numéro 10 sept. - octobre 2013
Le magazine des initiatives positives
Pour construire une nouvelle société
DOSSIER Pourquoi a-t-on besoin des arbres ?
Interview
Le bon plan
l’ agriculture bio
Luc Jacquet Francis Hallé
Lyon
moins productive ? | Sept.- octobre |
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Editeur SARL EKO LIBRIS au capital de 59 000 €. 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com Magazine bimestriel numéro 10 Septembre - octobre 2013 Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore Directeur de la publication Patrick Oudin Directeur de la rédaction Cyril Dion Rédacteur en chef Pascal Greboval Directeur Artistique Yvan Saint-Jours Secrétaire de rédaction Lucile Vannier Contact contact@kaizen-magazine.fr Abonnements abonnement@kaizen-magazine.fr Comptabilité et administration administration@kaizen-magazine.fr Rédaction redaction@kaizen-magazine.fr Couverture Lars Van de Goor Maquette et mise en page Schuller-Graphic SIREN : 539 732 990 APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières les vallées
Régie de Publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse, Sandrine Novarino Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Aucun texte et illustration ne peuvent être reproduits sans autorisation du magazine. Merci.
Nous avons besoin des arbres
B
ien sûr, parce qu’ils contribuent à réguler notre climat. Parce qu’ils sont un élément essentiel et trop longtemps oublié de notre agriculture. Parce que le bois, bien géré, est sans doute l’une des ressources que nous allons redécouvrir pour construire nos maisons, nous chauffer, produire de l’énergie... Parce qu’ils sont beaux et que leur contact, depuis la nuit des temps, nourrit notre imaginaire, notre sensibilité. Parce qu’ils nous font du bien d’une façon étrange et quelque peu magique. Jim Harrison, grand écrivain américain, raconte dans son autobiographie En marge, qu’il part marcher dans les bois lorsque l’angoisse devient intolérable à l’intérieur de lui. Et qu’en quelques heures à peine, il a la sensation que les arbres ont absorbé le mal, l’ont dissous, l’ont guéri. Nous vous invitons en cette fin d’été à aller à la rencontre des arbres, nos totems et nos compagnons. Dans ce numéro dix, nous vous proposons aussi une toute nouvelle maquette. Nous avons voulu donner à votre magazine encore plus de caractère et d’esthétisme, considérant que la forme et le fond sont indissociables et que la beauté contribue à toucher autant, sinon plus, que les idées. Belle rentrée, Cyril Dion Directeur de la rédaction
édito
KAIZEN “Changer le monde pas à pas”
Kaizen késaco ? Kaizen est un mot japonais qui signifie littéralement “changement bon”. Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un second puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau. | Sept.- octobre |
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SOMMAIRE
10 septembre-octobre 2013 03 Édito 05 Sommaire 06 Manifeste
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Portfolio
Voyage d’un carnet, Patrick Evesque
07 Ils sont Kaizen
61 Changeons l’éco L’écolonomie
66 Yes they can Faire du yoga et de la méditation pour éviter la prison
68 Créateurs
de Culture
08 Colibris reporters
Interview de Luc Jacquet
11 Le meilleur du web 12 Désenfumage
52 Portraits
L’agriculture bio moins productive ?
Deux enseignants
16 Si on le faisait
54 DIY
On éteint la lumière
L’argile
20 Ensemble on va plus loin
58 Infographie Coût de l’électricité
Faut qu’on sème tous !
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Dossier
Pourquoi a-t-on besoin des arbres ?
73 Le sourire d’Yvan Je suis smart
74 Le bon plan Lyon, les pentes de la Croix-Rtousse
78 Sauvage et délicieux La mûre
85 Les Rendez-vous Kaizen 90 Chronique de Pierre Rabhi | Sept.- octobre |
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Texte CYRIL DION Dessin JULIE GRAUX
L’argument est bien rodé et passablement ancré dans l’esprit de tout un chacun. Si nous ne passons pas massivement à l’agriculture biologique en France et dans le monde, c’est parce qu’ « on ne pourrait pas nourrir la planète ». regardons concrètement ce qu’il en est.
D
epuis quelques années, études, contre-études, proclamations et démentis se succèdent. A tel point qu’il devient difficile de se faire une idée claire et de soutenir une position.
Les derniers travaux officiels, et certainement les plus communément admis sur la question, ont été publiés par la revue Nature en 2012. Ils s’appuient sur les résultats de 66 études. Les chercheurs américains et canadiens y ont mené 316 comparaisons entre bio et conventionnel sur 34 espèces. La synthèse de ces travaux montre qu’en moyenne, les rendements de l’AB sont 25% inférieurs à l’hectare. Avec une grande disparité selon les cultures : si les fruits n’ont un rendement inférieur 12
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que de 3% et les légumineuses de 8%, les légumes et le blé culminent à 33 et 40%. D’autres études en Europe et aux Etats-Unis (comme celle de l’Institut de recherche pour l’agriculture biologique en Suisse qui a duré 21 ans) s’accordent sur un rendement global de -20%. L’étude de Nature conclut donc qu’il sera impossible de nourrir l’ensemble de la planète avec l’agriculture biologique sans augmenter les surfaces cultivées. L’affaire semble entendue. Mais est-ce réellement si simple ?
