K12 feuilleter

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NUMÉRO 12 JANVIER - FÉVRIER 2014

lle e v u o N e l u m r fo

LE MAGAZINE DES INITIATIVES POSITIVES

ÉNERGIE, ÉDUCATION, AGRICULTURE...

POUR CONSTRUIRE UNE NOUVELLE SOCIÉTÉ

FAUT-IL SUIVRE LE MODÈLE SUÉDOIS ?

PORTFOLIO DE VINCENT MUNIER

LA NATURE À L’ÉTAT PUR DÉMOGRAPHIE

SOMMES-NOUS TROP NOMBREUX ? LE BON PLAN

MONTPELLIER M 05148 - 12 - F: 5,90 E - RD

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BE/LUX 6.50 € IT/ESP/GR/Port Cont 6.90 € DE 7.50 € Canada 9.75 $C


SOMMAIRE

12 janvier-février 2014 05 Édito 07 Ils sont Kaizen

40 Portfolio Vincent Munier La nature à l'état pur

63 La voie du Kaizen Un petit pas qui peut changer votre vie

64 Portraits

08 Le journal des actus positives

Portraits de paysans-boulanger

10 Si on le faisait

Montpellier

66 Le bon plan

Un poulailler collectif

14 Ensemble on va plus loin Maison de la semence : un espace de liberté agricole

18 Yes they can Un super marché collaboratif

20 Désenfumage Est-il plus écolo de vivre en ville ou à la campagne ?

50 Idée remuante Démographie Combien d'humains la Terre peut-elle supporter ?

70 Do It Yourself L’amande a plus d’un tour dans sa COQUE…

56 Infographie Une seconde vie pour les vêtements ?

58 Créateurs de culture Amac : les Amap de la culture

74 Sauvage et délicieux

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Dossier Faut-il suivre le modèle Suèdois ?

Les graines germées

81 Les Rendez-vous Kaizen 83 Le sourire d’Yvan 88 Colibris reporters 90 Chronique de Pierre Rabhi | jan.- février 2014 |

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Editeur SARL EKO LIBRIS au capital de 59 000 €. 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com Magazine bimestriel numéro 12 Janvier - Février 2014 Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore Directeur de la publication Patrick Oudin Directeur de la rédaction Cyril Dion Rédacteur en chef Pascal Greboval Directeur Artistique Yvan Saint-Jours Secrétaire de rédaction Lucile Vannier Contact contact@kaizen-magazine.fr Abonnements abonnement@kaizen-magazine.fr Comptabilité et administration administration@kaizen-magazine.fr Rédaction redaction@kaizen-magazine.fr Couverture Fanny Dion Maquette et mise en page Schuller-Graphic SIREN : 539 732 990 APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières les vallées Régie de Publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse, Sandrine Novarino Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Distribution export : Export Press Vente aux N° pour les diffuseurs : Alexandre Campi Groupe HOMMELL Tél : 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte et illustration ne peuvent être reproduits sans autorisation du magazine. Merci.

Y A-T-IL UN BON MODÈLE ? Dans notre (bonne) volonté de trouver des solutions pour un monde meilleur, nous pourrions céder à la tentation de décréter : « La société de demain doit être ainsi », troquant un modèle (déficient) contre un autre, jugé en tout point parfait. Qu’il s’agisse, pour les uns, de dire que la technologie va nous sauver, ou pour les autres, que tout le monde doit aller vivre à la campagne et faire son potager, je pense que nous nous tromperions. En procédant de la sorte, nous remplacerions un dogme par un autre, si vertueux semblerait-il être. Nous nous couperions de la créativité qui peut naître de l’échange, de l’inconnu, de la coopération. Nous reproduirions les erreurs des peuples qui ont voulu imposer à l’ensemble de la planète leur mode de pensée et leur schéma de développement. Provoquant les difficultés que nous connaissons. Alors non, il ne faut pas suivre le modèle suédois. Ni aucun autre. Mais il est peut-être intéressant de s’y plonger, de chercher à le comprendre, de le laisser nous éclairer. Et c’est peut-être là que réside le progrès : dans la capacité d’apprendre de ce que nous observons - des écosystèmes naturels, des expériences pionnières près ou loin de chez nous... De les retenir s’ils nous paraissent bons et d’en métaboliser l’essence. Puis de les adapter à nos singularités, à nos besoins, plutôt que de les copiercoller et les standardiser. Alors, inspirons-nous, en ces temps moroses où, si nous nous en tenons aux discours politiques français, il semblerait n’y avoir aucun horizon. Si, des horizons existent ! Et nous tâchons de les rendre visibles au travers des multiples expériences présentées dans Kaizen. Une nouvelle année d’initiatives positives commence. Joyeux début d’année à tous, Cyril Dion Directeur de la rédaction

ÉDITO KAIZEN “Changer le monde pas à pas”

Kaizen késaco ? Kaizen est un mot japonais qui signifie littéralement “changement bon”. Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un second puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau. | jan.- février 2014 |

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LE JOURNAL

DES ACTUS

R E TO

LE PLUS GRAND PARC EOLIEN D'AFRIQUE INAUGURÉ L’État Éthiopien a inauguré fin octobre le plus grand parc éolien d’Afrique subsaharienne, à quelque 800 kilomètres au nord de la capitale Addis-Abeba. D’une puissance de 120 MW, il aligne 84 éoliennes sur 100 kilomètres carrés. Celles-ci ont été produites par le constructeur tricolore Vergnet, qui a fait appel à la société Alstom pour le seconder ; elles affichent une puissance unitaire de 1 MW pour 30 d’entre elles et 1,67 MW pour les 54 autres. Elles génèreront chaque année 400 GWh d’électricité, soit l’équivalent des besoins d’un million de foyers et une économie de 300 000 tonnes de gaz à effet de serre. Ce parc vaut à l’Éthiopie d’être propulsée au troisième rang des producteurs d’énergie éolienne sur le continent, derrière l’Égypte et le Maroc.

L'ARRÊT DES PESTICIDES DANS LE DOMAINE PUBLIC EN 2020 Le Sénat a adopté le 19 novembre 2013 une proposition de loi visant à bannir l’usage des pesticides et autres produits phytosanitaires sur tout le domaine public à compter de 2020 et chez les particuliers en 2022. 10% des communes sont déjà « zéro phyto » et plus de 60% d’entre elles ont engagé une démarche dans ce sens. Il faut dire que les pesticides, en particulier les désherbants, constituent une forte source de contamination des eaux de surface et souterraines. Jusqu’à 40% des pesticides utilisés dans les espaces verts urbains et le long des rues contaminent les nappes phréatiques dont la dépollution coûte des milliards d’euros. Un soulagement en perspective pour les poissons, les plantes et les contribuables.

