comités, nous apportent leur dynamisme, leur savoir faire et surtout leur attachement indéfectible à nos traditions et à notre héritage et par-dessus tout une nouvelle vision. Lors de son discours d’investiture, notre nouveau président, M. Sylvain Abitbol déclarait sans ambages qu’il aurait préféré plutôt voir à sa place un jeune appartenant à cette nouvelle génération pour diriger les destinées de la CSUQ. Je suis, quant à moi, fermement convaincu que ce ne sera pas un vœu pieux et que, dans deux ans lors de la passation de pouvoirs, le président sortant pourra souhaiter la bienvenue à un de ces jeunes qui aura fait partie, pourquoi pas, de l’une de nos promotions de nos ambitieux programmes de leadership. Pour paraphraser le président des États-Unis avec son beau slogan « Yes we can », je pense que nous aussi nous avons le devoir de dire : Oui, nous le pouvons ! À vous et à nous de mener à bien notre projet. Je tiens, au nom de la directrice de la publication et de toute l’équipe de rédaction à vous souhaiter ainsi qu’à vos familles et à vos proches Shana Tova ou métouka dans le bonheur et la santé. Joseph Amzallag, Président de LVS
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Consulat général d’Israël Le Consul Général Représentant permanent auprès de l’OACI
Consulate General of Israel The Consul General Permanent Representative to ICAO
הקונסוליה הכללית של ישראל הקונסול הכללי נציג קבוע של ישראל לארגון התעופה האזרחית הבינלאומי אלול תשע " ג Août 2013
Chers amis, Shalom, À la veille de la période la plus sacrée de notre calendrier, je suis heureux de pouvoir adresser mes voeux les plus sincères à chacun des membres des communautés juives de Montréal, de Québec et d'ailleurs pour l'année 5774. En ma qualité de consul général, je travaille sans relâche pour que les Québécois de tous horizons aient une meilleure compréhension de ce qu'est l'État d'Israël et son peuple. Depuis la dernière fête de Rosh Hashana, je me suis engagé avec les dirigeants de toutes les couches de la société civile à travailler main dans la main avec les organisations juives afin d'ouvrir de nouvelles percées pour Israël à l'échelle de toute la province. Au cours de l'année passée, Israël, notre État bien-aimé, a gagné du terrain dans le domaine public particulièrement en ce qui concerne la culture où Israël continue de briller en bénéficiant d'une importante couverture médiatique pendant de grands festivals et à la télévision à des heures de grande écoute. En effet, les meilleures personnalités de la culture pop québécoise ont consacré de nombreuses émissions au dynamisme de la vie israélienne. En restant fidèle au mandat de notre mission d'élargir la portée de nos activités de sensibilisation à l'extérieur de Montréal, Israël et le peuple juif ont eu la chance de se faire de nouveaux amis dans les endroits que j'ai visités tout au long de l'année, comme les villes de Québec, Rouyn-Noranda, Chicoutimi et Alma. Cet engagement que j'ai avec les Québécois de toutes les régions de la province continuera à se renforcer. Au fur et à mesure que je continuerais à visiter de nouvelles régions du Québec, je tisserais des liens plus profonds au niveau local. Je suis convaincu que ces missions en région permettront de renforcer les relations déjà solides entre Israël et le Québec pour le bien mutuel de nos deux peuples. Pour ce qui est d'Israël, notre population sur place, quant à elle, continue de suivre les événements qui se déroulent en Égypte, en Syrie et à travers toute la région dans l'espoir que de nouveaux changements positifs sur le terrain paveront le chemin de la paix dans un proche avenir. Nous souhaitons également que la nouvelle ronde de négociations avec nos voisins palestiniens aboutisse à une solution à notre conflit de longue date fondée sur le principe de deux États pour deux peuples avec la reconnaissance d'Israël comme État du peuple juif.
Comme vous savez, les Israéliens ont l'esprit toujours aussi créatif et innovateur voulant faire de leur État une nation des plus modernes et des plus prospères qui soit. C'est pourquoi votre appui et celui de votre communauté est plus important que jamais pour y parvenir. En tant que juifs, nous sommes à jamais liés les uns aux autres par notre histoire commune et le lien spirituel de cette terre où nos ancêtres et nos prophètes y ont vu le jour. Ce lien sacré qui nous a soutenu en exil pendant des millénaires est à l'origine de la force et du dynamisme de notre peuple. Que la solennité de cette période nous fasse faire une introspection sérieuse. Que nos voeux les plus chers soient exaucés et que nous restions à jamais fidèles à notre Terre sainte. Puissions-nous également abreuver nos âmes pour nous donner la force d'aller toujours de l'avant à l'aube de cette nouvelle année. Au nom de l'État d'Israël, je souhaite force et prospérité continuelles à votre communauté, ainsi que paix, santé et bonheur à chacun d'entre vous en 5774. Je vous réitère toute ma gratitude pour votre amour et votre soutien inconditionnels. Que vous soyez inscrits dans le Livre de la Vie. Amen! Shana Tova!
Joël Lion
1, Westmount Square #650, Westmount, H3Z 2P9, QC, Canada Tel: (514) 940-8500
C’est avec plaisir que je salue chaleureusement tous les lecteurs de La Voix Sépharade à l’occasion de Roch Hachana. Le Nouvel An juif constitue un moment privilégié, propice aux réjouissances. C'est également une période qui invite à l'introspection et à la réflexion sur les réalisations de l'année écoulée. Portées par un sentiment d'espoir et de renouveau spirituel, les communautés juives célèbrent avec joie cette tradition millénaire partout au pays. Par ailleurs, cette fête solennelle représente une merveilleuse occasion de se retrouver entre parents et amis afin d'échanger des souhaits chaleureux et des vœux de prospérité. Votre détermination à préserver votre riche patrimoine est admirable et contribue, sans aucun doute, à la vigueur et à l'essor du Canada. Au nom du gouvernement du Canada, je vous offre mes meilleurs vœux de santé, de paix et de prospérité pour cette nouvelle année.
Ottawa 2013
Stephen Harper, Premier ministre du Canada
À l'occasion du Roch Hachana de l’an 5774 du calendrier hébraïque, j'offre mes meilleurs vœux à l'ensemble des lecteurs et à l’équipe de La Voix Sépharade. Je souhaite que, pour vous, cette nouvelle année soit une promesse de joie à partager avec vos proches. Cette célébration nous offre l’opportunité de souhaiter à tous et toutes, le meilleur dans un monde en paix, toujours plus solidaire et accueillant.
Que ce Nouvel An vous apporte santé, bonheur et prospérité !
Lawrence S. Bergman
Bonne année!
Député de / M.N.A. for D’Arcy McGee Président de la Commission de la santé et des services sociaux Chair of the Committee on Health and Social Services
Laurent Blanchard Maire de Montréal
5800 Cavendish, #403, Cote St.Luc, QC H4W 2T5 Tel: (418) 528-1960, (514) 488-7028
הפדרציה הספרדית בקנדה
FEDERACION SEFARDITA CANADIENSE
FEDERATION SÉPHARDE DU CANADA CANADIAN SEPHARDI FEDERATION
Monsieur Moïse Amselem et son Conseil d’administration sont heureux de présenter leurs meilleurs vœux de santé, bonheur et prospérité à l’ensemble de la communauté juive du Canada à l’occasion de Roch Hashana. Que l’année 5774 apporte une paix juste et durable au peuple juif et à l’État d’Israël.
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PSB Boisjoli souhaite Bonne et Heureuse Année à la Communauté Sépharade Unifiée du Québec ! Nous profitons de cette occasion pour féliciter Ariel Sabbah qui a remporté le Prix du Leadership en reconnaissance pour son soutien à la Communauté.
Ariel Sabbah, CPA, CA
Michel Sabbag, CPA, CA, Pl. Fin.
Joseph Yossi Suissa, CPA, CA, LL.M. Fisc Associé – Fiscalité / Services conseils
Ouriel Soudry, CPA, CA
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PSB Boisjoli S.E.N.C.R.L. Société de comptables professionnels agréés 3333 boul. Graham, Bureau 400 Montréal (Québec) H3R 3L5
Tél. : 514-341-5511 www.psbboisjoli.ca
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L’éducation qui fait la différence. Pour la vie. PORTES OUVERTES DE
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JUDAÏSME Roch Hachana Dieu n'est pas que ta machine à sous ni que ton grand docteur Il est curieux de relever qu’aucun des textes de liturgie de Roch Hachana, ni de toutes les prières que nous récitons dans cette journée solennelle du jour de l’an, il n’est fait mention de parnassa, subsistance ou de réfoua, guérison. Pour connaître l’objectif ou l’intention recherchée par nos maîtres dans la rédaction des prières, il faut se limiter au texte de la 'amida : la prière dite à voix basse. D’ailleurs seul le texte de la 'amida change dépendamment des jours de fête. Pareil, pour ce qui est des souhaits que nous formulons lors de la consommation des divers aliments de Roch Hachana, il n’est pas fait mention de souhait de parnassa ou de réfoua, subsistance ou guérison. Le Psaume 24 dit de la parnassa, lu en fin d’office, est un rajout rabbinique, fonds pour nos synagogues obligent. Faites un sondage auprès des fidèles : « Quels sont tes souhaits pour la nouvelle année ? » La plupart vous répondront : « Parnassa, parnassa, parnassa, réfoua, réfoua, réfoua ! » Jusqu’à quarante ans ils répondront dans cet ordre, au delà de quarante ans ils répondront dans l’ordre inverse. Nos rabbins qui ont compilé les prières, voient-ils les choses à l’envers ? Pourquoi n’ont-ils pas fait mention des souhaits les plus élémentaires de la communauté, parnassa et réfoua ?
Rabbin Yaacov Levy
Intentionnellement, en tête de l’année, nos rabbins remettent les pendules à l’heure. Par les prières de Roch Hachana, nos rabbins te rappellent la juste perspective du sens de la vie, et te dévoilent les véritables clefs du bonheur. Tout le long des prières de Roch Hachana, tu affirmes et réaffirmes la royauté de D.ieu sur terre. Toute la création, toutes les créatures chantent la royauté de D.ieu. Bon gré, malgré elles, au besoin D.ieu rectifie le tir ou recycle. Un vrai concert de toutes les créatures, chacune avec sa mélodie qui lui est propre. Le chef d’orchestre donne la mesure. Dans la création du monde, le chef d’orchestre c’est l’être humain. Tous les hommes, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique, sont concernés et impliqués dans ce noble projet d’installer la royauté de D.ieu sur terre. Peu importe qui tu es, où tu es et quelle est ta profession, intelligent peu ou beaucoup peu importe, tout ce que tu entreprends doit s’inscrire dans le projet divin : celui de faire de ce monde une demeure pour D.ieu. « Une demeure pour D.ieu », n’est pas un slogan spirituel ou théologique, une sorte de profession de foi.
36 | magazine LVS | septembre 2013
JUDAÏSME
« Une demeure pour D.ieu » ! Un bien grand mot. Je vais énumérer des évidences, au risque d’étonner mon lecteur. (Ce sont les évidences les plus évidentes que nous oublions le plus). « Une demeure pour D.ieu », c’est commercer honnêtement, avoir des projets, aller au bout de tes projets, matérialiser tes pensées les meilleures, respecter ta parole donnée, avoir une relation d’amour et surtout de respect avec ton conjoint, te soucier et surtout être prêt à des sacrifices pour assurer l’avenir et l’épanouissement de tes enfants tant sur le plan spirituel que matériel. Conseille, console, apaise, sécurise, aide, prête, partage, la liste est loin d’être exhaustive.
ver tous les obstacles qui empêcheraient notre épanouissement et nos réalisations. La deuxième constatation est que nous matérialisons nos pieuses pensées, en les formulant, en les entendant et même en les « mangeant » ! Une histoire de fou ! Nous sommes tous animés de bonnes et pieuses pensées, mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. « Je pense donc je suis », avec tout le respect pour Descartes, nous juifs pourrions continuer ce dicton : « donc je suis…idiot ». « Je pense donc je suis » ça ne veut rien dire comme se plaisait à dire Herbert Pagani z'l, voila deux mille ans qu’on pense et on n’existe toujours pas ! « Je deviens donc je suis » !
Les hommes acceptent de vivre toutes ces valeurs épanouissantes, valorisantes, vivifiantes, oui, mais sans D.ieu. La plupart ne connaissent D.ieu que dans la difficulté et dans la détresse. Ils ne retrouvent le chemin de la synagogue qu’en période de deuil, Kadish oblige. Ils ne prient qu’au gré de leurs besoins. D.ieu a créé l’homme à son image, l’homme le lui a bien rendu. Il s’est créé un D.ieu à son image, à la juste mesure de ses besoins, une sorte de veau d’or. Te viendrait-il à l’esprit de rendre visite à ton père ou à ta mère seulement dans la détresse et la difficulté? N’ont-ils pas le droit de partager aussi tes joies et ton bonheur ou tout simplement ton quotidien ? Ne méritent-ils pas d’avoir l’honneur de te guider et de te conseiller dans le quotidien de la vie ? Ne sont-ils que tes géniteurs ? Dans cette génération Kleenex, seule la facilité nous guide. On veut jouir vite et profiter sans efforts. En un mot, « une demeure pour D.ieu », c’est ressentir et comprendre (cœur et raison), que le plus grand et le plus noble de tous les bonheurs c’est le bonheur du devoir accompli.
C’est cela mon mot d’ordre cette année, pour ce Roch Hachana 5774 : Tu désires la parnassa, réfoua etc, les clefs sont dans tes mains. Les pèlerinages, les bénédictions des maîtres, pourquoi pas, mais n’oublie pas l’essentiel, « les cent ciels » c’est ton engagement et surtout ton engagement.
Cela est le 1er message de Roch Hachana 5774.
Shana Tova !
Le 2
ème
message :
Tu as des projets, et tu dois avoir des projets, ne les laisse pas en l’état, concrétise-les, réalise tes pieuses pensées. Il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas terminer ce qui est commencé. Désigner D.ieu roi de l’univers c’est se rappeler qu’un vrai roi exécute ce qu’il dit et promet. Nous aussi, à Son image, devons avoir ce mot d’ordre. « Barouh omer vehossé », « bénit soit celui qui dit et réalise » !
Rabbin Yaacov Lévy
À Roch Hachana, nous mangeons toutes sortes d’aliments et nous accompagnons cette nourriture de souhaits. Or le nom des aliments renvoie phonétiquement à l’objet de nos souhaits. J’en donne deux exemples : 1. Les blettes se disent sélek, ce mot sélek signifie aussi s’en aller. Le souhait : D.ieu ! Fais que nos ennemis s’en aillent. 2. La courge se dit krah, ce mot signifie aussi déchirer. Le souhait : D.ieu ! Fais que nos décrets soient déchirés. Comme nous l’avons signalé en tête de cette réflexion, aucune mention de parnassa ou de réfoua ne figure dans nos souhaits. Le résumé de ces souhaits consiste à demander à D.ieu d’enlemagazine LVS | septembre 2013 | 37
JUDAÏSME ET QUESTIONS DE SOCIÉTÉ
Deux des trois femmes juives orthodoxes qui ont reçu leur diplôme, en juin 2013, de « guide en matière de loi juive, spiritualité et Torah » vivent à Montréal
Scheir lors de l’annonce de l’embauche de la MaHaRaT Rachel Finegold, elle-même femme de rabbin et mère de trois enfants.
La MaHaRaT Ruth Balinsky Friedman étudiant dans la bibliothèque de Drisha. Photo Batya Ungar-Sargon.Tablet Magazine. Trois femmes suivant le cursus pour être MaHaRaT, acronyme de Manhiga Hilkhatit Rouh’anit Toranit, littéralement « Guide en loi, spiritualité et Torah », ont reçu leur diplôme en juin dernier, à New York. Elles ont été ordonnées MaHaRaT, notamment par le rabbin Daniel Sperber, au sein de la Yeshivat moderne orthodoxe MaHaRaT1 fondée par le rabbin Avi Weiss, à la tête, jusqu’à il y a peu, des Institutions Chovevei Torah. L’entrée en fonction officielle de femmes au sein du leadership religieux est l’une des évolutions importantes de l’orthodoxie moderne. Une MaHaRat ne diffère en rien, dans sa formation talmudique ou en loi juive de celle d’un rabbin, si ce n’est qu’elle ne peut, dans le courant orthodoxe, faire partie d’un « mynian » (quorum de dix hommes), diriger entièrement un office ou être membre d’un tribunal rabbinique. Cependant elle répond à toutes les questions portant sur la loi juive, fait des sermons ou des drashot, interprétations de la loi juive, en public, accompagne les familles au cours des divers événements de la vie juive (de la naissance aux funérailles). La première diplômée MaHaRaT de cette session, Rachel Kohl Finegold, 32 ans, a déjà été engagée comme « directrice de l’éducation et de l’enrichissement spirituel » à Montréal au sein de la congrégation orthodoxe « Shaar Shamayim », la plus importante de la ville puisqu’elle regroupe 1400 familles. « Si vous regardez bien, les femmes ont toujours été là. C’est juste maintenant que nous reconnaissons leur présence. N’est-il pas temps de créer un lieu afin que leurs voix se fassent entendre dans notre Beit Midrach (lieu d’études), de notre chaire (à la synagogue) et dans d’autres domaines de la vie traditionnellement perçus comme l’apanage des hommes ? »2 interrogeait le rabbin Adam 38 | magazine LVS | septembre 2013
Mme Finegold prendra régulièrement la parole en public dans la synagogue, s’occupera des classes d’études de la Torah, et de l'élaboration de programmes pour les jeunes et les jeunes familles. « Sa nomination est conforme à l’évolution de l’orthodoxie moderne » ont affirmé le rabbin Adam Scheier et le président Joseph Paperman de la congrégation Shaar Shamayim. La deuxième MaHaRaT nouvellement diplômée, Brown Scheir ne cherche pas d’emploi pour l’instant et poursuit son enseignement à Montréal au sein également de « Shaar Shamayim ». La troisième femme MaHaRat, Ruth Balinsky Friedman assumera le rôle d’assistante rabbin au sein de la communauté moderne orthodoxe « The National Synagogue ou Ohev Sholom Talmud Torah », la plus ancienne synagogue de Washington. Le rabbin de cette institution Shmuel Herzfeld précise : « elle enseignera la Torah, travaillera avec les gens, et tranchera des questions de droit juif. Elle a reçu une formation pour répondre aux questions de la loi juive (« halakha ») et a déjà commencé à répondre dans ce sens aux membres de notre communauté ». Rori Picker Neiss, encore en troisième année de son cursus de MaHaRaT, a déjà été engagée par la congrégation moderne orthodoxe « Beis Abraham » à Saint Louis (USA). Là aussi, elle assumera les fonctions de rabbin assistant. « La moitié de ma congrégation sont des femmes. Si nous avions embauché encore un homme rabbin, nous aurions senti qu’il manquait quelque chose » a déclaré le rabbin de cette congrégation Haim Schafner. « L’obtention du diplôme de MaHaRaT représente l’intégration de cette fonction au sein de l’orthodoxie » Dr Elana Maryles Sztokman, directrice exécutive de JOFA (forum orthodoxe et féministe très actif depuis 16 ans)3. Elle poursuit, « Il est important de voir des femmes aux postes de direction (…) Il y a une poignée de femmes qui ont assumé jusqu’à présent des rôles quasi rabbiniques. La différence c’est le caractère public (…) et la légitimité de ce mouvement (MaHaRaT) ». Sztokman fait sans doute référence à des femmes déjà à la tête de congrégations orthodoxes comme Lyne Kaye, adjointe au rabbin de la synagogue Sheratih Israël et Dina Najman-Licht à la tête de Orach Eliezer à New York mais elle a raison de souligner
JUDAÏSME ET QUESTIONS DE SOCIÉTÉ
Les trois femmes MaHaRaT avec Sarah Hurwitz lors de la remise des diplômes. Photo du site Forward.com que la « graduation » de ces trois femmes, après celle en 2009 de Sarah Hurwitz doyenne de MaHaRaT, et le fait qu’elles aient trouvé sans difficultés du travail, marquant un tournant dans l’accès des femmes au leadership religieux ainsi que comme guides de communautés. La cérémonie d’octroi du diplôme de MaHaRaT s’est déroulée en juin dernier à New York devant plus de 500 invités. L’une des diplômées a remercié les femmes qui leur avaient ouvert la voie notamment celles qui ont commencé à étudier et enseigner le Talmud dans des institutions orthodoxes comme Drisha à New York ou Matan à Jérusalem. Cette maîtrise des textes talmudiques par les femmes encouragées, il y a presque déjà cinquante ans par le rabbin Joseph Baer Soloveitchik (1903-1993) constitue, en effet, la genèse de cette évolution qui permet aux femmes d’être présentes au sein du leadership religieux. « L'enthousiasme dans la salle était visible (…). Le rabbin Jeffrey S. Fox, « Rosh yeshiva » (directeur de cet institut talmudique) a comparé les réactions actuelles parfois hostiles au sein de la communauté orthodoxe « at large » au tollé, suite au concert d'ouverture du « Sacre du Printemps », à Paris en 1913. « Des bagarres avaient éclaté et les gens ont été escortés hors du théâtre. Mais avec le recul, l'innovation d'Igor Stravinsky est maintenant appréciée et admirée de tous. Ainsi, en sera-t-il au sujet des femmes orthodoxes accédant à des postes au sein du rabbinat ».4 En effet, si les compétences et fonctions des MaHaRaT sont acceptées progressivement au sein du monde moderne orthodoxe, elles rencontrent encore quelques difficultés dans l’orthodoxie. La nomination de la première femme MaHaRaT, Sara Hurwitz, au
titre de Rabba par le rabbin Avi Weiss avait suscité une tempête en 2010.5 C’est pourquoi elle est jusqu’à présent la seule femme MaHaRaT à porter ce titre. Le rabbin Avi Weiss à l’issue de la cérémonie, appelant le public à se joindre à la bénédiction des diplômées, a déclaré : « C'est un moment de kiddusha, un moment de véritable sainteté »6. Nous sommes donc contemporains, qui plus est à Montréal, de l’accès des femmes à des postes de leadership religieux. Sonia Sarah Lipsyc La première version de cet article est paru sur le site « Judaismes et Questions de société » le 17.06.2013 (http://judaismes.canalblog.com/archives/2013/06/17/27451631.html)
1.
http://yeshivatmaharat.org/
2.
L’ensemble des citations sont tirées de Batya Ungar Sargon, « Orthodox Yeshiva Set To Ordain Three Women. Just Don’t Call Them Rabbi » Tablet Magazine, 10.06.2013 et de Janice Arnold, « Montréal Orthodox shul hires first female clergy », CJN, 12.04.2013.
3.
http://www.jofa.org/
4.
Anne Cohen « As First Maharats Graduate, Roles for Orthodox Women Take Leap Forward », Forward, 16.06.2013.
5.
Batya Ungar Sargon, op cité
6.
Anne Cohen, op cité
magazine LVS | septembre 2013 | 39
ISRAËL François Bugingo aux commandes d’une nouvelle émission de télé sur Israël
Cela s’appelera « Mon Israël ». 13 épisodes de 1h, sur des thèmes variés, mettant en scène toute l’humanité que l’on retrouve en Terre Promise. En dehors des sentiers battus et des clichés, s’éloignant de la controverse et de la guerre, Israël, pays avec lequel le journaliste François Bugingo vit une longue histoire d’amour, sera dévoilé.
présenterons aussi un épisode où l’on découvre Jérusalem comme jardin d’épices et non comme ville de guerre. Et ceci ne sont que quelques uns des 80 sujets que nous présenterons au grand public!
LVS : Nous avons appris, grâce à votre attachée de presse, que vous avez tourné pendant plusieurs mois une série télé sur Israël pour Évasion. Pouvez-vous nous en dire plus ?
F.B. : Non, plutôt, un Israël très humain car c’est un pays aux histoires fascinantes et à l’humanité débordante.
F.B. : Pour avoir été des vingtaines de fois en Israël, je voulais montrer aux téléspectateurs tous les aspects positifs de ce pays, autres que la guerre. «L’autre Israël», celui des restos, du nightlife, des émotions, de l’audace, de la techWnologie et des histoires humaines fascinantes. Malheureusement, la plupart des gens ne connaissent que l’image caricaturale de ce pays… LVS : Quand sera diffusée cette série et à quoi doiton s’attendre ? F.B. : Dès le mois de janvier 2014, un épisode sera diffusé par semaine. Chaque émission durera une heure et nous aborderons 5 à 6 sujets par épisode. Des sujets des plus variés seront traités: des innovations technologiques, l’élection de Miss Shoah (car Hitler n’a pas tué la beauté du peuple juif), la vie culturelle et «underground». Nous raconterons comment Tel Aviv est une des villes les plus gay-friendly au monde. Au cours de nos périples, nous avons rencontré des femmes exnazies converties au judaïsme; nous avons assisté à un shabbat éthiopien; nous sommes allés à la rencontre de gens qui fabriquent du vin dans le désert où fleurit un superbe verger; nous avons mangé au fameux restaurant Taizu à Tel Aviv où l’on sert seulement les convives quand ils ont réussi une épreuve de jeu; nous avons visité un abri de guerre pour chiens, nous avons rencontré des taggeurs et des artistes locaux… Nous 40 | magazine LVS | septembre 2013
LVS : Une sorte « d’Israël insolite » ?
LVS : Que faisaient sur place, lors de l’un de vos voyages de tournage en juin dernier, des animateurs aussi connus que Herby Moreau et Isabelle Racicot ? F.B. : Nous avons invité Isabelle Racicot, Herby Moreau et Eric Salvail à se joindre à notre équipe de tournage en juin pour qu’ils découvrent cet autre Israël et qu’ils partagent cette découverte avec leur entourage. Ces animateurs « mainstream » ont le pouvoir d’approcher des gens qui ne connaissent pas nécessairement Israël et le peuple juif. Nous les avons donc invités à suivre mes pas et à partager mes trouvailles et coups de cœurs. Sur place, ils ont vu comment on vit bien en Israël, comment on s’y amuse et tout ce que l’on peut apprendre d’intéressant sur ce pays. De plus, ces animateurs célèbres au Québec, sont très actifs sur les réseaux sociaux, ils peuvent rallier le grand public et leur raconter comment est l’autre Israël. LVS : Quelle a été la réaction de vos animateurs-starsinvités après leur voyage ? F.B. : En une semaine, ils sont tous tombés amoureux du pays. Ma co-productrice Martine St-Victor a bien résumé le tout en disant : « Israel is where the world comes together, not where it falls apart ». Mon Israël, dès janvier 2014, sur Évasion : https://evasion.tv/ Emmanuelle Assor
ISRAËL
Les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient Le printemps arabe a changé plusieurs donnes géopolitiques. Quels en sont les principaux enjeux en ce printemps 2013 ? Deux tendances majeures de l’islam s’affrontent depuis des siècles : celle des Sunnites et celle des Chiites. Les premiers sont majoritaires et bénéficient du prestige et du support de l’Arabie saoudite berceau de l’islam. Les seconds ne sont majoritaires qu’en Iran, pays qui tente Dr David Bensoussan d’effacer sa particularité chiite derrière l’appellation de République islamique afin de mieux asseoir son hégémonie dans la région. L’Irak est un pays dans lequel les composantes kurde, sunnite et chiite rivalisent, les Chiites subissant une influence non négligeable de la part de l’Iran. Dans la Syrie s’affrontent d’une part les Alaouites qui constituent une minorité religieuse syncrétique — considérée comme hérétique par les Sunnites et les Chiites — soutenus par les chrétiens et les Druzes, et de l’autre par la majorité sunnite. La guerre civile contre le pouvoir alaouite oppose également plusieurs tendances sunnites regroupées au sein du Conseil national syrien : celle des Sunnites qui sont las de la dictature alaouite dont la mouvance importante des Frères musulmans de même que des groupements de minoritaires. À ces derniers se greffent des radicaux anti-Chiites d’Al-Qaeda. Le Liban est un pays fictif dans lequel le mouvement chiite du Hezbollah soutenu et financé par l’Iran fait la loi avec sa propre armée et son propre agenda. La minorité chrétienne y dispose d’une marge de manœuvre limitée. L’Iran supporte les Alaouites de Syrie, le Hezbollah du Liban et le Hamas à Gaza. L’Iran entretient la tension avec Israël pour mieux s’implanter dans la région, quitte à affaiblir l’autorité palestinienne et repousser l’échéance des compromis réciproques nécessaires pour établir la paix. L’Égypte a connu un soulèvement pro démocratie, mais les Frères musulmans - qui ont abandonné la lutte armée pour atteindre leurs objectifs vers la fin des années 60 - y ont remporté les élections. Or, les ambitions dictatoriales du président Morsi ont découragé les libéraux égyptiens et l’Égypte devient de plus en plus ingouvernable. Bien que la sympathie naturelle du gouvernement égyptien aille vers les Frères musulmans de Gaza et de Syrie, la dépendance de l’aide des États-Unis et de l’Arabie saoudite l’amène à leur minimiser son appui et à maintenir la paix avec Israël. L’islam wahhabite prédomine en Arabie saoudite qui soutient les Sunnites syriens, mais sans avoir de sympathie particulière pour les frères musulmans et encore moins pour Al-Qaeda. Historiquement, la puissance financière de l’Arabie
Saoudite lui a permis d’acheter de l’influence sur les pays amis ou ennemis et l’Arabie saoudite se considère comme le porte-parole de l’islam sunnite. De façon générale, les Chiites sont écartés du pouvoir dans les émirats arabes. Le Qatar, pays de 1,8 million d’âmes — dont seulement 200 000 ressortissants sont des nationaux — devient très agressif sur la scène internationale, compte tenu de la puissance médiatique de la chaîne d’Al-Jazeera. L’Arabie Saoudite reproche au Qatar de soutenir aveuglément les mouvements des Frères musulmans et d’Al Qaeda en Syrie et soutient militairement les Sunnites qui se démarquent de ces deux mouvements. Tout comme l’Iran, la Turquie a joué la carte anti-israélienne, mais sans succès. Elle a misé sur la chute rapide du président Assad de Syrie lequel s’est montré être plus coriace que prévu. L’Iran a déclaré que l’installation par l’OTAN d’armement antimissile défensif en Turquie constituait une déclaration de guerre, car ces missiles pourraient protéger la Turquie des missiles syriens en cas de conflit déclaré. Cela vient mettre à vif la rivalité séculaire qui a prévalu entre l’Iran et la Turquie héritière de l’Empire ottoman. Par ailleurs, la Turquie souffre d’une guerre civile avec sa minorité kurde et ne veut rien savoir d’une affirmation nationale kurde dans la région. La ligue arabe regroupe un grand nombre de pays qui partagent un passé commun, mais qui ont de la difficulté à articuler une politique unificatrice et constructive. Par ailleurs, ses objectifs tiennent rarement compte des minorités non arabes tout comme les Berbères, les Coptes, les Kurdes ou les Juifs. Par le passé, l’Union soviétique a armé massivement l’Égypte, la Syrie et l’Irak, mais sans pouvoir défaire l’emprise américaine sur les pays producteurs de pétrole. Aujourd’hui, la Russie tient à conserver la base navale que la Syrie lui a cédée et soutient inconditionnellement le régime syrien d’Assad. La découverte de gisements gaziers importants en Méditerranée orientale augmente considérablement l’importance stratégique de cette base navale. De façon générale, les États-Unis soutiennent l’évolution démocratique des pays du Moyen-Orient, mais ferment les yeux sur les abus qui se tiennent en Arabie saoudite, pays qu’ils ne veulent guère aliéner afin d’assurer un approvisionnement vital du pétrole en Occident. Le dilemme auquel se confrontent les puissances qui veulent mettre fin à la guerre civile syrienne doit tenir compte des besoins humanitaires tout en ayant à l’esprit les efforts de déstabilisation émanant de l’Iran ou de la montée au pouvoir de mouvances radicales se réclamant de l’islam. Dr David Bensoussan L’auteur est professeur de sciences à l’Université du Québec
magazine LVS | septembre 2013 | 41
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
L’école secondaire de Saint-Laurent aide à la réinsertion des jeunes et révèle des talents cachés Les Affaires sociales de la CSUQ et Monsieur Lesly Phanor, instituteur à l’école secondaire de Saint-Laurent, ont relevé un défi ensemble. Ils ont aidé Kelly Obadia à retrouver confiance en elle et à suivre un enseignement combinant études et stage pratique pour éviter un décrochage scolaire, tout en révélant ses talents cachés. Monsieur Phanor témoigne pour exprimer sa fierté d’avoir permis à Kelly de se réinsérer dans la vie active et construire son avenir professionnel. Kelly Obadia est une jeune fille courageuse et volontaire qui a été soutenue par la CSUQ pour trouver une solution à son décrochage scolaire. Ses parents sont venus voir le département des Affaires sociales pour les aider à relever ce défi car ils savaient que le souci était la méthode principalement d’apprentissage. Grâce au soutien de Monsieur Lesly Phanor, qui a cru en ce projet sans précédent, et après une évaluation formelle du niveau de connaissances de Kelly, il lui a permis de suivre des études de secrétariat en parallèle d’un stage pratique dans une entreprise. Cette combinaison a eu l’effet escompté, puisqu’aujourd’hui, Kelly a retrouvé l’estime d’elle-même et a pu travailler en tant que réceptionniste à la CSUQ pour valider, avec fierté, l’obtention de son diplôme à l’École secondaire Saint-Laurent. Interview téléphonique de Monsieur Lesly Phanor, enseignant et responsable du stage de Kelly à l’École secondaire Saint-Laurent : LVS : Pourquoi avoir accepté de participer à ce défi ? Lesly Phanor : Ce fut une bonne expérience qui a bénéficié d’un encadrement hors pair de la part de Madame Sylvia Serruya qui s’est obstinée à encourager et accompagner Kelly pour qu’elle atteigne son objectif. Aujourd’hui, Kelly a validé son stage et obtenu son diplôme et, surtout, a retrouvé sa confiance en elle et en sa capacité à travailler dans un milieu de travail adapté à ses compétences mentales inférieures à la moyenne de la population active. Elle avait une peur profonde de communiquer au téléphone ou en public. Finalement, accompagnée de la patience et la motivation de Sylvia ainsi que de mon suivi hebdomadaire, elle a surpassé ses doutes et réussi à effectuer des tâches administratives, comme rentrer des données statistiques sur ordinateur et faire certains appels téléphoniques. 42 | magazine LVS | septembre 2013
De gauche à droite : Sylvia Serruya, Kelly Obadia, Lesly Phanor
LVS : Quelles sont les conclusions à tirer de cette expérience ? LP : Le souci du travail bien fait a permis à Kelly de réussir et le fait de croire en elle a fait toute la différence. Il faut aider la relève avec ses forces et ses faiblesses. L’essentiel est de trouver un milieu de stage approprié à la capacité professionnelle du jeune concerné. Notre encadrement permet de ne pas perdre l’enfant ou adolescent. Cette expérience me donne espoir de continuer à aider les jeunes à dévoiler leur potentiel quel qu’il soit.
Laëtitia Sellam
Pour tout renseignement supplémentaire sur les activités du département des Affaires sociales pour faire un don et/ou apporter un soutien bénévole, contactez Sylvia Serruya au 514-733-4998 poste 3150.
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Depuis 2012, le département des Services sociaux a une obsession saine et persistante : celle d’aider les plus défavorisés de notre communauté. Or, certains cas ne sont pas décelés car une gêne ou une honte s’est installée progressivement et empêche des personnes à demander de l’aide. Celles-ci sont souvent connues de la communauté orthodoxe et des rabbins de chaque ville ou chabbad à Montréal. Cette année, une ouverture sans précédent s’est opérée pour trouver une voie et entamer un dialogue constructif et respectueux avec la CUSQ et OMETZ afin de multiplier les solutions. Une découverte mutuelle a révélé un champ d’actions potentiel incroyable qui était à l’étude depuis cinq ans. Certains jeunes issus du monde orthodoxe ont tendance à s’éloigner de la religion ou tradition juive et les rabbins qui les connaissent ont besoin de trouver un moyen d’éviter un rejet éventuel en considérant d’autres perspectives. Trois réunions se sont déroulées pour rassembler autour d’une table toutes les personnes* susceptibles d’avoir touché, de près ou de loin, cette population dans le besoin afin de mieux comprendre toutes les facettes de la situation, avec transparence et une ouverture d’esprit commune. Les interventions des professionnels, regroupés autour de la table de concertation, révèlent les forces, les compétences et les intérêts de la communauté et non les différences de chaque groupuscule. Il est notamment ressorti que « La reconnaissance de la diversité religieuse dans la communauté sépharade peut éliminer les phénomènes de repli communautaire et d’isolement social au profit d’une mise à disposition de toutes les ressources disponibles au mieux-être des membres de la communauté ». Un dialogue a commencé à se nourrir de l’expérience de chacun et a abouti à la découverte de services qui soulageraient les Rabbins pour conseiller au mieux les personnes dans le besoin qui ne s’adressent qu’à eux. Il s’est révélé qu’une étroite collaboration permettrait d’alléger certaines décisions et de construire un plan d’avenir plus solide dans certains cas grâce à l’utilisation de services comme l’atelier JEM, les services de l’agence Ometz, entre autres. De plus, ces organismes offrent leurs prestations en français, ce qui facilite également la compréhension et l’approche de certaines personnes d’origine sépharade. Le 13 juin dernier, la réunion s’est déroulée à « L’Atelier JEM Inc. » qui a été une découverte pour une partie de l’assistance. Cet atelier emploie un groupe choisi d’individus handicapés qui
Réunion du 25 avril 2013 avec les Rabbins des congrégations sépharades, tous les superviseurs et employés des différents départements des services sociaux de l'agence Ometz fournissent des services d’emballage de grande qualité à des prix concurrentiels dans différents domaines d’activités. Cette association permet de rendre ces personnes productives et plus heureuses dans un univers professionnel car elle se sentent considérées et utiles à la société suivant leur rythme et compétences. L’agence OMETZ regroupe une multitude de services pour aider les familles dans leur démarche sociale, familiale, administrative et professionnelle. Cet esprit d’accompagnement est en appui au département des Services sociaux de la CSUQ et serait également un soutien pour la communauté orthodoxe dont les demandes sont différentes suivant les situations spécifiques de chaque famille. Le dialogue, le respect et l’entraide sont les piliers de ce rapprochement incontournable aujourd’hui. Ce vaste projet est devenu un défi commun pour les institutions concernées afin de progresser dans une même voie et créer une communauté unifiée solide, intégrée et fière de la richesse de ses diverses origines.
*Les représentants du monde orthodoxe sont nombreux pour soutenir cette initiative : Rabbin Haim Nataf, Rabbin Yehuda Benoliel, Rabbin Abraham Abitbol,Rabbin Avraham Marouani, Rabbin Samuel Mellul, Rabbin Meyer Cremizi, Rabbin Yehiel Yeshouron et Rabbin Shmuel Toledano. Le département des Services sociaux de la CSUQ et des représentants d’Ometz étaient présents pour apporter leur expérience sur le plan de l’emploi, de l’immigration et des difficultés rencontrées par les familles quotidiennement (voir photos ci-dessous).
Laëtitia Sellam
Pour tout renseignement supplémentaire sur les activités du département des Affaires sociales, contactez Sylvia Serruya au 514-733-4998 poste 3150 ou pour tout service de l’agence Ometz contacter Madame Susan Kling Benaroche. magazine LVS | septembre 2013 | 43
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Sefer Torah dédié à la mémoire de M. Hanania Derhy Z'L Le mardi 21 mai, a eu lieu l’accueil du nouveau Sefer Torah au Crowne Plaza Hotel, offert par Monsieur et Mme Armand Aflalo, ainsi que leurs enfants, pour honorer la mémoire de Monsieur Hanania Derhy Z'L. (au domicile de Mme. Derhy et ses enfants)
M. Serge Aflalo, fils de M. Armand et Mme Denise Aflalo et bénévole actif du comité Shaaré Hessed et nous tenons à le remercier pour cette belle initiative.
M. Armand (au centre) et son épouse, Mme Denise Aflalo (à ses côtés) voulaient honorer la mémoire de Monsieur Hanania Dehry Z'L, dont la vie n’a été qu’une succession de mitzvot et de bénédictions pour tous ceux qu’il a rencontrés sur sa route, des valeurs que Shaaré Hessed incarne aujourd'hui. Avec discrétion et humilité, il a eu un impact incommensurable sur des centaines d'individus. C’est pour cette raison qu’ils ont décidé d’introniser un nouveau Sefer Torah.
44 | magazine LVS | septembre 2013
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Cet événement a connu un grand succès grâce à la généreuse participation des invités qui se sont sentis concernés par la cause de la Tzedaka. 375 personnes ont assisté à ce bel évènement. Les fonds de cette soirée sont directement centralisés au sein de la CSUQ (Shaare Hessed) et sont diligemment alloués aux individus et familles dont les besoins sont les plus criants et plus urgents.
Ce nouveau Sefer Torah a été offert et introduit à la synagogue Petah Tikva. Nous sommes fiers d’annoncer que la caisse d’entraide Shaaré Hessed sera désormais la relève de notre prochaine génération et visera à prolonger la sainte action de solidarité envers nos frères et soeurs qui a été initiée par M. Hanania Derhy Z'L.
Une fois de plus, un grand MERCI à tous les donateurs pour leurs généreuses donations dont vous nous avez si humblement gratifiés et plus particulièrement à M. et Mme Armand et Denise Aflalo ainsi que toute sa famille. magazine LVS | septembre 2013 | 45
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
«Unzera Shtetl » : Les colons juifs des Laurentides Une entrevue avec le leader spirituel, Isaac Amouyal Qui d’entre nous aurait soupçonné la présence d’agriculteurs juifs dans les Laurentides et particulièrement à Sainte-Sophie, New Glasgow et Saint Lin ? Pour satisfaire notre curiosité, leur chef spirituel, un juif marocain de surcroît nous trace l’historique de cette communauté hors du commun. Isaac Amouyal est, c’est le moins que l’on puisse dire, un personnage Isaac Amouyal peu conventionnel. Né à Erfoud, la ville natale de Baba Salé, comme il aime à le rappeler, il a quitté le Maroc à 6 ans pour émigrer avec sa famille en Israël. Après des études dans des Yeshivot ashkénazes et le passage obligé dans l’armée, il fréquente l’Université et vient ensuite à Montréal pour effectuer des Études de psychologie, et d’études juives à l’Université McGill d’où il sort avec un baccalauréat en éducation. Il a enseigné l’hébreu et les études juives à Herzliyya et à l’École Maïmonide. Sa connaissance du monde ashkénaze font qu’il est approché par les dirigeants de cette colonie de fermiers juifs afin qu’il soit leur hazan et leader spirituel. Des fonctions qu’il exerce jusqu’à aujourd’hui spécialement lors des fêtes de Tishri. Il nous raconte qu’il y a cent ans, 50 familles de juifs venus de Russie et fuyant les pogroms tsaristes, émigrent à Montréal. Dans leur pays ils étaient agriculteurs métayers car n’ayant pas, en tant que juifs le droit de posséder la terre. La Société Baron de Hirsh leur achète des terres dans les Laurentides afin qu’ils s’y installent et s’adonnent à leur métier : l’agriculture. Attachés également à leur judaïsme, ces colons, construisent également trois synagogues sur leur domaine ainsi que des écoles et engagent même des rabbins pour garder vivantes leurs traditions. Il cite pour ces familles, cinq des plus importantes, les Murray, Gootz, Zaritzky, Polsky et Freemeth. En plus de cultiver la terre, ces agriculteurs font également de l’élevage de volailles et organisent même un service cachère d’abattoirs avec près de 100 employés locaux. Leurs synagogues sont également des centres sociaux où les gens se rencontrent et organisent des fêtes. Isaac Amouyal officie depuis 37 ans dans la colonie qui ne compte plus qu’une synagogue, le nombre de colons ayant drastiquement diminué (seulement une trentaine de familles sont restées sur place) la plupart d’entre eux s’étant installés à Montréal et dans ses banlieues. Ceux-ci tiennent cependant à préserver leur tradition et pour les fêtes de Rosh Hashana et de Yom Kippour ils se réunissent à Sainte-Sophie afin d’organiser les services religieux. Ceux-ci sont dirigés évidemment par Isaac Amouyal qui nous confie qu’il se sent à l’aise pour combiner la liturgie ashkénaze et sépharade. Il leur a appris justement 46 | magazine LVS | septembre 2013
des airs sépharades lors de certaines prières,Il a organisé également une inauguration d’un Séfer Torah. Son dvar Torah est en anglais, étant lui-même anglophone. Son kahal compte cent personnes. N’ayant pas le titre de Rabbin, il ne se sent pas en mesure de demander à ses ouailles un respect strict du Chabbat de même que d’autres restrictions propres à la Halakha. Pour lui l’essentiel réside dans le fait que ce groupe reste attaché à cette forme de judaïsme qui est également respectable à ses yeux. À titre anecdotique, il nous raconte que les cérémonies d’ablution du tachlich se font dans une rivière de la région qui porte le nom prédestiné de…Jourdain. Les riverains des alentours respectent ces colons juifs qui sont des francophones et qui se sont harmonieusement intégrés auprès des résidents de la région. Le 1er septembre prochain cette communauté si particulière et attachante, fêtera ses 100 ans d’existence. Le programme comportera en plus des festivités d’usage, un service religieux, des panneaux-affiches, des conférenciers invités ainsi que des visites guidées. Pour plus d’information allez sur www.jewishfarmers.myevent.com Elie Benchetrit
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Le Centre Cummings Le bénévolat: la force motrice au cœur de notre institution
Les Programmes : Au coeur de la vie de nos membres.
Être bénévole au Centre Cummings, c’est vivre une expérience unique, une aventure extraordinaire à découvrir et à partager avec des amis. C’est également et surtout être au cœur de la vie communautaire : donner et recevoir.
Vous qui rêviez de programmes novateurs et de vous occuper de votre santé, de vous amuser enfin et de passer du bon temps avec vos amis, inscrivez-vous aux programmes du Centre. Imaginez plus de 200+ programmes pour les 50+ disponibles à partir de l’automne prochain.
Le bénévolat est la porte d’entrée dans l’univers du Centre Cummings, un centre qui dispense des services à 8000 personnes. Le rôle des bénévoles est central au cœur de l’institution. Il permet de faire découvrir au public les joies que procurent l’engagement communautaire et son importance pour faire la différence dans la vie des autres. Le département compte sur un effectif de mille bénévoles, dont l’âge varie entre des jeunes de l’âge de la Bar et de la Bat-Mitzva, et… cent ans!! Au Centre, la plupart des programmes sont intergénérationnels et l’on retrouve côte à côte, des aînés, des jeunes et des adultes. Parmi les diverses possibilités de faire du bénévolat : le team-chalom des préposés à l’accueil, la cafétéria, la boutique, le centre de bien-être, la popote roulante, le Centre des arts et l’Action sociale. En fait chacun peut trouver la place qui lui convient le tout dans le cadre d’un horaire souple. Le Centre travaille étroitement avec Sylvia Serruya, afin de faire connaître ses services à la population sépharade francophone. Pour plus d’informations appeler Lynn Gordon au 514-342-1234 poste 7240.
Au Centre Cummings, le service des programmes souligne l’importance d’offrir des programmes en français en fonction de la composante sépharade et francophone de notre communauté. Cette clientèle spécifique fréquente de plus en plus les activités du Centre. Parmi toute une gamme de choix possibles : •
Les cours d’ordinateur pour débutants (6 cours) les mardis du 8 octobre au 12 novembre de 14h à 16h.
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L’intro au vitrail (8 cours) les lundis du 16 septembre au 11 novembre de 18h30 à 21h30.
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La Danse de salon les mercredis 11 septembre au 30 octobre de 19h à 20h30. Si vous avez d’autres centres d’intérêt, n’hésitez pas à nous contacter. Nous sommes là pour vous servir avec des programmes et des événements spéciaux.
Pour plus d’informations contactez Claude Elbaz au 514-342-1234 poste 7325.
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SERVICES COMMUNAUTAIRES Bénévolat autour de grandes causes
Cette année, le deuxième gala des Bar Mitzvot a eu lieu le 12 juin à la synagogue Spanish & Portuguese. Cet évènement fut un énorme succès avec plus de 320 participants, le double de l’an passé pour le même événement. Co-présidée par Avraham Castiel, Dominique Benarroch et Perla Lévy et avec l’aide de 25 bénévoles qui travaillent sans cesse tout au long de l’année, cette superbe soirée avait pour objectif d’amasser des fonds pour organiser une cinquantaine de Bar Mitzvot à Beer Sheva en Israël. Lors de ce gala, les participants ont pu visionner un vidéo complet du programme de la Mission avec notamment les bénévoles dans différents centres à Beer Sheva ainsi que l’émouvante cérémonie de la journée des Bar Mitzvot au Kotel qui regroupe une cinquantaine d’enfants choisis par le département social de la Ville de Beer Sheva, jumelée à la Ville de Montréal .Ces enfants sont orphelins ou proviennent de familles défavorisées. Grâce à un partenariat avec le rabbin Or Benshoushan de Orot Israel, les enfants se préparent à leur Bar Mitzvah tout au long de l’année et attendent avec impatience ce jour mémorable. Lors de cette journée, les enfants arrivent au Kotel le matin avec un accompagnateur, on leur remet des tefillin, la cérémonie religieuse a lieu dans une synagogue de la vieille ville, les enfants vont ensuite se recueillir au Kotel et après une visite des lieux, une grande fête réunit les enfants et leurs familles heureuses. Ce projet a été choisi comme étant l’un des projets les plus importants pour l’équipe de bénévoles de Montréal car faire sa Bar Mitzva est un rite de passage de l’enfance à l’âge adulte essentiel pour tout Juif. Cette année, les montants amassés ont dépassé de loin les attentes et permettront de financer entièrement tout ce beau projet. La Mission de Solidarité 2013 aura lieu du 21 octobre au 4 novembre, un groupe d’une quarantaine de personnes partira en Israël dans le but d’aider les plus démunis, de contribuer acti52 | magazine LVS | septembre 2013
Les bénévoles du bazar 2013 vement à différents projets sociaux et de continuer à découvrir toutes les différentes richesses du pays. Au programme : bénévolat à Beer Sheva (au sein de garderies, soupe populaire Beth Moriah, centre Ilan pour handicapés…), des découvertes de lieux et de paysages impressionnants, des rencontres, mais surtout l’événement rassembleur des Bar Mitzvot qui aura lieu le 24 octobre. Quant au Bazar, qui a eu lieu les 23 et 24 juin dernier au Y, et présidé par M. Alain Mechaly avec l’aide d’un comité dynamique, il a servi à amasser des fonds pour une cause qui tient à cœur la communauté : venir en aide à ZAKA, organisation humanitaire qui sauve des vies lors d’incidents tragiques en Israël et qui aide des Juifs en danger en dehors du pays. Les profits récoltés serviront à l’achat d’une ambulance dans la région de Beer Sheva, dédiée à la mémoire d’Alexandre Bitton Z'L, décédé en Haïti lors des tremblements de terre de 2010. Un événement aux 3 ingrédients clés : de la marchandise neuve, une ambiance sympathique et des bénévoles exceptionnels. « Nous faisons cela car nous avons été très touchés par ce qui est arrivé à Alexandre Bitton Z'L mais aussi parce qu’on aime participer à cette levée de fonds importante pour la communauté. Cela donne du sens à notre engagement communautaire et nous sommes fiers de pouvoir aider ceux dans le besoin » affirme une des bénévoles interrogée sur place. Voilà qui résume bien le sentiment général des 50 bénévoles qui se sont dévoués à préparer cet événement de grande qualité pendant des semaines et surtout qui ont généreusement donné de leur temps et de leur enthousiasme. On les remercie bien fort car sans eux rien ne serait possible.
Emmanuelle Assor
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Le Cercle
Depuis sa création Le Cercle n’a cessé d’évoluer pour mieux servir les jeunes de la communauté. Agissant à titre de lieu de rassemblement pour les jeunes âgés entre 20 et 40 ans, il est maintenant possible de louer le local du Cercle — formule clé en mains — pour des fêtes privées. Voilà une nouvelle vocation bien appréciée des jeunes qui réservent la salle pour y célébrer des anniversaires, pour se retrouver en groupe ou tout simplement pour des événements officiels, la salle étant équipée d’un projecteur, de matériel audiovisuel et de tout ce dont on a besoin lors d’un événement. Cela étant dit, Le Cercle continue d’organiser des activités pour son public cible de 25-40 ans mais l’emphase a été mise sur deux groupes distincts aux besoins différents : soit, les 20-30 ans (jeunes professionnels et étudiants) et 30-40 ans (aux carrières établies cherchant à socialiser et à réseauter). Pour l’été et l’automne, plusieurs activités sont au programme. La première d’entre elle, le « Art Show » le 26 juin, a réuni huit artistes de la relève, âgés entre 22 et 40 ans, un intéressant étalage de médias mixtes : des bijoux, de l’aquarelle, de la photo, un DJ et même un peintre qui a fait de la peinture sur place. L’événement rassembleur était gratuit pour tous et surtout pour les artistes à qui l’on offre une visibilité et une promotion hors pair. Une centaine de personnes ont participé à l’événement et même ArTv s’y est intéressée dans une émission (3 vidéos web) sur ce qui se passe d’intéressant à Montréal. La saison estivale a aussi été ponctuée de BBQs pour lancer la programmation des jeunes. Le 2 juillet a eu lieu un premier BBQ, derrière le local du Cercle sur la rue Earnscliffe. Avec une formule « tout inclus » à 10 $ offrant à chacun 2 hotdogs de la
Boucherie Amsellem, des chips et un drink. Le groupe d’une cinquantaine de jeunes réunis était ravi. Des jeunes de France et du Maroc se sont même joints au groupe d’habitués, le mot s’étant passé sur Facebook. Au nombre des nombreuses activités prévues tout au long de l’année : une autre soirée « Sushi Night » avec le super chef Marco Oiknine qui démontre tout son savoir-faire et une délicieuse dégustation de sushis après le cours… Suivi d’une série d’humour « Comedy Show » animée par notre Alex Fredo national et ses animateurs de la populaire émission « Les p’tites anecdotes ». Pour plaire au groupe des 20-30 ans, Alex Fredo s’est joint au Cercle pour concocter des soirées mémorables. Humour, musique et délires sont de la partie. Neev se joindra aussi aux activités quand son agenda bien chargé le lui permettra ! Des soirées « Open-mic » parsèmeront la saison et auront lieu au Bar Sans-nom situé sur l’Avenue du Parc, en plein cœur du branché Mile End. Lors de ces soirées, des jeunes seront invités à chanter, slamer, parler, rimer, le tout pendant 5 minutes au microphone. Super occasion de découvrir des nouveaux talents ou de se découvrir une passion inédite… À suivre… Enfin, un cycle de conférences débutera à l’automne sur des thèmes aussi variés concernant les jeunes tels que la gastronomie, le e-commerce, les voyages, le sport et la religion. L’idée des conférences est d’ouvrir des débats et de partager des idées, de permettre un « Straight Talk » comme on dit aux Etats-Unis.
Emmanuelle Assor
magazine LVS | septembre 2013 | 53
SERVICES COMMUNAUTAIRES
BANAV et la Guerre des Clans : on pense déjà à la prochaine édition Cela fait déjà 5 ans que le programme de leadership pour la continuité sépharade de la CSUQ bat son plein. Le dernier opus de ce programme, organisé par un comité, de levée de fonds « La Guerre des Clans », a remporté un vif succès en avril dernier et a suscité un rassemblement communautaire intergénérationnel comme jamais vu auparavant. À la manière du show télévisé « Family Feud », des familles et des groupes de gens de tous les âges se sont réunis pour jouer et lever des fonds pour une bonne cause. Cette cause-là, cette année, c’était BANAV, un organisme communautaire juif qui vient en aide aux familles ayant des enfants avec des problèmes d’apprentissage. Il y a deux ans, BANAV était méconnu au sein de la communauté. Depuis cette soirée, ce nom est sur toutes les lèvres. Ce projet, ce sont les jeunes qui l’ont choisi eux-mêmes car ils ont constaté l’importance de venir en aide aux enfants ayant des besoins spéciaux. Une superbe façon de s’impliquer dans des causes moins connues mais qui touchent plusieurs membres de la communauté. Mission accomplie ? Benjamin Bitton, coordonnateur du programme Leadership, constate que le succès attendu a été largement dépassé : « Je suis agréablement surpris de voir que le succès et les objectifs souhaités ont été grandement surpassés » dit-il. Plus de 400 personnes se sont déplacées pour cet événement, et la majorité d’entre elles était composée de jeunes adultes. Selon Benjamin, l’idée du départ, lancée par David Ohayon lors du voyage « Retour aux sources », dans le cadre du Programme de Leadership, était farfelue. Puis la créativité de l’équipe a pris le dessus, jusqu’au moment où le comité a réussi à obtenir l’intervention et la participation du célèbre animateur Luc Sennay, lui qui animait autrefois « La Guerre des Clans » sur TVA. De fil en aiguille, le projet a pris de l’ampleur. Huit équipes se sont formées, une magnifique campagne de marketing a eu lieu sur le web et les médias sociaux ont lancé l’événement. Grâce à toute cette dynamique, les jeunes ont été sensibilisés à cette cause et ont participé massivement à l’événement. Grâce à « La guerre des clans », des milliers de dollars ont été recueillis. Même l’équipe nommée « Old School » de Michaël Fhima et Eric Wazana, qui a remporté le grand prix de 5 000 $, a offert la quasi totalité de ce gain à BANAV !
54 | magazine LVS | septembre 2013
Les animateurs de la soirée, Luc Senay et Neev Bensimon entourée de nos « supers héros » — nos bénévoles Le secret de cette réussite : une superbe équipe de bénévoles qui a pris en charge le projet de A à Z comme de vrais experts. Les co-présidents Karen Aflalo, Muriel Alloune, David Ohayon et Steve Sebag ainsi que le comité organisateur ont mis tous les efforts nécessaires pour accomplir ce travail gigantesque. Avec leur enthousiasme et leur professionnalisme, rien n’a été laissé pour compte : le montage de la scène, la production, les préparatifs de la soirée, les annonces sur les médias sociaux, la publicité dans la communauté, la vente de billets. Tout a été concocté d’une main de maître et la participation du public a été mémorable. Éclats de rire et joie étaient au rendez-vous. « On a tellement ri et on s’est vraiment amusé, même si ce projet a mis plus de 6 mois à voir le jour » raconte Benjamin Bitton. « On a créé un événement vraiment original, une grande première, on est sorti de notre zone de confort et on s’en félicite» conclut-il. Et si l’engouement est encore palpable, on parle déjà d’une autre soirée du même genre. Pour ceux qui y ont assisté et en redemandent et pour ceux qui l’ont ratée et espèrent se reprendre. Mais pour l’instant, les yeux sont rivés sur la prochaine promotion des jeunes adultes, qui débutera avec la relève du programme de Leadership en septembre 2013. Ils auront toute une année pour apprendre les secrets de l’organisation d’une activité de levée de fonds réussie.
Emmanuelle Assor
SERVICES COMMUNAUTAIRES
J’aimerai, au nom de notre directeur exécutif monsieur Yossef Ifergan ainsi qu’au nom de notre conseil d’administration, remercier la CSUQ et son Programme de Leadership d'avoir organisé un événement si réussi. Le 10 avril 2013, a eu lieu la soirée « la Guerre des clans », un projet de collecte de fonds réalisé par les finissants de la première et de la deuxième session du Programme de Leadership de la CSUQ. Pour l’équipe du Programme de Leadership, l’objectif était avant tout de créer un événement de très haute qualité sur lequel s’appuyer pour croître dans les années à venir. En effet, cet événement, qui a attiré près de 400 personnes de la communauté juive de Montréal, a remporté un franc succès. D’emblée, nous tenons à mettre en évidence que le Programme de Leadership est composé de jeunes professionnels ayant activement participé à l’organisation de cet événement et demeurant à la fine pointe du professionnalisme. Ils ont accompli un travail exceptionnel. Toutes nos sincères félicitations ! Il importe, également, de remercier et de souligner la contribution essentielle des commanditaires qui ont rendu possible l’organisation de cet événement, ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin au succès de cet événement. Leur soutien est primordial pour la réussite de cet évènement et leur présence a été des plus appréciée. Finalement et principalement, l’événement a permis de sensibiliser la communauté juive de Montréal à la cause des « enfants qui ont aussi le droit d’apprendre et le pouvoir d’y arriver » et de mieux faire connaître les programmes BANAV et de ses services. Grâce à votre contribution, les profits amassés permettront de soutenir une classe BANAV pour l’année scolaire 2012-2013. Sincères remerciements, Nathalie Myara Ifergan, Ph. D. Professeure associée Chercheure régulier groupe de recherche DÉFI Accessibilité Département de psychopédagogie et andragogie Faculté des sciences de l’éducation Université de Montréal Présidente Centre d’Accomplissement LANAAR – BANAV 514 585 8464 – nmyara@sympatico.ca – www.IEP-PI
magazine LVS | septembre 2013 | 55
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Club pour enfants de Petah Tikva, un succès grandissant
Sigalit Shabitai Petel
Biologiste de formation et spécialiste en intervention du langage auprès des enfants, Sigalit Shabitai Petel travaille auprès des jeunes depuis des années. Depuis quelques mois déjà, la communauté juive peut se féliciter d’avoir accès à son expertise et à ses services car Sigalit a ouvert les portes d’un club pour enfants au sein de Petah Tikva. Le but de ce groupe est de permettre aux parents de prier avec l’esprit tranquille les jours de shabbat et de fêtes pendant que leurs enfants s’amusent.
les enfants, organise des spectacles avec clowns et marionnettes, elle leur offre une collation, leur apprend à prier et leur lit des histoires liées à la Parashat de la semaine. Depuis sa création, le club ne cesse d’accueillir de nouveaux enfants car le mot s’est passé. Les parents sont simplement ravis et les enfants adorent ça. Pour l'inscription de votre enfant et pour plus de renseignements, contacter Sigalit Shabitai Petel par courriel à : sigalit@global-net.org Emmanuelle Assor
Tous les samedis de 9h15 à 12h30, le club reçoit une trentaine d’enfants, gratuitement, dans une superbe salle de jeux aménagée spécialement pour eux par Sigalit. Pendant ces quelques heures, Sigalit joue, prépare les célébrations des fêtes à venir avec
L'Agence Ometz Jami Liverman est un chef expert et qualifié qui dirige sa propre compagnie de traiteur. Il trouve néanmoins le temps de s’engager bénévolement de manière positive auprès de l’Agence Ometz. Tous les mardis soirs, Jami rencontre un groupe de jeunes âgés de 18 à 25 ans qui viennent à l’atelier d’apprentissage en cuisine. Ces jeunes gens étaient invités afin d’apprendre comment manger sainement avec leur budget limité. Mais, semaine après semaine, les rencontres ont pris un nouveau tournant. Les repas de Jami ne sont pas uniquement délicieux et réalisés avec des budgets abordables, ils ont facilité également la formation
d’un groupe homogène, se rencontrant sur une base régulière. Jami a su créer une atmosphère saine et agréable auprès de jeunes privés de leurs droits, mais qui peuvent partager leurs histoires et discuter de n’importe quel sujet de manière ouverte et sans préjugés. Sous la conduite de Jami, les jeunes organisent maintenant leurs rencontres hebdomadaires. Bien sûr, Jami y assiste régulièrement et continue à enseigner, à partager des techniques et surtout à être à leur écoute.
Les générations futures voudront savoir Partagez votre histoire
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56 | magazine LVS | septembre 2013
community foundation fondation communautaire
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Voyage d’échanges à Paris d'élèves du secondaire 3 de l’École Maïmonide initié par l’Alliance Israélite Universelle Canada en partenariat avec l’École Maïmonide et l’École Georges Leven-Paris « Les voyages forment la jeunesse… ». Ce proverbe attribué à tort à Montaigne a suscité de nombreuses réflexions à l’époque des Lumières auprès d’intellectuels qui se sont interrogés sur la valeur éducative des voyages. Dans les différentes encyclopédies ou dictionnaires universels publiés, la même idée est reprise; à savoir que : « Les voyages sont nécessaires à la jeunesse pour apprendre à vivre dans le monde. » Ce projet s’est donc inscrit dans le cadre des objectifs de l’Alliance israélite universelle Canada qui visent à mettre en place des programmes d’échanges d’étudiants entre les établissements scolaires intégrés ou affiliés et ceux du réseau de l’Alliance. Cette première initiative est née, lors des célébrations du 150e anniversaire de l’AIU à Paris, durant un échange entre Mme Azoulay, directrice générale de l’École Maïmonide et Mme Sarrabia, directrice de l’école Georges Leven à Paris qui évoquaient la possibilité d’initier un voyage d’études entre les élèves des deux institutions. Deux années s’ensuivent où de nombreux aspects liés à la logistique sont discutés et des solutions apportées aux questions relevant du logement, de l’encadrement et du financement. La direction de l’École Maïmonide ainsi que ses administrateurs n’ont eu de cesse de veiller au succès de ce projet pilote. Un soin particulier est apporté à la programmation par les organisateurs qui se targuent de sortir des sentiers battus et d’offrir à nos élèves un souvenir impérissable de ce voyage. Le 4 février 2013 , 26 élèves de l’École Maïmonide de Montréal provenant des campus de Parkhaven et de Jacob Safra prennent l’avion à Paris pour une semaine, accompagnés d’Éric Mechaly, directeur de la Vie Étudiante, de Mme Muriel Benayoun, professeur de Français et de Karen Afflalo, bénévole de notre communauté impliquée dans de nombreux dossiers. Pour la majorité des élèves de l’École Maïmonide, ce voyage à Paris a été leur première incursion en Europe et ce voyage leur a offert une opportunité unique de s’ouvrir à d’autres horizons culturels. Nos élèves ne possèdent que peu de connaissances
Les élèves de l'École Maïmonide devant la pyramide du Louvre. du judaïsme français et leur connaissance de la communauté juive française se limite aux échos dont ils sont témoins par le truchement des médias. Ce voyage proposait aussi un volet pédagogique concocté conjointement entre la direction des deux écoles afin de créer une synergie entre les élèves autour de sujets d’intérêt commun : langue française; arts plastiques. Nos élèves sont francophones, mais ce voyage à Paris leur a permis d’être imprégnés au quotidien de culture française par le biais de pièces de théâtre, de visites de musées légendaires et ainsi de mieux appréhender l’importance et la vitalité de la langue et de la culture françaises. Au théâtre, ils ont assisté à la Comédie Française à une représentation du Malade imaginaire de Molière, pièce qui avait été étudiée durant le cours de Français; ainsi qu’à une représentation du Journal d’Anne Frank, pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt au théâtre de la Rive Gauche. Ils ont eu plusieurs visites guidées, dont celle du Musée du Louvre, du Mémorial de la Shoah, de Versailles. Ce voyage leur a aussi permis de visiter des sites touristiques : la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, la Place de la Concorde, le Jardin des Tuileries et une croisière sur la Seine en Bateau-mouche. Il est indéniable que les directions de l’Alliance israélite universelle et de l’école Georges Leven à Paris ont joué un rôle essentiel dans la réussite de ce projet et n’ont pas lésiné sur les efforts pour aplanir toutes les difficultés. Une bonne nouvelle ! Le projet est reconduit pour l’année 2014 et des pourparlers ont lieu pour que les élèves de Georges LevenParis viennent à Montréal poursuivre ce processus enclenché. Philippe Elharrar Directeur Général Alliance israélite universelle Canada philippe.elharrar@aiucanada.org magazine LVS | septembre 2013 | 57
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Fun fun fun au Département jeunesse de l’été à l’automne Cette année, le département jeunesse a innové avec un Club Vélo, dès le mois de juillet. Ouvert à tous mais surtout aux jeunes ados et leurs parents, le nouveau club cycliste a pour objectif de réunir les jeunes autour d’une activité saine et distrayante : le cyclotourisme. Pas besoin d’être un grand athlète, il suffit d’avoir une bonne bicyclette pour se lancer dans cette aventure. Tous les dimanches, le club vélo arpente les sentiers moins connus de la Ville de Montréal et de ses alentours. On parcourt Oka, Châteauguay, Lachine, le chemin du Petit train du Nord, le Vieux Montréal et on découvre des petites routes de campagnes inconnues des automobilistes… L’inscription gratuite a attiré une vingtaine de participants intéressés par la promenade mais aussi par les baignades dans les lacs et piscines environnants, le tout encadré par le merveilleux guide Eric Choukroun ! Cette activité est bonne pour le corps et l’esprit mais surtout sécuritaire car les excursions suivent les parcours de pistes cyclables. Ce fut un véritable plaisir de faire du vélo en groupe alors que le vélo est souvent un plaisir solitaire. On a déjà hâte à l’an prochain…. Tous l'été, du 25 juin au 16 août, le camp Benyamin a battu son plein avec plus de 120 enfants par semaine. Direction : tous vents! Le camp bouge et va là où il y a le plus d’activités intéressantes pour les jeunes! Ainsi, les groupes ont pris d’assaut La Ronde, le rafting aux rapides de Lachine, les glissades d’eau à Saint Sauveur, le Zoo de Granby, Arbraska (accrobranches) à Rawdon pour défouler nos petits Tarzans et la liste est longue… Nouveauté cette année, le centre d’amusement « Fun au max » avec des personnages Nintendo au Collège Marie-Victorin a remporté un vif succès avec l’animation, les structures gonflables et la magnifique piscine sur les lieux. En résumé : que du « gros fun » et des enfants bien épuisés le soir… Cette année, le programme de jeunes leaders et communautaires (J.L.C) est en évolution. Il y a clairement un besoin car des jeunes du secondaire 3 sont venus bénévolement travailler au camp après avoir terminé le programme. Grâce à celui-ci, des jeunes acquièrent des outils de leadership et d’animation axés sur quatre principes fondamentaux : identité juive, engagement communautaire, leadership et Israël. Tout au long de l’année, plus précisément deux dimanches par mois, ils sont conviés à des ateliers, week-ends, escapades et shabbatons, dans le but de créer un noyau de jeunes qui seront actifs plus tard dans un contexte communautaire. Afin de rejoindre les jeunes, le département a commencé à utiliser les réseaux sociaux et le bouche à oreille continue de faire son chemin. Suivez de près nos activités pour ne pas rater l’inscription au programme leadership cet automne !
Emmanuelle Assor
58 | magazine LVS | septembre 2013
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Sylvain Abitbol, Président de la CSUQ, Alex Abitan, Président du Golf Swing 2014, Marc Kakon, Président sortant de la CSUQ et Raphaël Perez, Président du Golf Swing 2013
Golf 2013, beau temps, mauvais temps ! Le début de l’été 2013 aura été marqué par des changements climatiques assez majeurs ! Pluie, mauvais temps, soleil intense et humidité, on en aura vu de toutes les couleurs. Pourtant, même si le soleil a joué à cache cache tout le mois de juin, cela n’a pas refroidi l’ardeur des nombreux participants au tournoi de golf 2013 !
Après une belle partie de 18 trous, le clou de la soirée : un tirage au sort des prix intéressants comme un iPad, un iPod et un MAC, offerts par différentes compagnies commanditaires ainsi que de luxueux prix tels qu’un voyage sur un yatch, une loge privée pour 12 personnes (gracieuseté de la RBC) pour regarder un match des Canadiens, un superbe tableau du peintre Hervé Teboul…
A la veille du tournoi ayant lieu au Hillsdale Country Club le 27 juin, on annonçait 90% de probabilité de pluie, mais le tournoi a eu lieu et… le soleil s’est même montré le bout du nez !
Un grand succès grâce au travail acharné de toute l’équipe et grâce à la contribution hors pair du président d’honneur de la soirée, M. Raphaël Perez. « Il s’est dévoué à 100% à cet événement, il était totalement investi dans cette activité, toujours disponible pour nous. Il a pris à cœur ce tournoi et je sais déjà qu’il fera partie de l’équipe l’an prochain» a affirmé Benjamin Bitton, responsable du département de levées de fonds de la CSUQ. «Nous sommes satisfaits des résultats de cette activité grâce à laquelle nous pouvons financer divers projets du département jeunesse, tels les camps d’été et d’hiver pour les enfants issus de familles défavorisées » at-il ajouté.
Comme tous les ans, avant le coup d’envoi, les participants ont eu le plaisir de déguster un buffet traditionnel pour le petit déjeuner et pour reprendre des forces sur le terrain. Différentes stations de nourriture étaient installées pour eux : trois stations à BBQ; un kiosque de café (S&M Café) avec des machines haut de gamme servait des capuccinos et espresso à ceux qui le désiraient et des pâtisseries venaient agréablement accompagner le tout. Durant la journée, le commanditaire, Spa Van Hill présent sur les lieux, a offert des soins aux participantes (massages, pédicures et autres traitements), ce qui a ravi toutes les femmes présentes. Lors du cocktail dînatoire, tous les participants se sont retrouvés autour de la magnifique piscine du complexe Hillsdale. Le décor composé de petites bougies, de pétales de fleurs et de tentes gazebo avec bar a contribué à l’ambiance intimiste de la soirée. Golf et détente, voilà un forfait bien intéressant à refaire l’an prochain… Notons aussi le travail tant apprécié des bénévoles présents, ayant aidé au bon déroulement de toutes les activités. 60 | magazine LVS | septembre 2013
Le tournoi étant fini, tout comme l’été !, on pense déjà à préparer celui de l’an prochain. Un programme ambitieux : 36 trous, 2 terrains de golf et 288 joueurs. Pour chapeauter le tout, un nouveau président, Alex Abitan, membre du comité depuis quelques années, passera aux commandes. Du renouveau, c’est certain, car Alex attirera des jeunes de son âge et continuera de faire connaître le tournoi de golf à de nouvelles générations.
Emmanuelle Assor
COMMANDITE OFFICIEL DU TOURNOI • OFFICIAL TOURNAMENT SPONSOR
COMMANDITE PLATINE • PLATINUM SPONSOR
COMMANDITES ARGENT • SILVER SPONSORS
WORLD TRADE FINANCIAL GROUP
LIVRET SOUVENIR • SOUVENIR BOOKLET Altro Levy LLP Bench.ca Doris Hosiery Mills
KPMG Stikeman Elliott Porsche Prestige
Reitmans RSM Richter Salomon Oziel
Lapointe Rosenstein Marchand Melançon
COMMANDITES DE LA JOURNÉE • SPONSORS OF THE DAY AIM - The Black Family Autobus Seguin Boucherie Amsellem Celebrations
Club de golf Hillsdale Danielle Bitton Hector Larivée Holland Automotive
Marvid Poultry RBC Banque Royale S&M Services de pause café Sportech
Sysco Tomapure Van Hill Spa
TOMBOLA ET ENCHÈRE • RAFFLE & AUCTION Club de golf Hillsdale Daniel Assouline Danielle Bitton
Destination Design by Ove Distributeurs Iann Hervé Teboul
Optique le Cartier RBC Banque Royale S&M Services de pause café
SAC CADEAUX • GIFT BAGS Elpro Lavasoft
Metsuyan Sushi RBC Banque Royale
Report Collection S&M Services de pause café
MERCI POUR VOTRE SOUTIEN ET GÉNÉROSITÉ • THANK YOU FOR YOUR SUPPORT & GENEROSITY
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Golf Swing 2013
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SERVICES COMMUNAUTAIRES
Alexandre Abitan, le moment de la relève a débuté Alexandre a toujours eu le sens de la famille et est attaché à l’esprit communautaire dans lequel il a baigné depuis son plus jeune âge. Responsable du département marketing et ventes dans l'entreprise familiale, MODEXTIL, à 27 ans, il affiche déjà une maturité et un élan visionnaire qui lui a valu d’être choisi par son entourage pour devenir le Président de Golf Swing 2014. La communauté a besoin de jeunes leaders comme Alexandre, comment voit-il cette nomination ? LVS : Quel est votre parcours en tant communautaire ?
Alexandre Abitan Président du Golf Swing 2014
Alexandre Abitan : Ma mère est promue à un haut poste à la Fédération CJA l’an prochain et mes parents ont toujours œuvré au cœur de la communauté en tant que bénévoles. J’ai donc baigné dans cet environnement de générosité depuis mon plus jeune âge et je me suis investi, il y a quelques années, dans des causes comme l’événement promis, qui récompense les jeunes entrepreneurs, ou, plus récemment, dans le projet FIX en tant que co-fondateur. Lorsqu’une cause me touche, je m’investis par envie pour diverses raisons. Ensuite, je prends à cœur le projet pour faire de mon mieux et faire une différence avec l’équipe du CA. Quatre co-fondateurs volontaires, une équipe motivée et le soutien de la Fédération CJA et de la CSUQ ont permis de rassembler 150 000$. Nous avons pu aider, pendant 18 mois, des adultes de notre communauté, dépendants de drogues ou autres produits, grâce aux professionnels d’OMETZ qui leur donnent l’espoir de décrocher et se réinsérer dignement. J’aime relever des défis qui aboutissent au bien-être des membres de notre communauté qui ne savent peut-être plus comment aller chercher des opportunités pour des raisons personnelles. Je suis franc et déterminé quand je suis engagé dans une cause et j’espère être bientôt entouré par d’autres jeunes leaders pour assurer la relève avec persistance. LVS : Quelle a été votre motivation pour accepter la présidence du Golf Swing 2014 ? Et quel est votre secret pour motiver une levée de fonds dans l’année ? A.A. : J’ai été sollicité par les anciens présidents du Golf Swing que je connais bien et j’ai voulu relever ce défi avec une vision transitoire. J’ai été fier d’être désigné comme un président potentiel et je trouve que cet événement est à la fois sympathique, sportif et productif. De belles personnalités répondent « présent » chaque année dans un esprit de fête qui facilite la bonne humeur générale et le réseautage éventuel du matin au soir. Tous les âges se côtoient, ce qui donne une bonne opportunité pour mélanger les générations et échanger des idées constructives, pour la communauté ou le développement d’affaires. Mon implication dans plusieurs CA me permet d’agir rapidement avec un esprit novateur afin de créer une transition souple, sans éliminer ce qui existe mais en le modernisant, notamment à travers d’autres moyens de diffusion d’informations ou une ambiance différente pour relancer l’image du Golf Swing et le faire davantage connaître dans tout Montréal. Je désire parler au nom d’une seule communauté afin de trouver de nouvelles sources de revenus.
Laëtitia Sellam
magazine LVS | septembre 2013 | 63
ALEPH
CENTRE D’ÉTUDES JUIVES CONTEMPORAINES dirigé par SONIA SARAH LIPSYC
Programmation Aleph 2014 Le judaïsme contemporain résonne à travers l'apprentissage, l'étude et l'ouverture. La programmation d'ALEPH a pour objectif de combiner différentes facettes du judaïsme, à la fois pour un apport personnel mais aussi pour mieux appréhender notre environnement à travers des lectures talmudiques régulières. Toujours soucieuse de créer un dialogue riche et constructif accessible à tous, Sonia Sarah Lipsyc privilégie la réflexion personnelle et l'interactivité. Apprendre l'hébreu, étudier le Talmud, s'enrichir de l'histoire du judaïsme et du savoir des intervenants sont les chemins offerts par ALEPH pour que cette année soit un guide, à la fois spirituel et pragmatique, accessible à chacun.
sonnes plus âgées, des Juifs affiliés et non affiliés à la communauté, des Juifs inscrits dans une congrégation et d'autres qui ne le sont pas, des Juifs orthodoxes et non orthodoxes, et des non Juifs participer à cette étude ! C'est le propre de ALEPH. Ma joie est encore plus prononcée lorsque j'entends des personnes dire, après que la problématique de l'étude ait été exposée : voici ce que je pense de ce que dit Rachi ou je suis d'accord avec Nahmanide, etc.… Entendre alors les noms de ces illustres commentateurs dans la bouche de ces participants qui se les approprient l'espace d'une réflexion est encore l'un des objectifs que ALEPH s'était fixé. »
Les cours d'initiation à l'Hébreu* sont renouvelés et le nombre de participants a augmenté au cours des mois. Sous forme d'une série de 10 cours, de la mi octobre à la mi décembre, vous apprenez à lire l’hébreu grâce à la méthode inédite du Rabbin Samuel Mellul, professeur et pédagogue hors pair qui a mis au point un apprentissage simple et efficace pour tout un chacun(e). Débutants ou faux débutants qui désirent lire un verset de la Torah, dire des prières ou s’initier aux bases de l’hébreu avant d’apprendre à le parler sont les bienvenus. « Nous visons l’autonomie des élèves dans leur apprentissage du judaïsme et ne leur demandons qu'une heure de révision par semaine. L'objectif est d'avoir accès à ce qui leur appartient déjà : les textes majeurs de notre tradition juive afin de les aider dans leurs connaissances ou cheminement de vie personnel », précise Sonia Sarah Lipsyc.
— Réaction de Sonia Sarah Lipsyc sur sa page Facebook.
Une fois par mois, du mois d'octobre à juin, l'Atelier talmudique est une source d'enseignement fondée sur le principe du « Beth Hamidrach », maison d’études, lieu pour étudier à deux ou trois ou en groupe, les textes du Talmud de manière interactive. La dernière séance, par exemple, de l'année 2013 a réuni 25 personnes de tout âge, horizon, femmes, hommes, affiliés ou non affiliés à la communauté et même quelques personnes d’autres traditions intéressées par la culture et les textes juifs. Daniel Glassman, talmudiste et chercheur au Nouveau Beth Hamidrash de Côte Saint-Luc, applique une approche pédagogique totalement en phase avec le concept d'Aleph : énoncer une problématique en respectant, à la fois, les textes et en suscitant un dialogue ouvert, sans préjugé, avec l'assistance afin que toute personne puisse intervenir. « La réussite de cet atelier tient notamment au fait que chacun(e) instruit un rapport personnel aux textes. Quelle joie pour ma part de voir des femmes et des hommes, des jeunes et des per-
66 | magazine LVS | septembre 2013
Dans les mois à venir, deux nouveaux programmes vont prendre forme et auront pour thème : « Le judaïsme contemporain : ses problématiques et penseurs » et un cycle de conférence échelonné sur 2 ans : « Judaïsme de A à Z pour adultes et jeunes adultes » qui sera une introduction aux principaux personnages de la Bible, aux moments majeurs de l'histoire juive, aux fêtes juives et livres traditionnels commentés par divers intervenants. « Les rendez-vous du Café littéraire » seront de retour dès la rentrée 2013, et mettront en valeur, une fois par trimestre, les ouvrages francophones touchant de près ou de loin à la culture juive en mettant l’emphase sur les publications au Québec. ALEPH et l'AIU continueront leur partenariat en 2014 dans le cadre du Cycle « De l'humain dans l'homme, droits de la personne dans la tradition biblique et juive » organisé par l’AIU ou d’autres projets. À bientôt !
Laëtitia Sellam
*150$ pour les 10 cours d'Hébreu et 10 livres pédagogiques offerts à chaque séance.
Pour tout renseignement sur les activités d'ALEPH et assister aux conférences et ateliers au cours de l'année, contactez Sonia Sarah Lipsyc au 514-733-4998 poste 3160, par courriel slipsyc@csuq.org, ou sur www.csuq.org.
LE BÉNÉVOLAT SOMMAIRE 69 LE BÉNÉVOLAT, UN DON DE SOI INÉVITABLE SELON SYLVAIN ABITBOL
DOSSIER SPÉCIAL 68 | magazine LVS | septembre 2013
70 10 CHOSES QU’ON
DEVRAIT TOUS SAVOIR SUR LE BÉNÉVOLAT
72 QUAND LE BÉNÉVOLAT
IGNORE LES BARRIÈRES
74 KAREN AFLALO : UNE
BÉNÉVOLE SANS FRONTIÈRES
76 MONTRÉAL MÉGA MISSION EN ISRAËL : L’AVENTURE UNIQUE D’UNE VIE
DOSSIER SPÉCIAL
Le bénévolat, un don de soi inévitable selon Sylvain Abitbol Dans le cadre de notre dossier spécial sur le bénévolat, nous avons rencontré le nouveau président de la CSUQ, M. Sylvain Abitbol. Il nous a fait part de sa vision unique sur les raisons pour lesquelles les Juifs donnent de leur temps et s’impliquent autant dans leur communauté.
LVS : Quelle est votre vision du bénévolat ? Sylvain Abitbol : Je crois qu’il fait partie de l’essence de l’être juif car la force de notre peuple réside dans l’entraide et l’unité. Nous nous soucions les uns des autres, c’est à la base de nos enseignements. L’implication sociale est essentielle pour tout Juif. Nous sommes tous responsables les uns des autres, c’est une responsabilité mutuelle. C’est cet élément fondateur qui a assuré la perennité du peuple juif, peu importe où les aléas de notre histoire nous ont transportés. Chez nous, le groupe est responsable de l’individu. Voilà ce qui explique, par exemple, pourquoi l’armée israélienne se soucie de chacun de ses soldats. Dans notre religion, s’occuper de libérer un Juif quand il est pris en otage est une mitzva. Un autre exemple de comment notre communauté se soucie de chacun de ses membres : nous nous mobilisons pour nous occuper de nos personnes handicapées, de la naissance à la mort. L’envers de la médaille s’applique aussi : l’individu juif est responsable vis à vis de la collectivité. Il doit apporter quelque chose au groupe. Ceci est la prémisse même de mon implication communautaire. LVS : Pourquoi vous impliquer autant que vous le faites ? S.A. : Quand je parle de bénévolat, je parle en connaissance de cause! Mais dans ma vie d’homme d’affaires, je n’ai jamais autant de satisfaction que lorsque je m’implique communautairement ! En tant que nouveau président de la CSUQ, je pense que toutes les responsabilités de ce poste sont importantes et surtout, je crois que c’était le bon moment pour moi pour faire ce saut. Comme on dit : « Si vous voulez qu’une chose soit faite, demandez-la à une personne qui est occupée ! » (rires). Quand on m’a proposé ce poste, je me suis demandé : quels en sont les enjeux et qu’est-ce que je peux y apporter ? J’ai réfléchi longuement et j’ai accepté ces nouvelles responsabilités car je pense avoir quelque chose à apporter à ma communauté.
LVS : Comment motiver les jeunes par rapport au bénévolat et à l’implication communautaire ? S.A. : La tâche la plus importante d’un leader est de préparer la relève. Pour les jeunes, nous élaborons des stratégies avec les outils dont nous avons besoin pour conquérir ce segment de population. Cela étant dit, je voudrais souligner que nous avons une jeunesse exceptionnelle! Je suis émerveillé par eux, par cette génération vraiment magnifique, structurée, éduquée, intelligente et dynamique. Nous, nous étions les premiers et pour les jeunes, il existe déjà des structures communautaires bien établies. Il est certain que la motivation change avec les circonstances, l’âge et les générations, mais la relève est là. Le rôle de chaque Juif est de montrer le bon exemple à ses enfants. Car la vie ce n’est pas juste de travailler, de s’amuser et de penser à soi. Il faut redonner aux autres. Quand les enfants prennent la relève, c’est magnifique, c’est que l’on a rempli notre rôle. LVS : Le mot de la fin (pour cette fois-ci) ? S.A. : Le bénévolat est une responsabilité qui incombe à chacun. Pour moi, c’est une responsabilité parmi tant d’autres. Je suis aussi co-président de l’organisation «Justice pour les Juifs des pays arabes» et je suis impliqué auprès de l’Université Ben Gurion. Oui, je suis un homme occupé mais je m’arrange avec tout cela. Je n’en ai pas le choix! C’est le tikkoun olam, « la réparation du monde »… Emmanuelle Assor
magazine LVS | septembre 2013 | 69
10 choses qu’on devrait tous savoir sur le bénévolat 01
70 pour cent des Canadiens affirment avoir fait du bénévolat pour un organisme caritatif au cours de la dernière année (sondage effectué dans le cadre de la Journée du bénévolat de BMO, le 4 juin 2013). Leurs motivations : le don de soi, la participation à une cause qui leur tient à cœur, l'importance du sentiment d'accomplir quelque chose, le désir de se sortir de l’isolement, de créer des liens, de réseauter pour un futur emploi, de mettre leurs compétences au service d’une cause qui « donne du sens », ce qui n’est pas toujours le cas dans l’univers professionnel.
02
Il existe un lien étroit entre la culture d’entreprise et le bénévolat : plus les entreprises favorisent l’engagement communautaire, plus les gens sont aptes à faire du bénévolat. Selon l’étude de BMO sur le bénévolat : « 90 pour cent estiment important que leur employeur encourage le bénévolat, mais seulement 35 pour cent affirment que leur entreprise a créé un programme en ce sens ». Selon les résultats de ce même sondage, pour une écrasante majorité de Canadiens, il est important que leur entreprise encourage une culture de « générosité envers la communauté » parmi ses employés. De plus, près d'un quart des répondants (23 pour cent) expliquent qu'ils seraient plus enclins à faire du bénévolat si leur entreprise posait plus de gestes pour les y encourager. « Les grandes entreprises du Canada ont un rôle à jouer en vue d'aider au développement des collectivités au sein desquelles nous vivons et exerçons nos activités », a expliqué M. Tripp. « Il ressort clairement de notre sondage que les Canadiens s'attendent à ce que leur employeur joue un rôle de premier plan en vue d'aider à la mise en place d'une culture du bénévolat au sein de notre société. »
70 | magazine LVS | Septembre 2013
03
Contrairement aux idées reçues, les jeunes font du bénévolat : 80 pour cent des Canadiens de moins de 35 ans ont fait du bénévolat au cours des 12 derniers mois.
04
Les stéréotypes subsistent ! Certains croient encore que les bénévoles sont des personnes de plus de 60 ans, ayant beaucoup d'argent et de temps libre. Même parmi les bénévoles, le cliché de la vieille dame qui occupe ses loisirs ou du retraité qui vient au secours des personnes moins nanties que lui, a toujours cours. Moi, un bénévole ? Certaines personnes qui font du bénévolat depuis des années n'ont jamais songé à s'apposer l'étiquette de bénévole ou n’aiment simplement pas cette appellation. On s'imagine que les gens décident de faire du bénévolat parce qu'ils ne savent pas comment occuper leur temps.
05
Il n’y a pas de limite d’âge pour le volontariat : du plus jeune au plus âgé, votre temps et votre expérience seront appréciés. Vous avez une passion ? Sachez que plusieurs organisations seraient ravies de profiter de votre enthousiasme, peu importe votre origine, religion, âge et statut social !
DOSSIER SPÉCIAL
06
Il a été démontré que les bénévoles font d’excellents recruteurs auprès de leurs amis, famille et même inconnus car ils connaissent mieux que quiconque l’organisme auprès duquel ils se sont engagés. Il n’est pas rare non plus de voir des bénévoles changer de tâches et se découvrir de nouveaux talents dans une même organisation.
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Le bénévolat est une affaire de famille. Lorsqu’on a grandi dans une famille de bénévoles, on devient naturellement bénévole plus tard car ce sens de l’autre a été légué de parent à enfant. «Ayant grandi dans une famille de bénévoles, on en attendait pas moins de moi comme être humain» affirme une jeune bénévole rencontrée à la CSUQ.
