Rébellion du M23, bras de fer avec Félix Tshisekedi, critiques de la communauté internationale, mais aussi longévité au pouvoir et présidentielle rwandaise de 2024… Entretien exclusif avec le chef de l’État.
www.jeuneafrique.com N0 3121 – FÉVRIER 2023 3’:HIKLTD=[U\^U^:?n@b@c@b@k";M 019363121F: 7,90 ERD RD CONGO LA DERNIÈRE LIGNE DROITE SPÉCIAL32 PAGES CAMEROUN Motaze, le neveu qui pourrait être roi CÔTE D’IVOIRE-MALI Les secrets d’une affaire d’État MAROC Nos amis à Washington
KAGAME
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«Je n’accepte pas que le Rwanda soit le bouc émissaire des dirigeants congolais»
Focus Assurances
TRANSFORMATION DIGITALE
Les
start-up
en première ligne
Afin de combler leur retard dans la numérisation de leurs offres et de leurs procédures internes, les compagnies peuvent désormais s’adresser à une pléthore de jeunes pousses.
ISS OUF SANOGO/AFP
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Le plan de transformation de Sunu Group est structuré en 7 grands programmes dans 15 pays pour 22 filiales (ici le siège de l’assureur, à Abidjan, dans le quartier du Plateau).
QUENTIN VELLUET
Certaines carrières professionnelles épousent parfaitement les mutations des secteurs au sein desquels elles se construisent. Celle de Roch Guinko en est le parfait exemple. Ingénieur télécoms et informatique diplômé en France en 2009, le Franco-Burkinabè revient sur le continent en 2015 pour accompagner la numérisation des filiales de BNP Paribas dans la zone Uemoa. À l’époque, le secteur bancaire est engagé dans une transition numérique qui doit lui permettre d’optimiser son fonctionnement et d’imaginer de nouveaux produits pourconvaincredepotentielsclients.
Cinq ans plus tard, l’explosion du nombre d’entreprises de la fintech confirme la tendance et participe à moderniser le secteur par la technologie. La banque africaine entre dans une nouvelle ère de sophistication de ses produits et services tandis que Roch Guinko entame, lui, une nouvelle aventure : l’assurance
«Auquotidien,montravailn’estpas toujours aisé. Il requiert beaucoup de pédagogieetdepatience »,expliquele directeurdessystèmesd’information etdelatransformationdigitaledel’assureur Sunu Group. Positionné entre la nécessité de numériser les procédures internes de son employeur et celle d’imaginer de nouveaux canaux de distribution et de produits d’assurances, le dirigeant doit apprendre à accompagnerdanslechangementses collaborateurs ainsi que ses homologues dirigeants. Le plan de transformation de Sunu Assurances est ainsi structuré en 7 grands programmes et 21 projets dans 15 pays et pour 22 filiales. Et ce, principalement pour améliorer la relation client du groupe ainsiquesonfonctionnementinterne.
La tâche n’est pas aisée, tant le secteur de l’assurance – comme celui de la banque – est réputé rétif
à la nouveauté. Hormis les grands comme Old Mutual, Sanlam, Sunu ou le marocain Wafa, « beaucoup d’acteurs n’ont ni site web ni application », relève Souleymane Gning, fondateur de la start-up sénégalaise Assuraf, spécialisée dans le courtage en ligne. « Le secteur de l’assurance est extrêmement fragmenté en Afrique, et les régulateurs ont longtemps fait en sorte de garder ce paysage de multiples microentreprises familiales qui ne prennent aucun risque majeur », explique Ridha Meftah, partenaire au sein du cabinet EY (Ernst & Young) de Tunis et spécialiste du marché africain des services financiers.
Réflexe culturel
En 2019, la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (Cima), qui réunit 14 pays membres, principalement en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, comptait 185 sociétés d’assurances agréées et 19 acteurs de la réassurance. Ces dernières ont émis pour 1,3 milliard de F CFA (un peu moins de 2 millions d’euros) de primes, en vie et non-vie.
L’augmentation du montant minimal de capital social, imposé par l’institutionen2016,apourtantintroduitunmouvementdeconcentration dans le secteur, tel le rapprochement entre Sanlam et Allianz. Mais nombreuses sont les compagnies d’assurances qui négligent encore ce que la technologie pourrait apporter à leur activité, et ce non pas faute de moyens, mais par réflexe culturel.