PRODUCTIF DANS QUELLES CONDITIONS ? Si les rendements peuvent être froidement quantifiés et lissés dans des moyennes, ils sont réalisés dans des
conditions qui sont loin d’être uniformes sur la planète. Et en fonction du contexte, les résultats peuvent être très différents. Ainsi, dans un rapport présenté devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU le 8 mars 2011, Olivier de Schütter, rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation expliquait : « Les preuves scientifiques actuelles démontrent que les méthodes agroécologiques sont plus efficaces que le recours aux engrais chimiques pour stimuler la production alimentaire dans les régions difficiles où se concentre la faim. À ce jour, les projets agroécologiques menés dans 57 pays en développement ont
Le bio 25% moins productif
PRODUCTIF POUR QUOI FAIRE ? Certes, mais pourrons-nous réellement nourrir la population et faire vivre
les paysans français, européens, américains… avec ces méthodes ? Là aussi, plusieurs données viennent nous éclairer sur la question. L’étude menée par Agroparitech et l’INRA avec la ferme du Bec Hellouin (voir Kaizen 1) a montré, à mi-parcours, qu’il est possible de produire
bio sont sensiblement les mêmes que ceux du conventionnel pour ces grandes cultures. L’agriculture biologique est même 30% plus performante les années de sécheresse. Meilleure que les OGM « résistants à la sécheresse » qui améliorent de 6 à 13% les rendements classiques. Mais le plus inté-
l’équivalent de 200 paniers de légumes à 10 euros sur 2000 m2 et de générer un chiffre d’affaire de 32 000 euros annuel sur 1000 m2. Ce qui prouve que la culture maraîchère en permaculture peut être à la fois très rentable et très productive sur de petites surfaces. Parallèlement, l’étude comparative menée par l'institut Rodale de Pennsylvanie sur 30 ans, essentiellement sur du maïs et du soja (qui occupent 49% de l’espace agricole américain) révèle que passées les trois premières années, les rendements du
ressant est que l’agriculture biologique s’est montrée trois fois plus rentable, a nécessité 45% d'énergie en moins, amélioré la qualité des sols, augmenté la recharge des eaux souterraines (15 à 20% de plus) et réduit le ruissellement. Voilà qui est encourageant pour la partie énergétique, économique et sociale.
L’agroécologie, comme la permaculture, s’appuyant sur les services rendus par les écosystèmes, est donc bien plus performante
Mais une seconde série d’indications l’est peut-être plus encore. Publié jeudi 10 janvier 2013 par l'Institution of Mechanical Engineers (IME), l'organisation britannique des ingénieurs → | Sept.- octobre |
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Désenfumage
entraîné une augmentation de rendement moyenne de 80% pour les récoltes, avec un gain moyen de 116% pour tous les projets menés en Afrique. » Ce qui l’amène à conclure que « l'agroécologie peut doubler la production alimentaire de régions entières en 10 ans tout en réduisant la pauvreté rurale et en apportant des solutions au changement climatique. » Chiffres qui peuvent surprendre à la lumière de la première étude citée. Mais Olivier de Schütter s’est concentrée sur les zones où sévit la faim (même si des expériences en France et en Allemagne sont citées) et où le taux de mécanisation est assez faible. Dans le monde, 28 millions de paysans possèdent un tracteur, 25 millions utilisent la traction animale et 1,250 milliards de paysans n'ont que leurs mains pour travailler la terre. Or, pour obtenir des rendements aussi élevés, l’agriculture conventionnelle repose sur des performances technologiques et énergétiques (énergies fossiles pour la plupart) aussi bien qu’agronomiques. L’agroécologie, comme la permaculture, s’appuyant sur les services rendus par les écosystèmes, est donc bien plus performante dans des contextes où la mécanisation est limitée. Et bien plus pertinente pour lutter contre le dérèglement climatique, l’érosion, la pollution de l’eau, des sols, des aliments et bien entendu la faim. Dans une situation de raréfaction du pétrole bon marché, d’endettement croissant des paysans, de contraintes écologiques fortes et de crise économique globale, il est nettement plus réaliste de miser sur ces techniques au Nord comme au Sud, plutôt que d’imaginer équiper l’ensemble des paysans du globe en tracteurs, moissonneuses, OGM, engrais et produits phyto en tous genres…
Pollution lumineuse
On éteint la
la lumière
!
Texte Carole Testa Dessin Le Cil Vert
Observer les étoiles, protéger la faune nocturne et la santé humaine, économiser l'énergie : éteignons les lumières et ouvrons l’œil sur la nuit...
S
i la nuit est poétique, c'est parce qu'elle est obscure. Si la nuit est vivante, bruissante d'insectes, de crapauds et d'étoiles, c'est parce qu'elle n'est pas polluée par des taches de lumière artificielle. En dix ans, le nombre de points lumineux (lampadaires, vitrines et monuments éclairés)
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a augmenté de 30% en France. Pourtant il existe encore quelques endroits protégés comme les causses du Quercy, surnommés par la revue Ciel et Espace le Triangle Noir du Quercy en 2002. « On évalue la pollution lumineuse en comptant les étoiles dans un secteur déterminé. L'été à Paris, on observe 15 étoiles à l'oeil nu, contre 2000
dans notre triangle », estime Philippe Canceil, le président du club d'astronomie de Gigouzac, dans le Lot. Ce sont les astronomes qui ont lancé l'alerte les premiers, inquiets de voir de moins en moins d'étoiles dans un ciel de plus en plus luminescent. Depuis, de nombreux scientifiques se sont emparés de la question.
ce qui perturbe la chaîne alimentaire globale. « Toutes ces modifications du comportement fragilisent les espèces et diminuent leurs chances de survie », s'inquiète Agathe. Cette pollution atteint bien sûr les insectes, très sensibles à la lumière : « Ils utilisent l'éclairage artificiel comme point de mire, comme ils le font pour se repérer avec la lune, explique Philippe Canceil, qui se passionne aussi pour l'entomologie. Mais quand ils se rapprochent du point lumineux, ils tournent en spirale pour garder un angle constant avec lui. Ainsi piégés, 150 à 200 papillons meurent chaque nuit d’été sous chaque lampadaire». C'est particulièrement grave pour les insectes qui ne vivent qu'une nuit et doivent se reproduire rapidement. Cette hécatombe a bien sûr un impact sur la pollinisation, déjà mise à mal le jour par l'extinction des abeilles. Forte de ces observations, l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne (ANPCEN) propose une charte pour la protection de l'environnement nocturne. Le Parc Naturel Régional des Causses du Quercy est devenu partenaire en l’adaptant à la spécificité locale : des communes très rurales aux faibles capacités d'investissement. On y donne
Question santé, les mammifères ont besoin du noir absolu la nuit
La lumière artificielle, une vraie pollution
Les effets de la pollution lumineuse nocturne sont aussi flagrants sur la biodiversité. Agathe Khünel est chargée de mission Environnement au Parc Naturel Régional des Causses du Quercy. Elle explique que les chauvessouris sont extrêmement sensibles à la lumière, au point (pour certaines) de ne pas pouvoir s'approcher d'un point lumineux ni le survoler. La lumière perturbe la carte de migration des oiseaux nocturnes et oblige les batraciens à réduire leurs déplacements et leurs actes de reproduction pour ne pas être repérés par leurs prédateurs. Quant aux rapaces diurnes, ils profitent de la lumière artificielle pour chasser de nuit,
priorité à l'extinction des feux plutôt qu'à la rénovation des éclairages. Depuis 2010, sept communes du territoire ont signé la charte (bientôt neuf) et éteint les lampadaires entre minuit et 6 heures du matin (sauf une). Quatre communes ont rénové tout ou partie de leur éclairage.
