JA3113 du 1er juin 2022 ACF AFRICA CEO FORUM

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ÉCONOMIE renforcé leur soutien au secteur. La microfinance et la mésofinance se développent tout autant que les fintechs, ces dernières réduisant le coût des crédits et facilitant la vente des produits, entre autres. Un point fait consensus : il n’existe pas de solution miracle mais une palette d’outils à actionner en fonction du type de projet et du profil de l’entrepreneur. Reste à accélérer sur plusieurs volets. « Les pouvoirs publics et le secteur privé, notamment les banques, doivent mettre en place des instruments de partage de risques pour accompagner davantage les producteurs et la transformation », avance Diakarya Ouattara. Certains comptent aussi sur l’essor de prestataires de services financiers ruraux, comme les coopératives de crédit, bien placées pour drainer l’épargne des communautés locales. Sur le sujet sensible des garanties, un banquier souligne l’efficacité des dispositifs de groupe et des récépissés d’entrepôt, quand Cédrick Montetcho, d’Oikocredit, insiste sur la nécessité d’assouplir les clauses d’appel en cas d’impayés pour rendre ces mécanismes de partage de risques plus attrayants pour les banquiers. Dernier point, et non des moindres :

moderniser la gestion du foncier afin de faciliter les garanties mais aussi d’éviter les conflits.

MONTER EN COMPÉTENCES

« L’envoi de simples SMS rappelant la période des semis et du désherbage a permis d’améliorer le rendement des champs de canne à sucre de 11,5 % au Kenya. » Avec cet exemple, le groupe nigérian Dangote, actif dans le ciment mais aussi le sucre et qui mène des projets dans le riz, souligne l’importance de la formation pour assurer l’essor du secteur agricole. Elle est en effet cruciale pour la bonne utilisation des engrais, la maîtrise des techniques d’irrigation, pour préparer la réponse aux effets du changement climatique ou encore pour respecter des normes sanitaires… Si les outils numériques facilitent la diffusion des savoirs, même dans les zones reculées, et si nombre d’acteurs africains comme étrangers investissent pour faire monter en compétence leurs équipes, concernant les gains de productivité, les résultats demeurent globalement timides. « Ce qu’il faut, ce sont des professionnels formés sur l’ensemble

de la chaîne, ingénieurs agronomes, experts en sécurité alimentaire, responsables qualité, logisticiens… », note Slim Othmani, l’ancien patron de NCA Rouiba, à la tête du thinktank algérien Care. Même son de cloche de la part de la Marocaine Sihame Benhamane, à la tête du champion avicole Zalar Holding et membre de la Fédération interprofessionnelle

Pour assurer l’essor du secteur agricole, professionnaliser la formation sur l’ensemble de la chaîne est crucial. du secteur avicole au Maroc. « La consolidation et la transmission du savoir-faire s’effectuent évidemment en interne, mais elle peut aussi passer par les échanges interprofessionnels, ce que nous faisons au Maroc en recevant des délégations venues du Sénégal, du Mali et de la Côte d’Ivoire notamment. » Pour elle, la clé du succès repose sur le triptyque investissement-formation-expertise.

ISSOUF SANOGO / AFP

Marché gigantesque, le secteur de la volaille en Afrique est largement dominé par les importations venues d’Europe et des ÉtatsUnis. Ici, dans une ferme à Maradi, dans le sud du Niger.

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JEUNE AFRIQUE – N° 3113 – JUIN 2022


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