« C’est un secteur plombé par une réglementationlourdequireprésente une bonne partie de l’activité quotidienne des entreprises Elles en ont oublié leurs clients finaux, à qui elles ne parlent pas, souligne le fondateur d’Assuraf De plus, les compagnies d’assurances, en Afrique comme ailleurs, se concentrent principalement sur les grands comptes, qui sont pour la plupart des clients captifs. Ce qui ne les pousse pas à développer le marketing et de nouveaux canaux de distribution. »
En conséquence, une pléthore de start-up voit le jour, non pas afin de concurrencer les acteurs traditionnels, mais plutôt pour accomplir un travail de modernisation tout en
évangélisant de nouveaux publics. En 2022, le cabinet de conseil londonien Briter Bridges dénombrait 75 start-up actives dans l’assurance en Afrique « Il y a quatre positionnements possibles dans l’assurtech, analyse Souleymane Gning. Ceux qui tententd’améliorerlesproduits,ceux qui veulent améliorer les process, les entreprisesspécialiséesdansl’analyse de données et celles qui s’intéressent aux canaux de distribution. »
C’est ce dernier modèle d’affaires qu’exploite Assuraf. Fondée en 2018, l’entreprise est partenaire des principales compagnies d’assurances actives au Sénégal, pour le compte desquelles elle distribue et gère, via une plateforme en ligne et une application, des produits liés à l’automobile,l’habitation,lesvoyages,lasanté ou l’assurance vie.
Établie à Dakar, la jeune pousse vient d’accueillir l’investisseur
kényan Catalyst Fund, qui a injecté 100 000 dollars dans son capital. Le fonds est présent notamment au capital de la centrale d’achat marocaine Chari et de son homologue égyptien Brimore. En plein développement en Côte d’Ivoire grâce à un partenariat avec un courtier local, Assurafprétendavoirfourni,àcejour, près de 15000 devis et compte poursuivresalevéedefondsafind’étendre son modèle à d’autres marchés de l’Afrique de l’Ouest.
« Commencer par distribuer et ramener des revenus aux assureurs permet d’avoir davantage leur attention lorsque vous souhaitez ensuite entrer dans les détails de leur fonctionnement et leur proposer des améliorations sur certains produits à partir de vos propres analyses de
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Hormis les poids lourds, comme Old Mutual, Sanlam, Sunu ou le marocain Wafa, « beaucoup d’acteurs n’ont ni site web ni application ».
données », résume le dirigeant et ingénieurtélécoms,quiaparticipéau succèsdudéveloppementdu mobile money chez Sonatel
«Malgré lesconsolidations en cours, le secteur de l’assurance souffretoujoursd’unmaillageterritorial faible,car construiredes agences dans deszonesreculées coûtetrop cher,souligneRidha Meftah.C’est sur ce point que le numériquepeut faireladifférence,en simplifiant l’accès àl’assurance pour le grand public. »
Au Kenya, Lami, fondéepar Jihan Abas, n’estautreque l’équivalent est-africain d’Assuraf.Financée également par CatalystFund, elle ouvre, elle aussi, l’assurance àdenouveaux clientspour le compte de plus de 25 partenaires.Lajeune société,
FOCUS ASSURANCES
de démarcher une compagnie traditionnelle non équipée
Au Sénégal,Assuraf arécemment signé un contrat similaireavecla branche «négoce et services» de la Société despétroles du Sénégal (Petrosen),prévoyant l’implémentation desservicesd’Assuraf dans l’applicationdupétrolier dévolu àl’achat d’essenceenstation-service.« Pour desacteurscommePetrosen,Assuraf estunpartenaireévident,parcequ’aucunecompagnie ne dispose d’une interface de programmation [API] ouverte»,estime SouleymaneGning.
Services en marque blanche
qui alevé3,7 millions de dollarsen août 2022, s’estainsi récemment rapprochéedulogisticienghanéen Jetstream (aussi financé par Catalyst Fund) afin de proposer desassurancesauxpetitesetmoyennesentreprisesquiexportentleursproduitsvia la plateformecréée parMiisheAddy et Solomon Torgbor, en 2018.
«Lorsqu’un entrepreneur réserve un conteneur pour 30000 dollars, il abesoin de financement, mais aussi d’assurer lesbiensqu’il contient », explique la dirigeanteaméricanoghanéenne Miishe Addy. Bien qu’existant,cetyped’assuranceest encoremal distribué sur le continent.C’est pourquoi Jetstream a choisi de s’allierà Lami,avecqui elle peut connecter sa plateforme afin de proposer desassurances plutôt que
D’autres start-up tentent de convaincreles acteurshistoriques en offrant desservicesdigitaux en marque blanche. C’estlecas du tunisien Dqlick,fondé en2018 par Hamdi BouslahetHaythemBenizid,quis’est spécialisédans lesentreprises d’assurancessanté. La société, soutenue par CarthageBusiness Angels, aainsi convaincu le courtier ARS Tunisie et l’Uniontunisienned’assurancesetde réassurance(Utar) d’accrocher une plateforme en ligne àleurssites web respectifs.
