N°33 - TRIMESTRIEL NOVEMBRE 2018
ISSN 2258-0964 | 10€
Octobre 2018
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Édito A.J.
L’épandage ne se cache plus
L
a pratique de l’épandage n’est certes pas nouvelle, mais ô combien importante pour l’agriculteur. Il épand tout, et tout le temps. Il épand des boues, urbaines et industrielles, ce qui rend un immense service à la société. Il épand des phytosanitaires bien sûr, pour assurer la croissance de ses plantes. Et aussi des effluents d’élevage, parce qu’il faut bien les éliminer d’une part, et qu’ils peuvent fournir un excellent engrais d’autre part, si bien utilisés. L’image même de l’épandage est aussi controversée que peuvent l’être aujourd’hui les phytosanitaires ; comme le symbole du concept d’« agriculteur pollueur ». Pour autant, si nous titrons ce numéro « l’épandage ne se cache plus », c’est bien pour rappeler aussi que ces épandages correspondent à plusieurs services rendus par l’agriculteur à la société, qu’il s’agisse de l’élimination des déchets ou de la nourrir. En d’autres termes, aussi peu esthétique que puisse paraitre un épandage de boues, n’oublions jamais qu’il doit constituer la fierté de celui qui l’entreprend, auteur d’une action on ne peut plus altruiste. Pour les lecteurs de WikiAgri, Frédéric Hénin a décortiqué différentes formes d’épandages, rappelant les conseils de base des pratiques, les législations en vigueur, souvent compliquées et évolutives. Bonne lecture ! Antoine Jeandey rédacteur en chef de WikiAgri
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Sommaire WIKIAGRI N°33 / NOVEMBRE 2018
Directeur de la publication Yannick Pagès Rédacteur en chef Antoine Jeandey
ÉDITO P.3
Ont participé à ce numéro Eddy Fougier Frédéric Hénin Cécile Julien Raphaël Lecocq
CAMBON LUI SEMBLE P.6
Dessinateur Michel Cambon Photographe Jean-Marie Leclère Publicité Tél. 06 89 90 72 75 | pub@wikiagri.fr Responsable commerciale Anne Messines Tél. 06 08 84 48 02 Mail : anne.messines@wikiagri.fr Consultant Média Bernard Le Blond - Vision bleue Tél. 06 83 92 08 61 Conception graphique et maquette Notre Studio www.notrestudio.fr
THÉMA P. 7 – Théma, Les épandages, piliers des pratiques agricoles P. 8 et 9 – Les épandages d’engrais solides – La fertilité des sols – Engrais azotés, une succession d’exceptions et de cas particuliers P. 10 et 11 – V igilance de mise pour l’épandage des boues P. 12 et 13 – Ces produits phytosanitaires à la fois indispensables et si décriés
ISSN ISSN 2258-0964 Dépôt légal A parution
P. 14 et 15 – L es effluents d’élevage, bénéfiques, mais un épandage très encadré
Service abonnements 20, rue Joliot Curie 38500 Voiron Tél : 04 76 93 58 91 Abonnement annuel 35€ TTC (4 numéros) Prix au numéro : 10€
MOTEUR
Site internet www.wikiagri.fr Impression SAS Imprimerie Leonce Deprez Zone industrielle de Ruitz 62620 Ruitz Tirage 30 000 exemplaires (dont 27 000 expédiés)
P. 16 – P ulvérisateurs, pourquoi pas les automoteurs ? P. 17 – P ulvérisation, halte à la dérive
AGRONOMIE P. 18 et 19 – C omment affiner sa stratégie sur les fongicides P. 20 à 27 – Spécial maïs : Jusqu’où ira le progrès génétique ? – Réussir son désherbage – Les innovations
Les magazines MAG
RÉFLEXIONS P. 28 – Ces famines qui n’ont pas eu lieu
sont édités par la société DATA PRO SOLUTIONS, au service des agri-décideurs
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LE DESSIN
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Cambon lui semble
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THÉMA
A.J.
Les épandages, piliers des pratiques agricoles L
a majorité des interventions sur les cultures sont, sous une forme ou une autre, des épandages : fertilisants, effluents d’élevages, amendements, produits de protection des plantes. Sont aussi de plus en plus épandus des digestats de méthaniseurs et des boues industrielles. Quels que soient les produits en jeu, les opérations d’épandages soulèvent des questions agronomiques, de fertilité des sols et de biodiversité. Elles s’inscrivent dans les itinéraires des pratiques culturales des agriculteurs et sont soumises à des réglementations et à des normes très strictes. Il ne s’agit pas seulement respecter les doses et les quantités prescrites ou encore les distances réglementaires pour préserver les habitations et leurs occupants de toute nuisance. Elles portent aussi sur l’entreposage des produits, sur les conditions météorologiques à respecter ou encore sur les équipements de protection, par exemple. Une partie de ces normes et de ces règlements à respecter fait du reste partie des règles de conditionnalité à respecter pour percevoir les aides Pac. Mais pour maîtriser l’ensemble de ces règlements, il faut être fort en calculs matriciels ! On ne compte plus le nombre de calendriers d’épandages à mémoriser, parfois incompatibles entre eux et le
nombre de cahiers à tenir à jour. En plus, ces obligations diffèrent selon la dimension des élevages et des régions cultivées (excédents structurels, zones vulnérables). D’où les difficultés, pour les agriculteurs, de trouver parfois les bonnes fenêtres d’intervention sur leurs cultures. Et rien ne serait possible sans matériels réservés à ces taches. Dossier rédigé par Frédéric Hénin
Mini sommaire :
> Les épandages d’engrais solides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 8 > La fertilité des sols . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 8 > Engrais azoté, une succession d’exceptions et de cas particuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 9 > L’épandage des boues urbaines et industrielles . . . Pages 10-11 > L’épandage des produits phytosanitaires . . . . . . . . . Pages 12-13 > L’épandage des effluents d’élevage . . . . . . . . . . . . . . Pages 14-15
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L’ÉPANDAGE >
Les épandages d’engrais solides Ils reposent sur des plans d’épandages et sur les bilans de fertilité des sols. Les engrais azotés suivent une réglementation particulière.
U
ne fertilisation homogène des parcelles exige l’emploi de fertilisants solides de grande qualité. Elle repose sur un épandage réalisé avec précision pour respecter l’environnement. Afin de remplir ces conditions, le choix du matériel est primordial. Les agriculteurs ont majoritairement adopté les épandeurs centrifuges qui projettent les engrais et les amendements granulés en nappe. L’Unifa (union des industries de la fertilisation) recommande de ne pas dépasser une largeur de travail de 28 mètres afin de garantir un épandage régulier des engrais. Mais ce sont au final les caractéristiques physiques de l’engrais qui déterminent la distance maximale de projection des épandeurs employés avec une granulométrie resserrée autour de 3 mm afin d’assurer une plus grande distance de projection. L’engrais épandu aura aussi une densité supérieure à 0,85 et sera résistant à l’abrasion. Une simple boîte granulométrique contenant plusieurs tamis permet d’apprécier directement l’homogénéité du produit. Les engrais de type D50 remplissent tous les critères requis. 50 % de la masse du produit passe à travers les mailles d’un tamis supérieures à 3 mm de diamètre. Ils sont tout à fait adaptés pour assurer un épandage optimal. Mais un épandage réussi est un épandage précis et homogène. Autrement dit, la quantité d’engrais épandue en tout point de la parcelle ne doit pas excéder ou être inférieure à 10 % de la dose moyenne ciblée. Par exemple, pour 1 000 kg d’engrais épandus sur une surface donnée, le seuil de tolérance, pour considérer le passage homogène, est de 100 kg. Pour parvenir à cet objectif, deux passages transversaux, par un vent inférieur à 12 km/h, aboutissent à une
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La fertilité des sols
répartition homogène des quantités d’engrais épandus. La norme NF EN 13739-1 sur les distributeurs d’engrais solides définit un coefficient de variation de 15 % maximum pour la répartition transversale. Un cahier d’épandage enregistre les doses d’engrais réellement épandues par parcelle, la date de l’apport et le rendement obtenu. Année après année, ces données constituent des références à partir desquelles sont bâtis les plans prévisionnels de fertilisation. Les épandeurs d’engrais et les tracteurs équipés de GPS et d’outils de pilotages embarqués garantissent un contrôle continu de l’épandage, une meilleure uniformité de l’épandage. Ils régulent le débit des engrais en fonction des besoins des plantes et du degré de fertilité des sols. Ceux-ci auront été transcrits sur une carte de la parcelle établie en fonction du potentiel de rendement (par exemple vues aériennes). Un épandage de précision réussi repose aussi sur le respect des limites des zones de la parcelle. Dans les pentes ou sur sol nu, il doit être rapidement suivi d’une incorporation par un travail du sol superficiel. Cette pratique évite le risque d’entrainement de l’engrais par le ruissellement en cas de gros orage ou de forte pluie après l’épandage. Pour obtenir un épandage précis et limiter les pertes possibles, le sol sera ressuyé et le temps plutôt sec. Cependant, les fertilisants comportant de l’azote ammoniacal ou uréique sont de préférence épandus avant une période de pluie pour favoriser l’infiltration des matières actives et pour prévenir le risque de volatilisation de l’ammoniac.