KAIZEN EN CROISSANCE Pas à pas Kaizen trouve son lectorat : +24% de lecteurs en kiosque sur les deux derniers numéros. Et pour bien commencer cette année 2014, Kaizen est maintenant disponible dans certains kiosques étrangers : Belgique, Portugal, Canada, Italie, Grèce. Encore un pas et bientôt l’équilibre …

SUCCÈS POPULAIRE À ALTERNABITA L’évènement festif et actif "Alternatiba" s’est déroulé dimanche 6 octobre à Bayonne. Dans une ville investie par des dizaines de présentations d’alternatives au système économique dominant, plus de quinze mille personnes ont échangé, réfléchi et discuté. A cette occasion, Patrick Viveret a confié son enthousiasme à Kaizen, retrouvez son interview sur notre site internet : http://kaizen-magazine.com/les-citoyens-au-pouvoir/

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U

R DE Avis à S MON la pop TY PY ulatio en scè n, les THON ne le 1 M o nty Py er juil la com t l h e o t 2014 édie e n revie ! Au p t du s rogram nnent exe an tique" . Vivem me : "de ent l’é té…


Lumo France, une nouvelle plateforme d'investissement responsable, vous permet de financer un projet de votre choix à partir de 25 € ! En savoir plus : https://www.lumo-france.com/

À NA NTE S, UN HA BITAT INTERGENERATIONNEL

À Nantes, un nouvel habitat social tisse du lien entre générations : des locataires aux revenus modestes ont emmé nagé début octobre dans une grande maison intergénérationne lle. Celle-ci comprend 21 logements sociaux destinés à accueillir des personnes aux très faibles ressources, avec des loyers allant de 170 € par mois pour un T1 à 403 € pour un T4. Une opéra tion rendue possible par un partenariat avec la Fédération frança ise du bâtiment (FFB), qui a racheté ces anciens bureaux admin istratifs en 2010 avant de confier un bail de réhabilitation de vingt ans à la foncière d’Habitat et Humanisme.

LES ACTUS POSITIVES

VOS ÉCONOMIES DANS DES PROJETS D'ENERGIES RENOUVELABLES ?

KAIZEN SUR LE WEB

Découvrez le nouveau site internet à partir du 1er janvier ! www.kaizen-magazine.com À RETROUVER SUR NOTRE PAGE FACEBOOK : facebook.com/KaizenMagazine

TOUS LeS venDreDiS LE CHIFFRE DE LA SEMAINE

T DE LA N E M E RT É AT L E D É PA N N E E S T L A U R -G A R O IE 2013 G E O T L U O C A 'E H L ARES DE A V I E ". O N L U I M L A P U D L AZINE " HAPEAU ! D U M AG TRE C TIRE NO

DES CHAMPIGNONS À DOMICILE

TOUS LeS LUnDiS UNE CITATION

L’économie bleue est accessible à tous ! La société Upcycle, qui récupère du marc de café dans les bars parisiens pour la culture des champignons (voir Kaizen 6), a développé un nouveau procédé permettant de faire pousser les champignons à domicile : une bonne idée de cadeau… En savoir plus : http://www.mykitchengarden.fr/index.cfm

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©T Chapin

&

frais

du ien social les plaisirs du poulailler collectif

Texte Nathalie Jouat

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A Sergeac, petite commune du Périgord Noir, les habitants du lieu-dit du Tillou se sont lancés dans un projet créateur de lien : la gestion d’un poulailler collectif. Débuté en 2011, il s’inscrit dans une envie d’air frais et de nourriture saine.


L’engagement n’est pas contraignant : 5 minutes pour sortir les poules le matin, 3 minutes pour les rentrer le soir, 5 minutes pour collecter les œufs et une fois par semaine un peu de temps pour rafraîchir la litière. « L’organisation est souple. Il faut juste être prêt à se lever le matin, car les poules vivent au rythme du soleil ». Pour se coordonner, le groupe utilise un agenda partagé sur internet, un système moderne et utile. En fin de semaine si nécessaire, la personne responsable envoie un compte-rendu et un état des stocks de nourriture. « On ne mange plus les œufs de la même façon ! Ils sont meilleurs et plus nourrissants que ceux du supermarché. Le jaune est plus orangé, car les poules courent et sont nourries au grain bio. On trouve toutes les nuances et formes, selon les pontes. En prenant soin de nos animaux, on devient plus respectueux de leurs œufs ».

Du besoin individuel à l'organisation collective Si les voisins s’entendent bien, il leur arrive d’avoir des désirs différents. « C’est amusant, chaque poule a un caractère particulier, elle ressemble à son propriétaire », plaisante Thierry. Certains sont absents une partie de l’année et s’occupent des

─ Si au début nous n’étions là que pour les œufs frais, aujourd’hui c’est le lien social qui est devenu important pour nous ─ Des poules libres mais attachantes

©N Jouat

poules à leur retour. D’autres sont ennuyés à l’idée que les œufs soient fécondés. « Pourtant, il nous fallait un coq. Il tranquillise les poules, qui pondent mieux en sa présence. Il les prévient s’il y a un prédateur, comme

Et les poules réformées ? Les poules de réforme proviennent des élevages industriels, ce sont des poules à la retraite, destinées à l’abattoir. Les éleveurs, pour des questions sanitaires et de productivité, changent de poules tous les ans. Elles ne sont pourtant pas en fin de vie et promettent encore de bons gros œufs. Deux points de vue à ce sujet : • Certains trouvent que cette pratique cautionne l’industrie des poules de batterie, au lieu de traiter la problématique de maltraitance animale. Dans les élevages elles sont entassées, exploitées et plutôt malheureuses. Leur nourriture est industrielle, elles reçoivent antibiotiques et vaccins, elles sont souvent déplumées. • D’autres (comme l’association L214) pensent plutôt que la bientraitance offerte à ces poules est un acte généreux. Elles peuvent provenir d’un élevage de plein air, ou bio. En batterie, elles sont boostées au chauffage, elles produiront moins chez vous. Une poule, comme une femme, a un nombre d’ovules déterminé qui s’amenuise à mesure qu’elle pond. Elles pondront encore 2 à 3 ans en fonction de leur race et de leur état, après c’est la retraite. Vous pourrez alors les conserver pour le plaisir ou opter pour la poule-au-pot… A noter que dans le cas d’un poulailler collectif, si l’on veut des poules de réforme, mieux vaut n’avoir que cela et éviter les mélanges car elles ont besoin d’un temps d’adaptation pour se remettre de leurs émotions.

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et si on le faisait ?

