NUMÉRO 11 NOV. - DÉCEMBRE 2013
LE MAGAZINE DES INITIATIVES POSITIVES
POUR CONSTRUIRE UNE NOUVELLE SOCIÉTÉ
PORTFOLIO
REZA FEMMES DE PAIX
INTERVIEW GILLES CLÉMENT
VIVRE EN VILLE C’EST PLUS ÉCOLO ? LE BON PLAN RENNES
DOSSIER PLUS FORTS ENSEMBLE
M 05148 - 11 - F: 5,90 E - RD
3’:HIKPLE=]UZ^U]:?k@a@b@l@a";
COMMENT DES COMMUNAUTÉS SE MOBILISENT POUR CHANGER LEUR DESTIN
SOMMAIRE
11 novembre-décembre 2013 05 Édito 07 Ils sont Kaizen
41
Portfolio Reza, Femmes de Paix
08 Manifeste
59 Changeons l’éco Rejoué, récupérer et revaloriser les jouets
64 Yes they can Une Amap pour la pêche
09 Kaizen sur le web
67 Créateurs
10 Colibris reporters
de Culture
12 Désenfumage
Entretien poétique avec Gilles Clement
Habiter à la campagne c’est plus écolo ?
16 Si on le faisait Disco Soupe, cuisiner ensemble et en musique
20 Ensemble on va plus loin L'initiative Citoyenne Européenne, une nouvelle forme de démocratie ?
50 Portraits Doula, aider les futurs parents
52 DIY, fais-le toi-même Les cadeaux de Noël
56 Infographie Devenir végétarien par calcul
24
Dossier La force de la communauté
73 Le sourire d’Yvan 74 Le bon plan Rennes
78 Sauvage et délicieux : La pomme sauvage
84 Les Rendez-vous Kaizen 90 Chronique de Pierre Rabhi | Nov. - Décembre |
3
Magazine bimestriel numéro 11 Novembre - décembre 2013 Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore Directeur de la publication Patrick Oudin Directeur de la rédaction Cyril Dion Rédacteur en chef Pascal Greboval Directeur Artistique Yvan Saint-Jours Secrétaire de rédaction Lucile Vannier Contact contact@kaizen-magazine.fr Abonnements abonnement@kaizen-magazine.fr Comptabilité et administration administration@kaizen-magazine.fr Rédaction redaction@kaizen-magazine.fr Couverture REZA / Webistan Maquette et mise en page Schuller-Graphic SIREN : 539 732 990 APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières les vallées Régie de Publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse, Sandrine Novarino Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente aux N° pour les diffuseurs : Alexandre Campi Groupe HOMMELL Tél : 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte et illustration ne peuvent être reproduits sans autorisation du magazine. Merci.
ET SI LA SOLUTION ÉTAIT : ENSEMBLE ?
I
l y a quelques années, l’un de mes amis spécialiste en Intelligence Collective, Jean-François Noubel, me disait en substance : « Notre plus grand défi n’est pas le changement climatique, ni la faim dans le monde, ni la crise économique mondiale, mais notre capacité à résoudre tous ces problèmes ensemble ». A peu près à la même période, un autre ami climatologue au GIEC me confiait que d’après les modélisations sur le changement climatique, il était souvent plus intéressant en termes d’impact d’optimiser les structures existantes (remplir les voitures, économiser l’énergie, etc.) que de créer de nouvelles structures à coups de grands travaux. « L’organisation collective est la clé » me glissait-il dans un sourire. De l’avis de nombreux experts ou penseurs (Jared Diammond, Rob Hopkins…), si le pire survenait sous forme de catastrophe économique ou écologique, ce qui serait le plus à même de nous sauver serait notre capacité à faire front ensemble, à nous soutenir, à être solidaires. Aujourd’hui, nous connaissons la plupart des solutions aux crises que nous traversons. Notre plus grande difficulté est de trouver comment les mettre en œuvre. Nous mobiliser et agir. Retrouver le sens de la communauté, tant à l’échelle de la planète (prendre conscience que nous sommes une seule communauté humaine avec une communauté de destin) qu’à l’échelle de notre territoire, est fondamental. Nous sommes tous dans le même bateau et ce bateau est en danger. Coopérer n’est pas une option, c’est la seule solution ! Nous vous invitons dans ce nouveau numéro à vous laisser inspirer par tous ceux qui ont déjà fait un premier pas en ce sens. Bon automne à tous ! Cyril Dion Directeur de la rédaction
ÉDITO KAIZEN “Changer le monde pas à pas”
© M Leynaud
Editeur SARL EKO LIBRIS au capital de 59 000 €. 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com
Kaizen késaco ? Kaizen est un mot japonais qui signifie littéralement “changement bon”. Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un second puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau. | NOV. - DÉCEMBRE |
5
ILS SONT KAIZEN
Ils sont 1
3
2
4
1 Pierre Rabhi Agriculteur, écrivain et penseur français d’origine algérienne, il défend un mode de société plus respectueux de l’homme et de la nature. Il soutient le développement de l’agroécologie à travers le monde pour contribuer à l’autonomisation, la sécurité et la salubrité alimentaire des populations.
Patrick Oudin Dirigeant d'entreprises, entrepreneur. Amoureux des grands espaces, de la nature et de la terre. Voyageur infatigable. Homme de conviction, depuis trois ans entièrement tourné vers l'économie sociale et solidaire, le développement durable et la transition en cours. Enthousiaste, je veux donner du sens à cette nouvelle période de ma vie. 2
5
6
7
8
9
10
11
13
12
14
3 Cyril Dion Depuis que j’ai douze ans, je n’ai eu qu’une idée en tête : écrire. A dix-huit ans, je voulais créer la nouvelle revue “Les Temps Modernes” qui parlerait de notre temps, avec des penseurs, des artistes, qui nous aideraient à regarder le monde dans lequel nous vivons. Et écrire dedans. Aujourd’hui je fais beaucoup de choses passionnantes, parmi lesquelles : Kaizen ! 4 Yvan Saint-Jours Objecteur de conscience, journaliste, fondateur du magazine La Maison écologique, je suis investi dans Colibris depuis quelques années. Si les questions d’habitat et d’énergie sont ma passion, je m’intéresse fortement à la place de l’enfant dans notre société. J’aime me promener au grand air souvent humide en Normandie. 5 Pascal Greboval Quand j’étais petit, je n’étais pas grand, aujourd’hui, je suis grand -1m91- et je me sens petit !
15
17
16
18
6 Lucile Vannier Si vous saviez tout ce qui se passe dans les coulisses d'un texte… 7 Françoise Vernet Originaire du Gers, fille d’agriculteur, longtemps passionnée par le monde de l’entreprise, je mets désormais mon énergie au service de mes convictions chez Terre & Humanisme, Colibris et plus ré-
cemment Kaizen. Très mobilisée par la phrase gandhienne “Be the change you want to see”, je fais ma part quotidienne dans mon village et je m’intéresse particulièrement à la naturopathie : elle m’éclaire sur nos fonctionnements et nos interactions avec la nature. 8 Sandrine Novarino Fille de paysans, de formation agricole, passionnée de nature et de grands espaces, de lecture et de liberté… Je n’ai qu’un seul amour, celui de la Terre ! Mon utopie : construire un monde meilleur où règnent beauté, harmonie et sagesse. Devant les causes défendues par Kaizen, Alterrenat Presse a rejoint le navire, avec un grand enthousiasme !
Linda Louis Épikurienne dans l’âme, je vois toujours la vie en Kaizen : préparer des boulettes de kasha, des cuirs de kiwi, du ketchup pour mes kids, chiner de la vaisselle kitsch, boire des kirs berrichons avec mes amis (et le lendemain du kéfir), bref ma spécialité, c’est la kuisine !
9
Julie Graux A Bruxelles, le jardin d’enfants où j’ai passé mes trois premières années d’école s’appelait Le colibri... Après j’ai butiné, comme lui, partout. Me voilà illustratrice et paysanne-boulangère bio dans le Perche avec Erik et nos trois filles.