En interne,les acteurstraditionnels de l’assurance tentent de rattraperleurretard. En décembre 2022, la branche marocaine de Sanlam alancé sesservices en ligne d’assurancemaladie,d’assurance automobile,d’habitationetdevie, accessiblesvia une application et sur sonsiteweb.Sunu, quant àlui, amis àladisposition de ses clients sa toutenouvelle application, My Sunu, en novembre2022.
UN INVESTISSEUR QUI CRÉE SON PROPRE ÉCOSYSTÈME
Lancéen2016,Catalyst Fund est géré par la sociétédeconseil américaineBFA Global, basée dans la région de Boston, aux États-Unis. Projet phare de l’entreprise, ce fonds est quant àlui piloté depuis Nairobipourl’Afrique et ainvestiprincipalement
en préamorçage dans 40 start-up continentales àcejour.Parmielles, figurentquelquesgrands nomscomme Chipper, Wasoko, Cowrywiseou Jetstream.
Récemment, lefonds aindiqué vouloirse concentrer uniquement sur l’investissement dans
les start-up engagées dans l’adaptation au changement climatique. En interne, le projetest menépar la directrice de Catalyst Fund, Maëlis Carraro, une spécialiste de la microfinance qui atravaillépourl’IFC et l’OCDE. Ilprend la forme d’un nouveau fonds
de 30 millions d’euros financénotamment par l’agence britannique dedéveloppement du secteur financier,FSD Africa. Début 2023, 2millions de dollars ont été investis dansune cohorte de 10 start-up dontAssuraf fait partie. Q.V.
ASSURAF
Souleymane Gning, fondateur de la start-up sénégalaise Assuraf, spécialisée dans le courtage en ligne, àDakar,le16janvier.
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L’incendie de la Sonara, une épée de Damoclès
Trois ans après le sinistre qui a endommagé les installations de l’unique raffinerie du Cameroun, l’apériteur tarde à indemniser l’assuré.
Le peut-il seulement ?
Un banal contrat qui prend une tournure judiciaire. Tel est le résumé que l’on peut faire du dossier concernant la prime d’assurance de la Société nationale de raffinage (Sonara) du Cameroun contracté auprès du groupe d’assurance Activa Le 28 juillet 2022, Richard Lowe, PDG et fondateur de la compagnie, ainsi qu’Esther Tiako,
administratrice et directrice générale de NSIA Cameroun – le coassureur de la Sonara –, étaient entendus pour« détournementdebienspublics et négligence systématique ayant entraîné l’incident du 31 mai 2019 » au Tribunal criminel spécial (TCS).
L’objet de leur convocation à une juridiction d’exception, censée connaître des crimes d’atteinte à la fortunepublique,concernel’incendie
ayant endommagé quatre installations de la Sonara le 31 mai 2019 et qu’Activa refuse de couvrir.
Pour se faire une idée de la tournure des événements, il faut remonter à la fin de l’année 2018, lorsque le dernier contrat d’assurance triennal de la Sonara arrive à son terme. En attendant que le nouvel appel d’offres aboutisse, un premier avenant est signé entre le raffineur
OMER MBADI, À YAOUNDÉ
ACTIVA
SO NARA
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 160 FOCUS ASSURANCES
L’assureur refuse de couvrir les dégâts causés par l’incident du 31 mai 2019.
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Comment pourriez-vous définir votreexpertise ?
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prestatairesmédicaux de notre réseauetnotre service de gestion santé donnant l’accèsautiers payant de nos clients. Pour nos assurés les avantages sont nombreux :zéro papier,un serviceTiers payant efficace et innovant, desdemandes d’entente préalable traitées en 15minutes. L’assuré n’a plus àserendre dansson centredegestionpour obtenir un accord. Nous contrôlons les dépenses avec un code de validations SMS. Les pharmacies se connectent àleur espace pour récupérer lesordonnances médicale et l’assuré peut aller dans différentes pharmacies si tous ses médicaments ne sont pas disponibles dans une seule officine.
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des salariés et bénéficiaires, ajouter ou supprimer du personnel, demander une prise en charge hospitalière, avoir accès au réseau de soins….Et bien d’autres service encore.