Nous sommes 12 à 15 voisins, chacun de nous a exposé ce qu’il souhaitait au début. Nous avons en priorité évoqué l’envie d’œufs de provenance locale, frais et bio », raconte Thierry Chapin, membre du collectif du poulailler et agitateur local de bonnes idées. Chacun est responsable et propriétaire d’une poule au minimum, tous s’occupent des gallinacées à tour de rôle pendant une semaine. La structure du poulailler, hébergé chez une des voisines, est simple : des planches, des casiers en bois et des branches en guise de perchoirs. Une caisse commune finance le grain bio acheté à un paysan local. « L'investissement annuel est vite rentabilisé : pour la construction du poulailler nous n'avons dépensé que 95 euros de grillage, tout le reste a été fabriqué en matériaux de récupération glanés çà et là. Les poules ont été achetées par leurs propriétaires au prix moyen de 10 euros chacune. Chaque année nous partageons les dépenses d'environ 210 euros pour 600 kilos de grain (blé et maïs mélangés) et une trentaine d'euros pour les rares traitements antiparasites. La litière se compose de cendre (recyclée de nos poêles) et d'un peu de paille (15 euros la botte pour deux ans). On estime que le prix de nos œufs, comparé à ceux du commerce, est divisé par six ».


©T Alamy

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:

semence

Ensemble on va plus loin

Maisons de la

un espace de

liberté agricole Texte Carole Testa

Contre l'hégémonie des grands semenciers industriels, des paysans réagissent et créent des maisons de semences collectives. Exemples au Larzac et dans le Périgord.

C

omme chaque soir, Laurent Reversat monte au pré pour ramener à la bergerie ses 130 brebis, aidé de son fidèle border collie Farine. Il vient de s'installer sur une ferme de 250 ha, dont 38 semés de céréales et fourrage pour nourrir ses bêtes en hiver. Le reste constitue un parcours à travers le plateau calcaire et avare en eau du Larzac. Pour l'instant, Laurent ressème ses propres semences. Mais pour combien de temps? La loi du 8 décembre 2011 sur les obtentions végétales et les semences de ferme prévoit d’imposer aux agriculteurs le rachat de nouvelles semences chaque année (voir encadré). « Les semenciers prétendent créer de la biodiversité mais ils fabriquent de l'homogénéité, et ce à partir des semences élaborées par les paysans depuis des millénaires! », s'insurge Laurent. Les décrets n'étant pas encore parus, il reste cependant optimiste, et actif : il est co-fondateur de la Maison de la Semence locale. Cette maison immatérielle rassemble une trentaine d'éleveurs (tous membres de l'AVEM, association de vétérinaires et d'éleveurs de Millau), volontaires pour prendre en charge la multiplication de semences de sainfoin et de luzerne, tout en échangeant leurs expériences. Tout a commencé en 2006, quand Laurent Reversat rencontre Laurent Hazard, chercheur à l'Inra. Celui-ci veut travailler sur l'amélioration de la biodiversité dans les cultures fourragères : ils choisissent le sainfoin, plante très nutritive et bien adaptée au sol du Larzac. C'est pour mettre au point

une « population » de sainfoin riche et diversifiée que les éleveurs créent la Maison de la Semence en 2012. Sur un programme financé par le Ministère de l'Agriculture et piloté par l'Itab et l'Inra de Toulouse, ils embauchent Estelle Greffier, ingénieur agronome, chargée de faire vivre le réseau. Elle organise des formations, des réunions au cours desquelles les éleveurs peuvent échanger et définir les règles d'utilisation du matériel commun. Chaque structure a ses spécificités mais toutes poursuivent un objectif commun : partager des graines et des savoir-faire. « Comme la loi de 2011 interdit l'échange et la vente de semences entre agriculteurs, la Maison de la Semence (MS) les prête, les redistribue, uniquement en interne, et en reste propriétaire », explique Estelle.

─ Les jardiniers amateurs sont très importants ─ Les réseaux s'organisent C'est en Dordogne que l'association Agrobio Périgord a lancé la première Maison de la Semence française autour de 2005. « Une rumeur sur l'introduction de maïs OGM nous avait incités à chercher des graines originelles, raconte le cultivateur de maïs bio Bertrand Lassaigne. On en a retrouvé, mais très peu et présentant une dégénérescence. Le maïs a besoin d'une grande diversité de variétés, or l'uti| jan.- février 2014 |

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?

Est-il plus écolo de vivre en

ville ou à la campagne Texte Yvan Saint Jours / dessin julie graux

N

otre précédant désenfumage (voir kaizen 11) s'intitulait « Est-il plus écolo de vivre en ville ou à la campagne ? ». Nous y exposions que le simple fait de vivre à la campagne ne rend pas forcément plus « écolo » qu'être citadin. Pour autant nous tenions à apporter un point de vue complémentaire à cette question afin de ne pas nous contenter du discours dominant prônant la densification des villes et l’arrêt de l’étalement urbain. Questionnonsnous maintenant sur la fragilité des villes, sur notre besoin de nature et sur la nécessaire redynamisation des campagnes.

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L'autonomie au secours de la densification

Les infrastructures urbaines (canalisations, électricité, rues…) sont certes très efficaces car très concentrées, contrairement aux zones rurales, mais c'est également cela qui les rend extrêmement vulnérables. En octobre 2012, l'ouragan Sandy a coûté très cher à New York : 19 milliards de dollars de dégâts, 2 millions de personnes sans électricité (certaines pendant des semaines), 11 millions privées de transports en commun… Sans tomber dans la politique de la terreur, mais plutôt en invoquant le simple bon sens, on sait que la « crue du siècle » est attendue avec angoisse à Paris. Le cas

(Partie 2)

échéant, malgré toutes les précautions prises, la capitale, centre névralgique de la France, serait hors-service durant plusieurs semaines. Dans un autre domaine, la seule station d'épuration d'Achère dans les Yvelines retraite chaque jour 1,7 millions de m3 d'eaux usées provenant de 6 millions de franciliens : un tel degré de concentration rend ce système intrinsèquement fragile. L'autonomie est une clef indispensable pour ne plus dépendre d'un colosse aux pieds d'argile et se préparer à d'éventuelles désordres climatiques qui pourraient s'accentuer (mieux vaut prévenir en douceur que guérir dans l'urgence). On peut vivre de façon la plus autonome possible sans avoir à dépendre d'un


Désenfumage

cordon ombilical : production de chauffage et d'électricité, épuration de l'eau, filtrage de l'eau potable et bien sûr production alimentaire. Gagner en autonomie, c'est incarner plus fortement le lieu où l'on vit, se rapprocher de la nature et des personnes avoisinantes. Cette évolution vers peut se faire à toutes les échelles : familiale, dans la rue ou le hameau, au niveau du quartier comme de la ville.