10
Le Cil Vert Dessinateur de BD perdant inexorablement ses cheveux. Dans son panier : des strips dans les magazines Esprit Village, Macadam, des dessins pour le CCFD-Terre Solidaire, les presses d’Île de France, prochainement pour le CFSI... Et une BD écolo écrite avec JeanFred Cambianica : Braillane, on est tous des jambons. 11
Marie Laure Fauquet Après 12 ans de communication d’entreprise, j’ai bifurqué vers l’enseignement destiné aux enfants avec le désir de développer leur esprit critique, leur capacité à s’émerveiller, le respect de soi et de l’environnement. Musicienne,passionnée de photo, de montagnes et d’actualités scientifiques, je continue d’écrire (histoires, contes, articles …).
12
13 Jérômine Derigny, photographe, et Aude Raux, rédactrice, sont membres du collectif Argos. Des sujets porteurs d’espoir, tel est l’axe documentaire de ces deux journalistes qui témoignent des difficultés de la vie en France et à l’étranger tout en mettant en avant des solutions. www.collectifargos.com
Anne-Sophie Novel Anne-Sophie est une COrévolutionnaire de première ! EcoloGeek, elle a fondé le portail Ecolo-Info il y a 5 ans. Les liens entre numérique et écologie l'intriguent autant pour l'esprit que pour la philosophie de convivialité qu'ils soutiennent. Journaliste entrepreneuse, elle optimise sans cesse son temps pour vivre de sa passion.
14
Raphaël Souchier vit en Bretagne. Auteur et consultant, il intervient principalement dans les domaines de l’économie locale, de la facilitation de processus et de l’animation de réseaux de coopération. Il vient de publier Made in local. Emploi, croissance, durabilité : et si la solution était locale ? aux édition Eyrolles. 15
Shabnam Anvar Franco-américano-iranienne positive, connecteur-facilitatrice-instigatrice constructive, elle avance en semant des graines et en chantant « il y a plus de solutions que de problèmes ». 16
Nathalie Jouat Rédactrice, auteur et maman poule, je vis dans le Périgord Noir où je mets en pratique des solutions alternatives pour une vie simple et pleine de petits bonheurs. 17
Clara Breteau Diplômée en philosophie et en économie, Clara poursuit des recherches sur l’écologie, la décroissance et les utopies concrètes à l’Université de Cambridge au Royaume-Uni. Elle développe plus précisément les liens existant entre les rapports au monde écologique et poétique. 18
| Nov. - Décembre |
7
&
LES RÉSEAUX SOCIAUX
PALAMARÈS DE JUILLET ET AOUT 2013
DU CÔTÉ DE FACEBOOK facebook.com/KaizenMagazine
LES DEUX CITATIONS PRÉFÉRÉES Albert Jacquard :
LE DESSIN LE PLUS APPRÉCIÉ
LE CHIFFRE LE PLUS PARTAGÉ
Albert Einstein :
JEF
DU CÔTÉ DE TWITTER LES DEUX TWEETS LES PLUS RELAYÉS
SUR KAZEN-MAGAZINE.COM à lire aussi l’interview exclusive de Patrick Viveret : Retraites : changeons le logiciel et repensons le contrat social
ERRATUM : Dans le numéro 10 de Kaizen, nous avons laissé deux erreurs. Dans le dossier ; la forêt française ne couvre pas 16 000 hectares, mais 16 millions d'hectares ! Sur l’infographie, il manque une légende pour bien la comprendre, vous pouvez retrouver l’infographie complète sur www.kaizenmagazine.com. | NOV. - DÉCEMBRE | 9 Nous vous présentons nos excuses.
LE MEILLEUR DU WEB
KAIZEN CHANGE LE MONDE PAS À PAS AUSSI SUR INTERNET
?
Est-il plus écolo de vivre en
ville ou à la campagne Texte Cyril dion / dessin julie graux
I
l y a encore quarante ans, la question ne se serait peut-être pas posée. Les écolos (du moins d’après l’image qu’on s’en faisait) vivaient plus volontiers « à la campagne ». Comprenez, ils élevaient leurs chèvres, entretenaient leur potager et leur compost, refusaient la société de consommation et tous ces artifices que l’on trouvait… dans les villes. Le cliché a la vie dure, mais les temps ont changé et il est désormais légitime de se demander si la pression que nous exerçons sur notre planète est plus forte en ville ou en pleine nature.
C’est quoi l’empreinte écologique ? Commençons d’abord par rappeler ce qui fait notre empreinte écologique (soit la pression que nous exerçons sur les ressources naturelles de la planète). Principalement et dans l’ordre pour un Français1 : • notre alimentation (20 500 m2/an) • nos achats (19 400 m2/an) • notre habitation (9 700 m2/an) • nos déplacements (6800 m2/an)
Alimentation, avantage à la campagne Soyons clair. Faire un potager et se nourrir en grande majorité de ses produits est à notre connaissance le moyen de générer le moins d’impact écologique. Si en plus vous êtes végétarien ou si votre régime alimentaire est peu
12
| Nov. - Décembre |
─ Il faut environ 200 m2 pour permettre à une famille de 4 personnes de subvenir à ses besoins ─ carné c’est carrément le Pérou (voir infographie p.56). Or, il faut environ 200 m2 pour permettre à une famille de 4 personnes de subvenir à ses besoins en légumes et 400 m2 si on y ajoute les fruits. Ce qui rend la tâche plus ardue en ville.
Cela n’empêche pas les citadins de redevenir adeptes des jardins familiaux (on en recense en France environ 150 000 parcelles2 contre 100 000 dans les années 80 mais 700 000 à la fin de la Deuxième Guerre mondiale) ou de toute forme d’agriculture urbaine (culture
Nos achats : la variable personnelle Même si l’on peut supposer que vivre en ville augmente le réflexe consumériste, que le grand nombre de boutiques offre une multitude d’occasions d’acheter pour les citadins, peu de chiffres permettent de le vérifier avec certitude. Les zones rurales ou périurbaines sont désormais truffées de centres commerciaux où une partie des habitants du territoire viennent passer leur samedi après-midi.
Empreinte carbone : avantage à la ville D'après une étude de l'Institut International pour l'Environnement et le Développement, l'empreinte carbone d'un habitant de New York est trois fois inférieure à celle d'un Américain moyen. Evidemment les campagnes américaines ne sont pas les campagnes françaises. Pour autant, d'après une étude de l'INSEE (INSEE Première n°1357, juin 2011) : « Les habitants des pôles urbains émettent deux fois moins de CO2, grâce à un usage plus fréquent des transports en commun et de la marche à pied. Mais les emplois des grandes villes sont également occupés
par des périurbains ou des habitants d’autres villes qui parcourent de plus grandes distances, le plus souvent en voiture. Leurs émissions moyennes sont
ont une facture énergétique 23 % plus élevée que la moyenne des ménages (14 % dans des villes de plus de 100 000 habitants et 27 % de moins à Paris). Cet
─ Les habitants des pôles urbains émettent deux fois moins de CO2 ─ nettement plus élevées. » Voilà qui nous amène à élargir le débat entre ville et campagne. Ce que l’on a coutume d’appeler le « périurbain », communes avoisinant les pôles urbains principaux où fleurissent les zones pavillonnaires plus ou moins hideuses, fait entièrement partie du problème de l’étalement urbain gourmand en transport et aux mauvaises performances thermiques.
