INSTITUT QUÉBÉCOIS DU DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE ORNEMENTALE
Partie 1. Les violettes africaines : hybridation et innovation ROXANE BABIN, AGR.,
Conseillère en serriculture et en R&D en entreprise, IQDHO
La violette africaine est une plante d’intérieur facile qui fleurit pendant plusieurs mois. Disponible dans une panoplie de coloris et de formes, il y a une violette africaine pour tous les goûts! Au fil du temps, les hybrideurs ont entraîné à cette plante des transformations pour la rendre plus esthétique, mais aussi pour qu’elle s’adapte mieux aux nouveaux besoins et défis de la vie moderne. Le thème des violettes africaines sera traité en deux parties. Dans la partie 1, nous présenterons brièvement l’historique et les principales améliorations apportées depuis le début du 20e siècle. Quant à la partie 2, qui paraîtra dans un prochain GTA, elle portera sur sa régie de culture et les principaux problèmes en production.
Un peu d’histoire
14 - Jeudi 21 octobre 2021 - Gestion et Technologie Agricoles
La violette africaine a été découverte en 1892 par le baron allemand Walter Von Saint Paul-Illaire dans les montagnes d’Usambara en Tanzanie. De la famille des Gesnériacées, son nom botanique le
plus connu est Saintpaulia ionantha (syn. Streptocarpus ionanthus). Les consommateurs cultivent avec succès les hybrides d’Optimara, qui figurent souvent parmi les gagnants à des expositions. La série Optimara, introduite par Reinhold Holtkamp en 1977, deviendra la série commerciale de violettes africaines la plus largement répandue dans le monde. Dans l’histoire, une famille a beaucoup contribué à l’évolution de la violette africaine telle qu’on la connait aujourd’hui. Il s’agit de la famille Holtkamp. Le père de Reinhold, Hermann, a débuté des croisements dans les années 1930. En 1952, il a développé un premier cultivar d’intérêt commercial, le ‘Saint Martin’. On lui doit également le style de culture à couronne unique, dit style Biedermeier, qui offrait un avantage en production commerciale avec sa croissance plus rapide que les plants à multiples têtes cultivés jusqu’alors. À l’époque, la culture commerciale présentait déjà des défis propres à cette plante. Par exemple, la tendance des fleurs matures à se détacher des pédicelles au moindre mouvement rendait difficile le transport des plants prêts à la vente. Ce caractère, présent naturellement chez l’espèce, sera écarté par sélection avec l’introduction de ‘Rhapsodie Elfriede’ en 1965 grâce aux efforts d’Hermann Holtkamp. Ce développement majeur a contribué à propulser la production à grande échelle du Saintpaulia.
Exposition de violettes africaines à Montréal. Photo IQDHO
Série Optimara
L’introduction de la série Optimara en 1977 avait pour objectif d’offrir de nouveaux cultivars faciles à cultiver à la maison et florifères. Pour ce faire, Reinhold a sélectionné pour ses croisements des plants qui performaient bien même dans des conditions sous-optimales de culture ainsi que ceux qui fleurissaient continuellement. Les Holtkamp ont toujours accordé une grande importance à la recherche et au développement de nouveaux cultivars. En 2019, l’entreprise a développé et intégré la caractéristique Filantherless, c’est-à-dire des fleurs sans étamines. Ces nouveaux cultivars promettent de
changer la donne en production. En effet, les fleurs de ces plants n’ont plus d’anthères ni filaments les rendant possiblement plus résistants aux thrips et à la moisissure grise, tout en offrant de nouveaux coloris.
Conclusion
Les producteurs de violettes africaines à grande échelle comme les serres Holtkamp Inc, par la création de cultivars à la fois esthétiques et performants, modifient indéniablement le bassin de cultivars disponible pour les amateurs. À travers toutes ces années, l’innovation a permis de moderniser la violette africaine et d’en assurer sa continuité.