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Faire du bénévolat est bon pour la santé cardiaque, et ce, même pour les jeunes, démontre une étude canadienne menée à l’Université de Colombie-Britannique, dont les résultats ont été publiés en février 2013. « Dans cette étude, les chercheurs ont mesuré l'indice de masse corporelle, le cholestérol et le degré d'inflammation de 53 élèves de la 10e année de Vancouver qui donnaient une heure par semaine de leur temps à des activités avec des élèves du primaire de leur quartier. Ils ont comparé les résultats de ce groupe avec un autre de 53 lycéens qui ne faisaient pas de bénévolat. (…) Ainsi, après dix semaines, les jeunes qui faisaient du bénévolat avaient un niveau de cholestérol et un degré d'inflammation des tissus plus bas que les autres et avaient également moins de graisse corporelle. Mieux encore, les participants qui avaient montré le plus d'empathie et d'altruisme dans l'accomplissement de leurs tâches étaient aussi ceux dont la santé cardiovasculaire s'était le plus améliorée. (Le détail de ces travaux est publié dans le Journal of the American Medical Association, JAMA, http:// archpedi.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1655500).
09
Le bénévolat aide à garder notre cerveau en bonne forme, ce qui est un élément essentiel pour bien vieillir. En mettant à contribution le corps et l’esprit, le bénévolat aide à bien vieillir et à réduire les risques de développer des maladies liées au vieillissement, comme l’Alzheimer et les maladies apparentées. La rencontre de nouvelles personnes et la participation à de nouvelles activités ont pour effet de stimuler la sécrétion d’endorphines. Ces « neurones de bonheur » font travailler notre cœur, gardent notre esprit aiguisé et stimulent notre système immunitaire, en plus d’aider à réduire le stress. (http://www. alzheimermontreal.ca/impliquez/soyez_benevole.php)
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Le bénévolat est un espace de liberté et de choix. Et si certains choisissent le bénévolat par convictions religieuses, d’autres recherchent simplement un contact plus authentique. D’autres encore aident leurs prochains parce qu’ils ont eux-mêmes trouvé des mains secourables quand ils en ont eu le plus besoin. Leur point commun : une véritable démarche de développement personnel.
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Vous avez encore des doutes ? Just do it!
Emmanuelle Assor
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Quand le bénévolat ignore les barrières
Arlène Abitan
Steve Sebag
Nous savons tous à la communauté que le bénévolat représente un élément incontournable pour assurer le bon fonctionnement des organismes à but non lucratif. Nous sommes habitués à nos propres bénévoles et nous savons très peu ou pas assez des bénévoles sépharades qui œuvrent au sein de la Fédération CJA, toujours mus par ce désir de servir la communauté juive dans son ensemble. Pour en savoir davantage sur leurs motivations nous avons interrogé trois d’entre eux qui occupent des positions clé dans le réseau communautaire : Arlène Abitan, Steve Sebag et David Amiel. LVS : Quels sont les motifs qui vous ont poussé à vous engager à être bénévole au sein de la Fédération CJA et depuis combien de temps ? Arlène Abitan : C’est par hasard, il y a plus de vingt ans après avoir œuvré au Centre Saidye Bronfman quand j’ai traversé la rue pour découvrir la Fédération CJA. La première réunion où je fus invitée était dirigée par des femmes brillantes, fières de leur identité juive et motivées pour la campagne annuelle. Au fur et à mesure, je n’ai cessé de découvrir et apprendre en quoi consistait le travail de la Fédération CJA Steve Sebag : La tzédaka et la solidarité communautaire représentent des piliers du judaïsme; mon implication me permet de m’adonner à cette magnifique mitzvah quotidiennement. En vieillissant un peu, on réalise à quel point nous sommes chanceux. Je crois donc, que c’est notre devoir de venir en aide à ceux qui, pour une raison ou une autre, sont simplement moins chanceux. 72 | magazine LVS | Septembre 2013
David Amiel
Mon implication au sein de différentes organisations communautaires date d’environ 10 ans mais ça fait 4 ans que je suis activement impliqué auprès de Fédération CJA. David Amiel : J’ai été un bénévole actif à la Fédération CJA depuis 2008 après avoir participé à la Mission en Israël du Comité du jeune leadership. Être père de trois jeunes enfants m’a fortement motivé et m’a fait réaliser que j’étais le maillon d’une chaîne. Je suis le fils d’un immigrant juif marocain par mon père et d’une mère canadienne, convertie au judaïsme. Je suis né au Québec. Je réalise la nature de mes racines et je suis persuadé que je dois faire en sorte que mes enfants fassent également partie, plus tard, de la communauté juive montréalaise. LVS : Dans quels comités d’action êtes-vous impliqué et quelle est votre position ? A.A. : J’ai co-présidé plusieurs événements de levée de fonds reliés à la campagne annuelle des femmes. En 2001, j’ai présidé la campagne sépharade des femmes. J’ai très vite compris la nécessité de rapprocher les deux communautés de Montréal et c’est dans ce but que j’ai établi un programme de sensibilisation pour améliorer le dialogue entre sépharades et ashkénazes. En 2014, je présiderai la campagne générale des femmes. En parallèle, j’ai eu beaucoup d’autres implications communautaires : Le Musée de l’Holocauste, le Centre Mada, Migdal’Or, l’Hôpital Général Juif, Israel Cancer Research Fund (Women of Action 2007)
DOSSIER SPÉCIAL
S.S. : J’ai l’honneur de présider la campagne des Jeunes Adultes (YAD) de CJA de 2013. Au cours des 4 dernières années j’ai, notamment, fait partie du comité exécutif de Imagine 2020, l’exercice de planification stratégique de Fédération CJA et je suis cofondateur de FIX, une organisation, fondée en partenariat avec la CSUQ et CJA et gérée par OMETZ, qui vient en aide aux personnes aux prises avec des problèmes de dépendances. D.A. : Je suis présentement actif dans un certain nombre de comités de la Fédération CJA et de ses agences affiliées. Je suis le président de YAD et membre du CA de la Fédération CJA et dans l’équipe de management du jeune leadership. Je siège également au CA de Hillel ainsi que dans d’autres organismes communautaires. LVS : Que ressentez-vous en tant qu’être humain et en tant que juif engagé dans une cause à laquelle vous croyez ? A.A. : C’est extrêmement bénéfique de faire du bénévolat…. agir avec des personnes qui partagent la même passion …c’est un travail d’équipe où chacun apporte son énergie dans le but d’améliorer le sort de son prochain. C’est aussi pratiquer la notion du tikun olam. Je suis très heureuse de mon implication à la Fédération CJA. S.S. : Je dirai trois mots : joie de pouvoir contribuer, un tant soit peu, au noble objectif juif de Tikun Olam, fierté de pouvoir accomplir mon devoir de citoyen engagé et reconnaissance à l’endroit de ma communauté et de CJA pour le travail colossal qu’elle accomplit pour aider nos frères et sœurs à Montréal et à l’étranger dans le besoin. D.A. : Être un bénévole communautaire m’a changé en tant que père, époux, ami et juif. Cela m’a donné une voix que je n’avais pas auparavant. Les moments les plus intenses que j’ai expérimentés furent lors de la naissance de chacun de mes enfants et qui m’ont inspiré à vouloir créer un meilleur monde pour eux. J’ai pris une décision réfléchie de donner l’exemple et de devenir un bénévole afin qu’ils héritent pour eux et pour leurs futurs enfants une communauté juive vibrante ici à Montréal et qu’également ils réalisent l’importance de s’engager. Mes parents et avant eux mes grands parents se sont investis et ont fait des sacrifices pour offrir de meilleures opportunités à leurs enfants. Être bénévole signifie pour moi faire la même chose pour mes enfants. LVS : Considérez-vous que faire du bénévolat peut changer votre vie et si oui expliquez de quelle manière ? A.A. : Le bénévolat a changé ma vie, j’ai connu des gens magnifiques, j‘ai nourri mon sentiment d’appartenance, je suis une juive universelle et j’ai besoin de me connecter aux différentes facettes de la communauté. Je pense qu’il vaut mieux miser sur nos similarités plutôt que sur nos différences pour le bien de la communauté.
S.S. : Je suis convaincu que l’implication caritative change l’existence d’un individu. Elle lui fournit un certain code de vie. Elle permet de réaliser à quel point nous sommes choyés et comment la quête de certains objectifs à tout prix, peut être futile. Elle offre la chance de faire preuve d’altruisme et de compassion; des valeurs que tout parent aspire à inculquer à ses enfants. Je reviens d’un fantastique voyage en Israël et en Éthiopie ou nous avons participé à l’une des dernières « aliyah » de juifs éthiopiens. Si on demandait à n’importe lequel des 9 autres montréalais qui m’ont accompagné si cette expérience avait changé, un tout petit peu, leur perspective de vie, leur réponse serait, j’en suis persuadé : « évidemment ». D.A. : Comme je l’ai déjà dit, prendre part à des projets en tant que bénévole actif afin d’aider à changer le monde, représente une occasion unique qu’il faut saisir. Réaliser que le travail que vous accomplissez, le temps investi et les ressources financières que vous donnez, peut avoir un impact aussi considérable, représente un sentiment incroyable. En fin de compte c’est celui qui donne qui est le plus récompensé. LVS : Que faut-il faire d’après vous pour inciter encore plus de jeunes à s’engager comme bénévoles dans la communauté ? A.A. : La relève s’impose. Perpétuer et sauvegarder l’identité juive chez les jeunes me tient beaucoup à cœur. Être un exemple pour ses enfants en faisant du bénévolat les motivera à s’impliquer. L’amour de la communauté et l’identité juive commence à la maison. Les femmes font bouger les choses, elles peuvent influencer leurs enfants à prendre un rôle dans le service communautaire, en leur démontrant qu’aider son prochain est le langage du cœur, et qu’en suivant son cœur, on vit beaucoup mieux ! S.S. : La perception que les plus âgés ne font pas de place aux jeunes et de moins en moins vraie. Je vois le changement se manifester tous les jours. L’implication des jeunes est non seulement souhaitée, elle est essentielle au bon développement de notre communauté. Il y a, par contre, encore beaucoup de travail à faire. Nous, les jeunes (et un peu moins jeunes!), voulons être pris au sérieux, bien comprendre où notre argent sera alloué, « voir et toucher » l’étendue des vastes services que la communauté offre, participer à des expériences de bénévolat concrètes, occuper des positions décisionnelles et interagir. D.A. : Je crois que la meilleure façon d’amener les jeunes juifs montréalais à s’engager communautairement réside dans le fait de leur parler, de les rencontrer et de les mettre en contact avec leurs pairs. Il ne faut surtout pas se leurrer et penser que parce que je suis engagé ils vont faire de même. Chaque membre de notre communauté est connecté et se préoccupe de la communauté juive à sa façon. La clé du problème réside dans le fait de leur offrir beaucoup de « portes d’entrée » afin de leur permettre l’accès à l’incroyable gamme d’activités qui sont offertes actuellement et leur permettre de choisir la voie qu’ils préfèrent.
Elie Benchetrit
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Karen Aflalo : une bénévole sans frontières Le bénévolat est la seconde nature de Karen Aflalo. Fleuron de la relève communautaire, elle est impliquée dans plusieurs comités au cœur de la communauté, autant à la CSUQ qu’à la Fédération CJA. Pour Karen, il n’y a ni clivage, ni préjugé valable quand on doit aider sa communauté au sens large du mot. Elle représente la nouvelle génération de juifs québécois motivés par le partage et soucieux de perpétuer la culture juive sous toutes ses facettes. Karen Aflalo nous apporte un témoignage rempli de sincérité et de passion. LVS : Quels sont les motifs qui vous ont poussée à vous engager à être bénévole et depuis combien de temps ?
Karen Aflalo
K.A. : Je suis issue d’un environnement familial qui m’a permis de baigner dans l’esprit communautaire. Mes parents ont beaucoup donné à la communauté puisqu’ils faisaient partie de la génération des pionniers arrivés il y a 40 ans. Cette fibre a grandi en moi et a bénéficié des encouragements de la CSUQ pour se développer. Salomon Oziel et Mark Kakon ont toujours soutenu et encouragé tous les projets que je proposais, même les plus osés, me permettant ainsi de m’épanouir et de me dépasser avec chaque nouveau projet. Je me suis ainsi, progressivement, retrouvée dans plusieurs comités, aussi motivants les uns que les autres, en plus de mon travail à plein temps. J’ai développé mon vrai sens de leader au cœur de la CSUQ et j’en suis très fière car j’ai pu participer et organiser des projets incroyables grâce à une équipe de professionnels compétente et dévouée à mes côtés afin d’assurer la réussite de ces projets. Cette implication communautaire est gratifiante car je crois en une communauté plus homogène où les aprioris s’atténuent avec la nouvelle génération. C’est pourquoi, je n’ai pas hésité à travailler en collaboration avec la Fédération CJA pour développer le projet FIX, un projet pour aider les jeunes à risque de dépendances sachant qu’ils avaient les ressources nécessaires pour subvenir aux besoins de ces jeunes-là. Par contre, certains projets naissent, se développent et se réalisent entièrement au sein de la CSUQ tels que notre dernière levée de fonds, la Guerre des clans, au profit de BANAV qui aide les enfants avec des difficultés d’apprentissage. Ce projet a pris naissance lors du dernier voyage « Retour aux sources » qui concluait le dernier Programme de Leadership dans lequel j’étais la co-présidente. Donc, pour moi, ce qui motive mon implication est essentiellement la cause ! LVS : Vous êtes à la fois impliquée dans le Programme de Leadership de la CSUQ et dans la Campagne YAD de la CJA. Êtes-vous la preuve vivante que le clivage entre sépharades et ashkénazes est de l’histoire ancienne ? K.A. : En fait, chaque projet est analysé indépendamment pour trouver le meilleur angle de réussite et le comité décide ensuite si les moyens devraient être communs ou pas. Ce sont les résultats qui font la différence à présent. D’origine ashkénaze ou sépharade ? Peu importe, la nouvelle génération est bilingue, fréquente les mêmes universités, les mêmes lieux de distraction et défend les mêmes causes au final. Je ne ressens plus le clivage connu par mes parents car la plupart des différences n’en sont plus. Seule la motivation d’aider notre communauté pour la faire perdurer est essentielle pour les bénévoles ou professionnels de la CSUQ et la Fédération CJA. Ma
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DOSSIER SPÉCIAL
richesse héréditaire sépharade est une partie de moi et mon ouverture d’esprit me permet de naviguer entre tous pour créer une équipe cohérente qui suit le même objectif : aider la communauté juive à prolonger ses traditions culturelles quelle que soit l’origine de chaque famille. LVS : Que faut-il faire selon vous pour inciter davantage de jeunes à s’engager comme bénévoles dans la Communauté ? K.A. : Le programme du Leadership orchestré par Benjamin Bitton, est une magnifique occasion de rassemblement pendant l’année. La clôture du cursus par le voyage « Retour aux Sources » est une prise de conscience pour beaucoup qui se sont rendus compte du passé des Sépharades dans l’histoire juive. Je pense que c’est important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va et ce genre de voyage est un moyen de connaître profondément son identité. J’ai pu constater que pour motiver un jeune à la cause bénévole, il faut trouver un centre d’intérêt compatible avec une action bénévole et on peut ainsi révéler des traits de personnalité incroyables. Il faut trouver une porte d’entrée pour attirer les curieux ou ceux qui deviendront les futurs leaders sans le savoir au départ. Je sais les repérer et je les motive pour développer leur potentiel car c’est très important de penser à la relève. LVS : Que ressentez-vous en tant que femme juive engagée dans une cause à laquelle vous croyez ? K.A. : En tant que femme, je suis comblée et fière d’être un membre de la communauté à part entière. Il est évident que de plus en plus les femmes se rendent disponibles pour les causes qui leur tiennent à cœur. Je suis au milieu de cette évolution épanouissante et inspirante. Les bénévoles font vivre la communauté et grâce à eux de grands défis sont réalisés. Le plus motivant est de former et d’inspirer les futurs bénévoles. J’ai eu la chance de toucher à plusieurs disciplines dans les différents projets, je peux donc à présent les conseiller, créer des échanges d’idées, superviser avec recul pour laisser la place à la relève et les accompagner pour qu’ils apprécient le même épanouissement que j’ai pu connaître. Karen Aflalo en quelques lignes : • • • • • • •
Diététiste de formation et gestionnaire de territoire pour la force de ventes médicale chez Mead Johnson Nutrition. Présidente de la campagne YAD en 2014. Co-Présidente de l’initiative des Nouveaux Dons 2012-13. Conseillère senior du programme de Leadership 2013. Membre du comité exécutif et présidente de la programmation du Cercle Club Privée 2009-2012 Ancienne co-présidente du Programme de Leadership 2011. Co-présidente du projet FIX
Laëtitia Sellam
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Montréal Méga Mission en Israël : l’aventure unique d’une vie Mémorable, Marquant Magique La Fédération CJA a mis en place un projet novateur qui devrait combler de bonheur ceux et celles qui, tout en restant attachés à la communauté juive de Montréal, se sentent liés au destin d’Israël. Il s’agit d’une mission pas comme les autres qui, du 14 au 23 mai 2014, se propose de faire découvrir ou plutôt redécouvrir les multiples facettes d’un pays qui fait vibrer depuis des millénaires le cœur de tout juif de la diaspora indépendamment de ses convictions politiques, religieuses ou culturelles. Pour en savoir un peu plus sur cette nouvelle initiative nous avons posé quelques questions à Gail Adelson-Marcovitz et Jonathan Wener, coprésidents du projet. LVS : Comment est née l’idée de monter un projet aussi grandiose ? G.A. : Il y a des faits intangibles qui occupent la scène de la communauté juive montréalaise, nous nous trouvons en effet à une croisée des chemins au sein même de cette communauté. Nous avons pensé qu’il était nécessaire de mettre sur pied un projet spécial et lui donner un nouveau contenu. Nous avons tenu compte également du facteur temps et nous avons convenu que c’était le moment idéal pour nous lancer dans cette belle aventure communautaire et nous investir à fond pour l’organiser. Jonathan Wener
Jonathan-Nous avons constaté que les retombées de notre dernière mission collective en Israël il y a 18 ans, avaient laissé leurs traces au sein des participants et que c’était sûrement une expérience à refaire en créant un nouveau concept. L’autre fait important est qu’à l’heure actuelle, il y a l’émergence d’un nouveau leadership au sein de notre communauté de même qu’une forte connexion de la diaspora avec Israël. Le temps était donc propice pour nous de saisir cette opportunité de nous reconnecter à notre tour avec les nouvelles réalités israéliennes et de nous investir dans ce projet. Je dois ajouter que grâce à l’existence des médias sociaux, la réponse du public est de loin très positive et les ressources investies dans la diffusion du projet ont été moindres que celles d’il y a 18 ans. LVS : Quel est l’objectif principal de la Méga Mission ? Jonathan : Il faut comprendre que l’originalité de cette mission réside dans le fait qu’elle est conçue essentiellement comme une fragmentation de mini missions réunies en une seule, incluant des méga événements, et taillées au goût de chacun des participants afin de répondre à leurs goûts et à leurs attentes personnels. Ce concept novateur nous permet de mettre en place les ressources ainsi que des programmes fabuleux et inédits que l’on retrouve rarement dans une mission conventionnelle.
Gail Adelson-Marcovitz
Gail-Je dirais également que ceci est une mission individuelle au sein d’une méga mission, mais j’insiste également sur le fait majeur pour ce qui est de son objectif : elle représente un engagement indéfectible de la communauté envers la communauté et bien sûr envers Israël. LVS : Combien de participants prévoyez-vous et combien se sont-ils déjà inscrits ? Jonathan-Le chiffre idéal que nous visons est de 1000 participants, nous en avons déjà presque 500 d’inscrits. Je pense toutefois qu’avec 700 nous serions pleinement satis-
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DOSSIER SPÉCIAL
faits. Lors de la mission menée en 1995, le nombre des participants était déjà de 700. Je tiens à affirmer que nous sommes très satisfaits de la réponse très positive de la communauté. LVS : Quels seront les points forts de cette mission ? Gail et Jonathan : Nous sommes d’accord pour dire que selon nous, le Méga événement de la Mission sera constitué par la « conquête de Massada » par nos participants lors d’une activité réservée essentiellement pour eux (le site de Massada a été réservé exclusivement pour nous lors de cette journée). Imaginez ce retour à l’histoire dans un des hauts lieux de la résistance juive à l’occupation romaine. Des centaines de juifs montréalais se rendant dans les hauteurs de la forteresse à la tombée du jour pour redescendre plus tard avec des flambeaux pour célébrer le Lag Ba’Omer à la belle étoile dans le désert de Judée. Peut-on imaginer quelque chose de plus grandiose et de plus émouvant? Sans parler évidemment du séjour dans Jérusalem, notre capitale éternelle. Nous mettrons également l’accent sur le concept des options personnelles au nombre de 25. Des choix aussi intéressants que variés comme la visite des vignobles pour les amateurs de bons vins, la visite des hauts lieux du HighTech israélien et des industries de pointe, les sites archéologiques, les innovations en matière d’agriculture etc.. Sans oublier l’événement de clôture que l’on promet inoubliable et plein de surprises. LVS : Quels sont les résultats escomptés ainsi que les retombées pour la communauté juive montréalaise ? Jonathan : Il s’agit en premier lieu surtout du développement du sentiment identitaire juif et également d’appartenance à la communauté. Nous sommes également convaincus que cette mission permettra d’ouvrir les portes à un nouveau leadership, un phénomène que l’on observe déjà. Le renforcement du lien puissant qui nous lie au destin de l’État d’Israël et last but not least la conviction que chaque participant reviendra changé et chargé de souvenirs impérissables après ce merveilleux périple sur la terre de nos ancêtres.
Elie Benchetrit
Elias Levy
Maurice Chalom
Luc Rosenzweig
Lise Ravary
Daniel Radford
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Bravo et merci à nos collaborateurs et collaboratrices… sans frontières ! Nous en sommes, déjà à notre 4ème édition de cette nouvelle section d’« Opinions sans frontières » initiée l’an dernier avec la participation d’imminents collaborateurs et collaboratrices d’ici et d’ailleurs qui, avec rigueur, professionnalisme et finesse dans leurs analyses, ont bien voulu participer à notre rubrique et ce, de manière bénévole, nous tenons à le souligner. Qu’ils en soient remerciés du fond du cœur pour la confiance qu’ils témoignent à notre magazine et pour le haut niveau de leurs réflexions sur les divers sujets qu’ils ont choisi librement de traiter. Dans ce numéro nous accueillons nos habitués, Elias Lévy bien sûr, avec une entrevue magistrale avec le Dr Khayat , cancérologue de réputation mondiale, sans oublier notre « mouche du coche », c’est ainsi que je l’ai surnommé ironiquement, notre ami Maurice Chalom qui, avec son franc-parler et sa verve légendaire se plait à bousculer avec délectation nos certitudes communautaires. Les nouveaux venus également avec la participation d’une grande figure du journalisme français, Luc Rosensweig ancien rédacteur en chef du Monde et écrivain de plusieurs ouvrages dont : La France et Israël, une affaire passionnelle (avec Élie Barnavi) Perrin, 2002. Lettre à mes amis pro-palestiniens, Éd. de la Martinière, 2005. Ariel Sharon, Perrin, 2006. Analyste chevronné des problématiques mondiales, Luc Rosenzweig nous décrit avec lucidité le rôle de plus en plus prépondérant des frères musulmans sur l’échiquier du monde arabo-musulman. Lise Ravary, ancienne rédactrice en chef de Chatelaîne, d’Elle Québec et d’En Route d’Air Canada, actuellement journaliste pigiste dans le Journal de Montréal et auteure du livre « Pourquoi moi ? Ma vie chez les juifs hassidiques » qui a, sans hésiter, accepté de collaborer à ce numéro en nous livrant un témoignage bien vivant de sa relation avec son nouveau crédo, le judaïsme et son vécu chrétien, spécialement lors de la fête de Roch Hachana. Nous sommes allés également à la rencontre d’une figure centrale du pas trop lointain « Printemps Érable » en la personne de Martine Desjardins, ancienne présidente de la Fédération Étudiante Universitaire du Québec, qui avec du recul, nous livre ses impressions sur cette période mouvementée que nous avons vécue le printemps dernier. Et last but not least, nous nous sommes assurés la collaboration d’une imminente figure du judaïsme juif français en la personne du Rabbin Daniel Radford, que nous avons eu l’occasion de découvrir lors de la populaire émission de Michel Drucker « Vivement Dimanche » et auteur de « L’homme des livres » (Édition du Châtelet 2012) Ce dernier a choisi de nous parler, nous qui ne cessons de rêver, de la place des rêves dans le judaïsme. Un beau programme pour marquer l’année nouvelle. Elie Benchetrit
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Les grands combats pour la vie du Dr David Khayat Une entrevue avec un éminent cancérologue et chercheur scientifique, le Dr David Khayat. d’honneur de l’Institut National du Cancer de France… le Dr David Khayat est aussi un écrivain à succès, auteur de plusieurs romans très remarqués, dont Ne meurs pas ! — adapté à la télévision, l’acteur Roger Hanin a interprété le rôle du personnage principal de ce roman autobiographique inspiré de la carrière médicale du Professeur David Khayat —; Le Coffre aux Âmes; La Vie pour s’aimer... Le Dr David Khayat est aussi l’auteur de plusieurs essais sur le cancer, dont Les chemins de l’Espoir : comprendre le cancer pour l’éviter et le vaincre; Des mots sur les maux du cancer; Le vrai régime anticancer... qui ont connu de grands succès de librairie. Son dernier livre : De larmes et de sang, paru dernièrement aux Éditions Odile Jacob. Ce cancérologue de renommée mondiale, né en 1956 dans une famille sépharade de Sfax, en Tunisie, a été aussi co-Président, avec Yehuda Lancry, ancien Ambassadeur d’Israël en France et à l’O.N.U., de la Fondation France-Israël.
Dr David Khayat « Nous ne devons pas capituler face au plus grand fléau de l’Histoire de l’humanité : le cancer » En l’an 2000, 10 millions de nouveaux cas de cancers ont été diagnostiqués dans le monde. Cette année-là, 6 millions de personnes décédèrent des suites de cette implacable maladie. A cette époque, l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) annonçait des statistiques effrayantes qui, malheureusement, sont en train de se confirmer: en 2020, il y aura 20 millions de nouveaux cas et 10 millions de morts. « Passer à côté de ce qui représente aujourd’hui le plus grand fléau auquel l’humanité ait jamais été confrontée dans son Histoire, le plus grand prédateur de l’homme, ce serait un aveu d’échec et de capitulation. La meilleur arme pour éradiquer le cancer reste la prévention, en particulier contre le tabagisme », explique le grand cancérologue français, le Dr David Khayat. Chef du Service de Cancérologie de l’Hôpital de La PitiéSalpêtrière de Paris, Professeur de Médecine à l’Université Pierre et Marie Curie de Paris et au M.D. Anderson Cancer Center de Houston, au Texas, initiateur, en l’an 2000, du Sommet Mondial contre le Cancer, fondateur et Président 80 | magazine LVS | septembre 2013
À travers ses ouvrages, le Dr David Khayat a développé une Philosophie de la vie préconisant une médecine humaniste qui tout en repoussant les limites de la mort confère une place prépondérante à la dignité du malade. « Guérir le corps est sans nul doute fondamental, mais veiller à ne pas blesser l’âme humaine est tout aussi important. C’est cela, selon moi, être médecin », nous a confié le Dr David Khayat au cours de l’entrevue qu’il nous a accordée. Rencontre avec un combattant de l’espoir passionné par la vie. LVS : Dans les cénacles médicaux, on ne cesse de claironner que les progrès dans le domaine de la cancérologie sont de plus en plus significatifs. Pourtant, en cette deuxième décade du XXIe siècle, les statistiques sont effrayantes : le cancer est devenu un grand fléau qui tue chaque année des millions de personnes dans le monde. Peut-on réellement parler de « progrès notoires » dans la lutte contre le cancer ? Dr David Khayat : Vous avez raison de poser cette question parce que chaque famille ayant perdu un proche atteint d’un cancer se la pose légitimement. Mais, en réalité, les progrès existent. Je les ai vus durant mes trente-cinq ans de pratique de la cancérologie. Quand j’ai débuté ma carrière médicale,
les chimiothérapies étaient effroyables et ne guérissaient personne. J’ai choisi le métier de cancérologue parce qu’en 1974, une amie très proche, chez laquelle on avait décelé un cancer lymphatique après son mariage, avait guéri. C’étaient les premières guérisons du cancer du lymphome et de la leucémie. À l’époque, ces guérisons étaient exceptionnelles, à tel point que dans le cas de cette jeune fille tout le monde a crié au miracle. Aujourd’hui, les statistiques sont très éloquentes: plus de la moitié des malades atteints du cancer du lymphome ou de la leucémie guérissent; le cancer des testicules est guéri à 100%… Quand j’ai débuté ma carrière de cancérologue, le seul traitement pour le cancer du sein était la mastectomie : on enlevait le sein, quelle que soit la taille du cancer. Les femmes atteintes d’un cancer du sein suivaient des chimiothérapies absolument terrifiantes. Et, malgré ces traitements, près de la moitié d’entre elles mouraient dans un laps de dix ans. En 2013, à peu près 85% des femmes ayant un cancer du sein bien traité -le problème, c’est l’accès à des soins de qualité- guériront, la majorité d’entre elles sans subir une ablation de leur sein. Aujourd’hui, on guérit 25% des malades atteints d’un cancer des poumons, 15% des malades atteints d’un cancer du pancréas… Quand j’ai commencé ma carrière, les gamins mouraient du cancer des os, après qu’on leur ait amputé la jambe. Aujourd’hui, on n’ampute plus les jambes des jeunes atteints d’un cancer des os et ils guérissent. Des progrès considérables ont été accomplis. Mais c’est vrai que ces progrès rendent encore plus inacceptables les derniers morts. On ne comprend pas le sens ni l’ampleur de ces progrès médicaux quand le cancer vient de faucher la vie à notre père, à notre femme, à notre fils, à notre meilleur ami… On a alors l’impression que le cancer continue à ressembler à une grande loterie: chacun tire un numéro, parfois c’est le bon, parfois c’est le mauvais! LVS : Donc, nous ne sommes pas à la veille de vaincre le cancer ? D.K. : Un jour nous vaincrons le cancer, mais je ne connaîtrai pas cette grande victoire de mon vivant. Nous avons cru que le cancer ne pouvait être éradiqué que si on trouvait un traitement global. Nous nous sommes trompés. Au début des années 90, nous avions beaucoup d’armes, beaucoup de médicaments, mais ceux-ci ne donnaient pas les résultats escomptés sur les différents types de cancer. Puisque nous avons 200 organes, nous avons conclu qu’il nous faudrait trouver 200 traitements différents pour soigner toutes les formes de cancer. Ce n’est qu’à la fin des années 90, grâce à la biologie moléculaire, que nous avons réussi à explorer exhaustivement l’intimité des cellules cancéreuses. Nous nous sommes alors aperçus que nous ne devions pas différencier
les cancers en fonction des organes sur lesquels ils s’étaient développés, mais en fonction de leur signature génomique. Aujourd’hui, nous nous apercevons que le combat contre le cancer doit être mené cas par cas, car les cancers réagissent tous d’une manière différente. Nous tablons sur de nouvelles thérapies ciblées. La thérapie basée sur la détermination de l’empreinte génétique nous permet de mettre en place une médecine beaucoup plus personnalisée. Désormais, nous pouvons comparer l’empreinte génétique d’un cancer à des centaines de milliers d’autres empreintes génétiques de patients souffrant de cette maladie. Nous pouvons ainsi établir des pronostics beaucoup plus sûrs. LVS : Selon vous, l’arme la plus efficace pour combattre le cancer est la prévention. D.K. : La meilleure façon de vaincre un jour le cancer, c’est évidemment de l’éviter. Je pense que nous ne travaillons pas assez sur la prévention. Cette prévention passe par la connaissance des différentes causes du cancer. Aujourd’hui, nous avons une idée plus précise de ces causes. Un tiers des cancers sont causés par le tabac. C’est pourquoi il est impératif d’accentuer nos politiques de lutte contre le tabagisme, notamment chez les jeunes. Un autre tiers est dû aux hormones, pour ce tiers nous ne pouvons malheureusement rien prévenir. Par contre, nous pouvons, par exemple, veiller à ne pas recommander les traitements hormonaux substitutifs après la ménopause. 20 % des cancers sont causés par une mauvaise alimentation, 5% sont héréditaires, 6 à 7 % sont les conséquences de maladies infectieuses -l’hépatite pour le cancer du foie, le virus HPV pour le cancer de l’utérus- et environ 3 à 4 % sont la conséquence de radiations, qu’elles soient naturelles ou consécutives à un accident nucléaire. Donc, agir sur toutes ces causes, c’est agir sur de multiples terrains très complexes. Faire de la prévention, c’est une tâche complexe et très exigeante. Mais c’est la seule voie qui nous permettra d’obtenir des résultats probants. LVS : Dans les milieux médicaux nord-américains, le médecin annonce souvent sans ambages à un patient atteint d’un cancer que sa mort est inéluctable, qu’il lui reste peu de temps à vivre. Cette approche médicale n’est-elle pas abrupte et dénuée d’humanisme ? D.K. : Il faut prendre en considération deux grands principes médicaux. Dans le monde anglo-saxon, particulièrement en Amérique du Nord, la culture prédominante, qui a façonné l’organisation sociale, est une culture protestante alors qu’en Europe la culture prédominante est judéo-chrétienne, catholique. Deuxièmement, en Amérique du Nord et en Europe, le rapport à la réalité et à la mort est très différent. Par ailleurs, magazine LVS | septembre 2013 | 81
aux États-Unis, depuis une trentaine d’années, la jurisprudence du malpraxis impose en première nécessité la vérité alors qu’en France et dans les pays de l’Europe du Sud, la pratique médicale est basée sur un fondement éthique : ne pas choquer le patient. Les Européens non anglo-saxons privilégient le serment d’Hippocrate : primum non nocere, d’abord et avant tout ne pas nuire aux patients. Aux États-Unis, quand un médecin s’adresse à son patient, c’est d’abord et avant tout la vérité qui doit primer. Quand j’ai travaillé en Amérique, j’ai assisté à des consultations où on parlait aux patients de l’aggravation de leur maladie en des termes extrêmement clairs, et souvent très crus. Je n’ai pas de jugement à porter parce qu’en France et dans les contrées de l’Europe du Sud, on n’a pas la même culture qu’en Amérique du Nord. Dans les pays européens non anglo-saxons, on s’adresse aux malades mourants avec des formes d’expression moins crues, moins claires, plus aménagées. On essaye de faire en sorte que les malades ne meurent qu’une fois et pas deux fois ! Ça ne sert à rien de les faire mourir une première fois après leur avoir annoncé une nouvelle dévastatrice et très terrifiante. LVS : Aujourd’hui, deux conceptions très opposées de la médecine, la médecine conventionnelle et les médecines parallèles, certaines appelées « douces », se concurrencient vivement. Ces deux types de médecine sont-ils antinomiques ? D.K. : Il y a aujourd’hui deux conceptions de la médecine. La première conception soutient que la médecine ne peut trouver son sens que quand elle est efficace, quand elle est un moyen pour améliorer sensiblement l’état de santé d’un patient gravement malade, quand elle maîtrise une technique médicale complexe. C’est cette médecine qui nous a fait croire que le cancer serait vaincu avant l’an 2000. La deuxième conception de la médecine, plus ancienne, d’essence hippocratique, renaît aujourd’hui à travers un certain nombre de pratiques, dont les médecines parallèles. Ces médecines plus traditionnelles ont comme principal fondement la compassion et la charité envers celui qui souffre. Je crois que ni l’une ni l’autre de ces conceptions antinomiques de la médecine n’est la bonne. La vraie bonne médecine est entre les deux. Ce que souhaite avant tout un malade, c’est de guérir. Mais, en même temps, qui est le malade atteint d’un cancer qui acceptera la lourdeur des traitements de chimiothérapie qu’il doit subir si ceux-ci ne sont pas accompagnés d’un minimum de compassion humaine ? Un malade a autant besoin de la médecine pure et dure que de la médecine de la main tendue. Il y a autant de sens quand je m’assieds au bord du lit d’un malade, quand je lui tiens la main et que je n’ai plus rien d’autre à lui apporter que quelques paroles douces, que quand je maîtrise les chimiothérapies les plus complexes ou quand je fais une greffe de la moelle.
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LVS : Êtes-vous croyant ? Si oui, comment conciliez-vous votre croyance religieuse avec la rationalité scientifique, c’est-à-dire le dialogue constant entre le « rationnel » et « l'empirique » que requiert la pratique de votre métier de cancérologue et de chercheur scientifique ? D.K. : Je crois en D.ieu, mais je ne suis pas pratiquant. Dans ma vie quotidienne, je suis un grand laïc. Je vis cet état existentiel, qui peut paraître très paradoxal, comme un schizophrène, c’est-à-dire : j’ai une double attitude et une double personnalité. Dans mon intimité, je crois en D.ieu, mais pour le médecin et le scientifique que je suis — j’ai un doctorat en médecine et un doctorat en sciences —, la vie s’explique par un mécanisme génétique, par le hasard des protéiques. Les guérisons ne relèvent jamais du miracle ! Je puise dans ma foi la force de croire en la puissance de la vie. À mes yeux, c’est cette foi inébranlable en la vie qui justifie le prix que je demande à mes patients de payer pour essayer de survivre. Quand je veux faire du bien, je fais forcément du mal. C’est dans la foi — qui dans ses fondements les plus originels définit le bien et le malque je vais chercher la conviction que ce que je fais est bien. Mais, en même temps, comme médecin, je crois profondément en la science. Aucune de mes pratiques médicales n’a jamais été inspirée par autre chose que la science. Par contre, ce que j’ai toujours défendu fougueusement, et qui a toujours été mon cheval de bataille, notamment quand, en l’an 2000, à la demande du président Jacques Chirac, j’ai élaboré un plan national de lutte contre le cancer, c’est qu’il n’y a pas de bonne médecine si celle-ci n’est pas empreinte d’humanisme. Derrière la maladie, non seulement il y a un malade, mais il y a aussi un être humain que la maladie ne résumera jamais. Donc, tout acte médical, aussi parfait soit-il en ce qui a trait à sa qualité technique, n’a aucun sens s’il n’est pas accompagné aussi d’un soutien spirituel. LVS : Donc, les traditions spirituelles ont une influence sur votre travail médical ? D.K. : Je suis très intéressé par toutes les lectures d’exégèse des grandes religions. La Kabbale, les écrits talmudiques et l’histoire juive me passionnent. Je m’intéresse aussi beaucoup au bouddhisme et aux philosophies orientales. Je suis à la fois un scientifique lucide et un croyant en D.ieu invétéré. Pour moi, cette schizophrénie est tout à fait acceptable. La science sait poser et répondre à la question du comment, mais elle n’a pas su répondre jusqu’ici à l’éternelle question du pourquoi ? La religion répond d’une manière qui me semble peu crédible à la question du pourquoi ? Par contre, la religion me rend confortable avec l’idée que la science ne peut pas poser la question du pourquoi ?
LVS : La Science et le judaïsme sont-ils concomitants ou antinomiques ? D.K. : La Science et le Judaïsme convergent parfaitement dans leur approche visant à démontrer la cohérence du monde. Il est vrai que le développement des Sciences et des Techniques s’est effectué le plus souvent dans une perspective matérialiste, voire franchement antireligieuse. La Torah et la Science ont l’une et l’autre le sens, peut-être plus aigu chez l’homme de Torah que chez l’homme de Science, de la valeur et de l’intérêt que présente en soi le monde. La Torah et la Science s’accordent parfaitement sur l’idée que le monde a une signification. La Torah ira plus loin, puisqu’elle exigera, au regard des lois du monde, au-delà de leur aspect cognitif, une conduite bien définie, souvent un véritable engagement. L’homme de Science observe, scrute, recense, essaie d’expliquer. Au-delà de cette compréhension, le principal objectif d’un scientifique est que ses recherches empiriques engendrent des résultats concluants. Au-delà des secrets de l’univers, un scientifique cherche à résoudre des problèmes complexes. Il désire certes expliquer et éclaircir, mais aussi préciser et trouver des solutions théoriques d’abord, pratiques ensuite. L’homme de Torah observe aussi mais ne désire nullement réduire le secret de la Création à un phénomène anodin, sans difficulté de compréhension. Il est conscient que l’existence et la Création sont difficiles à sonder. Nous retrouvons chez le scientifique une attitude de questionnement propre à la démarche de l’homme de Torah : « De tout phénomène élucidé jaillissent de nouveaux problèmes ». LVS : À force de côtoyer la mort quotidiennement, n’avezvous pas fini par la banaliser ? D.K. : Non, au contraire, la mort me hante, surtout la mort des êtres que j’aime. Pour le cancérologue que je suis, la mort est quelque chose de matériel, je la vois et je la touche tous les jours. La sérénité est incompatible avec mon métier. Ma mission, mon combat, c’est de combattre la mort. Je traite une maladie qui est impitoyable et mortelle. La mort est un cruel adversaire que je ne peux pas banaliser, sinon ma vie n’aura plus aucun sens. Je me bats pour la vie et par amour de la vie. Ma confrontation à la mort et mon compagnonnage avec la mort me font aimer la vie à outrance. Je suis un grand passionné de la vie. LVS : L’écriture vous permet-elle de transcender les expériences de vie très ardues auxquelles vous êtes confronté quotidiennement dans la pratique de votre profession de cancérologue? D.K. : Je ne suis pas un écrivain professionnel, dans le sens où mon style littéraire n’est pas impressionnant. Je raconte simplement des histoires qui sont dans ma tête et dans mon coeur. Depuis que j’exerce le métier de cancérologue, j’aurais pu recourir aux services d’un psychiatre pour arriver à oublier tous les patients atteints d’un cancer qui sont morts
près de moi. Depuis trente-cinq ans, j’ai accompagné tellement de personnes à la mort, j’ai tant espéré et cru qu’elles guériraient… et puis j’ai perdu. Je pratique une cancérologie du désespoir. Il faut donc que je trouve quelque part le moyen de croire encore à la guérison de chaque nouveau malade que je traite. Je le fais en sortant tout ce chagrin de ma vie parce que je n’arrive plus à parler de mon désespoir et de ma tristesse quotidiens à ma femme, à mes enfants, à mes amis, à personne. C’est comme un soldat qui a vu trop de gens mourir au front. Quand il retourne dans son village, il ne parle plus parce que personne ne peut partager avec lui les expériences atroces et indicibles qu’il a vécues et qui resteront gravées dans sa mémoire jusqu’à la fin de ses jours. Écrire relève pour moi de la thérapie. C’est salvateur, c’est un exutoire. Cela me permet de transcender ma tristesse et la détresse auxquelles je suis confronté tous les jours dans mon métier. C’est pourquoi je n’aborde dans mes livres que des thèmes graves ayant un lien avec la cancérologie. Je romance ensuite ces thèmes parce que dans la fiction littéraire, on peut guérir les personnes malades, nous sommes moins impuissants que dans la réalité. Pour moi, écrire, c’est vivre dans un monde où tout devient possible, contrairement à la réalité qui prévaut dans ma vie professionnelle où, malheureusement, le possible est très restreint. Elias Levy magazine LVS | septembre 2013 | 83
Engagez-vous, qu’ils disaient
« Il y a ceux qui, comme moi, ont essayé plusieurs formes d’appartenance. Arrivées enfants, ma sœur et moi, avec nos parents qui n’avaient pas les moyens de nous envoyer à l’école juive et sans baptistère pour l’école française, nous avons été scolarisées à la PSBGM malgré notre méconnaissance de l’anglais. Après l’école et les fins de semaine, nous fréquentions les scouts, comme tant d’autres de notre âge; le District répondant aux besoins de jeunes immigrants Marocains que nous étions. Du CEGEP à la fin de mes études universitaires, j’ai vécu ma première désillusion communautaire : mes besoins, plus intellectuels disons, ne trouvant guère satisfaction dans les structures séfarades de l’époque. Début de carrière, jeune mariée et nouvelle maman; j’ai cherché réponses dans l’observance des pratiques du judaïsme, mais je n’y ai trouvé qu’enfermement, manque de profondeur et croyances aveugles. De pseudos leaders spirituels préoccupés à mener leurs guéguerres de petits ayatollahs, sans vision aucune, accrochés à leur statut comme la moule à son rocher. Nouvelle désillusion donc, sauf pour ceux attirés par le mouvement Habbad. Ce fut Zuché, pour les Séfarades francophones et Benoliel, pour ceux déjà anglicisés, jusqu’à l’avènement des Breslev. Et pour ma part, repli sur ma carrière et mes jeunes enfants. 30-40 ans, nouvelle tentative d’implication communautaire autour d’un projet anti-drogue pour les jeunes. Le leadership laissant à désirer, rien ne se réalisa et le comité mourut de sa belle mort. Encore une désillusion, malgré ma disponibilité, mon implication et ma profonde conviction du bien fondé d’un tel projet. Désirant malgré tout poursuivre mon engagement, j’ai par la suite siégé trois ans au Canadian Jewish Congress Québec Region, à titre de représentante de la CSQ, où ma contribution fut des plus limitées : les Séfarades n’ayant pas encore la présence qu’ils auront plus tard au sein d’une organisation Ashké pur jus, hautaine et dédaigneuse envers nous. Nouvelle désillusion, double, cette fois. J’ai constaté que «Ma communauté à la une» n’était qu’un slogan vide de sens et de l’esbroufe pour la galerie, que les Séfarades n’étaient guère en odeur de sainteté au sein de cette importante institution et que représenter la CSQ, ça voulait dire – du fait que je sois une femme ? - se taire, écouter et faire rapport aux vrais décideurs : le Président et les membres du CA; les mêmes à se coopter depuis des lustres, à s’échanger titres et fonctions, uniquement intéressés de savoir ce qui se tramait au CJC concernant la CSQ. Très peu pour moi. 30-40 ans, c’est également l’époque de l’école juive pour mes enfants. Là, je peux dire que ce fut ma plus grande désillusion et l’arnaque du siècle ! D’abord, ça nous a coûté un bras, mais en plus, comme parents, nous n’avions pas voix au chapitre. C’était «paie et tais-toi». Mon aîné a été victime d’intimidation, à un point tel qu’il ne voulait plus aller à l’école.
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Chaque jour, deux élèves de sa classe lui taxaient son lunch, quand ce n’était pas les quelques dollars que je lui donnais pour sa collation. Jusqu’au jour où il est rentré avec un œil au beurre noir, le nez en sang et son blouson déchiré. Quand finalement il accepta de tout me raconter, j’ai contacté la dizaine de parents dont les enfants avaient également été victimes et décidé de porter plainte pour voies de faits. Convoquée par la directrice, celle-ci m’a carrément dit que cette école n’était pas faite pour mon fils. J’ai donc dû le changer d’établissement en cours d’année. Récemment, en parlant avec des parents beaucoup plus jeunes que moi, il semblerait que dans cette école l’intimidation ait encore cours, que le déni, la politique de l’autruche et le «paie et tais-toi» soient toujours pratiques courantes. C’est dur à dire, mais j’en ai soupé de l’implication et je ne veux plus rien savoir de la Communauté. Quand il m’arrive parfois d’assister à certaines manifestations ou événements, je constate que ce sont encore et toujours les mêmes qui sont aux commandes. Est-ce qu’un jour ça va changer ? Je vous regarde avoir encore foi en notre Communauté et, je l’avoue, je vous admire, vous, si «croyant» malgré tout. Je vous envie presque, mais je n’y crois plus. Je n’appartiens plus aux 18-25 ans depuis longtemps et pourtant, je suis aussi perdue qu’eux ! Je suis déçue de moi et de la Communauté. Je ne me sens ni d’ici ni de là-bas. Ni Marocaine ni Française. Ni Québécoise ni Canadienne… Simplement Juive. Et encore, il ne faut surtout plus me parler de religion. J’en ai une écoeurantite aigue. En fait, je me sens bien comme minoritaire. C’est entourée d’ethniques, d’immigrants, de Canadiens anglais ou de Québécois minimalement ouverts, que ma judéité s’exprime le mieux. Dans cette différence, je me sens libre de l’exprimer et de faire ce qui me plait de l’amalgame de mon vécu et de mon héritage. Peut-être qu’un jour, vous réussirez à me remettre sur la voie des volontaires encore optimistes. Comme le disait Churchill : l’optimisme, c’est de passer d’échec en échec et d’être encore enthousiaste. Ne lâchez pas !» Suite à la parution de ma chronique Le maillon faible, en mars dernier, j’ai reçu, à ma grande surprise, une quinzaine de courriels de la part de parfaits inconnus - ce qui prouve bien que les gens lisent LVS - me faisant part de leurs états d’âme, commentaires ou doléances. J’avoue mon étonnement. Pourquoi m’écrire, à moi qui ne suis ni leader ni rédac-chef, encore moins le grand patron de la revue ? Et dès lors, que faire de ces messages remplis d’attentes et de déceptions, dont certains expriment même amertume et colère ? Sans doute auriez-vous raison, amis lecteurs, d’affirmer qu’une quinzaine de courriels ne traduisent nullement une tendance, pas plus qu’une hirondelle fait le printemps. C’est exact. De même qu’il
est exact de dire que ces témoignages ne sont pas représentatifs de la Communauté et qu’il n’y a rien de scientifique ni de statistiquement significatif dans leurs propos. De surcroît, je ne suis ni météorologue ni ornithologue, pas même statisticien. Il n’empêche. Une quinzaine d’individus, qui prennent la peine d’écrire pour faire part de leurs états d’âme, ce n’est pas rien. Alors quoi ? Aurai-je dû appuyer sur la touche delete et faire comme si ces messages n’avaient jamais existé ? Comme à la grande époque des soviets, quand on gommait des photos officielles, le visage du dignitaire tombé en disgrâce et son nom des manuels scolaires. Pas trop le genre de la maison. Auraije dû faire copier coller et les envoyer «À qui de droit», mais à qui au juste, au risque que ces courriels se retrouvent dans la filière D.ieu ? Pas du tout ma tasse de thé. Je me suis dit que cela pourrait sans doute vous intéresser, fidèles lecteurs, et qu’à ma façon et bien modestement, je serai le relayeur de ces Séfarades lambda qui, chacun dans son coin, avaient pris la peine d’écrire quelques mots, quelques phrases avant de les expédier sur la Toile, telle une bouteille à la mer, en espérant, sans trop y croire, qu’elle arrivera quelque part. Je persiste à penser qu’une quinzaine d’individus qui, après avoir lu une chronique, décident de se mettre au clavier, cela n’a rien d’anodin. Quand on pense qu’à l’université, un étudiant a soutenu sa thèse de doctorat à partir d’un seul et unique récit de vie. Une thèse de doctorat ! Autant dire qu’avec ces courriels, j’ai de quoi écrire un livre. Mais bon, ne nous égarons pas et revenons à ces inconnus. LVS est tirée à 6.000 copies (voir en page 2 de la revue) et je me suis laissé dire que chaque exemplaire est lu par quatre personnes, voire plus. À peine LVS est-elle arrivée au domicile, qu’on se l’arrache. Certains, pour être tranquilles, la lisent aux toilettes, tandis que d’autres en font leur lecture shabbatique, en lieu et place de la Parashat hachavoua. Zapper la Parasha un samedi sur douze, ce n’est certainement pas la fin du monde et le Grand Architecte est compréhensif. Tout juste le temps de lire un premier article, qu’on se fait taxer LVS par l’époux-se, le fils, la fille ou la belle-mère. On finit par la récupérer et quand tout le monde vaque à ses occupations, on s’empresse de la lire de bout en bout, avant d’en discuter en famille, le shabbat midi, en savourant la dafina. N’ayons crainte de le clamer haut et fort : chaque parution de LVS crée le buzz. Imaginez le tableau «Elle a vraiment de la gueule avec son look design, son papier glacé, sa mise en page et toute cette pub : Il est temps d’en améliorer le contenu; T’as vu, encore un portrait de lui. C’est rendu qu’il fait parler de lui à chaque numéro; Je ne savais pas qu’Untel avait encore été honoré; Qui c’est
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ce type qui va prendre la Présidence de la Communauté ?; Miskin, il est mort alors que j’étais en Floride; Dommage que ça coûte si cher, j’aurais bien voulu aller le voir en spectacle; Dis à ta fille d’aller dans ce club privé, Il paraît qu’il y a plein de jeunes hommes de son âge; Encore lui !; Tu devrais inscrire tes enfants dans cette école, ils offrent un super tarif pour les 2 prochaines années; D’après l’article, il a reçu un prix, sauf qu’ils étaient plusieurs à l’obtenir. Pourquoi on ne mentionne pas les autres ?; Alors c’est lui le nouveau président de l’école. Qui l’a élu ?» C’est bon, vous me suivez ? LVS ne laisse personne indifférent et chaque livraison est objet de discussions dans les chaumières, à la synagogue, au centre d’achats, dans la rue et partout ailleurs. Bref, tout le monde en parle. Un buzz, je vous dis. Plutôt que de retranscrire tels quels ces messages, j’ai choisi - privilège du chroniqueur - et par souci d’économie d’espace, de vous les présenter sous la forme d’une lettre : une missive écrite de la main d’une femme. Par galanterie et amour des femmes, certes, mais aussi parce que depuis la nuit des temps, le propos tenu par la gent féminine a toujours été plus convaincant, sans pour autant être acrimonieux. Je vous assure, ce n’est pas du pipeau et non, je ne vous roule pas dans la farine. Souvenez-vous d’Ève, notre mère à tous, des Matriarches, de Déborah, d’Esther, de Ruth la Moabite, de Golda Meir, sans oublier ma douce moitié ! Convaincus ? Une missive féminine donc, épurée, par éthique journalistique, de tout excès et écart de langage, de médisances, méchancetés, outrecuidances et autres grossièretés. Voici pour la méthode. Quant au contenu, patience, j’y arrive. Mais avant de me lancer une Fatwa ne perdez pas de vue, amis lecteurs, que je ne suis qu’un simple chroniqueur/relayeur et souvenez-vous de l’adage : Quelles que soient les réponses; l’important, ce sont les questions. De l’enthousiasme au désenchantement Convenons que la Communauté ne laisse personne indifférent et qu’à son sujet, chacun a sa petite idée. Plusieurs défendent sa raison d’être avec vigueur, tandis que d’autres remettent en question sa légitimité. Bon nombre se reconnaissent en elle, mais ils sont légion à superbement la dénigrer. Certains la jugent en phase avec les enjeux actuels et futurs, alors que d’autres la considèrent comme le vestige d’une époque révolue. Que l’on soit pour ou contre, qu’on l’aime ou la déteste, qu’on la juge d’intérêt public ou parfaitement inutile; il n’en reste pas moins que la Communauté, après un demi-siècle d’existence, nous titille encore et encore, et «vient nous chercher» pour toutes sortes de raisons. Pourquoi ceux-là mêmes, séduits par elle et prêts à lui consacrer temps, énergie, talents et compétences, sont-ils déçus après quelques
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tentatives d’implication et ne veulent plus entendre parler de la Communauté ? Voir arriver des bénévoles enthousiastes et déterminés, et assister à leur départ, désenchantés et désabusés; cela ne suscite-t-il nul questionnement d’un mode de fonctionnement et d’un mécanisme décisionnel ? Comment ne pas déceler, dans ces désillusions, la remise en question d’un style de leadership, le symptôme d’un inconfort voire d’un dysfonctionnement dans la gestion de la « chose » communautaire ? Pourquoi la Communauté, censée représenter l’ensemble des Séfarades, est-elle perçue, et je dis bien perçue, comme étant l’affaire d’une clique sélecte de personnes, d’un groupe restreint d’individus inconnus de la quasi-totalité des quelques vingt-cinq mille Séfarades Montréalais ? Comment se fait-il que ce sont, à quelques exceptions près, ces mêmes « Illustres » que l’on retrouve à la tête des organismes constituant la Communauté et dans les pages de LVS ? À contempler les portraits officiels ornant les murs de la Communauté, on a le sentiment diffus que ce cartel de dirigeants a conçu le populaire jeu des chaises musicales. Est-ce à dire que, hors ces leaders d’exception, point de salut ? Sont-ils à ce point indispensables et incontournables pour être inamovibles et indéboulonnables ? Quelle légitimité peut-on accorder à la nomination et la cooptation, à moins de lui consentir un autre sens ? Dans notre jeune histoire communautaire, l’élection au suffrage universel à la Présidence de la Communauté, malgré la lourdeur et sa complexité d’exécution, fut une expérience novatrice et fort courue, mais qui hélas ne fut jamais reconduite. Pourtant, connaître la vision, le projet, les priorités et le plan de match de tel ou tel candidat ou candidate et de son équipe susciterait, me semble-t-il, l’intérêt, la mobilisation et l’adhésion de bon nombre des quelques vingt-cinq mille Séfarades lambda. Il devrait, ne serait-ce que par souci de cohérence, en être de même des différentes constituantes : écoles, synagogues et services communautaires. À divers titres et degrés, comme usagers, bénéficiaires, contributeurs à l’appel juif unifié, bénévoles, parents ou simples citoyens; l’éducation, le culturel, le socio-récréatif, le social, les relations avec le milieu ambiant et les autres communautés ethniques, l’ensemble de la communauté juive, Israël, entre autres sujets, font partie de nos préoccupations et de nos intérêts ou, à tout le moins, du paysage politico-médiatique et de notre environnement. Pourquoi donc ne pas réitérer l’expérience ? D’autant qu’avec les réseaux sociaux, les nouvelles plateformes et les bases de données existantes, il serait aisé de rejoindre les quelques vingt-cinq mille Séfarades. Serait-ce si compliqué, une fois convenu des modalités et amendements à apporter aux statuts de la Communauté, de solliciter de nouveaux talents et de
nouveaux profils de leaders bénévoles afin de jeter un regard neuf sur NOTRE Institution, lui donner un nouveau souffle, une seconde jeunesse et susciter enthousiasme et engouement pour la « chose » communautaire ?
la désillusion et du désabusement. Un simple appel d’air, sous forme d’un renouveau du leadership communautaire et d’une plus grande transparence, saurait le raviver. À quand le retour de flamme ?
Que les choses soient claires et le propos univoque. Loin de moi de préjuger, ne serait-ce qu’un seul instant, de la sincérité et de l’engagement de nos présents leaders et dirigeants. Dieu seul sait combien l’implication communautaire exige abnégation et un authentique don de soi. Un quasi sacerdoce. Pour les côtoyer, j’en témoigne : la Communauté est inscrite dans leurs gènes et coule dans leurs veines. Elle leur tient à cœur et leur colle à la peau. Ceci étant dit, et je prends les précautions d’usage, d’où le conditionnel, il se dégage un sentiment diffus, un inconfort, voire un malaise, comme quoi les choses seraient organisées avec le gars des vues; que le choix de la Présidence se ferait en vase clos, derrière des portes tout aussi closes; que les orientations et les enjeux communautaires se définiraient, en partie, en fonction des centres d’intérêts des dirigeants en place; que transparence et reddition de comptes seraient étrangères à sa culture organisationnelle. Difficile donc, pour les simples mortels que nous sommes, de comprendre où la Communauté s’en va. Même si cela est infondé, ce qui est sans doute le cas, l’impression, voulant qu’elle vogue au gré des désirata de ses dirigeants, demeure.
D’ici là, fidèles lecteurs, je vous souhaite, à l’aube de l’an 5774, une Shana Tova Oumétouka et la santé pour vous et les êtres qui vous sont chers. Puissiez-vous vivre toute l’année dans la joie, le rire et l’allégresse. Maurice Chalom
Pour dissiper impression et malaise, la Communauté aurait tout à gagner à mieux communiquer et faire connaître le rationnel de ses orientations, de ses choix et de ses décisions. Sans aller jusqu’à parler de déficit démocratique, elle aurait intérêt, sans pour autant se la jouer Primaires à l’américaine, PQ, PLQ ou PS, à revoir le mode d’élection de sa Présidence, le fonctionnement de son conseil d’administration et de son directoire. Cinquante ans plus tard, les vingt-cinq mille Juifs, qui constituent la communauté séfarade du grand Montréal, ont le droit de choisir qui sera à la tête de leur destinée collective, fondée sur quelle vision, enjeux et défis. Droit à la consultation, devoir de transparence et obligation de résultats. Au cours des dernières années, l’avenir s’est décliné sur le mode des racines, du passé et de la continuité. Soit. N’est-il pas venu le moment de conjuguer ce même avenir au temps du futur et d’une vitalité renouvelée ? Sans doute. À relire les messages de ces anonymes, à entendre les attentes exprimées envers la Communauté de la part de connaissances ou d’inconnus croisés au gré des rencontres, l’intérêt pour la Communauté est toujours aussi prégnant. Qu’il s’agisse d’éducation juive, de culture, de solidarité et que sais-je encore; cet intérêt est partagé par bon nombre de nos coreligionnaires âgés de 18 à 88 ans. Cependant, sans doute l’air du temps, il couve, étouffé sous les cendres du cynisme, de
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Les réflexions d’une leader du « Printemps érable » Avec Léo Bureau-Blouin et Gabriel Nadeau-Dubois, Martine Desjardins a été l’une des personnalités les plus médiatisées lors du « Printemps érable ». Elle était alors présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), une association regroupant 125.000 membres, le plus grand groupe étudiant au Québec. Le 30 avril 2012 marquait la fin de son mandat et également la fin d’un chapitre de l’histoire d’une femme militante, dotée d’une forte personnalité mais qui sait rester simple et surtout réaliste quand il s’agit de porter un regard lucide sur une période assez mouvementée de l’histoire du Québec. Martine est titulaire d’une maîtrise en Sciences de l’éducation de l’Université de Sherbrooke et elle était inscrite au programme de doctorat dans cette même discipline à l’UQAM. Martine a accepté de nous rencontrer afin de mener une conversation à bâtons rompus portant sur son analyse du mouvement étudiant lors de la crise, de la situation et des défis que connaissent les universités au Québec ainsi que sa vision d’avenir. LVS : Comment se sent-on après avoir été au centre d’un mouvement étudiant qui a marqué la scène sociale et politique québécoise pendant de longs mois ?
Martine Desjardins
Martine Desjardins : Je pense que je vais célébrer ma retraite. Avec le recul, je peine à réaliser comment tout ce mouvement s’est orchestré. J’ai été confrontée, comme tous les jeunes d’ailleurs, à un quotidien très émotif, les rencontres avec les médias, les montées d’adrénaline, le feu de l’action. Je veux dire par là que tout le monde a été touché de près ou de loin par ces journées, et cela va prendre d’après moi des années pour s’en séparer. Je considère que ma position a été extrêmement intéressante au sein du mouvement, mais maintenant je suis devenue une simple citoyenne, une situation que je ne regrette pas. Pour la petite histoire je suis devenue, par ennui, vice- présidente au cycle supérieur en éducation à l’UQAM et un an plus tard j’ai été élue présidente de la FEUQ. Ceci a causé un contrecoup au niveau familial. Le moment est venu de faire le point et d’aller vers autre chose. LVS : Quel bilan établissez-vous après toutes ces longues négociations, très ardues avec le gouvernement libéral de Jean Charest d’abord, plus souples ensuite avec le gouvernement péquiste de Pauline Marois qui s’est contenté d’annuler la hausse des droits scolaires et de la remplacer par une indexation. Est-ce le verre à moitié plein ou plutôt à moitié vide ? M.D. : Sans hésitation je répondrais que c’est le verre à moitié plein. En effet si toutes nos demandes n’ont pas été acceptées, je pense que le problème central tournait autour de l’annulation de la hausse décrétée
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par le gouvernement libéral et qui fut à l’origine de la contestation et du vaste mouvement étudiant que nous avons vécu et auquel se sont greffées d’autres préoccupations d’ordre sociétal. C’est vrai qu’il n’y a pas eu de gel des frais de scolarité comme nous le souhaitions, des positions que nous avons défendues depuis 15 ans. À la fin de mon mandat je considère que j’ai pu rayer certaines prises de position qui figuraient dans nos demandes initiales. Je ne sais pas si nous sommes capables d’avoir un vrai débat d’idées plutôt qu’un débat idéologique et de refléter ce que pense la majorité. LVS : Comment envisagez-vous l’avenir de l’Université au Québec ? M.D. : Nous nous trouvons actuellement dans un changement de paradigmes. C’est une sorte de confrontation entre deux conceptions de l’éducation supérieure de l’université publique face à une hypothétique université privée comme on en voit aux États-Unis et dans d’autres pays. À mon avis tout va se jouer au cours des 5 prochaines années. En ce qui me concerne je considère que c’est une bonne chose qu’au Québec nous n’ayons pas d’université privée, nous aurions alors un enseignement supérieur à deux vitesses. Je remarque également que le public en général ne comprend pas encore pleinement le rôle de l’Université ni son système de financement. LVS : Ne pensez-vous pas que la gratuité, que certains syndicats étudiants réclament à corps et à cri, constitue la panacée à la revendication exprimée par un grand nombre d’étudiants et de citoyens de l’accessibilité universelle à l’université ? M.D. : Le problème tel que je le conçois, réside dans une accessibilité géographique à l’Université pour ceux qui résident en dehors des grands centres universitaires où l’on constate la plus grande concentration de professeurs. Je suis plutôt favorable à un juste milieu. Ceci dit, il y a des choix à faire comme par exemple doit-on à tout prix mettre toutes ses énergies dans le Plan Nord ou au contraire investir plutôt dans l’éducation? La tendance a été de gérer ce problème à « la petite semaine ». En fait on ne parle pas de l’éducation comme d’un bien commun. Quant au problème du financement des universités, les recteurs sont là pour administrer les fonds publics or les fonds collectés ou dépensés ne sont pas portés à l’attention du public.
LVS : On s’est entendu dire souvent que l’Université n’avait plus pour mission d’éduquer les étudiants mais surtout de les former pour satisfaire la demande du marché du travail. Partagez-vous cette opinion ? M.D. : Un fait est certain, les ordres professionnels au Québec on tendance à avoir une influence beaucoup plus grande que les dirigeants d’université. Il est à noter également que l’absence de culture générale est flagrante ce qui me laisse penser que l’on apprend aux jeunes à devenir des techniciens destinés à remplir une fonction bien déterminée dans les rouages économiques de la société. LVS :Ne pensez-vous pas que les mouvements étudiants se font systématiquement récupérer que ce soit par les syndicats ou par les partis politiques ? M.D. : C’est la première fois que nous assistons à une victoire aussi éclatante d’un mouvement étudiant par le biais d’une immense mobilisation. Les syndicats, c’est compréhensible, veulent apprendre de cette expérience. Des conférences ont été tenues à ce sujet. Quant aux partis politiques, ils visent le pouvoir et c’est évident qu’un « success story » est récupéré à son profit. Notre mouvement étant un groupe de pression, il doit demeurer indépendant et veiller surtout à se définir lui-même. LVS : Et si le Printemps Érable était à refaire, comment l’aborderiez-vous en tant que leader et quels enseignements avez-vous tiré de cette expérience que vous avez vécue ? M.D. : J’espère qu’il ne sera plus à refaire. Les conditions qui on existé à ce moment là étaient particulières et j’inclus parmi tant d’autres le climat qui a facilité la participation. Ce sont des éléments qu’on ne peut pas déterminer à l’avance. Nous avons fait face à un gouvernement en fin de règne. Pour agir il faut savoir attendre qu’un certain nombre d’éléments soient en place. Mais par dessus tout il faut toujours chercher à dialoguer. Elie Benchetrit
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Les Frères Musulmans, fossoyeurs des Printemps arabes Le 4 janvier 2011, Mohammed Bouazizi, un vendeur de légumes ambulant s’immolait par le feu à Sidi Bouzid, en Tunisie, pour protester contre les tracasseries de la police, qui l’empêchait systématiquement de pratiquer son petit commerce. Ce sacrifice déclenche un mouvement populaire d’une ampleur sans précédent, prenant pour cible le gouvernement despotique et corrompu de Zine el-Abidine Ben Ali, qui est contraint, dix jours plus tard, de se réfugier en Arabie Saoudite. Cette victoire d’un mouvement populaire spontané, animé au départ par des militants se réclamant de la démocratie, de la laïcité et des droits de l’homme donna, le signal à d’autres soulèvements dans des pays arabes : en l’espace de quelques mois, des dictateurs réputés inamovibles furent chassés du pouvoir : Hosni Moubarak en Egypte, Mouammar Kadhafi en Libye, Ali Abdallah Saleh au Yémen. D’autres révoltes populaires se heurtèrent à la résistance acharnée des tyrans en place : à Bahrein, la dynastie régnante d’obédience sunnite écrasa, avec l’aide de l’Arabie Saoudite, la contestation d’une population majoritairement chiite. En Syrie, où la révolte populaire contre le dictateur alaouite Bachar el Assad se transforme en une sanglante guerre civile à forte connotation religieuse (la majorité des insurgés appartiennent à la branche sunnite de l’Islam). Dans les autres pays de la région, les pouvoirs en place parviennent à contenir les mouvements de protestation, en satisfaisant provisoirement les besoins matériels de la population, comme en Algérie, ou en associant les mouvements islamistes au pouvoir, comme au Maroc et en Jordanie. Ces « printemps arabes », comme on les dénomma bucoliquement en Occident, furent salués comme une sorte d’équivalent oriental de la chute du mur de Berlin en 1989 : ils devaient conduire, par étapes, des pays dévastés par la dictature, la corruption et la misère de la plus grande partie de la population vers la démocratie et le développement économique. Quelque mois plus tard, le tableau est notablement différent : en Tunisie et en Egypte, le verdict des urnes consacre la victoire des courants islamistes radicaux, animés par les Frères musulmans et les salafistes, encore plus rigoristes dans leur interprétation littérale de la religion du Prophète. Les forces laïques et démocratiques, qui avaient été les moteurs des révoltes populaires, sont dépossédées de leur révolution, et tentent, sans succès jusqu’à présent de s’opposer à l’instauration progressive de théocraties despotiques. En Libye et au Yémen, sociétés fortement tribalisées, le chaos s’est installé à la place des dictatures militaires, laissant libre cours aux jihadistes se réclamant d’Al Qaïda d’établir dans ces pays des bases à partir desquelles ils s’efforcent de déstabiliser les régimes en place dans le Sahel et la péninsule arabique. Ces groupes extrémistes jouent également un rôle non négligeable en Syrie (Al Nosra) et en Irak, où les affrontements sanglants entre factions n’ont pas cessé après le retrait des forces américaines. 90 | magazine LVS | septembre 2013
Au sein de cette nébuleuse islamiste, les Frères Musulmans apparaissent comme la force politique et idéologique la plus organisée, capable de jouer, quand il le faut, le jeu démocratique, sans pour autant dévier de son objectif ultime : l’instauration d’un Califat islamique dans l’ensemble du monde arabo-musulman d’abord, et à l’échelle de la planète ensuite. Cette confrérie a été fondée en 1928 en Egypte, par Hassan el Banna, en réaction à l’occidentalisation du pays qui commençait à s’instaurer sous la domination britannique qui avait remplacé, en 1919, la tutelle ottomane. A la différence d’autres mouvements révolutionnaires arabes de l’époque, comme le Baas syro-irakien, les Frères musulmans ne visaient pas seulement à la libération nationale des peuples soumis à la tutelle coloniale, mais à une restauration des valeurs de l’Islam telles qu’ils les concevaient, dépourvues de toute compromission avec la modernité occidentale : primat des libertés individuelles sur la loi du groupe, opposition à l’égalité entre les hommes et les femmes et à la laïcité de l’Etat. La Charia, corpus juridique issu du Coran, suffit pour eux comme fondement de la Constitution, et fait office de code civil et pénal. Sévèrement réprimés, d’abord par les puissances coloniales, puis par les régimes nationalistes militaires leur ayant succédé, les Frères musulmans incarnèrent pendant un longue période la résistance à des régimes despotiques et corrompus, qui avaient entrainés leurs peuples dans des guerres désastreuses contre Israël, et accaparé au bénéfice d’une caste politico-militaire l’essentiel des richesses des pays qu’ils régissaient d’une main de fer. Le succès de la Confrérie au sein des populations démunies était lié aux actions sociales (hôpitaux, écoles, aide alimentaire) qu’elle mettait en œuvre, avec l’appui financier des monarchies pétrolières, et la bénédiction des principales puissances occidentales. Celles-ci, notamment les Etats-Unis, voyaient dans ces mouvements des partenaires contre des régimes ayant choisi l’alliance militaire et politique avec le bloc soviétique. Ce choix, quelques décennies plus tard, s’avéra désastreux : les régimes nationalistes, privés du soutien communiste, se lézardent et finissent, pour quelques uns d’entre eux, par s’écrouler, mais ceux qui leur succèdent sont loin d’adopter les critères démocratiques et libéraux espérés. Aujourd’hui au pouvoir à Gaza, en Égypte et en Tunisie, ils ne se sont pas mués en gestionnaires modérés de démocraties libérales. Certains observateurs des « printemps arabes » — bien naïfs
en dépit de leurs compétences universitaires — avaient pronostiqué que les Frères musulmans, arrivés au pouvoir allaient se convertir au pragmatisme, à l’image du parti islamiste turc AKP. Ils allaient, selon ces « experts » se transformer en partis islamo-démocrates, pendant musulman des partis conservateurs chrétien-démocrates européens, respectueux des libertés publiques et soucieux du bien-être économique de leurs peuples. Hélas, on est en train d’observer que c’est l’inverse qui se produit : le régime turc de Recep Tayyip Erdogan est en train de se durcir notablement, comme on a pu le voir dans la répression des manifestations de la place Taksim à Istanbul, et d’accentuer l’emprise de la religion sur l’Etat laïc fondé par Mustafa Kemal Atatürk. L’épreuve décisive viendra lorsque les dirigeants Frères musulmans seront amenés à remettre en jeu leur mandat devant le peuple. Leur incapacité à gérer l’économie des pays qu’ils gouvernent actuellement devraient, en bonne logique, être durement sanctionnée lors des prochains scrutins. Mais cette philosophie de l’alternance démocratique est absente du logiciel de la Confrérie : tenant leur mandat d’Allah, il ne voient aucune nécessité de s’en départir sans un ordre venu du ciel. Jusqu’à ce que le Califat universel soit instauré, leur mot d’ordre caché restera : « one man, one vote, one time ». Luc Rosenzweig
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C’est dans l’temps du jour de l’An Adopter une nouvelle religion assure au converti que le reste de sa vie se transforme en perpétuel festival de la Découverte et de l’Étonnement. Quand j’ai entrepris mon voyage spirituel vers le judaïsme, qui m’a menée au mikvé il y a 15 ans, je ne me doutais nullement de la richesse et de la diversité des connaissances que j’allais acquérir au fil des ans. Bien sûr, je savais qu’on m’apprendrait de nouvelles prières, de nouvelles règles alimentaires, comment « faire shabbat », mais jamais je ne me serais doutée qu’on allait m’enseigner comment attacher mes chaussures, l’importance de remercier Hashem après une visite au petit coin et la bonne manière de laver la laitue ! L’immersion dans le mikvé n’efface pas la mémoire vive du converti même si elle possède l’inouï pouvoir de reprogrammer son âme. Je l’avoue, la période de Noël, du jour de l’An, de Pâques, constitue un défi renouvelé à chaque année. Pas parce que je ressens un élan vers la religion de mes ancêtres, mais parce que ces fêtes évoquent des ancrages émotifs implantés au plus profond de soi, depuis la plus tendre enfance : Noël marque l’amour des parents pour leurs enfants. Pâques représente l’espoir et la vie nouvelle et le jour de l’An est synonyme de célébrations, de plaisirs et d’excès. La Fête des Fous Les Chrétiens du Moyen-Âge célébraient l’arrivée du Nouvel An par le festum fatuorum, ou Fête des Fous. Tout ce que la religion interdisait le reste de l’année était permis pendant les quatre jours que durait la fête. Le philosophe juif anglais Alain de Botton, dans son livre « Petit manuel de religion à l’usage des mécréants », raconte que les membres du clergé jouaient aux dés sur l’autel, brayaient comme des ânesses en chaleur au lieu de répondre « amen » pendant la messe — en l’honneur de l’âne qui a mené Jésus à Jérusalem —, prêchaient l’Évangile selon l’Ongle du gros orteil de Saint Luc, sans compter ceux qui urinaient du haut des clochers. Ces comportements étonnants chez des Catholiques, une « parodia sacra », étaient non seulement permis mais encouragés par les plus hautes autorités ecclésiastiques. En 1445, des érudits de la faculté de théologie de Paris ont expliqué aux évêques français que de se comporter comme des fous
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pendant quelques jours permettait aux croyants de respecter avec plus de zèle les enseignements de l’Église le reste du temps. Autrement dit, il fallait leur permettre de ‘lâcher leur fou’ pour qu’ils ne deviennent pas fous. La tradition s’est perpétuée en France jusqu’au 17e siècle. Victor Hugo y fait référence dans Notre-Dame de Paris. Même si les célébrations du Nouvel An, qui marquent en réalité la brit milah de Jésus, se déroulent plus sobrement aujourd’hui, il n’en demeure pas moins qu’elles demeurent joyeuses, même plus joyeuses encore que Noël qui a conservé une partie de son caractère religieux. Pas le Nouvel An. Personne au Québec de moins de 50 ans ne sait que le 1er janvier a été une fête judéo-chrétienne avant de devenir un gros party. Souvenirs d’enfance Enfant, j’anticipais avec bonheur le Nouvel An car nous allions réveillonner chez une tante que j’adorais et dont j’admirais le chic fou, en tout. Une femme d’une grande beauté, elle savait impartir aux plats qu’elle préparait, à la décoration de sa maison, aux robes du soir qu’elle cousait elle-même, une élégance hollywoodienne, malgré des moyens financiers limités. Pour la nuit du Nouvel An, son 3 1/2 au cœur d’HochelagaMaisonneuve était transformé en château, le temps d’une nuit glamour et d’un festin gargantuesque. Du moins, aux yeux de la fillette que j’étais. Les femmes buvaient des Tom Collins, les hommes du Canadian Club, et les enfants, du 7Up avec du sirop de grenadine et trois cerises au fond de nos verres de cristal en plastique. Chaque année, ma tante préparait son célèbre six-pâtes, une sorte de cassoulet dont il existe autant de recettes qu’il y a de villages au Québec. Certains l’appellent ‘tourtière du Lac Saint-Jean’. Gibier, viandes, volailles, patates et oignons, entre six rangs de pâte, mis à cuire pendant 12 heures, un délice. En écrivant ces lignes, je me dis que rien dans la cacheroute ne m’interdirait de servir un « six pâtes » ou « cipaille », à Rosh Hachana. Un mélange de bœuf, veau, poulet cacher conviendrait très bien.
Une fête déroutante
Un rituel sacré
J’avoue que je n’ai jamais été capable de trouver en moi le bon ton pour célébrer Roch Hachana. Si l’arrivée d’une nouvelle année constitue une bonne nouvelle en soi, j’ai vite fait de découvrir que le Nouvel An juif, tout sucré soit-il, possède aussi une dimension sacrée qui fait défaut au nouvel an de mon enfance.
Par contre, un de mes rituels juifs préféré est sans contredit le Tashlikh, que j’accomplis chaque année, après le repas du midi, le premier jour de Roch Hachana. J’ai été « élevée » dans la communauté ashkénaze, après tout. (Mes amis disent que je lis l’hébreu avec un accent polonais) J’habite tout près de la Rivière-des-Prairies où je me rends pour vider mes poches des miettes qui pourraient s’y trouver et « envoyer au fond de la mer tous mes péchés », comme le suggère le Livre de Michée.
Tout d’abord, l’arrivée de Rosh Hachana marque la fin de Elul et le début du cycle des prières de selichot et de la récitation des 13 attributs de Dieu. Bien que ma pratique religieuse pourrait se définir comme irrégulière, Elul n’a jamais été un mois comme les autres pour moi. J’ai toujours ressenti son pouvoir d’incitation à l’introspection. Et il s’en est passé des choses pendant Elul dans l’histoire juive : la troisième ascension du Sinaï par Moïse, la première publication du Shulhan Aruch, la fin du déluge, la naissance du Baal Shem Tov et le premier jour de la création, le 25 d’Elul. Sans oublier le shofar qui se fait entendre à ce temps de l’année, pas exactement une sonnerie qui évoque la joie. Pas plus que la liturgie de la fête elle-même qui exclut le Hallel, considéré comme trop joyeux pour un moment aussi solennel que le Jour du Jugement. Chez les haredim qui m’ont accompagnée vers la conversion, il était interdit à la table de Roch Hachana de parler d’autre chose que de la Tora. Les époux ne devraient pas avoir de relations sexuelles pendant Roch Hachana. Tout un party !
Le Nouvel An juif ne portera jamais les couleurs vives du Nouvel An de mon enfance. Il éclaire ma vie d’une lumière plus subtile. Par contre, Roch Hachana me rappelle que j’ai choisi une tradition spirituelle qui donne à l’humour une place centrale. Imaginez mon ahurissement, quand, sérieux comme un pape, mon rabbin m’a expliqué qu’on devait accomplir le rituel de Tashlikh devant un bassin d’eau courante contenant des poissons car, « comme D.ieu qui voit tout, leurs yeux ne se ferment jamais. » Vous ne pouvez pas savoir à quel point j’aime le judaïsme, même si laver la laitue en préparation des repas de fête, c’est long, c’est long ! Shana Tova. Lise Ravary
Lorsque je souhaite Shana Tova à quelqu’un, je ne sais jamais si je dois froncer les sourcils, prendre une tête d’enterrement ou sourire de toutes mes dents. Après tout, ma vie et la vie des gens que j’aime sont placées dans la balance jusqu’au jour du Grand Pardon. Dieu seul sait ce qui va se passer au terme des dix jours de pénitence avant Yom Kippour. Y’a pas de quoi rigoler, en effet. J’exagère un peu, quand même, mais le Nouvel An juif pour moi sera toujours une fête mi-sucrée, mi-salée, même si le miel remplace le sel sur la table à cette occasion.
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Comme à travers un verre dépoli Le judaïsme et l’interprétation des rêves « Bar Hedya était interprète de rêves. A celui qui donnait un paiement, il interprétait son rêve de façon favorable. Mais à celui qui ne lui donnait pas de paiement, il l’interprétait de façon défavorable. Une fois Abayé et Rava ont tous les deux vu le même rêve. Abayé lui a donné un zouz tandis que Rava ne lui en a pas donné. Et ils lui ont dit : dans notre rêve on nous a lu le verset : ton bœuf sera égorgé sous tes yeux etc. mais tu ne mangeras pas de sa chair. A Rava Bar Hedya a dit : ton affaire va s’effondrer et tu n’auras aucun plaisir, à cause de l’immense tristesse de ton cœur. Et à Abayé il a dit : ton affaire va fructifier et tu n’auras aucun plaisir à manger en raison de la joie de ton cœur » (Talmud, Berahot 56.a). Selon les recherches scientifiques les plus récentes, un homme de soixante dix ans aura rêvé durant cinq années consécutives. Si le sommeil tient dans un tiers du vécu de l’homme, vingt-cinq pour cent de ce temps-là serait habité par le rêve : un douzième de temps de la vie. Et peut-on étant donné l’importance du sujet, réduire ce temps de vie, car c’est bien de cela qu’il s’agit, et de son interprétation, à une pièce de monnaie. Le rêve n’est-il pas le vécu le plus secret et peut-être selon la vision freudienne le plus impudique car il est sans contrainte ? Il révèle par des symboles à peine cachés « une forêt touffue, une tour et des maisons, une gourmandise »…D’ailleurs, durant l’Inquisition, quiconque parle de ses rêves et essaie de les analyser ainsi que ceux d’autrui, est condamné comme hérétique. Il n’est pas jusqu’aux moines qui se lèvent tôt le matin et se couchent tard dans la nuit, qui ont dans leur charte une interdiction absolue de rêver. Et sous Napoléon 1er une loi est créée, qui sera amendée en 1992, (R34 7 du Code Napoléon) : une amende est prévue pour tous ceux qui font métier de deviner, de pronostiquer et d’expliquer les songes. Deux heures par nuit, nous nous habillons avec les symboles et les refoulements de ce que fut notre existence diurne. Sigmund Freud — à la fois petit-fils de rabbin et féru de la mythologie grecque — ne s’écrie-t-il pas : l’interprétation des rêves est « la voie royale pour parvenir à la connaissance de l’âme ». Plus tard il affinera sa théorie : l’analyse onirique est complexe, lente, pour ne pas dire approximative, même pour le rêveur ; le patient allongé confortablement sur le divan durant le temps de cette détente-absence trouvera le chemin le plus rapide pour accéder aux nœuds gordiens de son existence comme une manière de rêve éveillé où il se raconte, se dit, se contredit et dégage une émotion sur les sujets qu’incidemment il traverse, fait cette longue ascension du temps, chute, parfois, se ressaisit et au fond est tout seul à s’analyser simplement suivi par l’oreille du Maître. Pour Freud, le rêve de chaque individu, est la porte de son désir refoulé, « des excitations qui tendent à troubler le sommeil et auxquelles le dormeur réagit par les rêves », symptômes névrotiques — souvenirs marquants — même pour les bien-portants. Un de ses élèves, Jung, voit à travers la symbolique des songes un corpus universel qui dépasserait de loin le refoulement individuel de l’être, l’activité psychique nocturne, répondrait à un Adam originel et à un inconscient collectif : la frontière du rêve pour Freud s’arrête au rêveur et à son vécu plus ou moins ancien (exemple : « on fit sentir à un homme pendant son sommeil de l’eau de Cologne : il rêva qu’il se trouvait au Caire dans la boutique de Jean-Marie Farina, fait auquel 94 | magazine LVS | septembre 2013
se rattachait une foule d’aventures extravagantes; où il voit un pied l’écraser et devra chercher dans sa toute petite enfance le pied de sa mère le berçant près de son couffin). Jung, en revanche, estime que dans le rêve peut s’introduire une histoire collective, qui serait aussi vieille que le monde et vivre des visions, bien qu’extérieures, aussi réelles que s’ils les avaient vécues personnellement : l’inconscient collectif. Comme le raconte aussi cette histoire chinoise de Zhuang Zi (« Mong zi de mong », « Le rêve du papillon ») : est-ce moi qui rêve que je suis un papillon ou est-ce le papillon qui rêve qu’il est moi ? Ainsi, l’homme est-il un buvard ancestral qui reproduit les éléments qu’il traverse ? L’Egypte interprétait les rêves comme prémonitoires. Freud nous raconte que lorsqu’Alexandre le Grand entreprit son expédition de conquête, il avait dans sa suite les interprètes de songes les plus réputés. Les scribes, les oniromanciens et le pouvoir se pliaient à ces visions. Il n’est pas jusqu’aux Indiens d’Amérique du Nord qui fondaient toute leur liturgie (leur culte) sur les rêves et le Chamane, tout à la fois homme de science, médecin et interprétateur qui ordonnait les guerres, les chasses. Et la philosophie bantoue (Congo), pour laquelle les rêves sont essentiellement la route qui mène aux disparus et qui permet au rêveur, par une cohorte de symboles et de mythes, d’accéder à un message. L’Orient extrême n’est pas exempt du bien-fondé du rêve. Le bouddhisme tibétain et ses transmigrations (l’initié, pendant son sommeil, émet une aura et a la sensation de quitter son corps) font que le rêveur veut atteindre le visionnaire. Du Talmud à toutes les visions universelles, nous sommes tous d’accord : le rêveur s’imagine et rejoint un niveau insoupçonné de lui-même. Et si on lui interprète son rêve, ou s’il en décode les symboles, il atteindra une dimension, un envol supérieur dans le vécu. Pour reprendre l’expression de nos sages, on voit le rêve comme à travers un verre dépoli. Qu’en est-il du judaïsme ? Le roi David et Ahitophel (son conseiller qui le trahira) donnent le « la », « au Juste pas de bon rêve, au méchant point de mauvais » car le rêve est un enseignement, un chemin. Celui qui fait des rêves agréables, heureux, aura tendance à se relâcher et se prendra pour quelqu’un de bien et la faute sera tapie à sa porte. Quant à celui qui fait des rêves malheureux, à l’instar du roi David, ce dernier sera toujours aux aguets de la moindre faute, du moindre manquement et ainsi son rêve sera le plus grand des éducateurs.
En cheminant avec les sages du Talmud, des interprétations se dégagent, souvent par analogie en référence aux textes bibliques — un exemple, rabbi Hanina a dit : celui qui voit une source dans son rêve, voit la paix, car il est dit : « et les serviteurs d’Isaac ont creusé dans la vallée et ont trouvé là-bas une source d’eau-vive » ; ainsi le puits symbolise en quelque sorte la paix et donc l’harmonie, la source de vie ! Nous trouvons un nombre incalculable de rêves dont le Talmud énonce l’interprétation comme une connaissance immuable. La langue hébraïque est pour l’interprétateur une mine inépuisable. Jeu de consonnes dans le récit de Gédéon, lors du combat contre les Madianites. Le chef des armées ennemies rêve qu’un pain d’orge roule dans le camp et détruit tout sur son passage. L’ennemi en déduit que Gédéon va gagner la guerre. L’hébreu qui se fixe par les consonnes va jouer avec ces mots : de hlm découle halom (rêver), la racine hlm est commune au pain d’orge (lehem) et au combat (lhom)… Par une fuite de Mots signifiants Gédéon sut que le rêve fécondait la réalité. Quelqu’un rêve de boire du lait ? De manger de la viande ? Attrape un coq ? Voit un cygne ou un pélican ? Voit des abeilles ? Met les Tefillins ? Entend un roi qui s’irrite contre lui ? Tous ces rêves ont des clés qui se dressent comme un dictionnaire, une oniromancie juive notamment compilée par le kabbaliste Rav Schlomo Almoli (entre Istanbul et Constantinople, de 1490 à 1542). Il semblerait que le rêve ait bien ses codes et ses réponses. Et pourtant, Bar Hedya pour un zouz faisait la différence entre Abayé et Rava. Le Talmud conclut qu’au fond le rêve va selon l’interprétateur. Il dit aussi que la bonne lecture du rêve est lorsque le rêveur se reconnait. Rabbi Banaha l’Ancien nous raconte, par la voix de ses disciples, qu’il est allé voir pas moins de 24 interprètes de rêves qui lui donnèrent 24 visions différentes et il convient à notre grande surprise que les 24 sont vraies. Ne sont-elles pas en correspondance avec les 24 livres qui fondent la Bible, chaque livre est différent et ils sont tous vrais. Et il conclut : « Tous les rêves vont après la bouche ». Sans doute, tant qu’Israël se trouve en exil, il ne peut que rêver une vie et comme nous vivons la Torah comme un rêve et une promesse que D.ieu a faite à Abraham, qu’il a confirmée à Isaac et à Jacob, nous attendons de retourner dans notre terre pour peut-être réaliser comment Rabbi Banaha a pu marier les 24 interprétations pourtant différentes comme les facettes d’un diamant.