Les plans d’épandages des engrais, des effluents d’élevage et des boues reposent d’abord sur un diagnostic de fertilité du sol pour apprécier le potentiel agronomique de la couche de terre cultivée. Les résultats obtenus conditionnent les épandages de matières fertilisantes minérales et organiques, aussi bien en quantités qu’en qualité. Pour rappel, le diagnostic de fertilité des sols définit les caractéristiques physiques, chimiques et biologiques du sol. On entend par caractéristiques physiques d’un sol, sa pierrosité, sa densité et sa granulométrie. Cette dernière définit les proportions de terre fine, de sable, d’argile et de limons fins ou grossiers contenues. Les caractéristiques physiques du sol portent aussi sur ses capacités hydriques (rétention d’eau, absorbabilité). L’estimation du taux de matière organique ciblera les teneurs totales en carbone et en azote organique. Cependant, on distinguera la partie vivante de cette matière organique de sa partie labile (morte) et stable (75 % de la totale). L’analyse ne serait pas complète sans avoir défini les caractéristiques chimiques du sol. Elle vise à calculer son pH (son acidité) mais aussi sa composition en calcaire, sa proportion en cations échangeables (Ca2+, Mg2+, K+, Na+), en phosphore extractible ou encore son taux de soufre (sulfate et soufre organique disponible). L’analyse du sol portera enfin sur la composition en oligo-éléments (Fe, Mn, Cu, Zn, B, Mo).
F.H.
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Engrais azoté, une succession d’exceptions et de cas particuliers Qu’il soit solide ou liquide, minéral ou organique, l’engrais azoté est épandu conformément à un plan d’épandage compliqué à réaliser à l’avance. Or l’agriculteur n’a pas droit à l’erreur. Une grande partie des rendements des céréales et des productions fourragères est conditionnée par la quantité d’azote disponible dans le sol et épandue.
L
’azote apporté est un élément lessivable en période pluvieuse, volatil et massivement exportable si les chaumes et la paille ne sont pas restitués et enfouis dans le sol. Pour toutes ces raisons, l’azote apporté sous forme nitrique est préféré aux formes uréique et ammoniacale. Les engrais azotés sont enfouis ou localisés s’ils sont effectués avant les semis. Sinon, ils seront épandus en période de forte croissance des culture, de préférence pendant ou avant un épisode pluvieux et en dehors des périodes de fortes températures. La texture des granulés d’azote minéral fabriqués par l’industrie chimique (densité et granulométrie homogène, teneur en N garantie) permet un réglage précis des appareils pour garantir un épandage uniforme. Les distributeurs centrifuges d’engrais solides sont majoritairement utilisés pour les fertilisants azotés. En zones vulnérables classées au titre de la directive nitrate n°91/676/CE, (concernent toutes les zones qui alimentent les eaux douces superficielles ainsi que les eaux souterraines qui ont ou risquent d’avoir une teneur en nitrate supérieure à 50mg/litre),
l’épandage d’engrais azotés se plie aux dispositions de l’arrêté du 11 décembre 2011 relatif au programme d’action national ainsi qu’aux arrêtés des préfets de région portant adaptation de ce programme d’action. Aucun apport ne sera affecté sur les bandes enherbées de 5 mètres en bordure de champs. La réglementation régionale qui s’applique aux zones vulnérables dans le cadre de la directive nitrate accroît localement cette largeur minimale. Des précautions particulières seront donc prises ( jalonage préalable, guidage précis) pour que le passage du tracteur en bordure de parcelle n’entraine pas d’engrais en dehors de la partie cultivée. Sinon, l’épandage des engrais minéraux azotés (arrêté du 6 mars 2001 du ministère de l’Environnement modifié par l’arrêté du 1er août 2005) repose sur un plan de fumure prévisionnel établi par ilot cultural. Sur la base d’un rendement prévisionnel justifié, ce plan de fumure prendra en compte les apports de N organique et minéral (quantités et teneur en azote) tout au long de l’année. Tous les passages d’engrais seront portés sur un cahier d’épandage où seront notées les quantités épandues, mais aussi la date d’intervention et la teneur en azote des produits employés.
Pour limiter le lessivage des engrais, l’agriculteur est tenu de respecter les périodes d’interdiction d’épandage. Celles-ci varient, entre autres, selon les cultures et les périodes d’intervention. Citons par exemple la période du 1er octobre au 31 janvier sur prairies ou encore du 1er juillet au 15 février sur cultures de printemps (date limite reportée au 15 juillet sur cultures irriguées ou jusqu’à brunissement des soies sur maïs irrigué). En période froide, l’épandage d’engrais azoté n’est pas recommandé. Une culture dérobée (récoltée ou pâturée) peut recevoir un engrais azoté lors de son implantation à condition de réaliser un plan prévisionnel de fertilisation (PPF) propre à cette culture. Les périodes d’interdiction ne s’appliquent pas aux cultures sous abris et aux compléments nutritionnels foliaires. Il est donc possible d’utiliser les solutions nutritives contenant de l’azote durant toute l’année sous abri. De même les compléments nutritifs foliaires azotés peuvent être apportés en été sur le feuillage actif de certaines cultures. F.H.
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L’ÉPANDAGE >
Vigilance de mise pour l’épandage des boues L’épandage des boues requiert beaucoup de vigilance. Les techniques de traitements employées ont beaucoup évolué et réduisent considérablement la nocivité des matières recyclées.
A.J.
D
e 25 à 30 € la tonne, l’épandage de boues urbaines et industrielles sur des terres agricoles est le traitement le moins onéreux pour s’en débarrasser. Et comme il doit présenter un intérêt agronomique, il réduit le coût d’achats des intrants des agriculteurs. En revanche, le stockage revient à 55 € la tonne et l’incinération à près de 100 € la tonne. La Fédération nationale de l’environnement (FNE) encourage l’épandage des boues sans avoir pour autant les moyens d’inciter les agriculteurs à le faire. Mais les boues revêtent différentes natures. Il s’agit parfois de terres tandis que d’autres sont issues de la transformation de produits industriels, sans rapport avec le secteur agricole, ou encore les résidus des effluents urbains traités. Leur emploi requiert beaucoup de vigilances même si les traitements subis réduisent considérablement leur nocivité. Ils ont beaucoup évolué ces dernières années,
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mais ils dépendent toujours de la nature de la matière à traiter. Et surtout, les traitements sont dorénavant précédés en amont par des opérations de tri sélectif très efficaces pour éviter la diffusion de substances nocives. Par exemple, les dentistes jettent à part les revêtements des dents en plomb et les thermomètres en mercure ont disparu. Quoi qu’il en soit, « on n’est jamais sûr des boues car même quand elles sont ‘propres’, elles renferment des substances indésirables », affirme Pédéloppe Vincentsmith de la Fédération nationale de l’environnement, en charge du dossier des boues. Le nez est très mauvais conseilleur. L’odeur d’une boue n’a rien à voir avec sa nocivité. Les substances toxiques ne sentent pas systématiquement.
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« Un intérêt économique qui ne doit pas devenir un fléau pour les terres » (Pascal Ferey, Apca)
Dans le même temps, il ne faut pas faire preuve de naïveté. Les analyses des boues permettent de détecter la présence ou pas de certaines substances recherchées, pas de détecter celles que l’on ne cherche pas. « Et puis il reste toujours une part d’inconnu ! Que deviennent les fibres polaires par exemple après leur lavage ou encore les résidus d’antibiotiques des boites mises à la poubelle ? », s’interroge Pédéloppe Vincentsmith. « Sous l’angle écologique et agricole, l’épandage s’inscrit dans la logique de restituer à la terre ce qui a été pris à la terre », explique la représentante de la FNE. Dans le même temps, les consommateurs ne veulent pas de produits agricoles qui sont entrés en contact avec des boues. Pourtant, il n’y a jamais eu de campagnes contre ces produits. Et pour ne pas avoir de difficultés pour commercialiser leurs récoltes, les producteurs de légumes, de fruits et de betteraves sucrières ou même de pommes de terre refusent l’épandage de boues sur leurs parcelles. « Même les producteurs bio ne veulent pas épandre les boues issues de la transformation de leurs fruits et légumes », remarque Pascal Ferey, viceprésident du bureau de l’Apca et spécialiste des questions environnementales. Or l’épandage de boues s’inscrit totalement dans l’économie circulaire promue par les agriculteurs bio. Toutefois, l’origine des boues est parfois suspecte. Aussi l’épandage représente un risque pour les agriculteurs, mais celui-ci doit être supporté par les opérateurs. C’est pourquoi les boues ne doivent pas être assimilées à un amendement où à un fertilisant et par conséquent, être l’objet d’une transaction. Ce qui conduirait inéluctablement au transfert de la responsabilité du producteur de boues vers l’acheteur.