Bien-être et nature Outre notre besoin de proximité avec la nature pour diminuer notre stress, nous sommes appelés à nous reconnecter plus profondément avec elle. C’est ce qu’avance Edward Osborne Wilson, biologiste américain : « L’homme éprouve une attirance pour la nature qui est l’expression d’un besoin inné d’établir une relation avec le monde vivant ». Pierre Rabhi nous rappelle également que c’est une façon de « renouer avec l’espace, le temps, le silence, les sens, l’humilité et le beau. C’est renoncer à l’esprit dominateur qui régit nos sociétés occidentales, c’est revenir à une relation sensible à une époque où les connexions virtuelles réduisent les autres capacités d’expression (regards, gestes…) ». Alors place à la nature, partout et pour tous. Accéder à la « vraie nature » est beaucoup plus simple lorsqu'on habite à la campagne (les parcs et jardins citadins demeurent un peu des morceaux de nature en boîte). Mais au fait, y auraitil une taille de ville idéale pour trouver la nature au bout de la rue ? Comme le disait Alphonse Allais (adage originellement attribué à Commerson), « il faudrait construire les villes à la campagne, l'air y est plus sain ». D'après une enquête réalisée par l'institut de sondage Ipsos en 2010, ce que l’on n'aime pas dans les villes, ce sont les embouteillages, les difficultés de stationnement, la pollution, le bruit et le stress. Des soucis qui augmentent en général avec la taille de la ville. Cette enquête révèle que pour les Français, la ville idéale compte moins de 20 000 habitants (comme Cognac, Lannion,

─ Gagner en autonomie, c'est incarner plus fortement le lieu où l'on vit ─ Dignes, Saint-Lô, Millau…). L'accès à la nature y est aisé. Tous les habitants bénéficient de sa présence sous leur fenêtre, au bout de la rue ou sur le chemin du travail.

Dessiner nos paysages c'est dessiner l'avenir Le GIEC a inscrit dans ses recommandations la « densification des espaces urbains » et la « mise en friche des zones naturelles ». Et si nous changions notre façon de voir et proposions de densifier les espaces ruraux et mettre en friche certains espaces urbains ? Notre pay-

sage est façonné par nos paysans ; après un demi-siècle d'exode rural, où sont les dessinateurs de paysages ? Deux fermes disparaissent toutes les heures en France depuis dix ans, des petites fermes à taille humaine. Quand les paysans disparaissent au profit d'importants exploitants agricoles, les paysages se modifient en conséquence, ils s’appauvrissent et la terre devient stérile (la Beauce en est l'exemple le plus frappant). A quoi ressemblent nos campagnes aujourd'hui ? Ce sont des zones périurbaines aux lotissements aseptisés, dans lesquels il est parfois interdit de | jan.- février 2014 |

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© Yann Arthus-Bertrand / altitude-photo.com

sUÈde

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franCe

avec dom Tom

nombre habitants

9,6 millions

66 millions

superficie

450 000 Km²

674 843 km²

densité habitants au km²

21

110

espérance de vie

81 ans

81 ans

Indice de développement humain

7e mondial

20e mondial

Taux de chômage

7,5 %

11,1 %

Taux d’activité des femmes

72,2 %

66 %

part des dépenses d’éducation

7,6 % du pIB

5,89 % du pIB

dette publique

36,8 % du pIB

90 % du pIB

prélèvement obligatoire

51,6 % du pIB

51,8 % du pIB

pIB par habitant

42.900 €

30.700 €

pIB

407,7 milliards €

2 032,3 milliards €

surface agricole en bio

15,7 %

3,7 %

part des énergies renouvelables

48 %

11,5 %

| jAn.- FévrIer 2014 |


SUIVRE

Dossier

réalisé par Cécile Cros, Marie Lescroart et Pascal Greboval

le

Dossier

FAUT-IL

suedois?

Pont d'Oresund entre Copenhague (Danemark) et Malmö (Suède)

Après des années de réformes, la Suède s’est hissée au rang de pays exemplaire dans sa politique environnementale et sociale. Le modèle suédois a ceci de particulier qu’il combine une société où le bien-être social et éducatif est prioritaire et très largement financé par l’Etat, avec une économie de marché décomplexée. Le pays est également l’un des plus paritaires au monde, grâce à une volonté politique de fer talonnée par une société très impliquée. Depuis le sommet de la terre en 1972 à Stockholm, le gouvernement suédois n’a cessé d’imaginer puis de développer d’ambitieuses politiques énergétiques et de gestion durable des espaces naturels et des villes - dont certaines se classent parmi les plus performantes au monde. La décentralisation des pouvoirs vers les municipalités a en partie contribué à ces réussites. La Suède fait aujourd’hui partie des rares pays à avoir dépassé les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’elle s’était fixés en 1990. | jan.- février 2014 |

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Loup arctique, Ellesmere (Canada) 40

| jan.- fĂŠvrier 2014 |


Portfolio

la

nature

à l’état

pur Portfolio Vincent Munier

| jan.- février 2014 |

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COMBIEN

humains

terre SUPPORTER d’

la

50

| jan.- février 2014 |

peut-elle


PHOTOS PATRICK EVESQUE

Jacques Véron est directeur de recherches à l'INED, auteur de Démographie et Ecologie, éditions La Découverte, mars 2013.

Aujourd'hui 7 milliards d’individus peuplent la Terre, nous serons 10 milliards en 2060 selon le dernier rapport des Nations Unies. Pourra-t-on décemment vivre aussi nombreux sur la planète ? Barnabé Binctin : Lorsqu'on s’interroge sur la soutenabilité de notre mode de développement actuel, on évoque souvent la croissance économique, les inégalités sociales, la destruction de la biodiversité, mais beaucoup plus rarement l'augmentation du nombre d'habitants sur la planète. Y a-t-il un tabou à ce sujet ? Jacques Véron : La question de la population déroute, on ne sait pas comment la traiter. La démographie est un champ interdisciplinaire, c’est ce qui fait sa force et sa faiblesse. Elle touche à la biologie, à l'économie, à la sociologie, à l'histoire, etc. Divers univers scientifiques se confrontent. Par exemple, lorsque les biologistes parlent de démographie, ils le font de façon simple ; cela ne diffère guère pour eux de la reproduction des lapins. Pour les démographes en revanche c’est tout autre chose : la fécondité humaine dépend de facteurs culturels, de processus historiques et d'autres données. La rencontre de ces disciplines ne facilite pas la reconnaissance de la démographie en tant que telle. C'est pourquoi les démographes ont fini par adopter une position de retrait au sujet de la pression exercée par

l’accroissement de la population sur les ressources naturelles. Les débats à ce sujet se réduisent à un conflit entre optimistes et pessimistes...

