Quart d'heure pour l'essentiel - Pentecôte 2021

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VÉCU

Au fond du gouffre, elle trouve la force de se relever MARQUÉE PAR LE DÉCÈS DE SON FRÈRE PUIS DE SA FILLE, DES ABUS RÉPÉTÉS, UN DIVORCE ET DES ANNÉES D’INSOMNIE, MIRJAM MARTINEZ A SÉRIEUSEMENT SONGÉ AU SUICIDE. AUJOURD’HUI APAISÉE, ELLE REMERCIE DIEU, QUI L’A TIRÉE DE SON GOUFFRE. TÉMOIGNAGE POIGNANT. David Métreau

M

PHOTO: DR

irjam Martinez est aujourd’hui une femme rayonnante qui a du succès dans les affaires, à la tête d’une agence immobilière près de Lausanne, en Suisse. Une quadra à qui la vie semble réussir. Pourtant, si rien sur son visage ne trahit son passé trouble, la jeune femme a traversé l’enfer. «J’ai été tellement cassée, qu’il n’y avait plus que de la poudre», témoigne-t-elle. Pendant des années elle a manqué de sommeil au point de vouloir mettre fin à ses jours ou tout simplement se laisser mourir. Descente en enfer D’aussi loin qu’elle se souvienne, Mirjam Martinez a toujours eu le sentiment d’avoir été croyante. Son enfance est pourtant difficile, avec une mère absorbée par les problèmes de santé de l’une des sœurs et un père trop présent, «d’une manière très malsaine»; elle réalisera cela des années plus tard. L’adolescence est marquée par des douleurs parfois insupportables: parésie du visage et de la main droite, et des troubles alimentaires comme l’anorexie et la boulimie. Elle quitte le foyer familial à l’âge de seize ans, puis commence sa formation d’infirmière en pédiatrie à dix-neuf ans. Elle a vingtquatre ans quand son frère de dix ans son cadet, atteint d’une maladie neuromusculaire, décède. La jeune femme se marie quelques mois plus tard et après cinq ans de mariage naît Melina, une «magnifique petite fille». Mais à ses six mois, un cancer généralisé foudroyant est diagnostiqué. Le bébé meurt trois mois plus tard. Pendant trois ans, la maman a l’impression de mourir à chaque respiration tant la douleur est intense. «Je me suis senti trahie

par Dieu», confie-t-elle. La jeune femme hurle dans sa voiture ou avec un coussin devant sa bouche pendant des heures et se tape la tête contre les murs.

Epuisement sévère Sur le plan médical, les médecins diagnostiquent un épuisement physique extrêmement sévère et une dépression atypique grave. Pendant plusieurs mois, Mirjam Martinez ne Un divorce libérateur parvient quasiment plus à se lever. Plus tard, Mirjam Martinez tombe Couchée sur le sofa, les yeux fermés, enceinte d’une autre petite fille, Noe- elle remercie Dieu que personne lia. Cette naissance est suivie par n’exige ou n’attende quelque chose celle de Kalina. Cependant, depuis la d’elle, tant elle se sent faible. mort de Melina, En arrêt maladie la relation entre et malgré son état Mirjam et son critique, la jeune Elle n’a qu’une envie, mari se détéfemme refuse riore. Lui qui celle de dormir, même si l’assurance invaavait déjà tenlidité à laquelle c’est pour toujours dance à être elle aurait droit. «jaloux» et Elle décide de «dans le contrôle» le devient plus en- quitter son poste d’infirmière pour se core. La jeune femme en vient à avoir lancer dans l’immobilier en indépenpeur de lui. Des professionnels sug- dante, secteur où elle exerçait déjà gèrent à la maman de quitter le foyer une activité annexe. Pourtant, le au plus vite, mais elle n’en a pas la sommeil ne revient pas. Pendant force. Cette relation la détruit à petit trois ans, elle ne peut dormir que feu, jusqu’à en perdre le sommeil deux ou trois heures par nuit, grâce à ainsi qu’énormément de poids. «Je des médicaments. Pour les théran’étais plus que l’ombre de moi- peutes, cette hypervigilance est le même.» mécanisme de protection d’une perUn jour, Mirjam Martinez réalise sonne abusée: par son père pendant que si elle ne part pas, elle va mou- l’enfance, puis par son mari. rir. Elle demande alors le divorce. Une décision qui a été «un soulage- Ses filles la retiennent ment, mais aussi beaucoup de souf- Après trois ans, un médicament france». fonctionne enfin: l’agente immobi-

lière peut dormir, s’occuper de ses enfants et n’est plus obligée de faire des pauses toutes les deux heures. Mais un an et demi plus tard, le traitement cesse de faire effet. L’absence de sommeil, une fois de plus, la met à terre. Mirjam Martinez pense beaucoup à la mort. Elle n’a qu’une envie, celle de dormir, même si c’est pour toujours. La seule chose qui la retient encore, ce sont ses filles. Donc elle s’accroche. C’est au fond du gouffre que dans son for intérieur, elle reçoit la certitude que Jésus est avec elle, qu’il la porte et qu’il est là, à ses côtés, victorieux face à toutes les adversités qui se dressent sur son chemin. «Dans une vision, je me suis vue assise bien droite sans effort sur un magnifique cheval blanc devant lequel toutes les oppositions s’écartaient. J’ai compris que je ne devais rien faire. Seulement faire confiance à Jésus.» Vers la guérison A partir de là, l’entrepreneure, apaisée, assure s’être complètement «abandonnée à Dieu». «Je n’essayais plus de faire quoi que ce soit. Bien sûr je suivais toutes les thérapies, mais quelque chose en moi avait profondément changé!» Le chemin reste cependant long pour réapprendre à dormir, se remettre au sport ou reprendre une vie sociale après des années de désert. «J’ai vécu la présence de Dieu d’une manière incroyable. Rien ne lui est impossible. Il peut vous relever, même si vous êtes complètement brisés. Il peut vous guérir, même si vos blessures sont terriblement profondes. J’ai été tellement cassée qu’il n’y avait même plus de morcaux, mais que de la poudre», assure aujourd’hui Mirjam Martinez. «Mais Dieu me portait pendant toutes ces années.»

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