Vous avez lancé une structuredegestion en RépubliqueDémocratique du Congo.Pourquoi la RDC ?
La RDC aouvertson marché de l’assurance en 2019.Selon l’ARCA, l’Autorité de Régulation et de Contrôle desAssurances àcette époque, le marché de l’assurance représentait 70 millions $. En 2021, 220 millions de dollars. Et le potentiel du marché est d’1 milliard de$rapidement. L’assurancesanté était lors de notre arrivée très peu développée.Nous avons obtenu de l’ARCA l’autorisation d’exercer en RDC en qualité de gestionnaire d’assurance maladie, autorisation qui fait du GGA le premier gestionnaire santé agrée de RDC et le
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Le Groupement de gestion d’assurance évolue depuis de nombreuses années sur le Continent. Ses équipes sont constituées d’experts des marchés locaux. Présentation de ce courtier-gestionnaire avec Sabri Abaidia,Directeur des Opérations et des Partenariats.
et l’apériteur, Activa Cameroun. Le processus n’ayant toujours pas aboutiaumomentoùJean-PaulSimo Njonou est porté à la tête de l’entreprise, en février 2019, un second avenant couvrant la période allant de fin février au 30 juin est paraphé, avec uneclauseindiquantquelepaiement de la prime d’assurance doit s’effectuer le 30 mai.
Litige sur une date de virement
Plus de deux semaines avant cette échéance, le 13 mai, Jean-Paul Simo Njonou signe effectivement un ordre de virement de 687,4 millions de F CFA (plus de 1 million d’euros) au profit de l’apériteur Mais le virement ne se fait que le 31 mai, jour de l’incendie ayant endommagé quatre installations de la raffinerie.
En réaction, Activa fait savoir à l’assuré que, le paiement ayant été effectué hors délai, la période de survenance du sinistre n’est pas couverte. Le ministère des Finances camerounais, lui, pense plutôt le contraire et indique que l’avenant court jusqu’à la fin du mois de juin. Le montant viré n’ayant pas été rétrocédé, il assimile cela à une tentative de détournement de deniers publics et traîne Activa en justice.
Toujours est-il que, depuis cette date, Activa tarde à indemniser la Sonara. Si l’avenant stipule que 80 % de la prime doivent être transférés en réassurance, un doute subsiste sur le fait que l’apériteur – qui dispose
d’une compagnie de réassurance, Globus-Ré – ait envoyé l’intégralité de cette portion à l’international, notamment chez Swiss Re, le spécialiste mondial des risques liés aux hydrocarbures.
« Il est probable qu’une partie de la prime destinée à la réassurance ait été retenue au sein de Globus. Dans ce cas, il n’est pas certain que l’apériteur et son réassureur local disposent des ressources financières nécessaires pour faire face à leurs engagements. Le chiffre d’affaires consolidé
Le dossier préoccupe également les parlementaires, qui ont exigé en août 2022 que la compagnie d’assurances libère rapidement les 200 milliards de F CFA pour la réhabilitation des infrastructures détruites.
Mais une autre zone d’ombre demeure dans ce dossier sensible, suivi de près par le palais d’Etoudi. Elle porte sur le respect des textes de loi. L’article 13 du code Cima (Conférence interafricaine des marchés d’assurance), qui s’applique à toutes les entreprises d’assurance intervenantdansles14Étatsafricains membres, dispose en effet qu’un contrat d’assurance n’est valable que si la totalité de la prime a été payée et dans les délais convenus.
Reconstruction au point mort
d’Activa Cameroun et de Globus-Ré atteignait à peine 30 milliards de F CFA en 2020 », affirme une source
Là résiderait la clé du blocage, trois ans après la survenance du sinistre. D’autant que, selon différentes sources, NSIA Cameroun et son réassureur Swiss Re se disent disposés à régler leur part, d’un montant de 168 milliards de F CFA. Sollicités par Jeune Afrique, Richard Lowe, Esther Tiako et Jean-Paul Simo Njonou n’ont pas donné suite.