Et la sécurité?
À Limogne-en-Quercy, le maire Francis Mercadier et son adjoint Alex Morfoise ont inscrit ce projet dans une démarche environnementale globale mais peinent à convaincre les autres élus. Selon Henri Longdot, de l'ANPCEN, les élus locaux sont trop souvent réticents et craignent de heurter leurs électeurs. « Quand nous animons des réunions d'information, la question qui revient c'est : Et l'insécurité ? Or, les méfaits sont généralement commis entre 17h et 19h, expliquet-il, et lorsque les lampadaires sont éteints, les malfaiteurs n'agissent plus car ils seraient vite repérés par leur lampe de poche ». Ce que confirme Jacques Mione, premier adjoint au maire de Ballancourt (Essonne) où les lampadaires sont éteints de minuit à 5h depuis avril 2012 : « Lors de notre réunion publique en octobre dernier, le colonel de gendarmerie a indiqué que les vols et cambriolages avaient stagné, voire un peu baissé, depuis l'extinction, et aucune agression dans la rue n'a été signalée. De plus, les nuisances →
Aucune agression dans la rue n'a été signalée
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et si on le faisait ?
Question santé, les mammifères ont besoin du noir absolu la nuit pour fabriquer la mélatonine, une hormone produite dans le cerveau, qui agit comme un antioxydant, stimule nos défenses immunitaires et régule notre cycle de sommeil. « C'est notre hormone anticancer, plaide Henri Longdot, délégué de l'ANPCEN (association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne). Deux agences de l'Institut américain de la Santé ont publié en 2005 une étude montrant que les femmes qui travaillent la nuit ont un taux de cancer du sein plus élevé.
Faut qu'on sème Objectif de l’opération « Un autre pain est possible » : sensibiliser les citadins aux enjeux de l’agriculture urbaine, à la sauvegarde des semences paysannes et au plaisir de faire ensemble. Texte Aude Raux Photos Jérômine Derigny
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Ensemble on va plus loin
F
rédéric Géral sème le blé et récolte… le plaisir du pain partagé. Coordinateur de l’association « Le sens de l’humus », basée à Montreuil (93), il est l’initiateur de l’opération « Un autre pain est possible ». A l’hiver 2011-2012, Fred propose à des jardiniers citadins de participer à son projet. Plusieurs étapes au programme : semer, moissonner, battre, vanner et moudre du blé. Enfin, mettre la main à la pâte pour façonner un pain 100 % urbain ! Au mois de mars, environ 25 kilos d'un blé issu de semences anciennes sont semés dans une vingtaine de jardins partagés et dans quelques jardins privés, situés à Montreuil, Bagnolet (93) ainsi que dans le nord-est de Paris. Soit, au total, un « champ » de 250 m2. On est loin des hectares cultivés à perte de vue dans la Beauce, mais aux yeux de Fred, « ce qui compte, c’est la forte valeur symbolique du pain ». Lors d’une journée ensoleillée au printemps se tient la ronde du blé : les participants visitent les parcelles dorées par les épis. La moisson a lieu en août, puis le blé est stocké jusqu’au battage et au vannage organisés lors de l’événement citoyen « La voie est libre » sur un tronçon de l’A186, fermée pour l’occasion à la circulation.
sauvegarder la biodiversité cultivée
Le pain, une forte valeur symbolique Le 20 octobre 2012, direction le Vexin, à une heure de route de Paris, chez un polyculteur et éleveur bio qui possède un moulin en pierre. Olivier Ranke observe le blé apporté dans un sac par les céréaliers en herbe. Verdict : le vannage n’a pas été assez précis. Une fois le bon grain et l’ivraie triés d’une main →
Le blé, issu de semences paysannes, pousse au pied des immeubles ou sur les toits, dans une vingtaine de jardins partagés | Sept.- octobre |
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Dossier
?
pourquoi a-t-on
besoin des
arbres
La forêt offre de jolis paysages et de belles balades. Mais son rôle va bien au delà. Source de biodiversité, elle participe à la régulation du climat. Indispensable à la vie sur terre, elle se retrouve sous la menace d’une exploitation industrielle à grande échelle totalement dévastatrice. Pourquoi a-t-on besoin des arbres ? Comment l’homme peut-il les protéger et se protéger lui-même ? Des scientifiques, des propriétaires forestiers et des sylviculteurs qui pratiquent une gestion alternative de la forêt livrent leur point de vue et nous invitent à agir pour sauvegarder ce patrimoine naturel. Aux arbres citoyens !
© P. Greboval
Dossier réalisé par Stéphane Perraud
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Pour aller plus loin Réseau pour les alternatives forestières www.reseau-relier.org/ForetProgramme Dryade Amap bois bûches dans la Drôme www.dryade26.org Pro Silva Association de forestiers pour une sylviculture irrégulière et proche de la nature www.prosilva.fr Débardage cheval environnement Recense une quinzaine de débardeurs en France www.debardage-cheval-environnement.com Séquoia Association d’arboristes, élagueurs, grimpeurs www.sequoia-online.com Autun Morvan Ecologie A l’origine du Groupement pour la sauvegarde des feuillus du Morvan http://autun.morvan.ecolog.free.fr Bois et buis Site du luthier et vendeur de bois Pascal Cranga www.boisbuis.com L’esprit du bois Centre de formation sur la facture instrumentale www.lespritdubois.net Association française d’agroforesterie www.agroforesterie.fr Agroof Société coopérative spécialisée en agroforesterie www.agroof.net
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Inra Nancy-Lorraine Centre spécialisé dans l’étude de la forêt et du bois www.nancy.inra.fr Forêt privée française Le site portail des forestiers privés www.foretpriveefrancaise.com Office national des forêts www.onf.fr Forêt de Brocéliande http://foret-broceliande.fr Visions d’origine Le site de la géobiologue Pascale Turbet Delof http://visionsdorigine.fr La voix enchantée Le site de la thérapeute Caroline Petitjean www.lavoixenchantee.com
Bibliographie Plaidoyer pour l’arbre, Francis Hallé, Actes Sud, 2005 Du bon usage des arbres, Francis Hallé, Actes Sud, 2011 Brocéliande, sur ses chemins de légende, Marie Tanneux, Ed. OuestFrance, 2009
Bref glossaire de sylviculture Eclaircie (syn. balivage) : Opération consistant à éliminer certains arbres d’une parcelle pour favoriser la
croissance et l’exploitation de ceux qui restent. Coupe claire : Coupe forte du houppier des arbres de façon à bien éclairer le sol. Coupe rase (syn. coupe à blanc) : Coupe de la totalité d’un peuplement forestier ou d’une parcelle, précédant généralement sa régénération artificielle. Coupe jardinatoire : Coupe ayant plusieurs buts simultanés : élimination des bois dépérissants, récolte dans les taillis et dans la futaie, aération des semis et éclairement du sol.