Habitat et déplacements : la double peine des milieux ruraux et périurbains Dans un monde de plus en plus mobile et au confort accru, une personne vivant à la campagne ou dans les zones périurbaines dépense souvent plus d’argent et d’énergie pour ces deux postes. Ainsi, selon l’étude de l’Observatoire du consommateur d’énergie Crédoc-GDF Suez 2012, les ménages qui habitent les petites villes ou les communes rurales
écart provenant essentiellement des types de logements (le plus souvent des maisons individuelles), plus grands et aux performances énergétiques plus faibles. Les rédacteurs de l’étude soulignent que la véritable précarité énergétique résulte de la relégation dans les espaces périphériques qui additionnent mauvaise qualité thermique et éloignement des services, commerces et services publics de base. Ce qui a tendance à accroitre le coût des déplacements : plusieurs voitures nécessaires pour un même foyer et peu de transports en commun. La densité des villes permet de limiter l’étalement urbain, l'imperméabilisation des sols et la place du bitume… Elle induit aussi de fortes économies d’énergie : transports en commun, possibilité de chauffage collectif, commerces à proximité. Le modèle des écoquartiers tels que Vauban en Allemagne, écoquartiers de De Bonne à Grenoble, Cullmeborg aux Pays-Bas, tâchent d’optimiser ce modèle où transports doux, sources d’énergies renouvelables, potagers
| Nov. - Décembre |
13
Désenfumage
dans des bacs sur les toits, les terrasses, les balcons).
pour faire revivre les rebuts
Texte Shabnam Anvar / Photos Nicolas Combalbert
La convivialité contre le gâchis, la gratuité du recyclage et le plaisir du Disco : voilà la recette pour sensibiliser au gaspillage alimentaire. Finie la culpabilisation, bienvenue dans l'action citoyenne positive !
E
ncore un concombre biscornu victime d’un délit de sale gueule… il n’est pas le seul. Plus de 30% des aliments comestibles sont jetés tout au long de la chaîne alimentaire. Depuis mars 2012, de joyeux « fanes » de soupes collaboratives clament tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : « le gâchis salsifis » et « l'oignon fait la force »! Proposée à 70 femmes en foyer ou à 400 personnes lors d’un festival à Rennes, la Disco Soupe est une solution antigaspi accessible à tous : elle donne vie à des happenings collectifs d’épluchage de fruits et légumes mis au rebut, invendus ou de troisième main, dans une ambiance musicale et festive. Il
dans les champs plus d’une tonne de légumes invendables pour nourrir 6000 personnes. Une fois arrivés sur place avec ces trésors, les cuistots inventent les recettes pendant que l’équipe de lavage se met au travail. D’autres mettent en place les tables pour accueillir les éplucheurs alertés via les réseaux sociaux ou attirés sur place par la musique, ingrédient clé de la Disco Soupe qui attise même la curiosité des grand-mères, trop heureuses de partager leurs recettes anti-gaspi avec des représentants de la génération Y. En moins de deux heures, salades d’épinards, betteraves et pommes, gaspacho, guacamole, smoothies à
─ « le gâchis salsifis » et « l'oignon fait la force »! ─ suffit pour cela de faire la tournée des grossistes ou des supermarchés acquis à la cause, la fin des marchés (sans faire concurrence aux glaneurs dans le besoin) ou mieux encore, de vous fournir directement chez les agriculteurs bio de la région, à l’instar de l’incroyable équipe de Nantes qui a récolté directement
16
| Nov. - Décembre |
la mangue et à la banane, ravissent un public incrédule devant ce festin issu des délaissés de notre société de consommation… « Rien de tel que de toucher le problème du doigt et de le tailler en petits morceaux pour passer à l'action » témoigne Caroline, co-fondatrice de DS.
Dis'collaboration de bénévoles L’Association Disco Soupe est née de l’alchimie entre plusieurs membres de la communauté MakeSense.org et le jeune président bon vivant de Slow Food Bastille. Depuis mars 2012, la communauté ne cesse d’accueillir d’enthousiastes éplucheurs partout en France, et même en Corée, au Brésil et depuis septembre 2013 à New York City. La force de cette communauté tient à la créativité nourrissant tous ceux qui la composent. Avec elle, tout devient possible : un accord avec une chaîne de supermarchés (qui ne peut en faire la publicité) pour qu’ils cèdent leurs rebuts à chaque fois qu’un Disco Soupiste frappe à leur porte ; la transformation de deux tonnes de mangues en compotes, confitures, smoothies et autres recettes lors d’un festival ; la création de cuisines mobiles en récup pour les festivals d’Aligre ; la création d’un vélo-blendeur pour un open bidouille camp...
recette aPPrenante, siMPle, reProDUctible et aMUsante Avec seulement 8 DS sur Paris en 2012, l'urgence pour l'équipe était de les reproduire partout en France dès 2013. Elle a donc lancé un financement participatif et recueilli 5500 € permettant d'acheter le matériel nécessaire (marmites, tripates, gobelets réutilisables) pour accompagner 15 autres villes. Pari réussi et même dépassé : au cours du seul mois de mai, pas moins de 16 Disco Soupes se sont tenues dans plus d’une douzaine de villes. Les raisons de ce fulgurant succès français ? Antoine Delaunay dévoile la recette open-source de toute DS : « Les meilleurs moments dans nos vies sont composés de personnes, de nourriture et de musique ; nous utilisons ces mêmes ingrédients pour interpeller les gens ». Pour accompagner ce succès, les bénévoles ont créé des outils aidant à dupliquer les DS et rendant le savoirfaire collectif accessible en un rien de temps. Point essentiel, la simplicité du concept permet à chacun de devenir acteur de la lutte contre le gaspillage près de chez soi en découvrant les coulisses du gaspillage. Quelle leçon que de se rendre au Marché d'intérêt national (M.I.N.) à 6h30 du matin et d’y voir un employé jeter plus de la moitié de centaines de laitues, n’en gardant que le cœur pour fournir les hôtels de luxe parisiens…
© microlithe
La vertu de la DS est qu’elle propose d’agir, au-delà de la réflexion. C’est une manière de sensibiliser à ces sujets qui font débat dans notre société : modes de consommation, rythmes de vie, relations internationales, rapport à l’environnement… Tous à la Disco Soupe !
Un simple carton peut véhiculer un message indiquant le nombre de kilomètres parcourus par les aliments pour atterrir… dans une poubelle.
| Nov. - Décembre |
17
et si on le faisait ?
─ la simplicité du concept permet à chacun de devenir acteur de la lutte contre le gaspillage ─
ICE ?
INITIATIVE CITOYENNE EUROPÉENNE,
déMoCraTie
Depuis le 1er avril 2012, un outil innovant de démocratie participative permet de soumettre un projet législatif à la Commission européenne. L’Initiative Citoyenne Européenne (ICE), un engagement civique très « Colibris ». TEXTE nathalie jouat / ILLUSTRATIONS le cil vert
S
i Internet a engendré l’essor d’un important souffle de citoyenneté active, les débats et idées restent souvent confinés à la seule discussion entre internautes. L’ICE, née dans le cadre du traité de Lisbonne, permet à au moins 1 million de citoyens européens, issus d’au moins 7 pays de l’UE, de se faire entendre en se coordonnant. Il ne s’agit pas d’une pétition ordinaire : tous les moyens modernes, dont le puissant pouvoir des réseaux sociaux, peuvent être utilisés pour susciter l’adhésion à
20
| Nov. - Décembre |
sa cause. Les soutiens électroniques sont collectés sur un formulaire sécurisé avec vérification d’identité, ce qui engage personnellement le signataire. Cela rebute parfois les votants, peu habitués à communiquer ces informations sensibles, mais c’est avant tout une garantie de qualité1 qui atteste du sérieux de ce type de projet citoyen.