Or cette même disposition autorise une dérogation à ce principe au profit des États et de leurs démembrements. C’est le cas de la Sonara, qui est détenue à 96 % par l’État camerounais et ses démembrements que sont la Société nationale des hydrocarbures (SNH), la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH) et la Société nationale d’investissement (SNI). « Cette catégorie d’acteurs est souvent soumise à des contraintes administratives en matière de souscription de police, comme les appels d’offres, qui mettent parfois des mois à aboutir Il serait difficile de leur appliquer l’article 13 de manière stricte », indique un assureur
L’avenant courant jusqu’à la fin du mois de juin est-il valide, alors que le paiement de la prime accuse un jour de retard ? « Nous n’en serions pas là si tout le monde avait joué le jeu. Ailleurs, toutes les parties se retrouvent autour de la table et adoptent une sorte de gentleman’s agreement pour régler le problème », expose une autre source
En attendant qu’un accord entre Yaoundé et les assureurs soit trouvé ou que la procédure judiciaire aille à son terme, la reconstruction des unités endommagées reste dans les limbes « Et les installations industrielles épargnées par le sinistre subissent les effets de la corrosion à cause de la proximité de la mer », se désole un cadre de la Sonara.
DR
NSIA Cameroun et son réassureur Swiss Re se disent disposés à régler leur part, d’un montant de 168 milliards de F CFA.
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Le site se trouve à Limbe, dans la région Sud-Ouest.
Tribune RidhaMeftah
Latransition digitaledans le secteur financier et la mutationdeses institutionsversdes modèles guidés parl’analysededonnées ont fait naîtreunnouveau concept:l’« assuranceouverte ». Il avulejour àlasuited’expérimentations similairesdans le secteur bancaire.
L’assurance ouverteest considérée au sens le plus largecomme un modèled’affaires reposant sur l’accèsetlepartagededonnées personnellesounon liées àl’assurance, généralementpar le biais desinterfacesdeprogrammation d’application (API)
La pratique estenpleine effervescence en Europe,depuisque destravaux menéspar l’Autorité européennedes assuranceset despensions professionnelles (EIOPA)ont aboutiàune nouvelle directive en la matière.
Active en Europe et aux ÉtatsUnis, l’assurtech Lemonade apar exempleété conçue comme un modèle ouvert reposant sur une API adaptableàn’importe quel partenaire(applicationmobile, siteweb ou système embarqué dansunvéhicule connecté).
Lemonade peut ainsi proposerà cestiers l’intégration d’un service d’assurance au sein de leur parcoursclient, quirécolte au passage desdonnées pertinentes àmêmed’inspirer la création de policesd’assurance adaptées.
En France, le groupeAllianz dispose actuellement de son propre portail API, comprenant une quarantaine de produitsou services. La Maif,elle,aconfié àsafiliale Altimalechantier «plateformisation »deses offres automobile, multirisquehabitation et accidentsdelavie, ainsi que le développementde nouveaux partenariatsdedistribution. Qu’enest-il en Afrique?
Malgrél’absenced’obligation réglementaire, de nombreuses initiativesy ontété enregistrées cesdeux dernières années. Discovery, assureur en Afrique du Sud,aété le premieràconcevoir un écosystème réussi,Vitality Community,constitué d’assu-
De soncôté, Telkom, en Afrique du Sud, alancéune activitéd’assurance-vie en 2020,encollaboration avec GuardRisk,dans le but de vendre de l’assurance-vie et de l’assurance funéraireàses
12 millions de clients
Enfin, AXA Mansardetl’opérateur téléphonique AirtelNigeria ont annoncé un partenariatpour élargiretfaciliter l’accès àl’assurance santégrâceàunsimple processus d’inscription via USSD
Défis et risques
Des défis restentnéanmoins àrelever,etdenouveauxrisques àanticiper. L’assurance ouverte nécessitepar exemple de numériser rapidementladistribution,alors même que la plupart desassureurs africains manquent d’infrastructures techniques flexibles et interopérables.
Partager l’information et ouvrir ses bases de données impliquent aussi un renforcement desrègles liées àlaprotection desdonnées personnellesetàlacybersécurité, et doncune pression accrue des autorités de surveillance
reursetdeprestataires de soins œuvrant àfournirde meilleurs servicesd’assurance santé.
MTN et MMH ont créé une coentreprisepourtirer partide l’empreinteclient et de l’expertise de MTN afin d’élargir la portée de la micro-assurance.MTN apar la suiteabsorbél’entreprise.
Lesleaders du marché seront ceux qui saisiront lesopportunités découlantdel’assurance verte. Lesretardataires qui attendront un changement réglementaireens’entenant aux modèles d’affaires traditionnels seront confrontés àdes défispour défendreleursparts de marché.
Associé chez EY chargé de l’offre conseil pour le secteur financier en Afrique francophone
Le partagedes données est devenu une nécessité
JEUNE AFRIQUE –N°3121 –FEVRIER 2023 163 FOCUS ASSURANCES
Ouvrir l’information implique un renforcement de la cybersécurité.