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Portfolio
Voyage
d’un carnet Le carnet de voyage est le lieu de mille histoires, celui où l’on dépose ses valises de souvenirs. Delphine et Patrick Evesque nous invitent à découvrir la fabrication de carnets népalais, remplis de sagesse dès leur conception. | Sept.- octobre |
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D.I.Y
ARGILE & BEAUTE : vive le retour à la terre !
Si simple, et pourtant si riche, l’argile est incontournable dans toute salle de bain naturelle. Bien choisie, elle saura vous rendre de nombreux services pour les soins du visage, du corps, des cheveux, des dents, et des petits bobos. Texte Sylvie Hampikian et Photos Pascal Greboval
P
L’ACTIF « ARGILE » SOUS LA LOUPE
our être exact, on ne devrait pas parler de l’argile au singulier. Car montmorillonite, kaolinite, bentonite, illite… sont autant d’argiles différentes. Pour le géologue, ce sont des roches sédimentaires provenant de l’altération de roches mères riches en silice : granit, gneiss, feldspath. Pour l’amateur de soins maison, l’argile est une poudre ou une pâte que l’on applique sur la peau pour l’assainir, la reminéraliser (c'est-à-dire lui apporter les minéraux nécessaires à sa santé) ou pour soulager nombre de petits bobos. On en trouve toute une gamme dans le commerce, de quoi même composer un véritable arc-en-ciel : verte, blanche, rouge, brune, grise, rose, 54
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jaune, bleue ! Toutes doivent leur couleur et leurs propriétés respectives à leur composition spécifique en minéraux (oxydes). Seule l’argile violette est colorée par un pigment naturel à base de manganèse. Chacune a ses caractéristiques, mais en pratique les deux argiles les plus utiles pour la cosmétique maison et les soins courants sont l’argile verte - ou montmorillonite - et l’argile blanche - ou kaolinite, celle-là même dont on fait la porcelaine (et qui donne un teint du même nom…). L’argile blanche est très douce et veloutée. Elle a des propriétés calmantes, adoucissantes et légèrement absorbantes. Elle convient à toutes les peaux (c’est une base de masque idéale), et plus particulière-
ment aux peaux sensibles ou irritées. Dans sa version ultra-ventilée, elle peut remplacer le dentifrice en cas de panne (voir recette). Cerise sur le gâteau, elle a des vertus hémostatiques remarquables : elle arrête le saignement en cas de coupure ou de blessure (à avoir sous la main si l’on est maladroit avec le rasoir ou le coupeongle !), il suffit alors de la saupoudrer sur la plaie. On peut aussi l’employer au quotidien sous la forme d’un « lait d’argile » qui fera office de démaquillant (efficace et économique). La préparation en est simple : dans un verre, versez l'équivalent d'une cuillerée à café d'argile blanche. Ajoutez 10 ml d'eau (la moitié du verre) et mélangez, de préférence avec une cuillère ou une
recette
de ne pas appliquer de masque à l’argile plus d’une fois par semaine. En revanche rien n’empêche d’appliquer tous les jours un « micro-cataplasme » d’argile en pâte, en petites touches sur les boutons. Il est possible de l’enrichir d’actifs antiseptiques comme certaines huiles essentielles (voir recette). Du côté des soins capillaires, un masque à l’agile appliqué sur les racines permet d’assainir les cheveux gras (bien répartir une pâte d’argile verte assez fluide, laisser poser 15 minutes et rincer abondamment). Outre tous ces soins de beauté, l’agile verte est particulièrement recommandée pour les remèdes de santé, en cataplasme par exemple sur les articulations douloureuses, sur les peaux irritées ou sur les plaies. L’argile blanche, l’argile verte (et les autres…) sont commercialisées en pâte toute prête le plus souvent conditionnée en
tube, ou en poudre. Cette seconde forme est économique et se conserve parfaitement bien et très longtemps. Pour obtenir une pâte, il suffira d’humecter la poudre avec de l’eau (grosso modo un peu moins que le volume de poudre, pour une pâte de bonne consistance). Vous pouvez aussi employer une eau florale - l’eau de rose par exemple. Pour terminer, il faut savoir qu’en règle générale on conseille de ne pas préparer la pâte d’argile ou les remèdes à base d’argile dans des récipients et/ou avec des ustensiles en métal ou en plastique, qui risqueraient de perturber ses propriétés ioniques. On recommande plutôt d’utiliser des articles en verre, porcelaine, terre cuite, bois ou silicone. Toutefois, pour préparer un simple masque, vous pouvez vous servir d’une cuillère en inox, à condition de ne pas trop « touiller » la préparation.
Dentifrice fraîcheur à l'argile Ingrédients : • 3 cuillerées à soupe rases d'argile blanche ultra-ventilée, • 1 cuillerée à café rase de bicarbonate de soude, • 8 gouttes d'huile essentielle de menthe douce (ou de menthe poivrée, ou de citron, ou d’anis au choix)
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1/ Dans une coupelle, mélangez les deux poudres.
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2/ Ajoutez l’huile essentielle et mélangez bien. 3/ Versez ensuite dans un pot et agitez bien. 4/ Humidifiez la brosse à dents et trempezla simplement dans la poudre.