des idées et des hommes L’ICE participe à la dynamisation du circuit décisionnel européen. Une
minorité a désormais l’opportunité de s’exprimer directement dans la chaîne institutionnelle. Améliorer et uniformiser le système de sécurité sociale dans l’UE ? Abolir l’expérimentation animale ? Améliorer les programmes d’échanges entre pays de l’UE ? Mettre en place un forfait unique européen de téléphonie mobile ? Toutes les idées sont étudiées. 30km/h, par exemple, lance un débat pertinent : « Limiter la vitesse à 30km/h en agglomération est un moyen très économique d'accroître
Certaines ICE sont rejetées par la Commission, soit parce qu’elles ne sont pas recevables (en désaccord avec une directive européenne), soit parce
Passage à l’acte et collecte chronométrée A l’heure actuelle, la procédure de lancement d’une ICE est longue ; elle est encore en cours d’amélioration et ce jusqu’en 2015, date de sa révision globale. L’initiative peut émaner d’une personne (ou d’un groupe de personnes d’un pays de l’UE) qui va ensuite monter une équipe internationale pour organiser la collecte. Sur ce point, Valérie Cabanes, porte-parole de l’ICE End Ecocide in Europe, conseille de penser dès le début aux moyens de
─ L’ICE participe à la dynamisation du circuit décisionnel européen ─ qu’elles ont besoin d’être reformulées ou clarifiées. Ce fut le cas pour l’ICE Revenu de base inconditionnel, visant à instaurer celui-ci pour « développer une Europe plus sociale ». Menée conjointement par 17 pays, elle a été rejetée car la base juridique invoquée n’entrait pas dans les fonctions de la Commission européenne. L’équipe a persévéré et a été entendue : « Suite à ce refus, un groupe de travail s’est formé et a décidé de travailler à la révision de la proposition. Réunis à nouveau à Florence, ils ont soumis une seconde proposition d’initiative, finalement acceptée par la Commission Européenne ». La voici soumise au vote des citoyens européens !
communication entre les membres de l’équipe : « Le challenge réside surtout dans le langage. Au sein de notre ICE, nous communiquons en anglais, mais cela limite la participation de membres et nous demande de grandes attentions de traduction ». Il est donc préférable de s’entourer de coordinateurs bilingues. Le montage du projet est une étape importante et doit être soigneusement préparé. Car bien plus qu’une simple idée, il faudra proposer un véritable dossier autour d’une thématique à portée européenne. « Plusieurs mois en amont sont nécessaires pour tout préparer : s’entourer, se charger des aspects administratifs du début (un peu rébarbatifs…) et surtout trouver une personne dans chaque pays pour faire campagne sur le terrain, c’est essentiel ! »
Fiche pratique : Participer aux ICE
Ensemble on va plus loin
la sécurité routière, de diminuer le bruit, la pollution et d'encourager des choix plus efficients en termes de mobilité. Nous voulons que ces bienfaits deviennent la norme pour tous dans l'Union européenne. Selon nous, le 30km/h doit devenir la vitesse par défaut dans nos villes et villages et les autorités locales ne doivent autoriser des vitesses supérieures que lorsque c'est nécessaire. »
Voter : Rendez-vous sur le site officiel5 présentant toutes les ICE en cours, pour peut-être signer et profiter de votre voix de citoyen européen actif. Créer une ICE : Rassembler : Montez une équipe de compétences complémentaires autour d’une thématique précise et si possible d’actualité. Créez un site internet, certifiez votre système informatique de collecte, contactez des associations susceptibles de relayer votre cause, cherchez des sponsors, des parrains, informez les médias. Préparez le mieux possible votre collecte. Formuler : Rédigez un dossier documenté et argumenté pour mettre toutes les chances de votre côté quant à l’acceptation de l’Initiative par la Commission européenne. Présentez votre dossier. Fédérer : 1 à 2 mois plus tard, vous pouvez débuter la collecte de signatures. Organisez des réunions d’information, faites connaitre votre démarche. Présenter : 12 mois plus tard, si l’Initiative aboutit, la Commission européenne va l’étudier. Elle entamera ensuite une procédure législative en sa faveur ou devra motiver sérieusement son refus.
| Nov. - Décembre |
21
+ © François-eric cormIer
24
| Nov. - Décembre |
Dossier
+
Dossier
RÉALISÉ PAR CyrIl DION, frÉDÉrIqUE bASSET ET pASCAl grEbOVAl
forts
ensembLe commeNt DeS COMMUNAUTÉS Se mobIlISeNt pour ChANgEr leur
DESTIN Cubains, Islandais, Argentins, Français… Confrontés à des crises plus ou moins violentes ils n’ont pas cédé au fatalisme et se sont unis pour trouver des solutions créatives et reprendre en main leur destinée. Voyage aux pays des communautés qui bouleversent l’ordre établi.
| Nov. - Décembre |
25
témoin de
paix
Portfolio
La femme,
Le photographe Reza a couvert de nombreux conflits dans le monde. Il garde pourtant foi en l’humanité, notamment grâce aux femmes sur lesquelles il a beaucoup tourné ses regards.
© REZA/Webistan
Le rituel, Afghanistan, Mazar-e-Sharif, 1990
| Nov. - Décembre |
41
─ La paix ne s’inscrira durablement et à grande échelle que par les femmes, parce que ce sont elles qui donnent la vie. ─
Combat de femmes, Colombie, Département du Cauca, Inza, ferme Tierras Blancas, 2013. 46
| Nov. - Décembre |
© REZA/Webistan
52
| Nov. - DĂŠcembre |
FAIS-LE TOI-MÊME
D.I.Y fais-le toi-même PORTRAIT
Marie Prenat : une créatrice récup qui en jette TEXTE ANNE SOPHIE NOVEL / PHOTOS JÉRÔMINE DERIGNY
Q
ue se passe-t-il quand une jeune architecte d’intérieur se laisse aller à sa passion pour la récup et les travaux manuels ? Elle crée Talalilala, une activité encore inclassable et pourtant fort inspirée et inspirante. Car Marie Prenat « en jette » : à seulement 26 ans, elle fait preuve d’une maturité comme d’une fraîcheur qui font du bien. Originaire de Besançon mais installée à Paris depuis six ans, voilà maintenant trois bonnes années qu’elle déniche dans les poubelles de quoi créer de nouveaux objets. Ce qui l’a poussée à la récup ? Rien de bien précis. « C’est venu naturellement... Au grand dam de ma mère, je garde beaucoup de choses depuis toute petite : jeter un meuble, par exemple, me fend le cœur. C’est une obsession quasiment pathologique ! » Aussi s’accommode-t-elle de tout ce qui lui passe entre les mains : carton, boîtes de conserve, tissu, bouchons, etc. Si une idée précise lui trotte dans la tête, elle sait parfaitement quel quartier cibler pour trouver ce qu’il faut dans les poubelles de magasins, à la sauvette. Les ateliers qu’elle organise pour les particuliers depuis trois ans se déroulent régulièrement dans plusieurs lieux différents : à l’Etablisienne, non loin de la Nation, à Paris, mais aussi à la Réserve des Arts (une ressourcerie du 14ème
arrondissement) ou dans les ateliers de la Souris verte, créatrice de cosmétiques, du côté de République. Elle souhaite prochainement développer des ateliers spéciaux pour les futurs ou les jeunes parents, afin de les aider à créer un objet par mois pour la chambre de bébé. Ses interventions touchent aussi le monde de l’entreprise : dans ce cas, elle utilise les déchets de production, les poubelles des bureaux, et interpelle sur la richesse ainsi gaspillée. Marie prend également un grand plaisir à aménager les locaux en impliquant les collaborateurs : c’est ainsi que fut conçu l’aménagement de l’espace de coworking de Mutinerie, dans le 19ème, où une table de ping-pong transformée en bureau partagé côtoie des plots de signalisation détournés en luminaires. « J’ai récemment été contactée par une boîte voulant réaménager son bureau avec quelque chose qui ferait sens, en impliquant ses salariés. C’est ce genre de projet qui m’intéresse », précise la jeune femme. Dans quelques années, elle se voit bien sur Paris encore et imagine un lieu ou une maison d’hôtes où pourraient se tenir tous types d’ateliers récup et DIY. Histoire de cultiver le goût du fait-maison et un réflexe de créativité véritablement anticonsommation. Une affaire à suivre, donc.
| Nov. - Décembre |
53
Créateurs de culture
Entretien-poésie avec
Gilles Clément
Entretien réalisé par Clara Breteau photos Michel leynaud
« Tout ce qui nous relie »
Le Lieu
Dans cet extrait de Semaison, Philippe Jaccottet aborde la question du lieu et du centre. Il s’agit là d’une notion capitale pour l’écologie, dont la racine étymologique – oikos – signifie à la fois foyer, maison, habitat – et qui pose donc elle aussi la question de l’espace et de ses centres de gravité. La définition du lieu qu’il ébauche ici est confrontée au point de vue de Gilles Clément, architecte paysager, concepteur d’espaces et de jardins, farouche défenseur quant à lui de tous les « non-lieux ».
