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L’ART DU «COACHBUILDING» «P

our vivre heureux, vivons cachés». Pour joindre le geste à la parole sans devoir faire l’impasse sur une voiture d’exception, il est possible de faire appel aux services de Niels van Roij. Ce designer automobile fabrique des véhicules uniques, mais pas de ceux que l’on repère de loin grâce à leurs larges spoilers ou encore, grâce à leurs gros pots d’échappement. Niels van Roij ne fait pas dans l’inélégance. «Si un client souhaite acquérir une voiture tape-à-l’œil, il ne doit pas venir chez moi. Il doit s’adresser à un tuner qui lui fixera un gros aileron. Mes clients considèrent qu’ils se font un cadeau et le but n’est pas de dire au reste du monde ‘Regardez dans quelle voiture je roule!’», nous confie-t-il.

Quelques minutes plus tard, Niels van Roij nous montre une Adventum Coupé, garée un peu plus loin, devant l’entrée du Kaeve, un immeuble de plusieurs étages situé à Uden, dans la province du Brabant Septentrional des Pays-Bas. C’est là qu’il a installé ses bureaux. À première vue, le véhicule ressemble à une Range Rover blanche «ordinaire», mais sans portes latérales à l’arrière. Ces dernières ont disparu. C’est comme si elles n’avaient jamais existé. «En réalité, il ne reste que le nez et l’arrière de la Range Rover. Tout ce qui se trouve entre les deux est nouveau», explique Niels van Roij.

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Le designer néerlandais maîtrise l’art de la transformation. Il a déjà converti des Tesla et des Rolls-Royce en breaks ou en «shooting brakes», comme on les appelle dans le monde de la carrosserie. C’est li éralement ce que fait Niels van Roij: des carrosseries. Il reçoit une voiture et en modifie totalement l’intérieur et l’extérieur. Parfois, ce e transformation peut être relativement limitée. Par exemple, lorsqu’il a créé un «shooting brake» sur base d’une Tesla Model SB, il n’a pas modifié les pièces qui se situaient entre le pare-chocs avant et les portières avant du véhicule (il a transformé la berline électrique en break).

En revanche, lorsqu’il a eu l’occasion de travailler sur une nouvelle Ferrari 550, convertie en Breadvan Hommage, il n’a conservé que le pare-brise d’origine, le moteur et la propulsion. Tout le reste a été transformé à l’effigie d’une Ferrari légendaire, l’unique 250 GT SWB Breadvan, datant de 1962.

Succès en séries

Niels van Roij a étudié au Royal College of Art à Londres: «Quand j’étais à Londres, je me déplaçais à South Kensington, au milieu de files de Rolls-Royce et de Buga i, avec mon vélo. C’est de ce e façon qu’on apprend à bien connaître les voitures: il ne faut pas les voir dans un show-room mais entre les maisons, dans la nature et parmi des gens. C’est là que vous pouvez apprécier leurs proportions», explique-t-il.

Niels van Roij a transformé une Ferrari 550 en Breadvan Hommage, un modèle imaginé à l’effigie de la 250 GT SWB Breadvan de 1962.

La vie de Niels van Roij a basculé il y a huit ans, lorsqu’il a été mis en contact avec un entrepreneur qui souhaitait obtenir une version break de sa Tesla Model S.

Ce e expérience à Londres a fait de Niels van Roij un designer automobile épicurien qui ne cache pas ses opinions sur les autres voitures. «L’électrification des voitures et leur autonomie de plus en plus grande ne rendent pas le design automobile plus ennuyeux. Il existe des voitures fantastiques, conçues en tenant compte de limites très strictes. Prenez la Volkswagen Up!. Elle ne coûte que 10.000 euros, mais c’est une merveille de design. Vous pouvez la comparer avec une Pagani Zonda, une super voiture de sport qui coûte cinq millions d’euros. Les gens y voient une voiture de sport chère et la trouvent bien entendu très belle. Mais je peux affi rmer, la main sur le cœur, qu’en réalité, elle n’est rien de plus qu’une voiture dessinée par des amateurs. Elle ne ressemble à rien.»

Après ses études, Niels van Roij est resté quelque temps à Londres. Il a été recruté pour accomplir des missions auprès de grands constructeurs automobiles. Il a aussi participé à la conception des nouveaux taxis londoniens. Mais sa vie a basculé il y a huit ans, lorsqu’il a été mis en contact avec un entrepreneur qui souhaitait obtenir une version break de sa Tesla Model S.

Niels van Roij s’est alors investi corps et âme dans ce projet. Un travail qui a porté ses fruits. La voiture donnait l’impression de sortir tout droit de l’usine Tesla, sans pour autant leurrer les amateurs. «Prenez par exemple les grandes bandes chromées à l’arrière du véhicule: elles ne pourraient jamais être produites en série. Les connaisseurs le voient immédiatement», explique Niels van Roij. Les photos du véhicule ont ensuite fait le tour du monde: «Ce fut le début de Niels van Roij Design», explique le Néerlandais. Depuis lors, les clients se bousculent au portillon. D’abord à Londres et, depuis un an, à Uden.

«Vous avez une partie du contrôle, pas 100%»

Lorsqu’on l’interroge sur sa clientèle, Niels van Roij préfère se montrer discret. Certains Belges ont déjà passé commande chez lui, à Uden: «Plus encore que les Néerlandais, les Belges aiment la discrétion», explique-t-il. Mais il n’en dira pas plus. Cet orfèvre de l’automobile

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