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Nous nous trouvons à la croisée de deux chemins : l’un nous révèle que le rêve a un corpus d’interprétation regroupé notamment dans la Guemarra berahot, sans parler de la vision nocturne où D.ieu dit au prophète : « Dans un songe je lui parlerai » (cette même Guemarra de nous annoncer que dans tout rêve il y a un soixantième de prophétie de même que dans le sommeil il y a un soixantième de la mort). L’autre direction nous conseille (rabbi Yehuda) de ne raconter nos rêves qu’à des amis ou à des gens bienveillants car c’est l’interprétation qui donnera réalité au songe. Il n’est pas jusqu’à Rabbi Meïr (130 environ) qui s’écrie pourtant suite à un rêve réalité : « les rêves n’ont aucune signification » (horayot 13 b), et il n’en tint aucun compte, ou, Schmuel lorsque son rêve était bon, disait : D.ieu m’a parlé en songe et quand il était mauvais, « les rêves n’ont aucune signification ». Se pose alors la question de Joseph, ses rêves furent-ils prophétiques et ainsi ceux, relatés dans le premier livre de la Bible, qu’il fit vis-à-vis du grand échanson et du panetier. Le Talmud de répondre, la réalisation du rêve va immanquablement selon son interprète : élément fondamental. Et peut-être par l’échelle de Jacob (les anges montent et descendent), D.ieu au dessus de lui, par les rêves de Daniel
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(le colosse à la tête d’or et aux pieds d’argile qui représente l’empire babylonien), atteignent le prophétique en émanant de l’immense qualité spirituelle de celui qui les interprète. L’inconscient devient « sur-conscience », conscience aiguë de la réalité, car la Bible et son étude offrent notamment à l’homme des possibilités insoupçonnées de vision, de prise de hauteur qui permettent une connaissance pénétrante du paysage humain. Comme l’écrit Maïmonide (Guide des Egarés, chap.48 t.2) « L’enchevêtrement de l’action humaine et de l’action providentielle est tel que nul être vivant ne peut en déceler le merveilleux mécanisme ». Aujourd’hui, la neurologie confirme que le sommeil et le rêve ont une fonction thérapeutique. Il n’en est pas moins vrai, en dépit des difficultés que chacun de nous lors du passage d’un rêve, éprouve à mettre en forme l’image émotionnelle ressentie sur l’instant, que le rêve devient peut-être comme une lettre qui n’a pas été ouverte (suivant Rav Hisda, qui vécut vers 300) et qui a besoin pour sa lecture d’un regard aiguisé car n’oublions pas que le rêve est aussi nécessaire que l’air que l’on respire, à l’équilibre biologique et mental. Il est une soupape, un révélateur des désirs, pour épouser la thèse de Freud, que nous n’osons pas toujours nous avouer. Daniel Radford
Menahem Lousky Analyste Actuariel À mon arrivée au Canada à l’âge de 15 ans et n’étant pas bilingue, ayant été scolarisé dans la langue Hébraïque, l’Académie Yavné m’a permis de relever ce défi et leur éducation a représenté un atout important dans mon cheminement scolaire. En effet, nous n’étions pas très nombreux dans les classes et de ce fait nous avions obtenu un enseignement personnalisé et chaleureux. Mes professeurs étaient disponibles pour répondre à mes questions et naturellement cela a augmenté mes chances de réussite. En revanche, leurs niveaux des connaissances thoraniques m’ont permis d’atteindre moi-même un niveau appréciable dans l’étude Talmudique. En effet les textes du Talmud présentent un caractère d’une logique et d’une compréhension telles que cela m’a permis de comprendre aisément le sens des mathématiques abstraits. L’apport de cette fabuleuse étude d’une part, et d’autre part leur respect constant par rapport à mes valeurs personnels ont engendré un renforcement de ces dernieres. Pour parler du domaine des loisirs dans l’enceinte de cette institution, leurs voyages organisés par leurs soins en Israël ont été l’objet d’un séjour extrêmement profitable en tout point de vue et j’en garde un souvenir unique et très heureux. Et pour relater mon activité actuelle, après avoir complété mon DEC en Psychologie, j’ai découvert une attirance envers la Théorie des Statistiques et de la Probabilité. J’ai gradué de l’Université Concordia avec un Bac en Actuariat et finance. J’ai également complété les 5 examens préliminaires de la Société des Actuaires. Vers la fin de mes études universitaires j’ai eu l’opportunité de travailler dans une compagnie qui offre des solutions actuarielles en matière de régime de retraite, et ce jusqu’à ce jour. Parallèlement à cela, je continue d’écrire les examens afin d’obtenir le titre de ‘’Fellow’’ de la Société des Actuaires. Je saisis cette occasion pour remercier tous ceux qui ont contribué à mon éducation dans votre école.
Daniel Attias, Promotion 2010 J’ai effectué presque toute ma scolarité à Yavné et j’ai le mur de ma chambre tapissé de tous les beaux souvenirs de mon parcours. Équipe de basket, sorties, shabatons, graduation à New York, etc. Ce que je retiens le plus de mes années à Yavné, c’est le dévouement de tous les intervenants et bénévoles pour nous donner toujours les meilleures conditions dans le respect de nos valeurs et de la Halacha. Le fait d’avoir eu des classes un peu plus petites (puisque les garçons et les filles sont séparés) m’a permis de créer des liens d’amitié très forts avec mes camarades. Il y a deux ans, après avoir gradué, j’ai décidé de combiner le meilleur des deux mondes comme à Yavné, soit Kodech et Hol. Je terminerai donc en juin si Dieu veut, un Bachelor en Administration à FDU (Fairleigh Dickenson University) au New Jersey, qui m’a permis
© Made in Yavné ישיבה יבנה
YAVNÉ Moshe Chalom Dahan Promotion 2009 Dès l’âge de la maternelle j’ai débuté ma vie d’étudiant à Yavné ; nous etions une petite classe et sommes restés une famille soudér. Ce fut une grande source d’inspiration pour moi où on m’a inculqué des valeurs inestimables. En mettant les choses en perspective, je peux maintenant dire que Yavné a été un pilier pour ma réussite et m’a permis de développer cette passion innée pour l’étude de la Torah. Les rabbins à Yavné on su me guider par leur encouragement et leur façon exemplaire de vivre la Torah au quotidien. Les souvenirs que j’ai de ma jeunesse sont parsemés de moments de joie en classe avec mes camarades avec qui je suis encore en contact aujourd’hui et avec qui j’ai développé des relations solides. Les cours étaient bien balancés entre le Chol et le Kodesh, ce qui nous a permis de nous instruire de connaissances nécessaires à la vie de tous les jours. En tant que jeunes garçons nous étions stimulés intellectuellement et aussi actifs physiquement. À Yavné le potentiel de chaque élève a toujours été pris en considération afin de l’aider à s’élever spirituellement pour grimper chaque échelon avec Emunah. Après avoir vécu une expérience comme Yavné, j’ai fait un choix éclairé d’aller à la Yeshiva en Israël où je suis resté 5 ans. Je suis présentement à Lakewood (BMG) où j’ approfondie mon étude de la Torah et du Dereh Erets. Je ne sais pas où je serai aujourd’hui si je n’avais pas eu cette éducation; une chose est certaine c’est que je suis sur le bon chemin et très reconnaissant envers mes parents , mes professeurs et bien sur mes Rabbanim qui m’ont poussé dans cette voie de Torah. Merci pour cette magnifique Yeshiva sépharade religieuse à Montreal et pour ces belles années d’apprentissage. suite à une entente avec la Yeshiva Tiferet Thora de faire créditer une bonne partie des cours suivis à la Yéshiva. Pour les autres cours universitaires spécifiques à ma concentration, mes années à Yavné m’ont très bien préparé à y faire face puisque j’ai été admis sur le “Dean’s list”. Mes autres camarades qui ont choisi une année de Kodech en Israël sont tous revenus l’an dernier et termineront avec brio leur première année de CEGEP en juin. Je remercie donc Yavné pour toutes ces belles années et j’encourage tous les parents soucieux de combiner la réussite académique et spirituelle à envoyer leurs enfants à Yavné.
Inspirer...... Apprendre...... Réussir...... pour bâtir l’avenir
Hanna Benarroch Promotion 2010 En tant qu’ancienne élève de la Yeshiva Yavné je tiens à vous exprimer ma satisfaction face à l’enseignement que j’ai reçu, bien que nuls mots ni expressions peuvent dégager les valeurs que cette école m’a inculqués : en matière Hol comme en Kodech. Plus je grandis, plus je réalise que La Yeshiva Yavné est l’essence de ma motivation dans tous les domaines. Elle m’a non seulement enseigné la rigueur et le savoir-faire, mais aussi des valeurs qui me suivront au fil de mon avenir. Elle m’a montré comment distinguer la carrière professionnelle du spirituel. La Yeshiva Yavné n’a pas joué le rôle d’une école ordinaire, mais plutôt celui d’une deuxième famille. Aujourd’hui, la plupart des jeunes ont tendance à hésiter sur le chemin vers lequel ils devraient se lancer, mais la Yeshiva Yavné m’a pleinement évité ce doute. Cette école a su me guider dans le meilleur des avenirs qu’une Bat-Israel pourrait avoir. L’école Yavné m’a appris à être fière de ma culture et de mes traditions tout en imprégnant en moi la volonté de suivre le chemin de nos ancêtres: celui de la Torah. Mes Morot m’ont non seulement enseigné la Torah avec amour, mais elles ont surtout su transmettre cet amour pour la Torah et les Mitzvot, ce qui a donné naissance à des valeurs qui ne se détacheront jamais de ma Néchama. Après mes études secondaires, j’ai été inspirée à passer un an au séminaire Bnos Chava à Jérusalem. J’ai maintenant gradué du CEGEP Dawson et je peux certainement dire que j’ai très bien été préparée pour réussir dans le domaine des sciences de la santé, que j’étudie actuellement. La confiance que Yavné a insufflée en moi et la émouna que j’ai héritée de mes Morot sont le moteur de ma réussite. Aujourd’hui je reconnais et j’apprécie tout le travail qui a été fait afin d’assurer la réussite des élèves à tous les niveaux. Je tiens à remercier tout le personnel de la Yeshiva Yavné pour leur courage et leur dévouement vers l’épanouissement de tous ses élèves.
Mikhal Benisty Soussan Promotion 2009 Je suis fière finissante de la Yéshiva Yavné, autrement connue pour la première promotion de filles à graduer. L’éducation inoubliable qui m’a été transmise aussi bien au niveau académique que spirituel n’est pas comparable. Jusqu’à présent, je continue à grandir et à m’épanouir grâce aux principes que mon
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YAVNÉ Myriam Amselem Promotion 2011 En tant que finissante de la Yéshiva Yavné, je tiens à exprimer ma gratitude envers cette merveilleuse école qui a contribué à mon éducation tant spirituelle que séculaire. Mes années à l’école Yavné se sont passées comme une nuit de sommeil avec une multitude de beaux rêves. Je me réveille et me voilà déjà quitter mon école, mes amies et mes professeurs pour franchir une nouvelle étape dans ma vie. Les jeunes filles avec lesquelles j’ai eu la chance de grandir étaient comme des sœurs à mes yeux et tous ses merveilleux souvenirs que nous avions partagé resteront à jamais graver dans ma mémoire. Nous nous encouragions mutuellement à surmonter les épreuves quotidiennes. Toutes ses années de travail acharnées et toutes ses nuits blanches que nous avions passées dans un cadre saint et religieux ont toujours été accompagnées de plaisir et de complicité. C’est un équilibre que très peu d’école peuvent se vanter d’atteindre. Par ailleurs, Yavné s’adapte efficacement aux besoins de chaque élève individuellement. Après mon secondaire, j’ai parcouru mes études au collège Dawson et je peux affirmer fièrement que Yavné m’a donné les bases nécessaires pour réussir dans le domaine des sciences de la santé. Aujourd’hui, je reconnais que Yavné m’a fourni les outils essentiels pour surmonter les obstacles qui surviennent dans ma vie de tous les jours. Mes morot m’ont non seulement enseigné des connaissances fondamentales mais aussi transmis un amour pour la Tora et des valeurs indispensables. Je tiens d’ailleurs à remercier profondément tout le personnel qui s’est impliqué dans l’éducation et dans l’épanouissement de tous ses élèves. Avec l’aide d`Hashem, je compte entreprendre mes études en science biopharmaceutique à l’Université de Montréal ou en ergothérapie à McGill. Yavné représente non seulement ma deuxième famille mais aussi l’essence de ma réussite.
école m’a enseignés. Mon école m’a permis de poursuivre mes études en sciences de la santé ainsi que de valoriser l’importance de la Torah. En ce moment, je me trouve à Lakewood où mon mari étudie au Kollel et où j’enseigne les maths, les sciences et l’histoire. Merci Yavné de m’avoir rendue la femme que je suis aujourd’hui.
Excellence académique dans un environnement de Torah
CULTURE « Kanlica » un très beau roman de J. Erol Russo de Fred Günsburg dans le Québec des années 60, où on lui confie le poste très prisé d’assistant Chef de l’Orchestre Symphonique de Montréal; son terrible accident de voiture, qui faillit lui coûter la vie, sur une route enneigée et très verglaçante des Cantons de l’Est; sa longue et pénible convalescence dans un Hôpital montréalais… Kanlica est un roman fascinant qui conjugue habilement des secrets enfouis sous les cendres d’un passé funeste, des tourments de l’Histoire, une ode vibrante à la musique classique, des réflexions politiques perspicaces sur l’Israël contemporain et une intrigue terrifiante. Un récit poignant mené tambour battant par Joseph Erol Russo. Ce roman est-il une auto-fiction, c’est-à-dire une œuvre fictive recelant des passages autobiographiques ?
Jacob Erol R. Russo Kanlica — qui se prononce Kanlidja en langue turque — est une petite et somptueuse baie sise au milieu du Bosphore, à quelques encablures d’Istanbul. Cet ancien village de pêcheurs tire son nom des yali —terme turc signifiant une demeure construite à proximité de l’eau — de couleur sang (Kan en langue turque) qui parsèment la côte des deux côtés du majestueux Pont de Mehmet le Conquérant — le deuxième pont longeant le détroit du Bosphore. Le village de Kanlica est aussi connu pour ses fameux yogourts, que l’on mange de préférence sucrés, au miel ou avec de la confiture. Un vrai délice ! Ce n’est pas par hasard que Joseph Erol Russo a intitulé Kanlica le très beau roman qu’il vient de commettre. Le personnage principal de ce récit très enlevant, le grand Chef d’Orchestre Fred Günsburg, Juif natif d’Istanbul, est depuis sa tendre enfance subjugué par la beauté indicible de ce bourg turc. Quarante ans après son départ de son pays natal, Fred Günsburg, devenu depuis un musicien et un Chef d’Orchestre de renommée mondiale, décide de retourner à Kanlica. Des souvenirs de jeunesse rejaillissent alors avec force. Des réminiscences très touchantes relatées avec brio par Joseph Erol Russo : l’initiation au monde de la musique; l’enfance dans un quartier d’Istanbul jouxtant une Mosquée; les 400 coups avec les petits copains dans des ruelles exotiques et cacophoniques; la Turquie des années 60; le coup d’État militaire qui renversa le gouvernement alors au pouvoir à Ankara; la passionnante Saga historique des Juifs de Turquie; l’arrivée 100 | magazine LVS | septembre 2013
« Certainement, répond Joseph Erol Russo sur un ton posé. J’ai laissé aller mon imagination, mais plusieurs épisodes relatés dans ce roman sont des faits réels que j’ai vécus. Né à Istanbul, dans une famille juive traditionaliste — son père était Sépharade et sa mère Ashkénaze —, Joseph Erol Russo émigra au Canada en 1964. Peu de temps après son arrivée au Québec, il fut victime d’un grave accident de voiture qui faillit lui faucher la vie. C’est à l’hôpital, dans un état quasi comateux, qu’il vivra une expérience métaphysique qui le bouleversera profondément et changera radicalement le cours de sa vie. Une expérience — existentielle qui l’a profondément marqué, le retour à la vie après avoir franchi le seuil de la mort, qu’il a racontée dans un livre autobiographique très poignant publié en 2005, Ailleurs. Joseph Erol Russo est aussi un artiste-peintre très talentueux. Le roman Kanlica est en vente dans plusieurs Librairies de Montréal, notamment dans les Librairies Renaud-Bray et à la Librairie Olivieri sise sur la Rue Côte-des-Neiges. Le Numéro ISBN de cet ouvrage est : 978-2-9808976-1-0. Joseph Erol Russo www.erol-art.com On peut contacter Joseph Erol Russo à l’adresse courriel : erol.r@videotron.ca et voir ses œuvres au www.erol-art.com Elias Levy La première version de cet article est parue dans la « Canadian Jewish News »
CULTURE
Raphaël Lévy nous présente son nouveau roman Raphaël Lévy n’est pas un inconnu dans notre communauté. En effet cet artiste et romancier nous avait déjà initié à sa prose poétique lors de son premier roman « L’homme qui voulait changer le monde » (Éditions Michel Brûlé, Montréal, 2009). Sa deuxième œuvre prend une direction originale en se penchant sur un personnage emblématique de la Bible, le Roi David. « La vie fabuleuse du berger devenu roi d’Israël* », tel est le titre du Roman Raphaël A. Lévy qu’il vient de publier aux Éditions Coups de Cœur, Montréal 2013. Pour en savoir plus sur les motivations de l’écrivain, La Voix Sépharade lui a posé quelques questions : LVS : Quelles ont été les raisons qui vous ont poussé à vous intéresser de près au personnage de David devenu deuxième Roi d’Israël après la mort de Saül et combien de temps avez-vous consacré à cet ouvrage ? Raphaël Lévy. : Le personnage d’un berger, le plus jeune de la fratrie de Yishay, que Samuel va oindre pour devenir Roi d’Israël, méritait qu’on lui consacre une histoire basée non seulement sur la fiction, nécessaire à tout roman, mais également sur des faits attestés par l’histoire elle-même. Je voudrais préciser que ceci est un projet dont je rêvais depuis dix ans. LVS : Quelles ont été les sources principales dans vos recherches ? R.L. : La lecture des textes sacrés, particulièrement la Bible (traduction du Rabbinat de France) Les deux livres de Samuel, Les Rois, les Chroniques, les Psaumes évidemment a été pour moi la source de mes recherches sur le personnage, J’y ai découvert une logique historique structurée. Je peux affirmer que les auteurs des textes bibliques ont accompli en quelque sorte un vrai travail de journalisme de par leur style et également de par la précision du détail dans le récit. Je voudrais également préciser que je n’ai pas voulu me lancer dans les textes du Midrash en raison des contradictions que l’on trouve, le récit biblique se suffit à lui-même. D’autre part il est important de signaler que l’on ne trouve point de favoritisme dans le récit biblique. Les personnages sont décrits tels qu’ils sont, c'est-à-dire avec leurs forces et leurs faiblesses. LVS : Pouvez-vous décrire quelques traits de ce personnage qui vous l’ont rendu si attachant au point d’en faire le héros de votre roman ?
fascine et qui, dans le contexte de son époque, est largement en avance sur son temps. Roi unificateur, il transforme Jébu, une modeste bourgade, en une capitale, Jérusalem, pour son royaume. Il a su créer la diplomatie dans un environnement difficile vis-à-vis des nations qui l’entouraient. Et surtout il sait rester humble, un trait de caractère dont il est fait peu mention, car ce modeste berger n’avait point l’ambition de devenir roi d’Israël. J’ai pris pour référence trois épisodes de la Bible : Tout d’abord il est oint par le prophète Samuel, on y trouve donc l’inspiration divine. En deuxième lieu il n’y avait pas urgence car Saül était toujours sur le trône et David le vénérait comme un père et considérait son fils Jonathan comme son frère. Lors de l’accession au trône, David est plébiscité par les douze tribus. Enfin nous retrouvons tout au long de son règne cette indéfectible et étroite relation avec D.ieu à travers les Psaumes. Un Roi guerrier, diplomate, poète et musicien. Comment ne pas être séduit et fasciné par un tel personnage ? LVS : C’est également un roi qui est en proie à des tragédies. R.L. : En effet celles-ci ont été nombreuses depuis la mort de son meilleur ami Jonathan, puis de son fils conçu avec Bethsabée, en passant par la révolte de son fils Absalon et la mort tragique de ce dernier qui le marque profondément, puis le viol de sa fille Tamar par le demi-frère de celle-ci. Il reste pour moi un personnage Racinien mais également pragmatique car il reste avant tout humain. LVS : Avez- vous rencontré des difficultés spécifiques lors de vos recherches ? R.L. : Quelques unes, surtout au niveau des noms bibliques qui ont tendance pour certains à se ressembler un peu trop, dans ces cas là j’ai pris la liberté de les transformer. Du point de vue style, la chronique ne fait pas dans le détail, alors j’ai fait appel à mon imagination surtout pour la description des us et coutumes et des paysages. LVS : Une définition en quelques mots du personnage. R.L. : Son génie était à la mesure de son humilité. Elie Benchetrit * Points de vente : Librairie Oliviéri, Librairie Outremont, Chapter Indigo, Renaud Bray, Victoria Gift Shop
R.L. : Le Roi David, tel que je l’ai découvert à travers mes recherches, reste avant tout un personnage humain qui magazine LVS | septembre 2013 | 101
CULTURE
Hervé Teboul, concepteur d’un nouveau « Centre d’art et loisirs » pour la communauté Beaucoup de gens connaissent l’œuvre aux accents méditerranéens du peintre Hervé Teboul, niçois sépharade ayant choisi Montréal comme terre d’accueil. Depuis son arrivée à Montréal il y a 17 ans, Hervé n’a pas chômé. Il a ouvert plusieurs galeries et écoles d’art, il a offert des cours dans des écoles et dans la communauté, vendu ses toiles aux plus grands amateurs d’art, dissipant à tous vents sa passion pour la peinture.
LVS : Il paraît que vous recevez ici des groupes du camp Benyamin. De quoi s’agit-il ? H.T. : Depuis le mois de juin, chaque semaine, le centre reçoit des groupes de 30 à 50 enfants âgés de 6 à 9 ans. Ils suivent un cour d’initiation à la peinture de deux heures, en partenariat avec la CSUQ jusqu’à l’automne. C’est une belle expérience de groupe pour tous. LVS : Qu’est-ce qui vous pousse à en faire autant dans la vie ?
Rencontre avec celui qui a la tête pleine de projets mais les pieds bien sur terre.
H.T. : J’aime partager ma passion et mon expérience artistique de plus de 20 ans. Mon désir est de rendre accessible à tous l’art, pour les bienfaits que cela procure. Ici, des gens de tous horizons se découvrent des talents et ce, dans un contexte non académique. Nous touchons toutes les tranches d’âge : en partant de petits de 3 ans à des personnes de l’âge d’or.
LVS : Parlez-nous de votre nouveau projet, le Centre d’art et de loisirs.
LVS : Comment se fait-il que vous qui êtes artiste soyez aussi un homme d’affaires ?
Hervé Teboul : En juillet 2012, après avoir passé quatre ans à donner des cours au YMHA à des adultes et à des enfants, j’ai décidé de monter un centre d’art et de loisirs. Je trouvais qu’il y avait un besoin pour un lieu artistique original desservant la communauté, avec en plus un espace casher et la possibilité d’y organiser des anniversaires d’enfants. Comme je voulais rester dans le quartier CDN-NDG près des familles, en octobre, avec mon équipe, nous avons ouvert nos portes sur la rue Queen Mary. Le concept : un espace avec plusieurs zones à aires ouvertes. Dans ce même lieu : une école de peinture pour adultes et enfants, une section bistro où l’on peut luncher le midi et prendre un café (tout est casher, la nourriture salée provenant du bistro Exception et les pâtisseries du délicieux traiteur Mimi Melon), une section a été aménagée pour les fêtes d’enfants où l’on peint des héros de films d’animation en regardant un film (technique d’arrêt sur image) et on mange un gâteau sur le même thème, sans lait ni noix pour personnes allergiques. Notre espace a aussi été pensé pour recevoir des gens qui veulent essayer une expérience en peinture mais ne veulent pas nécessairement s’engager dans un long processus de cours. Pour eux, nous avons créé le « café-peinture » où ils peuvent venir peindre pendant 2 heures, guidés par notre équipe, et repartir avec leur toile. Cela peut aussi devenir une activité familiale parent-enfant, pour 32$ par personne, matériel inclus ! Nous organisons aussi des vernissages dans notre espace aux immenses murs. Nous louons à des organisations, avec service de traiteur casher, soit en version buffet ou service aux tables. Ceci plaît bien aux différentes associations de la communauté.
H.T. : J’ai toujours eu une fibre artistique, ce qui s’est naturellement greffé à une formation commerciale. Avant d’arriver au Canada, j’étais directeur général d’un centre de thalassothérapie dans le Sud de la France. Et puis l’art m’a rattrapé avant ma retraite. Je n’ai pas choisi ma vocation, c’est elle qui m’a choisi voilà presque 20 ans ! (Rires)
Hervé Teboul
LVS : Votre opinion du Québec et du milieu de l’art ici ? H.T. : Au Québec, il y a beaucoup à faire dans le milieu artistique et peu d’artistes se lancent en affaires. Moi, j’ai la chance de pouvoir m’exprimer ainsi et d’essayer des nouvelles choses. Au Canada, nous avons la facilité de communiquer sans hiérarchie, une simplicité de vie, de l’espace, des possibilités en affaires et la confiance des gens. LVS : Pourquoi avoir misé cette fois-ci sur ce projet en particulier ? H.T. : Ceci est mon projet le plus complet, en liaison avec ma communauté… et quel plaisir ! Il touche tous les âges et toutes les classes sociales car tout le monde peut débourser une trentaine de dollars pour apprendre quelque chose de nouveau et repartir avec un rêve. Emmanuelle Assor Centre d’art et loisirs Signature Hervé Teboul Tel : 514-733-7776 et 514-947-4002 4978 rue Queen Mary (presqu’en face du métro Snowdown) Facebook : signatureherveteboul
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CULTURE
De Marrakech à Montréal Dans son livre de Marrakech à Montréal, Fiby Bensoussan rend hommage à une vie aussi imparfaite que touchante, ancrée au Maroc, nourrie de superstition et de chaleur humaine. Le livre se présente comme une collection de récits qui racontent, autant par son expérience personnelle que par des anecdotes amicales et des leçons talmudiques, un parcours auquel peuvent s'identifier de nombreux membres de la communauté séfarade de Montréal. Bien qu'elle y ait présenté un lexique des termes exotiques pour la compréhension du lecteur non-initié, il s'agit surtout d'un récit familial, au sens communautaire du terme. Fiby Bensoussan raconte à ceux qui peuvent se rappeler, comme autour d'un feu la nuit, les petits détails de leur existence, tantôt difficile, tantôt sublime. On se situe surtout dans l'enfance marocaine de Fiby Bensoussan, qui voit passer dans le Mellah dans lequel elle évolue un ivrogne musulman connaissant toutes les prières juives, des vieilles servantes pliées en deux, une chleue érudite et forte, un rabbin aveugle qui bénit les malades, ainsi que de nombreux autres personnages, colorés, typiques à un espace et à une époque, mais finalement universels.
Se dresse dans cette collection de récits une notion très forte de la communauté. Une petite communauté, tissée serrée, unie autour du judaïsme et de l'amour pour Israël, amour si fort qu'il marque tous les événements, autant heureux que malheureux. Même lors d'une présentation de théâtre avec sa troupe du Bel-Âge, qui se fait dans le bonheur et dans un esprit de jeunesse, Fiby Bensoussan se demande ce qui se passe en Israël, troublé régulièrement par des guerres et des agressions dans la région. Lorsque Fiby raconte son inquiétude, on sent évidemment que celle-ci est partagée par tous ses confrères et toutes ses consoeurs. On peut se demander si ce livre est accessible à tous. Bien que le lexique final puisse aider à comprendre certains termes, il semble évident que les idées, les expériences et les émotions s'adressent à un public particulier, ce qui n'est pas sans mérites. L'expérience de migration de Fiby s'ancrera dans le coeur de nombreux membres de la communauté séfarade du Québec, qui connaissent un rapport assez spécial avec la terre : terre d'origine au Maroc, terre d'accueil au Québec, et terre près du coeur en Israël. De Marrakech à Montréal, c'est une expérience spécifique, marquante, parfois difficile, qui inspire chez Fiby Bensoussan poésie, rire et solidarité. Bensoussan, Fiby, De Marrakech à Montréal, Éditions du Marais, 2009, 171 pages. Joseph Elfassi
CULTURE
Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld, « qui se ressemble s’assemble »… On peut facilement imaginer que Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld se connaissent. En effet, ces deux humoristes se sont rencontrés il y a quelques années et sont amis depuis. Mais que fait Jerry Seinfeld depuis que « Seinfeld », son émission culte a pris fin ? Il fait du stand up et il s’amuse. Avec «Comedians In Cars Getting Coffee», son récent projet web, il invite des stars américaines telles que David Letterman, Alec Baldwin, Larry David à boire un café et se balader avec lui en voiture d’époque. Cette fois-ci, l’invité était nul autre que Gad Elmaleh, et la voiture, c’était une 2 CV. Le résumé de l’émission ? En 17 minutes trop courtes, on a droit à une visite éclair du New York « français », une rencontre entre amis, des rires, des baguettes de pain croquées sur le vif et une dégustation de frites dites « French Fries » qui ne sont pas si françaises que ça… Petite séance de questions pour en savoir plus sur ce sympathique projet. LVS : Comment avez-vous rencontré Jerry Seinfeld ? Gad Elmaleh : On s'est rencontrés quand j'ai fait la voix française d’un des personnages de son film d’animation « Bee Movie ». De là est née une belle amitié et une grande complicité.
Jerry Seinfeld et Gad Emaleh LVS : Qu’est-ce qui vous lie tous les deux ? Un même humour des deux côtés de l'Atlantique, malgré la différence d'âge et de culture ?
Je pense que nous partageons le même goût, voire la même obsession pour l'observation des gens et des choses. C'est lui qui a décidé de m'inviter à son émission web « Comedians in Cars getting Coffee » (CCC). Comme d’habitude il n’invite que des humoristes américains, j'étais très touché d'être sur la liste des gens qui l’intéressent et le font rire !
G.E. : Il est vrai que nous venons de deux cultures différentes, lui étant Juif new-yorkais et moi Juif marocain. Mais je crois en l'universalité de l'humour. On se comprend et on partage les mêmes délires. J'adore sa façon de disséquer le quotidien et de le mettre en scène. Je crois qu’on peut aisément dire que nous sommes complices. D’ailleurs, plusieurs personnes qui ont vu le show on dit que l’on se ressemble. Qu’on a la même démarche, dans tous les sens du terme !
LVS : Comment s'est passé le tournage ?
LVS : Quelle est la suite de cette collaboration ?
G.E. : J’étais déjà à New York au printemps pour ma tournée nord-américaine alors c'était l'occasion rêvée pour le tournage...On a passé une superbe journée ensemble et en fait, je ne réalisais pas qu'on était filmés. Je passais juste du bon temps avec un ami que j'admire et qui me fait rire.
GE : Je suis très reconnaissant de cette invitation. Pour moi, c'est une manière formidable d'être présenté au public américain. C'est une opportunité que j’ai saisie et j’ai déjà hâte de revenir aux Etats-Unis.
LVS : Quel est l’incident le plus comique qui est arrivé pendant que vous étiez ensemble ? G.E. : Pendant le tournage, la voiture 2 chevaux tombait tout le temps en panne et Jerry était très agacé. Moi j'étais un peu gêné et je ne savais pas comment réagir… Mais en fin de compte, c’était assez comique !
LVS : Vos projets d’avenir en Amérique du Nord ? G.E. : Je joue en anglais dans le cadre d’un gala de Just for Laughs avec Eddie Izzard, le 25 juillet 2013 à la Place des Arts. Les 10, 11, 12 octobre 2013, je présenterai mon nouveau spectacle « Sans tambour » au Théâtre St Denis. J’adore Montréal et suis toujours content d’y revenir. Pour voir l’émission complète : http://comediansincarsgettingcoffee.com/gad-elmaleh-nolipsticks-for-nuns Emanuelle Assor magazine LVS | septembre 2013 | 105
FÉLICITATIONS Daniel Benlolo, récipiendaire du Prix du Gouverneur Général pour l'entraide
Son Excellence le très honorable David Johnston, Gouverneur général du Canada et le Cantor/Chazan Daniel Benlolo Crédit photo: Cpl Roxanne Shewchuk, Rideau Hall © Office of the Secretary to the Governor General (2013)
Cantor, chazan, directeur de la chorale de sa congrégation Beth Shalom à Ottawa, co-fondateur d’un conseil « inter-religieux », bénévole dévoué auprès des aînés et de personnes handicapées, récipiendaire de divers prix pour son dévouement envers sa communauté, il n’est pas surprenant d’apprendre que Daniel Benlolo s’est mérité Le Prix du Gouverneur général pour l'entraide, lors d’une cérémonie le 25 avril 2013, à Rideau Hall, Ottawa. Questions et réponses d’un grand homme qui ne finira jamais de nous surprendre. LVS : Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs le prix que vous venez de recevoir ? D.B. : Vous savez, dans notre communauté, beaucoup de choses passent sous le radar! Je ne savais même pas que j’allais recevoir un prix de ce genre jusqu’au moment où j’ai reçu un appel me l’annonçant. En fait, plusieurs personnes influentes avaient proposé ma candidature pour ce prix, une reconnaissance émanant du Bureau du gouverneur général du Canada. J’étais un des seuls Juifs le jour de la cérémonie et j’ai même eu droit à un repas cacher spécial pour ma famille et moi. Ce fut tout un honneur.
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DIVERS
LVS : D’après vous, pourquoi avez-vous mérité ce prix, vous qui en faites tant pour votre communauté ?
en espagnol, ladino et hébreu, préparer des Bnei-Mitzvah de jeunes, de personnes âgées et même handicapées.
D.B. : Depuis quelques années, je siège dans un conseil «inter-religieux» à Ottawa où je réside, et tous les ans nous allons au Parlement chanter avec mes confrères de toutes les religions. Notre message est que nous sommes unis et que nous avons établi un dialogue. Je suis aussi souvent invité à performer lors de réceptions dans les différentes ambassades à Ottawa. Dans ma congrégation, j’organise des activités et des dîners avec des jeunes de toutes origines car ces jeunes ont quelque chose à dire. Mais ce prix, je l’ai surtout reçu pour saluer le travail que je fais avec ma chorale pour personnes handicapées.
LVS : Quels sont vos projets actuels avec la chorale de TAMIR ?
LVS : Parlez-nous plus en détail de cette chorale et de votre travail bénévole auprès d’elle. D.B. : Tout a commencé avec mon implication en tant que « conseiller aux questions juives » pour l’organisme TAMIR s’occupant de personnes souffrant de déficiences intellectuelles et physiques. J’ai décidé de créer une chorale pour eux. Au fil des ans, ceci est devenu ma passion et maintenant je les amène partout : en Israël, en Floride, à Montréal, à Toronto, à Calgary… C’est un rassemblement incroyable de 22 hommes et femmes dont certains ne chantent même pas mais sont là pour le plaisir. LVS : Pourquoi être constamment en mouvement comme vous l’êtes ? D.B. : Dans la vie, il ne faut pas s’arrêter. Pleins de choses me tiennent à cœur: chanter dans des hôpitaux pour des personnes atteintes de maladies graves, faire connaître la chorale de TAMIR, créer des liens entre des gens de différentes confessions, ne pas oublier d’où l’on vient, chanter
D.B. : En ce moment, nous travaillons sur un projet qui s’intitule « True Colors ». Comme son nom l’indique, notre intention est de montrer au public qui nous sommes réellement. C’est incroyable de voir ce que cette chorale est capable de faire! Ils veulent constamment se dépasser, ce sont des gens vraiment dévoués. Et la réaction du grand public est fantastique : à la fin des spectacles, ils sont debout, émus. Actuellement, nous sommes en train de préparer un clip avec Ellen Degeneres et la chorale. Détails suivront… LVS : Qu’est-ce qui sous-tend toutes vos actions ? D.B. : Mes actions sont motivées par un esprit de partage. Je voudrais que les Ashkénazes connaissent mieux les Sépharades du Maroc. En éduquant les gens par le biais de notre culture, nous pourrons bâtir des ponts. Nous avons une connexion et si je devais livrer un message, je dirais que nous sommes très proches. LVS : Au-delà des honneurs, quel est le sens de ce prix que vous avez gagné ? D.B. : Pour moi, les prix, les distinctions, les titres, ce n’est pas ce qui compte. Ce qui est incroyable pour moi, c’est de vivre et donner de soi! J’aime voir le fruit de mon travail. Je suis touché quand les membres de ma chorale me disent « Look, I made it! ». Ceci me donne un ancrage dans la vie. Comme pour tout, je saisis le moment présent et je sens que j’accomplis quelque chose. Emmanuelle Assor
Félicitation à Raphael Mamane, le récipiendaire de la Bourse Moïse et Gladys Amselem De gauche a droite : Simon Bensimon, Directeur des amis canadiens de l'université hébraïque de Jérusalem à Montréal, Raphael Mamane, étudiant de premier cycle en mathématiques et physiques et récipiendaire de la bourse Moise et Gladys Amselem 2013, Lewis Dobrin, Membre du conseil d'administration des amis canadiens de l'université hébraïque de Jérusalem à Montréal.
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FÉLICITATIONS
Joseph Elfassi, journaliste de LVS, lauréat du prix de la relève journalistique des Lys de la diversité culturelle Jeudi le 25 avril 2013, le premier gala des Lys de la diversité a eu lieu au Théâtre Outremont devant une salle bondée. Plus de 300 personnes de toutes origines, dont des journalistes connus et des artistes issus de diverses communautés culturelles, participaient à cet événement qui souligne l’excellence journalistique sous le thème de la diversité. Au cours de cette soirée colorée et joyeuse, une dizaine de prix ont été remis et des artistes dont le succès n’est plus à faire, tels Lynda Thalie et Boucar Diouf, se sont produits sur scène. Au nombre des lauJoseph Elfassi réats, Joseph Elfassi, notre chroniqueur livres (et bien plus !), s’est mérité le prix de la relève journalistique. Surpris et heureux de cette récompense, Joseph a bien voulu se prêter au jeu de l’entrevue, pour le plaisir de nos lecteurs.
j’ai dit. J’étais stressé, puis soulagé. En fait, j’aurais pu dire «Shalom» et remercier mes parents! Gagner un prix de la diversité culturelle, c’est une façon d’être encouragé malgré les obstacles que l’on vit lorsqu’on n’est pas tout à fait reconnu par l’establishment.
LVS : Vous avez reçu un prix pour votre travail journalistique, dans le cadre des Lys de la diversité culturelle. De quoi s’agissait-il ?
J.E. : Je ne pense pas qu’il y ait un avenir pour les médias traditionnels mais je serais ravi d’y participer (rires) !
Joseph Elfassi : J’avais soumis trois exemples de mon portefolio — un article de La Voix Sépharade « 100 jours plus tard », la grève étudiante, un vidéo web pour Petit Petit Gamin et une entrevue audio avec Mathieu Bock Côté — pour participer à ce concours. Et j’ai gagné le prix de la relève journalistique pour mon texte « Crise étudiante — 100 jours plus tard » publié dans la Voix sépharade en juin 2012. LVS : Est-ce que vous pensiez qu’il était possible de gagner le prix de la relève journalistique ? Que signifie pour vous la « diversité culturelle » ? J.E. : Honnêtement, je ne pensais pas que j’allais gagner, voyant surtout des journalistes consacrés comme Rima Elkouri être félicitée pour son travail dans le cadre du concours! Sur place, les prix remis remerciaient des journalistes bien établis de La Presse et de Radio-Canada et il me paraissait improbable d’être choisi. D’autant plus que je me sens comme un journaliste pas assez mainstream et à la fois ne faisant pas vraiment partie d’une minorité. Selon moi, je ne suis pas défini par mon héritage culturel mais j’en suis enrichi. LVS : Quelle a été votre réaction ce soir-là d’apprendre que vous avez gagné le prix de la relève journalistique ? J.E. : C’était un moment génial. Mais je n’avais pas envie de faire un discours comme les autres alors j’ai un peu improvisé ce que 108 | magazine LVS | septembre 2013
LVS : Quel a été votre cheminement dans l’univers médiatique ? J.E. : Depuis toujours, j’ai créé mon emploi dans le monde des médias. C’est difficile parfois mais il faut profiter de cette occasion de s’inventer constamment : les coûts sont réduits avec le web, il n’y a pas de ligne éditoriale, tu gères toi-même ton contenu, ton édition, ta diffusion, ta publicité… Je fais tout avec YouTube! Je suis mon propre diffuseur, mon propre C.A, mon magazine web. Je n’attends pas que Châtelaine ou L’Actualité me demandent d’écrire sur un sujet qui me plaît, je le fais moimême. Cela étant dit, un prix comme celui que j’ai gagné, est un coup de pouce très apprécié pour des jeunes qui essaient d’entrer dans un monde médiatique petit et hermétique. Cela m’a permis de faire de belles rencontres, de réseauter, d’élargir mon bassin de connaissances. LVS : Quel avenir selon vous pour les médias ?
LVS : Comment votre héritage juif, québécois, montréalais a défini votre identité et vous a mené là où vous êtes aujourd’hui ? J.E. : Depuis que je suis jeune, ce qui m’intéresse le plus, c’est de développer une pensée critique et rigoureuse. Etre juif ne me définit pas mais me donne une certaine sensibilité. Je suis né à Boston, j’ai vécu à Paris 6 ans puis à Rouyn-Noranda pendant 5 ans où j’ai fait mes études secondaires et mon CEGEP, pour atterrir à Montréal pendant 7 ans et tenter ma chance à Toronto pendant quelques mois, le temps d’un contrat à la télévision. Mais je me définis comme un Montréalais. LVS : Parlez-nous de vos projets d’avenir. J.E. : Je travaille sur un show d’humour avec mon ami Dave Morgan, dans le cadre du Zoofest en juillet 2013. Mon expérience avec Toronto est terminée et je reviens à Montréal pour faire du stand-up et en quête de nouveaux contrats dans le vaste domaine des communications : que ce soit la radio, le web, la télé, le web social, la presse écrite… J’aimerais aussi écrire un livre d’autofiction car écrire un livre est ma plus grande aspiration. Dans la vie, c’est simple : « I want to do it all! »
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CARNET Naissances Nous avons le plaisir d’annoncer la naissance de Meir Baroukh, né le 18 juillet 2013, à Montréal. Un grand Mazal Tov est adressé aux heureux parents Ariella et Marc Oiknine, ainsi qu’à leurs adorables filles Leah et Elisheva . Au nom de toute l’équipe de la CSUQ, nous adressons toutes nos félicitations à notre cher collègue Charles Oiknine et sa femme Sylvia, ansi que Mme Marcelle Azoulay, qui profiteront pleinement de leur rôle de grands-parents. Mazal Tov !
Madame Josette Berdah a l’immense joie d’annoncer la naissance de son petit-fils Noah Eli, né le 28 mars 2013, fils de Laurent et Anita Chriqui et frère de Samuel. Un grand Mazal Tov !
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CARNET
Décès Nous avons le regret de vous annoncer le décès de Mme Fany Azoulay Z'L mère de notre chère collègue et amie Chantal Ouaknine, survenu le 16 avril, 2013 à Montréal.
C’est avec une immense tristesse que nous vous faisons part du décès de M. Joseph Assayag Z'L, survenu le 28 mai, 2013 à Montréal. Il était un grand communautaire et responsable de l’Appel Juif Unifié.
Nous avons la tristesse d’annoncer le décès de Monsieur Avraham Levy Z'L, le père du Rabbin Yaacov Levy, de la Synagogue Beth Rambam à Côte St-Luc.
C’est avec une immense tristesse que nous vous faisons part du décès de Madame Berthe Serfaty Z'L bat Vida, sœur de M. Judah Castiel, Président de L’institut de la Culture Sépharade et de Mme Lisette Eljarrat.Son décès est survenu à Madrid, samedi 15 juin 2013.
C’est avec tristesse que nous vous faisons part du décès de Madame Myriam Sabbah Z'L, mère d’Ariel Sabbah, Président de la congrégation Or Hahayim.
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fbngp.ca Financière Banque Nationale est une filiale en propriété exclusive indirecte de la Banque Nationale du Canada qui est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA : TSX). Financière Banque Nationale est membre du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE).
LE MOT DU PRÉSIDENT Sylvain Abitbol
Chers amis, En tant que président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec, je tiens tout d’abord à vous adresser ainsi qu’à vos familles, mes meilleurs vœux pour une année 5774 pleine de bonheur, de succès et surtout de santé. C’est pour moi un immense privilège d’assumer la présidence d’une institution qui, depuis plus d’un demisiècle a fait sa marque, à travers ses réalisations, non seulement au sein de la communauté juive montréalaise mais également de la société québécoise et canadienne. Je suis conscient que succéder à un président du calibre de Marc Kakon représente un grand défi. Mon ami Marc, visionnaire et homme d’action, a su redonner à notre institution le coup de fouet nécessaire pour la positionner dans les « ligues majeures ». Il s’est investi pleinement dans toute une série de projets novateurs qui ont été menés à terme avec le succès que l’on connaît. Ceci étant dit, je prends l’engagement de persévérer dans cette voie qu’il a su si bien tracer et dont les axes principaux ont été de bien positionner la CSUQ au sein de la grande communauté juive de Montréal dont nous sommes une branche importante et d’ouvrir de nouvelles perspectives à nos jeunes afin que ceux-ci trouvent non seulement leur place au sein de nos institutions communautaires mais qu’également ils s’y impliquent. Nombreux sont ceux qui l’ont fait déjà, et je m’en félicite. Poursuivre le travail social entamé depuis plusieurs années envers nos plus démunis et ce, en collaboration étroite avec les agences de la Fédération et bien sûr de nos constituantes et d’autres organismes juifs de charité resteront mes priorités lors de mon mandat. Je tiens à souligner à propos de ceci que je m’engage également à travailler en étroite collaboration avec la Fédération CJA afin de réaliser ce rêve auquel nous aspirons tous ensemble, sépharades et ashkénazes, de former une communauté juive forte et unie capable de servir ses membres de manière optimale. Comme je l’ai dit dans mon discours d’investiture en juin dernier, mon vœu le plus cher c’est que dans deux ans, c'est-à-dire à la fin de mon mandat, le nouveau président de la CSUQ soit un ou une jeune appartenant à cette nouvelle génération née ici et qui a su si bien faire ses preuves dans tous les domaines si l’on en juge par les nombreuses réussites personnelles que l’on constate jour après jour dans les divers secteurs de la vie économique, académique, médicale et culturelle de notre métropole. Nous sommes l’exemple d’une des communautés les mieux intégrées dans le tissu social de ce pays qui nous a si généreusement accueillis il y a plus d’un demi siècle. Pour conclure, j’en appelle à l’ensemble de nos membres, quelles que soient leurs appartenances pour qu’ils s’impliquent davantage à tous les niveaux de la vie communautaire. Que ce soit en participant, comme ils le font si généreusement chaque fois qu’ils sont sollicités, lors de nos campagnes de financement pour aider les segments les plus fragiles de notre communauté, mais aussi en assistant nombreux à nos activités cultuelles, culturelles et sportives, sans oublier évidemment le soutien envers nos constituantes, nos écoles communautaires, Israël bien entendu et notre magazine LVS qui ne cesse de s’améliorer au fil des ans. Je les invite également à faire partie de nos divers comités d’action et de réflexion. Votre engagement renforcera, j’en suis convaincu, votre appartenance à une communauté vibrante qui a su maintenir, renforcer et transmettre son riche héritage et ses traditions sur le continent nord-américain. J’en appelle à votre engagement actif auprès de notre institution pour que celle-ci continue de grandir afin de mieux vous servir. Shana Tova ou Métouka.
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RELÈVE COMMUNAUTAIRE Entrevue avec Sylvain Abitbol, nouveau président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec Le nouveau président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec (CSUQ, Sylvain Abitbol, est un leader communautaire chevronné et très résolu qui a toujours aimé relever des défis de taille. Prendre les rênes de la CSUQ durant les deux prochaines années, ce sera certainement une autre grande gageure.
sépharade qui est en cours actuellement. Les Sépharades ne forment plus une communauté passive, mais, au contraire, une communauté proactive qui se mobilise désormais avec beaucoup d’entrain pour défendre sa Mémoire historique et ses droits fondamentaux, qui ont été bafoués dans le monde arabo-islamique.
Ancien Président de la Fédération CJA de Montréal, ex-coprésident du Congrès Juif Canadien, National, et actuel coprésident du Comité Justice for Jews from Arab Countries (JJAC) — Justice pour les Juifs originaires des pays arabes —, Sylvain Abitbol a à son actif un parcours communautaire très marquant.
LVS : Quelles seront vos grandes priorités communautaires ?
LVS : Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter la présidence de la CSUQ? Sylvain Abitbol : Après mûre réflexion, j’ai accepté de présider la CSUQ parce que je pense que mon implication pourra être bénéfique pour la communauté sépharade. Les défis que cette dernière devra relever au cours des prochaines années sont très grands. En scrutant le paysage de la communauté sépharade, j’ai essayé d’envisager où celle-ci sera dans une dizaine d’années ? Je suis arrivé à la conclusion que la communauté sépharade jouera un rôle important dans la communauté juive de Montréal parce qu’elle a atteint une certaine maturité. Aujourd’hui, la communauté sépharade peut s’enorgueillir de compter en son sein des jeunes adultes qui ont brillamment réussi sur le plan professionnel -médecins, chercheurs scientifiques, avocats, hommes et femmes d’affaires, chefs d’entreprises, ingénieurs, informaticiens, architectes, comptables, universitaires, éducateurs... — et qui sont parfaitement bien intégrés dans la société québécoise. C’est un immense atout non seulement pour la communauté sépharade, mais pour la communauté juive dans son ensemble. Nous devons absolument encourager ces jeunes professionnels très dynamiques à s’impliquer communautairement. Beaucoup d’entre eux le font déjà. L’implication de ces jeunes adultes n’est pas uniquement un signe prometteur en ce qui a trait aux perspectives futures de la relève dans notre communauté, c’est aussi une grande source de motivation pour tous les bénévoles de ma génération qui se soucient grandement de la pérennité du Séphardisme à Montréal, au Canada et en Amérique du Nord. Un autre de mes atouts: ayant été Président de la Fédération CJA, je connais bien les rouages de fonctionnement des institutions communautaires juives de Montréal. Je ne suis donc pas un inconnu dans le système communautaire juif montréalais. Par ailleurs, mon implication à titre de co-président du Comité Justice for Jews from Arab Countries (J.J.A.C.) m’a permis de prendre conscience de l’importance du renouveau 6 | magazine LVS | septembre 2013
S.A. : Je souhaite que la CSUQ travaille en plus étroite collaboration avec les différentes Agences de la Fédération CJA. Le partenariat fructueux instauré entre le Département des Affaires sociales de la CSUQ et l’Agence OMETZ de la Fédération CJA devrait servir d’exemple et de modèle. Ces deux entités collaborent collégialement dans le domaine des Affaires sociales. Ce partenariat a donné des résultats très concrets. Bon nombre de Sépharades sont réticents à recourir aux services offerts par l’Agence OMETZ craignant qu’on les considère comme des « assistés sociaux ». Culturellement, ils se sentent plus à l’aise dans la structure de la CSUQ Le Département des Affaires sociales de la CSUQ, dirigé par Sylvia Serruya, les oriente vers l’Agence OMETZ et s’assure que celle-ci leur prodigue les Services dont ils ont besoin. Les dossiers sociaux sont gérés conjointement par les deux entités. Ce système de coopération très efficace évite les dédoublements de services. Ce modèle de coopération très réussi devrait être étendu à d’autres Agences de la Fédération CJA, notamment au Centre Cummings pour Aînés. Pour notre communauté, la voie vers un avenir prometteur passe par ce type de collaboration entre la CSUQ et la FÉDÉRATION CJA. LVS : Les jeunes seront aussi une de vos grandes priorités communautaires ? S.A. : Absolument. Si les jeunes ne s’impliquent pas communautairement, les perspectives d’avenir de notre communauté seront bien sombres. Ma deuxième grande priorité communautaire sera d’encourager les jeunes Sépharades fréquentant des mouvements et des Synagogues ultra-orthodoxes à ne pas s’éloigner de la communauté institutionnelle juive de Montréal. Dans les communautés sépharades, on voit une tendance de plus en plus religieuse, beaucoup plus ostensible qu’il y a vingt ans. Bon nombre de Rabbins sépharades ont fondé leur Synagogue et leur Kollel et se sont peu à peu dissociés de notre communauté. Mon souhait est d’encourager ces derniers à revenir dans le giron communautaire. Nous voulons travailler étroitement avec eux et aider les membres les plus nécessiteux de leurs Synagogues. Dans ces groupes de sépharades ultra-orthodoxes vivant éloignés de notre
RELÈVE COMMUNAUTAIRE
communauté, il y a des personnes âgées qui pourraient bénéficier des nombreux programmes offerts par le Centre Cummings pour aînés de la Fédération CJA, des familles dans le besoin qui pourraient recevoir de l’aide du département des affaires sociales de la CSUQ ou de l’Agence OMETZ... Aujourd’hui, au niveau spirituel, des jeunes Sépharades orthodoxes, âgés de 25, 30 ou 35 ans, cherchent autre chose que ce qu’ils peuvent trouver dans leur milieu familial. Ils vivent dans un contexte communautaire et social très différent de celui dans lequel leurs parents ont évolué. Si nous ne faisons rien pour les rapprocher de notre communauté, je crains qu’à long terme leurs enfants n’aient plus aucune attache avec celle-ci. Ce serait fort regrettable. Jusqu’ici, la Fédération CJA n’a traité que les problèmes sociaux et la question capitale de l'éducation, la question religieuse a été négligée. Il est temps qu’on s’occupe aussi sérieusement de cette question, à mon avis, cruciale pour l’avenir de notre communauté. LVS : L'éducation est donc un dossier très prioritaire dans lequel vous comptez vous investir pleinement. S.A. : Oui. Aujourd’hui, la communauté sépharade a atteint un niveau d’éducation exceptionnel. Les jeunes Sépharades ont un niveau intellectuel et d’éducation phénoménal. On sent aussi dans la communauté sépharade une forte valorisation de la culture. Il est de notre devoir de continuer à soutenir les institutions éducatives sépharades dans leur quête incessante de l’excellence académique. Aujourd’hui, toutes les écoles juives de Montréal sont confrontées aux mêmes grands défis. Pour hausser leur niveau académique et atteindre leurs objectifs pédagogiques, ces écoles n’auront pas d’autre choix que de partager mutuellement leurs ressources pédagogiques. Pour soutenir concrètement les deux Écoles sépharades de Montréal, l’École Maïmonide et l’Académie Yéchiva Yavné, je suggère que la CSUQ crée une Fondation. Il est temps que les Sépharades se dotent d’une Fondation dont les intérêts générés annuellement serviront à financer des programmes éducatifs et culturels. La Fondation Communautaire Juive de Montréal est une excellente institution pour administrer ce genre de Fondation. Je crois qu’aujourd’hui, la communauté sépharade est mature pour avoir sa propre Fondation, qui aura pour mandat prioritaire de soutenir l'éducation. LVS : La Culture sera-t-elle aussi pour vous un dossier très important ? S.A. : Oui. Mais j’aimerais qu’on prenne un temps d’arrêt pour faire un bilan exhaustif du Festival Séfarad. Organiser chaque année une manifestation culturelle de l’envergure du Festival Séfarad, c’est une lourde tâche qui mobilise une grande partie des ressources de la CSUQ. Le Festival Séfarad a acquis une réputation notoire au niveau montréalais, national et international. Chaque année la barre est plus haute. Je crains qu’en organisant annuellement cette méga-manifestation culturelle, la qualité de la programmation proposée ne s’érode. Un bilan du Festival Séfarad s’impose. Au niveau financier, très rares sont les manifestations culturelles qui génèrent des profits. Nous devons nous assurer que le Festival Séfarad continuera à atteindre le seuil de rentabilité — break-even. Mais, il est impératif de mesurer l’impact que cette manifestation culturelle a auprès des membres de notre communauté et de la
population montréalaise dans son ensemble. Combien de personnes assistent aux différents événements programmés dans le cadre du Festival Séfarad ? Ce n’est pas la même chose une personne qui assiste à dix évènements du Festival Séfarad que dix personnes qui assistent à dix événements. Quel est le profil d’âge du public qui assiste au Festival Séfarad ? Combien de jeunes âgés de 25 à 35 ans sont-ils attirés par le Festival Séfarad ? Cette manifestation culturelle sépharade ne devrait-elle pas inclure dans sa programmation des événements spécialement destinés à des jeunes sépharades orthodoxes qui, généralement, ne fréquentent pas le Festival Séfarad —conférences données par des personnalités rabbiniques renommées, Shabbaton pour les familles... ? Un autre grand défi pour le Festival Séfarad : à l’instar du Festival du Monde Arabe, qui attire chaque année beaucoup de Québécois de toutes les origines culturelles, le Festival Séfarad devrait être aussi une passerelle pour bâtir des ponts, par le biais de la Culture, avec les autres communautés qui forment la riche mosaïque interculturelle montréalaise. Il faut rappeler que la communauté sépharade est un modèle d’immigration réussie. Cela m’a été plusieurs fois confirmé par différents ministres de l’immigration, aussi bien au niveau provincial que fédéral. Les Sépharades pourraient partager leur expertise éprouvée en matière d’intégration sociale et professionnelle avec les autres communautés culturelles vivant au Québec. Je souhaite ardemment que le Festival Séfarad soit une manifestation culturelle inclusive apte à attirer pas seulement les membres de la communauté juive, mais aussi des Montréalais issus de différents horizons culturels. C’est pourquoi un temps d’arrêt est nécessaire pour réévaluer les objectifs du Festival Séfarad. LVS : Y aura-t-il cet automne un Festival Séfarad ? S.A. : Aucune décision à ce sujet n’a été encore prise. Il faut revoir de fond en comble la programmation du Festival Séfarad. Au cours des dernières années, cette manifestation culturelle nous a présenté des spectacles musicaux et artististiques d’une très grande qualité. Mais est-ce que la culture sépharade doit se limiter uniquement à mettre en scène d’excellents chanteurs et humoristes ? Il existe aujourd’hui dans notre communauté un centre d'études juives francophones exceptionnel, ALEPH, dirigé par une femme universitaire tout aussi exceptionnelle, Dr Sonia Sarah Lipsyc, qui accomplit un travail intellectuel, pédagogique et de réflexion extraordinaire, très apprécié par beaucoup de membres de notre communauté. Il est temps de soutenir davantage des programmes éducatifs, tels que ceux proposés tout au long de l’année par le Centre ALEPH. Le Festival Séfarad et la CSUQdevraient aussi développer des partenariats avec des institutions culturelles réputées, comme le Centre des Arts de la scène Segal, afin de concocter de nouveaux programmes culturels, notamment pour les jeunes adultes. LVS : Partagez-vous la vision communautaire prônée par votre prédécesseur, Marc Kakon : bâtir à Montréal une seule communauté juive ? S.A. : Oui. Comme Marc Kakon, je crois aussi résolument qu’à Montréal, il ne doit y avoir qu’une seule communauté juive forte, unie et plurielle au niveau culturel. Sépharades et magazine LVS | septembre 2013 | 7
RELÈVE COMMUNAUTAIRE
Ashkénazes ont des différences culturelles et linguistiques, mais ils forment une seule communauté. Lorsqu’il y a un rallye pour soutenir Israël ou un attentat meurtrier à Tel-Aviv ou à Jérusalem, Sépharades et Ashkénazes exultent ou souffrent de la même manière. Nous sommes tous Juifs. Il y a beaucoup plus de choses qui nous rapprochent que de choses qui nous séparent. Ce qui nous sépare est une richesse inouïe que nous devons absolument préserver et partager respectivement. La communauté juive de Montréal est unique dans le monde. Les barrières culturelles qui séparent les Sépharades et les Ashkénazes s’estompent. Aujourd’hui, les jeunes Sépharades et les jeunes Ashénazes parlent couramment le français et l’anglais, se côtoient quotidiennement dans les mêmes collèges et universités ou dans le monde professionnel, se marient entre eux... Pour ces derniers, les barrières culturelles qui distançaient jadis leurs parents respectifs sont un problème en moins à régler. Aujourd’hui, dans la diaspora juive, les Sépharades et les Ashkénazes sont confrontés aux mêmes menaces : la recrudescence de l’antisémitisme, la diabolisation de l’État d’Israël.... Le destin d’Israël n’a jamais été aussi soudé au destin de la diaspora. Tous les Juifs partagent un destin commun. Les défis d’Israël sont aussi les défis des communautés juives de la diaspora, et vice-versa. LVS : Quel est votre bilan des cinq années de présidence de la CSUQ de Marc Kakon ? S.A. : Marc Kakon est un leader communautaire exceptionnel, très généreux -il a le coeur sur la main- et visionnaire qui adore mettre en branle des projets communautaires de grande envergure et les mener à terme fructueusement. Marc Kakon aime relever de grands défis. C’est un fonceur, un véritable « bulldozer » communautaire que rien n’arrête. Un de ses grands atouts est certainement son optimisme inébranlable. Marc Kakon est un leader communautaire chevronné résolument convaincu qu’on peut changer radicalement les choses quand on le veut. Une de ses grandes priorités communautaires a toujours été l’aide sociale aux personnes et aux familles les plus démunies de notre communauté. Marc Kakon est très sensible à la souffrance humaine. C’est une qualité humaine remarquable. Dans ce domaine-là, il a accompli un travail gigantesque et admirable en coordonnant d’une manière pointilleuse et plus structurée l’aide sociale qui est prodiguée par différents organismes communautaires sépharades à des familles de notre communauté dans le besoin. Durant ses cinq années de présidence de la CSUQ, il a réalisé des projets magnifiques, qui sont la résultante de son grand labeur. La Résidence Salomon pour les personnes âgées est le fruit de son travail. C’est l’une des grandes réalisations de la communauté sépharade institutionnelle de Montréal. Le legs communautaire le plus important de Marc Kakon : il nous a laissé une CSUQ dynamisée. Il a donné aux professionnels de la CSUQ de nouveaux mandats et les a motivés à suivre son rythme de travail effréné pour relever de grands défis. Le
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bilan communautaire de Marc Kakon est fort impressionnant. LVS : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la communauté sépharade du Québec ? S.A. : La communauté séphararade a beaucoup changé. 50 ans après son arrivée au Québec, la communauté sépharade est à une étape charnière, très importante, de son évolution. Les Sépharades se sont parfaitement bien intégrés dans les sociétés québécoise et canadienne. Beaucoup de jeunes Sépharades réussissent brillamment au niveau académique et dans le monde professionnel. Nous ne sommes plus une communauté d’immigrants. Les Sépharades doivent aussi faire leur part en contribuant à l’essor de la communauté juive de Montréal. Leur implication communautaire est fondamentale. LVS : Comment envisagez-vous l’avenir de la communauté juive de Montréal ? Le phénomène délétère de l’assimilation des jeunes Juifs vous préoccupe-t-il particulièrement ? S.A. : C’est une question fondamentale. Après avoir lu plusieurs livres sur l’histoire de l’immigration aux États-Unis et au Canada, j’ai réalisé qu’il y avait une constante socio-communautaire récurrente à l’oeuvre au fil des générations. La première génération d’immigrants établit ses pénates dans sa nouvelle terre d’accueil et est confrontée aux mêmes grands défis auxquels la vague d’immigration qui la précéda a dû aussi faire face : travailler très dur pour subvenir aux besoins matériels de la famille; les parents se démènent pour que leurs enfants reçoivent une éducation de qualité qui leur ouvrira la voie vers un avenir professionnel prometteur; les immigrants s’intègrent progressivement dans leur nouvelle société... La deuxième génération, elle, est en quête de ses racines. Elle a absolument besoin de retrouver ses repères identitaires. Des Juifs de la deuxième génération qui vivent éloignés de leur communauté ou ont tourné le dos à l’héritage spirituel et culturel que leurs parents leur ont légué renouent avec leurs racines identitaires. Je suis optimiste. Je suis convaincu que nos enfants et petits-enfants, qui seront indéniablement différents de leurs parents ou grand-parents, perpétueront les valeurs de base fondamentales qui ont toujours caractérisé un Juif. Peu importe qu’ils soient religieux ou non pratiquants, ces jeunes chériront et transmettront à leurs enfants ces valeurs cardinales, intégrées depuis plusieurs millénaires dans l’ADN des Juifs. L'éducation est l’une de ces valeurs fondamentales. Que l’on soit orthodoxe, réformiste, non observant, agnostique... L'éducation a toujours été une valeur très importante pour le peuple Juif. C’est l’unique capital que les Juifs ont pu emmener avec eux durant leurs 2 000 ans d’exil. L’éducation est la clé de la pérennité du peuple juif. C’est pourquoi on appelle les Juifs le peuple du Livre. Elias Levy
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PRÉSIDENT CSUQ Sylvain Abitbol PRÉSIDENT ET EDITEUR LVS Joseph Amzallag DIRECTEUR GÉNÉRAL Robert Abitbol DIRECTRICE DES COMMUNICATIONS ET PUBLICATIONS Danielle Glanz RÉVISION DE TEXTES Chantal Ouaknine COLLABORATEURS Emmanuelle Assor Elie Benchetrit Dr David Bensoussan Maurice Chalom Philippe Elarrar Joseph Elfassi Elias Levy Rabbin Yaacov Levy Dr Sonia Sarah Lipsyc Daniel Radford Lise Ravary Luc Rosenzweig Laëtitia Sellam ABONNEMENTS Agnès Castiel ILLUSTRATION ET GRAPHISME Christina Garofalo CREDIT PHOTOS Cpl Roxanne Shewchuk, Rideau Hall IMPRIMEUR / PRINTER MC Print Léon Bensoussan 514-823-0042 EXPÉDITION POSTALE TP Express Le présent numéro est tiré à 6 000 exemplaires et acheminé par voie postale au Québec, en Ontario et aux U.S.A. Des exemplaires sont également déposés dans différents endroits stratégiques à Montréal. Les textes publiés n’engagent que leurs auteurs. La rédaction n’est pas responsable du contenu des annonces publicitaires. Toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, en tout ou en partie, du présent Magazine, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictement interdite. Reproduction in whole or in part, by any means, is strictly prohibited unless authorized in writing by the editor. Convention Postale 40011565 Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée à : 5151 Côte Ste-Catherine, suite 216 Montréal, Québec, Canada H3W 1M6
LVS LA VOIX SÉPHARADE
6 RELÈVE COMMUNAUTAIRE ■ Entrevue avec Sylvain Abitbol, nouveau président de la CSUQ 6
36 JUDAÏSME ■ Roch Hachana : D.ieu n'est pas que ta machine à sous ni que ton grand docteur 36 ■ Deux des trois femmes juives orthodoxes qui ont reçu leur diplôme, en juin 2013, de « guide en matière de loi juive, spiritualité et Torah » vivent à Montréal 38
40 ISRAËL ■ François Bugingo aux commandes d’une nouvelle émission de télé sur Israël 40 ■ Les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient 41
42 NOUVELLES
COMMMUNAUTAIRES
■ L’école secondaire de St-Laurent aide à la réinsertion des jeunes et révèle des talents cachés 42 ■ Les orthodoxes et le département des services sociaux : être solidaires pour aider notre communauté 43 ■ Sefer Torah dédié à la mémoire de M. Hanania Derhy Z'L 44 ■ «Unzera Shtetl » : Les colons juifs des Laurentides 46
www.csuq.org 10 | magazine LVS | Septembre 2013
■ Le Centre Cummings 48
Septembre 2013
52 SERVICES COMMUNAUTAIRES ■ Bénévolat autour de grandes causes 52 ■ Le Cercle 53 ■ BANAV et la Guerre des Clans : on pense déjà à la prochaine édition 54 ■ Club pour enfants de Petah Tikva, un succès grandissant 56 ■ Voyage d’échanges à Paris d'élèves du secondaire 3 de l’École Maïmonide 57 ■ Fun fun fun au Département jeunesse de l’été à l’automne 58 ■ Golf 2013, beau temps, mauvais temps ! 60 ■ Alexandre Abitan, le moment de la relève a débuté 63
66 ALEPH 68 LE BÉNÉVOLAT 78 OPINIONS SANS FRONTIÈRES 100 CULTURE ■ « Kanlica » un très beau roman de J. Erol Russo 100 ■ Raphaël Lévy nous présente son nouveau roman 101 ■ Hervé Teboul, concepteur d’un nouveau « Centre d’art et loisirs » pour la communauté 102 ■ De Marrakech à Montréal 103 ■ Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld, « qui se ressemble s’assemble » 105
106 FÉLICITATIONS 111 CARNET
ÉDITORIAL
LES BÉNÉVOLES, PRÉCURSEURS ET BÂTISSEURS Joseph Amzallag
Avant de commencer cet éditorial, prélude au nouvel an 5774 et aux fêtes de Tishri, je me dois d’écrire quelques lignes pour évoquer un événement majeur qui restera dans les mémoires de ceux et celles qui y ont participé. Je veux parler ici de l’hommage exceptionnel qui a été rendu à notre président sortant M. Marc Kakon, lors de l’Assemblée générale de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec le 17 juin dernier. En effet après cinq années qui ont marqué un tournant décisif dans le style de gouvernance de notre institution, Marc a reçu un hommage chaleureux, spontané et surtout mérité qui venait droit du cœur. Tout d’abord de ceux et celles qui eurent le privilège de travailler avec lui dans les innombrables projets communautaires qu’il a su mettre en chantier et qu’il a mené à bon port et puis également de l’ensemble de la communauté sépharade si proche de ses préoccupations. Il a été en cela un leader bénévole hors pair qui a su tout au long de son mandat, s’investir pleinement afin de renforcer les bases de cette communauté sépharade qui depuis plus d’un demi siècle a imprimé sa marque dans la grande communauté juive de Montréal et dans le paysage montréalais, et également la projeter dans le 21ème siècle. Cette réflexion et le fait que notre magazine ait choisi de consacrer un dossier spécial au bénévolat, m’amènent à élaborer un peu plus sur le rôle déterminant qu’ont joué, depuis les premiers balbutiements de notre communauté organisée, des hommes et des femmes qui bien que fraîchement débarqués dans un nouveau pays et donc confrontés à de nombreux défis, n’ont pas hésité à s’investir corps et âme pour donner à cette jeune communauté naissante des structures solides et surtout durables et également de la doter d’institutions dispensant des services à la population. M. Salomon Benbaruk Z.l ne déclarait-il pas dans son livre « Trois quarts de siècle Pêle-Mêle : « Il ne faut surtout pas que tous ceux qui aujourd’hui jouissent des privilèges d’une communauté florissante pensent que cela s’est fait tout seul. Et il avait raison, car si cette communauté existe et continue de fleurir c’est toujours grâce aux centaines de bénévoles, les anciens bien sûr, ceux qui sont restés toujours fidèles au poste, mais également aux nouveaux venus, surtout nos jeunes adultes, cette nouvelle génération de professionnels nés au pays et hautement diplômés qui, en s’engageant dans nos divers comités, nous apportent leur dynamisme, leur savoir faire et surtout leur attachement indéfectible à nos traditions et à notre héritage et par-dessus tout une nouvelle vision. Lors de son discours d’investiture, notre nouveau président, M. Sylvain Abitbol déclarait sans ambages qu’il aurait préféré plutôt voir à sa place un jeune appartenant à cette nouvelle génération pour diriger les destinées de la CSUQ. Je suis, quant à moi, fermement convaincu que ce ne sera pas un vœu pieux et que, dans deux ans lors de la passation de pouvoirs, le président sortant pourra souhaiter la bienvenue à un de ces jeunes qui aura fait partie, pourquoi pas, de l’une de nos promotions de nos ambitieux programmes de leadership. Pour paraphraser le président des États-Unis avec son beau slogan « Yes we can », je pense que nous aussi nous avons le devoir de dire : Oui, nous le pouvons ! À vous et à nous de mener à bien notre projet. Je tiens, au nom de la directrice de la publication et de toute l’équipe de rédaction à vous souhaiter ainsi qu’à vos familles et à vos proches Shana Tova ou métouka dans le bonheur et la santé. Joseph Amzallag, Président de LVS
magazine LVS | septembre 2013 | 11
Consulat général d’Israël Le Consul Général Représentant permanent auprès de l’OACI
Consulate General of Israel The Consul General Permanent Representative to ICAO
הקונסוליה הכללית של ישראל הקונסול הכללי נציג קבוע של ישראל לארגון התעופה האזרחית הבינלאומי אלול תשע " ג Août 2013
Chers amis, Shalom, À la veille de la période la plus sacrée de notre calendrier, je suis heureux de pouvoir adresser mes voeux les plus sincères à chacun des membres des communautés juives de Montréal, de Québec et d'ailleurs pour l'année 5774. En ma qualité de consul général, je travaille sans relâche pour que les Québécois de tous horizons aient une meilleure compréhension de ce qu'est l'État d'Israël et son peuple. Depuis la dernière fête de Rosh Hashana, je me suis engagé avec les dirigeants de toutes les couches de la société civile à travailler main dans la main avec les organisations juives afin d'ouvrir de nouvelles percées pour Israël à l'échelle de toute la province. Au cours de l'année passée, Israël, notre État bien-aimé, a gagné du terrain dans le domaine public particulièrement en ce qui concerne la culture où Israël continue de briller en bénéficiant d'une importante couverture médiatique pendant de grands festivals et à la télévision à des heures de grande écoute. En effet, les meilleures personnalités de la culture pop québécoise ont consacré de nombreuses émissions au dynamisme de la vie israélienne. En restant fidèle au mandat de notre mission d'élargir la portée de nos activités de sensibilisation à l'extérieur de Montréal, Israël et le peuple juif ont eu la chance de se faire de nouveaux amis dans les endroits que j'ai visités tout au long de l'année, comme les villes de Québec, Rouyn-Noranda, Chicoutimi et Alma. Cet engagement que j'ai avec les Québécois de toutes les régions de la province continuera à se renforcer. Au fur et à mesure que je continuerais à visiter de nouvelles régions du Québec, je tisserais des liens plus profonds au niveau local. Je suis convaincu que ces missions en région permettront de renforcer les relations déjà solides entre Israël et le Québec pour le bien mutuel de nos deux peuples. Pour ce qui est d'Israël, notre population sur place, quant à elle, continue de suivre les événements qui se déroulent en Égypte, en Syrie et à travers toute la région dans l'espoir que de nouveaux changements positifs sur le terrain paveront le chemin de la paix dans un proche avenir. Nous souhaitons également que la nouvelle ronde de négociations avec nos voisins palestiniens aboutisse à une solution à notre conflit de longue date fondée sur le principe de deux États pour deux peuples avec la reconnaissance d'Israël comme État du peuple juif.
Comme vous savez, les Israéliens ont l'esprit toujours aussi créatif et innovateur voulant faire de leur État une nation des plus modernes et des plus prospères qui soit. C'est pourquoi votre appui et celui de votre communauté est plus important que jamais pour y parvenir. En tant que juifs, nous sommes à jamais liés les uns aux autres par notre histoire commune et le lien spirituel de cette terre où nos ancêtres et nos prophètes y ont vu le jour. Ce lien sacré qui nous a soutenu en exil pendant des millénaires est à l'origine de la force et du dynamisme de notre peuple. Que la solennité de cette période nous fasse faire une introspection sérieuse. Que nos voeux les plus chers soient exaucés et que nous restions à jamais fidèles à notre Terre sainte. Puissions-nous également abreuver nos âmes pour nous donner la force d'aller toujours de l'avant à l'aube de cette nouvelle année. Au nom de l'État d'Israël, je souhaite force et prospérité continuelles à votre communauté, ainsi que paix, santé et bonheur à chacun d'entre vous en 5774. Je vous réitère toute ma gratitude pour votre amour et votre soutien inconditionnels. Que vous soyez inscrits dans le Livre de la Vie. Amen! Shana Tova!
Joël Lion
1, Westmount Square #650, Westmount, H3Z 2P9, QC, Canada Tel: (514) 940-8500
C’est avec plaisir que je salue chaleureusement tous les lecteurs de La Voix Sépharade à l’occasion de Roch Hachana. Le Nouvel An juif constitue un moment privilégié, propice aux réjouissances. C'est également une période qui invite à l'introspection et à la réflexion sur les réalisations de l'année écoulée. Portées par un sentiment d'espoir et de renouveau spirituel, les communautés juives célèbrent avec joie cette tradition millénaire partout au pays. Par ailleurs, cette fête solennelle représente une merveilleuse occasion de se retrouver entre parents et amis afin d'échanger des souhaits chaleureux et des vœux de prospérité. Votre détermination à préserver votre riche patrimoine est admirable et contribue, sans aucun doute, à la vigueur et à l'essor du Canada. Au nom du gouvernement du Canada, je vous offre mes meilleurs vœux de santé, de paix et de prospérité pour cette nouvelle année.
Ottawa 2013
Stephen Harper, Premier ministre du Canada
À l'occasion du Roch Hachana de l’an 5774 du calendrier hébraïque, j'offre mes meilleurs vœux à l'ensemble des lecteurs et à l’équipe de La Voix Sépharade. Je souhaite que, pour vous, cette nouvelle année soit une promesse de joie à partager avec vos proches. Cette célébration nous offre l’opportunité de souhaiter à tous et toutes, le meilleur dans un monde en paix, toujours plus solidaire et accueillant.
Que ce Nouvel An vous apporte santé, bonheur et prospérité !
Lawrence S. Bergman
Bonne année!
Député de / M.N.A. for D’Arcy McGee Président de la Commission de la santé et des services sociaux Chair of the Committee on Health and Social Services
Laurent Blanchard Maire de Montréal
5800 Cavendish, #403, Cote St.Luc, QC H4W 2T5 Tel: (418) 528-1960, (514) 488-7028
הפדרציה הספרדית בקנדה
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FEDERATION SÉPHARDE DU CANADA CANADIAN SEPHARDI FEDERATION
Monsieur Moïse Amselem et son Conseil d’administration sont heureux de présenter leurs meilleurs vœux de santé, bonheur et prospérité à l’ensemble de la communauté juive du Canada à l’occasion de Roch Hashana. Que l’année 5774 apporte une paix juste et durable au peuple juif et à l’État d’Israël.
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PSB Boisjoli souhaite Bonne et Heureuse Année à la Communauté Sépharade Unifiée du Québec ! Nous profitons de cette occasion pour féliciter Ariel Sabbah qui a remporté le Prix du Leadership en reconnaissance pour son soutien à la Communauté.
Ariel Sabbah, CPA, CA
Michel Sabbag, CPA, CA, Pl. Fin.
Joseph Yossi Suissa, CPA, CA, LL.M. Fisc Associé – Fiscalité / Services conseils
Ouriel Soudry, CPA, CA
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JUDAÏSME Roch Hachana Dieu n'est pas que ta machine à sous ni que ton grand docteur Il est curieux de relever qu’aucun des textes de liturgie de Roch Hachana, ni de toutes les prières que nous récitons dans cette journée solennelle du jour de l’an, il n’est fait mention de parnassa, subsistance ou de réfoua, guérison. Pour connaître l’objectif ou l’intention recherchée par nos maîtres dans la rédaction des prières, il faut se limiter au texte de la 'amida : la prière dite à voix basse. D’ailleurs seul le texte de la 'amida change dépendamment des jours de fête. Pareil, pour ce qui est des souhaits que nous formulons lors de la consommation des divers aliments de Roch Hachana, il n’est pas fait mention de souhait de parnassa ou de réfoua, subsistance ou guérison. Le Psaume 24 dit de la parnassa, lu en fin d’office, est un rajout rabbinique, fonds pour nos synagogues obligent. Faites un sondage auprès des fidèles : « Quels sont tes souhaits pour la nouvelle année ? » La plupart vous répondront : « Parnassa, parnassa, parnassa, réfoua, réfoua, réfoua ! » Jusqu’à quarante ans ils répondront dans cet ordre, au delà de quarante ans ils répondront dans l’ordre inverse. Nos rabbins qui ont compilé les prières, voient-ils les choses à l’envers ? Pourquoi n’ont-ils pas fait mention des souhaits les plus élémentaires de la communauté, parnassa et réfoua ?
Rabbin Yaacov Levy
Intentionnellement, en tête de l’année, nos rabbins remettent les pendules à l’heure. Par les prières de Roch Hachana, nos rabbins te rappellent la juste perspective du sens de la vie, et te dévoilent les véritables clefs du bonheur. Tout le long des prières de Roch Hachana, tu affirmes et réaffirmes la royauté de D.ieu sur terre. Toute la création, toutes les créatures chantent la royauté de D.ieu. Bon gré, malgré elles, au besoin D.ieu rectifie le tir ou recycle. Un vrai concert de toutes les créatures, chacune avec sa mélodie qui lui est propre. Le chef d’orchestre donne la mesure. Dans la création du monde, le chef d’orchestre c’est l’être humain. Tous les hommes, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique, sont concernés et impliqués dans ce noble projet d’installer la royauté de D.ieu sur terre. Peu importe qui tu es, où tu es et quelle est ta profession, intelligent peu ou beaucoup peu importe, tout ce que tu entreprends doit s’inscrire dans le projet divin : celui de faire de ce monde une demeure pour D.ieu. « Une demeure pour D.ieu », n’est pas un slogan spirituel ou théologique, une sorte de profession de foi.
36 | magazine LVS | septembre 2013
JUDAÏSME
« Une demeure pour D.ieu » ! Un bien grand mot. Je vais énumérer des évidences, au risque d’étonner mon lecteur. (Ce sont les évidences les plus évidentes que nous oublions le plus). « Une demeure pour D.ieu », c’est commercer honnêtement, avoir des projets, aller au bout de tes projets, matérialiser tes pensées les meilleures, respecter ta parole donnée, avoir une relation d’amour et surtout de respect avec ton conjoint, te soucier et surtout être prêt à des sacrifices pour assurer l’avenir et l’épanouissement de tes enfants tant sur le plan spirituel que matériel. Conseille, console, apaise, sécurise, aide, prête, partage, la liste est loin d’être exhaustive.
ver tous les obstacles qui empêcheraient notre épanouissement et nos réalisations. La deuxième constatation est que nous matérialisons nos pieuses pensées, en les formulant, en les entendant et même en les « mangeant » ! Une histoire de fou ! Nous sommes tous animés de bonnes et pieuses pensées, mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. « Je pense donc je suis », avec tout le respect pour Descartes, nous juifs pourrions continuer ce dicton : « donc je suis…idiot ». « Je pense donc je suis » ça ne veut rien dire comme se plaisait à dire Herbert Pagani z'l, voila deux mille ans qu’on pense et on n’existe toujours pas ! « Je deviens donc je suis » !
Les hommes acceptent de vivre toutes ces valeurs épanouissantes, valorisantes, vivifiantes, oui, mais sans D.ieu. La plupart ne connaissent D.ieu que dans la difficulté et dans la détresse. Ils ne retrouvent le chemin de la synagogue qu’en période de deuil, Kadish oblige. Ils ne prient qu’au gré de leurs besoins. D.ieu a créé l’homme à son image, l’homme le lui a bien rendu. Il s’est créé un D.ieu à son image, à la juste mesure de ses besoins, une sorte de veau d’or. Te viendrait-il à l’esprit de rendre visite à ton père ou à ta mère seulement dans la détresse et la difficulté? N’ont-ils pas le droit de partager aussi tes joies et ton bonheur ou tout simplement ton quotidien ? Ne méritent-ils pas d’avoir l’honneur de te guider et de te conseiller dans le quotidien de la vie ? Ne sont-ils que tes géniteurs ? Dans cette génération Kleenex, seule la facilité nous guide. On veut jouir vite et profiter sans efforts. En un mot, « une demeure pour D.ieu », c’est ressentir et comprendre (cœur et raison), que le plus grand et le plus noble de tous les bonheurs c’est le bonheur du devoir accompli.
C’est cela mon mot d’ordre cette année, pour ce Roch Hachana 5774 : Tu désires la parnassa, réfoua etc, les clefs sont dans tes mains. Les pèlerinages, les bénédictions des maîtres, pourquoi pas, mais n’oublie pas l’essentiel, « les cent ciels » c’est ton engagement et surtout ton engagement.
Cela est le 1er message de Roch Hachana 5774.
Shana Tova !
Le 2
ème
message :
Tu as des projets, et tu dois avoir des projets, ne les laisse pas en l’état, concrétise-les, réalise tes pieuses pensées. Il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas terminer ce qui est commencé. Désigner D.ieu roi de l’univers c’est se rappeler qu’un vrai roi exécute ce qu’il dit et promet. Nous aussi, à Son image, devons avoir ce mot d’ordre. « Barouh omer vehossé », « bénit soit celui qui dit et réalise » !
Rabbin Yaacov Lévy
À Roch Hachana, nous mangeons toutes sortes d’aliments et nous accompagnons cette nourriture de souhaits. Or le nom des aliments renvoie phonétiquement à l’objet de nos souhaits. J’en donne deux exemples : 1. Les blettes se disent sélek, ce mot sélek signifie aussi s’en aller. Le souhait : D.ieu ! Fais que nos ennemis s’en aillent. 2. La courge se dit krah, ce mot signifie aussi déchirer. Le souhait : D.ieu ! Fais que nos décrets soient déchirés. Comme nous l’avons signalé en tête de cette réflexion, aucune mention de parnassa ou de réfoua ne figure dans nos souhaits. Le résumé de ces souhaits consiste à demander à D.ieu d’enlemagazine LVS | septembre 2013 | 37
JUDAÏSME ET QUESTIONS DE SOCIÉTÉ
Deux des trois femmes juives orthodoxes qui ont reçu leur diplôme, en juin 2013, de « guide en matière de loi juive, spiritualité et Torah » vivent à Montréal
Scheir lors de l’annonce de l’embauche de la MaHaRaT Rachel Finegold, elle-même femme de rabbin et mère de trois enfants.
La MaHaRaT Ruth Balinsky Friedman étudiant dans la bibliothèque de Drisha. Photo Batya Ungar-Sargon.Tablet Magazine. Trois femmes suivant le cursus pour être MaHaRaT, acronyme de Manhiga Hilkhatit Rouh’anit Toranit, littéralement « Guide en loi, spiritualité et Torah », ont reçu leur diplôme en juin dernier, à New York. Elles ont été ordonnées MaHaRaT, notamment par le rabbin Daniel Sperber, au sein de la Yeshivat moderne orthodoxe MaHaRaT1 fondée par le rabbin Avi Weiss, à la tête, jusqu’à il y a peu, des Institutions Chovevei Torah. L’entrée en fonction officielle de femmes au sein du leadership religieux est l’une des évolutions importantes de l’orthodoxie moderne. Une MaHaRat ne diffère en rien, dans sa formation talmudique ou en loi juive de celle d’un rabbin, si ce n’est qu’elle ne peut, dans le courant orthodoxe, faire partie d’un « mynian » (quorum de dix hommes), diriger entièrement un office ou être membre d’un tribunal rabbinique. Cependant elle répond à toutes les questions portant sur la loi juive, fait des sermons ou des drashot, interprétations de la loi juive, en public, accompagne les familles au cours des divers événements de la vie juive (de la naissance aux funérailles). La première diplômée MaHaRaT de cette session, Rachel Kohl Finegold, 32 ans, a déjà été engagée comme « directrice de l’éducation et de l’enrichissement spirituel » à Montréal au sein de la congrégation orthodoxe « Shaar Shamayim », la plus importante de la ville puisqu’elle regroupe 1400 familles. « Si vous regardez bien, les femmes ont toujours été là. C’est juste maintenant que nous reconnaissons leur présence. N’est-il pas temps de créer un lieu afin que leurs voix se fassent entendre dans notre Beit Midrach (lieu d’études), de notre chaire (à la synagogue) et dans d’autres domaines de la vie traditionnellement perçus comme l’apanage des hommes ? »2 interrogeait le rabbin Adam 38 | magazine LVS | septembre 2013
Mme Finegold prendra régulièrement la parole en public dans la synagogue, s’occupera des classes d’études de la Torah, et de l'élaboration de programmes pour les jeunes et les jeunes familles. « Sa nomination est conforme à l’évolution de l’orthodoxie moderne » ont affirmé le rabbin Adam Scheier et le président Joseph Paperman de la congrégation Shaar Shamayim. La deuxième MaHaRaT nouvellement diplômée, Brown Scheir ne cherche pas d’emploi pour l’instant et poursuit son enseignement à Montréal au sein également de « Shaar Shamayim ». La troisième femme MaHaRat, Ruth Balinsky Friedman assumera le rôle d’assistante rabbin au sein de la communauté moderne orthodoxe « The National Synagogue ou Ohev Sholom Talmud Torah », la plus ancienne synagogue de Washington. Le rabbin de cette institution Shmuel Herzfeld précise : « elle enseignera la Torah, travaillera avec les gens, et tranchera des questions de droit juif. Elle a reçu une formation pour répondre aux questions de la loi juive (« halakha ») et a déjà commencé à répondre dans ce sens aux membres de notre communauté ». Rori Picker Neiss, encore en troisième année de son cursus de MaHaRaT, a déjà été engagée par la congrégation moderne orthodoxe « Beis Abraham » à Saint Louis (USA). Là aussi, elle assumera les fonctions de rabbin assistant. « La moitié de ma congrégation sont des femmes. Si nous avions embauché encore un homme rabbin, nous aurions senti qu’il manquait quelque chose » a déclaré le rabbin de cette congrégation Haim Schafner. « L’obtention du diplôme de MaHaRaT représente l’intégration de cette fonction au sein de l’orthodoxie » Dr Elana Maryles Sztokman, directrice exécutive de JOFA (forum orthodoxe et féministe très actif depuis 16 ans)3. Elle poursuit, « Il est important de voir des femmes aux postes de direction (…) Il y a une poignée de femmes qui ont assumé jusqu’à présent des rôles quasi rabbiniques. La différence c’est le caractère public (…) et la légitimité de ce mouvement (MaHaRaT) ». Sztokman fait sans doute référence à des femmes déjà à la tête de congrégations orthodoxes comme Lyne Kaye, adjointe au rabbin de la synagogue Sheratih Israël et Dina Najman-Licht à la tête de Orach Eliezer à New York mais elle a raison de souligner
JUDAÏSME ET QUESTIONS DE SOCIÉTÉ
Les trois femmes MaHaRaT avec Sarah Hurwitz lors de la remise des diplômes. Photo du site Forward.com que la « graduation » de ces trois femmes, après celle en 2009 de Sarah Hurwitz doyenne de MaHaRaT, et le fait qu’elles aient trouvé sans difficultés du travail, marquant un tournant dans l’accès des femmes au leadership religieux ainsi que comme guides de communautés. La cérémonie d’octroi du diplôme de MaHaRaT s’est déroulée en juin dernier à New York devant plus de 500 invités. L’une des diplômées a remercié les femmes qui leur avaient ouvert la voie notamment celles qui ont commencé à étudier et enseigner le Talmud dans des institutions orthodoxes comme Drisha à New York ou Matan à Jérusalem. Cette maîtrise des textes talmudiques par les femmes encouragées, il y a presque déjà cinquante ans par le rabbin Joseph Baer Soloveitchik (1903-1993) constitue, en effet, la genèse de cette évolution qui permet aux femmes d’être présentes au sein du leadership religieux. « L'enthousiasme dans la salle était visible (…). Le rabbin Jeffrey S. Fox, « Rosh yeshiva » (directeur de cet institut talmudique) a comparé les réactions actuelles parfois hostiles au sein de la communauté orthodoxe « at large » au tollé, suite au concert d'ouverture du « Sacre du Printemps », à Paris en 1913. « Des bagarres avaient éclaté et les gens ont été escortés hors du théâtre. Mais avec le recul, l'innovation d'Igor Stravinsky est maintenant appréciée et admirée de tous. Ainsi, en sera-t-il au sujet des femmes orthodoxes accédant à des postes au sein du rabbinat ».4 En effet, si les compétences et fonctions des MaHaRaT sont acceptées progressivement au sein du monde moderne orthodoxe, elles rencontrent encore quelques difficultés dans l’orthodoxie. La nomination de la première femme MaHaRaT, Sara Hurwitz, au
titre de Rabba par le rabbin Avi Weiss avait suscité une tempête en 2010.5 C’est pourquoi elle est jusqu’à présent la seule femme MaHaRaT à porter ce titre. Le rabbin Avi Weiss à l’issue de la cérémonie, appelant le public à se joindre à la bénédiction des diplômées, a déclaré : « C'est un moment de kiddusha, un moment de véritable sainteté »6. Nous sommes donc contemporains, qui plus est à Montréal, de l’accès des femmes à des postes de leadership religieux. Sonia Sarah Lipsyc La première version de cet article est paru sur le site « Judaismes et Questions de société » le 17.06.2013 (http://judaismes.canalblog.com/archives/2013/06/17/27451631.html)
1.
http://yeshivatmaharat.org/
2.
