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Le Duc se frotta les yeux mais ne parvenait toujours pas à voir qui que ce soit. C’est alors qu’il comprit ce qui arrivait et il déclara : « Je vous promets, Rabbi Salomon, que je ne vous ferai aucun mal ! Laissez-moi vous voir ! » Immédiatement Rachi apparut alors exactement devant le Duc ; celui-ci fut très impressionné par la sainteté évidente du vieil homme penché sur ses livres. Humblement, il lui dit : « J’ai entendu parler de votre immense connaissance et de votre grande sagesse. Les Juifs comme les non Juifs savent que vous êtes un prophète. Je suis venu vous demander conseil. Voilà : j’ai rassemblé une grande armée, des fantassins et des cavaliers. Je veux délivrer la Ville Sainte de Jérusalem. Y parviendrai-je ? Dites-moi la vérité et je vous promets que si votre prophétie se réalise, je ne vous ferai aucun mal ! » « Sire, répondit Rachi, je n’ai pas de réponse enthousiasmante pour vous. Mais comme vous me forcez à répondre, je le ferai néanmoins. Vous rencontrerez beaucoup de succès au début. Vous allez même conquérir la ville de Jérusalem et régner là-bas durant trois jours. Mais le quatrième jour, vous serez forcé de vous enfuir. La plupart de vos soldats seront dispersés et mourront en route. Mais vous, Sire, vous parviendrez à rentrer dans cette ville avec seulement trois hommes et trois chevaux ! » Le Duc pâlit en entendant cette sombre prophétie. Mais il avait promis ! Il serra les dents et déclara : « Je tiendrai ma parole : si votre prophétie se réalise effectivement, je ne vous ferai aucun mal. Mais si un seul détail ne se passe pas comme vous l’avez dit, si par exemple je reviens avec quatre hommes, je donnerai votre chair en pâture aux chiens et je tuerai tous les Juifs du pays ! »
2. Bien vite le Duc remarqua que la prophétie de Rachi commençait à se réaliser. Sa campagne militaire en Terre Sainte
La prophétie de Rachi
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fut un succès, il régna trois jours sur Jérusalem mais en fut chassé le quatrième. Il reprit le chemin du retour avec une petite armée fidèle mais, l’un après l’autre, ses soldats mouraient ou désertaient ! Quand il approcha de la ville de Worms, il lui restait encore quatre hommes. Se souvenant que Rachi avait promis qu’il ne lui en resterait que trois, il savourait déjà sa vengeance ; il ferait tuer Rachi dès son retour ! Mais quand il arriva devant les portes de la ville, une poutre se détacha de la muraille et tomba sur la tête d’un des chevaux, le tuant sur le coup. Le cavalier fut obligé de rester à l’extérieur de la ville et le Duc entra dans Worms avec seulement trois hommes comme Rachi l’avait prédit ! Très effrayé, le Duc avait compris que Rachi était vraiment un homme saint. Il décida de se rendre chez lui pour l’assurer de son respect. Mais quand il approcha de la maison de Rachi, il aperçut une foule nombreuse qui entourait celle-ci ; certaines personnes pleuraient, toutes semblaient très tristes, il apprit alors que Rachi venait de mourir et allait être enterré. Le Duc et son entourage suivirent la procession en dernier hommage au grand et célèbre Rachi. On dit que ce Duc s’appelait Godefroy de Bouillon…
Le roi kidnappé
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eux rois se faisaient la guerre durant de longues et dures années pour un territoire que chacun d’entre eux revendiquait. Mais ni l’un ni l’autre ne parvenait à vaincre. Comme ils avaient dépensé beaucoup d’argent et perdu beaucoup de soldats, ils décidèrent de résoudre leur différend à l’amiable, en comparant leurs droits respectifs sur ce territoire. Au cours de leurs recherches, l’un d’entre eux découvrit qu’il était un descendant du terrible Hamane, le persécuteur des Juifs au temps de Esther et Mardochée. Dès qu’il rentra dans son pays, il décida de se conduire comme son lointain ancêtre, c’est-à-dire avec la même cruauté. Il décida que les Juifs devraient payer un impôt de 10.000 pièces d’or et il exigea qu’un Juif nommé Morde’haï soit amené devant lui pour être pendu. Les Juifs étaient glacés d’effroi. Ils se rassemblèrent dans la synagogue, jeûnèrent, prièrent et pleurèrent amèrement. Ils supplièrent D.ieu de les sauver de ce grand malheur. Ils envoyèrent également des messagers dans tous les pays afin de demander aux différents rabbins et hommes pieux de se joindre à leurs prières pour que le décret soit annulé car la menace qui planait au-dessus de leurs têtes devait bientôt les abattre.