L’optimiste, dans ce cas, estimerait selon vous que la population ne représente pas une menace pour l'environnement ? Oui, mais je pense que là n'est pas le sujet. La démographie est affaire de scientifiques, il est question de chiffres, on fait de la prospection. En tant que démographe, il faut éviter les jugements de valeur et les termes engagés comme « menace ».

devient plus politique si l’on considère la qualité de vie et non pas la faisabilité : on ne peut pas dire que ces 10 milliards d’humains seront nécessairement bien nourris et en bonne santé. Le véritable enjeu, c'est de savoir dans quel contexte la population mondiale va poursuivre sa croissance. Deux questions essentielles se posent : la première concerne le coût environnemental des augmentations de productivité, qui seront inévitables. Aujourd'hui les révolutions vertes des années 1970 sont l'objet de critiques ; elles ont certes permis d'améliorer les rendements de manière significative, mais elles ont eu un impact important sur l'eau, l'irrigation, l'assèchement des fleuves, l'utilisation d'engrais, le

─ La destruction des écosystèmes résulte d’une demande économique mondiale peu attentive ─ Que dit justement la science quant à la perspective d'atteindre les 10 milliards d’individus sur Terre ? Est-ce possible ? C'est possible avec nos modes de production actuels. C'est du moins ce qu'indiquent plusieurs rapports, notamment ceux de la FAO. Le propos

mode de vie de paysans déboussolés par un système de production très différent... Il faudrait revenir à des manières de produire plus douces, plus respectueuses de la planète. Le second enjeu, c'est la solvabilité des populations, c'est-à-dire la possibilité pour les plus pauvres de disposer de la ressource alimentaire nécessaire. Dans quelle mesure les gens pourront-ils accéder à cette nourriture effectivement | jan.- février 2014 |

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IDÉE REMUANTE

INTERVIEW DE JACQUES VÉRON PAR BARNABÉ BINCTIN


© DR

text

e An nie

Un peu de sexe ? merci, juste pour vous être agréable ! par Lézarts Cie 58

| jan.- février 2014 |

AMAC Riga

ult

Les AMAP de la culture


Créateurs de culture

Après les AMAP1, qui resserrent le lien entre producteurs et consommateurs, voici les AMAC par lesquelles des groupes de citoyens reprennent la culture en main sur leur territoire. Nous avons rencontré l’une de ces associations dans le Loiret.

S

amedi 22 novembre, fin d’après-midi. J’ai rendezvous avec les bénévoles de l’(H)AMAC de Lailly-en-Val, près d’Orléans. Comprenez « L’(Heureuse) association de maintien d’actions culturelles ». Si le H comme Heureuse est en option, il rappelle néanmoins que l’essentiel réside bien dans le plaisir de partager et d’agir ensemble. La gaieté est perceptible dès l’entrée dans la salle de spectacle municipale, la Lisotte. Une dizaine de personnes s’affairent, on apporte des sièges, des lampes ou encore les objets qui feront office de décor. Ce soir a lieu le quatrième et dernier spectacle de la saison. Comme toujours, les bénévoles veillent à concocter un accueil chaleureux pour les spectateurs, transformant le hall impersonnel en salon familial - on se croirait chez soi. Bien vite, chacun s’interrompt pour venir à ma rencontre. Nous nous installons dans ce salon « tout de même un peu kitsch » selon l’un de mes hôtes. Roland, Cécile, Christophe, Aurélie, Linda, Olivier et les autres commencent à raconter leur aventure.

Un groupe de citoyens pour une culture accessible En 2011, la troupe « Jeux de vilains », de Lailly-en-Val, organise une rencontre internationale autour des marionnettes. Elle sollicite à cette occasion l’aide de la population, notamment pour l’hébergement et l’intendance. « On a vécu une aventure humaine très riche, explique Roland, il y a eu une

belle synergie entre bénévoles et on a eu envie de poursuivre ». La troupe lance alors l’idée de l’AMAC, qui après de longues discussions finit par séduire les bénévoles. Si la notion de solidarité est partagée par tous, les motivations ne sont pas toujours exactement les mêmes. « Action citoyenne » pour Roland, « action militante pour que la culture continue d’exister en France » selon Jean-Marc ; Aurélie veut « contribuer à importer la culture en milieu

─ Importer la culture en milieu rural ─ Vers un réseau national des AMACCA* ? Olivier Lanoë est l’initiateur d’une vaste réflexion sur le lien entre culture et citoyenneté. Celle-ci s’appuie à la fois sur les débats de l’Agenda 21 de la culture, qui prend en mains la question culturelle (grande absente de la mouvance développement durable), et sur la Déclaration de Fribourg sur les droits culturels. Il va entamer en janvier une tournée de présentation des AMACCA, animée de conférences « gesticulées » suivies d’ateliers ouverts à tous ceux qui souhaitent se pencher sur la politique culturelle de leur territoire. Plus d’informations sur : www.reseauculture21.fr/amacca

* Associations pour le maintien des alternatives en matière de culture et de création artistique

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AU cŒur de Montpellier :

l’Ecusson bio

Q

u’il fait bon flâner sous le soleil méditerranéen dans l’Ecusson, centre historique de la ville, à travers les petites rues, sur les terrasses, loin du tumulte des voitures... Premier effet de ce bien-être : Montpellier figure régulièrement en tête des classements de villes où il fait bon vivre. Deuxième effet : la croissance démographique de la ville et de l’agglomération est l’une des plus fortes de France, elle a doublé en quarante ans (on dénombre aujourd’hui 258 000 montpelliérains et 7000 nouveaux arrivants s’installent chaque année). Effet collatéral : avec un chômage à 14%, la ville est au-dessus de la moyenne nationale (11%). Que vous visitiez ou que vous vous installiez, voici quelques repères pour vous accompagner dans vos premiers pas.

Pour recycler

Comme l’aurez lu page 56, les Français ne recyclent que 2 kg de vêtements par an, contre une moyenne européenne de 4,5 kg. La ressourcerie Erca est une bonne adresse pour combler ce retard. Outre les vêtements de seconde main à donner ou acheter, vous y trouverez un peu de tout. Erca ne se contente pas de donner une seconde vie aux objets, l’association offre aussi une seconde chance aux personnes en rupture professionnelle, avec un dispositif d’insertion bien rodé.

Texte et photos Pascal Greboval

Elle emploie ainsi 174 personnes dans ses différentes branches. La boutique voisine, Interlude, illustre cette diversification : elle propose un service de repassage mais également la vente de sacs et pochettes très originaux conçus à partir de bâches publicitaires recyclées. Dans ce même quartier cohabitent moult autres friperies où déposer ou acheter des vêtements d’occasion.