L’ensemble des citations sont tirées de Batya Ungar Sargon, « Orthodox Yeshiva Set To Ordain Three Women. Just Don’t Call Them Rabbi » Tablet Magazine, 10.06.2013 et de Janice Arnold, « Montréal Orthodox shul hires first female clergy », CJN, 12.04.2013.
3.
http://www.jofa.org/
4.
Anne Cohen « As First Maharats Graduate, Roles for Orthodox Women Take Leap Forward », Forward, 16.06.2013.
5.
Batya Ungar Sargon, op cité
6.
Anne Cohen, op cité
magazine LVS | septembre 2013 | 39
ISRAËL François Bugingo aux commandes d’une nouvelle émission de télé sur Israël
Cela s’appelera « Mon Israël ». 13 épisodes de 1h, sur des thèmes variés, mettant en scène toute l’humanité que l’on retrouve en Terre Promise. En dehors des sentiers battus et des clichés, s’éloignant de la controverse et de la guerre, Israël, pays avec lequel le journaliste François Bugingo vit une longue histoire d’amour, sera dévoilé.
présenterons aussi un épisode où l’on découvre Jérusalem comme jardin d’épices et non comme ville de guerre. Et ceci ne sont que quelques uns des 80 sujets que nous présenterons au grand public!
LVS : Nous avons appris, grâce à votre attachée de presse, que vous avez tourné pendant plusieurs mois une série télé sur Israël pour Évasion. Pouvez-vous nous en dire plus ?
F.B. : Non, plutôt, un Israël très humain car c’est un pays aux histoires fascinantes et à l’humanité débordante.
F.B. : Pour avoir été des vingtaines de fois en Israël, je voulais montrer aux téléspectateurs tous les aspects positifs de ce pays, autres que la guerre. «L’autre Israël», celui des restos, du nightlife, des émotions, de l’audace, de la techWnologie et des histoires humaines fascinantes. Malheureusement, la plupart des gens ne connaissent que l’image caricaturale de ce pays… LVS : Quand sera diffusée cette série et à quoi doiton s’attendre ? F.B. : Dès le mois de janvier 2014, un épisode sera diffusé par semaine. Chaque émission durera une heure et nous aborderons 5 à 6 sujets par épisode. Des sujets des plus variés seront traités: des innovations technologiques, l’élection de Miss Shoah (car Hitler n’a pas tué la beauté du peuple juif), la vie culturelle et «underground». Nous raconterons comment Tel Aviv est une des villes les plus gay-friendly au monde. Au cours de nos périples, nous avons rencontré des femmes exnazies converties au judaïsme; nous avons assisté à un shabbat éthiopien; nous sommes allés à la rencontre de gens qui fabriquent du vin dans le désert où fleurit un superbe verger; nous avons mangé au fameux restaurant Taizu à Tel Aviv où l’on sert seulement les convives quand ils ont réussi une épreuve de jeu; nous avons visité un abri de guerre pour chiens, nous avons rencontré des taggeurs et des artistes locaux… Nous 40 | magazine LVS | septembre 2013
LVS : Une sorte « d’Israël insolite » ?
LVS : Que faisaient sur place, lors de l’un de vos voyages de tournage en juin dernier, des animateurs aussi connus que Herby Moreau et Isabelle Racicot ? F.B. : Nous avons invité Isabelle Racicot, Herby Moreau et Eric Salvail à se joindre à notre équipe de tournage en juin pour qu’ils découvrent cet autre Israël et qu’ils partagent cette découverte avec leur entourage. Ces animateurs « mainstream » ont le pouvoir d’approcher des gens qui ne connaissent pas nécessairement Israël et le peuple juif. Nous les avons donc invités à suivre mes pas et à partager mes trouvailles et coups de cœurs. Sur place, ils ont vu comment on vit bien en Israël, comment on s’y amuse et tout ce que l’on peut apprendre d’intéressant sur ce pays. De plus, ces animateurs célèbres au Québec, sont très actifs sur les réseaux sociaux, ils peuvent rallier le grand public et leur raconter comment est l’autre Israël. LVS : Quelle a été la réaction de vos animateurs-starsinvités après leur voyage ? F.B. : En une semaine, ils sont tous tombés amoureux du pays. Ma co-productrice Martine St-Victor a bien résumé le tout en disant : « Israel is where the world comes together, not where it falls apart ». Mon Israël, dès janvier 2014, sur Évasion : https://evasion.tv/ Emmanuelle Assor
ISRAËL
Les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient Le printemps arabe a changé plusieurs donnes géopolitiques. Quels en sont les principaux enjeux en ce printemps 2013 ? Deux tendances majeures de l’islam s’affrontent depuis des siècles : celle des Sunnites et celle des Chiites. Les premiers sont majoritaires et bénéficient du prestige et du support de l’Arabie saoudite berceau de l’islam. Les seconds ne sont majoritaires qu’en Iran, pays qui tente Dr David Bensoussan d’effacer sa particularité chiite derrière l’appellation de République islamique afin de mieux asseoir son hégémonie dans la région. L’Irak est un pays dans lequel les composantes kurde, sunnite et chiite rivalisent, les Chiites subissant une influence non négligeable de la part de l’Iran. Dans la Syrie s’affrontent d’une part les Alaouites qui constituent une minorité religieuse syncrétique — considérée comme hérétique par les Sunnites et les Chiites — soutenus par les chrétiens et les Druzes, et de l’autre par la majorité sunnite. La guerre civile contre le pouvoir alaouite oppose également plusieurs tendances sunnites regroupées au sein du Conseil national syrien : celle des Sunnites qui sont las de la dictature alaouite dont la mouvance importante des Frères musulmans de même que des groupements de minoritaires. À ces derniers se greffent des radicaux anti-Chiites d’Al-Qaeda. Le Liban est un pays fictif dans lequel le mouvement chiite du Hezbollah soutenu et financé par l’Iran fait la loi avec sa propre armée et son propre agenda. La minorité chrétienne y dispose d’une marge de manœuvre limitée. L’Iran supporte les Alaouites de Syrie, le Hezbollah du Liban et le Hamas à Gaza. L’Iran entretient la tension avec Israël pour mieux s’implanter dans la région, quitte à affaiblir l’autorité palestinienne et repousser l’échéance des compromis réciproques nécessaires pour établir la paix. L’Égypte a connu un soulèvement pro démocratie, mais les Frères musulmans - qui ont abandonné la lutte armée pour atteindre leurs objectifs vers la fin des années 60 - y ont remporté les élections. Or, les ambitions dictatoriales du président Morsi ont découragé les libéraux égyptiens et l’Égypte devient de plus en plus ingouvernable. Bien que la sympathie naturelle du gouvernement égyptien aille vers les Frères musulmans de Gaza et de Syrie, la dépendance de l’aide des États-Unis et de l’Arabie saoudite l’amène à leur minimiser son appui et à maintenir la paix avec Israël. L’islam wahhabite prédomine en Arabie saoudite qui soutient les Sunnites syriens, mais sans avoir de sympathie particulière pour les frères musulmans et encore moins pour Al-Qaeda. Historiquement, la puissance financière de l’Arabie
Saoudite lui a permis d’acheter de l’influence sur les pays amis ou ennemis et l’Arabie saoudite se considère comme le porte-parole de l’islam sunnite. De façon générale, les Chiites sont écartés du pouvoir dans les émirats arabes. Le Qatar, pays de 1,8 million d’âmes — dont seulement 200 000 ressortissants sont des nationaux — devient très agressif sur la scène internationale, compte tenu de la puissance médiatique de la chaîne d’Al-Jazeera. L’Arabie Saoudite reproche au Qatar de soutenir aveuglément les mouvements des Frères musulmans et d’Al Qaeda en Syrie et soutient militairement les Sunnites qui se démarquent de ces deux mouvements. Tout comme l’Iran, la Turquie a joué la carte anti-israélienne, mais sans succès. Elle a misé sur la chute rapide du président Assad de Syrie lequel s’est montré être plus coriace que prévu. L’Iran a déclaré que l’installation par l’OTAN d’armement antimissile défensif en Turquie constituait une déclaration de guerre, car ces missiles pourraient protéger la Turquie des missiles syriens en cas de conflit déclaré. Cela vient mettre à vif la rivalité séculaire qui a prévalu entre l’Iran et la Turquie héritière de l’Empire ottoman. Par ailleurs, la Turquie souffre d’une guerre civile avec sa minorité kurde et ne veut rien savoir d’une affirmation nationale kurde dans la région. La ligue arabe regroupe un grand nombre de pays qui partagent un passé commun, mais qui ont de la difficulté à articuler une politique unificatrice et constructive. Par ailleurs, ses objectifs tiennent rarement compte des minorités non arabes tout comme les Berbères, les Coptes, les Kurdes ou les Juifs. Par le passé, l’Union soviétique a armé massivement l’Égypte, la Syrie et l’Irak, mais sans pouvoir défaire l’emprise américaine sur les pays producteurs de pétrole. Aujourd’hui, la Russie tient à conserver la base navale que la Syrie lui a cédée et soutient inconditionnellement le régime syrien d’Assad. La découverte de gisements gaziers importants en Méditerranée orientale augmente considérablement l’importance stratégique de cette base navale. De façon générale, les États-Unis soutiennent l’évolution démocratique des pays du Moyen-Orient, mais ferment les yeux sur les abus qui se tiennent en Arabie saoudite, pays qu’ils ne veulent guère aliéner afin d’assurer un approvisionnement vital du pétrole en Occident. Le dilemme auquel se confrontent les puissances qui veulent mettre fin à la guerre civile syrienne doit tenir compte des besoins humanitaires tout en ayant à l’esprit les efforts de déstabilisation émanant de l’Iran ou de la montée au pouvoir de mouvances radicales se réclamant de l’islam. Dr David Bensoussan L’auteur est professeur de sciences à l’Université du Québec
magazine LVS | septembre 2013 | 41
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
L’école secondaire de Saint-Laurent aide à la réinsertion des jeunes et révèle des talents cachés Les Affaires sociales de la CSUQ et Monsieur Lesly Phanor, instituteur à l’école secondaire de Saint-Laurent, ont relevé un défi ensemble. Ils ont aidé Kelly Obadia à retrouver confiance en elle et à suivre un enseignement combinant études et stage pratique pour éviter un décrochage scolaire, tout en révélant ses talents cachés. Monsieur Phanor témoigne pour exprimer sa fierté d’avoir permis à Kelly de se réinsérer dans la vie active et construire son avenir professionnel. Kelly Obadia est une jeune fille courageuse et volontaire qui a été soutenue par la CSUQ pour trouver une solution à son décrochage scolaire. Ses parents sont venus voir le département des Affaires sociales pour les aider à relever ce défi car ils savaient que le souci était la méthode principalement d’apprentissage. Grâce au soutien de Monsieur Lesly Phanor, qui a cru en ce projet sans précédent, et après une évaluation formelle du niveau de connaissances de Kelly, il lui a permis de suivre des études de secrétariat en parallèle d’un stage pratique dans une entreprise. Cette combinaison a eu l’effet escompté, puisqu’aujourd’hui, Kelly a retrouvé l’estime d’elle-même et a pu travailler en tant que réceptionniste à la CSUQ pour valider, avec fierté, l’obtention de son diplôme à l’École secondaire Saint-Laurent. Interview téléphonique de Monsieur Lesly Phanor, enseignant et responsable du stage de Kelly à l’École secondaire Saint-Laurent : LVS : Pourquoi avoir accepté de participer à ce défi ? Lesly Phanor : Ce fut une bonne expérience qui a bénéficié d’un encadrement hors pair de la part de Madame Sylvia Serruya qui s’est obstinée à encourager et accompagner Kelly pour qu’elle atteigne son objectif. Aujourd’hui, Kelly a validé son stage et obtenu son diplôme et, surtout, a retrouvé sa confiance en elle et en sa capacité à travailler dans un milieu de travail adapté à ses compétences mentales inférieures à la moyenne de la population active. Elle avait une peur profonde de communiquer au téléphone ou en public. Finalement, accompagnée de la patience et la motivation de Sylvia ainsi que de mon suivi hebdomadaire, elle a surpassé ses doutes et réussi à effectuer des tâches administratives, comme rentrer des données statistiques sur ordinateur et faire certains appels téléphoniques. 42 | magazine LVS | septembre 2013
De gauche à droite : Sylvia Serruya, Kelly Obadia, Lesly Phanor
LVS : Quelles sont les conclusions à tirer de cette expérience ? LP : Le souci du travail bien fait a permis à Kelly de réussir et le fait de croire en elle a fait toute la différence. Il faut aider la relève avec ses forces et ses faiblesses. L’essentiel est de trouver un milieu de stage approprié à la capacité professionnelle du jeune concerné. Notre encadrement permet de ne pas perdre l’enfant ou adolescent. Cette expérience me donne espoir de continuer à aider les jeunes à dévoiler leur potentiel quel qu’il soit.
Laëtitia Sellam
Pour tout renseignement supplémentaire sur les activités du département des Affaires sociales pour faire un don et/ou apporter un soutien bénévole, contactez Sylvia Serruya au 514-733-4998 poste 3150.
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Depuis 2012, le département des Services sociaux a une obsession saine et persistante : celle d’aider les plus défavorisés de notre communauté. Or, certains cas ne sont pas décelés car une gêne ou une honte s’est installée progressivement et empêche des personnes à demander de l’aide. Celles-ci sont souvent connues de la communauté orthodoxe et des rabbins de chaque ville ou chabbad à Montréal. Cette année, une ouverture sans précédent s’est opérée pour trouver une voie et entamer un dialogue constructif et respectueux avec la CUSQ et OMETZ afin de multiplier les solutions. Une découverte mutuelle a révélé un champ d’actions potentiel incroyable qui était à l’étude depuis cinq ans. Certains jeunes issus du monde orthodoxe ont tendance à s’éloigner de la religion ou tradition juive et les rabbins qui les connaissent ont besoin de trouver un moyen d’éviter un rejet éventuel en considérant d’autres perspectives. Trois réunions se sont déroulées pour rassembler autour d’une table toutes les personnes* susceptibles d’avoir touché, de près ou de loin, cette population dans le besoin afin de mieux comprendre toutes les facettes de la situation, avec transparence et une ouverture d’esprit commune. Les interventions des professionnels, regroupés autour de la table de concertation, révèlent les forces, les compétences et les intérêts de la communauté et non les différences de chaque groupuscule. Il est notamment ressorti que « La reconnaissance de la diversité religieuse dans la communauté sépharade peut éliminer les phénomènes de repli communautaire et d’isolement social au profit d’une mise à disposition de toutes les ressources disponibles au mieux-être des membres de la communauté ». Un dialogue a commencé à se nourrir de l’expérience de chacun et a abouti à la découverte de services qui soulageraient les Rabbins pour conseiller au mieux les personnes dans le besoin qui ne s’adressent qu’à eux. Il s’est révélé qu’une étroite collaboration permettrait d’alléger certaines décisions et de construire un plan d’avenir plus solide dans certains cas grâce à l’utilisation de services comme l’atelier JEM, les services de l’agence Ometz, entre autres. De plus, ces organismes offrent leurs prestations en français, ce qui facilite également la compréhension et l’approche de certaines personnes d’origine sépharade. Le 13 juin dernier, la réunion s’est déroulée à « L’Atelier JEM Inc. » qui a été une découverte pour une partie de l’assistance. Cet atelier emploie un groupe choisi d’individus handicapés qui
Réunion du 25 avril 2013 avec les Rabbins des congrégations sépharades, tous les superviseurs et employés des différents départements des services sociaux de l'agence Ometz fournissent des services d’emballage de grande qualité à des prix concurrentiels dans différents domaines d’activités. Cette association permet de rendre ces personnes productives et plus heureuses dans un univers professionnel car elle se sentent considérées et utiles à la société suivant leur rythme et compétences. L’agence OMETZ regroupe une multitude de services pour aider les familles dans leur démarche sociale, familiale, administrative et professionnelle. Cet esprit d’accompagnement est en appui au département des Services sociaux de la CSUQ et serait également un soutien pour la communauté orthodoxe dont les demandes sont différentes suivant les situations spécifiques de chaque famille. Le dialogue, le respect et l’entraide sont les piliers de ce rapprochement incontournable aujourd’hui. Ce vaste projet est devenu un défi commun pour les institutions concernées afin de progresser dans une même voie et créer une communauté unifiée solide, intégrée et fière de la richesse de ses diverses origines.
*Les représentants du monde orthodoxe sont nombreux pour soutenir cette initiative : Rabbin Haim Nataf, Rabbin Yehuda Benoliel, Rabbin Abraham Abitbol,Rabbin Avraham Marouani, Rabbin Samuel Mellul, Rabbin Meyer Cremizi, Rabbin Yehiel Yeshouron et Rabbin Shmuel Toledano. Le département des Services sociaux de la CSUQ et des représentants d’Ometz étaient présents pour apporter leur expérience sur le plan de l’emploi, de l’immigration et des difficultés rencontrées par les familles quotidiennement (voir photos ci-dessous).
Laëtitia Sellam
Pour tout renseignement supplémentaire sur les activités du département des Affaires sociales, contactez Sylvia Serruya au 514-733-4998 poste 3150 ou pour tout service de l’agence Ometz contacter Madame Susan Kling Benaroche. magazine LVS | septembre 2013 | 43
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Sefer Torah dédié à la mémoire de M. Hanania Derhy Z'L Le mardi 21 mai, a eu lieu l’accueil du nouveau Sefer Torah au Crowne Plaza Hotel, offert par Monsieur et Mme Armand Aflalo, ainsi que leurs enfants, pour honorer la mémoire de Monsieur Hanania Derhy Z'L. (au domicile de Mme. Derhy et ses enfants)
M. Serge Aflalo, fils de M. Armand et Mme Denise Aflalo et bénévole actif du comité Shaaré Hessed et nous tenons à le remercier pour cette belle initiative.
M. Armand (au centre) et son épouse, Mme Denise Aflalo (à ses côtés) voulaient honorer la mémoire de Monsieur Hanania Dehry Z'L, dont la vie n’a été qu’une succession de mitzvot et de bénédictions pour tous ceux qu’il a rencontrés sur sa route, des valeurs que Shaaré Hessed incarne aujourd'hui. Avec discrétion et humilité, il a eu un impact incommensurable sur des centaines d'individus. C’est pour cette raison qu’ils ont décidé d’introniser un nouveau Sefer Torah.
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NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Cet événement a connu un grand succès grâce à la généreuse participation des invités qui se sont sentis concernés par la cause de la Tzedaka. 375 personnes ont assisté à ce bel évènement. Les fonds de cette soirée sont directement centralisés au sein de la CSUQ (Shaare Hessed) et sont diligemment alloués aux individus et familles dont les besoins sont les plus criants et plus urgents.
Ce nouveau Sefer Torah a été offert et introduit à la synagogue Petah Tikva. Nous sommes fiers d’annoncer que la caisse d’entraide Shaaré Hessed sera désormais la relève de notre prochaine génération et visera à prolonger la sainte action de solidarité envers nos frères et soeurs qui a été initiée par M. Hanania Derhy Z'L.
Une fois de plus, un grand MERCI à tous les donateurs pour leurs généreuses donations dont vous nous avez si humblement gratifiés et plus particulièrement à M. et Mme Armand et Denise Aflalo ainsi que toute sa famille. magazine LVS | septembre 2013 | 45
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
«Unzera Shtetl » : Les colons juifs des Laurentides Une entrevue avec le leader spirituel, Isaac Amouyal Qui d’entre nous aurait soupçonné la présence d’agriculteurs juifs dans les Laurentides et particulièrement à Sainte-Sophie, New Glasgow et Saint Lin ? Pour satisfaire notre curiosité, leur chef spirituel, un juif marocain de surcroît nous trace l’historique de cette communauté hors du commun. Isaac Amouyal est, c’est le moins que l’on puisse dire, un personnage Isaac Amouyal peu conventionnel. Né à Erfoud, la ville natale de Baba Salé, comme il aime à le rappeler, il a quitté le Maroc à 6 ans pour émigrer avec sa famille en Israël. Après des études dans des Yeshivot ashkénazes et le passage obligé dans l’armée, il fréquente l’Université et vient ensuite à Montréal pour effectuer des Études de psychologie, et d’études juives à l’Université McGill d’où il sort avec un baccalauréat en éducation. Il a enseigné l’hébreu et les études juives à Herzliyya et à l’École Maïmonide. Sa connaissance du monde ashkénaze font qu’il est approché par les dirigeants de cette colonie de fermiers juifs afin qu’il soit leur hazan et leader spirituel. Des fonctions qu’il exerce jusqu’à aujourd’hui spécialement lors des fêtes de Tishri. Il nous raconte qu’il y a cent ans, 50 familles de juifs venus de Russie et fuyant les pogroms tsaristes, émigrent à Montréal. Dans leur pays ils étaient agriculteurs métayers car n’ayant pas, en tant que juifs le droit de posséder la terre. La Société Baron de Hirsh leur achète des terres dans les Laurentides afin qu’ils s’y installent et s’adonnent à leur métier : l’agriculture. Attachés également à leur judaïsme, ces colons, construisent également trois synagogues sur leur domaine ainsi que des écoles et engagent même des rabbins pour garder vivantes leurs traditions. Il cite pour ces familles, cinq des plus importantes, les Murray, Gootz, Zaritzky, Polsky et Freemeth. En plus de cultiver la terre, ces agriculteurs font également de l’élevage de volailles et organisent même un service cachère d’abattoirs avec près de 100 employés locaux. Leurs synagogues sont également des centres sociaux où les gens se rencontrent et organisent des fêtes. Isaac Amouyal officie depuis 37 ans dans la colonie qui ne compte plus qu’une synagogue, le nombre de colons ayant drastiquement diminué (seulement une trentaine de familles sont restées sur place) la plupart d’entre eux s’étant installés à Montréal et dans ses banlieues. Ceux-ci tiennent cependant à préserver leur tradition et pour les fêtes de Rosh Hashana et de Yom Kippour ils se réunissent à Sainte-Sophie afin d’organiser les services religieux. Ceux-ci sont dirigés évidemment par Isaac Amouyal qui nous confie qu’il se sent à l’aise pour combiner la liturgie ashkénaze et sépharade. Il leur a appris justement 46 | magazine LVS | septembre 2013
des airs sépharades lors de certaines prières,Il a organisé également une inauguration d’un Séfer Torah. Son dvar Torah est en anglais, étant lui-même anglophone. Son kahal compte cent personnes. N’ayant pas le titre de Rabbin, il ne se sent pas en mesure de demander à ses ouailles un respect strict du Chabbat de même que d’autres restrictions propres à la Halakha. Pour lui l’essentiel réside dans le fait que ce groupe reste attaché à cette forme de judaïsme qui est également respectable à ses yeux. À titre anecdotique, il nous raconte que les cérémonies d’ablution du tachlich se font dans une rivière de la région qui porte le nom prédestiné de…Jourdain. Les riverains des alentours respectent ces colons juifs qui sont des francophones et qui se sont harmonieusement intégrés auprès des résidents de la région. Le 1er septembre prochain cette communauté si particulière et attachante, fêtera ses 100 ans d’existence. Le programme comportera en plus des festivités d’usage, un service religieux, des panneaux-affiches, des conférenciers invités ainsi que des visites guidées. Pour plus d’information allez sur www.jewishfarmers.myevent.com Elie Benchetrit
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Le Centre Cummings Le bénévolat: la force motrice au cœur de notre institution
Les Programmes : Au coeur de la vie de nos membres.
Être bénévole au Centre Cummings, c’est vivre une expérience unique, une aventure extraordinaire à découvrir et à partager avec des amis. C’est également et surtout être au cœur de la vie communautaire : donner et recevoir.
Vous qui rêviez de programmes novateurs et de vous occuper de votre santé, de vous amuser enfin et de passer du bon temps avec vos amis, inscrivez-vous aux programmes du Centre. Imaginez plus de 200+ programmes pour les 50+ disponibles à partir de l’automne prochain.
Le bénévolat est la porte d’entrée dans l’univers du Centre Cummings, un centre qui dispense des services à 8000 personnes. Le rôle des bénévoles est central au cœur de l’institution. Il permet de faire découvrir au public les joies que procurent l’engagement communautaire et son importance pour faire la différence dans la vie des autres. Le département compte sur un effectif de mille bénévoles, dont l’âge varie entre des jeunes de l’âge de la Bar et de la Bat-Mitzva, et… cent ans!! Au Centre, la plupart des programmes sont intergénérationnels et l’on retrouve côte à côte, des aînés, des jeunes et des adultes. Parmi les diverses possibilités de faire du bénévolat : le team-chalom des préposés à l’accueil, la cafétéria, la boutique, le centre de bien-être, la popote roulante, le Centre des arts et l’Action sociale. En fait chacun peut trouver la place qui lui convient le tout dans le cadre d’un horaire souple. Le Centre travaille étroitement avec Sylvia Serruya, afin de faire connaître ses services à la population sépharade francophone. Pour plus d’informations appeler Lynn Gordon au 514-342-1234 poste 7240.
Au Centre Cummings, le service des programmes souligne l’importance d’offrir des programmes en français en fonction de la composante sépharade et francophone de notre communauté. Cette clientèle spécifique fréquente de plus en plus les activités du Centre. Parmi toute une gamme de choix possibles : •
Les cours d’ordinateur pour débutants (6 cours) les mardis du 8 octobre au 12 novembre de 14h à 16h.
•
L’intro au vitrail (8 cours) les lundis du 16 septembre au 11 novembre de 18h30 à 21h30.
•
La Danse de salon les mercredis 11 septembre au 30 octobre de 19h à 20h30. Si vous avez d’autres centres d’intérêt, n’hésitez pas à nous contacter. Nous sommes là pour vous servir avec des programmes et des événements spéciaux.
Pour plus d’informations contactez Claude Elbaz au 514-342-1234 poste 7325.
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SERVICES COMMUNAUTAIRES Bénévolat autour de grandes causes
Cette année, le deuxième gala des Bar Mitzvot a eu lieu le 12 juin à la synagogue Spanish & Portuguese. Cet évènement fut un énorme succès avec plus de 320 participants, le double de l’an passé pour le même événement. Co-présidée par Avraham Castiel, Dominique Benarroch et Perla Lévy et avec l’aide de 25 bénévoles qui travaillent sans cesse tout au long de l’année, cette superbe soirée avait pour objectif d’amasser des fonds pour organiser une cinquantaine de Bar Mitzvot à Beer Sheva en Israël. Lors de ce gala, les participants ont pu visionner un vidéo complet du programme de la Mission avec notamment les bénévoles dans différents centres à Beer Sheva ainsi que l’émouvante cérémonie de la journée des Bar Mitzvot au Kotel qui regroupe une cinquantaine d’enfants choisis par le département social de la Ville de Beer Sheva, jumelée à la Ville de Montréal .Ces enfants sont orphelins ou proviennent de familles défavorisées. Grâce à un partenariat avec le rabbin Or Benshoushan de Orot Israel, les enfants se préparent à leur Bar Mitzvah tout au long de l’année et attendent avec impatience ce jour mémorable. Lors de cette journée, les enfants arrivent au Kotel le matin avec un accompagnateur, on leur remet des tefillin, la cérémonie religieuse a lieu dans une synagogue de la vieille ville, les enfants vont ensuite se recueillir au Kotel et après une visite des lieux, une grande fête réunit les enfants et leurs familles heureuses. Ce projet a été choisi comme étant l’un des projets les plus importants pour l’équipe de bénévoles de Montréal car faire sa Bar Mitzva est un rite de passage de l’enfance à l’âge adulte essentiel pour tout Juif. Cette année, les montants amassés ont dépassé de loin les attentes et permettront de financer entièrement tout ce beau projet. La Mission de Solidarité 2013 aura lieu du 21 octobre au 4 novembre, un groupe d’une quarantaine de personnes partira en Israël dans le but d’aider les plus démunis, de contribuer acti52 | magazine LVS | septembre 2013
Les bénévoles du bazar 2013 vement à différents projets sociaux et de continuer à découvrir toutes les différentes richesses du pays. Au programme : bénévolat à Beer Sheva (au sein de garderies, soupe populaire Beth Moriah, centre Ilan pour handicapés…), des découvertes de lieux et de paysages impressionnants, des rencontres, mais surtout l’événement rassembleur des Bar Mitzvot qui aura lieu le 24 octobre. Quant au Bazar, qui a eu lieu les 23 et 24 juin dernier au Y, et présidé par M. Alain Mechaly avec l’aide d’un comité dynamique, il a servi à amasser des fonds pour une cause qui tient à cœur la communauté : venir en aide à ZAKA, organisation humanitaire qui sauve des vies lors d’incidents tragiques en Israël et qui aide des Juifs en danger en dehors du pays. Les profits récoltés serviront à l’achat d’une ambulance dans la région de Beer Sheva, dédiée à la mémoire d’Alexandre Bitton Z'L, décédé en Haïti lors des tremblements de terre de 2010. Un événement aux 3 ingrédients clés : de la marchandise neuve, une ambiance sympathique et des bénévoles exceptionnels. « Nous faisons cela car nous avons été très touchés par ce qui est arrivé à Alexandre Bitton Z'L mais aussi parce qu’on aime participer à cette levée de fonds importante pour la communauté. Cela donne du sens à notre engagement communautaire et nous sommes fiers de pouvoir aider ceux dans le besoin » affirme une des bénévoles interrogée sur place. Voilà qui résume bien le sentiment général des 50 bénévoles qui se sont dévoués à préparer cet événement de grande qualité pendant des semaines et surtout qui ont généreusement donné de leur temps et de leur enthousiasme. On les remercie bien fort car sans eux rien ne serait possible.
Emmanuelle Assor
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Le Cercle
Depuis sa création Le Cercle n’a cessé d’évoluer pour mieux servir les jeunes de la communauté. Agissant à titre de lieu de rassemblement pour les jeunes âgés entre 20 et 40 ans, il est maintenant possible de louer le local du Cercle — formule clé en mains — pour des fêtes privées. Voilà une nouvelle vocation bien appréciée des jeunes qui réservent la salle pour y célébrer des anniversaires, pour se retrouver en groupe ou tout simplement pour des événements officiels, la salle étant équipée d’un projecteur, de matériel audiovisuel et de tout ce dont on a besoin lors d’un événement. Cela étant dit, Le Cercle continue d’organiser des activités pour son public cible de 25-40 ans mais l’emphase a été mise sur deux groupes distincts aux besoins différents : soit, les 20-30 ans (jeunes professionnels et étudiants) et 30-40 ans (aux carrières établies cherchant à socialiser et à réseauter). Pour l’été et l’automne, plusieurs activités sont au programme. La première d’entre elle, le « Art Show » le 26 juin, a réuni huit artistes de la relève, âgés entre 22 et 40 ans, un intéressant étalage de médias mixtes : des bijoux, de l’aquarelle, de la photo, un DJ et même un peintre qui a fait de la peinture sur place. L’événement rassembleur était gratuit pour tous et surtout pour les artistes à qui l’on offre une visibilité et une promotion hors pair. Une centaine de personnes ont participé à l’événement et même ArTv s’y est intéressée dans une émission (3 vidéos web) sur ce qui se passe d’intéressant à Montréal. La saison estivale a aussi été ponctuée de BBQs pour lancer la programmation des jeunes. Le 2 juillet a eu lieu un premier BBQ, derrière le local du Cercle sur la rue Earnscliffe. Avec une formule « tout inclus » à 10 $ offrant à chacun 2 hotdogs de la
Boucherie Amsellem, des chips et un drink. Le groupe d’une cinquantaine de jeunes réunis était ravi. Des jeunes de France et du Maroc se sont même joints au groupe d’habitués, le mot s’étant passé sur Facebook. Au nombre des nombreuses activités prévues tout au long de l’année : une autre soirée « Sushi Night » avec le super chef Marco Oiknine qui démontre tout son savoir-faire et une délicieuse dégustation de sushis après le cours… Suivi d’une série d’humour « Comedy Show » animée par notre Alex Fredo national et ses animateurs de la populaire émission « Les p’tites anecdotes ». Pour plaire au groupe des 20-30 ans, Alex Fredo s’est joint au Cercle pour concocter des soirées mémorables. Humour, musique et délires sont de la partie. Neev se joindra aussi aux activités quand son agenda bien chargé le lui permettra ! Des soirées « Open-mic » parsèmeront la saison et auront lieu au Bar Sans-nom situé sur l’Avenue du Parc, en plein cœur du branché Mile End. Lors de ces soirées, des jeunes seront invités à chanter, slamer, parler, rimer, le tout pendant 5 minutes au microphone. Super occasion de découvrir des nouveaux talents ou de se découvrir une passion inédite… À suivre… Enfin, un cycle de conférences débutera à l’automne sur des thèmes aussi variés concernant les jeunes tels que la gastronomie, le e-commerce, les voyages, le sport et la religion. L’idée des conférences est d’ouvrir des débats et de partager des idées, de permettre un « Straight Talk » comme on dit aux Etats-Unis.
Emmanuelle Assor
magazine LVS | septembre 2013 | 53
SERVICES COMMUNAUTAIRES
BANAV et la Guerre des Clans : on pense déjà à la prochaine édition Cela fait déjà 5 ans que le programme de leadership pour la continuité sépharade de la CSUQ bat son plein. Le dernier opus de ce programme, organisé par un comité, de levée de fonds « La Guerre des Clans », a remporté un vif succès en avril dernier et a suscité un rassemblement communautaire intergénérationnel comme jamais vu auparavant. À la manière du show télévisé « Family Feud », des familles et des groupes de gens de tous les âges se sont réunis pour jouer et lever des fonds pour une bonne cause. Cette cause-là, cette année, c’était BANAV, un organisme communautaire juif qui vient en aide aux familles ayant des enfants avec des problèmes d’apprentissage. Il y a deux ans, BANAV était méconnu au sein de la communauté. Depuis cette soirée, ce nom est sur toutes les lèvres. Ce projet, ce sont les jeunes qui l’ont choisi eux-mêmes car ils ont constaté l’importance de venir en aide aux enfants ayant des besoins spéciaux. Une superbe façon de s’impliquer dans des causes moins connues mais qui touchent plusieurs membres de la communauté. Mission accomplie ? Benjamin Bitton, coordonnateur du programme Leadership, constate que le succès attendu a été largement dépassé : « Je suis agréablement surpris de voir que le succès et les objectifs souhaités ont été grandement surpassés » dit-il. Plus de 400 personnes se sont déplacées pour cet événement, et la majorité d’entre elles était composée de jeunes adultes. Selon Benjamin, l’idée du départ, lancée par David Ohayon lors du voyage « Retour aux sources », dans le cadre du Programme de Leadership, était farfelue. Puis la créativité de l’équipe a pris le dessus, jusqu’au moment où le comité a réussi à obtenir l’intervention et la participation du célèbre animateur Luc Sennay, lui qui animait autrefois « La Guerre des Clans » sur TVA. De fil en aiguille, le projet a pris de l’ampleur. Huit équipes se sont formées, une magnifique campagne de marketing a eu lieu sur le web et les médias sociaux ont lancé l’événement. Grâce à toute cette dynamique, les jeunes ont été sensibilisés à cette cause et ont participé massivement à l’événement. Grâce à « La guerre des clans », des milliers de dollars ont été recueillis. Même l’équipe nommée « Old School » de Michaël Fhima et Eric Wazana, qui a remporté le grand prix de 5 000 $, a offert la quasi totalité de ce gain à BANAV !
54 | magazine LVS | septembre 2013
Les animateurs de la soirée, Luc Senay et Neev Bensimon entourée de nos « supers héros » — nos bénévoles Le secret de cette réussite : une superbe équipe de bénévoles qui a pris en charge le projet de A à Z comme de vrais experts. Les co-présidents Karen Aflalo, Muriel Alloune, David Ohayon et Steve Sebag ainsi que le comité organisateur ont mis tous les efforts nécessaires pour accomplir ce travail gigantesque. Avec leur enthousiasme et leur professionnalisme, rien n’a été laissé pour compte : le montage de la scène, la production, les préparatifs de la soirée, les annonces sur les médias sociaux, la publicité dans la communauté, la vente de billets. Tout a été concocté d’une main de maître et la participation du public a été mémorable. Éclats de rire et joie étaient au rendez-vous. « On a tellement ri et on s’est vraiment amusé, même si ce projet a mis plus de 6 mois à voir le jour » raconte Benjamin Bitton. « On a créé un événement vraiment original, une grande première, on est sorti de notre zone de confort et on s’en félicite» conclut-il. Et si l’engouement est encore palpable, on parle déjà d’une autre soirée du même genre. Pour ceux qui y ont assisté et en redemandent et pour ceux qui l’ont ratée et espèrent se reprendre. Mais pour l’instant, les yeux sont rivés sur la prochaine promotion des jeunes adultes, qui débutera avec la relève du programme de Leadership en septembre 2013. Ils auront toute une année pour apprendre les secrets de l’organisation d’une activité de levée de fonds réussie.
Emmanuelle Assor
SERVICES COMMUNAUTAIRES
J’aimerai, au nom de notre directeur exécutif monsieur Yossef Ifergan ainsi qu’au nom de notre conseil d’administration, remercier la CSUQ et son Programme de Leadership d'avoir organisé un événement si réussi. Le 10 avril 2013, a eu lieu la soirée « la Guerre des clans », un projet de collecte de fonds réalisé par les finissants de la première et de la deuxième session du Programme de Leadership de la CSUQ. Pour l’équipe du Programme de Leadership, l’objectif était avant tout de créer un événement de très haute qualité sur lequel s’appuyer pour croître dans les années à venir. En effet, cet événement, qui a attiré près de 400 personnes de la communauté juive de Montréal, a remporté un franc succès. D’emblée, nous tenons à mettre en évidence que le Programme de Leadership est composé de jeunes professionnels ayant activement participé à l’organisation de cet événement et demeurant à la fine pointe du professionnalisme. Ils ont accompli un travail exceptionnel. Toutes nos sincères félicitations ! Il importe, également, de remercier et de souligner la contribution essentielle des commanditaires qui ont rendu possible l’organisation de cet événement, ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin au succès de cet événement. Leur soutien est primordial pour la réussite de cet évènement et leur présence a été des plus appréciée. Finalement et principalement, l’événement a permis de sensibiliser la communauté juive de Montréal à la cause des « enfants qui ont aussi le droit d’apprendre et le pouvoir d’y arriver » et de mieux faire connaître les programmes BANAV et de ses services. Grâce à votre contribution, les profits amassés permettront de soutenir une classe BANAV pour l’année scolaire 2012-2013. Sincères remerciements, Nathalie Myara Ifergan, Ph. D. Professeure associée Chercheure régulier groupe de recherche DÉFI Accessibilité Département de psychopédagogie et andragogie Faculté des sciences de l’éducation Université de Montréal Présidente Centre d’Accomplissement LANAAR – BANAV 514 585 8464 – nmyara@sympatico.ca – www.IEP-PI
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SERVICES COMMUNAUTAIRES
Club pour enfants de Petah Tikva, un succès grandissant
Sigalit Shabitai Petel
Biologiste de formation et spécialiste en intervention du langage auprès des enfants, Sigalit Shabitai Petel travaille auprès des jeunes depuis des années. Depuis quelques mois déjà, la communauté juive peut se féliciter d’avoir accès à son expertise et à ses services car Sigalit a ouvert les portes d’un club pour enfants au sein de Petah Tikva. Le but de ce groupe est de permettre aux parents de prier avec l’esprit tranquille les jours de shabbat et de fêtes pendant que leurs enfants s’amusent.
les enfants, organise des spectacles avec clowns et marionnettes, elle leur offre une collation, leur apprend à prier et leur lit des histoires liées à la Parashat de la semaine. Depuis sa création, le club ne cesse d’accueillir de nouveaux enfants car le mot s’est passé. Les parents sont simplement ravis et les enfants adorent ça. Pour l'inscription de votre enfant et pour plus de renseignements, contacter Sigalit Shabitai Petel par courriel à : sigalit@global-net.org Emmanuelle Assor
Tous les samedis de 9h15 à 12h30, le club reçoit une trentaine d’enfants, gratuitement, dans une superbe salle de jeux aménagée spécialement pour eux par Sigalit. Pendant ces quelques heures, Sigalit joue, prépare les célébrations des fêtes à venir avec
L'Agence Ometz Jami Liverman est un chef expert et qualifié qui dirige sa propre compagnie de traiteur. Il trouve néanmoins le temps de s’engager bénévolement de manière positive auprès de l’Agence Ometz. Tous les mardis soirs, Jami rencontre un groupe de jeunes âgés de 18 à 25 ans qui viennent à l’atelier d’apprentissage en cuisine. Ces jeunes gens étaient invités afin d’apprendre comment manger sainement avec leur budget limité. Mais, semaine après semaine, les rencontres ont pris un nouveau tournant. Les repas de Jami ne sont pas uniquement délicieux et réalisés avec des budgets abordables, ils ont facilité également la formation
d’un groupe homogène, se rencontrant sur une base régulière. Jami a su créer une atmosphère saine et agréable auprès de jeunes privés de leurs droits, mais qui peuvent partager leurs histoires et discuter de n’importe quel sujet de manière ouverte et sans préjugés. Sous la conduite de Jami, les jeunes organisent maintenant leurs rencontres hebdomadaires. Bien sûr, Jami y assiste régulièrement et continue à enseigner, à partager des techniques et surtout à être à leur écoute.
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SERVICES COMMUNAUTAIRES
Voyage d’échanges à Paris d'élèves du secondaire 3 de l’École Maïmonide initié par l’Alliance Israélite Universelle Canada en partenariat avec l’École Maïmonide et l’École Georges Leven-Paris « Les voyages forment la jeunesse… ». Ce proverbe attribué à tort à Montaigne a suscité de nombreuses réflexions à l’époque des Lumières auprès d’intellectuels qui se sont interrogés sur la valeur éducative des voyages. Dans les différentes encyclopédies ou dictionnaires universels publiés, la même idée est reprise; à savoir que : « Les voyages sont nécessaires à la jeunesse pour apprendre à vivre dans le monde. » Ce projet s’est donc inscrit dans le cadre des objectifs de l’Alliance israélite universelle Canada qui visent à mettre en place des programmes d’échanges d’étudiants entre les établissements scolaires intégrés ou affiliés et ceux du réseau de l’Alliance. Cette première initiative est née, lors des célébrations du 150e anniversaire de l’AIU à Paris, durant un échange entre Mme Azoulay, directrice générale de l’École Maïmonide et Mme Sarrabia, directrice de l’école Georges Leven à Paris qui évoquaient la possibilité d’initier un voyage d’études entre les élèves des deux institutions. Deux années s’ensuivent où de nombreux aspects liés à la logistique sont discutés et des solutions apportées aux questions relevant du logement, de l’encadrement et du financement. La direction de l’École Maïmonide ainsi que ses administrateurs n’ont eu de cesse de veiller au succès de ce projet pilote. Un soin particulier est apporté à la programmation par les organisateurs qui se targuent de sortir des sentiers battus et d’offrir à nos élèves un souvenir impérissable de ce voyage. Le 4 février 2013 , 26 élèves de l’École Maïmonide de Montréal provenant des campus de Parkhaven et de Jacob Safra prennent l’avion à Paris pour une semaine, accompagnés d’Éric Mechaly, directeur de la Vie Étudiante, de Mme Muriel Benayoun, professeur de Français et de Karen Afflalo, bénévole de notre communauté impliquée dans de nombreux dossiers. Pour la majorité des élèves de l’École Maïmonide, ce voyage à Paris a été leur première incursion en Europe et ce voyage leur a offert une opportunité unique de s’ouvrir à d’autres horizons culturels. Nos élèves ne possèdent que peu de connaissances
Les élèves de l'École Maïmonide devant la pyramide du Louvre. du judaïsme français et leur connaissance de la communauté juive française se limite aux échos dont ils sont témoins par le truchement des médias. Ce voyage proposait aussi un volet pédagogique concocté conjointement entre la direction des deux écoles afin de créer une synergie entre les élèves autour de sujets d’intérêt commun : langue française; arts plastiques. Nos élèves sont francophones, mais ce voyage à Paris leur a permis d’être imprégnés au quotidien de culture française par le biais de pièces de théâtre, de visites de musées légendaires et ainsi de mieux appréhender l’importance et la vitalité de la langue et de la culture françaises. Au théâtre, ils ont assisté à la Comédie Française à une représentation du Malade imaginaire de Molière, pièce qui avait été étudiée durant le cours de Français; ainsi qu’à une représentation du Journal d’Anne Frank, pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt au théâtre de la Rive Gauche. Ils ont eu plusieurs visites guidées, dont celle du Musée du Louvre, du Mémorial de la Shoah, de Versailles. Ce voyage leur a aussi permis de visiter des sites touristiques : la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, la Place de la Concorde, le Jardin des Tuileries et une croisière sur la Seine en Bateau-mouche. Il est indéniable que les directions de l’Alliance israélite universelle et de l’école Georges Leven à Paris ont joué un rôle essentiel dans la réussite de ce projet et n’ont pas lésiné sur les efforts pour aplanir toutes les difficultés. Une bonne nouvelle ! Le projet est reconduit pour l’année 2014 et des pourparlers ont lieu pour que les élèves de Georges LevenParis viennent à Montréal poursuivre ce processus enclenché. Philippe Elharrar Directeur Général Alliance israélite universelle Canada philippe.elharrar@aiucanada.org magazine LVS | septembre 2013 | 57
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Fun fun fun au Département jeunesse de l’été à l’automne Cette année, le département jeunesse a innové avec un Club Vélo, dès le mois de juillet. Ouvert à tous mais surtout aux jeunes ados et leurs parents, le nouveau club cycliste a pour objectif de réunir les jeunes autour d’une activité saine et distrayante : le cyclotourisme. Pas besoin d’être un grand athlète, il suffit d’avoir une bonne bicyclette pour se lancer dans cette aventure. Tous les dimanches, le club vélo arpente les sentiers moins connus de la Ville de Montréal et de ses alentours. On parcourt Oka, Châteauguay, Lachine, le chemin du Petit train du Nord, le Vieux Montréal et on découvre des petites routes de campagnes inconnues des automobilistes… L’inscription gratuite a attiré une vingtaine de participants intéressés par la promenade mais aussi par les baignades dans les lacs et piscines environnants, le tout encadré par le merveilleux guide Eric Choukroun ! Cette activité est bonne pour le corps et l’esprit mais surtout sécuritaire car les excursions suivent les parcours de pistes cyclables. Ce fut un véritable plaisir de faire du vélo en groupe alors que le vélo est souvent un plaisir solitaire. On a déjà hâte à l’an prochain…. Tous l'été, du 25 juin au 16 août, le camp Benyamin a battu son plein avec plus de 120 enfants par semaine. Direction : tous vents! Le camp bouge et va là où il y a le plus d’activités intéressantes pour les jeunes! Ainsi, les groupes ont pris d’assaut La Ronde, le rafting aux rapides de Lachine, les glissades d’eau à Saint Sauveur, le Zoo de Granby, Arbraska (accrobranches) à Rawdon pour défouler nos petits Tarzans et la liste est longue… Nouveauté cette année, le centre d’amusement « Fun au max » avec des personnages Nintendo au Collège Marie-Victorin a remporté un vif succès avec l’animation, les structures gonflables et la magnifique piscine sur les lieux. En résumé : que du « gros fun » et des enfants bien épuisés le soir… Cette année, le programme de jeunes leaders et communautaires (J.L.C) est en évolution. Il y a clairement un besoin car des jeunes du secondaire 3 sont venus bénévolement travailler au camp après avoir terminé le programme. Grâce à celui-ci, des jeunes acquièrent des outils de leadership et d’animation axés sur quatre principes fondamentaux : identité juive, engagement communautaire, leadership et Israël. Tout au long de l’année, plus précisément deux dimanches par mois, ils sont conviés à des ateliers, week-ends, escapades et shabbatons, dans le but de créer un noyau de jeunes qui seront actifs plus tard dans un contexte communautaire. Afin de rejoindre les jeunes, le département a commencé à utiliser les réseaux sociaux et le bouche à oreille continue de faire son chemin. Suivez de près nos activités pour ne pas rater l’inscription au programme leadership cet automne !
Emmanuelle Assor
58 | magazine LVS | septembre 2013
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Sylvain Abitbol, Président de la CSUQ, Alex Abitan, Président du Golf Swing 2014, Marc Kakon, Président sortant de la CSUQ et Raphaël Perez, Président du Golf Swing 2013
Golf 2013, beau temps, mauvais temps ! Le début de l’été 2013 aura été marqué par des changements climatiques assez majeurs ! Pluie, mauvais temps, soleil intense et humidité, on en aura vu de toutes les couleurs. Pourtant, même si le soleil a joué à cache cache tout le mois de juin, cela n’a pas refroidi l’ardeur des nombreux participants au tournoi de golf 2013 !
Après une belle partie de 18 trous, le clou de la soirée : un tirage au sort des prix intéressants comme un iPad, un iPod et un MAC, offerts par différentes compagnies commanditaires ainsi que de luxueux prix tels qu’un voyage sur un yatch, une loge privée pour 12 personnes (gracieuseté de la RBC) pour regarder un match des Canadiens, un superbe tableau du peintre Hervé Teboul…
A la veille du tournoi ayant lieu au Hillsdale Country Club le 27 juin, on annonçait 90% de probabilité de pluie, mais le tournoi a eu lieu et… le soleil s’est même montré le bout du nez !
Un grand succès grâce au travail acharné de toute l’équipe et grâce à la contribution hors pair du président d’honneur de la soirée, M. Raphaël Perez. « Il s’est dévoué à 100% à cet événement, il était totalement investi dans cette activité, toujours disponible pour nous. Il a pris à cœur ce tournoi et je sais déjà qu’il fera partie de l’équipe l’an prochain» a affirmé Benjamin Bitton, responsable du département de levées de fonds de la CSUQ. «Nous sommes satisfaits des résultats de cette activité grâce à laquelle nous pouvons financer divers projets du département jeunesse, tels les camps d’été et d’hiver pour les enfants issus de familles défavorisées » at-il ajouté.
Comme tous les ans, avant le coup d’envoi, les participants ont eu le plaisir de déguster un buffet traditionnel pour le petit déjeuner et pour reprendre des forces sur le terrain. Différentes stations de nourriture étaient installées pour eux : trois stations à BBQ; un kiosque de café (S&M Café) avec des machines haut de gamme servait des capuccinos et espresso à ceux qui le désiraient et des pâtisseries venaient agréablement accompagner le tout. Durant la journée, le commanditaire, Spa Van Hill présent sur les lieux, a offert des soins aux participantes (massages, pédicures et autres traitements), ce qui a ravi toutes les femmes présentes. Lors du cocktail dînatoire, tous les participants se sont retrouvés autour de la magnifique piscine du complexe Hillsdale. Le décor composé de petites bougies, de pétales de fleurs et de tentes gazebo avec bar a contribué à l’ambiance intimiste de la soirée. Golf et détente, voilà un forfait bien intéressant à refaire l’an prochain… Notons aussi le travail tant apprécié des bénévoles présents, ayant aidé au bon déroulement de toutes les activités. 60 | magazine LVS | septembre 2013
Le tournoi étant fini, tout comme l’été !, on pense déjà à préparer celui de l’an prochain. Un programme ambitieux : 36 trous, 2 terrains de golf et 288 joueurs. Pour chapeauter le tout, un nouveau président, Alex Abitan, membre du comité depuis quelques années, passera aux commandes. Du renouveau, c’est certain, car Alex attirera des jeunes de son âge et continuera de faire connaître le tournoi de golf à de nouvelles générations.
Emmanuelle Assor
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LIVRET SOUVENIR • SOUVENIR BOOKLET Altro Levy LLP Bench.ca Doris Hosiery Mills
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COMMANDITES DE LA JOURNÉE • SPONSORS OF THE DAY AIM - The Black Family Autobus Seguin Boucherie Amsellem Celebrations
Club de golf Hillsdale Danielle Bitton Hector Larivée Holland Automotive
Marvid Poultry RBC Banque Royale S&M Services de pause café Sportech
Sysco Tomapure Van Hill Spa
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MERCI POUR VOTRE SOUTIEN ET GÉNÉROSITÉ • THANK YOU FOR YOUR SUPPORT & GENEROSITY
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Golf Swing 2013
62 | magazine LVS | septembre 2013
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Alexandre Abitan, le moment de la relève a débuté Alexandre a toujours eu le sens de la famille et est attaché à l’esprit communautaire dans lequel il a baigné depuis son plus jeune âge. Responsable du département marketing et ventes dans l'entreprise familiale, MODEXTIL, à 27 ans, il affiche déjà une maturité et un élan visionnaire qui lui a valu d’être choisi par son entourage pour devenir le Président de Golf Swing 2014. La communauté a besoin de jeunes leaders comme Alexandre, comment voit-il cette nomination ? LVS : Quel est votre parcours en tant communautaire ?
Alexandre Abitan Président du Golf Swing 2014
Alexandre Abitan : Ma mère est promue à un haut poste à la Fédération CJA l’an prochain et mes parents ont toujours œuvré au cœur de la communauté en tant que bénévoles. J’ai donc baigné dans cet environnement de générosité depuis mon plus jeune âge et je me suis investi, il y a quelques années, dans des causes comme l’événement promis, qui récompense les jeunes entrepreneurs, ou, plus récemment, dans le projet FIX en tant que co-fondateur. Lorsqu’une cause me touche, je m’investis par envie pour diverses raisons. Ensuite, je prends à cœur le projet pour faire de mon mieux et faire une différence avec l’équipe du CA. Quatre co-fondateurs volontaires, une équipe motivée et le soutien de la Fédération CJA et de la CSUQ ont permis de rassembler 150 000$. Nous avons pu aider, pendant 18 mois, des adultes de notre communauté, dépendants de drogues ou autres produits, grâce aux professionnels d’OMETZ qui leur donnent l’espoir de décrocher et se réinsérer dignement. J’aime relever des défis qui aboutissent au bien-être des membres de notre communauté qui ne savent peut-être plus comment aller chercher des opportunités pour des raisons personnelles. Je suis franc et déterminé quand je suis engagé dans une cause et j’espère être bientôt entouré par d’autres jeunes leaders pour assurer la relève avec persistance. LVS : Quelle a été votre motivation pour accepter la présidence du Golf Swing 2014 ? Et quel est votre secret pour motiver une levée de fonds dans l’année ? A.A. : J’ai été sollicité par les anciens présidents du Golf Swing que je connais bien et j’ai voulu relever ce défi avec une vision transitoire. J’ai été fier d’être désigné comme un président potentiel et je trouve que cet événement est à la fois sympathique, sportif et productif. De belles personnalités répondent « présent » chaque année dans un esprit de fête qui facilite la bonne humeur générale et le réseautage éventuel du matin au soir. Tous les âges se côtoient, ce qui donne une bonne opportunité pour mélanger les générations et échanger des idées constructives, pour la communauté ou le développement d’affaires. Mon implication dans plusieurs CA me permet d’agir rapidement avec un esprit novateur afin de créer une transition souple, sans éliminer ce qui existe mais en le modernisant, notamment à travers d’autres moyens de diffusion d’informations ou une ambiance différente pour relancer l’image du Golf Swing et le faire davantage connaître dans tout Montréal. Je désire parler au nom d’une seule communauté afin de trouver de nouvelles sources de revenus.
Laëtitia Sellam
magazine LVS | septembre 2013 | 63
ALEPH
CENTRE D’ÉTUDES JUIVES CONTEMPORAINES dirigé par SONIA SARAH LIPSYC
Programmation Aleph 2014 Le judaïsme contemporain résonne à travers l'apprentissage, l'étude et l'ouverture. La programmation d'ALEPH a pour objectif de combiner différentes facettes du judaïsme, à la fois pour un apport personnel mais aussi pour mieux appréhender notre environnement à travers des lectures talmudiques régulières. Toujours soucieuse de créer un dialogue riche et constructif accessible à tous, Sonia Sarah Lipsyc privilégie la réflexion personnelle et l'interactivité. Apprendre l'hébreu, étudier le Talmud, s'enrichir de l'histoire du judaïsme et du savoir des intervenants sont les chemins offerts par ALEPH pour que cette année soit un guide, à la fois spirituel et pragmatique, accessible à chacun.
sonnes plus âgées, des Juifs affiliés et non affiliés à la communauté, des Juifs inscrits dans une congrégation et d'autres qui ne le sont pas, des Juifs orthodoxes et non orthodoxes, et des non Juifs participer à cette étude ! C'est le propre de ALEPH. Ma joie est encore plus prononcée lorsque j'entends des personnes dire, après que la problématique de l'étude ait été exposée : voici ce que je pense de ce que dit Rachi ou je suis d'accord avec Nahmanide, etc.… Entendre alors les noms de ces illustres commentateurs dans la bouche de ces participants qui se les approprient l'espace d'une réflexion est encore l'un des objectifs que ALEPH s'était fixé. »
Les cours d'initiation à l'Hébreu* sont renouvelés et le nombre de participants a augmenté au cours des mois. Sous forme d'une série de 10 cours, de la mi octobre à la mi décembre, vous apprenez à lire l’hébreu grâce à la méthode inédite du Rabbin Samuel Mellul, professeur et pédagogue hors pair qui a mis au point un apprentissage simple et efficace pour tout un chacun(e). Débutants ou faux débutants qui désirent lire un verset de la Torah, dire des prières ou s’initier aux bases de l’hébreu avant d’apprendre à le parler sont les bienvenus. « Nous visons l’autonomie des élèves dans leur apprentissage du judaïsme et ne leur demandons qu'une heure de révision par semaine. L'objectif est d'avoir accès à ce qui leur appartient déjà : les textes majeurs de notre tradition juive afin de les aider dans leurs connaissances ou cheminement de vie personnel », précise Sonia Sarah Lipsyc.
— Réaction de Sonia Sarah Lipsyc sur sa page Facebook.
Une fois par mois, du mois d'octobre à juin, l'Atelier talmudique est une source d'enseignement fondée sur le principe du « Beth Hamidrach », maison d’études, lieu pour étudier à deux ou trois ou en groupe, les textes du Talmud de manière interactive. La dernière séance, par exemple, de l'année 2013 a réuni 25 personnes de tout âge, horizon, femmes, hommes, affiliés ou non affiliés à la communauté et même quelques personnes d’autres traditions intéressées par la culture et les textes juifs. Daniel Glassman, talmudiste et chercheur au Nouveau Beth Hamidrash de Côte Saint-Luc, applique une approche pédagogique totalement en phase avec le concept d'Aleph : énoncer une problématique en respectant, à la fois, les textes et en suscitant un dialogue ouvert, sans préjugé, avec l'assistance afin que toute personne puisse intervenir. « La réussite de cet atelier tient notamment au fait que chacun(e) instruit un rapport personnel aux textes. Quelle joie pour ma part de voir des femmes et des hommes, des jeunes et des per-
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Dans les mois à venir, deux nouveaux programmes vont prendre forme et auront pour thème : « Le judaïsme contemporain : ses problématiques et penseurs » et un cycle de conférence échelonné sur 2 ans : « Judaïsme de A à Z pour adultes et jeunes adultes » qui sera une introduction aux principaux personnages de la Bible, aux moments majeurs de l'histoire juive, aux fêtes juives et livres traditionnels commentés par divers intervenants. « Les rendez-vous du Café littéraire » seront de retour dès la rentrée 2013, et mettront en valeur, une fois par trimestre, les ouvrages francophones touchant de près ou de loin à la culture juive en mettant l’emphase sur les publications au Québec. ALEPH et l'AIU continueront leur partenariat en 2014 dans le cadre du Cycle « De l'humain dans l'homme, droits de la personne dans la tradition biblique et juive » organisé par l’AIU ou d’autres projets. À bientôt !
Laëtitia Sellam
*150$ pour les 10 cours d'Hébreu et 10 livres pédagogiques offerts à chaque séance.
Pour tout renseignement sur les activités d'ALEPH et assister aux conférences et ateliers au cours de l'année, contactez Sonia Sarah Lipsyc au 514-733-4998 poste 3160, par courriel slipsyc@csuq.org, ou sur www.csuq.org.
LE BÉNÉVOLAT SOMMAIRE 69 LE BÉNÉVOLAT, UN DON DE SOI INÉVITABLE SELON SYLVAIN ABITBOL
DOSSIER SPÉCIAL 68 | magazine LVS | septembre 2013
70 10 CHOSES QU’ON
DEVRAIT TOUS SAVOIR SUR LE BÉNÉVOLAT
72 QUAND LE BÉNÉVOLAT
IGNORE LES BARRIÈRES
74 KAREN AFLALO : UNE
BÉNÉVOLE SANS FRONTIÈRES
76 MONTRÉAL MÉGA MISSION EN ISRAËL : L’AVENTURE UNIQUE D’UNE VIE
DOSSIER SPÉCIAL
Le bénévolat, un don de soi inévitable selon Sylvain Abitbol Dans le cadre de notre dossier spécial sur le bénévolat, nous avons rencontré le nouveau président de la CSUQ, M. Sylvain Abitbol. Il nous a fait part de sa vision unique sur les raisons pour lesquelles les Juifs donnent de leur temps et s’impliquent autant dans leur communauté.
LVS : Quelle est votre vision du bénévolat ? Sylvain Abitbol : Je crois qu’il fait partie de l’essence de l’être juif car la force de notre peuple réside dans l’entraide et l’unité. Nous nous soucions les uns des autres, c’est à la base de nos enseignements. L’implication sociale est essentielle pour tout Juif. Nous sommes tous responsables les uns des autres, c’est une responsabilité mutuelle. C’est cet élément fondateur qui a assuré la perennité du peuple juif, peu importe où les aléas de notre histoire nous ont transportés. Chez nous, le groupe est responsable de l’individu. Voilà ce qui explique, par exemple, pourquoi l’armée israélienne se soucie de chacun de ses soldats. Dans notre religion, s’occuper de libérer un Juif quand il est pris en otage est une mitzva. Un autre exemple de comment notre communauté se soucie de chacun de ses membres : nous nous mobilisons pour nous occuper de nos personnes handicapées, de la naissance à la mort. L’envers de la médaille s’applique aussi : l’individu juif est responsable vis à vis de la collectivité. Il doit apporter quelque chose au groupe. Ceci est la prémisse même de mon implication communautaire. LVS : Pourquoi vous impliquer autant que vous le faites ? S.A. : Quand je parle de bénévolat, je parle en connaissance de cause! Mais dans ma vie d’homme d’affaires, je n’ai jamais autant de satisfaction que lorsque je m’implique communautairement ! En tant que nouveau président de la CSUQ, je pense que toutes les responsabilités de ce poste sont importantes et surtout, je crois que c’était le bon moment pour moi pour faire ce saut. Comme on dit : « Si vous voulez qu’une chose soit faite, demandez-la à une personne qui est occupée ! » (rires). Quand on m’a proposé ce poste, je me suis demandé : quels en sont les enjeux et qu’est-ce que je peux y apporter ? J’ai réfléchi longuement et j’ai accepté ces nouvelles responsabilités car je pense avoir quelque chose à apporter à ma communauté.
LVS : Comment motiver les jeunes par rapport au bénévolat et à l’implication communautaire ? S.A. : La tâche la plus importante d’un leader est de préparer la relève. Pour les jeunes, nous élaborons des stratégies avec les outils dont nous avons besoin pour conquérir ce segment de population. Cela étant dit, je voudrais souligner que nous avons une jeunesse exceptionnelle! Je suis émerveillé par eux, par cette génération vraiment magnifique, structurée, éduquée, intelligente et dynamique. Nous, nous étions les premiers et pour les jeunes, il existe déjà des structures communautaires bien établies. Il est certain que la motivation change avec les circonstances, l’âge et les générations, mais la relève est là. Le rôle de chaque Juif est de montrer le bon exemple à ses enfants. Car la vie ce n’est pas juste de travailler, de s’amuser et de penser à soi. Il faut redonner aux autres. Quand les enfants prennent la relève, c’est magnifique, c’est que l’on a rempli notre rôle. LVS : Le mot de la fin (pour cette fois-ci) ? S.A. : Le bénévolat est une responsabilité qui incombe à chacun. Pour moi, c’est une responsabilité parmi tant d’autres. Je suis aussi co-président de l’organisation «Justice pour les Juifs des pays arabes» et je suis impliqué auprès de l’Université Ben Gurion. Oui, je suis un homme occupé mais je m’arrange avec tout cela. Je n’en ai pas le choix! C’est le tikkoun olam, « la réparation du monde »… Emmanuelle Assor
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10 choses qu’on devrait tous savoir sur le bénévolat 01
70 pour cent des Canadiens affirment avoir fait du bénévolat pour un organisme caritatif au cours de la dernière année (sondage effectué dans le cadre de la Journée du bénévolat de BMO, le 4 juin 2013). Leurs motivations : le don de soi, la participation à une cause qui leur tient à cœur, l'importance du sentiment d'accomplir quelque chose, le désir de se sortir de l’isolement, de créer des liens, de réseauter pour un futur emploi, de mettre leurs compétences au service d’une cause qui « donne du sens », ce qui n’est pas toujours le cas dans l’univers professionnel.
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Il existe un lien étroit entre la culture d’entreprise et le bénévolat : plus les entreprises favorisent l’engagement communautaire, plus les gens sont aptes à faire du bénévolat. Selon l’étude de BMO sur le bénévolat : « 90 pour cent estiment important que leur employeur encourage le bénévolat, mais seulement 35 pour cent affirment que leur entreprise a créé un programme en ce sens ». Selon les résultats de ce même sondage, pour une écrasante majorité de Canadiens, il est important que leur entreprise encourage une culture de « générosité envers la communauté » parmi ses employés. De plus, près d'un quart des répondants (23 pour cent) expliquent qu'ils seraient plus enclins à faire du bénévolat si leur entreprise posait plus de gestes pour les y encourager. « Les grandes entreprises du Canada ont un rôle à jouer en vue d'aider au développement des collectivités au sein desquelles nous vivons et exerçons nos activités », a expliqué M. Tripp. « Il ressort clairement de notre sondage que les Canadiens s'attendent à ce que leur employeur joue un rôle de premier plan en vue d'aider à la mise en place d'une culture du bénévolat au sein de notre société. »
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Contrairement aux idées reçues, les jeunes font du bénévolat : 80 pour cent des Canadiens de moins de 35 ans ont fait du bénévolat au cours des 12 derniers mois.
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Les stéréotypes subsistent ! Certains croient encore que les bénévoles sont des personnes de plus de 60 ans, ayant beaucoup d'argent et de temps libre. Même parmi les bénévoles, le cliché de la vieille dame qui occupe ses loisirs ou du retraité qui vient au secours des personnes moins nanties que lui, a toujours cours. Moi, un bénévole ? Certaines personnes qui font du bénévolat depuis des années n'ont jamais songé à s'apposer l'étiquette de bénévole ou n’aiment simplement pas cette appellation. On s'imagine que les gens décident de faire du bénévolat parce qu'ils ne savent pas comment occuper leur temps.
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Il n’y a pas de limite d’âge pour le volontariat : du plus jeune au plus âgé, votre temps et votre expérience seront appréciés. Vous avez une passion ? Sachez que plusieurs organisations seraient ravies de profiter de votre enthousiasme, peu importe votre origine, religion, âge et statut social !
DOSSIER SPÉCIAL
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Il a été démontré que les bénévoles font d’excellents recruteurs auprès de leurs amis, famille et même inconnus car ils connaissent mieux que quiconque l’organisme auprès duquel ils se sont engagés. Il n’est pas rare non plus de voir des bénévoles changer de tâches et se découvrir de nouveaux talents dans une même organisation.
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Le bénévolat est une affaire de famille. Lorsqu’on a grandi dans une famille de bénévoles, on devient naturellement bénévole plus tard car ce sens de l’autre a été légué de parent à enfant. «Ayant grandi dans une famille de bénévoles, on en attendait pas moins de moi comme être humain» affirme une jeune bénévole rencontrée à la CSUQ.
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Faire du bénévolat est bon pour la santé cardiaque, et ce, même pour les jeunes, démontre une étude canadienne menée à l’Université de Colombie-Britannique, dont les résultats ont été publiés en février 2013. « Dans cette étude, les chercheurs ont mesuré l'indice de masse corporelle, le cholestérol et le degré d'inflammation de 53 élèves de la 10e année de Vancouver qui donnaient une heure par semaine de leur temps à des activités avec des élèves du primaire de leur quartier. Ils ont comparé les résultats de ce groupe avec un autre de 53 lycéens qui ne faisaient pas de bénévolat. (…) Ainsi, après dix semaines, les jeunes qui faisaient du bénévolat avaient un niveau de cholestérol et un degré d'inflammation des tissus plus bas que les autres et avaient également moins de graisse corporelle. Mieux encore, les participants qui avaient montré le plus d'empathie et d'altruisme dans l'accomplissement de leurs tâches étaient aussi ceux dont la santé cardiovasculaire s'était le plus améliorée. (Le détail de ces travaux est publié dans le Journal of the American Medical Association, JAMA, http:// archpedi.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1655500).
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Le bénévolat aide à garder notre cerveau en bonne forme, ce qui est un élément essentiel pour bien vieillir. En mettant à contribution le corps et l’esprit, le bénévolat aide à bien vieillir et à réduire les risques de développer des maladies liées au vieillissement, comme l’Alzheimer et les maladies apparentées. La rencontre de nouvelles personnes et la participation à de nouvelles activités ont pour effet de stimuler la sécrétion d’endorphines. Ces « neurones de bonheur » font travailler notre cœur, gardent notre esprit aiguisé et stimulent notre système immunitaire, en plus d’aider à réduire le stress. (http://www. alzheimermontreal.ca/impliquez/soyez_benevole.php)
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Le bénévolat est un espace de liberté et de choix. Et si certains choisissent le bénévolat par convictions religieuses, d’autres recherchent simplement un contact plus authentique. D’autres encore aident leurs prochains parce qu’ils ont eux-mêmes trouvé des mains secourables quand ils en ont eu le plus besoin. Leur point commun : une véritable démarche de développement personnel.
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Vous avez encore des doutes ? Just do it!
Emmanuelle Assor
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Quand le bénévolat ignore les barrières
Arlène Abitan
Steve Sebag
Nous savons tous à la communauté que le bénévolat représente un élément incontournable pour assurer le bon fonctionnement des organismes à but non lucratif. Nous sommes habitués à nos propres bénévoles et nous savons très peu ou pas assez des bénévoles sépharades qui œuvrent au sein de la Fédération CJA, toujours mus par ce désir de servir la communauté juive dans son ensemble. Pour en savoir davantage sur leurs motivations nous avons interrogé trois d’entre eux qui occupent des positions clé dans le réseau communautaire : Arlène Abitan, Steve Sebag et David Amiel. LVS : Quels sont les motifs qui vous ont poussé à vous engager à être bénévole au sein de la Fédération CJA et depuis combien de temps ? Arlène Abitan : C’est par hasard, il y a plus de vingt ans après avoir œuvré au Centre Saidye Bronfman quand j’ai traversé la rue pour découvrir la Fédération CJA. La première réunion où je fus invitée était dirigée par des femmes brillantes, fières de leur identité juive et motivées pour la campagne annuelle. Au fur et à mesure, je n’ai cessé de découvrir et apprendre en quoi consistait le travail de la Fédération CJA Steve Sebag : La tzédaka et la solidarité communautaire représentent des piliers du judaïsme; mon implication me permet de m’adonner à cette magnifique mitzvah quotidiennement. En vieillissant un peu, on réalise à quel point nous sommes chanceux. Je crois donc, que c’est notre devoir de venir en aide à ceux qui, pour une raison ou une autre, sont simplement moins chanceux. 72 | magazine LVS | Septembre 2013
David Amiel
Mon implication au sein de différentes organisations communautaires date d’environ 10 ans mais ça fait 4 ans que je suis activement impliqué auprès de Fédération CJA. David Amiel : J’ai été un bénévole actif à la Fédération CJA depuis 2008 après avoir participé à la Mission en Israël du Comité du jeune leadership. Être père de trois jeunes enfants m’a fortement motivé et m’a fait réaliser que j’étais le maillon d’une chaîne. Je suis le fils d’un immigrant juif marocain par mon père et d’une mère canadienne, convertie au judaïsme. Je suis né au Québec. Je réalise la nature de mes racines et je suis persuadé que je dois faire en sorte que mes enfants fassent également partie, plus tard, de la communauté juive montréalaise. LVS : Dans quels comités d’action êtes-vous impliqué et quelle est votre position ? A.A. : J’ai co-présidé plusieurs événements de levée de fonds reliés à la campagne annuelle des femmes. En 2001, j’ai présidé la campagne sépharade des femmes. J’ai très vite compris la nécessité de rapprocher les deux communautés de Montréal et c’est dans ce but que j’ai établi un programme de sensibilisation pour améliorer le dialogue entre sépharades et ashkénazes. En 2014, je présiderai la campagne générale des femmes. En parallèle, j’ai eu beaucoup d’autres implications communautaires : Le Musée de l’Holocauste, le Centre Mada, Migdal’Or, l’Hôpital Général Juif, Israel Cancer Research Fund (Women of Action 2007)
DOSSIER SPÉCIAL
S.S. : J’ai l’honneur de présider la campagne des Jeunes Adultes (YAD) de CJA de 2013. Au cours des 4 dernières années j’ai, notamment, fait partie du comité exécutif de Imagine 2020, l’exercice de planification stratégique de Fédération CJA et je suis cofondateur de FIX, une organisation, fondée en partenariat avec la CSUQ et CJA et gérée par OMETZ, qui vient en aide aux personnes aux prises avec des problèmes de dépendances. D.A. : Je suis présentement actif dans un certain nombre de comités de la Fédération CJA et de ses agences affiliées. Je suis le président de YAD et membre du CA de la Fédération CJA et dans l’équipe de management du jeune leadership. Je siège également au CA de Hillel ainsi que dans d’autres organismes communautaires. LVS : Que ressentez-vous en tant qu’être humain et en tant que juif engagé dans une cause à laquelle vous croyez ? A.A. : C’est extrêmement bénéfique de faire du bénévolat…. agir avec des personnes qui partagent la même passion …c’est un travail d’équipe où chacun apporte son énergie dans le but d’améliorer le sort de son prochain. C’est aussi pratiquer la notion du tikun olam. Je suis très heureuse de mon implication à la Fédération CJA. S.S. : Je dirai trois mots : joie de pouvoir contribuer, un tant soit peu, au noble objectif juif de Tikun Olam, fierté de pouvoir accomplir mon devoir de citoyen engagé et reconnaissance à l’endroit de ma communauté et de CJA pour le travail colossal qu’elle accomplit pour aider nos frères et sœurs à Montréal et à l’étranger dans le besoin. D.A. : Être un bénévole communautaire m’a changé en tant que père, époux, ami et juif. Cela m’a donné une voix que je n’avais pas auparavant. Les moments les plus intenses que j’ai expérimentés furent lors de la naissance de chacun de mes enfants et qui m’ont inspiré à vouloir créer un meilleur monde pour eux. J’ai pris une décision réfléchie de donner l’exemple et de devenir un bénévole afin qu’ils héritent pour eux et pour leurs futurs enfants une communauté juive vibrante ici à Montréal et qu’également ils réalisent l’importance de s’engager. Mes parents et avant eux mes grands parents se sont investis et ont fait des sacrifices pour offrir de meilleures opportunités à leurs enfants. Être bénévole signifie pour moi faire la même chose pour mes enfants. LVS : Considérez-vous que faire du bénévolat peut changer votre vie et si oui expliquez de quelle manière ? A.A. : Le bénévolat a changé ma vie, j’ai connu des gens magnifiques, j‘ai nourri mon sentiment d’appartenance, je suis une juive universelle et j’ai besoin de me connecter aux différentes facettes de la communauté. Je pense qu’il vaut mieux miser sur nos similarités plutôt que sur nos différences pour le bien de la communauté.
S.S. : Je suis convaincu que l’implication caritative change l’existence d’un individu. Elle lui fournit un certain code de vie. Elle permet de réaliser à quel point nous sommes choyés et comment la quête de certains objectifs à tout prix, peut être futile. Elle offre la chance de faire preuve d’altruisme et de compassion; des valeurs que tout parent aspire à inculquer à ses enfants. Je reviens d’un fantastique voyage en Israël et en Éthiopie ou nous avons participé à l’une des dernières « aliyah » de juifs éthiopiens. Si on demandait à n’importe lequel des 9 autres montréalais qui m’ont accompagné si cette expérience avait changé, un tout petit peu, leur perspective de vie, leur réponse serait, j’en suis persuadé : « évidemment ». D.A. : Comme je l’ai déjà dit, prendre part à des projets en tant que bénévole actif afin d’aider à changer le monde, représente une occasion unique qu’il faut saisir. Réaliser que le travail que vous accomplissez, le temps investi et les ressources financières que vous donnez, peut avoir un impact aussi considérable, représente un sentiment incroyable. En fin de compte c’est celui qui donne qui est le plus récompensé. LVS : Que faut-il faire d’après vous pour inciter encore plus de jeunes à s’engager comme bénévoles dans la communauté ? A.A. : La relève s’impose. Perpétuer et sauvegarder l’identité juive chez les jeunes me tient beaucoup à cœur. Être un exemple pour ses enfants en faisant du bénévolat les motivera à s’impliquer. L’amour de la communauté et l’identité juive commence à la maison. Les femmes font bouger les choses, elles peuvent influencer leurs enfants à prendre un rôle dans le service communautaire, en leur démontrant qu’aider son prochain est le langage du cœur, et qu’en suivant son cœur, on vit beaucoup mieux ! S.S. : La perception que les plus âgés ne font pas de place aux jeunes et de moins en moins vraie. Je vois le changement se manifester tous les jours. L’implication des jeunes est non seulement souhaitée, elle est essentielle au bon développement de notre communauté. Il y a, par contre, encore beaucoup de travail à faire. Nous, les jeunes (et un peu moins jeunes!), voulons être pris au sérieux, bien comprendre où notre argent sera alloué, « voir et toucher » l’étendue des vastes services que la communauté offre, participer à des expériences de bénévolat concrètes, occuper des positions décisionnelles et interagir. D.A. : Je crois que la meilleure façon d’amener les jeunes juifs montréalais à s’engager communautairement réside dans le fait de leur parler, de les rencontrer et de les mettre en contact avec leurs pairs. Il ne faut surtout pas se leurrer et penser que parce que je suis engagé ils vont faire de même. Chaque membre de notre communauté est connecté et se préoccupe de la communauté juive à sa façon. La clé du problème réside dans le fait de leur offrir beaucoup de « portes d’entrée » afin de leur permettre l’accès à l’incroyable gamme d’activités qui sont offertes actuellement et leur permettre de choisir la voie qu’ils préfèrent.
Elie Benchetrit
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Karen Aflalo : une bénévole sans frontières Le bénévolat est la seconde nature de Karen Aflalo. Fleuron de la relève communautaire, elle est impliquée dans plusieurs comités au cœur de la communauté, autant à la CSUQ qu’à la Fédération CJA. Pour Karen, il n’y a ni clivage, ni préjugé valable quand on doit aider sa communauté au sens large du mot. Elle représente la nouvelle génération de juifs québécois motivés par le partage et soucieux de perpétuer la culture juive sous toutes ses facettes. Karen Aflalo nous apporte un témoignage rempli de sincérité et de passion. LVS : Quels sont les motifs qui vous ont poussée à vous engager à être bénévole et depuis combien de temps ?
Karen Aflalo
K.A. : Je suis issue d’un environnement familial qui m’a permis de baigner dans l’esprit communautaire. Mes parents ont beaucoup donné à la communauté puisqu’ils faisaient partie de la génération des pionniers arrivés il y a 40 ans. Cette fibre a grandi en moi et a bénéficié des encouragements de la CSUQ pour se développer. Salomon Oziel et Mark Kakon ont toujours soutenu et encouragé tous les projets que je proposais, même les plus osés, me permettant ainsi de m’épanouir et de me dépasser avec chaque nouveau projet. Je me suis ainsi, progressivement, retrouvée dans plusieurs comités, aussi motivants les uns que les autres, en plus de mon travail à plein temps. J’ai développé mon vrai sens de leader au cœur de la CSUQ et j’en suis très fière car j’ai pu participer et organiser des projets incroyables grâce à une équipe de professionnels compétente et dévouée à mes côtés afin d’assurer la réussite de ces projets. Cette implication communautaire est gratifiante car je crois en une communauté plus homogène où les aprioris s’atténuent avec la nouvelle génération. C’est pourquoi, je n’ai pas hésité à travailler en collaboration avec la Fédération CJA pour développer le projet FIX, un projet pour aider les jeunes à risque de dépendances sachant qu’ils avaient les ressources nécessaires pour subvenir aux besoins de ces jeunes-là. Par contre, certains projets naissent, se développent et se réalisent entièrement au sein de la CSUQ tels que notre dernière levée de fonds, la Guerre des clans, au profit de BANAV qui aide les enfants avec des difficultés d’apprentissage. Ce projet a pris naissance lors du dernier voyage « Retour aux sources » qui concluait le dernier Programme de Leadership dans lequel j’étais la co-présidente. Donc, pour moi, ce qui motive mon implication est essentiellement la cause ! LVS : Vous êtes à la fois impliquée dans le Programme de Leadership de la CSUQ et dans la Campagne YAD de la CJA. Êtes-vous la preuve vivante que le clivage entre sépharades et ashkénazes est de l’histoire ancienne ? K.A. : En fait, chaque projet est analysé indépendamment pour trouver le meilleur angle de réussite et le comité décide ensuite si les moyens devraient être communs ou pas. Ce sont les résultats qui font la différence à présent. D’origine ashkénaze ou sépharade ? Peu importe, la nouvelle génération est bilingue, fréquente les mêmes universités, les mêmes lieux de distraction et défend les mêmes causes au final. Je ne ressens plus le clivage connu par mes parents car la plupart des différences n’en sont plus. Seule la motivation d’aider notre communauté pour la faire perdurer est essentielle pour les bénévoles ou professionnels de la CSUQ et la Fédération CJA. Ma
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DOSSIER SPÉCIAL
richesse héréditaire sépharade est une partie de moi et mon ouverture d’esprit me permet de naviguer entre tous pour créer une équipe cohérente qui suit le même objectif : aider la communauté juive à prolonger ses traditions culturelles quelle que soit l’origine de chaque famille. LVS : Que faut-il faire selon vous pour inciter davantage de jeunes à s’engager comme bénévoles dans la Communauté ? K.A. : Le programme du Leadership orchestré par Benjamin Bitton, est une magnifique occasion de rassemblement pendant l’année. La clôture du cursus par le voyage « Retour aux Sources » est une prise de conscience pour beaucoup qui se sont rendus compte du passé des Sépharades dans l’histoire juive. Je pense que c’est important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va et ce genre de voyage est un moyen de connaître profondément son identité. J’ai pu constater que pour motiver un jeune à la cause bénévole, il faut trouver un centre d’intérêt compatible avec une action bénévole et on peut ainsi révéler des traits de personnalité incroyables. Il faut trouver une porte d’entrée pour attirer les curieux ou ceux qui deviendront les futurs leaders sans le savoir au départ. Je sais les repérer et je les motive pour développer leur potentiel car c’est très important de penser à la relève. LVS : Que ressentez-vous en tant que femme juive engagée dans une cause à laquelle vous croyez ? K.A. : En tant que femme, je suis comblée et fière d’être un membre de la communauté à part entière. Il est évident que de plus en plus les femmes se rendent disponibles pour les causes qui leur tiennent à cœur. Je suis au milieu de cette évolution épanouissante et inspirante. Les bénévoles font vivre la communauté et grâce à eux de grands défis sont réalisés. Le plus motivant est de former et d’inspirer les futurs bénévoles. J’ai eu la chance de toucher à plusieurs disciplines dans les différents projets, je peux donc à présent les conseiller, créer des échanges d’idées, superviser avec recul pour laisser la place à la relève et les accompagner pour qu’ils apprécient le même épanouissement que j’ai pu connaître. Karen Aflalo en quelques lignes : • • • • • • •
Diététiste de formation et gestionnaire de territoire pour la force de ventes médicale chez Mead Johnson Nutrition. Présidente de la campagne YAD en 2014. Co-Présidente de l’initiative des Nouveaux Dons 2012-13. Conseillère senior du programme de Leadership 2013. Membre du comité exécutif et présidente de la programmation du Cercle Club Privée 2009-2012 Ancienne co-présidente du Programme de Leadership 2011. Co-présidente du projet FIX
Laëtitia Sellam
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Montréal Méga Mission en Israël : l’aventure unique d’une vie Mémorable, Marquant Magique La Fédération CJA a mis en place un projet novateur qui devrait combler de bonheur ceux et celles qui, tout en restant attachés à la communauté juive de Montréal, se sentent liés au destin d’Israël. Il s’agit d’une mission pas comme les autres qui, du 14 au 23 mai 2014, se propose de faire découvrir ou plutôt redécouvrir les multiples facettes d’un pays qui fait vibrer depuis des millénaires le cœur de tout juif de la diaspora indépendamment de ses convictions politiques, religieuses ou culturelles. Pour en savoir un peu plus sur cette nouvelle initiative nous avons posé quelques questions à Gail Adelson-Marcovitz et Jonathan Wener, coprésidents du projet. LVS : Comment est née l’idée de monter un projet aussi grandiose ? G.A. : Il y a des faits intangibles qui occupent la scène de la communauté juive montréalaise, nous nous trouvons en effet à une croisée des chemins au sein même de cette communauté. Nous avons pensé qu’il était nécessaire de mettre sur pied un projet spécial et lui donner un nouveau contenu. Nous avons tenu compte également du facteur temps et nous avons convenu que c’était le moment idéal pour nous lancer dans cette belle aventure communautaire et nous investir à fond pour l’organiser. Jonathan Wener
Jonathan-Nous avons constaté que les retombées de notre dernière mission collective en Israël il y a 18 ans, avaient laissé leurs traces au sein des participants et que c’était sûrement une expérience à refaire en créant un nouveau concept. L’autre fait important est qu’à l’heure actuelle, il y a l’émergence d’un nouveau leadership au sein de notre communauté de même qu’une forte connexion de la diaspora avec Israël. Le temps était donc propice pour nous de saisir cette opportunité de nous reconnecter à notre tour avec les nouvelles réalités israéliennes et de nous investir dans ce projet. Je dois ajouter que grâce à l’existence des médias sociaux, la réponse du public est de loin très positive et les ressources investies dans la diffusion du projet ont été moindres que celles d’il y a 18 ans. LVS : Quel est l’objectif principal de la Méga Mission ? Jonathan : Il faut comprendre que l’originalité de cette mission réside dans le fait qu’elle est conçue essentiellement comme une fragmentation de mini missions réunies en une seule, incluant des méga événements, et taillées au goût de chacun des participants afin de répondre à leurs goûts et à leurs attentes personnels. Ce concept novateur nous permet de mettre en place les ressources ainsi que des programmes fabuleux et inédits que l’on retrouve rarement dans une mission conventionnelle.
Gail Adelson-Marcovitz
Gail-Je dirais également que ceci est une mission individuelle au sein d’une méga mission, mais j’insiste également sur le fait majeur pour ce qui est de son objectif : elle représente un engagement indéfectible de la communauté envers la communauté et bien sûr envers Israël. LVS : Combien de participants prévoyez-vous et combien se sont-ils déjà inscrits ? Jonathan-Le chiffre idéal que nous visons est de 1000 participants, nous en avons déjà presque 500 d’inscrits. Je pense toutefois qu’avec 700 nous serions pleinement satis-
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DOSSIER SPÉCIAL
faits. Lors de la mission menée en 1995, le nombre des participants était déjà de 700. Je tiens à affirmer que nous sommes très satisfaits de la réponse très positive de la communauté. LVS : Quels seront les points forts de cette mission ? Gail et Jonathan : Nous sommes d’accord pour dire que selon nous, le Méga événement de la Mission sera constitué par la « conquête de Massada » par nos participants lors d’une activité réservée essentiellement pour eux (le site de Massada a été réservé exclusivement pour nous lors de cette journée). Imaginez ce retour à l’histoire dans un des hauts lieux de la résistance juive à l’occupation romaine. Des centaines de juifs montréalais se rendant dans les hauteurs de la forteresse à la tombée du jour pour redescendre plus tard avec des flambeaux pour célébrer le Lag Ba’Omer à la belle étoile dans le désert de Judée. Peut-on imaginer quelque chose de plus grandiose et de plus émouvant? Sans parler évidemment du séjour dans Jérusalem, notre capitale éternelle. Nous mettrons également l’accent sur le concept des options personnelles au nombre de 25. Des choix aussi intéressants que variés comme la visite des vignobles pour les amateurs de bons vins, la visite des hauts lieux du HighTech israélien et des industries de pointe, les sites archéologiques, les innovations en matière d’agriculture etc.. Sans oublier l’événement de clôture que l’on promet inoubliable et plein de surprises. LVS : Quels sont les résultats escomptés ainsi que les retombées pour la communauté juive montréalaise ? Jonathan : Il s’agit en premier lieu surtout du développement du sentiment identitaire juif et également d’appartenance à la communauté. Nous sommes également convaincus que cette mission permettra d’ouvrir les portes à un nouveau leadership, un phénomène que l’on observe déjà. Le renforcement du lien puissant qui nous lie au destin de l’État d’Israël et last but not least la conviction que chaque participant reviendra changé et chargé de souvenirs impérissables après ce merveilleux périple sur la terre de nos ancêtres.