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5/ Brossez-vous les dents avec la pâte qui se forme sur la brosse à dent au contact entre l’eau et la poudre. Mise en garde : par précaution, on recommande de ne pas employer ce dentifrice maison durant une longue période. Il sera toutefois utile en cas de panne, si vous devez attendre plusieurs jours avant de vous procurer un dentifrice du commerce. | Sept.- octobre |
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Fais-le toi-même
spatule en bois ou en porcelaine (on verra pourquoi plus loin). Vous devez obtenir une lotion laiteuse. Nettoyez votre visage avec ce lait, en l’appliquent à l'aide d'un coton ou d’une lingette lavable. Laissez sécher à l'air 1 ou 2 minutes et rincez. Voilà un soin nettoyant tout doux, efficace, économique et facile à emporter en voyage (un peu d’argile en poudre dans un petit pot et le tour est joué : il ne reste plus qu’à trouver un verre et de l’eau…). L’argile verte, pour sa part, est l’amie des adolescents (mais pas seulement), car elle n’a pas son pareil pour assainir les peaux à problèmes ou à tendance acnéique. Elle absorbe l’excès de sébum et assainit la flore microbienne de surface, sans toutefois la déséquilibrer voire la détruire, comme le font les solutions antiseptiques. Elle peut cependant s’avérer desséchante à la longue, c’est pourquoi l’on recommande
changeons l'éco
L'
ou comment produire plus
propre et moins cher Texte et Photos Laure Gratias
Une entreprise peut-elle concilier respect de l’environnement et rationalisation des dépenses? Petite démonstration chez Pocheco, leader français de l’enveloppe professionnelle.
S
’il existe des néologismes obscurs, celui-ci a le mérite d’être parlant : l’écolonomie, c’est le mariage de l’écologie et des économies, l’art de dépenser moins en adoptant des comportements plus verts. Un concept qui va à l’encontre des idées préconçues puisqu’on considère généralement que ce qui est écologique coûte nécessairement plus cher. Le créateur du terme « écolonomie », c’est Emmanuel Druon, président de Pocheco. « Je le dis haut et fort, clamet-il à qui veut l’entendre : il est plus économique de produire de manière écologique. Ce qui coûte cher, ce n’est pas l’écologie. C’est l’impensé. Le vite fait. Les petites économies de bout de chandelle sans recul, sans réflexion, sans courage, sans inventivité. » De fait, le pilier de l’écolonomie, c’est la cohérence. Plus la démarche est globale, plus les gains de productivité seront au rendez-vous. Chez Pocheco le défi était de taille, l’activité de l’entreprise est particulièrement gourmande en matières premières. En effet, pour produire 2 milliards d’enveloppes, l’usine de Forest-sur-Marque, dans le Nord, utilise chaque année 10 500 tonnes de papier. « Pour moi il était inacceptable
de tuer un arbre à chaque fois que nous fabriquions deux cent mille enveloppes », explique son président. D’autant que s’il faut un arbre pour deux cent mille enveloppes, il en faut cent mille pour assurer la production annuelle de Pocheco. Un calcul qui fait froid dans le dos. Emmanuel Druon cherche alors une solution. Ses investigations finissent par l’emmener en Finlande où il découvre un fabriquant de papier particulièrement soucieux de son impact écologique. Pour chaque arbre abattu, il en replante trois, choisis parmi des espèces variées et locales, afin de contribuer au développement de la biodiversité sur le site. Les engins qui coupent les arbres sont alimentés par du biocarburant produit à partir de matériaux organiques, notamment des débris de bois. De plus, ces machines ont été spécialement conçues avec des pattes pour ne pas écraser les jeunes pousses. En s’approvisionnant chez ce papetier depuis dix ans, Pocheco a contribué à la plantation de plus de deux millions d’arbres. Voilà qui entre en résonance avec les idées d’Emmanuel Druon. Ses convictions écologiques sont profondes et il n’entend pas les laisser à la porte de l’usine quand il y arrive →
il est plus économique de produire de manière écologique
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Du côté des s a l a r i é s Avant de devenir régleur chez Pocheco il y a un an et demi, Mehdi Zehr n’était pas particulièrement sensibilisé à l’environnement. « Comme j’ai pris l’habitude de faire attention sur mon lieu de travail, je me mets à changer mon comportement chez moi. Je trie mes déchets, je ne jette plus les papiers n’importe où... je n’y pense même pas, ça vient tout seul... ». Pour lui, l’usine est radicalement différente des autres lieux où il a travaillé. « Ici, conclut-il, c’est beaucoup plus agréable, c’est propre, il y a de la lumière, des plantes, c’est vivant. Je n’arriverais plus à travailler dans une usine classique. »
le matin. Au contraire, l’entreprise est pour lui un lieu des possibles, un théâtre idéal pour contribuer, à son échelle, à changer le monde. « Je ne vois pas d’autre moyen que de micro-agir, explique-t-il. Je ne peux pas régler les problèmes de la terre entière, mais en tant qu’entrepreneur, dans mon secteur, avec cent vingt personnes, je peux agir. »
PLUS PROPRE ET PLUS AUTONOME Chez Pocheco tout est donc repensé pour plus de cohérence. Les encres d’impression, par exemple, contiennent traditionnellement des produits toxiques. Ici, on utilise celles qui comportent moins de 2 % de COV (composés organiques volatils) alors que la loi préconise seulement d’être en dessous de 5 %. Leurs pigments sont naturels et les teintes fabriquées sur place, en fonction des besoins, pour éviter tout gaspillage. Les colles sont produites à base d’eau et ne contiennent aucun COV. Un bon point pour l’environnement, mais également pour la santé des salariés qui manipulent ces produits à longueur de journée. Ici on s’efforce de réduire au maximum les dépenses d’énergie de l’usine. Première étape : récupération et chasse au gaspi. La chaleur produite par les pompes à vide est réutilisée pour chauffer l’atelier. L’isolation des bâtiments a été refaite, du sol au plafond. L’une des grandes fiertés d’Emmanuel Druon, c’est la toiture végétalisée qui recouvre aujourd’hui toute l’usine. Elle est non seulement belle mais utile puisqu’elle permet de réguler naturellement la température du bâtiment. Il y a ajouté un récupérateur d’eau de pluie, 600 m2 de panneaux solaires générant de l’électricité, 62
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Protéger
aimer
c’est avant tout
Conversation avec
Luc Jacquet
© V. Munier
Photos Vincent Munier
Biologiste devenu réalisateur, révélé par le magnifique film La Marche de l’Empereur, Luc Jacquet revient avec Il était une forêt, déclaration d’amour au végétal. Rencontre… 68
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Luc Jacquet : Tout est parti d’une rencontre avec Francis Hallé (voir interview p26) qui m’a confié un jour : « Dans dix ans il n’y aura plus de forêt primaire tropicale dans le monde. Faire un grand film patrimonial sur ces forêts, en expliquant ce qu’elles sont, en montrant à quel point elles sont magnifiques peut être important pour que les gens puissent prendre des décisions et, peutêtre, les sauver ». Je n’étais jamais allé dans une forêt tropicale (je suis plutôt un homme du froid), et je suis parti avec lui en Guyane. Ce que j’y ai vu, et surtout ce qu’il m’a raconté, m’ont fasciné. Francis a le pouvoir de nous faire entrer dans le monde des arbres. Une fois un pied posé dans cet univers j’ai voulu faire partager ce que j’y avais découvert.