Depuis quelques mois, la déréglementation de l’épandage pourrait tenter les industriels et les maires d’être moins scrupuleux pour traiter leurs boues et pour les épandre ; ce qui ne serait pas sans risque si celles-ci altèrent le potentiel agronomique des terres. Les terres agricoles ne sont pas des poubelles. Par ailleurs, la dérèglementation en cours pourrait inciter davantage de producteurs belges et néerlandais de boues à se débarrasser de leurs effluents encore plus facilement. Dans leur pays, l’épandage est interdit. La France est le seul pays de l’Union européenne à l’autoriser. Aussi la pratique doit restée bien encadrée. Pour autant, l’incinération n’est pas la solution idéale car le bilan carbone est très mauvais. De ce fait, des responsables professionnels comme Pascal Ferey condamnent la suppression de la taxe sur les boues et la disparition du fonds des boues qu’elle alimente (article 302 bis ZF du code général des impôts et article L. 425-1 du code des assurances). Or ce dernier constitue un volet de sécurité pour les agriculteurs en cas de pollution des sols cultivés. Ces mêmes professionnels agricoles s’opposent aussi aux mélanges de boues et par conséquent à leur dilution, dans des méthaniseurs par exemple, car de telles opérations conduiraient à rendre impossibles d’éventuelles recherches de responsabilité si un incident survenait. Or il ya des substances qui exigent des surveillances approfondies. Car l’enjeu majeur est la dégradation du potentiel des terres des propriétaires. Du reste, l’Apca regrette que les propriétaires ne puissent pas interdire à leurs fermiers d’épandre des boues. Une position contraire à l’avis qu’elle avait donné quelques mois auparavant lorsque l’organisation a été consultée sur ce sujet. F.H.
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L’ÉPANDAGE >
Ces produits phytosanitaires à la fois indispensables et si décriés L’emploi de produits phytosanitaires est particulièrement contraignant. Outre les doses d’emploi et le port d’équipements de protection prodigués par les fabricants, il impose le respect des distances réglementaires ou encore la tenue d’un cahier d’épandage. Des délais de re-entrée dans la culture et d’avant récolte sont aussi fixés. La dangerosité de ces produits fait régulièrement la une de l’actualité en oubliant leurs atouts et leurs bienfaits.
A.J.
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a réglementation sur l’épandage de produits phytosanitaires est complexe, parfois contradictoire et constamment remise en question. Et pour tout ce qui relève des questions de santé soulevées par l’emploi de ces produits, les agriculteurs sont les premiers exposés aux risques encourus. Et pourtant, ils ne sont pas les plus revendicatifs. De nombreux articles techniques, traitant l’épandage de produits de
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protection des plantes, insistent sur l’importance de porter des équipements de protection individuelle (EPI). Parfois les conditions d’emploi de ces produits rendent leur port obligatoire. Les décisions d’autorisation de mise sur le marché (AMM) des produits phytopharmaceutiques délivrées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) tiennent compte
de l’exposition de l’opérateur. Le contact peut être direct ou indirect : projections, renversements, mélange, etc. La peau, notamment les mains, est la principale voie d’exposition. Les EPI préconisés dans les AMM sont ceux qui limitent suffisamment cette exposition. Sur son site internet, le ministère de l’Agriculture décrit très bien les enjeux des expositions aux produits de traitement de protection des plantes.
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« Les EPI peuvent se présenter sous diverses formes et être combinés entre eux : gants, lunettes, vêtements, bottes, masques et appareils de protection respiratoire, etc ». Les EPI évitent aussi les contaminations secondaires, « c’està-dire la contamination de l’environnement proche des utilisateurs de produits de traitements. Les bottes, par exemple, vont protéger contre les produits chimiques, et leur lavage facile va permettre d’éviter d’entraîner des pesticides dans la voiture ou à la maison », explique l’Anses.
Ce plan d’action renforce ainsi les réglementations auxquelles sont soumis les produits phytosanitaires. Les agriculteurs savent déjà qu’il est interdit de traiter avec un vent supérieur à 19 km/h. Selon, la Chambre d’agriculture du département de la Manche, les applications tôt le matin ou tard le soir sont préférées à celles en pleine journée car « l’humidité plus forte permettra une meilleure efficacité des produits ».
Les préconisations d’emploi des produits sont inscrites sur leur étiquette. Toutefois, les EPI mentionnés peuvent être remplacés par d’autres équipements conformes à la norme la plus récente si celle-ci a été modifiée depuis l’autorisation sur la mise sur le marché du produit. La mention CE garantit du reste leur qualité et leur conformité.
Comme pour les épandages d’effluents d’élevage et d’engrais, un registre phytosanitaire doit être tenu à jour. Sont mentionnés le numéro de l’îlot Pac ou le nom de la parcelle, la culture produite (la variété), le nom commercial du produit utilisé, la quantité ou la dose de produit utilisée mais aussi la date du traitement et la (ou les) date(s) de récolte.
La réglementation sur l’emploi des produits de protection des plantes en vigueur n’est pas toujours admise et comprise par les agriculteurs car elle ne prend pas en compte, selon eux, les contraintes de production auxquelles ils sont soumis.
Questions de société Par ailleurs, le recours aux produits phytosanitaires soulève des questions de société portées des leaders d’opinions et des militants écologistes très éloignés et décalés des enjeux de l’agriculture. Si bien que les agriculteurs ont le sentiment que la société décide pour eux ! Dernier exemple d’actualité, l’interdiction des néonichotinoïdes depuis le 1er septembre dernier sans alternative de remplacement convaincante. La réglementation sur l’épandage des produits de protection des plantes est le cas d’école d’une réglementation punitive et confiscatoire, de plus en plus pesante pour les producteurs. Ils sont suivis à la trace, de la préparation du sol à la récolte des cultures implantées et même après ! Toutefois, les agriculteurs se sont complètement investis dans la politique de réduction d’emploi de produits phytosanitaires engagée depuis plus de vingt ans. Ce qui est bon pour l’environnement et leur santé est aussi bon pour leur portefeuille ! La Fnsea s’est elle-même lancée dans la bataille en proposant son contrat de solutions qui constituent autant d’alternatives à l’emploi et l’épandage de produits phytosanitaires. Citons parmi les solutions validées, le décalage de la date de semis en blé tendre d’hiver, la mise en place de bandes fleuries pour réguler la population de bio-agresseurs ou encore l’utilisation de variétés résistantes à certaines maladies. Plus de 300 autres pistes sont en cours d’évaluation.
Les réglementations s’enchainent Il est dans l’intérêt des céréaliers de produire plus, mieux et à moindre coût. Par ailleurs, le respect des normes d’utilisation des produits de protection des plantes conditionne le versement des aides Pac. Mais les réglementations s’enchainent. Dans le cadre du plan d’actions sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides du ministère de l’agriculture lancé il y a quelques mois, de nouvelles actions seront menées pour prévenir l’exposition aux pesticides des riverains de zones agricoles. Par exemple, des zones seront interdites à l’utilisation de produits classés dangereux autour d’établissements accueillant des personnes vulnérables. L’interdiction serait étendue à des zones d’intérêt écologique ou situées proximité des cours d’eau.
Les mélanges de produits et le respect d’une zone de non épandage à proximité des mares et des cours d’eau traitement, spécifique à chaque produit commercial, sont réglementés. Par exemple, la zone de non traitement (ZNT) autour des mares et des cours d’eau oscille, selon les produits, de 5 à 50 mètres. Mais en l’absence de mention sur l’étiquetage, une largeur minimale de 5 mètres doit être respectée. Cinq mètres, c’est aussi la distance à respecter quelle que soit la zone traitée, s’il existe un couvert végétalisé permanent d’au moins la même largeur en bordure de milieu aquatique et si des moyens sont mis en oeuvre pour limiter la dérive de produits vers les milieux aquatiques. A cet effet, le ministère de l’Agriculture publie chaque année une liste de buses « antidérive » homologuées pour une plage de pression d’utilisation. Par ailleurs, les modes d’emploi des produits de protection des plantes imposent des délais de re-entrée (DRE) et d’avant récolte (DAR). Compris entre 6 et 48 heures, selon les produits, le DRE est le délai à respecter entre le moment où l’on traite et le retour sur la parcelle traitée. Le DAR est quant à lui le laps de temps compris entre l’application du produit et la récolte. Ce délai peut aller de 3 jours à plus de 90 jours pour minimiser la présence de résidus de produits phytosanitaires sur les produits.