T
out ce qui nous relie, dans les paysages d’ici, au très ancien et à l’élémentaire, voilà ce qui en fait la grandeur, par rapport à d’autres où ces images (simples illusions quelquefois, mais significatives) ne sont pas, ou sont moins présentes. Surtout la pierre usée, tachée de lichens, proche du pelage ou du végétal, les écorces ; les murs devenus pour la plupart inutiles, dans des bois ; les puits ; les maisons envahies de lierre et abandonnées. Dans ce moment de l’histoire où l’homme est plus loin qu’il n’a jamais été de l’élémentaire, ces paysages où le monument humain se distingue mal du roc
et de la terre nous donnent un ébranlement profond, entretiennent le rêve d’une sorte de retour en arrière auquel beaucoup sont sensibles, effrayés par l’étrange avenir qui se dessine. Nous rencontrons, nous traversons souvent des lieux, alors qu’ailleurs il n’y en a plus. Qu’est-ce qu’un lieu ? Une sorte de centre mis en rapport avec un ensemble. Non plus un endroit détaché, perdu, vain. En ce point on dressait jadis des autels, des pierres. C’est l’évidence au val des Nymphes. Dans les lieux, il y a communication entre les mondes, entre le haut et le bas ; et parce que c’est un centre, on n’éprouve pas le
besoin d’en partir, il y règne un repos, un recueillement. Il nous semble que dans un monde uniquement tissé de tels lieux, nous aurions encore pu accepter de nous risquer, et de succomber. Ces lieux nous aident ; ce n’est pas pour rien que se font de plus en plus nombreux ceux qui les cherchent, souvent sans savoir même pourquoi. Ils n’en peuvent plus d’être étrangers à l’espace. Là seulement ils recommencent à respirer, à croire une vie possible. In Philippe Jaccottet, L'encre serait de l'ombre (années 1962-1970), Poésie/ Gallimard, 2011
| Nov. - Décembre |
67
Clara Breteau : quelle réaction suscite chez vous ce poème ? Gilles Clément : Je le trouve très beau, et en même temps il aborde justement la question du lieu d’une manière avec laquelle je ne suis pas forcément d’accord. Sa définition du lieu comme un « centre mis en rapport avec un ensemble » semble dénoncer ce qui
cicadelles par exemple vont vivre sur des saules cendrés au bord de la rivière dont on ne s’occupe pas, ou dans les prairies humides, etc. Le lieu identifié comme centre joue un peu par rapport à l’ensemble le rôle d’un logo ou du nom pour une personne. Il aide à définir l’identité mais n’est pas la personne. Dans un jardin il
─ Le destin de tout ce qui est fait de vivant, c’est la transformation ─ n’est pas le lieu - l’endroit où l’on ne se centre, où l’on ne reste pas - comme un non-lieu. Or ces « lieux non-lieux » font partie de ce que moi j’appelle le Tiers Paysage, c’est-à-dire un ensemble de délaissés. Tous les délaissés, à un moment donné et selon les échelles bien sûr, vont retrouver quelque chose qui va leur donner une identité, une caractéristique, une prise permettant de les identifier. Ne serait-ce que parce qu’ils accueillent une diversité chassée partout ailleurs. C’est alors l’une des composantes de cette diversité qui va identifier le lieu.
Clara : quel lien faites-vous entre les lieux identifiés et nommés et les lieux délaissés non-nommés ? Gilles : C’est un petit peu comme les feuilles mortes qui tombent sur l’allée : l’allée n’existe pas s’il n’y a pas assez de feuilles mortes, la rigueur ou la clarté n’existent pas s’il n’y a pas l’ombre. De la même manière, le nommé n’existe pas s’il n’y a pas l’innommable. On a vraiment besoin des deux, y compris d’une façon biologique. En effet, c’est dans l’espace éventuellement non-nommé que vont se réfugier les auxiliaires du jardinier qui travaillent dans l’espace nommé. Les larves des
68
| Nov. - Décembre |
y a un renvoi entre les êtres qui donnent le nom à l’espace et l’ombre ici, le ruisseau là, l’arbre couché, etc. Le jardinier intervient et compose avec ces propositions-là.
Clara : cependant, l’écologie ne trouve-t-elle pas une partie de son sens et de son importance en ce qu’elle se soucie à nouveau de l’oikos, c’est-à-dire du centre, du foyer des choses ? Gilles : C’est certain, mais il ne faut pas perdre de vue par ailleurs la fragilité de tous les êtres inféodés au petit écosystème qu’est leur habitat. Par exemple, le troglodyte est un petit oiseau qui vit très bas, à mi-ombre, et a besoin d’un couvert au niveau du sol pour construire ses petits terriers à fleur de terre. Comme le martin-pêcheur par rapport à l’eau, il est tributaire d’un habitat particulier et il n’ira pas ailleurs. Il disparaîtra si l’habitat disparaît, ou alors il ira retrouver un autre habitat similaire. Le nomadisme est intéressant, qui consiste à reconstituer le foyer un peu partout. Il faut donc distinguer entre foyer et habitat. En ce qui nous concerne nous sommes inféodés à nos maisons et à tous les artifices qu’elles
supposent, parce que nous ne savons pas vivre dehors.
Clara : dans Le salon des Berces (Nil, 2009), vous dites que vous avez commencé à écrire un livre sur une maison, dans lequel au bout d’un moment la maison s’efface et disparaît. Vous ajoutez que ce qui vous intéresse finalement, et là où est votre véritable maison, c’est le jardin, la vallée, tout ce qui jaillit autour… La maison y apparaît comme l’un des signes émergeant d’un habitat, d’une vraie maison plus étendue… Gilles : Tout ce qu’on construit et qui est fait de matière inerte est destiné à disparaître. Tandis que le destin de tout ce qui est fait de vivant, c’est la transformation. Le biologiste Henri Laborit voit dans les formes du vivant les résultats du passage d’une information, prise par le vivant, complexifiée et renvoyée. Le jardinier, en tant qu’être vivant, fait partie de ce processus. Bien sûr qu’il va disparaître, mais il sera intervenu, de la même manière qu’un lapin ou un chevreuil, comme un passeur d’informations, comme un être informant ayant reçu des informations et les renvoyant. Une maison à l’inverse n’a pas cette capacité - c’est un bloc inerte, comme un élément du jardin.
Clara : quand vous avez construit votre maison, vous avez commencé par le jardin. C’est là, dans cet « enclos »1 comme vous aimez à le dire, que vous avez expérimenté et mis au point pendant plusieurs années les fondements de votre pratique et de
RENNES, TEXTE ET PHOTO PasCaL greboVaL
LE BEL ELAN aVeC des FLeurs ?
Que diriez-vous d’entamer une visite de la capitale bretonne un bouquet de fleurs à la main ? Mais un bouquet original, composé de fleurs ayant poussé à quelques kilomètres de Rennes. Avec Cépourtoi la démarche est positive : « En fonction des saisons je me fournis aussi dans d’autres régions, mais toujours en France », souligne Béatrice, qui propose également des compositions florales et des ateliers créatifs. Et pour une touche de couleur supplémentaire, les bouquets sont livrés dans divers lieux publics ou dépôts à bord d’une splendide deuxchevaux jaune !