Cyril : Quelle a été votre expérience de la forêt ? Que vous a-t-elle apporté ?
Luc : Comme un certain nombre de gens, je trimballais beaucoup de fantasmes sur la forêt principalement hérités du cinéma et de la télévision : la jungle, les maladies, les parasites, les bêtes dangereuses… En réalité, la première chose que j’y ai ressentie, c’est un immense bien-être. Il y a quelque chose d’extraordinaire à évoluer au milieu de ces arbres immenses, dans ce foisonnement de vie. Quand on a touché à ce très grand sentiment de plaisir, tout le reste devient accessoire.
Cyril : Croyez-vous que nous ayons quelque chose à apprendre de la Nature ?
Luc : Je ne suis pas sûr que la nature ait quelque chose à nous dire, mais je suis certain que nous avons du mal à l’entendre. Nous vivons dans une société
se tiennent victorieux sur le champ de bataille et se rendent compte à quel point ils sont tristes. Précisément parce qu’ils ont tout conquis et que leur environnement est devenu pauvre, exagérément simple, sans originalité. L’Homme a été un si bon colonisateur que son attitude est en train de se retourner contre lui. qui va beaucoup trop vite par rapport à nos capacités à percevoir. Pour cela, nous avons besoin de plus de temps, de lenteur. Cela nous a frappés en arrivant dans la forêt. Nous n’y voyions rien. Nous étions dans un monde dense, chlorophyllien, nous entendions des bruits, mais nous avions la sensation (nous qui sommes pourtant des personnes au regard aiguisé) qu’il nous faudrait plusieurs semaines pour commencer à découvrir l’univers dans lequel nous nous trouvions et discerner ce qu’il s’y passait.
Cyril : Quelle est la place de la Nature dans votre vie ?
Luc : Mes grands-parents étaient paysans, j’ai vécu dans cet univers de la petite paysannerie où le rapport à la culture et à la nature est un mélange d’affrontement et de respect. Il faut faire pousser les choses, travailler la terre, se baisser, désherber. C’est une relation au monde qui donne la mesure de sa force. Puis j’ai été biologiste. Au fil du temps je suis passé d’un rapport d’affrontement et de recherche de domination à cette notion de respect et d’alerte. Pour autant, il me faut toujours lutter intérieurement contre mon élan à vouloir des champs bien alignés, des forêts bien propres… Parce que le monde, ce n’est pas cela. Parfois j’ai le sentiment d’incarner très fortement notre paradoxe d’humains : être les conquérants de la Nature qui
Cyril : Pourquoi est-il important de réaliser des films au cinéma plutôt qu’à la télévision, qui est un média encore plus grand public ?
Luc : La grande force du cinéma, ce qui en fait un art, c’est sa capacité à faire comprendre et ressentir des choses au spectateur sans avoir à passer par un chemin pédagogique ou didactique. C’est avant tout un vecteur d’émotion. Or, ce qui m’importait le plus avec ce film était de faire partager ce que j’avais ressenti, assis sur un arbre près de Francis Hallé. Ce moment où je me suis dit : il y a là un monde que j’ignore, que j’ai toujours considéré comme inerte, tout biologiste que je suis, mais qui est intensément vivant et intelligent. Le problème est qu’il va beaucoup trop doucement pour nous. Ou que nous allons beaucoup trop vite pour lui. Mais si, par une démarche intellectuelle nous parvenons à nous projeter dans son temps, nous découvrons que le mouvement est partout.
Cyril : Une étude américaine parue à l’été 2012 dans la revue Nature mettait en lumière que l’effondrement des écosystèmes entre 2040 et 2100 pourrait être tel que l’être humain serait | Sept.- octobre |
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Créateurs de culture
Cyril Dion : Pourquoi avoir tourné un film sur la forêt ?
Lyon
les pentes de la Croix-Rousse TEXTE ET PHOTOS PASCAL GREBOVAL
Heureux les habitants des pentes qui peuvent se rendre partout à pied ! Tout est bas de chez eux. Alors touristes ou Lyonnais des autres arrondissements, venez découvrir ce quartier riche en diversité. Bien chausser, bien saper
D
ans un coin propice à la marche, mieux vaut bien se chausser. Justement, en bas des pentes, vous tomberez sur Exshoes. Candice n'avait « plus envie de travailler, mais de se faire plaisir », de prendre son pied dans son métier. Pour atteindre son but, elle a choisi depuis 2007 de distribuer des chaussures fabriquées essentiellement avec des matériaux écologiques. Vous trouverez des marques telles que Natura Vista, Loints, Snipe, Bobux. Enfin les végans, trouveront sûrement chaussures à leurs pieds, …. sans cuir.