Elie Benchetrit
Elias Levy
Maurice Chalom
Luc Rosenzweig
Lise Ravary
Daniel Radford
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Bravo et merci à nos collaborateurs et collaboratrices… sans frontières ! Nous en sommes, déjà à notre 4ème édition de cette nouvelle section d’« Opinions sans frontières » initiée l’an dernier avec la participation d’imminents collaborateurs et collaboratrices d’ici et d’ailleurs qui, avec rigueur, professionnalisme et finesse dans leurs analyses, ont bien voulu participer à notre rubrique et ce, de manière bénévole, nous tenons à le souligner. Qu’ils en soient remerciés du fond du cœur pour la confiance qu’ils témoignent à notre magazine et pour le haut niveau de leurs réflexions sur les divers sujets qu’ils ont choisi librement de traiter. Dans ce numéro nous accueillons nos habitués, Elias Lévy bien sûr, avec une entrevue magistrale avec le Dr Khayat , cancérologue de réputation mondiale, sans oublier notre « mouche du coche », c’est ainsi que je l’ai surnommé ironiquement, notre ami Maurice Chalom qui, avec son franc-parler et sa verve légendaire se plait à bousculer avec délectation nos certitudes communautaires. Les nouveaux venus également avec la participation d’une grande figure du journalisme français, Luc Rosensweig ancien rédacteur en chef du Monde et écrivain de plusieurs ouvrages dont : La France et Israël, une affaire passionnelle (avec Élie Barnavi) Perrin, 2002. Lettre à mes amis pro-palestiniens, Éd. de la Martinière, 2005. Ariel Sharon, Perrin, 2006. Analyste chevronné des problématiques mondiales, Luc Rosenzweig nous décrit avec lucidité le rôle de plus en plus prépondérant des frères musulmans sur l’échiquier du monde arabo-musulman. Lise Ravary, ancienne rédactrice en chef de Chatelaîne, d’Elle Québec et d’En Route d’Air Canada, actuellement journaliste pigiste dans le Journal de Montréal et auteure du livre « Pourquoi moi ? Ma vie chez les juifs hassidiques » qui a, sans hésiter, accepté de collaborer à ce numéro en nous livrant un témoignage bien vivant de sa relation avec son nouveau crédo, le judaïsme et son vécu chrétien, spécialement lors de la fête de Roch Hachana. Nous sommes allés également à la rencontre d’une figure centrale du pas trop lointain « Printemps Érable » en la personne de Martine Desjardins, ancienne présidente de la Fédération Étudiante Universitaire du Québec, qui avec du recul, nous livre ses impressions sur cette période mouvementée que nous avons vécue le printemps dernier. Et last but not least, nous nous sommes assurés la collaboration d’une imminente figure du judaïsme juif français en la personne du Rabbin Daniel Radford, que nous avons eu l’occasion de découvrir lors de la populaire émission de Michel Drucker « Vivement Dimanche » et auteur de « L’homme des livres » (Édition du Châtelet 2012) Ce dernier a choisi de nous parler, nous qui ne cessons de rêver, de la place des rêves dans le judaïsme. Un beau programme pour marquer l’année nouvelle. Elie Benchetrit
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Les grands combats pour la vie du Dr David Khayat Une entrevue avec un éminent cancérologue et chercheur scientifique, le Dr David Khayat. d’honneur de l’Institut National du Cancer de France… le Dr David Khayat est aussi un écrivain à succès, auteur de plusieurs romans très remarqués, dont Ne meurs pas ! — adapté à la télévision, l’acteur Roger Hanin a interprété le rôle du personnage principal de ce roman autobiographique inspiré de la carrière médicale du Professeur David Khayat —; Le Coffre aux Âmes; La Vie pour s’aimer... Le Dr David Khayat est aussi l’auteur de plusieurs essais sur le cancer, dont Les chemins de l’Espoir : comprendre le cancer pour l’éviter et le vaincre; Des mots sur les maux du cancer; Le vrai régime anticancer... qui ont connu de grands succès de librairie. Son dernier livre : De larmes et de sang, paru dernièrement aux Éditions Odile Jacob. Ce cancérologue de renommée mondiale, né en 1956 dans une famille sépharade de Sfax, en Tunisie, a été aussi co-Président, avec Yehuda Lancry, ancien Ambassadeur d’Israël en France et à l’O.N.U., de la Fondation France-Israël.
Dr David Khayat « Nous ne devons pas capituler face au plus grand fléau de l’Histoire de l’humanité : le cancer » En l’an 2000, 10 millions de nouveaux cas de cancers ont été diagnostiqués dans le monde. Cette année-là, 6 millions de personnes décédèrent des suites de cette implacable maladie. A cette époque, l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) annonçait des statistiques effrayantes qui, malheureusement, sont en train de se confirmer: en 2020, il y aura 20 millions de nouveaux cas et 10 millions de morts. « Passer à côté de ce qui représente aujourd’hui le plus grand fléau auquel l’humanité ait jamais été confrontée dans son Histoire, le plus grand prédateur de l’homme, ce serait un aveu d’échec et de capitulation. La meilleur arme pour éradiquer le cancer reste la prévention, en particulier contre le tabagisme », explique le grand cancérologue français, le Dr David Khayat. Chef du Service de Cancérologie de l’Hôpital de La PitiéSalpêtrière de Paris, Professeur de Médecine à l’Université Pierre et Marie Curie de Paris et au M.D. Anderson Cancer Center de Houston, au Texas, initiateur, en l’an 2000, du Sommet Mondial contre le Cancer, fondateur et Président 80 | magazine LVS | septembre 2013
À travers ses ouvrages, le Dr David Khayat a développé une Philosophie de la vie préconisant une médecine humaniste qui tout en repoussant les limites de la mort confère une place prépondérante à la dignité du malade. « Guérir le corps est sans nul doute fondamental, mais veiller à ne pas blesser l’âme humaine est tout aussi important. C’est cela, selon moi, être médecin », nous a confié le Dr David Khayat au cours de l’entrevue qu’il nous a accordée. Rencontre avec un combattant de l’espoir passionné par la vie. LVS : Dans les cénacles médicaux, on ne cesse de claironner que les progrès dans le domaine de la cancérologie sont de plus en plus significatifs. Pourtant, en cette deuxième décade du XXIe siècle, les statistiques sont effrayantes : le cancer est devenu un grand fléau qui tue chaque année des millions de personnes dans le monde. Peut-on réellement parler de « progrès notoires » dans la lutte contre le cancer ? Dr David Khayat : Vous avez raison de poser cette question parce que chaque famille ayant perdu un proche atteint d’un cancer se la pose légitimement. Mais, en réalité, les progrès existent. Je les ai vus durant mes trente-cinq ans de pratique de la cancérologie. Quand j’ai débuté ma carrière médicale,
les chimiothérapies étaient effroyables et ne guérissaient personne. J’ai choisi le métier de cancérologue parce qu’en 1974, une amie très proche, chez laquelle on avait décelé un cancer lymphatique après son mariage, avait guéri. C’étaient les premières guérisons du cancer du lymphome et de la leucémie. À l’époque, ces guérisons étaient exceptionnelles, à tel point que dans le cas de cette jeune fille tout le monde a crié au miracle. Aujourd’hui, les statistiques sont très éloquentes: plus de la moitié des malades atteints du cancer du lymphome ou de la leucémie guérissent; le cancer des testicules est guéri à 100%… Quand j’ai débuté ma carrière de cancérologue, le seul traitement pour le cancer du sein était la mastectomie : on enlevait le sein, quelle que soit la taille du cancer. Les femmes atteintes d’un cancer du sein suivaient des chimiothérapies absolument terrifiantes. Et, malgré ces traitements, près de la moitié d’entre elles mouraient dans un laps de dix ans. En 2013, à peu près 85% des femmes ayant un cancer du sein bien traité -le problème, c’est l’accès à des soins de qualité- guériront, la majorité d’entre elles sans subir une ablation de leur sein. Aujourd’hui, on guérit 25% des malades atteints d’un cancer des poumons, 15% des malades atteints d’un cancer du pancréas… Quand j’ai commencé ma carrière, les gamins mouraient du cancer des os, après qu’on leur ait amputé la jambe. Aujourd’hui, on n’ampute plus les jambes des jeunes atteints d’un cancer des os et ils guérissent. Des progrès considérables ont été accomplis. Mais c’est vrai que ces progrès rendent encore plus inacceptables les derniers morts. On ne comprend pas le sens ni l’ampleur de ces progrès médicaux quand le cancer vient de faucher la vie à notre père, à notre femme, à notre fils, à notre meilleur ami… On a alors l’impression que le cancer continue à ressembler à une grande loterie: chacun tire un numéro, parfois c’est le bon, parfois c’est le mauvais! LVS : Donc, nous ne sommes pas à la veille de vaincre le cancer ? D.K. : Un jour nous vaincrons le cancer, mais je ne connaîtrai pas cette grande victoire de mon vivant. Nous avons cru que le cancer ne pouvait être éradiqué que si on trouvait un traitement global. Nous nous sommes trompés. Au début des années 90, nous avions beaucoup d’armes, beaucoup de médicaments, mais ceux-ci ne donnaient pas les résultats escomptés sur les différents types de cancer. Puisque nous avons 200 organes, nous avons conclu qu’il nous faudrait trouver 200 traitements différents pour soigner toutes les formes de cancer. Ce n’est qu’à la fin des années 90, grâce à la biologie moléculaire, que nous avons réussi à explorer exhaustivement l’intimité des cellules cancéreuses. Nous nous sommes alors aperçus que nous ne devions pas différencier
les cancers en fonction des organes sur lesquels ils s’étaient développés, mais en fonction de leur signature génomique. Aujourd’hui, nous nous apercevons que le combat contre le cancer doit être mené cas par cas, car les cancers réagissent tous d’une manière différente. Nous tablons sur de nouvelles thérapies ciblées. La thérapie basée sur la détermination de l’empreinte génétique nous permet de mettre en place une médecine beaucoup plus personnalisée. Désormais, nous pouvons comparer l’empreinte génétique d’un cancer à des centaines de milliers d’autres empreintes génétiques de patients souffrant de cette maladie. Nous pouvons ainsi établir des pronostics beaucoup plus sûrs. LVS : Selon vous, l’arme la plus efficace pour combattre le cancer est la prévention. D.K. : La meilleure façon de vaincre un jour le cancer, c’est évidemment de l’éviter. Je pense que nous ne travaillons pas assez sur la prévention. Cette prévention passe par la connaissance des différentes causes du cancer. Aujourd’hui, nous avons une idée plus précise de ces causes. Un tiers des cancers sont causés par le tabac. C’est pourquoi il est impératif d’accentuer nos politiques de lutte contre le tabagisme, notamment chez les jeunes. Un autre tiers est dû aux hormones, pour ce tiers nous ne pouvons malheureusement rien prévenir. Par contre, nous pouvons, par exemple, veiller à ne pas recommander les traitements hormonaux substitutifs après la ménopause. 20 % des cancers sont causés par une mauvaise alimentation, 5% sont héréditaires, 6 à 7 % sont les conséquences de maladies infectieuses -l’hépatite pour le cancer du foie, le virus HPV pour le cancer de l’utérus- et environ 3 à 4 % sont la conséquence de radiations, qu’elles soient naturelles ou consécutives à un accident nucléaire. Donc, agir sur toutes ces causes, c’est agir sur de multiples terrains très complexes. Faire de la prévention, c’est une tâche complexe et très exigeante. Mais c’est la seule voie qui nous permettra d’obtenir des résultats probants. LVS : Dans les milieux médicaux nord-américains, le médecin annonce souvent sans ambages à un patient atteint d’un cancer que sa mort est inéluctable, qu’il lui reste peu de temps à vivre. Cette approche médicale n’est-elle pas abrupte et dénuée d’humanisme ? D.K. : Il faut prendre en considération deux grands principes médicaux. Dans le monde anglo-saxon, particulièrement en Amérique du Nord, la culture prédominante, qui a façonné l’organisation sociale, est une culture protestante alors qu’en Europe la culture prédominante est judéo-chrétienne, catholique. Deuxièmement, en Amérique du Nord et en Europe, le rapport à la réalité et à la mort est très différent. Par ailleurs, magazine LVS | septembre 2013 | 81
aux États-Unis, depuis une trentaine d’années, la jurisprudence du malpraxis impose en première nécessité la vérité alors qu’en France et dans les pays de l’Europe du Sud, la pratique médicale est basée sur un fondement éthique : ne pas choquer le patient. Les Européens non anglo-saxons privilégient le serment d’Hippocrate : primum non nocere, d’abord et avant tout ne pas nuire aux patients. Aux États-Unis, quand un médecin s’adresse à son patient, c’est d’abord et avant tout la vérité qui doit primer. Quand j’ai travaillé en Amérique, j’ai assisté à des consultations où on parlait aux patients de l’aggravation de leur maladie en des termes extrêmement clairs, et souvent très crus. Je n’ai pas de jugement à porter parce qu’en France et dans les contrées de l’Europe du Sud, on n’a pas la même culture qu’en Amérique du Nord. Dans les pays européens non anglo-saxons, on s’adresse aux malades mourants avec des formes d’expression moins crues, moins claires, plus aménagées. On essaye de faire en sorte que les malades ne meurent qu’une fois et pas deux fois ! Ça ne sert à rien de les faire mourir une première fois après leur avoir annoncé une nouvelle dévastatrice et très terrifiante. LVS : Aujourd’hui, deux conceptions très opposées de la médecine, la médecine conventionnelle et les médecines parallèles, certaines appelées « douces », se concurrencient vivement. Ces deux types de médecine sont-ils antinomiques ? D.K. : Il y a aujourd’hui deux conceptions de la médecine. La première conception soutient que la médecine ne peut trouver son sens que quand elle est efficace, quand elle est un moyen pour améliorer sensiblement l’état de santé d’un patient gravement malade, quand elle maîtrise une technique médicale complexe. C’est cette médecine qui nous a fait croire que le cancer serait vaincu avant l’an 2000. La deuxième conception de la médecine, plus ancienne, d’essence hippocratique, renaît aujourd’hui à travers un certain nombre de pratiques, dont les médecines parallèles. Ces médecines plus traditionnelles ont comme principal fondement la compassion et la charité envers celui qui souffre. Je crois que ni l’une ni l’autre de ces conceptions antinomiques de la médecine n’est la bonne. La vraie bonne médecine est entre les deux. Ce que souhaite avant tout un malade, c’est de guérir. Mais, en même temps, qui est le malade atteint d’un cancer qui acceptera la lourdeur des traitements de chimiothérapie qu’il doit subir si ceux-ci ne sont pas accompagnés d’un minimum de compassion humaine ? Un malade a autant besoin de la médecine pure et dure que de la médecine de la main tendue. Il y a autant de sens quand je m’assieds au bord du lit d’un malade, quand je lui tiens la main et que je n’ai plus rien d’autre à lui apporter que quelques paroles douces, que quand je maîtrise les chimiothérapies les plus complexes ou quand je fais une greffe de la moelle.
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LVS : Êtes-vous croyant ? Si oui, comment conciliez-vous votre croyance religieuse avec la rationalité scientifique, c’est-à-dire le dialogue constant entre le « rationnel » et « l'empirique » que requiert la pratique de votre métier de cancérologue et de chercheur scientifique ? D.K. : Je crois en D.ieu, mais je ne suis pas pratiquant. Dans ma vie quotidienne, je suis un grand laïc. Je vis cet état existentiel, qui peut paraître très paradoxal, comme un schizophrène, c’est-à-dire : j’ai une double attitude et une double personnalité. Dans mon intimité, je crois en D.ieu, mais pour le médecin et le scientifique que je suis — j’ai un doctorat en médecine et un doctorat en sciences —, la vie s’explique par un mécanisme génétique, par le hasard des protéiques. Les guérisons ne relèvent jamais du miracle ! Je puise dans ma foi la force de croire en la puissance de la vie. À mes yeux, c’est cette foi inébranlable en la vie qui justifie le prix que je demande à mes patients de payer pour essayer de survivre. Quand je veux faire du bien, je fais forcément du mal. C’est dans la foi — qui dans ses fondements les plus originels définit le bien et le malque je vais chercher la conviction que ce que je fais est bien. Mais, en même temps, comme médecin, je crois profondément en la science. Aucune de mes pratiques médicales n’a jamais été inspirée par autre chose que la science. Par contre, ce que j’ai toujours défendu fougueusement, et qui a toujours été mon cheval de bataille, notamment quand, en l’an 2000, à la demande du président Jacques Chirac, j’ai élaboré un plan national de lutte contre le cancer, c’est qu’il n’y a pas de bonne médecine si celle-ci n’est pas empreinte d’humanisme. Derrière la maladie, non seulement il y a un malade, mais il y a aussi un être humain que la maladie ne résumera jamais. Donc, tout acte médical, aussi parfait soit-il en ce qui a trait à sa qualité technique, n’a aucun sens s’il n’est pas accompagné aussi d’un soutien spirituel. LVS : Donc, les traditions spirituelles ont une influence sur votre travail médical ? D.K. : Je suis très intéressé par toutes les lectures d’exégèse des grandes religions. La Kabbale, les écrits talmudiques et l’histoire juive me passionnent. Je m’intéresse aussi beaucoup au bouddhisme et aux philosophies orientales. Je suis à la fois un scientifique lucide et un croyant en D.ieu invétéré. Pour moi, cette schizophrénie est tout à fait acceptable. La science sait poser et répondre à la question du comment, mais elle n’a pas su répondre jusqu’ici à l’éternelle question du pourquoi ? La religion répond d’une manière qui me semble peu crédible à la question du pourquoi ? Par contre, la religion me rend confortable avec l’idée que la science ne peut pas poser la question du pourquoi ?
LVS : La Science et le judaïsme sont-ils concomitants ou antinomiques ? D.K. : La Science et le Judaïsme convergent parfaitement dans leur approche visant à démontrer la cohérence du monde. Il est vrai que le développement des Sciences et des Techniques s’est effectué le plus souvent dans une perspective matérialiste, voire franchement antireligieuse. La Torah et la Science ont l’une et l’autre le sens, peut-être plus aigu chez l’homme de Torah que chez l’homme de Science, de la valeur et de l’intérêt que présente en soi le monde. La Torah et la Science s’accordent parfaitement sur l’idée que le monde a une signification. La Torah ira plus loin, puisqu’elle exigera, au regard des lois du monde, au-delà de leur aspect cognitif, une conduite bien définie, souvent un véritable engagement. L’homme de Science observe, scrute, recense, essaie d’expliquer. Au-delà de cette compréhension, le principal objectif d’un scientifique est que ses recherches empiriques engendrent des résultats concluants. Au-delà des secrets de l’univers, un scientifique cherche à résoudre des problèmes complexes. Il désire certes expliquer et éclaircir, mais aussi préciser et trouver des solutions théoriques d’abord, pratiques ensuite. L’homme de Torah observe aussi mais ne désire nullement réduire le secret de la Création à un phénomène anodin, sans difficulté de compréhension. Il est conscient que l’existence et la Création sont difficiles à sonder. Nous retrouvons chez le scientifique une attitude de questionnement propre à la démarche de l’homme de Torah : « De tout phénomène élucidé jaillissent de nouveaux problèmes ». LVS : À force de côtoyer la mort quotidiennement, n’avezvous pas fini par la banaliser ? D.K. : Non, au contraire, la mort me hante, surtout la mort des êtres que j’aime. Pour le cancérologue que je suis, la mort est quelque chose de matériel, je la vois et je la touche tous les jours. La sérénité est incompatible avec mon métier. Ma mission, mon combat, c’est de combattre la mort. Je traite une maladie qui est impitoyable et mortelle. La mort est un cruel adversaire que je ne peux pas banaliser, sinon ma vie n’aura plus aucun sens. Je me bats pour la vie et par amour de la vie. Ma confrontation à la mort et mon compagnonnage avec la mort me font aimer la vie à outrance. Je suis un grand passionné de la vie. LVS : L’écriture vous permet-elle de transcender les expériences de vie très ardues auxquelles vous êtes confronté quotidiennement dans la pratique de votre profession de cancérologue? D.K. : Je ne suis pas un écrivain professionnel, dans le sens où mon style littéraire n’est pas impressionnant. Je raconte simplement des histoires qui sont dans ma tête et dans mon coeur. Depuis que j’exerce le métier de cancérologue, j’aurais pu recourir aux services d’un psychiatre pour arriver à oublier tous les patients atteints d’un cancer qui sont morts
près de moi. Depuis trente-cinq ans, j’ai accompagné tellement de personnes à la mort, j’ai tant espéré et cru qu’elles guériraient… et puis j’ai perdu. Je pratique une cancérologie du désespoir. Il faut donc que je trouve quelque part le moyen de croire encore à la guérison de chaque nouveau malade que je traite. Je le fais en sortant tout ce chagrin de ma vie parce que je n’arrive plus à parler de mon désespoir et de ma tristesse quotidiens à ma femme, à mes enfants, à mes amis, à personne. C’est comme un soldat qui a vu trop de gens mourir au front. Quand il retourne dans son village, il ne parle plus parce que personne ne peut partager avec lui les expériences atroces et indicibles qu’il a vécues et qui resteront gravées dans sa mémoire jusqu’à la fin de ses jours. Écrire relève pour moi de la thérapie. C’est salvateur, c’est un exutoire. Cela me permet de transcender ma tristesse et la détresse auxquelles je suis confronté tous les jours dans mon métier. C’est pourquoi je n’aborde dans mes livres que des thèmes graves ayant un lien avec la cancérologie. Je romance ensuite ces thèmes parce que dans la fiction littéraire, on peut guérir les personnes malades, nous sommes moins impuissants que dans la réalité. Pour moi, écrire, c’est vivre dans un monde où tout devient possible, contrairement à la réalité qui prévaut dans ma vie professionnelle où, malheureusement, le possible est très restreint. Elias Levy magazine LVS | septembre 2013 | 83
Engagez-vous, qu’ils disaient
« Il y a ceux qui, comme moi, ont essayé plusieurs formes d’appartenance. Arrivées enfants, ma sœur et moi, avec nos parents qui n’avaient pas les moyens de nous envoyer à l’école juive et sans baptistère pour l’école française, nous avons été scolarisées à la PSBGM malgré notre méconnaissance de l’anglais. Après l’école et les fins de semaine, nous fréquentions les scouts, comme tant d’autres de notre âge; le District répondant aux besoins de jeunes immigrants Marocains que nous étions. Du CEGEP à la fin de mes études universitaires, j’ai vécu ma première désillusion communautaire : mes besoins, plus intellectuels disons, ne trouvant guère satisfaction dans les structures séfarades de l’époque. Début de carrière, jeune mariée et nouvelle maman; j’ai cherché réponses dans l’observance des pratiques du judaïsme, mais je n’y ai trouvé qu’enfermement, manque de profondeur et croyances aveugles. De pseudos leaders spirituels préoccupés à mener leurs guéguerres de petits ayatollahs, sans vision aucune, accrochés à leur statut comme la moule à son rocher. Nouvelle désillusion donc, sauf pour ceux attirés par le mouvement Habbad. Ce fut Zuché, pour les Séfarades francophones et Benoliel, pour ceux déjà anglicisés, jusqu’à l’avènement des Breslev. Et pour ma part, repli sur ma carrière et mes jeunes enfants. 30-40 ans, nouvelle tentative d’implication communautaire autour d’un projet anti-drogue pour les jeunes. Le leadership laissant à désirer, rien ne se réalisa et le comité mourut de sa belle mort. Encore une désillusion, malgré ma disponibilité, mon implication et ma profonde conviction du bien fondé d’un tel projet. Désirant malgré tout poursuivre mon engagement, j’ai par la suite siégé trois ans au Canadian Jewish Congress Québec Region, à titre de représentante de la CSQ, où ma contribution fut des plus limitées : les Séfarades n’ayant pas encore la présence qu’ils auront plus tard au sein d’une organisation Ashké pur jus, hautaine et dédaigneuse envers nous. Nouvelle désillusion, double, cette fois. J’ai constaté que «Ma communauté à la une» n’était qu’un slogan vide de sens et de l’esbroufe pour la galerie, que les Séfarades n’étaient guère en odeur de sainteté au sein de cette importante institution et que représenter la CSQ, ça voulait dire – du fait que je sois une femme ? - se taire, écouter et faire rapport aux vrais décideurs : le Président et les membres du CA; les mêmes à se coopter depuis des lustres, à s’échanger titres et fonctions, uniquement intéressés de savoir ce qui se tramait au CJC concernant la CSQ. Très peu pour moi. 30-40 ans, c’est également l’époque de l’école juive pour mes enfants. Là, je peux dire que ce fut ma plus grande désillusion et l’arnaque du siècle ! D’abord, ça nous a coûté un bras, mais en plus, comme parents, nous n’avions pas voix au chapitre. C’était «paie et tais-toi». Mon aîné a été victime d’intimidation, à un point tel qu’il ne voulait plus aller à l’école.
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Chaque jour, deux élèves de sa classe lui taxaient son lunch, quand ce n’était pas les quelques dollars que je lui donnais pour sa collation. Jusqu’au jour où il est rentré avec un œil au beurre noir, le nez en sang et son blouson déchiré. Quand finalement il accepta de tout me raconter, j’ai contacté la dizaine de parents dont les enfants avaient également été victimes et décidé de porter plainte pour voies de faits. Convoquée par la directrice, celle-ci m’a carrément dit que cette école n’était pas faite pour mon fils. J’ai donc dû le changer d’établissement en cours d’année. Récemment, en parlant avec des parents beaucoup plus jeunes que moi, il semblerait que dans cette école l’intimidation ait encore cours, que le déni, la politique de l’autruche et le «paie et tais-toi» soient toujours pratiques courantes. C’est dur à dire, mais j’en ai soupé de l’implication et je ne veux plus rien savoir de la Communauté. Quand il m’arrive parfois d’assister à certaines manifestations ou événements, je constate que ce sont encore et toujours les mêmes qui sont aux commandes. Est-ce qu’un jour ça va changer ? Je vous regarde avoir encore foi en notre Communauté et, je l’avoue, je vous admire, vous, si «croyant» malgré tout. Je vous envie presque, mais je n’y crois plus. Je n’appartiens plus aux 18-25 ans depuis longtemps et pourtant, je suis aussi perdue qu’eux ! Je suis déçue de moi et de la Communauté. Je ne me sens ni d’ici ni de là-bas. Ni Marocaine ni Française. Ni Québécoise ni Canadienne… Simplement Juive. Et encore, il ne faut surtout plus me parler de religion. J’en ai une écoeurantite aigue. En fait, je me sens bien comme minoritaire. C’est entourée d’ethniques, d’immigrants, de Canadiens anglais ou de Québécois minimalement ouverts, que ma judéité s’exprime le mieux. Dans cette différence, je me sens libre de l’exprimer et de faire ce qui me plait de l’amalgame de mon vécu et de mon héritage. Peut-être qu’un jour, vous réussirez à me remettre sur la voie des volontaires encore optimistes. Comme le disait Churchill : l’optimisme, c’est de passer d’échec en échec et d’être encore enthousiaste. Ne lâchez pas !» Suite à la parution de ma chronique Le maillon faible, en mars dernier, j’ai reçu, à ma grande surprise, une quinzaine de courriels de la part de parfaits inconnus - ce qui prouve bien que les gens lisent LVS - me faisant part de leurs états d’âme, commentaires ou doléances. J’avoue mon étonnement. Pourquoi m’écrire, à moi qui ne suis ni leader ni rédac-chef, encore moins le grand patron de la revue ? Et dès lors, que faire de ces messages remplis d’attentes et de déceptions, dont certains expriment même amertume et colère ? Sans doute auriez-vous raison, amis lecteurs, d’affirmer qu’une quinzaine de courriels ne traduisent nullement une tendance, pas plus qu’une hirondelle fait le printemps. C’est exact. De même qu’il
est exact de dire que ces témoignages ne sont pas représentatifs de la Communauté et qu’il n’y a rien de scientifique ni de statistiquement significatif dans leurs propos. De surcroît, je ne suis ni météorologue ni ornithologue, pas même statisticien. Il n’empêche. Une quinzaine d’individus, qui prennent la peine d’écrire pour faire part de leurs états d’âme, ce n’est pas rien. Alors quoi ? Aurai-je dû appuyer sur la touche delete et faire comme si ces messages n’avaient jamais existé ? Comme à la grande époque des soviets, quand on gommait des photos officielles, le visage du dignitaire tombé en disgrâce et son nom des manuels scolaires. Pas trop le genre de la maison. Auraije dû faire copier coller et les envoyer «À qui de droit», mais à qui au juste, au risque que ces courriels se retrouvent dans la filière D.ieu ? Pas du tout ma tasse de thé. Je me suis dit que cela pourrait sans doute vous intéresser, fidèles lecteurs, et qu’à ma façon et bien modestement, je serai le relayeur de ces Séfarades lambda qui, chacun dans son coin, avaient pris la peine d’écrire quelques mots, quelques phrases avant de les expédier sur la Toile, telle une bouteille à la mer, en espérant, sans trop y croire, qu’elle arrivera quelque part. Je persiste à penser qu’une quinzaine d’individus qui, après avoir lu une chronique, décident de se mettre au clavier, cela n’a rien d’anodin. Quand on pense qu’à l’université, un étudiant a soutenu sa thèse de doctorat à partir d’un seul et unique récit de vie. Une thèse de doctorat ! Autant dire qu’avec ces courriels, j’ai de quoi écrire un livre. Mais bon, ne nous égarons pas et revenons à ces inconnus. LVS est tirée à 6.000 copies (voir en page 2 de la revue) et je me suis laissé dire que chaque exemplaire est lu par quatre personnes, voire plus. À peine LVS est-elle arrivée au domicile, qu’on se l’arrache. Certains, pour être tranquilles, la lisent aux toilettes, tandis que d’autres en font leur lecture shabbatique, en lieu et place de la Parashat hachavoua. Zapper la Parasha un samedi sur douze, ce n’est certainement pas la fin du monde et le Grand Architecte est compréhensif. Tout juste le temps de lire un premier article, qu’on se fait taxer LVS par l’époux-se, le fils, la fille ou la belle-mère. On finit par la récupérer et quand tout le monde vaque à ses occupations, on s’empresse de la lire de bout en bout, avant d’en discuter en famille, le shabbat midi, en savourant la dafina. N’ayons crainte de le clamer haut et fort : chaque parution de LVS crée le buzz. Imaginez le tableau «Elle a vraiment de la gueule avec son look design, son papier glacé, sa mise en page et toute cette pub : Il est temps d’en améliorer le contenu; T’as vu, encore un portrait de lui. C’est rendu qu’il fait parler de lui à chaque numéro; Je ne savais pas qu’Untel avait encore été honoré; Qui c’est
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ce type qui va prendre la Présidence de la Communauté ?; Miskin, il est mort alors que j’étais en Floride; Dommage que ça coûte si cher, j’aurais bien voulu aller le voir en spectacle; Dis à ta fille d’aller dans ce club privé, Il paraît qu’il y a plein de jeunes hommes de son âge; Encore lui !; Tu devrais inscrire tes enfants dans cette école, ils offrent un super tarif pour les 2 prochaines années; D’après l’article, il a reçu un prix, sauf qu’ils étaient plusieurs à l’obtenir. Pourquoi on ne mentionne pas les autres ?; Alors c’est lui le nouveau président de l’école. Qui l’a élu ?» C’est bon, vous me suivez ? LVS ne laisse personne indifférent et chaque livraison est objet de discussions dans les chaumières, à la synagogue, au centre d’achats, dans la rue et partout ailleurs. Bref, tout le monde en parle. Un buzz, je vous dis. Plutôt que de retranscrire tels quels ces messages, j’ai choisi - privilège du chroniqueur - et par souci d’économie d’espace, de vous les présenter sous la forme d’une lettre : une missive écrite de la main d’une femme. Par galanterie et amour des femmes, certes, mais aussi parce que depuis la nuit des temps, le propos tenu par la gent féminine a toujours été plus convaincant, sans pour autant être acrimonieux. Je vous assure, ce n’est pas du pipeau et non, je ne vous roule pas dans la farine. Souvenez-vous d’Ève, notre mère à tous, des Matriarches, de Déborah, d’Esther, de Ruth la Moabite, de Golda Meir, sans oublier ma douce moitié ! Convaincus ? Une missive féminine donc, épurée, par éthique journalistique, de tout excès et écart de langage, de médisances, méchancetés, outrecuidances et autres grossièretés. Voici pour la méthode. Quant au contenu, patience, j’y arrive. Mais avant de me lancer une Fatwa ne perdez pas de vue, amis lecteurs, que je ne suis qu’un simple chroniqueur/relayeur et souvenez-vous de l’adage : Quelles que soient les réponses; l’important, ce sont les questions. De l’enthousiasme au désenchantement Convenons que la Communauté ne laisse personne indifférent et qu’à son sujet, chacun a sa petite idée. Plusieurs défendent sa raison d’être avec vigueur, tandis que d’autres remettent en question sa légitimité. Bon nombre se reconnaissent en elle, mais ils sont légion à superbement la dénigrer. Certains la jugent en phase avec les enjeux actuels et futurs, alors que d’autres la considèrent comme le vestige d’une époque révolue. Que l’on soit pour ou contre, qu’on l’aime ou la déteste, qu’on la juge d’intérêt public ou parfaitement inutile; il n’en reste pas moins que la Communauté, après un demi-siècle d’existence, nous titille encore et encore, et «vient nous chercher» pour toutes sortes de raisons. Pourquoi ceux-là mêmes, séduits par elle et prêts à lui consacrer temps, énergie, talents et compétences, sont-ils déçus après quelques
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tentatives d’implication et ne veulent plus entendre parler de la Communauté ? Voir arriver des bénévoles enthousiastes et déterminés, et assister à leur départ, désenchantés et désabusés; cela ne suscite-t-il nul questionnement d’un mode de fonctionnement et d’un mécanisme décisionnel ? Comment ne pas déceler, dans ces désillusions, la remise en question d’un style de leadership, le symptôme d’un inconfort voire d’un dysfonctionnement dans la gestion de la « chose » communautaire ? Pourquoi la Communauté, censée représenter l’ensemble des Séfarades, est-elle perçue, et je dis bien perçue, comme étant l’affaire d’une clique sélecte de personnes, d’un groupe restreint d’individus inconnus de la quasi-totalité des quelques vingt-cinq mille Séfarades Montréalais ? Comment se fait-il que ce sont, à quelques exceptions près, ces mêmes « Illustres » que l’on retrouve à la tête des organismes constituant la Communauté et dans les pages de LVS ? À contempler les portraits officiels ornant les murs de la Communauté, on a le sentiment diffus que ce cartel de dirigeants a conçu le populaire jeu des chaises musicales. Est-ce à dire que, hors ces leaders d’exception, point de salut ? Sont-ils à ce point indispensables et incontournables pour être inamovibles et indéboulonnables ? Quelle légitimité peut-on accorder à la nomination et la cooptation, à moins de lui consentir un autre sens ? Dans notre jeune histoire communautaire, l’élection au suffrage universel à la Présidence de la Communauté, malgré la lourdeur et sa complexité d’exécution, fut une expérience novatrice et fort courue, mais qui hélas ne fut jamais reconduite. Pourtant, connaître la vision, le projet, les priorités et le plan de match de tel ou tel candidat ou candidate et de son équipe susciterait, me semble-t-il, l’intérêt, la mobilisation et l’adhésion de bon nombre des quelques vingt-cinq mille Séfarades lambda. Il devrait, ne serait-ce que par souci de cohérence, en être de même des différentes constituantes : écoles, synagogues et services communautaires. À divers titres et degrés, comme usagers, bénéficiaires, contributeurs à l’appel juif unifié, bénévoles, parents ou simples citoyens; l’éducation, le culturel, le socio-récréatif, le social, les relations avec le milieu ambiant et les autres communautés ethniques, l’ensemble de la communauté juive, Israël, entre autres sujets, font partie de nos préoccupations et de nos intérêts ou, à tout le moins, du paysage politico-médiatique et de notre environnement. Pourquoi donc ne pas réitérer l’expérience ? D’autant qu’avec les réseaux sociaux, les nouvelles plateformes et les bases de données existantes, il serait aisé de rejoindre les quelques vingt-cinq mille Séfarades. Serait-ce si compliqué, une fois convenu des modalités et amendements à apporter aux statuts de la Communauté, de solliciter de nouveaux talents et de
nouveaux profils de leaders bénévoles afin de jeter un regard neuf sur NOTRE Institution, lui donner un nouveau souffle, une seconde jeunesse et susciter enthousiasme et engouement pour la « chose » communautaire ?
la désillusion et du désabusement. Un simple appel d’air, sous forme d’un renouveau du leadership communautaire et d’une plus grande transparence, saurait le raviver. À quand le retour de flamme ?
Que les choses soient claires et le propos univoque. Loin de moi de préjuger, ne serait-ce qu’un seul instant, de la sincérité et de l’engagement de nos présents leaders et dirigeants. Dieu seul sait combien l’implication communautaire exige abnégation et un authentique don de soi. Un quasi sacerdoce. Pour les côtoyer, j’en témoigne : la Communauté est inscrite dans leurs gènes et coule dans leurs veines. Elle leur tient à cœur et leur colle à la peau. Ceci étant dit, et je prends les précautions d’usage, d’où le conditionnel, il se dégage un sentiment diffus, un inconfort, voire un malaise, comme quoi les choses seraient organisées avec le gars des vues; que le choix de la Présidence se ferait en vase clos, derrière des portes tout aussi closes; que les orientations et les enjeux communautaires se définiraient, en partie, en fonction des centres d’intérêts des dirigeants en place; que transparence et reddition de comptes seraient étrangères à sa culture organisationnelle. Difficile donc, pour les simples mortels que nous sommes, de comprendre où la Communauté s’en va. Même si cela est infondé, ce qui est sans doute le cas, l’impression, voulant qu’elle vogue au gré des désirata de ses dirigeants, demeure.
D’ici là, fidèles lecteurs, je vous souhaite, à l’aube de l’an 5774, une Shana Tova Oumétouka et la santé pour vous et les êtres qui vous sont chers. Puissiez-vous vivre toute l’année dans la joie, le rire et l’allégresse. Maurice Chalom
Pour dissiper impression et malaise, la Communauté aurait tout à gagner à mieux communiquer et faire connaître le rationnel de ses orientations, de ses choix et de ses décisions. Sans aller jusqu’à parler de déficit démocratique, elle aurait intérêt, sans pour autant se la jouer Primaires à l’américaine, PQ, PLQ ou PS, à revoir le mode d’élection de sa Présidence, le fonctionnement de son conseil d’administration et de son directoire. Cinquante ans plus tard, les vingt-cinq mille Juifs, qui constituent la communauté séfarade du grand Montréal, ont le droit de choisir qui sera à la tête de leur destinée collective, fondée sur quelle vision, enjeux et défis. Droit à la consultation, devoir de transparence et obligation de résultats. Au cours des dernières années, l’avenir s’est décliné sur le mode des racines, du passé et de la continuité. Soit. N’est-il pas venu le moment de conjuguer ce même avenir au temps du futur et d’une vitalité renouvelée ? Sans doute. À relire les messages de ces anonymes, à entendre les attentes exprimées envers la Communauté de la part de connaissances ou d’inconnus croisés au gré des rencontres, l’intérêt pour la Communauté est toujours aussi prégnant. Qu’il s’agisse d’éducation juive, de culture, de solidarité et que sais-je encore; cet intérêt est partagé par bon nombre de nos coreligionnaires âgés de 18 à 88 ans. Cependant, sans doute l’air du temps, il couve, étouffé sous les cendres du cynisme, de
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Les réflexions d’une leader du « Printemps érable » Avec Léo Bureau-Blouin et Gabriel Nadeau-Dubois, Martine Desjardins a été l’une des personnalités les plus médiatisées lors du « Printemps érable ». Elle était alors présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), une association regroupant 125.000 membres, le plus grand groupe étudiant au Québec. Le 30 avril 2012 marquait la fin de son mandat et également la fin d’un chapitre de l’histoire d’une femme militante, dotée d’une forte personnalité mais qui sait rester simple et surtout réaliste quand il s’agit de porter un regard lucide sur une période assez mouvementée de l’histoire du Québec. Martine est titulaire d’une maîtrise en Sciences de l’éducation de l’Université de Sherbrooke et elle était inscrite au programme de doctorat dans cette même discipline à l’UQAM. Martine a accepté de nous rencontrer afin de mener une conversation à bâtons rompus portant sur son analyse du mouvement étudiant lors de la crise, de la situation et des défis que connaissent les universités au Québec ainsi que sa vision d’avenir. LVS : Comment se sent-on après avoir été au centre d’un mouvement étudiant qui a marqué la scène sociale et politique québécoise pendant de longs mois ?
Martine Desjardins
Martine Desjardins : Je pense que je vais célébrer ma retraite. Avec le recul, je peine à réaliser comment tout ce mouvement s’est orchestré. J’ai été confrontée, comme tous les jeunes d’ailleurs, à un quotidien très émotif, les rencontres avec les médias, les montées d’adrénaline, le feu de l’action. Je veux dire par là que tout le monde a été touché de près ou de loin par ces journées, et cela va prendre d’après moi des années pour s’en séparer. Je considère que ma position a été extrêmement intéressante au sein du mouvement, mais maintenant je suis devenue une simple citoyenne, une situation que je ne regrette pas. Pour la petite histoire je suis devenue, par ennui, vice- présidente au cycle supérieur en éducation à l’UQAM et un an plus tard j’ai été élue présidente de la FEUQ. Ceci a causé un contrecoup au niveau familial. Le moment est venu de faire le point et d’aller vers autre chose. LVS : Quel bilan établissez-vous après toutes ces longues négociations, très ardues avec le gouvernement libéral de Jean Charest d’abord, plus souples ensuite avec le gouvernement péquiste de Pauline Marois qui s’est contenté d’annuler la hausse des droits scolaires et de la remplacer par une indexation. Est-ce le verre à moitié plein ou plutôt à moitié vide ? M.D. : Sans hésitation je répondrais que c’est le verre à moitié plein. En effet si toutes nos demandes n’ont pas été acceptées, je pense que le problème central tournait autour de l’annulation de la hausse décrétée
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par le gouvernement libéral et qui fut à l’origine de la contestation et du vaste mouvement étudiant que nous avons vécu et auquel se sont greffées d’autres préoccupations d’ordre sociétal. C’est vrai qu’il n’y a pas eu de gel des frais de scolarité comme nous le souhaitions, des positions que nous avons défendues depuis 15 ans. À la fin de mon mandat je considère que j’ai pu rayer certaines prises de position qui figuraient dans nos demandes initiales. Je ne sais pas si nous sommes capables d’avoir un vrai débat d’idées plutôt qu’un débat idéologique et de refléter ce que pense la majorité. LVS : Comment envisagez-vous l’avenir de l’Université au Québec ? M.D. : Nous nous trouvons actuellement dans un changement de paradigmes. C’est une sorte de confrontation entre deux conceptions de l’éducation supérieure de l’université publique face à une hypothétique université privée comme on en voit aux États-Unis et dans d’autres pays. À mon avis tout va se jouer au cours des 5 prochaines années. En ce qui me concerne je considère que c’est une bonne chose qu’au Québec nous n’ayons pas d’université privée, nous aurions alors un enseignement supérieur à deux vitesses. Je remarque également que le public en général ne comprend pas encore pleinement le rôle de l’Université ni son système de financement. LVS : Ne pensez-vous pas que la gratuité, que certains syndicats étudiants réclament à corps et à cri, constitue la panacée à la revendication exprimée par un grand nombre d’étudiants et de citoyens de l’accessibilité universelle à l’université ? M.D. : Le problème tel que je le conçois, réside dans une accessibilité géographique à l’Université pour ceux qui résident en dehors des grands centres universitaires où l’on constate la plus grande concentration de professeurs. Je suis plutôt favorable à un juste milieu. Ceci dit, il y a des choix à faire comme par exemple doit-on à tout prix mettre toutes ses énergies dans le Plan Nord ou au contraire investir plutôt dans l’éducation? La tendance a été de gérer ce problème à « la petite semaine ». En fait on ne parle pas de l’éducation comme d’un bien commun. Quant au problème du financement des universités, les recteurs sont là pour administrer les fonds publics or les fonds collectés ou dépensés ne sont pas portés à l’attention du public.
LVS : On s’est entendu dire souvent que l’Université n’avait plus pour mission d’éduquer les étudiants mais surtout de les former pour satisfaire la demande du marché du travail. Partagez-vous cette opinion ? M.D. : Un fait est certain, les ordres professionnels au Québec on tendance à avoir une influence beaucoup plus grande que les dirigeants d’université. Il est à noter également que l’absence de culture générale est flagrante ce qui me laisse penser que l’on apprend aux jeunes à devenir des techniciens destinés à remplir une fonction bien déterminée dans les rouages économiques de la société. LVS :Ne pensez-vous pas que les mouvements étudiants se font systématiquement récupérer que ce soit par les syndicats ou par les partis politiques ? M.D. : C’est la première fois que nous assistons à une victoire aussi éclatante d’un mouvement étudiant par le biais d’une immense mobilisation. Les syndicats, c’est compréhensible, veulent apprendre de cette expérience. Des conférences ont été tenues à ce sujet. Quant aux partis politiques, ils visent le pouvoir et c’est évident qu’un « success story » est récupéré à son profit. Notre mouvement étant un groupe de pression, il doit demeurer indépendant et veiller surtout à se définir lui-même. LVS : Et si le Printemps Érable était à refaire, comment l’aborderiez-vous en tant que leader et quels enseignements avez-vous tiré de cette expérience que vous avez vécue ? M.D. : J’espère qu’il ne sera plus à refaire. Les conditions qui on existé à ce moment là étaient particulières et j’inclus parmi tant d’autres le climat qui a facilité la participation. Ce sont des éléments qu’on ne peut pas déterminer à l’avance. Nous avons fait face à un gouvernement en fin de règne. Pour agir il faut savoir attendre qu’un certain nombre d’éléments soient en place. Mais par dessus tout il faut toujours chercher à dialoguer. Elie Benchetrit
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Les Frères Musulmans, fossoyeurs des Printemps arabes Le 4 janvier 2011, Mohammed Bouazizi, un vendeur de légumes ambulant s’immolait par le feu à Sidi Bouzid, en Tunisie, pour protester contre les tracasseries de la police, qui l’empêchait systématiquement de pratiquer son petit commerce. Ce sacrifice déclenche un mouvement populaire d’une ampleur sans précédent, prenant pour cible le gouvernement despotique et corrompu de Zine el-Abidine Ben Ali, qui est contraint, dix jours plus tard, de se réfugier en Arabie Saoudite. Cette victoire d’un mouvement populaire spontané, animé au départ par des militants se réclamant de la démocratie, de la laïcité et des droits de l’homme donna, le signal à d’autres soulèvements dans des pays arabes : en l’espace de quelques mois, des dictateurs réputés inamovibles furent chassés du pouvoir : Hosni Moubarak en Egypte, Mouammar Kadhafi en Libye, Ali Abdallah Saleh au Yémen. D’autres révoltes populaires se heurtèrent à la résistance acharnée des tyrans en place : à Bahrein, la dynastie régnante d’obédience sunnite écrasa, avec l’aide de l’Arabie Saoudite, la contestation d’une population majoritairement chiite. En Syrie, où la révolte populaire contre le dictateur alaouite Bachar el Assad se transforme en une sanglante guerre civile à forte connotation religieuse (la majorité des insurgés appartiennent à la branche sunnite de l’Islam). Dans les autres pays de la région, les pouvoirs en place parviennent à contenir les mouvements de protestation, en satisfaisant provisoirement les besoins matériels de la population, comme en Algérie, ou en associant les mouvements islamistes au pouvoir, comme au Maroc et en Jordanie. Ces « printemps arabes », comme on les dénomma bucoliquement en Occident, furent salués comme une sorte d’équivalent oriental de la chute du mur de Berlin en 1989 : ils devaient conduire, par étapes, des pays dévastés par la dictature, la corruption et la misère de la plus grande partie de la population vers la démocratie et le développement économique. Quelque mois plus tard, le tableau est notablement différent : en Tunisie et en Egypte, le verdict des urnes consacre la victoire des courants islamistes radicaux, animés par les Frères musulmans et les salafistes, encore plus rigoristes dans leur interprétation littérale de la religion du Prophète. Les forces laïques et démocratiques, qui avaient été les moteurs des révoltes populaires, sont dépossédées de leur révolution, et tentent, sans succès jusqu’à présent de s’opposer à l’instauration progressive de théocraties despotiques. En Libye et au Yémen, sociétés fortement tribalisées, le chaos s’est installé à la place des dictatures militaires, laissant libre cours aux jihadistes se réclamant d’Al Qaïda d’établir dans ces pays des bases à partir desquelles ils s’efforcent de déstabiliser les régimes en place dans le Sahel et la péninsule arabique. Ces groupes extrémistes jouent également un rôle non négligeable en Syrie (Al Nosra) et en Irak, où les affrontements sanglants entre factions n’ont pas cessé après le retrait des forces américaines. 90 | magazine LVS | septembre 2013
Au sein de cette nébuleuse islamiste, les Frères Musulmans apparaissent comme la force politique et idéologique la plus organisée, capable de jouer, quand il le faut, le jeu démocratique, sans pour autant dévier de son objectif ultime : l’instauration d’un Califat islamique dans l’ensemble du monde arabo-musulman d’abord, et à l’échelle de la planète ensuite. Cette confrérie a été fondée en 1928 en Egypte, par Hassan el Banna, en réaction à l’occidentalisation du pays qui commençait à s’instaurer sous la domination britannique qui avait remplacé, en 1919, la tutelle ottomane. A la différence d’autres mouvements révolutionnaires arabes de l’époque, comme le Baas syro-irakien, les Frères musulmans ne visaient pas seulement à la libération nationale des peuples soumis à la tutelle coloniale, mais à une restauration des valeurs de l’Islam telles qu’ils les concevaient, dépourvues de toute compromission avec la modernité occidentale : primat des libertés individuelles sur la loi du groupe, opposition à l’égalité entre les hommes et les femmes et à la laïcité de l’Etat. La Charia, corpus juridique issu du Coran, suffit pour eux comme fondement de la Constitution, et fait office de code civil et pénal. Sévèrement réprimés, d’abord par les puissances coloniales, puis par les régimes nationalistes militaires leur ayant succédé, les Frères musulmans incarnèrent pendant un longue période la résistance à des régimes despotiques et corrompus, qui avaient entrainés leurs peuples dans des guerres désastreuses contre Israël, et accaparé au bénéfice d’une caste politico-militaire l’essentiel des richesses des pays qu’ils régissaient d’une main de fer. Le succès de la Confrérie au sein des populations démunies était lié aux actions sociales (hôpitaux, écoles, aide alimentaire) qu’elle mettait en œuvre, avec l’appui financier des monarchies pétrolières, et la bénédiction des principales puissances occidentales. Celles-ci, notamment les Etats-Unis, voyaient dans ces mouvements des partenaires contre des régimes ayant choisi l’alliance militaire et politique avec le bloc soviétique. Ce choix, quelques décennies plus tard, s’avéra désastreux : les régimes nationalistes, privés du soutien communiste, se lézardent et finissent, pour quelques uns d’entre eux, par s’écrouler, mais ceux qui leur succèdent sont loin d’adopter les critères démocratiques et libéraux espérés. Aujourd’hui au pouvoir à Gaza, en Égypte et en Tunisie, ils ne se sont pas mués en gestionnaires modérés de démocraties libérales. Certains observateurs des « printemps arabes » — bien naïfs
en dépit de leurs compétences universitaires — avaient pronostiqué que les Frères musulmans, arrivés au pouvoir allaient se convertir au pragmatisme, à l’image du parti islamiste turc AKP. Ils allaient, selon ces « experts » se transformer en partis islamo-démocrates, pendant musulman des partis conservateurs chrétien-démocrates européens, respectueux des libertés publiques et soucieux du bien-être économique de leurs peuples. Hélas, on est en train d’observer que c’est l’inverse qui se produit : le régime turc de Recep Tayyip Erdogan est en train de se durcir notablement, comme on a pu le voir dans la répression des manifestations de la place Taksim à Istanbul, et d’accentuer l’emprise de la religion sur l’Etat laïc fondé par Mustafa Kemal Atatürk. L’épreuve décisive viendra lorsque les dirigeants Frères musulmans seront amenés à remettre en jeu leur mandat devant le peuple. Leur incapacité à gérer l’économie des pays qu’ils gouvernent actuellement devraient, en bonne logique, être durement sanctionnée lors des prochains scrutins. Mais cette philosophie de l’alternance démocratique est absente du logiciel de la Confrérie : tenant leur mandat d’Allah, il ne voient aucune nécessité de s’en départir sans un ordre venu du ciel. Jusqu’à ce que le Califat universel soit instauré, leur mot d’ordre caché restera : « one man, one vote, one time ». Luc Rosenzweig
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C’est dans l’temps du jour de l’An Adopter une nouvelle religion assure au converti que le reste de sa vie se transforme en perpétuel festival de la Découverte et de l’Étonnement. Quand j’ai entrepris mon voyage spirituel vers le judaïsme, qui m’a menée au mikvé il y a 15 ans, je ne me doutais nullement de la richesse et de la diversité des connaissances que j’allais acquérir au fil des ans. Bien sûr, je savais qu’on m’apprendrait de nouvelles prières, de nouvelles règles alimentaires, comment « faire shabbat », mais jamais je ne me serais doutée qu’on allait m’enseigner comment attacher mes chaussures, l’importance de remercier Hashem après une visite au petit coin et la bonne manière de laver la laitue ! L’immersion dans le mikvé n’efface pas la mémoire vive du converti même si elle possède l’inouï pouvoir de reprogrammer son âme. Je l’avoue, la période de Noël, du jour de l’An, de Pâques, constitue un défi renouvelé à chaque année. Pas parce que je ressens un élan vers la religion de mes ancêtres, mais parce que ces fêtes évoquent des ancrages émotifs implantés au plus profond de soi, depuis la plus tendre enfance : Noël marque l’amour des parents pour leurs enfants. Pâques représente l’espoir et la vie nouvelle et le jour de l’An est synonyme de célébrations, de plaisirs et d’excès. La Fête des Fous Les Chrétiens du Moyen-Âge célébraient l’arrivée du Nouvel An par le festum fatuorum, ou Fête des Fous. Tout ce que la religion interdisait le reste de l’année était permis pendant les quatre jours que durait la fête. Le philosophe juif anglais Alain de Botton, dans son livre « Petit manuel de religion à l’usage des mécréants », raconte que les membres du clergé jouaient aux dés sur l’autel, brayaient comme des ânesses en chaleur au lieu de répondre « amen » pendant la messe — en l’honneur de l’âne qui a mené Jésus à Jérusalem —, prêchaient l’Évangile selon l’Ongle du gros orteil de Saint Luc, sans compter ceux qui urinaient du haut des clochers. Ces comportements étonnants chez des Catholiques, une « parodia sacra », étaient non seulement permis mais encouragés par les plus hautes autorités ecclésiastiques. En 1445, des érudits de la faculté de théologie de Paris ont expliqué aux évêques français que de se comporter comme des fous
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pendant quelques jours permettait aux croyants de respecter avec plus de zèle les enseignements de l’Église le reste du temps. Autrement dit, il fallait leur permettre de ‘lâcher leur fou’ pour qu’ils ne deviennent pas fous. La tradition s’est perpétuée en France jusqu’au 17e siècle. Victor Hugo y fait référence dans Notre-Dame de Paris. Même si les célébrations du Nouvel An, qui marquent en réalité la brit milah de Jésus, se déroulent plus sobrement aujourd’hui, il n’en demeure pas moins qu’elles demeurent joyeuses, même plus joyeuses encore que Noël qui a conservé une partie de son caractère religieux. Pas le Nouvel An. Personne au Québec de moins de 50 ans ne sait que le 1er janvier a été une fête judéo-chrétienne avant de devenir un gros party. Souvenirs d’enfance Enfant, j’anticipais avec bonheur le Nouvel An car nous allions réveillonner chez une tante que j’adorais et dont j’admirais le chic fou, en tout. Une femme d’une grande beauté, elle savait impartir aux plats qu’elle préparait, à la décoration de sa maison, aux robes du soir qu’elle cousait elle-même, une élégance hollywoodienne, malgré des moyens financiers limités. Pour la nuit du Nouvel An, son 3 1/2 au cœur d’HochelagaMaisonneuve était transformé en château, le temps d’une nuit glamour et d’un festin gargantuesque. Du moins, aux yeux de la fillette que j’étais. Les femmes buvaient des Tom Collins, les hommes du Canadian Club, et les enfants, du 7Up avec du sirop de grenadine et trois cerises au fond de nos verres de cristal en plastique. Chaque année, ma tante préparait son célèbre six-pâtes, une sorte de cassoulet dont il existe autant de recettes qu’il y a de villages au Québec. Certains l’appellent ‘tourtière du Lac Saint-Jean’. Gibier, viandes, volailles, patates et oignons, entre six rangs de pâte, mis à cuire pendant 12 heures, un délice. En écrivant ces lignes, je me dis que rien dans la cacheroute ne m’interdirait de servir un « six pâtes » ou « cipaille », à Rosh Hachana. Un mélange de bœuf, veau, poulet cacher conviendrait très bien.
Une fête déroutante
Un rituel sacré
J’avoue que je n’ai jamais été capable de trouver en moi le bon ton pour célébrer Roch Hachana. Si l’arrivée d’une nouvelle année constitue une bonne nouvelle en soi, j’ai vite fait de découvrir que le Nouvel An juif, tout sucré soit-il, possède aussi une dimension sacrée qui fait défaut au nouvel an de mon enfance.
Par contre, un de mes rituels juifs préféré est sans contredit le Tashlikh, que j’accomplis chaque année, après le repas du midi, le premier jour de Roch Hachana. J’ai été « élevée » dans la communauté ashkénaze, après tout. (Mes amis disent que je lis l’hébreu avec un accent polonais) J’habite tout près de la Rivière-des-Prairies où je me rends pour vider mes poches des miettes qui pourraient s’y trouver et « envoyer au fond de la mer tous mes péchés », comme le suggère le Livre de Michée.
Tout d’abord, l’arrivée de Rosh Hachana marque la fin de Elul et le début du cycle des prières de selichot et de la récitation des 13 attributs de Dieu. Bien que ma pratique religieuse pourrait se définir comme irrégulière, Elul n’a jamais été un mois comme les autres pour moi. J’ai toujours ressenti son pouvoir d’incitation à l’introspection. Et il s’en est passé des choses pendant Elul dans l’histoire juive : la troisième ascension du Sinaï par Moïse, la première publication du Shulhan Aruch, la fin du déluge, la naissance du Baal Shem Tov et le premier jour de la création, le 25 d’Elul. Sans oublier le shofar qui se fait entendre à ce temps de l’année, pas exactement une sonnerie qui évoque la joie. Pas plus que la liturgie de la fête elle-même qui exclut le Hallel, considéré comme trop joyeux pour un moment aussi solennel que le Jour du Jugement. Chez les haredim qui m’ont accompagnée vers la conversion, il était interdit à la table de Roch Hachana de parler d’autre chose que de la Tora. Les époux ne devraient pas avoir de relations sexuelles pendant Roch Hachana. Tout un party !
Le Nouvel An juif ne portera jamais les couleurs vives du Nouvel An de mon enfance. Il éclaire ma vie d’une lumière plus subtile. Par contre, Roch Hachana me rappelle que j’ai choisi une tradition spirituelle qui donne à l’humour une place centrale. Imaginez mon ahurissement, quand, sérieux comme un pape, mon rabbin m’a expliqué qu’on devait accomplir le rituel de Tashlikh devant un bassin d’eau courante contenant des poissons car, « comme D.ieu qui voit tout, leurs yeux ne se ferment jamais. » Vous ne pouvez pas savoir à quel point j’aime le judaïsme, même si laver la laitue en préparation des repas de fête, c’est long, c’est long ! Shana Tova. Lise Ravary
Lorsque je souhaite Shana Tova à quelqu’un, je ne sais jamais si je dois froncer les sourcils, prendre une tête d’enterrement ou sourire de toutes mes dents. Après tout, ma vie et la vie des gens que j’aime sont placées dans la balance jusqu’au jour du Grand Pardon. Dieu seul sait ce qui va se passer au terme des dix jours de pénitence avant Yom Kippour. Y’a pas de quoi rigoler, en effet. J’exagère un peu, quand même, mais le Nouvel An juif pour moi sera toujours une fête mi-sucrée, mi-salée, même si le miel remplace le sel sur la table à cette occasion.
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Comme à travers un verre dépoli Le judaïsme et l’interprétation des rêves « Bar Hedya était interprète de rêves. A celui qui donnait un paiement, il interprétait son rêve de façon favorable. Mais à celui qui ne lui donnait pas de paiement, il l’interprétait de façon défavorable. Une fois Abayé et Rava ont tous les deux vu le même rêve. Abayé lui a donné un zouz tandis que Rava ne lui en a pas donné. Et ils lui ont dit : dans notre rêve on nous a lu le verset : ton bœuf sera égorgé sous tes yeux etc. mais tu ne mangeras pas de sa chair. A Rava Bar Hedya a dit : ton affaire va s’effondrer et tu n’auras aucun plaisir, à cause de l’immense tristesse de ton cœur. Et à Abayé il a dit : ton affaire va fructifier et tu n’auras aucun plaisir à manger en raison de la joie de ton cœur » (Talmud, Berahot 56.a). Selon les recherches scientifiques les plus récentes, un homme de soixante dix ans aura rêvé durant cinq années consécutives. Si le sommeil tient dans un tiers du vécu de l’homme, vingt-cinq pour cent de ce temps-là serait habité par le rêve : un douzième de temps de la vie. Et peut-on étant donné l’importance du sujet, réduire ce temps de vie, car c’est bien de cela qu’il s’agit, et de son interprétation, à une pièce de monnaie. Le rêve n’est-il pas le vécu le plus secret et peut-être selon la vision freudienne le plus impudique car il est sans contrainte ? Il révèle par des symboles à peine cachés « une forêt touffue, une tour et des maisons, une gourmandise »…D’ailleurs, durant l’Inquisition, quiconque parle de ses rêves et essaie de les analyser ainsi que ceux d’autrui, est condamné comme hérétique. Il n’est pas jusqu’aux moines qui se lèvent tôt le matin et se couchent tard dans la nuit, qui ont dans leur charte une interdiction absolue de rêver. Et sous Napoléon 1er une loi est créée, qui sera amendée en 1992, (R34 7 du Code Napoléon) : une amende est prévue pour tous ceux qui font métier de deviner, de pronostiquer et d’expliquer les songes. Deux heures par nuit, nous nous habillons avec les symboles et les refoulements de ce que fut notre existence diurne. Sigmund Freud — à la fois petit-fils de rabbin et féru de la mythologie grecque — ne s’écrie-t-il pas : l’interprétation des rêves est « la voie royale pour parvenir à la connaissance de l’âme ». Plus tard il affinera sa théorie : l’analyse onirique est complexe, lente, pour ne pas dire approximative, même pour le rêveur ; le patient allongé confortablement sur le divan durant le temps de cette détente-absence trouvera le chemin le plus rapide pour accéder aux nœuds gordiens de son existence comme une manière de rêve éveillé où il se raconte, se dit, se contredit et dégage une émotion sur les sujets qu’incidemment il traverse, fait cette longue ascension du temps, chute, parfois, se ressaisit et au fond est tout seul à s’analyser simplement suivi par l’oreille du Maître. Pour Freud, le rêve de chaque individu, est la porte de son désir refoulé, « des excitations qui tendent à troubler le sommeil et auxquelles le dormeur réagit par les rêves », symptômes névrotiques — souvenirs marquants — même pour les bien-portants. Un de ses élèves, Jung, voit à travers la symbolique des songes un corpus universel qui dépasserait de loin le refoulement individuel de l’être, l’activité psychique nocturne, répondrait à un Adam originel et à un inconscient collectif : la frontière du rêve pour Freud s’arrête au rêveur et à son vécu plus ou moins ancien (exemple : « on fit sentir à un homme pendant son sommeil de l’eau de Cologne : il rêva qu’il se trouvait au Caire dans la boutique de Jean-Marie Farina, fait auquel 94 | magazine LVS | septembre 2013
se rattachait une foule d’aventures extravagantes; où il voit un pied l’écraser et devra chercher dans sa toute petite enfance le pied de sa mère le berçant près de son couffin). Jung, en revanche, estime que dans le rêve peut s’introduire une histoire collective, qui serait aussi vieille que le monde et vivre des visions, bien qu’extérieures, aussi réelles que s’ils les avaient vécues personnellement : l’inconscient collectif. Comme le raconte aussi cette histoire chinoise de Zhuang Zi (« Mong zi de mong », « Le rêve du papillon ») : est-ce moi qui rêve que je suis un papillon ou est-ce le papillon qui rêve qu’il est moi ? Ainsi, l’homme est-il un buvard ancestral qui reproduit les éléments qu’il traverse ? L’Egypte interprétait les rêves comme prémonitoires. Freud nous raconte que lorsqu’Alexandre le Grand entreprit son expédition de conquête, il avait dans sa suite les interprètes de songes les plus réputés. Les scribes, les oniromanciens et le pouvoir se pliaient à ces visions. Il n’est pas jusqu’aux Indiens d’Amérique du Nord qui fondaient toute leur liturgie (leur culte) sur les rêves et le Chamane, tout à la fois homme de science, médecin et interprétateur qui ordonnait les guerres, les chasses. Et la philosophie bantoue (Congo), pour laquelle les rêves sont essentiellement la route qui mène aux disparus et qui permet au rêveur, par une cohorte de symboles et de mythes, d’accéder à un message. L’Orient extrême n’est pas exempt du bien-fondé du rêve. Le bouddhisme tibétain et ses transmigrations (l’initié, pendant son sommeil, émet une aura et a la sensation de quitter son corps) font que le rêveur veut atteindre le visionnaire. Du Talmud à toutes les visions universelles, nous sommes tous d’accord : le rêveur s’imagine et rejoint un niveau insoupçonné de lui-même. Et si on lui interprète son rêve, ou s’il en décode les symboles, il atteindra une dimension, un envol supérieur dans le vécu. Pour reprendre l’expression de nos sages, on voit le rêve comme à travers un verre dépoli. Qu’en est-il du judaïsme ? Le roi David et Ahitophel (son conseiller qui le trahira) donnent le « la », « au Juste pas de bon rêve, au méchant point de mauvais » car le rêve est un enseignement, un chemin. Celui qui fait des rêves agréables, heureux, aura tendance à se relâcher et se prendra pour quelqu’un de bien et la faute sera tapie à sa porte. Quant à celui qui fait des rêves malheureux, à l’instar du roi David, ce dernier sera toujours aux aguets de la moindre faute, du moindre manquement et ainsi son rêve sera le plus grand des éducateurs.
En cheminant avec les sages du Talmud, des interprétations se dégagent, souvent par analogie en référence aux textes bibliques — un exemple, rabbi Hanina a dit : celui qui voit une source dans son rêve, voit la paix, car il est dit : « et les serviteurs d’Isaac ont creusé dans la vallée et ont trouvé là-bas une source d’eau-vive » ; ainsi le puits symbolise en quelque sorte la paix et donc l’harmonie, la source de vie ! Nous trouvons un nombre incalculable de rêves dont le Talmud énonce l’interprétation comme une connaissance immuable. La langue hébraïque est pour l’interprétateur une mine inépuisable. Jeu de consonnes dans le récit de Gédéon, lors du combat contre les Madianites. Le chef des armées ennemies rêve qu’un pain d’orge roule dans le camp et détruit tout sur son passage. L’ennemi en déduit que Gédéon va gagner la guerre. L’hébreu qui se fixe par les consonnes va jouer avec ces mots : de hlm découle halom (rêver), la racine hlm est commune au pain d’orge (lehem) et au combat (lhom)… Par une fuite de Mots signifiants Gédéon sut que le rêve fécondait la réalité. Quelqu’un rêve de boire du lait ? De manger de la viande ? Attrape un coq ? Voit un cygne ou un pélican ? Voit des abeilles ? Met les Tefillins ? Entend un roi qui s’irrite contre lui ? Tous ces rêves ont des clés qui se dressent comme un dictionnaire, une oniromancie juive notamment compilée par le kabbaliste Rav Schlomo Almoli (entre Istanbul et Constantinople, de 1490 à 1542). Il semblerait que le rêve ait bien ses codes et ses réponses. Et pourtant, Bar Hedya pour un zouz faisait la différence entre Abayé et Rava. Le Talmud conclut qu’au fond le rêve va selon l’interprétateur. Il dit aussi que la bonne lecture du rêve est lorsque le rêveur se reconnait. Rabbi Banaha l’Ancien nous raconte, par la voix de ses disciples, qu’il est allé voir pas moins de 24 interprètes de rêves qui lui donnèrent 24 visions différentes et il convient à notre grande surprise que les 24 sont vraies. Ne sont-elles pas en correspondance avec les 24 livres qui fondent la Bible, chaque livre est différent et ils sont tous vrais. Et il conclut : « Tous les rêves vont après la bouche ». Sans doute, tant qu’Israël se trouve en exil, il ne peut que rêver une vie et comme nous vivons la Torah comme un rêve et une promesse que D.ieu a faite à Abraham, qu’il a confirmée à Isaac et à Jacob, nous attendons de retourner dans notre terre pour peut-être réaliser comment Rabbi Banaha a pu marier les 24 interprétations pourtant différentes comme les facettes d’un diamant.
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Nous nous trouvons à la croisée de deux chemins : l’un nous révèle que le rêve a un corpus d’interprétation regroupé notamment dans la Guemarra berahot, sans parler de la vision nocturne où D.ieu dit au prophète : « Dans un songe je lui parlerai » (cette même Guemarra de nous annoncer que dans tout rêve il y a un soixantième de prophétie de même que dans le sommeil il y a un soixantième de la mort). L’autre direction nous conseille (rabbi Yehuda) de ne raconter nos rêves qu’à des amis ou à des gens bienveillants car c’est l’interprétation qui donnera réalité au songe. Il n’est pas jusqu’à Rabbi Meïr (130 environ) qui s’écrie pourtant suite à un rêve réalité : « les rêves n’ont aucune signification » (horayot 13 b), et il n’en tint aucun compte, ou, Schmuel lorsque son rêve était bon, disait : D.ieu m’a parlé en songe et quand il était mauvais, « les rêves n’ont aucune signification ». Se pose alors la question de Joseph, ses rêves furent-ils prophétiques et ainsi ceux, relatés dans le premier livre de la Bible, qu’il fit vis-à-vis du grand échanson et du panetier. Le Talmud de répondre, la réalisation du rêve va immanquablement selon son interprète : élément fondamental. Et peut-être par l’échelle de Jacob (les anges montent et descendent), D.ieu au dessus de lui, par les rêves de Daniel
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(le colosse à la tête d’or et aux pieds d’argile qui représente l’empire babylonien), atteignent le prophétique en émanant de l’immense qualité spirituelle de celui qui les interprète. L’inconscient devient « sur-conscience », conscience aiguë de la réalité, car la Bible et son étude offrent notamment à l’homme des possibilités insoupçonnées de vision, de prise de hauteur qui permettent une connaissance pénétrante du paysage humain. Comme l’écrit Maïmonide (Guide des Egarés, chap.48 t.2) « L’enchevêtrement de l’action humaine et de l’action providentielle est tel que nul être vivant ne peut en déceler le merveilleux mécanisme ». Aujourd’hui, la neurologie confirme que le sommeil et le rêve ont une fonction thérapeutique. Il n’en est pas moins vrai, en dépit des difficultés que chacun de nous lors du passage d’un rêve, éprouve à mettre en forme l’image émotionnelle ressentie sur l’instant, que le rêve devient peut-être comme une lettre qui n’a pas été ouverte (suivant Rav Hisda, qui vécut vers 300) et qui a besoin pour sa lecture d’un regard aiguisé car n’oublions pas que le rêve est aussi nécessaire que l’air que l’on respire, à l’équilibre biologique et mental. Il est une soupape, un révélateur des désirs, pour épouser la thèse de Freud, que nous n’osons pas toujours nous avouer. Daniel Radford
Menahem Lousky Analyste Actuariel À mon arrivée au Canada à l’âge de 15 ans et n’étant pas bilingue, ayant été scolarisé dans la langue Hébraïque, l’Académie Yavné m’a permis de relever ce défi et leur éducation a représenté un atout important dans mon cheminement scolaire. En effet, nous n’étions pas très nombreux dans les classes et de ce fait nous avions obtenu un enseignement personnalisé et chaleureux. Mes professeurs étaient disponibles pour répondre à mes questions et naturellement cela a augmenté mes chances de réussite. En revanche, leurs niveaux des connaissances thoraniques m’ont permis d’atteindre moi-même un niveau appréciable dans l’étude Talmudique. En effet les textes du Talmud présentent un caractère d’une logique et d’une compréhension telles que cela m’a permis de comprendre aisément le sens des mathématiques abstraits. L’apport de cette fabuleuse étude d’une part, et d’autre part leur respect constant par rapport à mes valeurs personnels ont engendré un renforcement de ces dernieres. Pour parler du domaine des loisirs dans l’enceinte de cette institution, leurs voyages organisés par leurs soins en Israël ont été l’objet d’un séjour extrêmement profitable en tout point de vue et j’en garde un souvenir unique et très heureux. Et pour relater mon activité actuelle, après avoir complété mon DEC en Psychologie, j’ai découvert une attirance envers la Théorie des Statistiques et de la Probabilité. J’ai gradué de l’Université Concordia avec un Bac en Actuariat et finance. J’ai également complété les 5 examens préliminaires de la Société des Actuaires. Vers la fin de mes études universitaires j’ai eu l’opportunité de travailler dans une compagnie qui offre des solutions actuarielles en matière de régime de retraite, et ce jusqu’à ce jour. Parallèlement à cela, je continue d’écrire les examens afin d’obtenir le titre de ‘’Fellow’’ de la Société des Actuaires. Je saisis cette occasion pour remercier tous ceux qui ont contribué à mon éducation dans votre école.
Daniel Attias, Promotion 2010 J’ai effectué presque toute ma scolarité à Yavné et j’ai le mur de ma chambre tapissé de tous les beaux souvenirs de mon parcours. Équipe de basket, sorties, shabatons, graduation à New York, etc. Ce que je retiens le plus de mes années à Yavné, c’est le dévouement de tous les intervenants et bénévoles pour nous donner toujours les meilleures conditions dans le respect de nos valeurs et de la Halacha. Le fait d’avoir eu des classes un peu plus petites (puisque les garçons et les filles sont séparés) m’a permis de créer des liens d’amitié très forts avec mes camarades. Il y a deux ans, après avoir gradué, j’ai décidé de combiner le meilleur des deux mondes comme à Yavné, soit Kodech et Hol. Je terminerai donc en juin si Dieu veut, un Bachelor en Administration à FDU (Fairleigh Dickenson University) au New Jersey, qui m’a permis
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YAVNÉ Moshe Chalom Dahan Promotion 2009 Dès l’âge de la maternelle j’ai débuté ma vie d’étudiant à Yavné ; nous etions une petite classe et sommes restés une famille soudér. Ce fut une grande source d’inspiration pour moi où on m’a inculqué des valeurs inestimables. En mettant les choses en perspective, je peux maintenant dire que Yavné a été un pilier pour ma réussite et m’a permis de développer cette passion innée pour l’étude de la Torah. Les rabbins à Yavné on su me guider par leur encouragement et leur façon exemplaire de vivre la Torah au quotidien. Les souvenirs que j’ai de ma jeunesse sont parsemés de moments de joie en classe avec mes camarades avec qui je suis encore en contact aujourd’hui et avec qui j’ai développé des relations solides. Les cours étaient bien balancés entre le Chol et le Kodesh, ce qui nous a permis de nous instruire de connaissances nécessaires à la vie de tous les jours. En tant que jeunes garçons nous étions stimulés intellectuellement et aussi actifs physiquement. À Yavné le potentiel de chaque élève a toujours été pris en considération afin de l’aider à s’élever spirituellement pour grimper chaque échelon avec Emunah. Après avoir vécu une expérience comme Yavné, j’ai fait un choix éclairé d’aller à la Yeshiva en Israël où je suis resté 5 ans. Je suis présentement à Lakewood (BMG) où j’ approfondie mon étude de la Torah et du Dereh Erets. Je ne sais pas où je serai aujourd’hui si je n’avais pas eu cette éducation; une chose est certaine c’est que je suis sur le bon chemin et très reconnaissant envers mes parents , mes professeurs et bien sur mes Rabbanim qui m’ont poussé dans cette voie de Torah. Merci pour cette magnifique Yeshiva sépharade religieuse à Montreal et pour ces belles années d’apprentissage. suite à une entente avec la Yeshiva Tiferet Thora de faire créditer une bonne partie des cours suivis à la Yéshiva. Pour les autres cours universitaires spécifiques à ma concentration, mes années à Yavné m’ont très bien préparé à y faire face puisque j’ai été admis sur le “Dean’s list”. Mes autres camarades qui ont choisi une année de Kodech en Israël sont tous revenus l’an dernier et termineront avec brio leur première année de CEGEP en juin. Je remercie donc Yavné pour toutes ces belles années et j’encourage tous les parents soucieux de combiner la réussite académique et spirituelle à envoyer leurs enfants à Yavné.
Inspirer...... Apprendre...... Réussir...... pour bâtir l’avenir
Hanna Benarroch Promotion 2010 En tant qu’ancienne élève de la Yeshiva Yavné je tiens à vous exprimer ma satisfaction face à l’enseignement que j’ai reçu, bien que nuls mots ni expressions peuvent dégager les valeurs que cette école m’a inculqués : en matière Hol comme en Kodech. Plus je grandis, plus je réalise que La Yeshiva Yavné est l’essence de ma motivation dans tous les domaines. Elle m’a non seulement enseigné la rigueur et le savoir-faire, mais aussi des valeurs qui me suivront au fil de mon avenir. Elle m’a montré comment distinguer la carrière professionnelle du spirituel. La Yeshiva Yavné n’a pas joué le rôle d’une école ordinaire, mais plutôt celui d’une deuxième famille. Aujourd’hui, la plupart des jeunes ont tendance à hésiter sur le chemin vers lequel ils devraient se lancer, mais la Yeshiva Yavné m’a pleinement évité ce doute. Cette école a su me guider dans le meilleur des avenirs qu’une Bat-Israel pourrait avoir. L’école Yavné m’a appris à être fière de ma culture et de mes traditions tout en imprégnant en moi la volonté de suivre le chemin de nos ancêtres: celui de la Torah. Mes Morot m’ont non seulement enseigné la Torah avec amour, mais elles ont surtout su transmettre cet amour pour la Torah et les Mitzvot, ce qui a donné naissance à des valeurs qui ne se détacheront jamais de ma Néchama. Après mes études secondaires, j’ai été inspirée à passer un an au séminaire Bnos Chava à Jérusalem. J’ai maintenant gradué du CEGEP Dawson et je peux certainement dire que j’ai très bien été préparée pour réussir dans le domaine des sciences de la santé, que j’étudie actuellement. La confiance que Yavné a insufflée en moi et la émouna que j’ai héritée de mes Morot sont le moteur de ma réussite. Aujourd’hui je reconnais et j’apprécie tout le travail qui a été fait afin d’assurer la réussite des élèves à tous les niveaux. Je tiens à remercier tout le personnel de la Yeshiva Yavné pour leur courage et leur dévouement vers l’épanouissement de tous ses élèves.
Mikhal Benisty Soussan Promotion 2009 Je suis fière finissante de la Yéshiva Yavné, autrement connue pour la première promotion de filles à graduer. L’éducation inoubliable qui m’a été transmise aussi bien au niveau académique que spirituel n’est pas comparable. Jusqu’à présent, je continue à grandir et à m’épanouir grâce aux principes que mon
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YAVNÉ Myriam Amselem Promotion 2011 En tant que finissante de la Yéshiva Yavné, je tiens à exprimer ma gratitude envers cette merveilleuse école qui a contribué à mon éducation tant spirituelle que séculaire. Mes années à l’école Yavné se sont passées comme une nuit de sommeil avec une multitude de beaux rêves. Je me réveille et me voilà déjà quitter mon école, mes amies et mes professeurs pour franchir une nouvelle étape dans ma vie. Les jeunes filles avec lesquelles j’ai eu la chance de grandir étaient comme des sœurs à mes yeux et tous ses merveilleux souvenirs que nous avions partagé resteront à jamais graver dans ma mémoire. Nous nous encouragions mutuellement à surmonter les épreuves quotidiennes. Toutes ses années de travail acharnées et toutes ses nuits blanches que nous avions passées dans un cadre saint et religieux ont toujours été accompagnées de plaisir et de complicité. C’est un équilibre que très peu d’école peuvent se vanter d’atteindre. Par ailleurs, Yavné s’adapte efficacement aux besoins de chaque élève individuellement. Après mon secondaire, j’ai parcouru mes études au collège Dawson et je peux affirmer fièrement que Yavné m’a donné les bases nécessaires pour réussir dans le domaine des sciences de la santé. Aujourd’hui, je reconnais que Yavné m’a fourni les outils essentiels pour surmonter les obstacles qui surviennent dans ma vie de tous les jours. Mes morot m’ont non seulement enseigné des connaissances fondamentales mais aussi transmis un amour pour la Tora et des valeurs indispensables. Je tiens d’ailleurs à remercier profondément tout le personnel qui s’est impliqué dans l’éducation et dans l’épanouissement de tous ses élèves. Avec l’aide d`Hashem, je compte entreprendre mes études en science biopharmaceutique à l’Université de Montréal ou en ergothérapie à McGill. Yavné représente non seulement ma deuxième famille mais aussi l’essence de ma réussite.
école m’a enseignés. Mon école m’a permis de poursuivre mes études en sciences de la santé ainsi que de valoriser l’importance de la Torah. En ce moment, je me trouve à Lakewood où mon mari étudie au Kollel et où j’enseigne les maths, les sciences et l’histoire. Merci Yavné de m’avoir rendue la femme que je suis aujourd’hui.
Excellence académique dans un environnement de Torah
CULTURE « Kanlica » un très beau roman de J. Erol Russo de Fred Günsburg dans le Québec des années 60, où on lui confie le poste très prisé d’assistant Chef de l’Orchestre Symphonique de Montréal; son terrible accident de voiture, qui faillit lui coûter la vie, sur une route enneigée et très verglaçante des Cantons de l’Est; sa longue et pénible convalescence dans un Hôpital montréalais… Kanlica est un roman fascinant qui conjugue habilement des secrets enfouis sous les cendres d’un passé funeste, des tourments de l’Histoire, une ode vibrante à la musique classique, des réflexions politiques perspicaces sur l’Israël contemporain et une intrigue terrifiante. Un récit poignant mené tambour battant par Joseph Erol Russo. Ce roman est-il une auto-fiction, c’est-à-dire une œuvre fictive recelant des passages autobiographiques ?
Jacob Erol R. Russo Kanlica — qui se prononce Kanlidja en langue turque — est une petite et somptueuse baie sise au milieu du Bosphore, à quelques encablures d’Istanbul. Cet ancien village de pêcheurs tire son nom des yali —terme turc signifiant une demeure construite à proximité de l’eau — de couleur sang (Kan en langue turque) qui parsèment la côte des deux côtés du majestueux Pont de Mehmet le Conquérant — le deuxième pont longeant le détroit du Bosphore. Le village de Kanlica est aussi connu pour ses fameux yogourts, que l’on mange de préférence sucrés, au miel ou avec de la confiture. Un vrai délice ! Ce n’est pas par hasard que Joseph Erol Russo a intitulé Kanlica le très beau roman qu’il vient de commettre. Le personnage principal de ce récit très enlevant, le grand Chef d’Orchestre Fred Günsburg, Juif natif d’Istanbul, est depuis sa tendre enfance subjugué par la beauté indicible de ce bourg turc. Quarante ans après son départ de son pays natal, Fred Günsburg, devenu depuis un musicien et un Chef d’Orchestre de renommée mondiale, décide de retourner à Kanlica. Des souvenirs de jeunesse rejaillissent alors avec force. Des réminiscences très touchantes relatées avec brio par Joseph Erol Russo : l’initiation au monde de la musique; l’enfance dans un quartier d’Istanbul jouxtant une Mosquée; les 400 coups avec les petits copains dans des ruelles exotiques et cacophoniques; la Turquie des années 60; le coup d’État militaire qui renversa le gouvernement alors au pouvoir à Ankara; la passionnante Saga historique des Juifs de Turquie; l’arrivée 100 | magazine LVS | septembre 2013
« Certainement, répond Joseph Erol Russo sur un ton posé. J’ai laissé aller mon imagination, mais plusieurs épisodes relatés dans ce roman sont des faits réels que j’ai vécus. Né à Istanbul, dans une famille juive traditionaliste — son père était Sépharade et sa mère Ashkénaze —, Joseph Erol Russo émigra au Canada en 1964. Peu de temps après son arrivée au Québec, il fut victime d’un grave accident de voiture qui faillit lui faucher la vie. C’est à l’hôpital, dans un état quasi comateux, qu’il vivra une expérience métaphysique qui le bouleversera profondément et changera radicalement le cours de sa vie. Une expérience — existentielle qui l’a profondément marqué, le retour à la vie après avoir franchi le seuil de la mort, qu’il a racontée dans un livre autobiographique très poignant publié en 2005, Ailleurs. Joseph Erol Russo est aussi un artiste-peintre très talentueux. Le roman Kanlica est en vente dans plusieurs Librairies de Montréal, notamment dans les Librairies Renaud-Bray et à la Librairie Olivieri sise sur la Rue Côte-des-Neiges. Le Numéro ISBN de cet ouvrage est : 978-2-9808976-1-0. Joseph Erol Russo www.erol-art.com On peut contacter Joseph Erol Russo à l’adresse courriel : erol.r@videotron.ca et voir ses œuvres au www.erol-art.com Elias Levy La première version de cet article est parue dans la « Canadian Jewish News »
CULTURE
Raphaël Lévy nous présente son nouveau roman Raphaël Lévy n’est pas un inconnu dans notre communauté. En effet cet artiste et romancier nous avait déjà initié à sa prose poétique lors de son premier roman « L’homme qui voulait changer le monde » (Éditions Michel Brûlé, Montréal, 2009). Sa deuxième œuvre prend une direction originale en se penchant sur un personnage emblématique de la Bible, le Roi David. « La vie fabuleuse du berger devenu roi d’Israël* », tel est le titre du Roman Raphaël A. Lévy qu’il vient de publier aux Éditions Coups de Cœur, Montréal 2013. Pour en savoir plus sur les motivations de l’écrivain, La Voix Sépharade lui a posé quelques questions : LVS : Quelles ont été les raisons qui vous ont poussé à vous intéresser de près au personnage de David devenu deuxième Roi d’Israël après la mort de Saül et combien de temps avez-vous consacré à cet ouvrage ? Raphaël Lévy. : Le personnage d’un berger, le plus jeune de la fratrie de Yishay, que Samuel va oindre pour devenir Roi d’Israël, méritait qu’on lui consacre une histoire basée non seulement sur la fiction, nécessaire à tout roman, mais également sur des faits attestés par l’histoire elle-même. Je voudrais préciser que ceci est un projet dont je rêvais depuis dix ans. LVS : Quelles ont été les sources principales dans vos recherches ? R.L. : La lecture des textes sacrés, particulièrement la Bible (traduction du Rabbinat de France) Les deux livres de Samuel, Les Rois, les Chroniques, les Psaumes évidemment a été pour moi la source de mes recherches sur le personnage, J’y ai découvert une logique historique structurée. Je peux affirmer que les auteurs des textes bibliques ont accompli en quelque sorte un vrai travail de journalisme de par leur style et également de par la précision du détail dans le récit. Je voudrais également préciser que je n’ai pas voulu me lancer dans les textes du Midrash en raison des contradictions que l’on trouve, le récit biblique se suffit à lui-même. D’autre part il est important de signaler que l’on ne trouve point de favoritisme dans le récit biblique. Les personnages sont décrits tels qu’ils sont, c'est-à-dire avec leurs forces et leurs faiblesses. LVS : Pouvez-vous décrire quelques traits de ce personnage qui vous l’ont rendu si attachant au point d’en faire le héros de votre roman ?
fascine et qui, dans le contexte de son époque, est largement en avance sur son temps. Roi unificateur, il transforme Jébu, une modeste bourgade, en une capitale, Jérusalem, pour son royaume. Il a su créer la diplomatie dans un environnement difficile vis-à-vis des nations qui l’entouraient. Et surtout il sait rester humble, un trait de caractère dont il est fait peu mention, car ce modeste berger n’avait point l’ambition de devenir roi d’Israël. J’ai pris pour référence trois épisodes de la Bible : Tout d’abord il est oint par le prophète Samuel, on y trouve donc l’inspiration divine. En deuxième lieu il n’y avait pas urgence car Saül était toujours sur le trône et David le vénérait comme un père et considérait son fils Jonathan comme son frère. Lors de l’accession au trône, David est plébiscité par les douze tribus. Enfin nous retrouvons tout au long de son règne cette indéfectible et étroite relation avec D.ieu à travers les Psaumes. Un Roi guerrier, diplomate, poète et musicien. Comment ne pas être séduit et fasciné par un tel personnage ? LVS : C’est également un roi qui est en proie à des tragédies. R.L. : En effet celles-ci ont été nombreuses depuis la mort de son meilleur ami Jonathan, puis de son fils conçu avec Bethsabée, en passant par la révolte de son fils Absalon et la mort tragique de ce dernier qui le marque profondément, puis le viol de sa fille Tamar par le demi-frère de celle-ci. Il reste pour moi un personnage Racinien mais également pragmatique car il reste avant tout humain. LVS : Avez- vous rencontré des difficultés spécifiques lors de vos recherches ? R.L. : Quelques unes, surtout au niveau des noms bibliques qui ont tendance pour certains à se ressembler un peu trop, dans ces cas là j’ai pris la liberté de les transformer. Du point de vue style, la chronique ne fait pas dans le détail, alors j’ai fait appel à mon imagination surtout pour la description des us et coutumes et des paysages. LVS : Une définition en quelques mots du personnage. R.L. : Son génie était à la mesure de son humilité. Elie Benchetrit * Points de vente : Librairie Oliviéri, Librairie Outremont, Chapter Indigo, Renaud Bray, Victoria Gift Shop
R.L. : Le Roi David, tel que je l’ai découvert à travers mes recherches, reste avant tout un personnage humain qui magazine LVS | septembre 2013 | 101
CULTURE
Hervé Teboul, concepteur d’un nouveau « Centre d’art et loisirs » pour la communauté Beaucoup de gens connaissent l’œuvre aux accents méditerranéens du peintre Hervé Teboul, niçois sépharade ayant choisi Montréal comme terre d’accueil. Depuis son arrivée à Montréal il y a 17 ans, Hervé n’a pas chômé. Il a ouvert plusieurs galeries et écoles d’art, il a offert des cours dans des écoles et dans la communauté, vendu ses toiles aux plus grands amateurs d’art, dissipant à tous vents sa passion pour la peinture.
LVS : Il paraît que vous recevez ici des groupes du camp Benyamin. De quoi s’agit-il ? H.T. : Depuis le mois de juin, chaque semaine, le centre reçoit des groupes de 30 à 50 enfants âgés de 6 à 9 ans. Ils suivent un cour d’initiation à la peinture de deux heures, en partenariat avec la CSUQ jusqu’à l’automne. C’est une belle expérience de groupe pour tous. LVS : Qu’est-ce qui vous pousse à en faire autant dans la vie ?