Les PiLiers de rennes
Rose Mystique
74
| Nov. - Décembre |
Entrons maintenant au cœur de la ville, à la rencontre de ces piliers qui ont fait de Rennes la capitale d'un « autre monde ». Envie d’approfondir des sujets liés au bien-être, tels que l’alimentation, la spiritualité ou la santé ? Restons dans le langage des fleurs, c’est à la librairie la rose Mystique qu’il faut s’adresser. Marguerite, qui gère la boutique depuis 30 ans, vous orientera à travers les rayons pour trouver les auteurs incontournables et les perles rares dans des domaines très Kaizen.
LE BON PLAN De gauche à droite : Produits de Fleurance, Saint-Germain des Champs, l’Enchanté
Poussons maintenant la porte des Tournesols, boutique bio installée depuis 1966. Jeune coiffeur, Norbert se savait environné de produits nocifs. Son médecin lui prédisait qu’il ne vivrait pas vieux... Il découvre à cette époque le philosophe et militant pacifiste Lanza del Vasto : c’est un bouleversement. Il opère alors une double reconversion professionnelle et personnelle et ouvre son magasin bio. Aujourd’hui encore, vous trouverez chez lui tout ce qu’il faut pour la santé et le soin du corps. De quoi vivre vieux, en somme... Depuis 1979, Produits de Fleurance, une affaire familiale aujourd’hui tenue par Florence, propose une alimentation saine et biologique et des compléments alimentaires équilibrés. Egalement institut de beauté, ce haut-lieu du bienêtre décline toute une gamme de soins corporels. Petit plus : vous pouvez y recevoir des conseils personnalisés pour trouver ou retrouver une bonne alimentation.
Les fripes et les fringues
Présente dans 36 villes de France, c'est à Rennes que Ekyog est né, en 2003. Chic et bio, voilà comment définir cette marque qui propose des vêtements 100 % bio pour les femmes et les bébés. Chez Poco Loco, on valorise les vêtements venus d’un peu partout mais dont le gérant garantit le processus de fabrication le plus naturel possible. Chez Trocabi on dépose les vêtements qu’on ne met plus ou on en achète d’occasion, le tout dans une ambiance de solidarité et de convivialité qui réchauffe comme un pull.
Rennes Solidaire
Rennes est aussi un nid de solidarités et d’énergies où essaiment des associations déjà bien ancrées dans la ville. Ainsi les Compagnons bâtisseurs, mouvement fondé sur le volontariat, vient en aide aux personnes en difficulté en rénovant les habitats et en partageant les savoirs pour promouvoir l’éco-construction. On peut également pédaler jusqu’à Rayons d’action, association de défense des usagers rennais de la petite reine, qui peut aussi vous proposer des ateliers de réparation si votre vélo déraille un peu. De son côté, la Maison de la consommation et de l’environnement oriente les consommateurs bretons, offrant toute la documentation nécessaire pour ne pas consommer à l’aveugle. Si vous voulez rencontrer les producteurs et artisans du coin tout en soutenant l’économie locale, rejoignez l’antenne bretonne du réseau national la Ruche qui dit oui, les portes sont ouvertes chaque vendredi après-midi. Venez donc retrouver le vrai goût des bonnes choses et l’artisanat de qualité.
A table !
Vos papilles sont en éveil ? Commençons par le Saint-Germain des Champs. Riche de différents CAP dans le secteur de la cuisine et d’une longue expérience de voyages tout autour du monde, Dominique devient pas à pas végétarien et décide de ne plus cuisiner de viande. Un nouveau monde culinaire s’ouvre alors à lui, où se mélangent épices et saveurs inconnues. Laissez-vous tenter par son restaurant végétarien.
Végétarien, c’est bien. Mais le poulet, c’est bon... Au Coucou rennais, Hassan propose une restauration originale : des poulets à la broche servis sous toutes les formes - sur place, à emporter, des blancs, des ailes... Et la provenance, alors ? Difficile de faire plus local : « Tout ce qui est vendu ici vient de chez mes voisins, agriculteurs bio », explique Hassan en souriant. C’est donc en toute quiétude que vous pourrez dévorer l’aile ou la cuisse, ou encore le traditionnel « coucou rennais » et ses pommes de terres au prix imbattable de 6€ ! Le café et le thé sont en libre-service : « Les gens donnent ce qu'ils veulent, je leur fais confiance ». Mais qui dit Rennes, dit crêpes. Les inconditionnels de la galette bio iront chez Ar-Pillig ou à la Crêperie paysanne, deux crêperies traditionnelles très attentives à la qualité de leurs produits. Et si vous voulez philosopher devant votre assiette, allez chez Ker Soazig : les excellentes crêpes y sont labellisées 100 % bio, les produits proviennent d'un rayon de 100 Km alentours, mais la crêperie appartient à grand groupe industriel. Le bio est t-il compatible avec un grand groupe ? à vous de juger. Pour une pause dans l’après-midi, rien de tel qu’un détour par l’Enchanté. Dans ce jeune bar à thé, Hélène et Anne vous initieront à toute une gamme de thés, mais aussi de tisanes , de jus et sirops, chocolats chauds maison, verres de vin (le tout en bio)… et bien sûr bières bretonnes. Si vous préférez tester la carte du midi, elle affiche tartes, tartines, soupes et salades de | Nov. - Décembre |
75
Cuisine SAUVAGE &DÉLiciEUX !
sauvage LA
POMME
Une petite pomme surette, pas plus grosse qu’une noix, se cuisine-t-elle vraiment ? Réponse dans ce dossier qui rend hommage à ce pétillant fruit sauvage ! TEXTE ET PHoToS LinDa Louis
A
utrefois donnée aux cochons, aujourd’hui délaissée au profit de la pomme cultivée, la pomme sauvage mérite pourtant de s’inviter dans notre cuisine. Les cueilleurs n’y prêtent guère attention, préférant en automne scruter le sol à la recherche de châtaignes ou de champignons. Et pourtant, en regardant de plus près, on aperçoit dans les feuilles mortes de grosses billes jaunes piquetées de rouge ou de noir. Si la petitesse et la couleur du fruit intriguent en premier lieu, la forme caractéristique de la pomme, avec son pédoncule, permet d’identifier le fruit défendu. Son nom latin, Malus sylvestris, nous ramène à son habitat de prédilection : la forêt. Le pommier sauvage, discret car noyé dans les essences à port plus volumineux, se plaît en lisière, dans les bois clairs, plus rarement dans les champs. C'est une espèce européenne bien distincte, qui ne s'apparente pas au pommier cultivé (Malus domestica), originaire d'Asie centrale et relié au pommier sauvage du Kazakhstan (Malus sieversii). Certains botanistes et forestiers estiment que le boquettier peut être menacé à moyen terme, puisqu'il a tendance à s’hybrider avec le pommier cultivé. Il en résulte une multitude d'espèces dont les distinctions botaniques précises restent encore difficiles
78
| Nov. - Décembre |
La pomme des bois n'est pas dénuée d'intérêt culinaire, contrairement à ce que prétend Pline l'ancien selon qui « la force de son suc est si grande, qu'il attaque le tranchant du couteau » ! Bien préparée, elle se révèle même délicieuse avec ses notes de pomme Granny Smith. Si vous n'en trouvez pas, vous pourrez réaliser les recettes suivantes avec des pommes du jardin... qui peuvent être tout aussi acerbes au premier abord !
Vertus et usages thérapeutiques
La pomme est connue pour ses vertus rafraîchissantes, toniques, apéritives, digestives, diurétiques, pouvant être laxatives ou antidiarrhéiques. Autrefois appliquée en cataplasme (chair râpée), elle soignait les plaies, les brûlures et les dermatoses. Cette pratique a d’ailleurs donné naissance au mot « pommade ». Dans le remède n°10 des Fleurs de Bach (élixirs floraux), la « crab apple » est recommandée pour purifier l’esprit et redonner force et volonté. Enfin, comme le dit l'adage, « une pomme chaque matin éloigne le médecin » ! • Constipation passagère : 2 pommes avec peau (riche en fibre), à jeun le matin, ou compote ;
• Diarrhée infantile : uniquement de la pomme crue râpée, sans peau, de 500 g à 1,5 kg/jour (selon l'âge) pendant 2 jours, puis réintroduction du régime habituel le 3ème jour ; • Cholestérol : pomme nature ou en gelée (la pectine emprisonne les graisses) ; • Effet préventif sur les troubles colorectaux : jus de pomme frais non pasteurisé ou pomme entière à croquer chaque jour.