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Dans ce quartier de créateurs, chic peut rimer avec éthique. Laspid propose ainsi de beaux et bios vêtements pour femmes, hommes et bébés. Seb et Baj, deux amis d'enfance habitués à concevoir des teeshirts lors des événements festifs de leur jeunesse, en sont les sympathiques créateurs. En 2006, traversant une période de chômage, ils décident de transformer leur hobby en métier. Sensibles à l’écologie et au commerce équitable, ils trouvent en Ideo (marque qui n’existe plus actuellement, ndlr) un partenaire bienveillant pour lancer leur première collection. Suivant le rythme Kaizen, où l'on avance pas à pas, ils commencent par fabriquer 50 modèles qu’ils vendent exclusivement par internet. La qualité des tee-shirts et les visuels originaux leur a apporté le succès : « Nous
avons dépassé le seuil de pauvreté et espérons atteindre le smic cette année » admet Baj dans un large sourire. Pour autant ils maintiennent leur une petite collection (100 pièces maximum). A 50 mètres, c’est Kult & co. A l'origine du magasin, Annette et Nadège décident en 2009 de promouvoir les créateurs inscrits dans une démarche écologique et solidaire et organisent un festival autour de la mode éthique. L’évènement trouvant son public, elles se lancent en 2011 dans la création d’une entreprise inspirée de ce mouvement : le but sera de proposer un lieu de vente à des créateurs engagés dans une voie éthique. Entre marques permanentes et éphémères, un vaste choix s’offre ici à vous. Une fois par mois Kult & co organise des soirées troc, où les clientes (ce sont majoritairement des femmes) peuvent à loisir s’échanger les vêtements qu’elles ne portent plus. Et si la mode vous tente, Annette et Nadège proposent également des ateliers de couture hebdomadaires (25 € la séance). Pour parfaire votre look filez chez Rootsabaga. Toute petite, Mathilde « bricolait déjà les choses de la nature ». Plus tard, après le temps de réflexion d’un long voyage en Afrique de l’Ouest, elle décide de retourner à ses premières passions. Avec la fabrication de bijoux en pommes de pin, elle a désormais lancé un concept : « récupérer les belles choses de la nature pour en faire des bijoux, sans les dénaturer ». Proposant une gamme de bijoux 100 % naturels et très colorés, cette jeune créatrice ouvre de nouvelles possibilités aux femmes soucieuses de l’environnement autant que des belles choses. Vous voilà maintenant beaux et belles, prêts à déambuler dans les célèbres traboules. Mais à force de monter et descendre les escaliers du quartier l’envie vous viendra de vous reposer. Voici quelques adresses où il fait bon s’asseoir…
Laspid
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Cuisine SAUVAGE &DÉLICIEUX !
La mûre C’est le premier fruit d’automne que l’on aime picorer dans les haies. Durant tout l’été, le soleil aura permis de le gorger de sucre et d’arômes boisés ! Texte et Photos Linda Louis
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Les ronces ne forment pas qu’un rempart visuel dans les campagnes et les forêts, ce sont de vraies haies défensives, parfois impénétrables. Elles sauvent bien souvent la mise aux mammifères comme les sangliers, les renards, les blaireaux et les lièvres lorsqu’ils se sentent acculés par l’homme, notamment en période de chasse. Les oiseaux s’y cachent aussi pour se protéger, faire leur nid, se nourrir ou conserver leurs proies, comme la pie grièche écorcheur qui empale ses trophées sur les aiguillons crochus. Les ronces représentent et font partie d’un véritable petit écosystème, riche en biodiversité, qu’il conviendrait de laisser s’installer dans son jardin (taillez le massif épineux en hiver). Sur le plan botanique, la mûre n’est pas une baie mais une polydrupe, comme la framboise, qui fait d’ailleurs partie de la même famille botanique, les rubus. Toutes deux sont composées d’un agglomérat de drupéoles (petites billes gorgées de jus sucré et contenant une graine), accroché à un pédoncule. Une différence toutefois permet de les distinguer (car il existe des variétés de framboises noires) : la mûre n’est pas creuse, contrairement à la framboise dans laquelle on peut glisser le petit doigt ! La reconnaissance des rubus est tellement complexe qu’une discipline de classification spécifique a vu le jour, la batologie.
Identification de RubusFruticosus L. (Rosacées)
REcettes
F
in d’été. On voit sur les chemins de campagne ou en lisière des bois, des cueilleurs, paniers aux bras. C’est la saison de la mûre et souvent, la famille complète est au rendezvous pour glaner ce petit fruit sauvage reconnaissable à tous les coups. Bien entendu, il faudra y laisser quelques brins de peau, à cause des aiguillons acérés placés tout le long des grandes tiges arquées !
• Sous-arbrisseau moyennement touffu, de 1 à 3 m de haut, composé de grandes tiges ourlées d’aiguillons crochus, arquées et se marcottant dans le sol. • Feuilles moyennes, coriaces, ovales et pointues, dentées sur les bords, épineuses sur la nervure intérieure, vert foncé. • Fleurs assez petites, blanches à rosées, composées de 5 pétales. • Fruits composés de drupéoles noires et brillantes, de 1 à 2 cm de long, juteux, sucrés et moyennement acides • Récolte des jeunes feuilles en mai/juin, des fruits d’août à octobre. Confusion possible avec le fruit du mûrier noir (Morus nigra), arbre originaire d’Asie occidentale, implanté dans les jardins ou naturalisé dans les régions du Sud de la France.
La couleur noire de la mûre est due à la présence d’anthocyanes, puissants antioxydants pigmentés permettant de lutter contre le vieillissement cellulaire (on les retrouve également dans la myrtille, le cassis ou tout autre fruit sombre, bleuté et/ou rouge). Elle regorge d’une multitude de bienfaits thérapeutiques, se cuisine à toutes les sauces et fait partie de nos meilleurs fruits sauvages. Bref, avec elle, le début de l’automne nous semble tellement plus doux…
Vertus et usages thérapeutiques Riche en vitamines (A, B, C et E) et en oligo-éléments (phosphore, magnésium, potassium, fer, manganèse), la mûre est un ingrédient de premier choix pour les personnes convalescentes, âgées ou les étudiants (de quoi bien attaquer la rentrée). Elle est connue pour ses vertus astringentes, toniques et antiseptiques, mais aussi pour son action sur le transit. • Constipation passagère : cure de mûres fraiches, à volonté. • Piqûres d’insecte ou d’ortie : quelques feuilles froissées et frottées à l’endroit de la piqûre, pour calmer les démangeaisons. • Digestion : 1 c. à c. de feuilles sèches (cueillies jeunes, avant la floraison) diluée dans 200 ml d’eau bouillante. • Infection urinaires : tisane, 4 à 5 fois par jour.