Rencontre avec celui qui a la tête pleine de projets mais les pieds bien sur terre.
H.T. : J’aime partager ma passion et mon expérience artistique de plus de 20 ans. Mon désir est de rendre accessible à tous l’art, pour les bienfaits que cela procure. Ici, des gens de tous horizons se découvrent des talents et ce, dans un contexte non académique. Nous touchons toutes les tranches d’âge : en partant de petits de 3 ans à des personnes de l’âge d’or.
LVS : Parlez-nous de votre nouveau projet, le Centre d’art et de loisirs.
LVS : Comment se fait-il que vous qui êtes artiste soyez aussi un homme d’affaires ?
Hervé Teboul : En juillet 2012, après avoir passé quatre ans à donner des cours au YMHA à des adultes et à des enfants, j’ai décidé de monter un centre d’art et de loisirs. Je trouvais qu’il y avait un besoin pour un lieu artistique original desservant la communauté, avec en plus un espace casher et la possibilité d’y organiser des anniversaires d’enfants. Comme je voulais rester dans le quartier CDN-NDG près des familles, en octobre, avec mon équipe, nous avons ouvert nos portes sur la rue Queen Mary. Le concept : un espace avec plusieurs zones à aires ouvertes. Dans ce même lieu : une école de peinture pour adultes et enfants, une section bistro où l’on peut luncher le midi et prendre un café (tout est casher, la nourriture salée provenant du bistro Exception et les pâtisseries du délicieux traiteur Mimi Melon), une section a été aménagée pour les fêtes d’enfants où l’on peint des héros de films d’animation en regardant un film (technique d’arrêt sur image) et on mange un gâteau sur le même thème, sans lait ni noix pour personnes allergiques. Notre espace a aussi été pensé pour recevoir des gens qui veulent essayer une expérience en peinture mais ne veulent pas nécessairement s’engager dans un long processus de cours. Pour eux, nous avons créé le « café-peinture » où ils peuvent venir peindre pendant 2 heures, guidés par notre équipe, et repartir avec leur toile. Cela peut aussi devenir une activité familiale parent-enfant, pour 32$ par personne, matériel inclus ! Nous organisons aussi des vernissages dans notre espace aux immenses murs. Nous louons à des organisations, avec service de traiteur casher, soit en version buffet ou service aux tables. Ceci plaît bien aux différentes associations de la communauté.
H.T. : J’ai toujours eu une fibre artistique, ce qui s’est naturellement greffé à une formation commerciale. Avant d’arriver au Canada, j’étais directeur général d’un centre de thalassothérapie dans le Sud de la France. Et puis l’art m’a rattrapé avant ma retraite. Je n’ai pas choisi ma vocation, c’est elle qui m’a choisi voilà presque 20 ans ! (Rires)
Hervé Teboul
LVS : Votre opinion du Québec et du milieu de l’art ici ? H.T. : Au Québec, il y a beaucoup à faire dans le milieu artistique et peu d’artistes se lancent en affaires. Moi, j’ai la chance de pouvoir m’exprimer ainsi et d’essayer des nouvelles choses. Au Canada, nous avons la facilité de communiquer sans hiérarchie, une simplicité de vie, de l’espace, des possibilités en affaires et la confiance des gens. LVS : Pourquoi avoir misé cette fois-ci sur ce projet en particulier ? H.T. : Ceci est mon projet le plus complet, en liaison avec ma communauté… et quel plaisir ! Il touche tous les âges et toutes les classes sociales car tout le monde peut débourser une trentaine de dollars pour apprendre quelque chose de nouveau et repartir avec un rêve. Emmanuelle Assor Centre d’art et loisirs Signature Hervé Teboul Tel : 514-733-7776 et 514-947-4002 4978 rue Queen Mary (presqu’en face du métro Snowdown) Facebook : signatureherveteboul
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CULTURE
De Marrakech à Montréal Dans son livre de Marrakech à Montréal, Fiby Bensoussan rend hommage à une vie aussi imparfaite que touchante, ancrée au Maroc, nourrie de superstition et de chaleur humaine. Le livre se présente comme une collection de récits qui racontent, autant par son expérience personnelle que par des anecdotes amicales et des leçons talmudiques, un parcours auquel peuvent s'identifier de nombreux membres de la communauté séfarade de Montréal. Bien qu'elle y ait présenté un lexique des termes exotiques pour la compréhension du lecteur non-initié, il s'agit surtout d'un récit familial, au sens communautaire du terme. Fiby Bensoussan raconte à ceux qui peuvent se rappeler, comme autour d'un feu la nuit, les petits détails de leur existence, tantôt difficile, tantôt sublime. On se situe surtout dans l'enfance marocaine de Fiby Bensoussan, qui voit passer dans le Mellah dans lequel elle évolue un ivrogne musulman connaissant toutes les prières juives, des vieilles servantes pliées en deux, une chleue érudite et forte, un rabbin aveugle qui bénit les malades, ainsi que de nombreux autres personnages, colorés, typiques à un espace et à une époque, mais finalement universels.
Se dresse dans cette collection de récits une notion très forte de la communauté. Une petite communauté, tissée serrée, unie autour du judaïsme et de l'amour pour Israël, amour si fort qu'il marque tous les événements, autant heureux que malheureux. Même lors d'une présentation de théâtre avec sa troupe du Bel-Âge, qui se fait dans le bonheur et dans un esprit de jeunesse, Fiby Bensoussan se demande ce qui se passe en Israël, troublé régulièrement par des guerres et des agressions dans la région. Lorsque Fiby raconte son inquiétude, on sent évidemment que celle-ci est partagée par tous ses confrères et toutes ses consoeurs. On peut se demander si ce livre est accessible à tous. Bien que le lexique final puisse aider à comprendre certains termes, il semble évident que les idées, les expériences et les émotions s'adressent à un public particulier, ce qui n'est pas sans mérites. L'expérience de migration de Fiby s'ancrera dans le coeur de nombreux membres de la communauté séfarade du Québec, qui connaissent un rapport assez spécial avec la terre : terre d'origine au Maroc, terre d'accueil au Québec, et terre près du coeur en Israël. De Marrakech à Montréal, c'est une expérience spécifique, marquante, parfois difficile, qui inspire chez Fiby Bensoussan poésie, rire et solidarité. Bensoussan, Fiby, De Marrakech à Montréal, Éditions du Marais, 2009, 171 pages. Joseph Elfassi
CULTURE
Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld, « qui se ressemble s’assemble »… On peut facilement imaginer que Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld se connaissent. En effet, ces deux humoristes se sont rencontrés il y a quelques années et sont amis depuis. Mais que fait Jerry Seinfeld depuis que « Seinfeld », son émission culte a pris fin ? Il fait du stand up et il s’amuse. Avec «Comedians In Cars Getting Coffee», son récent projet web, il invite des stars américaines telles que David Letterman, Alec Baldwin, Larry David à boire un café et se balader avec lui en voiture d’époque. Cette fois-ci, l’invité était nul autre que Gad Elmaleh, et la voiture, c’était une 2 CV. Le résumé de l’émission ? En 17 minutes trop courtes, on a droit à une visite éclair du New York « français », une rencontre entre amis, des rires, des baguettes de pain croquées sur le vif et une dégustation de frites dites « French Fries » qui ne sont pas si françaises que ça… Petite séance de questions pour en savoir plus sur ce sympathique projet. LVS : Comment avez-vous rencontré Jerry Seinfeld ? Gad Elmaleh : On s'est rencontrés quand j'ai fait la voix française d’un des personnages de son film d’animation « Bee Movie ». De là est née une belle amitié et une grande complicité.
Jerry Seinfeld et Gad Emaleh LVS : Qu’est-ce qui vous lie tous les deux ? Un même humour des deux côtés de l'Atlantique, malgré la différence d'âge et de culture ?
Je pense que nous partageons le même goût, voire la même obsession pour l'observation des gens et des choses. C'est lui qui a décidé de m'inviter à son émission web « Comedians in Cars getting Coffee » (CCC). Comme d’habitude il n’invite que des humoristes américains, j'étais très touché d'être sur la liste des gens qui l’intéressent et le font rire !
G.E. : Il est vrai que nous venons de deux cultures différentes, lui étant Juif new-yorkais et moi Juif marocain. Mais je crois en l'universalité de l'humour. On se comprend et on partage les mêmes délires. J'adore sa façon de disséquer le quotidien et de le mettre en scène. Je crois qu’on peut aisément dire que nous sommes complices. D’ailleurs, plusieurs personnes qui ont vu le show on dit que l’on se ressemble. Qu’on a la même démarche, dans tous les sens du terme !
LVS : Comment s'est passé le tournage ?
LVS : Quelle est la suite de cette collaboration ?
G.E. : J’étais déjà à New York au printemps pour ma tournée nord-américaine alors c'était l'occasion rêvée pour le tournage...On a passé une superbe journée ensemble et en fait, je ne réalisais pas qu'on était filmés. Je passais juste du bon temps avec un ami que j'admire et qui me fait rire.
GE : Je suis très reconnaissant de cette invitation. Pour moi, c'est une manière formidable d'être présenté au public américain. C'est une opportunité que j’ai saisie et j’ai déjà hâte de revenir aux Etats-Unis.
LVS : Quel est l’incident le plus comique qui est arrivé pendant que vous étiez ensemble ? G.E. : Pendant le tournage, la voiture 2 chevaux tombait tout le temps en panne et Jerry était très agacé. Moi j'étais un peu gêné et je ne savais pas comment réagir… Mais en fin de compte, c’était assez comique !
LVS : Vos projets d’avenir en Amérique du Nord ? G.E. : Je joue en anglais dans le cadre d’un gala de Just for Laughs avec Eddie Izzard, le 25 juillet 2013 à la Place des Arts. Les 10, 11, 12 octobre 2013, je présenterai mon nouveau spectacle « Sans tambour » au Théâtre St Denis. J’adore Montréal et suis toujours content d’y revenir. Pour voir l’émission complète : http://comediansincarsgettingcoffee.com/gad-elmaleh-nolipsticks-for-nuns Emanuelle Assor magazine LVS | septembre 2013 | 105
FÉLICITATIONS Daniel Benlolo, récipiendaire du Prix du Gouverneur Général pour l'entraide
Son Excellence le très honorable David Johnston, Gouverneur général du Canada et le Cantor/Chazan Daniel Benlolo Crédit photo: Cpl Roxanne Shewchuk, Rideau Hall © Office of the Secretary to the Governor General (2013)
Cantor, chazan, directeur de la chorale de sa congrégation Beth Shalom à Ottawa, co-fondateur d’un conseil « inter-religieux », bénévole dévoué auprès des aînés et de personnes handicapées, récipiendaire de divers prix pour son dévouement envers sa communauté, il n’est pas surprenant d’apprendre que Daniel Benlolo s’est mérité Le Prix du Gouverneur général pour l'entraide, lors d’une cérémonie le 25 avril 2013, à Rideau Hall, Ottawa. Questions et réponses d’un grand homme qui ne finira jamais de nous surprendre. LVS : Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs le prix que vous venez de recevoir ? D.B. : Vous savez, dans notre communauté, beaucoup de choses passent sous le radar! Je ne savais même pas que j’allais recevoir un prix de ce genre jusqu’au moment où j’ai reçu un appel me l’annonçant. En fait, plusieurs personnes influentes avaient proposé ma candidature pour ce prix, une reconnaissance émanant du Bureau du gouverneur général du Canada. J’étais un des seuls Juifs le jour de la cérémonie et j’ai même eu droit à un repas cacher spécial pour ma famille et moi. Ce fut tout un honneur.
106 | magazine LVS | septembre 2013
DIVERS
LVS : D’après vous, pourquoi avez-vous mérité ce prix, vous qui en faites tant pour votre communauté ?
en espagnol, ladino et hébreu, préparer des Bnei-Mitzvah de jeunes, de personnes âgées et même handicapées.
D.B. : Depuis quelques années, je siège dans un conseil «inter-religieux» à Ottawa où je réside, et tous les ans nous allons au Parlement chanter avec mes confrères de toutes les religions. Notre message est que nous sommes unis et que nous avons établi un dialogue. Je suis aussi souvent invité à performer lors de réceptions dans les différentes ambassades à Ottawa. Dans ma congrégation, j’organise des activités et des dîners avec des jeunes de toutes origines car ces jeunes ont quelque chose à dire. Mais ce prix, je l’ai surtout reçu pour saluer le travail que je fais avec ma chorale pour personnes handicapées.
LVS : Quels sont vos projets actuels avec la chorale de TAMIR ?
LVS : Parlez-nous plus en détail de cette chorale et de votre travail bénévole auprès d’elle. D.B. : Tout a commencé avec mon implication en tant que « conseiller aux questions juives » pour l’organisme TAMIR s’occupant de personnes souffrant de déficiences intellectuelles et physiques. J’ai décidé de créer une chorale pour eux. Au fil des ans, ceci est devenu ma passion et maintenant je les amène partout : en Israël, en Floride, à Montréal, à Toronto, à Calgary… C’est un rassemblement incroyable de 22 hommes et femmes dont certains ne chantent même pas mais sont là pour le plaisir. LVS : Pourquoi être constamment en mouvement comme vous l’êtes ? D.B. : Dans la vie, il ne faut pas s’arrêter. Pleins de choses me tiennent à cœur: chanter dans des hôpitaux pour des personnes atteintes de maladies graves, faire connaître la chorale de TAMIR, créer des liens entre des gens de différentes confessions, ne pas oublier d’où l’on vient, chanter
D.B. : En ce moment, nous travaillons sur un projet qui s’intitule « True Colors ». Comme son nom l’indique, notre intention est de montrer au public qui nous sommes réellement. C’est incroyable de voir ce que cette chorale est capable de faire! Ils veulent constamment se dépasser, ce sont des gens vraiment dévoués. Et la réaction du grand public est fantastique : à la fin des spectacles, ils sont debout, émus. Actuellement, nous sommes en train de préparer un clip avec Ellen Degeneres et la chorale. Détails suivront… LVS : Qu’est-ce qui sous-tend toutes vos actions ? D.B. : Mes actions sont motivées par un esprit de partage. Je voudrais que les Ashkénazes connaissent mieux les Sépharades du Maroc. En éduquant les gens par le biais de notre culture, nous pourrons bâtir des ponts. Nous avons une connexion et si je devais livrer un message, je dirais que nous sommes très proches. LVS : Au-delà des honneurs, quel est le sens de ce prix que vous avez gagné ? D.B. : Pour moi, les prix, les distinctions, les titres, ce n’est pas ce qui compte. Ce qui est incroyable pour moi, c’est de vivre et donner de soi! J’aime voir le fruit de mon travail. Je suis touché quand les membres de ma chorale me disent « Look, I made it! ». Ceci me donne un ancrage dans la vie. Comme pour tout, je saisis le moment présent et je sens que j’accomplis quelque chose. Emmanuelle Assor
Félicitation à Raphael Mamane, le récipiendaire de la Bourse Moïse et Gladys Amselem De gauche a droite : Simon Bensimon, Directeur des amis canadiens de l'université hébraïque de Jérusalem à Montréal, Raphael Mamane, étudiant de premier cycle en mathématiques et physiques et récipiendaire de la bourse Moise et Gladys Amselem 2013, Lewis Dobrin, Membre du conseil d'administration des amis canadiens de l'université hébraïque de Jérusalem à Montréal.
magazine LVS | septembre 2013 | 107
FÉLICITATIONS
Joseph Elfassi, journaliste de LVS, lauréat du prix de la relève journalistique des Lys de la diversité culturelle Jeudi le 25 avril 2013, le premier gala des Lys de la diversité a eu lieu au Théâtre Outremont devant une salle bondée. Plus de 300 personnes de toutes origines, dont des journalistes connus et des artistes issus de diverses communautés culturelles, participaient à cet événement qui souligne l’excellence journalistique sous le thème de la diversité. Au cours de cette soirée colorée et joyeuse, une dizaine de prix ont été remis et des artistes dont le succès n’est plus à faire, tels Lynda Thalie et Boucar Diouf, se sont produits sur scène. Au nombre des lauJoseph Elfassi réats, Joseph Elfassi, notre chroniqueur livres (et bien plus !), s’est mérité le prix de la relève journalistique. Surpris et heureux de cette récompense, Joseph a bien voulu se prêter au jeu de l’entrevue, pour le plaisir de nos lecteurs.
j’ai dit. J’étais stressé, puis soulagé. En fait, j’aurais pu dire «Shalom» et remercier mes parents! Gagner un prix de la diversité culturelle, c’est une façon d’être encouragé malgré les obstacles que l’on vit lorsqu’on n’est pas tout à fait reconnu par l’establishment.
LVS : Vous avez reçu un prix pour votre travail journalistique, dans le cadre des Lys de la diversité culturelle. De quoi s’agissait-il ?
J.E. : Je ne pense pas qu’il y ait un avenir pour les médias traditionnels mais je serais ravi d’y participer (rires) !
Joseph Elfassi : J’avais soumis trois exemples de mon portefolio — un article de La Voix Sépharade « 100 jours plus tard », la grève étudiante, un vidéo web pour Petit Petit Gamin et une entrevue audio avec Mathieu Bock Côté — pour participer à ce concours. Et j’ai gagné le prix de la relève journalistique pour mon texte « Crise étudiante — 100 jours plus tard » publié dans la Voix sépharade en juin 2012. LVS : Est-ce que vous pensiez qu’il était possible de gagner le prix de la relève journalistique ? Que signifie pour vous la « diversité culturelle » ? J.E. : Honnêtement, je ne pensais pas que j’allais gagner, voyant surtout des journalistes consacrés comme Rima Elkouri être félicitée pour son travail dans le cadre du concours! Sur place, les prix remis remerciaient des journalistes bien établis de La Presse et de Radio-Canada et il me paraissait improbable d’être choisi. D’autant plus que je me sens comme un journaliste pas assez mainstream et à la fois ne faisant pas vraiment partie d’une minorité. Selon moi, je ne suis pas défini par mon héritage culturel mais j’en suis enrichi. LVS : Quelle a été votre réaction ce soir-là d’apprendre que vous avez gagné le prix de la relève journalistique ? J.E. : C’était un moment génial. Mais je n’avais pas envie de faire un discours comme les autres alors j’ai un peu improvisé ce que 108 | magazine LVS | septembre 2013
LVS : Quel a été votre cheminement dans l’univers médiatique ? J.E. : Depuis toujours, j’ai créé mon emploi dans le monde des médias. C’est difficile parfois mais il faut profiter de cette occasion de s’inventer constamment : les coûts sont réduits avec le web, il n’y a pas de ligne éditoriale, tu gères toi-même ton contenu, ton édition, ta diffusion, ta publicité… Je fais tout avec YouTube! Je suis mon propre diffuseur, mon propre C.A, mon magazine web. Je n’attends pas que Châtelaine ou L’Actualité me demandent d’écrire sur un sujet qui me plaît, je le fais moimême. Cela étant dit, un prix comme celui que j’ai gagné, est un coup de pouce très apprécié pour des jeunes qui essaient d’entrer dans un monde médiatique petit et hermétique. Cela m’a permis de faire de belles rencontres, de réseauter, d’élargir mon bassin de connaissances. LVS : Quel avenir selon vous pour les médias ?
LVS : Comment votre héritage juif, québécois, montréalais a défini votre identité et vous a mené là où vous êtes aujourd’hui ? J.E. : Depuis que je suis jeune, ce qui m’intéresse le plus, c’est de développer une pensée critique et rigoureuse. Etre juif ne me définit pas mais me donne une certaine sensibilité. Je suis né à Boston, j’ai vécu à Paris 6 ans puis à Rouyn-Noranda pendant 5 ans où j’ai fait mes études secondaires et mon CEGEP, pour atterrir à Montréal pendant 7 ans et tenter ma chance à Toronto pendant quelques mois, le temps d’un contrat à la télévision. Mais je me définis comme un Montréalais. LVS : Parlez-nous de vos projets d’avenir. J.E. : Je travaille sur un show d’humour avec mon ami Dave Morgan, dans le cadre du Zoofest en juillet 2013. Mon expérience avec Toronto est terminée et je reviens à Montréal pour faire du stand-up et en quête de nouveaux contrats dans le vaste domaine des communications : que ce soit la radio, le web, la télé, le web social, la presse écrite… J’aimerais aussi écrire un livre d’autofiction car écrire un livre est ma plus grande aspiration. Dans la vie, c’est simple : « I want to do it all! »
Emmanuelle Assor
MC
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CARNET Naissances Nous avons le plaisir d’annoncer la naissance de Meir Baroukh, né le 18 juillet 2013, à Montréal. Un grand Mazal Tov est adressé aux heureux parents Ariella et Marc Oiknine, ainsi qu’à leurs adorables filles Leah et Elisheva . Au nom de toute l’équipe de la CSUQ, nous adressons toutes nos félicitations à notre cher collègue Charles Oiknine et sa femme Sylvia, ansi que Mme Marcelle Azoulay, qui profiteront pleinement de leur rôle de grands-parents. Mazal Tov !
Madame Josette Berdah a l’immense joie d’annoncer la naissance de son petit-fils Noah Eli, né le 28 mars 2013, fils de Laurent et Anita Chriqui et frère de Samuel. Un grand Mazal Tov !
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CARNET
Décès Nous avons le regret de vous annoncer le décès de Mme Fany Azoulay Z'L mère de notre chère collègue et amie Chantal Ouaknine, survenu le 16 avril, 2013 à Montréal.
C’est avec une immense tristesse que nous vous faisons part du décès de M. Joseph Assayag Z'L, survenu le 28 mai, 2013 à Montréal. Il était un grand communautaire et responsable de l’Appel Juif Unifié.
Nous avons la tristesse d’annoncer le décès de Monsieur Avraham Levy Z'L, le père du Rabbin Yaacov Levy, de la Synagogue Beth Rambam à Côte St-Luc.
C’est avec une immense tristesse que nous vous faisons part du décès de Madame Berthe Serfaty Z'L bat Vida, sœur de M. Judah Castiel, Président de L’institut de la Culture Sépharade et de Mme Lisette Eljarrat.Son décès est survenu à Madrid, samedi 15 juin 2013.
C’est avec tristesse que nous vous faisons part du décès de Madame Myriam Sabbah Z'L, mère d’Ariel Sabbah, Président de la congrégation Or Hahayim.
Une approche moderne et cachère d'une tradition vénérée.
Eric Suissa 5477 Rue Pare, Suite 101, Mont Royal, Quebec H4P 1P7 Tel.: 514.658.9355 Fax.: 514.658.9309 Cell.: 514.655.3328 info@eternelmonuments.com
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LE MOT DU PRÉSIDENT Sylvain Abitbol
Chers amis, En tant que président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec, je tiens tout d’abord à vous adresser ainsi qu’à vos familles, mes meilleurs vœux pour une année 5774 pleine de bonheur, de succès et surtout de santé. C’est pour moi un immense privilège d’assumer la présidence d’une institution qui, depuis plus d’un demisiècle a fait sa marque, à travers ses réalisations, non seulement au sein de la communauté juive montréalaise mais également de la société québécoise et canadienne. Je suis conscient que succéder à un président du calibre de Marc Kakon représente un grand défi. Mon ami Marc, visionnaire et homme d’action, a su redonner à notre institution le coup de fouet nécessaire pour la positionner dans les « ligues majeures ». Il s’est investi pleinement dans toute une série de projets novateurs qui ont été menés à terme avec le succès que l’on connaît. Ceci étant dit, je prends l’engagement de persévérer dans cette voie qu’il a su si bien tracer et dont les axes principaux ont été de bien positionner la CSUQ au sein de la grande communauté juive de Montréal dont nous sommes une branche importante et d’ouvrir de nouvelles perspectives à nos jeunes afin que ceux-ci trouvent non seulement leur place au sein de nos institutions communautaires mais qu’également ils s’y impliquent. Nombreux sont ceux qui l’ont fait déjà, et je m’en félicite. Poursuivre le travail social entamé depuis plusieurs années envers nos plus démunis et ce, en collaboration étroite avec les agences de la Fédération et bien sûr de nos constituantes et d’autres organismes juifs de charité resteront mes priorités lors de mon mandat. Je tiens à souligner à propos de ceci que je m’engage également à travailler en étroite collaboration avec la Fédération CJA afin de réaliser ce rêve auquel nous aspirons tous ensemble, sépharades et ashkénazes, de former une communauté juive forte et unie capable de servir ses membres de manière optimale. Comme je l’ai dit dans mon discours d’investiture en juin dernier, mon vœu le plus cher c’est que dans deux ans, c'est-à-dire à la fin de mon mandat, le nouveau président de la CSUQ soit un ou une jeune appartenant à cette nouvelle génération née ici et qui a su si bien faire ses preuves dans tous les domaines si l’on en juge par les nombreuses réussites personnelles que l’on constate jour après jour dans les divers secteurs de la vie économique, académique, médicale et culturelle de notre métropole. Nous sommes l’exemple d’une des communautés les mieux intégrées dans le tissu social de ce pays qui nous a si généreusement accueillis il y a plus d’un demi siècle. Pour conclure, j’en appelle à l’ensemble de nos membres, quelles que soient leurs appartenances pour qu’ils s’impliquent davantage à tous les niveaux de la vie communautaire. Que ce soit en participant, comme ils le font si généreusement chaque fois qu’ils sont sollicités, lors de nos campagnes de financement pour aider les segments les plus fragiles de notre communauté, mais aussi en assistant nombreux à nos activités cultuelles, culturelles et sportives, sans oublier évidemment le soutien envers nos constituantes, nos écoles communautaires, Israël bien entendu et notre magazine LVS qui ne cesse de s’améliorer au fil des ans. Je les invite également à faire partie de nos divers comités d’action et de réflexion. Votre engagement renforcera, j’en suis convaincu, votre appartenance à une communauté vibrante qui a su maintenir, renforcer et transmettre son riche héritage et ses traditions sur le continent nord-américain. J’en appelle à votre engagement actif auprès de notre institution pour que celle-ci continue de grandir afin de mieux vous servir. Shana Tova ou Métouka.
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RELÈVE COMMUNAUTAIRE Entrevue avec Sylvain Abitbol, nouveau président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec Le nouveau président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec (CSUQ, Sylvain Abitbol, est un leader communautaire chevronné et très résolu qui a toujours aimé relever des défis de taille. Prendre les rênes de la CSUQ durant les deux prochaines années, ce sera certainement une autre grande gageure.
sépharade qui est en cours actuellement. Les Sépharades ne forment plus une communauté passive, mais, au contraire, une communauté proactive qui se mobilise désormais avec beaucoup d’entrain pour défendre sa Mémoire historique et ses droits fondamentaux, qui ont été bafoués dans le monde arabo-islamique.
Ancien Président de la Fédération CJA de Montréal, ex-coprésident du Congrès Juif Canadien, National, et actuel coprésident du Comité Justice for Jews from Arab Countries (JJAC) — Justice pour les Juifs originaires des pays arabes —, Sylvain Abitbol a à son actif un parcours communautaire très marquant.
LVS : Quelles seront vos grandes priorités communautaires ?
LVS : Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter la présidence de la CSUQ? Sylvain Abitbol : Après mûre réflexion, j’ai accepté de présider la CSUQ parce que je pense que mon implication pourra être bénéfique pour la communauté sépharade. Les défis que cette dernière devra relever au cours des prochaines années sont très grands. En scrutant le paysage de la communauté sépharade, j’ai essayé d’envisager où celle-ci sera dans une dizaine d’années ? Je suis arrivé à la conclusion que la communauté sépharade jouera un rôle important dans la communauté juive de Montréal parce qu’elle a atteint une certaine maturité. Aujourd’hui, la communauté sépharade peut s’enorgueillir de compter en son sein des jeunes adultes qui ont brillamment réussi sur le plan professionnel -médecins, chercheurs scientifiques, avocats, hommes et femmes d’affaires, chefs d’entreprises, ingénieurs, informaticiens, architectes, comptables, universitaires, éducateurs... — et qui sont parfaitement bien intégrés dans la société québécoise. C’est un immense atout non seulement pour la communauté sépharade, mais pour la communauté juive dans son ensemble. Nous devons absolument encourager ces jeunes professionnels très dynamiques à s’impliquer communautairement. Beaucoup d’entre eux le font déjà. L’implication de ces jeunes adultes n’est pas uniquement un signe prometteur en ce qui a trait aux perspectives futures de la relève dans notre communauté, c’est aussi une grande source de motivation pour tous les bénévoles de ma génération qui se soucient grandement de la pérennité du Séphardisme à Montréal, au Canada et en Amérique du Nord. Un autre de mes atouts: ayant été Président de la Fédération CJA, je connais bien les rouages de fonctionnement des institutions communautaires juives de Montréal. Je ne suis donc pas un inconnu dans le système communautaire juif montréalais. Par ailleurs, mon implication à titre de co-président du Comité Justice for Jews from Arab Countries (J.J.A.C.) m’a permis de prendre conscience de l’importance du renouveau 6 | magazine LVS | septembre 2013
S.A. : Je souhaite que la CSUQ travaille en plus étroite collaboration avec les différentes Agences de la Fédération CJA. Le partenariat fructueux instauré entre le Département des Affaires sociales de la CSUQ et l’Agence OMETZ de la Fédération CJA devrait servir d’exemple et de modèle. Ces deux entités collaborent collégialement dans le domaine des Affaires sociales. Ce partenariat a donné des résultats très concrets. Bon nombre de Sépharades sont réticents à recourir aux services offerts par l’Agence OMETZ craignant qu’on les considère comme des « assistés sociaux ». Culturellement, ils se sentent plus à l’aise dans la structure de la CSUQ Le Département des Affaires sociales de la CSUQ, dirigé par Sylvia Serruya, les oriente vers l’Agence OMETZ et s’assure que celle-ci leur prodigue les Services dont ils ont besoin. Les dossiers sociaux sont gérés conjointement par les deux entités. Ce système de coopération très efficace évite les dédoublements de services. Ce modèle de coopération très réussi devrait être étendu à d’autres Agences de la Fédération CJA, notamment au Centre Cummings pour Aînés. Pour notre communauté, la voie vers un avenir prometteur passe par ce type de collaboration entre la CSUQ et la FÉDÉRATION CJA. LVS : Les jeunes seront aussi une de vos grandes priorités communautaires ? S.A. : Absolument. Si les jeunes ne s’impliquent pas communautairement, les perspectives d’avenir de notre communauté seront bien sombres. Ma deuxième grande priorité communautaire sera d’encourager les jeunes Sépharades fréquentant des mouvements et des Synagogues ultra-orthodoxes à ne pas s’éloigner de la communauté institutionnelle juive de Montréal. Dans les communautés sépharades, on voit une tendance de plus en plus religieuse, beaucoup plus ostensible qu’il y a vingt ans. Bon nombre de Rabbins sépharades ont fondé leur Synagogue et leur Kollel et se sont peu à peu dissociés de notre communauté. Mon souhait est d’encourager ces derniers à revenir dans le giron communautaire. Nous voulons travailler étroitement avec eux et aider les membres les plus nécessiteux de leurs Synagogues. Dans ces groupes de sépharades ultra-orthodoxes vivant éloignés de notre
RELÈVE COMMUNAUTAIRE
communauté, il y a des personnes âgées qui pourraient bénéficier des nombreux programmes offerts par le Centre Cummings pour aînés de la Fédération CJA, des familles dans le besoin qui pourraient recevoir de l’aide du département des affaires sociales de la CSUQ ou de l’Agence OMETZ... Aujourd’hui, au niveau spirituel, des jeunes Sépharades orthodoxes, âgés de 25, 30 ou 35 ans, cherchent autre chose que ce qu’ils peuvent trouver dans leur milieu familial. Ils vivent dans un contexte communautaire et social très différent de celui dans lequel leurs parents ont évolué. Si nous ne faisons rien pour les rapprocher de notre communauté, je crains qu’à long terme leurs enfants n’aient plus aucune attache avec celle-ci. Ce serait fort regrettable. Jusqu’ici, la Fédération CJA n’a traité que les problèmes sociaux et la question capitale de l'éducation, la question religieuse a été négligée. Il est temps qu’on s’occupe aussi sérieusement de cette question, à mon avis, cruciale pour l’avenir de notre communauté. LVS : L'éducation est donc un dossier très prioritaire dans lequel vous comptez vous investir pleinement. S.A. : Oui. Aujourd’hui, la communauté sépharade a atteint un niveau d’éducation exceptionnel. Les jeunes Sépharades ont un niveau intellectuel et d’éducation phénoménal. On sent aussi dans la communauté sépharade une forte valorisation de la culture. Il est de notre devoir de continuer à soutenir les institutions éducatives sépharades dans leur quête incessante de l’excellence académique. Aujourd’hui, toutes les écoles juives de Montréal sont confrontées aux mêmes grands défis. Pour hausser leur niveau académique et atteindre leurs objectifs pédagogiques, ces écoles n’auront pas d’autre choix que de partager mutuellement leurs ressources pédagogiques. Pour soutenir concrètement les deux Écoles sépharades de Montréal, l’École Maïmonide et l’Académie Yéchiva Yavné, je suggère que la CSUQ crée une Fondation. Il est temps que les Sépharades se dotent d’une Fondation dont les intérêts générés annuellement serviront à financer des programmes éducatifs et culturels. La Fondation Communautaire Juive de Montréal est une excellente institution pour administrer ce genre de Fondation. Je crois qu’aujourd’hui, la communauté sépharade est mature pour avoir sa propre Fondation, qui aura pour mandat prioritaire de soutenir l'éducation. LVS : La Culture sera-t-elle aussi pour vous un dossier très important ? S.A. : Oui. Mais j’aimerais qu’on prenne un temps d’arrêt pour faire un bilan exhaustif du Festival Séfarad. Organiser chaque année une manifestation culturelle de l’envergure du Festival Séfarad, c’est une lourde tâche qui mobilise une grande partie des ressources de la CSUQ. Le Festival Séfarad a acquis une réputation notoire au niveau montréalais, national et international. Chaque année la barre est plus haute. Je crains qu’en organisant annuellement cette méga-manifestation culturelle, la qualité de la programmation proposée ne s’érode. Un bilan du Festival Séfarad s’impose. Au niveau financier, très rares sont les manifestations culturelles qui génèrent des profits. Nous devons nous assurer que le Festival Séfarad continuera à atteindre le seuil de rentabilité — break-even. Mais, il est impératif de mesurer l’impact que cette manifestation culturelle a auprès des membres de notre communauté et de la
population montréalaise dans son ensemble. Combien de personnes assistent aux différents événements programmés dans le cadre du Festival Séfarad ? Ce n’est pas la même chose une personne qui assiste à dix évènements du Festival Séfarad que dix personnes qui assistent à dix événements. Quel est le profil d’âge du public qui assiste au Festival Séfarad ? Combien de jeunes âgés de 25 à 35 ans sont-ils attirés par le Festival Séfarad ? Cette manifestation culturelle sépharade ne devrait-elle pas inclure dans sa programmation des événements spécialement destinés à des jeunes sépharades orthodoxes qui, généralement, ne fréquentent pas le Festival Séfarad —conférences données par des personnalités rabbiniques renommées, Shabbaton pour les familles... ? Un autre grand défi pour le Festival Séfarad : à l’instar du Festival du Monde Arabe, qui attire chaque année beaucoup de Québécois de toutes les origines culturelles, le Festival Séfarad devrait être aussi une passerelle pour bâtir des ponts, par le biais de la Culture, avec les autres communautés qui forment la riche mosaïque interculturelle montréalaise. Il faut rappeler que la communauté sépharade est un modèle d’immigration réussie. Cela m’a été plusieurs fois confirmé par différents ministres de l’immigration, aussi bien au niveau provincial que fédéral. Les Sépharades pourraient partager leur expertise éprouvée en matière d’intégration sociale et professionnelle avec les autres communautés culturelles vivant au Québec. Je souhaite ardemment que le Festival Séfarad soit une manifestation culturelle inclusive apte à attirer pas seulement les membres de la communauté juive, mais aussi des Montréalais issus de différents horizons culturels. C’est pourquoi un temps d’arrêt est nécessaire pour réévaluer les objectifs du Festival Séfarad. LVS : Y aura-t-il cet automne un Festival Séfarad ? S.A. : Aucune décision à ce sujet n’a été encore prise. Il faut revoir de fond en comble la programmation du Festival Séfarad. Au cours des dernières années, cette manifestation culturelle nous a présenté des spectacles musicaux et artististiques d’une très grande qualité. Mais est-ce que la culture sépharade doit se limiter uniquement à mettre en scène d’excellents chanteurs et humoristes ? Il existe aujourd’hui dans notre communauté un centre d'études juives francophones exceptionnel, ALEPH, dirigé par une femme universitaire tout aussi exceptionnelle, Dr Sonia Sarah Lipsyc, qui accomplit un travail intellectuel, pédagogique et de réflexion extraordinaire, très apprécié par beaucoup de membres de notre communauté. Il est temps de soutenir davantage des programmes éducatifs, tels que ceux proposés tout au long de l’année par le Centre ALEPH. Le Festival Séfarad et la CSUQdevraient aussi développer des partenariats avec des institutions culturelles réputées, comme le Centre des Arts de la scène Segal, afin de concocter de nouveaux programmes culturels, notamment pour les jeunes adultes. LVS : Partagez-vous la vision communautaire prônée par votre prédécesseur, Marc Kakon : bâtir à Montréal une seule communauté juive ? S.A. : Oui. Comme Marc Kakon, je crois aussi résolument qu’à Montréal, il ne doit y avoir qu’une seule communauté juive forte, unie et plurielle au niveau culturel. Sépharades et magazine LVS | septembre 2013 | 7
RELÈVE COMMUNAUTAIRE
Ashkénazes ont des différences culturelles et linguistiques, mais ils forment une seule communauté. Lorsqu’il y a un rallye pour soutenir Israël ou un attentat meurtrier à Tel-Aviv ou à Jérusalem, Sépharades et Ashkénazes exultent ou souffrent de la même manière. Nous sommes tous Juifs. Il y a beaucoup plus de choses qui nous rapprochent que de choses qui nous séparent. Ce qui nous sépare est une richesse inouïe que nous devons absolument préserver et partager respectivement. La communauté juive de Montréal est unique dans le monde. Les barrières culturelles qui séparent les Sépharades et les Ashkénazes s’estompent. Aujourd’hui, les jeunes Sépharades et les jeunes Ashénazes parlent couramment le français et l’anglais, se côtoient quotidiennement dans les mêmes collèges et universités ou dans le monde professionnel, se marient entre eux... Pour ces derniers, les barrières culturelles qui distançaient jadis leurs parents respectifs sont un problème en moins à régler. Aujourd’hui, dans la diaspora juive, les Sépharades et les Ashkénazes sont confrontés aux mêmes menaces : la recrudescence de l’antisémitisme, la diabolisation de l’État d’Israël.... Le destin d’Israël n’a jamais été aussi soudé au destin de la diaspora. Tous les Juifs partagent un destin commun. Les défis d’Israël sont aussi les défis des communautés juives de la diaspora, et vice-versa. LVS : Quel est votre bilan des cinq années de présidence de la CSUQ de Marc Kakon ? S.A. : Marc Kakon est un leader communautaire exceptionnel, très généreux -il a le coeur sur la main- et visionnaire qui adore mettre en branle des projets communautaires de grande envergure et les mener à terme fructueusement. Marc Kakon aime relever de grands défis. C’est un fonceur, un véritable « bulldozer » communautaire que rien n’arrête. Un de ses grands atouts est certainement son optimisme inébranlable. Marc Kakon est un leader communautaire chevronné résolument convaincu qu’on peut changer radicalement les choses quand on le veut. Une de ses grandes priorités communautaires a toujours été l’aide sociale aux personnes et aux familles les plus démunies de notre communauté. Marc Kakon est très sensible à la souffrance humaine. C’est une qualité humaine remarquable. Dans ce domaine-là, il a accompli un travail gigantesque et admirable en coordonnant d’une manière pointilleuse et plus structurée l’aide sociale qui est prodiguée par différents organismes communautaires sépharades à des familles de notre communauté dans le besoin. Durant ses cinq années de présidence de la CSUQ, il a réalisé des projets magnifiques, qui sont la résultante de son grand labeur. La Résidence Salomon pour les personnes âgées est le fruit de son travail. C’est l’une des grandes réalisations de la communauté sépharade institutionnelle de Montréal. Le legs communautaire le plus important de Marc Kakon : il nous a laissé une CSUQ dynamisée. Il a donné aux professionnels de la CSUQ de nouveaux mandats et les a motivés à suivre son rythme de travail effréné pour relever de grands défis. Le
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bilan communautaire de Marc Kakon est fort impressionnant. LVS : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la communauté sépharade du Québec ? S.A. : La communauté séphararade a beaucoup changé. 50 ans après son arrivée au Québec, la communauté sépharade est à une étape charnière, très importante, de son évolution. Les Sépharades se sont parfaitement bien intégrés dans les sociétés québécoise et canadienne. Beaucoup de jeunes Sépharades réussissent brillamment au niveau académique et dans le monde professionnel. Nous ne sommes plus une communauté d’immigrants. Les Sépharades doivent aussi faire leur part en contribuant à l’essor de la communauté juive de Montréal. Leur implication communautaire est fondamentale. LVS : Comment envisagez-vous l’avenir de la communauté juive de Montréal ? Le phénomène délétère de l’assimilation des jeunes Juifs vous préoccupe-t-il particulièrement ? S.A. : C’est une question fondamentale. Après avoir lu plusieurs livres sur l’histoire de l’immigration aux États-Unis et au Canada, j’ai réalisé qu’il y avait une constante socio-communautaire récurrente à l’oeuvre au fil des générations. La première génération d’immigrants établit ses pénates dans sa nouvelle terre d’accueil et est confrontée aux mêmes grands défis auxquels la vague d’immigration qui la précéda a dû aussi faire face : travailler très dur pour subvenir aux besoins matériels de la famille; les parents se démènent pour que leurs enfants reçoivent une éducation de qualité qui leur ouvrira la voie vers un avenir professionnel prometteur; les immigrants s’intègrent progressivement dans leur nouvelle société... La deuxième génération, elle, est en quête de ses racines. Elle a absolument besoin de retrouver ses repères identitaires. Des Juifs de la deuxième génération qui vivent éloignés de leur communauté ou ont tourné le dos à l’héritage spirituel et culturel que leurs parents leur ont légué renouent avec leurs racines identitaires. Je suis optimiste. Je suis convaincu que nos enfants et petits-enfants, qui seront indéniablement différents de leurs parents ou grand-parents, perpétueront les valeurs de base fondamentales qui ont toujours caractérisé un Juif. Peu importe qu’ils soient religieux ou non pratiquants, ces jeunes chériront et transmettront à leurs enfants ces valeurs cardinales, intégrées depuis plusieurs millénaires dans l’ADN des Juifs. L'éducation est l’une de ces valeurs fondamentales. Que l’on soit orthodoxe, réformiste, non observant, agnostique... L'éducation a toujours été une valeur très importante pour le peuple Juif. C’est l’unique capital que les Juifs ont pu emmener avec eux durant leurs 2 000 ans d’exil. L’éducation est la clé de la pérennité du peuple juif. C’est pourquoi on appelle les Juifs le peuple du Livre. Elias Levy
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LVS LA VOIX SÉPHARADE
6 RELÈVE COMMUNAUTAIRE ■ Entrevue avec Sylvain Abitbol, nouveau président de la CSUQ 6
36 JUDAÏSME ■ Roch Hachana : D.ieu n'est pas que ta machine à sous ni que ton grand docteur 36 ■ Deux des trois femmes juives orthodoxes qui ont reçu leur diplôme, en juin 2013, de « guide en matière de loi juive, spiritualité et Torah » vivent à Montréal 38
40 ISRAËL ■ François Bugingo aux commandes d’une nouvelle émission de télé sur Israël 40 ■ Les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient 41
42 NOUVELLES
COMMMUNAUTAIRES
■ L’école secondaire de St-Laurent aide à la réinsertion des jeunes et révèle des talents cachés 42 ■ Les orthodoxes et le département des services sociaux : être solidaires pour aider notre communauté 43 ■ Sefer Torah dédié à la mémoire de M. Hanania Derhy Z'L 44 ■ «Unzera Shtetl » : Les colons juifs des Laurentides 46
www.csuq.org 10 | magazine LVS | Septembre 2013
■ Le Centre Cummings 48
Septembre 2013
52 SERVICES COMMUNAUTAIRES ■ Bénévolat autour de grandes causes 52 ■ Le Cercle 53 ■ BANAV et la Guerre des Clans : on pense déjà à la prochaine édition 54 ■ Club pour enfants de Petah Tikva, un succès grandissant 56 ■ Voyage d’échanges à Paris d'élèves du secondaire 3 de l’École Maïmonide 57 ■ Fun fun fun au Département jeunesse de l’été à l’automne 58 ■ Golf 2013, beau temps, mauvais temps ! 60 ■ Alexandre Abitan, le moment de la relève a débuté 63
66 ALEPH 68 LE BÉNÉVOLAT 78 OPINIONS SANS FRONTIÈRES 100 CULTURE ■ « Kanlica » un très beau roman de J. Erol Russo 100 ■ Raphaël Lévy nous présente son nouveau roman 101 ■ Hervé Teboul, concepteur d’un nouveau « Centre d’art et loisirs » pour la communauté 102 ■ De Marrakech à Montréal 103 ■ Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld, « qui se ressemble s’assemble » 105
106 FÉLICITATIONS 111 CARNET
ÉDITORIAL
LES BÉNÉVOLES, PRÉCURSEURS ET BÂTISSEURS Joseph Amzallag
Avant de commencer cet éditorial, prélude au nouvel an 5774 et aux fêtes de Tishri, je me dois d’écrire quelques lignes pour évoquer un événement majeur qui restera dans les mémoires de ceux et celles qui y ont participé. Je veux parler ici de l’hommage exceptionnel qui a été rendu à notre président sortant M. Marc Kakon, lors de l’Assemblée générale de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec le 17 juin dernier. En effet après cinq années qui ont marqué un tournant décisif dans le style de gouvernance de notre institution, Marc a reçu un hommage chaleureux, spontané et surtout mérité qui venait droit du cœur. Tout d’abord de ceux et celles qui eurent le privilège de travailler avec lui dans les innombrables projets communautaires qu’il a su mettre en chantier et qu’il a mené à bon port et puis également de l’ensemble de la communauté sépharade si proche de ses préoccupations. Il a été en cela un leader bénévole hors pair qui a su tout au long de son mandat, s’investir pleinement afin de renforcer les bases de cette communauté sépharade qui depuis plus d’un demi siècle a imprimé sa marque dans la grande communauté juive de Montréal et dans le paysage montréalais, et également la projeter dans le 21ème siècle. Cette réflexion et le fait que notre magazine ait choisi de consacrer un dossier spécial au bénévolat, m’amènent à élaborer un peu plus sur le rôle déterminant qu’ont joué, depuis les premiers balbutiements de notre communauté organisée, des hommes et des femmes qui bien que fraîchement débarqués dans un nouveau pays et donc confrontés à de nombreux défis, n’ont pas hésité à s’investir corps et âme pour donner à cette jeune communauté naissante des structures solides et surtout durables et également de la doter d’institutions dispensant des services à la population. M. Salomon Benbaruk Z.l ne déclarait-il pas dans son livre « Trois quarts de siècle Pêle-Mêle : « Il ne faut surtout pas que tous ceux qui aujourd’hui jouissent des privilèges d’une communauté florissante pensent que cela s’est fait tout seul. Et il avait raison, car si cette communauté existe et continue de fleurir c’est toujours grâce aux centaines de bénévoles, les anciens bien sûr, ceux qui sont restés toujours fidèles au poste, mais également aux nouveaux venus, surtout nos jeunes adultes, cette nouvelle génération de professionnels nés au pays et hautement diplômés qui, en s’engageant dans nos divers comités, nous apportent leur dynamisme, leur savoir faire et surtout leur attachement indéfectible à nos traditions et à notre héritage et par-dessus tout une nouvelle vision. Lors de son discours d’investiture, notre nouveau président, M. Sylvain Abitbol déclarait sans ambages qu’il aurait préféré plutôt voir à sa place un jeune appartenant à cette nouvelle génération pour diriger les destinées de la CSUQ. Je suis, quant à moi, fermement convaincu que ce ne sera pas un vœu pieux et que, dans deux ans lors de la passation de pouvoirs, le président sortant pourra souhaiter la bienvenue à un de ces jeunes qui aura fait partie, pourquoi pas, de l’une de nos promotions de nos ambitieux programmes de leadership. Pour paraphraser le président des États-Unis avec son beau slogan « Yes we can », je pense que nous aussi nous avons le devoir de dire : Oui, nous le pouvons ! À vous et à nous de mener à bien notre projet. Je tiens, au nom de la directrice de la publication et de toute l’équipe de rédaction à vous souhaiter ainsi qu’à vos familles et à vos proches Shana Tova ou métouka dans le bonheur et la santé. Joseph Amzallag, Président de LVS
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Consulat général d’Israël Le Consul Général Représentant permanent auprès de l’OACI
Consulate General of Israel The Consul General Permanent Representative to ICAO
הקונסוליה הכללית של ישראל הקונסול הכללי נציג קבוע של ישראל לארגון התעופה האזרחית הבינלאומי אלול תשע " ג Août 2013
Chers amis, Shalom, À la veille de la période la plus sacrée de notre calendrier, je suis heureux de pouvoir adresser mes voeux les plus sincères à chacun des membres des communautés juives de Montréal, de Québec et d'ailleurs pour l'année 5774. En ma qualité de consul général, je travaille sans relâche pour que les Québécois de tous horizons aient une meilleure compréhension de ce qu'est l'État d'Israël et son peuple. Depuis la dernière fête de Rosh Hashana, je me suis engagé avec les dirigeants de toutes les couches de la société civile à travailler main dans la main avec les organisations juives afin d'ouvrir de nouvelles percées pour Israël à l'échelle de toute la province. Au cours de l'année passée, Israël, notre État bien-aimé, a gagné du terrain dans le domaine public particulièrement en ce qui concerne la culture où Israël continue de briller en bénéficiant d'une importante couverture médiatique pendant de grands festivals et à la télévision à des heures de grande écoute. En effet, les meilleures personnalités de la culture pop québécoise ont consacré de nombreuses émissions au dynamisme de la vie israélienne. En restant fidèle au mandat de notre mission d'élargir la portée de nos activités de sensibilisation à l'extérieur de Montréal, Israël et le peuple juif ont eu la chance de se faire de nouveaux amis dans les endroits que j'ai visités tout au long de l'année, comme les villes de Québec, Rouyn-Noranda, Chicoutimi et Alma. Cet engagement que j'ai avec les Québécois de toutes les régions de la province continuera à se renforcer. Au fur et à mesure que je continuerais à visiter de nouvelles régions du Québec, je tisserais des liens plus profonds au niveau local. Je suis convaincu que ces missions en région permettront de renforcer les relations déjà solides entre Israël et le Québec pour le bien mutuel de nos deux peuples. Pour ce qui est d'Israël, notre population sur place, quant à elle, continue de suivre les événements qui se déroulent en Égypte, en Syrie et à travers toute la région dans l'espoir que de nouveaux changements positifs sur le terrain paveront le chemin de la paix dans un proche avenir. Nous souhaitons également que la nouvelle ronde de négociations avec nos voisins palestiniens aboutisse à une solution à notre conflit de longue date fondée sur le principe de deux États pour deux peuples avec la reconnaissance d'Israël comme État du peuple juif.
Comme vous savez, les Israéliens ont l'esprit toujours aussi créatif et innovateur voulant faire de leur État une nation des plus modernes et des plus prospères qui soit. C'est pourquoi votre appui et celui de votre communauté est plus important que jamais pour y parvenir. En tant que juifs, nous sommes à jamais liés les uns aux autres par notre histoire commune et le lien spirituel de cette terre où nos ancêtres et nos prophètes y ont vu le jour. Ce lien sacré qui nous a soutenu en exil pendant des millénaires est à l'origine de la force et du dynamisme de notre peuple. Que la solennité de cette période nous fasse faire une introspection sérieuse. Que nos voeux les plus chers soient exaucés et que nous restions à jamais fidèles à notre Terre sainte. Puissions-nous également abreuver nos âmes pour nous donner la force d'aller toujours de l'avant à l'aube de cette nouvelle année. Au nom de l'État d'Israël, je souhaite force et prospérité continuelles à votre communauté, ainsi que paix, santé et bonheur à chacun d'entre vous en 5774. Je vous réitère toute ma gratitude pour votre amour et votre soutien inconditionnels. Que vous soyez inscrits dans le Livre de la Vie. Amen! Shana Tova!
Joël Lion
1, Westmount Square #650, Westmount, H3Z 2P9, QC, Canada Tel: (514) 940-8500
C’est avec plaisir que je salue chaleureusement tous les lecteurs de La Voix Sépharade à l’occasion de Roch Hachana. Le Nouvel An juif constitue un moment privilégié, propice aux réjouissances. C'est également une période qui invite à l'introspection et à la réflexion sur les réalisations de l'année écoulée. Portées par un sentiment d'espoir et de renouveau spirituel, les communautés juives célèbrent avec joie cette tradition millénaire partout au pays. Par ailleurs, cette fête solennelle représente une merveilleuse occasion de se retrouver entre parents et amis afin d'échanger des souhaits chaleureux et des vœux de prospérité. Votre détermination à préserver votre riche patrimoine est admirable et contribue, sans aucun doute, à la vigueur et à l'essor du Canada. Au nom du gouvernement du Canada, je vous offre mes meilleurs vœux de santé, de paix et de prospérité pour cette nouvelle année.
Ottawa 2013
Stephen Harper, Premier ministre du Canada
À l'occasion du Roch Hachana de l’an 5774 du calendrier hébraïque, j'offre mes meilleurs vœux à l'ensemble des lecteurs et à l’équipe de La Voix Sépharade. Je souhaite que, pour vous, cette nouvelle année soit une promesse de joie à partager avec vos proches. Cette célébration nous offre l’opportunité de souhaiter à tous et toutes, le meilleur dans un monde en paix, toujours plus solidaire et accueillant.
Que ce Nouvel An vous apporte santé, bonheur et prospérité !
Lawrence S. Bergman
Bonne année!
Député de / M.N.A. for D’Arcy McGee Président de la Commission de la santé et des services sociaux Chair of the Committee on Health and Social Services
Laurent Blanchard Maire de Montréal
5800 Cavendish, #403, Cote St.Luc, QC H4W 2T5 Tel: (418) 528-1960, (514) 488-7028
הפדרציה הספרדית בקנדה
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FEDERATION SÉPHARDE DU CANADA CANADIAN SEPHARDI FEDERATION
Monsieur Moïse Amselem et son Conseil d’administration sont heureux de présenter leurs meilleurs vœux de santé, bonheur et prospérité à l’ensemble de la communauté juive du Canada à l’occasion de Roch Hashana. Que l’année 5774 apporte une paix juste et durable au peuple juif et à l’État d’Israël.
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PSB Boisjoli souhaite Bonne et Heureuse Année à la Communauté Sépharade Unifiée du Québec ! Nous profitons de cette occasion pour féliciter Ariel Sabbah qui a remporté le Prix du Leadership en reconnaissance pour son soutien à la Communauté.
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JUDAÏSME Roch Hachana Dieu n'est pas que ta machine à sous ni que ton grand docteur Il est curieux de relever qu’aucun des textes de liturgie de Roch Hachana, ni de toutes les prières que nous récitons dans cette journée solennelle du jour de l’an, il n’est fait mention de parnassa, subsistance ou de réfoua, guérison. Pour connaître l’objectif ou l’intention recherchée par nos maîtres dans la rédaction des prières, il faut se limiter au texte de la 'amida : la prière dite à voix basse. D’ailleurs seul le texte de la 'amida change dépendamment des jours de fête. Pareil, pour ce qui est des souhaits que nous formulons lors de la consommation des divers aliments de Roch Hachana, il n’est pas fait mention de souhait de parnassa ou de réfoua, subsistance ou guérison. Le Psaume 24 dit de la parnassa, lu en fin d’office, est un rajout rabbinique, fonds pour nos synagogues obligent. Faites un sondage auprès des fidèles : « Quels sont tes souhaits pour la nouvelle année ? » La plupart vous répondront : « Parnassa, parnassa, parnassa, réfoua, réfoua, réfoua ! » Jusqu’à quarante ans ils répondront dans cet ordre, au delà de quarante ans ils répondront dans l’ordre inverse. Nos rabbins qui ont compilé les prières, voient-ils les choses à l’envers ? Pourquoi n’ont-ils pas fait mention des souhaits les plus élémentaires de la communauté, parnassa et réfoua ?
Rabbin Yaacov Levy
Intentionnellement, en tête de l’année, nos rabbins remettent les pendules à l’heure. Par les prières de Roch Hachana, nos rabbins te rappellent la juste perspective du sens de la vie, et te dévoilent les véritables clefs du bonheur. Tout le long des prières de Roch Hachana, tu affirmes et réaffirmes la royauté de D.ieu sur terre. Toute la création, toutes les créatures chantent la royauté de D.ieu. Bon gré, malgré elles, au besoin D.ieu rectifie le tir ou recycle. Un vrai concert de toutes les créatures, chacune avec sa mélodie qui lui est propre. Le chef d’orchestre donne la mesure. Dans la création du monde, le chef d’orchestre c’est l’être humain. Tous les hommes, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique, sont concernés et impliqués dans ce noble projet d’installer la royauté de D.ieu sur terre. Peu importe qui tu es, où tu es et quelle est ta profession, intelligent peu ou beaucoup peu importe, tout ce que tu entreprends doit s’inscrire dans le projet divin : celui de faire de ce monde une demeure pour D.ieu. « Une demeure pour D.ieu », n’est pas un slogan spirituel ou théologique, une sorte de profession de foi.
36 | magazine LVS | septembre 2013
JUDAÏSME
« Une demeure pour D.ieu » ! Un bien grand mot. Je vais énumérer des évidences, au risque d’étonner mon lecteur. (Ce sont les évidences les plus évidentes que nous oublions le plus). « Une demeure pour D.ieu », c’est commercer honnêtement, avoir des projets, aller au bout de tes projets, matérialiser tes pensées les meilleures, respecter ta parole donnée, avoir une relation d’amour et surtout de respect avec ton conjoint, te soucier et surtout être prêt à des sacrifices pour assurer l’avenir et l’épanouissement de tes enfants tant sur le plan spirituel que matériel. Conseille, console, apaise, sécurise, aide, prête, partage, la liste est loin d’être exhaustive.
ver tous les obstacles qui empêcheraient notre épanouissement et nos réalisations. La deuxième constatation est que nous matérialisons nos pieuses pensées, en les formulant, en les entendant et même en les « mangeant » ! Une histoire de fou ! Nous sommes tous animés de bonnes et pieuses pensées, mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. « Je pense donc je suis », avec tout le respect pour Descartes, nous juifs pourrions continuer ce dicton : « donc je suis…idiot ». « Je pense donc je suis » ça ne veut rien dire comme se plaisait à dire Herbert Pagani z'l, voila deux mille ans qu’on pense et on n’existe toujours pas ! « Je deviens donc je suis » !
Les hommes acceptent de vivre toutes ces valeurs épanouissantes, valorisantes, vivifiantes, oui, mais sans D.ieu. La plupart ne connaissent D.ieu que dans la difficulté et dans la détresse. Ils ne retrouvent le chemin de la synagogue qu’en période de deuil, Kadish oblige. Ils ne prient qu’au gré de leurs besoins. D.ieu a créé l’homme à son image, l’homme le lui a bien rendu. Il s’est créé un D.ieu à son image, à la juste mesure de ses besoins, une sorte de veau d’or. Te viendrait-il à l’esprit de rendre visite à ton père ou à ta mère seulement dans la détresse et la difficulté? N’ont-ils pas le droit de partager aussi tes joies et ton bonheur ou tout simplement ton quotidien ? Ne méritent-ils pas d’avoir l’honneur de te guider et de te conseiller dans le quotidien de la vie ? Ne sont-ils que tes géniteurs ? Dans cette génération Kleenex, seule la facilité nous guide. On veut jouir vite et profiter sans efforts. En un mot, « une demeure pour D.ieu », c’est ressentir et comprendre (cœur et raison), que le plus grand et le plus noble de tous les bonheurs c’est le bonheur du devoir accompli.
C’est cela mon mot d’ordre cette année, pour ce Roch Hachana 5774 : Tu désires la parnassa, réfoua etc, les clefs sont dans tes mains. Les pèlerinages, les bénédictions des maîtres, pourquoi pas, mais n’oublie pas l’essentiel, « les cent ciels » c’est ton engagement et surtout ton engagement.
Cela est le 1er message de Roch Hachana 5774.
Shana Tova !
Le 2
ème
message :
Tu as des projets, et tu dois avoir des projets, ne les laisse pas en l’état, concrétise-les, réalise tes pieuses pensées. Il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas terminer ce qui est commencé. Désigner D.ieu roi de l’univers c’est se rappeler qu’un vrai roi exécute ce qu’il dit et promet. Nous aussi, à Son image, devons avoir ce mot d’ordre. « Barouh omer vehossé », « bénit soit celui qui dit et réalise » !
Rabbin Yaacov Lévy
À Roch Hachana, nous mangeons toutes sortes d’aliments et nous accompagnons cette nourriture de souhaits. Or le nom des aliments renvoie phonétiquement à l’objet de nos souhaits. J’en donne deux exemples : 1. Les blettes se disent sélek, ce mot sélek signifie aussi s’en aller. Le souhait : D.ieu ! Fais que nos ennemis s’en aillent. 2. La courge se dit krah, ce mot signifie aussi déchirer. Le souhait : D.ieu ! Fais que nos décrets soient déchirés. Comme nous l’avons signalé en tête de cette réflexion, aucune mention de parnassa ou de réfoua ne figure dans nos souhaits. Le résumé de ces souhaits consiste à demander à D.ieu d’enlemagazine LVS | septembre 2013 | 37
JUDAÏSME ET QUESTIONS DE SOCIÉTÉ
Deux des trois femmes juives orthodoxes qui ont reçu leur diplôme, en juin 2013, de « guide en matière de loi juive, spiritualité et Torah » vivent à Montréal
Scheir lors de l’annonce de l’embauche de la MaHaRaT Rachel Finegold, elle-même femme de rabbin et mère de trois enfants.
La MaHaRaT Ruth Balinsky Friedman étudiant dans la bibliothèque de Drisha. Photo Batya Ungar-Sargon.Tablet Magazine. Trois femmes suivant le cursus pour être MaHaRaT, acronyme de Manhiga Hilkhatit Rouh’anit Toranit, littéralement « Guide en loi, spiritualité et Torah », ont reçu leur diplôme en juin dernier, à New York. Elles ont été ordonnées MaHaRaT, notamment par le rabbin Daniel Sperber, au sein de la Yeshivat moderne orthodoxe MaHaRaT1 fondée par le rabbin Avi Weiss, à la tête, jusqu’à il y a peu, des Institutions Chovevei Torah. L’entrée en fonction officielle de femmes au sein du leadership religieux est l’une des évolutions importantes de l’orthodoxie moderne. Une MaHaRat ne diffère en rien, dans sa formation talmudique ou en loi juive de celle d’un rabbin, si ce n’est qu’elle ne peut, dans le courant orthodoxe, faire partie d’un « mynian » (quorum de dix hommes), diriger entièrement un office ou être membre d’un tribunal rabbinique. Cependant elle répond à toutes les questions portant sur la loi juive, fait des sermons ou des drashot, interprétations de la loi juive, en public, accompagne les familles au cours des divers événements de la vie juive (de la naissance aux funérailles). La première diplômée MaHaRaT de cette session, Rachel Kohl Finegold, 32 ans, a déjà été engagée comme « directrice de l’éducation et de l’enrichissement spirituel » à Montréal au sein de la congrégation orthodoxe « Shaar Shamayim », la plus importante de la ville puisqu’elle regroupe 1400 familles. « Si vous regardez bien, les femmes ont toujours été là. C’est juste maintenant que nous reconnaissons leur présence. N’est-il pas temps de créer un lieu afin que leurs voix se fassent entendre dans notre Beit Midrach (lieu d’études), de notre chaire (à la synagogue) et dans d’autres domaines de la vie traditionnellement perçus comme l’apanage des hommes ? »2 interrogeait le rabbin Adam 38 | magazine LVS | septembre 2013
Mme Finegold prendra régulièrement la parole en public dans la synagogue, s’occupera des classes d’études de la Torah, et de l'élaboration de programmes pour les jeunes et les jeunes familles. « Sa nomination est conforme à l’évolution de l’orthodoxie moderne » ont affirmé le rabbin Adam Scheier et le président Joseph Paperman de la congrégation Shaar Shamayim. La deuxième MaHaRaT nouvellement diplômée, Brown Scheir ne cherche pas d’emploi pour l’instant et poursuit son enseignement à Montréal au sein également de « Shaar Shamayim ». La troisième femme MaHaRat, Ruth Balinsky Friedman assumera le rôle d’assistante rabbin au sein de la communauté moderne orthodoxe « The National Synagogue ou Ohev Sholom Talmud Torah », la plus ancienne synagogue de Washington. Le rabbin de cette institution Shmuel Herzfeld précise : « elle enseignera la Torah, travaillera avec les gens, et tranchera des questions de droit juif. Elle a reçu une formation pour répondre aux questions de la loi juive (« halakha ») et a déjà commencé à répondre dans ce sens aux membres de notre communauté ». Rori Picker Neiss, encore en troisième année de son cursus de MaHaRaT, a déjà été engagée par la congrégation moderne orthodoxe « Beis Abraham » à Saint Louis (USA). Là aussi, elle assumera les fonctions de rabbin assistant. « La moitié de ma congrégation sont des femmes. Si nous avions embauché encore un homme rabbin, nous aurions senti qu’il manquait quelque chose » a déclaré le rabbin de cette congrégation Haim Schafner. « L’obtention du diplôme de MaHaRaT représente l’intégration de cette fonction au sein de l’orthodoxie » Dr Elana Maryles Sztokman, directrice exécutive de JOFA (forum orthodoxe et féministe très actif depuis 16 ans)3. Elle poursuit, « Il est important de voir des femmes aux postes de direction (…) Il y a une poignée de femmes qui ont assumé jusqu’à présent des rôles quasi rabbiniques. La différence c’est le caractère public (…) et la légitimité de ce mouvement (MaHaRaT) ». Sztokman fait sans doute référence à des femmes déjà à la tête de congrégations orthodoxes comme Lyne Kaye, adjointe au rabbin de la synagogue Sheratih Israël et Dina Najman-Licht à la tête de Orach Eliezer à New York mais elle a raison de souligner
JUDAÏSME ET QUESTIONS DE SOCIÉTÉ
Les trois femmes MaHaRaT avec Sarah Hurwitz lors de la remise des diplômes. Photo du site Forward.com que la « graduation » de ces trois femmes, après celle en 2009 de Sarah Hurwitz doyenne de MaHaRaT, et le fait qu’elles aient trouvé sans difficultés du travail, marquant un tournant dans l’accès des femmes au leadership religieux ainsi que comme guides de communautés. La cérémonie d’octroi du diplôme de MaHaRaT s’est déroulée en juin dernier à New York devant plus de 500 invités. L’une des diplômées a remercié les femmes qui leur avaient ouvert la voie notamment celles qui ont commencé à étudier et enseigner le Talmud dans des institutions orthodoxes comme Drisha à New York ou Matan à Jérusalem. Cette maîtrise des textes talmudiques par les femmes encouragées, il y a presque déjà cinquante ans par le rabbin Joseph Baer Soloveitchik (1903-1993) constitue, en effet, la genèse de cette évolution qui permet aux femmes d’être présentes au sein du leadership religieux. « L'enthousiasme dans la salle était visible (…). Le rabbin Jeffrey S. Fox, « Rosh yeshiva » (directeur de cet institut talmudique) a comparé les réactions actuelles parfois hostiles au sein de la communauté orthodoxe « at large » au tollé, suite au concert d'ouverture du « Sacre du Printemps », à Paris en 1913. « Des bagarres avaient éclaté et les gens ont été escortés hors du théâtre. Mais avec le recul, l'innovation d'Igor Stravinsky est maintenant appréciée et admirée de tous. Ainsi, en sera-t-il au sujet des femmes orthodoxes accédant à des postes au sein du rabbinat ».4 En effet, si les compétences et fonctions des MaHaRaT sont acceptées progressivement au sein du monde moderne orthodoxe, elles rencontrent encore quelques difficultés dans l’orthodoxie. La nomination de la première femme MaHaRaT, Sara Hurwitz, au
titre de Rabba par le rabbin Avi Weiss avait suscité une tempête en 2010.5 C’est pourquoi elle est jusqu’à présent la seule femme MaHaRaT à porter ce titre. Le rabbin Avi Weiss à l’issue de la cérémonie, appelant le public à se joindre à la bénédiction des diplômées, a déclaré : « C'est un moment de kiddusha, un moment de véritable sainteté »6. Nous sommes donc contemporains, qui plus est à Montréal, de l’accès des femmes à des postes de leadership religieux. Sonia Sarah Lipsyc La première version de cet article est paru sur le site « Judaismes et Questions de société » le 17.06.2013 (http://judaismes.canalblog.com/archives/2013/06/17/27451631.html)
1.
http://yeshivatmaharat.org/
2.
L’ensemble des citations sont tirées de Batya Ungar Sargon, « Orthodox Yeshiva Set To Ordain Three Women. Just Don’t Call Them Rabbi » Tablet Magazine, 10.06.2013 et de Janice Arnold, « Montréal Orthodox shul hires first female clergy », CJN, 12.04.2013.
3.
http://www.jofa.org/
4.
Anne Cohen « As First Maharats Graduate, Roles for Orthodox Women Take Leap Forward », Forward, 16.06.2013.
5.
Batya Ungar Sargon, op cité
6.
Anne Cohen, op cité
magazine LVS | septembre 2013 | 39
ISRAËL François Bugingo aux commandes d’une nouvelle émission de télé sur Israël
Cela s’appelera « Mon Israël ». 13 épisodes de 1h, sur des thèmes variés, mettant en scène toute l’humanité que l’on retrouve en Terre Promise. En dehors des sentiers battus et des clichés, s’éloignant de la controverse et de la guerre, Israël, pays avec lequel le journaliste François Bugingo vit une longue histoire d’amour, sera dévoilé.
présenterons aussi un épisode où l’on découvre Jérusalem comme jardin d’épices et non comme ville de guerre. Et ceci ne sont que quelques uns des 80 sujets que nous présenterons au grand public!
LVS : Nous avons appris, grâce à votre attachée de presse, que vous avez tourné pendant plusieurs mois une série télé sur Israël pour Évasion. Pouvez-vous nous en dire plus ?
F.B. : Non, plutôt, un Israël très humain car c’est un pays aux histoires fascinantes et à l’humanité débordante.
F.B. : Pour avoir été des vingtaines de fois en Israël, je voulais montrer aux téléspectateurs tous les aspects positifs de ce pays, autres que la guerre. «L’autre Israël», celui des restos, du nightlife, des émotions, de l’audace, de la techWnologie et des histoires humaines fascinantes. Malheureusement, la plupart des gens ne connaissent que l’image caricaturale de ce pays… LVS : Quand sera diffusée cette série et à quoi doiton s’attendre ? F.B. : Dès le mois de janvier 2014, un épisode sera diffusé par semaine. Chaque émission durera une heure et nous aborderons 5 à 6 sujets par épisode. Des sujets des plus variés seront traités: des innovations technologiques, l’élection de Miss Shoah (car Hitler n’a pas tué la beauté du peuple juif), la vie culturelle et «underground». Nous raconterons comment Tel Aviv est une des villes les plus gay-friendly au monde. Au cours de nos périples, nous avons rencontré des femmes exnazies converties au judaïsme; nous avons assisté à un shabbat éthiopien; nous sommes allés à la rencontre de gens qui fabriquent du vin dans le désert où fleurit un superbe verger; nous avons mangé au fameux restaurant Taizu à Tel Aviv où l’on sert seulement les convives quand ils ont réussi une épreuve de jeu; nous avons visité un abri de guerre pour chiens, nous avons rencontré des taggeurs et des artistes locaux… Nous 40 | magazine LVS | septembre 2013
LVS : Une sorte « d’Israël insolite » ?
LVS : Que faisaient sur place, lors de l’un de vos voyages de tournage en juin dernier, des animateurs aussi connus que Herby Moreau et Isabelle Racicot ? F.B. : Nous avons invité Isabelle Racicot, Herby Moreau et Eric Salvail à se joindre à notre équipe de tournage en juin pour qu’ils découvrent cet autre Israël et qu’ils partagent cette découverte avec leur entourage. Ces animateurs « mainstream » ont le pouvoir d’approcher des gens qui ne connaissent pas nécessairement Israël et le peuple juif. Nous les avons donc invités à suivre mes pas et à partager mes trouvailles et coups de cœurs. Sur place, ils ont vu comment on vit bien en Israël, comment on s’y amuse et tout ce que l’on peut apprendre d’intéressant sur ce pays. De plus, ces animateurs célèbres au Québec, sont très actifs sur les réseaux sociaux, ils peuvent rallier le grand public et leur raconter comment est l’autre Israël. LVS : Quelle a été la réaction de vos animateurs-starsinvités après leur voyage ? F.B. : En une semaine, ils sont tous tombés amoureux du pays. Ma co-productrice Martine St-Victor a bien résumé le tout en disant : « Israel is where the world comes together, not where it falls apart ». Mon Israël, dès janvier 2014, sur Évasion : https://evasion.tv/ Emmanuelle Assor
ISRAËL
Les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient Le printemps arabe a changé plusieurs donnes géopolitiques. Quels en sont les principaux enjeux en ce printemps 2013 ? Deux tendances majeures de l’islam s’affrontent depuis des siècles : celle des Sunnites et celle des Chiites. Les premiers sont majoritaires et bénéficient du prestige et du support de l’Arabie saoudite berceau de l’islam. Les seconds ne sont majoritaires qu’en Iran, pays qui tente Dr David Bensoussan d’effacer sa particularité chiite derrière l’appellation de République islamique afin de mieux asseoir son hégémonie dans la région. L’Irak est un pays dans lequel les composantes kurde, sunnite et chiite rivalisent, les Chiites subissant une influence non négligeable de la part de l’Iran. Dans la Syrie s’affrontent d’une part les Alaouites qui constituent une minorité religieuse syncrétique — considérée comme hérétique par les Sunnites et les Chiites — soutenus par les chrétiens et les Druzes, et de l’autre par la majorité sunnite. La guerre civile contre le pouvoir alaouite oppose également plusieurs tendances sunnites regroupées au sein du Conseil national syrien : celle des Sunnites qui sont las de la dictature alaouite dont la mouvance importante des Frères musulmans de même que des groupements de minoritaires. À ces derniers se greffent des radicaux anti-Chiites d’Al-Qaeda. Le Liban est un pays fictif dans lequel le mouvement chiite du Hezbollah soutenu et financé par l’Iran fait la loi avec sa propre armée et son propre agenda. La minorité chrétienne y dispose d’une marge de manœuvre limitée. L’Iran supporte les Alaouites de Syrie, le Hezbollah du Liban et le Hamas à Gaza. L’Iran entretient la tension avec Israël pour mieux s’implanter dans la région, quitte à affaiblir l’autorité palestinienne et repousser l’échéance des compromis réciproques nécessaires pour établir la paix. L’Égypte a connu un soulèvement pro démocratie, mais les Frères musulmans - qui ont abandonné la lutte armée pour atteindre leurs objectifs vers la fin des années 60 - y ont remporté les élections. Or, les ambitions dictatoriales du président Morsi ont découragé les libéraux égyptiens et l’Égypte devient de plus en plus ingouvernable. Bien que la sympathie naturelle du gouvernement égyptien aille vers les Frères musulmans de Gaza et de Syrie, la dépendance de l’aide des États-Unis et de l’Arabie saoudite l’amène à leur minimiser son appui et à maintenir la paix avec Israël. L’islam wahhabite prédomine en Arabie saoudite qui soutient les Sunnites syriens, mais sans avoir de sympathie particulière pour les frères musulmans et encore moins pour Al-Qaeda. Historiquement, la puissance financière de l’Arabie
Saoudite lui a permis d’acheter de l’influence sur les pays amis ou ennemis et l’Arabie saoudite se considère comme le porte-parole de l’islam sunnite. De façon générale, les Chiites sont écartés du pouvoir dans les émirats arabes. Le Qatar, pays de 1,8 million d’âmes — dont seulement 200 000 ressortissants sont des nationaux — devient très agressif sur la scène internationale, compte tenu de la puissance médiatique de la chaîne d’Al-Jazeera. L’Arabie Saoudite reproche au Qatar de soutenir aveuglément les mouvements des Frères musulmans et d’Al Qaeda en Syrie et soutient militairement les Sunnites qui se démarquent de ces deux mouvements. Tout comme l’Iran, la Turquie a joué la carte anti-israélienne, mais sans succès. Elle a misé sur la chute rapide du président Assad de Syrie lequel s’est montré être plus coriace que prévu. L’Iran a déclaré que l’installation par l’OTAN d’armement antimissile défensif en Turquie constituait une déclaration de guerre, car ces missiles pourraient protéger la Turquie des missiles syriens en cas de conflit déclaré. Cela vient mettre à vif la rivalité séculaire qui a prévalu entre l’Iran et la Turquie héritière de l’Empire ottoman. Par ailleurs, la Turquie souffre d’une guerre civile avec sa minorité kurde et ne veut rien savoir d’une affirmation nationale kurde dans la région. La ligue arabe regroupe un grand nombre de pays qui partagent un passé commun, mais qui ont de la difficulté à articuler une politique unificatrice et constructive. Par ailleurs, ses objectifs tiennent rarement compte des minorités non arabes tout comme les Berbères, les Coptes, les Kurdes ou les Juifs. Par le passé, l’Union soviétique a armé massivement l’Égypte, la Syrie et l’Irak, mais sans pouvoir défaire l’emprise américaine sur les pays producteurs de pétrole. Aujourd’hui, la Russie tient à conserver la base navale que la Syrie lui a cédée et soutient inconditionnellement le régime syrien d’Assad. La découverte de gisements gaziers importants en Méditerranée orientale augmente considérablement l’importance stratégique de cette base navale. De façon générale, les États-Unis soutiennent l’évolution démocratique des pays du Moyen-Orient, mais ferment les yeux sur les abus qui se tiennent en Arabie saoudite, pays qu’ils ne veulent guère aliéner afin d’assurer un approvisionnement vital du pétrole en Occident. Le dilemme auquel se confrontent les puissances qui veulent mettre fin à la guerre civile syrienne doit tenir compte des besoins humanitaires tout en ayant à l’esprit les efforts de déstabilisation émanant de l’Iran ou de la montée au pouvoir de mouvances radicales se réclamant de l’islam. Dr David Bensoussan L’auteur est professeur de sciences à l’Université du Québec
magazine LVS | septembre 2013 | 41
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
L’école secondaire de Saint-Laurent aide à la réinsertion des jeunes et révèle des talents cachés Les Affaires sociales de la CSUQ et Monsieur Lesly Phanor, instituteur à l’école secondaire de Saint-Laurent, ont relevé un défi ensemble. Ils ont aidé Kelly Obadia à retrouver confiance en elle et à suivre un enseignement combinant études et stage pratique pour éviter un décrochage scolaire, tout en révélant ses talents cachés. Monsieur Phanor témoigne pour exprimer sa fierté d’avoir permis à Kelly de se réinsérer dans la vie active et construire son avenir professionnel. Kelly Obadia est une jeune fille courageuse et volontaire qui a été soutenue par la CSUQ pour trouver une solution à son décrochage scolaire. Ses parents sont venus voir le département des Affaires sociales pour les aider à relever ce défi car ils savaient que le souci était la méthode principalement d’apprentissage. Grâce au soutien de Monsieur Lesly Phanor, qui a cru en ce projet sans précédent, et après une évaluation formelle du niveau de connaissances de Kelly, il lui a permis de suivre des études de secrétariat en parallèle d’un stage pratique dans une entreprise. Cette combinaison a eu l’effet escompté, puisqu’aujourd’hui, Kelly a retrouvé l’estime d’elle-même et a pu travailler en tant que réceptionniste à la CSUQ pour valider, avec fierté, l’obtention de son diplôme à l’École secondaire Saint-Laurent. Interview téléphonique de Monsieur Lesly Phanor, enseignant et responsable du stage de Kelly à l’École secondaire Saint-Laurent : LVS : Pourquoi avoir accepté de participer à ce défi ? Lesly Phanor : Ce fut une bonne expérience qui a bénéficié d’un encadrement hors pair de la part de Madame Sylvia Serruya qui s’est obstinée à encourager et accompagner Kelly pour qu’elle atteigne son objectif. Aujourd’hui, Kelly a validé son stage et obtenu son diplôme et, surtout, a retrouvé sa confiance en elle et en sa capacité à travailler dans un milieu de travail adapté à ses compétences mentales inférieures à la moyenne de la population active. Elle avait une peur profonde de communiquer au téléphone ou en public. Finalement, accompagnée de la patience et la motivation de Sylvia ainsi que de mon suivi hebdomadaire, elle a surpassé ses doutes et réussi à effectuer des tâches administratives, comme rentrer des données statistiques sur ordinateur et faire certains appels téléphoniques. 42 | magazine LVS | septembre 2013
De gauche à droite : Sylvia Serruya, Kelly Obadia, Lesly Phanor
LVS : Quelles sont les conclusions à tirer de cette expérience ? LP : Le souci du travail bien fait a permis à Kelly de réussir et le fait de croire en elle a fait toute la différence. Il faut aider la relève avec ses forces et ses faiblesses. L’essentiel est de trouver un milieu de stage approprié à la capacité professionnelle du jeune concerné. Notre encadrement permet de ne pas perdre l’enfant ou adolescent. Cette expérience me donne espoir de continuer à aider les jeunes à dévoiler leur potentiel quel qu’il soit.
Laëtitia Sellam
Pour tout renseignement supplémentaire sur les activités du département des Affaires sociales pour faire un don et/ou apporter un soutien bénévole, contactez Sylvia Serruya au 514-733-4998 poste 3150.
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Depuis 2012, le département des Services sociaux a une obsession saine et persistante : celle d’aider les plus défavorisés de notre communauté. Or, certains cas ne sont pas décelés car une gêne ou une honte s’est installée progressivement et empêche des personnes à demander de l’aide. Celles-ci sont souvent connues de la communauté orthodoxe et des rabbins de chaque ville ou chabbad à Montréal. Cette année, une ouverture sans précédent s’est opérée pour trouver une voie et entamer un dialogue constructif et respectueux avec la CUSQ et OMETZ afin de multiplier les solutions. Une découverte mutuelle a révélé un champ d’actions potentiel incroyable qui était à l’étude depuis cinq ans. Certains jeunes issus du monde orthodoxe ont tendance à s’éloigner de la religion ou tradition juive et les rabbins qui les connaissent ont besoin de trouver un moyen d’éviter un rejet éventuel en considérant d’autres perspectives. Trois réunions se sont déroulées pour rassembler autour d’une table toutes les personnes* susceptibles d’avoir touché, de près ou de loin, cette population dans le besoin afin de mieux comprendre toutes les facettes de la situation, avec transparence et une ouverture d’esprit commune. Les interventions des professionnels, regroupés autour de la table de concertation, révèlent les forces, les compétences et les intérêts de la communauté et non les différences de chaque groupuscule. Il est notamment ressorti que « La reconnaissance de la diversité religieuse dans la communauté sépharade peut éliminer les phénomènes de repli communautaire et d’isolement social au profit d’une mise à disposition de toutes les ressources disponibles au mieux-être des membres de la communauté ». Un dialogue a commencé à se nourrir de l’expérience de chacun et a abouti à la découverte de services qui soulageraient les Rabbins pour conseiller au mieux les personnes dans le besoin qui ne s’adressent qu’à eux. Il s’est révélé qu’une étroite collaboration permettrait d’alléger certaines décisions et de construire un plan d’avenir plus solide dans certains cas grâce à l’utilisation de services comme l’atelier JEM, les services de l’agence Ometz, entre autres. De plus, ces organismes offrent leurs prestations en français, ce qui facilite également la compréhension et l’approche de certaines personnes d’origine sépharade. Le 13 juin dernier, la réunion s’est déroulée à « L’Atelier JEM Inc. » qui a été une découverte pour une partie de l’assistance. Cet atelier emploie un groupe choisi d’individus handicapés qui
Réunion du 25 avril 2013 avec les Rabbins des congrégations sépharades, tous les superviseurs et employés des différents départements des services sociaux de l'agence Ometz fournissent des services d’emballage de grande qualité à des prix concurrentiels dans différents domaines d’activités. Cette association permet de rendre ces personnes productives et plus heureuses dans un univers professionnel car elle se sentent considérées et utiles à la société suivant leur rythme et compétences. L’agence OMETZ regroupe une multitude de services pour aider les familles dans leur démarche sociale, familiale, administrative et professionnelle. Cet esprit d’accompagnement est en appui au département des Services sociaux de la CSUQ et serait également un soutien pour la communauté orthodoxe dont les demandes sont différentes suivant les situations spécifiques de chaque famille. Le dialogue, le respect et l’entraide sont les piliers de ce rapprochement incontournable aujourd’hui. Ce vaste projet est devenu un défi commun pour les institutions concernées afin de progresser dans une même voie et créer une communauté unifiée solide, intégrée et fière de la richesse de ses diverses origines.
*Les représentants du monde orthodoxe sont nombreux pour soutenir cette initiative : Rabbin Haim Nataf, Rabbin Yehuda Benoliel, Rabbin Abraham Abitbol,Rabbin Avraham Marouani, Rabbin Samuel Mellul, Rabbin Meyer Cremizi, Rabbin Yehiel Yeshouron et Rabbin Shmuel Toledano. Le département des Services sociaux de la CSUQ et des représentants d’Ometz étaient présents pour apporter leur expérience sur le plan de l’emploi, de l’immigration et des difficultés rencontrées par les familles quotidiennement (voir photos ci-dessous).
Laëtitia Sellam
Pour tout renseignement supplémentaire sur les activités du département des Affaires sociales, contactez Sylvia Serruya au 514-733-4998 poste 3150 ou pour tout service de l’agence Ometz contacter Madame Susan Kling Benaroche. magazine LVS | septembre 2013 | 43
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Sefer Torah dédié à la mémoire de M. Hanania Derhy Z'L Le mardi 21 mai, a eu lieu l’accueil du nouveau Sefer Torah au Crowne Plaza Hotel, offert par Monsieur et Mme Armand Aflalo, ainsi que leurs enfants, pour honorer la mémoire de Monsieur Hanania Derhy Z'L. (au domicile de Mme. Derhy et ses enfants)
M. Serge Aflalo, fils de M. Armand et Mme Denise Aflalo et bénévole actif du comité Shaaré Hessed et nous tenons à le remercier pour cette belle initiative.
M. Armand (au centre) et son épouse, Mme Denise Aflalo (à ses côtés) voulaient honorer la mémoire de Monsieur Hanania Dehry Z'L, dont la vie n’a été qu’une succession de mitzvot et de bénédictions pour tous ceux qu’il a rencontrés sur sa route, des valeurs que Shaaré Hessed incarne aujourd'hui. Avec discrétion et humilité, il a eu un impact incommensurable sur des centaines d'individus. C’est pour cette raison qu’ils ont décidé d’introniser un nouveau Sefer Torah.
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NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Cet événement a connu un grand succès grâce à la généreuse participation des invités qui se sont sentis concernés par la cause de la Tzedaka. 375 personnes ont assisté à ce bel évènement. Les fonds de cette soirée sont directement centralisés au sein de la CSUQ (Shaare Hessed) et sont diligemment alloués aux individus et familles dont les besoins sont les plus criants et plus urgents.
Ce nouveau Sefer Torah a été offert et introduit à la synagogue Petah Tikva. Nous sommes fiers d’annoncer que la caisse d’entraide Shaaré Hessed sera désormais la relève de notre prochaine génération et visera à prolonger la sainte action de solidarité envers nos frères et soeurs qui a été initiée par M. Hanania Derhy Z'L.
Une fois de plus, un grand MERCI à tous les donateurs pour leurs généreuses donations dont vous nous avez si humblement gratifiés et plus particulièrement à M. et Mme Armand et Denise Aflalo ainsi que toute sa famille. magazine LVS | septembre 2013 | 45
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
«Unzera Shtetl » : Les colons juifs des Laurentides Une entrevue avec le leader spirituel, Isaac Amouyal Qui d’entre nous aurait soupçonné la présence d’agriculteurs juifs dans les Laurentides et particulièrement à Sainte-Sophie, New Glasgow et Saint Lin ? Pour satisfaire notre curiosité, leur chef spirituel, un juif marocain de surcroît nous trace l’historique de cette communauté hors du commun. Isaac Amouyal est, c’est le moins que l’on puisse dire, un personnage Isaac Amouyal peu conventionnel. Né à Erfoud, la ville natale de Baba Salé, comme il aime à le rappeler, il a quitté le Maroc à 6 ans pour émigrer avec sa famille en Israël. Après des études dans des Yeshivot ashkénazes et le passage obligé dans l’armée, il fréquente l’Université et vient ensuite à Montréal pour effectuer des Études de psychologie, et d’études juives à l’Université McGill d’où il sort avec un baccalauréat en éducation. Il a enseigné l’hébreu et les études juives à Herzliyya et à l’École Maïmonide. Sa connaissance du monde ashkénaze font qu’il est approché par les dirigeants de cette colonie de fermiers juifs afin qu’il soit leur hazan et leader spirituel. Des fonctions qu’il exerce jusqu’à aujourd’hui spécialement lors des fêtes de Tishri. Il nous raconte qu’il y a cent ans, 50 familles de juifs venus de Russie et fuyant les pogroms tsaristes, émigrent à Montréal. Dans leur pays ils étaient agriculteurs métayers car n’ayant pas, en tant que juifs le droit de posséder la terre. La Société Baron de Hirsh leur achète des terres dans les Laurentides afin qu’ils s’y installent et s’adonnent à leur métier : l’agriculture. Attachés également à leur judaïsme, ces colons, construisent également trois synagogues sur leur domaine ainsi que des écoles et engagent même des rabbins pour garder vivantes leurs traditions. Il cite pour ces familles, cinq des plus importantes, les Murray, Gootz, Zaritzky, Polsky et Freemeth. En plus de cultiver la terre, ces agriculteurs font également de l’élevage de volailles et organisent même un service cachère d’abattoirs avec près de 100 employés locaux. Leurs synagogues sont également des centres sociaux où les gens se rencontrent et organisent des fêtes. Isaac Amouyal officie depuis 37 ans dans la colonie qui ne compte plus qu’une synagogue, le nombre de colons ayant drastiquement diminué (seulement une trentaine de familles sont restées sur place) la plupart d’entre eux s’étant installés à Montréal et dans ses banlieues. Ceux-ci tiennent cependant à préserver leur tradition et pour les fêtes de Rosh Hashana et de Yom Kippour ils se réunissent à Sainte-Sophie afin d’organiser les services religieux. Ceux-ci sont dirigés évidemment par Isaac Amouyal qui nous confie qu’il se sent à l’aise pour combiner la liturgie ashkénaze et sépharade. Il leur a appris justement 46 | magazine LVS | septembre 2013
des airs sépharades lors de certaines prières,Il a organisé également une inauguration d’un Séfer Torah. Son dvar Torah est en anglais, étant lui-même anglophone. Son kahal compte cent personnes. N’ayant pas le titre de Rabbin, il ne se sent pas en mesure de demander à ses ouailles un respect strict du Chabbat de même que d’autres restrictions propres à la Halakha. Pour lui l’essentiel réside dans le fait que ce groupe reste attaché à cette forme de judaïsme qui est également respectable à ses yeux. À titre anecdotique, il nous raconte que les cérémonies d’ablution du tachlich se font dans une rivière de la région qui porte le nom prédestiné de…Jourdain. Les riverains des alentours respectent ces colons juifs qui sont des francophones et qui se sont harmonieusement intégrés auprès des résidents de la région. Le 1er septembre prochain cette communauté si particulière et attachante, fêtera ses 100 ans d’existence. Le programme comportera en plus des festivités d’usage, un service religieux, des panneaux-affiches, des conférenciers invités ainsi que des visites guidées. Pour plus d’information allez sur www.jewishfarmers.myevent.com Elie Benchetrit
NOUVELLES COMMUNAUTAIRES
Le Centre Cummings Le bénévolat: la force motrice au cœur de notre institution
Les Programmes : Au coeur de la vie de nos membres.
