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Perte de lien et espaces autonomes

Nous pouvons ici observer une similitude avec le domaine du

bâtiment en France, en particulier dans le marché du logement collectif

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neuf, ainsi que dans l'urbanisme. Matérialisé au niveau de la cellule

d'habitation par le domaine de la « domotique » et incarner à l’échelle

de la ville par le champ de la "smart-city", l'argument de la connexion

semblerait également avoir été adopté par les promoteurs et les

aménageurs Montpelliérains, au cours de ces dernières années.

De cette manière, il est possible pour un occupant de la résidence

"le jardin de Flore 1 " de contrôler, depuis n’importe où, grâce à son

smartphone, l’ouverture et la fermeture de ses volets roulants. De même,

un habitant de l’îlot "la Mantilla 2 " dans le quartier de port-Marianne,

sera tenu au courant en permanence de sa consommation en énergie au moyen de nombreux capteurs intégrés au bâtiment même. Il aura également accès à des données extérieures comme la météo, la capacité

1 Opération de logement collectif neuf, livrée en 2018 dans la commune de Saint-Aunès (Hérault) conçu par l’agence Atelier Garcia Diaz et le groupe Bouygues Immobilier Montpellier.

du parking ou encore les horaires du tramway. Cette numérisation de plusieurs composantes de notre milieu aurait pour effet une amélioration du confort des usagers au sein de leur environnement.

Cependant nous constatons ici une discordance entre ces

aspirations et la situation actuelle du logement, autant dans sa

production que dans son usage. Tout d'abord que le marché de la

construction de logement collectif neuf et de la vente d’appartement,

est en grande majorité, dans la ville de Montpellier, issu d’entreprise

privée, comme l’attestent les dernières statistiques communiquées par

la FPI Occitanie Méditerranée 3 . De cette façon, la conception ainsi que

la mise en œuvre du bâtiment seront en grande partie conditionnées d’une part, par le prix du foncier et d’autre part, par le prix de vente ou de la location des logements. La première conséquence de ce mode de production économique est la perte en qualité, voire la disparition, de tout espace n’ayant pas vocation à générer un bénéfice direct, comme le ferait par exemple, la surface habitable d’un appartement qui serait loué tout au long de l’année. Par exemple, nous avons pu ainsi observer une diminution du volume, voire dans certains cas une disparition, des halls d’entrées dans les bâtiments de logement collectif récemment construit.

La seconde, également observable à Montpellier, consiste en

la génération d’un urbanisme agressif et d’un marché de l’immobilier

non-régulé. De cette manière, comme l’appuie cette étude portant sur

la croissance démographique et la dynamique immobilière 1 , nous avons

observé l’apparition à la périphérie de la ville, de quartier parfois sans contexte, mais surtout, sans habitants.

2

Enfin, une conséquence, cette fois-ci plus indirecte de ce modèle

de production, serait la banalisation de l’architecture au profit d’un

meilleur rendement. Si c’est le prix au mètre carré qui dirige l’opération,

alors les architectes et constructeurs auront tendance à se diriger vers

des systèmes constructifs standardisés et systématiques écartant ainsi

des chantiers des matériaux dont le prix et la mise en œuvre ne serait pas

assez compétitif. 2

1 Séverine Pujol, " Agglomération montpelliéraine, une dynamique immobilière encore plus forte que la croissance démographique", Insee, 2018.

L’adoption de ces stratégies aurait ainsi pour aboutissement la

perte d’un savoir-faire artisanal, de cultures constructives, transmises

au fil des générations, de maîtres à apprentis sur les chantiers, pourtant

premier support tangible d’une connexion directe entre les hommes et

leur environnement. 3

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