Pour les Filles

Restons dans les fringues : direction le quartier Saint-Roch et la boutique Ekyog. Comme dans les autres points de vente de l’hexagone, la marque conjugue chic et bio pour le plaisir des femmes vigilantes sur les matières utilisées (100% bio) et les conditions de production. Dans ce sympathique quartier aux ruelles entrelacées, vous trouverez bon nombre de créateurs et artisans en tout genre. N’hésitez pas à demander à l’office du tourisme la carte des ateliers boutiques du quartier Saint-Roch.

La librairie Le Grain des mots

La Boutique nature

A quelques pas de là, Florame, la marque de St-Rémy-de-Provence qui produit des huiles essentielles depuis 20 ans, a pignon sur rue dans une charmante boutique. Des huiles de massage aux parfums d’ambiance, découvrez toute la gamme de ce pionnier de la cosmétique bio.

Le magasin Ekyog 66

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LE BON PLAN

Si vous cherchez d’autres produits cosmétiques respectueux à la fois de la nature et de votre épiderme ? Boutique nature propose une plus large palette. Avant d’ouvrir cette enseigne, Nathalie travaillait dans la chimie. Lors de sa première grossesse, elle découvre que de nombreux produits cosmétiques sont déconseillés, voire interdits aux femmes enceintes. Forte de ses bagages scientifiques, elle part à la recherche d’infos sur les risques des produits cosmétiques classiques. C’est le choc : elle entreprend alors sa révolution culturelle et suit diverses formations, pour in fine ouvrir une franchise boutique nature en 2008. Deux fois par semaine, aidée de professionnelles, Nathalie organise aussi au magasin des séances découverte (réflexologie, naturopathie, cosmétique, etc.).

Pour les bébés

Vous venez d’avoir un bébé et vous avez envie de rencontrer vos amis, d’autres jeunes parents, en dehors de chez vous ? Chez Ninou, au café des bébés, tout est prévu pour le bonheur des tout-petits et de leurs parents. Les bébés peuvent vadrouiller partout, marcher à quatre pattes, toucher à tout et faire du bruit, chanter, jouer, gambader, explorer, écouter des histoires ou partager un goûter. Les mamans peuvent allaiter confortablement installées dans un canapé. Cerise sur le gâteau, les jouets sont écologiques, les pâtisseries maison et les glaces et jus de fruits sont bios ! Ce lieu très convivial propose aussi des ateliers pour vous accompagner dans votre rôle de jeunes parents : diversification alimentaire, rester zen avec son petit, éveil sensoriel, etc.

Pour manger Vous commencez à avoir faim ? Rendez-vous au restaurant Des Lys. Gabriel, la quarantaine pointant son nez, voulait « faire sa part ». Quoi de plus naturel qu’une approche par l’alimentation pour sensibiliser et proposer un monde plus sain ? « Nous sommes ce que nous mangeons ». Fort de ce constat, il opère un virage professionnel à 180 degrés et devient restaurateur autodidacte en 2009, avec sa mère aux fourneaux pour seul repère culinaire. Reconversion réussie ! Gabriel propose une cuisine fraîche avec des plats de saison et équilibrés à des prix raisonnables. Les végétariens trouveront leur bonheur Gabriel du restaurant Des Lys

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D.I.Y fais-le toi-même

L’amande a plus d’un tour dans sa COQUE… Texte Sylvie Hampikian / Photos Pascal Greboval

Pendant la quasi-totalité du XXe siècle, l’industrie cosmétique chimique a agi comme un rouleau compresseur, détruisant sur son passage tout un savoir-faire ancestral. Seuls quelques produits ont toujours su lui résister, parmi lesquels l’huile d’amande douce, tant prisée pour la toilette des bébés. Mais l’amande a bien d’autres petits secrets à nous livrer… L’ACTIF « AMANDE » SOUS LA LOUPE L’amande douce (Prunus amygdalus dulcis) fait partie des fruits secs oléagineux ou fruits à coque. La graine, ou amandon, est riche en fibres, en protéines (20%) et en matières grasses (50 à 60%). La partie huileuse contient environ 65% d'acides gras monoinsaturés et 20 à 27% d'acides gras polyinsaturés – principalement de l’acide linoléique (oméga-6). Elle contient également, dans sa fraction insaponifiable (substances non grasses solubles dans la partie huileuse) des traces de vitamine E, laquelle est particulièrement utile à la peau. L’huile d’amande douce, obtenue par pression à froid des amandons, est une des huiles cosmétiques les plus réputées, notamment en raison de son usage facile, de sa grande douceur et de son arôme très discret voire inexistant. Pour les soins du visage et du corps, elle convient à tous les types de peaux et à tous les âges, incluant les nourrissons et jeunes enfants. Elle est dotée de propriétés nourrissantes, protectrices (antidéshydratantes), adoucissantes, cicatrisantes et anti-inflammatoires (calmantes). Elle convient également au démaquillage, y compris du contour des yeux, mais peut laisser une légère sensation 70

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de gras. Il suffira de la rincer avec une lotion tonique, comme de l’eau de rose tout simplement. En raison de son caractère polyvalent, l’huile d’amande douce est une base incontournable des cosmétiques maison, de type baumes ou cérats (huile + cire d’abeille), laits ou crèmes. C’est une huile de choix pour débuter dans ce domaine – les prochains numéros de Kaizen vous proposeront des recettes… Autre produit dérivé : la poudre d’amande, ou amande râpée, très employée en pâtisserie mais injustement méconnue en tant qu’ingrédient cosmétique. Or elle peut s’avérer très utile pour confectionner des gommages simples et efficaces tout en étant respectueux pour la peau et non irritants (voir recette). Les grains de la poudre ont un effet exfoliant mécanique, facilitant l’élimination des débris de cellules épidermiques mortes, qui ternissent le teint et peuvent favoriser les imperfections. La poudre d’amande constitue également un support inattendu pour les huiles essentielles, permettant de confectionner des sachets parfumés destinés principalement au bain. On pourra alors l’associer à d’autres produits naturels destinés à adoucir l’eau, tels que lait d’amande en poudre, son ou flocons d’avoine, bicarbonate de soude : les combinaisons sont nombreuses (voir recette).


Fais-le toi-même

les recettes Mon gommage magique aux amandes Ce gommage est à la fois très doux, respectueux des peaux les plus sensibles et très efficace. Vous pouvez le réaliser une fois par semaine : effet bonne mine assuré !

1/ Déposez les 2 cuillerées de yaourt dans une coupelle. Ingrédients :

2/ Ajoutez le miel et mélangez bien.

• 2 cuillerées à soupe rases de yaourt nature • 2 cuillerées à café rases de poudre d’amande pour pâtisserie • 2 cuillerées à café rases de miel liquide (acacia) • 1 goutte d’huile essentielle de pamplemousse ou de lavande vraie.