En cuisine
Après avoir lavé et trié les fruits, retirez les parties abîmées. Vous perdrez en moyenne 30% du poids initial (le reste ira nourrir les poules ou le compost). Pour une compote, faites cuire les sauvages (non pelées) avec des cultivées. Passez le mélange dans un moulin à légumes pour filtrer la peau et les pépins, puis sucrez si besoin. Il est possible également de réaliser des recettes « deux en un », savoureuses et économiques : de la gelée (réalisée avec le jus de cuisson des pommes) et de la pâte de fruit (préparée avec les fruits cuits de la recette précédente). Enfin, ces pommes peuvent être hachées, râpées ou séchées pour agrémenter une pâte à gâteau. 1 Amandine Cornille et Tatiana Giraud du laboratoire ESE (Écologie, Systémique et Évolution) de l'Université Paris Sud
Identification de Malus (Rosacées)
sylvestris L.
• Arbuste assez trapu, pouvant atteindre 10 m de haut, à cime large et arrondie, composé de grandes branches tortueuses et épineuses. • Feuilles ovales ou presque arrondies, finement dentées sur les bords. • Fleurs assez petites, blanches à rosées, composées de 5 pétales. • Fruits (pommes) de 2 à 5 cm de diamètre, jaunes, parfois tachés de rouge à maturité, très acides et âpres. • Récolte des fruits de septembre à décembre. Confusion possible avec le pommier cultivé (Malus domestica)… Contrairement au pommier sauvage, à troncs multiples, il comporte un tronc unique. Le dessous de ses feuilles est lisse et non pubescent (recouvert de poils fins) au printemps. … et les pommiers d’ornement (Malus floribunda, Malus Golden Hornet, Malus Everest) Ces pommiers, originaires d’Asie, sont plantés dans les jardins. Appréciés pour leur floraison spectaculaire au printemps, ils produisent des petites pommes rouges, jaunes ou bicolores. Ne les consommez pas, elles sont très amères !
| Nov. - Décembre |
79
REcettes
à établir. Aujourd'hui, une étude sur le sujet est menée par des scientifiques1 qui ont mis en place en France une vaste campagne d'échantillonnage de feuilles pour leurs recherches.
Agenda Kaizen 11 – novembre - décembre
LES RENDEZ-VOUS Novembre Du 1er au 4 novembre – Parc des expositions – Strasbourg- Wacken (67) 6ème édition « Salon Bio et Co » – construction saine, alimentation biologique… Contact : 09 67 21 24 37 http://www.salonbioeco.com Du 4 au 10 novembre - Centre agro-écologique Les Amanins -La Roche sur Grane (26) Forum "Un changement humain pour un changement de société », avec P. Rabhi, E. Julien, I. Peloux... Contact : 04 75 43 75 05 - www.lesamanins.com Du 4 au 13 novembre – Centre culturel St Ayoul – Provins (77) 10ème édition « Forum nature et environnement »- exposition ludique, animations, conférences, ateliers… - gratuit Contact : 01 64 00 13 58 7 novembre – Maison de l’Environnement, 2ème arrondissement – Lyon (69) Conférence « la pollution atmosphérique, l’aff’air de tous ». - Contact : 04 72 77 19 80 Du 8 novembre au 11 novembre – Parc des expositions – Nantes (44) Salon « Habiter » - salon de l'aménagement, de la déco et de l'habitat durable. Contact : www.salon-habiter.com - 02 40 52 08 11 Du 9 novembre au 17 novembre – Parc Floral de Paris – Esplanade du Château de VincennesParis (12ème) - Salon « Marjolaine » - conférences – débats- atelier. Contact : salon-marjolaine.com Du 8 au 9 novembre – Espace Vanel – Arche Marengo – Toulouse (31) 13ème forum régional de l’économie sociale et solidaire. Gratuit Contact : contact@adepes.org - 05 61 73 04 86 Du 9 au 11 novembre – Parc des expositions du Pays de Lorient (56) Salon Bois Ecohabitat - Contact : 02 98 21 90 63 84
| NOV. - DÉCEMBRE |
Du 15 au 22 novembre – Centre culturel Jean Carmet , route de Nantes – Mûrs-Erigné (49) 9ème édition du Festival du Film Nature et de l’Environnement Contact : festivaldufilmnature@free.fr 02 41 57 81 85 - festivalfilmnature-murserigne.org Du 13 novembre au 28 décembre – Maison de l’Environnement – Magny-les-Hameaux (78) Exposition l’Eau et les hommes Contact : 01 30 07 34 34 Du 22 au 25 novembre – Eurexpo – Lyon Chassieu (69) - 14ème édition du Salon « Vivez Nature Lyon ». Information : vivez-nature.com Du 22 au 27 novembre – Les Amanins – La Roche sur Grane (26)- Stage éco et auto-construction avec le réseau Compaillon. Contact : lesamanins.com - 04 75 43 75 05 Du 16 au 24 novembre – Semaine européenne de la réduction des déchets. Contact : serd.ademe.fr Du 22 au 24 novembre – Les Arènes de Poitiers Poitiers (49) - Salon bio « Respire la vie ». Contact : salon-bio-respire.com – 02 41 38 60 00 Du 23 au 25 novembre – Zénith Oméga – Toulon (83) Salon « bien-être et médecines douces » – Contact : salonbienetre.fr – contact : 04 94 50 45 10 Du 27 novembre au 3 décembre – Les Amanins La Roche sur Grane (26) - Stage « Créer son éco-projet ». Contact : lesamanins.com - 04 75 43 75 05
Décembre Du 2 au 3 décémbre – Formation « Gestion de la fertilité des sols en maraîchage bio » Contact : Agribio Alpes-Maritimes - 04 89 05 75 47– 06 66 54 07 96 - agribio06-technique@ bio-provence.org Du 3 au 4 décembre – Parc Floral de Paris – hall 3 - Esplanade du château de Vincennes Paris (12ème) Passibat 2013 – Les journées de la construction passive – inscription préalable sur internetContact : admin@passibat.fr - passibat.fr - 01 42 21 02 61- 06 61 84 52 59
re du poiv celui lles. ntie rni que t de et raco iles esseître tou ord petit d’hu para d’ab n, plus centré laissent pe tout c une Son graiest un conpoivres dévelopcheur, ave te ou indien, d’autresant, celui-ci de fraî gue ver Là oùleur piqu sensation ur de man en temps suite che une é, une ode long e en bou citronn ulé. e et rest la suit touche t côté acid ie est t par un peti ant vien d’Arcad 1092 agascar emble plu Le piqu . de Mad le qui rass ue de ur bouche re noir Équitab lien historiq producte Bio re poiv Est. Ungroupes de le et le clo La filiè re certifiée itab la côte une filiè urs deArcadie à cesille Bio Équ van r Arcadie. poi la producte relie i de ans auss le pou pes fo de 10 uisent itab les grapssent part p qui prodfle Bio Équ ltent pou s réco es qui égrainen é de giro ducteur des lian puis les mis à séch Les prourité sur du sol, t ensuite son m à mat s mètres ns qui de tri fe plusieur les grai il. les ration séparer s au sole , une opé isée par agas des claie séchage , est réal ire à Mad e des le s ena cate Aprèsue et déli notre part stocké dan en con long es par en sac et son départ mis u’à employé est re s jusq le poivres et aéré prop
Du 4 au 6 décembre – Parc des expositions – Montpellier (34) « Energaïa », 7ème édition du Salon international des Energies Renouvelables – Contact : energaia@enjoy-montpellier.com - 04 67 17 67 17 www.energaia-expo.com Du 6 au 8 décembre – Salle Anatole France Bergerac (24) 9ème foire Bio. Contact : bergerac.fr/Agenda/ Du 5 au 7 décembre - Cinéma Le Méliès Grenoble (38) 27ème Festival International du Film Nature & Environnement – Contact :frapna-38.org 10 décembre – Maison de l’environnement, 2ème arrondissement – Lyon (69) - Café débat « Vivre sans internet » - Contacts : conferences@ maison-environnement.fr - 04 72 77 19 80
Du 27 novembre au 1er décembre – Parc des expositions – Grenoble (38) Salon « Naturissima » - Contact : naturissima@ alpexpo.com – alpexpo.com - tél : 04 76 39 66 00
Du 6 au 8 décembre 2013 – Rochexpo – La Roche-sur- Foron (74) « Naturellia , un pas vers le durable », salon bio des Alpes – Contact : naturellia.com contact@rochexpo.com - 04 50 03 03 37
Du 29 novembre au 1er décembre –Grand Palais – Lille (59) 13èmé édition Salon « NaturaBio » et « NaturaBati » Contact : visiteur@salon-naturabio.com 03 20 57 75 78
19 décembre – Maison de l’Environnement 2ème arrondissement – Lyon (69) Conférence : « L’agriculture biodynamique : une culture du vivant ». Contact : Côté Jardins - 06 68 69 57 34
s votre
les dan
disponib naire.com
arte www.biop
bouti
LE MAGAZINE DES INITIATIVES 100 % POSITIVES QUI
NOUVELLE SOCIÉTÉ…
ABONNEZ-VOUS ! numé
bre
des init
azine
2013
iatives
positive
S'abonner à Kaizen c'est s'engager dans un nouveau projet de société
Un magazine tous les deux mois
ro 10
- octo sept.