Être bénévole au Centre Cummings, c’est vivre une expérience unique, une aventure extraordinaire à découvrir et à partager avec des amis. C’est également et surtout être au cœur de la vie communautaire : donner et recevoir.
Vous qui rêviez de programmes novateurs et de vous occuper de votre santé, de vous amuser enfin et de passer du bon temps avec vos amis, inscrivez-vous aux programmes du Centre. Imaginez plus de 200+ programmes pour les 50+ disponibles à partir de l’automne prochain.
Le bénévolat est la porte d’entrée dans l’univers du Centre Cummings, un centre qui dispense des services à 8000 personnes. Le rôle des bénévoles est central au cœur de l’institution. Il permet de faire découvrir au public les joies que procurent l’engagement communautaire et son importance pour faire la différence dans la vie des autres. Le département compte sur un effectif de mille bénévoles, dont l’âge varie entre des jeunes de l’âge de la Bar et de la Bat-Mitzva, et… cent ans!! Au Centre, la plupart des programmes sont intergénérationnels et l’on retrouve côte à côte, des aînés, des jeunes et des adultes. Parmi les diverses possibilités de faire du bénévolat : le team-chalom des préposés à l’accueil, la cafétéria, la boutique, le centre de bien-être, la popote roulante, le Centre des arts et l’Action sociale. En fait chacun peut trouver la place qui lui convient le tout dans le cadre d’un horaire souple. Le Centre travaille étroitement avec Sylvia Serruya, afin de faire connaître ses services à la population sépharade francophone. Pour plus d’informations appeler Lynn Gordon au 514-342-1234 poste 7240.
Au Centre Cummings, le service des programmes souligne l’importance d’offrir des programmes en français en fonction de la composante sépharade et francophone de notre communauté. Cette clientèle spécifique fréquente de plus en plus les activités du Centre. Parmi toute une gamme de choix possibles : •
Les cours d’ordinateur pour débutants (6 cours) les mardis du 8 octobre au 12 novembre de 14h à 16h.
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L’intro au vitrail (8 cours) les lundis du 16 septembre au 11 novembre de 18h30 à 21h30.
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La Danse de salon les mercredis 11 septembre au 30 octobre de 19h à 20h30. Si vous avez d’autres centres d’intérêt, n’hésitez pas à nous contacter. Nous sommes là pour vous servir avec des programmes et des événements spéciaux.
Pour plus d’informations contactez Claude Elbaz au 514-342-1234 poste 7325.
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Les pharmaciens exerçant à cette pharmacie sont seuls responsables des services pharmaceutiques rendus.
SERVICES COMMUNAUTAIRES Bénévolat autour de grandes causes
Cette année, le deuxième gala des Bar Mitzvot a eu lieu le 12 juin à la synagogue Spanish & Portuguese. Cet évènement fut un énorme succès avec plus de 320 participants, le double de l’an passé pour le même événement. Co-présidée par Avraham Castiel, Dominique Benarroch et Perla Lévy et avec l’aide de 25 bénévoles qui travaillent sans cesse tout au long de l’année, cette superbe soirée avait pour objectif d’amasser des fonds pour organiser une cinquantaine de Bar Mitzvot à Beer Sheva en Israël. Lors de ce gala, les participants ont pu visionner un vidéo complet du programme de la Mission avec notamment les bénévoles dans différents centres à Beer Sheva ainsi que l’émouvante cérémonie de la journée des Bar Mitzvot au Kotel qui regroupe une cinquantaine d’enfants choisis par le département social de la Ville de Beer Sheva, jumelée à la Ville de Montréal .Ces enfants sont orphelins ou proviennent de familles défavorisées. Grâce à un partenariat avec le rabbin Or Benshoushan de Orot Israel, les enfants se préparent à leur Bar Mitzvah tout au long de l’année et attendent avec impatience ce jour mémorable. Lors de cette journée, les enfants arrivent au Kotel le matin avec un accompagnateur, on leur remet des tefillin, la cérémonie religieuse a lieu dans une synagogue de la vieille ville, les enfants vont ensuite se recueillir au Kotel et après une visite des lieux, une grande fête réunit les enfants et leurs familles heureuses. Ce projet a été choisi comme étant l’un des projets les plus importants pour l’équipe de bénévoles de Montréal car faire sa Bar Mitzva est un rite de passage de l’enfance à l’âge adulte essentiel pour tout Juif. Cette année, les montants amassés ont dépassé de loin les attentes et permettront de financer entièrement tout ce beau projet. La Mission de Solidarité 2013 aura lieu du 21 octobre au 4 novembre, un groupe d’une quarantaine de personnes partira en Israël dans le but d’aider les plus démunis, de contribuer acti52 | magazine LVS | septembre 2013
Les bénévoles du bazar 2013 vement à différents projets sociaux et de continuer à découvrir toutes les différentes richesses du pays. Au programme : bénévolat à Beer Sheva (au sein de garderies, soupe populaire Beth Moriah, centre Ilan pour handicapés…), des découvertes de lieux et de paysages impressionnants, des rencontres, mais surtout l’événement rassembleur des Bar Mitzvot qui aura lieu le 24 octobre. Quant au Bazar, qui a eu lieu les 23 et 24 juin dernier au Y, et présidé par M. Alain Mechaly avec l’aide d’un comité dynamique, il a servi à amasser des fonds pour une cause qui tient à cœur la communauté : venir en aide à ZAKA, organisation humanitaire qui sauve des vies lors d’incidents tragiques en Israël et qui aide des Juifs en danger en dehors du pays. Les profits récoltés serviront à l’achat d’une ambulance dans la région de Beer Sheva, dédiée à la mémoire d’Alexandre Bitton Z'L, décédé en Haïti lors des tremblements de terre de 2010. Un événement aux 3 ingrédients clés : de la marchandise neuve, une ambiance sympathique et des bénévoles exceptionnels. « Nous faisons cela car nous avons été très touchés par ce qui est arrivé à Alexandre Bitton Z'L mais aussi parce qu’on aime participer à cette levée de fonds importante pour la communauté. Cela donne du sens à notre engagement communautaire et nous sommes fiers de pouvoir aider ceux dans le besoin » affirme une des bénévoles interrogée sur place. Voilà qui résume bien le sentiment général des 50 bénévoles qui se sont dévoués à préparer cet événement de grande qualité pendant des semaines et surtout qui ont généreusement donné de leur temps et de leur enthousiasme. On les remercie bien fort car sans eux rien ne serait possible.
Emmanuelle Assor
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Le Cercle
Depuis sa création Le Cercle n’a cessé d’évoluer pour mieux servir les jeunes de la communauté. Agissant à titre de lieu de rassemblement pour les jeunes âgés entre 20 et 40 ans, il est maintenant possible de louer le local du Cercle — formule clé en mains — pour des fêtes privées. Voilà une nouvelle vocation bien appréciée des jeunes qui réservent la salle pour y célébrer des anniversaires, pour se retrouver en groupe ou tout simplement pour des événements officiels, la salle étant équipée d’un projecteur, de matériel audiovisuel et de tout ce dont on a besoin lors d’un événement. Cela étant dit, Le Cercle continue d’organiser des activités pour son public cible de 25-40 ans mais l’emphase a été mise sur deux groupes distincts aux besoins différents : soit, les 20-30 ans (jeunes professionnels et étudiants) et 30-40 ans (aux carrières établies cherchant à socialiser et à réseauter). Pour l’été et l’automne, plusieurs activités sont au programme. La première d’entre elle, le « Art Show » le 26 juin, a réuni huit artistes de la relève, âgés entre 22 et 40 ans, un intéressant étalage de médias mixtes : des bijoux, de l’aquarelle, de la photo, un DJ et même un peintre qui a fait de la peinture sur place. L’événement rassembleur était gratuit pour tous et surtout pour les artistes à qui l’on offre une visibilité et une promotion hors pair. Une centaine de personnes ont participé à l’événement et même ArTv s’y est intéressée dans une émission (3 vidéos web) sur ce qui se passe d’intéressant à Montréal. La saison estivale a aussi été ponctuée de BBQs pour lancer la programmation des jeunes. Le 2 juillet a eu lieu un premier BBQ, derrière le local du Cercle sur la rue Earnscliffe. Avec une formule « tout inclus » à 10 $ offrant à chacun 2 hotdogs de la
Boucherie Amsellem, des chips et un drink. Le groupe d’une cinquantaine de jeunes réunis était ravi. Des jeunes de France et du Maroc se sont même joints au groupe d’habitués, le mot s’étant passé sur Facebook. Au nombre des nombreuses activités prévues tout au long de l’année : une autre soirée « Sushi Night » avec le super chef Marco Oiknine qui démontre tout son savoir-faire et une délicieuse dégustation de sushis après le cours… Suivi d’une série d’humour « Comedy Show » animée par notre Alex Fredo national et ses animateurs de la populaire émission « Les p’tites anecdotes ». Pour plaire au groupe des 20-30 ans, Alex Fredo s’est joint au Cercle pour concocter des soirées mémorables. Humour, musique et délires sont de la partie. Neev se joindra aussi aux activités quand son agenda bien chargé le lui permettra ! Des soirées « Open-mic » parsèmeront la saison et auront lieu au Bar Sans-nom situé sur l’Avenue du Parc, en plein cœur du branché Mile End. Lors de ces soirées, des jeunes seront invités à chanter, slamer, parler, rimer, le tout pendant 5 minutes au microphone. Super occasion de découvrir des nouveaux talents ou de se découvrir une passion inédite… À suivre… Enfin, un cycle de conférences débutera à l’automne sur des thèmes aussi variés concernant les jeunes tels que la gastronomie, le e-commerce, les voyages, le sport et la religion. L’idée des conférences est d’ouvrir des débats et de partager des idées, de permettre un « Straight Talk » comme on dit aux Etats-Unis.
Emmanuelle Assor
magazine LVS | septembre 2013 | 53
SERVICES COMMUNAUTAIRES
BANAV et la Guerre des Clans : on pense déjà à la prochaine édition Cela fait déjà 5 ans que le programme de leadership pour la continuité sépharade de la CSUQ bat son plein. Le dernier opus de ce programme, organisé par un comité, de levée de fonds « La Guerre des Clans », a remporté un vif succès en avril dernier et a suscité un rassemblement communautaire intergénérationnel comme jamais vu auparavant. À la manière du show télévisé « Family Feud », des familles et des groupes de gens de tous les âges se sont réunis pour jouer et lever des fonds pour une bonne cause. Cette cause-là, cette année, c’était BANAV, un organisme communautaire juif qui vient en aide aux familles ayant des enfants avec des problèmes d’apprentissage. Il y a deux ans, BANAV était méconnu au sein de la communauté. Depuis cette soirée, ce nom est sur toutes les lèvres. Ce projet, ce sont les jeunes qui l’ont choisi eux-mêmes car ils ont constaté l’importance de venir en aide aux enfants ayant des besoins spéciaux. Une superbe façon de s’impliquer dans des causes moins connues mais qui touchent plusieurs membres de la communauté. Mission accomplie ? Benjamin Bitton, coordonnateur du programme Leadership, constate que le succès attendu a été largement dépassé : « Je suis agréablement surpris de voir que le succès et les objectifs souhaités ont été grandement surpassés » dit-il. Plus de 400 personnes se sont déplacées pour cet événement, et la majorité d’entre elles était composée de jeunes adultes. Selon Benjamin, l’idée du départ, lancée par David Ohayon lors du voyage « Retour aux sources », dans le cadre du Programme de Leadership, était farfelue. Puis la créativité de l’équipe a pris le dessus, jusqu’au moment où le comité a réussi à obtenir l’intervention et la participation du célèbre animateur Luc Sennay, lui qui animait autrefois « La Guerre des Clans » sur TVA. De fil en aiguille, le projet a pris de l’ampleur. Huit équipes se sont formées, une magnifique campagne de marketing a eu lieu sur le web et les médias sociaux ont lancé l’événement. Grâce à toute cette dynamique, les jeunes ont été sensibilisés à cette cause et ont participé massivement à l’événement. Grâce à « La guerre des clans », des milliers de dollars ont été recueillis. Même l’équipe nommée « Old School » de Michaël Fhima et Eric Wazana, qui a remporté le grand prix de 5 000 $, a offert la quasi totalité de ce gain à BANAV !
54 | magazine LVS | septembre 2013
Les animateurs de la soirée, Luc Senay et Neev Bensimon entourée de nos « supers héros » — nos bénévoles Le secret de cette réussite : une superbe équipe de bénévoles qui a pris en charge le projet de A à Z comme de vrais experts. Les co-présidents Karen Aflalo, Muriel Alloune, David Ohayon et Steve Sebag ainsi que le comité organisateur ont mis tous les efforts nécessaires pour accomplir ce travail gigantesque. Avec leur enthousiasme et leur professionnalisme, rien n’a été laissé pour compte : le montage de la scène, la production, les préparatifs de la soirée, les annonces sur les médias sociaux, la publicité dans la communauté, la vente de billets. Tout a été concocté d’une main de maître et la participation du public a été mémorable. Éclats de rire et joie étaient au rendez-vous. « On a tellement ri et on s’est vraiment amusé, même si ce projet a mis plus de 6 mois à voir le jour » raconte Benjamin Bitton. « On a créé un événement vraiment original, une grande première, on est sorti de notre zone de confort et on s’en félicite» conclut-il. Et si l’engouement est encore palpable, on parle déjà d’une autre soirée du même genre. Pour ceux qui y ont assisté et en redemandent et pour ceux qui l’ont ratée et espèrent se reprendre. Mais pour l’instant, les yeux sont rivés sur la prochaine promotion des jeunes adultes, qui débutera avec la relève du programme de Leadership en septembre 2013. Ils auront toute une année pour apprendre les secrets de l’organisation d’une activité de levée de fonds réussie.
Emmanuelle Assor
SERVICES COMMUNAUTAIRES
J’aimerai, au nom de notre directeur exécutif monsieur Yossef Ifergan ainsi qu’au nom de notre conseil d’administration, remercier la CSUQ et son Programme de Leadership d'avoir organisé un événement si réussi. Le 10 avril 2013, a eu lieu la soirée « la Guerre des clans », un projet de collecte de fonds réalisé par les finissants de la première et de la deuxième session du Programme de Leadership de la CSUQ. Pour l’équipe du Programme de Leadership, l’objectif était avant tout de créer un événement de très haute qualité sur lequel s’appuyer pour croître dans les années à venir. En effet, cet événement, qui a attiré près de 400 personnes de la communauté juive de Montréal, a remporté un franc succès. D’emblée, nous tenons à mettre en évidence que le Programme de Leadership est composé de jeunes professionnels ayant activement participé à l’organisation de cet événement et demeurant à la fine pointe du professionnalisme. Ils ont accompli un travail exceptionnel. Toutes nos sincères félicitations ! Il importe, également, de remercier et de souligner la contribution essentielle des commanditaires qui ont rendu possible l’organisation de cet événement, ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin au succès de cet événement. Leur soutien est primordial pour la réussite de cet évènement et leur présence a été des plus appréciée. Finalement et principalement, l’événement a permis de sensibiliser la communauté juive de Montréal à la cause des « enfants qui ont aussi le droit d’apprendre et le pouvoir d’y arriver » et de mieux faire connaître les programmes BANAV et de ses services. Grâce à votre contribution, les profits amassés permettront de soutenir une classe BANAV pour l’année scolaire 2012-2013. Sincères remerciements, Nathalie Myara Ifergan, Ph. D. Professeure associée Chercheure régulier groupe de recherche DÉFI Accessibilité Département de psychopédagogie et andragogie Faculté des sciences de l’éducation Université de Montréal Présidente Centre d’Accomplissement LANAAR – BANAV 514 585 8464 – nmyara@sympatico.ca – www.IEP-PI
magazine LVS | septembre 2013 | 55
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Club pour enfants de Petah Tikva, un succès grandissant
Sigalit Shabitai Petel
Biologiste de formation et spécialiste en intervention du langage auprès des enfants, Sigalit Shabitai Petel travaille auprès des jeunes depuis des années. Depuis quelques mois déjà, la communauté juive peut se féliciter d’avoir accès à son expertise et à ses services car Sigalit a ouvert les portes d’un club pour enfants au sein de Petah Tikva. Le but de ce groupe est de permettre aux parents de prier avec l’esprit tranquille les jours de shabbat et de fêtes pendant que leurs enfants s’amusent.
les enfants, organise des spectacles avec clowns et marionnettes, elle leur offre une collation, leur apprend à prier et leur lit des histoires liées à la Parashat de la semaine. Depuis sa création, le club ne cesse d’accueillir de nouveaux enfants car le mot s’est passé. Les parents sont simplement ravis et les enfants adorent ça. Pour l'inscription de votre enfant et pour plus de renseignements, contacter Sigalit Shabitai Petel par courriel à : sigalit@global-net.org Emmanuelle Assor
Tous les samedis de 9h15 à 12h30, le club reçoit une trentaine d’enfants, gratuitement, dans une superbe salle de jeux aménagée spécialement pour eux par Sigalit. Pendant ces quelques heures, Sigalit joue, prépare les célébrations des fêtes à venir avec
L'Agence Ometz Jami Liverman est un chef expert et qualifié qui dirige sa propre compagnie de traiteur. Il trouve néanmoins le temps de s’engager bénévolement de manière positive auprès de l’Agence Ometz. Tous les mardis soirs, Jami rencontre un groupe de jeunes âgés de 18 à 25 ans qui viennent à l’atelier d’apprentissage en cuisine. Ces jeunes gens étaient invités afin d’apprendre comment manger sainement avec leur budget limité. Mais, semaine après semaine, les rencontres ont pris un nouveau tournant. Les repas de Jami ne sont pas uniquement délicieux et réalisés avec des budgets abordables, ils ont facilité également la formation
d’un groupe homogène, se rencontrant sur une base régulière. Jami a su créer une atmosphère saine et agréable auprès de jeunes privés de leurs droits, mais qui peuvent partager leurs histoires et discuter de n’importe quel sujet de manière ouverte et sans préjugés. Sous la conduite de Jami, les jeunes organisent maintenant leurs rencontres hebdomadaires. Bien sûr, Jami y assiste régulièrement et continue à enseigner, à partager des techniques et surtout à être à leur écoute.
Les générations futures voudront savoir Partagez votre histoire
www.ometz150.ca BDH
56 | magazine LVS | septembre 2013
community foundation fondation communautaire
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Voyage d’échanges à Paris d'élèves du secondaire 3 de l’École Maïmonide initié par l’Alliance Israélite Universelle Canada en partenariat avec l’École Maïmonide et l’École Georges Leven-Paris « Les voyages forment la jeunesse… ». Ce proverbe attribué à tort à Montaigne a suscité de nombreuses réflexions à l’époque des Lumières auprès d’intellectuels qui se sont interrogés sur la valeur éducative des voyages. Dans les différentes encyclopédies ou dictionnaires universels publiés, la même idée est reprise; à savoir que : « Les voyages sont nécessaires à la jeunesse pour apprendre à vivre dans le monde. » Ce projet s’est donc inscrit dans le cadre des objectifs de l’Alliance israélite universelle Canada qui visent à mettre en place des programmes d’échanges d’étudiants entre les établissements scolaires intégrés ou affiliés et ceux du réseau de l’Alliance. Cette première initiative est née, lors des célébrations du 150e anniversaire de l’AIU à Paris, durant un échange entre Mme Azoulay, directrice générale de l’École Maïmonide et Mme Sarrabia, directrice de l’école Georges Leven à Paris qui évoquaient la possibilité d’initier un voyage d’études entre les élèves des deux institutions. Deux années s’ensuivent où de nombreux aspects liés à la logistique sont discutés et des solutions apportées aux questions relevant du logement, de l’encadrement et du financement. La direction de l’École Maïmonide ainsi que ses administrateurs n’ont eu de cesse de veiller au succès de ce projet pilote. Un soin particulier est apporté à la programmation par les organisateurs qui se targuent de sortir des sentiers battus et d’offrir à nos élèves un souvenir impérissable de ce voyage. Le 4 février 2013 , 26 élèves de l’École Maïmonide de Montréal provenant des campus de Parkhaven et de Jacob Safra prennent l’avion à Paris pour une semaine, accompagnés d’Éric Mechaly, directeur de la Vie Étudiante, de Mme Muriel Benayoun, professeur de Français et de Karen Afflalo, bénévole de notre communauté impliquée dans de nombreux dossiers. Pour la majorité des élèves de l’École Maïmonide, ce voyage à Paris a été leur première incursion en Europe et ce voyage leur a offert une opportunité unique de s’ouvrir à d’autres horizons culturels. Nos élèves ne possèdent que peu de connaissances
Les élèves de l'École Maïmonide devant la pyramide du Louvre. du judaïsme français et leur connaissance de la communauté juive française se limite aux échos dont ils sont témoins par le truchement des médias. Ce voyage proposait aussi un volet pédagogique concocté conjointement entre la direction des deux écoles afin de créer une synergie entre les élèves autour de sujets d’intérêt commun : langue française; arts plastiques. Nos élèves sont francophones, mais ce voyage à Paris leur a permis d’être imprégnés au quotidien de culture française par le biais de pièces de théâtre, de visites de musées légendaires et ainsi de mieux appréhender l’importance et la vitalité de la langue et de la culture françaises. Au théâtre, ils ont assisté à la Comédie Française à une représentation du Malade imaginaire de Molière, pièce qui avait été étudiée durant le cours de Français; ainsi qu’à une représentation du Journal d’Anne Frank, pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt au théâtre de la Rive Gauche. Ils ont eu plusieurs visites guidées, dont celle du Musée du Louvre, du Mémorial de la Shoah, de Versailles. Ce voyage leur a aussi permis de visiter des sites touristiques : la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, la Place de la Concorde, le Jardin des Tuileries et une croisière sur la Seine en Bateau-mouche. Il est indéniable que les directions de l’Alliance israélite universelle et de l’école Georges Leven à Paris ont joué un rôle essentiel dans la réussite de ce projet et n’ont pas lésiné sur les efforts pour aplanir toutes les difficultés. Une bonne nouvelle ! Le projet est reconduit pour l’année 2014 et des pourparlers ont lieu pour que les élèves de Georges LevenParis viennent à Montréal poursuivre ce processus enclenché. Philippe Elharrar Directeur Général Alliance israélite universelle Canada philippe.elharrar@aiucanada.org magazine LVS | septembre 2013 | 57
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Fun fun fun au Département jeunesse de l’été à l’automne Cette année, le département jeunesse a innové avec un Club Vélo, dès le mois de juillet. Ouvert à tous mais surtout aux jeunes ados et leurs parents, le nouveau club cycliste a pour objectif de réunir les jeunes autour d’une activité saine et distrayante : le cyclotourisme. Pas besoin d’être un grand athlète, il suffit d’avoir une bonne bicyclette pour se lancer dans cette aventure. Tous les dimanches, le club vélo arpente les sentiers moins connus de la Ville de Montréal et de ses alentours. On parcourt Oka, Châteauguay, Lachine, le chemin du Petit train du Nord, le Vieux Montréal et on découvre des petites routes de campagnes inconnues des automobilistes… L’inscription gratuite a attiré une vingtaine de participants intéressés par la promenade mais aussi par les baignades dans les lacs et piscines environnants, le tout encadré par le merveilleux guide Eric Choukroun ! Cette activité est bonne pour le corps et l’esprit mais surtout sécuritaire car les excursions suivent les parcours de pistes cyclables. Ce fut un véritable plaisir de faire du vélo en groupe alors que le vélo est souvent un plaisir solitaire. On a déjà hâte à l’an prochain…. Tous l'été, du 25 juin au 16 août, le camp Benyamin a battu son plein avec plus de 120 enfants par semaine. Direction : tous vents! Le camp bouge et va là où il y a le plus d’activités intéressantes pour les jeunes! Ainsi, les groupes ont pris d’assaut La Ronde, le rafting aux rapides de Lachine, les glissades d’eau à Saint Sauveur, le Zoo de Granby, Arbraska (accrobranches) à Rawdon pour défouler nos petits Tarzans et la liste est longue… Nouveauté cette année, le centre d’amusement « Fun au max » avec des personnages Nintendo au Collège Marie-Victorin a remporté un vif succès avec l’animation, les structures gonflables et la magnifique piscine sur les lieux. En résumé : que du « gros fun » et des enfants bien épuisés le soir… Cette année, le programme de jeunes leaders et communautaires (J.L.C) est en évolution. Il y a clairement un besoin car des jeunes du secondaire 3 sont venus bénévolement travailler au camp après avoir terminé le programme. Grâce à celui-ci, des jeunes acquièrent des outils de leadership et d’animation axés sur quatre principes fondamentaux : identité juive, engagement communautaire, leadership et Israël. Tout au long de l’année, plus précisément deux dimanches par mois, ils sont conviés à des ateliers, week-ends, escapades et shabbatons, dans le but de créer un noyau de jeunes qui seront actifs plus tard dans un contexte communautaire. Afin de rejoindre les jeunes, le département a commencé à utiliser les réseaux sociaux et le bouche à oreille continue de faire son chemin. Suivez de près nos activités pour ne pas rater l’inscription au programme leadership cet automne !
Emmanuelle Assor
58 | magazine LVS | septembre 2013
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Sylvain Abitbol, Président de la CSUQ, Alex Abitan, Président du Golf Swing 2014, Marc Kakon, Président sortant de la CSUQ et Raphaël Perez, Président du Golf Swing 2013
Golf 2013, beau temps, mauvais temps ! Le début de l’été 2013 aura été marqué par des changements climatiques assez majeurs ! Pluie, mauvais temps, soleil intense et humidité, on en aura vu de toutes les couleurs. Pourtant, même si le soleil a joué à cache cache tout le mois de juin, cela n’a pas refroidi l’ardeur des nombreux participants au tournoi de golf 2013 !
Après une belle partie de 18 trous, le clou de la soirée : un tirage au sort des prix intéressants comme un iPad, un iPod et un MAC, offerts par différentes compagnies commanditaires ainsi que de luxueux prix tels qu’un voyage sur un yatch, une loge privée pour 12 personnes (gracieuseté de la RBC) pour regarder un match des Canadiens, un superbe tableau du peintre Hervé Teboul…
A la veille du tournoi ayant lieu au Hillsdale Country Club le 27 juin, on annonçait 90% de probabilité de pluie, mais le tournoi a eu lieu et… le soleil s’est même montré le bout du nez !
Un grand succès grâce au travail acharné de toute l’équipe et grâce à la contribution hors pair du président d’honneur de la soirée, M. Raphaël Perez. « Il s’est dévoué à 100% à cet événement, il était totalement investi dans cette activité, toujours disponible pour nous. Il a pris à cœur ce tournoi et je sais déjà qu’il fera partie de l’équipe l’an prochain» a affirmé Benjamin Bitton, responsable du département de levées de fonds de la CSUQ. «Nous sommes satisfaits des résultats de cette activité grâce à laquelle nous pouvons financer divers projets du département jeunesse, tels les camps d’été et d’hiver pour les enfants issus de familles défavorisées » at-il ajouté.
Comme tous les ans, avant le coup d’envoi, les participants ont eu le plaisir de déguster un buffet traditionnel pour le petit déjeuner et pour reprendre des forces sur le terrain. Différentes stations de nourriture étaient installées pour eux : trois stations à BBQ; un kiosque de café (S&M Café) avec des machines haut de gamme servait des capuccinos et espresso à ceux qui le désiraient et des pâtisseries venaient agréablement accompagner le tout. Durant la journée, le commanditaire, Spa Van Hill présent sur les lieux, a offert des soins aux participantes (massages, pédicures et autres traitements), ce qui a ravi toutes les femmes présentes. Lors du cocktail dînatoire, tous les participants se sont retrouvés autour de la magnifique piscine du complexe Hillsdale. Le décor composé de petites bougies, de pétales de fleurs et de tentes gazebo avec bar a contribué à l’ambiance intimiste de la soirée. Golf et détente, voilà un forfait bien intéressant à refaire l’an prochain… Notons aussi le travail tant apprécié des bénévoles présents, ayant aidé au bon déroulement de toutes les activités. 60 | magazine LVS | septembre 2013
Le tournoi étant fini, tout comme l’été !, on pense déjà à préparer celui de l’an prochain. Un programme ambitieux : 36 trous, 2 terrains de golf et 288 joueurs. Pour chapeauter le tout, un nouveau président, Alex Abitan, membre du comité depuis quelques années, passera aux commandes. Du renouveau, c’est certain, car Alex attirera des jeunes de son âge et continuera de faire connaître le tournoi de golf à de nouvelles générations.
Emmanuelle Assor
COMMANDITE OFFICIEL DU TOURNOI • OFFICIAL TOURNAMENT SPONSOR
COMMANDITE PLATINE • PLATINUM SPONSOR
COMMANDITES ARGENT • SILVER SPONSORS
WORLD TRADE FINANCIAL GROUP
LIVRET SOUVENIR • SOUVENIR BOOKLET Altro Levy LLP Bench.ca Doris Hosiery Mills
KPMG Stikeman Elliott Porsche Prestige
Reitmans RSM Richter Salomon Oziel
Lapointe Rosenstein Marchand Melançon
COMMANDITES DE LA JOURNÉE • SPONSORS OF THE DAY AIM - The Black Family Autobus Seguin Boucherie Amsellem Celebrations
Club de golf Hillsdale Danielle Bitton Hector Larivée Holland Automotive
Marvid Poultry RBC Banque Royale S&M Services de pause café Sportech
Sysco Tomapure Van Hill Spa
TOMBOLA ET ENCHÈRE • RAFFLE & AUCTION Club de golf Hillsdale Daniel Assouline Danielle Bitton
Destination Design by Ove Distributeurs Iann Hervé Teboul
Optique le Cartier RBC Banque Royale S&M Services de pause café
SAC CADEAUX • GIFT BAGS Elpro Lavasoft
Metsuyan Sushi RBC Banque Royale
Report Collection S&M Services de pause café
MERCI POUR VOTRE SOUTIEN ET GÉNÉROSITÉ • THANK YOU FOR YOUR SUPPORT & GENEROSITY
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Golf Swing 2013
62 | magazine LVS | septembre 2013
SERVICES COMMUNAUTAIRES
Alexandre Abitan, le moment de la relève a débuté Alexandre a toujours eu le sens de la famille et est attaché à l’esprit communautaire dans lequel il a baigné depuis son plus jeune âge. Responsable du département marketing et ventes dans l'entreprise familiale, MODEXTIL, à 27 ans, il affiche déjà une maturité et un élan visionnaire qui lui a valu d’être choisi par son entourage pour devenir le Président de Golf Swing 2014. La communauté a besoin de jeunes leaders comme Alexandre, comment voit-il cette nomination ? LVS : Quel est votre parcours en tant communautaire ?
Alexandre Abitan Président du Golf Swing 2014
Alexandre Abitan : Ma mère est promue à un haut poste à la Fédération CJA l’an prochain et mes parents ont toujours œuvré au cœur de la communauté en tant que bénévoles. J’ai donc baigné dans cet environnement de générosité depuis mon plus jeune âge et je me suis investi, il y a quelques années, dans des causes comme l’événement promis, qui récompense les jeunes entrepreneurs, ou, plus récemment, dans le projet FIX en tant que co-fondateur. Lorsqu’une cause me touche, je m’investis par envie pour diverses raisons. Ensuite, je prends à cœur le projet pour faire de mon mieux et faire une différence avec l’équipe du CA. Quatre co-fondateurs volontaires, une équipe motivée et le soutien de la Fédération CJA et de la CSUQ ont permis de rassembler 150 000$. Nous avons pu aider, pendant 18 mois, des adultes de notre communauté, dépendants de drogues ou autres produits, grâce aux professionnels d’OMETZ qui leur donnent l’espoir de décrocher et se réinsérer dignement. J’aime relever des défis qui aboutissent au bien-être des membres de notre communauté qui ne savent peut-être plus comment aller chercher des opportunités pour des raisons personnelles. Je suis franc et déterminé quand je suis engagé dans une cause et j’espère être bientôt entouré par d’autres jeunes leaders pour assurer la relève avec persistance. LVS : Quelle a été votre motivation pour accepter la présidence du Golf Swing 2014 ? Et quel est votre secret pour motiver une levée de fonds dans l’année ? A.A. : J’ai été sollicité par les anciens présidents du Golf Swing que je connais bien et j’ai voulu relever ce défi avec une vision transitoire. J’ai été fier d’être désigné comme un président potentiel et je trouve que cet événement est à la fois sympathique, sportif et productif. De belles personnalités répondent « présent » chaque année dans un esprit de fête qui facilite la bonne humeur générale et le réseautage éventuel du matin au soir. Tous les âges se côtoient, ce qui donne une bonne opportunité pour mélanger les générations et échanger des idées constructives, pour la communauté ou le développement d’affaires. Mon implication dans plusieurs CA me permet d’agir rapidement avec un esprit novateur afin de créer une transition souple, sans éliminer ce qui existe mais en le modernisant, notamment à travers d’autres moyens de diffusion d’informations ou une ambiance différente pour relancer l’image du Golf Swing et le faire davantage connaître dans tout Montréal. Je désire parler au nom d’une seule communauté afin de trouver de nouvelles sources de revenus.
Laëtitia Sellam
magazine LVS | septembre 2013 | 63
ALEPH
CENTRE D’ÉTUDES JUIVES CONTEMPORAINES dirigé par SONIA SARAH LIPSYC
Programmation Aleph 2014 Le judaïsme contemporain résonne à travers l'apprentissage, l'étude et l'ouverture. La programmation d'ALEPH a pour objectif de combiner différentes facettes du judaïsme, à la fois pour un apport personnel mais aussi pour mieux appréhender notre environnement à travers des lectures talmudiques régulières. Toujours soucieuse de créer un dialogue riche et constructif accessible à tous, Sonia Sarah Lipsyc privilégie la réflexion personnelle et l'interactivité. Apprendre l'hébreu, étudier le Talmud, s'enrichir de l'histoire du judaïsme et du savoir des intervenants sont les chemins offerts par ALEPH pour que cette année soit un guide, à la fois spirituel et pragmatique, accessible à chacun.
sonnes plus âgées, des Juifs affiliés et non affiliés à la communauté, des Juifs inscrits dans une congrégation et d'autres qui ne le sont pas, des Juifs orthodoxes et non orthodoxes, et des non Juifs participer à cette étude ! C'est le propre de ALEPH. Ma joie est encore plus prononcée lorsque j'entends des personnes dire, après que la problématique de l'étude ait été exposée : voici ce que je pense de ce que dit Rachi ou je suis d'accord avec Nahmanide, etc.… Entendre alors les noms de ces illustres commentateurs dans la bouche de ces participants qui se les approprient l'espace d'une réflexion est encore l'un des objectifs que ALEPH s'était fixé. »
Les cours d'initiation à l'Hébreu* sont renouvelés et le nombre de participants a augmenté au cours des mois. Sous forme d'une série de 10 cours, de la mi octobre à la mi décembre, vous apprenez à lire l’hébreu grâce à la méthode inédite du Rabbin Samuel Mellul, professeur et pédagogue hors pair qui a mis au point un apprentissage simple et efficace pour tout un chacun(e). Débutants ou faux débutants qui désirent lire un verset de la Torah, dire des prières ou s’initier aux bases de l’hébreu avant d’apprendre à le parler sont les bienvenus. « Nous visons l’autonomie des élèves dans leur apprentissage du judaïsme et ne leur demandons qu'une heure de révision par semaine. L'objectif est d'avoir accès à ce qui leur appartient déjà : les textes majeurs de notre tradition juive afin de les aider dans leurs connaissances ou cheminement de vie personnel », précise Sonia Sarah Lipsyc.
— Réaction de Sonia Sarah Lipsyc sur sa page Facebook.
Une fois par mois, du mois d'octobre à juin, l'Atelier talmudique est une source d'enseignement fondée sur le principe du « Beth Hamidrach », maison d’études, lieu pour étudier à deux ou trois ou en groupe, les textes du Talmud de manière interactive. La dernière séance, par exemple, de l'année 2013 a réuni 25 personnes de tout âge, horizon, femmes, hommes, affiliés ou non affiliés à la communauté et même quelques personnes d’autres traditions intéressées par la culture et les textes juifs. Daniel Glassman, talmudiste et chercheur au Nouveau Beth Hamidrash de Côte Saint-Luc, applique une approche pédagogique totalement en phase avec le concept d'Aleph : énoncer une problématique en respectant, à la fois, les textes et en suscitant un dialogue ouvert, sans préjugé, avec l'assistance afin que toute personne puisse intervenir. « La réussite de cet atelier tient notamment au fait que chacun(e) instruit un rapport personnel aux textes. Quelle joie pour ma part de voir des femmes et des hommes, des jeunes et des per-
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Dans les mois à venir, deux nouveaux programmes vont prendre forme et auront pour thème : « Le judaïsme contemporain : ses problématiques et penseurs » et un cycle de conférence échelonné sur 2 ans : « Judaïsme de A à Z pour adultes et jeunes adultes » qui sera une introduction aux principaux personnages de la Bible, aux moments majeurs de l'histoire juive, aux fêtes juives et livres traditionnels commentés par divers intervenants. « Les rendez-vous du Café littéraire » seront de retour dès la rentrée 2013, et mettront en valeur, une fois par trimestre, les ouvrages francophones touchant de près ou de loin à la culture juive en mettant l’emphase sur les publications au Québec. ALEPH et l'AIU continueront leur partenariat en 2014 dans le cadre du Cycle « De l'humain dans l'homme, droits de la personne dans la tradition biblique et juive » organisé par l’AIU ou d’autres projets. À bientôt !
Laëtitia Sellam
*150$ pour les 10 cours d'Hébreu et 10 livres pédagogiques offerts à chaque séance.
Pour tout renseignement sur les activités d'ALEPH et assister aux conférences et ateliers au cours de l'année, contactez Sonia Sarah Lipsyc au 514-733-4998 poste 3160, par courriel slipsyc@csuq.org, ou sur www.csuq.org.
LE BÉNÉVOLAT SOMMAIRE 69 LE BÉNÉVOLAT, UN DON DE SOI INÉVITABLE SELON SYLVAIN ABITBOL
DOSSIER SPÉCIAL 68 | magazine LVS | septembre 2013
70 10 CHOSES QU’ON
DEVRAIT TOUS SAVOIR SUR LE BÉNÉVOLAT
72 QUAND LE BÉNÉVOLAT
IGNORE LES BARRIÈRES
74 KAREN AFLALO : UNE
BÉNÉVOLE SANS FRONTIÈRES
76 MONTRÉAL MÉGA MISSION EN ISRAËL : L’AVENTURE UNIQUE D’UNE VIE
DOSSIER SPÉCIAL
Le bénévolat, un don de soi inévitable selon Sylvain Abitbol Dans le cadre de notre dossier spécial sur le bénévolat, nous avons rencontré le nouveau président de la CSUQ, M. Sylvain Abitbol. Il nous a fait part de sa vision unique sur les raisons pour lesquelles les Juifs donnent de leur temps et s’impliquent autant dans leur communauté.
LVS : Quelle est votre vision du bénévolat ? Sylvain Abitbol : Je crois qu’il fait partie de l’essence de l’être juif car la force de notre peuple réside dans l’entraide et l’unité. Nous nous soucions les uns des autres, c’est à la base de nos enseignements. L’implication sociale est essentielle pour tout Juif. Nous sommes tous responsables les uns des autres, c’est une responsabilité mutuelle. C’est cet élément fondateur qui a assuré la perennité du peuple juif, peu importe où les aléas de notre histoire nous ont transportés. Chez nous, le groupe est responsable de l’individu. Voilà ce qui explique, par exemple, pourquoi l’armée israélienne se soucie de chacun de ses soldats. Dans notre religion, s’occuper de libérer un Juif quand il est pris en otage est une mitzva. Un autre exemple de comment notre communauté se soucie de chacun de ses membres : nous nous mobilisons pour nous occuper de nos personnes handicapées, de la naissance à la mort. L’envers de la médaille s’applique aussi : l’individu juif est responsable vis à vis de la collectivité. Il doit apporter quelque chose au groupe. Ceci est la prémisse même de mon implication communautaire. LVS : Pourquoi vous impliquer autant que vous le faites ? S.A. : Quand je parle de bénévolat, je parle en connaissance de cause! Mais dans ma vie d’homme d’affaires, je n’ai jamais autant de satisfaction que lorsque je m’implique communautairement ! En tant que nouveau président de la CSUQ, je pense que toutes les responsabilités de ce poste sont importantes et surtout, je crois que c’était le bon moment pour moi pour faire ce saut. Comme on dit : « Si vous voulez qu’une chose soit faite, demandez-la à une personne qui est occupée ! » (rires). Quand on m’a proposé ce poste, je me suis demandé : quels en sont les enjeux et qu’est-ce que je peux y apporter ? J’ai réfléchi longuement et j’ai accepté ces nouvelles responsabilités car je pense avoir quelque chose à apporter à ma communauté.
LVS : Comment motiver les jeunes par rapport au bénévolat et à l’implication communautaire ? S.A. : La tâche la plus importante d’un leader est de préparer la relève. Pour les jeunes, nous élaborons des stratégies avec les outils dont nous avons besoin pour conquérir ce segment de population. Cela étant dit, je voudrais souligner que nous avons une jeunesse exceptionnelle! Je suis émerveillé par eux, par cette génération vraiment magnifique, structurée, éduquée, intelligente et dynamique. Nous, nous étions les premiers et pour les jeunes, il existe déjà des structures communautaires bien établies. Il est certain que la motivation change avec les circonstances, l’âge et les générations, mais la relève est là. Le rôle de chaque Juif est de montrer le bon exemple à ses enfants. Car la vie ce n’est pas juste de travailler, de s’amuser et de penser à soi. Il faut redonner aux autres. Quand les enfants prennent la relève, c’est magnifique, c’est que l’on a rempli notre rôle. LVS : Le mot de la fin (pour cette fois-ci) ? S.A. : Le bénévolat est une responsabilité qui incombe à chacun. Pour moi, c’est une responsabilité parmi tant d’autres. Je suis aussi co-président de l’organisation «Justice pour les Juifs des pays arabes» et je suis impliqué auprès de l’Université Ben Gurion. Oui, je suis un homme occupé mais je m’arrange avec tout cela. Je n’en ai pas le choix! C’est le tikkoun olam, « la réparation du monde »… Emmanuelle Assor
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10 choses qu’on devrait tous savoir sur le bénévolat 01
70 pour cent des Canadiens affirment avoir fait du bénévolat pour un organisme caritatif au cours de la dernière année (sondage effectué dans le cadre de la Journée du bénévolat de BMO, le 4 juin 2013). Leurs motivations : le don de soi, la participation à une cause qui leur tient à cœur, l'importance du sentiment d'accomplir quelque chose, le désir de se sortir de l’isolement, de créer des liens, de réseauter pour un futur emploi, de mettre leurs compétences au service d’une cause qui « donne du sens », ce qui n’est pas toujours le cas dans l’univers professionnel.
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Il existe un lien étroit entre la culture d’entreprise et le bénévolat : plus les entreprises favorisent l’engagement communautaire, plus les gens sont aptes à faire du bénévolat. Selon l’étude de BMO sur le bénévolat : « 90 pour cent estiment important que leur employeur encourage le bénévolat, mais seulement 35 pour cent affirment que leur entreprise a créé un programme en ce sens ». Selon les résultats de ce même sondage, pour une écrasante majorité de Canadiens, il est important que leur entreprise encourage une culture de « générosité envers la communauté » parmi ses employés. De plus, près d'un quart des répondants (23 pour cent) expliquent qu'ils seraient plus enclins à faire du bénévolat si leur entreprise posait plus de gestes pour les y encourager. « Les grandes entreprises du Canada ont un rôle à jouer en vue d'aider au développement des collectivités au sein desquelles nous vivons et exerçons nos activités », a expliqué M. Tripp. « Il ressort clairement de notre sondage que les Canadiens s'attendent à ce que leur employeur joue un rôle de premier plan en vue d'aider à la mise en place d'une culture du bénévolat au sein de notre société. »
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Contrairement aux idées reçues, les jeunes font du bénévolat : 80 pour cent des Canadiens de moins de 35 ans ont fait du bénévolat au cours des 12 derniers mois.
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Les stéréotypes subsistent ! Certains croient encore que les bénévoles sont des personnes de plus de 60 ans, ayant beaucoup d'argent et de temps libre. Même parmi les bénévoles, le cliché de la vieille dame qui occupe ses loisirs ou du retraité qui vient au secours des personnes moins nanties que lui, a toujours cours. Moi, un bénévole ? Certaines personnes qui font du bénévolat depuis des années n'ont jamais songé à s'apposer l'étiquette de bénévole ou n’aiment simplement pas cette appellation. On s'imagine que les gens décident de faire du bénévolat parce qu'ils ne savent pas comment occuper leur temps.
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Il n’y a pas de limite d’âge pour le volontariat : du plus jeune au plus âgé, votre temps et votre expérience seront appréciés. Vous avez une passion ? Sachez que plusieurs organisations seraient ravies de profiter de votre enthousiasme, peu importe votre origine, religion, âge et statut social !
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Il a été démontré que les bénévoles font d’excellents recruteurs auprès de leurs amis, famille et même inconnus car ils connaissent mieux que quiconque l’organisme auprès duquel ils se sont engagés. Il n’est pas rare non plus de voir des bénévoles changer de tâches et se découvrir de nouveaux talents dans une même organisation.
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Le bénévolat est une affaire de famille. Lorsqu’on a grandi dans une famille de bénévoles, on devient naturellement bénévole plus tard car ce sens de l’autre a été légué de parent à enfant. «Ayant grandi dans une famille de bénévoles, on en attendait pas moins de moi comme être humain» affirme une jeune bénévole rencontrée à la CSUQ.
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Faire du bénévolat est bon pour la santé cardiaque, et ce, même pour les jeunes, démontre une étude canadienne menée à l’Université de Colombie-Britannique, dont les résultats ont été publiés en février 2013. « Dans cette étude, les chercheurs ont mesuré l'indice de masse corporelle, le cholestérol et le degré d'inflammation de 53 élèves de la 10e année de Vancouver qui donnaient une heure par semaine de leur temps à des activités avec des élèves du primaire de leur quartier. Ils ont comparé les résultats de ce groupe avec un autre de 53 lycéens qui ne faisaient pas de bénévolat. (…) Ainsi, après dix semaines, les jeunes qui faisaient du bénévolat avaient un niveau de cholestérol et un degré d'inflammation des tissus plus bas que les autres et avaient également moins de graisse corporelle. Mieux encore, les participants qui avaient montré le plus d'empathie et d'altruisme dans l'accomplissement de leurs tâches étaient aussi ceux dont la santé cardiovasculaire s'était le plus améliorée. (Le détail de ces travaux est publié dans le Journal of the American Medical Association, JAMA, http:// archpedi.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1655500).
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Le bénévolat aide à garder notre cerveau en bonne forme, ce qui est un élément essentiel pour bien vieillir. En mettant à contribution le corps et l’esprit, le bénévolat aide à bien vieillir et à réduire les risques de développer des maladies liées au vieillissement, comme l’Alzheimer et les maladies apparentées. La rencontre de nouvelles personnes et la participation à de nouvelles activités ont pour effet de stimuler la sécrétion d’endorphines. Ces « neurones de bonheur » font travailler notre cœur, gardent notre esprit aiguisé et stimulent notre système immunitaire, en plus d’aider à réduire le stress. (http://www. alzheimermontreal.ca/impliquez/soyez_benevole.php)
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Le bénévolat est un espace de liberté et de choix. Et si certains choisissent le bénévolat par convictions religieuses, d’autres recherchent simplement un contact plus authentique. D’autres encore aident leurs prochains parce qu’ils ont eux-mêmes trouvé des mains secourables quand ils en ont eu le plus besoin. Leur point commun : une véritable démarche de développement personnel.
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Vous avez encore des doutes ? Just do it!
Emmanuelle Assor
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Quand le bénévolat ignore les barrières
Arlène Abitan
Steve Sebag
Nous savons tous à la communauté que le bénévolat représente un élément incontournable pour assurer le bon fonctionnement des organismes à but non lucratif. Nous sommes habitués à nos propres bénévoles et nous savons très peu ou pas assez des bénévoles sépharades qui œuvrent au sein de la Fédération CJA, toujours mus par ce désir de servir la communauté juive dans son ensemble. Pour en savoir davantage sur leurs motivations nous avons interrogé trois d’entre eux qui occupent des positions clé dans le réseau communautaire : Arlène Abitan, Steve Sebag et David Amiel. LVS : Quels sont les motifs qui vous ont poussé à vous engager à être bénévole au sein de la Fédération CJA et depuis combien de temps ? Arlène Abitan : C’est par hasard, il y a plus de vingt ans après avoir œuvré au Centre Saidye Bronfman quand j’ai traversé la rue pour découvrir la Fédération CJA. La première réunion où je fus invitée était dirigée par des femmes brillantes, fières de leur identité juive et motivées pour la campagne annuelle. Au fur et à mesure, je n’ai cessé de découvrir et apprendre en quoi consistait le travail de la Fédération CJA Steve Sebag : La tzédaka et la solidarité communautaire représentent des piliers du judaïsme; mon implication me permet de m’adonner à cette magnifique mitzvah quotidiennement. En vieillissant un peu, on réalise à quel point nous sommes chanceux. Je crois donc, que c’est notre devoir de venir en aide à ceux qui, pour une raison ou une autre, sont simplement moins chanceux. 72 | magazine LVS | Septembre 2013
David Amiel
Mon implication au sein de différentes organisations communautaires date d’environ 10 ans mais ça fait 4 ans que je suis activement impliqué auprès de Fédération CJA. David Amiel : J’ai été un bénévole actif à la Fédération CJA depuis 2008 après avoir participé à la Mission en Israël du Comité du jeune leadership. Être père de trois jeunes enfants m’a fortement motivé et m’a fait réaliser que j’étais le maillon d’une chaîne. Je suis le fils d’un immigrant juif marocain par mon père et d’une mère canadienne, convertie au judaïsme. Je suis né au Québec. Je réalise la nature de mes racines et je suis persuadé que je dois faire en sorte que mes enfants fassent également partie, plus tard, de la communauté juive montréalaise. LVS : Dans quels comités d’action êtes-vous impliqué et quelle est votre position ? A.A. : J’ai co-présidé plusieurs événements de levée de fonds reliés à la campagne annuelle des femmes. En 2001, j’ai présidé la campagne sépharade des femmes. J’ai très vite compris la nécessité de rapprocher les deux communautés de Montréal et c’est dans ce but que j’ai établi un programme de sensibilisation pour améliorer le dialogue entre sépharades et ashkénazes. En 2014, je présiderai la campagne générale des femmes. En parallèle, j’ai eu beaucoup d’autres implications communautaires : Le Musée de l’Holocauste, le Centre Mada, Migdal’Or, l’Hôpital Général Juif, Israel Cancer Research Fund (Women of Action 2007)
DOSSIER SPÉCIAL
S.S. : J’ai l’honneur de présider la campagne des Jeunes Adultes (YAD) de CJA de 2013. Au cours des 4 dernières années j’ai, notamment, fait partie du comité exécutif de Imagine 2020, l’exercice de planification stratégique de Fédération CJA et je suis cofondateur de FIX, une organisation, fondée en partenariat avec la CSUQ et CJA et gérée par OMETZ, qui vient en aide aux personnes aux prises avec des problèmes de dépendances. D.A. : Je suis présentement actif dans un certain nombre de comités de la Fédération CJA et de ses agences affiliées. Je suis le président de YAD et membre du CA de la Fédération CJA et dans l’équipe de management du jeune leadership. Je siège également au CA de Hillel ainsi que dans d’autres organismes communautaires. LVS : Que ressentez-vous en tant qu’être humain et en tant que juif engagé dans une cause à laquelle vous croyez ? A.A. : C’est extrêmement bénéfique de faire du bénévolat…. agir avec des personnes qui partagent la même passion …c’est un travail d’équipe où chacun apporte son énergie dans le but d’améliorer le sort de son prochain. C’est aussi pratiquer la notion du tikun olam. Je suis très heureuse de mon implication à la Fédération CJA. S.S. : Je dirai trois mots : joie de pouvoir contribuer, un tant soit peu, au noble objectif juif de Tikun Olam, fierté de pouvoir accomplir mon devoir de citoyen engagé et reconnaissance à l’endroit de ma communauté et de CJA pour le travail colossal qu’elle accomplit pour aider nos frères et sœurs à Montréal et à l’étranger dans le besoin. D.A. : Être un bénévole communautaire m’a changé en tant que père, époux, ami et juif. Cela m’a donné une voix que je n’avais pas auparavant. Les moments les plus intenses que j’ai expérimentés furent lors de la naissance de chacun de mes enfants et qui m’ont inspiré à vouloir créer un meilleur monde pour eux. J’ai pris une décision réfléchie de donner l’exemple et de devenir un bénévole afin qu’ils héritent pour eux et pour leurs futurs enfants une communauté juive vibrante ici à Montréal et qu’également ils réalisent l’importance de s’engager. Mes parents et avant eux mes grands parents se sont investis et ont fait des sacrifices pour offrir de meilleures opportunités à leurs enfants. Être bénévole signifie pour moi faire la même chose pour mes enfants. LVS : Considérez-vous que faire du bénévolat peut changer votre vie et si oui expliquez de quelle manière ? A.A. : Le bénévolat a changé ma vie, j’ai connu des gens magnifiques, j‘ai nourri mon sentiment d’appartenance, je suis une juive universelle et j’ai besoin de me connecter aux différentes facettes de la communauté. Je pense qu’il vaut mieux miser sur nos similarités plutôt que sur nos différences pour le bien de la communauté.
S.S. : Je suis convaincu que l’implication caritative change l’existence d’un individu. Elle lui fournit un certain code de vie. Elle permet de réaliser à quel point nous sommes choyés et comment la quête de certains objectifs à tout prix, peut être futile. Elle offre la chance de faire preuve d’altruisme et de compassion; des valeurs que tout parent aspire à inculquer à ses enfants. Je reviens d’un fantastique voyage en Israël et en Éthiopie ou nous avons participé à l’une des dernières « aliyah » de juifs éthiopiens. Si on demandait à n’importe lequel des 9 autres montréalais qui m’ont accompagné si cette expérience avait changé, un tout petit peu, leur perspective de vie, leur réponse serait, j’en suis persuadé : « évidemment ». D.A. : Comme je l’ai déjà dit, prendre part à des projets en tant que bénévole actif afin d’aider à changer le monde, représente une occasion unique qu’il faut saisir. Réaliser que le travail que vous accomplissez, le temps investi et les ressources financières que vous donnez, peut avoir un impact aussi considérable, représente un sentiment incroyable. En fin de compte c’est celui qui donne qui est le plus récompensé. LVS : Que faut-il faire d’après vous pour inciter encore plus de jeunes à s’engager comme bénévoles dans la communauté ? A.A. : La relève s’impose. Perpétuer et sauvegarder l’identité juive chez les jeunes me tient beaucoup à cœur. Être un exemple pour ses enfants en faisant du bénévolat les motivera à s’impliquer. L’amour de la communauté et l’identité juive commence à la maison. Les femmes font bouger les choses, elles peuvent influencer leurs enfants à prendre un rôle dans le service communautaire, en leur démontrant qu’aider son prochain est le langage du cœur, et qu’en suivant son cœur, on vit beaucoup mieux ! S.S. : La perception que les plus âgés ne font pas de place aux jeunes et de moins en moins vraie. Je vois le changement se manifester tous les jours. L’implication des jeunes est non seulement souhaitée, elle est essentielle au bon développement de notre communauté. Il y a, par contre, encore beaucoup de travail à faire. Nous, les jeunes (et un peu moins jeunes!), voulons être pris au sérieux, bien comprendre où notre argent sera alloué, « voir et toucher » l’étendue des vastes services que la communauté offre, participer à des expériences de bénévolat concrètes, occuper des positions décisionnelles et interagir. D.A. : Je crois que la meilleure façon d’amener les jeunes juifs montréalais à s’engager communautairement réside dans le fait de leur parler, de les rencontrer et de les mettre en contact avec leurs pairs. Il ne faut surtout pas se leurrer et penser que parce que je suis engagé ils vont faire de même. Chaque membre de notre communauté est connecté et se préoccupe de la communauté juive à sa façon. La clé du problème réside dans le fait de leur offrir beaucoup de « portes d’entrée » afin de leur permettre l’accès à l’incroyable gamme d’activités qui sont offertes actuellement et leur permettre de choisir la voie qu’ils préfèrent.
Elie Benchetrit
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Karen Aflalo : une bénévole sans frontières Le bénévolat est la seconde nature de Karen Aflalo. Fleuron de la relève communautaire, elle est impliquée dans plusieurs comités au cœur de la communauté, autant à la CSUQ qu’à la Fédération CJA. Pour Karen, il n’y a ni clivage, ni préjugé valable quand on doit aider sa communauté au sens large du mot. Elle représente la nouvelle génération de juifs québécois motivés par le partage et soucieux de perpétuer la culture juive sous toutes ses facettes. Karen Aflalo nous apporte un témoignage rempli de sincérité et de passion. LVS : Quels sont les motifs qui vous ont poussée à vous engager à être bénévole et depuis combien de temps ?
Karen Aflalo
K.A. : Je suis issue d’un environnement familial qui m’a permis de baigner dans l’esprit communautaire. Mes parents ont beaucoup donné à la communauté puisqu’ils faisaient partie de la génération des pionniers arrivés il y a 40 ans. Cette fibre a grandi en moi et a bénéficié des encouragements de la CSUQ pour se développer. Salomon Oziel et Mark Kakon ont toujours soutenu et encouragé tous les projets que je proposais, même les plus osés, me permettant ainsi de m’épanouir et de me dépasser avec chaque nouveau projet. Je me suis ainsi, progressivement, retrouvée dans plusieurs comités, aussi motivants les uns que les autres, en plus de mon travail à plein temps. J’ai développé mon vrai sens de leader au cœur de la CSUQ et j’en suis très fière car j’ai pu participer et organiser des projets incroyables grâce à une équipe de professionnels compétente et dévouée à mes côtés afin d’assurer la réussite de ces projets. Cette implication communautaire est gratifiante car je crois en une communauté plus homogène où les aprioris s’atténuent avec la nouvelle génération. C’est pourquoi, je n’ai pas hésité à travailler en collaboration avec la Fédération CJA pour développer le projet FIX, un projet pour aider les jeunes à risque de dépendances sachant qu’ils avaient les ressources nécessaires pour subvenir aux besoins de ces jeunes-là. Par contre, certains projets naissent, se développent et se réalisent entièrement au sein de la CSUQ tels que notre dernière levée de fonds, la Guerre des clans, au profit de BANAV qui aide les enfants avec des difficultés d’apprentissage. Ce projet a pris naissance lors du dernier voyage « Retour aux sources » qui concluait le dernier Programme de Leadership dans lequel j’étais la co-présidente. Donc, pour moi, ce qui motive mon implication est essentiellement la cause ! LVS : Vous êtes à la fois impliquée dans le Programme de Leadership de la CSUQ et dans la Campagne YAD de la CJA. Êtes-vous la preuve vivante que le clivage entre sépharades et ashkénazes est de l’histoire ancienne ? K.A. : En fait, chaque projet est analysé indépendamment pour trouver le meilleur angle de réussite et le comité décide ensuite si les moyens devraient être communs ou pas. Ce sont les résultats qui font la différence à présent. D’origine ashkénaze ou sépharade ? Peu importe, la nouvelle génération est bilingue, fréquente les mêmes universités, les mêmes lieux de distraction et défend les mêmes causes au final. Je ne ressens plus le clivage connu par mes parents car la plupart des différences n’en sont plus. Seule la motivation d’aider notre communauté pour la faire perdurer est essentielle pour les bénévoles ou professionnels de la CSUQ et la Fédération CJA. Ma
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richesse héréditaire sépharade est une partie de moi et mon ouverture d’esprit me permet de naviguer entre tous pour créer une équipe cohérente qui suit le même objectif : aider la communauté juive à prolonger ses traditions culturelles quelle que soit l’origine de chaque famille. LVS : Que faut-il faire selon vous pour inciter davantage de jeunes à s’engager comme bénévoles dans la Communauté ? K.A. : Le programme du Leadership orchestré par Benjamin Bitton, est une magnifique occasion de rassemblement pendant l’année. La clôture du cursus par le voyage « Retour aux Sources » est une prise de conscience pour beaucoup qui se sont rendus compte du passé des Sépharades dans l’histoire juive. Je pense que c’est important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va et ce genre de voyage est un moyen de connaître profondément son identité. J’ai pu constater que pour motiver un jeune à la cause bénévole, il faut trouver un centre d’intérêt compatible avec une action bénévole et on peut ainsi révéler des traits de personnalité incroyables. Il faut trouver une porte d’entrée pour attirer les curieux ou ceux qui deviendront les futurs leaders sans le savoir au départ. Je sais les repérer et je les motive pour développer leur potentiel car c’est très important de penser à la relève. LVS : Que ressentez-vous en tant que femme juive engagée dans une cause à laquelle vous croyez ? K.A. : En tant que femme, je suis comblée et fière d’être un membre de la communauté à part entière. Il est évident que de plus en plus les femmes se rendent disponibles pour les causes qui leur tiennent à cœur. Je suis au milieu de cette évolution épanouissante et inspirante. Les bénévoles font vivre la communauté et grâce à eux de grands défis sont réalisés. Le plus motivant est de former et d’inspirer les futurs bénévoles. J’ai eu la chance de toucher à plusieurs disciplines dans les différents projets, je peux donc à présent les conseiller, créer des échanges d’idées, superviser avec recul pour laisser la place à la relève et les accompagner pour qu’ils apprécient le même épanouissement que j’ai pu connaître. Karen Aflalo en quelques lignes : • • • • • • •
Diététiste de formation et gestionnaire de territoire pour la force de ventes médicale chez Mead Johnson Nutrition. Présidente de la campagne YAD en 2014. Co-Présidente de l’initiative des Nouveaux Dons 2012-13. Conseillère senior du programme de Leadership 2013. Membre du comité exécutif et présidente de la programmation du Cercle Club Privée 2009-2012 Ancienne co-présidente du Programme de Leadership 2011. Co-présidente du projet FIX
Laëtitia Sellam
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Montréal Méga Mission en Israël : l’aventure unique d’une vie Mémorable, Marquant Magique La Fédération CJA a mis en place un projet novateur qui devrait combler de bonheur ceux et celles qui, tout en restant attachés à la communauté juive de Montréal, se sentent liés au destin d’Israël. Il s’agit d’une mission pas comme les autres qui, du 14 au 23 mai 2014, se propose de faire découvrir ou plutôt redécouvrir les multiples facettes d’un pays qui fait vibrer depuis des millénaires le cœur de tout juif de la diaspora indépendamment de ses convictions politiques, religieuses ou culturelles. Pour en savoir un peu plus sur cette nouvelle initiative nous avons posé quelques questions à Gail Adelson-Marcovitz et Jonathan Wener, coprésidents du projet. LVS : Comment est née l’idée de monter un projet aussi grandiose ? G.A. : Il y a des faits intangibles qui occupent la scène de la communauté juive montréalaise, nous nous trouvons en effet à une croisée des chemins au sein même de cette communauté. Nous avons pensé qu’il était nécessaire de mettre sur pied un projet spécial et lui donner un nouveau contenu. Nous avons tenu compte également du facteur temps et nous avons convenu que c’était le moment idéal pour nous lancer dans cette belle aventure communautaire et nous investir à fond pour l’organiser. Jonathan Wener
Jonathan-Nous avons constaté que les retombées de notre dernière mission collective en Israël il y a 18 ans, avaient laissé leurs traces au sein des participants et que c’était sûrement une expérience à refaire en créant un nouveau concept. L’autre fait important est qu’à l’heure actuelle, il y a l’émergence d’un nouveau leadership au sein de notre communauté de même qu’une forte connexion de la diaspora avec Israël. Le temps était donc propice pour nous de saisir cette opportunité de nous reconnecter à notre tour avec les nouvelles réalités israéliennes et de nous investir dans ce projet. Je dois ajouter que grâce à l’existence des médias sociaux, la réponse du public est de loin très positive et les ressources investies dans la diffusion du projet ont été moindres que celles d’il y a 18 ans. LVS : Quel est l’objectif principal de la Méga Mission ? Jonathan : Il faut comprendre que l’originalité de cette mission réside dans le fait qu’elle est conçue essentiellement comme une fragmentation de mini missions réunies en une seule, incluant des méga événements, et taillées au goût de chacun des participants afin de répondre à leurs goûts et à leurs attentes personnels. Ce concept novateur nous permet de mettre en place les ressources ainsi que des programmes fabuleux et inédits que l’on retrouve rarement dans une mission conventionnelle.
Gail Adelson-Marcovitz
Gail-Je dirais également que ceci est une mission individuelle au sein d’une méga mission, mais j’insiste également sur le fait majeur pour ce qui est de son objectif : elle représente un engagement indéfectible de la communauté envers la communauté et bien sûr envers Israël. LVS : Combien de participants prévoyez-vous et combien se sont-ils déjà inscrits ? Jonathan-Le chiffre idéal que nous visons est de 1000 participants, nous en avons déjà presque 500 d’inscrits. Je pense toutefois qu’avec 700 nous serions pleinement satis-
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faits. Lors de la mission menée en 1995, le nombre des participants était déjà de 700. Je tiens à affirmer que nous sommes très satisfaits de la réponse très positive de la communauté. LVS : Quels seront les points forts de cette mission ? Gail et Jonathan : Nous sommes d’accord pour dire que selon nous, le Méga événement de la Mission sera constitué par la « conquête de Massada » par nos participants lors d’une activité réservée essentiellement pour eux (le site de Massada a été réservé exclusivement pour nous lors de cette journée). Imaginez ce retour à l’histoire dans un des hauts lieux de la résistance juive à l’occupation romaine. Des centaines de juifs montréalais se rendant dans les hauteurs de la forteresse à la tombée du jour pour redescendre plus tard avec des flambeaux pour célébrer le Lag Ba’Omer à la belle étoile dans le désert de Judée. Peut-on imaginer quelque chose de plus grandiose et de plus émouvant? Sans parler évidemment du séjour dans Jérusalem, notre capitale éternelle. Nous mettrons également l’accent sur le concept des options personnelles au nombre de 25. Des choix aussi intéressants que variés comme la visite des vignobles pour les amateurs de bons vins, la visite des hauts lieux du HighTech israélien et des industries de pointe, les sites archéologiques, les innovations en matière d’agriculture etc.. Sans oublier l’événement de clôture que l’on promet inoubliable et plein de surprises. LVS : Quels sont les résultats escomptés ainsi que les retombées pour la communauté juive montréalaise ? Jonathan : Il s’agit en premier lieu surtout du développement du sentiment identitaire juif et également d’appartenance à la communauté. Nous sommes également convaincus que cette mission permettra d’ouvrir les portes à un nouveau leadership, un phénomène que l’on observe déjà. Le renforcement du lien puissant qui nous lie au destin de l’État d’Israël et last but not least la conviction que chaque participant reviendra changé et chargé de souvenirs impérissables après ce merveilleux périple sur la terre de nos ancêtres.
Elie Benchetrit
Elias Levy
Maurice Chalom
Luc Rosenzweig
Lise Ravary
Daniel Radford
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Bravo et merci à nos collaborateurs et collaboratrices… sans frontières ! Nous en sommes, déjà à notre 4ème édition de cette nouvelle section d’« Opinions sans frontières » initiée l’an dernier avec la participation d’imminents collaborateurs et collaboratrices d’ici et d’ailleurs qui, avec rigueur, professionnalisme et finesse dans leurs analyses, ont bien voulu participer à notre rubrique et ce, de manière bénévole, nous tenons à le souligner. Qu’ils en soient remerciés du fond du cœur pour la confiance qu’ils témoignent à notre magazine et pour le haut niveau de leurs réflexions sur les divers sujets qu’ils ont choisi librement de traiter. Dans ce numéro nous accueillons nos habitués, Elias Lévy bien sûr, avec une entrevue magistrale avec le Dr Khayat , cancérologue de réputation mondiale, sans oublier notre « mouche du coche », c’est ainsi que je l’ai surnommé ironiquement, notre ami Maurice Chalom qui, avec son franc-parler et sa verve légendaire se plait à bousculer avec délectation nos certitudes communautaires. Les nouveaux venus également avec la participation d’une grande figure du journalisme français, Luc Rosensweig ancien rédacteur en chef du Monde et écrivain de plusieurs ouvrages dont : La France et Israël, une affaire passionnelle (avec Élie Barnavi) Perrin, 2002. Lettre à mes amis pro-palestiniens, Éd. de la Martinière, 2005. Ariel Sharon, Perrin, 2006. Analyste chevronné des problématiques mondiales, Luc Rosenzweig nous décrit avec lucidité le rôle de plus en plus prépondérant des frères musulmans sur l’échiquier du monde arabo-musulman. Lise Ravary, ancienne rédactrice en chef de Chatelaîne, d’Elle Québec et d’En Route d’Air Canada, actuellement journaliste pigiste dans le Journal de Montréal et auteure du livre « Pourquoi moi ? Ma vie chez les juifs hassidiques » qui a, sans hésiter, accepté de collaborer à ce numéro en nous livrant un témoignage bien vivant de sa relation avec son nouveau crédo, le judaïsme et son vécu chrétien, spécialement lors de la fête de Roch Hachana. Nous sommes allés également à la rencontre d’une figure centrale du pas trop lointain « Printemps Érable » en la personne de Martine Desjardins, ancienne présidente de la Fédération Étudiante Universitaire du Québec, qui avec du recul, nous livre ses impressions sur cette période mouvementée que nous avons vécue le printemps dernier. Et last but not least, nous nous sommes assurés la collaboration d’une imminente figure du judaïsme juif français en la personne du Rabbin Daniel Radford, que nous avons eu l’occasion de découvrir lors de la populaire émission de Michel Drucker « Vivement Dimanche » et auteur de « L’homme des livres » (Édition du Châtelet 2012) Ce dernier a choisi de nous parler, nous qui ne cessons de rêver, de la place des rêves dans le judaïsme. Un beau programme pour marquer l’année nouvelle. Elie Benchetrit
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Les grands combats pour la vie du Dr David Khayat Une entrevue avec un éminent cancérologue et chercheur scientifique, le Dr David Khayat. d’honneur de l’Institut National du Cancer de France… le Dr David Khayat est aussi un écrivain à succès, auteur de plusieurs romans très remarqués, dont Ne meurs pas ! — adapté à la télévision, l’acteur Roger Hanin a interprété le rôle du personnage principal de ce roman autobiographique inspiré de la carrière médicale du Professeur David Khayat —; Le Coffre aux Âmes; La Vie pour s’aimer... Le Dr David Khayat est aussi l’auteur de plusieurs essais sur le cancer, dont Les chemins de l’Espoir : comprendre le cancer pour l’éviter et le vaincre; Des mots sur les maux du cancer; Le vrai régime anticancer... qui ont connu de grands succès de librairie. Son dernier livre : De larmes et de sang, paru dernièrement aux Éditions Odile Jacob. Ce cancérologue de renommée mondiale, né en 1956 dans une famille sépharade de Sfax, en Tunisie, a été aussi co-Président, avec Yehuda Lancry, ancien Ambassadeur d’Israël en France et à l’O.N.U., de la Fondation France-Israël.
Dr David Khayat « Nous ne devons pas capituler face au plus grand fléau de l’Histoire de l’humanité : le cancer » En l’an 2000, 10 millions de nouveaux cas de cancers ont été diagnostiqués dans le monde. Cette année-là, 6 millions de personnes décédèrent des suites de cette implacable maladie. A cette époque, l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) annonçait des statistiques effrayantes qui, malheureusement, sont en train de se confirmer: en 2020, il y aura 20 millions de nouveaux cas et 10 millions de morts. « Passer à côté de ce qui représente aujourd’hui le plus grand fléau auquel l’humanité ait jamais été confrontée dans son Histoire, le plus grand prédateur de l’homme, ce serait un aveu d’échec et de capitulation. La meilleur arme pour éradiquer le cancer reste la prévention, en particulier contre le tabagisme », explique le grand cancérologue français, le Dr David Khayat. Chef du Service de Cancérologie de l’Hôpital de La PitiéSalpêtrière de Paris, Professeur de Médecine à l’Université Pierre et Marie Curie de Paris et au M.D. Anderson Cancer Center de Houston, au Texas, initiateur, en l’an 2000, du Sommet Mondial contre le Cancer, fondateur et Président 80 | magazine LVS | septembre 2013
À travers ses ouvrages, le Dr David Khayat a développé une Philosophie de la vie préconisant une médecine humaniste qui tout en repoussant les limites de la mort confère une place prépondérante à la dignité du malade. « Guérir le corps est sans nul doute fondamental, mais veiller à ne pas blesser l’âme humaine est tout aussi important. C’est cela, selon moi, être médecin », nous a confié le Dr David Khayat au cours de l’entrevue qu’il nous a accordée. Rencontre avec un combattant de l’espoir passionné par la vie. LVS : Dans les cénacles médicaux, on ne cesse de claironner que les progrès dans le domaine de la cancérologie sont de plus en plus significatifs. Pourtant, en cette deuxième décade du XXIe siècle, les statistiques sont effrayantes : le cancer est devenu un grand fléau qui tue chaque année des millions de personnes dans le monde. Peut-on réellement parler de « progrès notoires » dans la lutte contre le cancer ? Dr David Khayat : Vous avez raison de poser cette question parce que chaque famille ayant perdu un proche atteint d’un cancer se la pose légitimement. Mais, en réalité, les progrès existent. Je les ai vus durant mes trente-cinq ans de pratique de la cancérologie. Quand j’ai débuté ma carrière médicale,
les chimiothérapies étaient effroyables et ne guérissaient personne. J’ai choisi le métier de cancérologue parce qu’en 1974, une amie très proche, chez laquelle on avait décelé un cancer lymphatique après son mariage, avait guéri. C’étaient les premières guérisons du cancer du lymphome et de la leucémie. À l’époque, ces guérisons étaient exceptionnelles, à tel point que dans le cas de cette jeune fille tout le monde a crié au miracle. Aujourd’hui, les statistiques sont très éloquentes: plus de la moitié des malades atteints du cancer du lymphome ou de la leucémie guérissent; le cancer des testicules est guéri à 100%… Quand j’ai débuté ma carrière de cancérologue, le seul traitement pour le cancer du sein était la mastectomie : on enlevait le sein, quelle que soit la taille du cancer. Les femmes atteintes d’un cancer du sein suivaient des chimiothérapies absolument terrifiantes. Et, malgré ces traitements, près de la moitié d’entre elles mouraient dans un laps de dix ans. En 2013, à peu près 85% des femmes ayant un cancer du sein bien traité -le problème, c’est l’accès à des soins de qualité- guériront, la majorité d’entre elles sans subir une ablation de leur sein. Aujourd’hui, on guérit 25% des malades atteints d’un cancer des poumons, 15% des malades atteints d’un cancer du pancréas… Quand j’ai commencé ma carrière, les gamins mouraient du cancer des os, après qu’on leur ait amputé la jambe. Aujourd’hui, on n’ampute plus les jambes des jeunes atteints d’un cancer des os et ils guérissent. Des progrès considérables ont été accomplis. Mais c’est vrai que ces progrès rendent encore plus inacceptables les derniers morts. On ne comprend pas le sens ni l’ampleur de ces progrès médicaux quand le cancer vient de faucher la vie à notre père, à notre femme, à notre fils, à notre meilleur ami… On a alors l’impression que le cancer continue à ressembler à une grande loterie: chacun tire un numéro, parfois c’est le bon, parfois c’est le mauvais! LVS : Donc, nous ne sommes pas à la veille de vaincre le cancer ? D.K. : Un jour nous vaincrons le cancer, mais je ne connaîtrai pas cette grande victoire de mon vivant. Nous avons cru que le cancer ne pouvait être éradiqué que si on trouvait un traitement global. Nous nous sommes trompés. Au début des années 90, nous avions beaucoup d’armes, beaucoup de médicaments, mais ceux-ci ne donnaient pas les résultats escomptés sur les différents types de cancer. Puisque nous avons 200 organes, nous avons conclu qu’il nous faudrait trouver 200 traitements différents pour soigner toutes les formes de cancer. Ce n’est qu’à la fin des années 90, grâce à la biologie moléculaire, que nous avons réussi à explorer exhaustivement l’intimité des cellules cancéreuses. Nous nous sommes alors aperçus que nous ne devions pas différencier
les cancers en fonction des organes sur lesquels ils s’étaient développés, mais en fonction de leur signature génomique. Aujourd’hui, nous nous apercevons que le combat contre le cancer doit être mené cas par cas, car les cancers réagissent tous d’une manière différente. Nous tablons sur de nouvelles thérapies ciblées. La thérapie basée sur la détermination de l’empreinte génétique nous permet de mettre en place une médecine beaucoup plus personnalisée. Désormais, nous pouvons comparer l’empreinte génétique d’un cancer à des centaines de milliers d’autres empreintes génétiques de patients souffrant de cette maladie. Nous pouvons ainsi établir des pronostics beaucoup plus sûrs. LVS : Selon vous, l’arme la plus efficace pour combattre le cancer est la prévention. D.K. : La meilleure façon de vaincre un jour le cancer, c’est évidemment de l’éviter. Je pense que nous ne travaillons pas assez sur la prévention. Cette prévention passe par la connaissance des différentes causes du cancer. Aujourd’hui, nous avons une idée plus précise de ces causes. Un tiers des cancers sont causés par le tabac. C’est pourquoi il est impératif d’accentuer nos politiques de lutte contre le tabagisme, notamment chez les jeunes. Un autre tiers est dû aux hormones, pour ce tiers nous ne pouvons malheureusement rien prévenir. Par contre, nous pouvons, par exemple, veiller à ne pas recommander les traitements hormonaux substitutifs après la ménopause. 20 % des cancers sont causés par une mauvaise alimentation, 5% sont héréditaires, 6 à 7 % sont les conséquences de maladies infectieuses -l’hépatite pour le cancer du foie, le virus HPV pour le cancer de l’utérus- et environ 3 à 4 % sont la conséquence de radiations, qu’elles soient naturelles ou consécutives à un accident nucléaire. Donc, agir sur toutes ces causes, c’est agir sur de multiples terrains très complexes. Faire de la prévention, c’est une tâche complexe et très exigeante. Mais c’est la seule voie qui nous permettra d’obtenir des résultats probants. LVS : Dans les milieux médicaux nord-américains, le médecin annonce souvent sans ambages à un patient atteint d’un cancer que sa mort est inéluctable, qu’il lui reste peu de temps à vivre. Cette approche médicale n’est-elle pas abrupte et dénuée d’humanisme ? D.K. : Il faut prendre en considération deux grands principes médicaux. Dans le monde anglo-saxon, particulièrement en Amérique du Nord, la culture prédominante, qui a façonné l’organisation sociale, est une culture protestante alors qu’en Europe la culture prédominante est judéo-chrétienne, catholique. Deuxièmement, en Amérique du Nord et en Europe, le rapport à la réalité et à la mort est très différent. Par ailleurs, magazine LVS | septembre 2013 | 81
aux États-Unis, depuis une trentaine d’années, la jurisprudence du malpraxis impose en première nécessité la vérité alors qu’en France et dans les pays de l’Europe du Sud, la pratique médicale est basée sur un fondement éthique : ne pas choquer le patient. Les Européens non anglo-saxons privilégient le serment d’Hippocrate : primum non nocere, d’abord et avant tout ne pas nuire aux patients. Aux États-Unis, quand un médecin s’adresse à son patient, c’est d’abord et avant tout la vérité qui doit primer. Quand j’ai travaillé en Amérique, j’ai assisté à des consultations où on parlait aux patients de l’aggravation de leur maladie en des termes extrêmement clairs, et souvent très crus. Je n’ai pas de jugement à porter parce qu’en France et dans les contrées de l’Europe du Sud, on n’a pas la même culture qu’en Amérique du Nord. Dans les pays européens non anglo-saxons, on s’adresse aux malades mourants avec des formes d’expression moins crues, moins claires, plus aménagées. On essaye de faire en sorte que les malades ne meurent qu’une fois et pas deux fois ! Ça ne sert à rien de les faire mourir une première fois après leur avoir annoncé une nouvelle dévastatrice et très terrifiante. LVS : Aujourd’hui, deux conceptions très opposées de la médecine, la médecine conventionnelle et les médecines parallèles, certaines appelées « douces », se concurrencient vivement. Ces deux types de médecine sont-ils antinomiques ? D.K. : Il y a aujourd’hui deux conceptions de la médecine. La première conception soutient que la médecine ne peut trouver son sens que quand elle est efficace, quand elle est un moyen pour améliorer sensiblement l’état de santé d’un patient gravement malade, quand elle maîtrise une technique médicale complexe. C’est cette médecine qui nous a fait croire que le cancer serait vaincu avant l’an 2000. La deuxième conception de la médecine, plus ancienne, d’essence hippocratique, renaît aujourd’hui à travers un certain nombre de pratiques, dont les médecines parallèles. Ces médecines plus traditionnelles ont comme principal fondement la compassion et la charité envers celui qui souffre. Je crois que ni l’une ni l’autre de ces conceptions antinomiques de la médecine n’est la bonne. La vraie bonne médecine est entre les deux. Ce que souhaite avant tout un malade, c’est de guérir. Mais, en même temps, qui est le malade atteint d’un cancer qui acceptera la lourdeur des traitements de chimiothérapie qu’il doit subir si ceux-ci ne sont pas accompagnés d’un minimum de compassion humaine ? Un malade a autant besoin de la médecine pure et dure que de la médecine de la main tendue. Il y a autant de sens quand je m’assieds au bord du lit d’un malade, quand je lui tiens la main et que je n’ai plus rien d’autre à lui apporter que quelques paroles douces, que quand je maîtrise les chimiothérapies les plus complexes ou quand je fais une greffe de la moelle.
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LVS : Êtes-vous croyant ? Si oui, comment conciliez-vous votre croyance religieuse avec la rationalité scientifique, c’est-à-dire le dialogue constant entre le « rationnel » et « l'empirique » que requiert la pratique de votre métier de cancérologue et de chercheur scientifique ? D.K. : Je crois en D.ieu, mais je ne suis pas pratiquant. Dans ma vie quotidienne, je suis un grand laïc. Je vis cet état existentiel, qui peut paraître très paradoxal, comme un schizophrène, c’est-à-dire : j’ai une double attitude et une double personnalité. Dans mon intimité, je crois en D.ieu, mais pour le médecin et le scientifique que je suis — j’ai un doctorat en médecine et un doctorat en sciences —, la vie s’explique par un mécanisme génétique, par le hasard des protéiques. Les guérisons ne relèvent jamais du miracle ! Je puise dans ma foi la force de croire en la puissance de la vie. À mes yeux, c’est cette foi inébranlable en la vie qui justifie le prix que je demande à mes patients de payer pour essayer de survivre. Quand je veux faire du bien, je fais forcément du mal. C’est dans la foi — qui dans ses fondements les plus originels définit le bien et le malque je vais chercher la conviction que ce que je fais est bien. Mais, en même temps, comme médecin, je crois profondément en la science. Aucune de mes pratiques médicales n’a jamais été inspirée par autre chose que la science. Par contre, ce que j’ai toujours défendu fougueusement, et qui a toujours été mon cheval de bataille, notamment quand, en l’an 2000, à la demande du président Jacques Chirac, j’ai élaboré un plan national de lutte contre le cancer, c’est qu’il n’y a pas de bonne médecine si celle-ci n’est pas empreinte d’humanisme. Derrière la maladie, non seulement il y a un malade, mais il y a aussi un être humain que la maladie ne résumera jamais. Donc, tout acte médical, aussi parfait soit-il en ce qui a trait à sa qualité technique, n’a aucun sens s’il n’est pas accompagné aussi d’un soutien spirituel. LVS : Donc, les traditions spirituelles ont une influence sur votre travail médical ? D.K. : Je suis très intéressé par toutes les lectures d’exégèse des grandes religions. La Kabbale, les écrits talmudiques et l’histoire juive me passionnent. Je m’intéresse aussi beaucoup au bouddhisme et aux philosophies orientales. Je suis à la fois un scientifique lucide et un croyant en D.ieu invétéré. Pour moi, cette schizophrénie est tout à fait acceptable. La science sait poser et répondre à la question du comment, mais elle n’a pas su répondre jusqu’ici à l’éternelle question du pourquoi ? La religion répond d’une manière qui me semble peu crédible à la question du pourquoi ? Par contre, la religion me rend confortable avec l’idée que la science ne peut pas poser la question du pourquoi ?
LVS : La Science et le judaïsme sont-ils concomitants ou antinomiques ? D.K. : La Science et le Judaïsme convergent parfaitement dans leur approche visant à démontrer la cohérence du monde. Il est vrai que le développement des Sciences et des Techniques s’est effectué le plus souvent dans une perspective matérialiste, voire franchement antireligieuse. La Torah et la Science ont l’une et l’autre le sens, peut-être plus aigu chez l’homme de Torah que chez l’homme de Science, de la valeur et de l’intérêt que présente en soi le monde. La Torah et la Science s’accordent parfaitement sur l’idée que le monde a une signification. La Torah ira plus loin, puisqu’elle exigera, au regard des lois du monde, au-delà de leur aspect cognitif, une conduite bien définie, souvent un véritable engagement. L’homme de Science observe, scrute, recense, essaie d’expliquer. Au-delà de cette compréhension, le principal objectif d’un scientifique est que ses recherches empiriques engendrent des résultats concluants. Au-delà des secrets de l’univers, un scientifique cherche à résoudre des problèmes complexes. Il désire certes expliquer et éclaircir, mais aussi préciser et trouver des solutions théoriques d’abord, pratiques ensuite. L’homme de Torah observe aussi mais ne désire nullement réduire le secret de la Création à un phénomène anodin, sans difficulté de compréhension. Il est conscient que l’existence et la Création sont difficiles à sonder. Nous retrouvons chez le scientifique une attitude de questionnement propre à la démarche de l’homme de Torah : « De tout phénomène élucidé jaillissent de nouveaux problèmes ». LVS : À force de côtoyer la mort quotidiennement, n’avezvous pas fini par la banaliser ? D.K. : Non, au contraire, la mort me hante, surtout la mort des êtres que j’aime. Pour le cancérologue que je suis, la mort est quelque chose de matériel, je la vois et je la touche tous les jours. La sérénité est incompatible avec mon métier. Ma mission, mon combat, c’est de combattre la mort. Je traite une maladie qui est impitoyable et mortelle. La mort est un cruel adversaire que je ne peux pas banaliser, sinon ma vie n’aura plus aucun sens. Je me bats pour la vie et par amour de la vie. Ma confrontation à la mort et mon compagnonnage avec la mort me font aimer la vie à outrance. Je suis un grand passionné de la vie. LVS : L’écriture vous permet-elle de transcender les expériences de vie très ardues auxquelles vous êtes confronté quotidiennement dans la pratique de votre profession de cancérologue? D.K. : Je ne suis pas un écrivain professionnel, dans le sens où mon style littéraire n’est pas impressionnant. Je raconte simplement des histoires qui sont dans ma tête et dans mon coeur. Depuis que j’exerce le métier de cancérologue, j’aurais pu recourir aux services d’un psychiatre pour arriver à oublier tous les patients atteints d’un cancer qui sont morts
près de moi. Depuis trente-cinq ans, j’ai accompagné tellement de personnes à la mort, j’ai tant espéré et cru qu’elles guériraient… et puis j’ai perdu. Je pratique une cancérologie du désespoir. Il faut donc que je trouve quelque part le moyen de croire encore à la guérison de chaque nouveau malade que je traite. Je le fais en sortant tout ce chagrin de ma vie parce que je n’arrive plus à parler de mon désespoir et de ma tristesse quotidiens à ma femme, à mes enfants, à mes amis, à personne. C’est comme un soldat qui a vu trop de gens mourir au front. Quand il retourne dans son village, il ne parle plus parce que personne ne peut partager avec lui les expériences atroces et indicibles qu’il a vécues et qui resteront gravées dans sa mémoire jusqu’à la fin de ses jours. Écrire relève pour moi de la thérapie. C’est salvateur, c’est un exutoire. Cela me permet de transcender ma tristesse et la détresse auxquelles je suis confronté tous les jours dans mon métier. C’est pourquoi je n’aborde dans mes livres que des thèmes graves ayant un lien avec la cancérologie. Je romance ensuite ces thèmes parce que dans la fiction littéraire, on peut guérir les personnes malades, nous sommes moins impuissants que dans la réalité. Pour moi, écrire, c’est vivre dans un monde où tout devient possible, contrairement à la réalité qui prévaut dans ma vie professionnelle où, malheureusement, le possible est très restreint. Elias Levy magazine LVS | septembre 2013 | 83
Engagez-vous, qu’ils disaient
« Il y a ceux qui, comme moi, ont essayé plusieurs formes d’appartenance. Arrivées enfants, ma sœur et moi, avec nos parents qui n’avaient pas les moyens de nous envoyer à l’école juive et sans baptistère pour l’école française, nous avons été scolarisées à la PSBGM malgré notre méconnaissance de l’anglais. Après l’école et les fins de semaine, nous fréquentions les scouts, comme tant d’autres de notre âge; le District répondant aux besoins de jeunes immigrants Marocains que nous étions. Du CEGEP à la fin de mes études universitaires, j’ai vécu ma première désillusion communautaire : mes besoins, plus intellectuels disons, ne trouvant guère satisfaction dans les structures séfarades de l’époque. Début de carrière, jeune mariée et nouvelle maman; j’ai cherché réponses dans l’observance des pratiques du judaïsme, mais je n’y ai trouvé qu’enfermement, manque de profondeur et croyances aveugles. De pseudos leaders spirituels préoccupés à mener leurs guéguerres de petits ayatollahs, sans vision aucune, accrochés à leur statut comme la moule à son rocher. Nouvelle désillusion donc, sauf pour ceux attirés par le mouvement Habbad. Ce fut Zuché, pour les Séfarades francophones et Benoliel, pour ceux déjà anglicisés, jusqu’à l’avènement des Breslev. Et pour ma part, repli sur ma carrière et mes jeunes enfants. 30-40 ans, nouvelle tentative d’implication communautaire autour d’un projet anti-drogue pour les jeunes. Le leadership laissant à désirer, rien ne se réalisa et le comité mourut de sa belle mort. Encore une désillusion, malgré ma disponibilité, mon implication et ma profonde conviction du bien fondé d’un tel projet. Désirant malgré tout poursuivre mon engagement, j’ai par la suite siégé trois ans au Canadian Jewish Congress Québec Region, à titre de représentante de la CSQ, où ma contribution fut des plus limitées : les Séfarades n’ayant pas encore la présence qu’ils auront plus tard au sein d’une organisation Ashké pur jus, hautaine et dédaigneuse envers nous. Nouvelle désillusion, double, cette fois. J’ai constaté que «Ma communauté à la une» n’était qu’un slogan vide de sens et de l’esbroufe pour la galerie, que les Séfarades n’étaient guère en odeur de sainteté au sein de cette importante institution et que représenter la CSQ, ça voulait dire – du fait que je sois une femme ? - se taire, écouter et faire rapport aux vrais décideurs : le Président et les membres du CA; les mêmes à se coopter depuis des lustres, à s’échanger titres et fonctions, uniquement intéressés de savoir ce qui se tramait au CJC concernant la CSQ. Très peu pour moi. 30-40 ans, c’est également l’époque de l’école juive pour mes enfants. Là, je peux dire que ce fut ma plus grande désillusion et l’arnaque du siècle ! D’abord, ça nous a coûté un bras, mais en plus, comme parents, nous n’avions pas voix au chapitre. C’était «paie et tais-toi». Mon aîné a été victime d’intimidation, à un point tel qu’il ne voulait plus aller à l’école.