3/ Ajoutez la poudre d’amande, puis l’huile essentielle et mélangez à nouveau. 4/ Rapidement après la préparation (pas plus de 20 minutes environ, pour éviter que la poudre d’amande ne s’amollisse trop), appliquez le mélange en couche homogène sur le visage. 5/ A ce stade, vous pouvez gommer aussitôt après l’application ou laisser reposer pendant 10 minutes, comme un masque hydratant, puis gommer. Pour le gommage, effectuez des

mouvements circulaires du bout des doigts, en insistant sur les zones grasses (front, ailes du nez, tempes), mais de manière très délicate sur les zones plus fragiles (contour des yeux et de la bouche). 6/ Eliminez le gommage à l’aide d’un gant de toilette ou d’une lingette lavable, puis rincez soigneusement à l’eau claire. 7/ Appliquez quelques gouttes d’huile cosmétique (amande douce par exemple), puis votre crème hydratante bio habituelle. Variantes : vous pouvez obtenir le même résultat en remplaçant la poudre d’amande par de la poudre de noix de coco.

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Cuisine SAUVAGE &DÉLICIEUX !

!

Les graines germées … à dévorer vivantes

En cette période hivernale, faute de plantes sauvages, faisons germer des graines ! Ingrédients phares du bio, elles forment un potager miniature prêt-à-manger et facile à entretenir. Texte et Photos Linda Louis

C

es petites graines juste écloses, aux couleurs et aux formes variées, ne sont-elles pas jolies ? Avec leur germe ondulé, elles évoquent pour certains une autre graine, celle que les hommes portent en eux. La comparaison est loin d'être hasardeuse, car toutes deux symbolisent la fécondité. Pour comprendre leur intérêt, parlons un peu botanique. La graine, préalablement en dormance, se réveille peu à peu au contact de l'eau et lance son processus de germination. Elle 74

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libère ainsi toute son énergie dans un seul et unique but : impulser la vie en vue de produire une plante, qui à son tour produira des graines. Ainsi, après la phase de trempage, le tégument de la graine (enveloppe) s'ouvre, laisse apparaître le germe (petite racine) puis les cotylédons (premières feuilles, doublées). C'est à ce stade de développement que la jeune pousse est consommée car riche en nutriments, facilement assimilables par l'organisme. L'amidon est transformé en sucre simple, les protides en acides aminés, les lipides en acides gras et les vitamines décuplées.


Un conseil si vous voulez convaincre les enfants, les curieux ou les plus hésitants : offrez-leur un germoir et quelques graines, c'est aussi une façon de faire sa part de colibri !

Comment faire germer des graines ? • Achetez des graines biologiques •C ommencez avec 2 ou 3 variétés, simples à faire germer (alfafa, brocoli, lentille) •F aites germer séparément les graines de taille et de durée de germination différentes •F aites tremper vos graines dans un bol d'eau pour les réhydrater •U tilisez de l'eau filtrée et évitez l'eau du robinet, trop calcaire et trop chlorée •R incez et disposez vos graines réhydratées sur le(s) plateau(x) de votre germoir (1 à 2 c. à s.)

• Veillez à maintenir un environnement constamment humide • Rincez vos graines au minimum 2 fois par jour • Ne les exposez pas à la lumière directe du soleil • Une fois germées, rincez-les abondamment, puis stockezles dans une boite entrouverte au réfrigérateur (max 5/6 jours) • Observez une hygiène stricte : jetez les graines moisies et lavez le germoir à l'eau chaude vinaigrée

Quel matériel utiliser ? Pour commencer, il n'est pas nécessaire d'investir dans un germoir. Une grande assiette et un torchon humidifié (ou du papier absorbant humidifié) suffisent. Pour ce faire, disposez les graines sur le tissu et recouvrez-les de ce même tissu. Autre solution : utilisez un bocal en verre recouvert d'un tissu fin (compresse), maintenu avec un élastique. Faites couler l'eau à travers pour rincer les graines, puis mettez le bocal à l'envers sur l'égouttoir à vaisselle. Si vous avez une consommation régulière et variée, optez pour un germoir à étages (rinçages faciles, prend peu de place). Dans le cas de graines mucilagineuses (roquette, moutarde, lin, etc : qui produisent une gélatine), il existe un « arbre germoir » ou une coupelle spécialement conçus pour elles. Si vos graines ne germent pas, c'est peut-être parce qu'elles manquent d'espace, ne sont pas assez ou trop humidifiées/ rincées, subissent une basse/forte température (idéalement on recommande 18-22 °C) ou sont périmées.

Pain essène

aux

figues

• Temps de préparation : 40 min • Séchage : 12 h • Conservation : 5/6 jours

3. A l'aide d'une spatule, façonnez deux pains sur un plateau du déshydrateur ou sur une feuille de papier sulfurisé.

Pour 4/6 personnes 150 g de blé 4 figues sèches bien souples (ou réhydratées) 1 c. à s. de purée d'amande (facultatif)

4. Laissez sécher pendant 12 heures à 40 °C max (au four si le thermostat le permet). Au bout de 6/7 heures, retournez-les pour un séchage uniforme. Les pains sont prêts quand ils tiennent dans la main, sans se briser. Poursuivez le séchage si besoin est. Ils doivent rester compacts et humides.

1. Lavez le blé. Faites-le tremper pendant 12 heures. Rincez-le et faites-le germer jusqu'à l'apparition des germes blancs (2/3 jours). Lavez-le. 2. Mixez-le avec les figues et la purée d'amande, jusqu'à l'obtention d'une pâte épaisse et homogène. Ajoutez un soupçon d'eau au besoin, mais pas trop.

5. Placez les pains au réfrigérateur. Dégustezles en tranches, avec de la purée d'oléagineux et du miel.

A savoir : ce pain ancestral était réalisé par une communauté juive, végétarienne et crudivore, qui vivait autour de la mer Morte entre -300 av. J.C. et l’an 100. | jan.- février 2014 |

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REcettes

On se rend compte aisément de la richesse nutritive des graines germées grâce à quelques poignées glissées dans les salades. Un sentiment de satiété envahit l'estomac et après la digestion, une nouvelle énergie permet de mesurer leur pouvoir tonique. Généralement consommées telles quelles, surtout avec les crudités, elles peuvent se révéler très créatives grâce à la petite touche graphique qu'elles apportent dans nos assiettes (les chefs étoilés les utilisent d'ailleurs de plus en plus). Les amateurs d'alimentation vivante redoublent également d'ingéniosité pour les cuisiner à basse température sous forme de pains, de galettes, de terrines ou de gomasio. Ces jeunes pousses sont aussi appréciées des citadins adeptes du bio : elles ne prennent pas de place, ne sont pas exposées à la pollution, se glissent dans les sandwichs de la pause du midi et sont très économiques.