Le mag
s
Deux hors-séries par an LE MAGAZINE DES INITIATIVES POSITIVES
constru
ire une
nouveLL
e soci
r dossie i a-t-on uo s? pourq des arbre in o s e b
NUMÉRO 11 NOV. - DÉCEMBRE 2013
Face à une crise systémique (écologique, économique, sociale,…) chaque jour plus profonde, un mouvement est en marche qui, partout, réinvente nos façons de produire, d’échanger, d’habiter, de nous nourrir, de nous déplacer, d’éduquer nos enfants…
2013 2013re - octob - juin sept. 10- -mai ro 8
n pLan
L’ agri
Lyon
cuLtur
e bio
moins ? uctive prod
Des centaines de milliers de personnes construisent des alternatives au modèle actuel qui déstructure le tissu social, financiarise tous les aspects de nos vies, pille les ressources naturelles et encourage un consumérisme et une croissance matérielle forcenés.
POUR CONSTRUIRE UNE NOUVELLE SOCIÉTÉ
PORTFOLIO
HORS SÉRIE n°2 OCTOBRE 2013 / 12€
Des processus d’approfondissement de la démocratie sont conduits, facilitant la participation directe des citoyens aux décisions qui les concernent.
Afin d’encourager cette dynamique, nous créons aujourd’hui, le Collectif pour une Transition Citoyenne.
INTERVIEW
Plus que jamais nous croyons indispensable « d’être ce changement que nous voulons pour le monde », individuellement et collectivement. N’attendons pas le changement. Prenons notre avenir en main, maintenant. Ces initiatives pionnières, ont fait leurs preuves. Si nous le voulons, elles pourront construire en quelques décennies, une société radicalement nouvelle, partout sur la planète.
Des organismes financiers d’un genre nouveau remettent l’économie au service du bien-être humain. Des citoyen(e)s, ingénieurs, acteurs
associatifs, collectivités, scénarisent une VIVRE EN VILLE transition C’EST PLUS ÉCOLO ? énergétique.
LE BON PLAN RENNES
Des paysans, des agronomes développent une agriculture capable de nous nourrir sans pétrole et sans intrants chimiques. Des démarches pédagogiques nouvelles se montent, proposant à nos enfants une éducation basée sur la coopération et la bienveillance.
TRANSITION
Nous, organisations qui œuvrons, chacune dans notre domaine, à cette transition écologique sociale et humaine, croyons qu’il est temps d’amplifier ce mouvement et de lui donner la puissance nécessaire à un profond changement de société.
REZA FEMMES DE PAIX
GILLES CLÉMENT
NUMÉRO 11 - NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2013
rcadie.fr
www.a
cquet Luc Ja HaLLé cis Fran
Le bo
numé
.fr
.arcadie et sur www
w tervie
POUR CONSTRUIRE UNE NOUVELLE SOCIÉTÉ
(extrait de la Déclaration commune du collectif pour une Transition citoyenne)
LE MAGAZINE DES INITIATIVES POSITIVES
ivre ois à pour és sur
manuel, es emm scar. Puists entrepô ntainer.
in
LA TRANSITION EST EN MARCHE !
été
Tout sur le mouvement qui transforme l'hexagone
KAIZEN - HORS-SÉRIE 2 - OCTOBRE 2013
pour
2 us rs ou
ique bio
PRÉPARENT UNE
Déclaration complète sur : http://www.festival-transition.coop/ collectif-transition/
DOSSIER
REPORTAGES :
• ENERGIE : FAIRE SANS PÉTROLE ET SANS NUCLÉAIRE • AGRICULTURE : PRODUIRE AUTANT SANS ENGRAIS NI PESTICIDES • EDUCATION : L'AVENIR DE L'ÉCOLE • ÉCONOMIE : RÉINVENTER LA MONNAIE
PLUS FORTS ENSEMBLE
COMMENT DES COMMUNAUTÉS SE Cfé, Colibris, Attac, Réseau Cocagne, Membres fondateurs : Nef, Énergie Partagée, Terre de liens, Énercoop, M 05148 - 11 - F: 5,90 E - RD Le Plan Esse, Villes et territoires en transition, Mouvement Inter-Régional MOBILISENT POUR CHANGER LEUR DESTIN des AMAP, Biocoop
’:HIKPLE=]UZ^U]:?k@a@b@l@a"
couverture_K11.indd 1
14/10/13 12:12
M 04150 - 2H - F: 12,00 E - RD
3’:HIKOLF=UVWUU^:?k@a@a@c@p";
ENTRETIENS :
PHILIPPE MEIRIEU • THIERRY SALOMON • DELPHINE BATHO • YVES COCHET
1 AN (6 NUMÉROS) + LE HORS-SÉRIE =
40 € (AU LIEU DE 47.40 €)*
DÉCOUVREZ KAIZEN SUR
www.kaizen-magazine.com Et retrouvez-nous sur
✃ Particulier> sans facture 1 abonnement 2 abonnements 3 abonnements Petit budget
1 an 6 Numéros
2 ans 12 Numéros
30 € 2 x 26 € 3 x 23 € 25 €
53 € 2 x 49 € 3 x 45 €
(France métropolitaine uniquement)
1 an + 1 Hors série HS1 HS2 HS3 1 an + 2 Hors série HS1 HS2 HS3 1 Hors série + 1 DVD Pierre Rabhi
Commande au N° : N°1 N°2 N°3 N°4 N°6 N°7 N°8 N°9 Hors série n°1 (Pierre Rabhi) 12,00 € Hors série n°2 (transition) 12,00 € Tarif 5 € par ancien numéro (tarif kiosque : 5,90 €)
Frais de port : pour France métropolitaine 1 numéro : 3 €, 1 € de plus par numéro supplémentaire, Hors série : 3,50 €/Hors série + DVD : 4 € Ajouter 2 € aux forfaits Poste hors métropole française.
Nom
40 € 50 € 30 €
Prénom Adresse
(Indiquer votre choix)
Association, entreprise, institution
34 €
62 €
37 € 42 €
68 € 78 €
facture sur demande
Europe/DOM-TOM Autres pays
N°10
CP
Ville
Tél. Mail
* Prix kiosque Chèque à établir au nom de : Sarl EKO LIBRIS 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine - 75011 Paris - Abonnement en ligne : www.kaizen-magazine.com