Actualité, projet de loi agriculture et alimentation On en remet une couche. L’article 14 septies du projet de loi agriculture et alimentation voté en seconde lecture à l’Assemblée nationale prévoit qu’un décret précisera les conditions d’utilisation des produits phytosanitaires (techniques et matériels d’application employés) à proximité des bâtiments habités et aux parties non bâties à usage d’agrément contiguës à ces bâtiments. « Lorsque de telles mesures ne sont pas mises en place, ou dans l’intérêt de la santé publique, l’autorité administrative peut, sans préjudice des missions confiées à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, restreindre ou interdire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques à proximité des zones précédemment définies au premier alinéa du présent III », précise le projet de loi. F.H.
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L’ÉPANDAGE >
Les effluents d’élevage, bénéfiques, mais un épandage très encadré Les effluents d’élevage constituent une source d’apport de matière organique primordiale pour entretenir la fertilité d’un sol et réduire les apports d’engrais minéraux. Ils contribuent à la structuration des sols et à la restauration de leur potentiel agronomique si celui-ci a été altéré par des pratiques agricoles inadéquates. Mais leur épandage est très encadré. sera faible. En effet, le nutriment aura déjà été minéralisé et se retrouvera alors dans le reliquat. A moins qu’il n’ait été absorbé par la culture intermédiaire ou la culture en place. En fait, l’épandage d’effluents d’élevage se raisonne sur plusieurs années d’où la nécessité d’établir un plan d’épandage sur l’ensemble de l’exploitation en ajoutant les parcelles des voisins qui en bénéficieraient. Effectuer auparavant une analyse des effluents est un préalable (lire aussi pages 8-9). Mais cette tâche est parfois ardue compte tenu de leur hétérogénéité. Toutefois, bien connaître leurs teneurs des fumiers et des lisiers permet d’optimiser les quantités d’effluents à épandre. Cela limite aussi les risques de lessivage de l’azote ou au contraire, de carences en éléments fertilisants pour les cultures. L’enjeu est leur développement et les économies potentielles en engrais minéraux qu’il est possible de réaliser.
Bien valoriser l’azote
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Les épandages réalisés dans la première quinzaine de mars assurent généralement une bonne valorisation de l’azote des fumiers par le maïs. En revanche, l’azote sera moins valorisé pour les apports de fumiers réalisés à proximité des semis, et risque, pour les fumiers pailleux, d’induire des effets dépressifs sur la culture liés à son organisation qui ne sera pas terminée en début de période de croissance du maïs. » L’extrait de cet article publié sur le site d’Arvalis institut du végétal attire l’attention de l’agriculteur sur la gestion de l’azote organique et sur l’incidence de la date d’épandage des effluents d’élevage. Le lisier de bovin sera de préférence épandu avant les semis tandis que le fumier sera utilisé au moins trois mois avant l’opération. Sinon, la part d’azote à minéraliser en sortie d’hiver
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Sont du reste distingués les fertilisants organiques de type 1 des fertilisants de type 2 selon leur rapport C/N. Sont de type 1, avec un rapport C/N supérieur 8, les fumiers à l’exception des fumiers de volaille de type 2 (C/N <8). Les fertilisants de type 1 apportent des fertilisants de fond intéressants et facilement disponibles. Toutefois, l’azote qu’ils contiennent se minéralisera lentement tandis que celui contenu dans les lisiers (type 2) est rapidement utilisable par les plantes. En fait, les pratiques d’épandage relèvent du bon sens. En premier lieu, les quantités de fumier à épandre dépendent des capacités du sol à les décomposer. Sinon, les risques de volatilisation et de lessivage de l’azote augmentent et la valorisation de l’azote devient plus aléatoire. Pour le fumier de bovins, la Chambre d’agriculture de l’Isère recommande d’épandre jusqu’à 20 tonnes par hectare avant céréales à paille ou colza mais avant maïs, les quantités peuvent atteindre 35 t/ha. Avec du lisier de porcs ou de bovins, 20 à 30 m3/ha peuvent réparties sur des céréales ou du colza et 35 m³/ ha sur du maïs ; des quantités cependant modulables selon
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LESOFFRES OFFRES LES LES OFFRES PRE-SAISON PRE-SAISON PRE-SAISON
la nature du sol, la concentration des lisiers ou la période d’épandage.
VALABLES SUR TOUTE GAMME VALABLES SUR TOUTE LALA GAMME JUSQU‘AU 31 DÉCEMBRE 2018 JUSQU‘AU 31 DÉCEMBRE VALABLES SUR TOUTE LA2018 GAMME
Mais l’épandage des effluents d’élevage soulève des questions environnementales pour l’air et le sol. Les marges de manœuvre des agriculteurs pour épandre leurs lisiers et fumiers sont très étroites.
JUSQU‘AU 31 DÉCEMBRE 2018
Des marges de manoeuvre très étroites Les Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) obligent les agriculteurs à établir un calendrier d’épandage pluriannuel sur leurs parcelles pour répartir au mieux leurs effluents en fonction des cultures conduites. Mais en zone vulnérables, la réglementation « directive nitrates » s’applique quelle que soit la dimension de l’élevage. Cette dernière exige l’établissement d’un plan prévisionnel pluriannuel de fumure et la tenue d’un cahier d’enregistrement des pratiques (cahier d’épandage). « Ces deux documents obligatoires sont à renseigner pour tous les îlots ou parcelles situés en zone vulnérable (même si aucun apport n’y est réalisé), précise la Chambre d’agriculture de l’Isère. Ils portent sur une campagne complète et doivent être conservés au moins cinq campagnes. » Ces contraintes font partie des règles de conditionnalité à respecter pour toucher les aides Pac.
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Toujours selon la Chambre d’agriculture de l’Isère, le plan prévisionnel de fumure azotée permet de déterminer la dose d’azote à apporter en tenant compte de l’équilibre entre les besoins des cultures et les fournitures du sol. Tandis que le cahier d’épandages consiste en l’enregistrement des cultures, des rendements, des couverts et, des apports minéraux et organiques effectivement réalisés sur chaque parcelle.
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Sur les cultures d’hiver, hors colza par exemple, les lisiers, les purins et les boues ne peuvent être épandus d’octobre à fin janvier tandis que pour les fumiers pailleux de type 1, l’interdiction s’étend de la mi-novembre à la mi-janvier. Les prairies ont aussi leur propre calendrier.
Par ailleurs, les distances réglementaires d’épandage varient selon le type d’élevage et la catégorie d’effluent mais aussi selon le mode d’épandage et d’enfouissement. Pour le fumier, la distance est nulle pour les exploitations soumises au régime du Règlement sanitaire départemental (RSD) mais elle est de 15 mètres pour les Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). En zone vulnérable, les règles sont encore plus strictes. A proximité des cours d’eau, il est interdit d’épandre des fertilisants liquides azotés à moins de 100 mètres si la pente du terrain est supérieure à 10 %. Le seuil est porté à 15 % pour les autres fertilisants, sauf en cas de bande enherbée ou boisée d’au moins 5 mètres de large.
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Par ailleurs, lors de l’épandage, l’agriculteur veillera à ne pas apporter plus de 170 kg d’azote organique par hectare et la réglementation impose des délais d’enfouissement pour limiter la volatilité de l’ammoniac et les nuisances olfactives avec les voisins. Les délais sont réduits, parfois à peine 12 heures entre l’épandage et l’enfouissement pour les Installations classées pour la protection de l’environnement.
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MOTEUR
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Pulvérisateurs, pourquoi pas les automoteurs ? Le pulvérisateur automoteur peine à s’installer dans le paysage agricole français. L’offre ne manque pourtant pas d’allure, aux plans technologique et productif.
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47 : c’est le nombre de pulvérisateurs automoteurs neufs immatriculés sur le marché français en 2017, selon Axema. Le score le plus faible enregistré depuis sept campagnes, sachant que le record des années passées culmine à 575, c’était en 2013. Comme le parc français est estimé à 200 000 appareils, toutes catégories confondues, l’automoteur reste un équipement à la fois marginal et d’élite. Et pourtant, les constructeurs se l’arrachent. En septembre dernier, Kuhn rachetait Artec, une entreprise vendéenne créée en 2005 seulement et qui s’est hissée depuis au premier rangs des ventes en France, s’octroyant selon Axema un tiers du marché. Kuhn avait déjà réalisé une opération de croissance externe en 2014 en rachetant le constructeur brésilien Montana. Le catalogue d’Artec se compose des automoteurs F40 (rampe frontale) et R40 (rampe arrière), proposés en 4000 et 5000 litres avec rampe alu Pommier de 28 à 50 mètres et moteur Deutz 6 cylindres 217 ou 250 chevaux). Le RS20 (2000 ou 2800 litres, 155 chevaux, 4 cylindres, 24 à 36 mètres), à voie variable (1,80 à 2,70 m) cible quant à lui les applications à volume réduit et grande vitesse.