Agenda Kaizen 12 – janvier/février 2014

LES RENDEZ-VOUS Janvier Du 2 au 5 janvier – Les Amanins – La Roche sur Grâne – Drôme Séjour « bonnes résolutions », rien de tel après le réveillon ! Une pause pour se poser les bonnes questions et commencer l’année en toute sobriété heureuse. Contact : 04 75 43 75 05 www.lesamanins.com Du 15 janvier au 15 février Rambouillet – Yvelines Désordre, global initiatives locales Exposition, animations, débats. Avec notamment une table ronde pour illustrer des initiatives dans l'agriculture, l'éducation, l'énergie, animée par Cyril Dion, dans l'amphithéâtre de la Bergerie Nationale de Rambouillet, le jeudi 30 janvier à 20h30 Contact : 01 61 08 61 10 Du 18 janvier ou 08 février Saint-Gratien – Val-d'Oise Le Syndicat Emeraude propose aux habitants de son territoire une formation gratuite pour devenir "guide composteur" Contact : 01 34 11 92 90 (demandez Claire) cverbeke@syndicat-emeraude.com www.syndicat-emeraude.com Du 19 janvier au 9 février – Dans la BioVallée et du 23 janvier au 03 février à Die – Drôme Les onzièmes rencontres de l’écologie au quotidien Contact : www.ecologieauquotidien.fr/

Du 24 au 26 janvier – Parc des expositions Le Chorus – Vannes – Morbihan Salon bio « Respire la vie » Contact : www.respirelavie.fr/

40ème édition du salon « Vivez Nature ». Kaizen tiendra un stand et proposera une conférence Contact : www.vivez-nature.com

25 et 26 janvier – Relais du Bois Perché Aspet – Haute-Garonne Week end organisé par l'École Lyonnaise de Plantes médicinales. Découvrir ou mieux connaître les Fleurs du Dr Bach et apprendre à les utiliser. Contact : 04 78 30 84 35 info@elpmsn.fr www.ecoledeplantesmedicinales.com

Février

Du 27 au 29 janvier – Parc des expositions – Montpellier – Hérault 27ème «Millésime Bio », salon mondial du vin biologique. Contact : www.millesime-bio.com/ Du 29 janvier au 2 février – Les Amanins – La Roche sur Grâne – Drôme Forum « L’écoentrepreneur… pour une transition entrepreneuriale » Contact : 04 75 43 75 05 www.lesamanins.com Du 30 janvier au 1er février – au Village Emmaüs Lescar-Pau Pyrénées – Atlantiques Nouvelle session des Echanges Solidaires. Le Thème est : "Alternatives locales solidaires, culturelles, économiques". Contact : 05 59 81 17 82 www.emmaus-lescar-pau.com/ Du 31 janvier au 3 février – Espace Champerret – Paris 17ème

1er fevrier – Ecocentre du Lyonnais – La Tour de Salvagny – Rhône Une journée pour découvrir les principes de lombriculture et du lombricompostage, l’intérêt écologique, l'application urbaine et agricole. Contact : 04 72 57 92 78 infos@arthropologia.org www.arthropologia.org Du 3 au 7 février – École de la Nature et des Savoirs – Die – Drôme Parcours : Piloter sa transition, ou l'art du passage de l’intention au projet, du projet à la mise en oeuvre, retrouver les chemins de l’équilibre Contact : 04 75 21 43 84 www.ecolenaturesavoirs.com 15 et 16 février – Centre des Congrès – Lyon – Rhone La rencontre des Mondes. 7ème anniversaire d’Oasis Voyages Contact : www.oasis-voyages.com/ Du 28 févier au 2 mars – Parc des expositions – Toulouse – Haute-Garonne « Vivre Nature », salon de l’agriculture biologique, des produits au naturel, du bienêtre et des alternatives du Sud-Ouest. Contact : www.vivez-nature.com/ | jan.- février 2014 |

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HORS SÉRIE n°2

(extrait de la Déclaration commune du collectif pour une Transition citoyenne)

Des centaines de milliers de personnes construisent des alternatives au modèle actuel qui déstructure le tissu social, financiarise tous les aspects de nos vies, pille les ressources naturelles et encourage un consumérisme et une croissance matérielle forcenés. Des organismes financiers d’un genre nouveau remettent l’économie au service du bien-être humain. Des citoyen(e)s, ingénieurs, acteurs associatifs, collectivités, scénarisent une transition énergétique. Des paysans, des agronomes développent une agriculture capable de nous nourrir sans pétrole et sans intrants chimiques. Des démarches pédagogiques nouvelles se montent, proposant à nos enfants une éducation basée sur la coopération et la bienveillance.

OCTOBRE 2013 / 12€

Des processus d’approfondissement de la démocratie sont conduits, facilitant la participation directe des citoyens aux décisions qui les concernent.

TRANSITION

Nous, organisations qui œuvrons, chacune dans notre domaine, à cette transition écologique sociale et humaine, croyons qu’il est temps d’amplifier ce mouvement et de lui donner la puissance nécessaire à un profond changement de société.

Tout sur le mouvement qui transforme l'hexagone

KAIZEN - HORS-SÉRIE 2 - OCTOBRE 2013

Face à une crise systémique (écologique, économique, sociale,…) chaque jour plus profonde, un mouvement est en marche qui, partout, réinvente nos façons de produire, d’échanger, d’habiter, de nous nourrir, de nous déplacer, d’éduquer nos enfants…

Afin d’encourager cette dynamique, nous créons aujourd’hui, le Collectif pour une Transition Citoyenne. Plus que jamais nous croyons indispensable « d’être ce changement que nous voulons pour le monde », individuellement et collectivement. N’attendons pas le changement. Prenons notre avenir en main, maintenant. Ces initiatives pionnières, ont fait leurs preuves. Si nous le voulons, elles pourront construire en quelques décennies, une société radicalement nouvelle, partout sur la planète. Déclaration complète sur : http://www.festival-transition.coop/ collectif-transition/

REPORTAGES :

• ENERGIE : FAIRE SANS PÉTROLE ET SANS NUCLÉAIRE • AGRICULTURE : PRODUIRE AUTANT SANS ENGRAIS NI PESTICIDES • EDUCATION : L'AVENIR DE L'ÉCOLE • ÉCONOMIE : RÉINVENTER LA MONNAIE

Membres fondateurs : Nef, Énergie Partagée, Terre de liens, Énercoop, Cfé, Colibris, Attac, Réseau Cocagne, Le Plan Esse, Villes et territoires en transition, Mouvement Inter-Régional des AMAP, Biocoop

M 04150 - 2H - F: 12,00 E - RD

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