• Infections buccales, maux de gorge et toux : décoction de feuilles (100 g de feuilles fraîches pour 1 litre, laisser bouillir pendant 10 minutes puis filtrer), en gargarisme, 3 fois par jour.
En cuisine Bien entendu, on aime avant tout la mûre fraîche, tout juste cueillie ! En cuisine, tout lui va. Elle excelle dans les tartes, les gâteaux, les crêpes (mélangez-les à la pâte) ou une simple compote de pommes. Pour la conserver, préparez-la en confiture, en pâte de fruit, en chutney, en sirop, en crème alcoolisée, en sorbet… Elle se congèle également très bien : posée en couche sur un plateau, puis une fois surgelée, mélangée en vrac dans un sac ; en bouteille, après avoir extrait son jus à l’extracteur.
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Hors série n°2 octobre 2013 / 12€
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Agenda Kaizen 10 – septembre-octobre
Septembre Du 5 au 8 septembre 2013 - les Amanins – La Roche sur Grâne (26) - Drôme Week-end « pause partagée », avec Pierre Rabhi – « la sobriété heureuse ». Contact : www.lesamanins.com Du 5 au 8 septembre 2013 – Cadenet (84) – Vaucluse – 4ème édition – Festival Planète Honnête – festival international du documentaire et de rencontres – Thème : Vivre avec les animaux – L’âme animale Contact : www.planetehonnete.org – 04 90 08 88 08 Du 10 au 15 septembre – les Amanins – La Roche sur Grâne (26) – Drôme Stage éco-construction avec les artisans du réseau Compaillons Contact : www.lesamanins.com 7 et 8 septembre – Mûr de Bretagne (22) – Côtes d’Armor Foire régionale et biologique BioZone – 28ème édition – Contact : foire-biozone.org 14 et 15 septembre – Bouc Bel Air (13) – Bouches du Rhône Week-end des découvertes éco-citoyennes expositions et animations – villages thématiques – accès gratuit Contact : 04 42 60 94 59 18 et 19 septembre – Bourg-lès-Valence (26) Drôme Salon Tech et Bio – Salon des techniques bio et alternatives – Contact : www.tech-n-bio.com/ 22 septembre – Montfort en Chalosse (40) – Landes Fête bio – 12ème édition Contact : civambio40@wanadoo.fr 22 septembre – Montauban (82) – Tarn et Garonne – 20ème foire BIO-SYNERGIE – foire aux produits biologiques et aux alternatives écologiques
Contact : 07 81 20 10 02 – www.foirebio-synergie82.org/ Du 25 au 27 septembre 2013 – Le Havre (76) – Seine-Maritime Le LH Forum 2013 : Le mouvement pour une économie positive, Débats et rencontres entre des acteurs de la vie publique, des entreprises, des associations, des ONG – Partage d’expériences – Contact : http://www.lh-forum.com/ 28 et 29 septembre - Cherisy, près de Dreux (28) – Eure Salon vivre et habiter écologique et bio – Ateliers et conférences – gratuit 28 et 29 septembre – Domont (95) – Val d’Oise 1er salon Nature, bio et bien-être (dans le cadre de la 30ème foire de Domont) Contact : http://uniondessens.free.fr 28 et 29 septembre – Muzillac (56) – Morbihan Foire biologique – contact : terreenvie@yahoo. fr – www.terreenvie.com 28 et 29 septembre – Parc des expositions – Hall B – Tours (37) – Indre-et-Loire 10ème édition – Salon bio Fougère – Contact : http://www.salon-fougere.com 29 septembre – Hall Georges Brassens – Brive-la-Gaillarde (19) – Corrèze 19ème foire biologique et artisanale – association « les Doryphores » 29 septembre – Peyrolles en Provence (13) – Bouches du Rhône – Fête de l’environnement thème : "Ces déchets qui s'invitent partout !" exposants, contes Contact : écogite du Loubatas - 04 42 670 670
Octobre
LES RENDEZ-VOUS
LES RENDEZ-VOUS 6 octobre – Pédernec (22) – Côte d’Armor Foire aux courges (20ème édition) – Tables rondes – conférence de Jacques Caplat « L’agriculture biologique peut-elle nourrir le monde ? » – Contact : http://la-foire-auxcourges.over-blog.com/ 6 et 7 octobre – Douardenez (29) – Finistère Foire Bio de l’Ouest Cornouaille – contact : Cap Bio – capbio@hotmail.com – Annaïg Baillard : 06 08 81 98 32 Du 10 au 13 octobre – Auditorium – Bourges (18) – Cher 9e Festival International du Film Ecologique de Bourges – gratuit Contact : http://www.festival-film-bourges.fr/ Du lundi 14 au 20 octobre – Semaine de l’Investissement Socialement Responsable. Contact : www.semaine-isr.fr/ Du 17 au 20 octobre – Lyon Eurexpo – Chassieu (69) – Rhône Salon « Résidence et Bois » – 9ème édition – Eco-construction en Rhône-Alpes. Contact : 04 78 17 63 02 Du 11 au 13 octobre – Guichen (35) – Ille-etVilaine Salon Ille et Bio – Contact : www.illeetbio.org Du 18 au 21 octobre – Grande Halle de la Villette – Porte de la Villette – Paris 19ème « Vivez nature » – Salon biologique – 39ème édition Du 25 au 27 octobre – Parc des expositions – Moulins (03) 1ère édition du salon Habitat Eco Energies – contact : space63.net/salon-habitat-moulins 06 88 27 70 82
5 octobre – Cité du design - Saint Etienne (42) « Journée Santé Environnement 2013 : l’alimentation » Stands, animations, conférences Contact : 04 77 41 46 60 – Frapna Loire. | Sept.- octobre |
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Hors série n° 1
société
I
santé
I
économie
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agriculture
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Habitat
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énergie
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éducation
I
gouvernance
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1 an (6 numéros) + le hors-série =
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ÉCONOMIE
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AGRICULTURE
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HABITAT
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ÉNERGIE
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ÉDUCATION
I
GOUVERNANCE
numéro 10
I
sept. - octobre 2013
pour construire une nouveLLe société
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N°9