Feuille verte Il y a quelques années, Amazone était parti d’une feuille blanche, pour ne pas dire verte, pour mettre au point son automoteur Pantera.
Tecnoma
> Tecnoma propose avec l’OSS+ un système de régulation s’affranchissant des sur-dosages et sousdosages dans les courbes.
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Aujourd’hui, la marque le décline en trois modèles qui se différencient par la largeur de voie (réglage centralisé, automatique et en continu de série) et la garde au sol : 1,8 à 2,4 m et garde au sol de 1,2 m pour le 4502, de 2,25 à 3 m pour le 4502-W, toujours avec une garde au sol de 1,2 m et enfin une garde au sol portée à 1,7 m pour le 4502-H pour une largeur de voie de 2,1 à 2,6 m, sinon de 1,8 à 2,4 m pour une garde au sol contenue à 1,2 m. Le Pantera (4 500 litres, 218 chevaux) est caractérisé par un châssis routier tandem à suspension hydropneumatique avec régulation automatique de niveau et une suspension régulée en fonction du niveau de remplissage et de la vitesse d‘avancement. Inutile de préciser que l’automoteur est susceptible d’embarquer toutes les technologies de précision de la marque, telles que la commutation et coupure électriques (AmaSelect), la coupure individuelle de buse (AmaSwitch), le tir à vue (AmaSpot) ou encore le compensateur d’oscillations horizontales de rampe assorti à une régulation du débit buse à buse indexée sur la vitesse relative de la buse et du pulvérisateur (SwingStop Pro).
OSS 2018 Parmi les acteurs relativement récents, on pourrait citer Horsch avec les Leeb PT 330 et 350 (5 000 litres, 326 et 354 chevaux) ou encore John Deere dont l’actuel R4050i (240 ch, 5 000 litres, rampes en fibre de carbone) dont la fabrication chez l’ex-Douven (Pays-
Bas) remonte à 2008. John Deere vient du reste de racheter l’argentin Pla. Et parmi les nouveaux entrants, il faudra compter avec Lemken qui investit régulièrement dans la pulvérisation, tant en infrastructures qu’en nouveaux appareils portés et trainés et qui travaille à la mise au point d’un automoteur. Ces nouveaux entrants viennent titiller les plates-bandes du groupe Excel et des ses multiples composantes, que sont Agrifac, Berthoud, Caruelle-Nicolas, Hardi-Evrard ou Seguip-Thomas, sans oublier Tecnoma. Ce dernier propose pas moins de cinq automoteurs, dont un à rampe frontale (Fronter), pour des capacités comprises entre 2 500 et 5 200 litres. Côté technologique, le constructeur a repoussé encore plus loin le système OSS (Optimal Spray System), lequel garantissait la constante du spectre de pulvérisation, indépendamment de la vitesse (accélération, décélération) et de la dose (modulation intraparcellaire des t et/ ou des fertilisants). Dans sa version OSS+, le constructeur intègre un gyroscope destiné à apprécié l’angle de la courbe dans les virages et interférant sur la régulation pour éviter les sur-dosages à proximité de l’appareil et les sous-dosages aux extrémités de rampe. L’option OSS+ est systématiquement combinée à une circulation continue permanente. Raphaël Lecocq
Artec
> Le R40 d’Artec, un des trois automoteurs développés par la marque, désormais propriété du groupe Kuhn.
Amazone
> Le Pantera d’Amazone est caractérisé par un châssis routier tandem à suspension hydropneumatique avec régulation automatique de niveau et une suspension régulée.
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Pulvérisation, halte à la dérive En matière de pulvérisation, la France fait partie des pays les plus avancés sur la réduction des volumes, avec une moyenne d’environ 109 litres par hectare depuis près de 5 ans, quand les autres pays européens sont plus proches des 300 litres par hectare. Il y a dix ans, les volumes moyens avoisinaient les 150 à 200 litres par hectare, mais on trouvait déjà quelques agriculteurs qui travaillaient sur les bas volumes. Aujourd’hui, avec l’augmentation de la taille des exploitations, notamment céréalières, on tourne désormais entre 80 et 120 litres par hectare. Technologie, des buses pour réduire la dérive En parallèle de cette baisse des volumes, les techniques aussi ont évolué avec l’apparition des buses à injection d’air qui réduisent la dérive en augmentant la taille des gouttes, mais en divisant aussi par deux la surface de couverture sur le végétal pour un même volume d’eau. Apparus il y a quelques années sous l’impulsion de spécialistes tels Lechler ou Müller-Elektronik, les porte-buses à sélection automatique sont une source d’optimisation des chantiers de pulvérisation, servant la précision et l’efficience des applications. La technologie cumule les bénéfices, à commencer par la sécurité puisqu’elle supprime toute manipulation des portesbuses, et donc tout risque d’exposition des
opérateurs aux produits phytosanitaires. Les buses supportant une amplitude de pression comprise entre 1,5 et 3,5 bars pour des modèles classiques et entre 1,5 et 5 bars pour des buses à injection d’air, il est impossible, avec une seule buse, de balayer une plage de vitesse comprise entre 8 et 20 km/h à l’intérieur du champ sans altérer la qualité de pulvérisation. La variation de volume par hectare est l’autre argument des sélecteurs automatique de buses, notamment dans le cas des applications d’azote liquide mettant en œuvre la modulation intra-parcellaire. La variation du volume peut osciller dans une fourchette comprise entre 80 et 180 litres par hectare. Une variante qui, avec la vitesse, ne laisse pas d’autre choix que de recourir au changement de buse en cours de travail. Avec la modulation intra-parcellaire, la localisation des applications est une autre application indirecte de la sélection automatique de buses. Car s’il est possible de basculer d’un calibre à l’autre, il est tout à fait envisageable d’individualiser la coupure
de jet, démultipliant d’autant les bénéfices de la coupure de tronçons. PWM ou la régulation au niveau de la buse Mais les constructeurs ont poussé encore plus loin la perfection, intégrant le fait que, dans le laps de temps qui précède ou qui suit le changement de buse, le spectre de gouttelettes n’est pas constant et donc pas idéal. La solution est fournie par des buses à pulsation électrique dites PWM (pulse width modulation) à l’initiative de plusieurs constructeurs (John Deere, Raven, Teejet...). Intégrant un ou plusieurs solénoïdes, la technologie permet de s’affranchir de la relation entre vitesse, débit et pression. Autrement dit, on peut passer de 0 à 30 km/h à dose constante. On peut aussi modifier la dose à vitesse constante. On peut enfin jouer sur la pression, en bordure de parcelle par exemple, pour limiter les risques de dérive. Le tout sans sacrifier la qualité d’application, faut-il le préciser. Outre la coupure buse à buse, la technologie PWM offre à l’utilisateur la capacité de gérer les phénomènes de recouvrement dans les courbes.
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AGRONOMIE
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Comment affiner sa stratégie sur les fongicides Pour assurer en rendement et en qualité, les cultures ont très souvent besoin d’être protégées des maladies fongiques. Pour contrebalancer le durcissement de la réglementation et l’émergence de résistances, des solutions sont à explorer du côté des produits de biocontrôle et des outils d’aide à la décision.
A
vec 34,6 millions de tonnes de blé tendre pour un rendement 71 q/ha, la récolte 2018 est assez proche de la moyenne pluriannuelle. Si la pression des maladies fongiques a été tardive, elle a été significative, en particulier au sud de la Loire. En moyenne, Arvalis estime l’impact des maladies fongiques à une perte de 17,2 quintaux entre un blé traité et un blé témoin, 15,2 pour une orge. Face à ces maladies, chacun doit trouver le niveau de sécurité phytosanitaire qui lui procurera le meilleur retour sur investissement, en adaptant sa stratégie aux risques de l’année, au potentiel de rendement de sa parcelle, aux débouchés de sa culture.
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La première étape de cette stratégie demeure l’agronomie. Détruire les repousses, enfouir les résidus, diversifier les rotations réduisent la pression des maladies. La date semis est un autre élément à prendre en compte. « Ne pas semer trop tôt limite les risques de septoriose, qui reste la principale maladie », rappelle Jean-Yves Maufras, spécialiste fongicides chez Arvalis. On peut aussi compter sur les variétés tolérantes. « Il y a des variétés résistantes à la septoriose, qui ont un bon potentiel de rendement », encourage Jean-Yves Maufras. Les résistances génétiques constituent une protection efficace contre certaines maladies. Mais, à ce jour aucune variété ne cumule un niveau suffisant de résistances à l’ensemble des maladies pour se passer totalement de protection fongicide chimique.