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Chaque jour, deux élèves de sa classe lui taxaient son lunch, quand ce n’était pas les quelques dollars que je lui donnais pour sa collation. Jusqu’au jour où il est rentré avec un œil au beurre noir, le nez en sang et son blouson déchiré. Quand finalement il accepta de tout me raconter, j’ai contacté la dizaine de parents dont les enfants avaient également été victimes et décidé de porter plainte pour voies de faits. Convoquée par la directrice, celle-ci m’a carrément dit que cette école n’était pas faite pour mon fils. J’ai donc dû le changer d’établissement en cours d’année. Récemment, en parlant avec des parents beaucoup plus jeunes que moi, il semblerait que dans cette école l’intimidation ait encore cours, que le déni, la politique de l’autruche et le «paie et tais-toi» soient toujours pratiques courantes. C’est dur à dire, mais j’en ai soupé de l’implication et je ne veux plus rien savoir de la Communauté. Quand il m’arrive parfois d’assister à certaines manifestations ou événements, je constate que ce sont encore et toujours les mêmes qui sont aux commandes. Est-ce qu’un jour ça va changer ? Je vous regarde avoir encore foi en notre Communauté et, je l’avoue, je vous admire, vous, si «croyant» malgré tout. Je vous envie presque, mais je n’y crois plus. Je n’appartiens plus aux 18-25 ans depuis longtemps et pourtant, je suis aussi perdue qu’eux ! Je suis déçue de moi et de la Communauté. Je ne me sens ni d’ici ni de là-bas. Ni Marocaine ni Française. Ni Québécoise ni Canadienne… Simplement Juive. Et encore, il ne faut surtout plus me parler de religion. J’en ai une écoeurantite aigue. En fait, je me sens bien comme minoritaire. C’est entourée d’ethniques, d’immigrants, de Canadiens anglais ou de Québécois minimalement ouverts, que ma judéité s’exprime le mieux. Dans cette différence, je me sens libre de l’exprimer et de faire ce qui me plait de l’amalgame de mon vécu et de mon héritage. Peut-être qu’un jour, vous réussirez à me remettre sur la voie des volontaires encore optimistes. Comme le disait Churchill : l’optimisme, c’est de passer d’échec en échec et d’être encore enthousiaste. Ne lâchez pas !» Suite à la parution de ma chronique Le maillon faible, en mars dernier, j’ai reçu, à ma grande surprise, une quinzaine de courriels de la part de parfaits inconnus - ce qui prouve bien que les gens lisent LVS - me faisant part de leurs états d’âme, commentaires ou doléances. J’avoue mon étonnement. Pourquoi m’écrire, à moi qui ne suis ni leader ni rédac-chef, encore moins le grand patron de la revue ? Et dès lors, que faire de ces messages remplis d’attentes et de déceptions, dont certains expriment même amertume et colère ? Sans doute auriez-vous raison, amis lecteurs, d’affirmer qu’une quinzaine de courriels ne traduisent nullement une tendance, pas plus qu’une hirondelle fait le printemps. C’est exact. De même qu’il
est exact de dire que ces témoignages ne sont pas représentatifs de la Communauté et qu’il n’y a rien de scientifique ni de statistiquement significatif dans leurs propos. De surcroît, je ne suis ni météorologue ni ornithologue, pas même statisticien. Il n’empêche. Une quinzaine d’individus, qui prennent la peine d’écrire pour faire part de leurs états d’âme, ce n’est pas rien. Alors quoi ? Aurai-je dû appuyer sur la touche delete et faire comme si ces messages n’avaient jamais existé ? Comme à la grande époque des soviets, quand on gommait des photos officielles, le visage du dignitaire tombé en disgrâce et son nom des manuels scolaires. Pas trop le genre de la maison. Auraije dû faire copier coller et les envoyer «À qui de droit», mais à qui au juste, au risque que ces courriels se retrouvent dans la filière D.ieu ? Pas du tout ma tasse de thé. Je me suis dit que cela pourrait sans doute vous intéresser, fidèles lecteurs, et qu’à ma façon et bien modestement, je serai le relayeur de ces Séfarades lambda qui, chacun dans son coin, avaient pris la peine d’écrire quelques mots, quelques phrases avant de les expédier sur la Toile, telle une bouteille à la mer, en espérant, sans trop y croire, qu’elle arrivera quelque part. Je persiste à penser qu’une quinzaine d’individus qui, après avoir lu une chronique, décident de se mettre au clavier, cela n’a rien d’anodin. Quand on pense qu’à l’université, un étudiant a soutenu sa thèse de doctorat à partir d’un seul et unique récit de vie. Une thèse de doctorat ! Autant dire qu’avec ces courriels, j’ai de quoi écrire un livre. Mais bon, ne nous égarons pas et revenons à ces inconnus. LVS est tirée à 6.000 copies (voir en page 2 de la revue) et je me suis laissé dire que chaque exemplaire est lu par quatre personnes, voire plus. À peine LVS est-elle arrivée au domicile, qu’on se l’arrache. Certains, pour être tranquilles, la lisent aux toilettes, tandis que d’autres en font leur lecture shabbatique, en lieu et place de la Parashat hachavoua. Zapper la Parasha un samedi sur douze, ce n’est certainement pas la fin du monde et le Grand Architecte est compréhensif. Tout juste le temps de lire un premier article, qu’on se fait taxer LVS par l’époux-se, le fils, la fille ou la belle-mère. On finit par la récupérer et quand tout le monde vaque à ses occupations, on s’empresse de la lire de bout en bout, avant d’en discuter en famille, le shabbat midi, en savourant la dafina. N’ayons crainte de le clamer haut et fort : chaque parution de LVS crée le buzz. Imaginez le tableau «Elle a vraiment de la gueule avec son look design, son papier glacé, sa mise en page et toute cette pub : Il est temps d’en améliorer le contenu; T’as vu, encore un portrait de lui. C’est rendu qu’il fait parler de lui à chaque numéro; Je ne savais pas qu’Untel avait encore été honoré; Qui c’est
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ce type qui va prendre la Présidence de la Communauté ?; Miskin, il est mort alors que j’étais en Floride; Dommage que ça coûte si cher, j’aurais bien voulu aller le voir en spectacle; Dis à ta fille d’aller dans ce club privé, Il paraît qu’il y a plein de jeunes hommes de son âge; Encore lui !; Tu devrais inscrire tes enfants dans cette école, ils offrent un super tarif pour les 2 prochaines années; D’après l’article, il a reçu un prix, sauf qu’ils étaient plusieurs à l’obtenir. Pourquoi on ne mentionne pas les autres ?; Alors c’est lui le nouveau président de l’école. Qui l’a élu ?» C’est bon, vous me suivez ? LVS ne laisse personne indifférent et chaque livraison est objet de discussions dans les chaumières, à la synagogue, au centre d’achats, dans la rue et partout ailleurs. Bref, tout le monde en parle. Un buzz, je vous dis. Plutôt que de retranscrire tels quels ces messages, j’ai choisi - privilège du chroniqueur - et par souci d’économie d’espace, de vous les présenter sous la forme d’une lettre : une missive écrite de la main d’une femme. Par galanterie et amour des femmes, certes, mais aussi parce que depuis la nuit des temps, le propos tenu par la gent féminine a toujours été plus convaincant, sans pour autant être acrimonieux. Je vous assure, ce n’est pas du pipeau et non, je ne vous roule pas dans la farine. Souvenez-vous d’Ève, notre mère à tous, des Matriarches, de Déborah, d’Esther, de Ruth la Moabite, de Golda Meir, sans oublier ma douce moitié ! Convaincus ? Une missive féminine donc, épurée, par éthique journalistique, de tout excès et écart de langage, de médisances, méchancetés, outrecuidances et autres grossièretés. Voici pour la méthode. Quant au contenu, patience, j’y arrive. Mais avant de me lancer une Fatwa ne perdez pas de vue, amis lecteurs, que je ne suis qu’un simple chroniqueur/relayeur et souvenez-vous de l’adage : Quelles que soient les réponses; l’important, ce sont les questions. De l’enthousiasme au désenchantement Convenons que la Communauté ne laisse personne indifférent et qu’à son sujet, chacun a sa petite idée. Plusieurs défendent sa raison d’être avec vigueur, tandis que d’autres remettent en question sa légitimité. Bon nombre se reconnaissent en elle, mais ils sont légion à superbement la dénigrer. Certains la jugent en phase avec les enjeux actuels et futurs, alors que d’autres la considèrent comme le vestige d’une époque révolue. Que l’on soit pour ou contre, qu’on l’aime ou la déteste, qu’on la juge d’intérêt public ou parfaitement inutile; il n’en reste pas moins que la Communauté, après un demi-siècle d’existence, nous titille encore et encore, et «vient nous chercher» pour toutes sortes de raisons. Pourquoi ceux-là mêmes, séduits par elle et prêts à lui consacrer temps, énergie, talents et compétences, sont-ils déçus après quelques
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tentatives d’implication et ne veulent plus entendre parler de la Communauté ? Voir arriver des bénévoles enthousiastes et déterminés, et assister à leur départ, désenchantés et désabusés; cela ne suscite-t-il nul questionnement d’un mode de fonctionnement et d’un mécanisme décisionnel ? Comment ne pas déceler, dans ces désillusions, la remise en question d’un style de leadership, le symptôme d’un inconfort voire d’un dysfonctionnement dans la gestion de la « chose » communautaire ? Pourquoi la Communauté, censée représenter l’ensemble des Séfarades, est-elle perçue, et je dis bien perçue, comme étant l’affaire d’une clique sélecte de personnes, d’un groupe restreint d’individus inconnus de la quasi-totalité des quelques vingt-cinq mille Séfarades Montréalais ? Comment se fait-il que ce sont, à quelques exceptions près, ces mêmes « Illustres » que l’on retrouve à la tête des organismes constituant la Communauté et dans les pages de LVS ? À contempler les portraits officiels ornant les murs de la Communauté, on a le sentiment diffus que ce cartel de dirigeants a conçu le populaire jeu des chaises musicales. Est-ce à dire que, hors ces leaders d’exception, point de salut ? Sont-ils à ce point indispensables et incontournables pour être inamovibles et indéboulonnables ? Quelle légitimité peut-on accorder à la nomination et la cooptation, à moins de lui consentir un autre sens ? Dans notre jeune histoire communautaire, l’élection au suffrage universel à la Présidence de la Communauté, malgré la lourdeur et sa complexité d’exécution, fut une expérience novatrice et fort courue, mais qui hélas ne fut jamais reconduite. Pourtant, connaître la vision, le projet, les priorités et le plan de match de tel ou tel candidat ou candidate et de son équipe susciterait, me semble-t-il, l’intérêt, la mobilisation et l’adhésion de bon nombre des quelques vingt-cinq mille Séfarades lambda. Il devrait, ne serait-ce que par souci de cohérence, en être de même des différentes constituantes : écoles, synagogues et services communautaires. À divers titres et degrés, comme usagers, bénéficiaires, contributeurs à l’appel juif unifié, bénévoles, parents ou simples citoyens; l’éducation, le culturel, le socio-récréatif, le social, les relations avec le milieu ambiant et les autres communautés ethniques, l’ensemble de la communauté juive, Israël, entre autres sujets, font partie de nos préoccupations et de nos intérêts ou, à tout le moins, du paysage politico-médiatique et de notre environnement. Pourquoi donc ne pas réitérer l’expérience ? D’autant qu’avec les réseaux sociaux, les nouvelles plateformes et les bases de données existantes, il serait aisé de rejoindre les quelques vingt-cinq mille Séfarades. Serait-ce si compliqué, une fois convenu des modalités et amendements à apporter aux statuts de la Communauté, de solliciter de nouveaux talents et de
nouveaux profils de leaders bénévoles afin de jeter un regard neuf sur NOTRE Institution, lui donner un nouveau souffle, une seconde jeunesse et susciter enthousiasme et engouement pour la « chose » communautaire ?
la désillusion et du désabusement. Un simple appel d’air, sous forme d’un renouveau du leadership communautaire et d’une plus grande transparence, saurait le raviver. À quand le retour de flamme ?
Que les choses soient claires et le propos univoque. Loin de moi de préjuger, ne serait-ce qu’un seul instant, de la sincérité et de l’engagement de nos présents leaders et dirigeants. Dieu seul sait combien l’implication communautaire exige abnégation et un authentique don de soi. Un quasi sacerdoce. Pour les côtoyer, j’en témoigne : la Communauté est inscrite dans leurs gènes et coule dans leurs veines. Elle leur tient à cœur et leur colle à la peau. Ceci étant dit, et je prends les précautions d’usage, d’où le conditionnel, il se dégage un sentiment diffus, un inconfort, voire un malaise, comme quoi les choses seraient organisées avec le gars des vues; que le choix de la Présidence se ferait en vase clos, derrière des portes tout aussi closes; que les orientations et les enjeux communautaires se définiraient, en partie, en fonction des centres d’intérêts des dirigeants en place; que transparence et reddition de comptes seraient étrangères à sa culture organisationnelle. Difficile donc, pour les simples mortels que nous sommes, de comprendre où la Communauté s’en va. Même si cela est infondé, ce qui est sans doute le cas, l’impression, voulant qu’elle vogue au gré des désirata de ses dirigeants, demeure.
D’ici là, fidèles lecteurs, je vous souhaite, à l’aube de l’an 5774, une Shana Tova Oumétouka et la santé pour vous et les êtres qui vous sont chers. Puissiez-vous vivre toute l’année dans la joie, le rire et l’allégresse. Maurice Chalom
Pour dissiper impression et malaise, la Communauté aurait tout à gagner à mieux communiquer et faire connaître le rationnel de ses orientations, de ses choix et de ses décisions. Sans aller jusqu’à parler de déficit démocratique, elle aurait intérêt, sans pour autant se la jouer Primaires à l’américaine, PQ, PLQ ou PS, à revoir le mode d’élection de sa Présidence, le fonctionnement de son conseil d’administration et de son directoire. Cinquante ans plus tard, les vingt-cinq mille Juifs, qui constituent la communauté séfarade du grand Montréal, ont le droit de choisir qui sera à la tête de leur destinée collective, fondée sur quelle vision, enjeux et défis. Droit à la consultation, devoir de transparence et obligation de résultats. Au cours des dernières années, l’avenir s’est décliné sur le mode des racines, du passé et de la continuité. Soit. N’est-il pas venu le moment de conjuguer ce même avenir au temps du futur et d’une vitalité renouvelée ? Sans doute. À relire les messages de ces anonymes, à entendre les attentes exprimées envers la Communauté de la part de connaissances ou d’inconnus croisés au gré des rencontres, l’intérêt pour la Communauté est toujours aussi prégnant. Qu’il s’agisse d’éducation juive, de culture, de solidarité et que sais-je encore; cet intérêt est partagé par bon nombre de nos coreligionnaires âgés de 18 à 88 ans. Cependant, sans doute l’air du temps, il couve, étouffé sous les cendres du cynisme, de
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Les réflexions d’une leader du « Printemps érable » Avec Léo Bureau-Blouin et Gabriel Nadeau-Dubois, Martine Desjardins a été l’une des personnalités les plus médiatisées lors du « Printemps érable ». Elle était alors présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), une association regroupant 125.000 membres, le plus grand groupe étudiant au Québec. Le 30 avril 2012 marquait la fin de son mandat et également la fin d’un chapitre de l’histoire d’une femme militante, dotée d’une forte personnalité mais qui sait rester simple et surtout réaliste quand il s’agit de porter un regard lucide sur une période assez mouvementée de l’histoire du Québec. Martine est titulaire d’une maîtrise en Sciences de l’éducation de l’Université de Sherbrooke et elle était inscrite au programme de doctorat dans cette même discipline à l’UQAM. Martine a accepté de nous rencontrer afin de mener une conversation à bâtons rompus portant sur son analyse du mouvement étudiant lors de la crise, de la situation et des défis que connaissent les universités au Québec ainsi que sa vision d’avenir. LVS : Comment se sent-on après avoir été au centre d’un mouvement étudiant qui a marqué la scène sociale et politique québécoise pendant de longs mois ?
Martine Desjardins
Martine Desjardins : Je pense que je vais célébrer ma retraite. Avec le recul, je peine à réaliser comment tout ce mouvement s’est orchestré. J’ai été confrontée, comme tous les jeunes d’ailleurs, à un quotidien très émotif, les rencontres avec les médias, les montées d’adrénaline, le feu de l’action. Je veux dire par là que tout le monde a été touché de près ou de loin par ces journées, et cela va prendre d’après moi des années pour s’en séparer. Je considère que ma position a été extrêmement intéressante au sein du mouvement, mais maintenant je suis devenue une simple citoyenne, une situation que je ne regrette pas. Pour la petite histoire je suis devenue, par ennui, vice- présidente au cycle supérieur en éducation à l’UQAM et un an plus tard j’ai été élue présidente de la FEUQ. Ceci a causé un contrecoup au niveau familial. Le moment est venu de faire le point et d’aller vers autre chose. LVS : Quel bilan établissez-vous après toutes ces longues négociations, très ardues avec le gouvernement libéral de Jean Charest d’abord, plus souples ensuite avec le gouvernement péquiste de Pauline Marois qui s’est contenté d’annuler la hausse des droits scolaires et de la remplacer par une indexation. Est-ce le verre à moitié plein ou plutôt à moitié vide ? M.D. : Sans hésitation je répondrais que c’est le verre à moitié plein. En effet si toutes nos demandes n’ont pas été acceptées, je pense que le problème central tournait autour de l’annulation de la hausse décrétée
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par le gouvernement libéral et qui fut à l’origine de la contestation et du vaste mouvement étudiant que nous avons vécu et auquel se sont greffées d’autres préoccupations d’ordre sociétal. C’est vrai qu’il n’y a pas eu de gel des frais de scolarité comme nous le souhaitions, des positions que nous avons défendues depuis 15 ans. À la fin de mon mandat je considère que j’ai pu rayer certaines prises de position qui figuraient dans nos demandes initiales. Je ne sais pas si nous sommes capables d’avoir un vrai débat d’idées plutôt qu’un débat idéologique et de refléter ce que pense la majorité. LVS : Comment envisagez-vous l’avenir de l’Université au Québec ? M.D. : Nous nous trouvons actuellement dans un changement de paradigmes. C’est une sorte de confrontation entre deux conceptions de l’éducation supérieure de l’université publique face à une hypothétique université privée comme on en voit aux États-Unis et dans d’autres pays. À mon avis tout va se jouer au cours des 5 prochaines années. En ce qui me concerne je considère que c’est une bonne chose qu’au Québec nous n’ayons pas d’université privée, nous aurions alors un enseignement supérieur à deux vitesses. Je remarque également que le public en général ne comprend pas encore pleinement le rôle de l’Université ni son système de financement. LVS : Ne pensez-vous pas que la gratuité, que certains syndicats étudiants réclament à corps et à cri, constitue la panacée à la revendication exprimée par un grand nombre d’étudiants et de citoyens de l’accessibilité universelle à l’université ? M.D. : Le problème tel que je le conçois, réside dans une accessibilité géographique à l’Université pour ceux qui résident en dehors des grands centres universitaires où l’on constate la plus grande concentration de professeurs. Je suis plutôt favorable à un juste milieu. Ceci dit, il y a des choix à faire comme par exemple doit-on à tout prix mettre toutes ses énergies dans le Plan Nord ou au contraire investir plutôt dans l’éducation? La tendance a été de gérer ce problème à « la petite semaine ». En fait on ne parle pas de l’éducation comme d’un bien commun. Quant au problème du financement des universités, les recteurs sont là pour administrer les fonds publics or les fonds collectés ou dépensés ne sont pas portés à l’attention du public.
LVS : On s’est entendu dire souvent que l’Université n’avait plus pour mission d’éduquer les étudiants mais surtout de les former pour satisfaire la demande du marché du travail. Partagez-vous cette opinion ? M.D. : Un fait est certain, les ordres professionnels au Québec on tendance à avoir une influence beaucoup plus grande que les dirigeants d’université. Il est à noter également que l’absence de culture générale est flagrante ce qui me laisse penser que l’on apprend aux jeunes à devenir des techniciens destinés à remplir une fonction bien déterminée dans les rouages économiques de la société. LVS :Ne pensez-vous pas que les mouvements étudiants se font systématiquement récupérer que ce soit par les syndicats ou par les partis politiques ? M.D. : C’est la première fois que nous assistons à une victoire aussi éclatante d’un mouvement étudiant par le biais d’une immense mobilisation. Les syndicats, c’est compréhensible, veulent apprendre de cette expérience. Des conférences ont été tenues à ce sujet. Quant aux partis politiques, ils visent le pouvoir et c’est évident qu’un « success story » est récupéré à son profit. Notre mouvement étant un groupe de pression, il doit demeurer indépendant et veiller surtout à se définir lui-même. LVS : Et si le Printemps Érable était à refaire, comment l’aborderiez-vous en tant que leader et quels enseignements avez-vous tiré de cette expérience que vous avez vécue ? M.D. : J’espère qu’il ne sera plus à refaire. Les conditions qui on existé à ce moment là étaient particulières et j’inclus parmi tant d’autres le climat qui a facilité la participation. Ce sont des éléments qu’on ne peut pas déterminer à l’avance. Nous avons fait face à un gouvernement en fin de règne. Pour agir il faut savoir attendre qu’un certain nombre d’éléments soient en place. Mais par dessus tout il faut toujours chercher à dialoguer. Elie Benchetrit
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Les Frères Musulmans, fossoyeurs des Printemps arabes Le 4 janvier 2011, Mohammed Bouazizi, un vendeur de légumes ambulant s’immolait par le feu à Sidi Bouzid, en Tunisie, pour protester contre les tracasseries de la police, qui l’empêchait systématiquement de pratiquer son petit commerce. Ce sacrifice déclenche un mouvement populaire d’une ampleur sans précédent, prenant pour cible le gouvernement despotique et corrompu de Zine el-Abidine Ben Ali, qui est contraint, dix jours plus tard, de se réfugier en Arabie Saoudite. Cette victoire d’un mouvement populaire spontané, animé au départ par des militants se réclamant de la démocratie, de la laïcité et des droits de l’homme donna, le signal à d’autres soulèvements dans des pays arabes : en l’espace de quelques mois, des dictateurs réputés inamovibles furent chassés du pouvoir : Hosni Moubarak en Egypte, Mouammar Kadhafi en Libye, Ali Abdallah Saleh au Yémen. D’autres révoltes populaires se heurtèrent à la résistance acharnée des tyrans en place : à Bahrein, la dynastie régnante d’obédience sunnite écrasa, avec l’aide de l’Arabie Saoudite, la contestation d’une population majoritairement chiite. En Syrie, où la révolte populaire contre le dictateur alaouite Bachar el Assad se transforme en une sanglante guerre civile à forte connotation religieuse (la majorité des insurgés appartiennent à la branche sunnite de l’Islam). Dans les autres pays de la région, les pouvoirs en place parviennent à contenir les mouvements de protestation, en satisfaisant provisoirement les besoins matériels de la population, comme en Algérie, ou en associant les mouvements islamistes au pouvoir, comme au Maroc et en Jordanie. Ces « printemps arabes », comme on les dénomma bucoliquement en Occident, furent salués comme une sorte d’équivalent oriental de la chute du mur de Berlin en 1989 : ils devaient conduire, par étapes, des pays dévastés par la dictature, la corruption et la misère de la plus grande partie de la population vers la démocratie et le développement économique. Quelque mois plus tard, le tableau est notablement différent : en Tunisie et en Egypte, le verdict des urnes consacre la victoire des courants islamistes radicaux, animés par les Frères musulmans et les salafistes, encore plus rigoristes dans leur interprétation littérale de la religion du Prophète. Les forces laïques et démocratiques, qui avaient été les moteurs des révoltes populaires, sont dépossédées de leur révolution, et tentent, sans succès jusqu’à présent de s’opposer à l’instauration progressive de théocraties despotiques. En Libye et au Yémen, sociétés fortement tribalisées, le chaos s’est installé à la place des dictatures militaires, laissant libre cours aux jihadistes se réclamant d’Al Qaïda d’établir dans ces pays des bases à partir desquelles ils s’efforcent de déstabiliser les régimes en place dans le Sahel et la péninsule arabique. Ces groupes extrémistes jouent également un rôle non négligeable en Syrie (Al Nosra) et en Irak, où les affrontements sanglants entre factions n’ont pas cessé après le retrait des forces américaines. 90 | magazine LVS | septembre 2013
Au sein de cette nébuleuse islamiste, les Frères Musulmans apparaissent comme la force politique et idéologique la plus organisée, capable de jouer, quand il le faut, le jeu démocratique, sans pour autant dévier de son objectif ultime : l’instauration d’un Califat islamique dans l’ensemble du monde arabo-musulman d’abord, et à l’échelle de la planète ensuite. Cette confrérie a été fondée en 1928 en Egypte, par Hassan el Banna, en réaction à l’occidentalisation du pays qui commençait à s’instaurer sous la domination britannique qui avait remplacé, en 1919, la tutelle ottomane. A la différence d’autres mouvements révolutionnaires arabes de l’époque, comme le Baas syro-irakien, les Frères musulmans ne visaient pas seulement à la libération nationale des peuples soumis à la tutelle coloniale, mais à une restauration des valeurs de l’Islam telles qu’ils les concevaient, dépourvues de toute compromission avec la modernité occidentale : primat des libertés individuelles sur la loi du groupe, opposition à l’égalité entre les hommes et les femmes et à la laïcité de l’Etat. La Charia, corpus juridique issu du Coran, suffit pour eux comme fondement de la Constitution, et fait office de code civil et pénal. Sévèrement réprimés, d’abord par les puissances coloniales, puis par les régimes nationalistes militaires leur ayant succédé, les Frères musulmans incarnèrent pendant un longue période la résistance à des régimes despotiques et corrompus, qui avaient entrainés leurs peuples dans des guerres désastreuses contre Israël, et accaparé au bénéfice d’une caste politico-militaire l’essentiel des richesses des pays qu’ils régissaient d’une main de fer. Le succès de la Confrérie au sein des populations démunies était lié aux actions sociales (hôpitaux, écoles, aide alimentaire) qu’elle mettait en œuvre, avec l’appui financier des monarchies pétrolières, et la bénédiction des principales puissances occidentales. Celles-ci, notamment les Etats-Unis, voyaient dans ces mouvements des partenaires contre des régimes ayant choisi l’alliance militaire et politique avec le bloc soviétique. Ce choix, quelques décennies plus tard, s’avéra désastreux : les régimes nationalistes, privés du soutien communiste, se lézardent et finissent, pour quelques uns d’entre eux, par s’écrouler, mais ceux qui leur succèdent sont loin d’adopter les critères démocratiques et libéraux espérés. Aujourd’hui au pouvoir à Gaza, en Égypte et en Tunisie, ils ne se sont pas mués en gestionnaires modérés de démocraties libérales. Certains observateurs des « printemps arabes » — bien naïfs
en dépit de leurs compétences universitaires — avaient pronostiqué que les Frères musulmans, arrivés au pouvoir allaient se convertir au pragmatisme, à l’image du parti islamiste turc AKP. Ils allaient, selon ces « experts » se transformer en partis islamo-démocrates, pendant musulman des partis conservateurs chrétien-démocrates européens, respectueux des libertés publiques et soucieux du bien-être économique de leurs peuples. Hélas, on est en train d’observer que c’est l’inverse qui se produit : le régime turc de Recep Tayyip Erdogan est en train de se durcir notablement, comme on a pu le voir dans la répression des manifestations de la place Taksim à Istanbul, et d’accentuer l’emprise de la religion sur l’Etat laïc fondé par Mustafa Kemal Atatürk. L’épreuve décisive viendra lorsque les dirigeants Frères musulmans seront amenés à remettre en jeu leur mandat devant le peuple. Leur incapacité à gérer l’économie des pays qu’ils gouvernent actuellement devraient, en bonne logique, être durement sanctionnée lors des prochains scrutins. Mais cette philosophie de l’alternance démocratique est absente du logiciel de la Confrérie : tenant leur mandat d’Allah, il ne voient aucune nécessité de s’en départir sans un ordre venu du ciel. Jusqu’à ce que le Califat universel soit instauré, leur mot d’ordre caché restera : « one man, one vote, one time ». Luc Rosenzweig
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C’est dans l’temps du jour de l’An Adopter une nouvelle religion assure au converti que le reste de sa vie se transforme en perpétuel festival de la Découverte et de l’Étonnement. Quand j’ai entrepris mon voyage spirituel vers le judaïsme, qui m’a menée au mikvé il y a 15 ans, je ne me doutais nullement de la richesse et de la diversité des connaissances que j’allais acquérir au fil des ans. Bien sûr, je savais qu’on m’apprendrait de nouvelles prières, de nouvelles règles alimentaires, comment « faire shabbat », mais jamais je ne me serais doutée qu’on allait m’enseigner comment attacher mes chaussures, l’importance de remercier Hashem après une visite au petit coin et la bonne manière de laver la laitue ! L’immersion dans le mikvé n’efface pas la mémoire vive du converti même si elle possède l’inouï pouvoir de reprogrammer son âme. Je l’avoue, la période de Noël, du jour de l’An, de Pâques, constitue un défi renouvelé à chaque année. Pas parce que je ressens un élan vers la religion de mes ancêtres, mais parce que ces fêtes évoquent des ancrages émotifs implantés au plus profond de soi, depuis la plus tendre enfance : Noël marque l’amour des parents pour leurs enfants. Pâques représente l’espoir et la vie nouvelle et le jour de l’An est synonyme de célébrations, de plaisirs et d’excès. La Fête des Fous Les Chrétiens du Moyen-Âge célébraient l’arrivée du Nouvel An par le festum fatuorum, ou Fête des Fous. Tout ce que la religion interdisait le reste de l’année était permis pendant les quatre jours que durait la fête. Le philosophe juif anglais Alain de Botton, dans son livre « Petit manuel de religion à l’usage des mécréants », raconte que les membres du clergé jouaient aux dés sur l’autel, brayaient comme des ânesses en chaleur au lieu de répondre « amen » pendant la messe — en l’honneur de l’âne qui a mené Jésus à Jérusalem —, prêchaient l’Évangile selon l’Ongle du gros orteil de Saint Luc, sans compter ceux qui urinaient du haut des clochers. Ces comportements étonnants chez des Catholiques, une « parodia sacra », étaient non seulement permis mais encouragés par les plus hautes autorités ecclésiastiques. En 1445, des érudits de la faculté de théologie de Paris ont expliqué aux évêques français que de se comporter comme des fous
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pendant quelques jours permettait aux croyants de respecter avec plus de zèle les enseignements de l’Église le reste du temps. Autrement dit, il fallait leur permettre de ‘lâcher leur fou’ pour qu’ils ne deviennent pas fous. La tradition s’est perpétuée en France jusqu’au 17e siècle. Victor Hugo y fait référence dans Notre-Dame de Paris. Même si les célébrations du Nouvel An, qui marquent en réalité la brit milah de Jésus, se déroulent plus sobrement aujourd’hui, il n’en demeure pas moins qu’elles demeurent joyeuses, même plus joyeuses encore que Noël qui a conservé une partie de son caractère religieux. Pas le Nouvel An. Personne au Québec de moins de 50 ans ne sait que le 1er janvier a été une fête judéo-chrétienne avant de devenir un gros party. Souvenirs d’enfance Enfant, j’anticipais avec bonheur le Nouvel An car nous allions réveillonner chez une tante que j’adorais et dont j’admirais le chic fou, en tout. Une femme d’une grande beauté, elle savait impartir aux plats qu’elle préparait, à la décoration de sa maison, aux robes du soir qu’elle cousait elle-même, une élégance hollywoodienne, malgré des moyens financiers limités. Pour la nuit du Nouvel An, son 3 1/2 au cœur d’HochelagaMaisonneuve était transformé en château, le temps d’une nuit glamour et d’un festin gargantuesque. Du moins, aux yeux de la fillette que j’étais. Les femmes buvaient des Tom Collins, les hommes du Canadian Club, et les enfants, du 7Up avec du sirop de grenadine et trois cerises au fond de nos verres de cristal en plastique. Chaque année, ma tante préparait son célèbre six-pâtes, une sorte de cassoulet dont il existe autant de recettes qu’il y a de villages au Québec. Certains l’appellent ‘tourtière du Lac Saint-Jean’. Gibier, viandes, volailles, patates et oignons, entre six rangs de pâte, mis à cuire pendant 12 heures, un délice. En écrivant ces lignes, je me dis que rien dans la cacheroute ne m’interdirait de servir un « six pâtes » ou « cipaille », à Rosh Hachana. Un mélange de bœuf, veau, poulet cacher conviendrait très bien.
Une fête déroutante
Un rituel sacré
J’avoue que je n’ai jamais été capable de trouver en moi le bon ton pour célébrer Roch Hachana. Si l’arrivée d’une nouvelle année constitue une bonne nouvelle en soi, j’ai vite fait de découvrir que le Nouvel An juif, tout sucré soit-il, possède aussi une dimension sacrée qui fait défaut au nouvel an de mon enfance.
Par contre, un de mes rituels juifs préféré est sans contredit le Tashlikh, que j’accomplis chaque année, après le repas du midi, le premier jour de Roch Hachana. J’ai été « élevée » dans la communauté ashkénaze, après tout. (Mes amis disent que je lis l’hébreu avec un accent polonais) J’habite tout près de la Rivière-des-Prairies où je me rends pour vider mes poches des miettes qui pourraient s’y trouver et « envoyer au fond de la mer tous mes péchés », comme le suggère le Livre de Michée.
Tout d’abord, l’arrivée de Rosh Hachana marque la fin de Elul et le début du cycle des prières de selichot et de la récitation des 13 attributs de Dieu. Bien que ma pratique religieuse pourrait se définir comme irrégulière, Elul n’a jamais été un mois comme les autres pour moi. J’ai toujours ressenti son pouvoir d’incitation à l’introspection. Et il s’en est passé des choses pendant Elul dans l’histoire juive : la troisième ascension du Sinaï par Moïse, la première publication du Shulhan Aruch, la fin du déluge, la naissance du Baal Shem Tov et le premier jour de la création, le 25 d’Elul. Sans oublier le shofar qui se fait entendre à ce temps de l’année, pas exactement une sonnerie qui évoque la joie. Pas plus que la liturgie de la fête elle-même qui exclut le Hallel, considéré comme trop joyeux pour un moment aussi solennel que le Jour du Jugement. Chez les haredim qui m’ont accompagnée vers la conversion, il était interdit à la table de Roch Hachana de parler d’autre chose que de la Tora. Les époux ne devraient pas avoir de relations sexuelles pendant Roch Hachana. Tout un party !
Le Nouvel An juif ne portera jamais les couleurs vives du Nouvel An de mon enfance. Il éclaire ma vie d’une lumière plus subtile. Par contre, Roch Hachana me rappelle que j’ai choisi une tradition spirituelle qui donne à l’humour une place centrale. Imaginez mon ahurissement, quand, sérieux comme un pape, mon rabbin m’a expliqué qu’on devait accomplir le rituel de Tashlikh devant un bassin d’eau courante contenant des poissons car, « comme D.ieu qui voit tout, leurs yeux ne se ferment jamais. » Vous ne pouvez pas savoir à quel point j’aime le judaïsme, même si laver la laitue en préparation des repas de fête, c’est long, c’est long ! Shana Tova. Lise Ravary
Lorsque je souhaite Shana Tova à quelqu’un, je ne sais jamais si je dois froncer les sourcils, prendre une tête d’enterrement ou sourire de toutes mes dents. Après tout, ma vie et la vie des gens que j’aime sont placées dans la balance jusqu’au jour du Grand Pardon. Dieu seul sait ce qui va se passer au terme des dix jours de pénitence avant Yom Kippour. Y’a pas de quoi rigoler, en effet. J’exagère un peu, quand même, mais le Nouvel An juif pour moi sera toujours une fête mi-sucrée, mi-salée, même si le miel remplace le sel sur la table à cette occasion.
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Comme à travers un verre dépoli Le judaïsme et l’interprétation des rêves « Bar Hedya était interprète de rêves. A celui qui donnait un paiement, il interprétait son rêve de façon favorable. Mais à celui qui ne lui donnait pas de paiement, il l’interprétait de façon défavorable. Une fois Abayé et Rava ont tous les deux vu le même rêve. Abayé lui a donné un zouz tandis que Rava ne lui en a pas donné. Et ils lui ont dit : dans notre rêve on nous a lu le verset : ton bœuf sera égorgé sous tes yeux etc. mais tu ne mangeras pas de sa chair. A Rava Bar Hedya a dit : ton affaire va s’effondrer et tu n’auras aucun plaisir, à cause de l’immense tristesse de ton cœur. Et à Abayé il a dit : ton affaire va fructifier et tu n’auras aucun plaisir à manger en raison de la joie de ton cœur » (Talmud, Berahot 56.a). Selon les recherches scientifiques les plus récentes, un homme de soixante dix ans aura rêvé durant cinq années consécutives. Si le sommeil tient dans un tiers du vécu de l’homme, vingt-cinq pour cent de ce temps-là serait habité par le rêve : un douzième de temps de la vie. Et peut-on étant donné l’importance du sujet, réduire ce temps de vie, car c’est bien de cela qu’il s’agit, et de son interprétation, à une pièce de monnaie. Le rêve n’est-il pas le vécu le plus secret et peut-être selon la vision freudienne le plus impudique car il est sans contrainte ? Il révèle par des symboles à peine cachés « une forêt touffue, une tour et des maisons, une gourmandise »…D’ailleurs, durant l’Inquisition, quiconque parle de ses rêves et essaie de les analyser ainsi que ceux d’autrui, est condamné comme hérétique. Il n’est pas jusqu’aux moines qui se lèvent tôt le matin et se couchent tard dans la nuit, qui ont dans leur charte une interdiction absolue de rêver. Et sous Napoléon 1er une loi est créée, qui sera amendée en 1992, (R34 7 du Code Napoléon) : une amende est prévue pour tous ceux qui font métier de deviner, de pronostiquer et d’expliquer les songes. Deux heures par nuit, nous nous habillons avec les symboles et les refoulements de ce que fut notre existence diurne. Sigmund Freud — à la fois petit-fils de rabbin et féru de la mythologie grecque — ne s’écrie-t-il pas : l’interprétation des rêves est « la voie royale pour parvenir à la connaissance de l’âme ». Plus tard il affinera sa théorie : l’analyse onirique est complexe, lente, pour ne pas dire approximative, même pour le rêveur ; le patient allongé confortablement sur le divan durant le temps de cette détente-absence trouvera le chemin le plus rapide pour accéder aux nœuds gordiens de son existence comme une manière de rêve éveillé où il se raconte, se dit, se contredit et dégage une émotion sur les sujets qu’incidemment il traverse, fait cette longue ascension du temps, chute, parfois, se ressaisit et au fond est tout seul à s’analyser simplement suivi par l’oreille du Maître. Pour Freud, le rêve de chaque individu, est la porte de son désir refoulé, « des excitations qui tendent à troubler le sommeil et auxquelles le dormeur réagit par les rêves », symptômes névrotiques — souvenirs marquants — même pour les bien-portants. Un de ses élèves, Jung, voit à travers la symbolique des songes un corpus universel qui dépasserait de loin le refoulement individuel de l’être, l’activité psychique nocturne, répondrait à un Adam originel et à un inconscient collectif : la frontière du rêve pour Freud s’arrête au rêveur et à son vécu plus ou moins ancien (exemple : « on fit sentir à un homme pendant son sommeil de l’eau de Cologne : il rêva qu’il se trouvait au Caire dans la boutique de Jean-Marie Farina, fait auquel 94 | magazine LVS | septembre 2013
se rattachait une foule d’aventures extravagantes; où il voit un pied l’écraser et devra chercher dans sa toute petite enfance le pied de sa mère le berçant près de son couffin). Jung, en revanche, estime que dans le rêve peut s’introduire une histoire collective, qui serait aussi vieille que le monde et vivre des visions, bien qu’extérieures, aussi réelles que s’ils les avaient vécues personnellement : l’inconscient collectif. Comme le raconte aussi cette histoire chinoise de Zhuang Zi (« Mong zi de mong », « Le rêve du papillon ») : est-ce moi qui rêve que je suis un papillon ou est-ce le papillon qui rêve qu’il est moi ? Ainsi, l’homme est-il un buvard ancestral qui reproduit les éléments qu’il traverse ? L’Egypte interprétait les rêves comme prémonitoires. Freud nous raconte que lorsqu’Alexandre le Grand entreprit son expédition de conquête, il avait dans sa suite les interprètes de songes les plus réputés. Les scribes, les oniromanciens et le pouvoir se pliaient à ces visions. Il n’est pas jusqu’aux Indiens d’Amérique du Nord qui fondaient toute leur liturgie (leur culte) sur les rêves et le Chamane, tout à la fois homme de science, médecin et interprétateur qui ordonnait les guerres, les chasses. Et la philosophie bantoue (Congo), pour laquelle les rêves sont essentiellement la route qui mène aux disparus et qui permet au rêveur, par une cohorte de symboles et de mythes, d’accéder à un message. L’Orient extrême n’est pas exempt du bien-fondé du rêve. Le bouddhisme tibétain et ses transmigrations (l’initié, pendant son sommeil, émet une aura et a la sensation de quitter son corps) font que le rêveur veut atteindre le visionnaire. Du Talmud à toutes les visions universelles, nous sommes tous d’accord : le rêveur s’imagine et rejoint un niveau insoupçonné de lui-même. Et si on lui interprète son rêve, ou s’il en décode les symboles, il atteindra une dimension, un envol supérieur dans le vécu. Pour reprendre l’expression de nos sages, on voit le rêve comme à travers un verre dépoli. Qu’en est-il du judaïsme ? Le roi David et Ahitophel (son conseiller qui le trahira) donnent le « la », « au Juste pas de bon rêve, au méchant point de mauvais » car le rêve est un enseignement, un chemin. Celui qui fait des rêves agréables, heureux, aura tendance à se relâcher et se prendra pour quelqu’un de bien et la faute sera tapie à sa porte. Quant à celui qui fait des rêves malheureux, à l’instar du roi David, ce dernier sera toujours aux aguets de la moindre faute, du moindre manquement et ainsi son rêve sera le plus grand des éducateurs.
En cheminant avec les sages du Talmud, des interprétations se dégagent, souvent par analogie en référence aux textes bibliques — un exemple, rabbi Hanina a dit : celui qui voit une source dans son rêve, voit la paix, car il est dit : « et les serviteurs d’Isaac ont creusé dans la vallée et ont trouvé là-bas une source d’eau-vive » ; ainsi le puits symbolise en quelque sorte la paix et donc l’harmonie, la source de vie ! Nous trouvons un nombre incalculable de rêves dont le Talmud énonce l’interprétation comme une connaissance immuable. La langue hébraïque est pour l’interprétateur une mine inépuisable. Jeu de consonnes dans le récit de Gédéon, lors du combat contre les Madianites. Le chef des armées ennemies rêve qu’un pain d’orge roule dans le camp et détruit tout sur son passage. L’ennemi en déduit que Gédéon va gagner la guerre. L’hébreu qui se fixe par les consonnes va jouer avec ces mots : de hlm découle halom (rêver), la racine hlm est commune au pain d’orge (lehem) et au combat (lhom)… Par une fuite de Mots signifiants Gédéon sut que le rêve fécondait la réalité. Quelqu’un rêve de boire du lait ? De manger de la viande ? Attrape un coq ? Voit un cygne ou un pélican ? Voit des abeilles ? Met les Tefillins ? Entend un roi qui s’irrite contre lui ? Tous ces rêves ont des clés qui se dressent comme un dictionnaire, une oniromancie juive notamment compilée par le kabbaliste Rav Schlomo Almoli (entre Istanbul et Constantinople, de 1490 à 1542). Il semblerait que le rêve ait bien ses codes et ses réponses. Et pourtant, Bar Hedya pour un zouz faisait la différence entre Abayé et Rava. Le Talmud conclut qu’au fond le rêve va selon l’interprétateur. Il dit aussi que la bonne lecture du rêve est lorsque le rêveur se reconnait. Rabbi Banaha l’Ancien nous raconte, par la voix de ses disciples, qu’il est allé voir pas moins de 24 interprètes de rêves qui lui donnèrent 24 visions différentes et il convient à notre grande surprise que les 24 sont vraies. Ne sont-elles pas en correspondance avec les 24 livres qui fondent la Bible, chaque livre est différent et ils sont tous vrais. Et il conclut : « Tous les rêves vont après la bouche ». Sans doute, tant qu’Israël se trouve en exil, il ne peut que rêver une vie et comme nous vivons la Torah comme un rêve et une promesse que D.ieu a faite à Abraham, qu’il a confirmée à Isaac et à Jacob, nous attendons de retourner dans notre terre pour peut-être réaliser comment Rabbi Banaha a pu marier les 24 interprétations pourtant différentes comme les facettes d’un diamant.
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Nous nous trouvons à la croisée de deux chemins : l’un nous révèle que le rêve a un corpus d’interprétation regroupé notamment dans la Guemarra berahot, sans parler de la vision nocturne où D.ieu dit au prophète : « Dans un songe je lui parlerai » (cette même Guemarra de nous annoncer que dans tout rêve il y a un soixantième de prophétie de même que dans le sommeil il y a un soixantième de la mort). L’autre direction nous conseille (rabbi Yehuda) de ne raconter nos rêves qu’à des amis ou à des gens bienveillants car c’est l’interprétation qui donnera réalité au songe. Il n’est pas jusqu’à Rabbi Meïr (130 environ) qui s’écrie pourtant suite à un rêve réalité : « les rêves n’ont aucune signification » (horayot 13 b), et il n’en tint aucun compte, ou, Schmuel lorsque son rêve était bon, disait : D.ieu m’a parlé en songe et quand il était mauvais, « les rêves n’ont aucune signification ». Se pose alors la question de Joseph, ses rêves furent-ils prophétiques et ainsi ceux, relatés dans le premier livre de la Bible, qu’il fit vis-à-vis du grand échanson et du panetier. Le Talmud de répondre, la réalisation du rêve va immanquablement selon son interprète : élément fondamental. Et peut-être par l’échelle de Jacob (les anges montent et descendent), D.ieu au dessus de lui, par les rêves de Daniel
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(le colosse à la tête d’or et aux pieds d’argile qui représente l’empire babylonien), atteignent le prophétique en émanant de l’immense qualité spirituelle de celui qui les interprète. L’inconscient devient « sur-conscience », conscience aiguë de la réalité, car la Bible et son étude offrent notamment à l’homme des possibilités insoupçonnées de vision, de prise de hauteur qui permettent une connaissance pénétrante du paysage humain. Comme l’écrit Maïmonide (Guide des Egarés, chap.48 t.2) « L’enchevêtrement de l’action humaine et de l’action providentielle est tel que nul être vivant ne peut en déceler le merveilleux mécanisme ». Aujourd’hui, la neurologie confirme que le sommeil et le rêve ont une fonction thérapeutique. Il n’en est pas moins vrai, en dépit des difficultés que chacun de nous lors du passage d’un rêve, éprouve à mettre en forme l’image émotionnelle ressentie sur l’instant, que le rêve devient peut-être comme une lettre qui n’a pas été ouverte (suivant Rav Hisda, qui vécut vers 300) et qui a besoin pour sa lecture d’un regard aiguisé car n’oublions pas que le rêve est aussi nécessaire que l’air que l’on respire, à l’équilibre biologique et mental. Il est une soupape, un révélateur des désirs, pour épouser la thèse de Freud, que nous n’osons pas toujours nous avouer. Daniel Radford
Menahem Lousky Analyste Actuariel À mon arrivée au Canada à l’âge de 15 ans et n’étant pas bilingue, ayant été scolarisé dans la langue Hébraïque, l’Académie Yavné m’a permis de relever ce défi et leur éducation a représenté un atout important dans mon cheminement scolaire. En effet, nous n’étions pas très nombreux dans les classes et de ce fait nous avions obtenu un enseignement personnalisé et chaleureux. Mes professeurs étaient disponibles pour répondre à mes questions et naturellement cela a augmenté mes chances de réussite. En revanche, leurs niveaux des connaissances thoraniques m’ont permis d’atteindre moi-même un niveau appréciable dans l’étude Talmudique. En effet les textes du Talmud présentent un caractère d’une logique et d’une compréhension telles que cela m’a permis de comprendre aisément le sens des mathématiques abstraits. L’apport de cette fabuleuse étude d’une part, et d’autre part leur respect constant par rapport à mes valeurs personnels ont engendré un renforcement de ces dernieres. Pour parler du domaine des loisirs dans l’enceinte de cette institution, leurs voyages organisés par leurs soins en Israël ont été l’objet d’un séjour extrêmement profitable en tout point de vue et j’en garde un souvenir unique et très heureux. Et pour relater mon activité actuelle, après avoir complété mon DEC en Psychologie, j’ai découvert une attirance envers la Théorie des Statistiques et de la Probabilité. J’ai gradué de l’Université Concordia avec un Bac en Actuariat et finance. J’ai également complété les 5 examens préliminaires de la Société des Actuaires. Vers la fin de mes études universitaires j’ai eu l’opportunité de travailler dans une compagnie qui offre des solutions actuarielles en matière de régime de retraite, et ce jusqu’à ce jour. Parallèlement à cela, je continue d’écrire les examens afin d’obtenir le titre de ‘’Fellow’’ de la Société des Actuaires. Je saisis cette occasion pour remercier tous ceux qui ont contribué à mon éducation dans votre école.
Daniel Attias, Promotion 2010 J’ai effectué presque toute ma scolarité à Yavné et j’ai le mur de ma chambre tapissé de tous les beaux souvenirs de mon parcours. Équipe de basket, sorties, shabatons, graduation à New York, etc. Ce que je retiens le plus de mes années à Yavné, c’est le dévouement de tous les intervenants et bénévoles pour nous donner toujours les meilleures conditions dans le respect de nos valeurs et de la Halacha. Le fait d’avoir eu des classes un peu plus petites (puisque les garçons et les filles sont séparés) m’a permis de créer des liens d’amitié très forts avec mes camarades. Il y a deux ans, après avoir gradué, j’ai décidé de combiner le meilleur des deux mondes comme à Yavné, soit Kodech et Hol. Je terminerai donc en juin si Dieu veut, un Bachelor en Administration à FDU (Fairleigh Dickenson University) au New Jersey, qui m’a permis
© Made in Yavné ישיבה יבנה
YAVNÉ Moshe Chalom Dahan Promotion 2009 Dès l’âge de la maternelle j’ai débuté ma vie d’étudiant à Yavné ; nous etions une petite classe et sommes restés une famille soudér. Ce fut une grande source d’inspiration pour moi où on m’a inculqué des valeurs inestimables. En mettant les choses en perspective, je peux maintenant dire que Yavné a été un pilier pour ma réussite et m’a permis de développer cette passion innée pour l’étude de la Torah. Les rabbins à Yavné on su me guider par leur encouragement et leur façon exemplaire de vivre la Torah au quotidien. Les souvenirs que j’ai de ma jeunesse sont parsemés de moments de joie en classe avec mes camarades avec qui je suis encore en contact aujourd’hui et avec qui j’ai développé des relations solides. Les cours étaient bien balancés entre le Chol et le Kodesh, ce qui nous a permis de nous instruire de connaissances nécessaires à la vie de tous les jours. En tant que jeunes garçons nous étions stimulés intellectuellement et aussi actifs physiquement. À Yavné le potentiel de chaque élève a toujours été pris en considération afin de l’aider à s’élever spirituellement pour grimper chaque échelon avec Emunah. Après avoir vécu une expérience comme Yavné, j’ai fait un choix éclairé d’aller à la Yeshiva en Israël où je suis resté 5 ans. Je suis présentement à Lakewood (BMG) où j’ approfondie mon étude de la Torah et du Dereh Erets. Je ne sais pas où je serai aujourd’hui si je n’avais pas eu cette éducation; une chose est certaine c’est que je suis sur le bon chemin et très reconnaissant envers mes parents , mes professeurs et bien sur mes Rabbanim qui m’ont poussé dans cette voie de Torah. Merci pour cette magnifique Yeshiva sépharade religieuse à Montreal et pour ces belles années d’apprentissage. suite à une entente avec la Yeshiva Tiferet Thora de faire créditer une bonne partie des cours suivis à la Yéshiva. Pour les autres cours universitaires spécifiques à ma concentration, mes années à Yavné m’ont très bien préparé à y faire face puisque j’ai été admis sur le “Dean’s list”. Mes autres camarades qui ont choisi une année de Kodech en Israël sont tous revenus l’an dernier et termineront avec brio leur première année de CEGEP en juin. Je remercie donc Yavné pour toutes ces belles années et j’encourage tous les parents soucieux de combiner la réussite académique et spirituelle à envoyer leurs enfants à Yavné.
Inspirer...... Apprendre...... Réussir...... pour bâtir l’avenir
Hanna Benarroch Promotion 2010 En tant qu’ancienne élève de la Yeshiva Yavné je tiens à vous exprimer ma satisfaction face à l’enseignement que j’ai reçu, bien que nuls mots ni expressions peuvent dégager les valeurs que cette école m’a inculqués : en matière Hol comme en Kodech. Plus je grandis, plus je réalise que La Yeshiva Yavné est l’essence de ma motivation dans tous les domaines. Elle m’a non seulement enseigné la rigueur et le savoir-faire, mais aussi des valeurs qui me suivront au fil de mon avenir. Elle m’a montré comment distinguer la carrière professionnelle du spirituel. La Yeshiva Yavné n’a pas joué le rôle d’une école ordinaire, mais plutôt celui d’une deuxième famille. Aujourd’hui, la plupart des jeunes ont tendance à hésiter sur le chemin vers lequel ils devraient se lancer, mais la Yeshiva Yavné m’a pleinement évité ce doute. Cette école a su me guider dans le meilleur des avenirs qu’une Bat-Israel pourrait avoir. L’école Yavné m’a appris à être fière de ma culture et de mes traditions tout en imprégnant en moi la volonté de suivre le chemin de nos ancêtres: celui de la Torah. Mes Morot m’ont non seulement enseigné la Torah avec amour, mais elles ont surtout su transmettre cet amour pour la Torah et les Mitzvot, ce qui a donné naissance à des valeurs qui ne se détacheront jamais de ma Néchama. Après mes études secondaires, j’ai été inspirée à passer un an au séminaire Bnos Chava à Jérusalem. J’ai maintenant gradué du CEGEP Dawson et je peux certainement dire que j’ai très bien été préparée pour réussir dans le domaine des sciences de la santé, que j’étudie actuellement. La confiance que Yavné a insufflée en moi et la émouna que j’ai héritée de mes Morot sont le moteur de ma réussite. Aujourd’hui je reconnais et j’apprécie tout le travail qui a été fait afin d’assurer la réussite des élèves à tous les niveaux. Je tiens à remercier tout le personnel de la Yeshiva Yavné pour leur courage et leur dévouement vers l’épanouissement de tous ses élèves.
Mikhal Benisty Soussan Promotion 2009 Je suis fière finissante de la Yéshiva Yavné, autrement connue pour la première promotion de filles à graduer. L’éducation inoubliable qui m’a été transmise aussi bien au niveau académique que spirituel n’est pas comparable. Jusqu’à présent, je continue à grandir et à m’épanouir grâce aux principes que mon
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YAVNÉ Myriam Amselem Promotion 2011 En tant que finissante de la Yéshiva Yavné, je tiens à exprimer ma gratitude envers cette merveilleuse école qui a contribué à mon éducation tant spirituelle que séculaire. Mes années à l’école Yavné se sont passées comme une nuit de sommeil avec une multitude de beaux rêves. Je me réveille et me voilà déjà quitter mon école, mes amies et mes professeurs pour franchir une nouvelle étape dans ma vie. Les jeunes filles avec lesquelles j’ai eu la chance de grandir étaient comme des sœurs à mes yeux et tous ses merveilleux souvenirs que nous avions partagé resteront à jamais graver dans ma mémoire. Nous nous encouragions mutuellement à surmonter les épreuves quotidiennes. Toutes ses années de travail acharnées et toutes ses nuits blanches que nous avions passées dans un cadre saint et religieux ont toujours été accompagnées de plaisir et de complicité. C’est un équilibre que très peu d’école peuvent se vanter d’atteindre. Par ailleurs, Yavné s’adapte efficacement aux besoins de chaque élève individuellement. Après mon secondaire, j’ai parcouru mes études au collège Dawson et je peux affirmer fièrement que Yavné m’a donné les bases nécessaires pour réussir dans le domaine des sciences de la santé. Aujourd’hui, je reconnais que Yavné m’a fourni les outils essentiels pour surmonter les obstacles qui surviennent dans ma vie de tous les jours. Mes morot m’ont non seulement enseigné des connaissances fondamentales mais aussi transmis un amour pour la Tora et des valeurs indispensables. Je tiens d’ailleurs à remercier profondément tout le personnel qui s’est impliqué dans l’éducation et dans l’épanouissement de tous ses élèves. Avec l’aide d`Hashem, je compte entreprendre mes études en science biopharmaceutique à l’Université de Montréal ou en ergothérapie à McGill. Yavné représente non seulement ma deuxième famille mais aussi l’essence de ma réussite.
école m’a enseignés. Mon école m’a permis de poursuivre mes études en sciences de la santé ainsi que de valoriser l’importance de la Torah. En ce moment, je me trouve à Lakewood où mon mari étudie au Kollel et où j’enseigne les maths, les sciences et l’histoire. Merci Yavné de m’avoir rendue la femme que je suis aujourd’hui.
Excellence académique dans un environnement de Torah
CULTURE « Kanlica » un très beau roman de J. Erol Russo de Fred Günsburg dans le Québec des années 60, où on lui confie le poste très prisé d’assistant Chef de l’Orchestre Symphonique de Montréal; son terrible accident de voiture, qui faillit lui coûter la vie, sur une route enneigée et très verglaçante des Cantons de l’Est; sa longue et pénible convalescence dans un Hôpital montréalais… Kanlica est un roman fascinant qui conjugue habilement des secrets enfouis sous les cendres d’un passé funeste, des tourments de l’Histoire, une ode vibrante à la musique classique, des réflexions politiques perspicaces sur l’Israël contemporain et une intrigue terrifiante. Un récit poignant mené tambour battant par Joseph Erol Russo. Ce roman est-il une auto-fiction, c’est-à-dire une œuvre fictive recelant des passages autobiographiques ?
Jacob Erol R. Russo Kanlica — qui se prononce Kanlidja en langue turque — est une petite et somptueuse baie sise au milieu du Bosphore, à quelques encablures d’Istanbul. Cet ancien village de pêcheurs tire son nom des yali —terme turc signifiant une demeure construite à proximité de l’eau — de couleur sang (Kan en langue turque) qui parsèment la côte des deux côtés du majestueux Pont de Mehmet le Conquérant — le deuxième pont longeant le détroit du Bosphore. Le village de Kanlica est aussi connu pour ses fameux yogourts, que l’on mange de préférence sucrés, au miel ou avec de la confiture. Un vrai délice ! Ce n’est pas par hasard que Joseph Erol Russo a intitulé Kanlica le très beau roman qu’il vient de commettre. Le personnage principal de ce récit très enlevant, le grand Chef d’Orchestre Fred Günsburg, Juif natif d’Istanbul, est depuis sa tendre enfance subjugué par la beauté indicible de ce bourg turc. Quarante ans après son départ de son pays natal, Fred Günsburg, devenu depuis un musicien et un Chef d’Orchestre de renommée mondiale, décide de retourner à Kanlica. Des souvenirs de jeunesse rejaillissent alors avec force. Des réminiscences très touchantes relatées avec brio par Joseph Erol Russo : l’initiation au monde de la musique; l’enfance dans un quartier d’Istanbul jouxtant une Mosquée; les 400 coups avec les petits copains dans des ruelles exotiques et cacophoniques; la Turquie des années 60; le coup d’État militaire qui renversa le gouvernement alors au pouvoir à Ankara; la passionnante Saga historique des Juifs de Turquie; l’arrivée 100 | magazine LVS | septembre 2013
« Certainement, répond Joseph Erol Russo sur un ton posé. J’ai laissé aller mon imagination, mais plusieurs épisodes relatés dans ce roman sont des faits réels que j’ai vécus. Né à Istanbul, dans une famille juive traditionaliste — son père était Sépharade et sa mère Ashkénaze —, Joseph Erol Russo émigra au Canada en 1964. Peu de temps après son arrivée au Québec, il fut victime d’un grave accident de voiture qui faillit lui faucher la vie. C’est à l’hôpital, dans un état quasi comateux, qu’il vivra une expérience métaphysique qui le bouleversera profondément et changera radicalement le cours de sa vie. Une expérience — existentielle qui l’a profondément marqué, le retour à la vie après avoir franchi le seuil de la mort, qu’il a racontée dans un livre autobiographique très poignant publié en 2005, Ailleurs. Joseph Erol Russo est aussi un artiste-peintre très talentueux. Le roman Kanlica est en vente dans plusieurs Librairies de Montréal, notamment dans les Librairies Renaud-Bray et à la Librairie Olivieri sise sur la Rue Côte-des-Neiges. Le Numéro ISBN de cet ouvrage est : 978-2-9808976-1-0. Joseph Erol Russo www.erol-art.com On peut contacter Joseph Erol Russo à l’adresse courriel : erol.r@videotron.ca et voir ses œuvres au www.erol-art.com Elias Levy La première version de cet article est parue dans la « Canadian Jewish News »
CULTURE
Raphaël Lévy nous présente son nouveau roman Raphaël Lévy n’est pas un inconnu dans notre communauté. En effet cet artiste et romancier nous avait déjà initié à sa prose poétique lors de son premier roman « L’homme qui voulait changer le monde » (Éditions Michel Brûlé, Montréal, 2009). Sa deuxième œuvre prend une direction originale en se penchant sur un personnage emblématique de la Bible, le Roi David. « La vie fabuleuse du berger devenu roi d’Israël* », tel est le titre du Roman Raphaël A. Lévy qu’il vient de publier aux Éditions Coups de Cœur, Montréal 2013. Pour en savoir plus sur les motivations de l’écrivain, La Voix Sépharade lui a posé quelques questions : LVS : Quelles ont été les raisons qui vous ont poussé à vous intéresser de près au personnage de David devenu deuxième Roi d’Israël après la mort de Saül et combien de temps avez-vous consacré à cet ouvrage ? Raphaël Lévy. : Le personnage d’un berger, le plus jeune de la fratrie de Yishay, que Samuel va oindre pour devenir Roi d’Israël, méritait qu’on lui consacre une histoire basée non seulement sur la fiction, nécessaire à tout roman, mais également sur des faits attestés par l’histoire elle-même. Je voudrais préciser que ceci est un projet dont je rêvais depuis dix ans. LVS : Quelles ont été les sources principales dans vos recherches ? R.L. : La lecture des textes sacrés, particulièrement la Bible (traduction du Rabbinat de France) Les deux livres de Samuel, Les Rois, les Chroniques, les Psaumes évidemment a été pour moi la source de mes recherches sur le personnage, J’y ai découvert une logique historique structurée. Je peux affirmer que les auteurs des textes bibliques ont accompli en quelque sorte un vrai travail de journalisme de par leur style et également de par la précision du détail dans le récit. Je voudrais également préciser que je n’ai pas voulu me lancer dans les textes du Midrash en raison des contradictions que l’on trouve, le récit biblique se suffit à lui-même. D’autre part il est important de signaler que l’on ne trouve point de favoritisme dans le récit biblique. Les personnages sont décrits tels qu’ils sont, c'est-à-dire avec leurs forces et leurs faiblesses. LVS : Pouvez-vous décrire quelques traits de ce personnage qui vous l’ont rendu si attachant au point d’en faire le héros de votre roman ?
fascine et qui, dans le contexte de son époque, est largement en avance sur son temps. Roi unificateur, il transforme Jébu, une modeste bourgade, en une capitale, Jérusalem, pour son royaume. Il a su créer la diplomatie dans un environnement difficile vis-à-vis des nations qui l’entouraient. Et surtout il sait rester humble, un trait de caractère dont il est fait peu mention, car ce modeste berger n’avait point l’ambition de devenir roi d’Israël. J’ai pris pour référence trois épisodes de la Bible : Tout d’abord il est oint par le prophète Samuel, on y trouve donc l’inspiration divine. En deuxième lieu il n’y avait pas urgence car Saül était toujours sur le trône et David le vénérait comme un père et considérait son fils Jonathan comme son frère. Lors de l’accession au trône, David est plébiscité par les douze tribus. Enfin nous retrouvons tout au long de son règne cette indéfectible et étroite relation avec D.ieu à travers les Psaumes. Un Roi guerrier, diplomate, poète et musicien. Comment ne pas être séduit et fasciné par un tel personnage ? LVS : C’est également un roi qui est en proie à des tragédies. R.L. : En effet celles-ci ont été nombreuses depuis la mort de son meilleur ami Jonathan, puis de son fils conçu avec Bethsabée, en passant par la révolte de son fils Absalon et la mort tragique de ce dernier qui le marque profondément, puis le viol de sa fille Tamar par le demi-frère de celle-ci. Il reste pour moi un personnage Racinien mais également pragmatique car il reste avant tout humain. LVS : Avez- vous rencontré des difficultés spécifiques lors de vos recherches ? R.L. : Quelques unes, surtout au niveau des noms bibliques qui ont tendance pour certains à se ressembler un peu trop, dans ces cas là j’ai pris la liberté de les transformer. Du point de vue style, la chronique ne fait pas dans le détail, alors j’ai fait appel à mon imagination surtout pour la description des us et coutumes et des paysages. LVS : Une définition en quelques mots du personnage. R.L. : Son génie était à la mesure de son humilité. Elie Benchetrit * Points de vente : Librairie Oliviéri, Librairie Outremont, Chapter Indigo, Renaud Bray, Victoria Gift Shop
R.L. : Le Roi David, tel que je l’ai découvert à travers mes recherches, reste avant tout un personnage humain qui magazine LVS | septembre 2013 | 101
CULTURE
Hervé Teboul, concepteur d’un nouveau « Centre d’art et loisirs » pour la communauté Beaucoup de gens connaissent l’œuvre aux accents méditerranéens du peintre Hervé Teboul, niçois sépharade ayant choisi Montréal comme terre d’accueil. Depuis son arrivée à Montréal il y a 17 ans, Hervé n’a pas chômé. Il a ouvert plusieurs galeries et écoles d’art, il a offert des cours dans des écoles et dans la communauté, vendu ses toiles aux plus grands amateurs d’art, dissipant à tous vents sa passion pour la peinture.
LVS : Il paraît que vous recevez ici des groupes du camp Benyamin. De quoi s’agit-il ? H.T. : Depuis le mois de juin, chaque semaine, le centre reçoit des groupes de 30 à 50 enfants âgés de 6 à 9 ans. Ils suivent un cour d’initiation à la peinture de deux heures, en partenariat avec la CSUQ jusqu’à l’automne. C’est une belle expérience de groupe pour tous. LVS : Qu’est-ce qui vous pousse à en faire autant dans la vie ?
Rencontre avec celui qui a la tête pleine de projets mais les pieds bien sur terre.
H.T. : J’aime partager ma passion et mon expérience artistique de plus de 20 ans. Mon désir est de rendre accessible à tous l’art, pour les bienfaits que cela procure. Ici, des gens de tous horizons se découvrent des talents et ce, dans un contexte non académique. Nous touchons toutes les tranches d’âge : en partant de petits de 3 ans à des personnes de l’âge d’or.
LVS : Parlez-nous de votre nouveau projet, le Centre d’art et de loisirs.
LVS : Comment se fait-il que vous qui êtes artiste soyez aussi un homme d’affaires ?
Hervé Teboul : En juillet 2012, après avoir passé quatre ans à donner des cours au YMHA à des adultes et à des enfants, j’ai décidé de monter un centre d’art et de loisirs. Je trouvais qu’il y avait un besoin pour un lieu artistique original desservant la communauté, avec en plus un espace casher et la possibilité d’y organiser des anniversaires d’enfants. Comme je voulais rester dans le quartier CDN-NDG près des familles, en octobre, avec mon équipe, nous avons ouvert nos portes sur la rue Queen Mary. Le concept : un espace avec plusieurs zones à aires ouvertes. Dans ce même lieu : une école de peinture pour adultes et enfants, une section bistro où l’on peut luncher le midi et prendre un café (tout est casher, la nourriture salée provenant du bistro Exception et les pâtisseries du délicieux traiteur Mimi Melon), une section a été aménagée pour les fêtes d’enfants où l’on peint des héros de films d’animation en regardant un film (technique d’arrêt sur image) et on mange un gâteau sur le même thème, sans lait ni noix pour personnes allergiques. Notre espace a aussi été pensé pour recevoir des gens qui veulent essayer une expérience en peinture mais ne veulent pas nécessairement s’engager dans un long processus de cours. Pour eux, nous avons créé le « café-peinture » où ils peuvent venir peindre pendant 2 heures, guidés par notre équipe, et repartir avec leur toile. Cela peut aussi devenir une activité familiale parent-enfant, pour 32$ par personne, matériel inclus ! Nous organisons aussi des vernissages dans notre espace aux immenses murs. Nous louons à des organisations, avec service de traiteur casher, soit en version buffet ou service aux tables. Ceci plaît bien aux différentes associations de la communauté.
H.T. : J’ai toujours eu une fibre artistique, ce qui s’est naturellement greffé à une formation commerciale. Avant d’arriver au Canada, j’étais directeur général d’un centre de thalassothérapie dans le Sud de la France. Et puis l’art m’a rattrapé avant ma retraite. Je n’ai pas choisi ma vocation, c’est elle qui m’a choisi voilà presque 20 ans ! (Rires)
Hervé Teboul
LVS : Votre opinion du Québec et du milieu de l’art ici ? H.T. : Au Québec, il y a beaucoup à faire dans le milieu artistique et peu d’artistes se lancent en affaires. Moi, j’ai la chance de pouvoir m’exprimer ainsi et d’essayer des nouvelles choses. Au Canada, nous avons la facilité de communiquer sans hiérarchie, une simplicité de vie, de l’espace, des possibilités en affaires et la confiance des gens. LVS : Pourquoi avoir misé cette fois-ci sur ce projet en particulier ? H.T. : Ceci est mon projet le plus complet, en liaison avec ma communauté… et quel plaisir ! Il touche tous les âges et toutes les classes sociales car tout le monde peut débourser une trentaine de dollars pour apprendre quelque chose de nouveau et repartir avec un rêve. Emmanuelle Assor Centre d’art et loisirs Signature Hervé Teboul Tel : 514-733-7776 et 514-947-4002 4978 rue Queen Mary (presqu’en face du métro Snowdown) Facebook : signatureherveteboul
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CULTURE
De Marrakech à Montréal Dans son livre de Marrakech à Montréal, Fiby Bensoussan rend hommage à une vie aussi imparfaite que touchante, ancrée au Maroc, nourrie de superstition et de chaleur humaine. Le livre se présente comme une collection de récits qui racontent, autant par son expérience personnelle que par des anecdotes amicales et des leçons talmudiques, un parcours auquel peuvent s'identifier de nombreux membres de la communauté séfarade de Montréal. Bien qu'elle y ait présenté un lexique des termes exotiques pour la compréhension du lecteur non-initié, il s'agit surtout d'un récit familial, au sens communautaire du terme. Fiby Bensoussan raconte à ceux qui peuvent se rappeler, comme autour d'un feu la nuit, les petits détails de leur existence, tantôt difficile, tantôt sublime. On se situe surtout dans l'enfance marocaine de Fiby Bensoussan, qui voit passer dans le Mellah dans lequel elle évolue un ivrogne musulman connaissant toutes les prières juives, des vieilles servantes pliées en deux, une chleue érudite et forte, un rabbin aveugle qui bénit les malades, ainsi que de nombreux autres personnages, colorés, typiques à un espace et à une époque, mais finalement universels.
Se dresse dans cette collection de récits une notion très forte de la communauté. Une petite communauté, tissée serrée, unie autour du judaïsme et de l'amour pour Israël, amour si fort qu'il marque tous les événements, autant heureux que malheureux. Même lors d'une présentation de théâtre avec sa troupe du Bel-Âge, qui se fait dans le bonheur et dans un esprit de jeunesse, Fiby Bensoussan se demande ce qui se passe en Israël, troublé régulièrement par des guerres et des agressions dans la région. Lorsque Fiby raconte son inquiétude, on sent évidemment que celle-ci est partagée par tous ses confrères et toutes ses consoeurs. On peut se demander si ce livre est accessible à tous. Bien que le lexique final puisse aider à comprendre certains termes, il semble évident que les idées, les expériences et les émotions s'adressent à un public particulier, ce qui n'est pas sans mérites. L'expérience de migration de Fiby s'ancrera dans le coeur de nombreux membres de la communauté séfarade du Québec, qui connaissent un rapport assez spécial avec la terre : terre d'origine au Maroc, terre d'accueil au Québec, et terre près du coeur en Israël. De Marrakech à Montréal, c'est une expérience spécifique, marquante, parfois difficile, qui inspire chez Fiby Bensoussan poésie, rire et solidarité. Bensoussan, Fiby, De Marrakech à Montréal, Éditions du Marais, 2009, 171 pages. Joseph Elfassi
CULTURE
Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld, « qui se ressemble s’assemble »… On peut facilement imaginer que Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld se connaissent. En effet, ces deux humoristes se sont rencontrés il y a quelques années et sont amis depuis. Mais que fait Jerry Seinfeld depuis que « Seinfeld », son émission culte a pris fin ? Il fait du stand up et il s’amuse. Avec «Comedians In Cars Getting Coffee», son récent projet web, il invite des stars américaines telles que David Letterman, Alec Baldwin, Larry David à boire un café et se balader avec lui en voiture d’époque. Cette fois-ci, l’invité était nul autre que Gad Elmaleh, et la voiture, c’était une 2 CV. Le résumé de l’émission ? En 17 minutes trop courtes, on a droit à une visite éclair du New York « français », une rencontre entre amis, des rires, des baguettes de pain croquées sur le vif et une dégustation de frites dites « French Fries » qui ne sont pas si françaises que ça… Petite séance de questions pour en savoir plus sur ce sympathique projet. LVS : Comment avez-vous rencontré Jerry Seinfeld ? Gad Elmaleh : On s'est rencontrés quand j'ai fait la voix française d’un des personnages de son film d’animation « Bee Movie ». De là est née une belle amitié et une grande complicité.
Jerry Seinfeld et Gad Emaleh LVS : Qu’est-ce qui vous lie tous les deux ? Un même humour des deux côtés de l'Atlantique, malgré la différence d'âge et de culture ?
Je pense que nous partageons le même goût, voire la même obsession pour l'observation des gens et des choses. C'est lui qui a décidé de m'inviter à son émission web « Comedians in Cars getting Coffee » (CCC). Comme d’habitude il n’invite que des humoristes américains, j'étais très touché d'être sur la liste des gens qui l’intéressent et le font rire !
G.E. : Il est vrai que nous venons de deux cultures différentes, lui étant Juif new-yorkais et moi Juif marocain. Mais je crois en l'universalité de l'humour. On se comprend et on partage les mêmes délires. J'adore sa façon de disséquer le quotidien et de le mettre en scène. Je crois qu’on peut aisément dire que nous sommes complices. D’ailleurs, plusieurs personnes qui ont vu le show on dit que l’on se ressemble. Qu’on a la même démarche, dans tous les sens du terme !
LVS : Comment s'est passé le tournage ?
LVS : Quelle est la suite de cette collaboration ?
G.E. : J’étais déjà à New York au printemps pour ma tournée nord-américaine alors c'était l'occasion rêvée pour le tournage...On a passé une superbe journée ensemble et en fait, je ne réalisais pas qu'on était filmés. Je passais juste du bon temps avec un ami que j'admire et qui me fait rire.
GE : Je suis très reconnaissant de cette invitation. Pour moi, c'est une manière formidable d'être présenté au public américain. C'est une opportunité que j’ai saisie et j’ai déjà hâte de revenir aux Etats-Unis.
LVS : Quel est l’incident le plus comique qui est arrivé pendant que vous étiez ensemble ? G.E. : Pendant le tournage, la voiture 2 chevaux tombait tout le temps en panne et Jerry était très agacé. Moi j'étais un peu gêné et je ne savais pas comment réagir… Mais en fin de compte, c’était assez comique !
LVS : Vos projets d’avenir en Amérique du Nord ? G.E. : Je joue en anglais dans le cadre d’un gala de Just for Laughs avec Eddie Izzard, le 25 juillet 2013 à la Place des Arts. Les 10, 11, 12 octobre 2013, je présenterai mon nouveau spectacle « Sans tambour » au Théâtre St Denis. J’adore Montréal et suis toujours content d’y revenir. Pour voir l’émission complète : http://comediansincarsgettingcoffee.com/gad-elmaleh-nolipsticks-for-nuns Emanuelle Assor magazine LVS | septembre 2013 | 105
FÉLICITATIONS Daniel Benlolo, récipiendaire du Prix du Gouverneur Général pour l'entraide
Son Excellence le très honorable David Johnston, Gouverneur général du Canada et le Cantor/Chazan Daniel Benlolo Crédit photo: Cpl Roxanne Shewchuk, Rideau Hall © Office of the Secretary to the Governor General (2013)
Cantor, chazan, directeur de la chorale de sa congrégation Beth Shalom à Ottawa, co-fondateur d’un conseil « inter-religieux », bénévole dévoué auprès des aînés et de personnes handicapées, récipiendaire de divers prix pour son dévouement envers sa communauté, il n’est pas surprenant d’apprendre que Daniel Benlolo s’est mérité Le Prix du Gouverneur général pour l'entraide, lors d’une cérémonie le 25 avril 2013, à Rideau Hall, Ottawa. Questions et réponses d’un grand homme qui ne finira jamais de nous surprendre. LVS : Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs le prix que vous venez de recevoir ? D.B. : Vous savez, dans notre communauté, beaucoup de choses passent sous le radar! Je ne savais même pas que j’allais recevoir un prix de ce genre jusqu’au moment où j’ai reçu un appel me l’annonçant. En fait, plusieurs personnes influentes avaient proposé ma candidature pour ce prix, une reconnaissance émanant du Bureau du gouverneur général du Canada. J’étais un des seuls Juifs le jour de la cérémonie et j’ai même eu droit à un repas cacher spécial pour ma famille et moi. Ce fut tout un honneur.
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DIVERS
LVS : D’après vous, pourquoi avez-vous mérité ce prix, vous qui en faites tant pour votre communauté ?
en espagnol, ladino et hébreu, préparer des Bnei-Mitzvah de jeunes, de personnes âgées et même handicapées.
D.B. : Depuis quelques années, je siège dans un conseil «inter-religieux» à Ottawa où je réside, et tous les ans nous allons au Parlement chanter avec mes confrères de toutes les religions. Notre message est que nous sommes unis et que nous avons établi un dialogue. Je suis aussi souvent invité à performer lors de réceptions dans les différentes ambassades à Ottawa. Dans ma congrégation, j’organise des activités et des dîners avec des jeunes de toutes origines car ces jeunes ont quelque chose à dire. Mais ce prix, je l’ai surtout reçu pour saluer le travail que je fais avec ma chorale pour personnes handicapées.
LVS : Quels sont vos projets actuels avec la chorale de TAMIR ?
LVS : Parlez-nous plus en détail de cette chorale et de votre travail bénévole auprès d’elle. D.B. : Tout a commencé avec mon implication en tant que « conseiller aux questions juives » pour l’organisme TAMIR s’occupant de personnes souffrant de déficiences intellectuelles et physiques. J’ai décidé de créer une chorale pour eux. Au fil des ans, ceci est devenu ma passion et maintenant je les amène partout : en Israël, en Floride, à Montréal, à Toronto, à Calgary… C’est un rassemblement incroyable de 22 hommes et femmes dont certains ne chantent même pas mais sont là pour le plaisir. LVS : Pourquoi être constamment en mouvement comme vous l’êtes ? D.B. : Dans la vie, il ne faut pas s’arrêter. Pleins de choses me tiennent à cœur: chanter dans des hôpitaux pour des personnes atteintes de maladies graves, faire connaître la chorale de TAMIR, créer des liens entre des gens de différentes confessions, ne pas oublier d’où l’on vient, chanter
D.B. : En ce moment, nous travaillons sur un projet qui s’intitule « True Colors ». Comme son nom l’indique, notre intention est de montrer au public qui nous sommes réellement. C’est incroyable de voir ce que cette chorale est capable de faire! Ils veulent constamment se dépasser, ce sont des gens vraiment dévoués. Et la réaction du grand public est fantastique : à la fin des spectacles, ils sont debout, émus. Actuellement, nous sommes en train de préparer un clip avec Ellen Degeneres et la chorale. Détails suivront… LVS : Qu’est-ce qui sous-tend toutes vos actions ? D.B. : Mes actions sont motivées par un esprit de partage. Je voudrais que les Ashkénazes connaissent mieux les Sépharades du Maroc. En éduquant les gens par le biais de notre culture, nous pourrons bâtir des ponts. Nous avons une connexion et si je devais livrer un message, je dirais que nous sommes très proches. LVS : Au-delà des honneurs, quel est le sens de ce prix que vous avez gagné ? D.B. : Pour moi, les prix, les distinctions, les titres, ce n’est pas ce qui compte. Ce qui est incroyable pour moi, c’est de vivre et donner de soi! J’aime voir le fruit de mon travail. Je suis touché quand les membres de ma chorale me disent « Look, I made it! ». Ceci me donne un ancrage dans la vie. Comme pour tout, je saisis le moment présent et je sens que j’accomplis quelque chose. Emmanuelle Assor
Félicitation à Raphael Mamane, le récipiendaire de la Bourse Moïse et Gladys Amselem De gauche a droite : Simon Bensimon, Directeur des amis canadiens de l'université hébraïque de Jérusalem à Montréal, Raphael Mamane, étudiant de premier cycle en mathématiques et physiques et récipiendaire de la bourse Moise et Gladys Amselem 2013, Lewis Dobrin, Membre du conseil d'administration des amis canadiens de l'université hébraïque de Jérusalem à Montréal.
magazine LVS | septembre 2013 | 107
FÉLICITATIONS
Joseph Elfassi, journaliste de LVS, lauréat du prix de la relève journalistique des Lys de la diversité culturelle Jeudi le 25 avril 2013, le premier gala des Lys de la diversité a eu lieu au Théâtre Outremont devant une salle bondée. Plus de 300 personnes de toutes origines, dont des journalistes connus et des artistes issus de diverses communautés culturelles, participaient à cet événement qui souligne l’excellence journalistique sous le thème de la diversité. Au cours de cette soirée colorée et joyeuse, une dizaine de prix ont été remis et des artistes dont le succès n’est plus à faire, tels Lynda Thalie et Boucar Diouf, se sont produits sur scène. Au nombre des lauJoseph Elfassi réats, Joseph Elfassi, notre chroniqueur livres (et bien plus !), s’est mérité le prix de la relève journalistique. Surpris et heureux de cette récompense, Joseph a bien voulu se prêter au jeu de l’entrevue, pour le plaisir de nos lecteurs.
j’ai dit. J’étais stressé, puis soulagé. En fait, j’aurais pu dire «Shalom» et remercier mes parents! Gagner un prix de la diversité culturelle, c’est une façon d’être encouragé malgré les obstacles que l’on vit lorsqu’on n’est pas tout à fait reconnu par l’establishment.
LVS : Vous avez reçu un prix pour votre travail journalistique, dans le cadre des Lys de la diversité culturelle. De quoi s’agissait-il ?
J.E. : Je ne pense pas qu’il y ait un avenir pour les médias traditionnels mais je serais ravi d’y participer (rires) !
Joseph Elfassi : J’avais soumis trois exemples de mon portefolio — un article de La Voix Sépharade « 100 jours plus tard », la grève étudiante, un vidéo web pour Petit Petit Gamin et une entrevue audio avec Mathieu Bock Côté — pour participer à ce concours. Et j’ai gagné le prix de la relève journalistique pour mon texte « Crise étudiante — 100 jours plus tard » publié dans la Voix sépharade en juin 2012. LVS : Est-ce que vous pensiez qu’il était possible de gagner le prix de la relève journalistique ? Que signifie pour vous la « diversité culturelle » ? J.E. : Honnêtement, je ne pensais pas que j’allais gagner, voyant surtout des journalistes consacrés comme Rima Elkouri être félicitée pour son travail dans le cadre du concours! Sur place, les prix remis remerciaient des journalistes bien établis de La Presse et de Radio-Canada et il me paraissait improbable d’être choisi. D’autant plus que je me sens comme un journaliste pas assez mainstream et à la fois ne faisant pas vraiment partie d’une minorité. Selon moi, je ne suis pas défini par mon héritage culturel mais j’en suis enrichi. LVS : Quelle a été votre réaction ce soir-là d’apprendre que vous avez gagné le prix de la relève journalistique ? J.E. : C’était un moment génial. Mais je n’avais pas envie de faire un discours comme les autres alors j’ai un peu improvisé ce que 108 | magazine LVS | septembre 2013
LVS : Quel a été votre cheminement dans l’univers médiatique ? J.E. : Depuis toujours, j’ai créé mon emploi dans le monde des médias. C’est difficile parfois mais il faut profiter de cette occasion de s’inventer constamment : les coûts sont réduits avec le web, il n’y a pas de ligne éditoriale, tu gères toi-même ton contenu, ton édition, ta diffusion, ta publicité… Je fais tout avec YouTube! Je suis mon propre diffuseur, mon propre C.A, mon magazine web. Je n’attends pas que Châtelaine ou L’Actualité me demandent d’écrire sur un sujet qui me plaît, je le fais moimême. Cela étant dit, un prix comme celui que j’ai gagné, est un coup de pouce très apprécié pour des jeunes qui essaient d’entrer dans un monde médiatique petit et hermétique. Cela m’a permis de faire de belles rencontres, de réseauter, d’élargir mon bassin de connaissances. LVS : Quel avenir selon vous pour les médias ?
LVS : Comment votre héritage juif, québécois, montréalais a défini votre identité et vous a mené là où vous êtes aujourd’hui ? J.E. : Depuis que je suis jeune, ce qui m’intéresse le plus, c’est de développer une pensée critique et rigoureuse. Etre juif ne me définit pas mais me donne une certaine sensibilité. Je suis né à Boston, j’ai vécu à Paris 6 ans puis à Rouyn-Noranda pendant 5 ans où j’ai fait mes études secondaires et mon CEGEP, pour atterrir à Montréal pendant 7 ans et tenter ma chance à Toronto pendant quelques mois, le temps d’un contrat à la télévision. Mais je me définis comme un Montréalais. LVS : Parlez-nous de vos projets d’avenir. J.E. : Je travaille sur un show d’humour avec mon ami Dave Morgan, dans le cadre du Zoofest en juillet 2013. Mon expérience avec Toronto est terminée et je reviens à Montréal pour faire du stand-up et en quête de nouveaux contrats dans le vaste domaine des communications : que ce soit la radio, le web, la télé, le web social, la presse écrite… J’aimerais aussi écrire un livre d’autofiction car écrire un livre est ma plus grande aspiration. Dans la vie, c’est simple : « I want to do it all! »
Emmanuelle Assor
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CARNET Naissances Nous avons le plaisir d’annoncer la naissance de Meir Baroukh, né le 18 juillet 2013, à Montréal. Un grand Mazal Tov est adressé aux heureux parents Ariella et Marc Oiknine, ainsi qu’à leurs adorables filles Leah et Elisheva . Au nom de toute l’équipe de la CSUQ, nous adressons toutes nos félicitations à notre cher collègue Charles Oiknine et sa femme Sylvia, ansi que Mme Marcelle Azoulay, qui profiteront pleinement de leur rôle de grands-parents. Mazal Tov !
Madame Josette Berdah a l’immense joie d’annoncer la naissance de son petit-fils Noah Eli, né le 28 mars 2013, fils de Laurent et Anita Chriqui et frère de Samuel. Un grand Mazal Tov !
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CARNET
Décès Nous avons le regret de vous annoncer le décès de Mme Fany Azoulay Z'L mère de notre chère collègue et amie Chantal Ouaknine, survenu le 16 avril, 2013 à Montréal.
C’est avec une immense tristesse que nous vous faisons part du décès de M. Joseph Assayag Z'L, survenu le 28 mai, 2013 à Montréal. Il était un grand communautaire et responsable de l’Appel Juif Unifié.
Nous avons la tristesse d’annoncer le décès de Monsieur Avraham Levy Z'L, le père du Rabbin Yaacov Levy, de la Synagogue Beth Rambam à Côte St-Luc.
C’est avec une immense tristesse que nous vous faisons part du décès de Madame Berthe Serfaty Z'L bat Vida, sœur de M. Judah Castiel, Président de L’institut de la Culture Sépharade et de Mme Lisette Eljarrat.Son décès est survenu à Madrid, samedi 15 juin 2013.
C’est avec tristesse que nous vous faisons part du décès de Madame Myriam Sabbah Z'L, mère d’Ariel Sabbah, Président de la congrégation Or Hahayim.
Une approche moderne et cachère d'une tradition vénérée.
Eric Suissa 5477 Rue Pare, Suite 101, Mont Royal, Quebec H4P 1P7 Tel.: 514.658.9355 Fax.: 514.658.9309 Cell.: 514.655.3328 info@eternelmonuments.com
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The present and future of Porsche cars in the greater Montreal region for the best selection of new and pre-owned cars.
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993 km