44
Raconte-moi une histoire...
45
farine, un tonneau d’huile et deux beaux agneaux vivants. Puis il demanda à Matslia’h combien il lui devait pour les tasses. Celui-ci déclara au Gouverneur le prix qu’il avait payé augmenté de sa commission habituelle. « Comment ? C’est tout ce que tu as payé pour ces tasses si précieuses ? dit le Bey, très surpris. Tu dois savoir que le Gouverneur de Tunis ne cherche pas à marchander. Tu recevras donc le prix de leur valeur véritable ! » Tout étonné de la tournure des événements, Matslia’h quitta le palais avec une très grosse somme d’argent. Alors qu’il se rendait enfin chez lui, voilà qu’il rencontra à nouveau le Grand Rabbin ! « Maintenant, je peux doubler ma contribution à vos œuvres charitables » s’exclama-t-il tout en donnant au Rabbi une somme égale à celle qu’il lui avait offerte auparavant. « Rabbi, votre bénédiction s’est accomplie ! » dit Matslia’h tout en racontant la suite d’événements qui venait de se produire. « D.ieu merci, nous avons tous les deux connu une réussite extraordinaire, dit le Rabbi. Passe une bonne fête ! » Ce fut effectivement une très belle fête de Chavouot pour Matslia’h et sa valeureuse épouse Mazal. Ce qui les rendit le plus heureux, c’était le fait qu’ils aient pu une fois de plus célébrer le Tikoun avec encore plus de faste que d’habitude.
Le Choffar Mystérieux
C
1.
ette histoire qui fut celle d’un garçon juif de Moscou - prit place alors que la Seconde Guerre Mondiale faisait rage. L’armée allemande avait déjà conquis de vastes territoires en U.R.S.S et s’approchait rapidement de Moscou. La majorité des Juifs avaient été évacués des grandes villes de Russie et envoyés dans des conditions épouvantables dans les républiques d’Asie centrale, en particulier en Ouzbékistan et au Kazakhstan. Les rapports qu’on entendait de là-bas étaient terribles. Les Juifs qui s’y étaient réfugiés souffraient de faim, d’épidémies et de conditions d’hébergement effroyables. C’est pourquoi la famille dont nous parlons hésitait à quitter Moscou. Mais durant les Jours Redoutables (comme on appelle les jours entre les fêtes de Roch Hachana et Yom Kipour), la situation à Moscou devint aussi très dangereuse. La main pleine de sang juif de l’armée allemande se rapprochait et planait sur les têtes. Il circulait de nombreuses rumeurs et la peur augmentait chaque jour tandis que les avions allemands survolaient librement la capitale, tout en larguant des bombes mortelles.
Le Kremlin avait depuis longtemps été vidé de son « puissant et invincible » gouvernement soviétique. Tout l’appareil de