Ne pas systématiser le premier traitement (T1) Pour protéger ses cultures, un programme fongicide est donc nécessaire, à moduler selon la météo et les risques avérés. « En moyenne, les agriculteurs font 2,2
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traitements », chiffre Jean-Yves Maufras. Le premier traitement, au stade 2 nœuds, lutte contre le piétin-verse, l’oïdium, la rouille jaune, c’est la première protection contre la septoriose. Il est possible de supprimer les triazoles lorsque la pression en septoriose est faible, pour ne mettre qu’un produit de contact, moins cher, type chlorothalonil. « Il ne faut pas systématiser ce T1 mais le raisonner selon les risques, recommande Jean-Yves Maufras. Il peut être supprimé, fait à dose réduite ou substitué par des produits de biocontrôle. » Le traitement T2, dès le stade « dernière feuille étalée », reste le traitement pivot. C’est là que se joue la plupart des gains de rendements possibles grâce à une protection optimale contre la septoriose. L’utilisation d’une SDHI reste incontournable en cas de risque de septoriose. Enfin, le T3 interviendra, début floraison, face à un risque de fusariose, pour protéger la qualité des grains.
Diversifier les molécules pour contrer les résistances Pour l’instant, les souches de champignons montrent moins de résistances que les adventices. « Mais le problème est à venir, craint Romain Tranquart, d’Adama. Avec le tour de vis des réglementations, on perd plus de molécules qu’il n’y en a de nouvelles homologuées. On voit déjà des problèmes de résistances apparaitre. » Près de la moitié des souches de septoriose montrent des résistances aux triazoles, 60 % des souches d’helminthosporiose aux SDHI. « Les phénomènes de résistances de la septoriose aux SDHI sont encore faibles en France, note l’Inra. Mais comme ils sont déjà problématiques en Angleterre et en Irlande, il faut s’y préparer. » Notamment, en alternant les modes d’actions et les matières actives. Par
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Les produits de biocontrôle commencent aussi à prouver leur potentiel. « Nos essais ont montré que le soufre était efficace en T1 » confirme Jean-Yves Maufras. « Le T1 se prête bien au biocontrôle », complète Anne-Sophie Laurent. Syngenta aussi attend une homologation d’un produit à base de soufre sur septoriose
campagne, il ne faut pas plus d’une fois la même triazole, un seul SDHI. Il faut privilégier des fongicides multisites (chlorothalonil, folpel, mancozèbe). « Il ne faut pas mettre systématiquement de triazoles sur le T1 mais les réserver pour le T2, recommande Anne-Sophie Laurent, chef de produits fongicides chez Syngenta. On peut partir plutôt sur une base chlorothalonil. Pour ce premier traitement, on peut aussi partir sur une base de soufre, en lui associant du Bravo ou de l’Amistar. »
Miser sur les OAD Les outils d’aide à la décision (OAD) font leurs preuves dans l’optimisation des traitements. En compilant données météo, sensibilité des variétés, critères agronomiques, ils indiquent les risques de maladies pour ne déclencher le traitement qu’en cas de risque. « Nous sommes dans l’agriculture de précision, une approche ‘gestion des risques’, souligne Anne-Sophie Laurent. Grâce aux OAD, la décision de traiter se prend en fonction des risques réels. On le ressent surtout au niveau du T1 où il n’y a plus de traitement qu’on pourrait appeler de sécurité. » Syngenta travaille pour mettre à disposition Avisio pour la prochaine campagne : ce service permettra d’optimiser le positionnement des fongicides sur blé sur les risques autour des quatre principales maladies en fonction du contexte agro-climatique. « Cela s’inscrit dans une démarche de protection fongicide responsable : pour pérenniser l’efficacité des fongicides, il faut les utiliser à bon escient », conclut Anne-Sophie Laurent.
S’il est recommandé de ne pas utiliser plus d’une triazole par campagne, le tébuconazole est la molécule fongicide la plus utilisée en 2017 « Les triazoles restent la base des traitements fongicides. Quand il n’en restera plus que 3 ou 4 de disponibles, les phénomènes de souches résistantes vont s’amplifier », craint Jean-Yves Maufras. On sait déjà que 2019 sera la dernière année d’utilisation de d’époxiconazole et probablement du propiconazole. Des produits à base de Bromuconazole, comme Djembé ou Perf’essentiel de Philagro, continuent de faire leurs preuves en terme d’efficacité et d’alternance des molécules. Les firmes phytosanitaires ont de nouvelles molécules en cours d’homologation. Pour anticiper le remplacement de l’époxiconazole, BASF a mis au point le mefentrifluconazole (Revysol®), avec une nouvelle triazole, avec un objectif de mise en marché en 2020. Dow teste également une nouvelle molécule, le fenpicoxamid (Inatreq®), efficace sur septoriose, qui pourrait être disponible aussi en 2020.
Cécile Julien
Nouveautés fongicides Un nouveau fongicide pour Sumitomo Chemical et BASF Sumitomo Chemical et BASF ont fait part d’une demande d’autorisation aux autorités européennes pour une nouvelle substance active fongicide, le Pavecto. Appartenant au groupe de fongicides connus, QoI (inhibiteurs externes de la quinone), « la structure chimique de cette substance, la tétrazolinone, représente une vraie nouveauté », précisent les deux firmes. La cible de Pavecto : la lutte contre « les pathogènes ayant développé une résistance envers les strobilurines actuellement disponibles sur le marché ». Ce produit fongicide pourrait ainsi être efficace contre plusieurs maladies, dont la septoriose du blé. Mise en marché à partir de 2022.
Première homologation d’un fongicide biocontrôle sur septoriose pour Action Pin
de
Les produits Heliosoufre S, Helioterpen Soufre, Vertisoufre et Biosoufre, d’Action Pin, ont reçu une extension d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la septoriose. Leurs formulations liquides associent du soufre et des dérivés du pin. Leur action multisite répond aux problématiques de la gestion des résistances.
D.R.
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Maïs, jusqu’où ira le progrès génétique ? Chaque année, en France, de 50 à 80 nouvelles variétés de maïs sont inscrites au catalogue. Tests à l’appui, elles affichent des rendements toujours à la hausse. Décryptage d’une plante qui a encore du potentiel. sont plus résistantes aux à-coups climatiques et au stress hydrique. Demain, la sélection devra se renforcer sur la résistance aux maladies et ravageurs, indique Josiane Lorgeou. Les programmes de recherche en sélection, comme Amaizing, portent sur la valorisation de l’eau, de l’azote, la résistance au chaud, au froid. La robustesse face aux aléas climatiques reste une priorité pour avoir un comportement stable d’une année sur l’autre.
Comment aller plus loin ? A.J.
C
ette année, les conditions climatiques ont mis à mal les rendements dans plusieurs bassins de production. En maïs grain, le rendement moyen est de 89,9 quintaux par hectare (chiffres du ministère de l’Agriculture), soit - 12,6 % par rapport à la moyenne 20132017. Au niveau de la ferme France, cela donne une production de 12,2 millions de tonnes (- 15,5 % par rapport à la moyenne 2013-2017).
Pourtant, l’an dernier, le maïs avait obtenu son troisième meilleur rendement historique, avec près de 103 q/ha. Depuis les années 1950 et l’arrivée des hydrides, les agriculteurs ont vu les rendements constamment augmenter, et la zone de culture s’étendre. Quand on regarde la courbe des rendements moyens, à part les années à aléas climatiques majeurs, la progression est continue. Il y a un ralentissement depuis la fin des années 1990, mais on peut se demander jusqu’où pourra progresser ce rendement... « Le progrès génétique en terme de rendement est chiffré entre 1 et 1,4 q/ha/an »,
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chiffre Josiane Lorgeou, responsable du pôle variétés, génétique et semences d’Arvalis.
Jusqu’à 230 quintaux Une partie de ce progrès compense les effets négatifs du climat et l’amplification des différents facteurs limitants. Sans ces facteurs limitants extérieurs, les chercheurs estiment que le rendement peut aller jusqu’à 230 quintaux par hectare. Les agriculteurs n’ont pas forcément ce ressenti, car le progrès génétique peut être amoindri par les effets climatiques, des ravageurs, des restrictions d’irrigation… « Le rendement agricole est une synthèse de ce qu’apporte le progrès génétique face à toutes les contraintes que rencontre la culture », explique Josiane Lorgeou. Le rendement se gagne aussi par la résistance aux différents stress qui empêchent la plante de pleinement exprimer son potentiel. Les variétés
L’entrée dans l’ère de la génomique a ouvert de nouvelles perspectives de sélection, notamment grâce aux marqueurs moléculaires, qui pourront être identifiés dans les nouveaux hybrides. Déjà, les sélectionneurs ont recours à l’haploïsation, qui permet de fixer une lignée en une seule génération, grâce à une lignée de parents pollinisateurs qui a comme particularité de rejeter naturellement les chromosomes de la lignée mâle, tout en ayant un ovule fécondée avec deux jeux de chromosomes. De façon plus pragmatique, les sélectionneurs travaillent aussi à contre-saison « pour raccourcir le cycle de sélection et gagner du temps, nous misons sur la contre saison des pays de l’hémisphère sud, explique Jean Pierre Cochet, de KWS, qui avec une vingtaine de nouvelles variétés par an est le premier contributeur français. Si l’haploïdie permet de fixer plus vite un caractère, une phase de test en cultures est toujours nécessaire. Mais faisant des cultures en Argentine, Chili et au Pérou, on peut tester une nouvelle variété deux fois par an. Ce qui permet d’avancer plus vite ». Le maïs nous réserve encore de belles surprises. Cécile Julien
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Maïs, réussir son désherbage Entre les contraintes réglementaires et la nécessité d’ajuster son itinéraire et ses choix de molécules à la flore présente, le désherbage du maïs est un exercice certes délicat, mais à réussir pour éviter de voir les quintaux disparaitre. post-levée semblent indispensables. Certains produits se démarquent par leur spectre large. Par exemple, Capreno, de Bayer, premix de deux molécules à action foliaire et d’un phytoprotecteur. « Il a un large spectre et est relativement efficace contre les graminées, explique Valérie Bibard. Avec la thiencarbazone combinée à la tembotrione, il y a moins de risque de résistance ». On trouve également la thiencarbazone dans le produit Monsoon de Bayer qui contient aussi une sulfonylurée. Calaris, de Syngenta « apporte un vrai plus contre les dicotylédones. En revanche, il est insuffisant sur graminée ». Arigo, de Corteva, présente aussi un spectre intéressant y compris sur dictotylédones.
La réglementation complique l’agronomie A.J.
L
’impact d’un mauvais désherbage est spectaculaire en maïs. Une parcelle mal désherbée, ce sont plusieurs dizaines de quintaux, ou tonnes de matières sèches, en moins. Entre la levée et le recouvrement de l’inter-rang, la concurrence en eau et en éléments nutritifs avec les adventices est rapidement préjudiciable. En expérimentation, il est facile de montrer qu’un maïs mal désherbé n’atteint que 50 % de son potentiel.
« La concurrence s’exacerbe quand il y a des facteurs limitants. S’il y a à boire et à manger pour tout le monde, ça peut passer. Mais en cas de stress hydrique, de sol pauvre, le maïs ne gagnera pas face à la flore endémique », prévient Valérie Bibard, spécialiste du désherbage chez Arvalis. C’est donc très tôt qu’il faut intervenir : les adventices jeunes sont plus faciles à éliminer et la concurrence n’a pas trop pesé sur le rendement. Le désherbage peut se faire en pré-levée, avec des produits à action racinaire ou post-levée précoce si la flore est simple et peu dense. Le traitement en post-levée le complétera s’il y a besoin d’un rattrapage. En semis direct, le traitement de pré-levée est déconseillé, mieux vaut opter pour une post levée combinant des produits foliaires et racinaires. C’est toujours la flore présente qui doit guider son itinéraire et le choix de produits. « Avec une forte présence de graminées, il est indispensable d’avoir une action racinaire en pré-levée ou en post-levée précoce », rappelle Valérie Bibard. De même, avec une flore complexe (graminées et dicotylédones, plantes résistantes), la combinaison pré et
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Pour préserver l’efficacité des interventions et contenir les variétés résistances, il faut alterner les molécules et les modes d’actions. Les herbicides inhibiteurs d’ALS (comme le nicosulfuron, le thiencarbazone) sont plus favorables à l’émergence de résistances. « Le contexte réglementaire, en réduisant le nombre de molécules disponibles et en augmentant les contraintes d’utilisation, complique cette alternance, donc la qualité du désherbage à long terme », déplore Valérie Bibard. Déjà la gestion des graminées, qui plus est celles qui montrent des résistances, devient compliquée. « Mieux vaut éviter de se laisser envahir sinon en quelques années, ça devient ingérable, prévient la spécialiste du désherbage. Mais l’arsenal est réduit pour y arriver. Aujourd’hui, il reste, mais pour combien de temps encore, les chloroacétamides, en prélevée et les sulfonylurées, inhibiteurs d’ALS en postlevée. » L’arsenal anti-graminées risque encore de s’amoindrir. Des menaces pèsent sur la famille des chloroacétamides, en raison, notamment, de métabolites de dégradation, détectées dans le milieu naturel. Face aux restrictions sur les molécules existantes, le monde agricole aimerait en voir de nouvelles mises en marché. Pour l’instant, on est dans un « creux ». Entre la complexité réglementaire et à la lenteur des homologations, les firmes phytosanitaires n’annoncent pas de nouvelles familles de molécules, avant quelques années. On n’a pas fini de se creuser la tête pour concocter un itinéraire de désherbage efficace, durable et à un coût raisonnable. C.J.
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AGRONOMIE
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Maïs, les innovations KWS utilise des images satellites pour prévoir la date optimale de récolte KWS, leader européen des semences maïs fourrage, accompagne les agriculteurs dans le suivi de la teneur en matière sèche, donc l’estimation de la date optimale de récolte. Pour lever la contrainte de la prise d’échantillons afin d’analyser la matière sèche, le semencier mise sur le suivi par télédétection, grâce à des photos prises par les satellites. « Nous avons mis en relation des suivis de matière sèche faits par analyse, avec les informations de photos satellites. En intégrant les modèles météorologiques et pédologiques, les caractéristiques de nos hybrides, cela nous permet de prévoir avec précision l’évolution de la matière sèche, explique Jean-Pierre Cochet. Nous avons testé ce dispositif sur 35 000 hectares en Allemagne. En France, l’année prochaine, nous le ferons sur 6 à 8 hybrides différents à plus grande échelle que pour cette campagne. » KWS s’appuiera sur les passages de différents satellites pour obtenir une photo des parcelles suivies par semaine. Le système sera pleinement opérationnel d’ici 1 à 2 ans.
Les nouveautés Dekalb En maïs grain, Dekalb annonce des hybrides prometteurs, notamment en terme de résistance au stress hydrique. DKC4069 : hybride demi-précoce - groupe G2, avec un excellent profil agronomique et très bonne qualité sanitaire de la tige et de l’épi, très hautes performances de rendement. Ne pas hésiter à monter la densité de semis dans les parcelles à haut potentiel. DKC5065 : hybride demi-tardif - groupe G4, très bonne vigueur au départ, développement et couverture du sol rapides, bon profil sanitaire et très bonne qualité du grain. Très bon potentiel de rendement dans toutes les situations. Bonne tolérance au stress hydrique : label DKoptim’eau. DKC5182 : hybride tardif - début de groupe G5. Il est capable de chercher des rendements jamais atteints pour cette précocité. Label DKoptim’eau. DKC6050 : hybride très tardif - groupe G6. Plante de taille courte (hybride trapu) avec une insertion d’épis basse et très régulière ainsi qu’une bonne tenue de tige. Semer à haute densité pour déplafonner les rendements. À réserver pour les semis précoces et aux zones où les sommes de température sont suffisantes. Label DKoptim’eau.
Avec Sem’expert Dry, Pioneer accompagne la culture du maïs sec Pour sécuriser la marge du maïs en zone séchante mais non irriguée, Pioneer a sélectionné hybrides précoce et résistants au stress hydrique : P38V31, P9175, P8521 et le nouveau P8521. « Dans ces zones, cultiver du maïs permet de diversifier la rotation et de casser les cycles des maladies et des adventices, explique Sébastien Moureau, chef de produits maïs. Avec l’accompagnement Sem’expert Dry, la marge est sécurisée. » Tout est rationnalisé sur cet objectif marge, depuis le choix des variétés, de la gamme Sem’Expert Dry, la densité de semis et la conduite de la culture. « Avec l’accompagnement de son technicien, l’agriculteur trouvera le maïs qui répond à ses attentes, pour chaque situation, chaque parcelle. » De quoi redonner sa place au maïs même en zone séchante.
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De nouvelles variétés KWS Avec sa gamme KWS UP’, KWS explore le segment des « ultra précoce », avec des indices de 150 à 200. Ces variétés apportent une précocité supérieure à celles du groupe très précoce : gain de 1 à 2 % d’humidité en grain, de 3 à 5 % de matière sèche en fourrage. Elles sont destinées à des cultures dérobées ou en semis tardif, mais également aux régions très froides. Très précoce Kaprilias est un hybride 3 voies corné-denté 2e année, avec un indice 210-240. Kaprilias donne d’excellents résultats : haute productivité énergétique, tant en rendement qu’en digestibilité, stay green vigueur de départ.
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FIT de Pioneer, du maïs cultivé avec précision Avec son service FIT, pour Field information tool, Pioneer donne accès aux utilisateurs de ses semences à des cartographies aériennes de leurs parcelles, tout au long du cycle. Ces photos par satellite, prises à des moments clé de la culture, visent à caractériser les différentes zones de parcelles pour optimiser les variétés, les densités de semis et les intrants. « Il s’agit de rendre l’agriculture de précision accessible à tous », explique Sébastien Moureau. L’analyse dynamique de la végétation intra-parcellaire autorise, pour la campagne Pioneer en cours, des ajustements dans la conduite. Quand on y ajoute les résultats de rendements, la cartographie des différentes zones de potentiel au sein d’une même parcelle permet d’adapter les densités de semis et la conduite pour la prochaine culture de maïs. L’agriculteur peut accéder à cet outil seul ou avec l’appui de son technicien.
Depuis l’espace, déterminez votre date de récolte optimale ! EAU NOUV E DÈS L Z E TEST ENANT T N I A M
ma parcelle de maïs
Génétique maïs ensilage Pioneer, m3 Dans sa gamme ensilage, Pioner lance 3 nouveaux hybrides, P8333, P8666 et P8888, à l’excellente digestibilité de l’amidon. Pour faciliter les chantiers de récolte, les hybrides de cette gamme « m3 » maintiennent leur rendement jusqu’à 38 % de matière sèche. Le tonnage à l’hectare est assuré sans dégradation de la qualité de l’amidon.
KWS MaïSAT : un outil innovant de précision unique au monde pour récolter son maïs fourrage au bon stade. Vous connaîtrez en temps réel l’évolution de la matière sèche de vos parcelles KWS pour obtenir un fourrage de qualité avec un rendement maximum. Faites partie de l’aventure KWS MaïSAT en testant les variétés connectées.
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SEMER L’AVENIR DEPUIS 1856
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MAÏS GRAIN
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Adapter la densité de semis pour maximiser le rendement Choisir la bonne densité de semis permet à chaque variété d’exprimer pleinement son potentiel. Avis d’expert avec Marion Bass, responsable de marché maïs grain chez DEKALB. la ressource en eau obtiennent le label DKoptim’eau). 8 à 10 nouvelles variétés seront retenues chaque année, parmi la cinquantaine testée. « Cela nous permet de proposer une large gamme de variétés pour toutes les conditions pédologiques et climatiques », souligne Marion Bass.
La bonne densité pour chaque parcelle D.R.
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our mettre à disposition des agriculteurs les bons hybrides, les semenciers mettent les moyens. « Notre travail est de trouver de nouvelles variétés toujours plus performantes, et pas uniquement en termes de rendement », explique Marion Bass, chef de marché « maïs grain » chez DEKALB. Pour les trouver, la sélection se fait sur 5 principaux critères : le potentiel de rendement ; la qualité des racines et des tiges pour avoir des plantes résistantes face à la verse ; la qualité du grain notamment en termes de tolérance aux maladies, fusariose en premier lieu ; la stabilité du rendement ; le comportement face au stress hydrique (les variétés qui ont la meilleure capacité à optimiser
Choisir la bonne variété ne fait pas tout pour mettre tous les atouts de rendement de son côté. « Il faut optimiser la densité selon le potentiel de chaque parcelle », explique Marion Bass. Type de sol, pluviométrie, teneur en matière organique, possibilité ou non d’irrigation, chaque parcelle a son propre potentiel de rendement. Pour atteindre le maximum du potentiel, il faut miser sur le bon duo variété/densité. A chaque parcelle, sa variété et sa densité. Chaque variété a son propre comportement face à la densité. Certaines vont avoir une bonne capacité de compensation des épis, tandis que d’autres devront être semé à plus haute densité pour atteindre un meilleur rendement. Déterminer la bonne densité permet à chaque hybride de s’exprimer, dans chaque parcelle, en mettant en balance l’investissement en semences et le gain de rendement attendu.
Adapter la densité à chaque parcelle. « Il suffit de changer un pignon sur le semoir et ça peut permettre de gagner jusqu’à 10 quintaux, souligne Marion Bass. C’est un gain accessible à tous ». On peut aller plus loin avec une modulation intra-parcellaire quand on est équipé d’un semoir de précision. « La cartographie des sols permet de définir des zones de potentiel, explique la spécialiste du maïs. La densité de semis sera adaptée en fonction de chaque zone, comme on peut le faire pour la fertilisation. Là où il y a du potentiel de rendement, cela vaut la peine de renforcer la densité pour maximiser le potentiel. Quand les conditions sont limitantes, il est recommandé de semer moins dense pour réduire les stress et pour une optimisation du poste semences ». Pour fournir ces recommandations de densité, DEKALB s’appuie sur ses 34 technopôles et leurs 980 Ha d’essais. « 1.000 données collectées par hybride chaque année garantissent la fiabilité statistique », souligne Marion Bass. Un calculateur en ligne permet de trouver la recommandation optimale pour 23 hybrides et 500 types de sol. Il est accessible sur www.dekalb.fr/calculateur. Cécile Julien
Les nouveautés de la campagne 2019 - DEKALB lance une variété maïs grain labellisée AB : DKC5065 BIO. Au-delà du potentiel de rendement, son port étalé couvre rapidement le rang, en avantage non négligeable en culture bio. - Pour maximiser l’expression du potentiel génétique, DEKALB propose ACCELERON®, une solution intégrée et complète de traitements de semences : une protection insecticide et fongicide, couplée à un biostimulant qui favorise la colonisation mycorhizienne des racines, donc la disponibilité de l’eau et des nutriments. ACCELERON® est disponible sur 2 variétés en grain cette année : DKC4069 et DKC5182.
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Ces famines qui n’ont pas eu lieu Des prévisionnistes de mauvais augure pensaient savoir dans les années 1970 que de grandes famines devaient avoir lieu dans les années à suivre. Aujourd’hui, on sait qu’ils se sont trompés. pour des raisons d’ordre politique. Par ailleurs, il existe désormais des systèmes de surveillance mis en place par des institutions internationales qui permettent de signaler à temps les situations d’urgence et les organisations d’aide d’urgence sont de plus en plus professionnalisées.
Source : https://ourworldindata.org
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l y a 50 ans paraissait The Population Bomb, un livre « choc » et controversé qui a rencontré un vif succès international. Dans cet ouvrage, le biologiste américain Paul R. Ehrlich et son épouse Anne s’inquiètent des effets de la surpopulation et anticipent pour les années à venir de grandes famines en estimant que « La bataille pour nourrir l’ensemble de l’humanité est perdue. Dans les années 1970, des centaines de millions de personnes vont mourir de faim ». Depuis 1968, il y a eu certes des situations de famines, d’ailleurs souvent provoquées par des conflits (Biafra, Bangladesh, République démocratique du Congo, Darfour, Somalie) ou des régimes totalitaires (Cambodge, Ethiopie, Corée du Nord), mais, fort heureusement, les prévisions catastrophistes des Ehrlich se sont avérées inexactes. Le nombre de morts dans les famines a même considérablement diminué alors même que la population mondiale doublait entre 1968 et aujourd’hui. Il
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en est de même pour la population sous-alimentée. D’après la FAO, en 1969-1971, près de 900 millions souffraient de la faim dans le monde, contre 821 millions en 2017.
L’impact de la « Révolution verte » Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette évolution. Le premier est l’accroissement spectaculaire de la production agricole favorisé en particulier par la « Révolution verte » inspirée par l’agronomiste américain Norman E. Borlaug, à laquelle on peut rajouter les progrès effectués en matière de transport et de communication et le développement des marchés et des échanges commerciaux à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, il paraît donc plus difficile d’envisager des situations de famine liées uniquement à une difficulté d’accès à la nourriture suite à de mauvaises récoltes, comme cela pouvait être le cas par le passé, si ce n’est bien sûr
Le second facteur est l’amélioration de la santé car, dans la plupart des cas, on ne meurt pas de faim lors d’épisodes de famine, mais de maladies infectieuses, comme la malaria ou le typhus. Le troisième est la réduction de la pauvreté, notamment en Chine et en Inde, car il est bien évident que les famines se produisent dans des pays pauvres et affectent en premier lieu les populations les plus déshéritées en leur sein. Le quatrième est la démocratisation. Les famines sont, en effet, désormais avant tout des phénomènes de nature politique liés en grande partie à des conflits et à des politiques menées par des régimes dictatoriaux. Le cinquième est la transition démographique. La réduction des naissances et donc de la proportion d’enfants dans les populations tend aussi à réduire le nombre de victimes de famines alors que les enfants en bas âge figurent parmi les catégories les plus touchées par les pénuries alimentaires. Est-ce que cela est appelé à perdurer ? Ce n’est malheureusement pas certain. Le changement climatique est, en effet, susceptible d’avoir un impact négatif sur le rendement de certaines cultures et surtout de provoquer des conflits et des déplacements massifs de population – une note récente de l’ONU parle d’un milliard d’individus d’ici à 2050 – ce qui accroît potentiellement le risque de famines dans certaines régions. Eddy Fougier
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